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Le dialogue social

Nicolas Dacher
Plan du cours
1. Introduction

2. Les organisme internationaux de promotion du dialogue social

3. Les déterminants du dialogue social

4. Histoire des relations sociales en France

5. Le débat sur la hiérarchie des normes en droit social

6. Les organisations syndicales en France

7. Les principaux acteurs du dialogue social en entreprise

8. Les instances représentatives du personnel

9. Conclusion
Introduction

• D’inspiration récente, le dialogue social s’est construit progressivement

• « Avancées » et « régressions » successives

• Il est politiquement, économiquement et culturellement situé

• Objectivité et subjectivité s’y côtoient

• Tous les citoyens sont concernés par le dialogue social


1. Les organisme internationaux de
promotion du dialogue social
La conférence de Berlin

• La première « conférence internationale concernant le règlement du travail


dans les établissements industriels et dans les mines » se tient à Berlin du 15
au 29 mars 1890, à l’invitation de l’empereur Guillaume II et avec l’aval du
pape Léon XII

• Elle réunit les principaux États industriels de l’Europe (sauf Russie)

• La conférence adopte diverses recommandations quant au travail dans les


mines, au travail du dimanche et aux conditions d’emploi des enfants, des
adolescents et des femmes

• Elle préconise que l’exécution de ces mesures soit « surveillée par un nombre
suffisant de fonctionnaires spécialement qualifiés, nommés par le
gouvernement » et « indépendants des patrons, aussi bien que des ouvriers »
(les inspecteurs du travail)
L'Office international de Bâle

• L'assemblée constitutive de l'Association Internationale pour la Protection


Légale des Travailleurs (AIPLT) se tient à Bâle en 1901

• Elle se présente comme un organisme privé indépendant à caractère


scientifique

• L'association vise à réunir les partisans de la protection légale des travailleurs


pour promouvoir cette dernière

• C'est à l'initiative de l'AIPLT que sont signées à Berne, le 26 septembre 1906,


les deux premières conventions internationales du travail :
• Sur l'interdiction du travail de nuit des femmes dans l'industrie
• Sur l'interdiction de l'emploi du phosphore blanc dans l'industrie des
allumettes
• Fondée en 1919, suite à la Première Guerre mondiale, dans le but de
« poursuivre une vision basée sur le principe qu'il ne saurait y avoir une paix
universelle et durable sans un traitement décent des travailleurs »

• En 1946, l'OIT devient la première agence spécialisée des Nations unies

• En 2012, l'Organisation regroupe 183 États membres


• Sa mission est de rassembler gouvernements, employeurs et travailleurs de
ses États membres dans le cadre d'une institution tripartite, en vue d'une
action commune pour :
• Promouvoir les droits au travail
• Encourager la création d'emplois décents
• Développer la protection sociale
• Renforcer le dialogue social dans le domaine du travail
Le dialogue social : définition de l’OIT (1/2)

• Le dialogue social inclut tous types de négociation, de consultation ou


simplement d’échange d’informations entre les représentants des
gouvernements, des employeurs et des travailleurs selon des modalités
diverses, sur des questions relatives à la politique économique et sociale
présentant un intérêt commun

• Il peut prendre la forme d’un processus tripartite auquel le gouvernement


participe officiellement ou de relations bipartites entre les travailleurs et les
chefs d’entreprise (ou les syndicats et les organisations d’employeurs), où le
gouvernement peut éventuellement intervenir indirectement
Le dialogue social : définition de l’OIT (2/2)

• Les processus de dialogue social peuvent être informels ou institutionnalisés ou


associer - ce qui est souvent le cas - ces deux caractéristiques. Il peut se
dérouler au niveau national, régional ou au niveau de l’entreprise. Il peut être
interprofessionnel, sectoriel ou les deux à la fois

• Le dialogue évite la guerre !


Le Bureau International du Travail (BIT)

• Le BIT entend aider les Etats Membres à mettre en place ou à renforcer les
cadres légaux, les institutions, les dispositifs ou les processus de dialogue
social bipartite ou tripartite dans les Etats Membres

• Il entend également promouvoir le dialogue social au sein des Etats Membres


ou des groupements régionaux ou sous-régionaux pour favoriser
l’établissement d’un consensus, le développement social et économique, et
promouvoir la bonne gouvernance
2. Les déterminants du dialogue social
Les parties prenantes de l’entreprise - 1
Les parties prenantes de l’entreprise - 2

• Idéologie dominante, portée par des personnalités comme Milton Friedman :


le but de l’entreprise est d’amasser du profit pour le redistribuer ensuite aux
actionnaires (shareholders)

• Pour Freeman (1984), le but de l’entreprise est de répondre aux besoins des
parties prenantes (stakeholders), c’est à dire toute personnes concernée par
les décisions prises par l’entreprise. Ceci permettra de réaliser ensuite du
profit
La RSE

• La responsabilité sociétale de l'entreprise est l'adaptation des principes du


développement durable au monde de l'entreprise
3. Histoire des relations sociales
en France
Une mise en place récente et très progressive
Exemple : le travail des enfants (1/3)

• Le travail des enfants dans les mines 1844 :

• « Je suis descendu dans la mine à sept ans. Quand j'ai tiré avec la ceinture et la
chaîne, ma peau s'est ouverte et j'ai saigné. Si on disait quelque chose, ils nous
battaient. J'en ai vu beaucoup à tirer à six ans. Ils devaient le faire ou être
battus. Ils ne peuvent pas se redresser quand ils remontent à la surface »
Exemple : le travail des enfants (2/3)

• 1841 : loi applicable dans les manufactures, usines, et ateliers limite l'âge
d'admission dans les entreprises à 8 ans, mais uniquement dans les
entreprises de plus de 20 salariés

• 1851 : durée du travail limitée à 10 heures au dessous de 14 ans et à 12 heures


entre 14 et 16 ans

• 1874 : interdiction du travail des enfants de moins de 12 ans, du travail de nuit


pour les filles mineures et pour les garçons de moins de 16 ans. Le repos du
dimanche devient obligatoire pour les ouvriers âgés de moins de 16 ans

• 1892 : durée du travail limitée à 10 heures pour les jeunes de moins de 18 ans
Exemple : le travail des enfants (3/3)

• Ces lois ne seront mises en place que très progressivement , d'une part du fait
de la réaction des industriels qui fustigeaient l'état de se mêler de la vie des
entreprises, d'autre part du manque à gagner que l'interdiction du travail des
enfants entraînait pour les parents, mais aussi du manque de moyens des
inspecteurs à faire appliquer ces lois, (le corps d'inspection du travail est créé à
partir de 1892)

• La scolarité obligatoire mettra fin au travail des jeunes enfants (Loi jules Ferry
en 1882) ; un système de compensation du manque à gagner pour les parents
dû à l'interdiction du travail des enfants et à leur scolarisation sera mis en
place très progressivement

• Il s'agit du dispositif intitulé « allocations familiales »


Chronologie commentée – 1
1791 - 1941 : déni du droit d’association

• 1791 : les décrets d’Allarde suppriment les corporations. La loi Le Chapelier


interdit toute coalition entre personnes d’un même métier pour défendre en
commun leurs intérêts

• 1er décembre 1803 : création du livret ouvrier, sorte de passeport permettant


à la police et aux employeurs de connaître la situation exacte de chaque
ouvrier. Tout ouvrier voyageant sans son livret est réputé vagabond

• 18 mars 1806 : création des conseils de prud’hommes pour régler les


différends du travail. Les ouvriers n’y sont pas admis. Premier conseil des
prud’hommes à Lyon

• Février 1810 : promulgation du Code pénal de Napoléon 1er : il soumet à


l’agrément du gouvernement toute association de plus de vingt personnes et
réprime très sévèrement toute coalition ouvrière tendant à la cessation du
travail ou à la modification des salaires
Les révoltes des canuts (1831 et 1834, Lyon)
• Une des grandes insurrections sociales du début de l’ère de la grande industrie

• Elle avait été précédée, en 1819, d’émeutes, écrasées par l'armée à Vienne
lors de l’introduction de nouvelles machines à tondre les draps

• Les ouvriers du textile brisent les nouvelles machines à tisser car ces machines
les concurrencent et les privent de leur gagne-pain

• Ils revendiquent un salaire garanti face à des négociants qui répercutaient


toujours les fluctuations du marché à la baisse

• Ces émeutes se produisent dans un contexte de révolution industrielle et de


libéralisation de l'économie qui dégrade profondément les conditions de vie
de ces ouvriers et artisans, en les dépossédant d'un savoir-faire pour les
ravaler au simple rang de force de travail
Chronologie commentée - 2

• 22 mars 1841 : la loi des travaux de Villermé interdit le travail des enfants de
moins de huit ans, limite la journée de travail à huit heures pour les 8-12 ans
et à douze heures pour les 12-16 ans. Le travail de nuit (9 heures du soir-5
heures du matin) est interdit aux moins de 13 ans et, pour les plus âgés, deux
heures comptent pour trois

• Février 1848 : manifestations populaires à Paris. Proclamation de la liberté


d’association, du suffrage universel et du droit au travail. Des milliers de
travailleurs réclament la création d’un ministère du Travail

• 15 mars 1849 : loi contre les coalitions ouvrières et patronales. 27 novembre :


loi rappelant l’interdiction des grèves

• 1er juin 1853 : loi sur les conseils de prud’hommes. Elle instaure l’élection au
scrutin par collèges, fixe des conditions restrictives d’âge et d’ancienneté pour
l’électorat et décide que les présidents et vice-présidents sont nommés par
l’administration
Chronologie commentée - 3

• 25 mars 1864 : la loi Ollivier abolit la loi Le Chapelier et octroie le droit de


grève (tolérée)

• Juillet 1868 : création de deux caisses d’assurance sur la vie et contre les
accidents du travail

• 1874 : création de l’Inspection du travail, chargée de veiller au respect des lois


sociales. Promulgation d’une loi interdisant le travail des enfants de moins de
12 ans

• 1884 : la loi relative aux syndicats professionnels (dite « loi Waldeck-Rousseau


») autorise les salariés du secteur privé et les patrons à créer des syndicats

• 27 juin 1884 : adoption de la loi sur l’assurance contre les accidents du travail

• 1er mai 1890 : 1ère organisation internationale de la Fête du Travail.


Suppression du livret ouvrier
La grève de Carmaux de 1892 (1/4)
• Les grèves de Carmaux de 1892-1895 (Tarn) ont attiré l'attention en raison de
leur importance et de leur durée et aussi parce qu’elles sont les 1ères qui
touchent les mines de charbon françaises

• Considérées comme l'épisode fondateur de la conversion de Jean Jaurès au


socialisme

• Alors ajusteur aux ateliers des mines, le maire Calvignac fut licencié le 2 août
1892 par la Société des mines de Carmaux prétextant que ses fonctions
politiques portaient atteinte à son activité professionnelle
La grève de Carmaux de 1892 (2/4)

• Malgré la demande des mineurs, désormais en grève, de réintégrer les


délégués syndicaux à la mine, la direction resta imperturbable

• De nouveau en grève le 16 août 1892, les ouvriers envahirent le parc de la


maison de la direction, réclamant la démission immédiate de Humblot
directeur des mines

• Le président du Conseil Loubet envoie la troupe, ce qui transforme la grève en


enjeu national
La grève de Carmaux de 1892 (3/4)

• Plusieurs grévistes sont arrêtés. Neuf sont condamnés par le tribunal d'Albi à
des peines d’emprisonnement pour être entrés dans le bureau du directeur.
Cela accentue le mouvement de grève

• Dans La Dépêche du Midi, Jean Jaurès défend les grévistes, tandis


qu'Alexandre Millerand demande que l'État nationalise les mines

• Le député radical Clemenceau propose un arbitrage, accepté par la direction


des mines

• Le président du Conseil Loubet est choisi comme arbitre par la Compagnie des
mines. Les mineurs choisissent Clemenceau, Pelletan et Millerand pour les
défendre

• L'arbitrage de Loubet prend le parti de la Compagnie


Les grèves de Carmaux de 1892-1895 (4/4)

• Le 27 octobre 1892, Clemenceau, Pelletan et Millerand proposent à la


Chambre des députés une loi d'amnistie pour les mineurs condamnés

• Le ministre des Travaux Publics Viette s’y oppose

• Une large majorité se prononce contre l'amnistie. La grève continue

• Quelques jours plus tard le député de Carmaux, Jérôme de Solages et Humblot


démissionnèrent

• Les ouvriers condamnés sont libérés et la grève cesse le 3 novembre 1892


Chronologie commentée - 4

• 2 novembre 1892 : une loi limite et réglemente le travail des femmes et des
enfants et organise le corps des inspecteurs du travail

• 27 décembre 1892 : loi sur la conciliation et l’arbitrage facultatif en matière de


différends collectifs entre patrons et ouvriers ou employés

• 12 juin 1893 : promulgation d’une loi sur la sécurité et l’hygiène au travail.

• 1895 : congrès fondateur de la Confédération générale du travail (CGT)


Chronologie commentée - 5

• 9 avril 1898 : loi sur les accidents du travail établissant le principe de la


responsabilité patronale

• Août 1899 : décrets fixant un certain nombre de normes sociales dans le cadre
des marchés publics. Ils imposent ainsi aux entreprises amenées à travailler
pour le compte de l’État, en particulier pour le secteur des travaux publics, le
respect de conditions de travail minimales, déterminées par les syndicats de
patrons et d’ouvriers (durée du travail, salaires, repos dominical...)
Chronologie commentée - 6

• 30 septembre 1900 : promulgation de la loi Millerand qui abaisse à onze


heures la durée du travail journalier

• 11 juillet 1903 : loi sur l’hygiène et la sécurité dans les établissements


industriels

• Les entrepreneurs refusent de s’y soumettre : ils débauchent les


ouvrières en atelier et réembauchent des ouvrières à domicile

• l s’agit d’un mouvement massif : en 1904 on compte 800 000 ouvriers à


domicile dont 90 % de femmes
Chronologie commentée - 7
• 29 juin 1905 : la journée de travail des mineurs passe à huit heures

• 3 juillet 1906 : instauration d’un repos obligatoire hebdomadaire de 24 heures

• 8-14 octobre 1906 : congrès de la CGT et adoption de la Charte d’Amiens qui


affirme l’indépendance des syndicats vis-à-vis des organisations politiques

• 25 octobre 1906 : création du ministère du travail sous le gouvernement


Clemenceau. René Viviani devient le premier ministre du Travail et de la
Prévoyance Sociale

• 17 mars 1907 : loi réorganisant les conseils de prud’hommes. Elle prévoit


l’élection de leurs membres (collège ouvrier et patronal) et prescrit un
fonctionnement paritaire

• 3 juillet 1907 : loi permettant aux femmes mariées de disposer librement du


salaire provenant de leur activité professionnelle
Chronologie commentée - 8
Entre deux guerres : organisation des rapports collectifs, nouveaux droits

• 27 novembre 1909 : loi garantissant leur emploi aux femmes enceintes

• 7 décembre 1909 : loi garantissant le versement du salaire à intervalles


réguliers (tous les 15 jours pour les ouvriers, tous les mois pour les employés)

• 28 décembre 1910 : loi instituant le code du travail

• 1917 : Albert Thomas, ministre socialiste de l’armement, institue des délégués


d’atelier dans les usines de guerre avec l’objectif d’éviter les grèves.
L’expérience dure le temps de la guerre

• 19 mars 1919 : création de la Confédération Générale de la Production


Française qui regroupe 21 fédérations patronales. La CGPF s’efforce de fédérer
des groupements professionnels jusqu’ici indépendants et rivaux (comité des
forges...)
Chronologie commentée - 9

• 1919 : création de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC).


Elle rejette la lutte des classes

• 25 mars 1919 : une loi apporte un premier cadre institutionnel aux


conventions collectives. Elle constitue une étape décisive dans la construction
du droit de la négociation collective

• Avril 1919 : journée de travail fixée à 8h ; durée hebdomadaire de travail fixée


à 48h . Création de l’Organisation internationale du travail (OIT)

• 1936 : les accords de Matignon mettent fin au mouvement de grève qui a suivi
l'arrivée au pouvoir du Front populaire : congés payés, semaine de 40 heures
sans diminution de salaire, généralisation des conventions collectives,
institution de délégués du personnel
Chronologie commentée - 10

• La loi du 24 juin 1936 transforme la convention collective en véritable « loi


professionnelle » de portée plus contraignante :

• Elle introduit la procédure d’extension qui permet de rendre applicables


à l’ensemble d’une profession les conventions conclues par les
organisations syndicales les plus représentatives

• La convention doit comporter un certain nombre de clauses obligatoires


relatives à l’essentiel des rapports de travail

• Elle peut librement traiter de questions non prévues à titre obligatoire, si


elles sont plus favorables que celles des lois et règlements en vigueur

• C’est l’origine du principe « de faveur »


Chronologie commentée - 11

• 31 décembre 1936 : loi sur les procédures de conciliation et d’arbitrage

• La loi spécifie que dans l’industrie et le commerce tous les différents collectifs
du travail sont soumis aux procédures de conciliation et d’arbitrage avant
toute grève et tout lock-out
Chronologie commentée - 12
La parenthèse du gouvernement de Vichy

• 1940-1944 : le régime de Vichy dissout les syndicats, y comprit les


organisations patronales. Les grèves sont interdites

• 15 Novembre 1940 : la résistance syndicale se met en place et 3 membres de


la CFTC et 9 de la CGT signent « le Manifeste des 12 » qui rappelle
l’indépendance syndicale, la mission purement économique et sociale du
syndicalisme, la lutte contre l’antisémitisme et le pluralisme syndical

• 27 juillet 1944 : l’ordonnance d’Alger annule la charte du travail de Vichy. Tous


les syndicats de 1939, sauf la CGPF, sont rétablis. La Corporation paysanne est
également dissoute
Chronologie commentée - 13

• 15 octobre 1944 : création de la CGC, Confédération Générale des Cadres


(reconnue par le ministre du Travail en 1946, après une grève)

• 22 février 1945 : ordonnance instituant des comités d'entreprise dans les


établissements de plus de 100 salariés (ce seuil sera abaissé à 50 en 1946). Ces
comités sont élus, consultés chaque mois sur les conditions de travail et ont un
droit de regard sur la comptabilité (un rapport annuel doit leur être fourni).
Dans les entreprises de plus de 500 salariés, ils participent au conseil
d’administration

• 1945 : ordonnances portant organisation de la Sécurité sociale

• 1945 : la circulaire Parodi relative à l'appréciation du caractère représentatif


des organisations syndicales définit les critères de représentativité suivants :
ancienneté, effectifs, cotisations, indépendance à l'égard de l'employeur,
attitude patriotique pendant l‘occupation, loyauté dans l'application de la
législation sociale
Chronologie commentée - 14

• 1946 : le préambule de la Constitution de 1946 dispose notamment que :


« Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l'action syndicale et
adhérer au syndicat de son choix »

• 1946 : tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la


détermination collective des conditions de travail ainsi qu'à la gestion des
entreprises

• 12 juin 1946 : création du Conseil national du patronat français (CNPF)

• 11 octobre 1946 : loi relative à l’organisation des services médicaux du travail


(généralisation de la médecine du travail à la majeure partie des salariés,
caractère obligatoire de l’organisation de la médecine du travail, mise à la
charge des employeurs de sa gestion et de ses frais)
Chronologie commentée - 15

• 1946 : gestion de la sécurité sociale en commun par des représentants des


employeurs et des salariés

• 1946 : loi relative aux conventions collectives de travail qui institue un contrôle
de l'État sur la procédure de négociation et de conclusion de celles-ci
Chronologie commentée - 16

• 1947 : accord AGIRC (Association générale des institutions de retraite des


cadres) qui institue une retraite complémentaire pour les cadres, gérée
paritairement

• 1948 : congrès constitutif de la CGT-Force ouvrière, scission de la CGT

• 1950 : le droit de grève est reconnu aux fonctionnaires civils (hors police et
administration pénitentiaire) par le Conseil d'État sur le fondement du
préambule de la Constitution de 1946
Chronologie commentée - 17
De l’instauration du dialogue social jusqu’au rapport de Jean Auroux
sur les droits des travailleurs (1981)

• 11 février 1950 : loi sur les conventions collectives, la liberté de négocier les
salaires et les conditions de travail. Création du SMIG (salaire minimum
national interprofessionnel garanti)

• 27 mars 1956 : promulgation de la loi sur les trois semaines de congés payés ;
les syndicats applaudissent et le CNPF ne réagit guère, craignant « un retour à
une intervention autoritaire de l’État »

• 1957 : loi du 26 juillet 1957 institue une procédure de conciliation obligatoire


pour le règlement des conflits collectifs

• 1958 : création de l'assurance chômage


Chronologie commentée - 18

• 1961 : création, par convention, de l'Association des régimes de retraite


complémentaires (ARRCO) des non-cadres

• 1964 : congrès de déconfessionnalisation de la CFTC, qui devient la


Confédération française démocratique du travail (CFDT). Une minorité fait
scission et conserve le sigle CFTC

• 1966 : arrêté du 31 mars attribuant une représentativité, sur le plan national


et interprofessionnel, à cinq syndicats de salariés : CFDT, CGT, CGT-FO, CFTC et
CGC (cette dernière pour les questions concernant les cadres)
Chronologie commentée - 19

• 27 décembre 1968 : loi sur la section syndicale d’entreprise. Les syndicats


peuvent constituer des sections syndicales et désigner des délégués syndicaux
au sein des entreprises. Cette loi consacre une liberté d’expression et d’action
du syndicat dans l’entreprise, mais aussi une institution proprement syndicale
(le délégué syndical) aux cotés des institutions élues (délégués du personnel et
comité d’entreprise). Elle est enfin le socle de la promotion future de la
négociation collective d’entreprise

• 1970 : droit au congé de formation


Chronologie commentée - 20

• 1971 : loi qui institue un droit à la négociation collective des salariés et réserve
la conclusion des accords aux syndicats les plus représentatifs

• 18 juillet 1973 : loi sur la résiliation unilatérale du contrat de travail. La loi


impose le respect de procédures de licenciement et notamment la
notification, par lettre recommandée au salarié, des motifs de son
licenciement
Chronologie commentée - 21
Des Lois Auroux (1982) jusqu’à la loi Fillon (4 mai 2004)

• 1982 : lois dites « Auroux » :


• Loi relative aux ibertés des travailleurs dans l'entreprise
• Loi relative au développement des organisations représentatives du
personnel
• Loi relative à la négociation collective et au règlement des conflits
collectifs du travail
• Loi relative au comité d’hygiène, de sécurité et de conditions de travail

• Obligation de négocier au niveau de la branche et de l’entreprise dans certains


domaines et selon une périodicité.

• Possibilité de conclure, dans certains domaines et dans des conditions définies


par la loi, des conventions et accords collectifs de travail dérogeant à des
dispositions législatives et réglementaires

• 31 décembre 1991 : loi qui impose que soit définie une politique de
prévention propre à chaque établissement
Chronologie commentée - 22

• 1993 : création de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) et de la


Fédération syndicale unitaire (FSU)

• 31 octobre 1995 : accord national interprofessionnel relatif à la politique


contractuelle tendant à rendre effectif le droit à la négociation dans toutes les
entreprises y compris celles qui sont dépourvues de délégué syndical, soit par
la négociation avec les élus (comités d’entreprises ou délégués syndicaux) soit
grâce à la technique du salarié mandaté par une organisation représentative

• 1995 : signature de deux accords nationaux interprofessionnels.


 L'un tend à rendre effectif le droit à la négociation dans les entreprises, y
compris celles qui n'ont pas de délégué syndical (par un élu ou personne
mandatée)
 L'autre introduit l'obligation de négocier dans les branches sur le temps de
travail tous les trois ans
Chronologie commentée - 23

• 12 novembre 1996 : loi relative à l’information et à la consultation des salariés


dans les entreprises et les groupes d’entreprises de dimension communautaire

• 1998 : loi du 13 juin d'orientation et d'incitation relative à la réduction du


temps de travail. Elle laisse un espace de négociation au niveau des
entreprises et des branches

• 1998 : le CNPF se rebaptise Mouvement des entreprises de France (MEDEF)

• 18 janvier 2000 : le MEDEF exige une « refondation sociale », c'est-à-dire une


situation dans laquelle le rôle de l'État dans la législation sociale serait réduit
au profit du contrat entre salariés et employeurs

• 19 janvier 2000 : loi sur la réduction négociée de la durée du travail. Période


d’adaptation d’un an pour les entreprises, durant laquelle les heures
supplémentaires sont moins taxées. Annualisation de la durée du travail.
Charges sociales diminuée en cas de négociation d’un accord majoritaire
Chronologie commentée - 24

• 2003 : la réforme des retraites du gouvernement Raffarin, qui provoque grèves


et manifestations, est approuvée par la CFDT et la CFE-CCG

• 30 septembre 2003 : accord national sur la formation professionnelle qui


introduit un droit individuel à la formation pour chaque salarié, transférable
d’une entreprise à une autre dans certaines conditions (licenciement
économique, fermeture d’entreprise ou restructuration)

• 4 mai 2004 : loi relative à la formation professionnelle tout au long de la vie et


au dialogue social. Elle transpose dans le droit deux textes déjà ratifiés par les
partenaires sociaux. La loi vise à clarifier le rapport entre les responsabilités de
l’État et celles des partenaires sociaux ainsi qu’à définir les règles de la
négociation collective
Chronologie commentée - 24
La modernisation du dialogue social et de la représentativité syndicale
depuis 2007

• 2005 : loi pour la cohésion sociale. Elle instaure notamment dans les
entreprises de 300 salariés et plus une obligation triennale de négociation sur
une gestion prévisionnelle des emplois et compétences

• 31 janvier 2007 : loi qui rend obligatoire une phase de concertation avec les
partenaires sociaux avant tout projet gouvernemental de réforme dans les
domaines des relations du travail, de l’emploi ou de la formation
professionnelle

• 21 août 2007 : loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans
les transports terrestres réguliers de voyageurs
Chronologie commentée - 25

• 15 octobre 2010 : loi complétant les dispositions relatives à la démocratie


sociale issues de la loi 20 août 2008. Elle définit les modalités de mesure
d’audience des organisations syndicales dans les très petites entreprises

• 11 janvier 2013 : accord national interprofessionnel sur la compétitivité et la


sécurisation de l’emploi. Les organisations patronales (MEDEF, UPA, CGPME) et
trois syndicats (CFE-CGC, CFDT, CFTC) s’entendent sur de nouveaux outils de
flexibilité pour les entreprises et de nouveaux droits pour les salariés

• 29 mars 2014 : les entreprises d’au moins 1 000 salariés doivent rechercher un
repreneur en cas de projet de fermeture d’un établissement

• 9 mai 2014 : promulgation de la loi permettant le don de jours de repos à un


parent d’un enfant gravement malade
Chronologie commentée - 26

• 22 septembre 2017 : ordonnances dites « Macron » (1) :

• Plus de souplesse pour la négociation obligatoire de branche

• Nouveaux domaines ouverts à la négociation de branche (CDD, travail


temporaire, CDI de chantier, portage salarial)

• Pour pouvoir être étendus, la convention collective ou l'accord


professionnel doivent, sauf justifications, comporter, pour les entreprises
de moins de 50 salariés, des stipulations spécifiques. Ces stipulations
spécifiques peuvent porter sur l'ensemble des négociations ouvertes à la
branche
Chronologie commentée - 27

• 22 septembre 2017 : ordonnances dites « Macron » (2) :

• Accélération de la fusion des branches

• Nouveau barème pour les indemnités prud'homales

• Conditions et délais de licenciement modifié

• En cas d'accord homologué par l'administration, les entreprises peuvent


lancer des plans de départ volontaires autonomes en dehors de plans
sociaux
Les grandes dates du droit social collectif
A retenir

• 1791: loi le Chapelier (jacobinisme, lien direct entre Etat et le peuple)

• 1831 : révolte des Canuts à Lyon, première insurrection sociale de l'ère


industrielle

• 1841 : rapport Villermé sur les conditions de travail

• 1864 : reconnaissance du droit de grève

• 1884 : autorisation des syndicats

• 1936 : délégué du personnel

• 1968 : autorisation et organisation de la présence syndicale en entreprise


Les grandes dates du droit social collectif
A retenir

• 1945 : Comité d'Entreprise. Représentant syndical auprès du CE

• 1947 : Comité d'Hygiène et de Sécurité (CHS)

• 1966 : commission de formation auprès des comités d'entreprise

• 1968 : section syndicale d'entreprise, délégué syndical d'entreprise


Les grandes dates du droit social collectif
A retenir

• 1982 : Représentants des salariés au conseil d'administration ou de


surveillance dans les entreprises nationalisées (institution obligatoire) ;
délégué syndical central ; commission économique auprès du comité
d'entreprise ; comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail
(CHSCT)

• 1986 : Représentants salariés élus au conseil d'administration ou de


surveillance des SA privées (institution facultative)

• 1996 : Comité d'entreprise européen, dans les entreprises ou groupes


d'entreprises de dimension européenne
4. Le débat sur la hiérarchie des
normes en droit social
Le débat sur la hiérarchie des normes

• Pour comprendre la hiérarchie des normes, il est nécessaire de connaître la


pyramide des normes

• D’une manière générale les normes c’est-à-dire les règles obligatoires, sont
organisées de manière pyramidale :
1) La Constitution
2) Les conventions internationales
3) Les lois
4) Les règlements
5) Les conventions et les accords collectifs
6) Le règlement intérieur
7) Le contrat de travail
La remise en question du régime de faveur (1/6)

• Plusieurs réformes législatives successives ont écarté l'application du principe


de faveur instauré par les lois Auroux :

• L'ordonnance du 16 janvier 1982 et surtout deux lois de 1986-1987 autorisent


des accords collectifs (de branche puis d'entreprise) à déroger à des
dispositions législatives en matière de temps de travail (modulation-
annualisation, etc.)

• La loi du 4 mai 2004 autorise un accord d'entreprise à déroger à un accord de


branche. Des verrous sont posés : les signataires de l'accord de branche
peuvent décider que les dispositions de cet accord constituent un plancher
auquel un accord d'entreprise ne pourra pas déroger

• En 2012 puis en 2013 et 2015, des lois prévoient que dans certains cas
(aménagement du temps de travail, emploi,), un accord d'entreprise
s'imposera au contrat de travail même si l'accord n'est pas plus favorable au
salarié que son contrat
La remise en question du régime de faveur (2/6)

• La loi du 8 août 2016 donne priorité à l'accord d'entreprise sur l'accord de


branche en matière de durée du travail et de congés

• Une nouvelle architecture du Code du travail se dessine en matière de durée


du travail et de congés :
 La loi fixe des principes du droit du travail, mais n'en donne plus le
contenu
 L'accord d'entreprise ou, à défaut, l'accord de branche fixe le contenu,
 A défaut d'accord (d'entreprise et de branche), une disposition
supplétive fixe le contenu (un décret ou une décision de l'employeur)
 Exemple : le taux de majoration des heures supplémentaires est fixé
par accord collectif (d'entreprise ou, à défaut, de branche), à défaut par
un décret supplétif
La remise en question du régime de faveur (3/6)
après les ordonnances de septembre 2017

• Les ordonnance du 22 septembre 2007 fixent une liste limitative de 13


domaines pour lesquels l'accord de branche prime sur l'accord d'entreprise,
même si ce dernier a été conclu avant la promulgation de l'ordonnance
(bloc 1)

• Ce bloc concerne les salaires minima, les classifications, la protection sociale


complémentaire, certaines mesures liées à la durée du travail, au CDD, à
l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes...

• Dans tous ces domaines, l'accord de branche fixe des règles. Elles ne peuvent
être modifiées par l'accord d'entreprise que dans un sens plus favorable aux
salariés

• En l'absence d'accord de branche, ce sont les dispositions de la loi qui


s'appliquent ou encore celles de l'accord d'entreprise si elles sont plus
favorables au salarié
La remise en question du régime de faveur (4/6)
après les ordonnances de septembre 2017

• L'ordonnance dresse ensuite une liste limitative de quatre domaines (bloc 2) :

1) La prévention de l'exposition aux risques professionnels


2) L'insertion professionnelle et le maintien dans l'emploi des salariés
handicapés
3) L'effectif à partir duquel les délégués syndicaux peuvent être
désignés, ainsi que leur nombre
4) Les primes pour travaux dangereux ou insalubres

L'accord de branche peut « verrouiller » ces quatre domaines et interdire aux


accords d'entreprise postérieurs de modifier les règles de l'accord de branche
La remise en question du régime de faveur (5/6)
après les ordonnances de septembre 2017

• L'accord d'entreprise peut donc intervenir dans ces quatre domaines :

 Soit en l'absence d'accord de branche et à condition de respecter les


dispositions légales ou réglementaires
 Soit en l'absence de clause de verrouillage dans l'accord de branche
 Soit en prévoyant des règles plus favorables au salarié que celles
prévues dans l'accord de branche
La remise en question du régime de faveur (6/6)
après les ordonnances de septembre 2017

• Les règles de l'accord d'entreprise priment sur celles de l'accord de branche


dans tous les autres domaines du droit du travail, qui ne figurent donc ni dans
le bloc 1 ni dans le bloc 2

• En l'absence d'accord d'entreprise, c'est l'accord de branche qui s'applique


naturellement

 Exemple : à compter du 1er janvier 2018, un accord d'entreprise peut


prévoir une indemnité de licenciement moins importante que celle
prévue par l'accord de branche. À condition toutefois de respecter les
planchers fixés par la loi
La remise en question du régime de faveur
Nécessités de fonctionnement de l'entreprise (1/2)

• L'article 2254-2 du Code du travail modifié par l'ordonnance 1385 du 22


septembre 2017 autorise également les accords d'entreprise pour répondre
aux nécessités du fonctionnement de l'entreprise

• Il s'agit de préserver ou de développer l'emploi mais aussi de préparer


l'entreprise aux évolutions du marché, même en l'absence de difficultés
économiques

• L'accord d'entreprise peut ainsi :


 Aménager la durée du travail
 Aménager la rémunération, dans le respect du smic et des salaires
minimaux conventionnels hiérarchiques
 Fixer les conditions de la mobilité professionnelle et géographique au
sein de l'entreprise
La remise en question du régime de faveur
Nécessités de fonctionnement de l'entreprise (2/2)

Le préambule de l'accord doit définir ses objectifs et peut préciser :


 Les modalités d'information des salariés
 La nature des efforts consentis par les dirigeants, les mandataires
sociaux et les actionnaires.
 Une fois approuvé, l'accord s'applique au contrat de travail du salarié

En cas de refus du salarié :


 Le salarié dispose d'un mois après la communication de l'accord
approuvé pour refuser son application. Son refus doit être explicite et
écrit
 Il peut alors être licencié par l'employeur dans le cadre d'un
licenciement pour motif personnel
 Le motif est considéré par nature « réel et sérieux ». Conséquence : le
salarié ne pourra contester son licenciement qu'en cas de non-respect
des règles de procédure
5. Les organisations syndicales en
France
Les cinq grandes O.S
Le taux de syndicalisation (France et étranger)
• 16 % de syndiqués en 1980

• 8 % aujourd’hui (concentrés à 50 % dans la fonction publique) y compris les


retraités et demandeurs d’emploi
Les organisations patronales
Le taux de couverture

• 97 % des salariés français travaillant dans des entreprises de plus de 10


salariés sont couverts par des normes collectives

• La faiblesse du taux de syndicalisation n’empêche pas une forte couverture


conventionnelle des salariés

• Effet erga omnes :


 Signature syndicale
 Recours administratif à la technique de l’extension et de
l’élargissement des accords
 Les accords ne s’appliquent pas seulement aux entreprises dont les
employeurs sont affiliés aux organisations patronales signataires
Les sources de financement des syndicats

• Environ ¾ des ressources proviennent de l’Etat et des organismes paritaires

• L’organisme paritaire est une institution composée d’un nombre égal de


représentants de chaque partie

• En droit social, les représentants en question s’entendent des représentants


des employeurs d’une part, des représentants des salariés d’autre part.

• Exemples : conseils de prud’hommes ; OPCA (formation) organismes


gestionnaires de Sécurité sociale ; UNEDIC
Depuis les années 90 :
le syndicalisme dans la tourmente

• Montée du chômage & de la flexibilité


• Vagues de licenciement
• Succession de leaders au sein des syndicats
• Évolution de l’organisation des entreprises
• Effondrement des régimes communistes
• Fossé entre les hommes d’appareil et les militants
• Multiplication des établissements de faible taille
Tendances (1/2)

Une dégradation globale préoccupante :


• Le ciment idéologique a souvent perdu toute crédibilité
• Les vocations se font rares
• Le syndicalisme vieillit
• Un déficit d’expertise face à des situations de plus en plus complexes
• Une méconnaissance de ce que veulent réellement les salariés

Mais un renforcement des structures syndicales :


• Exemple : effectifs de l’appareil syndical CGT :
1965 : 33 personnes / 1975 : 91 personnes / 1985 : 145 personnes

• Tendance identique dans les autres organisations

• La baisse d’influence du syndicalisme sur le terrain ne s’est pas traduite par


une baisse des moyens dont disposent les appareils
Tendances (2/2)

• La mise en place d'une représentation effective des salariés dans les TPE
permettrait de diffuser une culture de l'accord partout en France

• La CGPME et l’UPA se montrent logiquement très réticentes

• L'inversion de la hiérarchie des normes repose sur l'idée que le droit social
doit être défini par des accords d'entreprise plutôt que par des lois ou des
accords interprofessionnels

• Cette inversion est considérée comme une clé pour la compétitivité des
entreprises

• Elle fait partie des réformes promises à la Commission Européenne et à


l'Allemagne par la France pour obtenir une tolérance envers ses déficits
excessifs
6. Les principaux acteurs
du dialogue social en entreprise
Les principaux acteurs du dialogue social

1. Le Dirigeant

• Il détermine la stratégie de l’entreprise, les processus et le niveau de


circulation de l'information en interne

• Il est le seul à même de mettre en place les moyens et les infrastructures


nécessaires au dialogue social

• Le dirigeant est de fait le principal promoteur en interne du dialogue social

• Plus le Dirigeant est favorable à la circulation de l’information, à la


consultation la plus large possible et à la prise en compte des idées d’une
manière décloisonnée, plus le dialogue social trouvera matière à
s’épanouir en entreprise
Les principaux acteurs du dialogue social

2. L’encadrement

• L’encadrement est une composante importante du collège des salariés à


prendre en considération, puisqu’ils sont les vecteurs de la communication
entre la Direction et les Salariés, que cette communication soit ascendante
(des salariés vers la direction) ou descendante (de la direction vers les
salariés)

3. La section syndicale

• Depuis la loi du 20/08/2008 une section syndicale d'entreprise peut être


créée dans n'importe quelle entreprise par des syndicats qui possèdent
au moins deux salariés adhérents dans l'entreprise ou l'établissement
(arrêt de la chambre sociale du 8 juillet 2009 dit Okaidi)
Les principaux acteurs du dialogue social

4. Le Responsable de Section Syndicale (RSS)

• Lorsqu'un syndicat ne remplit pas les critères de représentativité dans une


entreprise ou un établissement d'au moins 50 salariés, il peut désigner un
représentant de la section syndicale (RSS).

• Ses prérogatives sont les mêmes que celles du délégué syndical (DS), à
l'exception du droit de négocier des accords collectifs

• Un RSS peut être désigné dans une entreprise de moins de 50 salariés, à des
conditions spécifiques
Les principaux acteurs du dialogue social

5. Le délégué syndical

• Le délégué syndical est un représentant du personnel désigné par un syndicat


représentatif dans l'entreprise

• C'est par son intermédiaire que le syndicat fait connaître à l'employeur ses
réclamations, revendications ou propositions et négocie les accords collectifs.
Pour accomplir sa mission, il bénéficie de moyens. Il peut cumuler différents
mandats.

6. Le délégué du personnel

• Les délégués du personnel était une institution représentative des salariés en


France, créée en 1936 par le Front populaire

• Supprimés sous le régime de Vichy, ils ont été rétablis par la loi du 16 avril
1946. Le 22 septembre 2017, ils ont été supprimés sous le gouvernement
Philippe par ordonnance au profit du Comité Économique et Social (CES)
7. Les instances représentatives du
personnel
Les seuils d’effectif

• Le dépassement de certains seuils d'effectif (11, 20, 50 collaborateurs...), sur


une période donnée, génère de nouvelles obligations pour l'employeur
comme :

1. La mise en place d'institutions représentatives du personnel

2. Le respect d'obligations sociales diverses (règlement intérieur,


négociation annuelle obligatoire...)
Mise en place d'institutions
représentatives du personnel (IRP)

• L'effectif requis pour la mise en place des différentes institutions


représentatives du personnel doit être atteint pendant 12 mois consécutifs, ou
non, au cours des trois dernières années précédant la date des élections

• L'effectif se calcule mois par mois


Les ordonnances du 22.09.2017

• Cinq ordonnances (159 pages et 36 mesures) ont été signées par


Emmanuel Macron

• Elles ont été publiées au Journal officiel le samedi 23 septembre

• Le chef de l'Etat a salué une réforme d'une « ampleur sans précédent sous
la 5ème République »

• Ces ordonnances modifient en profondeur les instances représentatives du


personnel
Le conseil social et économique

• Dans les entreprises de plus de 50 salariés, le CSE reprend les attributions des
CE, CHSCT et DP

• Il assure l’expression collective des salariés dans les domaines relatifs à la


gestion et à l’évolution financière de l’entreprise, l’organisation du travail, les
techniques de production et la formation professionnelle
Le conseil social et économique

La direction doit le consulter dans le cadre des débats relatifs à :

• L’évolution des effectifs de l’entreprise


• L’organisation et les conditions de travail
• Le plan de formation
• La modification de l’organisation juridique ou économique de l’entreprise
• L’introduction de nouvelles technologies ou de nouveaux éléments susceptibles
de modifier l’organisation du travail ou les conditions de santé et de sécurité
• L’aménagement du travail et l’insertion dans l’emploi des publics en situation de
handicap
• La direction doit lui transmettre la base de données économique et sociale de
l’entreprise
Le conseil social et économique

Le CSE est qualifié pour :

• Procéder à l’analyse des risques professionnels


• Faciliter l’accès des femmes et travailleurs handicapés dans l’emploi (maternité,
aménagements de postes…)
• Prévenir le harcèlement moral et sexuel et les comportements sexistes

Il peut ponctuellement :

• Procéder à des inspections relatives à la santé et à la sécurité


• Mener des enquêtes sur les accidents ou les maladies du travail et peut, pour
cela, recourir à l’expertise d’une personne de l’entreprise qualifiée

• Le CSE peut envoyer 2 à 4 représentants au Conseil d’administration de


l’entreprise
Le conseil social et économique

• Lorsque le CSE fera appel à une expertise extérieure sur les orientations
stratégiques de l’entreprise, 80 % des frais engagés sont pris en charge par
l’entreprise

• Les 20 % restant sont à sa charge. Muriel Pénicaud, Ministre du travail parle


d’un « ticket modérateur » pour les expertises

• Dans les autres cas (licenciements collectifs, situation économique…), 100 %


des frais relèvent de l’employeur

• Un accord d’entreprise peut mettre en place une fonction de « représentants


de proximité »

• L’accord précise le nombre, les attributions, les modalités de désignation et le


nombre d’heures de délégation dont ces représentants disposent
Le conseil social et économique

• Le nombre d’élus au CSE et leur nombre d’heures de délégation feront l’objet


d’un décret

• Selon l’ordonnance, ce temps de délégation ne peut être inférieur à 10 heures


par mois dans les entreprises de moins de 50 salariés et de 16 heures dans les
autres

• Le CSE se dote d’un secrétaire et d’un trésorier

• Les élus du CSE sont désignés pour 4 ans et ne peuvent exercer plus de 3
mandats successifs sauf dans les entreprises de moins de 50 salariés
Le conseil social et économique
• Le CSE se réunit au moins une fois par mois à partir de 300 salariés et une fois
tous les deux mois en deçà

• 4 réunions doivent porter en tout ou partie sur des questions de santé, sécurité
et conditions de travail

• L’employeur versera au CSE une subvention de fonctionnement annuelle


équivalente à :
• 0,20 % de la masse salariale brute dans les entreprises de 50 à 2 000
salariés
• 0,22 % dans les plus de 2 000 salariés

• La subvention de fonctionnement s’ajoute à la subvention destinée aux activités


sociales et culturelles, « sauf si l’employeur fait déjà bénéficier le comité d’une
somme ou de moyens en personnel équivalents à 0,22 % de la masse salariale
brute » (ordonnance)

• Aucune subvention de fonctionnement n’est prévue pour les entreprises de 1 à


49 salariés
Le conseil social et économique

Commission « hygiène, sécurité et conditions de travail » :

• Dans les entreprises de plus de 300 salariés et dans celles jugées « à risque » (site
Seveso, nucléaire…), cette commission est obligatoire

• Les membres de cette commission sont désignés par le CSE

• Elle reprend les attributions de l’ancien CHSCT

• En dessous de l’effectif minimum ou dans des établissements non-dangereux, le CSE


reste compétent sur ces questions
Entreprises < 50 salariés

• L'employeur peut, en l'absence de délégués syndicaux, négocier avec un élu


non mandaté par un syndicat

• Il peut organiser un référendum pour valider un accord signé par des syndicats
représentant plus de 30% des salariés de l'entreprise, sauf si l'ensemble des
organisations signataires s'opposent à la consultation
Les conditions de base du dialogue social

• Des organisations de travailleurs et d’employeurs fortes et indépendantes


dotées des compétences techniques nécessaires et pouvant accéder aux
informations utiles à leur participation au dialogue social

• La volonté politique affirmée d’engager le dialogue social de la part de


toutes les parties

• Le respect des droits fondamentaux que sont la liberté syndicale et la


négociation collective

• Un soutien institutionnel approprié


Le rôle de l’Etat dans le dialogue social

• Pour que le dialogue social fonctionne, l’Etat ne peut rester passif même
s’il n’intervient pas directement dans le processus

• Il lui incombe de créer un climat politique et social stable qui permette aux
organisations de travailleurs et d’employeurs autonomes d’agir librement,
sans crainte de représailles

• Même lorsque les relations sont fondamentalement de nature bipartite,


l’Etat doit fournir un soutien essentiel au processus de dialogue en
mettant à la disposition des parties un cadre juridique, institutionnel et
autre qui leur permette d’agir efficacement
En synthèse

• Le dialogue social est en perpétuelle évolution

• En France, il est historiquement placé sous le sceau de la conflictualité

• Refuser le dialogue revient à accepter la violence

• Toute partie prenante est tentée d’abuser d’un rapport de force favorable...
Jusque quand ?

• La recherche d’un compromis favorise la pérennité des accords conclus et la


stabilité économique et sociale

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