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INTRODUCTION
L’OIT a été fondée en 1919 sous l’égide du Traité de Versailles, qui a mis fin à la
Première Guerre mondiale. La création de l’OIT s’inscrivait dans le droit fil de la
réflexion selon laquelle une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la
base de la justice sociale.
La Constitution de l’OIT a été élaborée entre janvier et avril 1919 par la Commission
de la législation internationale du travail. Celle-ci avait été créée par la Conférence de
la Paix, réunie d’abord à Paris, puis à Versailles. Cette commission était composée de
représentants de neuf pays (Belgique, Cuba, Etats-Unis, France, Italie, Japon,
Pologne, Royaume-Uni et Tchécoslovaquie). Elle a donné naissance à une
1
Convention à laquelle la Côte d’Ivoire a adhéré le 26 septembre 2023.
organisation tripartite, unique en son genre, dont les organes exécutifs sont
composés de représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs.
La Constitution de l’OIT intégra les principes et valeurs alors promus par l’Association
internationale pour la protection légale des travailleurs, fondée en 1901 à Bâle. L’idée
de créer une organisation internationale dédiée aux questions du travail remonte en
fait à la deuxième moitié du XIXe siècle. Elle était alors défendue par deux
industriels, le Gallois Robert Owen (1771-1853) et le Français Daniel Legrand (1783-
1859).
Étant la seule institution multilatérale au monde dotée d’une structure tripartite, l’OIT
a pour vocation de fournir aux hommes et aux femmes de tous les pays, riches ou
pauvres, de meilleures possibilités d’obtenir un travail et un revenu décents, la
sécurité de l’emploi et de meilleures conditions de vie. Elle s’efforce d’atteindre ces
objectifs en promouvant les droits au travail, en encourageant la création d’emplois
décents, en améliorant la protection sociale et en renforçant le dialogue social dans
le domaine de l’emploi.
L’OIT est la tribune internationale pour tout ce qui a trait au monde du travail. Un
des principaux objectifs de l’OIT consiste à aider les gouvernements des pays
membres à mettre en place les institutions propres à garantir le fonctionnement de la
démocratie et à rendre compte de leurs actions aux citoyens.
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Ratifiée par la Côte d’Ivoire le 21 novembre 1960.
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Ratifiée le 05 mai 1961.
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Ratifiée le 21 novembre 1960.
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Ratifiée le 05 mai 1961.
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Ratifiée le 05 mai 1961.
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Ratifiée le 05 mai 1961.
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Ratifiée le 07 février 2003.
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Ratifiée le 07 février 2003.
Par cette ample définition, la C111 couvre l'ensemble des situations qui peuvent
affecter l'égalité de chances et de traitement dont elle doit assurer la promotion. Il
ressort de l'examen des informations disponibles plusieurs points qui méritent une
particulière attention. En premier lieu, les mesures discriminatoires ont fait l'objet,
dans certains pays, de définitions qui peuvent restreindre la protection prévue par la
convention. En second lieu, certaines précisions relatives au caractère direct ou
indirect des discriminations ont été apportées soit par des dispositions législatives,
soit par les tribunaux, soit par des organismes mis en place pour traiter des
questions de discrimination. Enfin, les exclusions ou préférences visées peuvent avoir
leur source dans la législation mais aussi et surtout dans la pratique.
Ainsi aucune discrimination ne doit être faite aux personnes qui postulent à un
emploi, encore moins à celles qui exercent de cet emploi.
A. La notion de discrimination
Cependant, l’article 5-2 de la Convention dispose que chaque Etat peut, «après
consultation des organisations d’employeurs et de travailleurs, définir comme non
discriminatoires toutes autres mesures spéciales destinées à tenir compte des
besoins particuliers de personnes à l’égard desquelles une protection ou une
assistance spéciale est, d’une manière générale, reconnue nécessaire pour des
raisons telles que le sexe, l’âge, l’invalidité, les charges de famille ou le niveau social
ou culturel », ainsi que l’état de santé, la nationalité, l’orientation sexuelle, l’affiliation
syndicale…
2. La nature de la discrimination
La discrimination prohibée en l’espèce n’est pas seulement d’ordre juridique c’est-à-
dire fondée sur les normes nationales. Elle concerne également la discrimination
d’ordre pratique c’est-à-dire celle qui est faite dans les faits alors même que la
législation du pays est irréprochable.
B. Les exceptions
Les qualifications exigées par un emploi déterminé ne sont pas discriminatoires.
On peut distinguer, parmi les différentes mesures adoptées en faveur des femmes,
d'une part les mesures spéciales proprement dites ayant pour objet la protection de
la maternité et de la santé (En Côte d’Ivoire, l’article 23.3 C.T. interdit, par exemple,
le licenciement de la femme pendant sa grossesse ainsi que pendant les douze
semaines qui suivent l’accouchement, sauf faute lourde de sa part. L’article 23.4 du
même code l’autorise à rompre son contrat de travail sans préavis et sans avoir à
payer une indemnité de rupture) d'autre part des mesures plus proches de la notion
de traitement préférentiel prises par les Etats dans le but de remédier aux effets de
la discrimination faite à l'encontre des femmes. Ces dernières se situent aux
différents niveaux des besoins : formation, accès à l'emploi, conditions de travail.
La plus courante des mesures adoptées semble être celle qui consiste à accorder des
subventions salariales aux entreprises en vue de favoriser l'embauche des travailleurs
âgés. En Espagne, il est prévu d'accorder à l'entreprise recrutant des travailleurs de
plus de 45 ans un certain nombre de facilités. L'entreprise bénéficie pour chaque
travailleur engagé alors qu'il a déjà atteint l'âge de 45 ans d'une subvention, d'un
abattement de 50 pour cent (et ce pendant deux ans) des primes dues pour ce
travailleur au titre de la sécurité sociale, et de la formation professionnelle gratuite
pour ce travailleur. En France, une prime d'incitation à l'embauche des cadres âgés
de plus de 50 ans avait été instituée à titre exceptionnel en 1979. En Allemagne, des
subventions ou des prêts peuvent être accordés aux entreprises, au titre du coût des
salaires des travailleurs ayant atteint un certain âge, pour faciliter l'embauche des
chômeurs de plus de 45 ans.
Le nombre de pays ayant adopté une législation spécifique sur l'emploi des
handicapés est en progression constante. Qu'il s'agisse des dispositions contenues
dans des lois générales sur le travail ou de législations traitant particulièrement de
l'emploi des handicapés, pratiquement toutes contiennent des mesures spéciales de
protection en faveur de ces travailleurs.
Les mesures les plus fréquemment prises pour favoriser l'engagement de travailleurs
handicapés sont les subventions accordées aux entreprises qui engagent ces
travailleurs, les déductions fiscales et l'exonération des cotisations dues aux systèmes
de sécurité sociale. La loi d’orientation de 1998 prévoit en son article 9 une aide
financière aux entreprises ivoiriennes qui engageraient des travailleurs handicapés.
Pareille mesure ne saurait être considérée comme discriminatoire au sens de la
Convention 111.
A. Contenu de l’égalité
Certaines inégalités de salaires sont admises parce que fondées sur des critères
objectifs et non sur le sexe. C’est le cas des critères relatifs à l’ancienneté, à
l’éducation, aux qualifications, à l’expérience, à la productivité…
Parmi les éléments additionnels mentionnés dans un certain nombre de lois comme
constituant des critères de comparaison des rémunérations figurent des facteurs tels
Certaines législations sur le travail qui prévoient l'égalité de rémunération pour "un
même travail" exigent que non seulement la nature du travail ou les conditions de
travail mais aussi la qualification des travailleurs ou leurs qualifications et aptitudes,
la qualité du travail, le rendement des travailleurs ou la quantité de travail soient les
mêmes. De même, les dispositions de l'article 91 du Code du travail de la France
d'outre-mer prévoyait le versement du même salaire à tous les travailleurs, quels que
soient leur origine, leur sexe, leur âge et leur statut, "à conditions égales de travail,
de qualification professionnelle et de rendement". Cette disposition a été insérée
dans les codes du travail qu'ont adoptés un grand nombre de pays africains
francophones.
Si des critères d'évaluation de la prestation du travailleur, tels que ses aptitudes, son
rendement, ainsi que leurs équivalents ne sont pas discriminatoires en eux-mêmes
pour servir de base à une différenciation des salaires, il faut que leur application se
fasse de bonne foi.
3. Efficacité.
La liberté syndicale ayant ainsi été proclamée dès le début comme l'un des principes
fondamentaux de l'Organisation, le besoin se fit rapidement ressentir d'adopter des
dispositions donnant un contenu plus précis à ce concept général et d'énoncer ses
éléments essentiels dans un instrument formel de l'OIT, afin d'en promouvoir et d'en
surveiller efficacement l'application générale.
- à des niveaux plus élevés, recommandation (no 113) sur la consultation aux
échelons industriel et national, 1960.
Les Nations Unies ne traitent pas des questions du travail en tant que telles et, dans
un accord conclu en 1946 avec l'OIT, elles ont reconnu celle-ci comme l'institution
spécialisée investie de la responsabilité de prendre des mesures appropriées pour
l'accomplissement des objectifs prévus dans sa Constitution. Elles ont cependant
adopté, essentiellement dans le cadre des instruments relatifs aux droits de l'homme,
des normes et des principes concernant également des questions de travail, dont les
droits syndicaux. Ainsi, la Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948, puis le
Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, 1966, et le Pacte relatif
aux droits civils et politiques, 1966, ont consacré des droits et libertés qui sont
indispensables au libre exercice des droits syndicaux. La Déclaration, dont l'influence
morale est incontestable, dispose notamment que toute personne a droit à la liberté
de réunion et d'association pacifiques (art. 20.1) et le droit de fonder avec d'autres
des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts (art.
23.4). Les Pactes, entrés en vigueur en 1976, contiennent des dispositions sur le
droit d'association, en particulier celui de fonder des syndicats, et sur le droit de
grève. Conformément à l'article 18 du Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, l'OIT fait rapport au Conseil économique et social
des Nations Unies (ECOSOC) sur les progrès réalisés dans l'observation des
dispositions du Pacte relevant de la compétence de l'Organisation.
A. La liberté syndicale
• Fonction publique
Étant donné le libellé très large de l'article 2 de la convention no 87, tous les agents
de la fonction publique doivent avoir le droit de constituer des organisations
professionnelles, qu'ils s'occupent de l'administration de l'Etat à l'échelon central,
régional ou local, ou qu'ils soient des agents d'organismes assurant d'importants
services publics ou travaillant dans des entreprises de caractère économique
appartenant à l'Etat..
Pour que ce droit soit pleinement garanti, deux conditions de base doivent être
remplies : premièrement, la législation nationale ne doit prévoir que des exigences
de forme en ce qui concerne les statuts syndicaux ; deuxièmement, les statuts et
règlements ne doivent pas faire l'objet d'une approbation préalable discrétionnaire
par les autorités.
L'autonomie des organisations ne peut être réellement garantie que si leurs membres
ont le droit d'élire en toute liberté leurs représentants. Les autorités publiques
Toute destitution ou suspension des dirigeants syndicaux qui ne résulte pas d'une
décision interne du syndicat, d'un vote des adhérents ou d'une procédure judiciaire
régulière constitue une grave ingérence dans l'exercice des fonctions syndicales
auxquelles les dirigeants ont été librement élus par les membres de leurs syndicats.
Il n'y a pas atteinte au droit des organisations d'organiser leur gestion si, par
exemple, le contrôle exercé par l’autorité publique se borne à une obligation de
soumettre des rapports financiers périodiques ou s'il est effectué parce qu'il existe de
sérieuses raisons de considérer que les actions d'une organisation sont contraires à
ses statuts ou à la loi (qui de son côté ne devrait pas être en contradiction avec les
principes de la liberté syndicale). Il n'y a pas atteinte à la convention si la vérification
est limitée à des cas exceptionnels, par exemple sur à une plainte ou s'il y a eu des
allégations de malversation.
2. Le droit de grève
Le droit de grève constitue certes un droit fondamental, mais non pas une fin en soi.
Coûteuse et perturbatrice pour les travailleurs, les employeurs et la société, la grève
traduit l'échec de la négociation collective des conditions de travail.
Cependant, le droit de grève, bien que fondamental, n’est pas un droit absolu ;
« non seulement il peut exceptionnellement faire l’objet d’une interdiction
10
Recueil Comité de la Liberté Syndicale, paragr. 345.
11
Recueil Comité de la Liberté Syndicale, paragr. 362 et 363 ; Etude d’ensemble, 1983, paragr. 200 ; Etude
d’ensemble, 1994, paragr. 148.
12
Recueil CLS, 1985, paragr.389.
générale », mais « il peut également être encadré par une réglementation qui
impose des modalités ou des restrictions » dans son exercice.
Ces limitations du droit de grève ne doivent concerner que les « fonctionnaires qui
exercent des fonctions d’autorité au nom de l’Etat »13 ou « les services essentiels »
c’est-à-dire « les services dont l’interruption mettrait en danger, dans l’ensemble ou
dans une partie de la population, la vie, la sécurité ou la santé de la personne »14.
Lorsque le droit de grève fait l’objet de limitation, des garanties appropriées doivent
être consenties aux travailleurs ainsi privés d’un moyen fondamental de défense de
leurs intérêts professionnels. En compensation il faudrait recourir à «des procédures
de conciliation et d’arbitrage appropriées, impartiales et rapides, aux diverses étapes
desquelles les intéressés devraient pouvoir participer, et les décisions arbitrales
devraient être dans tous les cas obligatoires pour les deux parties. De tels
jugements, une fois rendus, devraient être exécutés rapidement et de façon
complète »15.
Bien que le droit de grève ne soit pas expressément inscrit dans la Constitution de
l'OIT ou dans la Déclaration de Philadelphie, ni reconnu spécifiquement dans les
conventions n° 87 et 98, il semble avoir été tenu pour acquis. A l'heure actuelle,
seuls l'article 1 de la convention (n° 105) sur l'abolition du travail forcé, 1957, et les
paragraphes 4, 6 et 7 de la recommandation (n° 92) sur la conciliation et l'arbitrage
volontaires, 1951, mentionnent la grève, et ce de façon indirecte. En revanche,
plusieurs résolutions de la Conférence internationale du Travail, de conférences
régionales ou de commissions sectorielles font état du droit de grève, ou de mesures
visant à garantir son exercice.
13
Etude d’ensemble CE, 1994, paragr.158.
14
Recueil CLS, paragr. 394 et 400 ; Etude d’ensemble, 1983, paragr. 214.
15
Etude d’ensemble CE, 1983, paragr.214 ; Recueil CLS, paragr. 397 ; Etude d’ensemble, 1994, paragr. 164.
La protection accordée aux travailleurs et aux dirigeants syndicaux contre les actes
de discrimination antisyndicale constitue un aspect capital du droit syndical, puisque
de tels actes peuvent aboutir dans la pratique à une négation des garanties prévues
par la convention no 87. Cela implique notamment qu'un licenciement antisyndical ne
peut être traité sur le même pied que d'autres types de licenciement, parce que le
droit syndical est fondamental. De l'avis de la commission, cela entraîne des
distinctions en ce qui concerne par exemple les modalités de preuve, les sanctions et
les mesures de redressement.
• Personnes protégées
• Période couverte
• Actes visés
son affiliation ou de ses activités syndicales. Cependant, comme dans les cas de
discrimination à l'embauche, la difficulté majeure aura souvent trait à la possibilité de
prouver le caractère discriminatoire de la mesure en question.
• Licenciements économiques
Un problème particulier est posé par les licenciements pour motifs économiques qui
peuvent avoir des répercussions négatives sur les travailleurs syndiqués, et en
particulier les dirigeants syndicaux, s'ils sont utilisés comme un moyen détourné pour
se livrer à des actes de discrimination antisyndicale à leur égard sous couvert de
licenciement économique. Entre autres mesures, la recommandation no 143 sur les
représentants des travailleurs suggère en son paragraphe 6 (2) f) la priorité à
accorder au maintien en emploi des représentants des travailleurs en cas de
réduction du personnel. Par ailleurs, la convention (no 158) sur le licenciement,
1982, impose à l'employeur qui envisage des licenciements pour des motifs de
nature économique, technologique, structurelle ou similaire une obligation de
consultation des représentants des travailleurs (article 13) et de notification à
l'autorité compétente (article 14). Si elles ne confèrent pas une protection spécifique
aux travailleurs syndiqués et dirigeants syndicaux en cas de licenciement pour des
motifs économiques, ces deux dispositions peuvent néanmoins contribuer à les
protéger contre les actes de discrimination antisyndicale.
• Procédures et sanctions
• Preuve
La commission souligne l'intérêt que présentent à cet égard les dispositions d'autres
instruments de l'OIT. Ainsi l'article 9.2 de la convention no 158 sur le licenciement
prévoit notamment ce qui suit: "Afin que le salarié n'ait pas à supporter seul la
charge de prouver qu'un licenciement n'était pas justifié, les méthodes d'application
• Indemnisation
reconnus aux travailleurs individuels par la garantie du libre exercice du droit syndical
des organisations de travailleurs. Elle assure également aux organisations
d'employeurs la même protection qu'aux organisations de travailleurs.
Dans certains pays, la nature et l'étendue des matières négociables sont encadrées
par la législation qui, soit prescrit la discussion de certains sujets afin d'assurer que
les parties règlent elles-mêmes les problèmes majeurs qui les concernent, soit
interdit la négociation de certaines questions pour des raisons d'intérêt général ou
d'ordre public. De l'avis de la commission, les mesures prises unilatéralement par les
autorités pour restreindre l'étendue des sujets négociables sont souvent
incompatibles avec la convention; des discussions tripartites visant à élaborer sur
une base volontaire des lignes directrices en matière de négociation collective
constituent une méthode particulièrement appropriée pour y remédier.
Établie en accord avec le Conseil économique et social des Nations Unies, cette
commission examine les plaintes en violation des droits syndicaux que le Conseil
d'administration lui renvoie, concernant des pays Membres de l'OIT qui ont ou non
ratifié les conventions sur la liberté syndicale. Toutefois, si le pays mis en cause ne
les a pas ratifiées, son consentement au renvoi de la plainte de la commission est
nécessaire. Fonctionnant en règle générale par groupe de trois membres et
composée de personnalités indépendantes nommées par le Conseil d'administration,
cette commission est essentiellement un organe d'investigation. Mais elle peut
examiner avec le gouvernement intéressé les possibilités de régler les difficultés par
voie d'accord. La commission n'a été convoquée que rarement, en raison notamment
du fait qu'aucun accord des gouvernements sollicités n'avait pu être obtenu avant
1964. Les plaintes soumises contre des Etats membres des Nations Unies mais non
de l'OIT, sont transmises à la commission, conformément à une procédure
particulière et avec le consentement du gouvernement mis en cause. C'est ainsi que
le BIT a été saisi en 1988 d'une plainte présentée par le Congrès des syndicats sud-
africains contre le gouvernement d'Afrique du Sud. Celui-ci a donné, en 1991, son
consentement à la transmission de la plainte à la commission qui a établi un rapport
très détaillé contenant ses conclusions sur les aspects factuels et législatifs de la
situation des relations professionnelles dans ce pays, et formulé de nombreuses
recommandations, notamment en matière de liberté syndicale et de négociation
collective.
1. Travail ou service
Pour que le travail exécuté soit considéré comme forcé ou obligatoire, le travail ou le
service doit avoir été exigé sous la menace d’une peine quelconque. La peine dont il
s’agit ici ne doit pas revêtir seulement la forme d’une sanction pénale, il peut s’agir
de privation de quelques droits ou avantages. Par exemple, il peut s’agir pour un
prisonnier de la réduction d’une perspective de libération anticipée.
La liberté de s’offrir de plein gré pour un travail ou un service doit tenir compte du
cadre législatif ou pratique qui assure cette liberté. Ainsi, la simple liberté de choisir
parmi toutes les catégories de travail ou de service existant ne suffit pas pour
assurer le respect de la convention lorsque la loi prévoit une obligation générale de
travailler.
loi, mais également de la pratique d’un employeur telle que la rétention des papiers
d’identité d’un travailleur migrant.
Le mineur peut conclure et rompre seul un contrat de travail à l’âge que chaque
législation nationale autorise. En Côte d’Ivoire, c’est à l’âge de 18 ans qu’il peut le
faire, étant entendu qu’ici le mineur est l’individu de l’un ou l’autre sexe qui n’a pas
encore atteint l’âge de 21 ans révolus.
Les emplois dangereux pour la santé, la sécurité et la moralité sont interdits aux
enfants de sorte que ni eux-mêmes ni leurs représentants légaux ne sont
valablement admis à consentir à un tel emploi. Il est admis que des mineurs engagés
pour une carrière militaire puissent revenir sur leur engagement.
Une personne adulte qui s’est offerte de plein gré pour un travail ou un service, peut-
elle être libre de quitter cet emploi ?
Pour les organes de contrôle de l’OIT, bien que l’emploi soit le résultat d’un accord
librement conclu, le travailleur ne saurait aliéner son droit au libre choix de son
travail. En conséquence, les dispositions légales empêchant un travailleur engagé
pour une durée indéterminée de mettre fin à son emploi moyennant un préavis
raisonnable ont pour effet de transformer une relation contractuelle fondée sur la
volonté des parties en un service imposé par la loi et sont incompatibles avec les
conventions sur le travail forcé. Il en est de même lorsque le travailleur est tenu de
servir au delà de l’échéance d’un contrat à durée déterminée.
exécutés dans l’intérêt direct de la collectivité par les membres de celles-ci, travaux
qui de ce chef, peuvent être considérés comme des obligations civiques normales
incombant aux membres de la collectivité, à condition que la population elle-même
ou ses représentants directs aient le droit de se prononcer sur le bien fondé de ces
travaux.
Selon l’article 1er, tout membre de l’OIT qui ratifie la présente convention s’engage à
supprimer le travail forcé ou obligatoire et à n’y recourir sous aucune forme :
en tant que sanction à l’égard des personnes qui ont ou expriment certaines opinions
politiques ou manifestent leur opposition idéologique à l’ordre politique, social ou
économique établi ;
nationale ou religieuse.
1. Coercition politique
Toutefois, certaines limitations aux droits et libertés en cause peuvent être établies
par la loi « en vue d’assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés
d’autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l’ordre public et du
bien être général dans une société démocratique ».
Outre les limites applicables dans les circonstances normales, la liberté d’expression
et d’autres droits fondamentaux qui concernent la convention peuvent être soumis,
pendant des périodes exceptionnelles, à des restrictions temporaires. La nécessité
d’un recours inhabituel à de telles mesures est reconnue dans le Pacte international
relatif aux droits civils et politiques « dans le cas où un danger public exceptionnel
menace l’existence de la nation et est proclamé par un acte officiel ».
Les organes de contrôle d’ l’OIT ont adopté un point de vue analogue en ce qui
concerne les mesures exceptionnelles telles que la suspension des libertés et droits
fondamentaux qui peuvent avoir une incidence sur l’article 1.a de la convention dès
lors qu’elles sont assorties de sanctions comportant du travail obligatoire. Des
mesures exceptionnelles de ce genre ne sont admises que dans la mesure où elles
sont nécessaires pour faire face à des circonstances mettant en danger, dans
l’ensemble ou dans une partie de la population, la vie, la sécurité et la santé de la
personne.
2. Développement économique
3. Discipline du travail
Le travail forcé ou obligatoire imposé en tant que mesure de discipline du travail peut
revêtir deux formes. Il peut consister en des mesures destinées à assurer l’exécution,
par un travailleur, de son travail sous la contrainte de la loi (sous la forme d’une
contrainte physique ou d’une menace de punition) ou en une sanction par
manquement à la discipline du travail avec des peines comportant une obligation de
travail.
Dans ce dernier cas, les organes de contrôle de l’OIT ont distingué entre les peines
infligées pour faire respecter la discipline du travail en tant que telle (et qui tombe
sous le coup de la convention) et celles qui frappent des manquements à la discipline
du travail qui compromettent ou risquent de mettre en danger le fonctionnement de
services essentiels. Les travailleurs intéressés doivent rester libres de mettre fin à
leur contrat de travail moyennant un préavis raisonnable.
Toutefois, « des sanctions peuvent être infligées pour participation à des grèves
illégales et que ces sanctions comportent un travail pénitentiaire normal ».
5. Discrimination
La convention n°105 ne constitue pas une révision de la convention n°29, mais elle
est plutôt destinée à la compléter.
Selon les organes de contrôle de l’OIT, si dans le cas des délinquants de droit
commun, le travail pénitentiaire est destiné à la rééducation et à la réinsertion
sociale, ce même besoin n’existe pas quand il s’agit de personnes condamnées pour
leur opinion ou pour avoir pris part à une grève.
certains délits politiques un statut spécial, comparable à celui des prévenus, qui les
libère du travail pénitentiaire imposé aux criminels de droit commun, tout en leur
accordant la possibilité d’avoir une activité à leur demande.
L’accent mis par les normes internationales du travail sur l’élimination du travail des
enfants témoigne de la conviction de l’OIT que l’enfance est une période de la vie qui
ne devrait pas être consacrée au travail, mais à leur développement physique et
mental, à leur éducation, à leur socialisation ainsi qu’aux jeux et activités récréatives.
Cette conviction se reflète tant dans la convention n°138 sur l’âge minimum, 1973 et
dans la recommandation n°146 qui la complète que dans la convention n°182 sur les
pires formes de travail des enfants, 1999, et la recommandation n°190
correspondante.
Une des méthodes les plus efficaces pour s’assurer que les enfants ne commencent
pas à travailler trop jeunes est de déterminer l’âge légal auquel ils sont susceptibles
d’être employés ou autorisés à travailler.
Cet âge minimum ne devra pas être inférieur à l’âge auquel cesse la scolarité
obligatoire, c’est-a-dire á 15 ans. Pour les pays en développement, cet âge peut être
exceptionnellement fixé á 14 ans.
Pour les travaux dangereux, l’âge minimum ne doit pas être inférieur á 18 ans. C’est
seulement sous certaines conditions que les enfants de 16 ans peuvent les faire.
Quant aux travaux légers, des enfants de 13 á 15 ans sont autorisés á les exécuter,
pour autant que ceux-ci ne portent pas préjudice à leur santé, leur sécurité, leur
assiduité scolaire ou à leur participation à des programmes de formation
professionnelle. Cependant, dans les pays en développement, les enfants de 12 á 14
ans peuvent être autorisés á faire des travaux légers.
Alors que le travail des enfants prend de nombreuses formes différentes, la priorité
est donnée à l’élimination immédiate des pires formes de travail des enfants, telles
que définies par l’article 3 de la Convention nº 182 de l’OIT :
• Les travaux qui exposent les enfants à des sévices physiques, psychologiques
ou sexuels ;
• Les travaux qui s'effectuent sous terre, sous l'eau, à des hauteurs
dangereuses ou dans des espaces confinés ;
• Les travaux qui s'effectuent avec des machines, du matériel ou des outils
dangereux, ou qui impliquent de manipuler ou porter de lourdes charges ;
• Les travaux qui s'effectuent dans un milieu malsain pouvant, par exemple,
exposer des enfants à des substances, des agents ou des procédés
dangereux, ou à des conditions de température, de bruit ou de vibrations
préjudiciables à leur santé ;
• Les travaux qui s'effectuent dans des conditions particulièrement difficiles, par
exemple pendant de longues heures, ou la nuit, ou pour lesquels l'enfant est
retenu de manière injustifiée dans les locaux de l'employeur.
Tous ces éléments doivent guider chaque Etat dans la détermination de la liste des
travaux dangereux qu’il s’oblige á faire périodiquement, au vu de l’article 4 de ladite
Convention. C’est en application de cette disposition que la Côte d’Ivoire dresse
périodiquement la liste des travaux dangereux en Côte d’Ivoire telle que celle prévue
par l’arrêté du 2 juin 2017 du ministre chargé du travail.
Ces mécanismes internationaux sont fondés sur les rapports des Etats membres et
sur les réclamations et plaintes dont ceux-ci peuvent faire l’objet.
Le rapport annuel que l’Etat devra fournir au BIT, sera résumé par le Directeur
Général de cet organe permanent de l’OIT avant d’être présenté à la prochaine
session de la Conférence Générale des Représentants des Etats membres.
B. La procédure de Plainte
Il s’agit du droit qu’a un quelconque Etat partie à l’OIT de saisir le BIT d’une plainte
contre un autre Etat partie qui, à son avis, n’assure pas suffisamment l’exécution
d’une convention de l’OIT. Le conseil d’administration peut, s’il l’estime utile, et avant
En tout état de cause, cette procédure peut être également engagée par le conseil
d’administration soit d’office soit sur plainte d’un délégué à la conférence.
Comme on peut le constater, les mécanismes de contrôle institués par l’OIT pour
surveiller l’application de ses conventions sont d’une singularité sans pareille et d’une
efficacité sans précédent. Car pour l’application des conventions ratifiées, depuis
1969, l’OIT a institué une procédure de contact direct entre un représentant du
Directeur Général du BIT et les gouvernements. En effet à la demande ou avec
l’accord du gouvernement intéressé, un représentant du Directeur Général se rend
dans le pays pour examiner la situation litigieuse avec les représentants
gouvernementaux. Il doit aussi prendre contact avec les organisations d'employeurs
et de travailleurs. Cette procédure est étendue aujourd'hui, en raison des bons
résultats obtenus, aux problèmes de l'envoi des rapports périodiques dus et aux
obstacles à la ratification d'une convention de l’OIT.