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Remplacement « en cascade ». Il est possible d’affecter le salarié sous CDD non pas au poste de
l’absent, mais au poste d’un autre salarié lui-même affecté au remplacement de l’absent (cass. soc. 22
novembre 1995, n° 09-44480, BC V n° 308), sous réserve que le salarié sous CDD n’occupe pas
durablement un emploi permanent dans l’entreprise (cass. soc. 16 juillet 1997, n° 94-42398, BC V n°
270).
Absence du poste de travail. Il est possible de recourir à un CDD pour remplacer un salarié aussi bien
absent de l’entreprise que de son poste de travail habituel (cass. soc. 13 juillet 2010, n° 09-40600, BC
V n° 171 ; circ. DRT 92-14 du 29 août 1992).
Conclusion d’autant de CDD que de salariés à remplacer. Quand l’employeur a recours au CDD
pour remplacer un salarié, en cas d’absence ou de suspension de son contrat de travail (c. trav. art. L.
1242-2), le salarié doit être recruté pour remplacer un salarié déterminé et nommément désigné.
L’omission du nom et de la qualification du salarié remplacé entraîne la requalification du CDD
en un CDI (cass. soc. 30 avril 2003, n° 01-40937, BC V n° 149).
Selon les juges, un CDD ne peut être conclu que pour le remplacement d’un seul salarié en cas
d’absence. Le contrat par lequel un travailleur est embauché pour remplacer simultanément ou
successivement plusieurs salariés absents en violation de cette règle doit donc être requalifié en CDI
(cass. soc. 18 janvier 2012, n° 10-16926, BC V n° 17).
Ainsi, un contrat conclu pour le remplacement de l’ensemble du personnel titulaire absent en raison
des congés annuels ou d’une maladie doit être requalifié en CDI (cass. soc. 24 février 1998, n° 95-
41420, BC V n° 98). Il en est de même lorsque le remplacement concerne un nombre déterminé de
salariés, dès lors que plusieurs d’entre eux sont concernés (cass. soc. 28 juin 2006, nos 04-40455 et 04-
43053, BC V n° 228).
1. Un CDD ne peut pas être conclu pour le remplacement de plusieurs personnes absentes en
raison de congés payés par un seul salarié (cass. soc. 28 juin 2006, n° 04-40455, BC V n° 228 ; cass.
soc. 18 janvier 2012, n° 10-16926, BC V n° 17).
2. Un salarié embauché pour remplacer un salarié absent ne peut pas également remplacer un
autre salarié parti en congés payés, au milieu de son contrat (cass. soc. 11 juillet 2012, n° 11-12243,
BC V n° 216).
Éviter la multiplication de CDD de remplacement. En cas de multiplication de CDD pour
remplacement, l’employeur risque la requalification.
Remplacement partiel sur les « tâches ». L’employeur peut ne remplacer que partiellement le salarié
absent. Il peut donc embaucher en CDD un salarié de qualification inférieure au salarié remplacé et lui
verser une rémunération moins importante dès lors qu’il ne lui demande d’effectuer qu’une partie des
tâches du salarié absent (cass. soc. 15 octobre 2002, n° 00- 40623, BC V n° 305). Il est prudent de
préciser dans le contrat non seulement les tâches qui doivent être accomplies mais aussi celles qui ne
doivent pas l’être.
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habituel, ou un associé non salarié d’une société civile professionnelle, d’une société civile de moyens
ou d’une société d’exercice libéral (c. trav. art. L. 1242-2) ;
-un chef d’exploitation ou d’entreprise agricole, un aide familial, un associé d’exploitation ou leur
conjoint quand il participe effectivement à l’activité de l’entreprise ou de l’exploitation agricole (c.
rural art. L. 722-1 et L. 722-10) ;
Un salarié avait été engagé, en CDD, en qualité de chef d’exploitation, pour assurer le remplacement
du gérant, pendant son absence, sur un site d’exploitation. Il estimait que son contrat devait être
requalifié en CDI. Il a d’abord obtenu gain de cause au motif que le gérant de la société assumait ses
fonctions à partir du siège sans avoir jamais réellement exercé en qualité de chef d’exploitation sur le
site en question. La Cour de cassation a censuré cette décision. Les juges auraient dû rechercher si les
fonctions confiées au salarié remplaçant n’avaient pas été préalablement exercées par le chef
d’entreprise, peu important que celui-ci ait été ou non présent physiquement sur le site (cass. soc. 26
novembre 2008, n° 07-41751, BC V n° 229).
-un pharmacien titulaire d’officine (c. santé pub. art. L. 5125-21).
Emplois saisonniers
Un CDD peut être conclu afin de pourvoir des emplois à caractère saisonnier. Les emplois à caractère
saisonniers sont ceux dont les tâches sont appelées à se répéter chaque année selon une périodicité à
peu près fixe en fonction du rythme des saisons ou des modes de vie collectifs (c. trav. art. L. 1242-2).
Le caractère saisonnier d’un emploi concerne des tâches normalement appelées à se répéter chaque
année à des dates à peu près fixes, en fonction du rythme des saisons ou du mode de vie collectif, et
qui sont effectuées pour le compte d’une entreprise dont l’activité obéit aux mêmes variations (cass.
soc. 9 mars 2005, n° 02-44706, BC V n° 85).
L’activité d’une société fabriquant et commercialisant des pizzas surgelées toute l’année avec un
accroissement périodique de production plus ou moins important à certaines périodes de l’année ne
constitue pas une activité saisonnière, mais relève plutôt d’un accroissement temporaire de l’activité
(cass. soc. 5 décembre 2007, n° 06-41313, BC V n° 206).
Un salarié avait conclu avec une association 30 CDD successifs « pour un emploi à caractère saisonnier
» en vue d’occuper des fonctions de factotum ou de plongeur dans les différents centres de vacances.
Il avait exercé des fonctions particulièrement polyvalentes, pour des périodes de longue durée, parfois
hors périodes de vacances scolaires et de loisirs, qui ne présentaient aucun caractère saisonnier. Ces
tâches multiples et diverses étaient sans corrélation démontrée avec le rythme des saisons ou les modes
de vie collectifs, en conséquence, ces tâches relevaient de l’activité normale et permanente de
l’association (cass. soc. 13 octobre 2011, n° 10-10367 D).
Un CDD indiquait comme motif de recours : « Faire face aux besoins d’accroissement d’activité lié à
la saison touristique ». De plus, l’entreprise se trouvait dans une zone touristique d’affluence
exceptionnelle, avec chaque été une pointe saisonnière au cours de laquelle le magasin en question
connaissait chaque année une augmentation substantielle de son chiffre d’affaires et devait faire face à
l’afflux cyclique de touristes consommateurs. Le recours au CDD saisonnier était donc justifié (cass.
soc. 11 janvier 2012, n° 10-16898 D).
Une entreprise touristique ouverte toute l'année connaissant un accroissement significatif à des dates à
peu près fixes, peut recourir aux CDD saisonniers pour faire face à l'afflux de touristes (cass. soc. 19
septembre 2013, n° 12-18001 D).
CDD d’usage
Cas de recours autorisés. Parmi tous les cas de recours possibles au contrat à durée déterminée, figurent
les CDD dits « d’usage » (c. trav. art. L. 1242-2). Ces CDD peuvent être conclus :
-afin de pourvoir des emplois pour lesquels il est d’usage constant de ne pas recourir au CDI en
raison de la nature de l’activité exercée et du caractère par nature temporaire de ces emplois ;
-dans des secteurs d’activité définis soit par le code du travail, soit par les conventions ou accords
collectifs de branche étendus.
Liste des secteurs. Les secteurs d’activité où les CDD d’usage peuvent être conclus sont listés par le
code du travail : les exploitations forestières, la réparation navale, le déménagement, l’hôtellerie et la
restauration, les spectacles, l’action culturelle, l’audiovisuel, l’information, la production
cinématographique, l’enseignement, les activités d’enquête et de sondage, l’édition phonographique,
les centres de loisirs et de vacances, l’entreposage et le stockage de la viande, le sport professionnel, le
bâtiment et les travaux publics pour les chantiers à l’étranger, les activités de coopération, d’assistance
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technique, d’ingénierie et de recherche à l’étranger, les activités de main-d’œuvre pratiquées par les
associations intermédiaires et par les associations de services aux particuliers, la recherche scientifique
réalisée dans un cadre précisément défini et les activités foraines (c. trav. art. D. 1242-1). Cette liste
peut être complétée par une convention ou un accord collectif étendu (cass. soc. 24 juin 2003, n° 00-
42766, BC V n° 203).
Le secteur d'activité du tourisme n'étant pas mentionné dans la liste réglementaire et la convention
collective nationale de travail des guides accompagnateurs et accompagnateurs au service des agences
de voyages et de tourisme du 10 mars 1966 n'étant pas étendue, l’employeur ne pouvait donc pas
conclure de CDD d’usage pour un poste d’accompagnateur (cass. soc. 15 octobre 2014, n° 13-19993,
BC V n° 239).
Secteurs d’activité visés. Un employeur qui souhaite conclure un CDD d’usage doit d’abord vérifier
que l’activité principale de son entreprise relève bien de l’un des secteurs où cela est permis soit par le
code du travail, soit par sa convention collective.
1. Un traiteur peut valablement conclure un CDD d’usage pour embaucher un salarié en qualité de
serveur en extra. En effet, la CCN des hôtels, cafés, restaurants a bien vocation à s’appliquer aux
entreprises exerçant l’activité principale de « traiteurs organisateurs de réception ». Or, cette
convention autorise les CDD d’usage et précise expressément que l’emploi d’extra est un emploi par
nature temporaire. Le fait que l’employeur mentionne une autre convention collective sur le contrat de
travail et les bulletins de salaire du salarié concerné n’a pas d’importance dès lors qu’il a bien pour
activité principale celle de traiteur (cass. soc. 27 septembre 2006, n° 04-47663, BC V n° 289).
2. À l’inverse, une banque n’étant pas dans un secteur où il est possible de signer un CDD d’usage, elle
ne peut pas conclure un tel contrat avec un formateur sous prétexte que l’enseignement figure sur la
liste de ces secteurs (cass. soc. 25 février 1998, n° 95-44048, BC V n° 99).
3. Il en est de même lorsque l’activité réelle de l’entreprise n’était pas de connaître l’opinion et le
comportement des particuliers au sujet de l’énergie solaire, mais d’accomplir un travail de prospection,
dans l’intérêt exclusif d’une autre société du groupe. L’activité de l’employeur ne relevait donc pas du
secteur des activités d’enquête et de sondage pour lequel le recours au CDD d’usage est autorisé (cass.
soc. 11 janvier 2012, n° 10-20074 D).
Existence de l’usage et caractère temporaire des emplois. L’employeur doit aussi s’assurer qu’un
usage constant l’autorise à ne pas recourir à un CDI pour l’emploi souhaité. Même lorsque la
convention collective autorise le recours au CDD d’usage pour certains emplois, les juges, en cas de
litige, vérifient concrètement l’existence de raisons objectives établissant le caractère par nature
temporaire de l’emploi concerné.
Le caractère par nature temporaire de ces emplois doit être caractérisé par des éléments précis et
concrets (cass. soc. 23 janvier 2008, n° 06-43040, BC V n° 16 ; cass. crim. 6 mai 2008, n° 06-82366,
Bull. crim. n° 105).
En cas de contentieux, l’employeur devra être à même de prouver l’existence de cet usage, à défaut,
ces contrats sont requalifiés en contrat à durée indéterminée (cass. soc. 30 novembre 2010, n° 09-
68609, BC V n° 269 ; cass. soc. 6 avril 2011, n° 09-41005 D).
Il est nécessaire que l’usage soit ancien, bien établi et, par conséquent, admis comme tel dans le secteur
d’activité visé ci-avant. L’usage invoqué ne pourrait pas résulter d’une simple décision ou d’une simple
pratique d’un employeur (circ. DRT 90-18 du 30 octobre 1990).
1. Si le secteur de l’hôtellerie est bien un secteur où il est permis de conclure des CDD d’usage, il n’est
pas pour autant possible d’embaucher un repasseur avec ce type de contrat. En effet, la CCN des hôtels,
cafés, restaurants ne prévoit pas le recours au CDD d’usage pour cet emploi. De plus, l’employeur
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n’avait pas réussi, en l’espèce, à prouver qu’il était d’usage constant dans l’hôtellerie de ne pas recourir
à un CDI pour l’emploi concerné (cass. soc. 20 septembre 2006, n° 05-41883, BC V n° 269).
2. La CCN des organismes de formation limite, quant à elle, les situations dans lesquelles un CDD
d’usage peut être conclu avec un formateur. Hormis ces cas (pour des missions spécifiques et limitées),
seul un CDI est possible (cass. soc. 15 février 2006, n° 04-41015, BC V n° 66).
3. La CCN Syntec indique que « l’enquêteur vacataire est celui qui réalise des enquêtes par sondage à
la vacation » et que le contrat d’enquête a pour objet « l’exécution de tâches consistant en interviews,
comptage, ou autres tâches de même type confiées à un enquêteur vacataire sur un sujet donné dans
une population définie et dans une zone géographique fixée lors de chaque mission ». Les juges ont
estimé que les missions confiées à la salariée recrutée en CDD d'usage à plusieurs reprises en tant
qu'enquêteur vacataire (prestations de codification) entraient bien dans le cadre des fonctions de
l'enquêteur au sens de la définition conventionnelle. En conséquence, les CDD de la salariée pouvaient
être valablement considérés comme des CDD d’usage (cass. soc. 18 janvier 2018, n° 16-11504 FSPB).
L’employeur apprécie l’existence de cet usage au niveau de son secteur d’activité et non au niveau de
son entreprise (cass. soc. 26 novembre 2003, n° 01-44263, BC V n° 298 ; cass. soc. 25 mai 2005, n°
04-40169, BC V n° 178).
En cas de succession de CDD d’usage, les juges doivent contrôler le caractère par nature temporaire
des emplois pourvus selon le type de CDD (cass. soc. 23 janvier 2008, n° 06-43040 BC V n° 16 ; cass.
crim. 6 mai 2008, n° 06-82366 Bull. crim. n° 105 ; cass. soc. 2 février 2015, n° 13-26600 D).
Un formateur avait été engagé durant 14 années scolaires par des CDD successifs dans un centre de
formation d’apprentis. Il a obtenu la requalification de l’ensemble de ses CDD en un CDI, cet emploi
n’ayant pas un caractère temporaire. La conclusion de CDD successifs n’était donc pas justifiée par
des raisons objectives. En effet, même si, dans le secteur de l’enseignement, il est d’usage de pouvoir
recourir à des CDD dits « d’usage », leur utilisation ne peut se justifier que par l’existence d’éléments
concrets et précis établissant le caractère temporaire de l’emploi (cass. soc. 23 janvier 2008, n° 06-
44197, BC V n° 16).
La seule qualification conventionnelle de « contrat d’extra » n’établit pas qu’il peut être conclu dans le
secteur de l’hôtellerie-restauration des CDD d’usage successifs pour ce type de contrat, pour tout poste
et en toutes circonstances.
Deux salariés avaient été engagés en « CDD d’extra », respectivement en qualité de chef de rang et de
femme de chambre. Leurs contrats ont été requalifiés en CDI : le caractère temporaire de leur emploi
n’était pas établi, celui-ci ne reposant pas sur des éléments concrets établissant le caractère par nature
temporaire de l’emploi (cass. soc. 24 septembre 2008, n° 06-43529, BC V n° 174).
Le juge doit rechercher si, pour l’emploi considéré, il est effectivement d’usage constant de ne pas
recourir au contrat à durée indéterminée et doit vérifier si le recours à des contrats successifs est justifié
par des raisons objectives, qui s’entendent de l’existence d’éléments concrets établissant le caractère
par nature temporaire de l’emploi (accord-cadre du 18 mars 1999 relatif au travail à durée déterminée
; dir. CE 1999/70 du 28 juin 1999, clauses 1 et 5 ; cass. soc. 2 décembre 2009, n° 08-40901 D ; cass.
soc. 26 mai 2010, n° 08-43050, BC V n° 110 ; cass. soc. 17 décembre 2014 n° 13-23176, BC V n° 295
; cass. soc. 4 mars 2015, n° 13-28141 D).
Mode de conclusion spécifique. Comme tout autre contrat à durée déterminée, le CDD d’usage doit
être établi par écrit. À défaut, il est requalifié en CDI (c. trav. art. L. 1242-12). Un ordre de mission ne
comportant pas la signature du salarié ne peut pas être assimilé à un contrat écrit (cass. soc. 31 mai
2006, n° 04-47656, BC V n° 195).
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De plus, ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un CDD d’usage que l’employeur peut se dispenser de
mentionner le motif précis de recours dans le contrat (cass. soc. 15 mars 2005, n° 03-42727 D ; cass.
soc. 28 novembre 2006, n° 05-40775, BC V n° 352 ; cass. soc. 27 juin 2007, n° 05-45038, BC V n°
112 ; cass. soc. 7 mars 2012, n° 10-19073, BC V n° 86 ; cass. soc. 15 mars 2017, n° 15-14141 D).
Si un CDD d’usage est requalifié au motif qu’il n’a pas été conclu par écrit, l’employeur est redevable
de l’indemnité de fin de contrat (cass. soc. 21 septembre 2017, n° 16-17241 FSPB).
Terme précis ou terme imprécis. Le CDD d’usage peut être conclu pour un terme imprécis. Il doit alors
comporter une durée minimale (c. trav. art. L. 1242-7 et L. 1242-12). Il n’est pas limité dans sa durée
(voir § 587).
Travaux de vendanges
Un CDD peut également être conclu pour la réalisation de travaux de vendanges, des préparatifs de la
vendange à sa réalisation, travaux de rangement inclus (c. rural art. L. 718-4 à L. 718-6 ; note min. aff.
soc. et agriculture du 2 août 2008).
Le contrat vendanges a une durée maximale d'un mois.
L’employeur doit indiquer la durée pour laquelle le CDD vendanges a été conclu. À défaut, le contrat
est réputé signé pour une durée qui court jusqu’à la fin des vendanges. Un salarié peut recourir à
plusieurs contrats vendanges successifs sans que le cumul des contrats n'excède 2 mois sur une période
de 12 mois (c. rural art. L. 718-5).
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La durée maximale du CDD ne peut pas dépasser 5 ans. Cela n’exclut pas le renouvellement du contrat
ou la conclusion d’un nouveau contrat avec le même employeur (loi 2016-1321 du 7 octobre 2016, art.
102, JO du 8 ; décret 2017-87 du 9 mai 2017, JO du 10).
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Emploi de la situation de l'intéressé, il peut être dérogé à la durée hebdomadaire de 20 heures dans les
ateliers et chantiers d'insertion sur une période ne pouvant excéder 6 mois (c. trav. art. R. 5132-43-5).
Cette période peut être prolongée après un bilan établi par l'employeur de la situation du salarié au
regard de l'emploi, des actions d'accompagnement et de formation dont il a bénéficié, le cas échéant en
coopération avec Pôle Emploi et les organismes chargés de l'insertion sociale et professionnelle de
cette personne. La durée de la prolongation ne peut excéder la durée de l'action ou de l'atelier et chantier
conventionné (c. trav. art. R. 5132-43-5).
Cette demande peut intervenir soit à l'initiative de l'employeur avant l'embauche, soit à l'initiative du
salarié en accord avec son employeur (c. trav. art. R. 5132-43-5). Lorsque l’employeur envisage de
conclure un contrat de travail dérogeant à la durée hebdomadaire minimale de 20 heures, il doit fournir
à Pôle Emploi avant l'embauche diverses informations (c. trav. art. R. 5132-43-6). Le salarié souhaitant
passer à une durée de travail hebdomadaire inférieure à la durée minimale de 20 heures doit faire une
demande écrite et motivée à son employeur qui, s'il l’accepte, saisira Pôle Emploi. Les périodes
travaillées permettent de valider des trimestres de cotisations d’assurance vieillesse dans les conditions
de l’article L. 351-2 du code de la sécurité sociale.
Il n’y a pas de règles dérogatoires concernant la rémunération : SMIC et minima conventionnels
doivent être respectés.
Les salariés en CDDI peuvent bénéficier, sous certaines conditions, d'une période de
professionnalisation permettant de bénéficier d'actions de formation afin d'acquérir un diplôme, un titre
ou une qualification facilitant leur maintien en activité (c. trav. art. L. 6324-1 à L. 6324-10 et D. 6324-
1 à D. 6324-6) (voir §§ 3911 à 3915). Le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel,
en cours d'examen au parlement à l'heure où nous rédigeons ces lignes, prévoit l'abrogation des périodes
de professionnalisation à partir de 2019. Nous vous invitons à suivre l'actualité sur cette réforme dans
le Feuillet Hebdomadaire de la Revue fiduciaire ou sur le site « www.revuefiduciaire.grouperf.com ».
CDD senior
Tout employeur visé à l’article L. 2211-1 du code du travail, à l’exception des professions agricoles,
peut conclure un CDD senior. Ainsi sont notamment visés les professions industrielles et
commerciales, les professions libérales, les offices publics et ministériels, les associations, etc. (ANI
et avenant 1 du 9 mars 2006 étendus et élargis par arrêtés des 12 et 26 juillet 2006, JO des 22 juillet et
1er août ; c. trav. art. D. 1242-2).
Le CDD senior peut être conclu avec toute personne âgée de plus de 57 ans inscrite depuis plus de 3
mois comme demandeur d’emploi ou bénéficiant d’un contrat de sécurisation professionnelle. Ce CDD
doit avoir pour objet de faciliter le retour à l’emploi de l’intéressé et de lui permettre d’acquérir des
droits supplémentaires en vue de la liquidation de sa retraite à taux plein (c. trav. art. D. 1242-2).
Ce CDD est un contrat à terme précis, qui doit comporter un terme fixé avec précision dès sa
conclusion.
Il peut être conclu pour une durée maximale de 18 mois. Il peut être renouvelé une fois pour une durée
déterminée qui, ajoutée à la durée du contrat initial, ne peut pas excéder 36 mois (c.trav.art.D.1242-7).
Les salariés en CDD senior ont droit, à l’issue de leur contrat, à une indemnité de nature et de montant
identiques à l’indemnité de fin de contrat des CDD classiques (ANI et avenant n° 1 du 9 mars 2006
étendus et élargis par arrêtés des 12 et 26 juillet 2006, JO des 22 juillet et 1er août).
CDD senior dans le secteur agricole. Les employeurs des professions agricoles sont autorisés à conclure
des contrats à durée déterminée pour recruter des demandeurs d’emploi justifiant manquer d’au
maximum 8 trimestres de cotisations d’assurance vieillesse, tous régimes confondus, pour bénéficier
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d’une retraite à taux plein (c. rural art. D. 718-4). Ce contrat dérogatoire portant sur un emploi agricole
est limité à une durée maximale de 2 ans et ne peut pas être renouvelé (c. rural art. D. 718-5).
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En l’absence de précisions légales, l’ACOSS considère que le régime social de l’indemnité perçue par
le salarié à l’issue du CDD à objet défini ou en cas de rupture pour motif réel et sérieux à l’initiative
de l’employeur suit les mêmes règles que celles applicables aux indemnités d’un CDD classique. Cette
indemnité est donc soumise aux cotisations et contributions sociales (lettre-circ. ACOSS 2008-81 du
16 octobre 2008 ; circ. DSS/DGPD/SD5B/2009/210 du 10 juillet 2009 et lettre-circ. ACOSS 2009-76
du 18 septembre 2009).
Interdictions légales
Outre l’interdiction de recourir à des salariés sous CDD afin de pourvoir des emplois permanents dans
l’entreprise, il est interdit de conclure un CDD pour :
-remplacer des salariés grévistes (c. trav. art. L. 1242-6) ;
-effectuer des travaux particulièrement dangereux faisant l’objet d’une surveillance médicale spéciale,
sauf dérogation accordée sur demande préalable à la DIRECCTE (c. trav. art. L. 4154-1 et D. 4154-1 ;
cass. soc. 30 novembre 2010, n° 08-70390, BC V n° 270) ;
-répondre à un accroissement temporaire d’activité après un licenciement pour motif économique,
pendant une période de 6 mois, les postes visés par cette interdiction étant ceux concernés par le
licenciement (c. trav. art. L. 1242-5) ;
Exception. Toutefois, dans ce cas, l’interdiction ne joue pas lorsque la durée du contrat non susceptible
de renouvellement n’excède pas 3 mois, ni en cas de commande exceptionnelle à l’exportation (dans
les deux cas, après information et consultation du comité d’entreprise ou du comité social et
économique s'il a été élu). Ces dérogations n’exonèrent pas l’employeur de respecter la priorité de
réembauche (voir « Rupture du contrat de travail », RF 1088, § 1280, actualisation en octobre 2018 :
RF 1098).
-un contrat de chantier ou d'opération (voir § 159). Le contrat de travail conclu pour la durée d’un
chantier est, en effet, un CDI, à moins qu’il ne soit conclu dans l’un des cas énumérés à l’article L.
1242-2 du code du travail (c. trav. art. L. 1221-2, L. 1223-8 et L. 1236-8 ; cass. soc. 7 mars 2007, n°
04-47059, BC V n° 41 ; cass. soc. 2 juin 2010, n° 09-41416, BC V n° 126).
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Un contrat de travail à durée indéterminée conclu pour la durée d’un chantier peut succéder à un contrat
à durée déterminée conclu pour faire face à un accroissement temporaire d’activité sur le même chantier
(cass. soc. 21 novembre 2012, n° 10-27429, BC V n° 298). Toutefois, compte tenu des nouvelles règles
issues des ordonnances « Macron » sur le contrat de chantier ou d'opération, reste à savoir si cette
jurisprudence perdurera.
Une convention collective ne peut pas déroger, de façon défavorable pour le salarié, aux dispositions
d'ordre public relatives aux conditions de recours au CDD (cass. soc. 2 avril 2014, n° 11-25442, BC V
n° 96). Le cas échéant, une telle disposition conventionnelle est illicite et ne doit donc pas être
appliquée dans l'entreprise.
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Durée minimale
Le CDD doit avoir une durée d’au minimum 6 mois quand il est conclu pour survenance d’une
commande exceptionnelle à l’exportation (c. trav. art. L. 1242-8).
Certains contrats conclus au titre de la politique de l’emploi doivent aussi comporter une durée
minimale (voir § 571).
Durée maximale
En application des ordonnances « Macron » (ord. 2017-1387 du 22 septembre 2017, art. 22, JO du 23,
ratifiée par loi 2018-217 du 29 mars 2018, JO du 31), depuis le 24 septembre 2017, une convention ou
un accord de branche étendu peut fixer la durée totale du CDD, à l’exception des CDD à objet défini
(voir § 573), de ceux conclus dans le cadre de la politique de l’emploi ou pour assurer un complément
de formation professionnelle (voir §§ 570 et 571) (c. trav. art. L. 1242-8).
À défaut de convention ou d’accord de branche étendu sur ce sujet, la durée maximale totale du CDD
est de (c. trav. art. L. 1242-8-1) :
-18 mois (voir tableau reproduit dans cette étude), compte tenu, le cas échéant, du ou des
renouvellements (autorisés par convention ou accord de branche étendu ou, à défaut, par le code du
travail) ;
-9 mois, lorsque le contrat est conclu dans l’attente de l’entrée en service effective d’un salarié recruté
en CDI et lorsque l’objet du contrat consiste en la réalisation de travaux urgents nécessités par des
mesures de sécurité ;
-24 mois, lorsque le contrat est exécuté à l’étranger (quel que soit son motif), en cas de survenance
dans l’entreprise d’une commande exceptionnelle à l’exportation (les contrats conclus pour ce motif
ne peuvent pas, par ailleurs, avoir une durée inférieure à 6 mois), en cas de départ définitif d’un salarié
précédant la suppression de son poste de travail.
En outre, la durée maximale est de :
-36 mois en cas de CDD senior (c. trav. art. D. 1242-7) (voir § 571) ;
-5 ans en cas de CDD spécifiques pour les entraîneurs professionnels et les sportifs et pour les joueurs
professionnels de jeu vidéo compétitif (c. sport. art. L. 222-2-4 ; loi 2016-1321 du 7 octobre 2016, art.
102, JO du 8) (voir §§ 569 et 570).
Renouvellement du contrat
Nombre et durée du renouvellement. En application des ordonnances « Macron » (ord. 2017-1387 du
22 septembre 2017, art. 23, JO du 23), depuis le 24 septembre 2017, une convention ou un accord de
branche étendu peut définir le nombre maximal de renouvellements possibles pour un CDD, sachant
toutefois que les CDD conclus dans le cadre de la politique de l’emploi ou pour assurer un complément
de formation professionnelle sont exclus de cette possibilité (voir §§ 570 et 571) (c. trav. art. L. 1243-
13).
Faute de convention ou d’accord de branche étendu, les règles légales sont applicables au
renouvellement d’un CDD (c. trav. art. L. 1243-13-1). Dans ce cas, un CDD peut être renouvelé deux
fois pour une durée déterminée dans la limite de la durée maximale définie par convention ou accord
de branche étendu, à défaut par la loi (voir § 579). Là encore, les CDD conclus dans le cadre de la
politique de l’emploi ou pour assurer un complément de formation professionnelle sont exclus de cette
possibilité.
13
Notons également que les contrats d’une durée inférieure ou égale à 3 mois conclus pour faire face à
un accroissement temporaire d’activité dans un établissement ayant procédé à un licenciement
économique ne peuvent pas être renouvelés (c. trav. art. L. 1242-5).
Règle d’ordre public. La règle de la durée maximale totale des CDD étant d’ordre public, une clause
qui prévoit la suspension des effets du contrat de travail pendant la période de fermeture annuelle de
l’entreprise ne peut pas avoir pour effet de différer le terme du CDD. En conséquence, le CDD dont la
durée a excédé 18 mois est requalifié en CDI, peu important qu’en excluant la période de fermeture
annuelle de l’entreprise, ce contrat n’ait pas dépassé la durée légale maximale (cass. soc. 25 février
2004, n° 01-43072, BC V n° 61).
Motif du renouvellement. Le motif du renouvellement doit s’apprécier à la date de celui-ci et non pas
à la date de conclusion du contrat (cass. soc. 1er février 2000, n° 97-44952, BC V n° 46 ; cass. soc. 29
novembre 2007, n° 06-42400 D).
Clause de renouvellement ou avenant au contrat initial. Le CDD initial, faute de comporter une
clause de renouvellement, ne peut être renouvelé que par soumission d’un avenant de renouvellement
avant le terme initialement prévu (c. trav. art. L. 1243-13 ; cass. soc. 13 juillet 2005, n° 03-44927 D).
Si le contrat est renouvelé alors qu'aucun avenant n'a été signé, il est requalifié en CDI (cass. soc. 28
novembre 2012, n° 11-18526 D).
La seule circonstance que le salarié ait travaillé après le terme du CDD ne permet pas de déduire son
accord, antérieurement à ce terme, pour le renouvellement du contrat initial (cass. soc. 5 octobre 2016,
n° 15-17458 FSPB).
Pas de modification du CDD renouvelé. Le renouvellement du CDD de date à date a seulement pour
objet de reporter le terme initial de la relation contractuelle et n’aboutit pas à la conclusion d’un
nouveau contrat. L’employeur ne peut donc modifier le contrat à cette occasion (cass. soc. 1er février
2000, n° 97-44100, BC V n° 47).
Distinction avec la succession de CDD. Le renouvellement consiste à prolonger le contrat initial. Il ne
doit pas être confondu avec la succession de CDD qui, elle, consiste à conclure des contrats distincts,
cette succession relevant elle-même de cycles spécifiques (voir § 636).
Arrivée du terme
Le contrat prend fin automatiquement à l’arrivée du terme sans que l’employeur soit dans l’obligation
de respecter un délai de prévenance (c. trav. art. L. 1243-5). Si la relation contractuelle se poursuit au-
delà, le contrat se transforme en CDI (c. trav. art. L. 1243-11).
Durée minimale
Le contrat sans terme précis « doit être conclu pour une durée minimale et il a pour terme la fin de
l’absence du salarié remplacé ou la réalisation de l’objet pour lequel il a été conclu » (c. trav. art. L.
1242-7). La loi ne donne pas d’autre précision sur la durée minimale. Il faut donc en conclure que celle-
ci doit être fixée librement par les parties (ex. : la durée de l’arrêt maladie fixée par le certificat médical
envoyé par le salarié à remplacer).
Le contrat sans terme précis qui n'indique pas de période minimale est réputé conclu pour une durée
indéterminée (cass. soc. 29 octobre 1996, n° 92-44837, BC V n° 356 ; cass. soc. 2 avril 2014, n° 13-
11431 D ; cass. soc. 7 mars 2018, n° 16-23712 D).
1. Un CDD de remplacement conclu sans terme précis doit comporter une durée minimale sous peine
d’être requalifié en CDI. Ainsi, un contrat conclu pour la durée d’un congé maternité sans durée
minimale portée au contrat est valable, la loi fixant elle-même la durée minimale de ce congé (cass.
soc. 16 juillet 1997, n° 94-42398, BC V n° 270).
2. À l’inverse, un CDD conclu pour remplacer une salariée pendant son congé parental ne peut pas
être considéré comme fixant une période minimale, à savoir celle de la durée légale du congé parental
d’éducation qui est de 1 an, puisque le congé parental d’éducation peut avoir une durée initiale
inférieure (cass. soc. 8 mars 2006, n° 04-42077 D).
3. Un CDD conclu pour remplacer une salariée absente « jusqu’à son retour effectif » sans mentionner
de durée minimale ne satisfait pas à cette exigence. L’employeur doit donc verser une indemnité de
requalification à la salariée remplaçante (cass. soc. 14 janvier 2009, n° 06-46055 D).
4. Des CDD saisonniers qui devaient se terminer « à la fin » de certains travaux et « au plus tard » à
une certaine date ont été requalifiés en CDI (cass. soc. 30 septembre 2014, n° 13-13522, BC V n° 218).
Les parties ne peuvent pas rompre le contrat avant l’expiration de la durée minimale, même si l’objet
pour lequel il a été conclu venait à se réaliser entre-temps (ex. : retour prématuré du salarié remplacé).
D’ailleurs, si un employeur méconnaissait cette interdiction, il serait tenu au paiement des indemnités
pour rupture anticipée (c. trav. art. L. 1243-4). Il s’agit donc d’une garantie d’emploi pour le salarié et
d’une assurance pour l’employeur de garder l’intéressé à son service tant que cette durée ne s’est pas
écoulée. Par ailleurs, son échéance ne constitue pas le terme du contrat.
Un avenant de renouvellement à terme imprécis d'un CDD de remplacement à terme précis, conclu
jusqu'au retour du salarié absent, comporte une période minimale, dès lors qu'il est fait état dans cet
avenant d'un remplacement pour la durée du congé de maternité (cass. soc. 25 juin 2013, n° 11-27390,
BC V n° 163).
15
-de même, les services ministériels considérant qu’une saison ne peut pas excéder 8 mois, un CDD
conclu afin de pourvoir un emploi saisonnier ne saurait dépasser cette durée (circ. min. trav. du 27 juin
1978, JO 1er juillet ; rép. Chevallier n° 29169, JO du 11 juillet 1983, AN quest. p. 3059) ;
-le contrat vendanges a une durée maximale de 1 mois, il précise la durée pour laquelle il est conclu.
À défaut, il est réputé être établi pour une durée qui court jusqu'à la fin des vendanges. Un salarié peut
bénéficier de plusieurs contrats vendanges successifs, sans que le cumul des contrats n'excède une
durée de 2 mois sur une période de 12 mois (c. rural art. L. 718-5) ;
-le contrat à objet défini a une durée maximale de 36 mois (voir § 573).
Renouvellement inutile
Le renouvellement est inutile dans la mesure où, à l’issue de la durée minimale, le terme du contrat est
automatiquement reporté jusqu’au retour de l’absent ou jusqu’à la réalisation de l’objet du contrat (voir
§§ 626 et 627).
Distinction avec la succession de CDD. Le renouvellement consiste à prolonger le contrat initial,
conclu à terme précis. Il ne doit pas être confondu avec la succession de CDD qui, elle, consiste à
conclure des contrats distincts, cette succession relevant elle-même de règles spécifiques (voir § 638).
17
-le salarié doit avoir effectué au moins deux mêmes saisons dans cette entreprise sur deux années
consécutives ;
-l'employeur doit disposer d'un emploi saisonnier à pourvoir, compatible avec la qualification du
salarié.
Dans un premier temps, l'employeur doit informer le salarié sous CDD saisonnier, par tout moyen
permettant de conférer date certaine à cette information (ex. : courrier recommandé, courrier remis en
main propre contre décharge, mail), des conditions de reconduction de son contrat avant l'échéance de
ce dernier (c. trav. art. L 1244-2-1).
Dans un deuxième temps si les conditions de renouvellement sont réunies, l'employeur doit informer
le salarié de son droit à la reconduction de son contrat, par tout moyen permettant de conférer date
certaine à cette information, sauf motif dûment fondé (c. trav. art. L 1244-2-2).
Dans les branches concernées, les contrats de travail à caractère saisonnier dans une même entreprise
sont considérés comme successifs lorsqu'ils sont conclus sur une ou plusieurs saisons, y compris
lorsqu'ils ont été interrompus par des périodes sans activité dans cette entreprise (c. trav. art. L. 1244-
2-1).
Les durées des contrats successifs dans une même entreprise sont cumulées pour calculer son
ancienneté (c. trav. art. L. 1244-2).
Conclusion du contrat
Écrit obligatoire
Le CDD doit être écrit. À défaut, il est réputé conclu pour une durée indéterminée (c. trav. art. L. 1242-
12). L’employeur ne peut pas écarter cette présomption légale. En revanche, les dispositions prévues
par les articles L. 1242-1 et suivants du code du travail ayant été édictées dans un souci de protection
du salarié qui, seul, peut se prévaloir de leur inobservation, ce dernier peut rapporter la preuve que le
contrat conclu verbalement est bien à durée déterminée (cass. soc. 10 juillet 2002, n° 00-44534, BC V
n° 235 ; cass. soc. 12 décembre 2012, n° 11-14823, BC V n° 335).
Tous les CDD, quel que soit le motif de recours, doivent faire l’objet d’un contrat écrit comportant la
définition précise de son motif et donc, y compris les CDD d’usage et les contrats saisonniers (cass.
soc. 28 novembre 2006, n° 05-40775, BC V n° 322 ; cass. soc. 16 décembre 2009, n° 08-43634 D ;
cass. soc. 7 mars 2012, n° 10-19073, BC V n° 86) (voir §§ 562 et 563).
19
Mentions obligatoires du contrat
Le CDD doit comporter la définition précise de son motif (c. trav. art. L. 1242-12). Le CDD ne peut
comporter qu’un seul motif (cass. soc. 23 janvier 2008, n° 06-41536, BC V n° 17).
Un CDD conclu pour « une opération de télé vente et permanence téléphonique » ou un autre signé
pour « la réorganisation du service transport » ont été requalifiés : il ne s’agissait pas là de clauses
valables dans la mesure où aucune référence n’était faite à un cas de recours autorisé à un CDD (cass.
soc. 9 juin 2017, n° 15-28599 D).
En cas de litige sur le motif du recours, il incombe à l’employeur de rapporter la preuve de la réalité
du motif énoncé dans le CDD (cass. soc. 15 septembre 2010, n° 09-40473, BC V n° 179).
• CDD de remplacement. Le CDD ne peut être conclu que pour le remplacement d’un seul salarié en
cas d’absence ; il ne peut donc être conclu pour le remplacement de plusieurs salariés absents, que ce
soit simultanément ou successivement (cass. soc. 18 janvier 2012, n° 10-16926, BC V n° 17 ; cass. soc.
11 juillet 2012, n° 11-12243, BC V n° 216).
Un contrat énonçait comme motif « des remplacements partiels successifs durant les congés payés de
la période estivale ». Or, si un employeur peut bien sûr signer un CDD de remplacement, il ne peut le
faire que pour remplacer un seul salarié, lequel doit être nommément désigné dans le contrat (c. trav.
art. L. 1242-12). La clause en question n’était donc pas valable, même si dans les faits la salariée
concernée n’avait remplacé qu’une seule salariée (cass. soc. 9 juin 2017, n° 15-28599 D).
• CDD pour accroissement temporaire d’activité. Il est admis que le CDD indique seulement qu’il est
conclu « pour faire face à un accroissement temporaire d’activité » (cass. soc. 28 septembre 2005, n°
04-44823, BC V n° 271 ; cass. soc. 9 juin 2017, n° 15-28599 D). En revanche, les mentions suivantes
ne suffisent pas : « surcroît » (cass. soc. 22 mars 2011, n° 09-71051 D) ; « pour faire face à une mission
ponctuelle » (cass. soc. 19 janvier 2012 n° 10-15756 D). Il a été jugé que la seule mention «
accroissement temporaire d'activité » était insuffisante pour un CDD conclu par une entreprise pour
faire face à un surcroît d'activité à Reims, suite à la fermeture d'un dépôt à Paris (cass. soc. 4 avril 2012,
n° 10-21118 D). L'employeur doit garder à l’esprit que, en cas de contentieux, il devra pouvoir apporter
la preuve que ce motif était réel et établi pour la période où il avait embauché en CDD.
• CDD d’usage. En revanche, s’agissant d’un CDD conclu dans les secteurs d’activité où il est d’usage
de ne pas recourir au CDI, un ordre de mission de l’employeur ne comportant pas la signature du salarié
ne peut pas être assimilé à un contrat de travail écrit comportant la définition précise de son motif (cass.
soc. 31 mai 2006, n° 04-47656, BC V n° 195). Indiquer que le contrat est « de vacation » ne constitue
pas non plus la définition précise de son motif (cass. soc. 30 novembre 2011, n° 09-69714 D).
Le recours à un CDD d'usage ne dispense pas l'employeur d'établir un contrat écrit comportant la
définition précise de son motif (cass. soc. 15 mars 2017, n° 15-14141 D).
• Contrats conclus dans le cadre de la politique générale de l’emploi. La seule mention CIE (contrat
initiative-emploi) sur le contrat de travail suffit à satisfaire à l’existence de la définition du motif de
recours aux CDD (cass. soc. 17 octobre 2000, n° 97-45439, BC V n° 326).
Par contre, en l’absence de définition précise du motif impliquant la mention de la dénomination du
contrat, par exemple « adultes relais », ou des dispositions légales relatives à ce contrat, ce dernier est
réputé conclu pour une durée indéterminée (cass. soc. 13 juin 2012, n° 11-10198, BC V n° 180). Il en
est de même lorsque le contrat aidé a été conclu avant la signature de la convention avec l’État (cass.
soc. 3 février 2010, n° 08-41872, BC V n° 29).
Le contrat doit aussi préciser (c. trav. art. L. 1242-12) :
-lorsqu’il est conclu pour remplacer un salarié absent, le nom et la qualification du salarié remplacé ;
20
-lorsqu’il comporte un terme précis, la date d’échéance du terme et, le cas échéant, une clause de
renouvellement ;
-lorsqu’il ne comporte pas de terme précis, la durée minimale pour laquelle il est conclu ;
-la désignation du poste de travail ou de l’emploi occupé ;
-l’intitulé de la convention collective applicable ;
-le montant de la rémunération et de ses accessoires ;
-les noms et adresses de la caisse de retraite complémentaire et de l’organisme de prévoyance ;
-la durée de la période d’essai éventuellement prévue.
Lorsqu’il s’agit d’un contrat par lequel l’employeur s’engage à assurer au salarié un complément de
formation professionnelle, le contrat doit préciser la nature des activités auxquelles participe l’intéressé
durant son séjour en entreprise. Le contrat doit être signé et transmis au salarié dans les 2 jours
ouvrables suivant l’embauche (c. trav. art. L. 1242-13).
Pour les juges, il en résulte que l’employeur doit disposer d’un délai de 2 jours pleins pour accomplir
cette formalité et que ni le jour de l’embauche ni le dimanche, qui n’est pas un jour ouvrable, ne
comptent dans le délai (cass. soc. 29 octobre 2008, n° 07-41842, BC V n° 204).
21
-le montant de la rémunération et ses différentes composantes (cass. soc. 20 mai 2009, n° 07-43245 D
; cass. soc. 16 février 2011, n° 09-67607 D) ;
-la date de conclusion du CDD (cass. soc. 20 décembre 2017, n° 16-25251 FSPB) ;
-le salaire (cass. soc. 16 février 2011, n° 09-67607 D).
Pour autant, l’employeur a tout intérêt à rédiger avec soin le CDD pour éviter tout contentieux.
Période d’essai
Le CDD peut comporter une période d’essai (c. trav. art. L. 1242-10) (voir § 1114). À défaut d’usages
ou de dispositions conventionnelles prévoyant des durées moindres, cette période d’essai ne peut pas
excéder une durée calculée à raison de 1 jour par semaine, dans la limite :
-de 2 semaines lorsque la durée initialement prévue du contrat est au plus égale à 6 mois ;
-de 1 mois dans les autres cas.
La période d’essai exprimée en jours se décompte en jours calendaires et non en jours travaillés sauf
disposition conventionnelle ou contractuelle contraire (cass. soc. 29 juin 2005, n° 02-45701, BC V n°
220 ; cass. soc. 28 avril 2011, nos 09-40464 et 09-72165, BC V n° 101) (voir § 1118).
Mention expresse dans le contrat. À titre de rappel, la période d’essai doit être expressément indiquée
dans le CDD (voir § 594).
Lorsque le contrat ne comporte pas de terme précis, la période d’essai est calculée par rapport à la
durée minimale du contrat (c. trav. art. L. 1242-10). En cas de rupture du contrat durant la période
d’essai, l’indemnité de fin de contrat n’est pas due (c. trav. art. L. 1242-11).
Les dispositions légales (ou conventionnelles plus favorables) relatives à la période d’essai sont d’ordre
public. Les parties ne peuvent y déroger dans un sens moins favorable (cass. soc. 17 janvier 1996, n°
92-42190 D).
Lorsqu’il est mis fin, par l’employeur, au contrat en cours ou au terme de la période d’essai pour les
contrats stipulant une période d’essai d’au moins 1 semaine, le salarié est prévenu dans un délai qui ne
peut être inférieur, à 24 heures en deçà de 8 jours de présence et 48 heures entre 8 jours et 1 mois de
présence (c. trav. art. L. 1221-25). Lorsque l'employeur ne respecte pas le délai de prévenance, le salarié
a droit à une indemnité compensatrice, sauf s'il a commis une faute grave. Cette indemnité est égale au
montant des salaires et avantages que le salarié aurait perçus s'il avait accompli son travail jusqu'à
l'expiration du délai de prévenance, indemnité compensatrice de congés payés comprise (c. trav. art. L.
1221-25 ; cass. soc. 23 janvier 2013, n° 11-23428, BC V n° 14).
• Rupture abusive. En cas de rupture abusive de la période d’essai d’un CDD, le salarié peut prétendre
à des dommages et intérêts. Autrement dit, les règles relatives à la rupture anticipée injustifiée d’un
CDD ne s’appliquent pas (cass. soc. 13 mars 2013, n° 11-25604 D) (voir § 622).
• CDD successifs. En cas de CDD successifs conclus avec le même salarié pour occuper un poste
identique, l’essai ne peut être inscrit que dans le contrat initial (cass. soc. 26 février 2002, n° 00-40749,
BC V n° 78), même si le second contrat est exécuté dans un autre lieu et à un rythme de travail différent
(cass. soc. 5 octobre 2016, n° 15-16384 D).
Contrat à durée déterminée de date à date (par exemple, pour l’accroissement temporaire de
l’activité de l’entreprise)
Entre les soussignés : la société … (raison sociale de l’entreprise) représentée par M. …, agissant en
qualité de … d’une part, et M. …, demeurant à …d’autre part,
22
Il a été convenu et arrêté ce qui suit :
Article 1er. La société … engage M. …, pour une durée déterminée, en vue de répondre à la nécessité
qui s’impose à l’entreprise de renforcer son personnel pour faire face à un accroissement temporaire
d’activité (1).
Article 2. M. … exercera en qualité de … (qualification du salarié) la tâche suivante … (définir avec
précision l’objet du contrat).
Article 3. Le présent contrat, qui prend effet le …, est conclu pour une durée de … et prendra fin le …
(terme précis du contrat).
Article 4. Il est convenu d’une période d’essai de … (jours ou semaines) pendant laquelle chacune des
parties pourra rompre le contrat sans indemnité ni délai de préavis (2).
Article 5. Les conditions de travail de M. … seront régies par les dispositions de la convention
collective … applicable à l’entreprise.
Article 6. M. … percevra une rémunération mensuelle brute de … € (chiffres et lettres) qui lui sera
versée à la fin de chaque mois civil.
Article 7. (éventuellement). En l’absence d’opposition de l’une ou l’autre des parties, le présent contrat
se trouvera renouvelé à son terme jusqu’au … (3)
Article 8. À la cessation du présent contrat au terme convenu, M. … aura droit à une indemnité de fin
de contrat égale à 10 % du montant de sa rémunération totale brute et à une indemnité de congés payés
calculée selon les dispositions de la convention collective précitée.
Article 9. La caisse de retraite complémentaire est … (nom et adresse).
Fait en deux exemplaires,
À …, le …
(Signatures précédées de la mention manuscrite « Lu et approuvé ».)
(1) Il est préférable d’indiquer le motif du surcroît.
(2) Voir ci-avant (voir § 596).
(3) Deux renouvellements sont possibles dans la limite des maxima conventionnels, à défaut,
légaux (voir § 580).
Contrat à durée déterminée conclu sans terme précis (pour le remplacement d’un salarié absent)
Entre les soussignés : la société … (raison sociale de l’entreprise) représentée par M. …, agissant en
qualité de …d’une part, et M. …, demeurant à … d’autre part,
Il a été convenu et arrêté ce qui suit :
Article 1er. La société … engage M. …, qui accepte, pour une durée déterminée, en vue d’assurer le
remplacement provisoire de M. … employé dans l’entreprise en qualité de … (qualification et emploi)
et actuellement absent pour cause de … (motif de l’absence) (1).
Article 2. M. … exercera en qualité de … (qualification) la tâche suivante … (emploi occupé).
Article 3. Le présent contrat prend effet le … ; il aura pour terme la fin de l’absence de M. … (le salarié
remplacé). Sa durée minimale est fixée à … (semaines ou mois).
Article 4. Il est convenu d’une période d’essai de … (jours ou semaines) pendant laquelle chacune des
parties pourra rompre le contrat sans indemnité ni délai de préavis (2).
23
Article 5. M. … percevra une rémunération mensuelle brute de … € (chiffres et lettres) qui lui sera
versée à la fin de chaque mois civil.
Article 6. À la cessation du présent contrat au terme convenu, M. … aura droit à une indemnité de fin
de contrat égale à 10 % du montant de sa rémunération totale brute. Il percevra en outre une indemnité
de congés payés calculée selon les conditions légales.
Article 7. Les conditions de travail de M. … seront régies par les dispositions de la convention
collective … applicable à l’entreprise.
Article 8. La caisse de retraite complémentaire est … (nom et adresse).
Fait en deux exemplaires,
À …, le …
(Signatures précédées de la mention manuscrite « Lu et approuvé ».)
(1) En cas de remplacement en cascade, préciser les modalités (voir § 554).
(2) Voir ci-avant (voir § 596).
Clause suspensive
Un CDD conclu sous réserve d'une condition suspensive peut ne pas produire effet (ne pas être exécuté)
si cette condition n'est pas remplie et qu'il n'a pas commencé à être exécuté par le salarié. L'employeur
peut invoquer la non-réalisation de la condition pour considérer que le contrat n'est pas valide.
Par contre, si le contrat a reçu un début d'exécution, l'employeur ne peut pas le rompre en dehors des
cas autorisés par la loi : accord des parties, faute grave, force majeure ou inaptitude constatée par le
médecin du travail (c. trav. art. L. 1243-1) et ce, même si la condition suspensive est remplie.
Une basketteuse professionnelle avait été recrutée par un club sportif, dans le cadre d’un CDD stipulant
que son engagement ne serait définitif qu'après examen médical passé dans les 3 jours suivant sa prise
de fonction. Victime d'un accident du travail, elle ne put son poste à la date prévue.
Dans la mesure où ce contrat était soumis à une condition suspensive (en l'occurrence, passer la visite
médicale) et qu'elle n'avait pas commencé à l'exécuter, l'employeur pouvait considérer qu'il n'avait
jamais pris effet. Du fait de son arrêt de travail, la joueuse n’avait pas pris ses fonctions, de sorte que
le délai de 3 jours n’avait pas pu s’écouler (cass. soc. 15 mars 2017, n° 15-24028 D).
Transmission au salarié
24
Le CDD doit être transmis au salarié au plus tard dans les 2 jours ouvrables suivant l’embauche (c.
trav. art. L. 1242-13). L’employeur doit disposer de 2 jours pleins. Ni le jour de l’embauche ni le
dimanche, qui n’est pas un jour ouvrable, ne doivent être pris en considération (cass. soc. 29 octobre
2008, n° 07-41842, BC V n° 204).
En application des ordonnances « Macron », depuis le 24 septembre 2017, une transmission tardive
n'entraîne plus à elle seule la requalification en CDI. En revanche, elle ouvre droit, pour le salarié, à
une indemnité, à la charge de l'employeur, qui ne peut être supérieure à un mois de salaire (c. trav. art.
L. 1245-1 ; ord. 2017-1387 du 22 septembre 2017, art. 4, JO du 23).
Égalité de traitement
Rémunération égale
Salarié en CDD-salarié en CDI. En application du principe d’égalité de traitement (voir § 3180), la
rémunération d’un salarié lié par un CDD doit être au moins égale à celle que percevrait, après période
d’essai, un autre salarié de l’entreprise de qualification équivalente et occupant les mêmes fonctions
(c. trav. art. L. 1242-15). Il en résulte que le salarié sous CDD qui a une qualification inférieure à celle
des salariés qu’il remplace et qui n’exerce qu’une partie de leurs tâches ne peut pas prétendre à une
rémunération égale à celle dont bénéficient les salariés remplacés (cass. soc. 15 octobre 2002, n° 00-
40623, BC V n° 305).
Selon l’administration, le principe d’égalité ne s’applique qu’aux éléments de rémunération qui
s’attachent au poste de travail. Ainsi, lorsqu’une partie de la rémunération est versée eu égard à
l’ancienneté du salarié, le salarié titulaire d’un CDD n’en bénéficie qu’à la condition de remplir lui-
même cette condition d’ancienneté (circ. DRT 90-18 du 30 octobre 1990).
L’ancienneté respective des salariés peut justifier une différence de traitement lorsqu’elle n’est pas
prise en compte par une prime d’ancienneté distincte du salaire de base (cass. soc. 17 mars 2010, n°
08-43135 D).
Salarié en CDI-salarié en CDD. Si le salarié en CDD peut prétendre à une rémunération égale à celle
des salariés en CDI de qualification équivalente et occupant les mêmes fonctions, la règle inverse existe
aussi.
Un salarié en CDI doit avoir une rémunération égale à celle des salariés en CDD de qualification
équivalente et occupant les mêmes fonctions, en application du principe général « à travail égal, salaire
égal ». Toutefois, un employeur qui justifie par des raisons objectives et matériellement vérifiables la
différence de rémunération entre des salariés effectuant un même travail ou un travail de valeur égale
ne méconnaît pas ce principe (cass. soc. 15 mai 2007, n° 05-42893 D).
Une crèche a dû recruter en CDD une directrice de crèche pour remplacer la directrice titulaire qui s’est
trouvée en arrêt maladie pendant plusieurs mois. Cette directrice remplaçante a été embauchée à un
salaire nettement supérieur à celui perçu par la directrice titulaire. À la reprise de son travail, la
directrice titulaire a demandé que son salaire soit porté à la même somme, en application du principe
25
« à travail égal, salaire égal ». Elle n’a pas obtenu gain de cause. L’employeur était confronté à la
nécessité, pour éviter la fermeture de la crèche par l’autorité de tutelle, de recruter de toute urgence une
directrice qualifiée pour remplacer la directrice en congé maladie. Les circonstances de l’embauche de
la remplaçante suffisaient donc à justifier la différence de salaire constatée (cass. soc. 21 juin 2005, n°
02-42658, BC V n° 206).
Conditions de travail
Les salariés sous CDD doivent exécuter leur travail dans les mêmes conditions que les autres salariés
de l’entreprise (mêmes horaires, application du règlement intérieur, etc.). Si leur ancienneté le permet,
ils peuvent exercer les mêmes droits collectifs que les salariés permanents (ex. : ils peuvent être
électeurs pour les élections des membres des institutions représentatives du personnel).
Congés payés
Régime général -Les salariés ont droit à une indemnité compensatrice de congés payés au titre du
travail effectivement accompli durant leur contrat, quelle qu’ait été la durée de celui-ci, dès lors que le
régime des congés applicable dans l’entreprise qui les emploie ne leur permet pas une prise effective
de leurs congés (c. trav. art. L. 1242-16) (voir § 4004).
Calcul des effectifs -Les salariés titulaires d’un CDD sont pris en compte dans l’effectif de
l’entreprise (voir « Obligations et responsabilités de l’employeur », RF 1089, § 40) au prorata de leur
temps de présence au cours des 12 mois précédents. Toutefois, ces salariés sont exclus du décompte
des effectifs lorsqu’ils remplacent un salarié absent ou dont le contrat de travail est suspendu (c. trav.
art. L. 1111-2).
Formation professionnelle- Les salariés sous CDD bénéficient, au même titre que les autres
salariés, des dispositions concernant le compte personnel de formation (CPF) (voir § 3933) (c. trav. art.
L. 6323-1).
Les salariés en CDD peuvent suivre une formation dans le cadre du plan de formation (voir § 3602) ou
en application des dispositions relatives au congé individuel de formation (voir § 3763). Ils peuvent
également bénéficier d’un congé de bilan de compétences (voir § 3879) et d’un congé de validation
des acquis de l’expérience (voir § 3873).
Le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, en cours d'examen par le parlement
à l'heure où nous rédigeons ces lignes prévoit l'abrogation du congé individuel de formation (CIF), la
monétarisation du compte personnel de formation (CPF) et la modification du plan de formation en
plan de développement des compétences. Nous vous invitons à suivre l'actualité sur cette réforme dans
le Feuillet Hebdomadaire de la Revue fiduciaire ou sur le site « www.revuefiduciaire.grouperf.com ».
Suspension du contrat - Le CDD peut être suspendu dans les mêmes conditions et pour les mêmes
causes que le CDI (maladie, par exemple). Toutefois, la suspension ne prolonge pas la durée du contrat
et ne fait pas obstacle à l’échéance du terme (c. trav. art. L. 1243-6) (voir § 4916). De même, les
dispositions protectrices de la maternité ne font pas obstacle à l’échéance normale du CDD (c. trav. art.
L. 1225-6).
26
Cessation du contrat à durée déterminée
Cas limités
La rupture anticipée d’un contrat à durée déterminée au cours de sa période de validité ne peut
intervenir que dans les cas limitativement énumérés par le code du travail (c. trav. art. L. 1243-1 et L.
1243-2).
Il n'est pas permis d'inscrire dans le CDD une clause d'indivisibilité avec celui du conjoint du salarié
car elle pourrait conduire à la rupture du contrat de l'un parce que le contrat de l'autre est rompu. En
effet, il ne s'agit pas d'un cas de rupture anticipée autorisé par le code du travail (cass. soc. 5 juillet
2017, n° 16-17690 FSPB).
28
et intérêts (cass. soc. 27 juin 2001, n° 99-42216, BC V n° 236 ; cass. soc. 12 novembre 2003, n° 01-
42130, BC V n° 278), à condition à notre sens de prouver son préjudice dû à l'irrégularité de procédure.
S’agissant de représentants du personnel, les dispositions protectrices en matière de licenciement sont
applicables si l’employeur envisage de rompre le contrat avant l’échéance du terme en raison d’une
faute grave du salarié (voir « L’employeur et les représentants du personnel », RF 1078, § 5715,
actualisation décembre 2018 : 1099).
31
Rupture à l’initiative du salarié
Le salarié qui procède à une résiliation anticipée du contrat, en dehors des cas de rupture autorisés par
le code du travail, peut être condamné au versement de dommages et intérêts à l’employeur
correspondant au préjudice subi dont il appartient à ce dernier d’apporter la preuve (cass. soc. 9 février
2011, n° 09-42485 D). Ces dommages et intérêts sont fixés par le juge en fonction du préjudice subi
(c. trav. art. L. 1243-3).
Pas de démission en CDD. Le salarié en CDD qui adresse à son employeur une lettre de démission
rompt son contrat en dehors des cas de rupture anticipée autorisés (c. trav. art. L. 1243-1 et L. 1243-2).
En conséquence, ce salarié n’a pas droit à l’attribution de dommages et intérêts pour rupture abusive
(cass. soc. 23 septembre 2003, n° 01-41495, BC V n° 241). De même, dans une situation où un salarié
avait « démissionné » le 14 septembre 1998 avant de revenir sur cette décision par courrier du 6 octobre
suivant, la Cour a estimé que l’employeur pouvait légitimement refuser de poursuivre le contrat de
travail. Le salarié, qui avait rompu le CDD en méconnaissance des articles L. 1243-1 et L. 1243-2 du
code du travail, n’avait pas droit à l’attribution de dommages et intérêts (cass. soc. 8 février 2005, n°
03-43304, BC V n° 46).
Résolution judiciaire
L’employeur ne peut pas demander la résolution judiciaire du CDD.
Ainsi, en cas de faute grave ou de force majeure, il ne peut utiliser que la voie de la rupture anticipée
fondée sur les articles L. 1243-1 et L. 1243-2 du code du travail.
S’il demande quand même la résolution judiciaire, son action s’analyse en une rupture anticipée
injustifiée du CDD (cass. soc. 4 décembre 2001, n° 99-46364, BC V n° 369).
Survenance du terme
Pas de formalisme
Le contrat à durée déterminée cesse de plein droit à l’échéance du terme, sous réserve des dispositions
spécifiques relatives à la protection des salariés protégés (c. trav. art. L. 2412-1 à L. 2412-10) du
médecin du travail (circ. DGT 2012-13 du 9 novembre 2012) (voir § 630) ou s’il s’agit d’un CDD à
objet défini (c. trav. art. L. 1243-5).
Sauf dispositions insérées à cet effet dans le contrat par les parties, l’employeur n’est pas tenu de
respecter un quelconque délai de prévenance, la relation contractuelle prenant fin sans formalisme
particulier.
Le contrat est conclu de date à date
Le terme est constitué par l’arrivée de la date convenue entre les parties.
Le contrat ne comporte pas de terme précis
Le contrat cesse alors de plein droit à la date de réalisation de l’objet pour lequel il a été conclu. Plus
précisément :
-si la réalisation de l’objet intervient avant l’expiration de la durée minimale, le contrat doit se
poursuivre jusqu’à cette date ;
-si la réalisation de l’objet coïncide de fait avec l’expiration de la durée minimale, le contrat cesse alors
de plein droit avec celle-ci ;
-si la réalisation de l’objet n’est pas encore intervenue à l’expiration de la durée minimale, le contrat
doit se poursuivre jusqu’à la réalisation effective de cet objet.
32
CDD saisonniers (voir §§ 562 et 587). Un employeur ne peut pas décider qu’un CDD saisonnier a pris
fin au terme de la durée minimale, alors que la saison n’est pas encore achevée : le CDD saisonnier à
terme imprécis ne prend fin qu’avec la réalisation de son objet. Dans cette affaire, une salariée avait
été embauchée par une société de conditionnement et d’expédition de légumes, dans le cadre de deux
CDD saisonniers, sans terme précis. La saison correspondait ici à l’activité de conditionnement des
carottes, des navets et des poireaux, qui allait de septembre à avril. Le premier contrat s’était déroulé
sans incident, du 19 septembre 2006 au 27 avril 2007. En revanche, le second contrat, conclu le 29
octobre 2007, avait été rompu le 29 février 2008, soit au terme de la durée minimale. La salariée était
alors en arrêt de travail, à la suite d’un accident professionnel survenu un mois plus tôt. Dans cette
affaire, il a été établi que la saison prenait fin en avril. Cette date marquait donc la réalisation de l’objet
du CDD. En considérant que le contrat de travail avait cessé en février, avec l’expiration de la durée
minimale, l’employeur avait donc rompu le CDD avant son terme (cass. soc. 15 octobre 2014, n° 13-
18582, BC V n° 238).
33
• Temps partiel thérapeutique. Un CDD avait été conclu « pour le remplacement d’une salariée en mi-
temps thérapeutique », avec un terme imprécis et une période minimale. Le « mi-temps thérapeutique
» de la salariée remplacée avait pris fin mais elle avait signé, à sa demande, un nouvel avenant à son
contrat de travail pour passer sous le régime d’un temps partiel classique. Le CDD prenait fin avec le
mi-temps thérapeutique dans la mesure où le motif de recours au CDD était précisément d’assurer le
remplacement d’un salarié en mi-temps thérapeutique (cass. soc. 23 novembre 2016, n° 14-10652
FSPB).
Report du terme. Le terme du contrat initialement fixé peut-être reporté jusqu’au surlendemain du
jour où la personne remplacée a repris son emploi (c. trav. art. L. 1243-7).
Suspension du contrat
34
La suspension du contrat, quelle qu’en soit la cause, ne fait pas obstacle à l’échéance du terme (c. trav.
art. L. 1243-6).
36
Le Conseil constitutionnel a validé l'exclusion du versement de l'indemnité de précarité pour les CDD
saisonniers et d'usage, ceux conclus avec les jeunes pendant les vacances scolaires ou universitaires,
ainsi que les CDD visant à l'embauche de certains demandeurs d'emploi ou destinés à assurer un
complément de formation (C. constit., décision 2014-401 QPC du 13 juin 2014 ; C. constit., décision
2014-402 QPC du 13 juin 2014). La Cour de justice européenne a également décidé que l'indemnité de
fin de contrat n'avait pas à être versée aux jeunes en CDD travaillant pendant leurs vacances scolaires
ou universitaires (CJUE 7e ch. 1er octobre 2015, aff. C-432/14.0).
Montant de l’indemnité
Cette indemnité est égale à 10 % de la rémunération totale brute due au salarié pendant la durée du
contrat. Toutefois, une convention ou un accord collectif de branche étendu ou un accord d’entreprise
peuvent prévoir de limiter ce versement à hauteur de 6 %, en vue d’améliorer la formation
professionnelle des salariés sous contrat de travail à durée déterminée, dès lors que des contreparties
sont offertes, dans cette perspective, à ces salariés, notamment sous la forme d’un accès privilégié à la
formation professionnelle (c. trav. art. L. 1243-8 et L. 1243-9).
En cas de rupture anticipée du CDD pour inaptitude physique constatée par le médecin du travail, et si
le CDD y donne droit, l’indemnité de précarité s’ajoute à l’indemnité spécifique de rupture.
Pour pouvoir appliquer le taux réduit de l’indemnité de précarité, il ne suffit pas que l’accord prévoit
un taux réduit de cette indemnité ainsi que des contreparties en matière de formation. Il faut aussi que
l’employeur démontre qu’il a proposé au salarié des mesures de formation prévues par cet accord
collectif. À défaut, le taux de 10 % s’applique (cass. soc. 11 juillet 2007, n° 06-41765, BC V n° 118 ;
cass. soc. 23 janvier 2008, n° 06-44190, BC V n° 21).
Le rappel, dans le contrat de travail, du dispositif général dans lequel peut s’inscrire une formation
demandée par le salarié ne constitue pas une offre de formation effective. Dans ce cas, l’indemnité de
fin de contrat à verser est celle de 10 % et non celle réduite à 6 % (cass. soc. 3 juillet 2012, n° 11-
16269, BC V n° 203 ; cass. 23 janvier 2013, n° 11-26898 D).
L’assiette de l’indemnité étant la rémunération totale, on y inclura les primes et accessoires du salaire.
Le versement de cette indemnité a lieu à l’issue du contrat, en même temps que le dernier salaire, et
doit figurer sur le bulletin de paie correspondant (c. trav. art. L. 1243-8).
37
en mois entiers, et arrondie au nombre entier supérieur s’il y a lieu (ex. : 4,2 mois est retenu pour 5
mois). La période de portabilité ne peut pas excéder 12 mois.
39
Dans ce dernier cas, afin d’éviter une requalification ultérieure en CDI, le délai d’interruption ne doit
pas être trop bref. Le risque étant, si le délai est trop court, que les juges considèrent qu’il y a fraude à
la loi (circ. DRT 90-18 du 30 octobre 1990). En pratique, ce délai doit être déterminé en fonction de la
durée du contrat initial. Par exemple, un délai correspondant au nombre de jours de congés payés
auxquels le salarié avait le droit à l’issue du contrat initial.
Exceptions
Il est possible de conclure des CDD successifs avec le même salarié, sans qu’il y ait d’interruption,
dans les hypothèses suivantes (c. trav. art. L. 1244-4) :
-remplacement d’un salarié temporairement absent ou dont le contrat est suspendu ;
-remplacement d’un chef d’entreprise artisanale, industrielle ou commerciale, d’une personne exerçant
une profession libérale, de son conjoint participant effectivement à l’activité de l’entreprise à titre
professionnel et habituel ou d’un associé non salarié d’une société civile professionnelle, d’une société
civile de moyens ou d’une société d’exercice libéral ;
-remplacement d’un chef d’exploitation agricole ou d’entreprise, d’un aide familial, d’un associé
d’exploitation, ou de leur conjoint quand il participe effectivement à l’activité de l’entreprise ou de
l’exploitation agricole (c. rural art. L. 722-1 et L. 722-10) ;
-emplois saisonniers ;
-emplois pour lesquels il est d’usage constant de ne pas recourir au CDI.
Pour ces cas, la conclusion de CDD successifs avec un même salarié n’est cependant licite qu’à la
condition que chacun des contrats en cause soit conclu pour l’un des motifs qui permettent une telle
succession (cass. soc. 3 juillet 1991, n° 87-44773, BC V n° 338 ; cass. soc. 31 mai 2007, n° 06-42231,
BC V n° 338 ; cass. soc. 30 septembre 2014, n° 13-18162 BC V n° 217).
42
- en cas de suppression du poste dans les 2 ans après le départ définitif d’un salarié un- «certain délai»
- accroissement temporaire d’activité, commande exceptionnelle à l’exportation, travaux urgents pour
la sécurité un -« certain délai »
- pour tout motif après un contrat de professionnalisation pas de délai
* Ou autre délai fixé par convention ou accord de branche étendu (voir § 639).
Sanctions applicables
Sanctions civiles
Demande de requalification en CDI par le salarié ou les syndicats
Le non-respect de certaines règles est sanctionné par la requalification en CDI (c. trav. art. L. 1245-1).
Tel est notamment le cas en l’absence de contrat écrit ou de définition précise du motif de recours, ou
encore du nom et de la qualification de la personne remplacée (voir § 593 à 595).
Les salariés concernés et les organisations syndicales représentatives sont admis à demander la
requalification du CDD. Les organisations syndicales représentatives peuvent se substituer à un salarié
pour exercer en sa faveur toute action en justice en application de la réglementation sur le CDD. Un
mandat de l’intéressé n’est pas requis, mais celui-ci doit avoir été averti et ne pas s’y être opposé (c.
trav. art. L. 1247-1).
Les syndicats professionnels peuvent également exercer devant toutes les juridictions, tous les droits
réservés à la partie civile concernant les faits portant un préjudice direct ou indirect à l'intérêt collectif
de la profession qu'ils représentent (c. trav. art. L. 2132-3). Cela permet à un syndicat de salariés
d'intervenir au cours d'un procès prud'homal auquel un salarié est partie si l'intérêt collectif de la
profession qu'il représente est atteint. Lorsqu’un salarié obtient la requalification de ses différents CDD
en CDI à compter de la date initiale du premier CDD, la violation des dispositions légales relatives au
contrat à durée déterminée est de nature à porter atteinte à l'intérêt collectif de la profession et justifie
l'action en justice d’un syndicat (cass. crim. 15 novembre 1983, n° 82-94092, B. crim. n° 299 ; cass.
soc. 23 mars 2016, n° 14-23276, BC V n° 55). Celui-ci peut donc demander des dommages-intérêts en
réparation du préjudice subi de ce fait (cass. soc. 23 mars 2016, n° 14-22250, BC V n° 54). Le non-
respect des dispositions conventionnelles relatives au CDD constitue également une atteinte à l'intérêt
collectif de la profession justifiant l'allocation de dommages-intérêts à un syndicat (cass. soc. 10 février
2016, n° 14-26304, BC V n° 29).
Par ailleurs, les syndicats peuvent demander au juge d'instance, juge compétent en matière d'élections
professionnelles, que des CDD soient considérés comme des CDI, cette requalification présentant un
intérêt notamment en matière d'institutions représentatives du personnel et particulièrement pour la
détermination des effectifs de l'entreprise (cass. soc. 17 décembre 2014, n° 14-13712, BC V n° 296).
• Demande de l'employeur irrecevable. Seul le salarié ou un syndicat peut demander la requalification
(c. trav. art. L. 1247-1 ; cass. soc. 20 février 2013, n° 11-12262, BC V n° 45). Ainsi, l’employeur ne
peut pas obtenir une requalification, pas plus que l’AGS, sauf si cette dernière peut démontrer une
fraude (cass. soc. 27 janvier 1999, n° 97-40177 D ; cass. soc. 4 décembre 2002, n° 00-43750, BC V n°
43
367 ; cass. soc. 18 octobre 2007, n° 06-43848, BC V n° 162). Le juge ne peut pas non plus prononcer
d’office une requalification (cass. soc. 30 octobre 2002, n° 00-45572, BC V n° 332 ; cass. soc. 20
février 2013, n° 11-12262, BC V n° 45).
• Pas de mesure de rétorsion. La rupture du CDD décidée en raison d'une demande en justice de
requalification du CDD en CDI est nulle (cass. soc. 16 mars 2016, n° 14-23589, BC V n° 50).
Procédure
Le salarié a 2 ans pour saisir le conseil de prud'hommes. Toutefois, employeur et salarié peuvent
convenir d’un délai de prescription plus court ou plus long que le délai légal, sans pouvoir aller en-
deçà d’un an ni au-delà de 10 ans. Ainsi, ils peuvent fixer dans le CDD le délai d'une éventuelle action
en requalification en CDI et en paiement de l’indemnité de requalification qui en découle (c. trav. art.
L. 1471-1 ; c. civ. art. 2254 ; cass. soc. 22 novembre 2017, n° 16-16561 FSPB).
Les demandes de requalification sont portées directement devant le bureau de jugement du conseil de
prud'hommes sans passage obligé au bureau de conciliation, Celui-ci doit statuer au fond dans un délai
de 1 mois suivant sa saisine et la décision est exécutoire de droit à titre provisoire (c. trav. art. L. 1245-
2 et R. 1245-1 ; cass. soc. 30 septembre 2003, n° 01-42575 D). Cela signifie qu’elle est immédiatement
applicable, même s’il y a appel.
Le salarié qui demande la requalification de son CDD en CDI, directement devant le bureau de
jugement, peut présenter à cette occasion toute autre demande liée au contrat de travail (cass. soc. 22
septembre 2010, n° 09-42650, BC V n° 187 ; cass. soc. 28 avril 2011, n° 09-43226, BC V n° 95).
Date de notification du jugement. Un employeur condamné à requalifier un CDD en CDI, ne peut par
la suite constater que le CDD est arrivé à son terme, à condition que le jugement ait été notifié par le
conseil de prud'hommes avant la survenance du terme du contrat. Cette prétendue rupture par
survenance du terme est nulle (cass. soc. 18 décembre 2013, n° 12-27383, BC V n° 311 ; cass. soc. 4
juin 2014, n° 13-17099 D).
Indemnité de requalification
Calcul de l’indemnité. Lorsqu’un CDD est requalifié en CDI, l’employeur doit verser au salarié une
indemnité de requalification, qui ne peut pas être inférieure à 1 mois de salaire (c. trav. art. L. 1245-2;
cass. soc. 19 mars 2014, n° 12-28326 D). Il faut prendre en compte le dernier salaire mensuel perçu
avant la saisine du juge et au sein de l'entreprise qui a conclu le CDD (cass. soc. 26 avril 2017, n° 15-
26817 FSPB).
L'indemnité de fin de contrat, destinée à compenser la précarité du salarié en CDD, n'a pas à être incluse
dans le salaire de référence servant à déterminer le montant de l'indemnité de requalification ni dans le
montant des indemnités de rupture éventuellement perçues par le salarié (cass. soc. 18 décembre 2013,
n° 12-15454, BC V n° 309 ; cass. soc. 13 janvier 2016, n° 14-16000 D). Pour autant, un CDD requalifié
en CDI ne permet pas à l’employeur de récupérer l’indemnité de précarité déjà versée (rép. Braillard
n° 9599, JO 5 mars 2013, AN quest. p. 2621 ; cass. soc. 30 mars 2005, n° 03-42667, BC V n° 106).
• Changement d'employeur. En cas de modification de la situation juridique de l’employeur (c. trav.
art. L. 1224-1), l’indemnité de requalification reste, en principe, due par l’employeur initial (cass. soc.
7 novembre 2006, n° 05-41723, BC V n° 324). Pour autant, le salarié a la possibilité de demander à
son nouvel employeur le paiement de cette indemnité en cas de transfert du contrat (cass. soc. 16 mars
2011, n° 09-69945, BC V n° 75). En cas de transfert conventionnel du contrat de travail et si les
dispositions conventionnelles ne prévoient pas que ne prévoient pas que le nouvel employeur est tenu
des obligations qui incombaient à l’ancien employeur au moment du transfert du contrat de travail, le
salarié transféré ne peut pas réclamer au nouvel employeur le versement de l’indemnité de
44
requalification accordée à la suite de la requalification de CDD conclu antérieurement au transfert.
Celle-ci est due par l’ancien employeur (cass. soc. 27 mai 2015, n° 14-11155, BC V n° 107).
• Régimes social et fiscal. Cette indemnité a le caractère de dommages et intérêts et n’est donc pas
soumise aux charges sociales et fiscales (circ. DRT 92-14 du 29 août 1992).
Établissement du contrat
• Ne pas établir de contrat écrit (c. trav. art. L. 1242-12) ou ne pas le faire signer par le salarié (cass.
soc. 31 mai 2006, n° 04-47656, BC V n° 195).
• Ne pas indiquer la définition précise du motif dans le contrat (c. trav. art. L. 1242-12).
• Omettre d’indiquer le nom et la qualification de la personne remplacée dans un CDD pour
remplacement, y compris en cascade (cass. soc. 26 octobre 1999, n° 97-40894, BC V n° 402 ; cass.
soc. 16 février 2012, n° 10-20113 D).
• Ne pas prévoir de terme précis ou de durée minimale pour les contrats à terme imprécis (c. trav. art.
L. 1242-7 ; cass. soc. 2 avril 2014, n° 13-11431 D).
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• Prévoir une durée minimale de moins de 6 mois pour un CDD lié à une commande exceptionnelle à
l’exportation (c. trav. art. L. 1242-8).
• Dépasser la durée maximale (c. trav. art. L. 1242-8 et L. 1242-8-1).
Renouvellement et poursuite
• Ne pas respecter le nombre de renouvellement autorisé par accord de branche étendu ou, à défaut, par
le code du travail (c. trav. art. L. 1242-8 et L. 1242-8-1).
• Opérer un renouvellement du CDD ayant pour effet d’en porter la durée totale au-delà de la durée
maximale conventionnelle ou, à défaut, légale (c. trav. art. L. 1242-8 et L. 1242-8-1).
• Omettre, lors du renouvellement, de préciser les conditions de celui-ci dans le contrat ou dans un
avenant soumis au salarié avant le terme initialement prévu (c. trav. art. L. 1243-13).
• Ne pas respecter le délai de carence conventionnel ou, à défaut, légal entre chaque CDD sur le même
poste (c. trav. art. L. 1244-3 et L. 1244-3-1).
• Poursuivre la relation contractuelle avec le même salarié après l’échéance du terme (c. trav. art. L.
1243-11).
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Sanctions pénales
Sont sanctionnés d’une amende maximale de 3 750 €, en cas de première infraction, et d’une amende
pouvant aller jusqu’à 7 500 € et d’un emprisonnement de 6 mois maximum en cas de récidive (c. trav.
art. L. 1248-1 à L. 1248-11) :
-l’embauche d’un salarié par un CDD ayant pour objet de pourvoir durablement à un emploi lié à
l'activité normale et permanente de l'entreprise ;
-l’embauche d’un salarié par CDD pour un motif non autorisé par la loi, pour une durée supérieure à
la durée maximale ou en méconnaissance des dispositions sur la fixation du terme ou le
renouvellement;
-l’embauche d’un salarié par CDD en méconnaissance des dispositions sur les interdictions de recours
au CDD (grève, travaux dangereux) ;
-le non-respect des dispositions sur le recours au CDD après un licenciement économique ;
-le non-respect du délai de carence entre deux contrats successifs ;
-l’absence de remise au salarié d’un CDD écrit dans les 2 jours ;
-l’absence de contrat écrit avec la définition précise du motif ;
-la violation du principe d’égalité des rémunérations avec les salariés sous CDI, après période d’essai,
occupant les mêmes fonctions à qualifications équivalentes ;
-la non-consultation du comité d’entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel dans les cas de
recours visés (c. trav. art. L. 1242-5 et L. 1242-8) ;
-le non-respect des dispositions concernant la protection des salariés en CDD exposés à des rayons
ionisants.
L’employeur est tenu, en matière d’hygiène et de sécurité, à des obligations spécifiques aux salariés en
CDD. Elles sont aussi sanctionnées pénalement (c. trav. art. L. 4141-2, L. 4141-3 et L. 4522-2).
Nouveau contrat
L’employeur qui offre au salarié dont le CDD prend fin de poursuivre leur relation contractuelle par
un CDI est libre de lui proposer de travailler à de nouvelles conditions et/ou de modifier les éléments
essentiels de son contrat, car ce n’est pas le CDD initial qui se poursuit, mais un nouveau contrat qui
va être conclu.
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Ainsi, la proposition faite à un salarié à l’issue de son CDD d’un nouvel engagement à durée
indéterminée à des conditions différentes des précédentes ne constitue pas une modification de son
contrat de travail. Si le salarié refuse cette offre, l’employeur n’est donc pas responsable de la rupture
des relations contractuelles (cass. soc. 9 février 1989, n° 86-40772, BC V n° 110).
Cependant, si le nouveau contrat ne précise pas certains aspects, il y a alors lieu de se référer au CDD
précédent (cass. soc. 7 juillet 1998, n° 95-45209, BC V n° 362).
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Article 2 - La poursuite des liens contractuels se fera aux mêmes conditions de rémunération et
d’emploi que celles prévues dans le contrat à durée déterminée initial aux articles … (1). M. … garde
le bénéfice de l’ancienneté acquise sous le contrat initial (2). Il ne sera pas soumis à une nouvelle
période d’essai (3).
Article 3 - La société … n’est pas tenue au versement de l’indemnité de fin de contrat initialement
prévue (4).
Fait en deux exemplaires, dont un pour chacune des parties.
À ………………………………, le …………………………
(Signature de chacune des parties.)
(1) Employeur et salarié peuvent aussi convenir de nouvelles conditions et d’insérer au contrat des
clauses spécifiques (ex. : clause de non-concurrence) qui n’étaient pas inscrites dans le CDD initial.
L’employeur qui offre au salarié, dont le CDD prend fin, de poursuivre leur relation contractuelle par
un CDI est en effet libre de lui proposer de nouvelles conditions de travail et/ou de modifier les
éléments de son contrat, car ce n’est pas le CDD initial qui se poursuit, mais un nouveau contrat qui va
être conclu (cass. soc. 7 juillet 1998, n° 95-45209, BC V n° 362). Le salarié est, lui aussi, libre
d’accepter ou de refuser ces nouvelles modalités.
(2) Le salarié dont le CDD se poursuit par un CDI conserve son ancienneté (voir § 657).
(3) Voir ci-avant (voir § 658).
(4) Le nouveau contrat doit prendre le relais du CDD, sans interruption pour que l’indemnité de fin de
contrat ne soit pas due (voir § 659).
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La perception d'allocations de chômage durant ces périodes non travaillées n'exclut pas, à elle seule,
que le salarié ne se tienne pas à la disposition de l'employeur (cass. soc. 25 juin 2013, n° 11-22646, BC
V n° 166).
Le salarié doit apporter la preuve qu'il s'est tenu à la disposition de l'employeur dans ces périodes inter-
contrats (cass. soc. 10 décembre 2014, n° 13-22422, BC V n° 284 ; cass. soc. 16 septembre 2015, n°
14-16277, BC V n° 156). Faute d'une telle preuve, le salarié ne peut obtenir de rappel au titre de cette
période (cass. soc. 13 avril 2016, n° 14-29899 D).
Lorsque le salarié s'est tenu à la disposition de l'employeur pendant les périodes inter-contrats, le calcul
de rappels de salaire, pour ces périodes, consécutifs à la requalification des CDD successifs en CDI
n'est pas affecté par les sommes qui ont pu être versées au salarié par Pôle Emploi au titre de l'assurance
chômage (cass. soc. 16 mars 2016, n° 15-11396, BC V n° 48).
Incidences de la requalification
Le salarié a droit à l’indemnité de requalification (voir § 649).
Par ailleurs, en cas de rupture, la requalification en CDI entraîne l’application de la procédure de
licenciement pour motif personnel ou, le cas échéant, pour motif économique (cass. soc. 13 décembre
2007, n° 06-44004, BC V n° 207). La prolongation tacite en CDI interdit par la suite à l’employeur de
justifier le licenciement du salarié par la seule échéance du terme du prétendu CDD (cass. soc. 17
janvier 1995, n° 91-43437 D).
La rupture à son terme d’un CDD alors que le contrat a été requalifié en CDI par une décision
exécutoire constitue un trouble manifestement illicite. Le juge des référés peut donc être saisi par le
salarié d'une demande en réintégration dans l'entreprise (cass. soc. 4 juin 2014, n° 13-14605 D ; cass.
soc. 4 juin 2014, n° 13-17099 D).
Lorsqu'un CDD ou une série de CDD sont requalifiés en CDI après le départ du salarié, l'employeur
peut être condamné à verser des dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse
(cass. soc. 13 novembre 1986, n° 83-44744, BC V n° 518 ; cass. soc. 10 juin 2003, n° 01-40808, BC
V n° 191).
L’employeur échappe cependant à cette condamnation pour licenciement sans cause réelle et sérieuse
s’il a envoyé une lettre de non-renouvellement ou de rupture du CDD qui énonçait des griefs
matériellement vérifiables et constituant un licenciement. Celle-ci vaut alors lettre de licenciement
(cass. soc. 7 mai 2003, n° 00-44396, BC V n° 156 ; cass. soc. 20 octobre 2015, n° 14-23712, BC V n°
197).
Par ailleurs, l’employeur est condamné à verser les indemnités de rupture du CDI même si, en cours
d’instance, il a proposé au salarié de le réintégrer alors que ce dernier a refusé cette proposition. En
effet, lorsqu’un CDD est requalifié en un CDI, la rupture du contrat par la seule survenance de
l’échéance du terme s’analyse en un licenciement abusif. De plus, la rupture étant acquise, le salarié
n’est pas tenu d’accepter la proposition de réintégration qui lui est faite (cass. soc. 3 juin 2009, n° 08-
41037 D).
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