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3ème année médecine 2017/201 Laouirem Amina

Cours d’Anatomie pathologique

Lésions cellulaires et tissulaires


1. Notions générales
- Lésion : Une lésion est constituée par toute altération morphologique d’un élément vivant décelable par un
quelconque moyen d’observation, dans un viscère, un tissu, une cellule, un organite, un constituant moléculaire.
Elle représente la cause ou la conséquence d’un processus morbide.
Les lésions sont observables à différentes échelles :
• à l’œil nu : pour les études macroscopiques ;
• en microscopie photonique pour les études histologiques ;
• en microscopie électronique pour les études ultrastructurales.

- Les causes des lésions, et donc potentiellement de la mort cellulaire, sont multiples :
• agression physique (trauma, chaleur) ou chimique (toxique, caustique) ;
• trophiques (vasculaires, nerveuses) ;
• métaboliques ;
• infectieuses ;
• immunologiques ;
• cancéreuses.

- Homéostasie : processus physiologique, permettant de maintenir certaines constantes du milieu intérieur de


l’organisme, nécessaire à son bon fonctionnement.
La stabilité de l’équilibre cellulaire (homéostasie) est :
• Constante,
• soumise à divers paramètres environnementaux, soit, le pH, la température, les concentrations ioniques, le
taux d’oxygène… Etc.
Ces agents sont appelés les stimuli pathologiques ; ils induisent une cascade de réactions métaboliques qui
permettent à la cellule de s’adapter, de se défendre … pour essayer de survivre.

- Adaptation cellulaire : il s’agit de modifications fonctionnelles et morphologiques de la cellule liées a des


exigences soit pathologiques, soit physiologiques.
L’homéostasie normale est assurée par les capacités d’adaptation cellulaire à des modifications physiologiques
normales. Lorsque l’environnement cellulaire ou tissulaire est modifié, par des exigences physiologiques plus
importantes ou des circonstances pathologiques, il existe des possibilités d’adaptation cellulaire et tissulaire, avec
un nouvel équilibre, préservant la viabilité des cellules et permettant leur fonctionnement dans ce nouvel
environnement.

- Les mécanismes lésionnels : sont multiples :


• Effet direct d’un agent pathogène,
Ex : altérations des cellules liées à l’action directe d’un agent cytotoxique endogène ou exogène.
Infection HPV → cancer du col utérin.
• Réponse adaptative à une situation anormale,
Ex : hypertrophie des fibres myocardiques du VG dans l’HTA.
• Phénomènes réactionnels visant à maintenir l’homéostasie,
Ex : inflammation, immunité.
Un même agent pathogène peut provoquer des lésions différentes :
Ex : virus de l’hépatite B ➔ hépatite bénigne ou grave (en fonction des réactions immunes déclenchées chez le
patient.
Des agents différents peuvent provoquer une même lésion :
Ex : hépatite chronique : résultat de l’action: virus, alcool, médicaments, déficits enzymatiques…

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- Corrélations entre lésions des organites cellulaires, des cellules et des tissus :

• Une lésion au niveau d’une cellule peut correspondre à différents types de lésions de ses organites :
Ex : l’hyper-éosinophilie du cytoplasme résultat de: Perte des ribosomes / Augmentation de la taille ou
nombre des mitochondries / Mort de la cellule.
• Une lésion observée au niveau d’un tissu peut correspondre à différents types de lésions de la cellule :
Ex : hépatomégalie est le résultat de : Surcharge en graisses, en glycogène / Prolifération excessive des
hépatocytes (tumeur).

- Relations entre lésions et anomalies fonctionnelles :


• Les anomalies fonctionnelles provoquent des lésions :
Ex : HTA favorise l’athérosclérose (lésions de la paroi artérielle).
• Les lésions peuvent entraîner des anomalies fonctionnelles :
Ex : destruction des hépatocytes ➔ insuffisance hépatique.

- Conséquences des lésions :


Les conséquences varient selon plusieurs facteurs, à savoir :
• Nature des lésions (degré de sévérité),
• Leur évolution (réversibles ou non),
• Leur étendue,
• Les organes atteints (organes vitaux : cerveau – cœur…),
• La capacité de régénération des cellules lésées (ex: Le foie se régénère mais les cellules nerveuses ne
régénèrent jamais).
• Des réactions de l’organisme.
L’aboutissement des lésions irréversibles est la mort cellulaire.

2. L’adaptation cellulaire, ou les réponses adaptives cellulaires :

Modifications physiologiques ou/et Agression  Cellule (Adaptation cellulaire)  Lésions réversibles  Cellule
viable.

Lors de modifications durables de l’environnement, la cellule peut s’adapter, ce qui conduit à des transformations
structurales de la cellule ou de certains de ses constituants.
Ces réponses adaptatives peuvent porter sur:
• La croissance cellulaire ou l’augmentation/ diminution du nombre de cellules, appelée
hyperplasie/hypoplasie/aplasie ;
• La taille de la taille de la cellule, appelée hypertrophie/ atrophie ;
• La différenciation cellulaire : une métaplasie…

Ces lésions peuvent être réversibles lors du retour aux conditions antérieures. Mais si les limites de l’adaptation
cellulaire sont dépassées, apparition de lésions irréversibles avec mort cellulaire (par apoptose ou par nécrose.

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Définition Causes, ou conditions d’apparition


Atrophie L’atrophie cellulaire est la diminution de la - Atrophie physiologique : elle est liée le plus souvent à
masse fonctionnelle d’une cellule, et donc de une involution hormonale: atrophie du thymus après la
sa taille, habituellement liée à une diminution puberté, atrophie des ovaires et de l’endomètre après
de son activité. la ménopause, du myomètre après l’accouchement.
Elle diffère de l’hypoplasie : qui est une - Atrophie pathologique : peut être due à :
anomalie congénitale liée a un trouble du • Troubles nutritionnels : carences protéiques.
développement embryonnaire. • Troubles hormonaux : hypofonctionnement
hypophysaire (nanisme).
• Troubles circulatoires : atrophie cérébrale par
ischémie.
• Troubles de l’innervation : atrophie musculaire
après une dénervation.
• L’inactivité: atrophie musculaire après
immobilisation prolongée d’un membre.
• Compression des tissus par une masse
tumorale.
Hypertrophie L’hypertrophie cellulaire est une L’hypertrophie relève de deux mécanismes :
augmentation réversible de la taille d’une - Augmentation de l’activité mécanique ou
cellule en rapport avec une augmentation de métabolique de la cellule :
la taille et du nombre de ses constituants. Ex : hypertrophie cardiaque par hypertrophie des cellules
Cette hypertrophie va habituellement de pair myocardiques ; hypertrophie des muscles squelettiques
avec une augmentation des stimuli et de chez le sportif.
l’activité de la cellule. - Stimulation hormonale accrue :
Ex : hypertrophie des cellules musculaires Ex : hypertrophie musculaire lisse du myomètre au cours
striés du sportif. de la grossesse sous l’effet des estrogènes, hypertrophie
L’hypertrophie tissulaire est une mammaire lors de la lactation sous l’effet de la
augmentation du volume d’un tissu ou d’un prolactine et des œstrogènes, hypertrophie thyroïdienne
organe, liée soit à une hypertrophie cellulaire, par hypersécrétion d’hormone
soit à une hyperplasie, soit aux deux à la fois. thyréotrope.
L’hypertrophie d’un organe: peut être le
résultat d’une hypertrophie des tissus, d’une
surcharge des cellules (graisses) ou de
l’accumulation d’un tissu interstitiel (fibrose).
A savoir que l’hypertrophie d’un organe n’est
pas toujours liée à une réponse adaptive
(Œdème membre inférieur).
Dystrophie La dystrophie désigne toute altération La dystrophie d’un organe peut combiner par exemple les
cellulaire ou tissulaire acquise, liée à un lésions d’atrophie, d’hypertrophie et de métaplasie.
« trouble nutritionnel » (vasculaire, hormonal, Ex : La dystrophie fibrokystique du sein constitue un bon
nerveux, métabolique). exemple de cette complexité. L’architecture de l’organe
est globalement préservée. On trouve côte à côte des
lésions d’atrophie des canaux galactophores, des
territoires de régénération, parfois une métaplasie
idrosadénoïde canalaire et une fibrose interstitielle.
Hyperplasie L’hyperplasie est l’augmentation anormale du Elle survient surtout dans les tissus capables de
nombre de cellules d’un tissu ou d’un organe, renouvellement (épiderme, épithélium intestinal,
sans modification de l’architecture, résultant parenchyme hépatique) et ne s’observe pas dans les
habituellement en l’augmentation de volume tissus à renouvellement lents ou stables (myocarde,
du tissu ou de l’organe concerné. Elle est muscle squelettique, tissu neuronal).
habituellement témoin d’une hyperactivité - Hyperplasie physiologique, par exemple hyperplasie
fonctionnelle. compensatrice d’un organe après chirurgie
Elle est souvent associée à une hypertrophie (hyperplasie compensatrice du foie après
cellulaire, avec laquelle elle partage des hépatectomie partielle, hyperplasie rénale

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causes communes. compensatrice après néphrectomie controlatérale)


ou hyperplasie mammaire par stimulation
hormonale au cours de la grossesse.
- Hyperplasie pathologique, par exemple hyperplasie
surrénalienne au cours d’un hypercorticisme
hypophysaire.

Hypoplasie/A diminution du nombre des cellules dans un - Hypoplasie physiologique, sénéscence:testicule,


plasie tissu ou d’un organe par arrêt ou diminution Endomètre.
de la division cellulaire. - Hypoplasie/aplasie pathologique, radiations
ionisantes: aplasie médullaire.
Métamorpho Changement du phénotype de la cellule; en Ex : monocytes tissulaires transformés en macrophages
se réponse à une situation nouvelle; avec dans les réactions de défense.
acquisition de caractères morphologique et /
ou fonctionnels nouveaux.
Métaplasie La métaplasie est une anomalie acquise Elle intéresse surtout les tissus épithéliaux,
résultant de la transformation d’un tissu particulièrement les muqueuses, et s’observe aussi dans
normal en un autre tissu normal, de structure les tissus conjonctifs. La métaplasie peut être
et de fonctions différentes, normal quant à physiologique (métaplasie déciduale du chorion cytogène
son architecture, mais anormal quant à sa de l’endomètre) ou pathologique (Métaplasie
localisation. malpighienne de la muqueuse bronchique
chez les fumeurs / Métaplasie malpighienne de l’endocol
au cours des cervicites / Métaplasie intestinale de la
muqueuse gastrique au pourtour d’un ulcére).

Tableau 1: Réponses cellulaires à une agression

3. La mort cellulaire et tissulaire

La réponse cellulaire à une agression dépend du type de l’agression, de sa durée et de sa sévérité. Les conséquences
sur la cellule dépendent de son type, de son état et de ses capacités d’adaptation.
Dans la cellule quatre systèmes sont particulièrement vulnérables aux agressions et liés entre eux : le maintien de
l’intégrité des membranes cellulaires, la respiration aérobie, les synthèses protéiques et la préservation de l’intégrité
de l’appareil génétique.
La mort cellulaire est le terme ultime de la lésion cellulaire. On distingue deux types de mort cellulaire : la nécrose et
l’apoptose, qui s’opposent sur beaucoup de points.
La nécrose, irréversible, peut être précédée par des lésions de dégénérescence cellulaire, réversibles.
Les différents types de mort cellulaire, nécrose ou apoptose, sont à distinguer de l’autolyse qui est une
autodestruction cellulaire ou tissulaire qui survient après la mort ou par défaut de fixation.

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a. La mort cellulaire

La mort cellulaire est un arrêt irréversible des fonctions vitales avec modifications des structures au niveau
moléculaire.
Il existe deux types de mort cellulaire:
- mort cellulaire programmée (apoptose),
- mort cellulaire classique ou accidentelle.

La mort cellulaire programmée :

- La mort cellulaire programmée, ou l’apoptose est un phénomène qui survient à un stade précis de la
maturation terminale d’une cellule. Elle est le plus souvent un mécanisme physiologique de « suicide »
cellulaire essentiel au développement, à la maturation, et au renouvellement normal des tissus.
- C’est un processus actif nécessitant des signaux d’activation, une transduction de signal, l’expression de
gènes et une synthèse protéique.
- Elle est destinée à éliminer des cellules indésirables, et est indispensable au maintien de l’homéostasie.
- Elle est en équilibre constant avec la prolifération cellulaire.
- Elle intervient dans l’embryogenèse, le renouvellement des cellules à durée de vie courte (épithélium de
revêtement – lignées spermatique).
- Elle Joue un rôle dans l’élimination des cellules lésées.
- Etant Génétiquement déterminée :
• La protéine P53 est un inductrice de l’apoptose.
• L’oncogène Bcl 2 est inhibiteur de l’apoptose.

Physiopathologie de l’apoptose :
• L’apoptose peut être initiée par: un signal interne / un signal extra-cellulaire (hormones, cytokines,
macrophages) / des agents pathogènes variés.
• Elle résulte d’une cascade complète d’évènements : au centre desquels la mitochondrie et les caspases
(protéases présentes dans le cytoplasme) jouent un rôle clef.

Activation caspases  destruction des protéines du cytosquelette et de l’enveloppe nucléaire.


 Activation des endonucléases  fragmentation de l’ADN.

Figure 1: Apoptose

Contraction cellulaire  Condensation de la chromatine  Fragmentation de l’ADN  Fragmentation du noyau 


Maintien de l’intégrité des organites - Bourgeonnements cellulaires et formation de corps apoptotiques 
Maintien de l’intégrité de la membrane plasmique  Phagocytose des corps apoptotiques  Pas de processus
inflammatoire.

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Caractéristiques de l’apoptose :
Morphologie : Selon les étapes précédemment décrites : la cellule en apoptose est une cellule isolée qui subit un
carhyorhexis du noyau (fragmentation de la chromatine), qui émet des pseudopodes et qui forme des corps
apoptotiques libres qui seront phagocytés par les cellules macrophagiques.
Biochimie : l’ADN se clive entre les nucléosomes.

Remarque : L’une des caractéristiques majeures de l’apoptose est l’intégrité de la membrane cytoplasmique, ce qui
permet d’éviter tout déversement du contenu cellulaire et donc absence de réaction inflammatoire.

Figure 2: Apoptose au sein d’une prolifération tumorale


carcinomateuse (flèche)

b. La mort cellulaire classique accidentelle, nécrose

- La nécrose cellulaire désigne les modifications morphologiques irréversibles coïncidant avec la mort
cellulaire, et survenant après un état de souffrance cellulaire. Ces modifications touchent aussi bien le noyau
que le cytoplasme.
- Elles sont observables lorsque la cellule morte reste dans un environnement vivant, et doit donc être
distinguée de l’autolyse.
- Elle résulte de la digestion enzymatique de la cellule et la dénaturation de ses protéines.

En pratique, la nécrose affecte rarement une cellule isolée (nécrose cellulaire), mais un groupe de cellule (il s’agit
d’une nécrose tissulaire).

Les causes de la nécrose sont multiples, à savoir :


- Anorexie (arrêt de l’apport en oxygène),
- Agents physiques (traumatismes mécaniques, thermiques …Etc,
- Agents chimiques et médicamenteux,
- Agents infectieux (Virus, bactérie, parasite…),
- Déséquilibre nutritionnel,
- Réactions immunologiques.

Physiopathologie de la nécrose :
Quel que soit le facteur déclenchant, plusieurs mécanismes biochimiques sont possibles pour induire l’apparition
d’une lésion cellulaire.
Ce n’est que dans certains cas que la cible est parfaitement connue : par exemple, certaines bactéries anaérobies,
comme Clostridium perfringens, élaborent des phospholipases qui attaquent les phospholipides membranaires.

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- Déplétion en ATP : produit par phosphorylation oxydative ou glycolyse anaérobie, l’ATP intervient dans les
transports membranaires, les synthèses protéiques, la lipogenèse, et les réactions de
déacylation/réacylation. Ainsi les cellules à activité glycolytique élevées (hépatocytes) sont avantagées. Une
déplétion en ATP et une diminution de sa synthèse sont induites par les agressions ischémiques et toxiques.

- Oxygène et radicaux libres : la réduction de l’oxygène moléculaire en eau induit la formation de dérivés
oxygénés réactifs, susceptibles de provoquer des lésions. Un déséquilibre entre leur production et leur
élimination aboutit au « stress oxydatif ». Certaines agressions, comme les irradiations, participent à la
création de radicaux oxygène actifs.

- Perte de l’homéostasie du calcium : l’ischémie et certaines toxines provoquent une augmentation précoce de
la concentration cytosolique du calcium, qui entraîne une augmentation non spécifique de la perméabilité
membranaire et une activation de certaines enzymes qui ont une action délétère, comme les
phospholipases, les ATPases, les endonucléases.

- Anomalies de la perméabilité membranaire : une atteinte directe est possible par certaines toxines
bactériennes, protéines virales, fractions lytiques du complément, produits des lymphocytes cytotoxiques,
etc.

- Lésions mitochondriales irréversibles : pouvant être induites par une augmentation du calcium, un stress
oxydatif, par une destruction des phospholipides, elles sont une clé de la mort cellulaire.

Les modifications observées de la nécrose en microscopie optique traduisent la digestion des organites intra
cytoplasmiques par les enzymes protéolytiques des lysosomes.

Remarque : Le temps de survie après cessation d’apport en oxygène et en métabolites varie selon le type de cellule
• 3 – 4 minutes ➔ cellules nerveuses ;
• 15- 20 minutes ➔ fibres myocardiques ;
• 1-2 heures→ cellules des tubes rénaux.

Aspects morphologiques de la nécrose :

Nécrose cellulaire :
Le cytoplasme de la cellule nécrosé est habituellement éosinophile.
Les modifications nucléaires sont constantes et prennent plusieurs formes :
- Pycnose : Condensation de la chromatine en un bloc dense, homogène et rétracté.
- Caryolyse : Lyse de la chromatine.
- Caryorrhexis : fragmentation du noyau en petits blocs dispersés dans la cellule.
Ce sont des lésions irréversibles.

Nécrose tissulaire :
La nécrose cellulaire concerne habituellement des groupes de cellules, soumis aux mêmes agressions, et non pas des
cellules isolées comme pour l’apoptose.

Type de nécrose Caractéristiques


Nécrose de coagulation territoire de nécrose ischémique par oblitération d’une artère terminale. L’architecture
tissulaire est préservée, fantomatique, cytoplasmes éosinophiles, Noyaux pycnotiques
ou en caryolyse.
Ex : infarctus blancs viscéraux (rein – rate …) / nécrose ischémique par oblitération d’une
artère terminale
Nécrose de liquéfaction Lorsque la digestion enzymatique domine comme dans les infections à pyogène. Elle
comporte une perte totale de l’architecture tissulaire.
Ex : Ramollissement cérébral (Tissu mou, pâle, et gonflé).
Nécrose caséeuse Caractéristique de la tuberculose. Macroscopiquement, le caséum rappelle le fromage
ou le lait caillé (il est opaque blanc grisâtre homogène). En microscopie, on observe un

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matériel nécrotique grumeleux, éosinophile, sans architecture cellulaire ou tissulaire.


Nécrose gangréneuse Liée aux effets combinés de l’ischémie et des germes anaérobies. Macroscopiquement,
elle se présente sous forme de : tissus ramollis, verdâtres, d’odeur nauséabonde.
Stéato-nécrose C’est la nécrose du tissu adipeux qui est habituellement observée au cours de la
pancréatite aigue, par libération des enzymes pancréatiques lors de la nécrose tu tissu
exocrine (lipase). Macroscopiquement, la stéatonécrose a un aspect caractéristique
crayeux, blanchâtre.
Nécrose fibrinoide Nécrose homogène très éosinophile.
Ex : périartérite noueuse
Nécrose suppurée Lyse tissulaire avec accumulation de PN altérés; elle s’observe dans les infections à
germes pyogènes (staphylocoques).
Ex: abcès du poumon.

Tableau 2: Principaux caractères différenciels de la nécrose et de l'apoptose

Figure 3: la nécrose caséeuse, éosinophile, acellulaire,


grumeleuse (flèches)

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4. Lésions élémentaires des organites

Siège Caractéristiques
Noyau Lésions :
- Pycnose : condensation de la chromatine en un bloc dense, homogène et rétracté.
- Caryolyse : lyse de la chromatine.
- Caryorhexis : fragmentation du noyau en petits blocs dispersés dans la cellule.
Ces lésions sont irréversibles; elles traduisent la mort cellulaire.
Anomalies de la division cellulaire :
- Arrêt du processus mitotique (colchicine, anti-inflammatoires) ;
- Polyploïdie : donne noyau volumineux irrégulier (cellule cancéreuse) ;
- Cellules géantes multinuclées (plasmodes) en rapport avec 02 mécanismes :
→ division nucléaire sans division cytoplasmique ;
→ Fusion du cytoplasme de cellules mononuclées (ex: fusion monocytes→ cellules
géantes multinuclées).
Vacuoles nucléaires ex : vacuoles de glycogène dans noyau des hépatocytes.
Inclusions nucléaires: ex les inclusions virales.
Nucléole - Polyploïdie : Le nombre de nucléole est élevé (ex : cellules cancéreuses) ;
- Ségrégation des nucléoles (provoquée par les toxines, radiations).
Cytoplasme Lésions par hyper-hydratation:
- Dégénérescence ballonisante: la cellule est gonflée avec un cytoplasme clair et
homogène (Ex : hépatocytes dans l’hépatite virale aigue).
- Dégénérescence vacuolaire : cellule gonflée avec petites vacuoles claires intra-
cytoplasmiques (Ex: stéatose hépatique).
Condensation éosinophile : diminution du volume de la cellule donne une coloration intense
du cytoplasme par l’éosine.
Ribosome Raréfaction irréversible des ribosomes : Mort cellulaire.
Réticulum endoplasmique - Distension des canalicules en rapport avec une accumulation de substances non
excrétées (Ex : dépôts d’Ig dans les plasmocytes (cellule de Mott)).
- Hypertrophie du REL (qui se voit dans l’intoxication alcoolique).
MO: cytoplasme abondant, éosinophile, finement granuleux.
Mitochondrie Gonflement des mitochondries (faible amplitude : lésion réversible / forte amplitude : lésion
irréversible).
Mégamitochondries: en rapport avec une synthèse des protéines de structure insuffisante, ce
qui empêche leur division. (Ex : mégamitochondries des hépatocytes du foie alcoolique 
hépatocytes volumineux éosinophiles).
Dégradation de membranes des mitochondries : peut être liée:
-Excès de Ca2, afflux du sodium et d’eau ;
- Action des phospholipases bactériennes.
Lysosome Déficits congénitaux en enzymes lysosomiales  maladies héréditaire de surcharge (ex:
surcharge des tissus :
- en lipides complexes (dyslipoïdoses) ;
- en glycogènes (glycogénoses).
Cytosquelette Anomalies des cils:
- Des muqueuses respiratoires sont causées : tabagisme – infections chroniques – rayons X.
- Syndrome des cils immobiles : congénital (Clinique: Stérilité chez l’homme ( Infections
bronchopulmonaires et ORL / SPZ immobiles)).
Anomalies des filaments :
- Syndrome des leucocytes paresseux (causé par des anomalies des microfilaments +
susceptibilité aux infections par troubles de chimiotactisme).
- Corps hyalins de Mallory (Inclusions éosinophiles denses dans le cytoplasme des
hépatocytes du foie alcoolique en rapport avec des anomalies des filaments
intermédiaires).

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Figure 4: Cellule géante multinuclée

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