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Année universitaire : 2020-2021

Chargé de cours : Pr M. BENELHAJ


Chargés de TD : Pr. EZ ZOUAQ, M. BELYAGOU, Mlle OUMARI

TD N° 2
La physiocratie en son temps (B)
Il faut attendre la physiocratie et le Tableau économique pour que l'harmonie naturelle des intérêts trouve sa première
codification scientifique. Bien que l'on ne puisse pas assimiler la physiocratie aux Lumières, ii est indéniable que celles-ci
exercent une grande influence sur cette doctrine économique à l’époque où Paris est la capitale de la philosophie éclairée.
Entre 1750 et 1770, la France est le centre de la réflexion économique et l'économie politique elle-même s'identifie à Quesnay
et à son groupe - les « économistes » par excellence. Les physiocrates traduisent en termes économiques fondamentaux les
requêtes des Lumières : ils jettent les bases de l'individualisme économique, défendent une idée du progrès selon laquelle la
prospérité dépend du respect des lois naturelles, .adoptent l'approche scientifique des sciences sociales, croient en l'éducation
et dans le principe de la perfectibilité.
Avec leur schéma abstrait, les physiocrates ont fondé l'économie en tant que science - ce qui va permettre sa diffusion
internationale -, mais ils représentent en même temps un phénomène typiquement français, une réponse aux difficultés
financières aggravées par le début de la guerre de Sept Ans. L'idée de nature qui exprime les lois de l'économie, s'identifie en
effet à la terre et à un projet de développement économique reposant sur l'agriculture, adapté à la structure de t'économie
française du siècle et constituant une alternative au modèle anglais.
M. Albertone. Économie politique b, in : Le monde des Lumières. V. Ferrone, D. Roche. Fayard. Paris, p. 346-347.

Le Tableau économique physiocratique (B, 1)


La nation est réduite à trois classes de citoyens : la classe productive, la classe des propriétaires et la classe stérile.
La classe productive est celle qui fait renaitre par la culture du territoire les richesses annuelles de la nation, qui fait les avances
des dépenses des travaux de l'agriculture, et qui paye annuellement les revenus ces propriétaires des terres. On renferme dans
la dépendance de cette classe tous les travaux et toutes les dépenses qui s'y font jusqu'à la vente des productions à la
première main ; c'est par cette vente qu'on connaît la valeur de la reproduction annuelle des richesses de la nation.
La classe des propriétaires comprend le souverain, les possesseurs des terres et les décimateurs. Cette classe subsiste par le
revenu ou produit net de la culture qui lui est payé annuellement par la classe productive, après que celle-ci a prélevé, sur la
reproduction qu'elle fait renaître annuellement, les richesses nécessaires pour se rembourser de ses avances annuelles et pour
entretenir ses richesses d'exploitation.
La classe stérile est formée de tous les citoyens occupés à d'autres services et à d'autres travaux que ceux de l'agriculture, et
dont les dépenses sont payées par la classe productive et par la classe des propriétaires, qui eux-mêmes tirent leurs revenus
de la classe productive (…).
Le tableau économique renferme les trois classes et leurs richesses annuelles et décrit leur commerce dans la forme qui suit :
Classe productive Classe des propriétaires Classe stérile
Avances Revenu Avances
annuelles de cette classe, montant à deux de deux milliards pour cette classe, il de cette classe de la somme d'un
milliards qui ont produit cinq milliards, s'en dépense un milliard en achats à la milliard qui se dépense par la classe
dont deux milliards sont en produit net ou classe productive et l'autre milliard en stérile en achats de matières
revenu. achats à la classe stérile. premières à la classe productive.
Analyse de la formule arithmétique du tableau économique de la distribution des dépenses annuelles d’une nation.
In : François Quesnay et la physiocratie, Paris. INED. 1958. p. 793-794, 795 et 801.

La structuration en classes de la société selon Turgot (B, 3)


8 Première division de la société en deux classes : l'une productrice, ou des cultivateurs, l'autre stipendiée, ou des artisans
Voilà donc toute la société partagée, par une nécessité fondée sur la nature des choses, en deux classes, toutes deux
laborieuses, mais dont l'une, par son travail produit ou plutôt tire de la terre des richesses continuellement renaissantes qui
fournissent à toute la société la subsistance et la matière de tous ses besoins ; occupée à donner aux matières produites les
préparations et les formes qui les rendent propres l'usage des hommes, vend à la première son travail, et en reçoit en échange
sa subsistance. La première peut s'appeler classe productrice ; et la seconde, classe stipendiée. (….)
15 Nouvelle division de la société en trois classes : des cultivateurs, des artisans et des propriétaires, ou classe productrice,
classe stipendiée et classe disponible.
Voilà maintenant la société partagée en 'trois classes : la classe des laboureurs, laquelle on conserve le nom de classe
productrice ; la classe des artisans et autres stipendiés des produits de la terre, et la classe des propriétaires, la seule qui,
n'étant point attachée par le besoin de la subsistance à un travail particulier, puisse être employée aux besoins généraux de la
société, comme la guerre et l'administration de la justice, soit par un service personnel, soit par le payement d'une partie de
ses revenus avec laquelle {'Etat- ou la société soudoie des hommes pour remplir ces fonctions. Le nom qui lui convient le mieux
pour cette raison est celui de classe disponible.
A.R.J. Turgot, Réflexions sur la formation et la distribution des richesses.

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