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Université Mohammed V

Ecole Supérieure de Technologie-Salé


Département : Techniques de management
Filière : Marketing bancaire et financier

Projet de fin d’études


Sous le thème de :

Le projet de loi instituant les banques


participatives au Maroc

Réalisé par :

- Ilyass Touil
- Yousra Abennai

Encadré par : M. Med BOULGHALAGH

Membres de jury :

Année universitaire : 2014/2015


ESTS

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Nous tenons tout d’abord à adresser


nosremerciements les plus sincères à M.
BOULGHALAGH, notre directeur de recherche,
pour tout le temps qu’il a consacré à notre travail,
ainsi que pour ses conseils et orientation, qui nous
ont été d’une utilité précieuse.

Nous exprimons notre gratitude aux personnes, qui


ont contribué à l’amélioration de ce travail par la
pertinence de leurs remarques et recommandations.

Nous remercions également le corps professoral et


l’ensemble du personnel administratif de l’école
Supérieure de Technologie de Salé pour leur
contribution dans la création et la réussite de notre
formation.

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ESTS

Introduction :
Première partie : L’introduction des banques participatives, principale innovation de la
nouvelle loi bancaire.

Chapitre I : Insuffisance des produits bancaires islamiques avant la réforme de la loi bancaire.

Section 1 : Etat des lieux de la finance islamique au Maroc avant la réforme.

Section 2 : Limites et insuffisances des produits bancaires offerts et besoins de réforme.

Chapitre II. L’institution des banques participatives par la nouvelle bancaire.

Section1. Les banques participatives

Section 2. Analyse du projet de loi sur les banques participatives et des autres réformes de la loi
bancaire

Deuxième partie : Les enjeux de la réforme de la loi bancaire.

Chapitre 1 : Les milieux opposés à l’introduction des banques participatives

Section1 : Les organismes concernés par les activités des banques participatives

Section2 : Les difficultés de la finance islamique

Chapitre 2 : Impact de l’introduction de la finance islamique et des autres réformes du projet de loi
sur le développement économique au Maroc

Section1 : Etude comparative sur l’introduction de la finance islamique dans différents pays et ses
retombées

Section2 : analyse de l’impact économique et social de l’introduction de la finance islamique au


Maroc

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FI Finance Islamique

Accounting and Auditing Organisation for Islamic Financial


AAOIFI
Institutions

BI Banques Islamiques

BAM Bank al Maghrib

CCG Conseil de Coopération du Golfe

CSB Charia Supervisory Board

BID Banque Interaméricaine de Développement

IFAAS Islamic Finance Advisory & Assurance Services

Bâle III Autorité de contrôle prudentiel et de résolution

GPBM Groupement Professionnel Des Banques Du Maroc

PJD Parti de la justice et du développement

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ESTS

Introduction

6
ESTS

Notre propos dans le cadre de ce travail de recherche porte sur le projet


de réforme de la loi bancaire instituant les banques participatives au Maroc,
ayant été adopté récemment par le Parlement et publié au bulletin officiel du 22
janvier 2015.

La banque participative est, en fait, un vœu pieux ayant tardé à voir le


jour au Maroc, qui demeure un pays où l’Islam est consacré
constitutionnellement comme étant la religion de l’Etat et demeure
majoritairement pratiqué par la population. Or, le législateur national a hésité
pendant longtemps avant de prendre cette initiative de réforme visant
l’introduction de la banque islamique mais sous le qualificatif de
‘’participative’’, qui occulte en quelque sorte cette connexion avec le champ
religieux.

Cependant, la banque islamique est considérée comme une solution


crédible et une alternative à la finance conventionnelle. Actuellement, les deux
références mondiales en la matière sont la Malaise et les pays du Golfe. Selon
des statistiques très récentes, on évoque un volume d’environ 8% du marché
financier mondial, qui est accaparé désormais par la banque islamique, qui
demeure en plein essor. Pour Abderrahmane Belbachir du cabinet Al Maali
Consulting Group, l’industrie de la finance islamique (FI) dans le monde est
évaluée à plus de 1.300 milliards de dollars. Elle réalise un taux de croissance
annuel moyen supérieur à 15%. Selon ses prévisions, les actifs de la FI devraient
dépasser les 4.000 milliards de dollars en 2020.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, l’on est interpellé par la question de
savoir ce qu’est la banque participative.

En puisant dans le texte de la nouvelle loi bancaire, l’article 54 nous


apprend que les banques participatives sont définies comme étant « les
personnes morales habilitées à exercer à titre de profession habituelle les
activités visées aux articles 1er, 55 et 58 de la loi, ainsi que les opérations
commerciales, financières et d’investissements, après avis conforme du Conseil
supérieur des oulémas. Alors que, l’article 55, le texte dispose que «les banques
participatives sont habilitées à recevoir du public des dépôts d’investissement

7
ESTS

dont la rémunération est liée aux résultats des investissements convenus avec la
clientèle ».

La banque participative puise son origine dans le coran et la sounna. Ses


principes fondateurs ont été développés au fil du temps avant d’être mis en
application sous la forme moderne vers le début de la deuxième moitié du 20 ème
siècle.

Les dates clés qui ont marqué l’histoire de la banque islamiques sont :

 1963 : naissance des principes financiers islamiques en Egypte. La Mit Ghamr


Saving bank propose des comptes épargnes basés sur le partage des bénéfices et
non des produits.
 1970 :L’Organisation de la Conférence Islamique est créée et lance l’idée de
la banque islamique.
 1974 Avènement de l’Islamic Development bank la BID organisation
multilatéral comprenant 56 pays membres à pour vocation d’apporter son
concours aux PVD et PMA (26) et PMMA (6) sous forme d’aide au
développement, et avec des techniques de financements islamiques, qu’il
s’agisse de financer le commerce extérieur, de lutter contre la pauvreté, de
financer certaines infrastructures (routes, Barrages hydro-électrique..) et certains
projets sociaux comme la construction d’écoles ou de centre de santé.
 1975 :Création de la banque islamique du développement, et naissances de
banques islamiques telles que la Dubai Islamic Bank, la Kuwait Finance House
et la Bahrein Islamic Bank.
 1979 et 1981 et 1983 islamisation totale des systèmes financiers des pays du
Soudan, Pakistan, Iran. Nombreux sont les pays islamiques du Golfe et de l'Asie
qui ont suivi (Arabie,Emirat,Indonésie,Malaisie...)

 1980-2000 Développement de la FI en Asie du sud est et au Moyen Orient

 2000-2008 Développement de la FI en Europe et au Moyen Orient, Asie du


Sud Est, Afrique du Nord, autant dans les banques islamiques que les banques
traditionnelles ( HBSC, Deutsche, UBS, IBB, EIB..)
Le Royaume-Uni est aujourd'hui le leader du développement de la finance
islamique en occident...

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ESTS

Cependant, le Maroc est très en retard par rapport à d’autres pays voisins.
Malgré que la finance islamique est présente dans le jargon de ses autorités
monétaires depuis plus de vingt ans maintenant. Les activités dites islamiques
ont fait leur appariation en octobre 2007, date où le gouverneur de la Banque
Centrale du Maroc (Bank Al Maghrib) a autorisé la commercialisation des
produits nommés officiellement «Alternatifs». Depuis cette date, ces nouveaux
produits n’ont pas pu convaincre la grande masse des consommateurs
marocains, et leur commercialisation a rencontré certains obstacles : cherté,
manque de sensibilisation, manque de compétences, absence de cadre
réglementaires approprié,...Par conséquent, l’impact était clair, à peine 111
millions MAD en 0188. Mais, la contradiction est choquante: 94% des
marocains autrement dit 7 marocains sur 10 sont favorables aux produits et
services bancaires conformes à la Charia! (selon une étude récente menée par le
cabinet Islamic Finance Advisory & Assurance Services.

Cela étant, il importe de souligner que, la banque islamique ou dite


participative introduite par la récente réforme de la loi bancaire constitue un
sujet d’actualité qui revêt une importance capitale, et ce, étant donné que le
secteur des établissements de crédit et organismes assimilés joue un rôle clé
dans l’économie marocaine et peut être considéré comme l’un des moteurs du
développement du pays en sa qualité de principale source de financement de
l’économie et par conséquent de croissance et de création d’emplois.

Certains pensent déjà que l’introduction de la banque participative


constitue une révolution du marché bancaire vu que le nouveau marché drainera
des opérateurs internationaux notamment musulmans opposés aux banques
conventionnelles, qui viendraient investir au Maroc.

Quant à d’autres, ils ne manquent pas de manifester leur tergiversation


voire leur pessimisme vis-à-vis du nouveau venu.

Le dilemme entre le succès qu’ont connu les banques islamiques dans le


monde entier, surtout suite à la crise économique et financière internationale et
l’appétit des clients domestiques pour des produits bancaires en conformité avec
les préceptes de l’islam et l’inexistence de ce type d’institutions financières au
Maroc qui alimente les débats d’une part, et les questions portant sur les

9
ESTS

nouveautés, apports et enjeux de la nouvelle loi adoptée par le législateur,


d’autre part, constituent somme toutes la problématique autour de laquelle
s’articulera notre développement.

Nous allons essayer tout au long de notre analyse de cerner l’origine et


l’évolution, les tendances, les principes fondamentaux et les apports potentiels
de la finance islamique et de la nouvelle loi bancaire dans une première partie, et
ce, avant d’aborder les enjeux de la réforme de la nouvelle loi et les réactions
des différents milieux, sont ceux qui se sont opposés à l’introduction de cette
réforme dans une seconde partie.

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PREMIERE PARTIE
Les innovations et apports
de la nouvelle loi bancaire

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Il ne fait pas de doute que, l’une des innovations majeures de la nouvelle


loi bancaire est l’introduction des banques participatives qui fut tant attendue
aussi bien par les citoyens ordinaires que par les opérateurs économiques
nationaux et étrangers, notamment musulmans.

Certes, le Maroc a introduit auparavant des produits de la finance


islamique, néanmoins, ils demeuraient en deçà des attentes. La nouvelle loi vise
à combler les lacunes et insuffisances relevées sur le système bancaire.

On essayera de mettre en relief les insuffisances relevées sur les produits


de la finance islamique avant le projet de réforme de la loi bancaire dans un
premier chapitre et dans un second on mettra l’accent sur l’institution des
banques participatives par la nouvelle loi bancaire.

Chapitre 1 : Insuffisance des produits bancaires


islamiques avant la réforme de la loi bancaire
Afin de bien cerner la notion de la finance islamique et son projet de loi, il s’avère
essentiel de consacrer ce chapitre introductif aux généralités sur la finance islamique
principalement ses origines, ses différentes définitions, ses principes ainsi que ses
fondements et finalement le mode de fonctionnement des banques participatives. Et
puis dans une deuxième section on va essayer de répondre à la problématique du retard
d’application du projet de loi sur la finance islamique au Maroc en analysant
l’expérience de 2007 et celle de Dar Assafae, dans le but de découvrir l’importance de
ce mode de financement pour le développement du pays et ainsi passer dans le
deuxième chapitre à l’analyse du projet de loi bancaire comprenant la finance
islamique comme pilier de cette réforme .

Section 1. Etat des lieux de la finance islamique au Maroc avant la


réforme.
L’histoire de la finance islamique remonte à la période des khoulafa depuis le jeune
âge de l’islam, mais sa propagation a commencé avec les pays musulmans tel que
l’Egypte et les anciens pays du golf afin de s’installer depuis les années 70 partout
dans le monde et surtout chez les pays développés. L’organisation des banques
islamique peut être considérée similaire à celle des banques conventionnelles,
cependant plusieurs différences peuvent être envisagées tel que la nature des comptes
qui se subdivisent en compte courant et compte d’investissement, ainsi que les modes
de son contrôle qui dont les conseils supérieur des oulémas est omniprésent.
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ESTS

La finance islamique est basée sur des principes islamiques inspirés de sources
constituants sa jurisprudence tel que le Coran et la sunnah et le ijmaaa. Parmi ses
principes fondamentaux on parle de la prohibition du ribah, le partage perte-profit, les
règles du haram.

I. Les premières traces de la finance islamique ainsi que son


développement :

Les premières formes de la finance islamique peuvent être associées à l’Âge d’or de
L’Islam entre le VIIIe siècle et le XIVe siècle. Dans un contexte politico-religieux
favorable, le monde arabo-musulman dominait le savoir et était à son apogée. Cette
finance évoquait davantage une économie monétaire vigoureuse. Elle semble
également concentrée autour de la finance publique des khoulafa 1 . En réalité le
démarrage de la finance islamique a été tardif et remonte aux années 1970.

I.1. Les origines de la finance islamique

La finance islamique, sous sa forme actuelle, n’existait pas véritablement aux


Premiers temps de l’islam, c'est-à-dire à l’époque du prophète Mohamed (PBL). Il y
avait plutôt des contrats et des transactions régis par les règles du Coran et les
pratiques du prophète. Aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire, les
premières traces d’une finance organisée en pays d’islam datent probablement des
premiers khoulafa où apparaissent les premières traces d’un système comptable et
financier en terre d’islam. Il s’agissait d’une gestion budgétaire des deniers d’un Etat
naissant.
L’expansion territoriale de l’islam et des institutions islamiques a exigé une gestion
Rigoureuse des comptes de l’Etat. Il s’agissait en particulier de canaliser efficacement
la collecte de la zakat2. Les fonds, produits de cette collecte, sont acheminés vers Beit-
Mel-El-Mouslimine ou trésor public.

Dans son article de 1969, du Journal of Economic History, Subhi Labib rappelle aussi
que pendant l’Âge d’or de l’Islam, on pouvait détecter dans les territoires des
Khoulafa, du VIIIe au XIIe siècle, les premières formes de capitalisme et d’économie
de marché. L’auteur parle de « capitalisme islamique ». Une économie monétaire est
née, basée sur une monnaie forte et stable : le dinar.
De nombreuses innovations financières firent alors leur apparition : chèques, contrats,
lettre de change, opérations de transferts internationaux de fonds, opérations de
partenariats, comptes d’épargne, change…toutes ces techniques ont été par la suite, à
partir du XIIIe siècle, transférées à l’Europe médiévale.

1
Khoulafa en arabe pluriel de Khalifa, signifie « successeur » sous entendu du prophète Mohamed.
Le porteur du titre a pour rôle de garder l'unité de l'islam et tout musulman lui doit obéissance : c'est le
dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.
2
Mot arabe signifiant « aumône », il représente le troisième des piliers de l'islam. Le musulman est
tenu decalculer à la fin de chaque année lunaire (hégire), ce montant et le donner aux gens les plus
pauvres de sacommunauté.

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ESTS

Mais la finance islamique telle que nous l’entendons aujourd’hui n’est apparue que
beaucoup plus tard, plus précisément dans les années 1970.

I.2. Le développement de la finance islamique des années 1970 à nos jours :

 Un développement à l’international :
En 1963 fut crée la première caisse d’épargne islamique dans le village égyptien de
Mit Ghamr (delta du Nil) fondée par l’économiste Ahmed El Naggar. Celle-ci est née
du fait de la méfiance à l’égard des banques qui fonctionnaient selon le modèle
occidental, poussant la population locale à favoriser un esprit d’entraide et de partage
dans une sorte de système tontinier de type islamique. Cette caisse d’épargne ne
facturait ni ne distribuait des intérêts conformément à la charia. Elle investissait dans
des petits projets commerciaux et industriels directement ou en partenariat et
redistribuait ensuite les profits. Cette expérience a contribué à l’expérimentation des
techniques financières islamiques aujourd’hui admises (mourabaha, ijara,
moucharaka… Cf. Section , instruments de la finance islamique).
Ce n’est qu’en 1969 qu’on assiste à la création de véritables institutions financières
islamiques avec des structures importantes notamment le fonds malaisien Tabung
Hadji et la même année le Dallah Albaraka Group crée en Arabie Saoudite. Ce dernier
est devenu depuis un puissant conglomérat multi-activité avec en son sein Albaraka
Banking Group doté d’un très grand nombre de filiales « Charia Compliant »
spécialisées dans la banque de détail et dans la banque d’investissement.
C’est ainsi que depuis les années 1970, on assiste au démarrage de la finance pratiquée
selon les préceptes de la charia à une plus grande échelle appelée dès lors «Islamic
Finance». Elle est apparue sous cette dénomination en décembre 1973 au moyen orient
grâce à l’initiative de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) 3 qui a décidé
de créer la Banque Islamique de Développement en octobre 1975. En mars 1981, est
fondée Dar Al Maal Al Islami 4 , une des plus importantes institutions financières
islamiques dont le siège est à Genève, Cette banque, présidée par Mohammed Al
Faisal Al Saoud, fournit des services bancaires commerciaux islamiques (dépôts, prêts,
cartes de crédit, services de gestion d’actifs, gestion de fonds et de portefeuille). À
côté de cette activité de détail, elle offre des services à la clientèle corporate
(investissement, conseil en placement sur les M&A, offres publiques, souscription de
service d’assurance islamique).
Avec l’augmentation de la manne pétrolière, la création de banques islamiques dans
les monarchies du Golfe s’est accélérée. La finance islamique s’est en effet fortement
corrélée à l’évolution des cours du pétrole et concentrée dans les pays du Conseil de
Coopération du Golfe (CCG).
Très vite le monde de la finance islamique s’est développé et s’est exporté au-delà des
pays d’Islam. Le monde de la finance islamique compte actuellement près de 345
institutions financières ou fenêtres d’institutions financières pratiquant la finance
islamique. Cependant selon la base de données Bankscope seulement 95 banques sont
déclarées purement islamiques. Toujours selon cette base de données, dans les pays du
Golfe et d’Asie sur un total de 284 institutions financières, il n’y en a que 58 déclarées
3
http://www.oic-oci.org/
4
http://www.dmitrust..com/index.htm

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ESTS

comme banques islamiques, soit environ 20% du total du système bancaire de


l’ensemble de ces pays.
Il y a donc plus de banques non islamiques dans les pays dits islamiques, hormis le
Royaume de Bahreïn, le Qatar et l’Iran.

Graphique 1 : Part des banques purement islamiques dans les systèmes bancaires
des pays du Golfe et d’Asie (données 2006 et 2007 – BankScope)

Le Bahreïn vient ainsi en tête des pays de l’échantillon avec une part de plus de 80%
de banques islamiques. L’Indonésie se classe en dernière position malgré le
développement que connait la finance islamique dans ce pays, la part des banques
islamiques ne représente que 3% de l’ensemble du système bancaire ce qui laisse une
importante marge de développement au secteur dans ce pays.

Graphique 2 : Le nombre d’institutions financières purement islamiques et


conventionnelles dans les pays du Golfe et d’Asie (données 2006 et 2007 -
BankScope)

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ESTS

Aujourd’hui, les institutions financières islamiques sont concentrées au Moyen Orient


et en Asie du sud-est. Bahreïn et la Malaisie sont les principaux centres. En termes de
total du bilan, les banques iraniennes dominent le classement des banques islamiques
dans le monde, suivies par les banques saoudiennes et Malaisiennes.
On observe cependant une variabilité dans l’interprétation du Coran au sein du monde
financier musulman. Mais en dernier recours, ce sont les conseils de conformité à la
charia qui servent de garants aux investisseurs musulmans. Ces conseils sont apparus
à partie des années 1970 pour qu’une banque islamique puisse vendre des produits
financiers conformes à la charia et permettre d’en faire certifier la légalité religieuse.
Ainsi chaque institution dispose de son comité de sages « Charia Supervisory Board »
composé d’experts financiers et de théologiens érudits de l’islam (oulama) qui
interviennent aussi dans la conception de produits et de services financiers.

II. L’organisation de la banque islamique :

II.1. Le fonctionnement de la banque islamique :

La banque islamique peut être définie comme une banque dont 100 % de son activité
respecte les principes shariatiques. Il est nécessaire de prendre en compte dans cette
définition les « IslamicWindow », les banques conventionnelles qui ont ouvert au sein
de leur activité une filiale islamique.
La banque islamique occupe les mêmes activités qu’une banque conventionnelle
notamment dans son rôle de financement des entreprises et des particuliers. Les actifs
de la banque islamique sont constitués de créances liées aux contrats des produits
islamiques tels que le mourabaha, ijara ou salam…
Le passif est constitué de dépôts des comptes courants et des comptes d’investissement
auxquels s’ajoutent les fonds zakat, qui sont un impôt légal fixé à 2,5% par an qui est
calculé sur la base du patrimoine des ménages tel que l’épargne bancaire ou les
placements.
La banque islamique comporte deux types de comptes:

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ESTS

o le compte-courant : C’est un compte de dépôts qui ne génèrent aucun intérêt ni


profit ni autre forme de rendement où les sommes d’argent sont déposées et qui
peut être restituées par chèque, cartes de crédit bancaire ou ordres de virement
comme dans une banque conventionnelle.
o le compte d’investissement : C’est un compte d’épargne où la banque s’associe à
un projet avec le client où celui-ci apporte les fonds que la banque lui met à
disposition.
Nous pouvons schématiser un bilan d’une banque islamique que l’on peut comparer
avec une banque conventionnelle. Il existe deux types de contrôles dans une banque
islamique :
 Les audits internes et externes comparables aux banques conventionnelles.
 Les contrôles effectués par le comité de la Sharia.
En effet, pour assurer la conformité des activités respectant les principes shariatiques,
et afin de superviser la validité des produits et des transactions financières ; la banque
est dotée d’un comité de Sharia de 3 à 7 membres qui ont une expertise dans le
domaine bancaire, financier et de la jurisprudence des transactions mais également
dans le domaine religieux. L’expertise que détiennent ces membres appelés les
Scholarsou Sharia Auditors est donc très complexe et la plupart son issus de pays du
Golf, de Turquie ou du Pakistan.
Ce comité rend annuellement un rapport auprès de l’AAOIFI sur la conformité des
principes shariatiques des contrats et de la documentation utilisées, et signaler si ces
règles ont été enfreintes.
Cependant comme l’indiquent E.Jouini et O.Pastré (2008), il serait « erroné toutefois
de considérer que le Sharia Board est exclusivement préoccupé par des considérations
religieuses, au détriment de tout objectif commercial ou financier. En effet, selon ces
deux économistes, le comité de Sharia est toujours amené à répondre à ces trois
exigences.
Les clauses du contrat financier respectent-elles les exigences shariatiques ?
L’investissement est-il optimal pour le client ? L’investissement crée-t-il de la valeur
pour le client mais créer t-il de la valeur également pour la communauté ?
Ainsi, le rôle de ce comité dépasse la simple vérification de conformité et de validité
des produits car se présente également comme un acteur sur le développement de la
banque et peut être amené à lui donner des conseils. De plus, comme le soulignent ces
trois questions, on observe que ce comité porte son intérêt tant sur la banque en
question mais également sur le client. Cet aspect est souligné par l’auteur Chucri J.S
(2006), où la banque islamique « à son niveau, un rôle de double gouvernance : celle
relative à la conformité des transactions commerciales aux principes de la Shari’a; et
celle relative au respect par la banque des règles de l’éthique islamique ».

II.2. Le contrôle de la banque islamique


Il existe deux types de contrôles dans une banque islamique
_ Les audits internes et externes comparables aux banques conventionnelles.
_ Les contrôles effectués par le comité de la Sharia
En effet, pour assurer la conformité des activités respectant les principes shariatiques,
et afin de superviser la validité des produits et des transactions financières ; la banque
est dotée d’un comité de Sharia de 3 à 7 membres qui ont une expertise dans le

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ESTS

domaine bancaire, financier et de la jurisprudence des transactions mais également


dans le domaine religieux. L’expertise que détiennent ces membres appelés les
Scholarsou Sharia Auditors est donc très complexe et la plupart son issus de pays du
Golf, de Turquie ou du Pakistan.
Ce comité rend annuellement un rapport auprès de l’AAOIFI sur la conformité des
principes shariatiques des contrats et de la documentation utilisées, et signaler si ces
règles ont été enfreintes.
Cependant comme l’indiquent E.Jouini et O.Pastré (2008), il serait « erroné toutefois
de considérer que le Sharia Board est exclusivement préoccupé par des considérations
religieuses, au détriment de tout objectif commercial ou financier. En effet, selon ces
deux économistes, le comité de Sharia est toujours amené à répondre à ces trois
exigences.
- les clauses du contrat financier respectent-elles les exigences shariatiques ?
- l’investissement est-il optimal pour le client ?
- l’investissement crée-t-il de la valeur pour le client mais créer t-il de la valeur également
pour la communauté ?
Ainsi, le rôle de ce comité dépasse la simple vérification de conformité et de validité des
produits car se présente également comme un acteur sur le développement de la banque et
peut être amené à lui donner des conseils. De plus, comme le soulignent ces trois questions,
on observe que ce comité porte son intérêt tant sur la banque en question mais également sur
le client. Cet aspect est souligné par l’auteur Chucri J.S (2006), où la banque islamique « à
son niveau, un rôle de double gouvernance : celle relative à la conformité des transactions
commerciales aux principes de la Shari’a; et celle relative au respect par la banque des
règles de l’éthique islamique ».

III. Sources, nature et principes de la finance islamique :

III .1. Nature et source de la jurisprudence islamique :


A cet effet on doit rappeler que dans la tradition musulmane, l’aspect temporel de
l’activité humaine est régi par les règles de la charia qui sont tirés de cinq sources cités
ci-dessous :

a. Le Coran
Le Coran est la source la plus importante de l’Islam puisqu’elle contient les révélations
faites par Dieu au Prophète Mohammed. Evidemment, le Coran n’est pas qu’un texte
de loi, néanmoins il contient approximativement 500 injonctions de nature légale dont
20 portent sur des questions économiques. A la lumière de la classification établie par
Abdu Rahman Doi (1989), les 500 versets à caractère normatif rentrent dans les quatre
catégories suivantes :

 Les injonctions concises : ce sont des commandements précis mais le Coran ne


donne pas de règles détaillées sur la manière dont ils doivent être réalisés. Parmi ce
type de commandement, la prière, le jeûne et le paiement de l’aumône.
 Les injonctions concises et détaillées : ce sont des commandements sur lesquels le
Coran donne quelques détails, sur lesquels les hadiths et d’autres sources faisant foi

18
ESTS

donnent des précisions supplémentaires. Les lois régissant les relations avec les
non Musulmans rentrent dans ce cadre-là
 Les injonctions détaillées : le Coran donne toutes les précisions sur ces
commandements et aucune précision n’est nécessaire ou doit être cherchée dans
d’autres sources, par exemple les punitions relatives à certains crimes spécifiques
ou les lois régissant l’héritage.
 Des principes fondamentaux de conduite – ces principes n’ont pas de définitions
claires ni tranchées, et le moyen de les mettre en pratique doit être déterminé par le
biais de l’ijtihad (ou le raisonnement personnel) à tout âge. Il est généralement
admis que les injonctions contenues dans le Coran ne doivent nullement être
altérées, mais les conséquences légales, si elles existent, attachées à leur négligence
ou leur non observation ne sont pas spécifiées, par exemple l’interdiction de
l’usure.

b. Les Hadiths et la Sunna


Dans la hiérarchie des normes de la religion musulmane, les Hadiths viennent tout
juste après le Coran dans la formulation des principes généraux de conduite : ils se
constituent essentiellement des traditions ou des paroles du Prophète Mohammed
durant sa vie. Dans la doctrine classique musulmane – la tradition, ou le « chemin
tracé » par le Prophète et ses Compagnons – ne peut être connu qu’à travers les
hadiths. Au cours des siècles, un nombre important de lois définissant ce que doivent
être un comportement digne et des croyances – ce qui forme la base de la loi et
théologie islamique – sont apparues et ont été reconnues universellement. Le principe
essentiel est le respect de la tradition – de la sunna, qui en arabe ancien signifie «
précédent ancestral » ou « coutume tribale ». La sunna a été assimilée aux pratiques et
préceptes du Prophète, transmis par les narrateurs de la tradition authentique.

c. L’Ijma ou le consensus des théologiens


Les universitaires ont considéré que le Coran contenait les principes généraux par les
moyens desquels tous les domaines de la vie pouvaient être régulés et réglés, et quand
le Coran était imprécis, ils s’en référaient aux paroles du Prophète Mohammed
contenues dans les Hadiths. Par conséquent, les fondements de la charia, dans leurs
restrictions et commandements clairs et sans équivoques, devaient donc être trouvés
dans ces deux sources sacrées. Ijma, le consensus informel de la communauté des
universitaires religieux, a donc été établi non pas pour régler des questions de foi ou
d’observation fondamentale des pratiques religieuses – sur lesquelles ils étaient tous
d’accord – mais pour l’application de la charia dans les affaires mondaines. Cette
source de normes est très importante pour la finance islamique puisque les modèles de
la banque islamique ne sont mentionnés ni dans le Coran ni dans les Hadiths, même si
les principes fondamentaux les régissant y sont évoqués. Par conséquent, le
développement de la banque islamique s’est largement appuyé sur le consensus des

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ESTS

théologiens musulmans modernes et sur la jurisprudence aux niveaux national et


international. Un exemple est le Handbook of Islamic Banking publié par
l’Association Internationale des Banques Islamiques et qui définit le cadre dans lequel
doivent opérer les institutions financières islamiques.

d. Les Qiyas ou le raisonnement par analogie


Les qiyas (la déduction par analogie à partir des lois établies) et l’ijtihad (la
formulation de lois à travers l’effort individuel et une compréhension appropriée des
Textes) constituent une autre catégorie dans la hiérarchie des normes de l’Islam. En
mettant l’accent sur l’utilisation de la raison et des facultés de jugement de tout
individu, l’ijtihad ouvre la voie à des décisions et à des actions pures car conformes à
l’esprit des textes sacrés que sont le Coran et le Hadiths. Les décisions prises par ce
processus intellectuel sont appelées ijma et sont la base du consensus des théologiens
musulmans et des docteurs de la loi, les oulémas. Dans leurs formulations de décisions
et jugements, il doit bien évidemment être tenu compte des opinions émises, des
discussions passées et des argumentaires avancés de leurs prédécesseurs ainsi que d’un
sens général de la justice. Le qiyas, en tant que raisonnement analogique, utilise les
analogies passées comme des précédents aux processus de décisions devant chaque
nouvelle situation.

Dans la pratique, le qiyas met en jeu la comparaison entre deux éléments, l’un devant
être mis à la lumière de l’autre. Dans la loi islamique, selon l’affirmation que les
mêmes causent produisent les mêmes effets, il convient toujours de mettre en regard
un nouveau cas au cas originel. Si aucune issue ne peut être trouvée dans le Coran ou
dans les Hadiths, et si le consensus des oulémas ne couvre pas la question, alors il
convient d’utiliser le raisonnement par analogie pour tirer une loi et une conduite
digne. Par exemple, la consommation de drogues ou de stupéfiants est interdite sur la
même base que l’alcool est interdit, dans la mesure où ces substances altèrent l’esprit.

e. Les madhahib ou les écoles de pensée de l’ISlam


A l’opposé du christianisme, l’Islam classique n’a pas de hiérarchie patriarcale ni une
autorité religieuse centrale qui promulgue une doctrine officielle ; la confiance et la
pratique religieuse n’a en effet besoin d’aucune autorisation de la part des autorités
religieuse. L’équivalent le plus proche du clergé dans l’Islam est constitué par les
juristes ou les oulémas (docteurs de la loi) dont les rôles diffèrent selon les titres qu’ils
détiennent. Un mollah est en charge d’une mosquée locale, un sheikh a des statuts plus
élevés et en général une formation plus élevée, un imam est une figure centrale et est
en charge d’une grande mosquée. Le titre d’imam est aussi donné aux chefs spirituels
du chiisme, tandis que l’ayatollah est le titre hiérarchique le plus élevé de l’islam
chiite.

La division la plus importante de l’Islam est celle qui oppose les sunnites des chiites.

20
ESTS

Elle est apparue en 661 sur la question du leadership de la communauté musulmane.


Le chiisme, qui compte de nombreuses sectes, est prédominant en Iran et dispose de
nombreux fidèles en Irak, en Inde et dans plusieurs pays du Golfe. Les différences
doctrinales sont nombreuses entre les chiites et les quatre écoles doctrinales de l’Islam
sunnite, dans la mesure où l’exégèse est différente. Par conséquent, l’application de la
charia, la loi islamique, diffère fondamentalement.

Les chiites accordent aux étudiants en théologie, les mujtahids, les mêmes droits à
interpréter la loi Divine que les éminents docteurs de la loi du passé, et leurs jugements
remplacent le raisonnement par analogie des sunnites.

La doctrine légale sunnite comporte 4 grandes écoles de pensée, chacune étant


organisée de façon systématique, avec ses fondements théoriques et pratiques, bien
que chacune reconnaître la légitimité des autres. Les quatre écoles orthodoxes sont
l’école Hanafi (rationaliste), l’école Maliki (traditionaliste), l’école Hanbali
(fondamentaliste) et l’école Shafii (modérée). L’école Hanafi est suivie par la majorité
des musulmans du Liban, d’Irak, de Syrie, de Turquie, d’Afghanistan, du Pakistan et
du Bangladesh. Les Maures d’Espagne suivent l’école Maliki, et sont principalement
aujourd’hui en Afrique du Nord et subsaharienne. L’école Hanbali est prédominante
en Arabie Saoudite. Enfin, l’école Shafii est très répandue en Asie du Sud-Est. Si les
quatre écoles mettent l’accent sur l’une ou l’autre source de loi de l’Islam, elles sont
unanimes dans leur acceptation de l’origine divine de la loi islamique. En ce sens, le
Coran et la Sunna créent des obligations envers tous les Musulmans et sont
contraignantes dans la mesure où les autres sources sont d’une manière ou d’une autre
justifiées par ces deux sources. Cela est fondamental pour notre sujet dans la mesure
où les lois commerciales et financières islamiques doivent être interprétées à la lumière
de ces deux textes, ce qui pose des problèmes considérables en matière d’évolution et
d’adaptation des modes opératoires.

III.2. principes de la finance islamique:

Avant de présenter les produits conformes aux préceptes de l’islam, il est nécessaire
d’introduire les soubassements de ce type de produits.

La finance islamique est régies par les règles tirées des sources susmentionnées,
cependant contrairement à ce que laissent entendre certaines idées répandues, c’est un
univers construit autour de quelques grands principes positifs ainsi que, mais pas
exclusivement, sur quelques interdits.

En effet, il existe cinq principes qui régulent la finance islamique, dont trois sont
négatifs et deux positifs.

Les principes positifs sont :

21
ESTS

La prohibition du Riba 5 : L’un des principes fondamentaux de la finance


islamique est la prohibition du Riba. Le terme de « riba » dérive du verbe « raba »
qui signifie « augmenter ». Il renvoie à la fois aux notions de taux d’intérêt (une
valeur ajoutée à un capital initial) et d’usure alors que conventionnellement, le
premier terme signifie la somme que l’on paie pour l’usage de l’argent à un taux
excessif. Ce principe interdit le gain abusif et injustifié généré par une transaction
déséquilibrée. C’est la théorie de l’excédent (riba al fadl) et du surplus né de la
stipulation d’un terme qui avantage injustement une partie (riba an nassia).

Par ailleurs, l’interdiction de la riba s’inscrit logiquement dans la perception que


l’Islam a de la fonction de la monnaie dans une économie. Dans un système
économique les économies occidentales la monnaie remplit simultanément un rôle
d’instrument d’échange, d’unité de compte mais aussi d’instrument de transfert de
valeur dans le temps. Mais selon la logique de la philosophie musulmane, l’argent est
un simple instrument nécessaire pour créer de la valeur réelle et pour faciliter les
échanges mais qui ne doit pas devenir l’objet de l’échange en soi, il ne remplit donc
pas ce drôle de transfert intertemporel de valeur. Le commerce d’argent n’est donc pas
comparable aux autres commerces. L’éthique musulmane cautionne ainsi le commerce
de marchandises mais considère comme haram (impie) tout profit tiré d’une
transaction purement « financière ».

Cela peut être expliqué par plusieurs facteurs explicatifs. Le premier est le fait que
l’intérêt est une rémunération fixe et connu ex-ante. Le deuxième dénote l’injustice
entre les risques que subissent le préteur et le débiteur. En effet, l’emprunteur assume
une part majoritaire du risque dû au fait que la rémunération qu’il devra céder au
bailleur de fond n’est pas fonction du résultat de l’actif finance. Le créancier est donc
assuré d’un gain sur le prêt alors que le débiteur est assuré du remboursement du prêt.

L’interdiction du Gharar et du Maysir : L’Islam prohibe et la présence de


l’incertitude (Gharar) et la spéculation (Maysir) dans un contrat ou une vente.

Le terme gharar est extrêmement complexe à traduire. Sa racine arabe taghreer


signifie : « se mettre ou mettre ses biens en danger sans le savoir ». Le mot, lui-même,
a des connotations d’ « incertitude », de « risque », de « fourvoiement » et de
« tromperie ». Il y a Gharar dans une opération commerciale lorsque les conséquences
sont occultées ou ne sont pas claires. L’interdiction du Gharar proscrit toute incertitude
sur l’exécution d’une obligation contractuelle.

5
Le mot riba, traduit généralement par « usure », signifie littéralement « augmentation ». Mais son interprétation a toujours prêté à
controverse : pour certains, la riba se réfère à toutes les formes d’« intérêt fixe » ; pour d’autres le mot désigne seulement l’intérêt
excessif. Bien que certaines autorités religieuses - y compris l’actuel cheikh d’Al Azhar en Egypte - aient proclamé le caractère licite de
certains types d’intérêt, de nombreux ulémas continuent d’adopter une interprétation restrictive.

22
ESTS

Le Qimâr ou Maysir vise toute forme de contrat dans lequel le droit des parties
contractantes dépend d’un événement aléatoire. C’est, notamment, ce principe que l’on
trouve dans les jeux de hasard et les paris avec mise. Maysir vient en effet de l’adjectif
arabe Yasîr qui veut dire facile. Avant l’avènement de l’Islam, les Arabes
considéraient ces jeux comme, un moyen facile de gagner de l’argent.

Cette double interdiction de l’incertitude et de la spéculation conduit logiquement à


une prohibition de la spéculation hasardeuse et dangereuse.

Une transaction est dite avec Gharar lorsque :

 La vente porte sur une marchandise qui n’est pas déterminée de façon précise.
 La transaction est conclue sans que le prix de la marchandise ne soit fixé de façon
claire.
 La transaction porte sur une marchandise déterminée que le vendeur ne possède
pas encore.
 Le transfert de propriété est conditionné à un évènement imprévisible.

Ces conditions expliquent pourquoi le risque calculé d’un investissement est autorisé
par la Sharia, en revanche l’interdiction des contrats à terme impliquant le Gharar et le
Maysir vient du fait que le risque de fausse anticipation d’évolution des marchés
pourrait remettre en cause la réalisation de transactions basées sur l’incertitude, la
spéculation, ou même la détention délictuelle d’une information privilégiée et
préalable. Les juristes musulmans justifient également la prohibition de ces
transactions par la nécessité d’orienter les fonds disponibles au financement de
l’économie réelle, au lieu de les laisser alimenter les bulles financières vides de toute
productivité et de richesse utile.

La règle du Haram ou secteurs illicites : L’Islam prohibe certaines activités, et la


finance islamique se doit de respecter ces interdictions. La règle du Haram proscrit
ainsi de s’engager dans des activités liées aux jeux de hasard, au tabac, à la
pornographie, à l’alcool, à la filière porcine, à l’armement offensif ou encore à
l’industrie des loisirs. De nouveau, la circonscription de l’activité financière à
certains domaines d’activités n’est pas spécifique à la finance islamique ; seul
change le périmètre de ce qui est considéré comme acceptable et de ce qui fonde le
caractère licite d’une chose.

Les trois principes négatifs précédents ont pour corollaires deux principes positifs que
sont :

L’obligation de partage des profits et des pertes : cette notion est un des
éléments clés dans le concept de finance islamique car elle est le reflet des valeurs
que l’Islam transmet à ses fidèles, à savoir justice, égalité sociale et fraternité. Il

23
ESTS

préconise d’organiser un partage des profits et des pertes. En effet, l’interdiction de


prêter de l’argent contre un loyer (riba) et la prohibition de la spéculation (gharar)
contraignent l’investisseur ou le bailleur de fonds à se comporter comme un
entrepreneur. Rémunéré selon les performances des sous-jacents, il est aussi exposé
aux éventuelles pertes. Au final, son statut est proche de celui d’un actionnaire ou
d’un associé commanditaire.

Le principe de partage des pertes et profits est utilisé dans plusieurs techniques de
financements islamiques tels que la Moudaraba ou la banque va financer entièrement
le projet et l’entrepreneur va fournir son travail afin de faire fructifier le montant
investi.

Les profits sont partagés tandis que les pertes sont entièrement assumées par la
banque. Ou encore la Moucharaka, transaction qui permet à la banque et l’entrepreneur
de s’associer pour un projet et partager les pertes et profits. Ces méthodes de
financement se rapprochent du capital risque ou l’investisseur va financer la phase
post-amorçage de l’entreprise. Elles favorisent le développement des entreprises et
donc de la croissance économique.

Nous comprenons rapidement que ce système suppose des risques supérieurs car,
contrairement aux banques conventionnelles, la rémunération d’un type de
financement dépend directement du rendement de l’opération et donc de la gestion du
projet par l’entrepreneur. Le financement islamique ne peut donc être viable qu’avec
des clauses contractuelles strictes permettant à la banque de s’assurer du bon
fonctionnement des affaires.

De plus, dans un tel système, les critères de sélection d’un projet par la banque ne sont
plus bases sur des questions de solvabilité mais plus sur la rentabilité anticipée.

L’adossement à un actif tangible : Le deuxième principe positif, corollaire de


l’interdiction de spéculation et du riba, est la nécessité d’adosser les
investissements à des actifs tangibles. La finance islamique impose aux
investisseurs de s’engager dans l’économie réelle, empêchant quelque peu la
déconnexion observée aujourd’hui entre les marchés financiers et la réalité
économique.

Ainsi, les principes de la finance islamique expriment une volonté de promouvoir la


justice sociale et l’équité ainsi que la liberté d’entreprendre et une attitude de
modération.

Notre sujet s’articule sur le projet de réforme de la loi bancaire et ses apports
concernant la réglementation de la finance islamique au Maroc, il apparait alors
logique après avoir présenter dans ce premier chapitre des généralités sur la finance

24
ESTS

islamique de passer à la découverte des raisons principales qui été à la base de base du
retard de l’introduction de la finance islamique dans le paysage économique et
financier du pays. On va ainsi procéder à la présentation des principaux apports de la
finance islamique, puis l’analyse de l’expérience de 2007, et celle de Dar Assafae.

Section 2. Limites et insuffisances des produits bancaires offerts et


besoins de réforme.
La finance islamique au Maroc a connu plusieurs problèmes pour sa mise en place.
Les premières réflexions remontent aux années 80, mais c’est en 2007 que les choses
ont connu le sérieux avec l’intervention de toutes les parties concernés tel que Bank Al
Maghrib, le gouvernement chargé de la finance, le parlement et le GPBM. Cette
expérience n’a pas fait un grand succès suite à de nombreuses lacunes dont on peut
citer principalement le problème de conformité à la chariaa, le régime fiscal, la
politique de prix, le manque de compétences et la communication. Pour bien cerner
cette problématique l’expérience de Dar Assafae considérée comme la première
banque islamique au Maroc inaugurée en 2010 et faisant partie des filiales du groupe
Attijariwafabank va nous servir à bien visionner les entraves que peut rencontrer la
mise en place de la finance islamique au Maroc.
Mais avant de commencer à traiter cette problématique, il importe de connaitre les
apports et les intérêts de la finance islamique au paysage économique marocain, en vue
de bien pouvoir adapter les réformes introduites aux objectifs souhaités.

I. apports et intérêt de l’introduction de la finance


islamique au Maroc :

L’introduction de la finance islamique au Maroc aura des avantages sur plusieurs


niveaux, dont les plus saillants peuvent être résumés ainsi:
 améliorer l’accès de la population aux produits bancaires dans une société où le
taux de bancarisation ne dépasse guère les 40% (après le lancement de Barid Bank.
Le taux auparavant ne dépassait pas 24%).En effet des milliers de personnes
rejettent les offres classiques proposées par les banques et ne traitent avec ces
dernières qu’en cas de besoin extrême, les jugeant non conformes aux préceptes de
l’islam.
 Dans un objectif stratégique à moyen et long terme d’attirer davantage d’épargne
surtout de long terme, dont le Maroc a grandement besoin pour financer ses
différents plans sectoriels.

En effet ce dernier point peut être démontré par le montant des investissements dont
profite le Maroc notamment en termes d’infrastructure et qui font mobiliser des fonds
en provenance des pays du Golf, en effet un nombre important d’investissement sont
bloqués en raison de l’absence des formules de financement conforme à la sharia ,
dans cette perspective , le développement des institutions financières islamiques aura
pour effet d’attirer des fonds issus des pays islamiques notamment ceux du GCC.

25
ESTS

Le tableau suivant montre quelques projets d’infrastructure, d’énergie et de


développement qui ont été financés par des instruments de financement islamique.
La plupart de ces projets ont été financé via istina’a expliqué précédemment.

Date Projet Secteur Méthode Montant


d’investisseme
nt (m $ us)
2010 l’expansion du port du Jorf infrastructure istina’a 150
Lasfar
2010 électrisation des zones rurales énergie istina’a 66
2009 station d’énergie Quinétra infrastructure istina’a 200
2005 autoroute Marrakech/Agadir infrastructure istina’a 106

Le tableau suivant présente l'ensemble du financement des projets et commerce reçue


par les pays d'Afrique du Nord de la BID. Comme le montre le tableau Maroc a été le
plus important bénéficiaire dans la région des financements octroyés par la BID que ce
soit au niveau des projets ou du commerce, tout en étant un contributeur relativement
mineur à la BID, et loin derrière Libye, l'Egypte et même l'Algérie.
Le financement est bien sûr accordé sur la base du bien fondé des demandes de
financement plutôt que sur la base de la nature de relation avec le pays demandeur ni
même sur les contributions de ces derniers, et une des raisons qui expliquent la réussite
du Maroc a bénéficié du financement est sa capacité à soumettre des demandes de
financement cohérents fondés sur de bons plans d'affaires avec des prévisions et un
coût réaliste.

North African IDB Contributions

Number of Called up Callable Total ID Percent of


shares capital, capital, total
million ID million ID
Algeria 45 922 124 260 334 960 459 220 2,87
Egypt 127 667 346 000 932 670 1 278 670 7,99
Libya 147 824 400 000 1 078 240 1 478 240 9,24
Mauritania 977 4 920 4 850 9 770 0,06
Morocco 9 159 24 810 66 880 91 690 0,57
Tunisia 1 955 9 850 9 700 19 550 0,12

26
ESTS

IDB Funding for North African Member States, 1976-2009

Number of Project Number of Trade Total


projects finance ID trade deals finance ID financing
million million ID million
Algeria 40 446,9 188 1 490 1 944,4
Egypt 42 554,2 113 1 380,2 1 938,3
Libya 17 282,2 10 230 517,5
Mauritania 52 302,5 7 77,2 406,1
Morocco 57 1 073,5 114 1 570 2 685,6
Tunisia 50 555,7 160 803,9 1 364,6

II. Limites et bilan de l’expérience de 2007 :

La principale difficulté à laquelle se heurte la Finance Islamique au Maroc est celle du


principe capital : alors qu’elle cherche à être éthique, le Groupement Professionnel des
Banques au Maroc GPBM, est certain d’avoir la même mission. On peut regrouper les
principaux éléments de faiblesses de la première version des produits alternatifs de
2007 autours des éléments suivants :

II.1. Conformité à la « Chariâ » :

Les organismes de la « Chariâ Board » s’accordent sur les différentes ressources


‘halal’ pour le financement des instruments de financement islamique qui sont :
• Les dépôts non rémunérés
• Les comptes d'épargne
• Les comptes d'investissements
• Le Zakat
• Les recettes des autres services rémunérés

Les ressources utilisées dans la première version de 2007 sont des ressources puisées
des banques commercialisations qui sont en bonne partie des dépôts à terme rémunérés
par des intérêts ou des pensions de la Bank Al-Maghrib, également contracté sur la
base de rémunération par taux fixe. Ce caractère de non-conformité des ressources à la
« Chariâ » a significativement pénalisé ces produits.

II.2. Régime fiscal :


Sur le plan fiscal, le double paiement des droits d’enregistrement sur les acquisitions
de biens immeubles financés par « Mourabaha » n’a été supprimé qu’en 2009 (2 ans
après). La TVA sur la « Mourabaha » était calculée sur la base de la totalité de la
redevance jusqu’à janvier 2010 où elle sera appliquée uniquement sur la marge de la
banque – et non sur la totalité de l’échéance – et au taux de 10% seulement contre 20%

27
ESTS

auparavant. La même chose pour la question de la déductibilité de la marge payée à la


banque par le client, de son impôt sur revenu IR dans le cas du financement du
logement principal.
Toutefois la double imposition de la plus value est toujours en vigueur alors qu’elle
pourra être fiscalement assimilée à des intérêts versés à la société pour ne pas
supporter la taxe sur la plus-value.

II.3. Politique des prix :


Les frais de transactions et le coût fiscal supplémentaire pèsent lourdement sur le coût
des produits et les pénalisent sur le plan concurrentiel en matière de prix, sans compter
les frais supplémentaires de la rémunération du risque que supporte la banque.
Ainsi le taux de rentabilité exigé par la banque est au maximum car le prix fixé est
définitif et ne peut donner lieu à aucune révision par opposition au taux d’intérêt
variable. Ceci génère des marges supplémentaires à supporter par le client et qui sont
plus importantes que les intérêts supportés dans le cadre d’un financement
conventionnel.
Il faut en effet savoir que les établissements bancaires calculent en interne leur marge
commerciale pour les produits alternatifs sur la base d’un taux d’intérêt, exactement
comme s’il s’agissait d’un prêt classique.

Etant donné que le client supportera une marge fixe et qu’il payera une mensualité
invariable dans le temps, les banques appliquent un taux fixe pour le calcul de leur
gain, majoré d’une prime fiscale et ce, pour se prémunir contre le risque de
renchérissement du coût des ressources (hausse des taux d’intérêt) et la hausse du taux
de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les produits financiers.

II.4. Manque de Compétences :


En raison du démarrage assez récent de la finance alternative au Maroc, Les
établissements de crédit rencontrent en général des difficultés pour trouver les
compétences nécessaires aux postes qu’elles offrent.
L’une des solutions adoptée est la sélection des candidats non plus sur les compétences
acquises mais sur le potentiel d’apprentissage.
Avec une politique de formation et de certification associée à des missions longues et
motivantes, ces établissements pourraient attirer de nouveaux candidats. Néanmoins,
l’un des freins identifiés est la difficulté d’anticiper la demande et l’environnement où
évolue la Finance Islamique locale.

II.5. Communication :
Dites «alternatifs» pas islamiques ! Banque Al Maghrib est catégorique.
L’appellation adoptée pour les produits islamiques et les campagnes marketing
organisées par les établissements de crédit ne devront pas faire de mentions ayant
une connotation ou un caractère religieux. «Les établissements de crédit procéderont à
la commercialisation de ces produits via leurs réseaux ou filiales.
Chacun conduira sa propre communication sur ces produits dans le cadre du respect
des principes directeurs». Selon une note de Bank Al-Maghrib.

28
ESTS

III. expérience et limites de la première banque islamique


Marocaine « DAR ASSAFAA » :

III.1. Présentation :
Après seulement 18 mois du lancement des produits alternatifs, Bank Al-Maghrib
donna son aval le 13 mai 2010 pour la création de «Dar Assafaa»; société de
Financement spécialisée dans les produits alternatifs au Maroc.
Dotée de 9 agences éparpillées sur 8 villes marocaines (Casablanca, Marrakech, Rabat,
Tanger, Agadir, Meknès, Fès et Oujda), La nouvelle entité indépendante, première
société de financement alternatif au Maroc, est filiale à 100% du groupe Attijariwafa
Bank et a démarré son activité en juillet 2010. La filiale dispose d'un capital de 50
millions de dirhams et repose, pour son financement, dans un premier temps, sur des
fonds propres institutionnels ainsi que des instruments alternatifs de dettes.
Dans son démarrage, «Dar Assafaa », dotée d'un savoir-faire spécifique dans les
services financiers alternatifs, cible les particuliers et les professionnels désireux de
financer leurs projets immobiliers et l'acquisition de leurs biens de consommation par
le biais de produits alternatifs.

III.2. Produits :
Selon des responsables dans Dar Assafaa, Pas moins de 100 millions de DH -12M$,
fut le montant des crédits distribués par Dar Assafaa en seulement 3 mois d’activité
(de juin à août 2010), la distribution de ces crédits a principalement porté sur le
financement d’habitations, de commerces, ou même de terrains. Par contre, on a
constaté qu’une faible proportion de la clientèle de Dar Assafaa a recours au crédit à la
consommation.
Dar Assafaa met ainsi différentes formules de financement à la disposition de ses
clients:
 Safaa Immo
 Safaa Auto
 Safaa Conso
 Safaa Tajhiz
Pour ce qui est de la compétitivité de ces produits, comparativement avec les produits
classiques, on note qu’ils restent pénalisés sur le plan fiscal : ils sont 7% plus cher.
Même si la TVA a été ramenée au même niveau qu'un produit classique, il faut dire
que le produit, Dar Assafaa reste moins compétitif mais intéressant pour une certaine
catégorie de clientèle.

III.3. Hissab Assafaa :


Dar Assafaa a élargi son offre dans le domaine de la Finance Islamique, en proposant
un compte «Hissab Assafaa» associé à une carte Assafaa.
Par ailleurs, pour pouvoir distribuer des crédits, Dar Assafaa a besoin de
refinancement. Celui-ci se fait premièrement par le biais du capital social qui est
détenu à 100% par Attijariwafa Bank.

29
ESTS

Le capital qui a totalement été consommé provient des dividendes relatifs aux
participations d’Attijariwafa Bank dans Sonasid et dans des filiales financières
spécialisées du groupe, notamment Attijari Finances Corp. et Attijari intermédiation».
Dans ces conditions, «Hissab Assafaa», à l’instar des comptes bancaires classiques,
propose une carte de paiement et de retrait, ainsi qu’un carnet de chèques. Le client
peut ainsi déposer et retirer son argent à sa convenance.
Pour mettre en place cette nouvelle offre, la filiale d’Attijariwafa Bank s’est dotée
d’un système d’informations conforme aux produits islamiques. Ainsi, ce système ne
prend pas en compte les dates de valeur, le calcul de taux d’intérêt et la notion de
découvert qui n’existe pas dans ce type d’établissement.

Ce premier chapitre nous a servi de principes de base pour comprendre la finance


islamique en passant par une présentation de son histoire, son organisation tout en
s’articulant sur les différences de fonctionnement par rapport aux banques
conventionnelles ainsi que les modalités de contrôle de ces banques, il été essentielle
ainsi de traiter les fondements, les principes et les sources de la finance islamique tel
que le principe du ribah, du haram, et du partage perte- profit, bien que le coran et la
sunnah concernant les sources de jurisprudence.
Par la suite, l’analyse du retard d’introduction de la finance islamique au Maroc a servi
de bien saisir les facteurs principaux de ce retard, tel que le problème fiscal, de
communication, de commercialisation et de manque de compétences ce qui a été
analysé dans le cadre de l’expérience de 2007 et fortifié grâce à l’étude de l’expérience
de Dar Assafae.

Dans le but de remédier aux problèmes de réticence à la finance islamique et ainsi


profiter des avantages offerts par ce mode de financements, le Maroc s’est intéressé à
la finance islamique dans le cadre de son projet de réforme de la loi bancaire de 2013.
Cette réforme constitue le cœur de notre étude. Il importe alors au préalable d’établir
dans une première section l’ensemble d’informations nécessaires à la connaissance
utiles à la compréhension de la finance islamique tel que les produits offerts par ces
banques et une étude comparative entre les banques islamiques et les banques
conventionnelles, afin de passer à l’analyse du projet de réforme de la loi bancaire en
commençant par la lecture de la structure des principales dispositions de projet de loi,
ces dernières qu’on va décortiquer en analyse du projet de loi de réforme relatif à la
finance islamique et en analyse des autres réformes.

Chapitre 2 : L’institution des banques participatives


par la nouvelle bancaire
D’après une étude indépendante du cabinet IFAAS (Islamic Finance Advisory &
Assurance Services), 94% de la population Marocaine est favorable à la banque
islamique. Le rapport de l’étude révèle également que près de 70% des personnes
sondées se disent attirées par les produits d’épargnes portant le label islamique et 88%,
intéressées par les produits financiers conformes à la Sharia

30
ESTS

Le projet de loi n° 103-12 reflète le choix du Maroc d’introduire les métiers de, la
finance participative dans le secteur financier national selon une approche
d’assimilation en appliquant, d’une part, les dispositions spécifiques dans chacune de
ces dites lois. Cette approche correspond à celle retenue par plusieurs pays dans le
monde tels que la Malaisie et ma Turquie. D’autres pays ont choisi de mettre en place
des lois spécifiques régissant l’ensemble des aspects juridiques, réglementaires et
institutionnels liés aux différents métiers de la finance participative.

Section1. Les banques participatives


La finance islamique, à l'instar de la finance conventionnelle, présente toute une
gamme de contrats financiers. Selon I. KARICH (2002), les produits financiers
islamiques sont regroupés en deux catégories : les financements participatifs et les
financements par dette. On distingue, pour les financements participatifs,
le Moudaraba (ou commendite simple), le Moucharaka (participation de plusieurs
parties) et le Diminishing-Moucharaka (ou diminutif-moucharaka). Les financements
par dette regroupent des produits commerciaux qui ont tous des équivalents
conventionnels. Il s'agit principalement de la Mourabaha (ou prêt à crédit), l'Ijara (ou
leasing), l'Ijara Wa Iktina (ou location-vente), l'Istisna (arrangement entre deux
parties) et le Salam (vente avec livraison différée).

Selon M. KORCHI (2005), la gamme des instruments financiers islamiques se


présente sous trois formes : les instruments de dette (Mourabaha, Istisna, Qard al-
Hassan ou prêt gracieux), les instruments de quasi-dette (Ijara ou contrat de crédit-
bail), les instruments de partage des bénéfices et des pertes (Moucharaka et
Moudaraba).

I. Les instruments de financements

Ces produits sont conçus pour éviter l’apparition de toute forme quelconque de
l’intérêt prohibé. Et désormais, il est déclaré que dans ces instruments l’usure disparaît
pour faire place à la marge commerciale.

I.1. La Mourabaha
La Mourabaha est un contrat de vente au prix de revient majoré d’une marge
bénéficiaire connue et convenue entre l’acheteur et le vendeur.

La Mourabaha peut revêtir deux aspects :


 Transaction directe entre un acheteur et un vendeur qui expose à la vente sa
marchandise sans préalable ordre ou promesse d’achat du premier.
 Transaction tripartite entre un acheteur final (ou donneur d’ordre d’achat), un
premier vendeur (le fournisseur) et un vendeur intermédiaire (exécutant de l’ordre
d’achat).
Cette dernière formule a été retenue dans les pratiques bancaires islamiques. La
banque intervient en qualité de premier acheteur vis-à-vis du fournisseur et de

31
ESTS

revendeur à l’égard de l’acheteur donneur d’ordre (le client). La banque achète la


marchandise au comptant ou à crédit et la revend au comptant ou à crédit à son client
moyennant une marge bénéficiaire convenue entre les deux parties.

Il est à noter que quelque soit le degré de désengagement de la banque vis-à-vis de


l’opération commerciale proprement dite, il demeure toujours un minimum de risque
encouru par la banque lors de sa possession de la marchandise pendant un certain laps
de temps.
L’innovation du système de financement islamique relativement à la Mourabaha fut
d’en faire une technique de finance indirecte et ce, en apportant certains ajustements
aux ventes à crédit classiques. Ces ajustements sont dictés par la volonté de ne pas trop
s’écarter de la nature classique des banques en tant qu’intermédiaires financiers
manipulant des documents plutôt que des marchandises.
I.2. La Moucharaka :
La Moucharaka est une association entre deux parties (ou plus) dans le capital d’une
entreprise, projet ou opération moyennant une répartition des résultats (pertes ou
profits) dans des proportions convenues. Elle est basée sur la moralité du client, la
relation de confiance et la rentabilité du projet ou de l’opération ainsi que sur la
répartition des risques entre les associés. Par ailleurs, la Moucharaka, telle que
pratiquée par les banques islamiques nouvelles, se présente le plus souvent sous forme
d’une contribution au financement de projets ou d’opérations ponctuelles proposées
par la clientèle.
Comme dans la Mourabaha, ce financement peut se faire avec ou sans décaissement.
Mais elle peut aussi revêtir des formes plus élaborées. Dans tous les cas, cette
contribution se réalise suivant deux formules :

 La Moucharaka permanente : La banque participe au financement du projet de


façon durable et perçoit régulièrement sa part des bénéfices en sa qualité
d’associé copropriétaire. Il s’agit en l’occurrence pour la banque d’un emploi à
long ou moyen terme de ces ressources stables (fonds propres, dépôts
participatifs...). L’apport de la banque peut revêtir la forme d’une prise de
participation dans des sociétés déjà existantes, d’un concours à l’augmentation de
leur capital social ou la contribution dans la formation du capital de sociétés
nouvelles (achat ou souscription d’actions ou de parts sociales). Ce type de
Moucharaka correspond dans les pratiques bancaires classiques aux placements
stables que les banques effectuent soit pour aider à la formation d’entreprises ou
tout simplement pour s’assurer le contrôle d’entreprises existantes.
 La Moucharaka dégressive : La banque participe au financement d’un projet ou
d’une opération avec l’intention de se retirer progressivement du projet ou de
l’opération après son désintéressement total par le promoteur. Ce dernier versera,
à intervalle régulier à la banque, la partie de bénéfices lui revenant comme il peut
réserver une partie ou la totalité de sa propre part pour rembourser l’apport en
capital de la banque. Après la récupération de la totalité de son capital et des
bénéfices qui échoient, la banque se retire du projet ou de l’opération.

32
ESTS

I.3. La Moudaraba :
Il s’agit d’une forme d’association entre le capital financier d’une part et le travail de
l’autre.
La gestion de l’affaire est totalement entre les mains du travailleur « Moudarib » alors
que les actifs acquis grâce au capital avancé demeurent la propriété du capitaliste «
Rab el Mal ». Les profits nets sont partagés entre les deux parties suivant des
proportions agréées d’avance alors que la perte sur le capital est à la charge du seul «
capitaliste ».
- Soit que les déposants confient à la banque leurs fonds (comptes de dépôts à terme)
afin que cette dernière les investisse dans des opérations et des projets viables et
suffisamment rentables. Dans ce cas, la banque joue le rôle de « Moudarib » et affiche
son accord pour le principe de partager les profits avec les détenteurs des comptes
d’investissement y afférents et de leur faire supporter les éventuelles pertes sauf
lorsque de telles pertes font suite à des négligences de la part de la banque ; le cas
échéant, c’est cette dernière qui supporterait les pertes.
- Soit que la banque devienne bailleur de fonds et finance ses clients, avec les dépôts
collectés. Il est à remarquer alors, que la collecte de dépôts se fait dans les banques
islamiques exclusivement dans le cadre de Moudaraba. Le financement accordé aux
clients peut être réalisé sous forme Moudaraba mais aussi sous d’autres formes telles
que la Moucharaka, Ijara, Mourabaha.

I.4. L’Ijara :
C’est un contrat de location de biens, assorti d’une promesse de vente au profit du
locataire.
Il s’agit d’une technique de financement qui fait intervenir trois acteurs principaux : le
fournisseur (fabricant ou vendeur) du bien, le bailleur (en l’occurrence la banque qui
achète le bien pour le louer à son client) et le locataire qui loue le bien en se réservant
l’option de l’acquérir définitivement au terme du contrat de location. Dans ce genre de
financement, les banques islamiques ont vu une technique qui s’accommode avec leur
orientation aussi bien dans l’effort de concourir au développement du monde
musulman que dans un strict respect de la Sharia puisque cette opération est
considérée comme étant licite et conforme aux préceptes du droit musulman.
De la définition précédente, il découle que le droit de propriété du bien revient à la
banque durant toute la période du contrat, tandis que le droit de jouissance revient au
locataire. Et selon les jurisconsultes musulmans19 ce type de contrat comporte trois
éléments majeurs : la forme, qui inclut une offre et un consentement, les parties au
contrat et l’objet du contrat, qui inclut le montant du loyer et le service ou le bien
transféré.
Les conditions de licéité sont :
 L’objet de la location doit être licite, connu et accepté par les deux parties,
 La location doit porter sur des biens durables, c’est à dire non destructibles du fait
de la jouissance ou de l’utilisation,
 Le bien loué de même que les accessoires nécessaires à son usage, doivent être
remis à l’utilisateur en état de servir à l’utilisation à laquelle ledit bien est destiné,

33
ESTS

 La durée de location, le délai de paiement, le montant du loyer et la périodicité


doivent être déterminés et connus à la conclusion du contrat,
 Le loyer peut être payé d’avance, à terme ou par tranches selon la convention des
parties,
 Les deux parties peuvent convenir d’un commun accord d’une révision du loyer,
de la durée de location et de toutes autres clauses du contrat,
 La destruction ou la dégradation du bien loué d’un fait indépendant de la volonté
de l’utilisateur n’engage la responsabilité de ce dernier que s’il est établi et qu’il
n’a pas pris les mesures nécessaires pour la conservation du bien avec le soin d’un
bon père de famille,
 Sauf convention contraire, il incombe à la banque d’effectuer tous travaux
d’entretien et de réparation nécessaires au maintien du bien loué dans un état de
servir à l’usage auquel il est destiné. De même, elle supporte toutes les charges
locatives antérieures au contrat de location,
 L’utilisateur assure quant à lui l’entretien d’usage du bien loué, de même que
l’ensemble des charges locatives nées à compter de la date de location.

I.5. L’Istisna :
L’Istisna est un contrat d’entreprise en vertu duquel une partie (Moustasni’i) demande
à une autre (Sani’i) de lui fabriquer ou construire un ouvrage moyennant une
rémunération payable d’avance, de manière fractionnée ou à terme. Il s’agit d’une
variante qui s’apparente au contrat Salam à la différence que l’objet de la transaction
porte sur la livraison, non pas de marchandises achetées en l’état, mais de produits
finis ayant subi un processus de transformation. La formule de l’Istisna, mise en
pratique par une banque Islamique peut revêtir l’aspect d’une opération triangulaire
faisant intervenir aux côtés de la Banque, le Maître de l’ouvrage et l’Entrepreneur dans
le cadre d’un double Istisna.

II. Les autres modes de financements

II.1. Les Sukuks :


En réalité, il ne s’agit pas d’un produit financier proprement dit mais plutôt d’un titre
financier, issu de montages juridiques établis sur l’un des contrats suivants : (l’Ijara, la
Mourabaha, la Moucharaka, l’Istisna, la Moudaraba, ou le Salam). Les Sukuks sont
donc, des obligations islamiques adossées à un actif tangible ou à un investissement
dans une firme. Les rendements de l’actif ou de l’entreprise vont permettre de
rémunérer l’investisseur. La rémunération perçue par leur porteur est fonction de la
performance économique de l’actif sous-jacent et non du seul écoulement du temps.
Généralement, les Sukuks sont émis par un fond commun de créance (SPV : Special
Purpose Vehicle) créé dans une juridiction fiscalement attractive. L’originateur cède
les actifs sous-jacents au fond commun, qui sont mis en trust au bénéfice des porteurs
de Sukuks. Les biens sont financés grâce aux produits de l’émission de Sukuks.
L’originateur s’engage généralement à reprendre les actifs cédés au fond commun à
l’échéance ou en cas de défaillance, à un prix convenu. Par ailleurs, l’échéance du titre
est fixée d’avance. Donc, ces obligations sont émises pour le compte, d’Etats,

34
ESTS

d’entreprises et des banques par le biais de Fonds communs de créance et ce dernier


effectue une titrisation du sous-jacent.
Etant donné que ce type de transactions fait appel à de nombreuses parties prenantes,
les risques de crédit sont multiples. Ces produits n’excluent pas un défaut de
l’émetteur, de la banque qui officie la transaction, de l’entrepreneur lorsque le sous-
jacent est basé sur le partage des pertes et des profits, ou encore du locataire lors de
transactions Ijara (leasing).

II.2. Takaful et Re-Takaful :


Il s’agit tout simplement, du système d’assurance islamique. A travers ce système, des
participants contribuent à une coopération mutuelle par le biais de donations qui
servent à dédommager les pertes subies par d’autres participants. Le rôle de la
compagnie Takaful est limité aux seules tâches de gérer les opérations d’assurance et
d’investir les contributions collectées dans des produits financiers islamiques.
Concernant le Re-Takaful, il est considéré selon la définition donnée par l’AAOIFI,
comme étant un arrangement contractuel à l’issu duquel le réassureur assume, selon le
cas, tout ou partie des risques que l’assureur premier vient assurer. En retour, ce
dernier lui paie une contribution spécifique et d’un montant bien déterminé. Les droits
de l’assuré sont conservés intactes, indépendamment de l’existence ou non de ce type
d’arrangement.
Conformément aux clauses contractuelles inscrites dans les polices d’assurance,
l’assureur demeure responsable à l’égard de l’assuré des paiements revendiqués. Les
conditions de cette coopération dans laquelle tous les membres s’acquittent d’une
somme d’argent pour indemniser celui qui subit un dommage, se présentent comme
suit :
 Les contributions doivent être sous forme de donations,
 L’esprit de coopération doit être présent pour permettre de partager les risques,
 Le bénéfice ou surplus dégagé au titre des opérations doit être distribué aux
assurés,
 Les opérations d’investissement effectuées par l’opérateur (assureur) doivent être
dépourvues de toutes formes d’intérêt prohibé,
 Un organe de supervision religieuse doit être mis en place (Sharia Board).
Dans tous les cas de figure, le système d’assurance islamique repose sur trois formes
relationnelles à l’égard des assurés, à savoir :
 Moudaraba où l’assureur joue le rôle de Moudarib et les assurés sont considérés
comme étant les « capitalistes »,
 Wakala où en contrepartie de la gestion de leurs fonds, les assurés rémunèrent
leur assureur par des honoraires,
 Moudaraba / Wakala où l’assureur reçoit des honoraires en contrepartie de ses
activités d’assurance et participe en même temps en tant que Moudarib aux profits
générés par les activités d’investissement dans les produits financiers islamiques.
Dans la mesure où le système d’assurance conventionnelle permet à l’assureur de
devenir propriétaire des primes acquises et de s’accaparer tous les profits après avoir
honoré ses engagements, le Takaful islamique en diffère par le fait que les
contributions versées restent dans le fonds des participants lesquels partagent tout
surplus dégagé.

35
ESTS

III. Comparaison entre banques conventionnelles et


banques participative

Critère de Banques participatives Banques conventionnelles


comparaison
1. Différences au niveau des principes de fonctionnement :
1.1. Sur l’intérêt Interdiction de la notion de Paiement autorisé
Riba : les banques d’intérêts débiteurs et
participatives ne peuvent créditeurs.
consentir de prêts
engendrant des intérêts.
1.2. Sur le partage L’argent ne pouvant être Transactions
du risque considéré comme une traditionnelles de
marchandise, l’intervention prêts/emprunts.
des banques se fait sur la
base de prises de
participation dans des
projets ou des transactions
de vente et/ou de location.
1.3. Sur la Accent porté sur la Importance accordée à la
productivité et la productivité, la viabilité des solvabilité de
solvabilité projets et non sur la l’emprunteur et à
solvabilité de l’emprunteur. l’échéance du
remboursement de la
somme prêtée et des
intérêts.
1.4. Sur le risque Importance accordée aux Financement de tous
moral implications morales des types de projets dans
activités financées et tous les secteurs
prohibition de certains d’activité licites.
secteurs d’activités.
2. Différences au niveau de gestion des opérations bancaires :
2.1. Gestion du Lorsque qu’un client Production d’intérêts
compte courant sollicite la banque lorsque la banque
islamique pour l’acquisition classique octroie un prêt
d’un bien, le compte et qu’elle le transfère sur
courant du client ne reçoit le compte courant de son
pas d’argent. La banque client.
verse l’argent au
fournisseur pour l’achat du
bien et le revend à terme au
client. Donc la
rémunération de la banque
est constituée de la marge

36
ESTS

sur la vente du bien.


2.2. Gestion du Les fonds déposés dans le Non applicable.
compte compte d’investissement
d’investissement sont gérés par la banque en
ou « Profit Sharing contrepartie de frais de
Investment gestion qui peuvent être,
Account (PSIA) » soit des profits, soit des
pertes. Les dépositaires
n’ont aucun droit de regard
sur la gestion de leurs
comptes.
La durée des dépôts varie
entre 1 mois et 5 ans. Si le
détendeur du compte se
retire avant la fin de
l'échéance, il partage les
pertes, mais pas les profits
que les fonds ont pu
générer. Ni le capital ni le
taux de rendement ne sont
garantis.
2.3. Gestion du Le compte d’épargne ne Le compte d’épargne
compte d’épargne génère pas d’intérêt. Le génère un intérêt dont le
titulaire du compte peut taux d’intérêt fixe est
percevoir des profits. Le connu d’avance.
capital est garanti mais il
est versé après prélèvement
de la Zakat.
2.4. Gestion de la Existence d’une relation de Existence d’une relation
relation client- partenariat entre les de créanciers/débiteurs
banquier banques islamiques et ses entre les banques
clients. classiques et ses clients.
2.5. Rôle de la En plus du rôle Rôle exclusif
banque d’intermédiaire financier, d’intermédiaire
la banque participative a un financier. La banque
rôle d’intermédiaire collecte des fonds et les
commercial car l’ensemble utilise dans des
des transactions financières opérations de prêts.
sous-tend un actif tangible.
2.6. Marché Dans le système financier Dans le système financier
interbancaire participatif actuel, il conventionnel, les
n’existe ni banque centrale, banques centrales ont
ni marché interbancaire plusieurs fonctions :
participatif. émission de billets,
En cas d’excédent de régulation du marché
liquidité à court terme, les monétaire, etc. Le

37
ESTS

banques participatives ne marché interbancaire


peuvent ni recevoir ni payer permet aux banques de
d’intérêts. Pour l’instant, il placer ou de refinancer
n’existe que peu respectivement leurs
d’instruments monétaires excédents ou leurs
liquides dans ce secteur. déficits de liquidités.

Après avoir découvrir l’ensemble d’instruments de la finance islamique ainsi que les
critères de base de leurs classification, mais aussi la mise en point des différences et
concordances grâce à la comparaison entre les banques islamiques et les banques
traditionnelles, il s’avère maintenant possible de passer à l’analyse des dispositions
juridiques contenues dans le projets de réforme de la loi bancaire, dont on va procéder
à la présentation de la structure générale du projet de loi, à l’analyse des dispositions
relatives à la finance islamique et finalement aux autres réformes.

Section 2 : Analyse du projet de loi sur les banques


participatives et des autres réformes de la loi bancaire
Compte tenu de l’importance capitale du secteur bancaire et de son rôle central dans
l’économie nationale, il est nécessaire que le projet de nouvelle loi bancaire fasse
l’objet, avant son adoption, d’une évaluation pluridimensionnelle.

La lecture critique du projet de loi bancaire n° 103-12 relatif aux établissements de


crédit et organismes assimilés suscite des préoccupations quant à portée économique et
sociale ; lesquelles ont été analysées et peuvent être regroupées autour des enjeux ci-
après :

- Enjeu de développement et de financement de l’économie :


- Enjeu d’encadrement réglementaire et de cohésion du cadre juridique et
institutionnel ;
- Gestion des risques, règles de supervision bancaire et exigences de
transparence ;
- Concurrence dans le secteur bancaire et articulation entre le rôle de Bank Al-
Maghrib et celui du conseil de la concurrence ;
- Protection des consommateurs ;
- Enjeu de l’inclusion financière ;
- Gouvernance des banques.

Pour assurer une analyse complète, il s’agit de présenter la structure principale des
dispositions du projet de loi et se focaliser ensuite sur les innovation de ce projet de
réforme en commençant par l’analyse des apports relatifs à la finance islamique et
finalement les autres réformes de la loi.

38
ESTS

I. Structure et principales dispositions du projet de loi

Le projet de loi a cherché à intégrer les principes fondamentaux de l’exercice bancaire


et financier tels qu’appliqués au niveau international notamment par l’incorporation
des recommandations du Comité de Bâle pour la surveillance prudentielle conduisant
vers le règlement Bâle III. Il porte principalement sur les éléments relatifs au cadre
institutionnel, à l’agrément, au contrôle technique et à la surveillance macro-
prudentielle du secteur bancaire. Toutefois, et en dépit des progrès du secteur bancaire
marocain au cours de ces dernières années, il demeure difficile d’accès pour les PME
et TPE et davantage orienté vers le financement de la consommation que vers l’activité
de financement des investissements et de la production.

Ledit projet de loi se décline en 196 articles répartis sur neuf titres portant sur les
aspects suivants :

Disposition de la loi Nombre d’articles liés

TITRE PREMIER : champ d’application et cadre 33


institutionnel

Chapitre I Champ d’application 23

Chapitre II Cadre institutionnel 10

TITRE DEUXIEME : Octroi de l’agrément, conditions 20


d’exercice et retrait de l’agrément

Chapitre I Agrément et conditions 18


d’exercice

Chapitre II Retrait d’agrément 2

TITRE TROISIEME : Banques participatives 17

Chapitre I Champ d’application 8

Chapitre II Instances de conformité 4

Chapitre III Dispositions diverses 5

TITRE QUATRIEME : Dispositions comptables et 9


prudentielles

Chapitre I Dispositions comptables 5

39
ESTS

Chapitre II Dispositions prudentielles 4

TITRE CINQUIEME : Contrôle des établissements de 28


crédit

Chapitre I Contrôle par Bank Al 19


Maghrib

Chapitre II Contrôle par les 9


commissaires aux comptes

TITRE SIXIEME : Surveillance macro prudentielle, 42


résolutions des difficultés des établissements de crédit et
système de garantie des dépôts

Chapitre I Surveillance macro 5


prudentielle

Chapitre II Administration provisoire 15


des établissements de
crédit

Chapitre III Système de garantie des 15


dépôts

Chapitre IV Liquidation des 7


établissements de crédit

TITRE SEPTIEME : Relations entre les établissements 22


de crédit et leur clientèle et intermédiaires en opérations
effectuées par les établissements de crédit

Chapitre I Relations entre les 11


établissements de crédit et
leur clientèle

Chapitre II intermédiaires en 11
opérations effectuées par
les établissements de crédit

TITRE HUITIEME : Sanctions disciplinaires et pénales 23

Chapitre I Sanctions disciplinaires 8

Chapitre II Sanctions pénales 15

40
ESTS

II. Analyse du projet de loi des banques participatives au


Maroc :

II.1. Analyse du projet de loi et préoccupations associées


Compte tenu de l’importance capitale du secteur bancaire et de son rôle central dans
l’économie nationale, il est nécessaire que le projet de nouvelle loi bancaire fasse
l’objet, avant son adoption, d’une évaluation pluridimensionnelle.
La lecture critique du projet de loi bancaire n° 103-12 relatif aux établissements de
crédit et organismes assimilés suscite des préoccupations quant à portée économique et
sociale ; lesquelles ont été analysées et peuvent être regroupées autour des enjeux ci-
après :

 Enjeu de développement et de financement de l’économie :


 Enjeu d’encadrement réglementaire et de cohésion du cadre juridique et
institutionnel ;
 Gestion des risques, règles de supervision bancaire et exigences de transparence ;
 Concurrence dans le secteur bancaire et articulation entre le rôle de Bank Al-
Maghrib et celui du conseil de la concurrence ;
 Protection des consommateurs ;
 Enjeu de l’inclusion financière ;
 Gouvernance des banques.
a) Sur le plan de l’enjeu de développement et de financement de l’économie :

Tout d’abord, en matière d’amélioration des conditions et de financement de


l’économie et de mobilisation de l’épargne, et par conséquent en termes de
développement économique et social, le projet de loi n° 103-12 constitue un cadre
réglementaire et légal d’avantage favorable à la croissance, à la création d’emplois
et à l’amélioration des conditions d’accès aux services financiers par les citoyens,
Toutefois, la réalisation de ces objectifs risque d’être compromise par l’absence
d’un certain nombre de mesures institutionnelles et opérationnelles essentielles.

A cet égard, l’intégration des banques participatives dans le secteur bancaire


national constitue un des principaux apports de la nouvelle loi bancaire. En effet, et
au-delà du potentiel d’attractivité de capitaux additionnels porté par le segment de
la finance participative, ce nouveau type d’activité repose sur une approche et sur
une philosophie financière et juridique spécifique permettant de contribuer à la
diversification des sources de financements, et d’ouvrir le champ à l’innovation en
matière d’ingénierie financière et de montages d’investissement. Ce nouveau
segment bancaire devrait permettre également de contribuer à une mobilisation

41
ESTS

plus forte de l’épargne publique, laquelle pourrait être orientée vers le financement
des activités productives.

Toutefois, il est important de signaler que la mise en place effective d’un système
bancaire participatif est tributaire d’un certain nombre de mesures
d’accompagnement d’ordres fiscal, légal, réglementaire et opérationnel.

D’une part, les banques participatives, comme tout système bancaire, ne peuvent
opérer que dans le cadre d’un système financier global. Ainsi, il est indispensable
que l’adoption de cette nouvelle loi bancaire soit accompagnée par l’entrée en
vigueur de dispositions légales relatives à l’introduction de la finance participatives
dans les secteurs de l’assurance et des marchés des capitaux, et ce en vue de
favoriser l’émergence d’un système financier participatif intégré.

D’autre part, l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi devrait également être
accompagnée par la mise en place d’un régime fiscal spécifique, et ce afin d’éviter
la double taxation et de rendre possible le montage d’un certain nombre de produit
participatifs telles que les opérations de Ijara ou encore de financements
participatifs (MoucharaKa). Il s’agit en particulier de prévoir un traitement fiscal
spécifique des revenus locatifs et des plus-values réalisées sur la vente de
marchandises ou de biens meubles et immeubles dans le cadre des produits
d’investissement et/ou de financement que proposent les banque participatives. Il
en est de même pour les frais d’enregistrement à la conservation foncière et autres
droits similaires, et qui, sauf dispositions spécifiques, donneraient lieu à une double
taxation desdites transactions.

A défaut d’une mise à niveau du régime fiscal, les couts des transactions relatifs au
financement et à l’investissement par les banques participatives seraient
inéluctablement augmentés par le fait de cette double taxation et constitueraient (en
particulier les montages de MoucharaKa et Moudaraba).

Par ailleurs, les opérations de financement et d’investissement proposées par les


banques participatives entre autres celles destinées au financement des entreprises,
reposent sur des montages juridiques basés sur des opérations de vente ou de
location de marchandises, bien meubles ou immeubles. Ces opérations sous-
jacentes de vente et/ou de location sont régies par des lois générales et/ou
spécifiques liées au droit des contrats et des obligations, au code de commerce et
au droit des sociétés. Le projet de loi n° 103-12 ne prévoit pas de dispositions
particulières permettant un traitement spécifique de ces opérations lorsqu’elles sont
effectuées dans le cadre d’un produit ou service bancaire participatif.

Aussi, toutes les transactions de vente et/ou de location sous-jacentes, un produit de


financement ou d’investissement bancaire participatif resteront, au regard de la loi,

42
ESTS

une opération traditionnelle de vente et/ou de location assujettie aux différentes


dispositions de lois en vigueur sans distinction ni traitement spécifique à ce titre, de
quoi constituer un obstacle juridique réel à l’ingénierie financière en matière de
montage de financements participatifs destinés aux entreprises.

A noter par ailleurs que les contraintes précitées sont d’autant plus accentuées étant
donné la disponibilité limitée de compétences dans le domaine des services
d’accompagnement et du conseil juridique et financier spécifiques aux produits de
la finance participatives au Maroc. A cet effet, la nouveauté des métiers, ajoutée à
la complexité des transactions de financement participatif pourraient décourager les
opérateurs économiques à faire appel à ce genre d’opérations.

Sur un autre plan, le projet de loi n’a pas fait l’objet d’une évaluation préalable de
l’expérience passée relative à l’introduction des produits de financement alternatif.
De plus, aucun mécanisme de suivi et d’évaluation de l’impact de l’introduction
des banques participatives dans le système bancaire national n’est prévu à ce stade.

Par ailleurs, le projet de loi met en évidence les banques participatives comme
seule forme de banques alternatives. Or, le financement de l’économie a également
besoin de la finance coopérative, mutualiste, solidaire, et des investissements
socialement responsables.

Enfin, le financement de l’économie est une des fonctions et des responsabilités


essentielles du secteur bancaire. Dans ce sens, plusieurs mécanismes et dispositifs
de financement destinés aux très petites, petites et moyennes entreprises
(TPE/PME) sont mis en place par Bank Al-Maghrib, la caisse centrale de garantie,
le ministère de l’économie et des finances, et d’autres instances opérant dans le
secteur de la promotion de l’auto-emploi et l’entreprenariat. A cet égard, il
conviendrait de rappeler qu’à ce jour, la quote-part des crédits octroyés à ce type
d’entreprises dépasse les 30%. Ceci-étant, et au vu des enjeux économiques et
sociaux liés directement au renforcement de l’accès au financement de ce type
d’entreprise, l’encouragement du financement des très petites, petites et moyennes
entreprises reste une priorité majeure et mériterait d’être renforcé tout en
capitalisant sur les dispositifs existants.

b) Sur le plan de l’enjeu d’encadrement réglementaire et de cohésion du cadre


juridique et institutionnel :

Le projet de loi ne précise pas le cadre général de la réforme. Dans ce contexte, un


certain nombre de préoccupations sont à signaler :

Des remarques générales :

43
ESTS

 Les nouvelles dispositions du projet de loi n° 103-12 exigent, de fait pour leur
entrée en vigueur, le renforcement du rôle de la Banque centrale et de ses
prérogatives en adéquation avec les nouvelles dispositions du projet de loi, et ce
afin d’en assurer l’effectivité. Or, aucune référence n’a été faite aux amendements
dans ce sens du Statut de Bank Al-Maghrib ;
 Il en est de même pour le conseil supérieur des Oulémas, à qui le projet de loi
confère un certain nombre de prérogatives, conformément a ses missions telles
que définies par la Constitution et les lois le régissant.

Le projet de loi ainsi que les documents de présentations y afférents ne font pas
référence aux exigences d’amendements des textes réglementaires et législatifs
régissant l’activité du conseil supérieur des Oulémas, notamment en ce qui concerne
ses nouvelles prérogatives et les modalités de son intervention ; lesquels amendements
sont indispensables pour permettre au CSO de se doter des outils juridiques et
institutionnels nécessaires à l’exercice de ses nouvelles missions.

Des remarques sur l’architecture du projet de loi :

 Sur le plan de l’architecture du projet de loi, ce dernier ne comporte pas d’exposé


explicite de ses motifs ni de ses objectifs. Au-delà des exigences méthodologiques
et de clarté en matière d’élaboration des textes de lois, l’absence d’un tel exposé,
dénue la loi de son contexte global et ne permet pas d’en maîtriser la finalité telle
qu’escomptée par ses initiateurs.
 D’autre part, le texte du projet de loi 103-12 présente une certaine rupture logique
dans l’organisation de ses chapitres. En effet, il énumère des dispositions
générales relatives à l’agrément des établissements de crédits et organismes
assimilés, aux conditions d’exercice de leurs activités, aux exigences de sécurité
financière et institutionnelle de toutes les formes de produits et services ainsi que
de toutes les formes d’établissements de crédits. Il constate ensuite un chapitre à
part à une seule catégorie d’établissements de crédits à savoir les banques
participatives. Cela induit une certaine discrimination par rapport à d’autres
formes d’établissements et/ou de produits tels que les banques mutualistes et
coopératives. Or, ces banques ont vocation à jouer un rôle clé dans le financement
de l’économie, notamment sociales sociale et solidaire.

Des remarques sur l’introduction des banques participatives dans la loi


bancaire :

Le projet de loi n° 103-12 reflète le choix du Maroc d’introduire les métiers de, la
finance participative dans le secteur financier national selon une approche
d’assimilation en appliquant, d’une part, les dispositions spécifiques dans chacune de
ces dites lois. Cette approche correspond à celle retenue par plusieurs pays dans le

44
ESTS

monde tels que la Malaisie et ma Turquie. D’autres pays ont choisi de mettre en place
des lois spécifiques régissant l’ensemble des aspects juridiques, réglementaires et
institutionnels liés aux différents métiers de la finance participative.

 Si ce choix présente l’avantage de maintenir un cadre réglementaire cohérent et


favorisant la stabilité du système financier dans sa globalité, il n’en demeure pas
moins qu’il requiert l’introduction simultanée de dispositions spécifiques dans les
différentes lois impactant directement ou indirectement l’activité de la finance
participative, allant de celles régissant les différents secteurs du système financier
participatif à celles régissant les différents engagements contractuels liés aux
transactions de vente et/ou de location sous-jacentes aux produits et services
participatifs.
 L’introduction de dispositions spécifiques aux banques participatives dans la loi
bancaire devrait être accompagnée de dispositions similaires dans les secteurs de
l’assurance et marchés de capitaux. A cet égard, il est utile de rappeler que les
banques participatives sont tenues de se refinancer uniquement par le biais de
produits participatifs, lesquels ne sont pas encore disponibles sur le marché
monétaire marocain. Par ailleurs, et pour le besoin de conclusion des contrats
sous-jacents à leurs opérations de financement et/ou d’investissement, les banques
participatives doivent faire appel à des assurances participatives (dites takaful),
lesquelles ne sont pas encore intégrées dans le paysage de l’assurance marocaine.
Or, et à l’exception de la loi n° 33-06 relative à la titrisation de créances, et
définissant les règes spécifiques aux émissions de certificats de sukuks, aucune
réforme ni amendements de lois à cet égard n’ont été réalisés à ce jour.
 De même, l’intégration des banques participatives nécessite l’amendement de
plusieurs autres lois en vigueur, en particulier certaines dispositions du droit des
sociétés, du droit des contrats et des obligations et du droit foncier, ou encore
celles régissant la relation entre les propriétaires et les locataires, et ce afin de
permettre la réalisation des montages juridiques et financiers sous-jacents aux
produits et services participatifs.

Or, le projet de loi tel qu’il est présenté ne prévoit pas de dispositions spécifiques en
relation avec le traitement des engagements contractuels liés aux transactions de
location et/ou de vente faisant objet d’un produit bancaire participatif. De ce fait, ces
engagements resteront, au regard de la loi, des opérations indépendantes et dissociés
du cadre bancaire dans lequel elles ont été conclues, et ce en dépit de toute
contradiction et/ou incohérence éventuelle avec l’objet de leur conclusion.

Enfin, et à défaut d’avoir opté pour une loi spécifique regroupant l’ensemble des
dispositions nécessaires pour un encadrement réglementaire effectif des différents
aspects de l’industrie financière participative, il est indispensable d’inscrire ce projet

45
ESTS

de loi dans le cadre d’une démarche réglementaire globale, où serait référencé


l’ensemble des amendements préalables et nécessaires à l’entrée en vigueur des
dispositions relatives aux banques dites participatives.

Des remarques sur le rôle du conseil des Oulémas et de ses prérogatives :

Le projet de loi précise clairement que le conseil supérieur des Oulémas est la seule
autorité compétente pour donner un avis de conformité s’agissant de l’activité des
banques participatives et des produits et service de type participatif. Cette démarche
traduit la spécificité du Maroc et le distingue des autres pays où la responsabilité des
avis de conformité est confiée à des comités dont les membres sont nommés par les
institutions bancaires elles-mêmes. Elle présente par ailleurs un avantage certain dans
le sens où elle permet d’appliquer le principe d’unicité du référentiel religieux au
domaine de la finance participative et devrait favoriser une évolution cohérente du
secteur.

Les prérogatives du conseil supérieur des Oulémas consistent à émettre des avis de
conformité sur les produits et services offerts par les banques participatives, et ce en
application des principales dispositions ci-après :

 L’obligation d’obtenir l’avis de conformité du conseil supérieur des Oulémas,


comme condition de création des banques participatives ;
 L’obligation d’obtenir l’avis de conformité du conseil supérieur des Oulémas,
comme condition pour commercialiser des produits ou des services participatifs
que ce soit par des banques participatives ou d’autres établissements de crédits et
organismes assimilés ;
 L’obligation d’obtenir l’avis de conformité du conseil supérieur des Oulémas
avant l’adoption et la publication par Bank Al-Maghrib de circulaires et règles
spécifiques aux banques participatives et/ou régissant les produits et services
participatifs et activités y afférentes ainsi que celles relatives à la gestion du fonds
de garantie des dépôts dédié à cette catégorie de banques :
 L’obligation des banques participatives de transmettre des rapports de conformité
au conseil supérieur des Oulémas tels qu’élaborés par leurs comités d’audit
interne et de suivi de la conformité.

Toutefois, le projet de loi tel qu’il est formulé suscite un certain nombre de
préoccupations à plusieurs égards :

 Sur la portée des avis de conformité : le projet de loi sous-entend que ce sont les
activités et produits participatifs qui sont soumis à l’avis de conformité par le
conseil supérieur des Oulémas et non pas les institutions elles-mêmes.

46
ESTS

En effet, l’article 54 du projet de loi définit les banques participatives comme étant des
« personnes morales […], habilitées à exercer à titre de profession habituelle les
activités visées aux articles premier, 55 et 58 de la présente loi, ainsi que les opérations
commerciales, financières et d’investissements, après avis conforme du conseil
supérieur des Oulémas ». Ces établissements de crédit sont donc autorisés à mener des
activités bancaires et à commercialiser des produits participatifs après l’avis de
conformité du conseil supérieur des Oulémas ; ce qui induit une incompréhension de
l’objet dudit avis de conformité entre activités et institutions.

 D’autre part, sur l’ensemble du projet de loi, et s’agissant des dispositions


générales s’appliquant à l’ensemble des établissements de crédit et organismes
assimilés ou des articles spécifiques aux banques participatives, il en ressort à
priori que seuls les produits et activités sont assujettis à l’obligation d’avis de
conformité du conseil supérieur des Oulémas.

Aussi, on note l’absence de référence à des exigences ou à des conditions spécifiques


de conformité relatives aux sociétés ou aux établissements souhaitant obtenir un
agrément de banque participative. En contrepartie, le projet de loi est relativement clair
sur les conditions de conformités des produits et services participatifs à travers
l’introduction notamment des principes d’interdiction des activités génératrices
d’intérêts fixes et de certains secteurs d’activités exclus du champ de financement et
d’investissement de type participatif.

Enfin, cette ambigüité est d’autant plus accentuée s’agissant des dispositions visant à
autoriser l’ensemble des banques conventionnelles et autres établissements de crédit
ou organismes assimilés, à commercialiser des produits et services participatifs, sans
pour autant contraindre ces derniers à se soumettre aux exigences de création de
comités d’audit interne dédiés au suivi de la conformité avec les avis du conseil
supérieur des Oulémas.

 Une autre ambigüité apparait au sujet des prérogatives du conseil supérieur des
Oulémas et sur le volet relatif à la création d’un comité d’audit interne dans les
banques participatives chargé du suivi et contrôle de la conformité avec les avis
du CSO. Le projet de loi, de par ses dispositions, rend obligatoire l’institution de
ce comité, uniquement pour les banques participatives sans faire référence aux
banques conventionnelles ni autres établissements de crédits autorisés à
commercialiser des produits et services participatifs.

La composition de ce comité, les conditions de sa nomination, son statut et ses


attributions ne sont pas précisés. Ce comité, entre autre, est chargé d’élaborer des
rapports de conformité aux avis du conseil supérieur des Oulémas. La suite à réserver

47
ESTS

à ces rapports et aux manquements éventuels qu’ils révèleraient, n’est, elle non plus,
pas précisée dans le projet de loi.

Par ailleurs, le projet de loi reste silencieux sur le rôle du conseil supérieur des
Oulémas dans la constitution de ces nouveaux comités d’audit et de suivi de la
conformité. En effet, aucune précision n’est donnée à ce niveau en termes d’exigences
spécifiques concernant les membres le constituant, ou encore d’avis nécessaire de la
part du conseil supérieur des Oulémas à cet effet.

Enfin, le projet de loi n° 103-12 ne fait aucune référence à des régimes de sanctions en
cas de non-respect des avis de conformité émis par le conseil supérieur des Oulémas.
De même, il ne précise pas les mesures de coordination entre ce dernier et Bank Al-
Maghrib à ce sujet.

c) Sur le plan de la gestion des risques des règles de supervision bancaire et


exigences de transparence :

D’un point de vue de réglementaire, le projet de loi n° 103-12 fait référence à


l’élaboration et à l’adoption par Bank Am-Maghrib d’une série de circulaires
spécifiques régissant le fonctionnement des banques participatives et détaillant les
exigences opérationnelles, fonctionnelles et organisationnelles propres à ce type
d’activité, en plus des règles générales applicables à tous les établissements de crédits
tous types confondus. Il en est de même pour toutes les exigences en termes de règles
prudentielles, de standards comptables et d’audit financier, de communication et de
reporting, et d’indicateurs de suivi de la conformité. Ces nouvelles circulaires devront
ainsi tenir compte des spécificités des banques participatives et de la singularité de leur
mode de fonctionnement comparé aux banques conventionnelles

Par ailleurs, le projet de nouvelle loi prévoit la création d’un fonds de garantie
spécifique aux banques participatives à l’instar de celui déjà en place et qui restera
réservé aux banques conventionnelles et autres établissements de crédit concernés. Ce
dispositif devrait permettre de mettre en place les mécanismes nécessaires pour
préserver les droits des déposants utilisant ce type de banques et de protéger leurs
intérêts, tout en se dotant des moyens pour faire face aux risques de défaillances d’un
ou de plusieurs opérateurs bancaires participatifs.

Par ailleurs, le développement des banques participatives au Maroc pourrait être


accompagné par un mouvement de transferts de comptes des banques conventionnelles
existantes vers les nouvelles banques participatives. De ce fait, les dépôts liés à ces
comptes ne dépendrait plus du périmètre du fonds de garantie existant et seraient
couverts dès lors par le nouveau fonds de garantie dédié aux banques participatives. Ce
dernier ne sera constitué que des contributions de ces nouvelles banques

48
ESTS

participatives ; sachant que les opérations financières participatives réalisées par les
banques conventionnelles continueraient, elles, à être couvertes par le fonds actuel.

Face à ce constat, les banques participatives devront faire appel aux marchés
monétaires et interbancaire pour se refinancer afin de répondre à leurs besoins de
gestion de trésorerie et aussi pour faire face à leurs obligations de retrait vis-à-vis de
leurs clientèles. De même, elles devraient recourir à ces marchés pour l’investissement
de leurs excédents de trésorerie.

A cet égard, il conviendrait d’accélérer le processus de mise en place du dispositif


légal et réglementaire nécessaire à l’émergence d’un environnement financier
participatif intégré et global.

Par ailleurs, le projet de loi n° 103-12 ne fait pas référence aux règles relatives à la
constitution de ce nouveau fonds de garantie ni aux modalités de contributions y
afférentes. De plus, les dispositions relatives à la gestion des fonds de garantie par la
société nouvellement créée à cet effet ne précisent pas les modalités d’intervention en
cas de difficultés des banques participatives.

Enfin, le projet de loi ne précise pas les dispositions permettant d’instituer les
conditions de contribution des fonds de garantie prévus par la loi au sauvetage des
acteurs systémiques du marché.

d) Sur le plan de la concurrence dans le secteur bancaire et l’articulation du


rôle de Bank Al-Maghrib avec celui du conseil de la Concurrence :

Le projet de loi prévoit la mise en place de mécanismes d’articulation des


interventions de l’Autorité de la concurrence et de Bank Al-Maghrib. Ainsi, sont
prévues des passerelles selon lesquelles, lorsque les autorités de la concurrence sont
saisies. En application des dispositions de la loi sur la liberté des prix et de la
concurrence, ou sur la concentration de litiges concernant, directement ou
indirectement, un établissement de crédit ou organisme assimilé, elles doivent
recueillir au préalable l’avis ce Bank Al-Maghrib.

A l’inverse, lorsque Bank Al-Maghrib, à l’occasion de l’examen d’une demande


d’agrément ou d’une demande de fusion-absorption entre un ou plusieurs
établissements de crédit ou organismes assimilées, estimerait que l’opération
envisagée peut ou est susceptible de constituer une violation des dispositions de la loi
sur la liberté des prix et de la concurrence. Elle surseoirait à statuer sur la demande et
demanderait au préalable l’avis de l’autorité de la concurrence.

49
ESTS

La mise en place de ce type de passerelles est nécessaire vu le caractère stratégique du


secteur bancaire et de l’avis de la BAM s’agissant de ce type d’opérations. Toutefois,
le projet de loi ne précise pas l’articulation entre les deux institutions.

Sur un autre plan, le projet de loi ne prévoit pas de dispositions spécifiques destinées à
consacrer les principes de concurrence des prix et de mobilité bancaire.

D’une part, le projet de loi reste silencieux sur l’obligation de transparence des
établissements de crédit par rapport à la composition des prix et coûts des produits et
services qu’ils offrent, notamment en comparaison avec ceux pratiqués par la
concurrence ; ces dispositions étant à ce jour régies uniquement par des circulaires de
Bank Al-Maghrib et ne traduisent pas des droits fondamentaux des clients référencés
dans le projet de loi.

D’autre part, le projet de loi ne fait pas référence au droit de la mobilité et/ou de
portabilité bancaire, ne permettant pas de garantir aux clients des établissements de
crédit de bénéficier pleinement de leur droit d’arbitrage entre les différents
établissements sans contraintes.

e) Sur le plan de la protection des clients :

L’apport du projet de loi n° 103-12 en matière de protection des clients est très limité.
En effet, à l’exception des dispositions relatives à la création d’un nouveau fonds de
garantie dédié aux banques participatives, le projet de loi reste silencieux sur les
principes fondamentaux de protection des clients et des obligations des établissements
de crédits à cet égard conformément aux meilleures pratiques et standards
internationaux. Il s’agit en particulier :

 De l’obligation des établissements de crédit de transmettre aux clients toutes les


informations jugées pertinentes et relatives aux produits et services qui leurs sont
offerts, et ce d’une façon claire, complète et sincère, notamment sur les termes
des engagements contractuels relatifs à ces produits et services, ainsi que les
composantes des prix et coûts y afférents ;
 De l’obligation de transparence des établissements de crédit vis-à-vis des clients
en matière de processus décisionnels internes adoptés, notamment ceux relatifs
aux décisions d’octroi et/ou de refus de crédit ;
 Du principe d’égalité d’accès des clients aux services offerts par les
établissements de crédit et d’interdiction de toutes formes de discrimination, et ce
qui s’ensuit comme obligations pour les établissements de crédits de prendre
toutes les mesures nécessaires en faveur de la préservation de ce principe
d’égalité (développement territorial, lutte contre la corruption et le clientélisme,
contrôle interne, etc.) ;

50
ESTS

 Du principe de mobilité bancaire et de la libre concurrence, soit le droit des


clients d’exercer pleinement et librement leurs droits de transfert de relation d’un
établissement de crédit à un autre sans contraintes ;
 Du principe de prévention des abus, notamment en matière d’encadrement des
coûts liés aux services et produits bancaires, de transparence des prix et de lutte
contre les abus de confiance par les dirigeants et/ou les employés des
établissements de crédit.

A cet égard, il est utile de rappeler que certains des principes cités ci-dessus dont
partiellement prévus dans le cadre de mesures et/ou de dispositions réglementaires,
actuellement en vigueur par voie de circulaires de Bank Al-Maghrib. Ils ne sont
cependant pas appuyés par des références explicites dans le texte de projet de loi, et ne
sont pas forcément assortis de mesures correctives et/ou de sanctions pour en garantir
l’applicabilité.

f) Sur l’enjeu de l’inclusion financière :

L’objectif d’inclusion financière, visé par l’intégration des banques participatives, doit
être accompagné d’un effort institutionnel de vulgarisation des produits participatifs et
de mise à disposition des citoyens de toute l’information relative à ce nouveau
segment.

Sur un autre plan, le projet de loi prévoit l’élargissement du champ de la supervision


bancaire aux associations de micro-crédit et aux établissements de paiement.

Le renforcement du cadre réglementaire des associations de micro-crédit et des


dispositions d’octroi et de recouvrement des prêts présente l’avantage de sécuriser ce
secteur et de protéger les clients des effets indésirables liés principalement au
surendettement et aux surcoûts du financement. Toutefois, ces institutions dont la
vocation première renvoie à une forme d’économie solidaire ne devraient pas, du fait
de ces nouvelles dispositions réglementaires, être assimilées à des établissements de
crédits classiques soumis aux mêmes mécanismes de gestion de risque et de
gouvernance bancaire.

En effet, à défaut d’un traitement spécifique réservé aux associations de micro-crédit,


le risque encouru est de voir se transformer ces associations en des sources de
financements parallèles de type bancaire (traditionnellement des opérateurs du secteur
formel) et des minimums requis en termes de solvabilité et de crédibilité financière. Ce
risque, si avéré, pourrait en effet générer l’exclusion financière d’une certaine
catégorie de la population active dans le secteur informel, en particulier celle dont les
chances de transition vers le secteur formel auraient été plus importantes dans la

51
ESTS

mesure où elle bénéficiait de l’appui et de l’accompagnement offerts dans le cadre des


programmes de financements par les associations de micro-crédit.

Par ailleurs, et tenant compte du développement de nouveaux canaux de paiement


(cartes prépayées, Mobile Banking) et d’acteurs sur le marché de paiement. Ainsi,
l’activité de paiement électronique et mobile devrait se développer et contribuer
directement à démocratiser l’accès aux opérations de transferts et de paiements.

Cet encadrement légal doit cependant être accompagné par un dispositif réglementaire
rigoureux de contrôle et de suivi par le régulateur, en l’occurrence Bank Al-Maghrib,
pour garantir la pérennité des systèmes de paiement, la société des institutions
intermédiaires et dépositaires des fonds et éviter les risques de dérives de ces
opérations de paiement ; l’objectif étant de limiter l’impact de leur prolifération en
termes de surendettement des citoyens et d’éviter qu’ils servent de circuits potentiels
pour les opérations de blanchiment d’argent.

Enfin, et au-delà des dispositifs juridiques et réglementaires pouvant contribuer à


répondre à l’enjeu d’inclusion financière, celle-ci passe avant tout par la mise en
œuvre d’une stratégie globale et cohérente visant à donner accès à l’ensemble de la
population à un vaste éventail de services financiers adaptés à leurs besoins, et ce quel
que soit leur location géographique ou leur catégorie sociale. Il en est de même pour
les opérateurs économiques, lesquels devraient pouvoir accéder aux services de
financements.

A cet égard, il conviendrait de développer davantage les programmes d’éducation


financière et de vulgarisation des principes de base d’accès aux financements et aux
instruments d’investissement, à l’instar de l’initiative de création en 2013 de la
Fondation marocaine pour l’éducation financière qui compte parmi ses missions la
sensibilisation et l’information des TPME sur les questions financières.

g) Sur le plan de la gouvernance des banques :

Dans le cadre du renforcement des exigences de bonne gouvernance du secteur


bancaire, les articles 35, 78 et 135 du projet de loi bancaire prévoient l’introduction de
nouvelles dispositions liées à la nomination de membres indépendants aux conseils
d’administration des établissements de crédit et à leur représentation dans les instances
de contrôle. Il s’agit en particulier de :

 L’obligation de la mise en place d’un comité d’audit chargé d’assurer l’évaluation


des dispositifs de contrôle interne ;
 L’obligation de mise en place d’un comité des risques chargé du suivi du
processus d’identification et de gestion des risques ;

52
ESTS

 L’obligation de doter les conseils d’administration et leurs comités d’audit de


membres indépendants ;
 La possibilité pour Bank Al-Maghrib de s’opposer à toute nomination d’une ou
d’un administrateur, dirigeant ou gestionnaire d’un établissement de crédit en
situation de conflit d’intérêt (si Bank Al-Maghrib estime que « les mandats
exercés par la personne en question dans d’autres institutions sont de nature à
entraver l’accomplissement normal de ses fonctions »).

Cependant, ces mesures restent relativement insuffisantes compte tenu de l’évolution


des principes et des exigences en matière de gouvernance des entreprises, au plan
national et international. Ces exigences présentent un caractère essentiel s’agissant du
secteur bancaire vu le rôle central qui lui est dévolu dans tous les segments de
l’économie. En effet, le projet de loi ne fixe pas de règles quant à la part dévolue aux
administrateurs indépendants dans l’effectif des administrateurs ni dans celui des
comités d’audit. Or, si les administrateurs indépendants sont minoritaires ou très
minoritaires leur influence sera peu significative. De même, le projet de loi ne
consacre pas les principes de transparence en matière de nomination et de
rémunération des administrateurs et des mandataires sociaux, lesquels sont régis par la
directive de Bank Al-Maghrib sur la gouvernance des établissements de crédits
annexée au code marocain de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise.

En outre, le secteur bancaire marocain a atteint un niveau de maturité qui nécessite


l’adoption d’un cadre réglementaire plus avancé en matière de gouvernance en rapport
avec les risques auxquels les établissements sont exposés et avec la protection des
intérêts de toutes les parties prenantes susceptibles d’être affectées par le pilotage de
l’organisation et des décisions des établissements bancaires. Ce cadre devrait par
ailleurs s’inscrire dans une approche genre qui consacre les principes de parité dans les
milieux professionnels.

Ces exigences de bonne gouvernance doivent couvrir également et en priorité, les


dimensions de transparence et d’information destinées aux organismes de contrôle.
Aux clients particuliers et au grand public. Par ailleurs, il serait d’intérêt public que les
établissements bancaires publient des rapports de responsabilité sociale en même
temps que les rapports de gestion, consistant à rendre compte des stratégies et
procédures mises en place en interne, en matière de dépôts et d’investissement, de
politique sociale et environnementale, de protection des intérêts des clients, de
prévention de la corruption et des conflits d’intérêt ou de prises de risques abusifs.

En conclusion et au vu de l’analyse qui précède les principaux éléments de forces,


faiblesses, opportunités et menaces au projet de loi bancaire peuvent être résumés
comme suit :

53
ESTS

Forces Faiblesses
 Elargissement du champ  Ambigüité quant à l’approche de
d’application de la loi aux conformité aux avis du conseil
établissements de paiement supérieur des Oulémas et à
spécialisés et aux conglomérats l’articulation des champs
financiers ; d’intervention entre le conseil
 Introduction de nouvelles supérieur des Oulémas et Bank Al-
dispositions relatives aux Maghrib en matière de suivi et de
associations de micro-crédit et contrôle de la conformité aux avis
banques offshore ; du CSO ;
 Introduction de l’activité de banque  Absence d’un chapitre dédié qui fait
participative dans le secteur référence et complète les
bancaire marocain ; dispositions de la loi sur la
 Instauration d’un cadre de protection des consommateurs et
surveillance macro-prudentielle et consacre les principes des droits des
de gestion des crises systémiques et clients à l’information et à la
l’introduction de nouvelles règles de transparence.
gouvernance du secteur bancaire ;
 Mise en conformité de loi bancaire
avec d’autres textes législatifs par
sa mise en adéquation avec la loi de
lutte anti-blanchiment, celle sur la
concurrence et celle relative à la
protection des données privées ;
 Désignation du conseil supérieur
des Oulémas comme seule autorité
compétente pour donner un avis de
conformité s’agissant de l’activité
des banques participatives et des
produits et services de type
participatif.
Opportunités Menaces
 Renforcement de l’encadrement  La lecture a traduit des
légal et règlementaire en matière de préoccupation concernant les
surveillance du secteur bancaire et enjeux de développement et de
gestion des risques systémiques : financement de l’économie,
o Offrir un cadre réglementaire d’encadrement réglementaire et de
complet et cohérent tenant gestion des risques, de concurrence
compte de l’ensemble des dans le secteur bancaire, de
composantes du système protection des consommateurs,
financier ; d’inclusion financière et de
o Renforcer la résilience du gouvernance des banques ;
secteur financier marocain face  Compromission de l’essor des
aux risques d’instabilité à produits participatifs en l’absence
l’international notamment au d’un régime fiscal spécifique à ce
vu des risques sous-jacents liés à type de produits ;

54
ESTS

l’internationalisation des  Eviction importante des fonds vers


banques marocaines, en les banques participatives à partir
particulier dans le continent des banques conventionnelles
africain. pouvant déstabiliser ces dernières ;
 Faire de Casablanca Financial City  Emergence d’une communication
un pôle d’intégration régionale dans irresponsable autour des produits
les domaines et des finances, en participatifs induisant une
particulier les métiers de banques concurrence déloyale par rapport
participatives ; aux produits conventionnels ;
 Mobilisation plus forte de l’épargne  Effet de resserrement de l’économie
nationale grâce aux effets engendré par l’application des
d’inclusion financière liés à dispositions de Bâle III.
l’introduction des banques
participatives ;
 Attraction de capitaux
internationaux pour le financement
de l’économie et renforcement de
l’innovation en matière d’ingénierie
financière résultant de
l’introduction des banques
participatives ;
 Principe d’unicité du référentiel
religieux, caractéristique de la
spécificité du Maroc, au domaine de
la finance participative permettant
d’éviter l’ambigüité, la
multiplication des références et les
conflits d’intérêts.

II.2. Recommandations du CESE :


Sur la base de l’analyse ci-dessus, et au vu des discussions et échanges avec les
différentes parties prenantes lors des auditions, un ensemble de recommandations
concernant le projet de nouvelle loi bancaire sont proposées.

a) Recommandations relatives à l’architecture du projet de loi :


1. L’introduction d’un exposé des motifs et des objectifs de la loi pour en éclairer les
raisons et les buts et pour en faciliter l’interprétation. Il s’agit notamment de :
 Renforcer la résilience du secteur financier marocain face au risque d’instabilité et
crises financières à l’international, notamment au vu des risques sous-jacents liés à
l’internationalisation des banques marocaines, en particulier dans le continent
africain ;
 Renforcer la performance et la solidité du système bancaire marocain dans la
perspective des nouvelles dispositions du règlement Bâle III ;

55
ESTS

 Accompagner l’évolution de la dématérialisation des paiements et l’essor de


nouveaux systèmes électroniques et mobiles ;
 Créer un nouveau pan dans l’industrie financière par l’introduction des banques
participatives permettant d’attirer des capitaux additionnels pour le financement de
l’économie et de répondre aux besoins d’inclusion financière ;
 Harmoniser la loi bancaire avec les nouvelles lois relatives à la protection des
consommateurs, à la lutte contre le blanchiment, à la concurrence et à la protection
des données privées ;
 Accompagner la stratégie de développent du Casablanca Financial City et son
positionnement en tant que hub financier reconnu aux échelles régionale et
internationale.
2. L’intégration dans la loi d’un chapitre distinct qui fasse référence et complète les
dispositions de la loi n° 31-08 sur la protection du consommateur. Ce chapitre
devrait reprendre les principes déclinés actuellement en directives et circulaires de
Bank Am-Maghrib. Il s’agit en particulier du droit des clients à une information
claire, complète et pertinente, de l’égalité d’accès aux services offerts par les
établissements de crédit, du droit de recours aux dispositifs de gestion des plaintes,
ainsi que du droit de protection contre les abus (plafonnement des coûts, taux
d’usure et transparence des composantes des prix, prohibition des procédés de
ventes forcés de produits d’assurance ou de produits dérivés).
b) Des recommandations visant à éliminer les ambigüités relevées dans le projet
de loi
3. La clarification de l’objet des avis de conformité émis par le conseil supérieur des
Oulémas, lequel consiste à émettre des avis portant sur « les produits et champs
d’activité » et non pas sur les « institutions ».
4. La clarification du champ d’intervention du conseil supérieur des Oulémas, en
précisant que les responsabilités de suivi et de contrôle de conformité aux avis émis
par le conseil supérieur des Oulémas sont à la charge du régulateur concerné, en
l’occurrence Bank Al-Maghrib.
5. La clarification de l’articulation des interventions du conseil supérieur des Oulémas
et du comité des établissements de crédit lorsque celles-ci sont conjointement
requises.
6. La clarification du volet relatif aux passerelles mises en place entre Bank Al-
Maghrib et le conseil de la Concurrence en cas de divergence entre les avis des
deux institutions. En effet, vu l’importance du secteur bancaire dans l’économie
nationale, il est recommandé que cette interaction ne soit pas de nature à affaiblir
l’autorité de Bank Al-Maghrib en sa qualité de régulateur du marché.
c) Recommandations d’ordres réglementaire et institutionnel :
7. L’adoption, parallèlement à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, des
amendements des lois et des textes législatifs et réglementaires régissant les

56
ESTS

organismes de régulation et de supervision, en l’occurrence Bank Al-Maghrib et le


conseil supérieur des Oulémas, en ligne avec les nouvelles dispositions de la loi n°
103-12.
8. La mise en place des lois et des dispositions réglementaires essentielles à
l’accompagnement de la mise en œuvre effective des dispositions relatives aux
banques participatives. Il s’agit en particulier :
 Des lois et amendements relatifs au secteur de l’assurance participative (Takaful ou
Tadamoun) et des instruments financiers et pratiques d’investissements dans le
secteur des marchés des capitaux en vue de garantir l’émergence d’un
environnement favorable au développement d’un système financier participatif
intégré ;
 Des amendements et des dispositions relatifs aux lois et textes réglementaires en
vigueur en matière d’opérations de vente et de location de marchandises, de biens
meubles ou de bien immeubles, de manière à réserver un traitement spécifique à ce
type d’engagements contractuels de financement ou d’investissement sous-jacentes
à des produits et services participatifs. Il s’agit en particulier du droit des sociétés,
du code de commerce, du droit des contrats et des obligations et du droit foncier.
9. La disponibilité, dès l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, des principales
circulaires de Bank Al-Maghrib relatives aux banques participatives, aux produits
et services de type participatif et aux autres activités y afférentes.
10. La disponibilité, avant l’octroi d’agréments de banques dites participatives, des
circulaires relatives aux règles de constitution du nouveau fonds de garantie qui
leur est réservé et des modalités de contribution y afférentes, ainsi que celles
relatives aux règles d’intervention pour la résolution des difficultés des
établissements de ce type.
11. L’introduction de dispositions relatives à la contribution des deux fonds de garantie
prévus dans la loi, au financement des dispositifs de sauvetage des acteurs
systémiques nationaux.
12. Le renforcement du régime des sanctions prévues sans le projet de loi en relation
avec les prises d’intérêts et les abus de pouvoir des dirigeants en matière de prêts,
contre les phénomènes de corruption, contre les clauses et les pratiques abusives,
contre la rétention des informations relatives aux droits des clients et les incitations
au surendettement, et ce sur la base des principes de proportionnalité et de
progressivité en fonction de la gravité des manquements constatés.
d) Recommandations d’ordre opérationnel :
13. La mise en place d’un régime fiscal adapté aux produits participatifs et à la
particularité des montages juridiques et financiers associés aux instruments de
financement et d’investissement de type participatif, qui garantit le principe
fondamental du traitement égal et de la neutralité fiscale.

57
ESTS

14. La mise en place d’un référentiel comptable et d’audit financier adapté aux
banques participatives en adéquation avec les standards qui seront adoptés par
Bank Al-Maghrib à cet effet en matière d’information financière et de reporting.
15. L’inscription du processus d’agrément des nouveaux entrants dans le cadre d’une
politique globale orientée vers la croissance et le financement de l’économie
nationale, et ce en adoptant une approche systématique d’évaluation des plans et
stratégies de développement proposés par les demandeurs d’agrément, et de leurs
impacts sociaux et économiques.
16. L’adoption d’une approche progressive et cohérente de déploiement visant à
développer le secteur de la banque participative tout en garantissant une gestion
rigoureuse des risques associés à ce type de banques ainsi que leurs impacts sur la
stabilité du système financier dans sa globalité.
17. La mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation de l’impact de
l’introduction des banques participatives dans le système bancaire.
18. Le développement de campagnes de communication et de vulgarisation des
concepts et des nouvelles dispositions apportées par la loi bancaire en collaboration
avec le Groupement professionnel des Banques du Maroc et les différents acteurs
professionnels et de la société civile opérant dans ce secteur.
19. L’encouragement d’une communication responsable autour des produits et services
de type participatif de manière à éviter une concurrence déloyale par rapport aux
produits conventionnels.
20. Le développement d’une expertise nationale dans le domaine de la finance
participative et des activités de recherche & développement y afférentes en vue de
promouvoir l’émergence d’un secteur d’activités connexes de services
d’accompagnement et de conseil juridique, comptable et financier spécialisés dans
le domaine de la finance participative, en collaboration avec les autorités
ministérielles et gouvernementales concernées, les différentes associations
professionnelles, les représentants de la société civile, les spécialistes du métier et
toutes les parties prenantes compétentes en la matière.
e) Autres mesures d’accompagnement indispensables au renforcement de la
contribution du secteur bancaire au financement de l’économie :
21. Le renforcement de la politique visant à encourager le financement des très petites,
petites et moyennes entreprises (TPE /PME), en capitalisant sur les dispositifs
développés dans ce sens par la Banque centrale, la Caisse centrale de garantie, le
ministère de l’économie et des finances, etc.
22. L’adoption d’un code de gouvernance propre au secteur bancaire, qui reprendrait
les dispositions du code marocain de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise
ainsi que celles de la directive de Bank Al-Maghrib publiée en 2014, complétée et
mise à jour par le volet relatif aux banques participatives.

58
ESTS

23. Le renforcement des mesures spécifiques à la protection des utilisateurs dans le


cadre de la loi n° 18-97 relative au microcrédit.
24. L’accélération de la mise en place des décrets d’application relatifs aux lois sur la
protection du consommateur et celle relative au microcrédit, en particulier les
dispositions liées à la lutte contre le surendettement, à l’interdiction de la publicité
mensongère ou déloyale et aux pratiques d’incitation à l’achat de crédits.
25. La mise en place des dispositifs réglementaires relatifs à la mobilité et à la
portabilité bancaire en vue de consacrer le principe de libre concurrence dans le
secteur et de garantir le droit des clients.
26. Le renforcement des efforts de généralisation de l’éducation financière et bancaire,
facteur important d’une inclusion financière efficace, notamment au regard de
l’introduction des nouveaux procédés de paiement et de l’essor des nouvelles
technologies favorisant l’accès aux services financiers des populations les plus
recluses.

III. Les autres réformes de la nouvelle loi :

 L’introduction de nouvelles dispositions relatives aux associations de micro-crédit


et banques offshore, lesquelles, tout en restant régies par leurs textes spécifiques,
seront soumises aux dispositions de la loi bancaire relatives à l’octroi et au retrait
d’agrément, à la réglementation prudentielle et comptable et au régime des
sanctions ;

 L’élargissement du champ d’application de la loi aux établissements de paiement


spécialisés et aux conglomérats financiers ;
 L’instauration d’un cadre législatif introduisant les banques participatives et la
mise en place de nouveaux fondements bancaires reposant sur les principes de
partage des gains et des pertes, en faisant appel exclusivement au Conseil
Supérieur des Oulémas pour donner ses avis de conformité.

 L’instauration d’un cadre de surveillance macro prudentielle et de gestion des


crises systémiques qui sera confié à un comité de coordination et de surveillance
des risques systémiques. Les régulateurs du système bancaire, des marchés de
capitaux et du secteur des assurances ainsi que le Ministère de l’Economie et des
Finances seront représentés dans ce comité qui sera présidé par le Wali de Bank
Al Maghrib. Ce comité sera investi de plusieurs missions dont notamment
l’analyse de la situation du secteur financier et l’évaluation des risques
systémiques. Par ailleurs, le projet de loi bancaire prévoit l’introduction de
nouvelles règles de gouvernance du secteur bancaire et de résolution des
difficultés des établissements de crédit ainsi que de nouvelles règles relatives à la
gestion du système de garantie des dépôts ;

59
ESTS

 L’harmonisation de loi bancaire avec d’autres textes législatifs par sa mise en


adéquation avec la loi sur la protection du consommateur, celles sur la lutte contre
le blanchiment et sur la concurrence, et celle relative à la protection des données
privées ;

 L’application des règles de la concurrence par la mise en place de passerelles


entre Bank Al Maghrib et l’Autorité de la Concurrence qui pourrait émettre des
avis concernant les situations de fusions et/ou acquisitions relatives aux
établissements de crédit ou aux organismes assimilés. Ainsi, à l’occasion d’une
demande d’avis sur l’une de ces opérations, Bank Al Maghrib requiert au
préalable l’avis du Conseil de la Concurrence pour juger si l’opération en
question constitue ou pas une violation des dispositions de la loi sur la liberté des
prix et de la concurrence et inversement.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE


L’histoire de la finance islamique remonte à la période des khoulafa depuis le jeune
âge de l’islam, mais sa propagation a commencé avec les pays musulmans tel que
l’Egypte et les anciens pays du golf afin de s’installer depuis les années 70 partout
dans le monde et surtout chez les pays développés. L’organisation des banques
islamique peut être considérée similaire à celle des banques conventionnelles,
cependant plusieurs différences peuvent être envisagées tel que la nature des comptes
qui se subdivisent en compte courant et compte d’investissement, ainsi que les modes
de son contrôle dont le rôle du conseil supérieur des oulémas est omniprésent.

La finance islamique est basée sur des principes islamiques inspirés de sources
constituants sa jurisprudence tel que le Coran et la sunnah et le ijmaaa. Parmi ses
principes fondamentaux on parle de la prohibition du ribah, le partage perte-profit, les
règles du haram.

La finance islamique au Maroc a connu plusieurs problèmes pour sa mise en place.


Les premières réflexions remontent aux années 80, mais c’est en 2007 que les choses
ont connu le sérieux avec l’intervention de toutes les parties concernées tel que Bank
Al Maghrib, le gouvernement chargé de la finance, le parlement et le GPBM. Cette
expérience n’a pas fait un grand succès suite à de nombreuses lacunes dont on peut
citer principalement le problème de conformité à la chariaa, le régime fiscal, la
politique de prix, le manque de compétences et la communication. Pour bien cerner
cette problématique l’expérience de Dar Assafae considérée comme la première
banque islamique au Maroc inaugurée en 2010 et faisant partie des filiales du groupe
Attijariwafabank va nous servir à bien visionner les entraves que peut rencontrer la
mise en place de la finance islamique au Maroc.
Mais avant de commencer à traiter cette problématique, il importe de connaitre les
apports et les intérêts de la finance islamique au paysage économique marocain, en vue
de bien pouvoir adapter les réformes introduites aux objectifs souhaités.

60
ESTS

La finance islamique, à l'instar de la finance conventionnelle, présente toute une


gamme de contrats financiers. Selon I. KARICH (2002), les produits financiers
islamiques sont regroupés en deux catégories : les financements participatifs et les
financements par dette. On distingue, pour les financements participatifs,
le Moudaraba (ou commendite simple), le Moucharaka (participation de plusieurs
parties) et le Diminishing-Moucharaka (ou diminutif-moucharaka). Les financements
par dette regroupent des produits commerciaux qui ont tous des équivalents
conventionnels. Il s'agit principalement de la Mourabaha (ou prêt à crédit), l'Ijara (ou
leasing), l'Ijara Wa Iktina (ou location-vente), l'Istisna (arrangement entre deux
parties) et le Salam (vente avec livraison différée).

Selon M. KORCHI (2005), la gamme des instruments financiers islamiques se


présente sous trois formes : les instruments de dette (Mourabaha, Istisna, Qard al-
Hassan ou prêt gracieux), les instruments de quasi-dette (Ijara ou contrat de crédit-
bail), les instruments de partage des bénéfices et des pertes (Moucharaka et
Moudaraba).

Compte tenu de l’importance capitale du secteur bancaire et de son rôle central dans
l’économie nationale, il est nécessaire que le projet de nouvelle loi bancaire fasse
l’objet, avant son adoption, d’une évaluation pluridimensionnelle.

La lecture critique du projet de loi bancaire n° 103-12 relatif aux établissements de


crédit et organismes assimilés suscite des préoccupations quant à portée économique et
sociale.

61
ESTS

DEUXIEME PARTIE
Les enjeux de la réforme
de la loi bancaire.

62
ESTS

Chapitre 1 : Les milieux opposés à l’introduction des


banques participatives
La lenteur du Maroc au sujet de la finance islamique est due à plusieurs facteurs qu’on
peut diviser en institutions monétaires et ayant relation à ce sujet tel que BAM,
GPBM, gouvernement, conseil supérieur des oulémas, parties politiques et parlements.
La deuxième catégorie de raisons empêchant l’entrée de la finance islamique s’articule
sur l’environnement général dans lequel la finance islamique va mettre les pieds.

Section1 : les interventions des organismes concernés par les


activités des banques participatives
La finance islamique a toujours manifesté de l’intérêt pour le Maroc. Depuis le début
des années 1980, plusieurs institutions financières islamiques approchent les autorités
monétaires marocaines dans la perspective d’une implantation dans le royaume. On se
rappelle, également, d’une tentative de création d’une banque islamique locale,
maroco-marocaine, initiée en 1985 par Wafabank. Mais, depuis cette époque, la
banque centrale du Maroc (Bank Al Maghrib) a toujours été hermétique à l’idée
d’octroi d’agréments à des banques spécialisées dans la finance islamique. Ce
scepticisme est d’autant plus curieux que le Maroc est un pays qui a toujours compté
dans la communauté musulmane internationale. Pour exemple, le Maroc a été l’un des
pays fondateurs de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) : L’assemblée
constitutive de cette organisation intergouvernementale a eu lieu à Rabat, le 25
septembre 1969, sous la présidence de feu Hassan II, lequel a été le premier chef
d’État musulman à lancer l’idée d’une rencontre au sommet des chefs d’États des pays
islamiques (3ème sommet des pays arabes, Casablanca en 1965) Membre actif au sein
de l’OCI, le Maroc va être un des pays artisans de la création, en 1975, de la Banque
Islamique de Développement (BID) dans le but de stimuler le développement
économique et le progrès social des communautés musulmanes selon les principes de
la charia.
I. Les raisons de la réticence
Mais, alors, qu’est-ce qui expliquerait cette réticence à l’égard de la finance islamique?
À chaque fois que cette question est posée, la réponse des officiels marocains est,
tantôt, de dire que le problème réside dans la non-conformité des opérations de la

63
ESTS

finance islamique vis-à-vis de la loi bancaire nationale, en l’occurrence les opérations


de financement participatif et leur corollaire le principe du partage des profits et des
pertes. Autrement dit, les opérations de la finance islamique se trouvent hors champ
d’application de la loi bancaire marocaine.

Et, tantôt d’expliquer que le secteur bancaire marocain n’a pas la capacité d’absorption
suffisante pour accueillir le nombre important des banques du Golfe intéressées, ce qui
risquerait de le désarticuler complètement. Tout en ajoutant qu’à côté de ce risque
économique et financier, il y aurait un risque diplomatique à octroyer l’agrément à,
seulement, quelques unes de ces banques, étant donné que tous les pays du Golfe sont
des pays frères et doivent donc être traités sur le même pied d’égalité.

La vérité est ailleurs : L’ouverture de l’économie marocaine à la finance islamique


signifierait d’énormes pertes de parts de marché pour les banques marocaines,
lesquelles sont toutes d’obédience conventionnelle. Quand on connaît la place et le
poids du lobby bancaire marocain dans l’économie, l’on comprend aisément la
situation. Comme le souligne Belkacem Boutayeb, le « […] lobby bancaire marocain,
solidement structuré […] semble constituer des zones de blocage au niveau des
autorités monétaires, bancaires et financières pour retarder cette ouverture ». Et,
d’ajouter que des études, faites depuis le début des années 1980, auraient clairement
indiqué que l’émergence de banques islamiques drainerait un exode sensible des
transactions bancaires et de la masse des dépôts vers ces institutions.

II. Le changement du paysage politique


Sans parti pris, on peut avancer que l’apparition sur la scène politique marocaine d’un
parti islamiste; le parti de la justice et du développement (PJD), suite aux élections
législatives de 1997, va, grandement, aider à amorcer une première brèche. Profitant
du dynamisme et de la virulence du débutant et appuyés par leur organe de presse, les
députés de cette formation politique ne vont pas tarder à porter le débat à l’intérieur du
parlement. « La première occasion qui nous a été donnée pour l’introduction de l’idée
[de produits islamiques] a été celle de la présentation par le gouvernement [en 1998],
du projet de loi sur les microcrédits. Nous avons essayé, de toute notre force, de
convaincre le gouvernement de la faisabilité de l’élargissement de cette loi pour y
intégrer les produits islamiques.» Lahcen Daoudi, un des membres du bureau politique
du parti. Et, de continuer : « Nous avons continué la lutte. Le sujet a été abordé à
l’intérieur du parlement à plusieurs reprises ; aussi bien à travers les questions écrites
ou orales, que lors des interventions des membres du groupe parlementaire du PJD
dans les commissions internes du parlement ou encore à l’occasion des commentaires
des membres du groupe parlementaire sur les projets de lois de finances ou d’autres
lois en rapport avec le sujet… »

64
ESTS

Progressivement, les revendications du PJD gagnent en intensité au rythme de sa


montée en puissance dans les suffrages. En effet, en 2002, il passe de la dixième à la
troisième place et en 2007, il grimpe à la deuxième place, en s’accaparant 46 sièges
sur 325.

III. La réaction de Bank Al Maghrib:


C’est justement durant l’année 2007 que les autorités marocaines acceptent une
première ouverture. Le 13 septembre 2007, en effet, Bank Al Maghrib (BAM) diffuse
une recommandation fixant les conditions générales selon lesquelles les banques
peuvent présenter au public des produits islamiques. Les produits concernés sont la
Mourabaha, l’Ijara et la Moucharaka.

C’est une victoire en demi-teinte puisqu’il s’agit d’une simple recommandation


intégrant simplement l’offre de produits islamiques à la loi bancaire déjà existante,
sans consécration du statut spécifique de banque islamique. Autrement dit encore, la
démarche adoptée par BAM est la commercialisation de ces produits par les banques
déjà agréées ; il n’y a donc pas besoin de créer pour cela des banques spécialisées
(islamiques). Ceci dit, elle laisse le choix aux banques de commercialiser ces produits
soit via leur propre réseau de distribution, soit via des filiales dédiées (windows).

Concomitamment, BAM arrête, en coordination avec le Groupement professionnel des


banques du Maroc (GPBM), les schémas comptables et les modalités d’enregistrement
des opérations liées à ces produits et rédige, sur la base des règles édictées par
l’AAOIFI, les modèles types de contrats. Toujours en collaboration avec le GPBM,
BAM élabore un guide fixant, pour les banques, les conditions de la communication
sur la commercialisation des produits islamiques.

On y lit: « Ce guide a pour finalité d’orienter la communication par les établissements


de crédit sur la commercialisation de ces produits qui devrait être menée avec
prudence et vigilance, afin de ne pas désarticuler l’offre des produits classiques. A cet
effet, chaque établissement de crédit conduira sa propre communication sur ces
produits dans le respect des principes directeurs ci-après :

 La politique de communication doit être validée par la direction générale ;


 Le contenu des messages publicitaires doit être soumis à un droit de regard de
Bank Al-Maghrib, préalablement à leur diffusion au public ;
 La communication devrait être axée sur l’intérêt que représenterait le recours à ces
produits pour la réalisation des projets de la clientèle et éviter toute comparaison
avec les produits bancaires classiques;
 Aucune mention à caractère religieux, telle que halal, foukaha, fatwa, islamique,
Charia, conseil religieux et assimilés ne doit y être incluse ;

65
ESTS

 Les établissements de crédit devraient éviter de faire de la surenchère ou la course


vers la part de marché ;
 Le réseau et notamment les chargés de clientèle devraient être sensibilisés au
langage à adopter vis-à-vis de la clientèle et veiller au respect des dispositions de la
recommandation;
 Les partenaires éventuels des établissements de crédit, s’ils sont appelés à faire des
publicités autour de ces produits, doivent formellement s’engager à respecter ces
conditions.».

On se rend bien compte, à la lecture de ce guide, de la frilosité qui se dégage, dénotant


l’extrême sensibilité de BAM à l’égard des produits islamiques.

IV. La position du Conseil Supérieur des Oulémas :


La sensibilité de l’autorité monétaire pourrait être justifiée, sinon corroborée par la
position, ou pour être juste l’absence de position, adoptée par la première autorité
religieuse du pays ; à savoir le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO), lequel est
présidé par le Roi en sa qualité constitutionnelle de Commandeur des croyants (Amir
Al Mouminine).

En effet, à ce jour, jamais le CSO ne s’est prononcé, officiellement, sur la question de


savoir si les produits alternatifs, tels qu’ils ont été conçus par la banque centrale, sont
halals (licites) ou harams (illicites) du point de vue de l’Islam ? C’est que la question
divise :

Il y a les modérés qui prônent une adaptation des principes religieux aux contraintes
socio-économiques contemporaines. Un membre du CSO dont les propos ont été
rapportés dans la presse, déclare : « Nous ne pouvons pas rester déconnectés par
rapport au développement de la finance et des besoins de la population qui en
découlent. D’autant plus que la dualité halal/haram dans les transactions financières est
dépassée depuis longtemps».

Et, il y a les rigoristes qui jugent que quand bien même la forme juridique de ces
financements serait charia-compatible, dès lors que leur origine est haram, car émanant
de banques travaillant avec de l’intérêt, ils ne pourraient en aucun cas être halal.

Le problème c’est que, comme le souligne « une source interne au CSO qui requiert
l’anonymat : la décision du conseil doit recueillir l’unanimité de ses membres. A
défaut, la question ne sera pas tranchée»

V. La commercialisation des produits alternatifs

66
ESTS

Sans nul doute, le mutisme de l’autorité religieuse et surtout ce que plusieurs


observateurs qualifient de bridage de la communication sur les produits islamiques par
l’autorité monétaire sont à l’origine de l’échec de leur commercialisation. Et, l’échec
est cuisant : En plus de quatre années d’existence, les produits alternatifs n’ont pu
drainer que 800 millions dirhams, soit un peu plus de 70 millions d’euros.

Ce montant représente à peine 0,1% de l’encours global des crédits accordés à


l’économie au cours de la même année (2011).

De fait, en les qualifiant d’alternatifs (albadila, en arabe), les autorités monétaires ont,
tout simplement, vidé les produits islamiques de leur substance communicationnelle,
les rendant ainsi inaccessibles à la perception de larges pans de la société.

Un tour d’horizon des messages publicitaires dédiés aux produits alternatifs suffit pour
s’en convaincre :

 « Vous bénéficierez du meilleur produit alternatif, adapté aux exigences de vos


attentes »;
 Ou « Pour l’achat de votre logement, …de nouveaux financements sans intérêt,
conformes à vos exigences, par l’intermédiaire d’un contrat Mourabaha » ;
 Ou encore « …une formule de financement basée sur un concept innovateur, qui
vous permet de financer vos biens conformément à vos exigences ».

Que des messages édulcorés où aucune mention, ni même allusion n’est faite de la
conformité de ces produits aux préceptes de l’Islam.

En fait, le terme utilisé pour désigner les produits alternatifs est celui de « albadila »,
qui est un mot de l’arabe classique (littéraire). Or, il est important de savoir qu’au
Maroc, l’arabe classique (littéraire) est une langue d’enseignement et non la langue
maternelle. La langue maternelle regroupe plusieurs dialectes : le darija (parlé par une
grande proportion de la population, au centre du pays), le tarifite (dans le nord), le
tamazighte (dans le moyen atlas), le tachalhite (dans le sud) et le hassani (dans le
sahara).

Il faut donc être scolarisé pour pouvoir parler la langue arabe. L’analphabétisme étant,
hélas, un des maux majeurs qui sévissent dans la société marocaine, fatalement, la
subtilité de communication imposée ne pourra être percée que par une faible
proportion de la population. Alors que le terme "islamique" aurait touché, sans
exception aucune, tout le monde ; les lettrés et les illettrés, les arabes et les berbères,
les rifains et les sahraouis.

67
ESTS

Section2 : Les difficultés de la finance islamique


Après la recommandation n° RN33/G/2007 de Bank Al Maghrib relative à la
commercialisation des produits alternatifs (Ijara, Moucharka et Mourabaha), toutes les
banques de la place ont mis en place leurs produits « Halal ». Par ailleurs et
contrairement à ce que pensaient le management de ses banques et les médias, les
clients n’ont pas fait la queue devant les guichets pour s’offrir ces nouvelles solutions.

La finance islamique au Maroc se limite à la commercialisation de produits bancaires


alternatifs à travers le réseau bancaire conventionnel, en effet, le Maroc n’a pas
autorisé à ce jour l’ouverture de banques purement islamiques malgré les multiples
demandes déposées par les banques islamiques des pays du Golfe.

Ainsi, la finance islamique au sens propre du terme n’existe pas au Maroc, et ce n’est
pas simplement une question de terminologie, mais d’organisation. En effet, il reste
difficile de mettre en place des produits alternatifs en passant par des établissements de
finance conventionnelle. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, dans une
banque islamique, toute l’organisation et le circuit d’argent sont changés pour être
conformes à la charia.

I. Problèmes tarifaires :

Les produits bancaires « halal » sont trop chers au Maroc, tel est le constat qui entrave
en premier lieu le développement de cette catégorie de produits. En effet, la clientèle
potentielle existe, nombreux sont les marocains qui, pour des raisons religieuses,
refusent les circuits bancaires conventionnels pour placer leur épargne ou pour
financer leur investissements, cependant ils se heurtent à des produits parfois plus
chers que les produits conventionnels.

Les frais supplémentaires liés à ces modes de financement pèsent lourd sur leur coût et
les pénalisent sur le plan concurrentiel en matière de prix : les frais de transactions et
le coût fiscal supplémentaire ; il s’y ajoute également la rémunération du risque que
supporte la banque.

Le taux de rentabilité exigé par la banque est au maximum car le prix fixé est définitif
et ne peut donner lieu à aucune révision par opposition au taux d’intérêt. Ce qui génère
des marges à supporter par le client plus important que les intérêts supportés dans le
cadre d’un financement conventionnel.
Il faut en effet savoir que les établissements bancaires calculent en interne leur marge
commerciale pour les produits alternatifs sur la base d’un taux d’intérêt, exactement
comme s’il s’agissait d’un prêt classique. Etant donné que le client supportera une
marge fixe et qu’il payera une mensualité invariable dans le temps, les banques
appliquent un taux fixe pour le calcul de leur gain, majoré d’une prime fiscale et ce,

68
ESTS

pour se prémunir contre le risque de renchérissement du coût des ressources (hausse


des taux d’intérêt) et la hausse du taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les
produits financiers.

II. Problème fiscal :

La fiscalité qui entourait les produits alternatifs au moment du lancement était très
contraignante voir dissuasive.
En effet, et avant l’entrée en vigueur de la loi de finances 2009, les acquisitions
d’immeubles dans la formule Mourabaha étaient assujetties doublement aux droits
d’enregistrement : une première fois lors de l’acquisition par l’établissement bancaire
du bien à financer pour un impôt équivalent à 3% du prix du bien et une deuxième fois
lors de la Mais à supposer que cette problématique soit résolue, il en demeurerait une
d’autant plus préjudiciable. Il s’agit de la TVA. S’agissant de cet impôt, Mourabaha
est doublement pénalisée. A cause d’un différentiel de taux d’abord, puisque le taux en
vigueur pour le financement alternatif est de 20% contre 10% pour un crédit
immobilier classique. A cela s’ajoute la base de calcul de cette taxe : Alors qu’elle
s’applique au seul intérêt dans le cas d’un crédit classique, elle frappe intégralement
l’échéance dans le cas d’un financement alternatif. Une ultime injustice porte
l’estocade à Mourabaha. Pour ce type de financement, les banques ne sont pas
explicitement autorisées par la Direction Générale des Impôts à étaler l’imposition de
leur marge bénéficiaire sur toute la durée du crédit. Elles se voient contraintes, en
effet, à payer intégralement l’impôt au début du contrat, avant même de percevoir le
bénéfice sur lequel il est prélevé.
Mais heureusement cette lourde contrainte fiscale semble être éliminée, en effet la loi
de finances 2010 indique que la formule Mourabaha ne sera plus sanctionnée par la
TVA puisqu’elle ne supportera plus la TVA sur l’échéance totale, mais uniquement
sur le profit de la banque et au taux de 10% seulement contre 20% auparavant. La loi
de finances 2010 met donc fin à la surtaxation de la Mourabaha.

III. Problème de commercialisation :

Bank Al Maghrib a interdit les banques et les sociétés de financement d’utiliser ces
mots « Islam » et «conformes à la Charia islamique» pendant la commercialisation des
produits alternatifs. En effet, elles ne doivent pas faire référence à la connotation
religieuse de ces formules. Elles doivent être présentées et commercialisées comme
des produits conventionnels dans le réseau bancaire marocain.
En pratique, il est difficile de ne pas faire allusion à l’aspect religieux de ces produits
pour les compagnes publicitaires. En effet, le label Halal est le seul argument de vente
de ces produits puisqu’ils existent sur le marché dans leur forme conventionnelle. Il est
donc difficile d’expliquer leurs caractéristiques aux clients, surtout les moins avisés,
sans faire allusion à leur aspect religieux.
Depuis le lancement des produits islamiques appelés alternatifs en Octobre 2007,
aucune compagne de communication officielle n’a été menée pour mettre au courant
les clients visés, juste des affiches et dépliants ont été distribués dans les agences sans

69
ESTS

mentionner qu’ils sont halals ou conformes à la Charia, chose qui a été interdite par
Bank Al
Maghrib afin d’éviter toute comparaison et de taxer les transactions bancaires
classiques sur l’intérêt comme Haram. Sachant que la connotation religieuse des ces
formules est le seul argument de vente de ces dernières puisqu’ils sont
commercialisées dans la même forme que les produits conventionnels.
Il y a une certaine réticence au niveau du personnel de la banque pour ces produits et
cela est dû principalement au manque de communication interne et manque de
formation et particulièrement des chargés clientèle, ces derniers sont inaptes à vendre
ces produits et bien faire comprendre aux clients le fonctionnement de ces formules vu
que ce n’est pas le même profil vendeur qui avaient toujours l’habitude de vendre des
produits conventionnels ainsi n’ont pas de compétence au niveau de la Charia et la
religion.

IV. Problème politique :

Les mutations du secteur de la finance islamique au Maroc concourent sur un terrain


hautement politique. Dire que les représentants politiques n'y voient que des avantages
relève de l'euphémisme. D'importantes pressions sont exercées par le lobby des
banques traditionnelles sur le gouvernement. Considérant les produits « alternatifs »
comme des concurrents directs aux produits « classiques » qu'elles proposent, elles
n'ont aucun intérêt à voir se diversifier les offres de produits. Le gouvernement
répugne d'autant plus à officialiser le développement de l'islam économique qu'il est
ouvertement engagé dans le combat contre l'islam politique.

La finance islamique au Maroc a connu plusieurs lourdeurs relatives principalement au


mutisme du conseil des oulémas, aux arguments de BAM tel que l’inadaptation des
règles de la loi bancaire aux dispositions islamique ainsi qu’à la non maturité
suffisante du secteur bancaire et de la bancarisation, mais aussi BAM a fait un mauvais
pas lorsqu’elle a permis en 2007 la commercialisation des produits islamiques chez les
même banques traditionnelles qui existent déjà et sous une longue liste de règles à
respecter ayant une mauvaise répercussion sur la commercialisation de ces produits. A
coté de tout ce qui est relatifs aux organismes ayant impact sur la finance islamique au
Maroc, les problèmes d’environnement général à savoir le problème fiscal, tarifaire, de
commercialisation et politique ont un rôle prépondérant sir le retard de l’introduction
des banques islamiques.
La mise en place du projet de réforme de la loi bancaire et sa mise en vigueur actuelle
va permettre de mettre fin à ce grand nombre d’entraves existant autour de la finance
islamique et va ainsi lui permettre de réaliser les attentes de l’économie et de la
société. Il s’avère donc essentiel d’étudie l’impact de l’introduction de la finance
islamique et des autres réformes du projet de loi sur le développement économique au
Maroc

70
ESTS

Chapitre 2 : Impact de l’introduction de la finance


islamique et des autres réformes du projet de loi sur le
développement économique au Maroc

Le développement économique reste la préoccupation principale de toutes les


communautés. La finance islamique basée sur la chariaa et ayant comme objectif
prioritaire de financer l’économie, contribue à assurer le développement économique
d’un pays. C’est ce que notre étude comparative qui va porter sir des pays de
différentes régions et à économies profondément variées ce qui va nous permettre de
visualiser le véritable impact de la finance islamique sur le développement des pays
sur les différents niveaux.

Section1 : Etude comparative sur l’introduction de la finance


islamique dans différents pays et ces retombées
Des pays comme la Tunisie, le japon et le Bahreïn ayant chacun des caractéristiques
spécifiques permettront d’extraire les effets positifs de la finance islamiques sur le
développement économique du pays.

I. En Tunisie, le contrôle de l’Etat domine :

«L’intervention de l’Etat facilite bien des choses», dit Hafsaoui· Subvention sur le
taux
Lamine Hafsaoui est le PDG de la Banque tunisienne de solidarité. Son objectif:
encadrer le microcrédit en tant qu’instrument d’appui à l’emploi et de lutte contre la
pauvreté sous ma supervision de l’Etat. 154.000 clients bénéficient de ce système.
 L’Economiste: Vous dirigez la Banque tunisienne de solidarité. Quelle est la
mission de cette institution?
- Lamine Hafsaoui: La Banque tunisienne de solidarité est fondée en 1998. Elle fait
suite à la création du Fonds national de solidarité ou «Fonds 2626», lancé une année
plus tôt. Ce fonds, qui collectait chez des citoyens et auprès des entreprises, a bénéficié
de la contribution de l’Etat pour mettre en place l’infrastructure économique et sociale
nécessaire dans les zones démunies. Pour donner du contenu à tout cela, il fallait
nécessairement créer des sources de revenus pour les couches sociales les plus
pauvres, défavorisées. Dès lors, la question était de savoir quelle institution mettre en
place pour s’en occuper. On a d’abord pensé à un fonds, et puis les pouvoirs publics
ont décidé que ce serait une banque, en l’occurrence la Banque tunisienne de
solidarité. Pour cela aussi, il y a eu un effort solidaire extraordinaire du fait que les
actionnaires de la BTS, au nombre de 220.000, représentent pratiquement tous les
Tunisiens. On peut dire que chaque famille tunisienne a participé au capital de cette
banque, majoritairement public.
La BTS est une banque publique destinée à financer les microprojets et les
microcrédits au profit des couches sociales les plus défavorisées, des couches ne

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ESTS

pouvant pas présenter de garanties bancaires donc n’ayant pas accès au système
bancaire traditionnel.
 En quoi est-ce que le système d’aide sociale tunisien est différent de celui du
Maroc?
- D’abord, chaque pays a son environnement et ses objectifs. En Tunisie, c’est un
objectif réellement de développement économique, social, intégré et durable. Quand
on parle de système de solidarité intégré, cela veut dire un système destiné à toutes les
régions, tous les segments, toutes les couches sociales… Pour cela, il faut que la
politique de microfinance et microcrédit s’inscrive dans la politique nationale de
développement. Ce qui relève de la responsabilité et du rôle de l’Etat. Car les
populations pauvres sont forcément les exclus d’un modèle de développement
politique raté, et le fait de les repêcher reste en premier lieu une fonction de l’Etat.
Mais sachant que les moyens d’action de l’Etat sont très compliqués, pas toujours
souples, ne permettent pas de répondre très simplement et très vite aux attentes des
couches sociales les plus défavorisées, c’est pour cela que nous avons pensé à faire
participer la société civile à Dpt. Centre de Documentation 38 travers les associations.
Il n’empêche que sur le plan objectif, c’est toujours à l’Etat d’en arrêter les détails, de
même que sur le plan accompagnement. En revanche, pour l’exécution des projets sur
le terrain, c’est la société civile, à travers les associations, qui en a la responsabilité.
L’intervention de l’Etat facilite bien des choses et sa contribution permet d’appliquer
un taux de 5%. Ce qui est rentable pour tout le monde…
 Comment tout cela se traduit-il concrètement sur le terrain social?
La BTS intervient sur deux plans. Le financement des microprojets plafonnés à 80.000
dinars, soit environ 60.000 dollars pour les diplômés de l’enseignement supérieur et
20.000 dinars (12.000 dollars) pour les autres. Depuis la création de la BTS, nous
avons financé 60.000 projets, et 55.000 ont donné des résultats encourageants, dont
beaucoup de projets financés au profit des diplômés de l’enseignement supérieur.
D’ailleurs, certaines de ces TPE ou PME sont tellement performantes au point de
s’ouvrir au marché de l’exportation. Pour le volet microcrédit, à fin 2006, la BTS a
utilisé 150 millions de dinars (fonds publics), et le taux de recouvrement est de 83% au
niveau de la banque et 93% au niveau des associations. Ça fonctionne très bien et ça
donne de bons résultats. Le système permet la création d’emplois, ce qui est l’objectif
primordial de l’Etat tunisien. Sur ce plan également, on apporte des réponses
concrètes. La BTS est devenue un ascenseur social, car elle permet à des personnes
issues des couches défavorisées d’acquérir des considérations sociales au travers des
petits projets d’entreprise ou de création de richesse.

II. Le Japon envisage de se lancer dans la finance islamique :

Afin d'attirer les fonds en provenance des riches pétromonarchies musulmanes, le


Japon envisage de devenir le premier grand pays industrialisé à émettre des
obligations publiques "coraniques".

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II.1. Les premiers sukuks :


Le Japon envisage de devenir le premier grand pays industrialisé à émettre des
obligations publiques "coraniques", respectant à la lettre les préceptes de l'islam, afin
d'attirer les fonds en provenance des riches pétromonarchies musulmanes.
La Banque japonaise de coopération internationale (JBIC), un organisme d'Etat, a
annoncé vendredi 18 août qu'elle projetait de lancer les premiers "sukuks", ou
obligations coraniques sans taux d'intérêt, en coopération avec la Malaisie.
"Notre banque est en pourparlers avec la Banque centrale de Malaisie. Le but est
d'attirer des
pétro-dollars non seulement au Japon, mais dans l'ensemble de l'Asie", a expliqué à
l'AFP une porte-parole de la JBIC, Hiromi Inukai, sans fournir plus de détails.
La JBIC a déjà mis en place un comité de spécialistes du droit islamique pour préparer
le lancement de son obligation, prévu en janvier prochain.
Toujours d'après le journal, la banque publique espère lever entre 300 millions et 500
millions de dollars, selon l'édition de vendredi 18 août du Financial Times.

II.2. Les placements ne doivent ni être liés à des activités prohibées par
l'islam :
Les "sukuks" ne rapportent aucun intérêt proprement dit, conformément à la deuxième
sourate du Coran qui interdit l'usure.
Le souscripteur perçoit un revenu tiré du bien dans lequel son argent a été investi
(puits de pétrole, mines, loyers immobiliers, etc.) et récupère sa mise à l'échéance de
l'obligation, généralement cinq ans, sans aucune majoration.
Les placements ne doivent ni être liés à des activités prohibées par l'islam (production
d'alcool ou de viande de porc), ni avoir une dimension spéculative.
Le montage financier doit en outre être avalisé par des spécialistes de la charia, la loi
coranique. Ce qui pourrait se heurter à des difficultés de réalisation au Japon, où la
communauté musulmane est minuscule.
Si le projet de la JBIC voit le jour, ce serait la première fois qu'un "sukuk" serait lancé
par un gouvernement central d'un grand pays industrialisé.

II.3. Diversifier les sources de financement :


En 2004, l'Etat régional allemand de Saxe-Anhalt, un des plus endettés du pays, avait
déjà lancé une obligation coranique dans l'espoir d'attirer les capitaux provenant
d'institutions financières de pays musulmans. Les "sukuks" sont en outre déjà pratiqués
par quelques entreprises privées en Occident.
Selon Hideki Nukaya, chercheur à l'Institut pour les affaires monétaires internationales
au Japon, les obligations coraniques de la JBIC permettraient aux sociétés nippones de
diversifier leurs sources de financement.
"Le Japon et ses entreprises accompliraient un premier pas, et deviendraient des
acteurs plus présents dans le monde de la finance islamique. Ils feraient des progrès
petit à petit et apprendraient les méthodes", explique-t-il.

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ESTS

"Par rapport aux projets habituels, la finance islamique requiert davantage de


préparation. Les institutions financières japonaises sont en train de s'y mettre", relève
M. Nukaya.

II.4. Le leader en la matière: la Malaisie :


En Asie, le leader en la matière est la Malaisie, pays à forte majorité musulmane. Pour
consolider sa position, ce pays est actuellement en train de libéraliser son système
financier tout en se présentant comme un centre d'éducation à la finance islamique.
Les obligations musulmanes connaissent depuis quelques années un essor rapide.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), les avoirs des institutions financières
islamiques dans le monde sont évalués à plus de 250 milliards de dollars, et croissent
au rythme de 15% chaque année.

III. Bahreïn : l’autre pôle naissant de la banque islamique, en


compétition âpre avec la Malaisie :

III.1. Historique :
Bahreïn est un archipel de 695 Km2 situé dans le Golfe arabo-persique, entre la côte
orientale de l'Arabie Saoudite et la péninsule du Qatar. Il s’agit d’un émirat pétrolier.
En effet, les premiers gisements y ont été découverts en 1932. En 1961 arrive au
pouvoir le cheick Isa Bin Salmane Al Khalifa. Le pays devient indépendant en 1971.
Le modèle de constitution adopté en 1973 prévoyait un régime équivalent à celui
d’une monarchie parlementaire, mais l’émir dissout l’assemblée nationale en 1975. Il
crée à la place une sorte de Conseil Consultatif, sans aucun pouvoir de décision.
En 1981, Bahreïn adhère au Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Depuis
novembre 1986, l'île principale est reliée à l'Arabie Saoudite par un pont de 25
kilomètres de long. Le pays a été secoué par de violentes émeutes en 1995, exigeant
notamment la mise en place d’un réel pouvoir législatif, avec la tenue d’élections. De
fait, les attributions du Conseil Consultatif ont été légèrement élargies, sans que l’on
puisse réellement parler d’un organe législatif démocratique. Depuis la mort de l’émir
en 1999, c’est son fils Cheick Hammad el Khalifa qui dirige le pays.

III.2. Situation économique actuelle :


L’analyse de la situation économique de Bahreïn fait ressortir une petite monarchie
dont le niveau de développement est principalement issu de la manne pétrolière. Ainsi
avec un PIB/habitant de presque 12 500 dollars, Bahreïn se trouve bien au-delà du
niveau de l’Iran ou encore de la Malaisie et atteint presque celui des pays occidentaux.
Or les exportations estimées à plus de 9 milliards de dollars sont bien supérieures aux
importations (environ 1,5 milliard de dollars).

74
ESTS

Bahreïn est un petit Etat qui ne dispose pas de beaucoup de ressources et par
conséquent, le fait que les exportations soient beaucoup plus élevées que les
importations est révélateur du fait que les exportations de pétrole sont primordiales
pour Bahreïn.
Toutefois, il est évident que les réserves pétrolières ne seront pas suffisantes pour
porter, seules, le développement ultérieur de Bahreïn. C’est pourquoi, même si les
chiffres ne sont pas disponibles, il y a fort à parier que le secteur tertiaire occupera une
place de plus en plus importante dans l’économie Bahreïni. En effet, Bahreïn compte
désormais de plus en plus sur l’évolution du secteur financier pour poursuivre son
développement.

III.3. Système bancaire :


Compte tenu du peu d’informations dont nous disposons sur le système bancaire
bahreïni, la description du dit système s’avère être un exercice délicat. L’essentiel de
ce paragraphe reposera sur les informations présentées par Mervyn K. LEWIS et
Latifa M. ALGAOUD dans Islamic Banking.
Il est important de souligner qu’à la différence de l’Iran, le système bancaire de
Bahreïn est un système dual où les banques conventionnelles côtoient les institutions
financières islamiques.
Pourtant, la situation est également différente de celle de la Malaisie puisque comme
nous l’avons souligné la Malaisie est connue pour son pragmatisme économique alors
que Bahreïn à l’instar des autres Etats pétrolier du Golfe est considéré comme un
défenseur de la Shariah.
Si on replace l’introduction de la finance islamique à Bahreïn dans une perspective
historique, on se rend compte que Bahreïn fait figure de pionnier en la matière. Dès
1972, Bahreïn prend part à la conférence tenue par les ministres des Affaires
Etrangères de 18 pays islamiques à Jeddah.
Cette conférence prône l’application des préceptes de la Shariah dans la sphère
financière. Il est notamment décidé de prendre des mesures pour retirer les taux
d’intérêts des institutions financières. Suite à cette conférence, Bahreïn prend la
décision d’« islamiser » progressivement l’économie, en créant une place pour la
finance islamique.
Par la suite, Bahreïn tentera de développer la finance islamique non seulement sur son
territoire mais également à l’étranger. Ainsi, c’est encore Bahreïn que l’on retrouve
lors de la création de l’AAOIFI en 1991.
A la tête du système bancaire bahreïni, on trouve la Bahreïn Monetary Agency
(BMA). La BMA est la banque centrale. Cette institution doit donc créer un cadre
légal attractif pour les institutions financières du monde entier.
En effet, les ressources pétrolières de Bahreïn sont plus faibles que celles d’autres
Etats du Golfe. Par conséquent, cette petite monarchie mise beaucoup sur le fait d’être
considérée comme une place financière importante. C’est pourquoi l’action de la BMA
est si importante : c’est un cadre réglementaire qui permet d’attirer de nouvelles
institutions financières.
Par ailleurs, il appartient également à la BMA de délivrer des licences bancaires. Une
autre caractéristique de Bahreïn, c’est la forte concentration bancaire de cette

75
ESTS

monarchie. En effet, Bahreïn compte un peu plus de 500 000 d’habitants et une
multitude d’institutions financières. On trouve 19 banques commerciales dont 7 ont
leur siège social à Bahreïn.
En outre, Bahreïn rassemble 47 banques off-shore, 23 banques d’affaires et 15
compagnies d’assurance. Or Bahreïn est une place financière où s’entremêlent
finances traditionnelle et islamique. C’est pourquoi parmi toutes ces institutions
financières on compte plus de trente institutions financières islamiques dont 2 banques
commerciales islamiques, 12 banques d’investissement islamiques, 2 banques off-
shore, 4 Takaful (assurances) et plusieurs banques occidentales avec des fenêtres de
finance islamique.
C’est notamment à Bahreïn qu’est fondée la première banque islamique dont le capital
appartient totalement à une banque occidentale. Ainsi, en 1996, la City Islamic
Investment Bank, filiale de Citibank, est la première filiale de banque occidentale à
recevoir une licence bancaire à Bahreïn.
Cet attrait des principales institutions financières internationales pour Bahreïn est
révélateur de la volonté de Bahreïn de devenir le centre mondial de la finance
islamique.

III.4. La place de Bahreïn dans la finance islamique :


Attachons nous désormais à définir la place de Bahreïn dans le monde financier
islamique. Mervyn K. LEWIS et Latifa M. ALGAOUD présentent les arguments
avancés qui feraient de Bahreïn le futur centre mondial de la finance islamique.
Tout d’abord, la situation géographique de Bahreïn au cœur de la région du Golfe fait
de cette monarchie pétrolière un lieu attirant pour un grand nombre de banques et
d’institutions financières internationales.
En effet, il existe deux catégories de clients pour les institutions financières
islamiques, les institutions financières islamiques d’une part et les individus
musulmans fortunés d’autre part. Or c’est au Moyen Orient et notamment en Arabie
Saoudite qui se situe aux portes de Bahreïn que se trouvent principalement ce genre
d’intervenants.
Les privatisations et le financement d’infrastructures sont les autres grands défis
offerts aux banques islamiques. Ceux-ci nécessitent l’expertise d’un centre mondial de
finance islamique.
C’est au Pakistan, en Egypte et au Bengladesh que se trouvent les plus grandes
opportunités dans ce secteur. Or Bahreïn dispose dans ces pays d’un réseau d’expatriés
en relation avec les gouvernements et les personnes influentes. De plus, il est
important de souligner que Bahreïn dispose de toutes les infrastructures (bureaux,
ordinateurs, technologie de l’information...) nécessaires pour l’établissement d’un
centre financier important.
Par ailleurs, Bahreïn a été en mesure de créer un cadre comptable et juridique
favorable à l’établissement d’institutions financières.
Enfin, les Bahreïnis travaillant dans le secteur financier disposent en général d’une
bonne formation que celle-ci ait été acquise à Bahreïn ou bien dans les pays
occidentaux. Bahreïn peut également se prévaloir d’une expertise en ce qui concerne la

76
ESTS

formation propre aux activités de la finance islamique notamment grâce au Bahreïn


Institute of Banking & Finance.
D’autre part, cette petite île située au cœur du Moyen Orient dispose également d’une
expertise pour le trading d’instruments financiers.
En effet, pour être un centre mondial de finance islamique, il faut être en mesure de
créer un marché primaire et secondaire pour les actions et les instruments financiers.
Or, du fait de sa forte concentration bancaire, Bahreïn pourra utiliser et développer son
savoir-faire en trading afin de créer une véritable place financière. Bahreïn a su jusqu’à
présent attirer un grand nombre d’institutions financières et notamment des filiales
islamiques de banques occidentales (Citigroup, UBS...) et des filiales de groupes
bancaires islamiques importants, comme Dar Al-Maal Al-Islami qui est présent via sa
filiale Faisal Islamic Bank of Bahreïn. En effet, une place financière importante se
définit avant tout par les acteurs qui y sont présents. Bahreïn profite, en outre, de
l’avantage dit du « first mover » et devrait, de ce fait, continuer à attirer de nouvelles
institutions financières islamiques.
Cette monarchie pétrolière peut également être considérée comme l’un des pionniers
en ce qui concerne la conception d’instruments financiers islamiques innovants. Par
exemple, c’est à Bahreïn en 1987, que la Faisal Islamic Bank of Barhaïn introduit pour
la première fois la finance islamique syndiquée.
Enfin, Bahreïn a su en quelques années développer un véritable savoir-faire dans la
gestion de fonds islamiques. De plus, cet Etat a été le deuxième à émettre un sukuk
après la Malaisie et aujourd’hui Bahreïn a levé presque un milliard de dollars via des
émissions de sukuk, ce qui encore une fois va dans le sens de l’expertise de Bahreïn en
matière de produits financiers islamiques innovants.
Notons finalement que c’est encore Bahreïn que l’on retrouve lors de la fondation de
deux principales organisations de finance islamique que sont l’AAOIFI et l’IIFM. Cela
montre la volonté de Bahreïn de développer un marché financier islamique dont le
centre se situerait à Bahreïn.
Il est clair aujourd’hui que la finance islamique est une activité en plein essor qui doit
se structurer. Or une telle structuration passe par la création d’un centre financier
islamique. Bahreïn présente aujourd’hui toutes les qualités nécessaires. Toutefois
Bahreïn doit faire face à d’autres places financières importantes comme Kuala
Lumpur, Labuan ou encore Dubaï

Section2 : analyse de l’impact économique et social de l’introduction


de la finance islamique au Maroc
Le Maroc dans sa voie de construction et d’émergence cherche à fortifier le paysage
financier Marocain ce qui permettra de drainer la liquidité dans le pays, à recueillir un
plus grand volume d’épargne, à innover dans le secteur bancaire et financier, à
contribuer à la création de valeur et ainsi à assurer le développement économique,
social et nécessaire et durable. La finance islamique au Maroc souffre de plusieurs
maux qui entravent son développement, dans ce qui suit nous allons essayer d’abord
de présenter quelques solutions aux problèmes rencontrés par les produits alternatifs
déjà commercialisés sur la place, puis analyser l’impact de ces mesures de reforme

77
ESTS

d’ordre général au celle d’ordre juridique sur le développement économique et social


du pays.
I. Quelques mesures d’accompagnement pour l’essor de la
finance islamique au Maroc
Dans cette section, nous allons essayer de présenter quelques solutions pour chaque
type de problèmes exposés ci-haut.
I.1. Aspect fiscal et tarifaire
Les produits alternatifs lancés au Maroc en Octobre 2007 ont été confrontés à un
régime fiscal non adapté à leurs spécificités imposant des doubles taxations en matière
de droits d’enregistrement, de TVA, de droit de mutation…
Comme nous l’avons vu dans la section précédente, les lois de finances 2009 et 2010
ont essayé de résoudre ces problèmes en éliminant pour la formule Mourabaha la
double taxation en matière de droits d’enregistrement et en réduisant le taux de TVA à
10% qui est à appliquer sur la marge de la banque.
Ces adaptations fiscales constituent des efforts louables qui témoignent de la
dynamique que crée la finance islamique au Maroc, certes il existe encore de la
résistance face à cette nouvelle industrie mais l’on pourrait dire que malgré son jeune
âge, elle a su créer maints changements sur le plan fiscal.
Ceci dit, les efforts entrepris ne suffisent pas, car force est de constater que le Maroc
accuse un retard considérable en la matière non seulement par rapport aux autres pays
musulmans (les pays du golfe et la Malaisie notamment) mais également par rapport à
l’Occident chose qui en surprend plus d’un.
En effet, la finance islamique a vu le jour en 2004 dans la zone Euro et plus
précisément en Angleterre, qui a autorisé l'implantation des banques islamiques. La
Grande Bretagne, leader européen en la matière, a réussi à développer une réelle
dynamique autour de la finance islamique en autorisant jusqu’en 2008 la création de
trois banques pleinement islamiques : l’Islamic bank of Britain, l’European Islamic
Investment Bank et la Bank of London and Middle East. La législation britannique
tient compte également de la taxation des opérations de financement islamiques afin
d’éviter l’effet de double taxation.
La France, qui a accusé un retard en la matière, s’est également mise de la partie en
autorisant depuis février 2009 la finance islamique sur son territoire, grâce à une
modification de la loi fiscale et l'amendement adopté par le sénat modifiant le régime
de la fiducie. En effet, depuis le mois de février 2009, cette nouvelle législation permet
à la place de Paris de développer l'émission des Sukuk compte tenu d'une instruction
fiscale sur la neutralité des opérations de Mourabaha et sur la déductibilité de la
rémunération versée au titre des sukuk.
Ainsi, il est temps pour le Maroc de rattraper son retard et de s’inscrire définitivement
dans la logique financière islamique.
Pour se faire, il serait judicieux à notre sens de ne pas se limiter à quelques
amendements fiscaux relatifs aux formules bancaires islamiques ( chose louable en
soit) mais à adopter un régime fiscal global pour le traitement des opérations issus de
la finance islamique tout en s’inspirant des expériences des autres pays qui nous ont

78
ESTS

devancé en la matière et notamment le Royaume Uni et la France du fait que notre


législation est fortement corrélée à la législation française de part le facteur historique.
Notre proposition d’adopter un régime fiscal spécial pour les produits islamiques ne
doit pas s’entendre comme une proposition d’un régime incitatif mais plus comme un
« package » englobant toutes les mesures fiscales liées à ces produits : TVA, droits
d’enregistrement mais aussi droits de mutation… etc., et ce, pour l’ensemble des
produits alternatifs et non seulement pour la Mourabaha.
Ce régime fiscal permettra aux professionnels et particuliers de se familiariser avec les
produits issus de la finance islamique et d’effectuer leur choix d’investissement et de
financement en connaissance de cause.
Il serait aussi judicieux de prévoir dans ce régime fiscal la possibilité de déduction de
la marge payable à la banque par le client de sa base imposable à l’impôt sur revenu
IR, dans le cas du financement du logement principal, afin de mettre les produits
alternatifs au même pied d’égalité avec les produits conventionnels en matière de
financement immobilier. Sur le plan tarifaire, les banques sont appelées à mettre à
niveau leur politique prix en baissant notamment les taux de risque appliqués lors du
calcul de leur marge et privilégier d’autres types de garantie comme l’hypothèque ou
Rahn.

I.2. Aspect politique & réglementaire


Une économie émergente comme celle du Maroc a besoin d'une épargne suffisante à
long et moyen terme, l'objectif premier étant d'alimenter, et en permanence, le niveau
d'investissement qui serait nécessaire au maintien d'une croissance économique forte et
stable, ceci étant, nul ne doute que l'investissement et l'épargne sont deux variables
fortement corrélées.
L'épargne au Maroc est en outre constituée, d'importants avoirs liquides et à vue
souvent volatiles. Ainsi, la structure de l'épargne se caractérise par une maturité trop
courte pour financer des investissements à long terme. Si certaines mesures prises
permettent d'améliorer la gestion et la canalisation de l'épargne, cela a certainement un
impact sur son niveau, mais sans majeurs changements dans les comportements de
certains ménages.
Parmi ces déposants figurent des personnes, même fortunées, qui par conviction
religieuse, n'acceptent pas de recevoir des intérêts et rejettent toutes rémunérations;
elles refusent toute mobilisation à échéance, autrement dit, s'interdisent tout placement
à terme générateur d'avoirs additionnels non justifiés.
L’analyse faite précédemment démontre que la finance islamique présente un atout
important pour développer le secteur financier et bancaire par la collecte d’épargne
additionnelle à moyen et long terme auprès d’une nouvelle catégorie d’épargnants,
ainsi que par la création de nouveaux produits et services.
Cependant la finance islamique ne peut atteindre cet objectif que si elle est appuyée
par une réelle volonté politique qui va lui permettre de prendre son envol et d’atteindre
son régime de croisière.
De ce fait, la classe politique marocaine est invitée à se libérer de ses complexes et
dépasser sa phobie “sécuritaire” pour admettre que la finance islamique est une
formidable opportunité d’intégration et un gisement de croissance pour le pays.

79
ESTS

Elle est également appelée à faire vite et à rattraper le retard enregistré en la matière en
commençant par l’autorisation des autres catégories de contrats islamiques et
notamment ceux répondant aux besoins de financement des entreprises et surtout à
lever les barrières à l’entrée des banques purement islamiques car le financement
islamique peut constituer un levier puissant de mobilisation et d'affectation d'une
épargne additionnelle, avec le renforcement du secteur financier, pour but de
développer l'économie réelle.
Ceci dit, l’adoption de la finance islamique par les banques conventionnelles
marocaines leur impose une nouvelle catégorie de risque qui ne rentrent pas dans le
corps de leur métier habituel, en effet des risques nouveaux qu’elles n’ont pas
l’habitude de gérer surgissent, notamment les risques attachés au transfert de propriété
et à la position de revendeur avec tout ce qui s’en suit en terme de garanties et
obligations, chose qui peut induire des conséquences non négligeables. Il serait ainsi
judicieux de prévoir un recours en garantie directe contre le fournisseur sans recours
contre la banque, lorsque cela est juridiquement possible.
Dans le même ordre d’idées, et afin de contourner les obstacles juridiques relatifs à la
non conformité avec les règles prudentielles de couverture de risque, les banques
peuvent développer des partenariats ou alliances avec des banques islamiques
étrangères sous forme de guichets islamiques notamment, pour tirer profits de leur
expérience dans le domaine.
Toujours sur le plan réglementaire, l’introduction des produits islamiques dans le
système bancaire, exige un aménagement au niveau de Bank Al Maghrib. En effet,
l’instrument de la politique monétaire et du crédit, qu’est le taux de réescompte,
n’existe plus pour contrôler ce système. Il reste donc essentiellement à la banque
centrale les trois autres instruments conventionnels que sont le coefficient de réserve,
la persuasion morale et la politique de marché ouvert.
De même, et au cas où la finance islamique se développe suffisamment au Maroc pour
permettre la mise en place de produits d’épargne et de placement (chose que l’on
souhaite vivement et que l’on propose à travers le filtrage islamique qui sera présenté
dans la section III du présent chapitre), il serait nécessaire de développer un marché
secondaire au même titre qu’un marché monétaire interbancaire ,en effet, l’épargnant
soucieux de se conformer aux règles de la Charia, comme tout autre épargnant, est en
général réticent au risque, et a une préférence marquée pour la liquidité , en
conséquence, il désire avoir la possibilité de vendre rapidement, si nécessaire, les titres
qu’il possède. Vu que les titres islamiques sont des titres primaires, car liés à une
entreprise ou une activité particulières, l’existence d’un marché secondaire permettrait
à l’épargnant musulman, de consacrer une plus grande partie de son épargne à du
financement d’investissements à long terme. La présence d’un tel marché permettrait
aussi aux firmes d’y lever des fonds qui s’ajouteraient à ceux qui leur sont offerts par
les banques.
Le marché monétaire interbancaire augmenterait également la liquidité du système.
Dans un système conventionnel, on le sait, les banques ajustent leur position, en
matière de bilan, par le biais du marché monétaire qui leur donne l’occasion de
corriger l’absence de synchronisation entre les paiements et les recettes. Dans un
système islamique, une des activités principales du marché monétaire serait de
canaliser le surplus d’une institution financière vers des projets avec partage du profit

80
ESTS

mis en place par une autre institution financière. Comme les banques islamiques sont
contraintes par la structure des dépôts effectués auprès d’elles, il arrive en effet
qu’elles aient des ressources insuffisantes pour financer un certain type d’opération,
tandis que, simultanément, elles aient un excédent de ressources pour le financement
d’autres opérations. Le marché monétaire permettrait, d’enlever de telles contraintes
de compartimentage. Aspect humain & Marketing
L’enseignement de l’économie islamique au niveau des grandes écoles et universités
doit être encouragé, cela nécessite la confection d’un contenu qui rallie la
connaissance de l’économie à la jurisprudence islamique en matière de commerce.
L’application d’un système bancaire islamique dépend dans une grande mesure de la
détermination de la banque centrale, des banquiers et des hommes d’affaires à
comprendre la nature de ce nouveau système et de ses exigences. Cela nécessite des
stages et des suivis à tous les niveaux. Il est donc impératif d’organiser des stages
théoriques et pratiques, des séminaires, des ateliers et des programmes d’orientation
pour le personnel travaillant dans les différents niveaux de l’échelle organisationnelle.
Ainsi, les banques marocaines ne doivent plus rester renfermées sur elles-mêmes. Elles
doivent se réinventer si elles veulent survivre, privilégier la formation et le
développement humain et faire face à la complexité technique découlant du
développement de nouveaux produits répondant aux exigences religieuses.
Les banques marocaines sont également appelées à faire un grand effort au niveau
communication pour vulgariser le concept et expliquer aux consommateurs le bien-
fondé des produits issus de la finance islamique, en effet, une véritable campagne de
sensibilisation et de vulgarisation sur les concepts d’économie islamique globalisante,
dans une approche «alternative» différente, basée sur la solidarité communautaire, le
partage des risques, de la responsabilité et des revenus doit être menée.
Les banques pourront également bénéficier de leur notoriété, de leur réseau de
distribution régional et international et du savoir faire des ressources disponibles pour
commercialiser des produits alternatifs spécifiques. L’innovation, le marketing,
l’investissement dans les hommes sont donc les voies de salut des banques marocaines
désirant investir dans le domaine de la finance islamique.

I.3. Aspect conceptuel


Face à l’interdiction d’application de pénalités de retard en finance islamique,
plusieurs facteurs offrent une protection contre les créances douteuses.
_ Encourager le financement participatif aux dépens du financement à crédit
_ Accélérer les règlements des différends bancaires et mise en place d’un cadre
juridique qui simplifiera les procédures et écourtera les délais de règlement. Pour cela
des tribunaux spéciaux pour les banques peuvent être créés
_ Renforcer les procédures de contrôle de la banque centrale pour évaluer la
crédibilité du financement le moment de son avènement, la nature des garanties
offertes et leur degré de liquidité
_ La mise à profit des expériences en matière de gestion des risques associés aux fonds
d’investissement et aux créances douteuses dans les autres institutions financières.
_ prévoir une remise en faveur de l’emprunteur à chaque échéance si celui-ci paye à
bonne date, ce qui équivaut à le sanctionner en cas de retard.

81
ESTS

II. La distribution des revenus dans un objectif de justice


sociale :
L’objectif d’assurer une distribution juste et équitable des revenus et des richesses peut
être interprété de différentes manières. Il peut être considéré comme un moyen de
répandre la propriété des moyens de production ou comme un moyen de répartir les
richesses entre le travail (y compris l’entrepreneuriat) et le capital.
La banque islamique a bien évidemment un rôle à jouer dans la structure de propriété
des biens de production. Du fait de la présence répandue d’entreprises communes
induites par les modes de financement de la banque islamique, la propriété passe des
entrepreneurs à d’autres secteurs de l’économie. Il est cependant difficile à établir si ce
transfert se réalise dans des conditions équitables puisque la propriété est
traditionnellement transférée à la banque, donc à ses actionnaires plutôt qu’à sa
clientèle. Le transfert se réalise donc essentiellement au profit des actionnaires,
puisque la détention des banques islamiques est en général très concentrée sur un
nombre réduit d’actionnaires.
Sur la question de la répartition des revenus entre travail et capital, il est clair que
l’hostilité de l’Islam à l’égard de toute forme d’intérêt empêche la constitution de
grandes banques islamiques puisque la génération de profits importants est mal perçue
par la communauté.
Comment dès lors fixer le partage des revenus de la production entre la banque et les
entrepreneurs ? Qui sont les bénéficiaires des ratios de partage des rendements, les
actionnaires ou la clientèle ? Dans ce dernier cas, qui doit être les détenteurs de
comptes d’investissement ?
Si ceux-ci représentent les classes les plus aisées de la société, alors la répartition des
revenus sera inéquitable. Dans le cas contraire, le système financier islamique pourra
permettre une meilleure répartition des richesses.
Si les données manquent, empêchant de ce fait toute formulation de conclusions
tranchées, il paraît néanmoins raisonnable d’avancer que le système bancaire
islamique n’induit pas une distribution plus juste et équitable des richesses.
L’environnement des économies islamiques, la plupart étant des économies en voie de
développement, tend à favoriser les détenteurs de capital (les théories de la croissance
montrent en effet que les revenus du capital sont plus élevés que ceux du travail) qui
constituent en général la clientèle des banques.
De même, les exigences minimales en dépôt pour l’ouverture de comptes
d’investissement à rendements partagés restreignent la détention de ce type de
comptes. Dès lors, la banque islamique et le principe de partage des pertes et profits
n’élargissent pas forcément les capacités de production de richesses des économies en
question, en particulier dans les moins développées qui font face à une pénurie de
compétences nécessaires pour rentabiliser les investissements entrepris. Une réponse
des banques islamiques est leur disposition à fournir des conseils aux entrepreneurs
permettant du coup d’accroître l’efficience totale et la production. Enfin, le fait que la
banque islamique, à travers les contrats dans lesquels elle s’engage, prend des risques
plus élevés qu’une banque conventionnelle implique forcément des rendements du
capital plus élevé.

82
ESTS

III. Le développement économique :

Le troisième objectif des banques islamiques est la promotion du développement


économique qui se mesure par un taux de croissance optimal, permettant entre autres
la stabilité de la valeur monétaire nominale. Mais, dans le cas musulman, les objectifs
économiques ne sauraient être séparés des idéaux religieux. Cela rend plus difficile
l’analyse, toute réalisation économique devant être mise en regard des variables
religieuses définies par la loi islamique. Cette particularité définit l’économie
islamique ou la voie islamique du développement économique.
De plus en plus, la stabilité macroéconomique est considérée comme un pré requis
nécessaire à la croissance économique, et les économistes musulmans se sont penchés
sur cette question en y apportant les spécificités propres aux économies islamiques : un
système fondé sur le partage des pertes et profits plutôt que sur l’intérêt peut-il
marcher et être une garantie de stabilité macroéconomique. La réponse est affirmative,
ce que démontre l’analyse entreprise par M.S. Khan sur l’application du modèle IS-
LM calibré aux spécificités économiques islamiques : les obligations n’existent pas et
les banques sont des intermédiaires purs. La demande de monnaie pour des motifs de
transaction est nulle, les banques ne détiennent pas de réserves et leur richesse nette est
nulle.
Par conséquent, l’argent n’existe que sous forme d’espèces. En dépit de la simplicité
du modèle, il est intéressant de constater qu’un équilibre peut être atteint sans
obligation (à intérêt), et que cet équilibre est robuste face à des chocs monétaires. Dans
ce modèle les banques islamiques émettent des actions de la même manière que les
entreprises non financières qui n’émettent que ces titres.
La réponse des banques islamiques face à un choc réel est assez différente des banques
conventionnelles. Dans une économie conventionnelle, où la valeur nominale des
dépôts est garantie, l’effet de fuite des déposants se caractérise par la divergence entre
la valeur réelle des actifs et des passifs et la possibilité d’une crise bancaire.
Dans l’économie islamique, un choc IS résulte en un ajustement instantané de la valeur
des passifs bancaires, si la valeur nominale des comptes d’investissements n’est plus
garantie. Par conséquent, il n’y a pas de divergence entre la valeur réelle des actifs et
des passifs, ce qui réduit la probabilité de fuite bancaire. Comme on le verra plus bas,
les banques islamiques agissent similairement aux banques mutualistes.

83
ESTS

CONCLUSION

84
ESTS

Aujourd’hui, la finance islamique cherche à s’intégrer dans la mondialisation


financière. Elle est en cours d’évolution vers un modèle financier reconnu à part
entière, mais continue à se heurter à des freins réglementaires dans certaines régions
du monde qui ralentissent son développement.tel que le Maroc dont le projet de loi
s’est tardé depuis une trentaine d’années à cause de plusieurs problèmes et plusieurs
parties opposées.

L’histoire de la finance islamique remonte à la période des khoulafa depuis le jeune


âge de l’islam, mais sa propagation a commencé avec les pays musulmans tel que
l’Egypte et les anciens pays du golf afin de s’installer depuis les années 70 partout
dans le monde et surtout chez les pays développés. L’organisation des banques
islamique peut être considérée similaire à celle des banques conventionnelles,
cependant plusieurs différences peuvent être envisagées tel que la nature des comptes
qui se subdivisent en compte courant et compte d’investissement, ainsi que les modes
de son contrôle dont le rôle du conseil supérieur des oulémas est omniprésent.

La finance islamique est basée sur des principes islamiques inspirés de sources
constituants sa jurisprudence tel que le Coran et la sunnah et le ijmaaa. Parmi ses
principes fondamentaux on parle de la prohibition du ribah, le partage perte-profit, les
règles du haram.

La finance islamique au Maroc a connu plusieurs problèmes pour sa mise en place.


Les premières réflexions remontent aux années 80, mais c’est en 2007 que les choses
ont connu le sérieux avec l’intervention de toutes les parties concernées tel que Bank
Al Maghrib, le gouvernement chargé de la finance, le parlement et le GPBM. Cette
expérience n’a pas fait un grand succès suite à de nombreuses lacunes dont on peut
citer principalement le problème de conformité à la chariaa, le régime fiscal, la
politique de prix, le manque de compétences et la communication. Pour bien cerner
cette problématique l’expérience de Dar Assafae considérée comme la première
banque islamique au Maroc inaugurée en 2010 et faisant partie des filiales du groupe
Attijariwafabank va nous servir à bien visionner les entraves que peut rencontrer la
mise en place de la finance islamique au Maroc.
Mais avant de commencer à traiter cette problématique, il importe de connaitre les
apports et les intérêts de la finance islamique au paysage économique marocain, en vue
de bien pouvoir adapter les réformes introduites aux objectifs souhaités.

La finance islamique, à l'instar de la finance conventionnelle, présente toute une


gamme de contrats financiers. Selon I. KARICH (2002), les produits financiers
islamiques sont regroupés en deux catégories : les financements participatifs et les
financements par dette. Selon M. KORCHI (2005), la gamme des instruments
financiers islamiques se présente sous trois formes : les instruments de dette
(Mourabaha, Istisna, Qard al-Hassan ou prêt gracieux), les instruments de quasi-dette
(Ijara ou contrat de crédit-bail), les instruments de partage des bénéfices et des pertes
(Moucharaka et Moudaraba).

85
ESTS

Compte tenu de l’importance capitale du secteur bancaire et de son rôle central dans
l’économie nationale, il est nécessaire que le projet de nouvelle loi bancaire fasse
l’objet, avant son adoption, d’une évaluation pluridimensionnelle.

La lecture critique du projet de loi bancaire n° 103-12 relatif aux établissements de


crédit et organismes assimilés suscite des préoccupations quant à portée économique et
sociale, Lesquelles ont été analysées et peuvent être regroupées autour des enjeux ci-
après :

- Enjeu de développement et de financement de l’économie :


- Enjeu d’encadrement réglementaire et de cohésion du cadre juridique et
institutionnel ;
- Gestion des risques, règles de supervision bancaire et exigences de
transparence ;
- Concurrence dans le secteur bancaire et articulation entre le rôle de Bank Al-
Maghrib et celui du conseil de la concurrence ;
- Protection des consommateurs ;
- Enjeu de l’inclusion financière ;
- Gouvernance des banques.
 Le projet de réforme de loi a porté principalement sur le sujet de l’introduction et
la réglementation des banques participatives au Maroc ainsi que sur d’autres
réformes. L’instauration d’un cadre législatif introduisant les banques
participatives et la mise en place de nouveaux fondements bancaires reposant sur
les principes de partage des gains et des pertes, en faisant appel exclusivement au
Conseil Supérieur des Oulémas pour donner ses avis de conformité.
les autres réformes sont principalement :

- L’introduction de nouvelles dispositions relatives aux associations de micro-


crédit et banques offshore

- L’élargissement du champ d’application de la loi aux établissements de


paiement spécialisés et aux conglomérats financiers

- L’instauration d’un cadre de surveillance macro prudentielle et de gestion des


crises systémiques
- L’harmonisation de loi bancaire avec d’autres textes législatifs par sa mise en
adéquation avec la loi sur la protection du consommateur, celles sur la lutte
contre le blanchiment et sur la concurrence, et celle relative à la protection des
données privées ;

- L’application des règles de la concurrence par la mise en place de passerelles


entre Bank Al Maghrib et l’Autorité de la Concurrence

86
ESTS

La lenteur du Maroc au sujet de la finance islamique est due à plusieurs facteurs qu’on
peut diviser en institutions monétaires et ayant relation à ce sujet tel que BAM,
GPBM, gouvernement, conseil supérieur des oulémas, parties politiques et parlements.
La deuxième catégorie de raisons empêchant l’entrée de la finance islamique s’articule
sur l’environnement général dans lequel la finance islamique va mettre les pieds.

Le développement économique reste la préoccupation principale de toutes les


communautés. La finance islamique basée sur la chariaa et ayant comme objectif
prioritaire de financer l’économie, contribue à assurer le développement économique
d’un pays. C’est ce que notre étude comparative qui va porter sir des pays de
différentes régions et à économies profondément variées ce qui va nous permettre de
visualiser le véritable impact de la finance islamique sur le développement des pays
sur les différents niveaux.

87
ESTS

BIBLIOGRAPHIE

88
ESTS

 Rapports de recherche

 Livres

o François Guéranger: finance-islamique-dunod


o François Guéranger (2009) : Finance islamique, Une illustration de la
finance éthique, Dunod Paris
o Mohamed Najib Belkacem : les banques islamiques au Maroc

o Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental, Projet de loi


n°103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés,
Saisine n°08/2014
o BCP-la-finance-islamique
o Bulletin officiel N6326- Rabii I 1436 (15-1-2015)
o Finance islamique et Finance conventionnelle Concurrence ou
Complémentarité en temps de Crise
o La Finance Islamique une alternative éthique étude du cas marocain
o La finance islamique une alternative traditionnelle l’exemple des
instruments de financement islamique
o Finance-islamique-quels-enjeux-dans-un-contexte-de-crise
o Le rôle de la banque islamique dans le financement des PME
o Les banques islamiques, concept, évolution et principales limites
o Les Cahiers de la Finance Islamique N° Spécial 2013

 Sites Web

o https://ribh.files.wordpress.com
o www.islamic-banking.com

89
ESTS

GLOSSAIRE

90
ESTS

Assalam : vente dans laquelle la livraison du bien est retardée jusqu’à une date
déterminée.

Charia : loi coranique musulmane régissant la vie religieuse, politique, sociale et


individuelle. Règles qui régissent les contrats de manière conforme aux exigences du
droit musulman, inspirée par le Coran et les traditions du prophète Mohamed.

Fatwa : avis juridique donné par une autorité religieuse spécialiste de la charia à
propos d’un cas douteux ou d’une question nouvelle ; décision ou décret qui en résulte.
Dans les opérations de financement islamiques, la fatwa est émise par le Comité de la
charia.

Fiqh : jurisprudence ; le corps des juristes dans la loi islamique.

Fuqaha : exégèses, savants et érudits de l’islam.

Gharar: littéralement tromperie, incertitude, hasard, risqué. En finance islamique ce


terme vise la spéculation, le fait de s’exposer à un risque excessif compte tenu de
l’incertitude sur le prix, la qualité ou la quantité de l’objet du contrat (vente à
découvert, spéculation, produits dérivés…).

Hadith: paroles et actes du prophète Mohamed.

Halal: licite, legal.

Haram: prohibé, illicit, interdit.

Ijara: contrat financier islamique similaire à la location-vente (crédit bail).

Istisnaa: contrat financier islamique qui fournit la main d’oeuvre et l’achat d’un objet
spécifique (contrat de sous-traitance).

Maysir: jeu de hasard interdit en Islam.

Mouhdharaba : forme d’association dans laquelle une des deux parties prenantes
fournit le capital et l’autre le travail.

Moudharib : associé-entrepreneur dans un contrat de moudharaba qui fournit le


travail et s’occupe de la gestion des fonds que l’autre associé lui a confié.

Mourabaha : contrat financier islamique selon les termes duquel le créancier achète
un actif pour le compte du débiteur et le lui revend avec une marge.

Moucharaka : contrat entre plusieurs associés qui contribuent ensemble tant au


capital qu’à la gestion.

91
ESTS

Moussawama : négociation ou marchandage visant à fixer un prix ou une marge en


commun.

Qard al-hassan : prêt sans intérêt.

Rab el-mal : associé-investisseur dans le contrat de moudharaba qui apporte le capital.

Riba: intérêt, usure.

Shariah boards: comités consultatifs composes de specialists en loi islamique


(shariah scholars) qui se prononcent sur la conformité à la charia des produits
financiers proposés.

Sharia compliant: conforme à la loi coranique.

Sounna: exemple normatif du Prophète, une des quatre sources du fiqh.

Sukuk : obligation « islamique », similaire à une obligation adossée à un actif.

Takaful : assurance islamique ; celle-ci prend la forme d’une assurance coopérative


avec mise en commun des fonds, selon le principe de l’assurance mutuelle.

Zakat : un des cinq piliers de l’Islam, qui correspond à un impôt sur la richesse,
principalement au bénéfice du pauvre et du nécessiteux.

92
ESTS

ANNEXES
Annexe 1 : fiche de recueil et d’organisation des données

Annexe 2 : Géographie de la finance islamique


Annexe 3 : Liste des tableaux et des schémas :

93
ESTS

Annexe 1 : fiche de recueil et d’organisation des données

Document PLAN
Première partie
Titre Détails Partie Chapitre Section Sous-section
La finance islamique Chapitre 1 1 1 1 I
une Alternative (1)
traditionnelle
Le rôle de la banque Première partie 1 1 1 II
islamique dans le Chapitre 2
financement des PME
Les banques islamiques Première partie 1 1 1 III
concept, évolution et (1)
principales limites
La finance islamique Deuxième partie 1 1 2 I
une alternative à la Chapitre 1
finance conventionnelle
au Maroc
Finance islamique2 Partie 2 1 1 2 II
III

La banque islamique et Première partie 1 2 1 I


la problématique Chapitre 1
convergence des Section 3
normes comptables Sous-section : 1
islamiques
Les banques islamiques 1 2 1 II
au Maroc « Outil
pratique du banquier et
de l’investisseur »
Bulletin Officiel 1 2 1 III

Bulletin officiel 1 2 2 I
II
III
Deuxième partie
Titre Détails Partie Chapitre Section Sous-section
Les Cahiers de la 2 1 1 I
Finance Islamique II
III
Finance islamique et Partie2 Chapitre 2 : La 2 1 2 I
finance conventionnelle finance islamique - II
Contraintes et défis III

94
ESTS

IV

BCP la finance islamique


La finance islamique dans 2 2 1 I
d’autres pays II
Les banques islamiques 4ème partie : analyse 2 2 1 III
concept, évolution et d’exemples
principales limites
Les banques islamiques 1ère partie 2 2 2 I
concept, évolution et (4) « b »
principales limites
Les banques islamiques 1ère partie 2 2 2 II
concept, évolution et (4) « c »
principales limites
Développement durable 2 2 2 III

Annexe 2 : Géographie de la finance islamique

95
ESTS

Annexe 3 : Liste des tableaux et des schémas :

nature intitulé Page


Graphique 1 Graphique 1 : Part des banques purement
islamiques dans les systèmes bancaires des pays
du Golfe et d’Asie (données 2006 et 2007 –
BankScope)

Graphique 2 Graphique 2 : Le nombre d’institutions financières


purement islamiques et conventionnelles dans les
pays du Golfe et d’Asie (données 2006 et 2007 –
BankScope)
Tableau 1 quelques projets d’infrastructure, d’énergie et de
développement qui ont été financés par des
instruments de financement islamique
Tableau 2 North African IDB Contributions

Tableau 3 IDB Funding for North African Member States,


1976-2009

Tableau 4 Comparaison entre banques conventionnelles


et banques participative

Tableau 5 Structure et principales dispositions du projet de


loi

Tableau 6 forces, faiblesses, opportunités et menaces au


projet de loi bancaire

96
ESTS

TABLE DES
MATIERES

97
ESTS

Remerciements

Sommaire

Introduction Générale…………………………………………………………………6

Première partie : la finance islamique, Les innovations et apports

De la nouvelle loi bancaire……….……………………………………………….11

1. Chapitre 1 : Insuffisance des produits bancaires islamiques avant la réforme de la


loi bancaire. ……………………………………………………………………………11

Section 1. Etat des lieux de la finance islamique au Maroc avant la réforme…………………12

I. Les premières traces de la finance islamique ainsi que


son développement. ……………………………………………………………........13
1. Les origines de la finance islamique………………………………………….......13
2. Le développement de la finance islamique des années 1970 à nos jours ………………...14
II. L’organisation de la banque islamique…………….…………….…………………16
1. Le fonctionnement de la banque islamique ………………………………………16
2. Le contrôle de la banque islamique…………………………………………....... 17
III. Sources, nature et principes de la finance islamique…………….…….……………18
1. Nature et source de la jurisprudence islamique……………………………………18
2. principes de la finance islamique…………………………………………............21

Section 2. Limites et insuffisances des produits bancaires offerts et besoins de réforme……25

I. apports et intérêt de l’introduction de la finance islamique au Maroc …………..25


II. limites et bilan de l’expérience de 2007…………….…………….………………27
1. Conformité à la « Chariâ » …………….…………….…………………………….27
2. Régime fiscal…………….…………….………………………….………………27
3. Politique des prix …………….…………….………………………….………….28
4. Manque de compétences…………….…………….……………………………….28
5. Communication…………….…………….………………………….……………28
III. expérience et limites de la première banque islamique Marocaine « DAR ASSAFAE »
………………………………………………………………………………………29
1. Présentation…………….…………….………………………….…………….…………………..29
2. Produits…………….…………….………………………….…………….……………………….29
3. Hissab assfaa…………….…………….………………………….……………………………….29

Chapitre II. La banque participative et son projet de loi dans le cadre de la réforme de la loi
bancaire ………………………...………………………...…………………………………30

Section1. Les banques participatives………………………...………………………..........31

98
ESTS

I. Les instruments de financements………………………...…………………………...31


1. Mourabaha ……………………...………………………...………………………31
2. Moucharaka……………………...………………………...………………………32
3. Moudaraba……………………...………………………...…………………..........33
4. L’Ijara……………………...………………………...……………………………33
5. L’istisna……………………...………………………...…………………………..34
II. Les autres modes de financements………………………...…………………………34
1. Les sukuks………………...………………………...……………………………...34
2. Takaful et Re-Takaful ………………...………………………...…………………..35
III. Comparaison entre banques conventionnelles et
banques participatives………………………...………………………...…………….36

Section 2. Analyse du projet de loi sur les banques participatives et des autres réformes de la loi
bancaire………………………...………………………...…………………………………...37

I. Structure et principales dispositions du projet de loi ……………………….....................38


II. Analyse du projet de loi des banques participatives au Maroc …………………………41
1. Analyse du projet de loi et préoccupations associées ……...……………………………41
2. Recommandations du CESE ……...………………………...……………………….55
III. Les autres réformes de la nouvelle loi………………………...………………………….59

Deuxième Lespartie :enjeux de la réforme de la loi


bancaire.…………………….................................................................................................62

Chapitre 1 : Les milieux opposés à l’introduction des banques participatives………………63

Section1 : Les organismes concernés par les activités des banques

participatives………………………...………………………...……………………….......63

I. Les raisons de la réticence …………………...………………………...……………63


II. Changement du paysage politique …………………………………………………..64
III. Bank Al Maghrib………………………...………………………...………………..65
IV. Conseil Supérieur des Oulémas………………………...……………………….........66
V. La commercialisation des produits alternatifs………………………………………66

Section2 : Les difficultés de la finance islamique………………………...……………….67

I. Problèmes tarifaires………………………...………………………...……………68
II. Problème fiscal………………………...………………………...………………...68
III. Problème de commercialisation………………………...…………………….........69
IV. Problème politique…………………………………………………………………70

Chapitre 2 : Impact de l’introduction de la finance islamique et des autres réformes du projet


de loi sur le développement économique au Maroc………………………...……………..70

99
ESTS

Section1 : Etude comparative sur l’introduction de la finance islamique dans différents pays
et ces retombées ………………………...……………………….....................................71

I. En Tunisie, le contrôle de l’Etat domine………………………...……………………71


II. Le Japon envisage de se lancer dans la finance islamique……………………............72
1 Les premiers sukuks ………………………...………………………….………72
2 Les placements ne doivent ni être liés à des activités prohibées par l'islam …………….73
3 Diversifier les sources de financement ………………………...…………………73
4 Le leader en la matière: la Malaisie ………………………...……………………73

III. Bahreïn : l’autre pôle naissant de la banque islamique, en compétition


Âpre avec la Malaisie………………………...………………………...……………..74
1. Historique ………………………...………………………...…………………74
2. Situation économique actuelle ………………………...………………………...74
3. Système bancaire………………………...………………………...…………..74
4. La place de Bahreïn dans la finance islamique ………………………...…………76

Section2 : analyse de l’impact économique et social de l’introduction de la finance islamique au


Maroc ………………………...………………………...…………………………………….77

I. Quelques mesures d’accompagnement pour l’essor de la finance islamique au


Maroc………………………...……………………….................................................74
1. Aspect fiscal et tarifaire………………...………………………………………..77
2. Aspect politique & réglementaire………………...………………………………..79
3. Aspect conceptuel………………...………………………………...…………….81
II. La distribution des revenus dans un objectif de justice sociale………………………78
III. Développement économique………………………...………………………………82

CONCLUSION GENERALE ………………………...………………………...…………84

BIBLIOGRAPHIE………………………...………………………...………………………88

GLOSSAIRE………………………………………………………………………………...90

ANNEXES …………………………………………………………………………..............93

TABLE DES MATIERES…………………………………………………………………..97

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