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Sommaire

Introduction :
L'instauration d'un marché des changes au Maroc en 1996 constitue incontestablement une des
principales manifestations concrètes de l'intégration de l'économie marocaine dans le circuit de
la mondialisation et de la globalisation financière.

Le marché des changes est constitué de l’ensemble des opérations d’achat-vente, de prêt-
emprunt qui fait intervenir les devises. Ce serait cependant, une erreur de le considérer comme
un marché, précisément localisé dans l’espace et dans le temps. En effet, le marché des
changes n’exige pas de localisation matérielle centrale déterminée.

S’il met en œuvre des places situées dans des pays différents, les opérations se font par des
moyens de communications très rapides, il est plutôt réseau que lieu. Il s’agit des plus grands
marchés du monde, les transactions qui y sont effectué quotidiennement connaissent
aujourd’hui un essor impressionnant (avec plus de 10 000 milliards de $ par jours et un taux de
croissance de 12.4%).

Ces transformations trouvent leurs origines dans trois majeurs phénomènes :

- La déréglementation et la désintermédiation ;

- Le développement technologique qui a accéléré l’intégration des marchés des capitaux


mondiaux ;

- La floraison des innovations financières visant à limiter les risques.

Fini le temps où les banques se limitaient à jouer un rôle de « boîte à lettre » entre leurs clients
et la Banque Centrale pour acheter ou céder des devises sur la base d'un taux de change
administré et indifférencié.

Aujourd'hui, les banques marocaines sont dotées de véritables vitrines technologiques,


dénommées salles des marchés, habilitées à effectuer des opérations d'achat et de vente de
devise dont les taux de change sont librement négociables entre les parties. Grâce à ce nouveau

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marché, les exportateurs et les importateurs marocains peuvent non seulement négocier des
taux de change préférentiels, mais aussi se couvrir contre le risque de change.

Sur le plan physique, les marchés des changes comptent trois départements (le marché au
comptant, les marchés à terme, et les Swaps)

I-généralité sur les marché de change marocain


1- Historique :

Avant le 03/06/1996 l’ensemble des transactions et tous les ordres d’achat et de vente
des devises émanant des intermédiaires agrées devaient impérativement transiter par le canal
de Bank Al Maghreb. La totalité des recettes d’exportation de biens et de services ainsi que
tous les autres produits, revenus ou moyens de paiements internationaux avait un caractère
obligatoirement cessible auprès de l’institution d’Émission.

Cela laisse remarquer le monopole de la banque centrale qui est venu pour instaurer une
rigidité agissant négativement sur les dates de valeurs et limitant la possibilité de suivre
l’évolution du marché mondial.

Sur un plan plus pratique, les banques agrées étaient tenus d'acheter ou de vendre leurs soldes
de devises à Bank Al-Maghreb sur une base quotidienne et dans le cadre d'une procédure
complexe.

De ce fait, la création d’un marché des changes interbancaires au Maroc traduit la volonté de
donner aux banques la possibilité de conserver et de gérer leurs positions de change au
comptant et à terme. C’est le couronnement d’un long processus de déréglementation et de
libéralisation entamé par les pouvoirs publics au début des années 80, dans le cadre de la mise
en œuvre du PAS.

Au Maroc, c’est la circulaire 1633 de l’Office des changes qui a annoncé l’institution du
marché des changes. Elle est datée du 01/04/1996, car le marché devait démarrer le
02/051996. Mais à la demande des banques, et avec l’accord des autorités monétaires, le
démarrage fut décalé d’un mois supplémentaire, soit le 03/06/1996.

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En Janvier 1997, le marché des changes Marocain a été ouvert au marché international des
capitaux pour permettre aux banques d ‘effectuer des opérations de change de devises contre
devises auprès de leurs correspondants étrangers.

L'objectif étant de permettre aux banquiers marocains d'améliorer sensiblement les conditions
d'exécution des ordres en devises de leur clientèle, développer les techniques de couverture à

terme et promouvoir l'émergence d'un marché monétaire interne en devise par des opérations
de prêts et d'emprunts interbancaires en monnaies étrangères.

2-Définition :

Le marché de change au Maroc est le lieu où s’échangent les monnaies internationales cotées
par Bank Al Maghrib. Chaque fois qu’une opération commerciale ou financière est effectuée
avec l’étranger, son dénouement se traduit par une conversion de devises par rapport à la
monnaie nationale ou inversement sur le marché des changes.
Cette conversion se nomme opération de change.
Le Marché de Change a démarré au Maroc le 3 Juin 1996.
La demande induite par l’activité des entreprises importatrices ou exportatrices y est relayée.
c’est un marché de gré à gré, animé principalement par les banques.
C’est un marché virtuel (non localisé physiquement) composé de tous les opérateurs
économiques et financiers réalisant des opérations de change.

3- Les intervenants sur le marché des changes

Le marché des changes est réservé aux institutions financières : Banques, investisseurs
institutionnels et institutions financières non bancaires. Ces opérateurs interviennent pour leur
propre compte ou celui de leur clientèle. Ils peuvent négocier directement entre eux ou passer
par l’intermédiaire de courtiers.

a. Les banques commerciales :


Les intermédiaires agrées sont : avec bank al magherib, les seules « autorisés a effectuer sur le
marché des change les opérations en devises au comptant, à terme et de trésorerie (prêt et

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emprunt en devises avec les contreparties marocaines ou internationales) et ce pour leur propre
compte ou pour le compte de leur clientèle ».

A la clôture du marché de change ils peuvent céder leurs excédents en devises ou acheter celle-
ci en cas de besoin, auprès de la BAM elles peuvent également décider (dans les limites
autorisées) de Conserver des stocks en devises qui sont alors dites « longs » lorsqu’il ya un
d’excédent sur une devise et « court » en cas de découvert sur une autre, et ce, dans le cadre
des règles prudentielles imposées par BAM

Les gains réalisés par les banques commerciales proviennent à la fois: De la marge obtenue

( Spread) Entre les cours de vente et d’achat des devises , La différence entre les cours

de changes d’une position à une donnée et ceux de la position à une date postérieure.

b. la banque centrale : ( la BAM)

Étant le garant de la santé de l’économie du pays et de la stabilité de la monnaie nationale ; la


BAM intervient sur le marché de change pour établir les déséquilibre temporaires afin
d’atteindre des objectifs de parité pour la monnaie nationale dans la cadre de la gestion des
réserves officielles.

Son intervention est substantielle puisqu’elle permet de réguler le marché de change bien que
les cotations soient déterminées par le semi libre jeu de l’offre et de la demande

Son objectif primordial étant Le contrôle et la défense de la valeur de la monnaie


nationale(DH) dans la mesure ou elle fixe les cours d’achat et de vente par devise cotée

L’intervention de la BAM a donné naissance à plusieurs notes parmi eux on trouve:

La détermination des taux de changes applicables aux opérations en devises par les
intermédiaires agrée, doit se situer dans le cadre de la fourchette des cours affichées par la
BAM et Chaque transaction donne lieu au prélèvement d’une commission De 2 pour mille
versées à la BAM pour le compte de l’office des changes

A ces rôles, s’ajoutent ceux corrélatifs au contrôle des opérations sur le marché des changes et
à la surveillance du respect des mesures réglementaires.

c. La clientèle privée :

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La clientèle est formée principalement d’entreprises importatrices ou exportatrices, les
investisseurs et autres institutionnels n’interviennent que très rarement sur le marché de
change.

La clientèle n’interviennent pas directement sur le marché de change mais elle le fait par
l’intermédiaire des banques pour pouvoir dénouer sur le marché de change les opérations
internationales qu’ils initient que celle-ci soient commerciales(importation, exportation)ou
financières(emprunt et placement en devises, transferts a l’extérieure de revenus
d’investissement en monnaies étrangères…)

II- Pratique du marché de change marocain


1-Présentation de la salle des marchés

La salle des marchés est un lieu qui regroupe différents services spécialisés permettant aux
Banques d'intervenir sur les marchés de capitaux internationaux.
La Salle des Marchés, cependant, ne constitue que l'un des trois pôles qui « font » une banque
de marché :
 Le Front-Office : négociation.
 Le Middle-Office : risques, résultats.
 Le Back-Office : saisies, contrôles.

a. Le Front-Office

C'est très souvent une des « vitrines » de la Banque. Un Front-Office se doit en effet d'être à la
pointe du progrès technique tant en ce qui concerne les communications, que la gestion des
flux d'information ou encore les différents systèmes informatiques.
C'est ici que travaillent les Cambistes qui sont généralement regroupés par activité.
On trouvera ainsi les cambistes Traders spécialisés par type de Marché: Comptant, Terme,
Trésorerie, Options, Swap de taux, FRA's, par type d'échéance : court terme, long terme.
On trouvera également les cambistes Sales ou Dealers dont le rôle est de développer la vente
de produits et/ou de stratégies auprès de la clientèle de la Banque.

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Comme beaucoup de métiers spécialisés, le langage employé est technique et à forte
connotation Anglo-Saxonne.
Le Front-Office dispose également d'un autre secteur dit « de support » : Analystes
économiques, chargés d'établir des prévisions.
Ingénieurs financiers, chargés de mettre en place de nouveaux produits commerciaux, de
développer des outils de cotation ou de simulation.
Informaticiens dédiés, chargés de veiller au bon fonctionnement des logiciels spécifiques ainsi
que de leur bonne interconnexion avec les systèmes d'informations de la Banque. Ils assurent
également une veille technologique.

b. Le Middle-Office

C’est le domaine le plus jeune puisqu'il n’est apparu que dans les années 1990.
Le Middle-Office a deux fonctions essentielles :
 Rapprocher les résultats bruts sur transaction, des résultats comptables obtenus après
injection des opérations dans le système d'information.
 Assurer le suivi des risques : contrepartie, taux, change, liquidité.
Le domaine a acquis une certaine importance et nécessite de fortes compétences car il s'agit à
la fois de discuter avec les cambistes mais aussi de mettre en place (voir de développer) des
outils de suivi des risques et de savoir en interpréter les résultats.

c. Le Back-Office

C'est le secteur administratif de la Salle des Marchés où l'on effectue les paiements induits par
les opérations citées plus haut. Ces paiements peuvent être de type clientèle (en compte) ou de
type interbancaire. On y vérifie également la bonne réception des versements.
On y comptabilise les opérations et dans bon nombre d'établissements on y détermine les
différentes positions (change et trésorerie).
Le Back-Office peut également avoir des actions de contrôle : utilisation des lignes de crédit,
réglementation des changes, etc.

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2-Les opérations du marché de change marocain
a. L’opération au comptant

Le change comptant ou change « spot » consiste à échanger 2 devises, à un cours négocié, 2


jours ouvrés après la date de négociation. Cette date est appelée la date « spot ».

Le marché au comptant est celui de la livraison et de règlement immédiats des devises. En


d'autres termes, si vous voulez acheter une devise aujourd'hui pour en prendre livraison à ce
jour, au prix du jour; vous l'achetez sur le marché au comptant.

Le taux de change au comptant est très sensible aux changements de conjoncture économique.
Tout simplement parce qu'il s'agit de la première étape des flux internationaux - et une
transaction au comptant peut être conclue en quelques secondes.

Les marchés au comptant des devises les plus importantes sont les marchés les plus liquides et
les cours peuvent changer des milliers de fois en une journée à mesure que de nouveaux
ordres d'achat ou de vente sont passés.

 La date de valeur au comptant

Sur le marché au comptant, le cours de change est fixé à la date de la transaction (la date
'effective'), l'échange effectif se faisant le plus tôt possible.

La date standard pour un règlement 'immédiat' est de deux jours après la conclusion de la
transaction (T+2). On l'appelle la date de valeur au comptant. La seule exception à cette
convention concerne les transactions entre l'USD et le CAD dont la date de valeur au
comptant est de T+1.

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Ceci réduit les risques de règlement et donne assez de temps pour confirmer les détails
d'une transaction et pour que les contreparties puissent échanger les instructions de
règlement.

Par exemple, on dit qu'une transaction au comptant standard faite le 13 juin est pour
valeur le 15 juin; à moins que l'une des deux places financières soit en vacances le 14 ou le
15 juin, auquel cas la date de valeur sera le 16 juin. De même, les week-ends prolongent la
date de valeur au comptant.

Si une transaction standard au comptant n'est toujours pas réglée le deuxième jour ouvrable
après la conclusion de l'affaire, les intérêts vont commencer à s'accumuler à la charge de la
partie qui a manqué à son obligation de livraison.

Avec le développement des systèmes de règlement intra-jour (systèmes de règlement brut


en temps réel - RTGS) dans les années 1990, on peut également réaliser des transactions qui
vont être réglées valeur demain (T+1); voire valeur aujourd'hui (T+0)

 Caractéristique

Les caractéristiques principales d'une opération de change comptant sont:

 La devise principale

 Le sens: achat ou vente

 La devise secondaire, ou devise "prix": devise vendue s'il s'agit d'un achat, devise
achetée s'il s'agit d'une vente.

 La date de négociation ou "trade date"

 La date de valeur ou "spot date": généralement égale à la date de négociation + 2 jours


ouvrés. Remarque : un contrat de change au comptant a une durée de vie nulle ; il n'y a
pas de « date de fin ».

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 Le montant négocié, exprimé dans la devise principale

 Le cours négocié composé de quatre chiffres après la vergule,

 Le montant dans la devise secondaire, calculé à partir du montant principal et du cours

b. L’opération à terme

Le Change à Terme vous permet de fixer dès aujourd'hui le cours de vente ou d'achat d'une
devise à une date future.

Un contrat de change à terme est une transaction où l'on échange des devises - achetant ou
vendant une devise particulière - à une date ultérieure fixée d'un commun accord, à un
cours - un prix - convenu au moment de la transaction. Ce cours est appelé le prix à terme.
Les banques cotent des prix à terme sur plus ou moins toute paire de devises.

Les dates de valeur à terme sont calculées sur la base des dates de valeur au comptant, qui à
leur tour sont calculées à partir de la date de transaction. Comme nous l'avons vu, la date de
valeur au comptant intervient deux jours après la date de transaction.

Donc pour une transaction à 1 mois fixée le mercredi 3 mars 2000, la valeur au comptant est le
vendredi 5 mars et la valeur à terme le lundi 5 avril.

Les cours de change à terme sont disponibles pour des échéances qui vont de 3 jours à 2 ans.
Ainsi, les changes à terme sont l'équivalent de gré à gré des contrats à terme sur les devises.
Les deux types de contrat permettent aux agents de la transaction de se faire une idée de la
direction et de l'étendue des cours de change au comptant futurs.

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 Caractéristiques

Les caractéristiques principales d'une opération de change à terme sont:

 La devise principale

 Le sens: achat ou vente

 Cours à terme qui est égal à « spot+point à terme »

 La devise secondaire, ou devise "prix": devise vendue s'il s'agit d'un achat, devise
achetée s'il s'agit d'une vente.

 La date de valeur c'est-à-dire la date d’échéance future.

 Avantages

 Annulation du risque de change

Importateur : en fixant le cours d'achat de vos devises pour un règlement ultérieur, vous vous
protégez contre une hausse du cours des devises qui pourrait renchérir vos coûts d'achat
Exportateur : en fixant le cours de vente de vos devises que vous recevrez ultérieurement,
vous vous protégez contre une baisse du cours des devises qui minorerait le prix de vos ventes.
 Aucun décaissement préalable

Vous n'avez aucune prime à payer.

Votre compte ne sera débité de votre achat ou crédité de votre vente qu'à la date du terme

 Souplesse d’utilisation

Vous pouvez adapter les modalités de votre contrat de Change à Terme en fonction des besoins
de votre association : devise, montant, durée de l'opération

Exemple

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Votre association exportatrice doit recevoir 100.000 USD dans 3 mois. Anticipant une
éventuelle baisse du cours du dollar, vous décidez de vous couvrir et de vendre vos dollars à
terme (achat EUR/ vente USD)

.Au comptant, 1 EUR = 1,2620 USD. Le report est de + 0,0038 USD.


Le cours à terme est donc de 1,2658 USD.

Vous vous engagez donc à vendre (et BNP Paribas à acheter) dans les 3 mois vos 100 000
USD à un cours fixé dès aujourd'hui, quelle que soit l'évolution du dollar.

Vous vous garantissez ainsi contre une baisse du dollar mais vous ne pourrez pas bénéficier
d'une éventuelle hausse.

A l'échéance, la vente de 100 000 USD dégagera 79 001,42 EUR (100 000 USD/1.2658).

c. L’opération de swap

Le swap de change est une double opération de change simultanée, l’une au comptant dans
un sens, l’autre à terme dans l’autre sens, avec la même contrepartie. Les deux contreparties
s'échangent des flux financiers de même nature libellés dans 2 devises différentes. Ces 2
opérations sont négociées simultanément avec le même cours de change comptant de
référence.

 Caractéristiques

 La devise principale

 Le sens: achat ou vente

 La devise secondaire, ou devise "prix": devise vendue s'il s'agit d'un achat, devise
achetée s'il s'agit d'une vente.

 La date de l’opération

 La date de l’échéance

 Le montant négocié, exprimé dans la devise principale

 Le cours spot

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 Le cours à terme

 Avantages

 Financement immédiat

Le SWAP de change constitue une source de financement en attendant l'utilisation des


devises et vous dispense de recourir à tout autre type de financement

 Solution sure et adaptée

-Conditions de l'opération, date et cours, fixés dès sa mise en place,

-Applicable à toute devise convertible,

-Pas de montant minimum ou maximum,

-Pas de prime à payer,

-Durée d'opération : variable selon contrat,


 Exemple

Vous recevez 500 000 USD dont vous n'avez pas un usage immédiat. En revanche, vous savez
que dans trois mois vous devrez régler une importation en USD.

Avec un SWAP de change à 3 mois :

-Temps 1 : vous vendez vos 500 000 USD au comptant contre EUR (au cours Spot de 1,0750)

-Temps 2 : vous les rachetez simultanément à 3 mois (au cours terme de 1,0700)

Vous obtenez ainsi un financement en euros, tout en ayant l'assurance de pouvoir récupérer
trois mois plus tard vos dollars US à un cours connu à l'avance. Ce qui vous couvre contre le
risque d'une évolution défavorable du cours du dollar US.

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III-La gestion du risque de change :

Le risque de change c’est à dire la perte en capital liée à une variation des cours de changes
s’est fortement accru avec le flottement des monnaies et le développement économique et
financier international des transactions commerciales. Les entreprises sont confrontées à un
risque de change car elles effectuent des importations et des exportations dans des devises qui
sont différentes de celle utilisée pour l’établissement de leur bilan et leur compte de résultat.

Pendant longtemps la gestion de l’ensemble des transactions en devises était le monopole


BANK AL MAGHREB, ce qui empêchait les trésoriers marocains d’avoir le moindre
dynamisme dans le domaine de la gestion du risque de change.

Toutefois, depuis le 3 Juin 1996 date d’instauration du marché des changes au Maroc, les
choses ont fortement changé, les entreprises doivent à présent suivre de près leurs risques de
change pour les couvrir.

1-mesure du risque :

La mesure du risque de change s'effectue à travers deux éléments :

a. Le cours de change de référence


La détermination d'un cours de change de référence (ou de valorisation) est très importante,
dans la mesure où elle permet de connaître la contre-valeur du montant pour lequel
l'entreprise s'est engagée.

Le cours de change de référence doit être réaliste économiquement, réalisable


financièrement et incontestable vis-à-vis des tiers. Le principe de base à appliquer est que le
cours de valorisation doit refléter le mieux possible la rentabilité économique escomptée à
la date de l'opération ; il s'agit donc de la parité de change de la devise contre monnaie
nationale retenue pour décider de l'opportunité de la réalisation d'une opération libellée
dans cette devise.

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Les cours de change qui sont à retenir pour la valorisation du risque de change, dès sa
naissance, dans une approche transactionnelle sont les cours de marché.

Il existe deux cours de marché possibles :

 Le cours au comptant : dont la force réside dans sa cotation unique, sa faiblesse étant qu'il
n'intègre pas la notion de temps qui sépare la date de négociation et celle du règlement.

 Le cours à terme : qui intègre la durée à travers le report et le déport exprimant le différentiel
de taux d'intérêts prorata temporis.

L'utilisation du cours à terme correspond aux opérations à flux certains et surtout facilement
individualisables. Mais il n'apporte pas de réponse satisfaisante lorsque les flux sont
incertains, lorsque les échéances sont incertaines et surtout lorsque le volume d'affaires ne
permet pas un suivi individualisé des opérations.

b. La position de change :

La position de change résulte de la différence entre les avoirs (créances) libellés en devise et
les engagements (dettes) libelles en devise. Elle est qualifiée de globale lorsqu’elle inclut
toute devise confondue et se mesure par rapport au Dirham. Elle peut être déterminée
également devise par devise ce qui donne une meilleure indication sur, d’une part, le risque
réel encouru par l’entreprise et d’autre part, sur le degré de diversification du portefeuille
devises de l’entreprise.

Un agent est exposé au risque lorsque sa position de change est ouverte c’est à dire qu’elle
est différente de zéro. Il est en position courte lorsque le montant de devises à servir est
supérieur au montant de devise à percevoir. Alors qu’il est en position longue lorsque le
montant des devises à servir est inférieur au montant des devises à percevoir.

Une position de change résulte des activités internationales, on distingue entre :

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 Une position de change de transaction : qui peut être générée par une activité commerciale
internationale d’import ou export, ou une activité financière : prêts et emprunts libellés en
monnaie étrangère.

 Position de change de consolidation : une société qui détient des filiales à l’étranger est
exposée au risque de change puisqu’il y a des échanges de flux monétaires entre elle et ses
filiales. Lors de la consolidation une dépréciation de la devise fait apparaître des écarts de
conversion négatifs.

 Position de change économique : elle est difficilement mesurable. Elle indique dans quelle
mesure les cash flow futurs attendus diffèrent des cash flow réalisés. Le cours de change
affecte le niveau des ventes l’importance des coûts, le bénéfice de l’entreprise.

2-identification du risque :

Le risque de change ne naît pas seulement au moment où s'effectue une transaction


commerciale ou financière libellée en devise étrangère.

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Appréhender la nature et la date de l'exposition au risque de change n'est pas facile ; la date à
partir de laquelle l'entreprise se couvre reste quelque peu arbitraire.

En effet, l'entreprise pourrait se considérer en risque de change dès la signature du contrat, ou


encore avant qu'il y ait un enregistrement comptable.

L'entreprise doit tenir compte de l'entrée en risque de change bien avant la connaissance
exacte de la teneur du contrat. La gestion du risque peut se réaliser dès l'émission de l'offre ou

du catalogue des marchandises proposées dans le cas d'opérations d'exportation, ou de la


commande dans le cadre d'activités d'importation

Toutefois, tenir compte du risque de change le plus tôt possible ne signifie pas se couvrir
systématiquement, mais gérer activement son risque.

La date retenue peut varier d'une entreprise à l'autre ou au sein de la même firme selon que le
risque de change est certain ou incertain :

Risque de change certain

Un risque de change certain est constaté à la conclusion d'un contrat irrévocable, dans une
monnaie autre que la monnaie nationale, fixant le montant et la date de l'opération.

Il existe plusieurs situations d'exposition au risque certain :

 Lors d'un contrat d'importation : un importateur est en situation de risque certain lorsqu'il y a
appréciation de la devise entre la date de conclusion du contrat et celle du règlement.
L'importateur, dans ce cas, aura besoin de plus de monnaie nationale à convertir pour se
procurer les devises nécessaires.

 Lors d'un contrat d'exportation : un exportateur est en situation de risque certain lorsqu'il y a
dépréciation de la devise de facturation entre la date de conclusion du contrat et le jour de
l'encaissement. L'exportateur recevra, au moment de la conversion, moins de monnaie
nationale.

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 Lors d'un prêt ou emprunt en devises : un emprunteur en devise craint une appréciation de la
devise en question car il risque de rembourser un capital (et intérêts), en monnaie nationale,
plus important que celui prévu contractuellement.

De sa part, le prêteur craint une dépréciation de la devise qui engendrerait un remboursement


moindre en monnaie nationale.

Risque de change incertain


Un risque incertain est lié aux opérations dont la réalisation est probable.

L'entreprise se trouve confrontée au risque incertain lors d'un appel d'offre en monnaie
étrangère. En répondant à cet appel d'offre en devise étrangère, l'engagement de réalisation
n'est pas irrévocable.

L'entreprise est exposée à un risque de change conditionnel : elle ne se retrouvera


véritablement en risque que si elle est retenue pour la réalisation de l'engagement.

3-Modalité de couverture :

Face au risque de change, une entreprise peut adopter trois stratégies :


 La non couverture : cela suppose un environnement monétaire assez stable pour prendre un
tel risque.

 Une couverture sélective : cette stratégie prend en considération l’anticipation des parités.

 La couverture automatique : qui consiste à couvrir l’ensemble des opérations.

Les entreprises désirant se prémunir contre le risque de change peuvent adopter soit des
techniques de couverture internes ou des techniques de couvertures externes.

a. Technique de couverture interne :

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Ce type de couverture est souvent simple à mettre en ouvre et aussi avantageux en termes de
coûts (moins cher) que les couvertures sur le marché.
Les entreprises qui ont choisi les techniques internes peuvent agir soit sur les délais soit sur
les monnaies de facturation
.

 Choix de la monnaie de facturation :

La monnaie de facturation est la devise dans laquelle sera libellé le contrat d'achat ou de vente
internationale. Les parties au contrat, qui ont la liberté de choisir cette monnaie de facturation,
peuvent choisir une devise plutôt qu'une autre afin de minimiser le risque de change.

Deux possibilités s'offrent à elle :


 Choisir la monnaie nationale

 Choisir une autre devise

Choisir la monnaie nationale :

Pour éviter le risque de change, de nombreuses entreprises, notamment les PME, choisissent
de ne facturer ou de n'accepter que des transactions en monnaie nationale. Cette situation fait
peser le risque de change sur la partie étrangère. La facturation en monnaie nationale constitue
la solution la plus simple. Or, elle n’est pas toujours possible. Elle dépend des rapports de
force en présence. En plus cette technique ne fait que transmettre le risque au partenaire, ce
qui peut affecter la compétitivité de l ‘entreprise : vouloir facturer en monnaie nationale peut
faire perdre à l’entreprise des opportunités de marché. L’entreprise marocaine est privée de ce
privilège à cause de non convertibilité du Dirham.
Choisir une autre devise :

Pour diverses critères, on peut être amené à choisir une devise de facturation étrangère qui
n'est ni celle de l'acheteur, ni celle du vendeur.

 Critères externes a l’entreprise :

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1* la législation des changes : certains pays imposent leur monnaie nationale dans les opérations
commerciales avec l'étranger (tant à l'achat qu'à la vente)

2* le marché des changes : il n'existe pas dans tous les pays de marché des changes pour toutes
les monnaies. Dans ce cas, l'importateur peut éprouver des difficultés pour se procurer la
devise de paiement auprès des banques locales et peut être amené à refuser la transaction
commerciale. De même pour l'exportateur qui peut avoir du mal à convertir la devise reçue de
l'étranger.

 Critères internes a l’entreprise :

3* les devises du portefeuille de l'entreprise : vous pourrez opter pour une devise qui compense
une position de change de sens contraire, annulant ainsi (en totalité ou partiellement) votre
risque de change. De plus, les banquiers préfèrent généralement un petit nombre de
transactions avec d'importants volumes unitaires libellés en une ou deux devises ;

4* les possibilités financières qu'offre la devise : celle-ci permet-elle de bénéficier d'un cours à
terme favorable, d'avoir recours à un financement à faible taux d'intérêt

 Termaillage :

Le termaillage consiste à accélérer ou retarder les encaissements ou les décaissements des


devises étrangères selon l'évolution anticipée de ces devises. Cette technique vise donc à faire
varier les termes des paiements afin de profiter de l'évolution favorable des cours. Les
situations suivantes peuvent se présenter comme suit :

1* si l'exportateur anticipe une appréciation de la devise de facturation, il tentera de retarder


l'encaissement de sa créance pour bénéficier d'un cours futur plus avantageux. A l'inverse, si
l'exportateur anticipe une dépréciation de la devise de facturation, il tentera d'accélérer
l'encaissement de sa créance pour bénéficier du cours actuel plus avantageux ;

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1* si l'importateur se trouve face à une tendance à l'appréciation de la devise du contrat d'achat, il
sera tenté d'anticiper son règlement. Au contraire, si l'importateur se trouve face à une
tendance à la dépréciation de la devise du contrat d'achat, il tentera de retarder son règlement
de manière à pouvoir bénéficier d'un cours futur plus avantageux.

Le tableau ci-dessous mentionne les principales décisions à prendre, compte tenu de la


tendance de la devise

Importations Exportations
La devise s'apprécie Accélérer le paiement Retarder le paiement
La devise se déprécie Retarder le paiement Accélérer le paiement

b. Les techniques de couverture externes :

Les techniques de couverture de risque de change se sont perfectionnées ces dernières


années de façon à répondre aux besoins des entreprises qui ne cessent d’évoluer.
Actuellement, il existe toute une palette d’instruments destinés à mettre les opérateurs à l’abri
des fluctuations des cours de change, notamment les options les swaps les futurs…

Cependant sur le marché national toute cette gamme de produits n’est pas offerte.
La seule technique proposée par les banques marocaines est le recours au change à terme.
 Le change à terme :

Offre la possibilité à un opérateur de fixer immédiatement un cours d’achat ou de vente


d’une devise pour une échéance future, sa construction suppose le montage de trois opérations
simultanées : une opération de change au comptant et deux opérations de prêt et d’emprunt.
Pour bien appréhender ce mécanisme prenant l’exemple d’une importation et d’une
exportation

Cas d’une exportation :

Vente à terme de devises :

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Le 1er juillet 2010 un trésorier constate qu’il aura un solde positif (position longue) fin
septembre en de 1000.000 EUR, suite à une vente de marchandise à un client français auquel
il a accordé un crédit de 90 jours.

L’exportateur craignant une baisse de l’EUR par rapport au Dirham à l’échéance souhaite se
couvrir contre ce risque. Il s’adresse à sa banque qui lui fournit les données suivantes :
 Taux de l’EUR affiché à la banque centrale au 1er juillet
1EUR = 10.642 - 10.7490
 Le taux d’intérêt sur le marché monétaire marocain est de 8%.
 Le taux d’intérêt de l’EUR de 3 mois est de 3%.

Le début juillet la banque fixe à l’exportateur un cours à terme qui est calculé après plusieurs
opérations effectuées par la banque :

1- Emprunt de 1000.000 EUR à 3% sur trois mois.


2- Vente de cette somme le jour même contre des dirhams au cours du
jour.
3- Placement des dirhams au marché monétaire marocain à 8%.

Etant donné que le taux du placement des dirhams est supérieur au taux d’emprunt de l’euro
donc il y a un report (gain) égale à la différence entre les deux taux soit 5%.

 le calcul du cours à terme est fait à l’aide de la formule suivante :

1+ Tmn *(N/36000) CC : cours comptant


Tmn taux de la monnaie nationale
CT = CC * Td : taux de la devise
1 +Td *(N/36000) N : nombre de jours

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CT : cours à terme

Ce qui donne un cours égale à : 10.7740 MAD

Cas d’une importation :

Le 1er octobre 2010 un importateur marocain s’adresse à un fournisseur américain pour une
transaction de 1 million de dollar, le paiement sera effectué dans 3 mois. Le souci de
l’importateur est de se couvrir contre une éventuelle hausse du dollar.
La banque affiche les données suivantes :

1USD = 9.9695-9.9700 MAD


Taux de dollar sur 3 mois est de 3.25%.
Taux du dirham est de 7% sur 3 mois.
Le 1er octobre la banque fixe à l’importateur un cours à terme au 1er décembre 2010.
La banque procède de la manière suivante :
Elle emprunte la contre valeur en dirham de 1 million de dollar, puis vent les dirhams obtenus
au cours du jour contre des dollars qu’elle place sur le marché monétaire américain à 3.25%
Le cours à terme est déterminé par la même procédure que pour une exportation :
9.97 * (7%-3.25%) * 90/36000 = 0.0934

Le cours à terme est 9.97 + 0.0934 = 10.0634 MAD.


A l’échéance l’importateur payera 1000 000 * 10.0634 = 10 634 000 MAD indépendamment
du cours du dollar à cette date.

En cas d’une hausse du dollar l’importateur sera couvert alors que dans le cas contraire il
subira une perte d’opportunité.

 SWAP

Le swap de devises est un accord conclu entre deux parties qui s'échangent un montant
déterminé de devises étrangères et s'engagent mutuellement à effectuer régulièrement des

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paiements correspondant aux intérêts ainsi qu'à se rendre le montant échangé à une échéance
déterminée. Dans la plupart des cas, une banque sert d'intermédiaire pour la transaction.

Il existe différents types de swaps :


1* les swaps exports sont consentis par des banques aux exportateurs dans certains pays. Ils
représentent en quelque sorte une avance en devises convertibles de la Banque Centrale,
avance qui sera remboursée lorsque l'exportateur aura perçu le paiement de ses ventes ;

2* le prêt parallèle permet à deux entreprises situées dans des pays différents de se mettre
d'accord pour s'accorder mutuellement un prêt dans les monnaies dont elles ont besoin pour
une période déterminée. Au terme de la période, les deux sociétés remboursent les prêts
qu'elles ont l'une envers l'autre dans leur monnaie respective.

Conclusion

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Grâce au phénomène de mondialisation des économies, le marché de change
marocain a connu, au cours de ces dernières années, plusieurs évolutions des techniques et
technologies qui ont amené à l’accélération des processus de réformes de ce marché.

Le Maroc cherche, aujourd’hui, une plus grande intégration dans l’économie mondiale,
à travers ses entreprises et ses institutions financières.

D’ailleurs, beaucoup de chemin a été parcouru depuis le programme de libéralisation


entamé en 1993, et commerciale de 1996, qui ont suivi des changements en tenant compte
des nouveaux besoins en matière de financement de l’économie nationale et de son
ouverture sur l’extérieur.

Il est intéressant de mettre en évidence les interrogations actuelles sur l'avenir du


marché de change marocain et de savoir comment les acteurs économiques s'exécuteront
après le changement. Au centre de cette question se trouve naturellement le problème de
l'efficacité de la manipulation du risque de change qui est, de tous les risques de marché, un
des mieux identifiés, des plus simples à calculer et conséquemment ²un des mieux couverts.

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Bibliographie :

 Office des changes : Bulletin d’information n° 2/06

 DEBBAR Mohamed AZZ EL ARAB ; « les options de change au Maroc ».

 Youssef FADLLALAH - Youness ELMAJIHI - Yassine LOUAHI; Théorie des options:


caractéristiques et stratégies (Mémoire online)

 Philippe PRIAULET ; Finance 1(Université d’Evry Val d’Essonne Séance 4 : Les swaps,
forwards et futures  Michèle Mollet, Laurent Bailly ; « Finance d’entreprise »
;Sup’FOUCHER ; 2004.

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Webographie :

- www.wikipedia.org

- www.onatel.bf

- www.doc-etudiant.fr

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