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LA VRAIE

RELIGION CHRÉTIENNE

eoNTIiNA'iT

TOUTE LA TlIÉOLOGIE
DE LA NOUVELI.E .:GLISE
Prédite par le Sei~neur dans Daniel, VII, 13, 14; et dans l'Apocalypse, XXI, 1,2.

1'.\11

EltIltIAl\TIJEL S'''EDENBORG
Serviteur du Seigneur désus.()llrl.&
TRADUIT IjU LATIN

PAR J. F. E. LE BOYS DE8 GtJAY8.


Sur l'~;l!ilion princeps (Amsterdam, 1771).

SECONDE ÉDITION

TOME PH]~MIER

Paris
A la Librairie, 19, l'ue du Sommerard.
LOlulrl'.
SWEDENBORG SOCIBTY, ~6, Dloomsbury Street, V. C.
Ne,,,-l:'ork
NEW CnURGH BOOK.Il.OOIl, 20, Cooper Union.
1878
LA VRAIE

RELIGION CHRÉTIENNE

cONTENA,,-r

TOUTE LA THÉOLOGIE
DE LA NOUVELLE ÉGLISE
Prédite par le Seip;neur dans Daniel, VII, t3, 1.4; et dans l'Apocalypse, XXI, t , 2.

P,11I

E]JI]JIA.~'lJE'" SWEDE~DOnG
Serviteur du Seigneur Jésus.Chrlst
TRADtJ IT DU LATIN

SAINT-AMAND (CHER). - IMPRIMERIE DE DESTENAY PAR J. F. E. LE BOYS DES GUAY8.


. Ruo LaCayolle, 70.
SUI'l'ÉJition princeps (Amsterdam, t77t).

SECONDE ÉDITION

TOME PRl~MIER

Pnrls
A la Librairie, Hl, rue du Sommerard.
LOlldrt's
SWEDIlNBORG SOCIIITY, 36, Bloomsbury Street, V. C.
New-York
NEW CHURClJ BOOK·-IloOll, 20, Cooper Union.
1878
-

LA VRAIE
1

RELIGION CHRÉTIENNE
CONl'IlNA~T

TOUT(Oj LA THÉOLOGŒ
DANIEL, VII, f3, H.

« Voyant je fus en visions de nuit, et voici avec les nuées des Cieux comme DU NOUVEAU CIEL ET DE LA NOUVELLE ÉGLISE
un FILS DE L'HOlUIE qui venait; et il Lui fut donué Domination, et Gloire et
Royaume; et tous les peuples, nations et langues Le serviront: sa Domination
(se7'a) une Domination du siècle, laquelle ne passera point, et sùn Royaume
(un Royaume) qui ne périra point. »

APOCALYPSE, XXI, f, 2, 5, 9, 10.


LA FOr ou NOnVEAU CIEL ET DE LA NOUVELLE EGLISE.
(( Moi, Jean, je vis un Ciel Nouveau et une Terre Nouvelle; et je vis la Ville;
la Sainte Jérusalem nouvelle, descendant de Dieu par le Ciel, parée, comme
une Fiancée omée par son Mari. Et un ADge lI1e parla, disant: Viens, je te j. La Foi dans la forme universelle et (lans la forme singulière
montrerai la FIANCÉE, DE L'AGNEAU L'ÉPOU6E; et il m'enleva en esprit sur uue est d'abord présentée, afin qu'clic soit comme la Face devant l'Ou-
montagne grtuvle et élevée, et il me monlra la Ville grande, la Sainte Jérusa- vrage, qui suit; afin aussi qu'ellc soit comme la Porte par laquclle
lem, descendant du Ciel d'auprès de Dieu. ),
« Celui qui était assis sur le Trône, dit : Voici, NOUVELLES TOUTES CHOSES lE
il ya entrée dans le Temple, el qu'elle soille Sommaire dans lequel
FAIS; et il me dit: Ecris, car ces paroles sont véritables et certaines. ,) chacune des choses qui suivent est contenue à sa manif~re. Il est dit:
La Foi du Nouveau Ciel et de la Nouvelle Eglise, parce que le Ciel
où sont les Ange~, et l'Eglise dans laquclle sont les Hommes, font
n'it~. comme l'Inlerne et l'Externe chez l'holllme; c'est de Iii que
l'homme Je l'Eglise, qui est dans le bien de l'amour d'après les vrais
dè la foi et dans lcs vrais de la foi d'après le bien de l'amour, est un
Ange du ciel quant aux inlérieurs de son mental; c'est mème pour
cela qu'après la mort il vient dan:; le Ciel, et y jouit oe la félicité
selon l'élat de éonjonclion de ce bien et de ces vrais. Il faut qu'on
sache que dans le Nouveau Ciel, qui est' aujourd'hui instauré par le
Seigneur, celte Foi en est la face, la porte et le sommaire.
2. LA FOI DU NOUVEAU CIEL ET DE LA NOUVELLE EGLISE DANS LA
I. 1

"
,.I~
2 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 3
t'ORME UNIVERSELLE est celle··ci: Que le Seigneur de toute étemilé -dans l'ordre toutes les choses qui éLaient dans le Ciel, toutes
(ab œtemo), Qui est .fÊHovAH, est venu dans le Monde pour subju­ -e~lIes qui éLaient dans l'enfel', et toutes celles qui étaient dans
guer les Enfers et glorifier son Humain; que sans cela ancun mortel l'Eglise, parce qu'alors la puissance de l'Enfer l'emportait
n'aurait pu être sauvé; et que ceux qui croient en Lui sont salivés. sur la puissance du Ciel, ct que dans les Terres, la puissance
Il est dit: Dans la forme Universelle, car c'est là l'Universel de la ~u mal l'emportait sur la puissance du bien, et qu'en consé­
foi, et l'Universel de la foi est ce qui doit être dans toutes et cha­ quence une damnation générale était à la porLe el imminente. Jého­
cune des choses de la foi. C'est nn Universel de la foi, que Dieu est vah Dieu, pal' son Humain qui était le Divin Vrai, a enlevé cette
Un en Essence et en Personne, dans Lequel est la Divine Trinité, et Damnation qlli allait arriver, et il a ainsi racheté les Anges et les
qlle le Seigneul' Dieu Sauveur ,Jésus-C~lrist est ce Dieu. C'est un Uni· Hommes; ensuite dans son Humain il a uni le Divin Vrai au Divin
versel de la foi, que nul mortel n'anra'h pu êLre sauvé, si le Seigneur Eien, 011 la Divine Sagesse au Divin Amour, et ainsi il est retourné
ne ftH venu dans le Monde. C'est un Uni\1ersel de la foi, qu'il est dans son Divin, dans Lequel il a é:é. de toule éternité, en même
venu dan,; le Monde pOUl' éloigner de l'homme l'Enfer, el qn'ill'a temps avec et dans l'Humain glorifié. C'est ce qui est entendu par
éloigné pal' des combats contre lui eL pal' des vicLoires remporLées .ce passage dans Jean: La Parole était chez Dieu, et Dieu était
.
sur lui; ainsi il l'a subjugué et . l'a remis dans l'ordre et sons son
obéissance. C'est un Universel de la foi, qu'il estl"enu dans le Monde
la Parole; et la Parole Chair a été !aite. l> - 1,1, U. - Et
dans le Même: " Je suis issu du Père et je suis venu dans le
pour glorifier son Humain, qu'il a pris dllns le Monde, c'est-à-dire, .Jfonde,o de nouveau je laisse le Monde, et je m'en vais au
pOUl' l'Illiir au Divin a Quo (dont il procédait) ; ainsi il tient pour /Jère. " - XVI, 28. '-- El en outre par cè passage: « Nous sa­
l'élel'nité !'Enfer dans .l'ordre eL sous son obéissance. Comme cela 4)ons que le Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intel­
ne pouvait se faire que par les Tentations admises dans son Humain ',gence pOUl' que nous connaissions le Vrai, et nous sommes
jusqu'à la dernière de LouLes, eL que cette dernière fnt la Passion de 'o.ns le Vrai, dans son Fils Jésus-Christ: Celui-ci est le V1'ai
la Croix, c'est pour cela qu'il l'a subie. Ce sontlilles Universaux de Dieu et la Vie éternel/e. » - Jean, 1 EpîL. V, 20, 2i. - D'après
a foi en ce qui concerne le Seigneur. cela, il est évident que sans l'avènement du Seigneur dans le Monde.
De la pJrt de l'homme, l'Universel de la foi est qll'il croie au Sei­ .nul n'aurait pll être sauvé. Il en est de même aujourd'hui; si donc
gnenr, cù par croire en Lui, il se fait avec Lni ulle conjonc Lion par e Seigneur ne vienL de Ilouveau dans le Divin Vrai qui est la Parole,
lacluellc il ya Salvation : croil'e en Lui, c'est avoir la confiance qu'II ersonne non plus ne peut être sauvé.
sallVe; cL comme il n'y a que ceilli qui vit bien qui puisse avoir De la part de l'homme les Singuliers de la foi sont: 10 Qu'il ya
celle cOllfiance, il en l'ésulte que pal' croire en Lui il est entendu lm seul Dieu en qui est la Divine Trilllté, el que ce Dieu est le Sei­
aussi vilTe clans le bien. Le Seigneur le dit aussi dans Jean: " C'est ~neur Dieu Sauveur ,Jésus-Chl'isl. 2° Que la Foi salvifique est de
la volonté du Pè?'e, que qmconqlle croit au Fils ait la vie éter­ oCroire en Lui. 3° Que les maux ne doivent pas êlre faits, parce qu'ils
nel/e. l>- VI, 40. - Et ailleurs: « Celui qui croit au Fils à la sont du diable et viennent du diable. 4° Que les biens doivent être
vie élemetle,o mais celui qui ne croit ,vas au Fils ne verra pas faits, parce qu'ils sont de Dieu et viennent de Dieu. 5° Et que les
la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » - HI, 36. biens doivent êLre faits pal' l'homme comme pal' lui-même, maïs
3. LA fOl DU NOUVEAU CIEL ET DE LA NOUVELLE EGLISE DA"S LA FOR~Œ qu'il doit croire que c'est d'après le Seigneur qu'ils sont chez lui et
SINGULl ERE est celle-ci: Que Jéhovah Dieu est l'Amour Même et lac faits par lui. Les deux pl'emiers appartiennent à la foi, les deux sui­
Sagesse Même, ou qu'il est le Bien Même et le Vrai Même; et que vants à la charité, elle cinquième apparLient à la conjonction de la.
Lui-Même quant au Divin Vrai, qui est la Parole, et qui a été Dieu (lharité et de la foi, ainsi à la conjonction du Seigneur et de l'homme.
chez Dieu, est descendu et a pris l'Humain, dans le but de remell,'
4, LA VRAIE RELIGION CHRÉTlENNE. 5
1ians son Opération, et enfin de la Divine Trinilé; et cela, afin que
ce qui a été dissipé soit rétabli, ce qui arrive lorsque la Raison hu­
CHAPITRE PREMIER. maine, d'après la Parole et la lumière qui en provient, est convair.­
eue qu'il ya une Divine Trinité, et que celle Trinité est dans le Sei-
DE DIEU CnÉATRUH. Joeur Dieu Sauveur .Jésus-Christ, comme l'Ame, le Corps et le Pro­
{ cédant sont dans l'homme; et qu'ainsi reste en vigueur ce passage
4. L'Eglise Chrétienne, depuis le temps du Seigneur, avait par­ dans le Symbole d'A lhanase, que dans le Ch1'ist, Dieu et l'Homme,
couru ses âges, de l'Enfance à l'extrême Vieillesse; son enfance fut OU le Divin et l'Humain, ne sont pas deux, mais sont dans une

à l'époque où les Apôtres vivaient et prèchaient dans lout le Monde.. seule Personne; et que, comme l'Ame 1'ationnelle et la Chair
]a Repentance et la Foi au Seigneur Dieu Sanveur; qu'ils aient prè­ $O"lt 'un seul homme, de même Dieu et l'Homme sont un seul
ché ces deux poinls, on le voit d'après ces paroles dans les Actes hrist,
des Apôtres: (( Paul attestait et aux Juifs et aux Grecs la Re­
pentance enve1'S Dieu et la Foi en Notre Seigllew' Jésus·Clu'ist. »>
- XX, 2t. - Il est un fait mémorable, c'est. que le Seigneur a DE L'UNITÉ DE DIEU
convoqué, il y a quelques mois, ses douze Disciples, qui sont main­
tenant des Anges, et les a envoyés dans tout le ~Ionde Spirituel,
avec ordre d'y prêcher de nouveau l'Evangile. parce que l'Egli~c_q~e: 5. Puisque la reconnaissance de Dieu d'après la connaissance
1~2eigneur avait instaurée par eux, est aujourd'hui tellemenl con­ u'on a de Lui est l'essence mème et l'âme de toutes choses dans
~~mée, qU'à peine en subsiste-t-il quelques restes; et que cela est toute la Théologie, il est nécessaire de prendre pour exorde l'Unité de
arrivé, parce qu'on a divisé la Divine Trinilé en trois Personnes,. .lJieu,. elle sera démontrée en ordre par les Articles suiv:mts:
dont chacune est Dieu et Seigneu l'; et que de là, il est découlé 1. Toute l'Ecriture-Sainte, et pa?' suite les Doctrines des Eglises
comme une frénésie dans toute la Théologie, et ainsi dans l'Egllse­ .Jans le Mondc Ch1'étien, enseignent que Dieu est un.
qui du nom du Seigneur est appelée Chrétienne; il est dit fl'énésie, Il. L'influx univC"l'sel dans les âmes des hommes est qu'il y a
parce que les ment31s humains ont été jl3r 1'1 poussés à un tel délire, .un Dieu, et qu'il est un.
qu'on ne sait p3S s'il y a un senl Dieu, 011 s'il yen a Irois; il n'yen III. De la vient que dans le Monde entier il n'y a ]Jas une
a qu'un dans le langage de la bOllche, mais il y en a trois dans la Nation, ayant une 1'eligion et une raison saine, qui ne 1'eC01t­
pellsée du mental; le mental est donc en opposition avec la bouche, naisse Dieu et que Dieu est un.
ou la pensée 3vec le langage; de cellc opposition il résllite qu'on ne IV. Quel est ce Dieu un: les nations et les peuples ont eû
reconnait 3ucun Dieu; le Naturalisme qui règne aujoll·rd'hui n'a pas: t ont, d'ap,'ès plusiew's causes des opinions di/fé1'entes sur ce
d'autre ol'igine. Fais-en, si tu veux, l'examen: Quand la bouche dit point.
un, et que le mcnlal pense tl'ois, est-ce qu'en dedans 3U milieu du V. La raison humaine, d'ap1'ès un g1'and nomb1'e de choses
chemin l'un ne chasse pas ('autl'e,. et cela réciproquement? de là, à dans le Monde, peut percevoù' ou conclure, si elle le veut, qu'il
peine l'homme pense-t-il autremen't sur Dieu, s'il y pense, que·d'a­ 11 a un Dieu, et qu'il est un.
près le mot tout nu de Dieu, sans aucun sens qui enveloppe-Lille VI. S'il n'y avait pas un seul Dieu, l'Univers n'aurait pu ni
connaissance de DieU:- Puisque l'idée sur Dieu, avec toute notion ~tre créé, ni êt1'e conse1'Vé.
qu'on en peut avoir, a été ainsi dissipée, je vais dans leur ordl'e trai­ VU, L'homme qui ne reconnaît pas Dieu est excommunié de
ter de Dieu Créaleur, du Seigneur Rédempteur, et de l'Esprit-Saint ~Eglise, et damné,

..l..c
6 LA. VRA.IE RELIGION CHRÉTIENNE, 7
VIII. Rien de l'Eglise n'est en cohérence chez l'homme qui et perçoit qu'il ya une sorte de folie à dire qu'il y a plusieurs dieux;
reconnaît, non un seul Dieu, mais plusieurs dieux. les anges ne peuvent pas ouvrir la bouche pour prononcer le mot
Chacun de ces Articles va être développé séparément. dieux, car l'aure céleste dans laquelle ils vivent s'oppose avec effort
6. 1. TOUTE L'ECRLTURE SAINTE, ET PAR SUITE TOUTES LES Doc­ ~ celle prononciation. Que Dieu soit un, l'Ecriture Sainte l'enseigne
TRINES DES EGLISES DAXS LE MONDE CURÉTIEN, ENSEIGNEN'f QU'IL Y· Don-seulement universellement, comme il vient d'être dit, mais aussi
A UN DIEU, ET QU'IL EST UN. eu particulier dans un grand nombre de passages, par exemple, dflns
Si toute l'Ecriture Sainte enseigne qu'il y a un Dieu, ·c'est que­ ceux-ci: « Ecoute Israël: Jéhovah not1'e Dieu, J élzovalt est un, »
dans les intimes de celle Ecriture il n'y a absolument que DiQu~ _ Deuté,'. VI, 4, - Pareillement dans Marc, XIl, 29. - « Seu­
c'est-à-dire, le Divin qui procède de Dieu, car elle a été dictée par­ lement en Toi est Dieu, et excepté .tIoi, il n'y a point de Dieu. »
Dieu, et de Dieu il ne peut procéder que ce qui est Lui-Même, et Esaïe, XLV, i4, 15. - « Ne suis-je pas Jéhovah? Et Y a-t-it
est appelé Divin; ce Divin est dans les intimes de l'Ecl'iture Sainte~ d'autre Dieu quP. Moi?» - Esaïe XLV, 20,21. - « Je suis
Mais dans les dérivés, qui sont au-dessous des intimes et qui en pro­ Jéhovah ton Dieu, et de Dieu outre Moi tu llereconnaÎlraspoinl. »
viennent, cette Sainte Ecriture a élé accolllodée à la perception (les _ Osée. Xlll, 4. - « Ainsi a dit Jéhovah, le Roi d'Israël: Je
Angeset des Hommes; dans ces dérivés il y a pareillement le Divin. (suis) te Premier et le Dentier, et excepté Moi point de Dieu. »
mais dans une autre forme, et dans celle forme il est appelé Divin _ Esaïe, XLIV, 6. - « En ce jow,-tà, J élwvah sera pour Roi
Céleste, Divin Spirituel et Divin Naturel, Divins qui ne sont que des sur toute la terre; en ce jour-là, J éllOvalt sel:a un, et son Nom
enveloppes de Dieu, puisque Dieu Lui-Même, tel qu'il est dans les. un, )) - .Zach. XIV, 9.
intimes de la Parole, ne peut être vu par aucun être créé; car il (\J 7. Que les doctrines des Eglises dans le Monde Chrétien ensei­
dit à Moïse, qni demandait avec instance de voir la gloire de Jého­ ~nent que Dieu est un, cela est notoire; elles l'enseignent parce que
vah, que personne ne peut voir Dieu et.\'ivre, il en est de même des. de la ·Parole sont tirées toutes les doctrines de ces Eglises; ces doc­
intimes de la Parole, OÛ Dieu est dans son f:tre et dans son Essence: trines ont de la consistance en tant qu'on y reconnaît un seul Dieu
mai" néanmoins le Divin, qui y est intimement, et est enveloppé pal' non-seulement de bouche. mais aussi de cœur: quant à ceux qui de
des Divins ajusté" aux perceptions des Anges et des Hommes, brille bouche seulement confessent lin seul Dieu, et de cœur trois, comme
comme la Lumière à travers des formes cristallines, mais avec va­ cela arrive aujourd'hui chez un grand nombre dans le Christianisme,
riété, selon l'élat dl! mental, étaL que l'homme s'est formé ou d'après Dieu n'est pOUl' eux qu'110 simple mot prononcé pal' la houche, ct
Dieu ou d'après lui-même; devant quiconque a -formé d'après Dieu tout dogme Théologique n'est que comme lIne Idole d'or renfermée
l'état de son mental, l'Ecriture Sainte est comme un Miroir, dans dans une cassette, dont les Prélats ont seuls la clef, et quand ceux­
lequel il voit Dieu, mais chacun le voit à sa manière; les Vérités ci lisent la Parole, ils n'y aperçoivent nulle part aucune lumière, ni
qu'on apprend pal' la Parole, et dont on s'est imbu en y conformant même que Dieu est UII ; la Parole pour eux est comme couverte de
sa vie, composent ce Miroir: d'après cela, il est d'abord évident, ratures, et entièrement voilée quant à l'unité de Dieu; ce sont
que l'Ecriture Sainte est la plénitude de Dieu. Que celte Ecriture eux que le Seigneur a dépeints dans Matthieu: « D'ouie vous
enseigne non-seulement qu'il y a un Dieu, mais aussi que Dieu est entend/'ez, et vous ne comprend/'ez point; et en voyant vous
un, on peut le voir par les Vél'ités, qui, ainsi qu'il a été dit, forment verrez, et vous ne discernerez point. Ils ont fermé leurs yeux,
ce Miroir, en ce qu'elles sont cohérentes en un seul enchaînement, de pew' qu'il n'arrive qu'ils voient des yeux, et que des oreilles
et font que l'homme ne peut renser de Dieu que comme étant un; de ils entendent, et que du cœur ils comp/'ennent, et qu'ils se con­
là vient que tout homme, dont la raison a été imbue de quelque vertissent, et que je les guél'isse. )) - XIU, 14, t 5. - Tous ceux­
sainteté d'après la Parole, sait comme de lui-même que Dieu est un'~ là sont comme ceux qui fuient la lumière, et qui entrent dans des

ri
8 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 9
chambres sans fenêtres, tâtonnent autour des murailles et cherchent lI~anmoins un ~rand nombre qui pensent que sa Divinité a été divisée
oil sont les vivres et où sont les écus, et qui se font une vue comme ~n Plusieurs de même Essence, c'est parce que cet Influx, quand il
celles des hiboux, et voient dans les ténèbres; ils !>ont semblables à descend, tombe dans des formes non correspondanles,et que la
une femme qui, ayant plusieurs mal'Ïs, est une lascive courtisane forme elle-même le diversifie, comme cela arrive dans tous les sujets
non une épouse; ils sont semblables encore à une jeune fille.qui re- .(les trois règnes de la nature; le Dieu qui vivifie toute bête est Je
çoit des anneaux de plusieurs amants, (it qui, après le mariage, loue même Dieu qui vivifie tout homme, mais la forme récipiente fait que
ses nuits à l'ull et aussi aux autres. ta bête est bête et que l'homme est homme; de même il arrire à
8. II. L'I~FLUX UNIVERSEL, PROCÉDANT DE DIEU OANS LES AillES l'homme, quand celui-ci introduit dans son mental la forme d'une
DES nOMMES, EST QU'IL y A L'N DIEU, ET QU'IL EST UN. bêle: l'influx qui procède du soleil dans tous les arhl'es est semblable,
Qu'il y ait un influx procédant de Dieu dans l'homme, cela est Inais il est dh ersifié selon la forme de chaque arbre; il est sembla-
vl'ai d'après cet aveu général, que tout bien qui en soi e<;t le bien, ble pour le cep comme pour l'épine, mais si l'épine est greffée sur
et qui est dans l'homme et est fait par lui, vient de Dieu, et pa- le cep, cet influx eSl retourné et procède selon la forme de l'épine.
reillement tout ce qui ilppartient à la charité et tout ce qui appar .. Il en est de même dans les sujets du Règne minéral; la lumière qui
tient à la foi; car on lit: Un homme ne peut prendre rien, à
(1 influe dans uue pierre calcaire et dans un diamant est la même,
moins qu'il ne lui aIt été donné du Ciel. » - Jean, III, 27: Et mais elle brille dans celui-ci, et elle devient opaque dans celle-là.
Jésus a dit: « Sans Moi vous ne pouvez faire 1'ien. )l - ,Jean, Quant à ce qui concerne les mentaIs Humains ils sont diversifiés
XV, 5; - c'est-~-dire, rien de ce qui appartient à la charité et de 'Suivant leurs formes, qui au dedans sont spirituelles selon la foi en
ce qui appartient à la foi. Si cet influx est dans les ~'imes des hommes, Dieu et en mêllîe temps selon que l'on vit d'après Dieu, et ces formes
c'est pal'ce que l'âme estlïntime etle suprême de l'homme, et que l'in- deviennent brillantes et Augéliques pal' la foi en un seul Dieu, tandis
flux procédant de Dieu se fait!à, et descend de là dans les choses qui qu'au contraire elles deviennent opaques et bestiales par la foi en
sont au·dessous et les vivifie selon la réception: les Vrais qui appar· plusieurs Dieux, laquelle diffère peu de la foi en aucun Dieu.
tiendront à la foi influent, il la vérité, par l'ouïe, et de celte ma- 9. UL DE LA VIEXT QUE nANil LE MONDE ENTIER IL N'Y A PAS UNE
nière sont implantés dans le mental, ainsi an dessous de l'âme, mais NATION, AYANT UNE RELIGION ET UNE RAISON SaINE, QUI NE RECON-
I~homme par ces Vrais est seulement disposé à recevoir l'influ:< pro- NAISSE DrEU, ET QUE DIEU EST UN.
cédant de Dieu par l'àme, et telle est la disposition, telle est la ré- De l'Influx Divin dans les âmes des hommes, duquel il vient d'être
ception, et telle 3ussi la transformation de la foi naturelle en foi spi- parlé, il résulte qu'il existe chez chaque homme un dictamen interne
rituelle. Si l'influx, procédant de Dieu dans les cimes des hommes, (IU'il y a un Dieu, et qu'il est un: si cependant il en est qui nient
est que.Dieu est un, c'est parce que tout divin, pl'is lant universelle· Dieu et qui reconnaissent la Nature pour Dieu, et d'autres qui re-
ment que .singulièrement, est Dieu; et comme tout Divin est èohé- connaissent plusieurs Dieux, et d'autres aussi qui adorent des Simu-
I;ent comme une unité, il ne peut pas ne pas ins'pirer à l'hom me l'idée lacres comme dieux, c'est parce qu'ils ont bouché les intérieurs de
d'un seul Dieu; et celte idée est cOl'roborée de jour en jonr, selon Jeur raison ou de leur entendement pal' les choses mondaines et cor~
que l'homme est élevé par Dieu dans la lumière du Ciel; les Anges, porelles, et que par là ils ont effacé la primitive idée de Dieu ou l'i-
en effet, ne peuvent dans leur lumière se contraindre à prononcer dée de l'enfance, et rejeté alors en même temps de la poitrine sur le
le mot dieux; c'est pourquoi aussi leur langage 11 la fin de chaque <los la Religion. Que les Chrétiens reconnaissent un seul Dieu, mais
sens est, quant à l'accent, terminé en unité, ce qui ne vient d'autre de quelle manière, c'est ce qu'on voit clairement d'après leur Con-
part que de l'influx dans leurs âmes, qtle Dieu est un. Si, quoiqu'il fession Symbolique, qui est celle-ci: « La Foi catholique consiste
influe d.1ns les âmes de tous les hommes que Dieu est un, il y en a en ce que nous adorions un seul Dieu dans la T1'inité et la

_A _
iO LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i{
Trinité dans l'Unité. JI y a trois Personnes Divines, le Père, raoppelés dieux, parce que dans chacun d'eux il y avait la divinité.
le Fils et l'Esprit Saint) et cependant ils ne sont pas trois iO. Toute Raison saine, quoique non religieuse, voit que toute
dieux, mais il y u un seul Dieu: autre est la Personne chose divisée, à moins qu'elle ne soit sous la dépendance d'une unité,
du Père, autre celle du Fils, et autre celle de l'Esprit se dissipe d'elle-même; ainsi se dissiperait l'Homme, composé de
Saint, et lew' Divinité est une, la Gloù'e égale et la ll'lajesté tant de membres, de viscères, d'organes de la sensibilité et du mou­
Co-éternelle,. ainsi le Pèl'e est Dieu, le Fils est Dieu, et l'Esprit vement s'il n'était sous la dépendance d'une seule âme; et le Corps
Saint est Dieu,. mais parce que nous sommes !o1'cés d'après la lui-même, s'il n'était sous la dépendance d'un seul cœur. Il en serait
vérité Cll1'étienlle de reconnaître que chaque personne en pCl1'­ de même d'un Royaume s'il n'était gouverné par un seul Roi; d'une
ticulier est Dieu et Seigneur, il nous est cependant interdit par Maison, ~i elle n'avait un seul maître, et de toutes les fonctions, qui
la: Religion Catllolique de dire qu'il y a trois Dieta: et trois Sei­ sont en grand nomhredans chaque Hoyaume, si elles n'étaient pas
gneurs, » Telle est la foi Chrétienne $Ut' l'Unité de Dieu; mais on sous la direction 'd'un seul fonctionnaire. Quelle force aurait une
verra, dans le Chapitre SUI' LA DIVI1Œ TI\I:'\IT~;, que dans cette Con­ Armée contre le:> ennemis sans un Général investi d'nn pouvoir su­
fession la Trinité de Dieu et l'lJnité de Dieu sont incompatibles. prême et ayant sous ses ordres des officiers, dont chacun exerce son
Dans le Alonde, loutes les aulres Nations, qui ont une Heligion et droit sur les soldats? Il en serait de même de l'Eglise, si elle ne re­
une raison saine, s'accordent à reconnaître que Dieu est un; tous les connaissait un seul Dieu; et aussi du Ciel Angélique, qui est comme
1

i Mahométans rlans leurs Empires; les Africains, dans plusieurs la tête de l'Eglise dans les terres, le Seigneur étant l'àme même de
1 Royaumes de leur Région; les Asiatiqucs aussi, dans la plupart des l'une et de l'autre, aussi le Ciel et l'Egliie sont-ils appelé5 son Corps;
111" • leurs; et en outre les Juifs d'aujourd'hui. Les Très-Anciens, dans s'ils ne reconnaissaient un seul Dieu, ils seraient l'un et l'autre
le siècle d'or, ceux chez qui existait la Religion, ont adoré un seul comme un corps inanimé, qui, n'étant utile à rien, serait rejeté et
Dieu, qu'ils nommaient JÉHOYAIl; il en a été de mème (les Anciens­ enseveli.
dans le Siècle suivant, arant la fondation des Empires monarchiques, H. IV, LES NATIONS ET LES PEUPLES ONT EU ET ONT, D'APRÈS

Il~
:lrcc lesquels les amours mondains et ensuite les <1I110urs corporels PLUSIEURS CAUSES, DES OPINIONS DIHÉRENTES sun LA QUALITÉ DE
commencèrent il fermer les supérieurs de l'entendement, qui aupa­ C.Il: DIEU UN.

ravant a"aient été ourerls, ct serraient alors de Temples et de Une première cause, c.'est qu'il ne peut y avoir connaissance de
Sanctuaires pour le culte d'un seul Dieu; loutefois, le Seigneur Dieu, Dieu, ni par conséquent reconnaissance de Dieu sans Révélation, et
afin de les ouvrir et de restaurer ainsi le culte d'un seul Dieu, insti­ qu'il n~y a connaissance du Seigneur, et par suite reconnais~ance.
tua une Eglise chez les descendants de Jacob, et il la tHe de tous les­ que clans le Seigneur habite corporellement toute la plénitude de la
préceptes de leur religion, il plaça celui-ci: cc Il n'y aw'a poil1t Divinité, que d'après la Parole, qui cst la Couronne des Hévélations;
d'au(1'e Dieu devant ma lace.» - Exod, XX, 3. - ,léhovah, car l'homme, quand une Révélation a été donnée, peut aller au-de­
qui est aussi le nom qu'il $e donna de nomeau devant eux, signilie vant de Dieu et receroir l'influx, et par eonséquent de naturel deve­
l:Ètre suprême et unique. de qui procède tout ce qui est el existe nir spirituel: or, une primitive Révélation a été répandue sur tout
dans l'univers. Les anciens Genlils ont reconnu pour sUIHème Jupi­ le globe, et l'homme naturel l'a pervertie de plusieurs manières; de
ter (Jovem), ainsi nommé peut-être de Jéhovah, el ont aussi attri­ là les écarts, les dissentiments, les hérésies et les schismes des reli­
bué la Divinité à plusieurs autres qui composaient sa cour; mais. gions. Une seconde cause, c'est que l'homme Naturel ne peut rien
dans l'âge suivant, des Sages, tels que Plalon et Aristote, ont dé­ percevoir ni rien s'appliquer de ce qui concerne Dieu, mais peut
claré que ceux-là étaienl, non des Dieux, mais autant de pro­ senlement percevoir et s'appliquer ce qui concerne le Monde; aussi
priétr.s, de qualités et falributs d'un seul Dieu, lesquels furent. est-il dit dans les canons de l'Eglise Chrétienne que l'homme Natu­

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1,2 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 'i3
rel est opposé à l'homme Spirituel, et qu'ils combattent l'un contre et qu'il est un. Mais pour illustrer ce sujet, je rapporterai ce MÉMO-
l'autre; de là vient que ceux qui, d'après une Parole résultant d'une RABLE du ~Ionde spi1'Ïtuel. Un jour, pendant que je m'entretenais
autre Révélation, ont connu qu'il ya un Dieu, ont eu et ont des opi- avec des Anges, il vint quelques Novices du Monde naturel; dès que
nions différentes sur la Qualité de Dieu et sur l'Unité de Dien. Ceux je les vis, je leur sou:Jaitai une heureuse arrivée, et leur racontai
donc de qui la vue du mental était sous la dépendance des seWi du SUI' le Monde Spirituel plusieurs choses qu'ils ignol'aient ; et, après
corps, et q1lj cependant voulaient voir Dieu, se sont formé desSimu- la conversation, je leur demandai quel savoir ils apportaient avec
lacres d'or, d'argent, de pierre et de bois, afin que sous ces simula- eux dul\'lonJe sur Uieu ct sur la Nature. Ils me dirent: Voici notre
cres, comme objets de la vue, ils adorassent Dieu; et d'autres qui savoir, c'est que la Nature opèl'e toutes les choses qui se font dans
par religion avaient rejeté les simulacres, se sont représenté Dieu l'Univers Cré6, et que Dieu après la Création lui a donné et imprimé
par les Images dn Soleil et de la Lune, des Astres et de divers ob- cette faculté et cette puissance, Dieu les soutenant seulement et les
jets sur la terre; mais ceux qui s'étaient crus plus sagt:s que le Vul- conservant, afin qu'elles ne périssent point, c'est pourquoi toutes
gaire, et qui cependant étaient l'estés hommes naturels, ont, d'après les choses qui existent, naissent et l'enaissent SUI' la Terre sont attri-
l'immensité de Dieu et sa toute présence en créant le Monde, re- buées aujourd'hui à la Nature. Mais je répondis qlle la Nature par
connu pour Dieu la Nature, les uns dans ses intimes, et les autres elle-même n'opère rien, que c'est Dieu qui opère par la natul'e; et
dans ses derniers, et quelques-uns, afin de séparer Dieu de la na- comme ils demandaient un" démonstration, je leur dis: Ceux qui
ture, ont imaginé quelque chose de très-universel qu'ils ont nommé croient à la Divine opération dans chaque chose de la nature, peu-
l'Être de l'univel's; et comme ils ne savent rien de plus sur Dieu, venl, pal' un très-grand nombre de faits qu'ils voient dans le Monde,
cet Être devient chez eux un être de raison, c'est-à-dil'e, une chose se confirmer pour Dieu beaucoup plus que pour la Nature: ceux, en
de néant. Qui ne peut comprendre que les connaissances sur Dieu effet, qui se confirment pour la Divine Opération dans chaque chose
sont des miroirs de Dieu, et que ceux qui ne savent rien de Dieu de la nature, font attention aux Merveilles qu'ils aperçoivent tant
voient Dieu non dans un miroir tourné vers les yeux, mais dans un dans les Pl'oductions des Végétaux que dans celles des Animaux:
miroir retourné, ou par le dos qui est couvert de vif argent ou d'un Dans les PRODUCTro~S DES VÉGÉTAUX, en ce que d'une très-petite se-
noir gluten, et ne réfléchit pas l'image, mais l'étouffe? La Foi de mence jetée en terre il sort une l'acine, pal' la l'acine une tige, et
Dieu entre dans l'homme par le Chemin antérieur qui va de l'àme successivement des rameaux, des branches, des feuilles, des !leurs,
dans les supél'ieurs de l'entendement; mais les connaissances sur des fruits jusqu'à de nouvelles semences, absolument cOlllme si la
Dieu entrent par le Chemin postél'ieur, parce que l'Entendement Semence savait l'ordre de succession ou le procédé par lel1nel elle
les puise par les sens du corps dans la Parole révélée; et la rencon- doit se renouveler. Un homme rationnel peut-il penser que le Soleil,
tre des influx se fait au milieu de l'Entendement, et là la foi naturelle. qui est pur fell, sache cela, ou qu'il puisse insinuer à sa chaleur et
qui n'est qu'une persuasion, devient la foi spirituelle, qui est la re- à sa lumière de faire cela, et puissfl avoir en vue les usages? lorsque
connaissance elle-même; l'Entendement humain est donc comme un l'homme, dont le rationnel a été élevé, voit ces merveilles et les exa-
bureau de change da.ns lequel se fait la permutation. mine atlentivement, il ne pt:ut faire autrement que de penser qu'elles
1.2. V. LA RAISO~ Hu~rAINE, n'APRÈS UN GRAND NOMBRE DE CHOSES viennent de Celui dont la Sagesse est infinie, par conséquent de Dieu;
DANS LE MONDE, PEUT pERCEVOUl OU CONCLURE, SI ELLE LE VEUT, ceux. qui reconnaissent la D'ivine Opération dans chacune des choses
QU'IL y A UN DIEU, ET Qt:'IL EST UN. de la nature se confirment aussi en cela, quand ils les voient; ceux
Cette vérité peut être confirmée par d'innombrables cheses dans au contraire, qui ne la reconnaissent pas, les voient non pas avec les
le l\'Ionde visible. En effet, l'Uni\'ers est comme un Théâtre sur le- yeux de la raison dans le front, mais avec les yeux dans l'occiput;
quel se présentent continuellement des Témoignages qu'il y a tin Dieu, ce sont ceux qui tIrent des sens du corps toutes les idées de lel!r
14 LA VRAIE RELIGION .CHRÉTIENNE. tE)

Pensée, et confirment les illusions des sens, en disant: Ne voit-on correspondent à la vie dans le dernier degré, laquelle met distincte­
pas le Soleil opérer toutes ces choses par sa chaleur et par sa lu­ ment en acLion leurs parties les plus déliées. Puisque la vue de l'œil
mière? Ce qu'on ne voit pas, qu'est-ce que c'est? Est-ce quel1lue est si grossière, qu'un grand nombre d'insectes, avec les parties
chose? Ceux qui se confirment pour le Divin font attention aux MER­ jnnombrable~ que chacun renferme, apparaissent comme un petit
VEILLES qu'ils voient dans les PIIODUCTIONS DES ANIMAUX; et pour par­ point obscur, et que cependant ceux qui sont sensuels pensent eL ju­
ler d'abol'd ici de celles qni sont dans les OEufs, ils y voient le petit gent d'après cette vue, on voit clairement combien leur Mental est
caché dans son germe, avec tout ce qui est nécessaire pour la for­ devenu épais, et par suite dans quelle obscurité ils sont sur les
malion, et aussi avec tout ce qui concerne l'accroissement après l'é­ choses spi l'iLuelles.
closion, jusqu'à ce qu'il devienne oiseau dans la forme de la mère. Chacun par les choses visibles dans la NaLure peut se confirmer
De plus, si l'on fait aUention aux Volatiles en génél'al, il se présente pour le Divin, s'il veul; et aussi sc confirme celui qui pense à Dieu
devant un mental, qui pense profondément, des choses qui pr.odui­ et fi sa Toute-Puissance en créant J'Univers, el à sa Toute-Présence
sent l'admiration, par exemple, en ce que dans les plus petits en le consenant; par exemple, lorsqu'il voit les Volatiles du Ciel;
comme dans les plus grands, dans ceux qui sont invisibles comme -chaque espèce connaît ses aliments eL sait oil ils sont, connaît ses
dans ceux qui sont visibles, c'est·à-dire, dans les plus petits insectes vareils au sou eL à la yue; et parmi les oiseanx, ceux-ci connais~ent
comme dans les oiseaux. et les animaux les plus grands, il ya les or­ leurs amis et leurs ennemis; ils savent sous les plumes le lieu de
ganes des sens, qui sont la vue, l'ouïe, l'odorat, le goùt ct le tou­ l'accouplement, ils forment des mariages, construisent avec art des
cher. et les organes des mouvements, qui sont les muscles, car ils 'nids, y déposent leurs œufs, les couvent, savent le temps de J'incu­
volent et ils marchent; comme aussi les viscères adhérents au cœur baLion; est-il écoulé, ils fùnt éclore leurs petiLs, qu'ils aiment avec
et au poumon, qui sont mis en activité par les ceneaux. Ceux qui tendl'esse ; ils les réchauffent sous leurs ailes, leur prépal'ent des
attribuent tout il la nature voient, il est vrai, de telles choses, mais aliments, et/cul' donnent la becquée, ct cela, jusqu'il ce qu'ils soient
ils vensent seulemcnt qu'elles sont, et disent que la Nature les Pl'O­ en éLaL d'agir par eux-mêmes et de faire comme eux. Quiconque
eluit; et ils disent cela, parce qu'ils ont détourné leur menLal de veut penser fi l'influx Divin venant pal' le Monde spirituel dans le
touLe pensée sur le Divin; et ceux qui se sonL déLournés dn Divin, Monde naturel, peUL voir cet influx dans ces sciences; il peut aussi"
quand ils voient des merveilles dans la nature, ne peuvent y penser s'il le veuL, dire en son cœur: Le Soleil ne peut donnel' de telles
raLionnellement, ni à plus forte raison spirituellement, mais ils y sciences à ces "olatiles pal' sa chaleur et sa lumière, car le Soleil,
pensent sensuellement et matériellement, et alors ils pensent dans la d'oü la Nature tire son origine et son essence, est un PUI' Feu, ct par
natul'e d'après la nature et non au-dessus de la nature, différant seu­ suite les efflux de sa chaleur et ùe sa lumière sont absolument morts;
le.ment des bêLes en ce qu'ils jouissent de le rationnalité, c'est-à-dire et ainsi l'on peut conclure quc de telles choses viennenl de l'influx
qu'ils peuvent comprendre, s'ils l'eulent. Ceux qui se sont détournés Divin par le Monde spil'ituel dans les derniers de la nature.
de toutepensée HIl'leDivin, et son t par là devcnus sensuels-col'porels, Chacun par les choses visibles dans la NaLure peut se confil'meI"
ne pensent pas que la vue de l'œil est si grossière et si matérielle, Our le Divin, quand il voit les Vers, qui, d'après le plaisir d'un
qu'elle considère plusieurs petits insectes comme une seule chose Certain amour, sont po l'Lés et aspirent à changer leur état tenestre
obscure; et cependant chaque pelit insecte a été organisé pour sentir en un état qui est l'analogue de l'état célestc, et pour cela se traî.
et pour se mouyoir ; ainsi ils ne réfléchissent pas qu'il a été doué de nent dans des lieux convenables, s' enveloppen t d'une couverture,
fibres et de vaisseaux, de peLiLs cœurs, de canaux pulmonaires, de .et ainsi se meUenL dans un utérus afin de renaître, et là deviennent.
petits viscères et de cerveaux, et que ces organes ont été tissus des chrysalides, aurélies, nymphes, et enfin papillons; et quand ils ont
plus pures substances qui soient dans la nature, et que ces tissus subi la rtIétam6rphose et ont été, selon leur espèce, décorés d'ailes
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i6 LA V~AIE ~., RELIGION CHRÉTIENNE. {7
magnifiques, ils \'olent dans l'air comme dans leur ciel, ils y folâ­ quables: d'après cela on peut voir que c'est en raison de l'Usage
j trent joyeusement, et forment des mariages, déposent des œufs, et rendu par elles au Genre Humain, qu'elles reçoivent de l'influx
pourvoient à leur postérité; et alors ils se nourrissent d'un aliment Divin par le Monde Spirituel une forme de gouvel'Oement, lelle
agréable et doux qu'ils tirent des fleurs. Parmi ceux qui se confir­ qu'elle existe chez les hommes dans les terres, ct même chez les
ment pour le Divin par les choses visibles dans la nature, est-iL Anges dans les Cieux. Quel est l'homme, pourvu d'une raison saine,
quelqu'un qui ne voie dans ces êtres comme une sorte tl'image de qui ne voie que de telles choses chez ces insectes ne viellnent pas
l'état terrestre de l'homllle, et dans ces mêmes êtres comme pa-' du monde Naturel? Qu'est-ce que le Soleil, d'oit provieut la Nature,
pillons une sorte tI'image de l'élat céleste? Ceux qlli se confirment a de commun avec un Gouvernemenl pareil et analogue au Gouver­
pour la Nature voient,. il est vrai, ces merveilles; mais, comme ils nemen t céleste? D'après ces observations et autres semblables chez
ont rejeté loin d'eux l'état céleste de l'homme, ils les nomlllcnt de les bêtes brutes, celui qui reconnail et adore la Nalure se confirme
purcs opérations de la nature. pour la Nalure, tandis que celui qlli reconnaît et adore Dieu se con­
Chacun par les choses visibles dans la Nature peut se confirmer­ firme pour Dieu, car l'homme Spirituel poit des choses spiriluelles,
pour le Divin, quantI il fait attention il. tout ce que l'on connait ùes et l'homme Naturel y voit des choses natnrelles, ainsi cllacull selon
Abeilles. Elles savent des roses et des fleurs recueillir la cire, en ce qu'il est lui-même. Quant il ce qui me concerne, de telles obser­
sucer le miel, construire des cellules comme de petites maisons, et vations ont été pour moi des témoignages de l'Inllux procédant de
les ùisposer en forme de ville, avec des places par lesquelles elles Dieu par le Monde Spirituel dans le Monde Naturel. Qu'on examine
entrent et par Icsquelles élles sortent; elles oelol'ent de loin les si, au sujet de queh[ne Forme de gouvernement, 011 de fjlteltlue Lo~
fleurs et les herbes, doni elles recueillent la cire pOUl' la maison et civile, ou de quelque Verlu morale, ou de que!que Vérité spirituelle,
le miel pour la noul'riture; et, quaud elles en sont chargées, revo­ il est possible de pensel' analytiquement, à moius que le DÎ\'jn, o'a­
lent selon la plage vers leur ruche, et pourvoient ainsi à leur nonr­ près sa Sagesse, n'influe par le Monde Spirituel; quant il moi, cela
riture pour l'hivor suivant, comme si elles le prévoyaient: elles met­ m'a été e,t m'est impossilJle; j'ai, en effet, rem:lrqu0 cet influx
tent aussi a leur tète comme Reine une sou\'eraine, par qui [a pos­ d'une manière pel'ceptible et sensible depuis vingt-six. anuées
térité doit être pl'Opagée, et pour qui elle~ construisent IIne sorte continuellement: j'en parle donc cl'aprè~ un témoignage cer­
de palais au-dessus de leurs cellules, en plaçant des sentinelles tont tain.
autour: quand le temps de la ponte arrive, la Reine, accompagnée La Nature peUL-elle avoil' pou'r fin ['Usage, et disposer les usages
des satellites, qui sont nommés Faux-bourdons, va de cellule en dans des ordres et dans des fOl'mes ?I111'y a que le Sage qui le puisse;
cellule et pond des œufs, que la troupe qui la suit entoure d'un en­ et il n'y a qne Dieu, t'Il' Qui la Sagesse est infinie, qui puisse ainsi
ùuit, pOUl' qu'ils ne soient point altérés par l'air; de là pOlir elles ordonner et formel' ['Univers; qu el autre peut p:'évoir' ]Jour les
une race nouvelle: p~lIS tard, quand cette généralion est parvenue hommes ce qui est nécessaire il la nourrilnre et au \ètcllle:ll, el y
à \'~ige nécessaire pOlll' pouvoir faire [es mêmes travaux, elle est pounoir' ; à la nourriture, par les moi,;sons des champs el les frnils 1
chassée de la ruche; et d'abord l'essaim se réunit ell troupe, alln de la terre, et pûr les animaux, an=-. rètements, pal' ces prodnctions
que [a consociàtion ne soit pas rompue. et ensuite il s'envole pour de la terre et parces mêmes animaux? N'est-il p:lS :lU nonJ!Jre des
se chercher un dom icile: vers l'Automlle, ces faux.-bourdons, merveilles, que c~s vils insectes, que l'on nomme Vers il soie, four..
n'ayant contribué en l'ien li la récolte de la cire et du miel, sont mis nissent de vêtements et décol'cnt avec magnificence et les femmes
dehors et privés de leul's ailes, pour qu'ils ne reviennent pas et ne .et les hommes, depuis les Reines et les Rois jusqu'aux femmes de
consomment pas deS alimenls, à l'approvi:;ionnement de:;qnels ils .chambre et aux valels ; et que ces vils Insectes qne J'on nomme
n'ont coopéré en rien; sans parler de plusieurs autres faits remar· abeilles fournissent la cil'e pour la lumière qui remplit de splendeur
J.
2

lit..
1 l t8 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 19
les Temples et les Palais? Ges choses et plusieurs autres sont des 11e peul avoir en vue lIne autre fin quc la Béatitude éternelle des
preuves existantes que Dieu de Soi-même par le Monde Spil'ituel hommes d'après son Divin, et sa Divine Sagesse ne peut produire
opère tout ce qui se fait dans la Nature. aurre chose que des us::ges qui soient des moyens pour cette fin;
A cela je dois ajouter que dans le Monde Spi ri tuel, j'ai VII ceux en examinant le l\londe dans celte idée universelle, tout homme
qui, par les chos(!s visibles dans le Monde, s'étaient confirmés pour sage peut comprendre que le Créateur de l'Univers est un, et que
la Nature jusqu'à devenir athées, et que leur Entendement dans la son Essence est l'Amour et la Sagesse; c'est pour cela qu'il n'existe
Lumière spirituelle m'a apparu ouvert par le bas, mais fermé par pas d3ns le mon,de un singulier d3ns lequel il n'y ait de caché de
le haut; et cela, parce qlle pal' la Pensée ils ont regardé en bas près ou de loin un usage pour l'homme, soit pour sa nouniture
vers la terre, et non en haut vel's le Ciel: au-dessus du sensuel, qu i par les frnits de I~ Lerre et aussi par les animaux, soit pour son
est l'intime de l'entendement, il app3raissait comme un voile briI­ vêtement par ces mêmes choses. (Et, comme il a éLé dit, ) il est au
lanl1'3r le fcu infernal, chei quelques-uns noir cOlDme 13 suie, et nombre des merveilles que ces vils insectes, que l'on nomme Vers
ehez d'autres livide comme un cadavre. Que chacun se garde il soie, fournissent de vêLemenLs eL décorent a\'ec magnificence et
ùonc des confirmations pour la Nature, mais qu'il se confi.'me pour les femmes et les hommes, depuis les Reines et les Rois jusqu'aux
Dieu; les moyens ne manquent pas. femmes de chambre et aux valeLs ; et que ces vils insectes, q1le l'on
,13. VI. S'IL N'Y AVAIT PAS UN SEUL DIEu, I;UNtVEIIS N'AURAll nOlllme Abeilles, fournissent la cire pour la lumière qui l'emplit de
PU t\I l~TI\E cntÉ, 'Xl J~TIlE CONSERVlL splendeur les Temples et les Palais. Ceux qui examinent dans le
, Si de 13 création de l'Univers on l'cut conclure l'unité de Dieu, Monde quelques objeLs singulièrement, et non le touL universelle­
c'est parce (lue l'Univers est un Ouvrage cohérent comme un depuis ment dans la série dans laquelle sont les fins, les causes moyennes
les premiers jusqu'3ux del'niers, ct qu'il dépend d'un selll Dieu, tlesetfets, et qui ne déduisenL pas que la Création provient du
comme le corps dépend de son âme; l'Univers a élé créé ainsi, J)Ï\"in Amour par la Divine Sagesse, ne peuvent p3S voil' que l'Uni­
afin que Dieu puisse être tout-présent, ten il' sous son 3uspice toutes vers esL l'Oul'I'3ge d'un seul Dieu, ni que ce Dien habite ùans cha­
et chacune des choses qui le composent, et le contenir perpétuelle­ cun des usages, parce qu'il est dans la fin. En effet, quiconque est
menL comme un, ce qui est conserver. C'e;;t aussi de là qlle Jchovah ~an5 la fin est aussi dans les moyens; car dans Lous les moyens il
Dieu dit qu'II est le Premier et le Dm'niel', le Commencement
Cl ra intimement la fin, qui meL en action et dirige les moyens. Ceux
et la Fin, l'Alpha et l'Oméga.» - EsaYe XLIV, 6. Apoc. 1,8, qui contemplent l'Univers non comme l'Ouvra.ge de Dieu ni comme
1i ; - ct ailleurs « Qu'il fait toutes choses; qu'il déploie les l'Habitacle de son Amoul' et de sa Sagesse, mais comme l'Ouvrage
Ciela; et étend ta TCr?'e par Lui-même. Il - ES3Ye, XLIV, 24. de la n3tureet comme l'Habitacle de la chaleur et de la lumière du
_ Ce grand Système, qu'on appelle l'Univer~, est un ouvrage co­ soleil, ferment les supérieurs de leur men Lai pOUl' Dien et ou­
lJérenl comme un depuis les premiel';; jusqu'aux derniers, parce flue vrent les inférieurs de leur mental pour le diable,. et par suite dé­
Dieu en le cr~ant a eu en vlle une seule Fin, qui a ét~ le Ciel an­ pouillent l'Humain et revêtent le bestial, et non-seulement ils se
gélique formé du Genre humain, et les Moyens pour celte fin sont croient semblables aux bêtes, mais ils le deviennent même; en effet,
., toutes les cllOses dont le Monde est composé; C31' qui vellt la fin ils deviennent des renards quant à l'astuce, des loups quant à la
veul allssi les moyens; celui donc qui contemple le Monde comme férocité, des léopards quant à la fourberie, des tigres quant à la
un Ouvrage qui contient les moyens pour cette fin, peut contempler cruauté, des crocodiles, des serpents, des hiboux et des choueltes
l'Univers créé comme un OUHage cohérent comme un, et peut voir­ quant à la nature de ces bêtes: ceux qui sont tels apparaissent aussi
que le Monde est un Enchaînement d'usages en ordre successif pOUL" de loin, dans le Monde Spi rituel, scmblables à ces animaux j l'a­
le Geure Humain, dont se forme le Ciel Angélique; le Divin Amour Dlour de leur mal prend ainsi cette forme.

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20 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 21


14. VII. L'HOIUME QUI NE RECONNAIT PAS DIEU EST EXCOMMUNI!'t le peuple à robéissance aux lois de la justice, qui concernent la
DE L'ÉGLISE, ET DAMNÉ. Société; et en outre il pense que la Parole, d'après laquelle les mi­
Si l'homme qui ne reconnaît pas Dieu est excommunié de l'Eglise, nistres parlent de Dieu, est un amas de rêveriés qu'on a, d'après
c'est parce que Dieu est le tout de l'Eglise, et que les Divins, qui fAutorité, rev~lu de Sainteté; que le Décalogue ou Catéchisme est
sont appelés Théologiques, fontlJEglise, c'est pourquoi. la négation­ un petit livre 'qui, après avoir élé usé par les mains des enfants,
de Dieu est la négation de toutes les choses de l'Eglise; et cette néga­ .doit être mis de côté, car il prescrit d'honorer les parents, de ne
tion elle-même l'excommunie,ainsi l'homme lui-mème s'excommunie,. point tuer, de ne point commettre adultère, de ne point voler, de
et Dieu ne l'excommunie point. Si cet homme est damné, c'est parce ne point faire de faux témoignage, et il n'est personne qui ne sadIe
qu'étant excommunié de l'Eglise,il est aussi excommunié dn Ciel; car ,oela d'après la loi civile: au sujet de l'Eglise, il pense que c'est
l'Eglise dans les terres et le Cielangéliquc fonl un, cOlllmtll'Interne seulement une l'éunion de gens simples, faciles à croir'e, et pusilla­
et l'Extel'ne, et comme le Spil'ituel et le Naturel cllez l'homme; et nimes, qui voient ce qu'ils ne voient point: au sujet de l'homme et
l'hommc a été créé pal' Dien~ afin qu'il soit qnant à son Interne dans ·de lui-même comme homme. il pense de la même manière qu'au
le l'tIonde spirituel et qllant il son Externe dans le Monde naturel, sujet de la bête-; et sur la vie après la mort, de la même manière
par conséquent il a été créé indigène de l'lm et de l'auLre Monde, que sur la vie de la bête lorsqu'elle est morte. Ainsi pense son
afin que le spiritucl qui appartient au Ciel soit implanté dans le natu­ homme Interne, quelque différent ((ue soit le langage de son homme
rel qui appartient au ~Ionde, comme il anive pour une semencc qui Externe; car, ainsi qu'il a été dit, chaque homme a un Interne et
est mise cn Lerre, et qu',linsi l'homme existe et dure éternellement. un Externe, et son Interne constitue l'homme qui est appelé Esprit
L'homme ([IIi, par la négalion de Dieu, s'est excommunié de l'E­ -et qui vit après la mort, et son Externe, d'après lequel par mora·
glise, et pal' conséquent du Ciel, a fermé l'homme Interne chez lur lité il a agi en hypocrile, esl enseveli; et alors à cause de la néga­
quant à la volonté, ainsi quant à son amour natif, cal' la volonté tion de Dieu il devient un clamné. Tout homme quant à son Esprit
de l'homme est le réceptacle de son amour ct en devient la demeure, ·est consocié à ses semblables dans le Monde Spirituel, et il est pour
toutefois, il ne peut fermer son homme Interne quant à l'Entende­ ainsi dire un avec eux; et il m'a été très-souvent donné d'yvoir
ment, car s'il le pouvail et le faisail, l'homme ne serait plus homme; dans le:' Sociétés les Esprits cI'hommes encore vivants, quelqueS-Ulis
mais l'amour de sa \'olonlé infalue par des faux les supérieurs de .dans des Sociélés angéliques, et quelques autres dans des Sociétés
l'Entendement; de lil.l'Entendement devient comme fermé quant infernales, el il llI'a aussi élé donné de pader pendant des jours
aux vrais quiappartieoneut à la foi et quant aux biens qui appar­ -entiers avec eux, et j'étais étonné que l'homme lui-même vivant en­
tiennent il la charilé; ainsi il est cie plus en plus conlre Dieu et en eore dans son COI'PS n'en sÎlt absolument rien: par là je vis claire­
même Lemps conlre les spiritucls cie l'Eglise; et par conséquent il ment que celui qui nie Dieu est déjà parmi les damnés, et qu'après
est excln de la communion avec les Anges clu Ciel; dès qu'il en a lamort il esl recueilli vers les siens.
élé exclu, il se met en cOllllllllnion avec les Satans de l'Enfer, et Hl. VIII. RIEN DE L'ÉGLISE N'EST' EN COHÉRENCE CHEZ L'HOMME
sa pensée fait un avec la leur, or tOIlS les Satans nient Dieu et pen­ 'Q{JIRECONNAITJ NON UN SEUL DIEU, MAIS PLUSIEURS DIEUX
sent follelllent de Dieu et cles spirituels de l'Eglise; il en est de Celui qui reconnaît de foi et adore de cœur un seul Dieu, cst dans
m~me de l'homme conjoint avec e1\X ; lorsque ce1Jli-ci est dans son la communion cles Saints dans le5 terres et dans la communion des
Esprit, ce qui arrivc quand clans sa maison, livré il lui-même, il Anges dans les cieux; ces assemblées sonl dites communions, et
laisse dirigel' ses pensées par les plaisirs du mai el clu faux qu'il a elles le sont, parce que ceux qui les composent sont en un seul
conçus et enfantés chez lui, il pense alors de Dieu qu'il n'existe pas, Dieu, et qu'un seul Dieu est en eux; ils sont même en conjonction
mais que ce n'est qu'un mot qui'retentit dans les chaires pour lier ~vec le Ciel Angéliq'le tout entier, et j'oserai dire, avec tous et cha­

...........

22 LA VRA.IE
cun là, car ils sont taus comme les fils et les descendants d'un seul
rr
RELIGION CHRÉTIENNE.
Spirituel, qui parlaient entre eux des Trois Personnes Divines de
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Père; leurs mentaIs. (animi), .


lenrs mœurs et leurs' faces sont si­ toute élernité; ils avaient été Chanoines, et l'un d'eux Evêque; ils
milaires, ce qui fait qu'ils se connaissent mutuellement. Le Ciel An­ m'ab ordèrent, et après les avoir entretenus un instant du Monde
~élique a été coordonné en Sociétés selon toutes ies val'iétés de l'a­ Spirituel, dont aupal'avant ils n'avaient eu aucune connaissance, je
mour dn bien, variétés qui tendent à un seul Amour trè~.universel, leur dis: Je vous ai entendus p:lrler des trois Personnes Divines de
l'amour pour Dieu; par cet Amour ont été propagés tous ceux qui toute éternité: je VOliS prie de développer ce grand Mystère selon
reconnaissent de foi et adorent de cœnr un seul Dieu, Créateur de les idées que vous en avez prises Jans le Monde naturel d'où vous
l'univers, et en même temps Rédempteur et Régénérateur. Mais il êtes nouvellement venus: et alors le Pl'imat, me regardant, me dit:
en est antrement de ceux qui cherchent et adorent non un seul Il, Je vois que tu es laïc; j'ouvrirai donc les idées de ma pensée sur ce
Dieu mais plusieurs Dieux, soit que cela an'ive en ce qu'ils en ado­ grand Mystère, et je l'enseignerai. Mes idées ont été et sont encore
l'en t un de :lOuche et trois pal' la pensée, comme fon t dans l'Eglis6 que Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu l'Esprit Saint SOlft assis dans
d'aujourd'hui ceux qui distinguent Dieu en trois Personnes, et dé­ le Milieu du Ciel sur trois Siéges ou Trônes magnifiques et élevés;
clarent chaque Per~onne Dieu par elle-même, et attribuent à cha­ Dieu le Père, sur un Trône d'or lin avec un Sceptre dans la main;
cune des qualités séparées, ou des propriétés qui n'appartienoent Dieu le Fils, à la droite du Père sur un Trône d'argent très-pul'
point à une autre ; ce qui fait que non-seulement l'unité de Dieu avec une Couronne sur la tête; et Dieu l'Esprit Saint près d'eux sur
est en actuaïilé divisée, mais pareillement aussi la Théologie elle­ un Trône de cristal resplendi3sant, tenant une Colombe dans la
même et le Mental humain dans lequel elle doit être. Que rejaillit­ main; que tout autoul' d'eux, en triple rang, brillent par l'éclat des
il de là dans les choses de l'Eglise, sinon la perplexité etl'incohé­ pierres précieuses des lampes suspendues; et que loin de ce Cercle
renc~? Dans l'Appendice qui suivra cet Ouvrage, il sera démontré se tient une quantité innombrable d'Anges qui tous adorent et glo­
Il que tel est l'état de l'Église d'aujourd'hui. C'est urie vérité que la rifient; qu'en outre Dieu le Père et son Fils s'entreliennent conti­
division de Dieu ou de l'Essence Divine en trois Personnes, dont, nuellement de ceux qui dohent être justifiés, et qu'entre eux ils
,chacune pal' elle-même ou séparélHent est Dieu, conduit à la néga­ déterminent et décident quels sont dans les tClTes ceux qui seraient
tion de Dieu; c'est comme quelqu'un qui entredans un Temple pour dignes d'être reçus parmi les Anges et d'être coul'onnés de la vie
adorer, et qui voit sur l'Autel un Tableau repl'ésentant tin Dieu éternelle; que Dieu l'Esprit Saint, aussitôt qu'il a entendu pronon­
comme l'Ancien des jOUI'S, un Second Dieu comme Souverain Pon­ cer leurs noms, se di1'Ïge promptement sul'1eglobe de la lerre vers
tife, el un Tl'oisième comme un Eole volant, el au-dessous cette eux, pOl'lant avec lui les dons de la justice, tout aulant d'assurances
iDscription : Ces tl'(}is sont un Seul Dieu: ou peut-être comme si de salut pour ceux qu i doivent être justifiés, et dès qu'il arrive et
l'on y voyait l'Unité et la Trinité représentées comlM un homme qu'il souffle, il dissipe les péchés. comme un ventilateul' chasse la
avec trois Têtes sur un seul corps, ou avec trois corps sous une fumée d'une fournaise et la blanchit; il enlève aussi de leurs cœurs
seule Tête, ce qui est IIne forme monstrueuse; si quelqu'un entrait les duretés de la pierre et y porte les mollesses de la chair, et en
avec cette idée dans le Ciel, il en serait cerlainement précipité, lors même temps il renouvelle leurs Esprits ou leurs mentais, il les en­
même qu'il dirait que la Tête ou les Têtes signifient l'Essence, et ~endre de nouveau et leur donne des p hysionomie~ enfantines; en­
le Corps ou les Corps les Propriétés dislinctes. fin, il marque leurs fronts du signe de la croix, et Ics nomme élus
et fils de Dieu. Ce discours terminé, ce Primat me dit; C'est ainsi
" " ... " " que j'ai développé ce grand m)'stère dans le Monde; et comme la
(~f;A cequi vient d'être dit j'ajouterai un MEMORABLE: Je vis quel~ plupart des membres de notre Ordre y ont applaudi mes paroles,
ques Esprits, nouvellemQnL arrivés du Monde naturel dans le Monde ie suis persuad~ que tOi aussi, qui es laïc, tu y aloutes foi. Après
24 LA VRAIE RELIGWN CHRÉTIENNE. 25
que le'Primal eut prononcé ces mols, je le regardai allentivement jamais possible d'ajouter foi? Qu'on puisse dire, non pas un seul
et en même temps les chanoines qui étaient avec lui, et je remar- Dieu, mais un sembl{lble Divin, cela peut êtl'e- illustré ainsi: De
quai qu'ils lui donnaient tous un plein assentiment, je commençai plusienrs hommes qui formeut ensemble un Sénat, un Consistoire
donc à répondre, et je dis: J'ai bien examiné l'énoncé de ta foi, et ~u un Concile, on ne pent pas dire qu'ils sont un seul homme; mais
j'en ai conclu qlle tn t'es fOl'mé et que lu retiens avec plaisir sur .quand snI' tOlites choses en général et en pal'ticulier il y a une seule
Dieu Trinm une idée absolument natul'elle et sensuelle, et même opinion, on peut dire qu'ils ont lin seul sentiment: on ne peut pas
matérielle, de laquelle r1écoule inévitablement l'idée de trois Dieux; dire non plus de tro:s diamants d'une même substance qu'ils sont
n'esl-ce pas penser sensuellement de Dieu le Pere que de l'asseoir ~ un seul Diamant, mais on peut dire qu'ils sont un quant à la subs-
sur un Trône avec un Sceptre dans la main; et du Fils, que de l'as- tance, et aussi que chaque Diamant diffère de l'autre par le prix se-
seoir ~UI' son Trône avec une Couronne sur la tête; et de l'Esprit '\ 1011 le poids pl'Opre ; toutefois, il n'en est pas de même, s'il y en a
Saint, que tle le placel' sur le sien avec une Colombe dans la main. ( un seul et non trois~, Mais je perçois pourquoi vous dites que les
et de lui faire parcourir le globe de lateITe selon ce qu'il a entendu? trois Pe:-sonnes Divines, dont chacune par elle-même 011 en parti-
Et puisqu'une telle idée résulte de là, je ne puis ajoutel' foi il tes clliier est Dieu, sont UII seul Diell, et pou l'quoi \'OUS enjoignez à
paroles: en effet, dans mon enfance, je n'ai pu admettre dans mon .chaque membre de l'Eglise de pari el' aJE,si ;-ë'est pa~cëqn'Urïe R-ai-
melltal d'aull'e idée que celle O'UN SEUL DIEU, et comme je l'ai seule ~ son éclairée ct saine reconnait dans tout l'Univcl's qu'il n'y a qu'un
admisè et qne je la l'etiens, tout ce que tu as dit s'évanouit chez
moi; el alors j'ai vu que pal' le Trône sur lequel, selon l'Écriture,
1 s.eul Dieu, et qu'en conséquence vous sel'iez couverts de honte, si
'Vous ne teniez pas aussi le même langage;\ mais néanmoins quand
Jéhovah est dit s'asseoir; est entendu le Royal)me ; par le Sceplre VOUS pl'ononcez un selll Diell, quoique vo~s_'pe~~l~is, cette honte
et la Couronne, le Gouvernement et la Domination; par s'asseoir eependant ne retient pas ces deux mots dans l3. bouche, mais vous
{
à la dl'oite, la Toute-Puissance de Dieu par son Humain; et par les énoncez\L'Évêque, après avoir enlendu ce que je venais de dire,
toules les choses qui sont dites de l'Esprit Saint, les Opérations de (se retira avec ses Chanoines, et en se retirant il se retourna, et vou-
la Di\'ine Toule-Présence: prends, s'il te plaît, l'idée n'UN SEUL ) lut s'écrier: Il n'y a qu'un seul Dieu; mais il ne put, parce ql~§~
DIEU, roule-la bien dans ton Raisonnement, et tu saisiras enfin avec Ile,~~ée '::.etin~ sa lang~e, et,_alors il prononça .~_.QQ!lç~_L~urerte : ~
clal'lé que cela esl ainsi. Vous, il est nai, "ous dites ainsi que Dieu ) Yl!.yois Dieux. En "oyant cet etret_pl'odJgi~~x, les assistants écla-
est un, et cela, pal'ce que vous failes une el aussi indivisible l'Es- tèren:de ril'e et s'en allèl'ent.
. sence de ces Trois Pel'sonnes; mais.2.Q.!ls.n~. p,~tez pas,q~e
\.2.1) Ensuite je demandai où je trouverais, parmi les Erudits, ceux
\ quelqu'un dise quece Dieu unique est llne seule Personne, vous vou- ,qui ont le plus depénétl'ation, et qui tiennent pour la Divine Tri-
liez au contr:lÎre qn'il y en ait trois; et -vous faiieSCela afin qüe nité divi~ée en trois Personnes: et il s'en IH'ésenta tl'Ois anxquels
l'idée de trois Diellx, telle, qu:Cst la vôtre, ne, périsse point; et vous je dis: Comment pouvez-vons diviser la Divine Trinité en Tl'ois
altl:fI)U('z aussi 'à ëhacun une propriété' séparée de la propriété de Pel'sonnes, et soutenir que chaqne Personne par elle-même 011 en
l'autre; n'est-ce pas de celte manière diviser votre Essence Divine? particulier est Dieu et Seigneur? Est-ce qu'ainsi la confession de
) Pnisqu'il en est ainsi, comment pou\'ez-vous dil'e et en même temps bouche, que I!ie~st JI.n, n'est pas aussi éloignée de la pensée, que,
l pensel' que Dieu est un? Je vous le pal'donnerais, si vous disiez que leMidi est loin du Septentrion? A cela ils répondirent:, Elle n'en
le Divin est lin. Comment quelqu'un, quand il entend dire: Le ,est nullement éloignée, parce que les trois Personnes onCUne Seule
\ Père est Dieu, le Fils est Dieu, l'Espri~.Saint est Dieu, -êi cha- ~e," et qûê'l~Divine Essel}.c~ est Die,ll; nous avons été -da-n;le
) que Personne en partlculier est Dieu, peut-il penser'qu'il n'y a Monde les Tuteurs de la Trinité des Personnes, et le Pupille dont
qU'uII seul Dieu? N'est-ce pas une contradiction à la(luelle il n'est llOUS avons géré la tutelle était notre foi, dans laquelle chaque Per-
"11

26 LA VRAIE Ir~ RELIGION CHRÉTIENNE. 27


so nne Divine a oblenu sa part; Dieu le Père a eu en partage d'iIn­ par conséquent il y a tl'~~~!!!?stances dans lesquelles vous partagez
puter et de donner'; Dieu le Fils, d'intercéder· et d'être médiateur, l'Essence Divine, et cependant celle Essence, comme vous le 'dites.
et Dieu l'Esprit Saint, d'effectuer les usages de l'Imputalion et de aussi, est imp~tagea!le, parce qu'élie: est une et indivisi6le; et de
la médiation. Mais, ai-je demandé, qu'entende~-vous par Divine plus à chaque substance, c'est-à-dire, à chaque Personne, vous
Essence? Ils répondirent: Nous entendons la TOl~le-Plljssance, la attribuez des propriétés qui ne sont point dans une autre, et qui ne
T oule-Science, la TOllle- Présence, l'Immensité, }'Elernité, l'Ega­ peuvent point non plus être communiquées à une autre, savoir,
lité de Majesté. Alors je leur dis: Si cette .!j:ssence fait de plu~ieurs. l'Imputation, la Médiation et l'Opération; alors que résulte.:~:-il de
Dieux Un Seul, vous pouvez encore en ajouter plusieurs, par exem­ là, sinon que les trois Personnes sont (rois Die~_x? A ces mots, ils
ple, un qualrième dont il est parlé dans Moïse, dans Ezcchiel et se retirèrent, en disant: Nous agiterons ces queslions; et après
dans Job, et qui est appelé Dieu Schaddaï; c'est ainsi que, dans la l'examen nous répondrons. Un sage, qui était présent, ayant en­
Grèce et dans l'Italie, ont agi les Anciens, qui ont départi de pareils tendu cette discussion, leur dit: Je ne veux pas considérer ce sujet
allriulils et par conséqueut une semlJlahl~. esse!1ce il leurs dieux, ( sublime il travers des treillis si subtils, mais en dehors de ces sub­
comme il Saturne, il Jupiter, à Neptune, il Pluton, il Apollon, il Ju­ I tilités je \'~i~ dans une lumière claire que dans les idées de vOlre
non, il Diane, il .~linerve, et mèmeaussi il Mercure el il Vénus, mais
toujours esl-il qu'ils n'ont pu dire que tous ces dieux étaieutun
seul Dieu \et vous aussi, qui êtes tl'ois, ct, cOlllme jë le perçois.
,d'une semblable érudition, et ainsi d'une semblable essencc-!Iuant
"1 àj'érudition, vous ne pouvez cependant vous combiner en un seul
, 1 pens~e il L~ ~r.ois Dieux; mais comme il y a pudeur à exposer ces
) idées devant le l'fonde entier, car si vous les publiiez, vous seriez
• ) appelés insensés.et fous, il importe donc, pour éviler l'ignominie,
1 que vous conJessiezQe bonche un seul Dieu. Néanmoins ceii trois
érudits qui tenaient avec opiniâtrelé à leur opinion, ne firent au­
1homme érudit. Mais il ccs mols, ils se mirent à rire, en disant: cune attention aux parole~ du sage, et en s'en allant ils pronon­
C'cst une plaisanterie: il en est tout autrement d;'I'EssencJl_Divine; çaient en murmurant quelques termes empruntés àla métaphysique;
celle-ci eslune et non Iripartie, et elle est indivisible et ainsi non ce qui me fit remarquer que celle science était le trépied d'où ils
divisée; lc p:Jrlage et la division ne tombent point en elle. LOI'squc­ voudraient donnel' des réponses.
j'ells entendu ces (Jaroles, je répliquai: Desrendonsdans cette arène,
et conlballons; el jc Icul' demand:Ji : Qu'ef!tendez-vous par le mot
Personne, et que signifie cellc eX(Jrcssion? El ils dirent: Le nom DU DIVIN tl'RE, QUI EST JÉHOVAH.
de Persollne signifie, 1/on ]Jas une partie ou une qualité dans
un autl'e, mais ce qui subsiste proprement; ainsi est_ définLle t8. Il s'agit d'abord du Divin Etre, et ensuile il sel'a tl'aité de la
mot Persollne par tous les Chefs de l'Eglise, et par nous avec eux. Divine Essence: il semble qu'il y ait entre les deux une identité
Et je di$: Est·ce !il la défini lion du mot Personne? Et ils répondi­ parfaite, mais toujours est-il que l'Étre est plus Universel que l'Es­
rent: Oui. Ainsi, lellr dis-je, il n'y a aucune partie du Pere dans sence, car l'Essence suppose l'Étl'e, et c'est d'après l'Élre qu'il ya
le Fils, ni :Jllcune partie de l'ull et de l'autre dans l'Esprit Saint; l'Essence: l'F~tre de Dieu ou l'Étre Divin ne peut être décl'it, pal'ce
d'oil il résulte que chacun est maill'c de son arbitre, de son droit qu'il est au-dessus de tOlile idée de la pensée humaine; il n'y a que
et de son pouvoir, ct ainsi il n'y a rien qui conjoigne, sinon la vo­ le créé et le fini qui tombent dans celte pensée, mais l'Incréé et
lonté qui est prop"e il ch:Jcun, et par conséquent comlnùnicable l'Infini n'y tombent point, ni par conséquent l'Etre Divin: l'Être
selon le bon plaisir: les trois Personnes ne sont-elles_ pas ain_si Divin est l'Être même d'après lequel toutes choses sont, et qui doit
trois Dieux dislincls? Ecoutez Qncore: Vous' avez aussi' donné pour'". être dans toutes choses pour qu'elles soient. Une union plus com­
défin it ion de la Personne, que c'est 'ce qui subsiste P!~prem~!lt; 1 pléte sur l'Élre Divin peut découler des Articles suivants:

.......

RELIGION CHRÉTIENNE, 29
28 LA VRAIE
mieret le Denziel', le Commencement et la Fin, l'Alpha et 1'0­
I. Ce Dieu Un est appelé Jéhovah d'après l'Etre, par consé­
méqa.» -Esaïe. XLIV, t6. Apoe.1.8, H, XXII, 13; - cequi
quent parce que Seul il Est, il a Été et il Sera, et parce qu'il
signifie Celui qui depuis les premiers jusqu'aux demiers est le
est le Pl'emier et le Dernier, le Commencement et la Fin, l'Al­
lUème et l'Unique, de Qui toutes choses procèdent. Si Dieu est ap­
pha et l'Oméga.
'Pelé l'Alpha et l'Oméga, le Commencement et la Fin, c'est parce
II. Ce Dim Un est la Substance même et la Forme même,
que l'Alpha est la Première et l'Oméga la Dernière Lettre dans
et les Anges et les Hommes sont des substances et des formes
l' Alphahel Grec, et par suile signifient toules choses dans le com­
d'après LllÏ; et autant ils sont en Lui et Lui en eux, autant ils
plexe; cela vient de ce que chaque Lettre Alphabélique, clans le
sont ses l1nages et ses ressemblances.
Moncle Spirituel, signifie quelque chose, et qne les Voyelles, parce
III. Le Divin Et1'e est l'Etre en soi, et en même temps l'Exis­
<iu'elles senent au son, signifient quelque chose de l'affection' ou de
ter en soi.
l'amour; de cette origine procède le langage Spirituel ou Angéli­
IV. Le Divin Etre et Exister en soi ne peut pl'oduire un autr e
que, et aussi l'Ecriture dans le Monde Spirituel. Mais cela est un
Divin qui soit l'Etre et l'Existe, en soi, par conséquent un
Arcane jusqu'à présenf inconnu; il Ya, en effet, une Langue Uni­
autre Dieu de même Essence n'est pas admissible.
verselle, clont sc senent tous les Anges et tous les Esprits, et qui
Y. La Pluralité des dieux dans les Siècles anciens et aussi
n'a rien de commun a\'ec aucune Langue des hommes dans le
de nl)s jours n'a existé que parce qu'on n'a pas compris le Di­
Monde; tout homme après la mort po~sède cette Langue, car elle
v,in Etre.
est innée dans chaque homme d'après la création; c'est pomquoi
Chacun de ces Articles va êlre expliqué séparémen L.
dans tout le Monde Spirituel chacun peUL comprendre ce que dit un
t9. 1. CE DIEU UN EST APPELt': JÉHOVAH D'APRÈS I:ETRE, PAR CON­
autre: illll'a très-souvent été donné d'entendre parler celte Langue,
SÉQUENT, PARCE QUE SEUL IL EST, IL A ETÉ ET IL SERA, ET PARCE
et j'ai reconnu qu'elle n'a pas même de conformilé claus la plus pe­
QU'IL EST LE PIŒMLER ET LE DEltNIER, LE COM~ŒNCE~IENT ET LA
FUi, L'ALPHA ET r:OMÉGA.
lÎle chose avec aucune Langue naturelle de la terre; elle en diffère
d'après son premier principe, qui consi~le en ce que chaque leure
Que Jéhovah signifie Je suis et l' Etl'e, cela est connu; et que
de chaqlle mol signifie quelque chose. C'eSl donc de là que Dieu est
Dieu dès les lemps très-anciens ait été ainsi appelé, cela est cons­
tanl d'après le Livre de la CI'éation, 011 d'après la Genèse, où dans appelé l'Alplla et l'Oméga, ce qui signifie que depuis les premiers
le Premier Chapitre il est nommé Dieu, et dans le Second Chapitre jusqu'aux derniers il est le Soi-mème ct l'Unique, cie Qui Ioules
et dans les suivants, Jéhovah Dieu: et plus tard, quand les descen­ choses procèdent; mais sul' celle Langue et sur son Ecriture qui
dants d'Abraham issus de Jacob eurent oublié le nom de Dieu pen­ découlent de la pensée Spirituelle des Anges, voir dans le Trailé
dant leur résidence en Egypte, il leUl' fut rappelé à la mémoire; il de l'AMoun CONJUGAL N°S 326 il 329, et aussi dans ce qui sui t.
en est ainsi parlé: « ]Jfol:se dit ci Dieu: Quel (est) ton Nom? 20, 11. CE DIEU UN EST LA SCBSTANCE l\If:~lE ET u. FOR31E }IJbœ,
ET LES ANGES ,ET LES HOMMES SONT DES SUBSTANCES ET DES FOR}IES
Dieu dit: JE SUIS QUI (est) JE SUIS. Ainsi tu diras aux Fils d'Is­
D'APRÈS LUI; ET AuTANT lLS SONT EN LUI ET LUI EN EUX, AFl'ANT
raël:Jr: Surs m'a envoyé vers vous; et tu diras: JÉHOVAH, LE
1LS SONT SES 111IAGES ET SES ImSSEMBLANCES.
DIEU de vos Pères, m'a envoyé vers vous: ceci est mon nom
pour l'éternité, et ceci mon Mémorial de génération en géné­ Puisque Dieu est l'Èlre, il est aussi la Substance; en effet, l'Elre,
ration. ), - Exod. III, 14, Hi. - Puisque Dieu Seul est .Ie Suis à moins qu'il n'y ait substance, est u'n être de raison, cal' la sub­
et l'Etre, ou Jéhovah, il n'y a donc rien dans l'Univers créé (illi ne stance est l'êlre subsistant (eus subsistens) ; et celui qui est la sub­
tire son être de Lui; mais comment? c'est ce qu'on verra ci -de~:;ous : stance est aussi la forme, car la substance, il moins qu'il n'y ait
la même chose est aussi entendue pal' ces paroles: c( Je suis le Pre­ forme, esl un être de raison; l'line et l'atllre peuvent donc se dire
r:""

30 LA VRA.IE J RELIGION CHRÉTIENNE. 31


de Dieu, mais en ce sens qu'il est la Substance unique, la SlIstance qui n'cst pas admissible dans l'lnfini qu'on nomme DE TOUTE ÉTERNITÉ
même, la Substance première, el la Forme unique, la Forme même, (ab œterno), et suppose aussi un autre Dieu, qui Est Dieu en soi,
la Forme première. QlIe celte Forme soit la Forme humaine même, ainsi sllppose Dieu de Dieu (Deus a Dea), ou que Dieu s'est formé
c'esl-à-dire que Dieu soit L'Homme l\Iême, donl toul est infini, c'est Lui-même, et ainsi ne scrait ni lncl'éé, ni lnfini, parce qu'ainsi il
ce qui a été démontl'é dans LA SAGESSE ANGÉLIQUE SUR LE DIVIN AMOUR s'est fini de lui-même ou d'après un autre. De ce que Dieu est n~tre
ET LA DIVINE SAGESSE, publiée à Amslerdam en 1763; il Y eSl de en soi, il s'cnsuit qll'il est l'Amour en soi, la Sagesse en soi, et la
même démontré qlle les Anges elles Hû~llnes sonl des subslances Vie en soi, el qu'il est le Soi-même de quoi toutes choses sont, et à
et des formes créées et organisées POUt' rr.c€voir les Divills qui in­ quoi loutes choses se réfèrent, pour être quelque chose; que Dieu
fluenl en eux par le Ciel; c'est pourquoi, dans le Livre de la créa­ soit la vie en soi, et ainsi Dieu, on le voit par les paroles du Sei­
tion,ils SOlll appelés Images et Rcssem~)lances de Dieu, - Gen. J, gneurdans.lean, ch. V, 26; et dans Esale:« Moi JP.lwvah, je
~6, 2ï; - el ailleurs il est dit ~u'ils sonl fils de Dieu et nés de 1. fais toutes choses, déployant seul les Cieux, et étendant la
Dieu; n,ais, dans le cours de cel Ouvl'age, il sera démontré en plu­ Te/Te pal' Moi-même. - XLIV, 24. - Et il e~t dit (IU'il est Seul
sicut's endroits, qu'autantl'hommc vil SOIIS l'auspice Divin, c'est-à­ Dieu et qu'excepté Lui il n'y a point de Dieu.- Esaïe, XLV,
dire, se laisse condllire par Dieu, autant il devient de plus en plus 14, 15, 21, 22; Hosée, XIH, 4. - Si Dieu est non-seulement l'Etre
intérieuremenl l'image de Dieu. Si 1'011 ne sc forme pas de Dieu l'i­ en soi, mais aussi l'Exisler en soi, c'est parce que l'~;tre, à moins
dée qu'il eslla premièl'e Substance et la première Forme, et que sa qu'il n'Existe, n'est pas quelque chose; ct de même l'Exister, il
Forme esl la Forme Humaine même, les i\Ientals humains pem ent moins qu'il ne soit d'après l'Etre ; c'est pourquoi, l'un étant donné,
facilement introduire en eux des fantaisies comllle des spectres sur l'autre doit êlre donné; pareillement, si la suhstancc aussi n'a pas
Dieu Lui-Mème, SUI' l'origine des hommes, et. sur la Création du ·1Jne forme; de la Substancc, s'il n'y a pas forme, rien ne peut être
Monde; sur Dieu, n'avoir d'autre notion que comllle de la Nature dil, et cela n'ayant point de qualilé, n'esl rien en soi. S'il est
de l'univers dans ses premiers, ainsi comme de l'Etendue de la n'a­ dit ici l'I\~lre et l'Exister, cl lion l'Essence et l'Existence, c'est
ture, ou comme du vide ou du néant; sur l'origine des hommes, parce qu'il faut distinguer entre l'Ètl'e ct l'Essence, et par suite en­
n'en avoir que comme du concours forfuil des éléments dans la tre l'E>.istf'T et l'Existcnce, comme enll'e l'antérieur Cl le posté­
forme humaine; slll'ia Création du Monde, s'imaginer que l'origine rieur; au Divin Ètl'e s'appliquent l'lnllnilé ct l'Éternité, tandis qu'à
de ses substances et de ses formes vient de points et ensuite de lignes la Divine Essence et à la Divine Existence s'appliquent le Divin
géométt'iques, qui, n'ayant aucune attl'ibution, ne sonl pal' consé­ Amour el la Divine Sagesse, et par ces deux-ci la Toute-Puissance et
quent rien en eux-mêmes; chez de tels hommes tout ('e qui appar­ la Toute-Présence,dont par conséquent il sera traiLé dans leur ordre.
tient à l'Eglise est commc le Styx, ou comme l'obscurité dans le 22. Que Dieu soit le Soi-Même, l'Unique et le Premier, qui est
Tartare. llommé l'r;;tre en soi ell'Exisler en soi, de qui procèdent toutes les
24. lU. LE DIVIN f~TRE EST L'ÈTRE EN SOI, ET EN MÊME TEMPS choses qui sonl et existent, c'est ce que l'homme Naturel ne peut
L'EXISTER EN SOI. nullement découvrir d'après sa ,'aison, car l'homme Naturel d'après
Si Jéhovah Dieu est l'Être en soi, c'est parce qu'il est Je Suis, le sa raison ne peut saisir que ce qui appartient à la nature; en effet,
a
Soi-même, rUnique, et le Premier, de toule éternité toute étemité, .ce qui appartient à la nature cad re avec son essence, parce qu'il n'y
par qui èst tout ce qui est· pour être quclque chose; c'est ainsi, et est entl'é rien autre chose depuis son enfance et sa jeunesse; mais
non ault'ement, qu'il est le Commencement et la Fin, le Premier et COlllme l'homme a été.créé pour être Spirituel aussi, parce qu'il doit
le Demier. l'Alpha el l'Oméga: on ne peut dire qu'il esl son Êlre vivre après la mOl'l et être alors parmi les Spirituels dans leur !'IIondc~
de soi, parce que ce DE SOI suppose un antérieur el ainsi le temps, ce c'est pour cela que Dieu dans sa Providence a donné une Parole.

JIl ~ . - - .­
1
32 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 33
dans hlquelle non-seulement il ~'est révélé Lui-~fême, mais dans la­ cet égard dans la science, par conséquent entre les hommes Naturels
quelle il li aussi révélé qu'il y a un Ciel et un Enfer, et que tout et les hommes Spirituels. Quant :1 ceux qui nieut la Dirine Sainteté
homme doit vivre étcrnellement dans l'un ou dans l'autre, chacufl de la Parole, et qui cependanl portent comme dans un sac SUI' le
selon sa vie et en même temps selon sa foi. Dieu a aussi révélé dans dos les choses qui appartiennent il la Religion, ils ne voient point
la Parole qu'il est ,le Suis ou l'Etre, et le Soi-même et l'Unique qui Dieu, mais ils fonL seule:nent l'eterltir le nom de Dieu, différant peu
en soi est, et ainsi le Premier ou le Principe. d'oit procèdent toutes en cela des perroquets.
choses. C'est par cette Révélation que l'homme Naturel peut s'éle­ 23. IV. LE DIVIN ÊTRE ET EXISTEII EN SOI NE PELT PRODUIRE eN
ver au-dessus de la natllre, ainsi au-dessus de lui-mème, et voir­ AUTIIE DIVIN QUI SOIT L'ÊTRE ET L'EXISTER EN SOI; PAR CONSÉQUENT
lcs choses qui sont de Dieu; mais toujours cependant comme de IlN AUTRE DIEU DE 1<1Jl:ME ESSI\~CE N'EST l'AS ADMISSIBLE.

loin, quoique Dieu soit proc/le chez cbaque homme, cal' il est en lui Que le Dreil un, qui est le Créateur de l'Univers, soit l'Ètl'e et
avec SOli Essence; et cela étant ainsi, il est [)roche chez cellx qui l'Exister en soi, ainsi Dieu en soi, c'est ce qui a été montréjus­
L'aiment, et ceux-lil L'aiment, qui vivent selon ses pl'écepteset qui qu'ici; il suit de là qu'uu Dieu de Dieu (Deus a Dea) n'est pas ad­
croient ell Lui; eux Le voient pour ainsi dire Lui-Même; qu'est-ce missible, parce qu'en lui il n'y aurait pas l'Essentiel Divin même,
que la foi, sinon la vue spirituelle qlle Dieu est? Et qu'est-ce que la qui est l'Être et l'Existel' en soi; peu importe que l'on dise être en­
vie selon les préceptes dc Dieu, sinon la reconnaissanoe actuelle que gendré de Dieu, ou Ill'Océdel' de Dieu, c'est 10ujoUl'S néanmoins être
le salut et la vie étel'l]elle viennent de Dieu? Cellx, au contraire, qui produit par Diell, et cela diffère peu d'être créé; en conséqllence,
sont non dans la foi spirituelle, mais dans la foi nawl'clle, laquelle introduire dans l'Eglise la foi qu'il y a trois Personnes Divines, dont
est seulement uue science, et pal' suite dans une vie sen:blable, voienr chacune en particl/lier est Dieu, et de même Essence, et que l'un est
Dieu, il est vrai, mais de loin, eL cela seulenJeni quand ils parlent né de toute éternité, el queletroisièmeestprocédantdetouteéternité,
de Lui; entre les premiers et cellx-ci il ya une différence, comme c'est absolumentabolirl'idée del'UnitédeDieu etavecelle toute notion
entre ceux qui sont dans la clarté de la lumière et qui voient les de la Divinité, et ainsi faire que tout leSpil'Ïtueldelaraisonsoitexilé;
hommes près d'eux etles touchent, etceux qui sont dans un brouillard par suite, j'homme n'est plus uu homme, mais il est tout entier Na­
épais, et qui par suitc ne peuvent voir si ce sont des hommes, ou si turel ; il ne <1iff'èJ'e plus de la bête qu'en ce qu'il peut parler, et il
ce sont des arbres ou des rochers; ou bien encorc comme entre est opposé à tous les Spirituels de l'Eglise, car l'homme naturelles
ceux qui sont SUl' une haute Montagne oit est située une Ville et qui nomme des rêveries; c'est de là et non d'autre part que sont sanies
yont çil et là et s'entretiennent avec leurs concitoyens, et ceux qui lant d'énormes hérésies sur Dieu: la Divine Trinité divisée en Per­
ôe cette Montagne rc(ardeut en bas et ne distinguent pas si les ob­ sonnes a donc porté dans l'Eglise non-seulement la nuit, mais aussi
jets qu'ils voient sont des hommes, ou si cc sont des bêtes ou des la mort. Que l'identité ries trois Essences Divines soit le scanclale de
statues; ou bien encore comme cntre eeu,: qui sont sur lin globe la raison, c'est ce qui m'a été prouvé par les Anges; ils m'ont dit
planétaire et y voient leurs semblables, et ceux qui sont sur un au­ qu'ils ne peuvent pas même prononcel' qu'il y a trois Divinilés
tre globe planétaire lin télescope :'1 la main, et regardent une planète, égales, et que si quelqu'un venait à eux, et voulaille prononcer. il
et qui disent y voir des hommes, lorsque cependant ils ne \"Ilient en ne le pourrait pas sans se détourner, et qu'après l'avoir prononcé,
génér;.l que des terres telles qu'cil présente le brillant de la lune, il deviendrait comme un tronc humain, et serait précipité en bas,
et des eaux telles qu'en présenteut les taches de cc satellite. Il y a pour aller ensuite dans l'Enfer vers ceux qui ne reconnaissent au­
une pareille différence entre voir. Dieu et les Divins qui procèdent cun Dieu. C'est une vérité, que gl'avEn' dans l'enfant et dans le jeune
de Dieu dans leul' mental, chez ceux qui sont dans la foi et en mèl1le homme l'idée de trois Personues Divines, à laquelle s'attache inévi­
temps dans la vie de la charité, et chez ceux qui sont sculement à tablement l'idée de {rois dieux, c'est leur enlever {out laitage spiri.
1. 3
~

34 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE 35
tuel, et ensuile tont alim'ent spirituel, et enfin tout raisonnement
spirituel, et chez ceux qui s'y sont eontlrmés, introduire la mort spi­ leilune Chaleur qui dalis son essence est l'Amour, et une Lumière
ritllelle. II en est tout autremenL chez ceux qui de foi et de cœur qui dans son essence est la Sagesse; 4° Que par suite Ioules le3
ado.rent un seul Dieu Créateur de ['Univers, e,t en mèrne temps Ré­ choses qui sont dans ce Monde sont Spil'ituelies, affectent l'homme
dempteur eL Régénél'ateur; leul' situation ressemble il celle de la Interne, et constituent sa Volonté et sont Entendemellt; 5° Que Jé­
Ville de Sion du temps de David, et il celle de la Ville de Jérusalem llOV3h Dieu par SOil Soleil a non-seulement produiL le Monde ~pi­
du temps de Salomon après que le Temple eut éLé b:îLi, tandis que l'itllei, et LouLes les choses spirituelles de ce monde, qui sont innom­
l'Eglise qui croit en trois Personnes, et en chacune comme en un brables eL substantielles, mais aussi le Monde naturel et toutes les
Dieu particulier, ressemble aux villes de Sion et de ,Jérusalem dé­ choses naturelles de ce monde, qui sont de même innombrables,
truites par Vespasien, et au Temple qui y fut incendié. De plus, mais matérielles. (j0 Personne jusqu'à présent n'a su la différence
l'hqmme qui adore un seul Dieu dans Lequel est la Divine Trinité, .qu'il y a entre le Spil'Ïtuel el Je Naturel, ni m6me ce que c'est que
eL qlli est par c'Onséquent une seule Personne, de\'ient de plus en Je Spirituel dan~ son essence; 7° Ni qu'il Y3 trois Degrès de l'A­
plus vivant ct homme ange, tandis que cel IIi qui se confir'me dans la mOlll' et de la Sagesse, selon lesquels les Cieux angéliques ont été
plurnlité des Dieux d'après ln pluralité des Personnes, devient suc­ .mis el! ordre; 8° Ni que le AJenlal humain a été dislingué en aUlant
cessivement comme une Statue composée de mell)br'es mobiles, ail ..de degrés, cl cela, pour qu'il puisse après ia mort être élevé dans
milieu de laquelle est Satan, qui parle pal' la bouche articulée de la l'lin des trois Cieux, ce qui se l'ail selon sa vie el en même temps
statue. ..selon sa foi; go Ni enfin, que toutes ces choses n'ont pu, quant :i lin
~4. Y. LA PLURAUTJ~ DES DH:UX DANS LES SIÈCLES Ai\'ClENS, ET
soul point, exisler que pal' le Divin EIre, qui est Je Soi-i\lême en soj~
AllSSL nE NOS JOURS, N'A EXISTE QUE PARCE QU'a;" N'A l'AS CO:IlPRIS .et ai:lsi le Premiel' el le Principe d'ol! procèdent. loutes choses. Ces
LE DIVIN ÊTRE. connaissances pal' lesquelles cepeudant l'homme doit nlOnter el con­
Qlle l'Unité de Dieu ail été intill)ement gravée dans le men laI de lJallrc le Divin Etre, ont manqué jusqu';, présent. Il est dit que
cinque homme,. parce qll'eHe esL dans le miiiell de toutes les eh oses J'homme mon le, mais il est elltendu qu'i! est éle\'é pal' Dieu; car
qui inflnent de Dieu dans l'âme de l'homme, c'est ce qlli a été mon­ J'hOfl)lIle a le Libre arbitre de s'acquérir des Connaissances, et selon
tré ci-dessus N° 8 : mais si néanmoins elle n'est pas descendue de 'lu'il s'en ncquierl d'après la Pal'ole, au nlOyen de l'Entendemeut, il
lil (1ans l'Entendement humain, cela vienl de ce que les connais­ aplanit le chellli). pal' lequel Dieu descend et l'éleve. Les connais­
sance~" par lesquelles il faut que l'homme monte all-devnnt de Dieu, .sallces pal' lesquelles se fait l'ascension pour l'Entendement humain,
1\ Dieu tenant l'homme pal' la main eL le conduisant, peuvent êLre
ont u:anqué ; chacun, en effet, doit préparer il Dieu le chemin, c'est­
à-dire, doit se préparer il la réception, eL cela doit se faire par les comparées aux degrès de l'échelle que Jacob viL appuyée surla
connaissances. Les connaissances qui ont manqué, de sorte qne l'en~ ICITe, et donL le sommeL alteignaitle Ciel, par laquelle des Anges
tendement n'a pu pénétrer jusqu'il voir t[ue Dieu est un, qu'il n'Y:1 montaient, el ail dessus cre laquelle se tenait Jéhovah. - Gen.
pas oe Divin ]<~tre possible s'il n'est Unique, et que tout ce qui 'lp­ XXVIII, 1~, 13. -II en esttoutautrementquand ces Connaissances
parlienl 11 la:~Natllre vient de ce Divin Être Unique, sont les sui­ manqnent, ou quand l'homme les méprise; alo)'s 1'l'.:lév3tion de
vanles: t O ,Iusqu'il présent personne n'avait rien Sil du Monde Spi­ r entendemen t peu t être comparée à une échelle dressée de terre
rituel, où: !JonI les Esprits et les Anges, et dans lequel tout homme ~'ers une fenétl';; du premier étage d'un Palais magnifique, olt de­
vienL après ~la mort. 2° On avait pareillement ignoré que dans ce meurent des hommes, et non vers les fenêtres du second étage où
Monde il ya lin Soleil, lequel est le pur Amour procédant de Jého­ demeurent des Esprits, et moins encore vers les fenêtres du troisième
vah Dieu, qui est au milieu de ce Soleil; 3° Qu'il procède de ce So­ étage oi! demeurent des Anges; il arrive de lil que l'homme n'ha~
bile que Jans les atmosphères et dans les chostls matérielles de la
......

LA. VRAIE ~
36 RELIG~ON CHHÉ:TIENNE 31
nature, dans lesquelles il tient ses yeux, ses oreilles et ses narines,. temps de chacun d'après soi et par soi, concorde non pas avec l'u­
et de~quelles il ne pui~e SUI' le Ciel et sur l'Etre et l'Essence de Dieu nité de Dieu, mais avec une pluralité, ils ne dirent pas de Dieux,
d'autres idées que des idées atmosphériques et matérielles; et parce qu'ils ne le purent point, C3/' la Lumière du Ciel de laquelle
l'homuJe qui pense d'après ces idées ne peut en rien juger de Dieu, provenait leur pensée, et l'atmosphère dans laqûellc se répandai~
s'il existe ous'il n'existe pa~, s'il est un ou, s'ils sont plusieurs, ni, à leur discours, s'y opposaient; ils disaient même que quand ils veu~
plus forte raison, quel il est quant à son Etre et quant à son Es­ lent prononcer des Dieux, et l'un de ces Dieux comme Personne par
sence. C'est de là qu'est provenue la Pluralité des dieux dans les siè­ soi (per se), l'effort pour prononcer tombe aussitôt SUI' Un Seul, et
cles anciens, et aussi de nos jours. même sur Un Dieu Unique. A ces explications ils ajoutaient, f1uc le
• • • • •
Divin Etre est le Dlvl~ ETI\E EN SOI. et non de Soi (a Se), parce que
25. A ce qui vient d'èlre dit, j'ajouterai ce Mt!ùOl\A.IlLE. Un jouI'..
de Soi suopose l'Etre cn soi procédant d'un autre,antérieur, ainsi
à mon réveil, je tombai dans une profonde méllitalion sur Dieu; et '>uppose Dieu de Dieu (Deus a Deo), ce qui n'est pas admissible;
comme je regardais en haut, je vis au-dessus de moi dans le Ciel ce qui est de Dieu n'est pas appelé Dieu, mais est appelé Divin; car
une Lumière d'un blanc très-éclatant de forme ovale; et comme je 'qu'est-ce que Dieu de Dieu? ainsi, qu'est-ce que Dieu né de toute
fixais la vne sur celte Lumière, la Lumière se retirait vers les côtés éternité de Dieu; et qu'est-ce que Dieu procédant de Dieu par Dieu
et entrait dans les périphéries; et alors, voici, le Ciel me fut oUI'ert.. \ né de toute éternité, sinon des mots dans lesquels il n'y a rien de
et je vis des choses IIlagnifiques, et des Anges qui se tellaient en l.la lumière qui procède du Ciel'!' De plus, ils disaient que le Divin
forme de Cirque dn coté llléridionai de l'ouverture, ct qui conver­ ( Etre, qui en Soi est Dieu, est LE MÊ)IE (IDEM), non le Même sim­
saient entre eux; et C0I111liC je bnilais du désir d cntendrc ce qu'ils ple, mais infini, c'est-à-dire, le Même de toute éternité :j toute éter­
-disaient, il me fut d'abord donné d'entendre -le Son de leur voix, ~_._.~

) nité ; il est le Même partout, et le Même chez chacun et dans chà­


quLétai.l:....p.lein de l'amour céleste, et ensuite leur Langage, qui était -cun, mais tout est l'arié et variable dans le ré~ipielll; c'est l'état
IJ1ein de la sagesse procédant de cet amour; ils parlaient entre eux du récipient qui fait cela. Voici comment ils illustraient que Je Di­
de DIEU U~, de la CO~JO~CT10~ AVEC LUI, et de la S.\LVATION qui ré­ vin Etre, qui est Dieu en soi, est LE Sol-MÊ~IE (IPSUM) : Dieu est
sulte de cclle c.onjonction : il~ disaient des c\hJses ineffables, dont la 'Je Soi-Même, parce qli'il est l'AmOllI' même et la Sage5se même, ou
plu part ne peu ven l tomber dans les illOiS d' aUCUilC Langne naturelle; :parce qu'il est le Bie~ne et le VI'~nême, et pal' c()Oséquent là Vie
mais camillo j'avais été quelquefuis en société avec les Anges dans même; si ces choses n'étaient point le Soi-i\l6me en Dieu, elles ne
~I
le Ciel même, et alors parlant le Illême langage qu'eux, parce que' seraient rien dans le Ciel ni dans le Monde, parce qu'elles n'auraient
j'étais dans un même élal, je pus en couséquence les comprendre. aucune relation avec le Soi-Même; toute q.ualité tire sa qualité de
et tirer de lenrs discours quelques notions qni peuvent être expri­ r.e q.!Lil y a un ~oJ-Même, d'aprè~ lequel elle est, et auqueIeTrese
mées ra'tionnellement pal' les IllOts d'une langue naturelle. Ils disaient réfère pOUl' qu'elle soit tclk Ce Soi-i\lême. f1ui est l'Etre Divin,
que le OIVIN ETiIE EST U", LE ~H:~IE, LE SOI-\IËME, ET INDIVISIBI.E.IIS illus­ n'est pas dans un lieu, maisil est selon la réception chez ceux et en
traient cela pal' des idées spiritnelles, en disant que le Divin Etre ne 'ceux qui sont dans un lieu, puisqlle le lieu et la progression d'un
peut tomber dans plnsienrs, dont chacun aurait le l,)ivin Etre, el ~on­ lieu dans un lieu ne peuvent pas se dire de l'Amour el de la Sagesse,
tinuer il être Un, le Même, Il.' Soi-Mème, etindil'isible; en effet,cha­ ou du Bien et du Vrai, ni par conséquent de la Vie, qui sont le Soi­
cun d'eux d'après son Etre penserait d'après soi et en pal'ticulierpar Même en Dieu, ou plutôt Dieu Lui-l\Jême, de là la TOlite-Présence;
soi; si même alors c'était avec unanin!.ité d'après les autres et par Je~ ·c'est pour cela que le Seigneur dit, qu'il est au milieu d'eux;
-autres, il y aurait plusieur~ Dieux unanimes, et non un Se·ul Dieu; ,qu'il est Lui-même en eux, et qu'eux sont en Lui. Mais comme
car l'una~imité, étant le consentement de plusieurs et en même il ne peut être reçu pal' aucune créature tel qu'Il est en Soi, il ap­

j
38 LA.. VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE 39
paratt leI qu'il est dans son Essence comme Soleil au-dessus des­ el du ralionnel, mais contre le naturel et le rationnel, de penser que
Cieux Angéliques, ce qui procède de· ce Soleil comme Lumière est quelque Fils soit né de Dieu de toute élernité ; qu'au contraire le
Lui-Même quant à la Sagesse,. et ce qui en procède comme Chaleul1," Fils né de Dieu p.~r la Vierge Marie dans le lemps est le Fils Uniqiïë
est Lui-Même quant à l'Amour; Lui-Même n'est pas ce Soleil, mais, et UnigénLt dellieu ; et que croire autrement, ë'e~l une monsll:ueuse
le Divin Amour et la Divine Sagesse sortant de Lui, le p\lIS près, erreur. Et alors je leur racontai que ma pensée naturelle sur la Tri­
tout aUloul' de Lui, apparaissent aux yeux des Anges comme un So­ nité et l'Unité des Personnes, et sur la Naissance du Fils de Dieu
leil ; Lui dans le Soleil est Homme, c'est NOTIIB SEIGNEUR JÉsus­ de loute éternité, m'était venue de la Doctrine de foi de l'Eglise,
CUIIIST, NO~-SEULE)IENT QUANT AU DJ\'IN AQuo (de qui toul procède), qui porle le nom d'Athanase: alors les Anges dirent: Bien; et ils
)(AIS AUSSI QUANT AU ·DIVIN HUMAI~, puisque le Soi-Même, qui est l'A­ (me prièrent de dire, comme venant de leur jlouche, que si l'homme
nlOUI' nlême et la Sagesse même, a été l'Ame qu'Il tenait du PlJre~ \ ne s'adresse au Dieu Même du Ciel et de la Terre, il ne peut venir
ainsi .la Divine Vie, qui est la Vie en soi; il eri est 'autrement dans ) dans le Ciel, pal'ce que le Ciel est Cie'- d'après ce Dieu Uni­
chaque hOlllme, en lui l'~ill1e n'esl point la. "ie, mais elle est un réci­ que, et que CE DIEU EST ,J ESUS-CHIIi ST, QUI EST JÉHOVAH LE SEI­
pic!+t de la "ie: le Seigneur enseigne aussi cela, en disant: " Je­
suis le Chemin, la Vérité et la VI~:: " et ailleurs: " Comme le
Pèl'e a LA VIE EN LUl-l\1ÈME, ainsi il a aussi donné au Fils D'AVOIR
1 C;NEUH, DE TOUTE l'nEB~ITE CHEATEUR, DA~S LE TE~WS REDE~IPTElJR,
El' l'Oun L'ÉTEBNITE RÉGE"iÉRATEun, qui est ainsi en même temps le
Père, le Fils ct l'Esprit Saint·, et que c'est là l'Evangile qui doit être
LA VIE EN LUI-MÊ)IE. " - Jean, V, 26. - La Vie en Soi-l\Iême est prêché. Après celte instruction, la Lumièl'c céleste quë j'avais'-d'â­
Dieu. A ce qui précède ils ajoulèl'enl, que ceux qui sont dans quel­ bôrd vue revint sllr l'ouverture, et peu à peu s'abaissa Ile là, et elle
que Lumière spil'iluelle peuvent percevoir par ces notions, que le­ remplit les intérieurs de Illon mental, et illustra mes idées sur la
Divin Etre étant Un, le Même, le Soi-Même, et pal' suite Indivisible,. Trinité et l'Unité de Dieu; et alors les idées prises dans le commen­
ne peut exister dans plusieurs; et que si l'on disait qu'il,le peut, iL cemenl sur ce sujet, lesquelles avaient élé (Jurement naturelles, je
y au l'ai t des contradictions manifesles dans les adjoints (in adjectisJ. ,Iles vis séparées, comme la paille est séparée du froment par le van­
26. Après qlle j'cus entelldu ces explications, les Anges perçurent \ neur, et emportées comme· pal' le vent dan:; le Septentrion du Ciel,
dans ma pensée le:; idées communes de l'Eglise Chréliennè sur la et dispersées.
Trinité des Personnes dans l'Unité, el sllr l'Unilé des Personnes.
dans la Trinilé cOllcernant Dieu; el aussi sur la Naiss;lIIce d'un Fils.
.de Dieu de toule éternité: el alors ils dirent: Qu'esl-ce qne tu DE L'INFINITÉ, OU DE L'llIHIENSITÉ ET DE L'ÉTERNITÉ DE DIEU •

penses-là? ne penses-tu pas ces choses d'apl'~s la Lumière naturel)~


: avec laquelle noll'e Lumière spirituelle ne concorde point? Si donc' 2i. Il Y a deux pl'(1pres du Monde naturel, qui font que toutes
choses y sont finies: l'uu est l'ESPACE, et l'autre est le TEMPS; et
l
. tu n'éloignes pas les idées de celte pensée, nous te fermons le Ciel,
et nous nous en allons. Mais alors je leur dis: Entrez, je vons prie,.
plus avant dans ma pensée, el peul·(\lre y "elTez-vous une concol'­
comme ce Monde a été créé par Dieu, el qu'en même temps avec le
Monde ont été créés lès Espaces et les Temps, et que ces espace:; et
( dance? Et jls firent ainsi, et ils virent que pal' les trois Personnes­ ces temps le finissent, c'est pour cela qu'il faut traiter des deux ori­
j'enlendais les Trois Atlributs Divins procédants, qui sont la CHÉA­ gines des Espaces et des Temps, qui sont l'lMMENSI1'E etl'ItTERNITE.
l'ION, la, REDEMPTIO~ et la REGÉNEIIATION, el que ces Atlributs appar­ En effet, l'Immensité de Dieu se réfère aux Espaces, etl'Eternité
tiennent fi un Seul Dieu Ï' et que par la Naissance d'un Fils de Dieu aux Temps; l'INFINITI;: comprend el l'Imr'kllnsilé et l'Eternité, Mais
de toute élernité, j'entendais sa Naissance prévue de tOllle éternité,. comme J'Infinité est transcendante par rapporl au fini, et que la
et pourvue dans le lemps; et qu'il est, non pas au-dessus du naturel. connaissance de l'infinité est transcendanle par rapport il lin Menlal
RELIGION CHRÉTiENNE 4,{
40 LA VRAIE
fini, c'est pourquoi, 3fin que l'Infinité sQit en quelque sorte perçue, DiclI, telle qu'elle est en elle-mêmc, ni Dieu par conséquent; mais
i! va en être tl'ailé dans celle série; il peut voil' Dieu dans l'ombre par del'l'ière, ainsi qu'il a éLé dit à
I. Puisque Dieu Est et Exis~e en soi, et que toutes choses Moïse, lorsqu'li demanda a\'ec instance il voir Dieu, car il fut placé
dans {' Univers SOllt ct existrmt d'après Lui, il est Infini. <hns la fente d'nn l'ochel', et il vil les postérieurs de Dieu, - Exod.
Il. Puisque Dieu a été avant le Monde, ainsi avant l'01'igine xxxm, 20 à 23: - par les postérieurs de Dieu sont entendnes I~s
des Espaces et des Temps, il est Infini. c~oses visibles dans le Monde, et spécialement les choses percepti­
III. Depuis que le Moncie a été fait, Dieu est dans l'Espace bles dans la Parole: cfiaprès cela, on voiL clairement qu'il est inu­
sans Espace, et dans le Temps salis Temps. tile de vouloir connaître qnel est Dieu dans son Eire ou dans sa
IV, Relativement aux Espaces l'Infinité est appelée Immen­ Substance, mais qu'jl suffit Ile Le reconnaître d'après les finis, c'est
sité, et relativement 'àux Temps elle est appelée Etemité; et à-dire, d'après les choses créées, dans lesC(uelies il est d'une mn­
hienqu'il y ait ces l'appOl'ts, cependant il n'y a l'ien de l'Es­ nière infinie.' L'homme qlli s'efforce de pénétrer ali-delà peut être
pace dans l'Immensité de Dieu, ni l'ien du Temps dans l'Eter­ comparé il un poisson attiré dans l'air, 011 il lin oiseau placé dans
nité de Dieu. lIne machine pneumatique. et qni, il mesure qllc l'air est raréfié, se
V. La Raison, illustl'ée pal' un grand liom/ll'e de (aits dans pâme eL enfin expire! il peut aussi .être comparé à lin vaisseau qui,
le Mondf!, peut voil' l'Infinité de Dz'eu Créateur. lorsqu'il est le jouet de latempète et n'obéit point au gouvernail,
VI. Tout ce qui a été créé est fini, et l'Infini est dans les finù~ ·est jeLé contre des l'ochers et sur des bancs de sable; c'est ainl'li
comme dans des réceptacles, et dans les hommes comme dans qu'il al'l'ive 11 eellx qui. non conLcnts de pOllvoir, d'après des indices
ses zmages. manifestes, reconnaître par le dehors l'Infinité de Dieu, veulent la
Ces proposi tions vont être expliquées une à une, connaiLrc pal' le dedans. On lit ll'un certain Philosophe chez les An­
28. 1. ,PUISQUE Dllm EST ET EXISTE EN SOI, :ET QUE TOUTES CHO­ ciens qll'il se précipita dans la mer, parce qu'il ne pouvait pas dans
SES DANS L'UNIVERS SONT ET EXISTENT D'APRÉS LUI, Ir, EST 1l'\P'INI. la lueur de son mental voir 011 comprendre l'Eternité dll Monde;
Jusqu'il présent il a été montré que Dieu est un, qu'il est le Soi­ ,qu'eût-il fait, s'il eût voulu voir ou comprendre l'Infinité de Dieu?
même, qu'il e~t le premier Etre de 1011s, ct que tou!es les choses 29. Il. Pt;ISQUE OlEU A ETl~ AVANT I.E MONDE, AINSI AVANT r:o­
qui sont, existent et subsistp.nt clans l'Univers, sont d'après Lui; RIGINE DES ESPACES ET DES TE~Il-'S, IL E:,T INFINI.
de là résulte qu'il est Infini. Que la Raison humaine puisse voir Dans le l\londe naturel il y a des Temps et des Espaces, mais dans
cela d'après Uil grand nombre de faits dans l'Univers créé. c'cst ce le Monde spirituel il n'yen a point en actualité, et cependant ily en
qui sera démontré dans la suiLc. Mais qlloique le mental hllmain a en apparence: si les Temps et les Espaces onl été introduils dans
d'après ces faits puisse rceonnaître qnc le IHemier Enl.0U le pre­ les Mondes, ce fut afin qu'il y eût distinction enll'e une chose et une
mici' Ell'e eFot infini, néanmoins il ue peut connaître quel il est;-ni alltl'c, entre le grand et le petit, enLre le beaucoup et le peu, par
pal' conséqnent lc définir allirement qu'en disant qu'il est 1~_IQ.!!t conséqllent entre quantité eL qllanlité, CL ainsi entre qualité et qua­
Infini, el qu'il subsiste en soi, et par snile qu'il est ta _lS.!!Q~~n?e lité; et afin que par là les sens du corps )Jussentdistinguel' leursob­
même el uni.que; et comme rien ne se peut dire de la substance jets, et les sens du menlallcs leurs, el pal' consf\quent être affectés,
à moins <IU'il n'y aitllne forme, qu'il est la Forme même et unique: penser et choisir. Les Temps ont été introduiLs dans le Monde na­
mais qu'est-ce encore qlle toul cela? On ne voit pas clairement par turel, pal' cela que la Terre tourne sllr son axe, et que ces rotations
là quel cst l'lnl1ni ; en effet(ië Mental humain, même le plus ana­ s'avancent d'une sLation à un auLre selon le zodiaque, et qlle ces
lytiqne et le jlJ~ve:;st fini; et le fini dans ce mental ne peut retours périodiques semblent êLre faits par' le Soleil, de qui tout le
être éC3rlé; il esl donc tout il fait incapable de voir l'Infinité de Clobe terraqué Lire sa cllalcur ct sa lumière; de l~ les tcmps du
.'

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42 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE 43
Jour, qui sont le matin, le midi, le soir, la nuit; et les temps de que toutes les choses qui sont ma térielles dans le I\londe naturel
l'Année, qui sont le printemps, l'été, l'automne et l'hiver; les temps 'Sont substantielles dans ie !\londc spirituel: mais il Sl\ra donné de
des Jours pour la lumière et les ténèbl'es, el les temps des Années plus grands développements sur ce sujet dans le Lemme de ce Cha­
pour la"chaleur et le froid. Les Espaces ont été introduits dans le pitre sur la Création, D'apl'ès ce qui vient d'être dit, on peut com­
Monde naturel, par cela qlle la Terl'e a été réunie en un Globe el prendre que les Espaces et les Temps finissent toutes et chacune
remplie de matières, dont les parties ont été distinguées entre elles des choses qui sont dans l'un et dans l'autre Monde, et que par
et en même temps étendues. Dans le Monde spirituel, au contraire, su ite les hommes sont finis, non-seulement quant aux corps, mais
il n'y a !Joint d'Espaces matériels, ni de Temps qui y correspon­ aussi quant aux àrnes, et pareillement les Allgl's et les Esprits. De
dent; mais néanmoins il ya des apparences d'Espaces et de Temp~, tout ce qui précède on peut conclure que Dieu est Infini, c'est-à­
et ces apparences sont s310n les différences des élals dans lesquels dire, non fini, parce que Lui-Même, comme Créateur, Formateur
y sont les Mentais des Esprits et des Anges, allssi les Temps et les et Facleur de l'Unh'ers, a fini toutes les choses, et il les a finies
Espaces y sont-ils conformes aux affections de leur volonté et par par son Soleil, dans le milieu duquel il est, lequel consiste dans la
suite aux pensées de lelll' entendement; toutefois, ces apparences Divine Essence qui sort de Dieu eomme une Sphère; l~ est et de là
sont réelles, parce qu'elles sont" constantes selon les états de!'> Es­ vient le commencement de ce qui est fini; mais sa progression va
prits et des Anges. La cOlllmune opinion SUI' l'état des Ames après jusqu'aux dernièrfls choses dans la nature du Monde; il suit de là
la mort, et pal' suite aussi sur celui des Anges et des Esprits, c'est que Dieu en soi eSl Inlini, parce qu'il est Incréé, Mais il semble à
"qu'il,; ne salit dans aucune Étendue, pal' conséquent ni dans l'Es­ l'honllue que j'infini n'est rien; et cela, parce que l'homme est fini
pace ni dans le Temps; d'après celle idée on dit des Ames après et pense d'après des choses finies; si donc le fini qui est adhérent
-la mort qn'ellessont dans un Quelque part ou un On ne sait où et à sa pensée était enlevé, il percevrait comme si le l'este n'était rien,
que les Esprits et les Anges sont des Souftles, don t on ne pense cependant la vérité est que Dieu est infiniment tout, et que l'homme
:luIre chose que ce qu'on pense de l'éther, de l'air, d'une vapeur ou pal' lui -même n'est respectivement rien.
du '"ent, lorsque cependant ils sont -des hoillmes substanliels et vi­ 30. Ill. DEPUIS QL"E LI' Mo NUE A I~TJ~ FAlT, DiEU EST DANS L'Es­
vent entre eux, comme les hOlllmes du Monde 71<1tul'el, sur des Es­ PACE SANS ESPACE, ET DANS LE T.lDIPS SANS TEMPS,
paces et dans des Temps, qui ont élé déterminés, cOlllme il a été Que Dieu, et le Divin qui procède immérlialement de Lui, ue soit
dit, selon les étals de leurs mentaIs; s'il en était autrement, c'est­ point dans l'Espace, quoiqu'il soit Tout-Présent, et chez chaque
à-dire, s'il n'y avait ni ES]J:lCes ni Temps, cc~ Univers dans lequel homme dans le .Monde, chez chaque Ange dans le Ciel, et chez
arrivent les Ames, et ai! demeurent les Anges et les Esprits, pour­ chaque Esprit sous le Ciel, cela ne peut 'être compris par ulle idée
rait passer par Je trou d'une aiguille, ou être concentré sllr l'exlré­ purement nalurelle, mais peut l'être par une idée spirituelle; si
mité d'un cheveu, ce qui serait possible, s'il n'y existait pas une. cela ne peut être compris pa)' IJne idée purement naturelle, c'est
étendue suhstantielle; mais puisqu'il y il une étendue sllbstantielle, parce que dans celle idée il y a J'Espace, car elle a été formée de
c'est pOlir cela que les Anges habitent entre eux aussi séparément choses qui sont dans le Monde, et dans toules et chacune des choses.
et distinclement, et même plus distinctement que les hommes pour 1 qui sont vues pal' les yeux il y a l'Espace; là, tout ce qui est grand
lesquels il ya une Etendue matérielle. TOlltetoi:>, les Temps n'y et tont ce qui est petit appartient il l'Espace; tout ce qui est lon~,
ont point été dislingués en .Iours, Semaines, Mois et Années, parce large et pl'ofond appartient à l'Espace; en un mot, toute mesure,
que là le Soleil n'apparail ni se levcr, ni se coucher, ni décrire ulle figure el forme appartient à l'Espace. Cependant toujours est.-il
circonfél'ence; mais il reste fixe fi l'Orient dans le Degré moyen que l'homme peut jusqu'à un certain point comprendre cela pJr
entre le Zénith et l'horizon : et il ya des Espaces pour eux, parce la pensée naturelle, pourvu qu'il y admette quelque chose de la lu­

~ 1
RELIGION CHRÊTIENNE 45
44 LA VRAIE
partout présent dans le Monde entier, et que cependant il n'y ait
mière spirituelle: mais il sera dit d'abord quelques mots de l'idé~ en LUI aucun propre du Monde, c'est-il-dire, aucune chose qui
de la pensée spirituelle; cette idée ne tire rien de l'Espace, mais appartienne il l'espace et au temps, c'est ce qne ceux-là qui "oient
tout ce qui lui appartient 'elle le tire de l'Etat; l'Etat se dit de l'a­ et l'ont attentifs dans la Parole peuvent apercevoir d'après un gl'and
mour, de la vie, de la sagesse, des affections, des joies, et en géné­ nombre de passages, par exemple, d'après celui-ci dans Jérémie:
ral du bien et du vrai; l'idée vériiablement Spirituelle sur ces cho­ .. Ne suis-je qu'un Dieu de près, Moi? et ne suis-je pas Dieu
ses n'a rien rie commun avec l'Espace, elle est supérieure, et de loin? Est-ce quese cachera l'homme dans des retraites, que
regarde les idées d'Espace sons elle, comme le ciell'egardc la rene. je ne le voie )loint? Tout le Ciel et toute la Terre, Moi, je
Qlle Dieu soit présent dans l'Espace sans Espace, et dans le Temps
1'emptis. Il - XXIII, 23, 24,
sans Temps, cela vieut de ce que Dicu est toujours le même, de 31. IV. RELAT(VE~IEt'T AUX ESPACES L'INFINITÉ EST llPPELÉE
toute éternité à toute éternité, ainsi tel il était avant le l'fonde créé,
IMMENSITË, ET RELATlVE~IENT AUX TEMPS ELLE EST AI'I'ELEE ETER­
tel il est depuis, et de ce que dans Dieu et en présence de Dieu avant NITE; ET DIEN QU'IL y AIT CES RAPPORTS, CEPENDANT IL N'Y A RIEN
la création il n'y al'ait ni espaces ni temps, mais qu'ils existérent
DE L'ESPACE DANS L'IMMENSITÉ DE DIEU, NI RIEN DU TEMPS DANS
après la cl'éation; c'est pourquoi comme il est le Mêllle, il est
L'ETERNITÉ DE DIEU,
dans l'Espace salls espace, et dans le Temps sans temps: il suit
Si l'Infinité de Dieu relativement aux espaces est appelée Immen­
de là que la nature a été séparée de Lui, et qlle cependant il est
sité, c'est parce que l'Immense se dit de ce qui est Grand et Ample,
tout-présent en elle, à peu de cho,se près comme la vie est dans
et anssi oe ce qui est Étendu, et en cela de ce qui est Spacieux: et
tout le substantiel et dans tout le matériel de l'homme, quoiqu'elle
si l'Inlinité de Dieu relativement aux temps est appelée Éternité,
ne se mélange point avec eux; et, par comparaison, comme la lu­
c'est parce que éternellement se dit des choses qui progressent sans
mièl'e esl dans les yeux, le son dans les oreilles, le goût sur les
fin, lesquelles sont mesurées par les temps; par exemple: Les choses
langues, ou comme dans les terl'es et dans les eaux est l'éther par
qui appartiennent il l'espace se disent du Globe terraqué considéré
lequel le Globe terraqué est contenu et mis, en mouvement, et ainsi
en lui-même, et les choses qui appartiennent au temps se disent de
du reste; si ces Agents étaient enlevés, ces choses qui ont été failes la rotation et de la marche de ce globe; celles-ci aussi font les
substances et matières s'affa isseraien t ou se dissiperaient à l'instant;
temps, et celles-là fonl les espaces, et elles se fixent ainsi d'après les
bien plus, si Dieu n'était pas présent dans le Menlal humain en
sens dans la perception des mentaIs qui réfléchissent; mais en Dieu
tout endroit et en tout temps, ce mental serait dissipé comme une
il n'y a rien de l'espace ni dll temps, comme il a été montré ci­
bulle de savon dans l'air, et les rieux Cel'veaux dans lesquels il
dessus, et cependant c'est de Dieu que viennent leurs commence­
agit d'après les principes So'en iraient en écume, et ainsi tout ce qui
ments; de là résulLe que l'Infinité de Dieu relativement aux espaces
est humain deviendrait poussière cie la terre et odeur volant dans
est entendue par l'immensité, et que son infinité relativement aux
l'atmosphère. Comme Dieu est dans t01lt le 'Iemps sans temps, c'est
temps est entendue pal' l'Éternité. Mais dans leCiel, par l'Immensité
pour cela que dans sa Parole il parle du passé et du futur ail pré­
de Dieu, les Anges perçoirent la Divinité quant à l'Être, et par l'Éter­
sent, comme dans Esaïe: Un En/ant nous est né, un Fils nous
0<
nité la Divinité quant à l'Exister; et aussi par l'Immensité la Divi­
a été donné, son nom est Héros, Prince de paix. II -IX, 5.
nité quant à l'Amour, et par l'Éternité la Divinité quaot à la Sa­
- Et dans David: (( J'annoncel ai sur le Statut: Jéhovah m'a gesse; cela vient de ce que les Anges, en pensant à la Divinité, font
dit: lIfonFils, Toi; Moi aujow'd'hui je T'ai engendré, I l ­
absll'ac~on des espaces et des temps, et alors ces notions en résul­
Ps. Il, 7; - ces paroles concerneut te Seigneur qui derai: venir;
tent. Mais puisque l'homme ne peut pas penser autrement que d'a­
c'est pourquoi il est dit aussi dans le Méme: (( Mille (/J!, à tes
près des idées prises des choses qui appartiennent à l'espace et au
yeux (sont)comme le jour d'hier, II - Pl'. XC, 4. - Cil'il sojt
46 RELIGION CHRÊTIENME il
LA VRArE
tion humaine a vu et confirmé d'après la raison, et cependant les
temps, il ne peut l'ien percevoir de l'lmmensilé de Di.ell avant les
choses slIbsLanlielles et maLél'ielles de l'univers, considérées indivi­
~space:s, ni de l'Êtel'nité de Dieu avant les temps; et même quand
duellement, SOllt en nombre illfini ; qu'il n'y ait pas non plus dans
il en veut percevoir quelque chose, il est comme si son mental tom­
le Monde IdenLité de deux effets dans les successifs, c'est ce qu'on
bait ~n défaillance, ;', p.eu près comme celui qui élanl tomhé dans
peut concllire de la gYl'ation de la Terre, en ce que son excentri­
l'eau est dan!' un état de naufrage, ou comme celui qui s'affaissant
que dans les pôles fait que jamais rien ne revient de même; qu'il
dans nn tremblement de terre est dans lin état d'absorplion; bien
en soit ainsi il l'égard de l'Identité, on le voit avec évidence par les
plus, s'il persiste toujonrs il péllétrer' dans un tel sujet, il peut fa­
faces humaines, en ce que dans le Monde enLier il n'y a pas une
cilcmenl lomber dans le délil'e, et étre porlé par là ~ nie~ Dieu.
seule face absolument semblable il une autre ou la même qu'une
Une fois allssi, moi, je fus dans un semblable élat, en pensant à ce
autre, et qB'il ne peut pas non plus y en avoir durant l'éLernité;
qne c'esl que Dieu de loute éternité, ce qll'il fais~it avant la fonda­
celte v':lriélé infinie ne peuL absolument veni!r que de l'Iufinité de
tion du Monde, s'il a délihél'l\ Slll' l:I Création, et réfléchi slll'l'ol'Jr'e
Dieu Créateur. 2" Il n'y a pas un seul homme qui ait un Caraetère
scion lequel il la ferait, si clans ce qui est puremenL le vide IIne pen­
(Animus) ahsolument semblable il celui d'uTl aulre; aussi dit-on:
sée délihérative él:.:il possible, et il plusieurs auLres choses vailles;
Autant cie têLes, aulant (le scntimenLs; pareillement il n'y a .pas un
mais ailn flue pur de relies pensées je ne tombasse pa~ dan!' des d~­
seul homme qui ait un Mental, c'est-à-dire, une volon Lé eL un en­
lires, je fus élévé pal'Ie Seigneul' dans la sphère et la lumière où
tendement, absolumcnt semblable ail mental d'un autre ou le même
SOllt Ip,s Anges intérienrs, et 1;'1, aprè3 que l'idée de l'espace et du
qlle celui d'un autl'e ; par conséquent pas un seul homme dont le
Lemps, dans laquelle avaitélé précédemment ma pensée, eut été un
langag"e quant au son eL quant à la pensée d'où résulLe le son, et
peu éloignée, il me fut doùné de comprendre qlle l'I~ternité de
dontl'action quant au geste et quant à l'affecLion, soient exacle­
Dieu n'est pas l'éternité du teillps, eL que le temps n'ayant p:l!' exislé
menties mêmes quc le langage et l'action d'ulJ aulre; par cette va­
avant le MOllde, il élaiL absolllment inuLile d'a\'oil' de telles pensées
riété infinie on peuL voir aussi comme dans un miroir l'Infinité de
SUl' Dieu; puis, de ce que le Divin de loute éterniLé, l'al' conséquent
Dien CréaLellr. 3 0 Dans loute semence, Lant des animaux que des
abstl':liL de tout temp~, ne rr.nferme ni jours, ni anllées, ni siècles.
végéLaux, il y a implantée (insita) une sorte d'immensiLé et d'éter­
mais que tout cela est pour Dieu Ull Instant, je conclus que le ~Ionde
niLé; d'immensiLé, en ce que la semence pellt être mullipliée il l'in­
a été .créé par Dieu, non dans le lemps, mais que les Lcmps onL élé
fini; d'éternité, en ce que celte Tnu1Liplicalion a duré depuis la
introduiis par Dieu avec la Cr~alion. A cela j'ajouterai ce Mémo­
création du Monde sans intenupLion jusqu'à présent, et qu'elle
rahle: Il apparaît il une extrémité du Monrie Spirituel deux SLalues
dure il perpétuiLé: dans le Hègne animal, prends les poissons de
en forme humaine 'monstrueuse, la bouche ouverte cL le gosier di.
la mer; s'ils étaient multipliés selon l'abondance des semences, en
lalé, par lesquels se croienl engloulis ceux qui pensent des choses
vingt ou cinquanLe Ans ils rempliraient l'Océan, au point qu'il ne
inutile;; et extravagantes sur Dieu de toute éternité; mais ce sont
consisterait qu'en poissons, et que son Eau inonderait toute la
des fanlaisies dans lesquelles se jeLtenl ceux qui ont de Dieu avant le
terre et ainsi la ravagel'ait; mais pOUl' que cela n'arriv,îl pas, il a
!\fonde créé des pensées discon\'enan tes el qu'ils ne doiven l poin 1avoir.
été pourvu par Dieu il ce que le poisson servît de nourriture au
32. V, LA RAISON) ILLUSTRl~E D'APRÈS eN GRAND lXO:lIBllE DE
poisson. Il en serait de même des semences des végétaux; si elles
FAITS DAl'iS LE MONDE, PEUT VOIR L'INFINITÉ DE DIEU,
étaienL planLées en aussi gralld nombre que chaque végétal en pro­
Il va être énuméré quelques-uns des faits par Icsquel3 la Raison
duit chaque année, en vingt ou trente ans elles rempliraient la sur­
humaine peut voir l'Intlnité de Qieu : ce sonl les suivants: .1 0 Dan!'
face non-seulement d'une seule tene, mais encore de plusieurs
l'Univers créé, il n'y a pas deux choses qui soient Identiques: qu'il
~Iobes ; en effel, il y a des arbrisseaux dont chaque semence pr~
n'y ait pas ceLte Identité dans les simultané.), c'est ce que l'Erudi­
48 LA. VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE 49
duit des centaines et des milliers d'autres semences; fais-en l'expé-.
rien ce par le calcul, en supputant la production d'une seule en nel? 8° Outre cela, il y a une sorle d'Infinité dans beaucoup de
conLinuanL ,oingt ou trenle fois, cL tu verras; par ces exemples on -choses qui tombent dans la lueur naturelle, ct dans la lueur spiri­
peut voir la Divine Immensité et la Divine Eternité, dont il cst im­ tuelle chez l'homme: Dalls la lueur naturelle,. ainsi il y a dans
possible que l'image (iJ/star') ne soit pas produite dans une sorte de la Géométl'ie différenLes Séries qui vont jusqu'à l'infiui; enLre .les
face commune, 4° L'lnl1nité de Dieu peut encore se manifesler de­ trois degrés de hauteur il y a une progl'cssion à l'infini, c'est il sa­
vant une Raison illusLrée, quand on considère l'infini Lé dans laquelle voir, que le prenlier Degré, qui est appelé naturel, ne peut être ni
peut croître chaque science, et par chaque science l'intelligence et perfectionné, ni élevé il la perfection dU'second degré qui est appelé
la sagesse, l'une et l'autre pouvant croître par les sciences comme spirilUel, ni celui-ci il la perfecLion du ll'oisième degré qui est
l'arbre par des semences, et comme lcs forêts et les jardins par des appelé céleste: il Cil est de même entre la fin, la cause eL l'effet;
arbres, car il n'y a pas de fin pour l'inLelligence ni pour la sagesse; ainsi l'effet ne peut pas êLl'e perfecLionné, de manière à devenil'
la mémoire de l'homme esL leur humus, l'entendement le lieu où comme sa cause, ni la canse de manière il del'euir COlllme sa fin:
ellés germen t, et la volon té le lieu où elles fructifien L; et ces deux cela peuL être illusLré par les atmosphères, clont il existe Lrois de­
facultés, l'enLendemcnt et la volonté, sont Lelles, qu'elles peuvent grés, car il y a l'aure suprême, SOIIS elle l'éLher, eL au-dessous
être cultivées et perfectionnées dans le Monde jusqu'à la fin de la de l'élher l'air; et aucune des qualiLés de l'air ne peut être élevée
vie et ensUite éternellemeut. 5° L'Infil)ité de Dieu Créateul' peut à l'une des qualiLés de l'éLher, ni aucune cles ([ualités de J'éLher il
encore ètre vue d'après le nombre infini des Etoiles, qui sont au· l'une des qualiLtS de l'aure; et cependant il y a dails chacune des
tan t de Soleils et par su i Le au Lan t de Mondes; que dans le Ciel trois une élévaLion de perfecLions à l'infini: Dans la IUéur spiri­
AsLI'al il y ait aussi des Terres, SUI' lesquelles il y a des hommes, tuelle; ainsi l'amour naturel, qui apP;ll'tienL il la hèle, ne peut
des bêtes, des oise:!ux et des végétaux, c'est ce que j'ai montré rlans être élevé dans l'amour spirituel qui pal' la créaliolJ ~ été Ulis dans
un Opuscule écrit d'après ce que j'ai vu ° 6° L'Infinité de Dieu est l'homme; il en est de même de l'ilJLelligenee nalul'elle de la bêLe
devenue encore plus évidente pour moi d'après le Ciel Angélique, respectivement à l'intelligence spiriLuelle de l'ItOnlllle ; niais comme
et aussi d'après l'Enfer, en cc qu'ils ont été l'un ct l'autre distri­ ces choses ont été jusqu'à présent ignorées, ellcs seront expliquées
bués et coordonnés eu d'innombrables Sociétés ou Congrégations ailleurs. D'après ce qui vient d'être dit, Oil peut voir que les uni­
selon toutes les variétés de l'amoul' du bien et du mal, et en ce versalJx du Monde sont des types pel'péLuels de I1ntiniLé de Dieu
que chacun y occupe une place selon son amour; car là tous pro­ CI'éateur; mais comment les singuliers imitenL les universaux, et
viennent du Genre Humain; ils y ont éLe rassemblés depuis la Créa­ représentent l'lnfinité de Dieu, c'est un Ahime, et c'est un Océan,
tion du Monde, et pendant les Siècles des siècles on y sera rassem­ dans lequel le MenLal humain peut pour ainsi dil'e naviguer; m'ais
blé; et en ce que, quoique chacun y ait son lieu et sa demeure, qu'il se meLte en garde contre la Lempête que soulève l'homme na­
tous cependant y om éLé tellement conjoints, que le Ciel Angélique turel, laquelle submergera le vaisseau ,wec mâts et voiles par la
tout entier représenLe un seul Homme Divin, et l'Enfer tout entiero poupe, où se tient l'horlime naturel plein de confiance en lui­
un seul Diable monstrueux; d'après le Ciel et l'Enfer et d'après les même.
merveilles infinies qu'ils renferment, l'ImmensiLé de Dieu unie à ~a 33, VI. TOUT C.E QGI A ÉTJt cnÉÉ EST J'L\'I, ET L'LwlJ''I EST DANS
LES fiNIS COi\l~IE J)ANS DES RltCEPTACLES, ET DANS LES 110)011':S
Toute-Puissance sc présente à la vue d'une manière manifeste,
CU)DIE ])ANS SES B1AGES,
7° Qui même ne peut comprendre, pour peu qu'il élève le raisonne­
ment de son mentai, que la vie durant l'éternité, dont jouit chaque Si tout ce qui a été cl'éé est fini, c'esL pal'ce que Loutes choses
homme après la mort, ne peut être donnée que par un Dieu Eter- procèdent de ,Iéhovah Dieu pal' le Soleil du Monde spirituel, (lui
L'entoure le plus près, et que ce Soleil provient de la Subslance
I. 4
1 50 LA VRAIE RELH;JON CHRÉTfENNE 51

!
)
qui esl sortie de Jéhovah, donl l'essence esl l'amour; de ce Sôleil
par sa chaleur el sa 11I1TJ:ère a élé cl'éé l'Univers depuis ses pre­
eH homme, :1 élr fOf'llll~ en lI'ois Bé~ions selon les Il'oi~ rlc~rés : ce
melliai esl c~lesle.!!_an,!s"'Le~r de~é, dans leqllel sont aussi les
miers jusqu'à ses derniers; mais ce u'est pas ici le lieu d'exposer Anzes du Ciel suprême: il esl spiriluel dans le second degré, dans
eu ordre la prol;ression de la Cl'éalion ; dans la suite il cn sera, lerj;,el sont allssi Jes Anges du cië'im'oyë-n -; e~l nal;JI'el dal!~
1 donné une sorle de plan, Ici, il importe selliemenl de sal'oir qu'ulle le Tr'oisièmc degré, dans lequel sonl aussi Jes Anges rlïï(jer~i~r
1
\ chose a étr formée d'Une autre, el qu'ainsi ont été conslilués des ~~~It)uial I;~rnain, organisé "
selon ces trois degrés,
<
eslle ré.
degrés, Il'oi~ dans le Monde spil'Îluel, el lrois correspondanl'; à ceptacle de J'influx Dil'in; mais jamais le Divin n'influe plus avant
ceux,ei dans le !\fonde nalurel, el lOUl :IIllanl dans les subslances _<I!!~!Qn que "homme aplanil It~ chemin ou selon qll'fI oil~I~la
en repos ('1uiescentlbus) dans lesquelles consisle le Glohe lerraqué; {l0rte. Si Je chemin est aplani, 011 si la pOl'te esl Ollverle jllsqu'au
ma:s d'ail Vienn'llll ces degrés er qllels ils sonl, c'esl ce qui a é;é <Iegré suprême 011 célesle, :llors l'homme devienl rérilablemenll)­
pleilll'llIelll exposé dans LA SAGESSE A!"GEI.IQIJE SUfl LE Oiv!.'i AMOUIe mage de Dieu. el après la morl il devienl Anga du Ciel suprême;
ET SUI: LA BI\'Iè'E SM:ESSE, p"bliée il Arnslenhm Cil 1i63, et dans si l'hoillme u'aplanil le c"emin 011 n'oune la porte que jusqu'au de­
1' 0 I'II",cu le Illi CmDIf:IlCE ilE L',\)IE ET IIU COUPS, imprimé à Londres gré mo)'en 011 spiri!uel, il derient, il l'SI vrai, l'im,1ge de Dieu,
en 1ing: par ces degrés, il esl :Jrril'é qlle rOlls les postérieurs sont mais non dans celle perfection, el après la mon il de\'i('flt Ange
rr(~cptacle~ des anléricllrs, ccux-ci réceplac/es d,~ choses cncOl'can­ du Ciel moyen; si J'hOtllllle n'aplanit le chemin ou n'oll\'l'e la porle
térielll'es, el ainsi en ol'dre réceplacles des P"illlilifs, dalls lesquels 'Ille pOlir le dernier ('egré ou degré nalurel, el qu'alol's il recon­
COllsisle le Soleil fllI Ciel Angélique, ('l qu'ainsi les finis sonL les naisse Diell el L'adore par lIne piété aCluelle, il del'ienl "image de
ré('Cpl:lcles de l'infini; ce qlli coïncide aussi al'ec la Sagesse des Diell daliS le demier drgré, el :Iprè~ la morl il devienL Ange du
Anciens, snivanllaquelle lOUl, en général el en particulier, esl di. derliier cid: ail eonlraire, si l'homme ne "econn,IÎl pas Dieu el ne
,isihle il l'infini. L'idée l'ul~aire esl que, le fini Ile pOlll'anl conle­ L'arlorü pas pal' une piélé :Icluelle, il rlépollille l'image de Dieu, et
nir l'infini, les finis ne peu\'enl êll'e les réceptacles de l'inlini ; mais, lel'ienl selllhblbie il une sorte d'animal, il l'exceplion qu'iljouil de
d'après ce qui. (hns lIES OurnACES, a l'té rapporlé Sllr la Créalion, la faculté de comprendre, el par suite, de p:lrler; si alors il fel'me
on roil que Dieu :1 d'abord tini son Infinilé pal' les SUhsl:luces émi­ le degré suprênle nal!.!.!:.el, qui corl'espond au !<uprêrne célesle, il
ses Je Lili, d'après le~qllelles a (~xis!l\ son enveloppe la plus proche, ,delitlnl quant ft l'amOllI' semblable ft la hêle de la lerre; s'il ferme
quiconslituc le Soleil dll Monde Spiriluel; el ((u'enSUile p:!r ce So­ !e dPgré moyen naLul'el, qui correspond ail moyen spirituel, il de­
l,eil il a perfectionné les alJlres enveloppes jIlSqll';' la deJ'niere, qui rienL qua:ll il l'amour comme un renard, el quanl à la vlle de l'e~­
cOIJ.~iSIC en suhst:lIlces de repo:; (fJlliescentibus) , el qu'ai~si par lendenlent cornille un oiseau de nuil; s'il ferme aussi le dernier
degrés il a fini cie plus en plus le l\Jollde: ceci a élé rapporLé dans (Iegré nalurel qllarl all spirituel de ce naturel, il devienl qua~l ~
le bul de salisfail'c la J':lison humainc, qui n'a pas de repos .1 moins )'a~nollr cOI~me une bêle féroce, cl quanl à l'enlendemenl du \Tai
qu'elle ne l'oie la callse. {'Olllllle un poisson, La Vie Dil'ine qui, par l'influx procédanl du
34, Uue l'Infini Divin soil dans les hommes comme clans ses ima­ Soleil du Ciel Angélique, met J'homme en aClion, peUL être com­
ges, on le VOil d'après la Parole dans laquelle on lil: " Enfin Diel& parée il la Lumière procédant du Soleil du Monde el à son influx
dit: Faisons l'homme ri. notl'e image, selon notre ressemblance; dans un objel diaphane; la réceplion de la vie dans le suprême de­
Dieu créa donc l'homme à son image, à l'image de Dieu il le gré, il l'influx de la lumière dans un diamanl, la réceplion de la
créa. » - Gen. 1,26, 2i. -.Il suil de là que l'homme est un Or­ "ie dans le second degré, à l'influx de la lumièl'e dans un crislal;
gane récipienl de Dieu, et qu'il esl Organe selon la qualilé_k la el la réception de la vie dans le dernier degré, fi l'influx de la lu­
réception. Le Mental humain, d'après leque'l el selon lequel l'homme mière dans un verre ou dans une membl'ane transparente; mais
52 LA VRAIE RELIG ION CHRÉTIÉNNE 53
si ce dernier degré quant à son spirituel était entièrement fermé,.
-dans lesqitelles il y avait des Gymnases, et au milieu d'elles une qui
cc qui arrive quand Dieu est nié et Satan adoré, la réception de la
-était comme le Prétoire de toutes les autres; ce prétoire était cons­
vie procédant de Dieu peut être comparée fi l'influx de la lumière
trnit en pierres de poix qui étaient recouvertes de lamines' comme
dans les corps opaques de la terre, cOlOme dans ùu bois pourri, ou
de verre brillantes comme d'or et d'argent, telles que sont celles
dans un gazon de marais, 011 dans du fllmier, et·ainsi du r.esle;
oqu'on nomme sélénites ou talc; et ça et là elles étaient parsemées
car l'homme alors devient un cadavre spirituel.
·de.hrillants coquill:tges. Nous nous approchâmes de celle maison, et
~ ~ ~ ~ ~ nous frappâmes' à la porte; et bientôt quelqu'un l'ouvrit, et nous
35. A ce qui précède j'ajouterai ce MÉ~IORABLE. Un jour j'étais très­ -dit: Soyez les bien-venus; et il courut li ulle tahle,et il apporta
étonné de l'immense multitude d'hommes qui attribuent à la Nature -quatre livres, et il dit: r.es Livres sont la 'Sagesse, à laquelle une
)a Créalion,~t par suite tout ce qui est au dessous du Soleil et tout multitude de Royaumes applaudit aujourd'hui; il ce Livre ou 11 cette
cequi est au-dessus du Soleil, disant, en le reconnaissant du fond du .Sagesse applaudissent nombre d'hommes en France, à celui-ci nom~
cœUI', quand ils voient quelque chose: Cela n'esl-il pasdc la na­ hre' d'hommes. en Allemagne, 'à celui-ci quelques-uns en Hollal1de~
ture? Et qll:\IId on leur. demande pour(luoi ils atll'ibuent cela à la ·et à celui-ci quelques-nns en Angleterre; puis il dit: Si vous voulez
nature et non à Dieu, lorsque cependant ils disent parfois avec la, 'Voir, je ferai que ces quatre Livres vont briller à vos yeux; et alors
communion de l'Église, que Dieu a créé la Nature. et que par suite: il exhala et répandit tout à l'entour la gloire de sa réputation, et les
l, Livres aussitôt resplendirent comme de lumière: mais celle lumière
ils pourraient aussi hi en (lire qlle les chose" qu'ils voient sont de
Dieu, que de dire qu'elles sont de la nature; alors ils répondent -devant nos yeux se dissipa sur-le-champ: et alo\'s nous lui deman­
d'un ton Înterlle presque tacite: Qu'est-ce que Dieu, sinon la dâmes ce qu'il éerivait maintenant; et il répondit qu'en ce monient
Nature? Tous ceux-là se montrent glorieux de la pel''luasion que il tirait de ses' tl'ésors et exposait les choses qui appartiennent à là
l'Univers a été créé par la Nature, et ùe celte folie comme d'une sa­ sagesse intime, et qui en résumé sont celles-ci: 1 La Nature appm'­
gesse, au point qu'ils regardent tous ccux qui reconnaissent la Créa-. d tient-elle à la Vie, ou la Vie appartient-elle à la Nature. II. Le
tion de l'Univers par Dieu, comme des fourmis qui se trainent sur la Centre appm'tient-il à l'Etendue, ou l'Etendue appartient-elle au
terre et suivent le chemin b~ltu, et quelques-uns, cOlllme des pa­ Cent1'e. HI. Sw' Le centre de l'Etendue et de la Vie. Après avoir
pillons qui volent dans l'air, appelant leurs dogmes des songes,. ainsi parlé il se remit SUI' un Siége vers la table; mais nous, nous
parce qu'ils voient ce qu'eux ne voient pas, disant: Qui a vu Dieu, parcourùlJies son Gymnase qui était spacieux; il avait sur la table une

I~
et qui est-ce qui ne voitlJas la Nature? Pendant que je Ill'étonnais. Chandelle, parce que là, il Yavait non pas une Lumière de soleil, mais
de la multitude de ces hommes, un Ange parut devant moi sur le une Lumj~re noctul'lle de lune; et, ce qui m'étonna, la chandelle pa­
côté el me dit: Sur quoi médites-tu? et je répondis: Sur la Illulli­ raissaitêtre portée là de tout. côté et éclairer; mais comme elle n'était
tude de ceux qui croient que la Nalure est par elle-même, el qu'ainsi pas mouchée, elle éclairait peu; et pendant qu'il écrivait, nous voyions
elle a créé l'Univers; et l'Ange me dit: ToUt rfulfe~est composé voltiger de la table sur les tnUI'S des images de forme différente, qui.
de tels hommes, et ils y sont appelés Sal:;ns et Diables; Satans, dans cette lumière nocturne de lune, apparaissaient comme de beaux
ceux qui se sont conÎirrnés pour la Nature, et ont par suite nié Die-;'; oiseaux des Indes, mais quand nous ouvrions la porte, voici, ces
Diables, ceux qui ont vécu ùans les crimes, et ont ainsi l'etejé de images, dans la Lumière diurne du Soleil, apparaissaient comme
)eurscœu\'s toute reconnaissance de l)ieu: nuis je vais te conduire des oiseaux de nuit dont les ailes sont en forme de filet; en effet.
:1 des Gymnases situés dans la Plage méridionnale-occidentale, oil c'étaient les vraisemblances, qui par des confirmations étaient deve­
résident ceux qui sont tels et qui ne sont pas encore dans l'Enfcr: nues des illusions, qu'il avait ingénieusement liées en série. Après
et il me prit par la main, et me conduisit; et je vis des maisonnettes avois vu cela, nons nous approchâmes de la table, et nous lui de-

,.
J"­
5 LA VIlAIE
RELIGION CHRÉTlE~NE 55
mandâme!' ce qu'il écrivait dan!\ ce moment; il dit: Sur ce PaEMtERI
été dit, l'amour et la Sagesse sont la vie: si tu élèves encore un peu
POINT: LA NATURE APPARTIEXT-EI.I.F. A LA VIE, OU LA VIE ,,l'PARTIENT­ pl'Is baut la faCilité de comprendre, lu verras que 'l'amour et la Sa­
ELLE A LA NATUl\E; et, SUI' ce point, il dit qll'il pOllvaiL contirmeli gel'Se ne peuvent exister, à moins que leur origine ne soit quelque
l'lin et l'autre, et faire que l'un et l'autre soit \'J'ai; mais comme if y part, et que leur origine est l'Amour Même et la Sagesse Méme, et
avait au dedans quelque chose de caché qu'il redoutait, il n'osai't par conséquent la Vie Même; et ces choses sont Dieu de qui 1'1'0­
confirmer que celle propo~itiou, que la Nature appartient à la Vie .. vient la Nature, Ensuile nous parlüllles avec lui du S~;COND POINT:
c'esl-:i-dir'e, vient de la Vie; et non l'autre, que la Vie appartient LE CE:'iTIlE AI'PAIlTIENT-IL A L'ETENIlUE, OU L'ETENIJUE API'AIl1'JENT-ELLE
à la Nature, c'est-à-dire, vient dl' la Nature. Nous lui deJnanriàllles, AU CENTilE; et nous lui deltlaudàmes pourquoi il agilait celte ques­
avec honnêteté ce qu'il y avait au dedans de caché qu'il redoutait; lion; il nous répondit: Dans le bul de conclure sur le Centre etl'E­
il répoudit que c'était d'être appelé Natllralisle, et pal' con~équeot tendue de la Nature et de la Vie, ainsi sur l'origine de l'une et de
Athée l'JI' les Prêtres, et Homme d'une raisQn peu sajne par les Laï­ l' J'autre; et quand nous lui eûmes denlaudé quelle étail son opinion
ques, parce lJue les uns et les autres ou croient d'après une foi :Ive\):.. sur ce point; il nous répondit, coml!le liUI' le premier point, qu'il
gle, 01: ,'oient d'après la vue de ceux qui confirment celte foi, Alors pouvait confirmer l'une et l'autre proposition, mais que, dans la
poussés par une sorte d'indignation de zèle pour la vérité, nous 'l'in­ cr.;linle de perdre sa l'éputation, il con/irmait que l'EtenJue appar­
terpellâmes, en disant: Ami, tu te trompes beaucoup; ta sagesse, tient au Centre, c'e~t-à-uire, vient du Centre; quoique je sache,
qui consiste il écrire avec talent, L'a séduit, et la gloire de la réputa· ajouta-t-il, qu'avant le Soleil il y a eu quelque chose, el qne ce
tion t'a induit à confirmer ce que tu ne crois pas: ne sais-tu pas quelque chose était partout dans l'Etelldue, et a conflué de soi­
'que le l\Iental humain peut s'élever au-dessus des senliuels, lesquel,s.' mêllie en ol'dre, ainsi lIans le Ceutre. Alol's nous !'interpellânltls de
sont ce qui, dans les pensées, provienl des sen!' du corns nouveau avec une indignation excitée pal' le zèle, et nous lui dîmes:
... ; et que,
' ~
Ami, tu es foo; et dès qu'il eut entendu ces mots, il recula son
lorsqu'il est élevé, il voil en haut les choses qui appal'tiennent il la
Vie, et en bas celles qui appartiennent à la Nature? Qu'est-ce que siége de la t.able, et nous regarda avec timidité, el alors il prêta l'o­
la Vie, sinon "Amour et la Saj1;esse, et qu'est-ce qlle la Nature, sinon reille, mais en riant: copendant nous continuùmes en ces termes:
le réceptacle pal- lequel l'Amour et la Sagesse opèrent leurs eO'ets Quoi de plus insensé que de dire que le Centre vient de l'Etendue,
ou les usages? Est-ce que la Vie et la Nature peuvent être un autre­ - pal' ton Centre nous entendons le Soleil, et par ton Etendue nous
ment que comme le principal et l'instrumental? est·ce que la lu­ enlendons l'Univers, - et qu'ainsi l'Univel's aurait eXisté sans le
mière pelJt être un avec l'œil, ou le son avec l'oreille; d'où vien­ Soleil! Est-ce que le Soleil ne fait pas la Nature et toutes ses pro­
nent les sens de l'œil et de l'oreille sinon de la vie; et leurs fOl'mes, ~ priétés, qui dépendent uniquement de la Lumière el de la Chaleur
sinon de la nalure? Qu'est..ce que le Corps humain, sinon un Organe. procédant du Soleil par les Atmosphères? où la Nature a été aup3­
de la Vie? tout ce qui le compose,en général et en particulier, n'a-l­ ravant et d'où elle vienl, c'est ce que nous te dirons 10l'sljue le u'oi­
iI pas été organiquement formé pour produire ce que l'Amour veut' sièllle point sera agité; les Atlllosphères et toules les choses qui
et cc que l'Entendement peuse? les oq~anes du corps ne viennen,t-ils sont sur la Terre ne sont·elles point comme des Superficies, eL le
pas de la nature; et l'Amour et la Pensée ne procèclent-ils pas de la Soleil n'est- il point leur Cen tre? <lU'esl-ce que tOlites ces choses
vie? (es choses ne sont-elles pas absolument distinctes entre elles? sans le Soleil, peuvent-elles subsister un seul instant? par consé­
Élève encore un peu plus haut la perspicacité de ton génie, et tll quent, qu'est-ce que toUle~ ces choses avant le Soleil, ont-elles pu
'Verras que c'est le prQJlre de la vie d'être a.ff'eclé et de penser, et exister! la subsistance n'est-elle pas une perpétuelle existence? puis
qU'être a,trecté appartient à l'amour, qlle penser appartient à la Sa~ donc que la subsistance de toutes les choses de la Natnre vient du
ge~~e, el que l'un et l'autre appartient à la vie; car, ainsi qu'il a Soleil, il s'en suit que l'existence de toules choses en vient aussi;

L.~
56 LA VRAIE RELIGIONCHRÉTfENNE 57
chacun le voit et le ~econn:tH par inluilion ; de même que le poslé­ du Centre qu'il avait cru auparavant être unique; et que l'u n etl'au­
rieur existe d'après l'antérieur, ne subsiste-t-i1 pas aussi (l'après lui? tre Centre a une Etendue auloul' de lui. A ces mots, nous dillles :
Si la superficie était l'antérieur, ct le Centre le postél'Ïeur, l'anté­ C'est bien, pOllrvu qu'aussi, du Centl'e el de l'Elendue de la Vie tu
rieur ne subsisterait-il pas d'après le poslérieur, ce qui est cepen­ veuilles considérer le Cenlr'e el l'Etendue de la Nature, et non vice
dant contre les lois de l'ordre? Comment les postérieurs peuvent-ils vel'sd: et nous lui apprimes qu'au-dessu;\ du Ciel Angélique il ya uri
produire les antérieurs, ou les extérieurs les intérieurs, ou les l'lus Seleil, qui est pur Amoul', el en apparence igné comme le SoieH du
grossiers les plus purs? en conséquence comment les superficies qui monde; que c'est d'après la Chaleur qui procède de ce Soleil que les
constitnent l'Elendue penvent-elles produire le Centre? Qui ne voit Anges et les hommes ont la Volonté et l' Amour, et que c'est d'après
pliS que cela est conlre les l(lis de la nalure? Nous t'avons donné sa Lumière qu'ils ont l'Entendement ct la Sagesse; que les choses
ces arg-llmenls tirés de ]' Analyse de la raison pour confirmer que {lui procèdent de là sont dites Spirituelles, el que celles qui procè­
l'Etendue e\istc d'après le Centre, el non vice versd, quoique qui­ dent illi Soleil du Monde, sont. les contrnanls ou les l'éceptacles de
conque pense juste le voit saus ces arguments. Tu as dit que l'Eten­ la vie, et sont dites Nalurelles ; que l'Etendue du Centre de la Vie
due ~l\'ail, d'elle-même conflué dans le Cenlre, ain:,:i ce serait fortui­ est le MOXOE SrllllTUEL qui subsiste par son Soleil, cl que l'Etendue
tement' dans lin ordre tellement admirable et surprenant, que cha­ du Centre de la.Nalure est le MO~IIE NATUREL, qui subsiste p:lr son
que chose esl pour IIne autre, el que 101lt en général el en particulier Soleil. Puis donc que les Espaces et les Temps ne peuvent se dire de
es! pour l'homme et pour sa vie éternelle; est-ce que la Nalure peut l'Amour et de la Sagesse, el sont remplacés par les ttats, il s'en
de quelque amour par quelque sagesse lendre aux fins,envisager les suit ([ne ce qui est en expansion autour du Soleil du Ciel Angélique
causes, et pourl'oir aux effets, de manière qne de telles choses exis­ n~e~t pas une Etendue, mais est néallll!0ins dans l'Étendue du Soleil
tent dans leur ordre? et peut-elle avec des hommes faire de~ Anges, naturel, ,et là selon les réceptions chez les sujets vivants, et les ré­
el de ceux-ci constituer le Ciel, et faire que ceux qui y sont vivent ceptions selon les formes et les états. Alors il demanda d'où venait le
éternellemenl? Pose toi ces propositions, et J'éfléchis, et alor$ tom­ fell du Soleil dlJ monde ou de la nature; nous répondîmes qu'il
bera ton idée de j'exislence de la nature par la nature. Après cela, vient du Soleil du Ciel Angéliqne, qui est non pas un feu, m:lis le
nOlis lui dernandàrnes ce qu'il avait pensé, et ce qu'il pensait à pré­ Divin Amour pl'océdant immédialement de Dieu, qui est au milieu de
sent du TROISIÈ)IE POINT: SUR LE Cl';:,/TIlE ET L'ETENDUE DE LA NATURE ce Soleil: comme il en était étonné, nou s le lui démontrâmes ainsi:
ET ilE LA VIE; s'il croyait que le Centre et l'Etendue dtlla Vie fus­ L'Amour dans son essence est le feu spirituel; c'est pOUl' cela que
sent la même chose que le Cenlre et l'Etendue de là Nature. JI ré­ le feu, dans le sens spirilueJ de la Pal'le, signifie l'amour; de là
pondit qu'il était en sll:.-ipens; que d'abord il avait pensé qlJe l'activité les Prêtres, dans les Temples, prient que les cœurs soient remplis
intérieure de la Nature 6tait la Vie, et que t'Amour el la Sagesse <lu Fen céleste, par lequel ils entendent l'amour; le feu de l'Autel
qui font essentiellement la rie de l'homme en provenaient; et que et le feu ilu Chandelier dans le Tabel'nacle, chez les Israélites, ne
le fcu du Soleil par la chaleur et b lumière, les atmosphères Sllr­ repl'ésentait pas autl'e chose qlle Je Divin Amoul'; la Chaleur du
vant de moyens, la prodllisait; mais que maintenant, iI'après ce -sang, ou la Chaleur vitale des hommes et en génél'al des animaux,
qu'il venait d'enlendre sur la vie des hOl11me~ après la mort, il était n'a pas d'autre origine que l'amour qui fait leul'vir.; de là vienl
dans l'incertitude, et que celle incertitude portait son melltal tantôt que l'hom me s'embrase et s'enflam me, lorsque son amour est ex allé
en haut, tantôt en bas; quand c'est en haut, il reconnaît un Centl'e en zèle, ou excité en colère el emportement: c'e~t pourquoi de ce
dont il n'avait ell aupar'avant ancunc notion; nt quand c'est"en bas, " que la Chaleur spiriluelle, qui est l'Amour, produit chez les hommes
il voit le Centre qu'il avait cru Unique; que la Vie \'ient'du Centre utle chaleur nalnrelle, au point d'échauffer et d'enflammer leurs
dont il n'avait eu auparavant'aucune notion'; que la Nature vient faces et leurs membres, il devient éVIdent que le Feu du Soleil na­
58 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE 59
tu_rel n'exil>te que d'après le Feu du Soleil spirituel, qui est le Di­ III. L'Am01L1' même et la Saqesse même sont la Vie même,
vin Amour, Maintenant, puisque l'F.tend!Je vient du Centre, et nOIl qui es~ la Vie en soi.
vice vel'sd, comme nous l'avons dit plus haut, et que le Centre de IV. L'Amour ft la Sagesse en Dieu font un.
la vie, lequel est le Soleil du Ciel AIl~élique, est le Divin Amour V. L'Essence de /' amour est d'aimel' les autres h01'S de soi,
procédant immér\iatement de Dieu, qui est au milieu de ce Soleil ~ de vouloir êl1'e un avec eux, et de les l'endl'e heureux par soi.
et puisque c'est de là que vient l'Étendue de ce Centre, laquelle VI. Ces essentiels de l'amour Divin ont été la cause de la
qui est appelée l\1onJe spirituel, et que c'est \lar ce Soleil qU'il création de l'Univers, et sout la cause de sa conservation.
existé le Soleil du Monde, et par celui-ci son Étendue qui est ap­ Chacun de ces Articles va être expliqué séparément.
pelée Monde naturel, il est évident que IUoivel'l> a été créé par 37. l. DIEU EST L'Ai\IOUI\ l\f~UI! ET LA SAGESSE l\I~MEJ ET CES
Dieu. Après cela. nous nous ell allâmel>, et lui nous accompall;n3 DEUX: FOl'iT SON ESSENCE.
au deli. du portique de SOli G)'mnas~, et s'enlreliot avec UOUl> sur Que l'Amour et la Sagesse .."oient deux Essentiels auxqllels se ré­
le Ciel et l'Enfer. el slIr Divin auspice, a\'ec une nouvelle sagacité fèrent tOUl> I~s Infinis qui sont en Dieu, et q'li procèdent de Dieu,.
d' espri l.
c'est ('e que vit la première Antiquité; mais comme les Ages qui
suivirent ont successivement détourné du Ciel les mentais, et les
ont plongés dans les mondains et dan.s les corporels, ils ne purent
DE L'ESSENCE DE DlElJ, ESSElI<Œ QOI :EST U: DIVIN AMOUR le voir; en effet, les hommes commencèrent à ne pas savoir ce que·
ET J,A D'YINE SAGESSE. c'est que l'Amour dans son essence, ni pal' suite ce que c'est que la
Sagesse dans SOli essence, ignorant que l'amour abstr:lit de forme
n'est pas possible, et qu'il opère dans la forme et par la forme. Or,
36. Nous avons rlislingnè entre' l'Etre de Dieu d \'Es~l,lnce de puisque Dien e~t la Substance niême et la Forme !lIême, la Subs­
Dieu, parce qu'il y a une distinction entre l'Infinité de Dieu et l'A­ tance unique el la Forme unique, et ainsi la Substance première et
mOllI' de Dieu, et que l'Inl1nité se dit par' applic:Hior. il l'Etre de la ~'ormc première, desquelles l'Essence est J'Amour et la Sal;esse,
Dieu, et l' ÂIIlOUI' par application il l'Essence de Dieu; en effet, ainsi et puisque par Lui ont élé faites toutes les choses qui ont été faites,
qu'il a déjà été dif, n~tre de Dieu est pins universel que l'Essence il s'ensuit que, d'après l'Amour pal' la Sagesse, il a créé l'Univers
de Dicu, pareillement l'Intinité de Dieu cs!. plus universelle que l'A­ avec toutes et chacuue des choses qu'il contient, et que de là le Di­
mOllI' tie Dieu, c'est pourquoi l'Infini devient-il un adjectif des Es­ vin Amour est con.iointement avec la Divine Sagesse dans tous et
sentiels et des Attributs de Dieu, qui tous sont dits Infinis; ainsi dans chacun des sujets créés: l'Amour est encore non-seulement
l'on dit du Divin Amour qll'i1 est Infini, de la Divine Sagesse qu'elle l'Essence formant toutes choses, mais aussi les unissant et les con­
est Infinie, de la Divine Puissance pareillement; rion pas qlle l'Etre joignant, et alOsi les contenant forlllées dans un enchainement.
de Dieu préexiste, mais parce qu'il entre dans l'Es'sence comme un Cela pent être illustré par des choses innombrables dans le Monde;
31ljonctif cohérent, déterminanl, formant, et en même ll:.mp~ élevant. par ex~mple par la CHAl.EUR et la LU~IIÈIlE pro\'enallt du Soleil, qui
Mais cette section du Chapitre, de même que les précédentes, sera di­ sont les deux Essentiels et les deux Universaux pal' lesque\:; toutes
visée en Articles, savoir: et chacune des chostls existent et snbsistent SUl' la 'l'ene; la cha­
1. Dieu est l'AmO/u' rlU!me et la Sagesse même, et ces deux leur et la lumièl'e sont Iii, parce qu'elles correspondent au Divin
font son Essence. Amour et à la Divine Sagesse, car la Chaleur qui procède du Soleil
Il. Dieu est le Bien même et le Vrai même, pm'ce que le Bien do l\londe spil'ituel est dans son eSl>ence l'Amour, et la Lumière qui
appartient à l'A m01l1', et le Vl'ai ri. la Sa.g esse . en provient est dans son essence la Sagesse, Cela peut aussi ètre
60 LA VRAIE RELIGION GHRÉTIENNE 61
illustré par \t~s deux es:.entiels ct les deux universaux, par lesquels 38. II. DIEU EST LE BIEN M~ME ET I-E VRAI MÈME, PAliCE QUE LE
les Men laIs humains exislent et subsistent, et qui sont la VO~ONTÉ BIEN APPARTIENT A L'A!IOUR, ET LE VRAI A LA SAGESSE.
et l'ENTENDF.MENT ; en effet, c'est ell eux deux que consiste le Men­ Il est universellement connu que toutes choses se réfèrent au bien
tal de chacun, et lous deux sont et opèrent flans toules et et au vrai, indice que toules choses ont existé d'après l'Amour et
dans chacune des choses de ce Mental; et cela parce que la Vo'­ la Sagesse; en effet, tout ce qui procède de l'amour est appelé bien,
lonté est le réceplacle et l'habitacle de l'amour, et qu'il en car cela est senti, et le plaisir par lequel l'amour se manifeste est
est de même de l'Entendement à l'égard de la Sagesse; c'est pour chacun le bien; d'un autre côlé, tout ce qui procède de la
pourquoi' ces deux correspondent ail Divin Amour el à la Sagesse est ap!lelé Hai, car la sagesse Ile consiste que dans les vrais,
Divine Sagess~, dont ils tirenl leur ol'Ïgine. Cela peat encore être et' affecte ses objets par le charme de la lumière, et ce charme, lors­
illustré P:lI' les deux essentiels et les deux IIniversaux, par les­ qu'il est perçu, est le vrai procédant du bien; aussi l'Amour est· il
quels les Corps humains existent et subsistent, et qui sont le CœUR le complexe de toutes les bon lés, et la Sagesse le complexe de
et le POU)ION, 011 la systole e~ la diastole du cœur et la re~piration toutes les vériles; mais les unes et les autres viennent de Dieu, qui
du pOl1l110n ; il est bien connu qu'eux deux opèrent dans tOllles et est l'Amour même et par suite le Bien même, el aussi la Sagesse
dans clJacnne des choses du corps; et cela, parce que le Cœnr cor­ même et par suite'le Vrai même. De là vient Cjue, dans l'Eglise, il
respond à l'amOlli', el le Poumon à la S3gesse; celte correspondance y a deux essentiels, qui sont appelés Charité et Foi, dans lesquels
a été pleinemer.t démontré'e dans la SAGESSE ANGÉLIQUE SUR LE DIVIN" consistent loutes et chacune des choses de l'Eglise, et qui doivent
AMOUllET I.A DIVINE SAGESSE" publiée à Amsterdam. Que l'Amour être dans toutes et dans chacune des choses de l'Eglise; et cela,
comme fiancé et mari produise ou engendre toutes les formes, mais parce que tous les biens de l'Eglise appartiennent il la charité et
par la sagesse comme fiancée et épouse, c'est ce dont on peut se sont appelés Charité, et que tous les \'l'ais de l'Eglise appartiennent
convaincre par de$ choses innombrables dans l'un et l'autre Monde 7 à la foi et sont appelés Foi: les plaisirs de l'amoul', qui sont aussi
le 'Spirituel elle Naturel; il suffit de rappeler que tout le Ciel An­ les plaisirs de la charilé, font que les plaisirs sont dits i.Jiens, et les
gélIque est rlisposé dans sa fOl'me et contenu en elle d'après le Divin charmes de la sagesse, qui sont aussi les charmes de la foi, font
Amour par la Divine Sagesse: ceux qui déduisent'la création du monde que les charmes font la vie des biens et des vrais; sans la vie qui
d'autre part que du divin amour par la divine sa~esse, et ne savent pas en provient les biens et les vrais sont comme inanimés, et aussi
que eesdeuxfontla DivineEssence, descendent de la vu~ de la raison à sont stériles. Mais, les Plaisirs de l'amour sont de deux genres,
la vue de l'œil, et embrassem la Nature comme croatrice de l'Univers. pareillement les Channes qui semblent appartenir à la sagesse;
et par suite conçoi\'ent des cllimères et enfantent des fantômes; ils savoir, les plaisirs de l'Amour du bien et les plaisirs de l'amour du
pensent des illusions d'après lesquelles ils raisonnent, et ils lirent mal, et par suite les charmes de la foi du vrai et les charmes de la
pour conclusions des œufs dan!'> lesquels sont des oiseaux de nuit; foi du faux; ces deux plaisirs de l'Amour, dans les sujets en qui ils
~etels hommes peuvent être appelés non pas deS MentaIs, mais des sont, d'après leur sensation, sont nommés biens, et ces deux char­
Yeux et des Oreilles sans entendement, ou des Pensées salis :lme ~ mes de la foi, d'après Jeul' perception, sont aussi nommés biens,
ils parlent des couleurs comme si elles pouvaient exisler sans la mais parce qu'ils sont dans l'entendemenl, ils ne sont autre chose
lUlilière; de l'existence cles arbres comme si elle pouvait :lvoir lieu que ùes Hais; quoique les deux genres soient opposés entre ell~,
sans selllente, et de loutes les cho5es du Monde comme si elles pou­ et que le bien de l'un des amours soit le bien, et le bien de l'autre
yaienl exisler sans le Soleil. puisqu'ils font principes les prineipiés amour le mal, et que le vrai de l'une des fois soit le vrai, et le vrai
(principiata) , et causes les résullals des causes (causata); ainsi de l'autre foi le faux: mais l'Amoul' dont le plaisir est essentielle­
ils renversent tout, ils. assoupissent les veilles de la raison, et raient ment le bien est comme la chaleur du Soleil, fructifiant, ,vivifiant
par conséquent des songes. .
62 LA VRAfE R~~LIGION CflRÉTlENNE iS3
et opérant dans un humus ftll'lile, dans des arbres de bonne qualité 3fl, Ill. Dum, ÉTANT I:AlIfOUR lIIhlEET I.A SAGESSE JIlt.ME, EST
et dans des mOIssons, et faisant du terrain, où elle opère, ulle sorte J.A VIE lIIÈlIJE, QUI EST LA VIE EN SOI.
de paradis, do jardin de Jéhovah, et une espèce oelerrede Cnanaan; Il est dit nans Jean: " La Parole était chez Dieu, et Dieu était
et le charme ou' vrai oe ret alllour est comme la lumière du soleil , la Parole,. en Elle était la Vie, et la Vie était la Lumière des
au \l]'intemps, el comme la lumière qlli influe dan~ un vase de c.'is­ hommes. >l - 1,1,4; - da'ns ce passage, par Dieu esl enlendu
lai, oil sont renfermées de belles lieurs el d'où s'exhale une odeur le Divin Alllollr, et par la Parole la Divine Sagesse; el la Divine
sua"c ([u:md il esl Oll\'ert ; au contraire, le plaisir de l'amOllI' du Sagesse eSl[)I'oprementla Vie, eL la Vie est proprement la LUllIière
mal esl comme la chnleur clu soleil desséciJanl, suffoquanl el opé­ qui p,'ocède du Soleil du Monrle spll'ituel, daus le milieu duquel est
rant dans IIU humus stérile, el daus des arbres ingrats, lels que des Jéhovah Dieu: le Divin Amoul' fOl'me la Vie comme le fell forme
épines el des buissons, el faisant du terrain, où elle opère, une sorte la IUlllière: dans le l"eu il Ya deux chose~, ijl Causi k,i té el 1a
de désert d'Arabie hahité par des sel'p~nls, des hydres el des dip­ Splendeur; de la C:llIslicitl\ du feu procède la chaleur, el. de la
sades; el le charme du faux de cet amoul' esl comme la lumière ,Splendeur clu feu procède la lumière: dans "Amouril'y a pareille­
du soleil ell hiver, et cOlllme la IlImière qui Influe d;ms une hou­ ment deux choses, l'une il l<lquelle correspond la calJstici'lé du feu.
teille, oi! sonl des vers nageant dans du \'iuaigre, et des reptiles el c'cst quelque chose qui affecte intimemenl 13 volonté ne l'houlme;
d'ulle odeur infecte, 11 faut qu'on sache que tout bien se forme par l'autre il laquelle eorrespond la splenrlellr du flOU, cL c'esl quelque
des vrais, s'cn revêl anssi, el ~e distingne ainsi d'un autre oien ; chose qui alrecle intimement l'entendement de l'homme; c'est. cle là
il faul encore qu'on sache que les hiens d'une méme souche se lient que l'homme j\ossède l'a 111011 l' et l'inlelligence; car, ainsi qu'il a
en faisceaux et les COUHent ensemble d'un vêlemenl, el se (Iislin­ déj:'l été dit quelquefois, du Soleil du Moncle spiriluel procèdent
guenl ainsi des aulres; qllc les formations 5e f:lssenl de celte ma­ une Chaleur qui dans son eSSl~nce est l'amour, el lIne Lumière qui
nière, c'est ce qu'on voil cliliremeul d'après loul ce qui se passe en d;lI1s son rssence est la sagesse; celle chaleur el celle lumière in­
général et en particulier dans le Corps humain; que la mênle chose flilent clans [Oules el dans chacune des ehoses de l'Vmve,'s, et les
se f;js~e dans le Mental humain, cela est évidenl en ce qu'il ya une atfeclenl intimement, el inOncnt chez les hommes dans leur volonté
cOlTcspondance perpétuelle de loules les ehoses dll ment;11 avec et dans leur entendement, qui LOus deux onl élé créés réceptacies
toule~ celles du corps: de l:l il résulte que Menlal humain a été or­ de l'influx, la volonlé réceptacle de l'amOlli', el l'enlendement ré..
ganisé intérieul'emenl de subslanees spirituelles, et extérieurement ceptacle de la sagesse: de là, il est évideltt que la vie de l'homme
de subslances nalurelles, et enfin de subslanccs matérielles; le habite dans l'Entendemenl, el. qu'elle est telle qu'est la sagesse de
Men lai dont les plaisirs de l'amour sont des biens consiste inlél'ieu­ l'entendement, el que l'amour de la volonté la modifie.
rement en substances spirituelles telles qu'clics sonl dans le Ciel, 40. Dans Jean, on lil aUs~i : " Comme le Père a la vie en L1.li­
tandis que le Mental dont les plaisir5 sont des mallx consiste inté­ ,.Même, ainsi il a donné aussi au Fils d'avoir la vie en Lui­
rieurement en sllbstances spil'iluelles telles qu'elles sonl dans l'en­ Même . .. - V, 26 : - pal' 1:'1 il esl enlendu que, comme le Divin
fer, et les maux de ce mental sont liés en faisceaux par des faux, même, qui a élé de tOlile élel'nilé, vil en Soi, ainsi l'Humain qu'il
comme les biens de l'autre men lai sont. liés en faisceaux par des a IHis dans le Lemps vil aussi Cil Soi; la Vie en soi est la Vie même
vrais; puisque les biens et les maux sont ainsi liés en faisceaux. et uniqlJe, de laquelle vivent Lous les anges el Lous les hommes.
voilà pOUl'quoi le Seigneur dil, que l'Ivraie dvit être rassem­ La rnison humaine peut voir cela d'après la lumière qui procède
blée en faisceaux POU1' êt1'e brtUée, et qu'il en se1'a de du Soleil du Monde naturel, en ce que celte lumière n'est pas créa­
m~me des scandales. - l\Iallh, XIII, 30, 40, 41. Jean. hIe, mais qu'il a été créé des fOl'mes qui la reçoivent, car les yeux
XV, 6, sont ses formcs récipientes, et la lumière qui influe du soleil fait
64. LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE 65

que les yeux voient: il en est de même de la Vie, qui, comme il a voit, comme dans la clarté du jour, que dans cette origine l'amour
et la sagesse sont un, par conséquent en Dieu, de Qui procède l'o­
été dit, est la Lumière procédant du Soleil du Monde spirituel, eD
rigine de ce Soleil. Cela peUL aussi être illustré d'après le Soleil
ce qu'elle n'est pas créable, mais qu'elle influe continuellement, et
que de même qlj'elle éclaire, de même elle vivifie rEnt~ndement de du Monde naturel qui est pur Feu, en ce que de son igné
pro~'ède la .chaleur, et de la splendeur de son igné procède
l'homme; que par conséquen t, comme la Lumière, la Vie et la Sa­
la lumière, et qu'ainsi la chaleur el la lumière dans leur ori­
gesse sont eux, la Sagesse n'est pas créable, ni pareillement la foi,
~ine sont un. Mais qu'en procédant elles !'ooient divisées, on le
ni le vrai, ni l'amour, ni la charité, ni le bien, mais qu'il a été créé
'voitd'après les sujets, don t quelques-uns reçoivent plus rie chalp.ur,
des formes qui les reçoivent; les mentais humaius eL angéliques sont
et d'autres plus de lumière; cela arrive principalement chez les
ces formes, Que chacun se garde donc de se persuader que par soi
hommes.; en eux la Lumièl'ede la vie, qui est l'intelligence, et la
il vit, et que par soi il sait, croit, aime, perçoit le vrai, veut le bien
chaleur de la vie, qui est l'amour, sont divisées; il en e!'ot ainsi,
et le fait; en effer, autant Iluelcru'un se persuade cela, autant il pré­
parce que l'homme doit être réformé et régénéré, et cela ne peut
cipite son mental du Ciel en terre, et de spirituel devieut naturel.
être fait, ,1 moins que la Lumière de la vie, qui est l'Intelligence,
sensuel et corporel, car il ferme les régions supérieures de so'n
n'enseigne ce qu'il doit vouloir et aimer: cependant, il faut qu'on
Mental; de là il devient aveugle quant à tout cc qui concerne Dieu,
sache que Dieu opère continuellement la conjonction de l'amour et
le Ciel et l'Eglise, et alors tout ce qu'il pense, raisonne et dit sur
de la sagesse chez l'homme, mais que l'ho:nme, s'il ne .IOIJrne pa~
ces sujets devien t de la folie, parce ([U' i1 est dans les ténèbres, et
ses regards vers Dieu et ne croit pas en Dieu opèt'e continuellement
alors en même temps il est dans l'assurance que c'est de la sagesse;
la division; autanl donc ces deux choses, le bien de l'alllour ou de
en effet, les régions supérieures du mental, oil habite la vraie lu­
la charilé et le vrai de la sagesse ou de la foi, sont conjoinlcs chez
mière de la vie, étant ferlnées, alors s'ouvre la région inférieure du
J'homme, autant l'homme devient l'in:age de Dieu, et est élevé ver's
mental, dans IU1luaiie est seulement admise la lueur du Monde, et
le Ciel et dans le Ciel où sonlles anges; et vicl; versa, autant ces
cette lueur séparée de la lumière des régions supérieures est une
dp.ux cho~es sont divisées par l'homme, autant rhomllle devient
lueur fantastique, dans laquelle le~ faux se montrent comme vrais,
l'image de LlJcifer et du Dragon, et est précipité du Ciel ell terre,
'et les vrais comme fanx, le raisonnement fondé sur des faux comme
et ensuite sous la terre en Eufer: par la conjonction de l'amour
sagesse, et le raisonnement fondé sur des Hais comme folie; et
et de la sagesse, l'état cie l'homme devient comme l'état d'un arbre
alors l'homme croit avoir la vue de l'aigle, quoiqu'il ne distingue
dans la saison du pnntemps, quand la chaleur se conjoinl en éga­
pas plus ce qui concernc la sagesse, qu'une chauve-souris ne voit
lité avec la lumière, d'où résultent la gel'mÎualion, la floraison et
dans la lumière du JOUI',
la fructification de l'arbre; et vice ve1'sâ par la division de l'amour
4L VI. L' .\)WUll ET I.A SAGESSE EN DIEU FONT Vi\".
el de la sagessse, l'étal de l'homme devient comme celui de l'arure
TouL homme Sage dans l'Eglise sait que tont ilien de l'amour et
dans la saison de l'hiver, quand la chalem se rctire de la lumière,
de la charité vient de Dieu, et parei:Jement tout Hai de la sagesse
d'où résulte pour l'arbre la privation et le rlépouillcmcnt de toute
et de la foi; qu'il en soit ainsi, la Raison humaine peut même le
fleut' et de loute feuille. Quand la chaleur spirituclle, qui est ra­
voir, pourvu qu'elle sache que l'origine de l'mnou .. et de la sagesse
mOllI', se sépare rie la lumière spirituelle, qui est la sagesse, ou,
procède du Soleil du Monde spirituel, dans Je milieu duquel est cequ i est la même chose, quand la charité se sépare de la foi,
Jéhovah Dieu, ou, en d'autres termes, que celle ol'igiue procéde l'homme devient comme lin humlls qui !'o'aigrit ou se pourrit, dans
de Jéhovah Dieu par le Soleil qui est autour de Lui; en effet, la
lequel naissent des vers, et s'il produit des arbrisseaux, leurs
Chaleur procédant de ce Soleil ést dans son essence l'amour, et la
feuilles sont couvertes d'insectes et dévorées; cn effet, les attraits
lumière qui en procède est dans son essence la sagesse; d'où l'on
J. 5
r

66 LA VRA.IE RELIGION CHRÉTIENNE 67


de l'amour dll mal, qui en eux mêmes sont des concupiscences, ~ela­ pies; et en outre il en est qui ne veulent pas et qui ne peuvent pas
tent tout à coup, et l'Intelligence ne les dompte ni ne les réprime, percevoir le vrai, mais qui perçoivent seulemeflt le filllX, et cela,
mais elle les chérit, les entretien t et les nourrit; en un mol, dIviser parce qu'ils sont dans une lumière fantastique, dans laquelle le
l'amo:lr et la sagesse, ou la charité et la foi, que Dieu s'efforce faux se montre comme le vrai, elle vrai se montre ou comme quel­
continuellement de conjoindre, c'est, par comparaison, priver de que chose de caché au-dessus de la tête dans un nuage épais, ou
rouge la face, de là une pâleur comme celle d'un mort, ou enlever comrr:e un météore, ou comme le faux. Les pensées de ceux-ci sont
au l'ouge le blanc, ce qui rend la face comme une torche enflammée; représentées pardes hiboux, et leurs paroles par des chats-hllants;
c'est encore, par comparaison, rompre le lien conjugal entre deux 1\ parmi ces derniers, ceux qui ont confirmé leurs faux ne suppor­
époux, et faire que l'épouse devienne prostituée et le mari adultère; tent pas d'entendre les vrais, et dès que quelque vrai frappe l'ou­
cal' l'amour ou la charité est comme le mari, et la sage!\se ou la foi verture de leur oreille, ils le rejettent par a\'ersion, à peu près
est comme l'épouse, et comme oes deux choses sont sf.'>parées, il se comme un estomac chargé de bile vomit la nourriture.
fail 1JlIe proslitution spirituelle et une scortation spirituelle, qui 43. V. L'ESSENCE DJ~ r}Al\romi EST D'ADIEH LES AUTEES Hons DE
soutta falsilicalion du \'rai etl'adultératiou du bien. SOI, DE VOTTU)l[\ ÊTRE UN AVEC EUX, ET DE LES HENDRE HEUl\ EUX
42. li faut en outre qu'on sache qu'il y a trois degrés d'amour l'AR SOr.
et de sagesse, et par suite trois degrés de vie, et que le \\fenlal 11 y a deux choses, l'ArnOUl' et la Sagesse, qui font l'essence de
humain a .été formé comme en régions selon ces degrés, et que la Dieu, mais il y en a trois qui font l'essence de son amour: Aimer
vie dans la région suprême est dans le degré suprême, dans la se­ les autrf'S hors de soi, vOldoir être un avec eux, et les rendre heu­
conde région dans le degré moyen, et dans la dernière région dans reux par soi; ces trois mêmes choses font aussi l'essence de sa sa­
)e del-(ré infime; ces régions sont successivement ouvertes chez les gesse, parce que l'Amour et la Sagesiie en Dieu font un, ainsi qu'il
hommes; la dernière région, où la vie est dans le degré infime, a été montré ci-dessus; mais l'Amour vent ces choses, et la Sa­
s'ouvre depuis la première enfance jusqu'à la seconde (pueritia), gesse les produit. LI'; PREMIER ESSENTIEL, qui est d'aimer les au­
et cela se fait par les scillnces; la seconde région, où la vie est dans, t?'es hors de soi, est reconnu d'après l'amour de Dieu envers tout
un degré plus grand, s'ouvre depuis la seconde enfance jusqu'à l'a­ le Genre humain, et à cause du Genre humain Dieu aime toutes les
dolescence, eL cela se fait par IllS pensées provenant des sciences; choses qu'il a créées, parce qu'elles sont des moyens; C31" qui aime
et la région sl!prême, olt la vie est dans le degré suprême, s'ouvre la fin, aime aussi les moyens: tous et toules choses dans l'llnivers
depuis l'adolescence jusqu'à la jeunesse et au-delà, et cela se fait li sont hors de Dieu, parce qu'ils sont finis, et que Dieu est Infini:
par les perceptions des vérités et morales et -spirituelles. Enfin, il Il J'amOlli' l'le Dieu va et s'étend non-seulement sur les bons et sur les
faut qu'on sache que la perfection de la vie consiste non pas dans chose,:; bonnes, mais aussi sur les méchants et sur les choses mau­
la pensée, mais dans la perceptioll du vrai d'apr~s là IUll'lière du vaises, par conséquent non-seulement sur ceux qui sont dans le Ciel
vrai; c'est de là qu'on peut. juger des différences de la vie chez les et sur les choses que le Ciel renferme, mais aussi sur ceux qui son t
homme:;; en effet, il en est qui, aussitôt qu'ils entendent le vrai, ·dans l'Enf!3r ct snI' les choses que l'Enfer renferme, ainsi non-seu­
perçoivent que c'est le vrai, ceux-ci dans le Monde spiJ'ituel sont lement sllr Michel et Gabriel, mais aussi sur le diable et Satan; car
représentés par des aigles; il en est qui ne perçoivent pas le vrai, partout et de tOlite éternité à toute éternité Dieu est le l\lême; aussi
mais qui le concluent d'après les confirmations par les apparences, dit-il que, « son Soleil il fait lever su?' méchants et boi~s, et
ceux-ci sont représentés pal' des oiseaux qui ont une voix agréable; qu'il envoie la pluie su?' justes et injustes. Il - Matth. V, 43;
il en e~t qui croient qu'une chose est le vrai, parce qu'elle a été - mais néanmoins si les méchants sont méchanls, et si les choses
dite par une homme d'autorité, ceux-ci sont représentés par des mauvaises sont mauvaises, cela tient aux sujets méDles et aux objets

~
-
68 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE 6~

mêmes en ce qu'ils reçoivent l'amour de Dieu, non tel qu'il est et. meIlt -ceux qui reçoivent en eux cet. Amour de Dieu; ce sont ceUJ;
se troul'e intimement, mais tel qu'ils sont eux-mêmes, comme font ,qui croient en Dieu et aiment le prochain; la charité chez eux est.
pareillement l'épine et l'ortie à l'égard (ie.la chaleur du soleil et de l'image de cet amour. L'amitié entre ceux qui ne sont pas bons
la pluie du Ciel. LE SECOND ESSENTIEL DE L'AMOUII DE DIEU qui est' imite même cel amour; en effet, l'ami il sa table donne les meilleurs
de VOlt/OU' êtl'e un avec eux, est reconnu aussi d'après la con­ morceaux ~ son ami, il l'embrasse, il lui saisit la main et la lui
jonction de Dieu :lI'ec le Ciel Angélique, arec l'Eglise dans les .serre, et il lui promet ses services. Les sympathies et les efforts des
terres, avec chaque homme de l'Eglise, et avec tOllt bien· et tout hO'mogènes et des semblables pour la conjonction, ne tirent pas
"Vrai, qui entrent dans l'homme et dans l'Eglise et qui les consti­ ,d'autre part leur ~rigine, Cette même Sphère Divine opè re aussi
tuent; l'amour aussi, considéré en lui-même, n'est autre chose, ·dans les choses inanimées, comme les arbres et les herbes, mais
qu'un effort vers la conjonction: c'est pourquoi, afin que cette pro­ par le Soleil du Monde, et par sa chaleur et sa lumière, car la cha...,
priété de ['l}ssence de l'amoul' fLit obtenue, Di eu a créé l'homme ft ,leur entre en eUes par le dehors, se conjoint avec elles, et fait
~on image et à sa ressemblance, avec lesquelles la conjonction peut ·qu'elles germent, fleurissent et fructifient, ce qui tienr'la place de
être faite :-que l'Amour Divin tende continuellement à la conjonc­ .Ia oéatiturie dans les choses animées; voilà ce que fait cette cha­
tion, cela est évident d'après ces paroles du Seigneur, " qu'il veut 'leur, parce qu'el1e correspond à la chaleur spirituelle, qui est l'a­
qu'ils soient un, Lui en eux et eux en Lui, et que t'amoul' de mour, Il ya aussi dans les divers sujets du Règne minéral des re-,
Dieu soit en eux, " - Jean, XVII, 2t, 22, 23, 26. - LE TIIOI­ présentations de l'opération de cet amour; ses typiques se mani­
SIÈME ESSE~TIEL DE L'A~IOUH ilE DIEU, qui est de les "endl'e heu­ festent dans les exaltations des minéraux pour les usages et par
reux par soi, est reconnu d'apl'ès la vie éternelle, qui est la béati­ suite pour des valeurs de grand prix,
tude, le bonheul' et la félicité sans lin, qlle Dieu donne à ceux qui 40. Par la description de l'Essence du Divin amour, on peut
reçoivent en eux son amour; en effet, comme Diell est l'Arnoul'­ ",'oir quel est l'essence de l'amour diabolique, on peut le voir d'a-'
même, car tout amour exhale de soi un plaisir, et le Divin amour­ .près l'opposé; l'amour diabolique est l'amour de soi, il est appelé
exhale la béatitude même, le bonheul' même et la félicité même' amour, mais considéré en lui-même, c'est la haine, car il n'aime
durant l'éternité, ain~i Dieu rend heureux par soi les Anges, et les; personne hors de lui, et il veut être conjoint aux :wtres non pas
hommes après la mort, se qui se fait par la con jonclion avec eux. pour leur faire du bien, maIs seulement pour s'en faire il lui-même;
-1.4, Que tel soit le Divin AnJoul', cela est connu d'après sa Sphère.. par son intime il aspire continuel1ement il dominer sur tous, et
qui se répand dans l'Univers, et affecte chacun seloll l'état de cha­ .aussi à posséder les biens de tOIlS, et enfin à être adoré comme Dieu:
cun; elle affecte surtout les Parents; c'est d'après elle qu'Ils ai­ c'est par cette r<lison même que ceux qui sont dans l'Enfer, ne
ment tendrement leurs enfants, qui sont hors ù'eux; qu'ils veulen'i. reconnaissent point Dieu, mais ils reconnaissent pour dieux ceux
être un avec eux et qu'ils veulent le:'. rendre heureux: celle Sphère dit ,qui surpassent les autres en pouvoir, ainsi des dieux inférieurs et
Divin Amour affecte non-seulelllenties Lons, tllais aussi les méchants,. .des dieux supérieurs, ou des dieux plus petits et des dieux plus grands,.
et non-seulement les hommes, mais aussi les bêles et les oiseaux de 'selon l'étendue du pouvoir; et comme là chacun porte dans son
tout genre; la mère, quand elle a infanté, pense-Hile il autre chose <lœur cette même ambition, chacun est aussi dévoré de haine contre
qu'il s'unir pour ainsi dire à son eufanf, et il pourvoir il son bien? L'oi­ -son dieu, et celui-ci contre ceux qui sont sons son empire, et il
seau, forsqu'il afait sortil' des œufs ses petits, fail-il autl'e chose quede les considère comme de vils esclaves, avec qui il parle, il est vrai,
les récllauffer sous ses ailes, et d'insérer par leur petit bec de la nourri- . .avec douceur tant qu'ils l'adorent, mais il est, comme par le feu •.
ture dans leur gosier,? N'est-il pas connu que les serpents'et les vipè­ transporté de fureur contre tous les autres, et aussi intérieurement
res aiment leur progéniture? Celle sphère universel1e affecte spéciale- oO-u.dans le cœur, contre ses clienls; en effet, l'amour de soi est le.
"10 LA VRAIE RELIGION GHRÉTIENNE 71
même que l'amour des voleUl's, qui s'embrassent mulueHement" par la Providence à tout homme qui reçoit l'amour de Dieu, et dans
quand ils exercent leurs brigandages, mais qui ensuite brûlent dUI lequel tous sont heureux par Dieu seul. Que ces trois essentiels de
désir de se maSS:lCrer, pour se dérober leurs portions du hutin •. l'amour de Dieu soient aussi la cause de la conservation de l'Univers,
C'est cet amour qui est cause que ses cupidités dans l'Enfer, où il' c'est parce que la Conservation est une perpétuelle Création, comme
règne, apparaissen t de loi n comme diverses espèces de bêtes féroces; la suhsistance est une perpétuelle exislence ; et que le Divin Amour
les unes, comme des renards et des léopards; les autres, comm~ el'lle même de toule étefllité à (oute éternité; ainsi, lei il a été en
des loups et des tigres; et d'au Ires, comme des crocodiles et des. creailt le Alonde, tel il est el demeure dans le monde créé. .
serpenls venimeux: et que les déserts, où ils vivent, ne consistent 47. Par ces explicalions bien comprises on peut v.oir que l'Uni­
qu'en monceaux de pierres, ou en gravier nu, parmi lesquels sont vers est un Ouvrage cohérent depuis les premiers jusqu'aux derniers,
des marais olt cl'oassent des grenouilles; et que sur leurs hUiles parce que c'rost un ouvrage qui contient .les Fins, les Causes et les
voltigent des oiseaux lugubres qui poussent des cris lamentables :. Effets dans un enchaînement indissoluble: et comme dans tout
Jes ochim, les tziim et les jiim, qui sont nommés dans les livres amour il y a la fin, et que dans toute sagesse il y a promotion de la
prophétiques de la Pal'ole, où il est question de l'amour de comman­ fin par les causes moyennes et par ces causes aux effets, qui sont les
der d'après l'amour desoi, ne sonl pas autre chose, - Esaïe, XJII, usages, il en résulte aussi que l'Univers est lin Ouvrage qui contient
21. Jérém. L, 39. Ps. LXXIV, 14. Je Divin Aillour, la Divine Sagesse et les Usages, et ainsi un Ouvrage
46, VI. CES ESSENTIELS DE I;A~IOUR DIVIN ONT ETE LA CAt:SE DE.. tout à fait cohérent depuis les premiers jusqu'aux derniers, Que
LA CRI~ATlON DE L'UNIVERS, ET SONT LA CAUSE DE SA CONSERVATION. l'Univers consiste en de perpétuels Usages produits par la Sagesse
Que ces trois Essentiels de l'amour Divin aient été la cause de et commencés par l'Amour, c'est ce que lout homme sage peut
la Création, c'est ce qu'on peu t voir en les scrutant et en les exa­ contempler comme dans un miroir, quand il s'acquiert une idée
minant; que le PREmER ESSE NTlEL, qU1: est d'aimer les autres commune de la Création de l'Univers, et qu'en elle il considère les
hors de soi, en ait été la cause, on le voit par l'Univers, qui est choses particulières, car les particuliers s'adaptent à leur commun,
hors de Dieu comme le monde est hors du Soleil, et sur lequel Dien et le commun les dispose en forme afin qu'ils concordent; que cela
peut étendre son amour, et dans lequel il peut l'exercer, et ainsi, soit ainsi, c'est ce qui sera illustré dans la suite par de plus grands
se reposer ; aus~i iii-on, qu'après que Dieu eut créé le Ciel el la. détails.
Terre, il se reposa, et que de là fut fait le jour du Sabbath. _ .,. of. ... ... ..

Gen. Il, 2, ;3. - Que Je SECOND ESSE"'TlEL, qU1: est de vouloù' 48. A ce qni précède j'ajoulerai ce MÉ~IORABLE. Un jour' je m'en­
hre un avec eux, en ait été la cause, on le voit pal' la créalion de. tretins avec deux Anges, l'un était du Ciel oriental et l'autre du
l'homme à l'image et à la ressemblance de Dieu, par lesquelles il Ciel méridional; lorsqu'ils perçurent que je méditais sur les Ar­
est enlendu que l'homme a été fait forme l'écipiente de l'amour et canes de la sagesse concernant l'Amour, ils me dirent: As-tu quel­
de la sagesse qui IH'ooèdent de Dieu, ainsi Dieu pelll s'unir avec que connaissance des Jeux de la sagesse dans no tre monde? Je ré­
lui, et pOlll' lui avec toutes et chacune des choses de l'univers, qui pondis: Pas encore; et ils dirent: Il y en a plusieurs, et ceux qui
ne sont que des moyens; car la conjonction avec la èause finale est aiment les vrais d'après l'affection spirituelle, ou parce que ce sont
aussi la conjonction avec les cause5 moyennes; qlle Ioules choses. des vrais et que la sagesse existe par les vrais, se réunissent à un
aient élé créées pour l'Homme, c'est aussi ce que prouve le Livre.. signal donné, et ils agitent et décident des questions qui appartien­
de la Création ou la Genèse, Chap. 1,28, 29, 30. - Que le TROI­ nent à un entendement très-profond. Alors ils me prirent par la
SIÈME ESSENTIEL qui est de les 'J1end,'e heureux par soi, en ait main, en disant: Suis-nous, et tu verras el"lu entendras: le signal
été la cause, on le voit par le Ciel Angélique, lequel a, été destiné- de la réunion a été donné aujourd'hui. Je fus conduit à travers une
....)
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1
1
72 LA VRAIE , RELIGION CHRÉTIENNE 73
plaine vers une colline, et voici, au pied de la colline, un porliqlle de la création: "Dieu dit: Faisons l'homme à NOTRE bIAGE, à LA.
de palmiers, continué jnsqu'à son sommet; nous y entrâmes et nous RESSEMBLANCE DE DIIW il le fit. » - 1. 26, 27. - « Au jour que
montâmes; et sur la tête ou le sommet de la colline je vis un Bo­ Dieu créa l'homme, à LA REssEalBLANCE DE DIEU itlefit.« Gen. v, 1.
cage, entl'ê les arbres duquel un terrain élevé formait une !'orte Ceux ql~i étaient assis au SEPTENTRION parlèrent d'abord, disant
III 1 de Théàtl'e, où il y avait une Plate-forme, pavée de petites pierres 'qne l'Image de Dieu et la Ressemblance de Dieu sont les deux Vies
1
de diverses couleurs: autour de cette Plate-forme en carré ava.ient 'inspirées en l'homme par Dieu, c'est-à-dire, la Vie de la volonté
III 1 été placés des Siéges sur lesquels étaient assis les amateurs ~ la ,et l, Vie de l'entendement, car il est dit: Il Jéhovah Dieu ins­
sagesse; et dans le milieu du Théâtre était Ine Table, sur laquelle pira dans les narines d'A dam une âme de V JES, et l'homme
\ avait été placé un Papier cacheté. Ceux qui étaient assis sur les fut fait en Ame vivante... - Gen. II, 7; - Par quoi il paraît
Siéges nons invitèrent à prendre des Siéges encore vacants, et je être entendu qn'jllui a été inspiré la volonté du bien et la Percep­
répondis: J'ai été conduit ici par deux Anges pour voir et écouter, ,tion du vrai, et ainsi Ilne Ame de vies: et comme la vie lui a été
el non pour m'asseoir: et alors ces deux Anges allèrent au milieu inspirée par Dieu, l'Image et la Ressemblance signifient l'intégrité
de la Plate-forme vers la tahle, et ils rompirent le cachet du pap,ier .en lui d'après l'amour et la sagesse, et d'après la justice et le ju­
et ils lurent derant ceux qui étaient assis les arcanes de la sagesse gement. Ceux qui siégeaient à l'OCCID~NT étaient favorables il cette
écrits sur le papier, lesquels allaient être agités et développés; ils ,opinion, en ajoutant cependant que l'état d'intégrité, qui lui a été
avaient été écrits par les Anges du troisième ciel, et envoyés sur inspiré par Dieu, est continuellement inspiré il chaque homme après
la table; il y avait trois Arcanes, le PIlEMIER: Qu'est-ce que l'I­ lui, mais qu'il est dans l'homme comme dans un réceptacle, et que
,, "
mage de Dieu, et qu'est-ce que la Ressemblance de Dieu, selon l'homme étant un réceptacle est l'image et la ressemblance de Dieu.
lesqueLLes l'homme a été créé? Le SECOND: Pourquoi l'homme Ensuite les Troisième en ordre, savoir, ceux qui siégeaient au
ne naît-il dans ta science d'aucun amour, lorsque cependant MIDI, dirent: L'Image de Dieu et la Ressemblance de Dieu sont
les Bêtes et tes Oiseaux tartt nobles qu'ignobles, naissent dans Il ~eux choses distinctes, mais unies dans l'homme pal' la création, et
tes Sciences de tous lem's amours. Le TROlSIÈaIE: Que signifie nons voyons comme par une sorte de lumière intérieure que l'homme
l'A1'b1'e de vie,. que signifie l'Arbre de la science du bien et p€llt détruire l'image de Dieu, mais non la ressemblance de Dieu;
du mal, et que signifie l'Action de manger de ces arbres? Au cela se présente comme à travers un voile, en ce qu'Adam a retenu
bas était écrit: Réunissez les trois décisions dalls une seule sen­ la ressemblance de Dieu, après.qu'iI eut perdu l'image de Dieu. car
tence, et écrivez-la sur un nouveau Papier, et replacez-le sur cette
table, et nous \errons; sila sentence, dans la balance, parait de r~ :Jprès la malédiction, on lit ces p'aroles: « Voici, t'homme est
comme l'un de noltS, sachant te bien et te mal. .. - Gen, III,
poids et juste, le prix de la sagesse sera donné à chacun de vous. '22. - Et ensuite il est appelé ressemblance de Dieu, - Gen. V, t,
Apl'ès ceLLe lecture les deux Anges se retirèrent, et ils furent ell­ - mais laissons dire à nos co-associés qui siégent à l'ORIENT, et
levés dans leurs Cieux. Et alors ceux qui étaient assis sur les Sié­ ~ont par conséquent dans une lumière supérieure., ce que c'est
ges commencèrent à agiter et à développer les Arcanes qui leur proprement que l'image de Dieu, et ce que c'est propre­
1 étaient proposés, et ils parlèrent en ordre; d'abord, ceux qui
1
1
ment que la ressemblance de Dieu. Et alors, après que le si­
1
,
1
étaient assis au Septentrion, ensuite ceux qui étaient fi l'Occident, lence fllt établi, ceux qui étaient assis à l'ORIENT se levèrent de
i~ puis ceux qui étaient à l'Orient; et ils prirent le Premier sujet de leurs sièges, et ils portèrent leurs regards 'vers le Seigneur,
discussion, qui était: QU'EST-CE QUE L'UIAGE DE D'EU, ET QU'EST-CE et ensuite ils se replacèrent sur leurs sièges, et ils dirent: L'Image
1 QUE LA RESSEMBLANCE DE D'lEU, SELON LESQUELLES L'HOMME A ÉTÉCllÉÊ? de Dieu est le réceptacle de Dieu, et Dieu étant l'Amour même et
}
Et alors on lut d'abord devant tous les assistants ces passages du Livre la, sagesse même, l'image de Dieu est la réception de l'amour et de

--1 --­
'li LA VRAIE RELIGION CHR);;ffIENNE. 75
la sagesse qui procèdent de Dieu dans l'homme; mais la Ressem- lui comme si elles lui apparlenaient ; mais néanmoins par celle res-
blance de Dieu est une parfaite ressemblance et une pleine appa- semblance il n'esl l'image de Dieu, qU'âutant qu'il reconnalt que
rence comme si l'amour et la sagesse étaient dans l'homme, et par ramour et la sagesse, ou Je bien et le vrai, ne sont point en lui des.
suite absolument comme s'ils lui appartenaient; car l'homme ne choses lui apparlenant, et qu'ainsi elles ne viennent pas non plus
peut faire autremtlnt que de sentir qu'il aime par lui-même et qn'il de lui, mais qu'elles sont seuleinent de Dieu et viennent par consé-
est sage par lui-méme, ou qu'il veut le bien et comprend le vrai quent de Dieu.
pal' lui-mème, lorsque cependant ce n'est pas en la moimire Apl'ès cela, ils prirent le second degré de·la discussion: " POUR-
chose par lui-même, nJais c'est par Dieu; Dieu seul aime par QUOI L'nOMME NE NAIT-IL DANS LA SCIENCE D'AUCUN AMOUR, LOIISQUE CE-
lui-même et est sage par lui-même, parce que Dieu esl l'AmOlrr PENDANT LES ll~TES ET LES OISEAUX, TANT NOBLES QU'IGNORLES, NAISSENT
même et la Sagesse même; la ressemblance ou l'apparence que l'a- DANS LES SCIENCES DE TOUS LEURS AMOU liS, D'abord, ils confirmèrent
mour et la sagesse, ou le bien et le vrai, sont dans l'homme comme la vérité de la proposition par divers moyens, p.ar exemple, au su-
lui appartenant, fait que l'homme est homl11e, et qu'il peut êlre jet de l'homme, qu'il ne naît dans aucune science, pas même dans
conjoint à Dieu, et ainsi vivre dans l'élernilé; il suit de là que la science de l'amolli' conjugal; et ils s'informèrent, et des observa-
l'homme est homme, en ce qu'il peut vouloir le bien et cOllllJl'endre teurs leur apprirent que l'enfant ne connait pas même par une
le vrai absolument comme par lui-même, et néanmoins savoir et science innée la mamelle de la mère, mais que c'est la mère ou la
croire que c'esl pal' Dieu, car à mesure qu'il le sait et le croit, Dieu nourrice qui la lui fail connaitre en l'en approchant; que seulement
place son image dans l'homme, 11 en sel'ail autrement s'il cl'oyait il sail têter, et qu'il a appris cela par une c'ontinuelle succion dans
que c'est par lui-lIléme et non ]Jal' Dieu. Après qu'ils eurent ainsi l'utérus de la mère; que plus lard il ne sait ni marcher, ni articuler
parlé, le zèle que prodtiitl'amour de la vérité les saisit, el ils pro- le son en aucune parole humaine, ni même exprimer par des SOIlS,
noncèrent ces paroles: Commel'lll'homme peut-il recevoir quelque comme les bêles, les affeclions de l'amonr ; qu'en outre, il ne con-
chose de l'aniOul' et de las3gesse, el le retenir el le repl'oduire,. naît aucun des alimenls qui lui conviennent, comme les connaissenl
s'il ne le sent pas comme lui appartenant! Comment peuL-il exister Jes bêles, mais qu'il prend ce qu'il rencontl'e, que ce soit propre
une cOlljonclion :Jvec Dieu pal' l'amour el par la sa~e~se, s'il n'a pas ou sale, et le porle à sa bouche: ces observateurs direnl que l'homme,
été donné il l'honHlJe quelque réciproque de conjonclion, car sans sans l'inslruction, ignore absolument les mauières d'aimer le sexe,
un réciproque aucune cOlijonclion ne peut exister; et le réciproque et que même les jeulles filles et les jeunes g·arçons les ignorent. s'il&
de la conjonction est que l'homme aime Dieu et fasse les choses qui D'en ont lJas élé 'inslruils par d'autres: en un mot, l'homme naît
sont de Dieu cOlllme par lui-même, et croie cepend:lOt que c'est corporel comme le ver; et il demeure corporel, à moins qu'il n'ap-
par Dieu! Comment l'homme peul-il vivre dans l'éternité, s'il n'a prenne par d'autres à savoir, il comprendre et à ètre .83ge, Après
pas été conjoint il Dieu éternel! Et par conséquent comment l'homme cela, ils confirmèrent que les Bêles, tant nobles qu'ignobles, comme
peut-il être homme sans cetle ressemblance en lui! A ces mols lous. Jes animaux de la terre, les oiseaux du ciel, léJ repliles, les poissons,
·applaudirenl, et ilsdirent: Qu'il soil tiré une conclusion de ce qui ces vers qu'on appelle insectes, I~aissent dans toutes les sciences des
vient d'êlre dit, et l'on en lira celle-ci: L'Homme est le réceplacle amours de leur vie, par exemple, dari's tout ce qui concerne la nu-
de Dieu, el le Réce~)lacle de Dieu esl l'image de Dieu; et comm~ trition, dans tout ce qui concerne J'habitation, dans tout ce qui
Dieu est l'Amour même el la Sagesse même, l'homme eslle Récep- concerne l'amour du sexe el de la prolificaticn, et daus lout ce
tàcle de l'amour el de la sagesse, et le Réceptacle devient l'image qui concel'ne l'éducation de leurs pelils: ils confirmaient cela par
de Dieu l>elon qu'il reçoit: et l'homme est la ressemblance de Dieu,. des merveilles, qu'ils rappelaient dans leur mémoÏI'e, d'après ce
en ce qu'il sent en lui que les clIOses qui vienhent de Dieu so'n/elll qu'ils avaient vu, entendu et lu dans le ~Iondenalurel, où ils avaient
76 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 77
vécu auparavant, et dans lequel il y a des bêtes non pas représen­ affections de l'amour innées (cannatle) limitent celle progression;
tatives mais réelles, Après que la vérité de la proposition eut été mais les seules facultés et inclinations innées ne limilenl rien; c'est
ainsi prouvée, ils appliquèrent leurs menlals à rechercher et à pour cela que l'homme peut être perfectionné par la science, l'in­
trouver les causes par lesquelles ils développeraient et découvri­ telligence et la sage:,se pendant l'éterllité, Ceux du MIDI parlèrent
raient cet Arcane; et ils dirent lous: Cela ne peut exisler ainsi ensuite, ct ils émirent leur opinion en disant: Il est impossible à
que d'après la Divine Sagesse, afin que l'homme soit homme et que' "l'homme d'acquérir de lui-même aucune sciellce, mais c'est d'après.
la bête soit bète, et qu'ainsi l'imperfection de naissance de l'hom.e les autres qu'il doit acquérir la science, puisqu'aucune science n'est
en devienne la perfeclion, et que la perfection de naissance de la innée (cOllnala) en lui; el comme il ne peut acquéJ'ir de lui-même
bête en soit l'imperfection, aucune science, il ne peut non plus aCl\uêril' aucun amour, puisque·
Alors, ceux du SEPTENTfilON commencèrent d'abord à don'ner où n'est pas la science, là n'est pas l'amour; la science et l'amour
leur opinion, et ils dirent que l'homme naît sans les sciences, afin sont des compagnons indivisibles, et ne peuvent pas plus être sé­
qu'i! puisse les recevoir loutes, tandis que s'j[ naissait dans les parés que la volouté el l'entendement, 011 ['affection ct la pensée,
sciences, il ne pourrait en recevoir d'autres que celles dans les­ enfin pas plus que l'essence et la forme; à mesure donc que ['homme
quelles il serait né, et qu'alors il ne pourrait non plus s'en appro­ acquiert des autre:; la science, l'amour s'y adjoint comme compa­
prier aucune; ils illustraient cela par comparaison: L'homme à sa gnon de la science; l'amour uni\'Grsel qui s'y adjoint est ['amour
naissance est comme un humus dans lequel aucune semence n'a été de savoir, et ensuite 'l'amour de comprendre et l'amour d'être sage;
répandue, mais qui né-anmoins peut recevoir toutes semences, et les ces amours sont à l'homme seul, et ne sont à aucune bête, el ils.
faire croître, et fructifier; la bêle, au contraire, est cornille un influent de Dieu. Nous convenons, avec nos compagnons de l'Occi­
humus déjà ensemencé, et rempli de gramen et d'herbes, lequel dent, que l'homme ne naît dans aucun amour, ni par conséquent
ne reçoit d'autres semences que celles qui y sont semées; si dans aucune science, mais qu'il naît seulement dans l'inclination à
d'autres lui étaient confiées, il les étoufferait; de là vient que aimer, et par suile dans la faculté de l'ecevoil' les sciences, non de
l'homme, pour acquérir toute sa croissance, emploie plusieurs lui-même, mais d'après d'autres, c'est-il-dire, par l'intermédiaire
années, pendant lesquelles Il peut, comme un humus, être des autres; il est dit par l'intermédiaire des autres parce que
,cultivé et produire comme des moissons, des fleurs et des ceux-ci n'ont rien reçu non plus d'eux-mêmes, mais ils ont reçu
arbres de toute espèce, tandis que la bète acquiert sa croissance en originairement de Dieu, Nous convenons aussi avec nos compagnons
très-peu d'années, pendant lesquelles elle ne peut être cullivée que du Septentrion, qLle ['homme à sa naissance est comme un humus
dans les sciences qu'elle a reçues en naissant. Ensuite ceux de l'Oc­ dans lequel aucune semence n'a été répandue, mais où peuvent ètre
CIDENT parlèrent, et ils dirent que l'homme ne naît pas science. semées toutes choses tant nobles qu'ignobles; de là vient qu'il a été
comme la bète, mais qu'il nait Faculté et Inclination, Faculté pour nommé HO~BIE du mot Hnmus, et ADAM du mot Adama qui est l'Hu­
savoir, et Inclination pOlir aimer, et qu'il naît Faculté non-seule­ mus. A cela nous ajoutons que les Bêtes naissent dans les amours.
ment pour aimer les choses qui sont de lui et du moIide, mais aussi naturels, et par suite dans les sciences qui y correspondent, et que
celles qui sont deDieu et du Ciel; I(U'en conséqnence l'homme naît néanmoins de ces sciences elles ne savent rien, ne pensent rien,
Organe. vivant il peine par les sens externes, si ce n'est obscuré­ ne comprennent rien et ne discernent rien, mais qu'elles y sont
ment, mais nullement par les sens internes, afin que successivement conduites par leurs amours, à peu près comme les aveugles dans les
il vive, et devienne hom.me, d'abord naturel, ensuite ratioilneI et rues par des chiens, cal' elles sont aveugles quant à l'entendement;
enfin spirituel; ce qui n'arriverait pas, s'il naissait dans les ;.;ciences ou plutôt ellei't sont comme des somnambules qui font ce qu'ils
et dans les amours comme les bêtes; en effet, les science~; et les fon t d'après une scien~ aveugle, l'entendement étant assoupi, Ceux
'78 LA VRAJE RELIGION CllRÉTIENNE. 79
ne l'Orient parlèrent en dernier lieu, et ils direnl: Nous consen­ allons parler, mais comme l'homme fie prend rien de lui-même, et
tons anx opinions que nos frères ont émises, que l'homme ne sait lire tout de Dieu, nous parlerons d'après Dieu, mais néanmoins
rien de lui-même, mais qu'il sait d'après les autres et par l'inter­ d'après nous comme si c'était d'après nous-mêmes; et alors ils di­
médiaire des autres, afin qu'il connaisse et reconnaisse que tout ce rent: L'Arbre signifie l'homme, et le, fruit de l'arbre le bien de la
qu'il sait, comprend et discerne, vient de Dieu; et qu'autrement vie; de là l'Arbre de vie signifie l'homme vivant par Dien; et
l'homme ne peut naître ~t être engendré de Dieu, ni .devenir SOft .comme l'amour et la sagesse, la charité et la foi, ou le bien et le
image et sa res~elr.blance ; car il devient l'image de Dhm, en ce vrai, font la vie de Dieu dans l'homme, l'Arbre de vie signifie
qu'il reconnaitet cl'oit qu'il a reçu et reçoit de Dreu, et nop oe lui­ l'homme en qui ces choses sont par Oiell, et par suite la vie éler­
même, lout bien de l'amour et de la charité, et Lout vrai de la sa­ nelle pour l'homme: l'Arbre de vie dont il sera donné de manger.
gesse etde la foi; et il est la ressemblance de Dieu, en ce qu'il sent - Apoc. Il, 7; XXII, 2, 14, - a la même signit1cation. L'Arbre
en lui ce bien et ce vrai comme venant de lui.même; il sent cela, ,de la science du bien et du mal signifie l'homme qui C1'oit "ivre par
parce qu'il ne naH point dans les sciences, mais les reçoit, et qu'il lui-Illême et lion par Dieu, ainsi, qui croit que l'amour et la sagesse,
lui semblp. que ce qu'il reçoit l'ient de lui; Dieu donne même à la charité et la foi, c'est-à-dire, le bien et le vrai, appartiennent
l'homme de sentir ainsi, afin qu'il soit homme et non bête, puisque ,dans l'homme à l'homme, et non à Dieu, croyant cela parce qu'il
par cela qu'il veut, pense, aime, sait, comprend cl est sage comme pense et veut, parle et agit en toute ressemblance et en toute appa­
de lui-même, il reçoit les sciences, et les exalte en intelligence, et rence comme par lui-même: et comme l'homme par suite se per­
par leuI's u~ages, en sagesse; ainsi Dieu conjoint l'homme à Lui, et suade qu'il est aussi un Dieu, c'est pOlir cela que le Serpent a dit:
l'homme se conjoint ~ Dieu: ces choses n'auraienL pu se faire, si "Dietl sait qu'au jour que vous mange1'ez du fntit de cet
, Dieu n'avait pas pourvu li ce que l'homme naquit dans une igno­ arobre, vos yeux seront ouverts, et 'vom serez comme .l)ieu sa­
l'ance totale. Après ces paroles, tous voulurent qu'on fOl'mât une chant le bien et le mal. » - Gen. III, 5. - L'Action de manger
Conclusion de ce qui venait d'être dit, et l'on forma celle-ci : « Que de ces arbres signifie la réception et l'appropriation; l'actiou de
l'homme ne nail dans aucune science, afin qu'il puisse l'enir dans manger de l'arbre de vie la réception de la vie éternelle; et
toute science, et faire des progrès dans l'intelligence, et par \'in­ l'action de manger de l'arbre de la science du bien el. du mal.
telligence dans la sagesse; et qu'il ne naît dans aucun amour, afin la réception de la damnation; pal' le Serpent est entendu le
qu'il puisse venir dans tout amour, par les applications des sciences diable quant il l'amour de soi et au faste de la propre in­
d'après l'intelligencc, et dans l'amour envers Dieu par l'amour à telligence; et cet amour est le pos~e5seur de cet arbre,et les
l'égard du prochain, et ainsi être conjoint à Dieu, et par là deve­ hommes quirsonl dans le fasle d'après cet an.olJr sont ces arbres.
nir homme, et vivre dans l'éternité. )J Ils sont donc dans une grande erreur ceux qui croient qu'Adam a
Ensuite, ils prirent le papier et lurent le troisième Objet de dis­ été sage et a fait le bien par ,lui-même, et que ce fllt là son état
cussion, à savoir: QUE SIGNIFIE L'ARIlRE DE VIE; QUE SIG~IFfE L'All­ d'intégrité, 10l'sque cependant cet Adam a été maudit à cause de
URE DE LA SCIENCE DU IlIEN ET DU !\lAI,; ET QUE SIGNIFIE l,'ACTION DE -cetie foi; car cela est signifié par !\langer de l'arbre de la science
MA1'iGER DE CES ARIlRES? ~t ils demandèrent tous que ceux qui étaient du bien et du mal; c'est pour cela qu'alors il tomba de l'étal d'inté­
assis à l'ORIENT développassent cet Arcane, comme éLant d'un en­ grité, dans lequel il avait été quand il croyait être,sage et faire le
tendement plus profond, el parce que ceux qui sont de l'Orient sont bien d'après Dieu et nullement par lui-même, car cela est entendll
dans la lumière enflammée, c'est-à-dire, dans la sagesse de l'amour. par Manger de l'Arbre de vie. Le Seigneur Seul, étant dans l!l Monde,
et que cette sagesse est entendue par le Jardin d'Eden dans lequel 3 été sage par Lui-Même, parce que par naissan,ce le Divin Même
ces deux Arbres avaient été 11lacés; ceuX;.-ci répondirent: Nous -était en Lui et Lui appar~enait, aussi est-ce pour cela que par la.
80 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 8i
propre puissance il est devenu Rédempteur et Sauveur. De tout ce
qu'ils venaient de dire ils firent cette Conclusion. « Que par l'Arbre DE LA TOUTE-PUISSANCE, DE LA TOUTE-SCIENCE ET !JE LA

de VIe, et par l'Arbre de la science du bien et du mal, et par l'Ac­ TOUTE-PRÉSENCE DE DIEU.

tion de manger de ces arbres,.il est entendu que la Vie pour l'homme
est Dieu en lui, et qu'alors il a le Ciel et la Vie éternelle; et que la, 49. Il a été traité du DIVIN AMOUR et de la DIVINE SAGESSE, et
Mort pour l'homme est la persuasion et la foi que la vie pour l'homme­ montré qu'ils sont tous deux la DIVl'iE ESSENCE; il sera maintenan t
est non pas Dieu, mais lui-même, d'où il a l'Enfer et la Mort éter­ parlé de la TOUTE-PUISSANCE, de la TOUTE-SCIENCE et de la TOUTE­
nelle, qui est la damnation. » PRESENCE de Dieu, parce qu'elles procèdent toutes Trois du divin
Après cela, ils examinèrent le Papier laissé par les Anges sur la Amour et de la Divine Sagesse, à peu près comme la puissance et
table, At ils virent écrit au bas: RÉUNISSEZ LES TROIS DÉCISroNS E:'i la présence du Soleil dans ce Monde, et dans toutes et chacune des
UNE SEULE SENTENCE; et alors ils les rassemblèrent, et ils virent c.hoses du monde par la chaleur et la lumière; la Chaleul' qui pro­
qu'elles se réunissaient toutes trois en une seule sél'ie, et que celle, cède du Soleil du Monde spirituel, dans le milieu duquel est.léhovah
série ou cette sentence était cl1lle-ci: Il Que l'Homme a été créé Dieu, est aussi dans son essence le Divin Amour, et la Lumière qui
pour' recevoir de Dieu l'amour et la sagesse, et cependant en toutll' en en provient est aussi dans son essence la Divine Sagesse: de là
ressemblance comme de lili-même, et cela à cause de la réception il est évident que, cornille l'Infinité, l'Immensité et l'Éternité appar­
et de la conjonction; et qu'en conséquence l'homme ne naît dans. tiennent au Dm:" ÈTRE, de mènw la Toute-Puissance, la Toute­
aucun amour, ni dans aucune science, ni même dans aucune puis­ Science et la Toute-Présence appartiennent :i la DlVI:Œ ESSENCE.
sance d'aimer et d'être sage par lui-même; c'est pourqnoi s'il attri­ Mais comme ces trois Attributs unil'ersels de la Divine Essence
bue tout bien de l'amour et tout Hai rle la sagesse à Dieu, il devient n'ont pas été jusqu'il présent compris, parce que leur progressioJ:l
Homme vivant; mais s'il se les attribue à lui-même, il devient. selon leurs voies, qui sont les lois de J'Ordre, n'a point été connue,
homme mort. Ils écriviren t ces paroles sur uu nouveau Papier, et
1)
il e5t nécessaire Je les mettre en lumière par des ,\l'licles distincts,
le placèrent snr la Table; et voici, aussitôt les Anges furent présents qui seront.
dans une nuée d'une l)lancheur éclatante, et ils porlèrent le Papiel' .1. La Toute-Puissance, la Toute-Science et la TlJute-Présence
dans le Ciel, et après qu'il yeut été lu, ceux qui étaient assis SUl' oppartiennent à la Divine Sagesse d'après le Divin Amour.
les siéges entendirent du Ciel des voix: Bien, bien, bien, El aussitôt Il. La Toute-Puissance, la Toute-Science et la Toute-Pré­
il apparut un Ange qui semblait volH, ayant comme deux ailes aux sence de Dieu ne peuvent être connues, si l'on ignore ce que
pieds et deux aux tempes; il portait des prix, qui consistaient en c'est que l'Ordre, et si l'on ne sait pas relativement cl l'm'd!';} ,
Robes, en Bonnets et en (:ouronnes de laurier; et il descendit, et il que Dieu est l' Ordl'e, et qu'à l'i':stant de la Création il a in­
donna à cellx qui étaient assis au Septentrion des Robes de couleur tt'oduit l'Ordre, tant dans l'Univers que dans toutes et dans cha­
opale; à ceux qui étaient il l'Occident, des Robes de couleul' écar­ cune des choses de l'Univers.
latc; il ceux qui étaient alJ Midi, des Bonnets dont le tour était orné III. La Toute-Puissance de Dzeu tant dans l'Univers, que dans
,de bandes en or et en perles, et dont l'élévation nu côté gauche toutes et dans chacune des choses de l'Univers, procède et opère
était enrichic de diamants taillés en forme de flel!rS; et à cellx qui selon les lois 'de SOrt Ordre.
étaient à l'Orient des Couronnes de laurier da.ns lesquelles étaient IV. Dieu est omni-scient, c'est-a-dii'e qu'il perçoit, voit et
des rubis et des saphirs: et tous, décorés de ces prix, s'en allèrent sait toutes choses tant en général qu'en particulier, jusqu'aux
du Jeu de la sage~se chez eux avec joie. vlus minutieuses, qui sont faites selon l'Ordre; et aussi,
d: apt'ès celles-ci, toutes celles qui sont faites contre l'Ordre,
J. 6
82 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 83
V. Dieu est Tout-Présent depuis les p"emù!I';; jusqu'aux der­ Jugement se dit de la Sagesse, il va en conséquenoe êtl'e rapporté
niel's de son O,'dre. quelques passages qui montrent que le Gouvernement de Dieu se
VI. L'Homme a été créé Im'me de l'Ord,'e Divin. fait dans le Monde par ces deux choses; voici ces passages: « JÉIIO­
VH. Autant l'Homme vit selon l'Ordre Divin, autant il est 'VAII, LA JUSTICE et LE JUGEMEi'a (sont) le soutien de ton Trône. »)
dans la puissance contre le mal et le (aux d'après la Divine Toute­ - Ps. LXXXIX, Hi. - « Qlle celui qui se glorifie, se glm'ifie
Puissance, et autant dans la sagesse sur le hien et le vrai d'a­ de ce que ~Joi JÉHOVAH je (ais Jur:E)lENT et JUSTICE elt la terre. »)
près la Divine Toute-Science, et autant en Dieu d'après la Di­ - Jél'ém. IX, 23.:- Exalté soit JÉHOVAIl, parce qu'il a rempli
vine Toute-P,'ésence. ...'iion de JIIGEMENT et de JUSTICE. Il - Esaïe, XXXIII, 5. - « Et
Ces propositiolls yont être développées l'une après l'autre. {;oulera comme l'eau leJUGE~IE:"T, et la JUSTICE comme un ton'ent
!'iO. I. LA TOUTE-PUISSANCE, U TOUTE-SCIENCE ET LA TOUTE-PRf:­ (ort. Il - Amos, V, 24. - « JÉHOVAH! ta JUSTICE (est) comme
SE:'\CE APPAnTiENNENT ALA DIVINE SAGESSE D' APRÈS LE DIVIN AMOGR les montagnes de Dieu, tes JUGEMENTS (sont) un abîme fJrand. »
Que la Toule-Puissallce, la Toute-Science et la Toute-Présence - Ps. XXX VI, ï. - « JEHOV.\fI lem sorl,ù' comme la lumière ta
appartiennent il la Divine ~agesse d'après le Divin Amour, et non JUSTICE, et ton JUGEMENT comme le midi. » - Ps. xxxvn, 6.
au Divin Amour par la Divine Sagesse, c'est un Arcane 1u Ciel, qui - « JÉHOVAH jugera son peuple dans la JUSTICE, et ses mallzeu­
u':! encore brillé dans l'entendement de personne, parce que per­ j'eux dans le JUI;EMENT. » - Ps. LXXII, 2. - « Quand j'alll'ai
sonne, lI'a encore su ce que c'est que l'Amour dans son essence, ni ,appris les JUGE~IE"TS de fa JUSTICE; sept (ol's dans le jouI' je Te
ce que c'est que la Sagcsse dans son essence, ni il plus forte raison .loue SUI' les JUGEMENTS de ta JUSTICE. » - Ps. C!'.IX, 7, 164. _
l'ien dè l'inllux de l'un dans l'autre, il :=.avoir, que l'Amour, avec « Je me fiancerai à toi dans la JUSTICE et le JUGE)IENT. " - Hos.
toute::: ct chacune des choses qui lui appartiennent, influe dans la H, t 9. - « Sion dans la JUSTICE sera l'achetée, et ses l'amenés
Sagesse, et y réside comme un Roi dans son Royaume, ou comme dans le JUGEMENT. " - Esaïe l, 27. - « Il sera assis sur le Trône
un maître dans sa maison, et qu'il ah:lOdonne 11 son jngement tout ,de David et SUI' son Royaume, pour l'affermir en JUGEMENT et
le gouvernement de la justice; et comme la justice appartient il l'a­ en JUSTICE. " - Esaïe, IX, 6. - « Je susciterai à David un,
mour et le jugement à la sagesse, il abandonne à sa sagesse tout le germe juste, qui l'èqnera Roi, et (era JUGEMENT et JUSTICE enla
gouvernement de l'amour: mais cet Arcane sera mis en lumière terre.» - Jérém. XXIII, G. XXXlJI, 15; -et ailleurs, il est dit
dans la suite; que cela en attendant serve de règlc. Que Dieu soit ,qu'on doit faire la Justice et le Jugement, comme dans Esaïe, l, 21.
Tout·Puissant, TO~lt-Sachant et Tout Présent par la Sagesse de son V, 16. LVIII, 2. Jét'ém. IV, 1 XXH, 3, '13, 15. Ezéch. XVIII, 5 .
.amour c'est aussi ce qui est entendu par ces paroles dans Jean: XXXIII, H, 16, 19. Amos, VI, 12. Mich. VII, 9. Dentér. XXXIII,
" Dans le commencement était la Pm'ole, et la Pm'ole était chez 21 . .r ea n, XVI, 8, 10, 11.
j)ieu, et Dieu était la Parole, toutes choses par Elle ont été 02. II. LA TOUTE-PUISSANCE, LA TOUTE-SCIENCE ET LA TOUTE­
faites, et sans Elle n'a été (ait J'ien de ce qui a été (ait. En Pl\ÉSENCE DE DIEU NE PEUVENT ÈTl\E CONNUES, SI L'ON IGNORE CE
elle était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes: el le QUE C'EST QUE L'Ol\DRE, ET SI I:ON NE SAlT PAS RELATIVE~ŒNT A
1I1onde par ELle a été (ait; et ta Parole Cha,iJ· a 6té (aite. Il ­ L'OIIDRE, QUE DIEU EST L'OROIm, ET QU'A L'INSTANT DE LA Cl\ÉA­
1, i, 3, 4, 10, H; - là, pal' la Parole est çntendu le Divin Vrai, 'l'ION IL A INTRODUIT L'ORDRE TANT DANS L'UNIVERS QUE DANS TOUTES
ou, ce qui revient au même, la Divine Sagesse; c'est pourquoi elle ET DANS CHACUNE DES cnOSES DE L'UNIVERS
est aussi appelée Vie et Lumière, et la vie et la Lumière ne sont Combien J'extravagances et quelles extravagances ~e sont répan­
autre chose que la Sagesse. dues dans les mentais humains, et de là dans l'Eglise par les Têtes
51. Puisque dans la Parole la Justice se dit de l'Amour et que le des instauraleurs, par cela qu'ils n'ont pas compris l'Ordre, dans
84 LA VHAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 85
lequel Dieu a créé l'Univers, et toutes et chacune oes choses d& 'fnsera donné une sorte d'esquisse dans le Lemme suivant sur la
l'univers! on pourra le vOIr dans ce qui suit d'après le seul recen­ Création. On doit tenir pour certain, que, dans l'Univers, toutes et
sement qui en sera f;lil. !\lais ici nous :lIIons d'abord faire con naître 'Chacune des choses ont été créées dans leur ordre, pour qu'elles
l'Ordre par une sorte de définition générale, c'est celle-ci: L'Or­ subsistent par elles-mêmes, et qu'i! en a été ainsi dès le commence­
dre est la qualité de la disposition, de la détermination et de ment, pour qu'elles se conjoignent avec l'ordre de l'univers, afin
l'activité des parties, des substances Olt êtres, qui constituent la' que les ordl'es singuliers subsistent dans l'Ordre universel, et ainsi
forme, d'où provient l'état, dont la sagesse, d'après son amour fassent un: mais recourons à quelques exemples: L'Homme a été
produit la perfection, ou dont la folie de mison d'après la cu· créé dans son ordre et chaque partie de l'homme dans le sien;
pilé forge l'imperfection. Dans celle définition sont nommés la .-ainsi la Tête, dans le sien; )e Corps, dans le sien; le Cœur,
Substance, la Forme' el l'État, et parla Substance nous enlendons. le Poumon, lc Foie, le Pancréas, l'Estomac, dans le leur; tout
en même Lemps l:l forme, pal'ce que (ou te substance est forme; et, Organe du mouvemeut, qu'on nomme ~ruscle, dans le sien, et
la qualité de la forme est son étal, dorit la perfection ou l'imperfec­ tou t organe des sens, comme l'œil, l'oreille, la langue, dans le sien;
tion résulle de l'ordre. Mais comme ces choses sont Métaphysiques .. il n'y a pas même d'artériole ni de fibrille, qui n'y soit dans son or­
elles ne peuvent être que dans l'obscurité, toutefois cetle obscurité dre; et cependant ces parlies innombrables se conjoignent avec le
sera dans )a suife dissipée par des lIpplJcalions à des exemples qui -commun de l'homme et s'y unissent tellement, qu'ensemble elles
ilIustreron t ce suj et,. font un: il en est de même des aulres choses, dont un simple re­
53. Que Die~ soit l'Ordre, c'est parce qn'il est la Substance: censement suffit pOUl' l'illustration; Toute Bêle de la terre, tout Oi.­
même el la Forme même; la Substance, parce que toutes les choses. seau du ciel, tout Poisson de la mer, tout reptile, et même tout ver
qui subsistent out existé el existent d'après Lui; la Forme, parce jusqu'à la mite, a été créé dans son, ordre; pareillement tout arbre.
que toute la qualité des Substance esl. sortie et sort de Lni, la qua­ tout arbuste, arbrisseau et légume, dans le sien; et, bien plus.
lité ne vient pas d'ailleurs qne oe la forme. Maiutenant, puisque toute pierre el tout minéral, jusqu'il chaque grain de poussière de
Dieu est la Substance même, unique et première et la Forme même,_ ljl. terre, a été créé dans le sien.
uniquc et première, etqu'en même temps il est l'Amour même ct. 55. Qui ne voit qu'i! n'y a pas d'Empire, de Royaume, de Duché.
unique ct la Sagesse même et unique; et Puisllue la Sagesse d'après. :-de République, de Ci té, del\Iaison, qu i ne soien t étahlis sur des lois
]'amOllr fait la forme, et qne l'état et la qualité de la forme sont se­ -qui constituent l'ordre, et ainsi la forme de leur gouvernement?
Joo l'ordre qui est là, il s'ensuit que Dieu est rOrdre même; consé,.. Dans chaClln de ces États les Lois de la juslice sont au Premier
quemment, que Dieu d'après Lui-Mème a inlroduit l'Ordre tant t'ang, les Lois politiques au second, et les Lois économiques au troi­
dans l'Univers que dans tOlites et dans chacune des choses de ['Uni­ -sième ; si on les compare avec l'homme, les Lois de la Jus.tice font
vers; et <iu'il a inlroùuit l'OI'Jl'e le plus pal'fait, parce que toutes sa Tête, les Lois politiques son Corps, el les Lois économiques ses
les choses qu'il a créées ont été bonnes, comme on le lit claus le li­ vêtements, c'est même pour cela que celles-ci peuvent être changées
vre de la Créa lion : que lcs choses mauvaises aienl existé en même ,-comme des vêtements. !\lais quant à ce qui concerne l'Ordre d:lns le­
temps que l'Enfer, ainsi après la cl'éation, c'est ce llui sera ùémon­ ,quel l'Église a été instaurée par Dieu, il consiste en ce que Dieu est
tré en !'on lieu. ~Ia:s passons il des choses qui entrent de plus près. ,dans toutes et dans chacune des choses de l'Église, et que c'est en­
dans l'Entendement, qui l'illustrenl avec plus de clarté, et qui l'af­ vers le prochain que l'Ol'dre doit être exercé; les Lois de cet Ordre
fectent avec plus de douc!'u!'. sont en aussi grand nombre qu'il y a de Vérités dans la Parole, les
54. Or, quel estl'Ol'drc dans Icquell'Univers a été créé? C'est ce Lois :qui concernenl Dieu font sa Tête, les Lois qui concernent le
. qui ne peut être exposé que pal' un grand nombre de volumes; il .prodlain font son Corps, et les Cérémonies font les vêlements, car
86 LA VRAIE RELIGION CIIRÉTIENNE. 87
si ces dernières ne contenaient pas les autres dan s leur Ordre, c'e croyances et autres semblables sont contre l'Essence de Dieu, et ce
seraiL comme si le Corps était mis il nu et exposé à la chaleur dans qui est conlre son Essence est conlre Lui-Même.
l'étt. et au froid dans l'hiver; 011 comme si on enlevait d'un Temple 57. L'opinion dominante aujourd'hui, c'est que la Toute·Puis­
les murs et le toit, et qu'on laissât ainsi le Sanctuaire, l'Autel et la sance de Dieu est semblable il la puissance, dans le monde, d'un
Chaire exposés aux diverses intempéries des saisons. Roi absolu, qui peut à son gré faire tout ce qu'il veut, absoudre et
56. m. LA TOUTE-PUISSANCE DE DlEU, TANT DANS l.'UNIVERS QU&' condamner qùi il veut, faire le coupable innocenl, déclarer fidèle
DANS TOUTES ET DANS CHACUNE DES CHOSES DE L'UNIVERS PROCÈDE. celui qui est infidèle, placer l'homme incapable el sans mérite au­
ET OPÈRJo; SJ.(I.ON LES 1.01S DE SON ·ORDRE. dessus de l'homme c:lpable et de mérite, et. qui peut même, sous un
Dieu est Tout-Puissant, parce qu'il peut touLes choses d'après prétexte quelconque, enlever il se~ sujets leurs biens, et les livrer à
Soi, et que Lous les auLres ne peuvent que d'après Lui; son Pouvoi,'· la mort, outre plusieurs autres abus semlJlallles, Par celte opinion,
et son Vouloir sont un, ,et comme il ne Veut que le Bien, il ne peut cette fOli, et cette doctrine insensée sur la TouLe-Puissance Divine,
par conséquent faire que le Bien; dans le Moude spirituel nul ne· il s'est répandu dans l'Église auLant de faussetés, d'illusions et de
'peut faire quelque chose couLre sa volon Lé, Lous y tiennent cela de chimères,qu'il y a là de moments, d'articulations et de génél'ations
Ditlu, de ce que Son pouvoir et Son vouloir sont un : Dieu est aussi de la foi, et il peut encore s'en répandre autant qu'on peut remplit'
Je Bien même, lors donc qu'il fait le Bien, il est en Soi, et il ne­ de vases avec les eaux d'un grand lac, ou autant qu'il ya de ser­
peut sortir de Soi; de là on "oit clairement que sa Toute-Puissance­ pents qui sortent de leurs cavernp,s et vont jouir de l'exposition au
s'avance et opère en dedans de la Sphère d'extension du Bien, la­ soleil dans un désert de l'Arabie. On n'a besoin que de deux mots,
quelle est infinie; en effet ceLle Sphère par l'intime remplit l'Uni­ TOUTJ;:,PUlSSANCE et FOI, et alors on répand devant le vulgaire au­
.vers, et Loutes et chacune des choses qui y sont, et par l'intime elle tant de conjectures, de fahles et de vétilles, qu'il en tombe sous les
gouverne celles qui sont en dehors, en tant que celles-ci se conjoi-­ sens corporels, car la raison est exclue par l'un et l'autre de ces
gnent selon leurs ordres, et si elles ne se conjoignent pas, elle les. mots; et une fois la raison exclue, en quoi la pensée de l'homme
soutient toujours, et par toute snrte d'efforts elle travaille à les r~­ e~t-elle supérieure à la raison de l'oiseau qui vole au-dessus de "a
mener d:ms un ordre concordant avec l'ordre uni\'erse1, dans lequel tête? ou, à qui ressemble alors le Spirituel, qlle l'homme a de plus
Dieu Lui-~Iême est dans sa Tou Le-Puissance, eL selon lequel il agit; que les hêles, sinon li l'odeur qu'exhalent les ménageries, odeur qui
et si cela n'a pas lieu, elles sout rejeLées 110rs de lui, oil néanmoins. convient aux hêtes qui y sont renfermées, mais non à l'homme, ,',
'il les souLient par l'inLinle. D'après cela il devient évident que la moins qu'il ne soit semblable à elles? Si la Toute-Puissance Divine
Toute-Puissance Divine lie peut nullement sortir hors de Soi pour avait de l'extension pour faire le mal comme pour faire le hien,
se meUre en contact avec le mal, ni le repousser de Soi, car le mal quelle diffél'ence y aurait-il entre Dieu et le Diable? il n'yen aurait
s'éloigne lui-même, d'où il arrive que le mal est absolument séparé pas d'autre que celle qui existe entre deux ~Ion:;lrques, donl l'un est
de Dieu, et précipité dans l'Enfer', entre lequel et Je Ciel, où es,t lin Roi et en même temps un tyran et l'autre un Tyran dont la
Dieu, il exisle un gouffre immense. Par ce peu de détail on peut voir­ puissance a été liée, ce qui fait qu'il ne peut être appelê Hai ; 011
dans quelle extravagance sont ceux qui peusenL, et davanLage cellx entre un Pasteur à qui il a été permis d'agir en brebis et aussi en
qui croient, et plll~ encore ceux qui enseignent que Dieu peut damner' léopa.rd, et un Pasteur à qui cela n'a pas été permis. Qui ne peut sa­
quelqu'un, maudire quelqu'un, jeter quelqu'un dans l'enfer, pré­ voi l' que le bien et le mal sont opposés, et que si Dieu d'après sa
destiner l'âme de quelqu'un à la mort éternelle, se venger des in­ Toute-Puissance pouvaiL vouloir l'Uh et l'auLre, et faire l'un et l'au­
jures, se mettre en colère, punir; bien plus, il ne peut pas même se tre d'apr~s ce vouloit', il ne poun'ait absolument rien, et n'aurait
·détourner de l'homme, ni le regarder avec un fron t sévère: ces. par conséquent aucune puissance, ni à plus forte raison la Toute­
88 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 89
Puissance? Ce serait comme deux roues qui agiraient mutuellement. fois: et même s'il l'avait pu, il aurait par la Rédemption de son
én sens contraire, par cette réaction chaque l'oue resterait en place, Fils sau\'é lout le genre humain sans en excepter un seul homme,
et elles seraient complètement en repos; ou comme un Navire qui, ~t extirpé tout l'Enfer. Les anciens Gentils ava ient attribué une pa­
dans un torrent opposé à sa route, serait entraîné et périrait, s'il :reile Toute-Puissance à leurs dieux et ~ leurs déesse~ ; de là sont
n'était pas en repos sur son ancre; 011 comme un homme qui a deux: so~ties leul's fables; par exemple, celle de Deucalion et de Pyrrha,
volontés opposées entre elles, dont l'une est np.cessairement en re­ qwi, en jetant des pierres derrière eux, firent des hommes; cell~
pos quand J'autre agir; mais si elles agissaient l'une et l'autre en d'Apollon qui changea Daphné en lauri'er; celle de Diane qui mé­
même Lemps, elles jetteraient son mental dans le délire ou le ver­ tamorphosa un chasseur en cerf; et celle d'un autre de leurs dieux
tige. qui changea en pies des vierges du Parnasse. La foi d'aujourd'hui
58. Si selon la foi d'aujourd'hui, la Toute-Puissance de Dieu sur la Toute-Puissance Divine est semblable; de là ont été portées
était absolue tant pourfaire le bien que pour faire le mal, ne serait-il .dans le Monde tant d'idées fanatiques et par suite hérétiques dans
l,as possible, et même ne serait-il pas facile à Dieu d'élever tout toute Région où existe la Religion.
l'Enfer dans le Ciel, de changer les diables et les satans en Anges, 59. IV. DIEU EST O~lNi-SClENT, C'EST-A-DIRE QU'IL PERÇOIT, VOIT ET
et de purifier Cil un instanL de ses péchés tout impie sur la terre, de SAIT TOUTES CHOSES, TANT EN GÉNÉIlAL QU'EN PAIIT1CULIER, JUSQU'AUX
le renouveler, de le sanctifier de le régénérer, d'en faire d'un fils PLUS 1IllNUTIEUSES QUI SONT FAITES SEI.ON L'ORDRE; ET AUSSI r/APRÈS
de la colère un fils de la grâce, c'est-à-dire, de le justifier, ce qui oCELLES-CI TOUTES CELLES QUI SONT l"Al"fES CONTRE L'ORDRE.
se ferait seulement par l'addication et l'imputation de la justice de Si Dieu est Omni-Scient, c'est-il-dire, s'il perçoit, voit et sait
son Fils? mais Dieu d'après sa Toute-Puissance ne peut pas cela, toutes choses, c'est parce qu'il est la Sagesse même et la Lumière
'parce que cela est contre les lois de son Ordre dans l'Univers, et en même, or la Sagesse même perçoit toutes choses, et la Lumière
même temps contre les lois de l'Ordre mises dans chaque bomme, même voit loutes choses; que Dieu soit la Sagesse même, c'est ce
lesquelles consistent en ce que de part et d'autre il ail mutuelle­ 'qui a été montré ci-dessus; qu'il soit la Lumière même, c'est parce
ment conjonction; que cela SOiL ainsi, on le verra dans la suite de qu'il est le Soleil du Ciel Angélique, qui illustre l'entendement de
ce Traité. De celle opinion eL de celle foi insensées sur la Toule­ tous, tant celui des Anges que celui des hommes; car de méme que
Puissance de Dieu, ill'ésulteraiL que Dieu poul'I'ait changer chaque l'œil est éclairé par la Lumière du Soleil naturel, de même l'enten­
homme-bouc en homme-brebis, tl par bon plaisir le faire passer de dement est éclairé par la Lumière llu Soleil Spirituel; et non-seule­
sa gauche à sa droite; qu'il pourrait allssi par bon plaisir changer ment il est éclairé, mais il est même rempli d'intelligence selon l'a­
les Esprits du dragon en Anges de Michel, et qu'il pourait donner mour de recevoir l'intelligence, p.uisque celle Lumière dans son
la vue d'un aigle à un homme dont l'entendement est comme la vue ~ssence est la Sagesse; c'est pour cela qu'il est dit dans David,
d'une taupe, en lin mot d'un homme-hibou faire un homme-colombe; QUE DIEU UABITE DANS UNE LUMlERE INACCESSlllLE; et dans l'Apocalypse,
Dieu ne peut pas ces choses, parce que cela est contre les lois de que dans la Nouvelle-Jérusalem on n'a pas besoin de Lampe,
son Ordre, quoique continuellement il le veuille et fasse des efforts. pm'ce que le Seigneua Dieu l'éclaire; et dans Jean, que la Pa­
S'il l'avait pu, il n'aurait pas permis à Adam d'écouter le serpent, "ole qui était chez Dieu, et qui était Dieu, est la Lumière qui
de prendre le fl'uit de J'Arbre de la science du bien et du mal, et -éclaire tout homme venant dans le Monde; par la Parole il est
de l'approcher de sa bouche; s'il l'avait pu, il n'aurait pas permis à entendu la Di\'ine Sagesse. De là vient que les Anges sont autant
. Caïn de tuer son frère; à David de faire le dénolllbrement du peu­ dans l'éclat de la lumière, qu'ils sont dans la sagesse: et de là vient
pie; à Salomon d'élever des temples 11 des idoles; et aux Rois de aussi que, dans la Parole, lorsque la Lumière est nommée, il est en­
Juda et d'Israël, de profaner le Temple, ce q'u'i1s ont fait. tant de tendu la sagesse.
90 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 9i
60. Si Dieu perçoit, voit et saiL toutes choses, jusqu'aux plus mi­ perpétuelle, d'après l'effort, la résistance, la répugnance et la réac­
nutieuses, qui sonL faites selon l'ordre, c'est.parce que l'Ordre est tion du mal et du faux contre son Bien et son Vrai, par conséquent
Universel d'après les très-singuliers, car les singuliers pris ensem­ contre Lui-Même, il pel'çoit et la quantité et la qualité de ce mal et
ble s'appellent l'Uuiversel, comme les particuliers pris ensemble de ce faux; cela est une conséquence de 'la Toute-Présence de Dieu
s'appellent le Commun: l'Univer~el avec ses lrès-singuliers est un dans toutes et dans chacune des choses de son Ordre, et en même
OUVl'age cohérent comme un, lellement que cet un ne peut être' ni temps de sa 10ute- Science de ces choses; ainsi, pour comparaison,
touché ni affeclé, sans que quelque sensation en rejaillisse SUI' tout l'homme dont l'oreille est dans l'harmonie et la consonnance, découvre
le resle. D'après celle qualilé de l'ordre dans l'Univers existe une exactelOentla dé~harmonie el la dissonnance, de combien et comment
qualité semblable dans Ioules Jes choses créées dans le ~Ionde; mais elles diffèrent quand elles pénètrent; pareillement l'homme dont le
cela sera ilhlstré par des comparaisons prises dans les choses visi­ sens est dans le plaisir, quand le déplaisir intervient; pareillement
bles: Dans l'homme tout entier il ya des communs et des particu­ l'homme dont la vue est dans le beau voit exactement le beau,
liers, et les communs y enveloppenlles particuliers, el ils s'arran­ quand il y a à côlé quelque chose de difforme, aussi ks peintres ont­
gent dans un tel enlrelacement, que l'un appartient i1l'aull'e; cela ils l'habitude de placer une figure laide à côté d'une belle; il en est
arrive parce qu'il y a une enveloppe commune autour de chaque de mème du bien et du vrai, quand le mal et le fallx luttent contre
membre, et que celle enveloppe s'y insinue (tans chacune des par­ eux, en ce que le mal et le faux SOIn distinctement perçus d'après
ties qui le composenl, pour qu'elles fassent un dans chaque fonction le bien et le vrai; en effet, quiconqneesL dans le bien peut percevoir
et dans chaque usage; par exemple, l'enveloppe de chaque muscle le mal, et quiconque est dans le vrai peut voir le faux; et cela,
.entre dans chacune des fibres motrices et les' revêl d'elle-même; parce que le bien est dans la chaleur du ciel, et que le vrai est dan!;
il en est de même de l'enveloppe du foie, du pancréas el de la l'ale la lumière du ciel, landis que le mal est dans le fl'oid de l'enfer, et
pour chacune des choses qui sonl au dedans de ces viscères; il en le faux dans l'obscurité de l'enfer; c'esl ce qui peut êlre illustré par
est de même de l'enveloppe du poumon, qu'on nomme plèVl'e, pour cela que les Anges du ciel peuvent voil' 10llt ce qui se passe dans
les inlérieurs du poumon; de même aussi du péricarde pOUl' loutes l'enfer, et quels sont les monstres qui l'habitent, landis qu'au con­
et pour chacune des choses du cœur; et communément du périloine traire les espl'its de l'Enfel' ne peuvent voir la moindl'e chose de ce
par les anaslomoses avec les enveloppes de tous les viscères; de qui se passe dans le Ciel ni même les Anges, pas plus qu'un aveugle,
même des i}Iéninges du Cerveau, celles-ci par des fils eXlraits d'elles· ou pas plus qu'un œil qui regarde dans l'air vide 011 dans l'élher
mêmes, enlrent dans tOlltes les glandules substl'atées, et par celles­ vide. Ceux dont l'Entendement est dans la lnmière d'après la ~a­
ci dans toules les fib,'es, et pal' les fibres dans toulcsles parlies du gesse, son.t ilemblahles à ceull. qui se tiennent à midi sur une Mon­
corps; c'est de là que la Têle d'après les Cerveaux gouverne toules 1agne et voient clairement LOus les objets ~ui sont plus bas; et ceux
et chacune des choses placép.s sous elle. Ces exemples n'ont été pré­ qui sont dans IlOe lumière encore supériellre ressemblent à ceux qui,
sentés qu'afin qu'on se forme, d'après des choses visibles, quelque à l'aide de lunettes d'approche, voient comme près d'eux les objéts
idée de la manière dont Dieu perçoit, voit et sait toutes les choses, qui sont autour et en bas; mais .ceux qui sont dans la lumière illu­
jusqu'aux plus minutieuses, qui sont faites selon l'ordre. . soire de l'enfer d'après la confirmation des faussetés, ressemblent à
6{. Si Dieu, d'après les chose~ qui appartiennent il l'Ordre, per­ ceux qtli se tiennent sur la même Montagne pendant la nuit avec
çoit, sait et voit toutes celles, tant en général qu'en particulier, jus­ des flambeaux dans leurs mains, et qui ne voient que les objets les
. qu'aux plus minutieuses, qui sant failes contre l'Ordre, c'est pal'ce plus près, et n'en aperçoivent qu'indistincLementles formes et con­
Dieu ne tienl point l'homme dans le mal, mais le détourne du mal; fusément les couleurs. Quand un homme qui est dans quelque lu­
ainsi ne le conduit point, mais lulle avec lui; d'après cette lUlle mière du vrai, et cependant dans:le mal de la vie, est dans le plaisir

! _ 0<
·~2 LA VRAJE RELIGION CBRÉ'FlENNE. 93
de l'amollI' de son mal, il ne voit les vrais d.;Ifls le COl}lm!lncem~!lt, Si Dieu est toût-présent depùis les premiers jusqu'aux dernieI's
.que comme une chauve-souris vpit dans .\10 jardin des linges sus­ de ~on Ordre, c'est par la Chaleur et la Lumière du Soleil'du !\fondé
pendus, vers lesquels elle \'ole comme l'ers son asile; et, plus tard, SpiriLUel, au milieu duquel il est; par ce Soleil a été fait l'Ordre,
;1 devient comme une cbouette, et enfin comme un hibou; et ~lors et d'après l'Ordre il répand la ohaleur el la lumière qui pénètrent
il est comme un ramoneur qui s'arrête dans la partie la plus obscure l'Univer5 depuis ses premiers jusqu'à ses derniers, et produisent la
de la cheminée, et qui, lorsqu'il lève les yeux en hau,t, voit le ciel à vie qui esl dans l'homme el dans chaque animal, et aussi l'âme végé.
travel's la fumée, et lorsqu'il regarde en bas, voit le foyel' d'où pro­ talive qui esl dans chaque germe sur la Terte, et elles influent toutes
vient cette fumée. deux dans chacune des choses, et font que chaque sujet vit et croît
62. Il fallt tenir pour certain que la perception des opposés est selon l'Ordre introduit en lui par la création: et comme Dieu n'est
autre que la perception des relatifs; en effet, les opposés sont lies pas élendu, et que cependant il remplit loutes les élendues de l'Uni
choses qui sont en dehors et contre celles qui sont en dedans; car vers, il est tout-présent; que Dieu soi t dans lout espace sans espace,
il se produit un opposé, quand l'un cesse entièrement d'êtl'e quel­ et dans lout temps san:; temps, et que par suite l'Univers, quant à
que chos~, et qu'un aulre alors s'élève en s'efforçant d'agir contr~ l'essence et à l'ordre, soit la plénitude de Dieu, c'est ce qui a été
.cet antérieur, comme un~ J'oue qui agit contre ulle roue, ~t un monlré ailleurs; et cela élant ainsi, par la Toute-présence il perçoit
lleuve contre un fleuve: les, Relatifs, au contraire, sont plusieurs toul, par la Toute-scillDce il pourvoit 11 101lt, ct par la Toute-puis­
choses diverses disposées da.ns un certain ordre, de faç.on à ce qu'il sance il opère tout; d'où il est évidenl que lot Toute-présence, la
J ait entre elles une convenance et un accord, comme des pierrel> Toute-science et la Toule-puissance font un, ou que l'une suppose
,précieuses de diverses couleurs dans un collier SUI' la poitrine d'une
l'aUlre, et qu'ainsi elles ne peuvent être séparées .
.Reine, ou comme des lleurs de nuances variées dans une guirlande 64. La Toule-présence Divine peut êlre illustrée par l'admirable
pOUl' proGurer le charme de la vue; il Ya donc des relatifs dans l'un présence des Anges et des Esprits dans le l\Ionde Spirituel: Comme
·et l'autre olwosé, tant dans le bien que dans le mal, et tant dans le il n'y a point d'espace dans ce l'Ionde, mais qu'il y a seulementl'ap­
vrai que dans le taux, ainsi tant dans le ciel que dans l'enfer, mais les parence de l'espace, l'ange ou l'esprit peut être en un instant cn
relatifs dans l'enfer sont tous des opposés aux relatifs dans le ciel: présence d'un autre, pourvu qu'il vienne dans une ~emblable affec­
maintenant, puisque Dieu perçoit et voit, et par suite connait tous tion de I:amollr et par suite dans une semblable pensée, cal' ces deux
les relatifs dans le Ciel ,d'après l'Ordre dans lequel il est Lui-Même, choses font l'apparence Il.e l'espace; qu'il y ait là une telle présence
et que par-là il perçoit, voit et connait tous les opposés relatifs dans de tous, c'est ce qui est devenu pour moi évident, en ce que j'ai pu
l'enfer, ainsi qu'il résulte de ce qui vient d'être dit, il est évident
que Dieu est Tout-Sachant dans l'Enfel' comme dans le Ciel, et pa­
y voir des Africains ct des lfldiens à proximité les uns des autres,
quoiqu'ils soient· sépal'és par tant de kilomètres sur la lerre , et
,reillement chez les hommes dans le Monde; qu'ainsi il perçoit, voit qu'cn outre j'ai pu me trouvei' en présence de ceux qui sont dans les
·et connaît leurs maux et leul's faux d'après le bien et le vrai, dans Planètes de ce Monde, et aussi en présence de ceux qui sont dans les
lesquels il est Lui~Même et qui dans leur essenGe sont Lui-Même: Planètes des 'autres ~Iondes hors de notre système solaire: c'est par
en effet, il est dit: cc Si je moute aux Cieux, là Tu (es) ; si je le moyen d'une leIie présence, non de lieu, mais d'apparence de
descends en Enfer, Ty voilà. )) - CXXXIX, 8. - ~t ailleurs: lieu, que j'ai conversé avec les Apôtres, avec des Papes, des Empe­
Il Quand ils pénètreraient dans l'Enfer
, de là ma main les re­ reurs et des Rois défulllS, avec les instaurateurs de l'Eglise d'au­
tirerait. II - Amos, IX, ~, 3. jourd'hui, Luther, Calvin ct l\lélanchton~ et avec d'autres de pays
63, V. DIEU EST TOUT-PRÉS,ENT DEPUIS LES PREMIERS Jl'SQU' AU~ éloignés; quand il existe une telle présence pour les Anges et pour
DERNIERS DE SON ORDRE.
les Esprits, que ne doit pas être dans l'Univers la présence Divine
1)4, LA VRAIE RELIGION CHRÉTŒ:NNE. 95
(Jui est infinie? Si telle est la présence pour les Anges et pour les que membre, à quelque. viscère, à quelque organe dans i'homme ;
Esprits, c'est parce que taule affection de l'amour, et par suite c'est pourquoi, dans le Ciel, on dit que telle société est dans la pro­
toute pensée de l'entendemen t, sont dans l'espace sans espace et vince du Foie, ou du Pancréas, ou de la Rate, ou de l'Eslomac, 011
dans le temps sans temps, car quelqu'un peut penser à un frère, à de l'OEil, ou de l'Oreille, ou de la Langue, ou de telle autre partie;
,un parenl, ou à un ami, qui est dans les Indes, et alors l'avoir les Anges eux-mêmes savent aussi dans le domaine de quelle Partie
comme présent devant soi; il peut pareillement être affecté d'amour de l'homme ils habitent: que cela soit ainsi, c'est ce qu'il m'a étédon­
pour eux d'après un ressouvenir. Par res choses qui sont connues né de savoir par vive expérience (ad vivum); j'ai vu une société de
de l'homme, la Toute-Presence Divine peut en quelque sorle être quelques milliers d'Anges dont l'ensemble formait comme un seul
illustrée; elle peut aussi l'être pal' les pensées humaines, en ce que, homme; par là il a été évident pour moi que le Ciel dans le complexe
·quand quelqu'un rappelle dans sa mémoire les ch oses qu'il a vues est l'image de Dieu; et l'image de Dieu est la forme de l'Ordre Divin,
en voyage dans différenls lieux, il les li comme présentes. Bien plus, 66. Il faut qu'on sache que toutes les choses qui procèdent du
la vue du corps imite celle même présence; elle ne remarque les Soleil du Monde Spirituel, au milieu duquel est Jéhovah Dieu, se
objels dislauts que par les inlermédiares qui servent pour ainsi dire rapportent à l'homme, et qlle pal' suite tout ce qui existe dans ce
de mesure; le Soleil lui-même serait près de l'œil et même comme Monde lend il la forme humaine et la présente dans ses intimes; de
dans l'œil, si les intermédiaires ne dévoilaient pas qu'il est à une si là tous les objels qui s'y offrent aux yeux sont des représenlatifs de
grande distance; que cela soit ainsi, c'est ce qu'ont fait observer t'homme: là apparaissent des Animaux 'de taule espèce, et ces ani­
dans leurs Livres ceux qui ont écrit sur l'Optiquc. Une telle pré­ maux sont les Rcssemblances des affections de l'amour des Anges,
sence existe tant pour la vue intellectuelle que pour la vue corporelle et par suite de leurs pensées; là apparaissent aussi des vergers, des

de l'homme, parce qlle son esprit vùit par ses yeux, mais il n'en parterres -et des lieux couverts de vel'dure ; et il m'a 'été donné de
existe pas de semblable pour aucune bête, parce que les bèles n'ont savoir quelle affection représente chacun de ces objets: et, ce qui
pas de vue spirituelle. D'après ces explications, on pellt voir que est admirable, quand la vue intime est ouverte, on cannait son image
Dieu est Tout-Présent depuis les Premiers jusqu'aux Derniers de son dans ces objets; et cela, parce que tout homme est son amour et
Ordre; qu'il soit aussi 'fout-Présent dans l'Enfer, cela a été mon­ par suite sa pensée; et comme les affections et les pensées chez;
tré dans l'Article précédent. <Jhaque homme sont variées et multiples, et q1Je quelques-unes se
60. VI. L'HOMME A ÉTÉ CRÉÉ FORME DE L'OIlDRE DIVIN. rapportent à l'affection de tel animal, et d'autres à l'affection de tel
Si l'homme a été créé forme de l'Ordre Divin, c'est parce qu'il a ~utre, voilà pourquoi les images de leurs affections se présentent
été créé image et ressemblance de Dieu, et puisque Dieu est Lui­ ainsi; mais on verra plus de délails sur ce sujet dans l'Article sui­
Même l'OI'dre, l'homme a été créé image et ressemblance de l'Ordre. "ant où il est traité de la Cr~alion. Pal'là se manifeste aussi cette
Il y a deux choses d'après lesquelles l'Ordre a existé et par lesquelles 'vél'ité, que la fin dela cl'éation a été le Ciel Angélique d'a~rès le
il subsiste, le Divin Amour et la Divine Sagesse ;et l'homme a été Genre Humain, par conséquent l'Homme, cn qui Dieu pût habiter
créé réceptacle des deux; c'est poul'quoi il-a aussi. été créé dans l'or­ comme dans son~ récepl~cle: c'est donc pour celle raison que
dre selon lequel ces deux agissent dans l'Univers, et. principalement l'homme a élé créé forme de rOrdre Divin.
selon lequel ils agissent dans le Ciel angélique, d'où résulte que tout 67. Dieu avan t la Création a été l'Amour même et la Sagesse
ce Ciel dans sa plus grande effigie est la forme de l'Ordre Divin, et même, et ces deux étaient en effo~t de faire des usages, car l'A­
que sous l'aspect de Diel.\.ce Ciel est comme un seul Homme; et il y mour et la Sagesse sans l'usage sont seulement des êtres de raison,
a aussi entre ce Ciel et l'homme une correspondance complète; en et s'évanouissent aussi, à moins qu'ils ne se conjoignent dans l'u­
effet, il n'y a dans le Ciel aucune société qui ne corresponde à quel sage; les deux premiers séparés du troisiè'me sont aussi comme de
96 LA: VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 97
oiseaux qui volent sur le grand Océan, et enfin las de voler tombent le Ciel; car, ainsi qu'il a déjà été dit, tout le Ciel devant Dieu est
et sont subillergés : de là on voit que l'Univers a été créé par Dieu, comme un seul Homme, et vice vel'sâ (out l'Eufer est comme un
afin que les usages existent, aussi l'Univers peut-il être appelé le seul Géant qui est un Alonstre; c'est pourquoi agir contre un seul
Théâtre des usages; et comme l'homme est la principale fin de la mal et conlre le faux qui en provienl, c'est agir contre ce Géant
création, il en résulte que toutes choses en général et en pal'ticHlie.· monstrueux ou contre l'Enfer, et personne ne le peut, si ce n'est
ont été créées pour l'homme, et que par suite toutes et chacun~ Dieu. parce qu'il est TOUL-Puissant; d'après cela, il est évident que
des chos~s de l'ordre ont été conjoinles et concentrées en lui, afin si J'homme ne s'adresse à Dieu Tout·Puissa.nt, il n'a pas par lui­
que par lui Dieu fasse les usages principaux. L'Amour et la Sagesse, même plus de force conlre le m:11 et le faux de ce mal, qu'un pois­
sans leur troisième, qui ~st rUsage, peuvent être comparés à la son contre l'Océan, qu'un insecle conlre une baleine, et qu'un grain
chaleur et à la lumière du soleil, qui seraient des choses vaines, si de sable contre une montagne qui s'écroule, et beaucoup moins
1 .

elles n'opéraient dans les hommes, dans les animaux et dans les \'é­ qu'une sauterelle contre 11Il éléphaul, 011 qu'une Illouche contre un
gétaux, mais qui deviennent réelles par l'influx el pal' leur opéra­ chameau: et en outre J'homme a encore moins de force contre le
tion en (;UX, JI ya aussi trois'choses qui se suivent en ordre, la Fin,. mal elle faux de ce mal, parce qu'il est né dans le mal, et que le
la Cause et l'Effet, et l'on sait dans le Monde Savant que la fin n'est mal ne peut agir conlre lui-même. Il suit de 1;) que si l'homme ne
rien si elle n'a en vue la causo efficiente, et que la fin el celle cause vit pas selon l'Ordre, c'est-à-dire, s'il ne reconnait pas Dieu, sa
ne sonl rien s'il n'en résulle 'un effel; la fin et la cause peuvent, il Toute-Puissance et le secours qu'il en doit tirer con(l'e l'enfer, et
est vrai, être agitées abstractivement dans le Mental, mais toujours que si J'homme de son côté ne combat pas aussi conlre le mal qui
pour quelque effel que la fin a en vue et que la cause procul'e ; il est en lui, car cc poinl appartient à l'on1re comme le précédent, il
en est de même de l'amour, de la sagesse etde l'usage, el c'est l'u­ ne peut qu'étre plongé et submergé dans l'enfer, et y èrre poussé
sage que l'amour a en vue el produit par IJ sagesse, et quand l'u­ par les maux, les uns après les antres, camille une barque dans la
sage esl produit, l'amour et la sagesse exislent réellemenl, el ils se mer par les lempêtes.
font dans l'usage une ha1Jitalion et une résidence, et s'y reposent. 69, Si autant l'homme vit selon l'Ordre Divin, autant il esl dans
comme dans leul' maison; il en est de même de l'homme dans le­ la sagesse SUI' le bien et le vrai d'après la' Divine Taule-Science,
quel ~.onll'a11l0ur el la sagesse d~ Diell, quand il l'ail des usages ;, c'est parce que tout aillour du bien et tOlite sagesse du vrai, ou tout
et pour qu'il fasse des usages de Dieu, il a été créé image et ressem­ bien de l'amour el tout Hai de la sagesse, viennent de Dieu; c'est
blance, c'est-il-dire, forme de l'Ordre Divin. même ce qui est conronne à la confession de toutes les Eglises dans
68. vn. AUTA:-lT L'HOll/ME VLT SELON L'ORDRE DIVIN, AUTANT IL le Monde Chrétien; cie lit il suil que l'homme ne peut êlre inlérieu­
EST DANS LA PLISSANCE CONTRE LE MAL ET LE FAUX D'APli.ÈS LA DI­ rement dans aucun vrai de la sagesse que par Dieu, p:tl'ce qu';} Dieu
VINE TOUTE-PUISSANCE, ET AUTANT DANS LA SAGESSE SUR LE BIEN" appartient la Toute-Science, c'est-il-dire, la sage&se infinie. Le
ET LE vnAI D'APRÈS LA DIVINE TOCTE-SCIEl'iCE, ET AUTANT DANS ~fenlal humain a été distingué en trois degrés, comme le Ciel Angé­
DIEU D'APHÈS LA DIVl:'<E TOUTE-PRÉSENCE. lique, et par suile il.peul êlre élevé dans un degré supérieur el su.
Si autant l'homme vit selon l'Ordre Divin, aùtant il est dans la périeur, ct il pelJt aussi être abaissé dans un degré inférieur et in­
puissance contre les maux et les maux d'après la Divine Toule-Puis­ férieur; et aulanl il e~l élevé dans les degrés supérieurs, autant il
sance, c'est parce qu'il n'y ci que Dieu seul qui puisse résister au~ l'est dans la sagesse, car aulanl il l'esl dans la lumière du Ciel, et
_maux et par suite aux faux; en effet, tous les -maux el tous les faux cela ne peut être l'ail que par Dieu, et autant il y est élevé, aUlilnt
-viennent de l'Enfer, et sont cohérents comme uu dans l'Enfer, abso­ il est homme; mais autant il est abaissé dans les degrés inférieurs,
lument de la même manière que tous les biens etlous les vrais dans autant il l'est dans la lumière fantastique de l'enfer, el autaut il
L 7

~-

98 LA. VRAIE RELIGION CHRÊTIENNE. 99


cesse d'être homme et devient bête; c'est mêmeà cause de cela que ~'oir comprendre lt' vrai et vouloir le bien, c'est-à-dire qu'il lui
l'homme se tient droit sur les pieds, et qu'il tourne sa face vers le ·donne la faculté de comprendre et l'inclination à aimer; mais au­
ciel et peut l'élevel' vers le zénith, tandis que la bète se tient sur les tant l'homme vit contre J'ordre, aulant il ferme les inférieurs de
pieds dans IIne position parallèle à la terre, et qu'elle lourne vers son mental ou de son esprit, et ainsi empêche que Dieu ne descende
elle tous ses regards et ne peut qu'avec peine les porter vers le ciel. et ne remplisse ses inférieurs par sa présence; d'après cela Dieu
L'homme qui élève son Mental vers Dieu, et reconnaît que tout vrai est dans lui, mais lui n'est pas dans Dieu: c'est une règle g~nérale
de la sagesse vient de lui, et qui vit en même temps selon l'ordre, tians le Ciel, que Dieu est dans tout homme, tant méchant que bon,
est comme celui qui se Lient sur une tour élevée, et vOiL au-des50us mais que l'homme n'est pas dans Dieu, s'il ne vit pas selon l'ordre;
de lui une cité populeuse, et en même temps tout ce qui s'y fait dans car le Seigneur dit, qu'il veut que l'homme soit dans Lui, et
les rues; mais l'homme qui chez lui confirme ,que tout vrai de la Lui dans l'homme. -;- Jean, XV, 4. - Si l'homme par la vie
sagesse lui vient de la lumière naturelle, et vient ainsi de lui-même, selon !'ol'dl'e est dans Dieu, c'est parce que Dieu est Tout-Présent
est comme celUI qui habite dans un caveau sous cette tour, et regardQ dans l'Univel's, et dans toutes et chacune des choses de l'univers,
vers cetle même ville pal' quelques trous, celui-ci ne VOil dans la dans lelll's intimes, car ces intimes sont dans "ordre;' mais dans les
ville que la muraille d'une seule maison, et comment les briques y ~hoses qu i son t contre l'ordre, lesquelles son t seulement celles qui
sont cimentées. Enfln l'homme qui lire de Dieu la sagesse est comme sont hors des intimes, Dieu est Toul-Présent par une lutte conti­
un oiseau qui, planant dans les airs, voit tout ce qui est dans les nuelle contre elles, et par un effort continuel pOUl' les ramenel' dans
jardins, dans les forêts et dans les métairies, et vole versee qui l'ordre; c'est pourquoi autant l'homme se laisse l'amener dans
appar~ient à son usage; mais l'homme qui tire de lui-même les l'ordre, autant Dieu est toul-présent dans tout ce qui le constitue.
choses qui concernen t la sagesse, sans la foi que ces choses néan­ par conséquent autant Dieu est dans lui, et lui dans Dieu. Dieu ne
.moins viennent de DIeu, est comme un taon qui, volant près de la lleut pas plus être absent de l'homme, que le Soleil ne peut l'être de
terre, se dirigeait il voit du fumier, et trouve son plaisir dans l'o­ la terre pal' la chaleur et la lumière; mais les objets, de la terre ne
deur infecte qu'il répand. Tout homme, tant qu'il vit dans le monde, ·sont dans la ,'ertu du Soleil, qu'autant qu'ils reçoi"ent ces deux
marche entreie Ciel et l'Enfer, et est par suite dans l'équilibre, et choses qni procèdent de ce Soleil, ce qui arrive dans les saisons du
ainsi dans le libre arbitre de regarder en haut vers Dieu ou en bas printemps ct de l'été: cela peut ainsi être appliqué à la Toute-Pré­
vers l'enfer; s'il regarde en haut vers Dieu il reconnaît que toute sa­ sence de Dien en ce que. auiant l'homme est dans l'ordre, autant il
gesse vient de Dieu, et il est en actualité qllant à son esprit avec les <est dans la chaleur spirituelle et en même temps dans la lumière
Anges dans le Ciel; mais s'il regarde en bas, ce que fait quiconque est :spiritnelle, c'est-à-dire, dans le bien de l'amour et dans les vrais
dans les faux d'après le mal, il est en actualité quant à son esprit de la sagesse; mais la chaleur et la lumière spirituelles ne sont pas
avec les diables dans l'enfer. comme la chaleur et la lumière naturelles, car la chaleur naturelle
70. Si autant l'homme vit selon l'Ordre Divin, autant il est dans se relire de la Tel're et de ses objets dans le temps de l'hiver, et la
Dieu d'après la Divine Tout-Présence, c'est par.ce que .Dieu est lumière se retire dans le temps de la nuit, et cela arrive parce que
Tout-Présent, et parce que olt il est dans son Ordre Divin, là il est la Terre produit ces temps par sa rotation sur elle-même et par son
comme dans Soi, car Lui-l\lême est l'Ordre, ainsi qu'il a été mon­ mouvement autour du Soleil; mais il n'en est pas de même de la
tré ci-dessus: puis donc que l'homme a été créé forme de l'Ordre chaleur spirituelle et de la lumière spirituelle, car Dieu par son
Divin, Dieu est dans lui, mais en tant que l'homme vit pleinement .soleil est présent avec l'une et l'autre, et n'a point d'alternatives
selon l'Ordre Divin ; ~'il ne vit pas selon l'Ordre Divin, Dieu est de présence et d'absence, comme en apparence le Soleil du monde~
toujours dans lui, mais dans ses suprêmes, et il lui donne de pou- t'homme lui·même se détourne comme la Terre se détourne de son.
~ 00 LA VRAlE
RELIGION CHR~:TIENNE. :lOf.
Soleil; et quand il &e détourne des vrais de la sagesse, il est comme
<lréé l'homme d'après l'Ordre, dans l'Ordre et pour l'Ordre. III. Il
la Terre qui se détourne de son Soleil dans le temps de la nuit; et
a créé son Mental rationnel selon l'Ordre de tout le Monde spirituel,
quand l'homme se détourne des biens de l'am0ul" il est comme la
etson Corps selon l'Ordre de tout le l\londe naturel; c'est pour
Terre qui se détourne de son Soleil Jans le temps de l'hiver; telle­
cela que l'h0mme a été appelé par les Anciens Micro-Urane (petit
est la correspondànce entre les effets et les usages procédant du
Ciel), et Microcosme (petit monde). IV. De là, c'est une Loi de
Soleil du Monde spirituel et les effets et les usages provenant du
l'Ordre, que l'homme par son Micro-Urane ou petit monde spirituel
Soleil du Monde natul'e1.
.,:. + ... ... :tL doit gouverner son Microcosme ou petit monde naturel, comme
Dieu par son l'lJacro-Urane ou Monde spirituel gouverne le M.acro­
71. Aux explications précédentesseront ajoutés trois MÉMORABLES.
eosme ou Monde naturel dans l'ensemble et dans chaqne partie. V.
Voici le PnEMIEn : Un jour j'entendis sous moi comme un bruisse­
Par suite, c'est une Loi de l'ordre, que l'homme doit s'introduire
ment de la Iller, et je demandai ce que c'était; et quelqu'un me dit
,dans la foi par les vérités d'après la Parole, et dans la charité par
que c'était un tUll!lllte parmi des Esprits assemblés dans la Terre
les bonnes œuvres, et par conséquent se réformer et se régénérer.
inférieure, qui est le plus près au-dessus de l'Enfer; et incontinent
VI. C'est une Loi de l'ordre, que ['homme par son travail et sa puis­
le sol qui faisait toit au-dessus d'eux s'entr'ouvrit, et voici, il travers­
sance se purifie des péchés, et qu'il ne se tienne point dans la foi de
l'ouverture s'envolèrent des nuées d'oiseaux de nuit. qui se répan­
l'impuissance et n'attende point que Dieu lave immédiatement' ses
dirent à gauche; et aussitôt après s'élevèrent des sauterelles qui
péchés. VII. C'est aussi une Loi de l'ordre, que l'homme aime Dieu
sautaient SUI' le gazon du sol, et en firent de tout côté un désert;
de toule son âme et de tout son cœur, et le prochain commè lui­
et peu après j'entendis tonr à tour comme des cris lamentables de
même, et qu'il ne diffère point et n'a ttende poin tqlleces deux amours
ces oiseaux de nllit, et sur le côté un cri confus comme de spectres
soient introduits par Dieu immédiatement dans son mental et dans
dans les forêts. Ensuite je vis de beaux oiseaux du ciel, qui se ré­
son cœur, commedu pain serait mis dans la bouche par un boulan­
pandirent à droite; ces oiseaux se faisaient remarquer par des ailes
gel'; outre plusieurs lois semblables. Après avoir entendu ces pa­
comme dorées, parsemées de raies et de taches comme argentées,
roles, ce satan répliqua d'une voix douce dans laquelle il y avait
et sur les tètes de CJuelques-uns il y avait des crètes en forme de
intérieurement de l'astuce: Que dis-tu là? Quoi! l'homme doit,
couronnes. Tandis que je voyais et admirais ces objets, tout-à-coup
d'après sa puissance, s'introduire dans l'ordre en accomplissant
de la Terre inférieure, où se faisait ce tumulte, il s'éleva un Es­
ses lois! Ne sais-tu pas que l'homme est, non pas SOllS la loi, mais
prit qui pouvait se donner la forme d'un Ange de lumière, et
sons la grâce; que toutes choses lui sont dOfiflees gratuitement;
criait: Où est-il celui qui parle ct écrit sur l'Ordre, auquel Dieu
qu'il ne pellt prendre que ce qui lui a été donné du Ciel, et que dans
Tout-Puissant s'est astreint Lui-Même quant il ce qui concerne
les chosés spirituelles il ne peut pas pIUs agir par lui-même que la
l'homme? Nous entendions il travers le toit ces paroles prononcées
femme de Loth devenue statue, ou que Dagon l'idole des Philistins
au-dessous;' cet Esprit, tandis qu'il était sur cette Terre, parcou­
dans Ekron, et qu'en conséquence, il est impossible à l'homme de
rait un ch.min battu, et enfin il vint vers moi, et aussitôt il prit
se justifier, cela devant être fait par la Foi et par la Charité?l\fais
l'apparence d'un Ange du Ciel, et, parlant d'un ton qui ne lui était
je lui 11s cette seule réponse: C'est aussi une Loi de l'ordre, que
pas propre, il dit: Est·ce toi qui peDses et parles sur l'Ordre? Dis­
l'homme par son travail et sa puissance doit s'acquérir la foi par les
moi sommairement ce que c'est que l'ordre et quelques-unes des
vérités d'après la Parole, et que cependant il croit que par lui­
choses concernant l'ordre. Et je répondis: Je t'en donnerai les pro­
,même il n'a pas un seul grain de foi, mais que toute sa foi vient de
priétés sommaires, mais non les particulières, parce que tu ne les
Dieu; et aUiisi, que l'homme par son travail. et sa puissance doit.
;comprendrais pas, et je di$ : 1. Dieu est Lui-l\Jême l'ordre. II. Il a
:se justifier, et que cependant il croit qu'il n'y a pas même un seul
i02 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i03
point de justification qui vienne de lui, mais que loute la justifica­ qu'il fait d'eUe lin pot à urine? Et url autre dit: Le salut de chacun
tion vient de Dieu: N'a-t-il pas été commandé que l'homme doH. est, dans la main de Dieu, comme une balance dans la main de celui
croire en Dieu, et aimer Dieu de toutes ses forces et son prochain: qui pèse. Sur les côtés se tenaient quelques Esprits simples ùe foi
comme lui-même? réfléchis, et dis-moi comment ce commandement. et droits oe cœur, les uns l'œil enflammé, d'autres comme stupéfaits,
aurait pû être donné par Dieu, si l'homme n'avait aucune puissance d'autres comme enivrés, et d'autres comme suffoqués, disant entre
d'obéir el de faire. A ces mots, ce Satan éprouva un changement eux à voix basse: Qu'avons-nous besoin d'écouter ces extravagan­

~
dans sa face, qui de blanche devint d'abord livide, puis noire; et. ces? Ils se sont infatués de cette foi, que Dieu le Père impute la
parlant du ton qui lui était naturel, il dit: Tu as prononcé des pa­ justice de son Fils à qui il veut et quand il veut, et qu'il envoie rEs­
radoxes contre des paradoxes; et aussitôt il s'enfonça vers les siens prit Saint pour opérer les décisions de cette jnstice ; et que l'homme,
et disparut; et les oiseaux de la gauche de compagnie a\'ec les. pour qu'il ne s'attribue pas la moindre chose dans l'op~ration de
spectres poussèrent des cris extraordinaires, et se précipitèrent son salut, doit être absolument comme une pierre dans l'affaire de
dans la mer, qui là est appelé mer de Su pit, et les sauterelJes les la justil1cation, et comme L1ne souche dans les choses spirituelles:
suivaient en saRtillan.t, el l'air fut purifié, et la terre fut nettoyée; et alors l'un d'eux s'introduisit dans la Cohorte, et parlant à haute
de ces bêles immondes, et ie tumulte d'en bas cessa, et il yeut voix, il dit: 0 insensés! votre raisonn.ement est de laine de chèvre;
tranquillité et f>érénité. vous ignorez absolument que Dieu Tout-Puissant est Lui-même
72. SECOND I\IÈ~IORAIlLE. Un jour j'entendis un bruit extraordinaire l'Ordre, et qu'il y a des myriades de Lois de l'Ordre, en aussi grand
venant de loin, et moi en esprit je suivis la directioH du son, et je Ilombre qu'il existe de vérités dans 13 Parole, et qu'il ne peut agir
m'approchai; étant arrivé au lieu d'Olt il venait, voici, c'était une C'lntre ces lois, parce que agir contre elles, ce serait agir contre
Cohorte d'Esprits qui raisonnaient sur l'hIPUTATION et la PRÉDESTI­ Lui-l\lême, et ainsi non-seulement contre sa Justice, mais encore
NATION; elle était composée de Hollandais et d'Anglais, et d'urt. contre sa Toute-Puissance; et il vit de loin sur la droite comme
mélange de quelques Esprits des autres Royaumes, et ceux-ci, à la une brebis et un agneau, et une colombe qui volait, et sur la gau­
fin de chaque raisonnement s'écriaient: Admirons! admirons! La che comme un bouc, un loup et un vautour, et il dit: Vous croyez
discussion roulait sllr ces p.oints: Poul'quoi Dieu n'impute-t-il pas. que Dieu par sa Toute-Puissance peut changer ce bouc en brebis,
le mérite et la justice de son Fils à tous et à chacun de ceux qui. ou ce loup en agneau, ou ce vautour en colombe, ou réciproque­
ont été cré~s par Lui, et ont ensuite été comme rachetés, n'est-il ment? Point dll tout, car ce changement est contre les lois de
pas Tout-Puissant ?'Ne peUl-il pas, s'il le veut, de Lucifer, du Dra­ son Ordre, dont pas même un seul point Ile peut tomber en terre,
gon et de tous les Boucs fai re des Archanges, n'est-il pas Tout­ selon ses propres paroles: comment alors peut-il transporter la
Puissant? Pourquoi permet-il que l'injustice ct l'impiété du diable justice de la Rédemption de son Fils sur quelqu'un qui est réfrac­
triomphent de la juslice. de son Fils et de la piété des ado'rateurs. taire aux lois de sa justice? Comment la Justice elle-même peut­
de Dieu? quoi de plus facile à Dieu, que de donner à tous la foi et elle commettre l'injustice, et prédestiner quelqu'un à l'enfer, et le
ainsi. le salut? pour cela que lui faut-il de plus qu'un petit mot? et jeter dans un feu vers lequel le diable se tient avec des torches à la
s'il ne le fait pas, Il'est-il pas en contradiction avec ses paroles,. main et qu'il attise? 0 insensés, vides d'esprit, votre foi vous a sé­
lesquelles sont, qu'il veut le salut de tous et ne veut la mort de per­ duits; n'est-elle pas dans vos mains comme un lacet pour prendre
sonne? Dites donc d'où vient et en quoi réside la cause de la dam­ des colombes? A. ces mols un certain Magicien fit de cetle foi comme
nation de ceux qui périssent? Et alors, un Prédestinatien-Supralap­ un lacet, et la suspendit à un arbre, en disant: Vous verrez que je
saire d'entre les Hollandais dit: Cela n'est-il pas dans le bon plaisiI" vais prendre cette colombe; et aussitôt le vautour prit son vol, passa
du Tout-Puissant? l'argile doit-elle réprimander le potier de ce son Mu dans le lacet, et y resta suspendu, et la colombe ayant vu le
i01, LA VRAIE RELIGION CHRÉTIE~NE i05
vautour s'"envola au-delà. Les spectateursfurent dans l'admiration et sujet, je vais en peu de mots donner les suivants: Les lois de l'Ordre
s'écrièrent: Ce jeu cependant est un gage de justice. imposées à l'homme sont, qu'il s'acquière des vérités d'après la
i3. Le'lendemain il vint vers moi quelques Esprits de celte co­ Parole, et qu'il y pense naturellement, et, autant qu'il le peut, ra­
ho"rte, qui étaient dans la foi de la prédestination et de l'imputation, tionnellement, et qu'ainsi il se procul'e la foi naturelle; alors les
et ils me dirent: Nous sommes comme ivres non de vin, mais du lois de l'Ordre de la part de Dieu sont, qu'il approche, qu'il rem­
discoul's que cet homme tint hier; il a parlé de la Toute-Puissance .1. plisse de sa Divine lumière les vérités, e~ de sa Divine essence la
et en mème temps de l'Ordre, et il a conclu que comme la Toute­ foi naturelle qui est seulement une science et une persuasion; ainsi
Puissance est Divine, de même aussi l'Ordre est Divin, et de plus, et non autrement la foi devient salvifique ; il en est de même pour
que Dieu Lili-Même est l'Ordre; et il a dit qu'il exist~ autant de "la charité: mais nous allons brièvement rapporter quelques-unes
lois de l'Qrdre que de vérités dans la Parole, qu'il y en a non-seu­ de ces lois: Dieu ne peut selon ses lois remettre les péchés d'un
lement des kiliades, mais des myriades de myriades, et que Dieu homme, qu'autant que cet homme s'en désiste selon les siennes;
est astreint il ses lois, et l'homme aux ~iennes; qu'est-ce alors que Dieu ne peut J'égénérer spirituellement l'homme, qu'autant que
la Toute-Puj~sance Divine, si elle est astreinte à des lois, car ainsi l'homme selon ses lois se.régénère naturellement; Dieu est en per­
tout absolu se retire de la Toute-Puissance? Dieu a-t-il donc moins pétuel effort pour régénérer et ainsi saliver l'homme, mais il. ne
de pouvoir qu'un Roi du Monde, qui gouverne seul? Celui-ci peut peut le faIre, à moins que l'homme ne se prépare pOUl' être récep­
touenee les lois de la justice comme les paumes de ses mains, et tacle, et qu'il n'aplanisse ainsi le chemin fi Dieu, et n'ouvre la porte;
agir' despotiquement comme Octave-Auguste, et même despotique­ un fiancé ne peut enlrer dans la chambre à coucher d'une vierge
ment comme Néron; nous, apl'ès avoir pensé il la Toute-Puissance qui n'a pas encore été fiancée, celle-ci ferme la porte et garde chez
Divine astreinte à des lois, nous sommes devenus comme ivres, èt elle la clé en dedans; mais après que la viel'ge est devenue la ~an­
nous sommes prêts à tombel' en défaillance, si l'on ne nous apporte cée, elle donne la clé au fiancé. Dieu n'a pu pal' sa Toute-Puissance
promptement uo remède; en effet, d'après notre foi, nous aVQns racheter les hommes, sans qu'il se fit Homme; et il n'a pu rendre
prié, afin que Dieu le Père ait pitié de nous à cause de son Fils, et Divin son Humain, sans que son Humain fùt d'abord comme l'Hu­
nous avons cru qu'il peut avoiepilié de qui il lui plaît, et remettre
les péchés à qui il juge à propos, et sauver qui il veut, et nous n'a­ Il main d'un enfant, puis comme l'Humain d'un adolescent, et sans
que l'Humain se fOl'mât ensuite en réceptacle et en lIabitacle dans
vons pas osé soustrail~e de sa Toute-Puissance la plus petite chose, lequ"el entrerait son Père, "ce qui a cu lieu en ce qu'il a accompli
aussi regardons-nous comme un crime de lier Dieu avec les chaînes toutes les choses de la Parole, c'est-il-dire, toutes les loisde l'ordre
de quelques-unes de ses loi!', parce qlle cela nous semble contradic­ qu'elle contient; et autan't il a fait cela, autant il S'est uni au Père,
toire avec sa Toute-Puissance. Ayant ainsi parlé. ilsme regardèrent; et le Pèl'e S'est uni à Lui. hlais ce ne sont là que tl'ès-peu d'exem­
et moi je les regardai, et je les vis éperdus, et je dis: J'adresserai ples, donnés pour illustration, .afin que vous voyiez que la Toute­
des supplications au Seigneur, et j'en apporterai un remède, en Pui!'sance Divine est dans l'Ordre, et que son goU\'erntment, qui
illusll'ant ce sujet; mais pour Je moment ce sera seulement par des est appelé Providence, est selon l'Ordre, et qu'elle agit continuelle­
exemples, et je dis: Dieu Tout-Puissant a créé le Monde d'après ment et éternellement selon les lois de son Ordre, et ne peut agir
l'Ordre en soi, ainsi pour l'Ordre dans lequel il est, et selon lequel contre ces lois, ni les changer en un seul point, parce que l'Ordre
il gouverne, et il a imposé à l'univers, et à toutes et à chacune des \ avec toutes ses lois est Dieu Lui-Même. Après ces paroles, une
choses de l'univers, son ordre; à l'homme le sien, à l'oiseau et au sp'lendeur de lumière d'une couleur d'or influa il travers Je toit, et
poisson le leur, au ver le sien, à chaque arbre, et même à chaque forma dans l'air des chérubins volants, et par suite le brillant de
brin d'hel'be le sien; mais pour que des exemples illustrent ce l'or illustra les tempes de quelques-uns d'eux du côté de l'occiput,
106 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE i07
mais nOIl encore du côté du front; car ils disaient tout bas: Nous. lorsqu'il eut vu le Nœud Gordien, tira son épée, le coupa en deux,
ignorons encore ce que c'est que la Toute-Puissance; et je dis: Elle. en rompit ainsi les entortillem en ts, le jeta par terre, et en broya
vous sera révélée, maintenant que les explications qui viennent de les fils sous sa chaussure, A ces paroles, ces Esprits lllordaien tleurs
vous être données vous ont communiqué quelque lumière. langues, voulant les aiguiser en mots piquants, mais ils n'osèrent
74, TROISIÈME l\H;~IORAIlLE, Je vis de loin plusieurs Esprits ras­ pas, parce qu'ils voyaient au-dessus de moi le Ciel ouvert, et en­
semblés, ayant sur la tête des bonnets; les uns, des bonnets entou­ tendaient une voix qui de là leur disait: Écoutez d'abol'd avec mo­
rés d'une gance de soie, ils étaient de J'Ordre Ecclésiastique; les dération ce que c'est que l'Ordl'e, selon les lois duquel Dieu Tout­
autres, des bonnets dont les bords étaient ornés d'une gance d'or, Puissant agit: Dieu a, de Lui-Même, comme étant l'Ordre, créé
ils étaient de J'Ordre Civil; tous étaient savants et érudits; et en l'Univers dans l'ordre, selon l'ordre; il a créé pareillement l'homme
outre j'en vis quelques-uns avec des tiares, ceux-ci étaient des en qui il a établi les lois de son ordre, d'après lesquelles l'homme a
ignol'ants; je m'approchai, et je les entendis parler entre eux SUl' été fait image et ressemblance de Dieu; le sommaire de ces lois est
la Puissance Divine illimilée, et dire que si elle s'exerçait selon que l'homme croie en Dieu et aime le prochain, et autant il fait ces
certaines lois qui sont de'\'enlles lois de l'ordre, elle serait non pas deux choses d'après la puissance natul'elle, autant il se fait récep­
illimitée, mais limitée, et ainsi IIne puissance et non la Toute-Puis­ taole de la Divine Toute-Puissance et autant Dieu Se conjoint à lui
sance; mais qui ne voit qu'aucune nécessité de la loi ne peut con­ et le conjoint à Soi; par là sa foi devient vive et salvifique, et ce
traindre la Toute-Puissance à faire de telle manière et non d'une qu'il fait devient la charité, de même vive et salvifique: mais il
autre? certainement quand nous portons nos pensées sllr la Toute­ faut qu'on sache que Dieu est perpétuellement présent, eL que con-,
Puissance et en même temps sur les lois de l'Ordre, selon lesquelles tinuellement il fait effort et agit dans l'homme, et touche aussi son
elle est obligée de marcher, les idées que nOlis avions conçues de libre arbitre sans néanmoins le violenter, car s'il violentait le libre
la Toute-Puissance tombent comme la main lorsque le b:îtou se arbitre de l'homme, la demeure de l'homme (lans Dieu périrait; il
brise, Lorsqu'ils me virent près d'eux, quelques-uns accoul'urent n'y aurait que la demeure de Dieu dans l'homme, et cette demeure
et me dirent d'un ton assez véhément: Est-ce toi qui a circons­ est dans tous, tant dans ceux qui sont SUI' terre que dans ceux qui
crit Dieu dans des lois comme dans des chaînes? n'est-ce pas là sont dans les cieux, et aussi ùans ceux qui sont dans les enfers, car
une impudence extrême? par là n'as-tu pas au~si mis en pièces. c'est par là qu'ils peuvent, veulent et comprennent; mais la de­
IJ1Hre foi sur laquelle est fondé notre salut, au milieu de laquelle meure réciproque de J'homme dans Dieu n'est que chez ceux qui
nous plaçons la justice llu Rédempteur, et au-des'sus la Toute-Puis­ vivent selon les lois de J'ordre données dans la Parole, et ceux-ci
sance de Dieu le Père, en y ajoutant J'opération de l'Esprit Saint, deviennent les images et les ressemblances de Dieu, et le paradis
et son efficacité dans l'impuissance absolue où est pour les choses leur est donné en possession, et le fruit de l'arbre de vie pour nour­
spirituelles l'homme, pour qui il suffit de parler de la plénitude riture; tous les autre,;, au contraire, s'assemblent autour de l'arhre
de la justitlcation qui est dans celle foi par la Toule-Puissance de de la science du bien et du mal, et là ils s'entretiennent avec le Ser­
Dieu? mais nous avons appris que toi tu vois de J'inan ité dans celle pent et mangeut le fruit de cet arbre, mais ensuite ils sont chassés
foi, parce qu'il n'y a en elle rien de l'ordre j)ivin du côtéde l'homme. du Pal'adis ; cependan t Dieu ne les abandonne pas, mais eux aban­
Après les avoir entendus, j'ouvris la bouche, et parlant à haute voix,. donnent Dieu, Ceux qui avaient des bonnets comprirent cela, et ils
je dis: Apprenez les lois de l'Ordre Divin, et ensuite découvrez 1 approuvèrent; mais ceux qui avaient des tiares le nièrent, et ils
cette foi, et vous verrez une vaste solitude, et en elle le Léviathan dirent: La Toute-Puissance n'est-elle pas ainsi limitée ?or, une
tortueux et oblong, et tout il l'entour des filets roulés comme en un Tou te-Puissance limiLée est une con tradictioll. \\lais je répondis:
nœud inextricable; mais failes comme on lit que fit Alexandre, qui,. Il n'y a point contradiction à agir tout puissamment selon les lois

(-­

.... _----­
:l08 LA VR;AIE RELIGION CHRÉTIENNE i09
de la justice avec jugement, 011 selon les lois inscrites dans l'Amour bonnets se retirérent le bonnet sous le bras, louant Dieu, car dans
d'après la Sagesse; mais c'est une contradiction, qu'e Dieu pllisse ce Monde-Iii les intelligents portent des bonnets; mais ceux qui
agir contre les lois de sa Justice et de son Amour, et ce serait agir sont couverts de tiares ne sont pas intelligents, parce qu'ils sont
sans jugement ni sagesse; une teHe contradiction est renfermée chaures, et que la Calvitie signifie la stupidité; et ceux-ci s'en allè­
dans votre foi qui prétend que Dieu par pure grâce peut justifier rent à gauche, mais les autres allèrent à droite.
l'injuste, et l'enrichir de tous les dons du salut et des l'écompenses
de la vie. Toutefois, je dirai en peu de mots ce que c'est que la
Toute-Puissance de Dieu: Dieu d'après sa Toute-Puiss~nce a créé DE LA CRÉATION DE L'UNIVERS.
l'Univers, et il a en même temps introduit son ordre dans toutes
et dans cHacune des choses de l'univel's; Dieu aussi d'après sa i5. Puisque dans ce Premiel' Chapitre il s'agit de Dieu Créateur,
Toute-Puissance conserve l'Univers, et il y maintient l'Ordre avec il faut aussi parler de la Création de l'Univers par Lui, de même
ses lois à perpétuité, et quand quelque chose s'échappe de l'ordre, que dans le Chapitre suivant où il sera question du Seigneur Ré­
il l'y ramène et l'y réintègre. De plus, Dieu d'après sa Toute-Puis­ dempteul" il sera aussi parlé de la Rédemption; mais personne ne
sance a instauré l'Eglise, et il a révélé les lois de son ordre dans . peut se former une idée ju~te de la Création de \'Univer's, Sl.qll~-
la Parole; et quand l'Eglise fut tombée hors de l'ordre, il l'a res­ ques connaissances générales donnélls d'avance ne mettent pas l'en­
tamée, et quand elle fut totalement tombée, il est descendu Lui­ { ten-del~;ent dans un étaL!ie perceptiQ!l ; ces connaissanè~s- se"ànt les
Même dans le Monde, et en prenant l'Humain il s'est revêtu de la suivantes: 1. Il Ya deux Mondes, lei\IondeSpirituel oùsontlesAnges
Toute-Puissance et il a rétabli l'Eglise. Dieu d'après la Toute-Puis­ et les Esprits, et le Monde naturel olt sont les hommes. IL Dans
sance et aussi d'après la Toute-Science examine chacun après la l'un el l'autre Monde, il y a un Soleil; le Soleil du Monde spirituel
mort, et prépare les jnstes ou les brebis pour leurs demeures dans est le pur Amour procédant de Jéhovah Dieu, qui est au milieu de
le Ciel et en construit le Ciel, et il prépare les injustes ou les boucs lui; de ce Soleil procédent une chaleur et une lumiàre; la chaleur
pour leurs demenres dans l'enfer et en construit l'enfer: et il dis­ qui en procède est dans son essence l'~n~ur, et la lumière qui en
pose le Ciel et ['Enfer en Sociétés et en Congrégations selon toutes procèdeest dans son essencf', la sage~~e ; et toutes deux affecten t la
les variétés de leur amour, qui dans le Ciel sont en anssi grand volonté et l'entendoment de l'homme, la chaleur sa volonté, et la
nombre que les étoiles dans le firmament du l\Ionde, et il conjoint i lumière son entendement: mais le Soleil du Monde natul~-~l est un
en un llls Sociétés dans le Ciel, afin qn'clles soient devant Lui comme pûrfeu, et en conséquence la chaleur qui en procède est morte,
un seul Homme; il agit de même pour les congrégations dans l'En­ pareillemeut la lumière, et elles servent d'enveloppe et de support il
fer, afi n qu'elles soien t comme un seul Diable, et .il sépare ceux .ci la Chaleur et à la Lumière spirituelles afin qu'elles pénètrent jus­
des antres par un gouffre, afin que· l'Enfer ne fasse pas violence au qu'à l'homme. III. La Chaleur et la Lumière qui procèdent du So­
Ciel, et afin que le Ciel ne canse pas de tourment dans l'Enfer; car leil du Mondespil'ituel, et par suite toutes les choses qui là existent
autant le Ciel influe, autant ceux qui sont dans l'Enfer sont tOUI'­ 1'1 par elles,sont substantielles et sont nommées spirituelles; et la Chaleur
mentés. Si Dieu d'après sa Toute·Puissance ne faisait pas toules ces et la Lumière qui procèdent du Soleildu Monde naturel, et pal' suite
choses à chaque instant, la férocité entrerait dans les hommes, au toutes les choses qui là existent par elles, sont matérielles et sont (-.
point qu'ils ne pourraient plus être contenus par les lois d'aucun y
~omm~e:- naturelles. IV. Dans l'un èt 1'~!.!IIe Monde il a ~rQ.i~ Dè- ( - /f.{

Ordre, et ainsi le Genre humain p~rirait ; ces choses ct autres sem­ ~s qui sont nommés degrés de hauteur, et par suite trois RégionS;, J
blables arriveraient, si Dieu n'était pas l'Ordre, et Tout-!>uissant A selon lesquelles ont été mis en ordre les trois C~ux_angé!iglles, et
dans l'Ordre. Après avoir entendu ces paroles, ceux qui avaient des Z aussi les menlals humains qui ainsi cOl'l'espondent à ces trois CieuK
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HO LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE HI
angéliques; et pal'eillement toutes les autres choses ici et là. V. Il pu se dégager de ces lIeux idées, ni voir dans quelque lumière com­

Ya une Correspondance entre les choses qui sont dans leJlonde \ ment la Création a été faite; c'~st pourquoi nous C~vons attiré du

'- ~pirilliel et celles qui sont dans le}I2Q~.natlJ_rel. VI. Il Ya un Or­ 1 lieu ou tu élais, afin que tu ~xposes_.!~léditati.o.n s~·~ ce sujel.·A

dre, dans lequel toutes et chacune des choses de l'un et l'autre ces mots, je répondis: Je l'exposerai; et je dis: J'ai longtemps mé­

( Monde ont été créées. VU. Il faut d'abord absolument se fo_rm.er UDe dité sur la Création, mais en vain; mais, }Jlus tard, quand j'ells été

l idée de ces 12.~.!i_ons ; sinon, le Mental humain étant dans une corn­ (introduit par le Seigneur dans votre Monde, je pe.rç~§ qu'il était

pIète ignorance sur ces points tombe facilement dans l'idée que l'U­ ) i~lile de conclure quelque chose sur la Création de l'Univers, si

nivers a été créé par la Nature, et c'est seulement d'après l'Auto­ 1 a~paravant j'on ne sait pas qu'il y ~ deux Mondes. l'Un dans la­

rité Ecclésiastique qu'il dit que la Nature a été créée par Dieu, mais l quel sont les Anges, et l'autre dans lequel sont les hommes, et que

comme il nr. sait pas comment, s'il scrute intérieurement la chose, ce1lx-ci après la mort passent de leur Monde dans l'autre; et alors

il se précipite tête baissée dans Ir. Naturalisme qui nie Dieu. Toute­ ,f je vis aussi qu'il y avait deux Soleils, l'un d'oit pr.Q1hle tout ce qui

(fois, comme il faudrait un ~ros Volume pour exposêretdémontrer t .est Spirituel, et l'autl'e d'où proflue tout ce qui est Naturel; que le

) comme il convient chacune de ces vérités, et qu'en outre cela n'en­ Soleil d'où pl'ofluent tous les spirituels est le pur Amour procédant

tre pas proprement, comme Lemme 011 Argument, dans le Système de Jéhovah Dieu, qui est au milieu de ce Soleil, et qlle le Soleil d'où.

) Théologique qui est l'ohjet de ce Livre, je veux seulement rapporter


profluent tous les naturels est le pur Feu. Ces connaissances étant

quelques ME~IOR.\BLES, par lesquels on pourra concevoir une idée acquises, un jour que j'étais clans l'illustration, il me fut donné de

de la Création de l'Univers par Dieu, et obtenir par celle conception ,percevoir que Jéhovah Dieu avait créé l'Univers par le Soleil au mi­

une sorte de fœtus qui la représente. lieu duquel il est; et que, l'Amour n'ayant d'existence (IU'autant

+ ~ ~ ~ ~
.qu'il est uni à la Sagesse, Jéhovah Dieu avait, de son Amour p~a

0~PREmER MÉ~IORAI3LE. Un jour j'étais en méditation sur la Créa­ Sages~e, ·cl'éé l'Univers; que cela soit ainsi, c'est ce dont j'ai ac­

tion de l'Univers; et comme cette méditation fut perçue par des quis la conviction par toutes et }Jar chacune des choses que jaie vues

Anges au-dessus de moi au coté droit, où étaient ceux qui avaient 2. {jans le Monde 011 VOl!§ êtes et dans le Monde oit je suis de corps.

quelquefois médité et raisonné SUI' ce même sujet, l'un d'eux des­ Il serait trop long d'exposer C(lmment s'est opérée la progression:

cendit, et m'invita, et je devins en esprit, et je l'accompagnai, et de la Création depuis son commencement; toutefois, quand j'élais

après que je fus entré, je fus conduit au Prince, dans la Cour duquel dans l'illustration, je perçus qu'au moyen de la Lumière et de la

je vis environ des centaines d'Anges réunis, et le Prince au milieu Chaleur du Soleil de votre Monde il a été créé des atmosphères spi­
\ d'eux: et alOl'S un de ces Anges me dit : Nou~ avon~ç.:-u i~ que
, tu étais dans Ulle méditation sur la Création de l'Univel's; el \]OUS,
j . ~iluelles qui en elles-mêmes sont substantielles, l'une ayant pr~é r.
de l'autre; et comme elles sont t..!]is, et qu'ainsi il y a trois degrés /f
1 quelquefois, nous avons été dans une semblable méditation, mais d'atmosphères, il a été formé trois Cieux, l'un pour les Anges qui
nous ne pouvions pas conclure, parce qu'à nos pensées S'était alla­ sont dans l~suprême degré de l'amour et ge. L~ ~age_sse, l'autre pour
. chée celle idée du Chaos, que c'était comme un grand OEuf; d'où, l '2 les Anges qui sont dans le ~econd-legré, et le troisième pour les
) avaient été til'ées toutes et chacune des choses de l'Univers dans 1 3 Anges qui sont dans le.der~er degré, Mais comme cet Univers spi­
Î leur Ordre, lorsque cependant nous percevons mAint~~.ant, qu'un ~i rituel ne peut exister sans un Univers paturel dans lequel il.prQ_<I uise

v~ste !Jnivers n'a pas pu éclore de ceUe manière; une autre idée ~ ses effets et ses usages, je perçus qu'alors en même temps a été créé

f s'était aussi attachée à nos mentaIs. c'était. que toutes choses avaient
, été créées de rien par Dieu, lorsque cependant nous p-ercevons mai.n­
î le Soleil, d'où procèdent tous les Naturels, et pareillement par ce

! ~ Soleil, au moyen de la lumière et delaéhaleur, trois atmosphères r-' r"


l tenant, que rien ne se fait de rten ; et nos MentaIs n'ont pas encore \ 3 qui enveloppent les trois premières, comme les coquilles enveloppent
\
r,l ?
H2 LA VRAIE RELIGION CHRÊTIENNE H3
les noyaux, ou les écorces le bois, et enfin p~ce_s~mosph~!.e:; l~ vers la fenêtre comme un brillant 'éc,lair, et aussitôt après j'entendis
': Globe terraqué, où sont les hommes, les bêtes, les poissons, el aussi comme un éclatant coup de tonnerre; comme je m'étonnais d'où
" lesarbres,-les arbrissea~x et les herbes, aU.-!I2.oY~:!l_ de tèrres qu~~n. cela pouvait venir, j'entendis du Ciel, que c'étaient quelques Esprits
sistent en humus, ell pierres et ell minéraux. Toutefois, c'est là une qui, non loin de moi, raisonnaient avec emportement sur DIEt; et
esquisse très-commune de la Création et de sa progression; quant / sur la NATURE, et que la vlbl'ation de la lumidl'e semblable ~ un
aux particuliers et aux singuliers, il:; ne peuvent pas être exposés. ) éclair, et la secousse de j'air semblable à un coup de tonnerre,
sans qu'on écrive des Vùlumes; mais tout conduit il celle conclusion, étaient les corresponda~ces et par suite les apparêll~du combat
que Dieu n'a pas créé l'Univers de rien, car, ainsi que vous l'avez, et de la collision des argum~!!.ts, d'un caté pour Dieu, et de l)uJre
r' rio dit, ri~n ne se fait_Q.e!i.en, mais qu'il l'a créé pa,:-Ie Soleil rl~ Ciel l pour la Natilre. Voici l'origine de ce combat spirituel: Il y avait
5!!Jgélique, q~i}r~~i~.e_.§i>!l Être, et qui est par conséquent le pur dans l'Enfer{guelquesSai~~squi avaient dit entre eux; Que ne nous
1 Amour uni il la Sage~~e: que l'l!nivers, pa~lequ~~~~t.~I!Q!J.l!!n ~ ( est-il permis de converser avec les Anges du Ciel! nous leur dé­
etJ'autrt Mpnde, le Spirituel et le Naturel, ait été créé d'Après 1e-5 monlrerions d'une manière complète et absolue que la Nature est

Divin Amour ct la Divine Sagesse, c'est ce que prouvent et atLestent ) ce qu'ils appellent Dieu de qui tout procèdent, et qu'ainsi Dieu est

toutes et chacune des choses qu'il contient; et vous, si vous les exa­ / seulement un mot, à moins que pal' Dieu on entende la Nature; et
minez en ordr~ et enchainement, d'apl'è~ la lumière o~ sonl.le~ p~r­ parce que (ces Satans'\ avaient cru ~ cela de [out leur cœur et de
c~plions de voll'e e_~tcn~ent, vous pouvez clairement le voir: tOlite leur âme, et avaient désiré de s'entrett~nir avec les Ange§)du
(mais il faut tenir pour certain que l'Amour et la Sages~e qui en Dieu Ciel, il leur avait été donné de monlel' du bourbier et de~ Lénèbres
1 de l'Enfer, et de converser' ave~ëtlx AngeS'descendant du Ciel;
· ) font un, ne sont pas l'Amour ct la Sagesse dans un sens abstrait,
mais sont cn Lui comme Substance, car Dieu est la Substance et Es· la scène se passait dans le Monde des esprits, qui tient le milieu en­

1 sence même, -la Suhstanc; e~-Essenc~ unique: et par ~ons~quelll la


,Substance et Essen,ce premIère, qlll en SOI Est et SubSiste. Que
tre le Ciel et l'Enfer : là,~rè's SalanS avant vu les Ang;es acCOUnll'Cllt
avec vitesse, et crièren t d'une voix furieuse: Êle;=vousqes AnKesl
v

du Ciel avec lesquels il nous est permis de nous aboucher pour rai­

toutes et chacune des choses aient été créées d'après le Divin Amoul>
et la Divine Sagesse, c'est ce qui est entendu pal' ces expressions sonner sur Dieu et sur la Narure? vous êtes appelés sages, parce

dans Jean: c( La Pm'ole était chez Dieu, et [)ieu était la Parole; que vous reconnaissez Dieu; mais, oh que vous ètes simples! Qui a

toutes choses pm' Elle ont été (aites, et le Monde par EUe a été vu Dieu? qui comprend ce que c'est que Dieu? qui conçoit que Dieu

;1 fait. Il -1. '1, il, 10. - Là, Dieu signifie le Diri~ '.i\I.1l0Ur, et la gouverne et puisse gouverr.er l'Univers, et toutes et chacune des

., Parole signifie le Divin Vrai ou la Divine Sagesse, c'est pourquoi la choses qu'il renferme? qui reconnaît, à "exception de la populace

P!~le y est appelé'e L~~ièl'e, et pal' la Lumière quand il s'agit et du vulgaire, ce qu'il ne VOiL pas et ne comprend pas? qu'y a-t-il

de Dieu, il est entendu la Divin.e Sagesse. Ayant achevé de parler, de plus évident, sinon que la Nature est Lout dans- tout? qui a vu

) comme je leur disais adieu, des parcelles de lumière tombèrent du, avec l'œil autre chose que la nature? qui a entendu avec l'oreille \

\ Soleil spirit.Y.el par le~ CieuJ\ _ungé!.iques dans leurs yeux, et par autre chose que la naLure? qui a odoré avec les narines autre chose

leurs yeux dans les habitacles de, leur mental, et ayant été ainsi il­ que la nature? qui a savouré avec la langue autre chose qlie la na­
~J t~
lustrés, ils applaudiI'ent il mes paroles, et ensuite ils me suivirent turc? qui a senti par le toucher de la main et du corps ilutl'e chose ,. 1/1'
jusqu'au vestibule, et celui qui m'avait d'ahord accompagné vint jus­ que la nature? Les sens de notre corps ne sont-ils pas les témoins
J '

qu'à la maison où j'étais, et de là il remonta vers sa Sociélé. des vérités? qui ne peut d'après eux jurer que telle chose est de

r7-""i~>SECON[) ?tIÉ!dORAIlLF.. Un matin, à mon réveil, méditant dans teJl e manière? la respiration d'après laquelle vit aussi notre corps

une lumière matinale et sereine avant la pleine veHle, je vis il tra- n'est-eHe pas un témoin? respirons··nous autre chose que la nature?

J. 8
Hi LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE H5
d'où vient lïnflux dans les pensées des Têles, sinon de la nature! iüèrement morle? Vàus pouvez, s'il vous est donné une garde, mon­
si la nature était enlevée,- pourriez-vous pe~ser quelque chose? ou­ 11er avee nous dans le Ciel, et nous pouvons, s'il nous est donné IIne
tre plusieurs autt'es arguments de même espèce è s Ang~\ après. 1;arde, descendre avec vous dans l'Enfer, et vous verrez ~e
les, avoir écoutés, répondirent: Vous parlez ainsi, parce que vous C~l des objels magnifiques et resplendissants, et d~.!1~ l'Enfer des ob-.
êtes entièrement sensuels; tous, dans l'Enfer, ont les idées des pen­ ,jets difformes dt immondes; ces différ'ences viennent de ce que dans
sées plongées dans les sens du corps, et ne peuvent élever les men-· ) le Ciel tous aqorent Dieu, et que dans l'Enfer' tous adoren t la Na­
(taIs au-clessus d'eux, nous vous pardonnon~ donc ; ~ viELQu Dl!l et ) ture; ces objets magnifiques et resplendissanls dans les Cieux sont
1 par suite la foi du.Ë-ux ont bouché les intérieurs de vos mentaIs, au ,Jes correspondances des affections de l'amour du bien eU!lLyrai, et
Î point que chez VOU5 l'élévation au-dessus des sensuels n'est pas pos­ ~es objels dl,fformes et immondes dans les Enfers sont les corres-I
t sible, sinon dans un état éloigné dt:s maux de la vie et des faux de ,pondances des affections de lJ!.!.no.ur du maL el d!! faux. De tout cela,
la foi; car un Salan peut, aussi bien qu'un Ange, comprendre le 1 concluez mainte11ant si c'est Di~u, ou la Natu,re, qu.i est tout dans
vrai quand il l'entend proïioncër;rnais il ne le !:.Ctient p;;s.-parce J ) tout. A cela @s__~atanS' répondirent: Dans 1état 'ou nous sommes
que le_mal efface le ~.I~ai et introduit le faux; mais nous perce\'ons maintenant, nous pouvons de ce que nous venons d'entendre con­
que vous êtes dans cet état éloigné. et qll'ainsi v()_Ili_ pOllvez co~­ ·dure que c'est Dieu, mais qll~nd I~ plaj_$jr:-du ma! ~'elllp~I.~.J~.'!o~
prenol'e ce qlle nOI~prononçons, faites donc attention aux paroles
Î que nous dirons ; e(~dirent: Vous avez été dans le Monde naturel, ~~
1 .mentals, nous ne voyons que la Nature. Ces ~.ux An~eLI~~ __§a­
t3.ns"se tenaient non loin de moi, c'est pourquoi je les vis elles en­
et \OUS y êtes morls, et maintenant vOliS êles dans le l\ionde spirituel; )l iëndis; et voici, je vis autour d'e~e~Îièoup d'Espnts qui, dans le -1
arez-\'ous 511 auparavant quelque chose sur la vie après la morl? ne !Ionde naturel, avaient ét~eîèbres par leur érudition,. et j'étais
l'avez-vous pas niée, et ne vous êtes-vous pas faits pareils aux bêtes? 1 étonné de -ce que ces E)Jl_dits se tenaient ~antôt pl'ès des Anges,
aveZ-VOijS su auparavant quelque chose sur le Ciel et l'Enfer ? quel­ )tan.lôt près des S~ns, et applaudissaient ceux près desquels ils se
qlle chose SIII' la lumière e.t la chaleur de ce Monde? sur ce que vous tenaient; eL il me fut ditque leurs changements de position étaient
n'êtes plus en dedans de la Nature, mais au-dessus de la Nature? car les changemenls d'état de leur mental qui favorisait tantôt un parti

r~ee ÂÏ~lIde -et - lo~t ce--qu'il renfermè, ëSt_spiriT~I;'eLJ~spiriluels tantôt l'autre, car ils étaieni quant àla foi comme des Vertumnes :
sont au-dessus de!5n_~~_~els, à un tel point qlle~plus petite chose de rë-gar(I;
rett'1~ _ang~Jne (IIrëÏÏlle nlystère :- Nous avons jeté nos SUl"
Ia nalure, dans laquelle .vous avez été, ne peut pas même i~tluer dans
l ce Monde: mais VOliS, pal'ce que vous avez cru là ~.!ture Dieu ou
la Ter1'e vers les hommes cèlèbres par leur érudition, et slIr mille'
nous en avons trouvé six cents pour la Nature et les autrespour
Déesse, vous croyez aussi qlle la Lumière et la Chaleur dEice lUondè' JDieu, et ceux-ci· étaient-pour Dieu, parce qu'ils en avaient parlé
sont la Lumière eL la Chaleur du l\londe naturel, lorsque cependant ) fréquemment, no..'!-faprès l'!tntenillJJ!lent, mais selJlement d'après
il n'en est rien, car la Lumière naturelle ici estl'Obscu~ité, el la ce qu'ils avaient entendu dire que la NatUl'e vient de Dieu, et parce
Chaleur naturelle ici est le Froid; avez-vous su quelque chose sur .qù'un langage habituel d'après la mémoire et la réminiscence, quoi­
le Soleil de ce Monde-ci, d'où procèdent notre Lumière et notre que non en_même temps d'après la pensée et l'intelligence, produit .
Cltaleur? avez-vous su qU!l c~~eil est le pu r-AJgo ul', et que le So­ une espèce de foi. Après ceia, une gàrdèfuTdOnnêeauxSatanS) et ­
leil du Monde naturel est le PUI' Feu '? avez-vous su que le Sole.i1 du ils montèrent dans le Ciel avec~es deux Anget et ils virent des ob­
Monde, qui est le pur feu, est ce cl'après quoi la Nature existe el jets magnifiques et resplendissants, et étant alors dans l'illustration
Çsubsiste, et que l~ Soleild!1_Ciel, qui est Le p~ ~~r, est ce l(a­ par la lumière du ciel ils y reconnurent qu'il y a un Dieu, et que la
111fèsquoi existe et subsiste la Yie Dl~me,qui est l'amour.uni à la Sa­ Nalure a élé créée pour servir d'instrument à la vie qui pl'ocèdede
gesse; el qu'ainsi la Nature, que vous faites UieiJou Déesse, est eo- Dieu,. et~que la Natu~e6n elle-même est morte, et qu'ainsi par elle­
H6 LA VRAIE RELlGION CHRÉTIENNE ii7
même elle n'a aucune activité, mais qu'elle est m~ en actio!t Pi!! \ .pondait chaque objet; et il ajouta: Non-seulement ces:"l!bi~s, mais
la vie.\Après avoir vu et perçu ces choses, ils descendirent; et
:encore tous~le~a1!!I~5 qui se p~ésententà_n_otre vue, sont des Cor­
-- ~ co;;ne ils descendaient, l'amour du mal revint, et boucha leur en­
l.respondances,
- ._.­ par exemple, les 1\la isons, les Meubles, les Tâbles 'et
tendement en dessus et l'ouvrit en dessous, et alors au-dt:ssus appa­
les l\IeLs, les VêLements, et aussi les 'Monnaies d'or et d'argent, les
rut comme une ombre lançant des éclairs d'un feu infernal; et aussi­
diamants et les autres pierres précieuses dont les Épouses et les
tôt que de leurs pieds ils eurent touché la terre, le sol s'entr'ou­
yVierges se parent dans les Cieux; nous, p~r ces diff~ren~~ obje_ts.
vrit sous eux, et il retombèrent vers leurs compagnons. ,
) Jl0J!~ percevons quel est chaque Ange quant à l'amour et à la sagesse;
78. THolsIÈ~IE MÈ~IORA\lLE. Le lende~~in il vint vers moi~n Angè les objets qui sont dans nos maisons, et qui servent à nos usages, y
( d'une autre Société du Ciel, et il dit: Nous avons appris qu;en rai­
restent constamment; mais devant ceux qui vont de sociétés en so­
son d'une méditation sur la Création de l'Univers tu as été appelé

~
ciéLés, ces objeLs sont changés selon les compagnies. Ces chos.es t'ont
dans une Société voisine de la nôtre, et que là tu as sll-.r.-la Création
été montrées, afin que tu voie;; dans un Typ!-.p~~er laCréat.i~n
\ raconté des choses auxquelles ont alors ap plaudi les Anges de cette
.Universelle; en effet, Dieu est l'Amour même et la Sagtsse même.
{ Société, et depuis ils sont dans la joie ;\moi maintenant je te ferai
( et les affeQ!.iQn~A~A:~our sontlnfinies, et les pÇcepÙ~ns dë-~a
voir comment les Animaux et les Végéta ux de tout genre ont été
J 'Sage~e sont infinies, et les Corresl{Ondances de ces affections et de
produits par Dieu; et il me conduisit dans uue va~te Campagne cou­
\<:esperceptions sonL toutes les choses, tant en général qu'en parti­
verte de verdure, et il dit: Regarde de to~ côtés; et je regardais
1culier, qni se I~ontren~ sur la Terre; de làïes oiseaux et les b-êïës,
de tous_ côtés, et je vis des Oiseaux dont le plumage offrait les plus
de là les arbres et les arbrisseaux, de là les récoltes et les moissons,
1 belles couleurs; quelques-uns volaient, d'autres étaient sur des ar­
.et de 1;) les plantes et l'herbe; éar Dieu n'est point étend;, mais
-. ~ bres, et d'autres sur le gazon béquetant des ffuilles de roses; parmi
-néanmoins il est partont dans l'étendue, ainsi partout dans l'Univers
1ces oiseaux il y avait aussi des Colombes et des Cygnes\Après que depuis ·'Ses premiers jusqu'à ses derniers, et comme il est Tout­
(ces objets eurent disparu de devant mes yeux, je vis non loin de,
Présent, de telles correspondances des affections de son Amour ~t
'moi des Troupeaux de Brebis et d'Agneaux, de Chevreaux et de ( ~e sa Sagesse sont dans Loutle Monde naturel; dans notre Monde,
., Chèvres; et, autour de ces troupeaux, des Troupes de Bœufs et de -'._--"
.. ,qui est'appelé Monde Spirituel, il ya de semblables correspondances
Veaux, de Chameaux et de Mulels. et dans une sorte de bocage des
chez ceux qui reçoÎvent de Dieu les affections et les perceptions; la.
" Cerfs il longues cornes, el aussi des Licornes\Lorsque j'eus consi­ "différence est, que dans notre Monde ces choses sont créées en un
'déré ces aniQ1aux, il dit; Tour,ne la face vers l'Orient; el je vis un
'insLant par Dieu selon les affections des Anges>et dans votre Monde
_ Jardin, oit il y avait des Arbres fruitiers, des Orangers, des Citron-
(:elles ont été créées de la même manière dans le commencement,
-) niers,d.es Oliviers, des Cep.s de vi?ne, des Fi.guiers, d~s ~ren.adiers, }'mais qu'il a été pourvu à ce qu'elles soient renouvelées perpétuelle­
et aussI des Arbustes qUI porlalent des baIes. EnsUIte il dit; Re­
( garde maintenant ver~ le-!llidi ; et je vis des Moissons de grains de
1 ment par les géné~alî~ns deJJ!~ parX~lre, et à ce que la Créa­
tion soit ainsi continuée ~ dans notre ~fonde il y a une Création
y ) toutes espèces; de froment, d'orge el de fèves, et tout autour des
momeutanée, et dans le Vôtre une Création qui dure' par les géné­
l parterres de roses qui présentaient des couleurs heureusement va­ rations, c'est parce que les Atmosphères et les terres de notre Monde .
riées: mais a1,1.septenJrlon il y avait des Forêts de châtaigniers, de \ sont spirituelles, et que les Atmosphères etlelliŒ.~4~~'1~e Z,
j
ç palmiers, de tilleuls, de platanes, et autres arbres à feuilles~ Après
que j'eus considéré ces objets, il dit: Toutes ces choses que tu as
sont naturelles, eL que les naturels ont été créés pour enveloppe! les
\ :spirituels, comme les peaux enveloppent les corps des hommes et
vues, ·sont les çorre!ipQndances des, affell,tions à.e l'amour des Anges des animaux; l'écorce et le liber, le tronc et les branches des ar­
qui sont dans l~ voisinage; et il ex,pliquaIt à qQelle ,atfectioncorres­
t bres; les mères et les méninges, les cerve'aux; les tuniques, les
J

HB LA VRAŒ RELIGION CHRÉTIENNE. {{9


nerfs; et les philyres, leurs fibres; et ainsi du reste: de là viellt lo~hes, et réputés plus sages que les autres, et ils dirent: Nous

que toutes les choses qui sont dans votre Monde sont constantes, et percevons que tu médites sur la Création, dis-nous quel est ton sen­

reviennent constamment chaque année. Puis il ajouta: Ce que tu as /1 liment sur ce sujet; mais je répondis: Dites<f;abord quei est li~ô­

f vu et entendu, rapporte-le aux habitan.ls de to~nde, parce qu~ 2-. tre; et l'ull d'eux dit: 1\lon sentiment est que la Création vient de

jusqu'à ce jour ils ont été dans une comprète ignol'ance sur le l\lo1!~e )a Nature, et qu'ainsi la Nature s'est créée elle-même, et qu'elle a

- spirituel, et que san!i la connaissance de ce Monde 011 ne peut savoir, été de toute éternité; car le vide n'existe point, et ne peut point

1 , '\. '\
ni même soupçonner que la Création est continuelle dans n.q.treJIo!!..de. exister; d'ailleurs que voyons-nous par les yeux, que saisissons·nous h T'
et que dan~ votre Monde, elle a étè sembl able à cellëdü nôtre, lors­ par les oreilles, qu'odorons-nous' par les narines, et que respirons­ ,. 'IJ
que l'Univers a été créé pa~ Dieu. nous pal' la poitrine, qui ne soit de la Nat~re? et (;omme elle est 1
Ensuite nOliS parlâmes de divers sujets, et enfin de l'Enfer; de: hors de nous, elle est aussi au dedans de nous. Q!1.}'ytre entendant )
ce que là, on ne voit absolument rien de ce que renferme le Ciel. 2 ' cela lui dit: Tu parles de la Nature, et tu la fais créatrice de l'Uni­

mais que tout y est opposé, p:lrce que les affections de leur ;imonl',. vers, mais tu ne sais pas comment la Nature a formé l'Univers, je

qui sont les cupidités du mal, sont ,opposées aux affections de l'a­ vais donc le dire: Elle s'est roulée en tourbillons qui s'entrechoquè­

mour dans lesquelles sont les Anges du Ciel; c'est pOUl' cela que. rent, comme des nuages entre l'UX , ou comme des maisons dans un

t< - chez eux dans l'Enfer, et en général dans leurs Désert;, il apparaît. tremblement de Lerre qu~nd elles s'écroulent, et par ce choc les par­

des Oiseaux&mlit, tels que des chauve-souris, des hiboux ,et des. ties les plus grossières se réunirent en un, de là la Terre; les par­

chouettes, et aussi des loups, des léopards et des ti~res, des rats. ties plus fluides s'en séparèrent et se l'éunirent aussi en un, de là les

gros et petits, et des serpents venimeux de tout genre, des dragons Mers; des parties plus légères s'en s~parèrent aussi, de là l'ELher

et des crocodiles; et dans les endroits où il y a quelque végél,ation, et l'Air; et par les plus légères de ces parties fut formé le Soleil ;

il y croiL Ides ronces, des orties, des épines et des chardons, et quel_ n'avez-vous pas vu que lorsque de l'Huile, de l'Eau et de la Pous­

ques herbes vénéneuses, qui par fois disparaissent, et alors on y sière de la terre sont mélées ensemble, elles se séparent d'elles­
voit seulement des amas de pierres, et des marais dans lesquels /' mêmes, et se placent en ordre l'une sur l'autre? Alors un a~~!re eu­
croassent des grenouilles; toutes ces choses sont aussi des Corres­ . tendant ce système, dit: Vous parlez l'un et l'autre d'après la phan­

pondances, mais, ainsi qu'il a été dit, de$-ll0x:respondallc~~~§3f­ taisie; qui ne sai t que la première origine de toutes choses a été le

_._ fections de leur aIl.!0ur, qui sont les cupigités_l!!lll!al. Cependant de chaos, qui en grandeur avait rempli la quatrième partie de l'Uni­

telles choses n'y sont point créées par Dieu, et elles n'ont point non vers, et qu'au milieu du chaos était le Feu, autour de ce feu l'éther,

- plus été créées par Dieu dans le Monde naturel, où il en existe de et autour de l'éther la matière, que ce Chaos s'est crevassé, et que

semblables; car toutes les choses. que Dieu a créées et qu'il crée" par ces ouvertures le Feu s'est échappé, comme il s'échappe de

ont été bonnes et sont bonnes; .mais celles-là ont eu leur origine. l'Etna et du Vésuve, de là le Soleil; qu'après le feu, l'Ether s'est

~ur la Tene, en même temps que l'Enfer qui a été formé par les. dégagé et répa'ndu tout autour, de là les Atmosphères; et qu'enfin

bommes qui, en se détournant de Dieu, sont devenus après leur la m:llièrc qui éLait restée s'est rassem!:>lée en globe, de là la 'ferre '?

JmorL des diables. et ,des satans. Comme ces détails afi'I'eux commen­ Quant aux Étoiles, elles sont seulement des luminaires dans l'Éten­

~ient à blesser nos oreilles, nous en détournâmes nos pensées, en due de l'Univers et doivent leur origine au Soleil, et au feu et à la

.1e~ rep.9rtantsur, les,objéts que nous avions vus dans les Cieux. lumière de cet astre; caJ'le Soleil a d'abord été comme un Océan de

79. QÇ1TIII~ItIE ?tfEMQRABLE. Un jour que j'étais en méditation sur feu, et pour ne pas incendier la Terre, il a tiré de soi des petites

1a Cré~tion de l'Univers, il vin~ quelques Esprits du Monde Chrétien .. flammes brillantes, qui, s'étant placées à la circonférence onL per­
'qIÜ,' dans leur temps, ava.i~nt été au nombre de~ pl!!s c.élèbLe.L~hi- / fectionné l'Univers, de là le Firmament. 1\lais parmi ces Esprits il
L~

r',

...........

1,20 LA VRArE RELIGtoN CHRÉTIENNE Ut.


,s'en,.présenta un qlJiiit: Vous errez, il vous sembleqn6 vous êtes cidons que l'~..!!le appartienl à la natur~Quelques-uns d'entr.e eux
des sages, et moi je vous parais simple, mais toutefois dans ,ma ne furent pas d'un avis différent, il est vrai, mais jls illustrèrent
simplicité j'-ai cru et je crois que l'Univers a été créé par Dieu, et J'état de la question, en disant que les Anges ont eu leur origine.
qu'alors toute la nature a été créée en même temps, puisque la na- 1 ~uand l'éther s'est dégagé de ce grand Chaos, et qu'alors il s'est
,ture appartient à l'univers; si la Nature se fut créée elle-même. t:). 4ivisédans la région suprême en d'inno'!!hrab!es formes individuelles,
n'aurait-elle pas été de toute éternité? Mais c'est le comble ,du qé- --~ , .qui s'introduisent dans les hommes, quand ils commencent à penser
, Ure! Et alors un de ces prétendus sages s'approcha de plus près en d'après \:In air plus p"ur, lesquelles fOl'mes sont alors nommées Ames.
ç / plus près vers celui qui parlait, et il mit l'oreille gauche vers sa ""\ A ces mots, un aulre dit: J'accorde qu'il ait été formé dans la ré­
bouche, son oreille droite était bouché comme avec du coton, et il ~:sion supérieure par l'éther dei formes individuelles, en nombre
demanda ce qu'il avait dit, et celui-ci répéta les mêllles paroles; et immense, mais néanmoins les hommes nés depuis la création du
alors celui qui s'était approché, regarda de tOl)s cptés s'il n'y avait \ l\londe en ont excédé le nombre, comment alors ces formes éthérées
...
pas quelque Prêtre, et il en vit un auprès de celui qui parlait, et J (ont-elles pu suffire? j'ai donc p'ensé en moi-même que les Ames
(alors il répliqua en disant: J'avoue aussi, moi, que toute la nature \ 1.qui sortent de la bouche des hommes, quand ils meurent, r~.vien­
1 vient de Dieu, mais, .. ; et alors il s'en alla chuchoter avec ses com­ \ nent après quelques millier3 d'années chez les mêmes, et,qu;-ëIJes
pagnons, et il leur disait: J'ai parlé ainsi, parce qu'il y avait un 1, : rëcommencent et mènent une vie semblable à la précédente; il est
Prêtre auprès de lui; vous et m_oi nous savons que la nature vient notoire que plusieurs d'entre les sages croient à des retours senl­
de la nature, et parce 'qu'ainsi la nature est D,ieu, j'ai dit que ~ blableset à la l\létempsycose. Oulre ceux dont les opinions vieil­
, 'toute la nature vient de Dieu, mais .... Cependant le Prêtre~' enten- { nent d'être rapportées, les autres aussi présentèrent leurs conjec­
dant leul's chuchotements, leur dit: Votre sa!-\,esse, qui est purement } tures, que je passe sous silence" parç.e qu'elles élaienJ.j~~es.
) philosophique, "ous a séduits, et elle a bouché les intér!~!:.s_cle,v_os 1 -,Ap.rès une peli te heure I~J~.r..ê..lrè' revint, et alors cel..!!iJl.~i 1précé­
, ~ent~ls, au point qu'aucune Lumière procédant de Dieu et de son 1 , ,<Iemment avait pal'Ié de la Création de l'Univers par Dieu, lui rap­
} Ciel n'a pu influer, ni vous illustrer, vous l'avez éteinte; et il dit: ~ ,/ porta ce qu'ils avaient décidé sur l'Arne; après ce rapport, Je Prê­
Agitez-donc et décidez entre vous d'où viennent vos Ames, qui sont ( tre leur dit: Vous avez parié absolument comme vous avez pensé
immortelles? viennent-elles de la Nature? ou bien ont-elles été en­ ) dans le Monde, sans savoir que vous êtes non pas dans ce Monde,
semble dans ce grand Chaos? En entendant celle question, celui qui î mais dans un autr~, qui est appelé Mo~de Spi~it~ël; Lousceux qui
/, /,avait parlé le premier s'approc~a.!Je ses com~,agnons, l~r deman­ sont devenus sensuels-corporels par des confirmations pour la Na­
, 1 dant de l'aider à dénouer ce nœud de la question; et i!slcoJ!clu­ ture, ne savent autre chose, sinon qu'ils sont dans le même Monde,
) relll que l'Ame humaine n'est que de t'éther, que la,pen~ée n'est \ où ils sont nés et ont été élevés; cela vient de ce que là ils ont été
) qu'une modific:ltion de l'éther p~r la lumière du soleil, ei que l'é­ (dans un _~<:rp_~.!~ériel, et qu'ici ils sont dans un_corps slJ.bsJl!,.ntiel,
f ther a1)partient à la nature; et ils dirent: Qui ne sait que nous 1 et que l'homme substantiel se voit et voil ceux qui l'environnent,
parlons par le moyen de l'air? et qu'est··ce que lap~'l~ée, sinon un ) 3bsolument comme l'homme naturel se voit et voit ceux qui sont
! ( langage dans un air plus pur, qui est appelé éther? de là vient que autour de lui; en effet, 1~_~uQsta~.!iel est le.primitilQu mllt~rjel, et
~ p~ns,~~_.~~.J~~gageJont lin; qui ne pent remarquer cela d'a­ parce que vous pensez, voyez, odorez, goûtez et parlez de la même

~
près l'homme tandis qu'il est enfant? d'abord il apprend à pa.~ler. manière que dans le Monde naturel, vous croye"l que la Nature est
et successivemtlnt à parlel' avec lui-même, el cela, c'est pen.?_er; ici la même, lorsque cependant la nature de ce l\fQQde diffère de la
dès lors, qlJ'est·ce que la pensée, sinon une modification de l'éther; ,na~~.'! du Mon?~ naturel autant que le,stlbsl~ntiel diffère d~ maté­
et 'le son du langage, qu'est-ce sinon sa modulation? d'où IIOUS dé-- riel, ou le spIrItuel du naturel, ou 1antérieur du postérIeur; et

~
-
122 LA VRAIE RELIGION· CHRÉTIENNE 123
comme la nature dn Monde, dans laquelle vous avez d'abord vééu,
car la D~!ure @.~n.2~--!yons contra_clé~A~Hls le Monde ne peut être
est respectivement morte, c'est pour cela que vous, d'après des con­
changée, ni chassée par les peines, et quand elle est chassée par
i firmations pour elle, vous êtes devenus c~n!m~~I'tS, surtout d~DS
elles, toujours après un court espace de tel~ps elle revient.
Î l~chosesqui concernent Di~u, le Cid et l'Eglise, et aussi dans celle qui
80. CINIlUlÈ~1E ~IÉMORABLE. Un jour ~ Sataih par permission,
regarde vos Ames: mai~ néanmoins tout h-ofilme, tant le méchant
montil de l'Enfer avec !!IIll..f~I~mle, et s'approcha de la maison où
( que le bon, peutJtre élevé quant il l'entendement j.usque dans
j'étais ; le~_ayan..t-Yus, je fermai 1i!...JenêJre, néanmoins je leul' parlai
) la lumière où sonL les Anges du Ciel, et alors voir qu'il ya un Dieu,
à travers la croisée, et je demandai au Satan d'où il venait; il me
qu'il y a une vie après la mort, et que l'Ame de l'homme n'est pas
dit: De la compagnie rle mes semblables; et,je ,demandai ~d'où venait
une vapeur éthérée, et qu'ainsi eHe ne vient pas de le nature de ce
( laj~.I!lme; il me dit: Elle en vient pareillement; celle-ci était de
Monde-là, mais qu'elles est spirituelle, et qu'en conséquence elle
) la troupe des Sirènes, qui par des phantaisies savent prenMe tous
doit vivre. éternellement; l'entendement peuL être dans celle lumière
les dehors et toutes les formes de la beauté et de la gràce ; tantôt
angélique, pourvu que les amours nat~rels qui proviennent du
} elles se donnent la beauté de Vénus, tantôt le visage décent d'une
Monde et sonl pOUl' le Monde et pour sa nature, et qui proviennent
vierge du Parnasse, tantôt elles se parent de couronnes et de man­
du corps ct sonL pour le COI'PS et pour son propl'e, soi~nt éloign~s.
teaux comme des Reines, et marcbent avec majesté appuyées sur un
Et alors ces amours furent tout à coup éloignés par le Seigneul', et
bâton d'argen~; telles sont dans le inonde des Espri t::.- les courtisanes,
il leur fui donné de conversel' avec les Anges, et d'après celle con­
( et elles s'étudient à opérer des phantaisies;.).! p-~.l\nJai.sie s'o~te
versation ils perçurent dans cet état qu'il ya un Diell, et qu'ils vi­ ) par la pensée sensuelle, en fermant les idées qui pl'oviennent de
f vaient après la mort dans un antre Monde, au!si furent~ils confus, ,~ ~ r 1 quelque pensée intérieure. Je demandai au Satan si elle ét:iTtS()n
1 de J1(~!lte, et ils s'écrièl'ent: Nou~_étions fO}ls! nous étions fons! {t,l'L' ( Épouse; il ré.pondit : Qu'est-ce qu'une épouse, je l'ignore, et ma so­
mais comme cet état n'était pas leur état propre, et que par suite, l ciété l'ignore aussi; elle est ma courtis!lDe ; et alors celle-ci inspira
au bout de quelques minutes, il leur devenait ennuyeux et désagréa­ ) de la lasciveté à l'homme, ce en quoi excellent aussi les Sirènes, et
ble, ilsse détournèrent Ilu P.r~~re et ne voulllrent plus entendre son Î dès qu'il eut reçu cette inspiration, il lui. donna un baiser en disant:
, I~!lga$e, et ainsi ils revinrent à leurs précédentesamollrs, qui étaient Ah! mon AdonisTMais-arri~s au sérieux: Je demandai(âÜSatar1')
purement nat~lelles, 1l19ndaineset cOI'porol!es, et ils s'en allèrent vers la ( quelle était sa fo.nction; et il dit; Ma fonction est l'Erudition ;n~
gauche, de société en société, et enfin ils entrèrent dans un chemin ) vois-tu pas un laurier sur ma tête ? Ad~nis, p~-;~~--a-~t;â-~omposé
où les plaisirs de leurs amours les attiraient, et ils dirent: Suivons , cette couronne e~,me l'a composée par derrière. Et je dis: Puisque
ce chemin; et ils le suivirent, et ils descendirent, et enfin ils vin­ 1 -:'" 1 tu viel1s d'une s0ciété où il y a des académies, dis:.t~!li, qu~is-
( rent vers ceux qui étaien't dans des plaisirs de semblables amours, lu, et que croient tescomp!gno~s _s!!! Dieu? JI répliqua: Dieu pour
) et ils allèrent au delà; et comme leur plaisir élaiL un plaisir d~ [aire nous est l'Uni,vers~ -- que nous nommons aussi Nature, et que les
) le mal, et Clue dansleut: chemin ils avaient aussi fait du mal à plu­ [ simples -d'entre nous nomment Atmosphère, qui pour eux est l'air,
sieurs, ils furent incar.érés, et devinrent des démons; eL alors leur
mais que les sages nomment Atmosphère qui aussi est l'Ether';
plaisir fut changé en déplaisir, car par les peines et par les craintes·
r' Dieu, le Ciel, les Anges, et autres choses semblables, sur qui plu­
des peines, ils furent contraints ct répl'imés dans leur précédent
sieurs dans ce Monde ont composé une foule de COlites, sont d~J!~ns
(plaisir, qui constituait leur nature; et ils demandèrent' à ceux qlli m.2ls et des fiotions tirées de l\IétéQ.!'es qui jouent ici sous les yeux
) étaient dans la même prison, s'ils devaient vivre ainsi éternelle­ de plusieurs; toutes les choses qui se manifestent SUI' la Terre n'ont·
Î mellt ; et qnelqnes-uns répondirent; Nous sommes ici depuis quel­ elles pas été créées par l~ Soleil? à son arrivée au printemp!> ne nait·
1 qùes siècles, et nous devons y l'este l' pendant les siècles des siècles; il pas des Vermisseaux avec des ailes et sans ailes 1 et par sa chaleur
t24 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE 1251
, les Oisepux ne se livrent-ils pas mutuellement à J'amour el' à la pro- ( ]l~ut-être q!lelqull--..!lffluve s'élevant d'un cadavre au tombeau dans
':lification? et la Terre échauffée par son ardeur ne fait-elle pas sortir ! une forme comme un homme, ou quelque chose qu'on !!.omm~sp~c­

les semences en bourgeons et entin en fruits comme lignée? ainsi. \ tre, dont quelques personnes font des contes, avait introduit une
), l'Univers n'est-il pas Dieu et-la 'Nature Déesse? et, comme épouse de 1 tclle idée dans les phantaisies des hommes~ A ces mots, il ne Ille fut
i lt'iUnivers, ne conçoit-elle pas, n'élève-t-elle pas, I)'enfante-t-elle pas,
plus possible de me retenir, j'éclatai de rire, et je dis: Satan, tu
)
:.et'ne nGurrit-elle pas? Ensuite, je lui demandai quelle était sa dérdisonnes.e.~ cléraisQ.n.~ant; qu'es-tu maintenant, ~? n'es-t~

)( pas homme dans la forme? ne parles-tu pas, n~ vol~-tup!~, n'en-


o

croyance et, celle 'de sa, Société s~r ~ Religign ;il répondit: Pour nous
,qui sommes plus instruits ,que le vulgaire, la Religion 'n'est qu'un ; tends-tu pas, ne marches-tu pas? Rappelle-toi que tu as vécu dans
charme pour fasciner la populace; ce charme est, autour des choses )/ un autre Monde, dont tu ne te souviens pas, et que maint~.~il~!..!.u

• 1 vis après la mort, et que tu as parlé absolument comme tu parlais


sensitives et imaginaires de leur melltal, comme une _âu-!,e, (atl!LQs-
1 phère; dans laquelle les idées de piété volent comme des papillons } auparavant; et le ressou~e_.ni~_l!li fut ~o~~é, et il se~appe.!a, e~ 1-- 1" /1:
) alors il ~~tho.!}te, et il ,.s~éc~il!..: Je J!~!ai~Qnne ; j'ai vu le ciel au- ) 1', l n
odans l'air; et leur foi, qui entrelace ces id~es en une sorte de chaîne,
\Lest comme un ver il soie dans sa coque, d'où il s'envole comme le roi dessus, et j'ai entendu les anges y dire des choses ineffables, et·cela
des papillons; car une Communauté d'homm~s sans instf!lCtion aLrpe quand je venais d'arriver ici ; mais maintenant je retiendrai cela
( des i mages au dessus des sensuels d ~~o rps, et par sui te au·dessus des P9ur le raconter à mes compagnons, que je viens de quitter, et
sensuels de la pen~ée,ùans le désir de voler; ainsi ils se font aussi des ) peut-être alors auront-ils honté pareillement; et il persista_à dire
Î 1ailes, afin de s'élever comme ,des aigles, et de se présenter avec jao- qu'i.~.I~~ ?ppellerait inse!!sés, mais à mesure qu'il descendait, l'ou.-
) bli chassait le ressouv~_nir, et quand. il fut arrivé, il déraisonna
tance aux ,habitants de la:terre, pour leur dire: Voici, c'es,t mot~\ nous./
au contraire, nous croyons ce que nous voyons, et nous aImons ce que comme eux, et appela folies les choses qu'il m'avllit entepdu dire.
nous touchons; et alors il loucha sa cou rtisane, et il dit :. Je crois ( Tel est l'état dela pensée et du langage des Satans après la mort;
1 sont appelés Satans ceux qui chez eux ont c2.."firmt~s faux jusqu'à
cela, parce' que je vois et touche: mais nOliS, nO!!$ jetons de tels
jo.~ts par nos fenêtres, et par un souffle nous repoussons les rires_ 1 la foi; et Diables, ceux qui chez eux ont confirmé _les maux par la
Je demandai ensuite quelle éfait sa croyance, et celle de ses compa- vie.
""3 gnons, SIl~!.L.~!el· et l'Enfer; il répondit avec un éclat de rire:
.Qu'est-ce que le Cjel, sinon le fiJ'mament éthéré dam: son alliluùe;
et les Anges, SInon les taches errantes autour du Soleil; et les Ar-
changes, ,si non les comètes à longues queues sur laquelle habite leur
'troupe? et qu'est-ce qu.e l'Enf~r, sinon des marais, où les grenouilles
et..les crocodiles-;-/ï"âns leurphantaisie, sont les diables? excepté çcs
( ~dé~s s~r le ciel et sur l'enfer, toute~ le~ autres sOJll,des sornettes
) ;1~trQ..eJJJltes ~ar quel~ue ~rélat pour s attIrer de la glOIre de la part
ftun peuple Ignorant\Mals toutes ces choses, Illesprononça absolu-
\);ment comme il avait pensé sur elles dans le Monde, ne sachant pas
),;()u'(Lvi.".ait apr~ J!l.J!!9rt, et ~yanLpublié tout ce qu'il avait en-
'l.tendu quand il était entré dans le Monde des Esprits ;'c'e~t pour-
-- , quo,i, quand je l'interrogeai aussi sur la vie après.la.mort, il répo.!1-
dit que c'était une chose imaginaire (ens imagf.narfum) ; et que

il
l

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