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économie et fournit des explications des instruments théoriques utilisés à cet effet et leurs
relations au concept du taux de change comme instrument de rééquilibrage externe.
L'un des faits et des traits stylisés marquants de l’économie mondiale durant la dernière
décennie a sans doute été l’extraordinaire montée en puissance du processus de
globalisation financière internationale qui s’est traduit par une dynamique de
décloisonnement des marchés. Si dans le passé, la fonction du système financier
international était d’assurer le financement du commerce mondial et des balances des
paiements, la progression explosive actuelle des flux financiers est devenue sans commune
mesure avec les besoins de l’économie mondiale.
Les deux premières impulsions à cette nouvelle configuration de la finance internationale où
les facteurs financiers ont acquis une véritable autonomie ont été d’abord les mouvements
de recyclage des capitaux pétroliers ayant lieu simultanément avec l’éclatement du régime
de Bretton-Woods et le passage aux changes flottants marqué par l’instabilité et la volatilité
accrue des cours de change. La vague actuelle des mouvements de capitaux
(investissements directs étrangers (IDE), investissements de portefeuille, …………) est allée
de pair avec la progression enregistrée par les marchés de change.
Ainsi, la globalisation financière internationale est étroitement liée d’abord à la libéralisation
des systèmes financiers nationaux et à la prévalence de la finance de marché qui s’en est
suivie. Sa genèse et ses fondements renvoient inéluctablement aux métamorphoses de la
finance internationale qui s’est globalisée, en ce sens qu’elle est devenue un marché unifié à
l’échelle planétaire
CHAPITRE 1 : LES TAUX DE CHANGE ET LA GLOBALISATION FINANCIÈRE :
CONCEPTS CLÉS ET RAPPEL DU CADRE FORMEL
Section 1: Globalisation financière internationale et mesures des degrés d'intégration
L’intégration financière par les mouvements de capitaux privés
Cette vague de surinvestissement des excédents courants des pays pétroliers s’est
renforcée avec l’avènement du deuxième choc pétrolier de 1979 qui a amplifié les déficits
courants des pays industrialisés mais aussi ceux des pays en développement dont la charge
de la dette a augmenté en partie, en raison, de la politique de renchérissement des taux
d’intérêt, initiée par les Etats unis. Aussi, avons nous assisté, et ce fût une première
mondiale, à la répudiation en 1982 de la dette par le Mexique, comme prélude à la crise
généralisée d’endettement des économies en développement. Une réorientation des flux
financiers s’en est alors suivie ainsi qu’une modification de leur nature. Les années qui
suivent ont, en effet, été dominées exclusivement par des transferts d’excédents courants du
japon et de l’Allemagne pour combler les déficits jumeaux (twin deficits), budgétaire et de
balance des paiements aux Etats Unis. Un développement massif de titres négociables émis
par les pays industrialisés s’est largement substitué aux crédits bancaires consortiaux
accordés précédemment aux pays en développement.
Dans le même temps, les vecteurs de la globalisation financière recouvrent la règle des
«3 D» (Décloisonnement, Déréglementation et Désintermédiation).
A cette intégration financière directe s’ajoute l’intégration indirecte par les euro-marchés ou
marchés d’euro-devises i.e des devises placées en dehors de leurs pays d’émission. En
particulier, l’élan donné au marché de l’euro-dollar dans les années 70 repose sur deux
séries de mesures : (i) la réglementation « Q » en 1958 plafonnant la rémunération des
comptes à termes aux Etats-Unis, d’où le recours des investisseurs à des marchés où les
rémunérations sont plus attractives à l’étranger, et (ii) la taxe d’égalisation des taux d’intérêts
(Interest Equalization Tax) de 1963 qui établissait une retenue à la source sur les intérêts des
capitaux prêtés par les résidents américains à l’étranger.
Cette dernière implique de passer, soit au sein d’un même espace monétaire, d’un type
d’actif domestique à un autre, soit de faire jouer sur le plan international la substitution des
«habitats préférés» i.e de passer d’une devise à une autre. Plusieurs cas sont possibles: (i)
la délocalisation de la monnaie domestique, ce qui suppose l’absence de contrôle de change
et de restrictions à la libre circulation des mouvements de capitaux (articles 8 & 14 des
statuts du FMI) (ii) l’ouverture de comptes en devises étrangères pour des résidents (iii) les
placements sur des actifs libellés en monnaies étrangères (e.g les tésobonos mexicains ou
bons de trésor indexés sur le dollar) (iv)la substitution de monnaies (dollarisation) (v) la
souscriptions à des obligations étrangères et (vi) la création de certains produits financiers
spécifiques, tels les SICAV à compartimentage, permettant de changer de monnaie de
support selon les circonstances. En outre, la substituabilité des actifs permet l’élargissement
des choix d’investissement et l’optimisation des ré-allocations de portefeuilles. L’intégration
financière est d’autant plus forte que la substituabilité des actifs est parfaite i.e le choix
d’actifs équivalents se traduirait par une égalité de rendement net (le rendement corrigé par
les variations de change et les primes de risques ).
la volatilité conditionnelle
La balance des paiements d'une économie est définie comme étant un état statistique dont
l'objet est de retracer sous une forme comptable l'ensemble des flux réels, monétaires et
financiers entre les résidents d'un pays et ses non-résidents au cours d'une période
déterminée. La balance des paiements, toujours équilibrée, se compose de différentes
balances intermédiaires qui peuvent, quant à elles, faire apparaître des soldes positifs ou
négatifs (cf. Ben Marzouka.T et M. Safra pour des détails de présentation synthétique de
la balance des paiements et de la position extérieure). La structure de la balance des
paiements globale et donc de ses différents soldes se présente en détail comme suit :
Balance commerciale (exportations et importations de biens)
Balance commerciale + Balance des services (exportations et importations de
services)= Balance des opérations de Biens et Services
Balance des Biens et Services + Balance des Revenus + Transferts
unilatéraux = Balance des Opérations ou Transactions Courantes
Balance des Opérations Courantes + Balance des Capitaux de Long Terme
(Investissements Directs Etrangers, Investissements de Portefeuille, Crédits
bancaires à court terme, Prêts à plus d'un an)= Balance de Base
Balance de Base + Balance des capitaux de Court Terme (flux de capitaux à
court terme du secteur privé non bancaire tels que les crédits commerciaux à moins
d'un an)= Balance des flux non monétaires ou Balance Globale
Balance Globale + Flux monétaires du secteur bancaire hors Banque Centrale
= Balance des Règlements Officiels
Le solde de la Balance des Règlements Officiels est compensé ou ajusté par
une modification des avoirs monétaires officiels ou variation des réserves de change
par la Banque Centrale, afin d'obtenir une balance des paiements équilibrée.
Dans une approche macroéconomique en économie ouverte, on adopte cependant une
présentation simplifiée dans laquelle les opérations avec l'extérieur peuvent être
synthétisées à partir des balances (et soldes correspondants) suivantes :
La balance des opérations (ou des transactions) courantes, communément
appelée balance courante. On parle alors d'excédent courant (solde positif) ou de
déficit courant (solde négatif). Cette balance englobe les exportations et les
importations de biens, de "services non-facteurs" et de "services facteurs" liés aux
revenus du capital à titre des intérêts dûs ou payés tels les services des dettes
publiques et privées (intérieures vis à vis de l'étranger ou extérieures vis à vis de
l'économie nationale).
La balance des capitaux englobant les mouvements de capitaux de long et
court terme de manière non différenciée. En effet, en matière d'endettement, la
différence entre les taux d'intérêt long et court réside uniquement dans la "prime de
risque", et il est alors concevable d'appréhender chaque espace économique,
domestique ou étranger, par un taux d'intérêt national représentatif et l'interaction
entre les deux espaces s'analyse alors en termes de différentiel ou écart d'intérêt
domestique et étranger, en fonction duquel sont évalués les mouvements de capitaux
à l'échelle internationale.
La balance globale, étant l'agrégation des balances courantes et de capitaux,
son solde définit alors la variation de la position monétaire d'une économie vis à vis
de l'extérieur. A l'échelle de l'économie domestique, un déficit global correspond alors
à une sortie de monnaie nationale, et un excédent à une entrée de monnaie
étrangère. Dans les modèles simples en économie ouverte, on admet généralement
que les agents privés ne détiennent pas des devises étrangères, dans ces conditions
le solde de la balance globale peut être identifié à celui de la balance des règlements
officiels.
En plus de la balance des paiements, les relations externes sont aussi retracées par la
« position extérieure » qui est constituée de quatre rubriques :
- Les « investissements directs » qui comprennent essentiellement les capitaux propres
(capital social et bénéfices réinvestis).
- Les « investissements de portefeuille » qui comprennent les titres de participation et les
titres de créances
- Les « autres investissements » s’agissant des crédits commerciaux, prêts, placements
et autres investissements
- Les avoirs de réserve (bruts) qui comprennent l’or, les avoirs en droits de tirage
spéciaux (DTS), la position de réserve au FMI, les devises et les autres créances.
Objectif du chapitre
Ce chapitre est consacré aux théories et modèles explicatifs des comportements de change.
En régime keynésien, la flexibilité des taux et du régime de change assure l’efficacité de la
politique monétaire par rapport à la politique budgétaire. Cette première approche est par la
suite complétée par la théorie monétaire de détermination des taux de change, d’abord en
termes de prix flexibles avec l’approche monétaire de la balance des paiements puis à prix
fixes pour déduire l’approche du surajustement. Une dernière section ananlyse les théories
de change d’équilibre comme réponse à l’échec des théories traditionelles permettant entre
autres effets de valider certaines tentatives de réhabilitation de la PPA à long terme
Introduction
Ce chapitre est consacré aux théories et modèles explicatifs des comportements de change.
En régime keynésien, la flexibilité des taux et du régime de change assure l’efficacité de la
politique monétaire par rapport à la politique budgétaire. Cette première approche est par la
suite complétée par la théorie monétaire de détermination des taux de change, d’abord en
termes de prix flexibles avec l’approche monétaire de la balance des paiements puis à prix
fixes pour déduire l’approche du surajustement. Une dernière section ananlyse les théories
de change d’équilibre comme réponse à l’échec des théories traditionelles permettant entre
autres effets de valider certaines tentatives de réhabilitation de la PPA à long terme.
Cette section est consacrée à la macroéconomie ouverte dans un cadre keynésien. Elle
permet de formaliser les schémas de desserrement de la contrainte externe en se plaçant
au niveau de la balance globale. En effet, selon la mécanique d’ajustement sous-jacente,
les mouvements de capitaux permettent de compenser le solde de la balance courante,
ce qui permet de rendre compatible l’équilibre externe et le plein emploi. Cela dépend de
l’efficacité des politiques économiques adoptées. Pour ce faire, Mundell et Fleming
étudient l’efficacité des politiques monétaire et budgétaire en régimes de changes
alternatifs, fixes ou flexibles, en fonction de la mobilité des capitaux à l’échelle
internationale. Le modèle développé est une extension de l’approche IS-LM en économie
ouverte. Il tente de répondre à la question suivante : Quelle politique économique en
économie ouverte peut garantir un niveau d’activité de plein emploi compatible avec
l’équilibre externe ?
Le modèle à prix fixes se compose en plus des équations (IS) et (LM), de l’identité de la
balance des paiements en économie ouverte ou contrainte externe notée (CE) :
Sachant que :
(t=taux d’imposition)
(IS)
avec
On remarque qu’en plus des effets classiques des éléments de la demande effective étudiés
en économie fermée, s’ajoute l’effet taux de change sur la courbe IS.
La spécification de la courbe (LM) en économie ouverte repose sur la déterminantion du taux
d’intérêt. Pour cela deux situations macroéconomique doivent être distinguées :
- Mobilité parfaite des capitaux à l’échelle internationale.
- Mobilité imparfaite des capitaux à l’échelle internationale.
Dans ce contexte, le rapport entre mobilité des capitaux et substituabilité des actifs
devient fondamental. Les actifs domestique et étranger sont des substituts parfaits
lorsqu’ils sont évalués de façon indifférenciée sur la base de leur rendement anticipé
relatif, c’est à dire sur la base de leur taux d’intérêt respectifs. A l’équilibre du marché de
change, l’hypothèse de substituabilité parfaite rend compte de la condition de parité
ouverte (ou non ouverte) des taux d’intérêt:
Cette relation stipule que les actifs étrangers sont plus risqués que les actifs domestiques
dés lors que leur rendement effectif est influencé par les variations de changes. Pour rendre
les investisseurs indifférents entre les actifs domestique et étranger (ou neutres au risque de
change), les actifs étrangers doivent incorporer en plus une prime de risque(PR), ce qui
permet de déduire la condition de parité couverte (ou non ouverte) des taux d’intéret :
La mobilité parfaite des capitaux est une condition nécessaire à la substituabilité parfaite des
actifs financiers, les deux concepts sont en fait synonymes. Le tableau suivant retrace les
différents cas possibles de rapport entre les deux hypothèses de mobilité des capitaux et de
substituabilité d'actifs :
où:
r : rendement nominal des actifs domestiques
Dans les approches précédentes, la détermination du taux de change est définie par les
conditions d'équilibre de la balance courante. Les relations entre variations de revenu et
importations sont déduites à partir du concept de l'absorption. La balance des paiements est
analysée en situation de sous-emploi keynesien dans laquelle le rééquilibrage externe des
échanges internationaux détermine la valeur du taux de change qui permet aussi, par suite
d'une modification de la parité, de résorber les excédents et les déficits courants.
En recentrant l'analyse sur les opérations et la balance des capitaux, l'approche monétaire
de la balance des paiements porte, au contraire, l'argument sur les variations des encaisses
réelles qui conduisent à des réallocations de portefeuilles d'actifs. Le taux de change est
alors déterminé par l'effet induit des variations de la masse monétaire. Cette approche fût
élargie à la théorie des choix de portefeuille en intégrant la parité des taux d'intérêt (PTI) qui
considère le taux de change d'équilibre en tant que prix relatif d'actifs financiers.
Dans l’approche monétaire des taux de change, les actifs financiers sont supposés des
substituts parfaits. Cette hypothèse restrictive est levée dans les modèles de choix de
portefeuille où l’on considère, au contraire, que le taux de change est l’instrument d’arbitrage
entre les actifs monétaires et financiers transitant sur les marchés des changes. Il s’agit alors
d’analyser la répartition optimale des portefeuilles en fonction des rendements et des risques
relatifs aux placements, suivant en cela la théorie traditionnelle des choix de portefeuille
initiée dans les années 1950 par Tobin et Markowitz.
et
: La part d’encaisses liquides que les résidents domestiques désirent détenir sous forme
de monnaie domestique. Si =1, il y a absence de substitution de monnaies.
La transposition logarithmique de cette fonction aboutit à l’écriture suivante :
avec:
En posant
Sachant que la parité des taux d’intérêt (PTI) fournit la condition d’équilibre sur le marché
des actifs :
Plus se rapproche de (1), plus la préférence pour la monnaie domestique
augmente (et vis versa) et plus le revenu augmente, ce qui induit une baisse (ou
appréciation) du taux de change nominal (e).
Le modèle FEER
Le modèle NATREX
Un modèle de forme réduite
Teîletche (2001) Modèle BEER ( taux d’intérêt réels, Dollar ; juin 2000 15%
productivité globale des facteurs,
dépenses gouvernementales)
Objectif du chapitre
Les risques récurrents de l’intégration financière internationale sont souvent traduits en
termes de crises de changes dont l’origine peut être attribuée soit à des facteurs
économiques ou fondamentaux ou encore à des phénomènes purement spéculatifs. Dans ce
cadre, les taux de change subissent des attaques spéculatives défensives ou offensives qui
induisent des vulnérabilités et des fragilisations financières intrinsèques.
Introduction
L'intégration des économies émergentes dans les marchés financiers internationaux,
impulsée par la dynamique de libéralisation des flux de capitaux, l'assouplissement des
dispositifs de contrôle des changes et l'instauration de la convertibilité des monnaies, a
révélé des contextes de déstabilisation macro-économique d'un type nouveau qui ont été
sources de fragilités accrues de ces économies. Les turbulences financières et les crises de
change récentes depuis le mois de juillet 1997 au sud-est asiatique (Thaïlande, Malaisie,
Indonésie......), tout comme l'expérience passée au cône-sud d'amérique latine depuis les
crises du peso mexicain (1994), du real brésilien (1998), du peso argentin (2001 et 2002)
tout comme la crise du rouble russe (1999) et de la livre turque (2001), conduisent à
considérer que la nouvelle donne constituée par une finance internationale déréglementée et
par des régimes de change inadaptés traduit des risques récurrents qui ne sont plus
seulement d'origine fondamentale mais aussi spéculative. Ces turbulences financières ont
reposé la question des risques et des contraintes ou encore du potentiel déstabilisant que
peuvent induire les mouvements de capitaux sur le plan macro-économique. Le rappel des
faits stylisés de la globalisation financière a en effet amené à un constat liminaire s‘agissant
de l‘attractivité des marchés de capitaux émergents dans la dynamique globale des marchés
financiers internationaux. La part croissante des investissements de portefeuille en
participations dans le financement externe privé des économies en développement répond à
la fois aux nouvelles stratégies des investisseurs institutionnels mais aussi aux facteurs
macro-économiques sous-jacents (taux de change, taux d’intéret, taux de croissance,
inflation, réserves, soldes courants) i.e. aux performances enregistrées .
Une première catégorie de modèles (dîts modèles de la première génération) considère les
crises financières et de change comme étant rationnelles traduisant un comportement
optimal des intervenants privés cherchant à se prémunir contre le risque de perte en capital
sur la détention de monnaie domestique en cas de dépréciation ou de dévaluation de celle-
ci.
La ruine de réputation des banquiers centraux peut être liée à des facteurs objectifs (e.g
amenuisement des réserves de changes) qui conduisent à une spéculation défensive des
agents privés. Cette spéculation qualifiée de rationnelle exerce un effet stabilisant sur le
marché des changes et produit généralement des crises de balance des paiements (ou de
dévaluations) . Dans cette approche classique, on suppose en effet que les spéculateurs
stabilisent les prix dés lors que <<...si un aléa fait baisser le prix d'équilibre, la spéculation
rationnelle achète pour profiter du retour du prix à la normale, ce qui réduit l'effet de l'aléa sur
le cours...>> (ARTUS.P,1996).
En particulier KRUGMAN.P [1979] montre qu'en régime de changes fixes, une politique
monétaire expansionniste conduit à un amenuisement progressif des réserves de change
lorsque la création domestique de crédit est excédentaire par rapport à la croissance de la
demande de monnaie (Incohérence temporelle). Cet handicap de compétitivité conduit à une
perte rationnelle de crédibilité du taux de change de référence, et une attaque spéculative
contre la monnaie force la Banque Centrale soit à abandonner le régime de change fixe
-"Problème de Peso" (cf. KRASKER.W [1980])- et l'adoption d'un régime de change
flexible (Post collapse regime), soit à dévaluer la monnaie. L'attaque spéculative s'opère
cependant avant que la Banque Centrale n'ait épuisé totalement le stock de réserves de
change (attaque spéculative précoce). En d'autres termes, l'anticipation de dépréciation de la
parité pour stabiliser le niveau de réserves et restaurer la compétitivité incite les détenteurs
étrangers de la monnaie nationale à réaliser une attaque spéculative précoce afin de se
prémunir contre les pertes de change futures, en cédant leurs avoirs dans la monnaie
domestique. L'accentuation de l'épuisement des réserves force alors la Banque Centrale à
un changement de régime de change.
On considère une "petite économie" ouverte où les agents consomment un seul bien
échangeable dont l'offre domestique exogène est fixée à ( ), et le prix en termes de
monnaie étrangère est normalisé à l'unité. Le prix en terme de monnaie domestique est donc
égal au taux de change nominal d'après la PPA. Les investisseurs détiennent trois formes
d'actifs monétaire et financiers - la monnaie domestique (détenue uniquement par les
résidents), des obligations domestiques et étrangères qui sont des substituts parfaits. La
mobilité des capitaux à l'échelle internationale est aussi parfaite. L'offre de monnaie est
égale à la somme de la création domestique de crédit par la Banque Centrale (absences de
banques de second rang), dont le taux de croissance est supposé constant, et de la valeur
en monnaie domestique des réserves de changes.
(2)
(3)
(4)
(5)
Dans cette présentation Log-linéarisée, sauf pour les taux d'intérêt, ( ) définit le stock
nominal de monnaie, ( ) définit le niveau général des prix domestiques, ( ) les
encaisses réelles, ( ) le niveau des prix étrangers, ( ) le crédit domestique, ( ) le
stock des réserves de change en termes de monnaie domestique, ( ) le taux de change
L'équation (1) définit la condition d'équilibre sur le marché de la monnaie, de sorte que la
demande d'encaisses est une fonction positive du revenu et négative du taux d'intérêt. L'équ
(2) est une approximation Log-linéaire de l'identité présentant la décomposition du stock de
monnaie (ou base monétaire) entre le crédit domestique (en proportion ) et les réserves de
change (en proportion (1- )). L'équ (3) écrit le taux de croissance ( ) constant ( ) du
crédit domestique, les équations (4) et (5) définissent, respectivement, la PPA et la parité
ouverte des taux d'intérêt.
Cette équation permet de comparer les propriétés opérationnelles des régimes de change
alternatifs, fixe ou flexible. En régime de change fixe au niveau ( ), l'anticipation de
et donc ( ) sera constante et égale à ( ). La Banque Centrale doit alors équilibrer tout
accroissement du crédit domestique par une baisse équivalente des réserves. Les autorités
accommodent donc la variation de la demande de monnaie par des opérations de
stérilisation des réserves. Sachant que ( et ), on aura:
(7)
(8)
avec
En d'autres termes, une offre de crédit domestique excédentaire par rapport à la demande
de monnaie fixe ( ) conduit à la baisse des réserves d'un taux proportionnel au taux
d'expansion du crédit. Il s'ensuit un amenuisement des réserves de changes en cas de stock
initial positif mais invariant, lorsque la Banque Centrale intervient sur le marché des
changes pour défendre la fixité du taux change courant.
Afin de se prémunir contre le risque de change, la Banque Centrale établit un niveau minimal
de réserves ( ), et annonce à une période -t- son engagement à défendre la parité fixe de
la monnaie alors que les réserves ont déjà atteint le seuil choisi. Les investisseurs anticipent
rationnellement l'éclatement du régime, et pour éviter des pertes en capital, les spéculateurs
forcent une crise de balance des paiements (attaque spéculative précoce ou défensive
contre la monnaie faible), qui aboutit soit à une crise de dévaluation soit au passage à un
régime de flottement généralisé.
Le "timing" d'éclatement du régime de change fixe ou le sentier de transition à un régime de
change flexible est calculé par un processus d'induction amont (Backward induction)
formalisé par FLOOD et GARBER [1984]. De la sorte, l'arbitrage des investisseurs sur le
marché des changes procède par la fixation du taux de change par suite de l'attaque
,comme étant égal au taux de change fixe prévalant au moment de l'attaque précoce qui
produit ultérieurement un éclatement du régime. Cependant, ce dernier n'a lieu que lorsque
les réserves de changes atteignent effectivement une barre minimale normalisée à l'unité (ou
en Log, = 0 )à partir de laquelle la banque Centrale tolère un flottement libre du taux de
change (shadow floating rate ), qui se détermine alors par les fondamentaux du marché
(e.g le stock nominal de monnaie). La date d'éclatement du régime de change fixe est située
au point d'égalisation du "shadow floating rate" au taux de change fixe prévalant au moment
de l'attaque.
En d'autres termes, un changement de régime a lieu lorsque le taux de change fixe devient
supérieur (ou déprécié) par rapport au "Shadow floating rate", ce qui se traduit par une perte
instantanée en capital des investisseurs sur les achats de réserves de changes. On suppose
que le "Shadow floating rate" ( ) est une fonction linéaire du stock nominal de monnaie :
(9)
On aura alors :
(10)
(11)
et
En notant , où désigne le stock initial de crédit domestique, on
obtient :
(12)
Le régime de change fixe éclate lorsque ( ) devient égal au taux fixe ( ), soit :
(13)
et sachant que :
(14)
L'instabilité des paramètres estimés touche aussi les modèles d'équilibre des marchés
d'actifs où le taux de change est un prix d'équilibre des structures désirées de portefeuilles
d'actifs multi-devises. En plus, les écarts persistants vis-à-vis de la parité des taux d'intérêt
ont suscité un renouvellement théorique consistant à tenir compte des changements de
régimes monétaire et financier et l'introduction du "problème du peso" quand un choc de
probabilité non nulle est intégré aux anticipations, créant une tension, sans que le choc ne se
confirme ex-post (CARTAPANIS. A [1994-b]). D'autres modélisations se sont heurtées à des
problèmes d'évidence empirique, c'est le cas notamment des modèles de "News" i.e de
redéfinitions des anticipations en réponse à l'afflux de nouvelles informations, mais aussi des
modèles de stérilisation des interventions des Banques Centrales, de substitution imparfaite
des capitaux ou d'introduction de primes de risques variables dans la parité couverte des
taux d'intérêt.
Faute d'un ancrage crédible des anticipations que n'offre pas encore la théorie de change,
celle-ci dispose tout au moins à court-terme de nouvelles modélisations plausibles intégrant
l'hétérogénéité des acteurs et des anticipations, les microstructures du marché des changes
et les interactions entre opinions divergentes dont semble relever la dynamique de change.
C'est ainsi que l'hypothèse de dichotomie des anticipations de change et des catégories
d'acteurs, les uns se comportant de façon grégaire et les autres de manière rationnelle, a été
partiellement modifiée dans deux options théoriques différentes. La première se situe à la
frontière de l'hétérogénéité en ce sens qu'elle postule un seul agent représentatif combinant
deux sources d'anticipations, l'une de nature fondamentaliste liée à l'écart entre le taux de
change observé et le taux de change d'équilibre et l'autre d'origine chartiste, fondée sur une
marche aléatoire. La seconde combine l'interaction concurrentielle entre les deux catégories
à un effet de contagion d'un type nouveau où les "noise traders" peuvent même contaminer
les investisseurs rationnels. C'est ce que démontrent CARTAPANIS. A et P. LAURENT [1996]
dans un modèle où se confrontent deux catégories d'acteurs, les uns qualifiés de
"dissidents" négligent l'information donnée par l'intervention d'une Banque Centrale ou les
signaux qu'elle émet au marché des changes, les autres qualifiés de "conformistes" qui
restent "aveugles au désastre" et se conforment à la politique d'intervention jusqu'à ce que la
panique spéculative les convertisse à leur tour à la dissidence, ce qui accentue le potentiel
de déstabilisation du marché.
Dans une étude publiée en 1996, Kaminsky et Reinhart recensent 25 crises bancaires et 71
crises de balances des paiements sur la période 1970-1995 pour un échantillon de 20 pays
développés et en développement. 56 % des crises bancaires sont suivies par des crises de
balances des paiements dans les trois années alors que 12 % des crises de balances des
paiements sont suivies par des crises bancaires. Lorsque l'horizon de référence est d'un an
ou moins, les pourcentages sont respectivement de 24 % et de 3 %. Parallèlement, dans 18
des 25 crises bancaires recensées, le secteur financier a été libéralisé dans les cinq années
précédentes.
Les résultats de Kaminsky et Reinhart sont importants en ce qu'ils montrent l'existence de
cette nouvelle forme de crises dont les faits stylisés peuvent se résumer en trois points
principaux : (i) une forte corrélation entre les crises bancaires et de balances des paiements ;
(ii) une augmentation conséquente des entrées de capitaux dans les périodes précédant la
crise et massives sorties après; (iii) une augmentation de l'activité des intermédiaires
financiers avant la crise à la suite de la libéralisation financière.
Traditionnellement, dans une logique de crise monétaire à la Krugman-Flood-Garber, la
dégradation des fondamentaux, alors que le système bancaire connaît des difficultés,
conduit à une attaque spéculative qui a d'autant plus de chance de réussir que la banque
centrale ne peut pas augmenter durablement les taux d'intérêt sous peine d’asphyxier
davantage les banques. Une telle interprétation est parfois mobilisée pour expliquer les
épisodes de dévaluation. Cependant, elle ne permet pas de rendre compte de la
concomitance des deux crises, bancaire et monétaire.
Kaminsky et Reinhart expliquent une telle concomitance en considérant les dynamiques
perverses des plans de stabilisation fondés sur une stratégie d'ancrage nominal du change.
Ces plans conduisent à l'existence de déterminants communs aux crises de balances des
paiements et aux crises bancaires. Les plans de stabilisation s'accompagnent généralement
d'un accroissement de la consommation et d'une appréciation du taux de change réel. Celle-
ci provient du fait que l'inflation ne s'aligne que progressivement sur le pays ancre : la
stabilisation du taux de change nominal s'accompagne d'une appréciation en termes réels
selon le jeu de l'écart d'inflation. Le déficit du compte courant résultant de la dégradation de
la compétitivité est financé par des emprunts extérieurs. Le boom de la consommation est
lui-même financé par l'accroissement considérable des crédits bancaires. La libéralisation
financière est le catalyseur de cette expansion du crédit. Non seulement une part croissante
des prêts accordés ne sont pas couverts par des garanties suffisantes, mais les banques
commerciales ont tendance à asseoir une partie de leur activité sur des emprunts liquides à
l'étranger. En conséquence, lorsque les sorties remplacent les entrées de capitaux, des
tensions bancaires ne manquent pas de se faire sentir. Ces tensions peuvent apparaître
avant le retournement des flux de capitaux dans la mesure où l'appréciation du taux de
change réel dégrade la situation des entreprises exposées à la concurrence internationale,
d'où il résulte une réticence croissante des banques à renouveler les prêts à ces firmes. Au
total, il semble exister des facteurs communs aux crises bancaires et monétaires qui
reposent d'une part, sur la libéralisation financière favorisant les entrées de capitaux et
l'expansion du crédit et, d'autre part, sur des facteurs externes tels que la baisse des taux
d'intérêt mondiaux.
En outre, l’intérêt d’établir un lien entre crise de change et crise bancaire est de montrer que,
contrairement aux modèles issus de la lignée de Mundell – Fleming qui ne considèrent que
la demande agrégée de monnaie, la structure financière exerce une influence sur le régime
de change. En particulier, trois approches permettent d’établir un lien entre taux de change
et fragilité financière. La première fait référence à l’hypothèse de l’aléa moral qui met
l’accent sur les effets de distorsion de la garantie implicite liée aux interventions des autorités
nationales et internationales pour soutenir les débiteurs publics et privés en difficulté. Ainsi,
lorsque les agents anticipent l’intervention des autorités en cas de difficultés, ils sous
estiment les risques qu’ils prennent dans leurs choix d’investissement. Le fait qu’ils prennent
trop de risque est alors à l’origine de la fragilité financière. La deuxième manière d’aborder le
lien entre taux de change et fragilité financière est l’hypothèse du pêché originel. L’accent
est mis sur le fait que les marchés financiers sont incomplets dans la mesure où la monnaie
domestique ne peut pas être utilisée pour emprunter à l’extérieur ou pour emprunter à long
terme même sur le marché domestique. Dès lors, la fragilité financière semble inhérente au
système économique dans la mesure où les investissements domestiques seront l’objet soit
d’un déséquilibre de devises, soit d’un déséquilibre de maturité (des investissements longs
sont financés à court terme). La troisième approche fait référence à l’hypothèse du
problème de l’engagement, en ce sens que la fragilité financière résulte de la faiblesse des
institutions.
Objectif du chapitre
Un choix optimal des régimes de change permet de prémunir l’économie nationale des
risques de vulnérabilité et de fragilisation induites du processus d’intégration financière
internationale. Ce chapitre est alors consacré à la littérature théorique relative aux questions
de choix alternatifs entre fixité et flexibilité des taux de change suite aux crises et turbulences
constatées dans les économies émergentes durant la dernière décennie
La théorie de la crédibilité
La théorie des zones cibles et l’effet «lune de miel» de Krugman
La théorie des zones monétaires optimales
L'incitation à la discipline monétaire reflète alors une aversion pour l'inflation et une
préférence plus forte pour la stabilité des prix. En d'autres termes, le rattachement à
une monnaie est censé permettre aux autorités monétaires d'importer la discipline
désinflationniste, ce qui du reste est synonyme de coordination symétrique des
politiques de changes, et semble être la réponse adéquate aux problèmes nés des
asymétries de taille, de chocs et de cycles entre l'économie domestique et la zone de
rattachement.
Ces arguments théoriques ont été élargis par les approches relatives aux zones
cibles de change. Un ancrage externe est souvent adapté pour lutter contre le biais
inflationniste dans un pays où la Banque Centrale ne peut imposer un ancrage
nominal interne crédible (Wagner,1998). Les biais d'inflation étant généralement
source d'appréciation de la monnaie nationale en termes réels qui risque
d'handicaper la compétitivité et par là de la croissance, l'ancrage externe peut
devenir un facteur de crédibilité interne.
Des travaux empiriques récents (Hausmann et alii, 1999 ; Calvo et Reinhart, 2000) montrent
en effet que les économies émergentes ont une réticence certaine à utiliser les degrés de
liberté liés aux changes flottants. L’étude de Hausmann et alii porte sur l’expérience de
quelques pays d’Amérique Latine au cours des années 90. Trois principaux enseignements
émergent de cette étude. Tout d’abord, il apparaît que les expériences de décrochage de la
monnaie domestique dans le mécanisme de change européen (MCE) et en Amérique Latine
offrent des enseignements très différents. Ainsi, dans les pays du MCE, la dépréciation
monétaire s’est accompagnée d’une baisse des taux d’intérêt, d’absence de pressions
inflationnistes significatives et d’une croissance de la production. Au contraire, les
dépréciations en Amérique Latine ont été suivies d’une hausse des taux d’intérêt, d’une
croissance de l’inflation et d’une contraction de la production.
Ensuite, le comportement des autorités révèle une forte préférence pour de faibles
variations du taux de change. Ainsi, pour 11 pays et trois périodes (mai – novembre 1997,
contagion asiatique ; décembre 1997 – juillet 1998, chute des termes de l’échange ; juillet
1998 – octobre 1998, crise russe), trois faits stylisés peuvent être relevés :
les autorités ont peu recouru à la flexibilité des changes en ce sens que les
dépréciations nominales ont compensé l’écart d’inflation sans entraîner de
dépréciation en termes réels ;
les taux d’intérêt ont été utilisés pour défendre les taux de change (Brésil dans
les deux premières périodes) ; Chili, Mexique, Pérou et Venezuela dans les périodes
2 et 3 ;
les taux d’intérêt ont moins varié dans les pays à régime de change fixe
(Argentine, Panama).
Enfin, la flexibilité est associée à des observations contre-intuitives, à savoir :
la politique monétaire a une faible fonction de stabilisation, elle est même plutôt pro-
cyclique ;
les taux d’intérêt réels sont plus élevés, les systèmes financiers moins profonds et les
taux d’intérêt domestiques sont plus sensibles aux taux étrangers ;
il existe une forte incitation à l’indexation des salaires.
et surtout, on n’observe pas de différence significative selon le régime de change. En
contrepartie, les réserves officielles et les taux d’intérêt ont une volatilité plus élevée.
Une autre remise en cause de la thèse du flottement libre des taux de change a été aussi
traduite par le problème des « flux – reflux internationaux de capitaux » (sudden stop
problem). C’est ainsi que Calvo et Reinhart (2000b) observent que les crises monétaires
dans les marchés émergents sont généralement suivies par un arrêt brutal des entrées de
capitaux se traduisant par une forte baisse des réserves officielles et un retournement rapide
du solde du compte courant.
(1)
(2)
Le déficit budgétaire est financé par une création monétaire à inflation constante. L’équ.(2)
donne en effet l’inflation comme fonction croissante mais non linéaire du déficit budgétaire,
ce qui constitue une spécification alternative de la forme standard de CAGAN (
). L’interaction entre les prix et le déficit budgétaire concerne à la fois leurs niveaux respectifs
et leurs taux de variations. Cette interaction, ou encore, les réactions adverses des déficits à
l’inflation sont traitées en termes de l’effet OLIVERA- TANZI (cf. TANZI.V, 1977, 1983).
Le déficit budgétaire, mesuré en tant que proportion du PIB devient une fonction aussi bien
de l’inflation mais aussi des réactions à l’inflation comme l’indexation ou les changements
des structures fiscales (ou d’imposition). Pour cela, on suppose outre une politique
monétaire accommodante ou passive de financement inflationniste (monétisation) du déficit
budgétaire, la possibilité de recours à une politique monétaire et fiscale active non
accommodante agissant par indexation fiscale i.e d’accroissement proportionnel du taux réel
d’imposition relativement à l’augmentation du déficit budgétaire réel. On considère que le
taux d’inflation ( ) et le taux d’imposition du revenu nominal (v) sont constants, de même
que l’existence d’une décomposition exponentielle avec un retard moyen ( ) de la fraction
des recettes fiscales (retard ou délai d’ajustement dans la collecte des taxes). Dans ce cas,
le ratio du déficit budgétaire est égal à :
(3)
Plus ( ) est proche de zéro, plus la collecte fiscale est imminente et non retardée, et plus le
revenu réel est élevé. L’équ.(3) montre aussi que plus le taux d’inflation est élevé plus les
recettes fiscales sont faibles. Etant donné l’équation de vélocité et le déficit non inflationniste
(g-v), plus le retard moyen de la collecte fiscale est élevée, plus le taux d’inflation
stationnaire est élevé. En plus, même des accroissements faibles du déficit budgétaire
conduisent à des variations élevées de l’inflation.
(4)
ou encore :
(5)
Considérons la fonction de perte quadratique (Z) d’une firme dans laquelle le coût fixe
d’ajustement des prix est noté -c. Les profits dépendent du prix relatif de l’output final
Taux d'inflation.
n = la fréquence d’ajustement
Soit : (6)
La fréquence optimale d’ajustement des prix par les firmes est donnée par :
(7)
Ainsi, plus le taux d’inflation est élevé, plus les firmes ont tendance à ajuster plus
fréquemment leurs règles de fixation des prix. En plus, l’horizon court des intervalles
d’ajustement nécessité par les accélérations inflationnistes peut aussi être interprété comme
une réaction des firmes aux situations d’incertitudes, dues à la variabilité de l’inflation, et
Au contraire, en situation d’inflation modérée, les ajustements des prix ne sont pas
fréquents. Non seulement l’ajustement des prix par les firmes se transmet au taux
d’inflation mais produit aussi des " spill-over effects " sur les salaires ou le taux de change.
c) L’ajustement de la vélocité
L’instabilité du mécanisme inflationniste est aussi due à la "fuite devant la monnaie" (flight
from money). En effet, plus le taux d’inflation augmente, plus les encaisses monétaires
réelles se déprécient et plus le public substitue à la monnaie (actif monétaire) des actifs
financiers ou réels. Ou encore la substitution d’actifs non monétaires à la monnaie conduit à
l’accélération de la vélocité i.e une démonétisation qui est généralement conjuguée au déclin
des encaisses réelles dans les situations d’hyper-inflation. La fuite devant la monnaie rend
compte de l’adaptation des marchés financiers à partir du moment qu’elle est impulsée par
des choix de portefeuilles – refuges, tel un report de préférence sur les actifs étrangers
(monnaie étrangère ou actifs domestiques libellés en monnaie étrangère) ou les actifs
physiques ou réels.
La distinction entre les mouvements de demande réelle de monnaie et ses variations par
suite des effets de substitution relevés ci-dessus explique la dynamique courante des
encaisses réelles en situation d’inflation.
En effet, une augmentation de la vélocité de M1 peut être accompagnée d’une vélocité
relativement stable de l’offre nominale de monnaie au sens d’un agrégat plus large e.g M3
suite à une augmentation du taux d’inflation. En d’autres termes, l’hyper-inflation a entraîné
une démonétisation au sens de M1 et surtout une adaptation des marchés financiers qui
ajustent la dépréciation réelle (fuite devant la monnaie) par une action sur les taux d'intérêt
nominaux, sachant que les taux d'intérêt réels deviennent bas ou négatifs. Ainsi, une
libéralisation des taux d'intérêt nominaux, contre toute mesure de contrôle administré, fait en
sorte que la détention d’actifs ne ferait pas jouer l’effet de substitution menant la monnaie en
dehors du système financier , d’où la stabilité relative de la vélocité de M3 en cas de
réaction adaptée des marchés financiers.
(8)
Les relations externes peuvent aussi suggérer une relation entre le déficit budgétaire
(détérioration du revenu gouvernemental) et la détérioration des termes de l’échange. De
même les actifs étrangers jouent un rôle central dans la dynamique inflationniste. Le coût
alternatif de détention d’actifs domestiques est donné par les rendements des actifs
étrangers (actifs libellés en monnaie étrangère ou un simple actif monétaire au sens d’une
devise étrangère) incluant un taux d'intérêt plus une dépréciation monétaire. Ainsi,
l’opportunité de détention d’actifs étrangers réduit les coûts de transactions liés à la fuite
devant la monnaie dont la demande réelle devient plus sensible à une inflation élevée dans
une économie à « monnaie externe», pour emprunter la typologie de GURLEY et SHAW
[1960], caractérisée par une faible dynamique des marchés financiers domestiques.
Soit ( ) le taux de dépréciation anticipée, et supposons que la vélocité dépend du coût
alternatif de détention d’actifs domestiques – versus - actifs étrangers (sous forme de
monnaie étrangère), . Une dépréciation réelle anticipée devient alors un
facteur déterminant de l’inflation, d’où l’équation suivante:
(9)
Supposons que la hausse courante des salaires est basée sur l’inflation retardée et sur le
niveau d’activité (Y). L’inflation présente est une moyenne pondérée de l’inflation par les
salaires (wage inflation) et de la dépréciation ( ) du taux de change nominal (TCN). Pour
un niveau donné d’activité (ou demande réelle), l’accélération de l’inflation dépend aussi bien
du niveau d’activité et du taux de dépréciation réelle ( ), soit:
(10)
Dés lors que les taux de change réels ne sont pas constants, et du fait des mécanismes
d’indexation formelle ou informelle, alors la dépréciation réelle conduit inéluctablement à une
accélération du taux d’inflation directement à partir des règles de fixation des prix et non pas
forcément à travers les effets de déficit budgétaire.
e ciblage de l'inflation
Au début des années 90, quelques pays développés (notamment le Canada, le Royaume-
Uni et la Nouvelle Zélande) ont renoncé à toute politique d’objectif intermédiaire et choisit de
cibler directement l’inflation. On parle alors de cible directe d’inflation. D’une manière
générale, la conduite d'une politique monétaire fondée sur la détermination d'une cible
directe d'inflation a trois caractéristiques particulièrement importantes.
Dans le cadre d'une cible directe d'inflation, les retards qui affectent la transmission de la
politique monétaire signifient que l'inflation ne réagit pas immédiatement à la manipulation
des instruments de la politique monétaire. On en déduit la troisième caractéristique de cette
stratégie monétaire, essentielle du point de vue des variables informationnelles : la
démarche forward-looking est prépondérante. La conduite de la politique monétaire est
fondée sur la prévision de l'inflation. Il existe un consensus pour considérer qu'un horizon
minimal de deux ans est satisfaisant. Dans la perspective de l'identification de variables
informationnelles pertinentes, il en résulte qu'une telle variable doit pouvoir précéder
suffisamment à l'avance l'inflation (entre quatre et huit trimestres) pour être utilisable par les
autorités monétaires. Si l'anticipation est trop courte (un trimestre ou moins) ou trop longue,
elle ne peut constituer une variable informationnelle.
Appliqué dans les pays en développement, et surtout dans les économies émergentes, un
ciblage direct d’inflation repose sur un certain nombre de conditions préalables qui peuvent
rendre cette stratégie difficile à mettre en œuvre (Eichengreen et alii, 1999). Une cible directe
d’inflation repose sur la capacité de la banque centrale à mener une politique monétaire de
manière indépendante. C’est l’indépendance instrumentale qui est ici déterminante. Or, les
autorités monétaires ne peuvent manipuler les instruments en toute indépendance que si le
policy-mix est adéquat. Cela implique (i) une politique budgétaire qui assure une
soutenabilité de la position budgétaire de l’état ; (ii) un système fiscal suffisamment
développé pour diversifier les revenus de l’état ; (iii) un système financier suffisamment
profond pour permettre à l’état de financer les déficits budgétaires par emprunts obligataires,
(iv) l’absence de tout autre engagement envers un autre objectif nominal, en ce sens que la
banque centrale doit renoncer à cibler les salaires nominaux ou le taux de change sous
peine de devoir subordonner la politique monétaire à ces objectifs au détriment de la cible
directe d’inflation et (v) le respect des conditions de mise en œuvre de la cible directe
d’inflation.
Lorsque les deux premières conditions sont remplies, la cible directe d’inflation doit être mise
en œuvre en respectant les quatre éléments centraux suivants: (i) la définition d’un objectif
explicite d’inflation sur les périodes futures (ii) des indications claires et sans ambiguïté que
l’inflation est le seul objectif des autorités (iii) l’élaboration d’un modèle permettant de prévoir
l’inflation à partir de variables informationnelles (iv) une stratégie de politique monétaire
forward-looking dans laquelle la fixation des instruments dépend de l’estimation des tensions
inflationnistes futures.
Autrement dit, une cible directe d’inflation suppose que la banque centrale dispose de
l’expertise et des moyens techniques nécessaires à sa mise en œuvre. Cette question
technique, très importante pour que la cible soit crédible, est rendue plus compliquée par le
fait que l’environnement économique auquel sont confrontées les banques centrales dans
les pays en développement est plus complexe que celui des banques centrales des pays
développés.
En effet, elles doivent en général faire face à un système fiscal déficient. En outre,
l’existence de marchés financiers parallèles liés à la répression financière rend difficile
l’emprunt par l’Etat de ressources sur les marchés domestiques. Enfin, les systèmes
bancaires sont souvent dans une situation de fragilité avec un coût budgétaire très important
lorsque les autorités monétaires doivent intervenir pour contenir la crise bancaire.
Néanmoins, et bien qu’il paraît difficile de mettre en œuvre une politique monétaire fondée
sur une cible directe d’inflation, d’importants progrès ont été enregistrées pour l’adoption
d’une telle stratégie, notamment dans les pays d’Amérique latine (Brésil, Mexique).
Jusqu’au milieu des années 80, une ancre traditionnelle était l’objectif intermédiaire
d’agrégat de monnaie (plus ou moins large). Mais compte tenu de l’instabilité de la fonction
de demande de monnaie, liée en partie aux mutations financières affectant tant les pays
développés que les PED, les liens entre la monnaie et les prix, voire aussi entre la monnaie
et le revenu agrégé, sont moins intenses. Dans ce contexte, il devient plus difficile de mener
une politique d’agrégat de monnaie pour atteindre une situation durable de faible inflation.
Objectif du chapitre
Les turbulences financières observées dans l’économie mondiale ont nettement renforcé
l'urgence d'une réforme du système actuel des paiements internationaux. C'est ainsi que des
projets de reconstruction d'une nouvelle architecture financière internationale ont envisagé
aussi bien l'instauration de mesures à caractère réglementaire (contrôles prudentiels,
mécanismes de surveillance renforcée des marchés financiers, transparence de l'information
financière) que des configurations relatives essentiellement aux choix des régimes de
change
Préférence pour les IDE et pour les financements longs qui sont en principe
générateurs de croissance;
Des différentes approches des taux de change d'équilibre, le concept de taux de change
d'équilibre fondamental (FEER) est apparu au centre des discussions sur la nouvelle
architecture financière internationale, en ce sens qu'il permet de mesurer le niveau
d'équilibre "fondamental" de la balance des paiements (cf. Mouley.S, 1998 ; Wren-Davis
et Driver,1998), et donc les flux de capitaux sous-jacents. En d'autres termes, l'évaluation
du flux de capitaux tendanciels nécessaires est ainsi déduit directement de l'estimation
même du taux de change d'équilibre fondamental.