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Planification stratégique

- Genèse, définition et nature de la planification

- Aperçu historique de la planification


• L’histoire de la planification est relativement récente. Bien que
tous les hommes et sociétés aient organisé leur vie selon un
plan détérminé, le processus de planification ne revêtait pas
l’aspect scientifique qu’il a emprunté aujourd’hui. Ce n’est qu’ au
début du 20ème siécle qu’on retrouve expréssement dans la
sphère scientifique la notion de planification lorsque des
classiques comme Taylor et Fayol étudient le phénomène de
l’organisation. Le dictionnaire Robert nous enseigne que le
terme de planification n’est introduit dans la langue française
qu’ au début du 20ème siècle.
• En matière de développement, c’est au lendemain de la
première guerrre mondiale avec la victoire de la révolution
en URSS que la planification va s’imposer comme moyen
privilégié de passage de l’état de sous développement à l’état
d’une société moderne et développée (Economie planifiée)

• Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la


planification s’est étendue vers les pays capitalistes, suite à la
théorie keynesienne en vogue dans les pays capitalistes
libéraux après la crise des années trente ( Reconstruction,
plan marshall)
• Passage d’une économie libérale de marché dans laquelle
l’Etat est neutre, à une économie administrée dans laquelle
l’Etat joue un rôle primordial
• Il n’existe pas de théorie de la planification
mais des pratiques de planification.
Traditionnellement, on distingue deux
principaux types de planification: La
planification impérative et la planification
indicative
• La planification indicative a été mise en oeuvre par les pays capitalistes (Europe,
Japon et USA

• Planification indicative : Planifier sans remettre en cause les principes de


libéralisme. (liberté individuelle, propriété privée, concurrence et état gendarme)

• La planification impérative correspond à la planification du genre de l'ex-URSS.


Dans ce type d'adaptation, c'est l'Etat qui définit le choix de la production, son
niveau et les prix auxquels les produis doivent être écoulés. Dans ce cas on parle
de Gosplan, c’est à dire un plan impératif fixant de nombreux objectifs
quantitatifs, dont les volumes de production et les prix, dans une économie
collectivisée et fermée

• La planification impérative se distingue de la planification indicative via les


discussions avec les partenaires sociaux qui sont liés à cette dernière
•  Peu de pays ont aujourd’hui une économie
planifiée. Depuis l’effondrement de l’URSS et
la transition progressive de la Chine vers
l’économie de marché, seules la Corée du
nord, Cuba ou la Biélorussie dans une certaine
mesure ont une économie planifiée.  
• Avec leur indépendance politique, les pays du Tiers monde à
leur tour, ont eu recours à la planification comme un moyen de
développement indépendant, en rupture avec les pays
capitalistes colonisateurs. Mais l’expérience a montré
l’inadéquation de ces modèles aux besoins réels des
poputlations du Tiers monde.

• La première difficulté réside dans l'insuffisance des


renseignements, notamment des données statistiques,
disponibles au moment où l'on procède à l'élaboration du plan.
Cette lacune est réelle mais elle ne doit pas être exagérée.

• La seconde cause du non succès des premiers plans autonomes


au Tiers monde est plus sérieuse. Elle réside dans un manque de
correspondance entre les objectifs retenus et les moyens mis en
oeuvre pour les atteindre.
• A ces difficultés internes s’ajoutent les
bouleversements de l’environnement international à
partir du début des années 80, qui ont amené à la
diminution sensible du rôle du plan de développement
au profit des PAS fondées sur des politiques restrictives
visant le retour aux équilibres comptables et financiers
des économies frappées par la crise de l’endettement.
La crise de la dette a donc éclipsé la planification. Ce
qui a amené depuis 1981 à penser non plus en termes
de planification comme instruement de croissance
mais en termes d’ajustement structurel « plans ou
programmes d’ajustement structurel » élaborés par
FMI et BM
• Depuis quelques années, la planification a repris de
l’importance sans remettre en cause la libérté de
fonctionnement des lois du marché.
• La planification stratégique participative est devenue
l’instrument privilégié pour tout développement
humain durable. Elle s’appuie sur une préparation de
l’avenir distinctement de la planification traditionnelle
qui consiste en la mise en œuvre de ce qui a été défini
stratégiquement. Le concept de la planification
stratégique repose sur la lecture de l’avenir
(tendances politiques, économiques, sociales…etc.) et
la conviction que ce dernier peut être influencé et
façonné par des actions bien planifiées.
Qu’ est ce qu’on entend par planification
stratégique participative?

La PSP contient trois éléments essentiels:


Planification, Stratégie et participation

. Essayons d’explorer la signification de


chacun de ces termes
La planification n’est ni prévision, ni
prospective.
• La prévision consiste à deviner (prévoir) l’avenir
d’une manière passive.

• La prospective est un exercice déconnecté du


décideur politique.

• Par contre la planification est une anticipation du


futur, C’est l’avenir des décisions prises dans le
présent
• Dans la prévision l’avenir est envisagé d’une
manière unique, alors que de multiples futurs
possibles sont pris en compte dans une approche
prospective (différents scénarios).
• En fait, il faut considérer la prospective comme un
outil d’aide à la prise de décision économique.
Fondée sur une étude du passé, elle permet
d’orienter l’avenir
• La prospective est un éclairage de la planification,
mais non un substitut
• Dans son acception la plus large, la
planification peut être définie comme suit :
Anticipation de situations susceptibles de se
produire dans le futur, et détermination des
actions à entreprendre afin de faire face à cet
avenir. En d’autres termes, la planification
suppose de penser à l’avenir et d’essayer de
contrôler les événements futurs, en
organisant et gérant les ressources de manière
à réussir à atteindre les objectifs définis
Stratégie: essai de définition
• La notion de stratégie a pris naissance dans le domaine militaire
et politique. Les stratèges étaient tenus de concevoir et mettre en
œuvre des plans d’ensemble ayant pour objectif final, la victoire (par
des batailles, négociations et tout autre moyen disponible, selon la
situation et son évolution). Ils n’étaient pas directement en charge
des opérations courantes de gestion des troupes lors des batailles,
ceci relevant de la responsabilité d’officiers de rangs inférieurs. Il
était (et il est toujours) question ici de tactique,

• L’ utilisation du terme stratégie dans le domaine du management


et de gestion des organisations ne s’est développée qu’a partir des
années 60. Le père fondateur de ce mouvement de stratégie dans
les organisations est Keneth Andrews.
• Il fallait attendre les années 80, pour que la
gestion stratégique apparaisse dans les secteurs
public et semi-public, lorsque la théorie
néolibérale du marché a commencé à dominer
toute la pensée managériale. La gestion publique
se devait d’être plus rentable et de se concentrer
davantage sur les résultats. Les ressources sont
limitées, elles doivent être utilisée la manière la
plus rentable et rationnelle pour atteindre les
meilleurs résultats possibles
• La stratégie est la meilleure utilisation
possible des ressources disponibles,
éventuellement limitées (temps, financement
et personnel) afin d'obtenir les meilleurs
résultats possibles (réalisations, effets ou
impact). 
• D’une manière générale : La stratégie peut être définie
comme l'ensemble des décisions et actions relatives au
choix des moyens et des ressources en vue d'atteindre un
objectif.

• La stratégie consiste donc à déterminer l'orientation que


doit prendre une organisation pour remplir son mandat
(mission).

• Un plan stratégique sert de carte routière pour mener la


stratégie à bonne fin et atteindre des résultats à long terme
(vision).
-La planification stratégique

• La planification stratégique associe à la fois les soucis


de la planification et de la stratégie, c’est à dire ceux liés
à la prise en considération de l’avenir, à la formulation
stratégique ainsi qu’à l’organisation et la mobilisation
des ressources.

• Contrairement à la planification traditionnelle, La


planification stratégique, n’est pas se préparer pour
l’avenir mais le préparer (agir sur l’avenir). Cet avenir
n’étant jamais un fait accompli, peut être non seulement
anticipé mais aussi façonné selon nos orientations
• La planification stratégique est participative:
lorsque vous faites de la planification
stratégique, votre organisation devrait mettre
l'accent sur la planification d'équipe. En
faisant participer les personnes concernées
par la planification, vous mettez sur pied une
organisation bien comprise, où tous sont
engagés dans la planification stratégique (les
participants se perçoivent comme les
créateurs de la stratégie)
Planification traditionnelle et Planification
stratégique
• La planification stratégique se distingue de la
planification traditionnelle:
- La planification traditionnelle : se préparer
pour l’avenir
- La planification stratégique, quant à elle, n’est
pas se préparer pour l’avenir mais le préparer
(agir sur l’avenir). Cet avenir n’étant jamais un
fait accompli, peut être non seulement anticipé
mais aussi façonné selon les orientations des
acteurs.
Critiques adressées à la planification
traditionnelle sont les suivantes :
• -Trop d’attention à l’élaboration du plan et
trop peu à sa mise en œuvre et à son suivi et
évaluation
• -Les plans ont été élaborés de manière
technocratique, du sommet vers la base, avec
une participation faible, voire nulle des autres
partenaires notamment la société civile
• -L’évolution du contexte n’a pas suffisamment
été prise en compte
• A partir de la seconde moitié des années 1970
(après la première crise pétrolière) et dans les
années 1980, lorsque l’environnement
économique global est devenu plus instable et
imprévisible. On parle de planification
stratégique, qui tente de remédier aux défauts
de la planification traditionnelle
L’intérêt de la PSP ?

• 1. Pour s’assurer que le futur est pris en considération : C’est la raison


essentielle de recours à la planification stratégique. Elle permet de
comprendre les conséquences futures des décisions présentes.
• 2. Pour être rationnel: La planification suppose une démarche et des
justifications d’actions et de décisions, ce qui est le propre de la rationalité
• 3. Pour développer la transparence
• 4. Pour contrôler l’incertitude de l’environnement: Il est admis que la
rationalité dans les décisions ne peut être que « limitée» selon la théorie de
la décision de Herbert Simon. Toutefois, un minimum de rationalité permet
de contrôler l’incertitude liée à tout processus décisionnel. Or le futur,
l’environnement, les hommes et le travail constituent d’importantes sources
d’incertitude. La planification est donc un moyen de contrôle de l’incertitude.
• 5. Pour coordonner les activités: A travers les plans qu’elle permet de
réaliser, la planification permet de créer l’unité et développe la transparence
et la confiance mutuelle. Elle permet aussi de consolider une vision
Les caractéristiques de la planification
stratégique

• 1-La planification stratégique est guidée par une


vision ou orientation pour guider quotidiennement le
choix des responsables de la mise en œuvre quant
aux actions à entreprendre pour atteindre les
résultats attendus

• La vision décrit ce que vous voudriez que votre


organisation devienne dans le futur

• La mission d’une organisation est le pourquoi


d’existence de cette organisation
• La vision est quelque peu plus large qu’une
mission, dans la mesure où elle définit la
situation idéale visée par l’organisation.
Toutefois, en pratique, la distinction n’est pas
toujours très nette
• 2. La planification stratégique est sensible au
contexte : Elle part du principe que le
développement réussi d’une organisation procède
de la recherche du parfait équilibre entre ses
forces et ses faiblesses internes et les perspectives
et les dangers externes, inhérents au contexte. La
grande hypothèse est que, pour être efficaces,
les organisations doivent réagir à leur
environnement et à son évolution constante.
• 3. La planification stratégique est axée sur les
résultats 
• La planification stratégique ne se limite pas à la
vérification de la conformité des inputs nécessaires
à la mise en œuvre des actions, mais faire le suivi
et évaluation pour voir si les résultats escomptés
ont été atteints ou non. Les résultats d’une activité
spécifique sont alors généralement mesurés à trois
paliers successifs : résultats immédiats, résultats
intermédiaires et les impacts à long terme
• Résultat : Changement descriptible ou
mesurable entraîné par une relation de cause
à effet. Les résultats peuvent être décrits
comme immédiats, intermédiaires ou ultimes
(long terme).
• Afin de pouvoir évaluer convenablement les
différents types de résultats obtenus, les
objectifs doivent être mesurables ou SMART.
• SMART:
• Spécifique : La cible à laquelle se réfère l’indicateur doit être précise
et non ambigue. La cible doit identifier un résultat unique à
atteindre et doit se rapporter à un seul indicateur
• Mesurable : Tout comme l’indicateur, la cible doit pouvoir se
mesurer ;
• Atteignable : Ce critère se réfère à la capacité interne de
l'organisation. L'organisation a-t-elle les ressources humaines,
matérielles, financières et institutionnelles nécessaires pour
atteindre la cible?
• Réaliste: la cible doit être réaliste par rapport aux objectifs
stratégiques poursuivis.
• Temporellement défini: La cible doit pouvoir se pouvoir se réaliser
dans une période bien définie. Il est nécessaire de définir une
période fixe pour atteindre le but : un semestre, un an, etc. Si la
date n'est pas définie, le temps ou la période, le compromis est trop
ambigu.
• Ainsi, un ou plusieurs indicateurs spécifiques
devront être identifiés pour chaque objectif, en
précisant exactement ce qu’il faut mesurer

• Indicateurs = variables permettant de vérifier si on


a atteint les résultats souhaités. Ils peuvent être :
• quantitatifs : valeurs brutes, pourcentages, ratios,

• ou qualitatifs / descriptifs
Exemples d’indicateurs:
Quantitatifs :
Le nombre d’inscrits, de diplômés
Le taux de réussite
L’augmentation ou la diminution l’absentéisme scolaire ….
 
Qualitatifs : 
Le niveau de compréhension
L’amélioration de l’image
Le degré d’appropriation ….
• Voici un exemple simple de la transformation d’un objectif
en cible :
 Objectif global : accroître l’efficacité interne du système
scolaire. (L’inefficacité désigne le fait d'obtenir un diplôme au terme
d'une scolarité plus longue que la scolarité normale

 Objectif spécifique: réduire le redoublement des


apprenants en école primaire.
 Indicateur : réduire le taux moyen de redoublement en
école primaire de 15 % en 2015 (valeur de base) à 7 %
d’ici à 2020.
• 4- La planification stratégique est un
instrument mobilisateur : Elle ne peut réussir
sans l’engagement et l’implication de tous les
acteurs (responsables de la mise en œuvre et
différentes parties prenantes)
• 5- La planification stratégique est souple dans sa mise en
œuvre :Elle repose sur l’idée qu’on ne peut élaborer aucun
plan parfait et définitif. Le test ultime d’un plan stratégique
réside dans sa mise en œuvre, c’est-à-dire dans la capacité à
réinterpréter et adapter sans cesse les activités d’origine
suivant la variation des contraintes et des possibilités, sans
dévier de l’objectif final. Le seul appui solide pour une mise en
œuvre souple est un système de suivi rigoureux fournissant
les informations nécessaires pour savoir où se trouvent les
possibilités et les contraintes, et pour adapter les propositions
originales. Cette adaptation se traduit généralement par
l’élaboration de plans opérationnels annuels qui représentent
une partie essentielle du processus de planification stratégique
Résumé
Planification traditionnelle Planification stratégique

Axée sur les Moyens Axées sur les résultats

technocratique participative

Mise en œuvre rigide Mise en œuvre souple

Suivi de conformité suivi de performance


• Adopter une approche de planification stratégique
implique plus qu’un changement technique. Cela
suppose de se lancer un défi plus fondamental
visant à élaborer une nouvelle culture de gestion
fondée, entre autres, sur un processus décisionnel
participatif, la notion de responsabilité et une
ouverture au changement. Ce processus prend du
temps avant de donner des résultats, en particulier
dans les pays où les conditions les plus élémentaires
pour offrir un service public efficace ne sont pas
toujours remplies..
-Etapes et processus de la
planification stratégique:

La planification stratégique consiste à


répondre aux questions de base suivantes:
 Où sommes nous ? Analyser l’environnement
interne et externe ( diagnostic)
 Où voulons-nous aller ? Voir les ambitions et
intentions de l’organisation. (vision)
 Comment y aller ? Etudier les dispositifs et plans
opérationnels. (plan d’action)
 
• Le processus de planification stratégique part du
diagnostic sommaire de la zone d’intervention de
l’organisation et de son environnement.

• Le diagnostic est un exercice qui permet


d’identifier les facteurs internes et externes qui
favorisent ou qui contraignent l’organisation dans
son développement. Pour parvenir à cet objectif,
les membres de la structure de pilotage doivent
collecter et organiser l’information relative aux
différents domaines liés aux secteurs
d’interventions de l’organisation.
• Formuler la vision et les objectifs stratégiques
 
• Le diagnostic est une phase clé dans le processus de la
planification stratégique. A l‘issue de cette phase,
l’organisation comprend mieux les facteurs internes et
externes qui ont des effets sur sa capacité à accomplir sa
mission de façon effective. Au cours de la présente
phase, une vision est formulée sur la base du diagnostic
et compte tenu de la projection des besoins. Ensuite,
des objectifs de développement sont définis, puis les
stratégies permettant de concrétiser les objectifs sont
élaborées. C’est l’étape des choix et des arbitrages.
• Elaborer le plan stratégique

• Le plan d’action traduit concrètement les grands objectifs


stratégiques qui ont été définis au cours de l’étape
précédente. Pour chaque objectif stratégique, le plan
précise les activités correspondantes (sous-objectifs), les
ressources humaines, matérielles et financières
nécessaires, ainsi que la répartition des tâches et des
responsabilités. Il détermine l’agencement dans le temps
des activités et prévoit des délais réalistes de réalisation.
Le plan d’action constitue, pour l’organisation et pour tous
ses partenaires, un plan de travail transparent et objectif,
destiné à assurer la bonne marche dans la mise en œuvre
effective de la planification stratégique.

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