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Objectifs du cours
I. Connaître la structure générale du foie, l’organisation fonctionnelle des cellules
qui le composent et la circulation afférente et efférente des liquides qui perfusent
l’organe.
II. Être en mesure de décrire le rôle du foie dans le métabolisme des glucides, des
lipides et des protéines, en particulier l’unicité de certaines voies métaboliques
hépatiques.
III. Comprendre les mécanismes de régulation de la sécrétion biliaire (composition de
la bile, synthèse et réabsorption des sels biliaires, régulation du débit biliaire).
IV. Comprendre le rôle du foie en temps que site d’excrétion de certaines molécules
(cholestérol, bilirubine).
V. Comprendre l’implication du foie dans la synthèse de certaines protéines
plasmatiques, dans l’entreposage de vitamines et de minéraux, dans la synthèse et
la transformation d’hormones et dans la détoxification de l’organisme.
VI. Savoir les notions de base sur les facteurs hormonaux et neuronaux qui modulent
la fonction hépatique
STRUCTURE DU FOIE
Notes personnelles :
Schéma 1
Cellules du foie
Hépatocytes : Ces cellules sont dites polarisées, i.e. qu’une même cellule effectue des
fonctions distinctes à chacun de ses pôles. Le pôle en contact avec le sang remplit des
fonctions d’absorption et de sécrétion, tandis que le pôle en contact avec le canalicule biliaire
remplit un rôle de sécrétion.
Cellules endothéliales: Ces cellules tapissent les sinusoïdes, les vaisseaux lymphatiques et
les canaux biliaires. La couche de cellules qui bordent les sinusoïdes est fenestrée, ce qui
signifie que les protéines plasmatiques peuvent entrer en contact avec les hépatocytes via
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Physiologie hépatique 105
l’espace de Disse. Cependant, ces fenestrations ne sont pas assez grandes pour que les cellules
sanguines ou les bactéries puissent pénétrer dans l’espace de Disse.
Notes personnelles :
Cellules de Kupffer: Elles font partie du ‘système des macrophages tissulaires’ (autrefois
appelé système réticulo-endothélial), cellules dérivées de monocytes circulants ayant élu
résidence dans certains tissus et devenus macrophages spécialisés dans la phagocytose. Les
cellules de Kupffer sont fixées aux cellules endothéliales des sinusoïdes hépatiques par des
pseudopodes, et elles phagocytent les vieux globules rouges, les bactéries et les débris
cellulaires. Ces cellules sécrètent également des messagers (cytokines, prostaglandines et
leucotriènes) susceptibles de moduler l’activité métabolique des hépatocytes.
Notes personnelles :
Cellules de Ito: Ces cellules emmagasinent et sécrètent les rétinoïdes. De plus, elles
synthétisent et sécrètent des protéines la matrice extracellulaire. Elles peuvent également, en
réponse aux prostaglandines, contribuer à la contraction ou à la dilatation des sinusoïdes.
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106 Système digestif
FONCTIONS MÉTABOLIQUES
Le foie joue un rôle central dans le maintien de la glycémie, que cela soit en période post-
prandiale ou lors du jeûne.
Schéma 2
En phase postprandiale, le foie capte le glucose en circulation lorsque la glycémie est de plus
de 6,7 mmol/L afin de prévenir l’hyperglycémie. Ce glucose est rapidement converti en
glucose-6-phosphate qui peut être soit transformé en glycogène, soit en lipides.
Notes personnelles :
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Physiologie hépatique 107
En période interprandiale, le rôle du foie est d’empêcher l’hypoglycémie. Pour ce faire, le foie
libère du glucose par l’intermédiaire de la glycogénolyse (site de régulation: glycogène
phosphorylase) et de la gluconéogenèse (déterminé par la disponibilité des précurseurs comme le lactate
(principalement), le pyruvate, les acides aminés, le glycérol et par modulation hormonale [rapport glucagon :
insuline]). Le foie est le seul organe (la contribution rénale est mineure) qui contient une
Il existe aussi des cycles d’échange de métabolites entre le foie et le muscle squelettique. Le
lactate et l’alanine ne sont pas des sources d’énergie utilisables par le muscle. Celui-ci les
envoie donc vers le foie qui possède les enzymes nécessaires à leur transformation en glucose.
Schéma 3
Acides gras
Le foie tire son énergie de l’oxydation (β-oxydation) des lipides qui proviennent de la
circulation sanguine ou de ceux qui sont synthétisés sur place. L’absence d’insuline chez un
diabétique de type 1 influence le métabolisme des acides gras. En effet, l’acétyl-CoA formé
par la β-oxydation s’accumule dans l’hépatocyte et prend la voie de la cétogenèse (seul le foie
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108 Système digestif
possède l’enzyme nécessaire à la cétogenèse, la désacylase, qui produit des corps cétoniques
i.e acétoacétate, β-hydroxybutyrate, acétone en moindre quantité). Ces produits sont exportés
vers les tissus périphériques qui l’utilisent comme substrats énergétiques. L’acétone, quant à
elle, est éliminée par les poumons produisant ainsi une haleine fruitée pouvant être confondue
avec l’odeur de l’alcool.
En période postprandiale, le foie synthétise des lipides à partir du glucose, du fructose et des
acides aminés. Le foie emmagasine les lipides ou les exporte sous forme de triglycérides (TG)
vers le tissu adipeux.
Triglycérides (TG)
Les TG des 2 sources sont sécrétés par le foie et forme le centre des VLDL.
Cholestérol
Le foie est la source principale de cholestérol d’origine endogène et la bile élaborée par les
hépatocytes constitue la voie d’élimination principale du cholestérol de l’organisme.
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Physiologie hépatique 109
Schéma 4
La dégradation des acides aminés dans les tissus périphériques produit un métabolite toxique :
l’ammoniaque. Celui-ci se combine au glutamate pour former la glutamine qui véhicule
l’ammoniaque jusqu’au foie. Cela permet l’élimination de l’ammoniaque en le transformant
en urée, une molécule soluble et non toxique, qui sera excrétée dans l’urine.
De plus, le foie est le site majeur de l’oxydation des acides aminés essentiels. Il module la
quantité qui sera relâchée dans la circulation sanguine selon les besoins de l’organisme.
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110 Système digestif
Schéma 5
Métabolisme de l’éthanol
La capacité d’élimination de l’éthanol par le foie est limitée à environ 0,1 g éthanol/kg/heure
(ou ~18 ml [2/3 oz] d’alcool à 40% chez un individu de 70 kg) avec des variations
individuelles de 0.06 à 0.2 g.
I. Éthanol→Acétaldéhyde
Truc : Si tu dépasses les capacités de ces voies, tu vas peut-être avoir besoin d’un S.A.C!
Les effets toxiques de l’éthanol sur l’hépatocytes peuvent être causés par :
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Physiologie hépatique 111
N.B. La valeur calorique de l’éthanol est de 7.1 kcal/g (intermédiaire entre glucides et
lipides). La notion de ‘calories vides’ de l’éthanol ne fait donc pas référence au fait que
l’éthanol ne constitue pas un substrat énergétique, mais plutôt au fait que les produits
alcoolisés ne contiennent habituellement pas une quantité importante de minéraux et de
vitamines.
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112 Système digestif
Certaines étapes du métabolisme des glucides, des lipides et des protéines sont effectuées
surtout, ou uniquement, dans le foie. En voici quelques exemples:
Cétogenèse
Métabolisme Synthèse de la majorité des lipoprotéines
des Synthèse importante de cholestérol et de phospholipides et régulation de
l’homéostasie du cholestérol
lipides Conversion importante de glucides et de protéines en lipides (lipogenèse)
Site quasi-exclusif d’excrétion du cholestérol via la bile
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Physiologie hépatique 113
La bile élaborée dans l’hépatocyte consiste en une solution aqueuse (~97% d’eau) contenant
des molécules organiques (sels biliaires, pigments biliaires, anions organiques, cholestérol,
phospholipides) et inorganiques (électrolytes).
Schéma 6
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114 Système digestif
Schéma 7
Schéma 8
Les sels biliaires primaires non réabsorbés dans ce cycle sont transformés en sels biliaires
secondaires par les bactéries intestinales :
Par la suite, les sels secondaires peuvent être soit réabsorbés ou éliminés tels quels ou encore
transformés en sels tertiaires (au niveau du foie) et ensuite éliminés dans les selles.
• Désoxycholate : 50% est réabsorbé et sécrété dans la bile. Le reste est éliminé.
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Physiologie hépatique 115
Les sels biliaires circulant dans le cycle entéro-hépatique sont captés par l’hépatocyte. La
captation s’effectue par transport actif secondaire, c’est-à-dire un transport dont l’énergie
provient d’un premier transport actif (ici, la Na+-K+ ATPase)
Schéma 9
Par la suite, l’entrée des sels biliaires dans l’hépatocyte exerce un feedback négatif sur la
7-α-hydroxylase, ce qui amène une diminution de la synthèse de novo de sels biliaires. Cette
diminution est proportionnelle à la quantité de sels biliaires réabsorbés dans la circulation
entéro-hépatique.
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116 Système digestif
Les sels biliaires sont sécrétés dans le canalicule via leur liaison à des transporteurs
transmembranaires. Les transporteurs de sels biliaires utilisent deux forces motrices: le
potentiel de membrane de l’hépatocyte et/ou l’ATP. On a identifié au moins 6 transporteurs
distincts de sels biliaires, dont la plupart sont ATP dépendants (transport actif). Cette
sécrétion canaliculaire des sels biliaires représente l’étape limitante de leur transport du sang
porte vers la bile.
Certains constituants de la bile ont une sécrétion dépendante des sels biliaires et d’autres ont
une sécrétion indépendante.
Les lipides (cholestérol libre et phospholipides) : Leur sécrétion dans la bile est stimulée par
la sécrétion des sels. (↑ [S.B.] dans la bile entraîne ↑[cholestérol et phospholipides]).
Cependant, d’autres facteurs peuvent également moduler cette sécrétion (hormones comme
les oestrogènes).
Les électrolytes : Les sels biliaires stimulent le transport actif de certains électrolytes (surtout
le Na+) dans la bile.
L’eau : Les différentes molécules sécrétées dans le canalicule créent un gradient osmotique
qui entraîne la sécrétion d’eau soit de l’hépatocyte soit de l’espace périsinusoïdal (filtration
paracellulaire)
La sécrétion canaliculaire d’une autre partie des électrolytes et d’eau est indépendante des
sels biliaires et peut être stimulée par certaines hormones (glucagon) ou des médicaments.
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Physiologie hépatique 117
Les électrolytes comprennent des ions Na+, le glutathion, d’autres anions organiques, des ions
bicarbonates (HCO3–) et leur sécrétion requiert un transport actif. Le glutathion et les autres
anions organiques sont sécrétés suite à leur liaison à des transporteurs, distincts des
transporteurs des sels biliaires, mais qui utilisent également comme forces motrices le
potentiel de membrane et/ou l’ATP. Le transporteur dépendant de l’ATP des anions
organiques est aussi appelé transporteur d’anion organique multispécifique (multispecific
organic anion transporter, MOAT). La sécrétion de ces électrolytes, indépendante des sels
biliaires, contribue à augmenter le gradient osmotique entre l’hépatocyte et le canalicule, et
stimule la sécrétion d’une quantité additionnelle d’eau.
Les sels biliaires, le cholestérol et les phospholipides forment, dans le canalicule biliaire, des
micelles mixtes. La proportion respective de ces différents éléments sécrétés dans la bile
détermine le degré de lithogénicité de la bile, i.e. la propension à former des calculs biliaires.
Schéma 10
L’épithélium des ductules biliaires peut réabsorber une partie de l’eau et des électrolytes
contenus dans la bile. D’autre part, cet épithélium sécrète des ions bicarbonates qui
contribueront, avec les sécrétions pancréatiques, à modifier le pH du contenu intestinal. Cette
sécrétion ductulaire, également considérée comme indépendante des sels biliaires, enrichit la
bile en ions bicarbonates et en eau.
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118 Système digestif
La sécrétion ductulaire est stimulée par la sécrétine, une hormone intestinale dont la sécrétion
est augmentée par l’acidité présente dans le duodénum au début du processus de digestion.
La vésicule remplit un double rôle : elle emmagasine et concentre la bile. Pour ce faire, les
ions Na+ sont réabsorbés par transport actif par l’épithélium vésiculaire, ce qui entraîne une
sortie d’eau et donc une élévation de la concentration de la bile.
Schéma 11
L’arrivée de lipides dans le duodénum stimule la sécrétion de cholécystokinine (CCK) par les
cellules duodénales. Cette hormone favorise l’écoulement de la bile en relâchant le sphincter
d’Oddi et en stimulant la contraction de la vésicule. Une fois dans l’intestin grêle, les sels
biliaires émulsifient les lipides alimentaires dans le but d’augmenter la surface de contact
entre ceux-ci et la lipase pancréatique, permettant ainsi leur digestion.
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Physiologie hépatique 119
La captation des sels biliaires par les cellules intestinales, première étape du cycle
entérohépatique, peut s’effectuer par des mécanismes de transport actif secondaire (iléon) et
passif (tout le long du tractus digestif).
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120 Système digestif
Schéma 12
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Physiologie hépatique 121
Le tableau qui suit résume les mécanismes de modulation des différentes étapes de la
formation et de la sécrétion de la bile.
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122 Système digestif
FONCTIONS D’EXCRÉTION
Excrétion du cholestérol
• Dans le canalicule biliaire, le cholestérol forme, avec les sels biliaires et les
phospholipides, des micelles mixtes.
• Avec les phospholipides seuls, le cholestérol forme des vésicules.
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Physiologie hépatique 123
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124 Système digestif
Cette section est un bref retour sur les notions déjà vues et oubliées du cours de biochimie;
elles ne seront donc pas à l’examen.
Absorption du cholestérol
Le cholestérol alimentaire et celui provenant de la bile n’est absorbé qu’à 20-80% au niveau de l’intestin, car il
n’est pas hydrosoluble et il précipite dès qu’il est exclu des micelles mixtes. Une foie dans l’entérocyte, il est
intégré dans les chylomicrons avec les triglycérides (TG) et il prend le chemin des vaisseaux lymphatiques. Une
fois dans le compartiment vasculaire, les TG sont hydrolysés par la lipoprotéine lipase. Les particules restantes
(résidus de chylomicrons) sont captées par le foie via des récepteurs qui reconnaissent les apolipoprotéines que
les chylomicrons présentent à leur surface.
Schéma 15
Le foie prend le cholestérol (synthétisé de novo et celui livré par les chylomicrons) et le sécrète dans la
circulation en compagnie des TG d’origine hépatique sous forme de VLDL. Une partie de leurs TG sont
hydrolysés par la lipoprotéine lipase (la même que tout à l’heure) ce qui augmente le contenu relatif des VLDL
en cholestérol. Lors du passage au foie, les TG encore présents dans ces résidus de VLDL sont hydrolysés, cette
fois-ci par la lipase hépatique. Les résidus de VLDL deviennent ainsi les LDL. Celles-ci livrent le cholestérol
aux tissus périphériques ou encore ils sont captés au foie après une balade inutile dans la circulation sanguine.
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Physiologie hépatique 125
N.B Les LDL ne contiennent qu’une apolipoprotéine B par lipoprotéine contrairement aux autres lipoprotéines.
Ceci sera important à la compréhension du syndrome métabolique décrit plus loin.
Les HDL sont synthétisés au niveau du foie et de l’intestin grêle. Ils captent le cholestérol des tissus
périphériques pour le retourner au foie soit par captation directe des HDL, soit indirectement via un échange de
cholestérol estérifié contre des triglycérides avec les lipoprotéines riches en triglycérides ( VLDL ou LDL). Le
foie excrète alors ce cholestérol dans la bile soit sous forme de sel biliaire ou encore sous forme libre.
LDL-cholestérol
Les LDL se lient à des récepteurs grâce à leur apolipoprotéine B au niveau de la majorité des
tissus, qui utilisent le cholestérol localement (production de membranes, de stéroïdes etc).
Cependant le foie demeure le principal site de captation des LDL. Une fois liés à leurs
récepteurs au niveau du foie, les LDL sont internalisées par endocytose. Les récepteurs se
séparent ensuite de la vésicule pour être recyclés vers la surface. La vésicule résiduelle se
fusionne à un lysosome qui dégrade les LDL en leurs éléments constitutifs dont le cholestérol.
Une élévation du cholestérol et des acides gras saturés dans l’hépatocyte a plusieurs
conséquences :
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126 Système digestif
Schéma 16
Hypercholestérolémie familiale.
Au Québec, on retrouve certaines mutations des récepteurs des LDL qui les rendent moins
efficace ce qui fait augmenter le niveau de LDL en circulation. Le but du traitement est
d’augmenter la quantité de récepteurs à la surface des hépatocytes afin d’augmenter la
captation des LDL. On donne des résines (cholestyramine) qui séquestrent le cholestérol et les
sels biliaires dans l’intestin, ou encore des médicaments qui inhibent leur
réabsorption(ezetimibe) ce qui stimule la production de sels biliaires à partir du cholestérol.
En réponse à la diminution de la concentration intracellulaire de cholestérol causée par la
synthèse de sels biliaires, l’hépatocyte synthétise des récepteurs à LDL et il augmente
l’activité de l’HMG-CoA réductase. L’administration d’un inhibiteur de cet enzyme (comme
une statine) stimule encore davantage la production de récepteurs à LDL, car ils deviennent la
seule voie possible à l’augmentation du cholestérol intracellulaire
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Physiologie hépatique 127
Schéma 17
Triglycérides et HDL-cholestérol
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128 Système digestif
Schéma 18
Cette dyslipidémie typique est provoquée par plusieurs anomalies métaboliques reliées à
l’obésité et à la résistance à l’insuline, dont certaines se situent au foie (Schéma 17):
I. ↑ des acides gras libres due à la perte de l’action inhibitrice de l’insuline sur la lipolyse à
l’intérieur des adipocytes.
II. ↑ de la production des TG par le foie due à l’↑ de la livraison d’acides gras libres au foie par la
circulation porte, qui draine le tissu adipeux viscéral.
III. ↑ du nombre de VLDL (et donc d’apolipoprotéine B) sécrétées par le foie due à l’augmentation de
la synthèse de triglycérides et de la perte de sensibilité à l’action inhibitrice de l’insuline sur la
sécrétion de VLDL.
IV. ↓ de l’enrichissement en cholestérol des HDL, dépendante des produits d’hydrolyse des
lipoprotéines riches en triglycérides (chylomicrons et VLDL) par la lipoprotéine lipase, une
enzyme dont l’activité est souvent diminuée.
V. Appauvrissement des LDL et des HDL en cholestérol, au profit des triglycérides, dû à un échange
augmenté de lipides entre les lipoprotéines riches en triglycérides (chylomicrons et VLDL) et
celles riches en cholestérol (LDL et HDL). Cet échange est favorisé par une enzyme circulante, la
protéine de transfert de lipides, et est proportionnel à la concentration et au temps de résidence
des lipoprotéines riches en triglycérides.
VI. HDL avec une composition modifiée, due à l’hydrolyse des triglycérides qu’elles contiennent par
une enzyme située dans le sinusoïde hépatique, la lipase hépatique. Ces modifications de la
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Physiologie hépatique 129
Schéma 19
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130 Système digestif
Il va sans dire que le traitement doit s’attaquer aux causes primaires de la dyslipidémie
(obésité, résistance à l’insuline). Un régime alimentaire prudent fera diminuer le degré
d’obésité et de résistance à l’insuline, ainsi que la production hépatique de VLDL et
d’apolipoprotéine B. Les niveaux de HDL s’élèveront conséquemment, surtout si le régime
s’accompagne d’un programme d’activité physique. Dans certains cas, le traitement
pharmacologique de l’hypertriglycéridémie est indiqué. On utilise alors des médicaments
comme les fibrates, qui agissent à la fois en diminuant la synthèse hépatique de VLDL et en
augmentant l’activité de la lipoprotéine lipase, l’enzyme responsable de l’hydrolyse
intravasculaire des triglycérides transportés par les chylomicrons et les VLDL.
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Physiologie hépatique 131
Schéma 20
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132 Système digestif
Schéma 21
Destruction accélérée des érythrocytes entraînant une formation accélérée de bilirubine libre,
dépassant la capacité d’excrétion hépatique et une augmentation de la formation et de la
réabsorption intestinales d’urobilinogène. Cette situation peut être causée entre autres par :
La synthèse de la bilirubine et sa conjugaison sont normales, mais son excrétion dans la bile
est diminuée. La bilirubine conjuguée passe donc dans le sang via la lymphe. Si l’obstruction
est totale il y aura absence d’urobilinogène dans l’urine et une petite quantité de bilirubine
conjuguée dans l’urine.
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Physiologie hépatique 133
• Calcul ou tumeur;
• Dommage hépatocytaire (hépatites).
Outre les protéines nécessaires à ses propres fonctions, le foie synthétise plusieurs protéines
destinées à l’exportation vers la circulation sanguine.
* Les sels biliaires produits par le foie sont nécessaires à l’absorption intestinale de la
vitamine K, indispensable à la synthèse hépatique des facteurs II, VII, IX et X.
Entreposage
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134 Système digestif
Vitamines
• Vitamine A (réserve de 10 mois; entreposage dans les hépatocytes, mais surtout
dans les cellules de Ito)
• Vitamine D (réserve de 3 à 4 mois)
• Vitamine B12 (réserve de 1 an ou plus)
Minéraux
• Fer: Le foie constitue la deuxième réserve de fer en importance après
l’hémoglobine. Le métal est emmagasiné dans l’organe sous forme liée à des
protéines (ferritine et hémosidérine). Lorsque les besoins de l’organisme en fer
augmentent, le foie sécrète celui-ci, qui est transporté dans la circulation sous
forme liée à une protéine (complexe transferrine). Une surabondance de fer dans
les tissus, particulièrement le foie, entraîne une maladie appelée
hémochromatose (sera vue dans un cours ultérieur)
• Cuivre: Le foie emmagasine également des réserves importantes de cuivre. Une
suraccumulation de cuivre donne lieu à la maladie de Wilson.
Fonctions endocrines
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Physiologie hépatique 135
Schéma 22
Fonctions de dégradation
Endocytose
Les cellules de Kupffer ont pour rôle la phagocytose des bactéries intestinales ayant atteint la
circulation porte ainsi que des débris cellulaires. Leur efficacité est de 99%.
Détoxification (biotransformation)
C’est le processus d’élimination par le foie des xéno biotiques (substances pouvant être
toxiques pour l’organisme). Ces substances, souvent liposolubles et difficilement excrétables
sous leur forme primitive, sont transformées chimiquement, puis conjuguées, pour être
finalement excrétées dans la bile ou dans l’urine.
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136 Système digestif
Phase IIÆConjugaison avec une variété d’agents (acide glucuronique, glutathion, etc.)
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Physiologie hépatique 137
Schéma 23
Élimination d’hormones
Plusieurs hormones sont excrétées dans la bile ou conjuguées dans le foie, réabsorbées dans
l’intestin, puis éliminées dans l’urine.
Les principales hormones qui sont excrétées ou transformées par le foie, puis réabsorbées et
éliminées par le rein sont:
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138 Système digestif
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Physiologie hépatique 139
Schéma 24
Modulation hormonale
La fonction hépatique est influencée par plusieurs facteurs. Le sang (porte et artériel) véhicule
des hormones pour lesquelles le foie possède des récepteurs. Ces hormones peuvent donc
moduler la fonction hépatique. En voici quelques exemples:
Insuline
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140 Système digestif
Glucagon
Catécholamines
Stéroïdes
Corticostéroïdes
• Augmentation de la gluconéogenèse hépatique.
• Augmentation de la lipogenèse et de la sécrétion hépatique de VLDL.
Oestrogènes
• Augmentation du cholestérol dans la bile = lithogénique.
• Modulation du métabolisme des lipoprotéines
• Modulation de la cétogenèse.
• Stimulation de la synthèse hépatique de protéines de la coagulation (facteurs II et
VII) et diminution de la synthèse de protéines fibrinolytiques (plasminogène,
antithrombine III). C’est pour cette raison que les contraceptifs oraux peuvent
occasionner des problèmes thrombotiques.
• Régulation de l’activité enzymatique des cytochromes P-450. Le profil d’activité de ces enzymes
est spécifique au sexe. Les différences sexuelles sont dues, en partie, aux effets des stéroïdes sur
l’hormone de croissance. Il existe en effet des différences sexuelles dans l’inductibilité par
certains médicaments. De plus, la femme possède plus d’enzymes métabolisant les stéroïdes,
convertit plus d’androgènes en oestrogènes, et possède plus d’enzymes de détoxification des
carcinogènes (résistance accrue aux tumeurs hépatiques).
• Stimulation de la production et de la sécrétion de glycoprotéines de transport sanguin
d’hormones stéroïdiennes.
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Physiologie hépatique 141
Modulation neuronale
Le foie possède une innervation efférente extrinsèque et intrinsèque dont le degré d’activation
modifie certaines des fonctions hépatiques. De plus, la présence de divers types de récepteurs
confère au foie des fonctions sensorielles afférentes qui peuvent modifier la fonction du foie
lui-même ou celle d’autres systèmes.
Innervation
I. Innervation extrinsèque (fibres afférentes et efférentes)
) Le foie reçoit des branches des nerfs vague, splanchnique et phrénique,
associées aux vaisseaux sanguins et aux canalicules biliaires. D’autres
fibres sont associées aux hépatocytes.
) Les branches sympathiques et parasympathiques forment deux plexus
intercommuniquants: le plexus antérieur, qui encercle l’artère hépatique, et
le plexus postérieur, situé derrière la veine porte et le canal biliaire.
II. Innervation intrinsèque
) Les fibres nerveuses sont surtout associées au système vasculaire (fonction
vasomotrice), bien que certaines fibres soient associées aux hépatocytes.
) L’innervation intrinsèque est surtout adrénergique et il y a peu de fibres
cholinergiques.
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142 Système digestif
Récepteurs hépatiques
Le foie possède des fonctions afférentes (sensorielles) grâce à la présence de plusieurs types
de récepteurs (osmorécepteurs, récepteurs aux ions Na+, barorécepteurs, récepteurs
métaboliques sensibles au glucose, acides gras, L-arginine, etc.). La stimulation de l’un ou
l’autre de ces types de récepteurs suite à des changements dans la composition du sang de la
veine porte a pour effet de modifier, par voie réflexe, certaines fonctions d’autres systèmes
(e.g. excrétion rénale de Na+, sécrétions gastriques, etc.). Les mécanismes d’action de ces
récepteurs sont encore mal connus. Voici quelques exemples d’effets observés suite à la
sollicitation de certains de ces récepteurs:
Récepteurs aux ions Na+: L’augmentation des ions Na+ dans la circulation porte est perçue
par des récepteurs à Na+. Ces récepteurs convertissent la concentration porte d’ions Na+ en
activité du nerf afférent vagal. Le signal rejoint le noyau du faisceau solitaire dans le tronc
cérébral, dont les signaux efférents augmentent l’excrétion rénale de Na+ via le nerf
sympathique rénal (réflexe hépato-rénal). Les signaux efférents diminuent également
l’absorption intestinale de Na+ via le nerf vague (réflexe hépato-intestinal) (Schéma 25).
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Dr. Yves Deshaies
Physiologie hépatique 143
Schéma 25
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Dr. Yves Deshaies