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Couplage thermomécanique

par Nicolas RANC


Professeur agrégé à l’université de Paris X

1. Équations de la thermomécanique ..................................................... AF 5 042 – 2


1.1 Mise en équation du problème mécanique............................................... — 2
1.2 Mise en équation du problème thermique................................................ — 3
1.2.1 Premier principe de la thermodynamique........................................ — 3
1.2.2 Équation de la chaleur........................................................................ — 4
2. Thermoélasticité ...................................................................................... — 4
2.1 Loi de comportement thermoélastique ..................................................... — 4
2.2 Équation de la chaleur en thermoélasticité ............................................... — 5
2.3 Application de la thermoélasticité : mesure de la contrainte par
thermographie ............................................................................................. — 5
2.3.1 Mise en équation. Équation de Lord Kelvin...................................... — 5
2.3.2 Thermoélasticimétrie ......................................................................... — 6
3. Thermoplasticité ...................................................................................... — 7
3.1 Dissipation de l’énergie en thermoplasticité............................................. — 7
3.2 Équation de la chaleur en thermoplasticité ............................................... — 9
4. Calcul thermomécanique : degré de couplage ................................ — 10
4.1 Cas des phénomènes adiabatiques ........................................................... — 10
4.1.1 Nombre de Fourier ............................................................................. — 10
4.1.2 Équations thermomécaniques dans le cas adiabatique.................. — 10
4.2 Couplage fort / couplage faible .................................................................. — 11
Références bibliographiques ......................................................................... — 12

eaucoup de pièces mécaniques sont soumises à la fois à des sollicitations


B mécaniques et thermiques. C’est le cas par exemple des aubes de turbines
soumises à des températures élevées et aux efforts d’inertie, ou d’une pièce
forgée qui s’échauffe quand elle se déforme. La simulation de tels problèmes
peut nécessiter de résoudre à la fois un problème thermique (détermination du
champ de température dans l’aube) et un problème mécanique (détermination
de la contrainte dans l’aube).
Dans certains cas, il peut arriver que ces deux problèmes soient liés. Par exemple
quand on chauffe une pièce, elle se dilate et donc se déforme. Si la pièce ne peut se
déformer librement, on a création de contraintes. Une sollicitation thermique pro-
voque une contrainte ou une déformation mécanique. Au contraire, si l’on déforme
fortement un matériau métallique, il s’échauffe. Une sollicitation mécanique
engendre alors un effet thermique. On dit que les problèmes de mécanique et de
thermique sont couplés et on parle de couplage thermomécanique.
Le premier objectif de cet article est de déterminer les équations qui régissent
ces deux problèmes et de mettre en évidence leur couplage. Le deuxième objectif
est de donner quelques exemples d’application du couplage thermomécanique.
Dans cet article, on se limitera à l’étude des phénomènes thermomécaniques
volumiques et notamment on ne s’intéressera pas au couplage thermomécani-
que intervenant au niveau du frottement entre solides. Pour déterminer les
équations de la thermomécanique, on se placera toujours dans l’hypothèse des
petites déformations.

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COUPLAGE THERMOMÉCANIQUE __________________________________________________________________________________________________________

1. Équations
(0)

Symboles et définitions
de la thermomécanique
Symbol
Unité Désignation
e Dans un premier temps, nous allons déterminer les équations
ρ kg · m−3 Masse volumique relatives au problème mécanique puis thermique.

g m · s−2 Accélération due à la pesanteur


σ Pa Tenseur des contraintes 1.1 Mise en équation du problème
v m · s−1 Champ de vitesse mécanique
n – Vecteur unitaire normal
■ Principe fondamental de la dynamique
γ m · s−2 Accélération
L’équilibre mécanique s’écrit à l’aide du principe fondamental de
V m3 Volume matériel
la dynamique. Pour un milieu continu, il traduit le fait que la résul-
ε – Tenseur des déformations totales tante de tous les efforts appliqués à un élément de volume matériel
(forces volumiques, forces extérieures et forces d’inertie) est nulle
εe – Tenseur des déformations élastiques
quel que soit l’élément considéré. On considérera le milieu soumis
εp – Tenseur des déformations plastiques
à une force volumique ρ g (avec g l’accélération due à la pesanteur
εth – Tenseur des déformations thermiques et ρ la masse volumique du milieu). Les efforts de cohésion dans le
ε̇ s−1 Vitesse de déformation milieu seront représentés par le tenseur des contraintes σ symétri-
Pint W Puissance des efforts internes que. On notera v le champ de vitesse dans la pièce.
Pext W Puissance des efforts extérieurs L’équilibre mécanique peut s’écrire sous différentes formulations.
Pacc W Puissance des efforts d’accélération La formulation intégrale ou globale : si l’on effectue le bilan des
efforts sur un volume V fini, on obtient (voir figure 1) :
fext N· m−2 Forces surfaciques extérieures

∫ ∫ ∫
T K ou ˚C Température
ρg dV + σ n da = ργ dV
W J Travail V ∂V V (1)
s J Énergie stockée Forces volumiques Forces surfaciques Forces d′inertie

Q J Chaleur
dv
 J Énergie interne avec γ = ------- .
dt
Wp J Travail mécanique fourni
La formulation locale : si l’on effectue le bilan des efforts sur un
K J Énergie cinétique volume infiniment petit, on obtient l’équation locale de l’équilibre :
e J · kg−1 Énergie interne spécifique
q W · m−2 Vecteur flux de chaleur div σ + ρ g = ργ (2)

α K−1 Coefficient de dilatation thermique La formulation en puissance : si l’on considère v le champ de


linéique vitesse et ε̇ la vitesse de déformation correspondante, on a alors :
1 – Tenseur unité Pint + Pacc + Pext = 0 (3)

∫ ∫
E Pa Module d’Young
avec : P int = – σ : ε̇ dV , P acc = – ργ .v dV
C Pa Tenseur des modules de complaisance V V
cε J · K−1 · kg−1 Capacité thermique massique à déforma-

cV
tion constante
J · K−1 · kg−1 Capacité thermique massique à volume
et P ext =
∫ V
ρ g ⋅ v dV +
∫ ∂V
fext . v da

constant
Pint représente la puissance des efforts internes.
cp J · K−1 · kg−1 Capacité thermique massique à pression
constante Pacc représente la puissance des efforts d’inertie.
λ W · m−1 · K−1 Conductivité thermique Pext représente la puissance des efforts extérieurs. Elle se divise en
Km – Coefficient de couplage thermoélastique deux termes, le premier correspondant à la puissance des forces
volumiques et le deuxième aux forces agissant sur la surface ∂V de V.
f – Fraction d’énergie stockée
σY Pa Limite d’élasticité
n
R Pa Contrainte d’écrouissage
p – Déformation plastique cumulée V da
β – Coefficient de Taylor-Quiney V
din W · m−3 Dissipation intrinsèque V

 – Nombre de Fourier Figure 1 – Élément de volume de la structure

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■ Loi de comportement tion, un apport extérieur de travail δW et de chaleur δQ a lieu. Le pre-


À ces équations d’équilibre on peut ajouter la loi de comporte- mier principe s’écrit :
ment liée au matériau. Elle peut par exemple exprimer la
contrainte σ en fonction de la déformation ε, de la vitesse de défor- d (  + K ) = δW + δQ (5)
mation ε̇ si le matériau est visqueux, et de la température T :
avec  l’énergie interne et K l’énergie cinétique.
σ = f ( ε, ε̇, T ) (4) ● L’énergie interne est une énergie mise en jeu à l’échelle

On garde pour l’instant une formulation générale de la loi de com- microscopique (ou atomique). Elle se décompose en deux énergies :
portement. Dans la suite de l’article, elle sera explicitée dans les cas l’énergie potentielle d’interaction et l’énergie d’agitation thermique.
particuliers de la thermoélasticité et de la thermoplasticité. • L’énergie potentielle d’interaction est directement liée aux
■ Effets de la thermique sur les équations de la mécanique efforts de liaison. Si le solide dont est constitué le système est sou-
mis à un effort extérieur, celui-ci est équilibré par les efforts de
On peut dès à présent remarquer l’influence de la thermique sur liaison (contraintes internes). Sur la figure 2 a, le point E0 corres-
le problème mécanique à travers la loi de comportement. En effet la pond à la distance interatomique en l’absence de force. Sous l’effet
température modifie le comportement mécanique du matériau. d’une contrainte extérieure, la force de liaison passe d’une valeur
L’étude de l’influence de la température sur le comportement nulle à F0 et les distances interatomiques sont modifiées (position
mécanique des matériaux ne fait pas partie de cet article, cependant repérée par E1). La conséquence macroscopique de la contrainte est
on pourra se référencer à [1] pour les matériaux métalliques et à [2] la déformation.
pour les matériaux polymères pour avoir plus d’informations. La
masse volumique ρ peut également dépendre de la température • Dans un solide, chaque atome du réseau cristallin s’agite de
(pour les matériaux solides, elle sera considérée constante). façon désordonnée autour d’une position moyenne (position
d’équilibre). L’amplitude de ces oscillations augmente avec la tem-
pérature. L’énergie mise en jeu lors de ce mouvement de vibration
est l’énergie d’agitation thermique. Une analogie avec un système
1.2 Mise en équation du problème masse-ressort permet de comprendre que cette énergie se
thermique décompose en une énergie potentielle et une énergie cinétique
d’agitation thermique. L’énergie cinétique est liée à la vitesse des
atomes alors que l’énergie potentielle est liée aux efforts de liaison.
L’équilibre énergétique est donné par le premier principe de la Ces deux énergies sont complémentaires : lorsque l’une est maxi-
thermodynamique. Celui-ci fait le bilan des énergies échangées par male, l’autre est nulle et inversement. La figure 2 b illustre cette agi-
un système pendant une transformation. Il relie travail, chaleur et tation thermique. Les surfaces bleutées correspondent à l’énergie
énergie. potentielle d’interaction mise en jeu pendant l’oscillation autour de
la position moyenne. On peut remarquer que si le système est au
repos, les quantités de mouvement de tous les atomes se compen-
1.2.1 Premier principe de la thermodynamique sent de sorte que la quantité de mouvement du système soit nulle.
● L’énergie cinétique K est une énergie macroscopique. Elle est
■ On considère l’évolution d’un système S (un volume V de notre mise en jeu quand le solide se déplace. Dans ce cas, la quantité de
structure) en évolution pendant un temps dt. Pendant cette évolu- mouvement globale du système n’est pas nulle.
Forces de liaison

Forces de liaison

Position
F0 d'équilibre
à T + ∆T

Énergie potentielle
d'interaction F0
E0
0 0
E1 Distance interatomique Distance interatomique

Position
d'équilibre à T

a énergie potentielle d'interaction b énergie d'agitation thermique

Figure 2 – Énergie interne

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■ Chaque terme de l’équation (5) peut s’exprimer de la manière sui-


vante. 2. Thermoélasticité
• L’énergie interne : dans les milieux continus, on utilise souvent
l’énergie interne spécifique e définie par : 2.1 Loi de comportement


 = ρ e dV
thermoélastique
V
■ Dilatation thermique
• L’énergie cinétique : elle se met sous la forme :
Un matériau soumis à une variation de température dT se dilate


1 (figure 3) : s’il peut se déformer librement, il passe d’une
K = --- ρ v . v dV
2 longueur  à une longueur  + d . La variation de longueur est pro-
V
portionnelle à la variation de température.
avec v vitesse globale du système (volume V).
d ⁄  = α ( T ) dT
On peut remarquer que :
avec α coefficient de dilatation thermique linéique que

∫ ∫
dK d 1 dv l’on considérera par la suite indépendant de T.
-------- = ρ ------  --- v . v dV = ρ v ------- dV = – P acc
dt dt 2 dt La figure 2 b permet d’expliquer sommairement l’origine physi-
V V
que de la dilatation dans les matériaux solides. On considère deux
• Le travail extérieur : il comporte un terme provenant des forces températures différentes T et T + ∆T. La distance interatomique varie
entre deux valeurs extrêmes caractérisées par des énergies poten-
volumiques ( ρg ) et l’autre des forces surfaciques ( fext ) :
tielles d’agitation thermique opposées. Du fait de la non-linéarité de
la force interatomique, la distance moyenne entre atomes
∫ ∫
δW
--------- = ρ g . v dV + fext . v da = P ext (moyenne entre les distances extrêmales) augmente.
dt V ∂V
Dans les matériaux solides, les variations de longueur dues à la
dilatation sont généralement faibles. On peut donc faire l’hypothèse
• La chaleur extérieure : on considère que la seule source de cha-
 ≈  0 . On définit alors la déformation thermique εth pour une varia-
leur extérieure est surfacique et on note q le flux de chaleur. On a tion de température ∆T = T − T0 :
alors :
ε th = ∆ ⁄  0 = α ( T – T 0 )


δQ
-------- = – q . n da avec T0 température initiale,
dt ∂V
∆ variation de longueur.
■ Le premier principe s’écrit alors : Cette loi de dilatation peut être généralisée au cas tridimensionnel
pour un matériau isotrope. On obtient :

∫ V
ρ ė dV – P acc = –
∫∂V
q . n da + P ext
εth = α(T − T0)1 (8)

On peut donc écrire en tenant compte de l’équation (3) le premier Le symbole 1 représente le tenseur unité.
principe sous deux formulations :
■ Loi de Hooke en thermoélasticité
• La formulation intégrale : elle traduit l’équilibre énergétique
d’un volume V fini : La loi de comportement thermoélastique s’obtient à partir de la loi
de Hooke classique σ = Eε et de l’expression (8) de la déformation

∫ V
ρ ė dV = – P int –
∫ ∂V
q . n da (6) thermique :
σ = E(ε − εth) (9)
avec εth = α(T − T0).
• La formulation locale : elle traduit l’équilibre énergétique d’un
volume infiniment petit : Cette loi est telle que :
— si l’on impose une déformation nulle (on empêche les
ρ ė = σ : ε̇ – div q (7) déplacements), la contrainte thermique est σ = − E εth ;
— si la déformation est libre (contrainte nulle) la dilatation est εth.
1.2.2 Équation de la chaleur Cette loi de Hooke en thermoélasticité peut être généralisée au
cas tridimensionnel pour un matériau isotrope :
Pour pouvoir résoudre complètement un problème de thermique, σ = C : (ε − εth) (10)
il faut exprimer l’énergie interne du matériau en fonction des varia-
bles d’état (température, déformation, variables d’écrouissage...). avec εth = α(T − T0)1,
C tenseur des complaisances.
En général, un matériau métallique ou un polymère soumis à une
contrainte peuvent se déformer élastiquement ou plastiquement. Quelques valeurs de α pour différents matériaux sont données
L’élasticité est caractérisée par la réversibilité des phénomènes de dans le tableau 1 (§ 2.3.1).
déformation. Après relâchement de la contrainte le système revient
dans sa configuration initiale. Au contraire la déformation plastique
s’accompagne de déformations permanentes après relâchement Température T0 Température T0 + ∆T
des contraintes.
Lorsque l’on tient compte des effets thermiques, on parle de ther- 0 0 + ∆
moélasticité et de thermoplasticité. Dans ces deux cas, nous allons
déterminer l’équation de la chaleur correspondante. Figure 3 – Dilatation linéique

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2.3 Application de la thermoélasticité :


Contrainte
mesure de la contrainte par
thermographie
σ

2.3.1 Mise en équation. Équation de Lord Kelvin

Dans ce paragraphe, on cherche à déterminer le lien entre la con-


trainte et la température en un point d’une pièce. On suppose une
Énergie élastique : σdε pièce mécanique sollicitée cycliquement à une fréquence suffisam-
ment grande (de l’ordre de la centaine de hertz) pour pouvoir
négliger le terme de conduction λ∆T. L’équation de la chaleur (12) et
la loi de comportement (10) donnent les équations suivantes :

∂σ
ρ c ε T˙ = T ------ : ε̇ e (13)
εε + dε Déformation ∂T

Figure 4 – Énergie élastique σ = C : (ε − α (T − T0)1) (14)

On a donc :
2.2 Équation de la chaleur
en thermoélasticité ∂σ
------ = – α C : 1 et εe = ε
∂T

■ Expression de l’énergie interne Et l’équation de la chaleur devient :


Dans le cas de la thermoélasticité, l’énergie interne se décompose
ρcεdT = − TαC : 1 : dε
en trois termes :
L’énergie potentielle d’interaction : pendant un essai de traction Comme C est symétrique :
isotherme, la déformation varie de 0 à ε (figure 4). L’énergie élasti-
que volumique pour une petite variation de déformation dε à partir C : 1 : dε = C : dε : 1
d’une déformation ε vaut σ dε. Si cette variation de déformation
s’effectue pendant un temps dt, on obtient la puissance élastique = ( d σ + α C : 1dT ) : 1
volumique : = tr ( d σ ) + αC : 1 : 1dT
P élastique = σε̇ e
d’où :
L’énergie d’agitation thermique : elle s’exprime en fonction de la
variation de température dT et vaut ρcεdT. La puissance calorifique ρcε dT = − T α trdσ − T α2 C : 1 : 1dT
volumique associée est :
L’équation de Mayer généralisée aux milieux solides permet
P calorifique = ρ c ε T˙ d’exprimer le lien entre la capacité thermique massique à déforma-
tion constante (cε) et la capacité thermique massique à contrainte
avec cε la capacité thermique massique à déformation constante qui constante (cσ) :
sera considérée égale à la capacité thermique massique à volume
constant. T ∂σ ∂ε
c σ – c ε = – --- ------ ------
Le terme de couplage thermoélastique : il vient du fait que la con- ρ ∂T ∂T
trainte peut varier avec la température. Ce terme de couplage est lié
à la dilatation thermique : En utilisant la loi de comportement thermoélastique, on a :
∂σ
P couplage élastique = – T ------ ε̇ e ∂σ ∂ε
∂T ------ = – α C : 1 et ------ = α 1
On obtient donc l’expression de la variation d’énergie interne en ∂T ∂T
généralisant au cas tridimensionnel :
d’où :
∂σ
ρ ė = ρ c ε T˙ + σ : ε̇ e – T ------ : ε̇ e (11)
∂T ρ(cσ − cε) = Tα2 C : 1 : 1

■ Équation de la chaleur en thermoélasticité Pour les solides, la différence entre ces deux capacités thermiques
On remplace l’expression de la variation d’énergie interne est très faible. Souvent on les considère donc égales. L’équation de
(équation (11)) dans l’équation (7) en utilisant la loi de Fourier la chaleur devient :

q = – λ grad T pour obtenir l’équation de la chaleur : ρcεdT = − Tα trdσ − ρ(cσ − cε)dT


∂σ ρcσdT = − T α trdσ
ρ c ε T˙ = T ------ : ε̇ e + λ ∆T
∂T (12)
On supposera que cp = cσ et cV = cε et que les variations de tempé-
Terme source
rature sont très faibles (T ≈ T0) ; on obtient alors :
L’équation de la chaleur contient un terme source provenant de
l’effet thermoélastique. ρcpdT = − T0 α trdσ

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(0)

Tableau 1 – Propriétés thermoélastiques de quelques matériaux


ρ cp α ∆T (mK)
Matériau Km
(kg · m−3) (J · kg−1 · K−1) (K−1) ∆σ = 1 MPa et T0 = 293 K

Acier inox 7 900 480 16,5 · 10−6 4,35 · 10−12 1,27


Acier 7 800 460 13,0 · 10−6 3,62 · 10−12 1,06
Duralumin 2 800 900 23,5 · 10−6 9,33 · 10−12 2,73
Laitons 8 600 380 19,0 · 10−6 5,81 · 10−12 1,70
Plexiglas 1 800 1 500 9,0 · 10−5 3,33 · 10−11 9,76

Après intégration : En effet, cette technique de mesure de température exploite le


rayonnement infrarouge émis naturellement par les objets dès lors
α que leur température est supérieure au zéro absolu (0 K). L’analyse
∆T = – T 0 --------- ∆ ( tr σ )
ρ cp se fait par conséquent sans contact ce qui est une des conditions
(15) requises pour mesurer sans perturbation de si faibles variations de
Km température. L’autre avantage décisif est l’accès à une cartographie
de surface. Ainsi tous les points à la surface d’un objet peuvent-ils
On note Km le coefficient de couplage thermoélastique. On peut être mesurés simultanément. Enfin, les techniques modernes de
remarquer que la variation de température est ici indépendante du détecteurs quantiques à plans focaux ont définitivement ouvert la
module d’Young du matériau. thermographie au suivi de phénomènes rapides. Quelques ordres
Exemple : on considère une éprouvette sollicitée dans le domaine de grandeur des spécifications des caméras infrarouges actuelles
élastique en traction uniaxiale à une variation de contrainte ∆σ. On sup- sont listés dans la figure 5 a.
posera la vitesse de déformation suffisante pour pouvoir négliger les Ces valeurs montrent que la résolution thermique (différence de
phénomènes de conduction et de convection devant les vitesses de température équivalente au bruit) est de l’ordre de 20 mK. Or, les
variation de température liées au couplage thermomécanique (transfor- calculs précédents indiquent qu’une variation de contrainte de
mation adiabatique). On obtient la variation de température : 1 MPa correspond à une variation de température de l’ordre du milli-
α kelvin (tableau 1). Les écarts de température à détecter sont donc
∆T = – T 0 ----------- ∆ σ inférieurs au bruit « thermique » de la caméra, d’où la nécessité
ρ cp d’utiliser un traitement de données en parallèle. Celui-ci consiste,
par différents moyens de traitement du signal, à extraire le signal
Cette équation, qui a été déterminée par Lord Kelvin en 1853 ([7] et thermique du bruit. Pour simplifier, on regroupe ces calculs sous le
[8]), permet de quantifier la variation de température résultant de l’effet vocable de démodulation synchrone. En fait, les systèmes de ther-
thermoélastique. Dans le cas d’une éprouvette constituée d’un maté- moélasticimétrie exploitent directement la relation (15) et calculent
riau classique, c’est-à-dire ayant un coefficient de dilatation positif, et l’intercorrélation entre le thermosignal délivré par la caméra et un
sollicitée en traction uniaxiale, on a un refroidissement. Respective- signal de « référence » S(ti) normalisé qui fournit la variation tempo-
ment pour une sollicitation de compression, on a un échauffement. relle de la charge appliquée à toute la pièce. Sachant qu’en élasticité
Les ordres de grandeur de la variation de température sont donnés l’évolution de la contrainte locale suit la même loi, l’intercorrélation
dans le tableau 1 pour différents matériaux. Ce phénomène est bien est valable localement au niveau de chaque pixel. La figure 5 b mon-
connu dans les gaz depuis longtemps car effectivement, lors de sa tre une vue d’ensemble du dispositif expérimental : éprouvette pla-
détente, un gaz se refroidit. Les variations de température sont beau- cée dans une machine de traction, caméra infrarouge, boîtier de
coup plus importantes que dans le cas des solides parce que le coeffi- démodulation synchrone et ordinateur avec écran de visualisation.
cient de dilatation d’un gaz peut être jusqu’à 100 fois supérieur à celui
Les résultats obtenus avec les technologies actuelles sont
d’un solide.
surprenants :
Malgré la variation de température, la déformation élastique reste
entièrement réversible. Dans le cas adiabatique, un chargement suivi — cartographie de contrainte avec une résolution de 1 MPa en
d’une décharge conduit à une variation globale de température nulle. Il 2,5 s ;
en est de même pendant une sollicitation de charge-décharge dans le — cartographie lors de transitoire de l’ordre de 20 ms ;
cas isotherme : lors du chargement pour maintenir l’essai isotherme il — cartographie lors d’impact de 500 µs.
faut apporter une certaine énergie de l’extérieur. Lors de la décharge il
faut au contraire extraire exactement la même énergie. Globalement, ■ Avantages, difficultés et exemples d’applications de la
l’éprouvette est dans le même état qu’initialement et le bilan énergé- thermoélasticimétrie
tique est nul. En thermoélasticité, on n’a pas de dissipation d’énergie, Au vu de la présentation théorique, la méthode de mesure de con-
le système est dit conservatif. trainte par thermographie infrarouge (qu’on appelle thermoélastici-
métrie) semble délicate à mettre en œuvre, particulièrement au niveau
de l’isolation thermique. La réalité de l’exploitation est tout autre.
2.3.2 Thermoélasticimétrie
En effet, la condition d’adiabaticité s’exprime sous forme d’une
condition de fréquence au-dessus de laquelle la mesure de contrainte
■ Principe de la méthode expérimentale ne dépend plus de la fréquence. Pour la mesure sur des composants
Ce lien entre la température et la trace du tenseur des contraintes du secteur automobile, elle correspond à quelques hertz. Dès cette
(somme des contraintes principales) (équation (15)) est très intéres- condition acquise, mesurer une faible variation de température dans
sant d’un point de vue métrologique. Il montre qu’une mesure de un hall d’essai de véhicule ou de pièce ne pose pas de problème pra-
variation de température permet de déterminer une variation de tique. Le traitement du signal « synchronisé » (lock-in en anglais) sur
contrainte. Parmi les techniques de mesure de température, il en est le chargement mécanique de la structure filtre toutes les variations de
une qui cumule plusieurs avantages : la thermographie infrarouge. température autres que celle d’origine thermoélastique.

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Caméra infrarouge
Caractéristiques : S (t )
Bande spectrale : 3 à 5 µm
Différence de température Smax
équivalente au bruit :
20 mK à 25 °C t
Fréquence caméra : 350 Hz – Smax
Temps d'ouverture : 1 ms à 500 µs
Signal de référence
⇒ Mesure de la température pour (effort appliqué par exemple)
chaque pixel à l'instant ti : T (ti )

Traitement
Caractéristiques :
Nombre d'images : N = 1 000
Temps de calcul : 2,5 s
Sensibilité : 1 MPa
Bande passante : 600 Hz

⇒ Calcul : Tmoyenne =
N
1
N

S ( ti )
Smax
i=1
T (ti ) pour chaque pixel

Calcul de l'amplitude de la contrainte en


fonction des caractéristiques du matériau

a principe de la thermoélasticimétrie b dispositif de mesure

Figure 5 – Principe de la thermoélasticimétrie et vue générale du dispositif de mesure

De plus, l’absence d’instrumentation de la surface (contrairement Exemple de la mesure de la contrainte par thermoélasticimétrie
au jauges de déformation), l’utilisation de la pièce réelle (contraire- dans un bras de suspension
ment à la photoélasticimétrie), la sollicitation dynamique (contraire- Pour illustrer cette technique de mesure des contraintes par thermo-
ment aux méthodes d’interférométrie optique ou de speckle) élasticimétrie, on s’intéresse au cas d’un bras de suspension sollicité
donnent à cette technique un panel d’applications qui est très vaste périodiquement à une fréquence de 7 Hz. La figure 6 a présente le
et bien adapté aux demandes du secteur du transport (ferroviaire, bras éclairé, visualisé avec la caméra infrarouge. Les figures 6 b et 6 c
aéronautique, automobile et maritime) où les sollicitations dynami- montrent respectivement le champ de température mesuré à la sur-
ques ont lieu sur un grand nombre de cycles. face de la pièce et le champ de contrainte calculé. On remarque que les
Dans les simulations numériques par éléments finis de structures températures mesurées sont très proches de la température ambiante.
mécaniques, la difficulté est de connaître précisément les conditions La cartographie des contraintes permet de visualiser les zones de con-
limites (par exemple, modélisation du contact au niveau des points centration des contraintes. Les courbes présentées sur la figure 7
de soudure entre deux tôles). Pour cela, on effectue en parallèle une représentent l’évolution de la variation de température en un point de
simulation numérique et une mesure expérimentale du champ de la pièce et l’évolution de la variation de température moyennée sur une
contrainte au niveau de la surface de la pièce. La comparaison de petite surface. On constate que le fait de moyenner la température per-
ces deux résultats permet de retrouver les conditions limites réelles. met de limiter le bruit de la mesure.
La thermoélasticimétrie peut également être une aide précieuse à
la conception de structures. Une pièce en matériau polymère
d’échelle réduite est réalisée par prototypage rapide et le champ de
contrainte à la surface de la pièce est visualisé à l’aide d’une caméra 3. Thermoplasticité
infrarouge pendant sollicitation. Les zones de concentration des
contraintes sont rapidement localisées et donnent une information
intéressante au bureau d’étude pour optimiser la géométrie de la
pièce. L’avantage de cette technique est de permettre de concevoir 3.1 Dissipation de l’énergie
une pièce très rapidement.
en thermoplasticité
La thermoélasticimétrie peut également être utilisée sur des
structures réelles déjà réalisées en grand nombre mais présentant
par exemple une rupture prématurée (châssis complet, élément de
suspension, élément de transmission). La visualisation de la con- ■ Énergie dissipée. Énergie stockée
trainte permet souvent d’expliquer la cause de la ruine. Pendant la déformation plastique une grande partie de l’énergie
L’avantage de la thermoélasticimétrie est de permettre de mesu- mécanique fournie est transformée en chaleur. Dans les matériaux
rer des contraintes dans des cas où des moyens standards, comme métalliques, l’origine physique de cette dissipation est expliquée
l’extensométrie, ne peuvent pas être utilisés : c’est le cas des struc- par le mouvement des dislocations dans le réseau cristallin. L’autre
tures chaudes comme un pot d’échappement, trop petites comme partie de cette énergie fournie est stockée dans le matériau. Pour
une bille d’injecteur, trop grandes comme un pont, en grand dépla- une déformation plastique variant de 0 à εp, on posera Wp le travail
cement ou sous tension. mécanique fourni et  s l’énergie stockée.

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a visualisation du bras de suspension b champ de température c champ de contrainte dans la pièce

Figure 6 – Mesure de la contrainte par thermoélasticimétrie dans un bras de suspension

Variation de température (°C)

Fraction instantanée d'énergie stockée (%)


0,08
température ponctuelle
10
température moyennée
0,06

0,04

0,02
5

– 0,02

– 0,04 0
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
– 0,06 Déformation
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Figure 8 – Fraction instantanée d’énergie stockée en fonction de la
Temps (s)
déformation
Figure 7 – Évolution de la variation de la température en surface de
la pièce
Plus récemment, une technique expérimentale qui permet d’esti-
On définit alors la fraction d’énergie stockée notée f : mer les sources de chaleur générées par le processus de déforma-
tion a été développée par Chrysochoos et Louche ([5]). À partir d’un
s champ de température mesuré par thermographie infrarouge (évo-
f = -------- lution de la température en fonction de l’espace et du temps), et de
Wp l’équation de la chaleur, les sources d’énergie dissipée sont
déterminées. Cette méthode permet de prendre en compte la con-
On utilisera également souvent la fraction instantanée d’énergie duction thermique. La répartition spatiale de ces sources d’énergie
d s dissipée est très intéressante dans l’étude des phénomènes de loca-
stockée ------------- (voir paragraphe 3.2.4). lisation de la déformation (striction, bande de Lüders...). Cette infor-
dW p
mation d’ordre énergétique peut également être utilisée pour
■ Techniques de mesure de l’énergie stockée l’établissement des lois de comportement. Elle permet de mieux
quantifier l’énergie mécanique dissipée en chaleur et donc d’avoir
Beaucoup de travaux se sont intéressés à quantifier cette fraction une description plus précise du comportement thermomécanique.
d’énergie stockée ([4]). Les techniques consistent généralement à
mesurer l’élévation de température ∆T d’une éprouvette calorifugée ■ Paramètres influant sur la quantité d’énergie stockée
et le travail mécanique fourni. En supposant la transformation adia-
batique, la variation de température permet de déterminer l’énergie L’influence sur la fraction d’énergie stockée de différents paramè-
dissipée en chaleur : tres a été étudiée expérimentalement par différents auteurs ([4]).
Les paramètres concernant le processus de déformation sont la
ρ cV ∆T = W p –  s déformation, la température et la vitesse de déformation :
La déformation plastique : quand le travail mécanique fourni aug-
W p –  s représente l’énergie dissipée (dissipation intrinsèque). mente la fraction, l’énergie stockée diminue. La figure 8 donne
On peut alors déterminer f avec la formule suivante : l’évolution de la fraction instantané d’énergie stockée pour le cuivre
ρ c V ∆T à température ambiante lors d’un essai de compression ([9]). Ce
f = 1 – ------------------ résultat a également été montré pour d’autres modes de sollicita-
Wp tion comme la torsion et sur d’autres métaux ([6]).

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L’énergie potentielle d’interaction : en élastoplasticité, l’énergie


Contrainte potentielle d’interaction se divise en deux termes. Si l’on fait varier
εe et p à partir de l’état (σ, ε), on obtient respectivement une varia-
tion infinitésimale de l’énergie élastique σ dεe et de l’énergie
σ d’écrouissage Rdp. Si l’on suppose que ces variations ont lieu pen-
dant un temps dt, on obtient respectivement la puissance élastique
2
Énergie
R volumique Pélastique et la puissance d’écrouissage volumique
d'écrouissage Pécrouissage :
σY
P élastique = σε̇ e et P écrouissage = Rṗ
3 L’énergie d’agitation thermique : elle s’exprime en fonction de la
Énergie variation de température dT et vaut ρcε,pdT. La puissance calorifique
dissipée
1 associée est :
Énergie
P calorifique = ρ c ε, p T˙
élastique

avec cε,p la capacité thermique massique à déformation et


εp ε écrouissage constants.

Déformation
Les termes de couplage thermomécanique : qui viennent du fait
que la contrainte et l’écrouissage peuvent varier avec la
température :
Figure 9 – Comportement élastoplastique
— le couplage thermoélastique : comme dans le cas de l’élasti-
La vitesse de déformation : quand la vitesse de déformation aug- cité on a :
mente, l’énergie stockée diminue. ∂σ
P couplage élastique = – T ------ ε̇ e
La température : la fraction d’énergie stockée augmente quand la ∂T
température diminue.
— le couplage thermoplastique : qui vient du fait que, quand la
température varie, l’écrouissage peut varier. C’est le phénomène
d’adoucissement thermique :
3.2 Équation de la chaleur
en thermoplasticité ∂R
P couplage plastique = – T ------ ṗ
∂T
■ Modèle de comportement élastoplastique On obtient alors l’expression de l’énergie interne en généralisant
On va considérer un matériau solide pouvant se déformer de à trois dimensions :
manière réversible (εe déformation élastique) et irréversible (εp
∂σ ∂R (16)
déformation plastique). On suppose que la déformation totale ρ ė = σ : ε̇ e + Rṗ + ρ c ε, p T˙ – T ------ : ε̇ e – T ------ ṗ
observable est ε = εe + εp. Si un matériau présente de l’écrouissage ∂T ∂T
(augmentation de la contrainte d’écoulement avec la déformation
plastique), on peut ajouter une variable supplémentaire p appelée ■ Équation de la chaleur
déformation plastique cumulée. Dans le cas d’un chargement On remplace l’expression de la puissance interne spécifique dans
monotone sans phénomène de restauration, on a p = εp.
On pose σY la limite d’élasticité, R l’écrouissage isotrope et p la la formule (5) en utilisant la loi de Fourier q = – λ grad T pour obte-
déformation provoquant l’écrouissage (déformation plastique nir l’équation de la chaleur :
cumulée). Pour un chargement monotone, on peut exprimer la ∂σ ∂R
contrainte sous la forme : ρ c ε, p T˙ = σ : ε̇ p – Rṗ + T ------ : ε̇ e + T ------ ṗ + λ ∆T
∂T ∂T (17)
σ = σY + R(p)
Création d′énergie
avec p = εp .
On retrouve l’équation de la chaleur habituelle avec un terme de
La fonction R(p) appelée loi d’écrouissage est déterminée expéri- création volumique de puissance provenant du couplage thermo-
mentalement. mécanique. L’influence de la mécanique sur la thermique peut éga-
Dans un diagramme σ-ε, on peut tracer la courbe de comporte- lement intervenir sur les caractéristiques thermiques du matériau
ment isotherme (figure 9). On peut alors distinguer sur cette figure comme la conductivité thermique λ, la capacité thermique massique
les différentes énergies mises en jeu : cε,p et la masse volumique ρ. Cependant ces trois grandeurs
(1) : l’énergie élastique : comme en thermoélasticité c’est une dépendent peu de la contrainte ou de la déformation.
énergie potentielle d’interaction. Compte tenu des faibles variations de la température en thermo-
(2) : l’énergie d’écrouissage : lors de la déformation plastique, on ∂σ
a création, mouvement et blocage des dislocations sur des défauts élasticité, on va négliger le terme T ------ : ε̇ e de l’équation (17). De
(joints de grain, dislocations) d’où l’augmentation des contraintes ∂T
locales dans le matériau. Cette énergie d’écrouissage correspond à ∂R
une énergie potentielle d’interaction. même, le terme T ------ ṗ est souvent négligeable devant le terme
∂T
(3) : l’énergie dissipée sous forme de chaleur.
σ : ε̇ p – Rṗ . En thermoplasticité, on obtient donc l’équation de la
(1) + (2) + (3) : le travail mécanique fourni au matériau.
chaleur suivante :
■ Expression de la puissance interne spécifique
ρ c ε, p T˙ = σ : ε̇ p – Rṗ + λ ∆T
Dans le cas d’un matériau élastoplastique, l’énergie interne se (18)
décompose en trois termes. Création d′énergie

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La création d’énergie peut donc se décomposer en deux termes, Le nombre de Fourier  est donc donné par l’expression suivante :
la puissance de déformation plastique σ : ε̇ p et la puissance stockée 4a∆t
– Rṗ . La somme de ces deux puissances est appelée dissipation  = ------------- (21)
intrinsèque din : d c2
λ
d in = σ : ε̇ p – Rṗ avec a diffusivité thermique : a = --------- .
ρ cV
■ Coefficient de Taylor-Quiney La discussion sur l’adiabaticité d’une évolution se fait en fonction
Il est difficile de faire intervenir directement la fraction f d’énergie de la valeur du nombre de Fourier :
stockée dans l’équation de la chaleur. On définit plutôt le coefficient — si  = 1 le terme de puissance calorifique et le terme de con-
de Taylor-Quiney noté β comme le rapport de la puissance convertie duction sont du même ordre de grandeur. Il est nécessaire de les
en chaleur par la puissance de déformation plastique. Avec les nota- prendre en compte tous les deux ;
tions ci-dessus on a : — si  >> 1 l’évolution peut être considérée isotherme. On peut
négliger le terme de puissance calorifique devant le terme de
d s dW p – d s σ : ε̇ p – Rṗ
β = 1 – ------------- = ----------------------------- = ----------------------------- (19) conduction ;
dW p dW p σ : ε̇ p — si  << 1 l’évolution peut être considérée adiabatique. On
peut négliger le terme de conduction devant le terme de puissance
Ce coefficient est inférieur ou égal à 1. Il vaut 1 si toute la puis- calorifique.
sance mécanique fournie est convertie en chaleur.
Exemple de mesure par thermoélasticité
En toute rigueur, ce coefficient dépend de la déformation plasti- On cherche à mesurer la contrainte avec une résolution spatiale de
que, de la vitesse de déformation et de la température. Géné- l’ordre du millimètre (d = 1 mm). L’hypothèse d’adiabaticité reste vala-
ralement, on le considère constant vis-à-vis de ces différents ble pour des temps de mesure de ∆t :
paramètres. Suivant les matériaux métalliques considérés sa valeur
varie entre 0,8 et 1. En tenant compte de ce coefficient de Taylor-  << 1 ⇒ ∆t >> d 2 ⁄ 4a
Quiney, l’équation de la chaleur devient : L’application numérique pour un acier donne :
ρ c T˙ = βσ : ε̇ + λ ∆T
ε, p (20)
p ( 10 – 3 ) 2
∆t = -------------------------------------------- = 17 ,2 ms
4 ⋅ 1 ,45 ⋅ 10 – 5
soit une fréquence de 58,0 Hz. Cette condition en fréquence est suffi-
4. Calcul thermomécanique : sante mais pas nécessaire : pour des fréquences supérieures à cette fré-
degré de couplage quence critique, on peut toujours supposer la transformation adiabatique,
mais dans certaines conditions (notamment dans le cas de faibles gra-
dients de température) l’hypothèse d’adiabaticité sera toujours vérifiée.
Le couplage des équations thermiques et mécaniques rend sou-
vent leur résolution difficile (absence de solutions analytiques, pro- 4.1.2 Équations thermomécaniques dans le cas
blèmes de convergence dans les codes de calcul et durées de calcul adiabatique
trop longues). On cherche donc souvent à simplifier ces équations
en réduisant au maximum leur couplage. Dans le cas de l’hypothèse d’adiabaticité, l’équation de la chaleur
dans le cas thermoélastique se réduit à :
∂σ
4.1 Cas des phénomènes adiabatiques ρ c ε T˙ = T ------ : ε̇ e (22)
∂T
et dans le cas thermoplastique à :
Un problème thermomécanique particulier fréquemment rencon-
tré est le cas des sollicitations rapides (dynamiques). Une hypothèse ρ c ε, p T˙ = βσ : ε̇ p (23)
simplificatrice consiste alors à négliger le terme de conduction λ∆T
À partir de ces équations, on peut généralement exprimer la tem-
devant le terme de puissance calorifique ρ c V T˙ . Le problème est
pérature en fonction de la déformation. Pour le cas élastique, le pro-
alors dit adiabatique.
blème a été traité dans le paragraphe 2.3.1. Le cas de la
thermoplasticité est traité dans l’exemple suivant.
4.1.1 Nombre de Fourier Exemple de la traction dynamique
On cherche à déterminer la relation entre la déformation plastique et
La question qui se pose est de savoir dans quel cas peut-on la température lors d’une sollicitation de traction dynamique sur un
considérer une évolution thermomécanique adiabatique c’est-à-dire acier. On supposera l’évolution adiabatique. La vitesse de déformation
négliger le terme de conduction devant le terme de puissance calo- ε̇ p est supposée constante égale à 1 200 s−1. On choisit une loi de
rifique. Le calcul du nombre adimensionnel de Fourier permet comportement en traction uniaxiale du type :
d’apporter une réponse à cette question. σ = k ε pn ε̇ pm T ν (24)
Le nombre de Fourier est le rapport du terme de conduction sur le
terme de puissance calorifique. Pour l’évaluer, il faut donc calculer Les valeurs numériques des différents coefficients pour un acier
(laminé à chaud) sont données dans le tableau 2. La température initiale
un ordre de grandeur de ces deux termes. Par exemple, si l’on con-
T0 est de 20 ˚C. La loi de comportement donnée par l’équation (24) tient
sidère une pièce de dimension caractéristique dc dont la tempéra-
compte de l’écrouissage (terme ε pn ), du durcissement dynamique
ture varie de ∆T pendant un temps caractéristique ∆t, on a :
(terme ε̇ pm ) et de l’adoucissement thermique (terme T ν ).
∆T
ρ c V T˙ ≈ ρ c V ------- L’équation de la chaleur dans le cas adiabatique (équation (23))
∆t donne en multipliant par dt et en utilisant la loi de comportement :
∂2 T ∆T ρc V dT = βσ d ε p
λ ∆T = λ --------- ≈ λ --------------------2-
∂x 2 ( d c ⁄ 2)
= β k ε pn ( ε̇ p0 ) m T ν d ε p

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On obtient alors :
βk
T – ν dT = --------- ( ε̇ p0 ) m ε pn d ε p Problème mécanique
ρ cV
div σ + ρg = ργ Équation d'équilibre
En intégrant :
εp σ = f (ε, ε• , T ) Loi de comportement
T
βk
∫ T0
T – ν dT = ----------- ( ε̇ p0 ) m
ρ cV ∫ 0
εn d ε
Influence de Influence de
T1–ν T βk εn + 1 εp la thermique la mécanique
= ----------- ( ε̇ p0 ) m ---------------- sur la mécanique sur la thermique
---------------
1–ν T0 ρ cV n+1 0

(1 – ν)βk Problème thermique


T 1 – ν – T 10 – ν = ---------------------------------- ( ε̇ p0 ) m ε pn + 1
( n + 1 ) ρ cV ρcε, p T = σ : ε p – Rp + T σ : εe + T R p + λ∆T
• • • • •
Équation
donc : T T de la chaleur
1 Puissance provenant de la mécanique
(1 – ν)βk
T = T 01 – ν + ---------------------------------- ( ε̇ p0 ) m ε pn + 1 1 – ν
---------------
 (n + 1)ρc 
V Figure 11 – Mise en évidence du couplage thermomécanique
La figure 10 représente l’évolution de la température en fonction de
la déformation plastique. Dans ce cas, on peut alors définir une loi de
comportement adiabatique à partir de la loi de comportement iso-
therme donnée par l’équation (24). Il suffit de remplacer la température 4.2 Couplage fort / couplage faible
par la formule énoncée ci-dessus.

σ = f ( ε p, ε̇ p, T ( ε p ) ) = f adia ( ε p, ε̇ p ) La figure 11 fait le bilan des interactions entre le problème de


mécanique et le problème de thermique. L’influence de la thermique
La loi de comportement adiabatique ne fait plus intervenir la tempé- sur la mécanique est donnée par l’intermédiaire de la loi de compor-
rature. Elle est généralement obtenue directement à partir d’un essai tement qui dépend de la température. La résolution du problème
dynamique à vitesse de déformation constante.
mécanique nécessite de connaître l’évolution temporelle du champ
(0)

de température. Inversement, on a une influence de la mécanique


sur la thermique par l’intermédiaire d’une source de chaleur prove-
nant de la déformation de la structure. La résolution du problème
thermique nécessite de connaître l’évolution temporelle du champ
Tableau 2 – Coefficient de l’équation (24)
et caractéristiques de l’acier de déformation et de contrainte.

k ...................................... (MPa) 3 118 Le couplage thermomécanique est dit fort quand on doit prendre
en compte les deux influences décrites précédemment. Un calcul de
n 0,2
structure avec un couplage thermomécanique fort est souvent diffi-
m 0,013 3 cile à réaliser (temps de calcul très long, problèmes de conver-
ν − 0,5 gence). On essaye donc toujours de négliger l’une des deux
influences. Le couplage thermomécanique est alors dit faible.
cV ....................... (J · kg−1 · K−1 ) 500
ρ................................ (kg · m−3) 7 800 On peut distinguer deux types de couplage faible :
β 0,8
— par exemple quand la loi de comportement dépend peu de la
température (c’est le cas lorsque les variations de température res-
tent faibles ou si l’adoucissement thermique est négligeable). Le
problème mécanique est alors indépendant de la thermique ce qui
permet de le résoudre simplement. On peut ensuite déterminer le
Contrainte (MPa)

Température (°C)

700 50 champ de température par résolution du problème thermique ;


600 45 — si les sources de chaleur dues à la déformation sont négligea-
Isotherme
bles devant les sources externes. C’est le cas des aubes de turbine
500 qui sont en contact avec des gaz chauds. Dans ce cas le problème
40
thermique est indépendant de la mécanique.
400
Adiabatique
35 Exemple de couplage fort : cas de la mise en forme des maté-
300 riaux par forgeage
30 La forge ([3]) est un procédé de mise en forme très utilisé pour les
200 matériaux métalliques. C’est l’exemple caractéristique d’un problème
Température thermomécanique dans le domaine plastique avec couplage fort.
100 25
L’exemple de forgeage choisi concerne la transformation à chaud d’un
lopin en acier de hauteur 42 mm et de diamètre 30 mm en une roue de
0 20 diamètre 60 mm. La figure 12 montre la forme initiale du lopin et la
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 forme de la pièce obtenue après forgeage. Le problème possède donc
Déformation plastique une symétrie cylindrique par rapport à l’axe du cylindre. Le lopin est
placé sous une presse hydraulique entre deux moules permettant sa
Figure 10 – Évolution de la température et de la contrainte mise en forme. La température initiale du lopin est de 1 100 ˚C.

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Le procédé de formage a été simulé avec le logiciel Forge3. Le lopin


est discrétisé à l’aide de la méthode des éléments finis. Sur le plan
mécanique, la loi de comportement prend en compte l’écrouissage, le
durcissement dynamique et l’adoucissement thermique. Le calcul
modélise également des forces de frottement avec l’outil. Sur le plan
thermique les échanges considérés sont les échanges entre le lopin et
l’outil, le lopin et l’air et les pertes par rayonnement. Le calcul prend en
compte la chaleur générée par le frottement et la déformation plastique
(dissipation intrinsèque).
Le problème mécanique et le problème thermique sont résolus en
parallèle et de façon simultanée. L’algorithme de résolution peut se
résumer aux étapes suivantes : un incrément de déplacement de la
presse hydraulique est fixé afin d’avoir une déformation dans les élé-
ments pas trop importante. Un calcul thermique est ensuite fait afin de a déformation équivalente
calculer le champ de température en tenant compte des résultats de
cet incrément de calcul mécanique. On passe ensuite à un incrément
suivant de déplacement et ainsi de suite jusqu’au déplacement final
désiré. Les figures 13 a et 13 b caractérisent les champs de déforma-
tion et de température dans la pièce en fin de forgeage.

b température dans la pièce forgée

Figure 13 – Champs de déformation et de température dans la pièce


Figure 12 – Profil initial et profil final de la pièce forgée forgée

Remerciements : je tiens à remercier Monsieur Bremond de la CEDIP pour avoir participé à la rédaction de la partie concernant le thermoélasticimétrie. La CEDIP
est un des deux fournisseurs mondiaux de systèmes de mesure de contrainte par thermographie infrarouge. La société a d’abord développé des caméras infrarou-
ges de hautes performances (en vitesse et résolutions) sur la base d’une technologie de détecteur développée au LIR du CEA Grenoble. Les traitements numériques
associés à la caméra JADE dans le système ALTAIR-LI exploitent l’effet thermoélastique pour la mesure de contraintes. La particularité du système est de permettre
la mesure indifféremment pour des chargements sinusoïdaux, aléatoires (non périodiques), sur les objets à grand débattement ou sollicités pendant un temps bref.
L’évolution de la technique permet d’envisager l’utilisation de méthodes similaires pour la mesure de l’énergie dissipée (méthode D-MODE de CEDIP) lors d’essais
de fatigue sur pièces réelles. L’enjeu est de prédire la limite d’endurance et de localiser le risque de rupture lors d’essais à très faible niveau de charge.
Je tiens également à remercier Messieurs Cristescu et Lazzarotto du CETIM Saint-Étienne pour leur coopération notamment sur l’exemple de simulation du
procédé de forgeage. Cette application de la simulation constitue l’un des apports issus des actions concertées de recherche en forge, soutenues financièrement
par le Ministère de l’Industrie (Digitip – Direction générale de l’industrie, des technologies de l’information et des postes –). Ces démarches ont été engagées
depuis plus de dix ans par les forgerons français, avec, entre autres, l’appui du CETIM et du CEMEF (Centre de mise en forme des matériaux). L’ensemble du
procédé est aujourd’hui simulable et les méthodes ne cessent de s’affiner. Elles permettent de relever le triple défi qualité, coûts et délais et de répondre ainsi
aux exigences des donneurs d’ordres. Ces actions ont permis le développement des logiciels Forge2 et Forge3. Au CETIM, deux stations de travail et deux PC
équipés de logiciels de CAO, de calcul et de simulation, sont à la disposition des industriels pour traiter les problèmes de mise en forme par déformation.

Références bibliographiques

Dans les Techniques de l’Ingénieur Autres références [6] TAYLOR (G.I.) et QUINEY (H.). – The latent
energy remaining in a metal after cold wor-
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thermomécanique des plastiques. [A 3 110], [4] BEVER (M.B.), HOLT (D.L.) et LITCHENER (1934).
traité Plastiques et Composites (1993). (A.L.). – The stored energy of cold work. Pro- [7] THOMSON (W.). – On the dynamical theory
gress in Materials Science, 17 (1973). of heat. Trans. Roy. Soc., 20 : 261-283 (1853).
[2] CHOMEL (P.). – Comportement thermoméca-
nique des alliages métalliques. [BM 5 012], [5] CHRYSOCHOOS (A.) et LOUCHE (H.). – An [8] THOMSON (W.). – On the thermoelastic,
traité Génie mécanique (2000). infrared image processing to analyse the thermomagnetic and pyro-electric properties
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