Vous êtes sur la page 1sur 2

Éthique : Travail 3

D’un point de vue utilitariste, faut-il réguler les loyers (plafonner le montant au m2 qui peut
être demandé en fonction du type de logement), y compris dans les logements privés, de
manière à garantir l'accès à un logement décent ?

L’utilitarisme est une doctrine éthique prescrivant d’agir ou de s’abstenir d’agir dans l’intention
de maximiser le bien-être agrégé des individus composant la société. Plusieurs principes fondamentaux
illustrent cette doctrine comme le conséquentialisme et le principe d’agrégation. Ceux-ci permettent de
se positionner face à des questions éthiques. Dans le but de prendre une décision quant à la régulation
ou non des loyers, le calcul utilitariste suppose la possibilité́ de calculer les conséquences d’un acte, et
d’ensuite évaluer son impact net sur le bien-être des individus. Soulignons que plafonner le prix des
loyers au mètre carré permettrait de proposer un prix juste, mesurer sur une base objective pour chaque
logement en fonction du type. On peut aisément imaginer qu’une politique de régulation est envisagée
car le prix de certains loyers est excessif, l’intention cachée derrière est donc bien de diminuer les prix
des loyers.

Selon l’utilitarisme, oui, il faut réguler les loyers, y compris dans les logements privés, dans le
but de garantir l’accès à un logement décent. En effet, cette mesure aurait un effet positif sur le bien-
être des personnes ne disposant pas d’un logement décent, celles disposant d’un logement inadapté à
leur situation ou encore les personnes étant victimes de l’abus de position de force de certains
propriétaires. Pour les locataires, en faisant l’hypothèse que le plafonnement fasse diminuer en moyenne
le prix des logements, il va sans dire que l’utilité de ceux-ci augmentera et ce pour plusieurs raisons. En
effet, les locataires paieront en moyenne moins cher pour le même bien. De plus, cette politique pourrait
permettre à certaines personnes d’avoir un logement de taille suffisante ou de jouir d’une situation
géographique optimale. En effet, si le prix des loyers est plafonné, le propriétaire voit sa position de
force diminuer. Cela engendre une offre plus large pour les locataires sans même qu’ils aient à
augmenter leur budget. Le bien-être agrégé de ces locataires va donc augmenter. En ce qui concerne les
personnes qui louent actuellement un logement que l’on peut qualifier d’indécent, d’insalubre, ceux-ci
se verront enfin avoir la possibilité de louer un logement ayant des conditions correctes. En effet, cette
politique a comme objectif de garantir l’accès à un logement décent, on peut donc imaginer que les
logements insalubres se verront plafonner à un prix très faible. Les conséquences seront immédiates
pour les locataires qui disposeront enfin d’un logement décent. De plus, cette mesure aurait également
des effets positifs sur le bien-être de certains locataires en ce qu’il y aura une diminution des sentiments
d’injustice entre les locataires avec peu de moyens qui comparent leur logement à ceux des plus riches.
Mais encore, on peut imaginer qu’une régulation des loyers diminuera la relation conflictuelle entre
locataires et propriétaires, ces derniers perdant probablement du temps lors de certaines procédures de
négociation. Le bien-être agrégé des locataires augmentera suite à l’application d’une telle politique
ainsi que celui des propriétaires de par une situation plus courtoise avec les locataires.

Cependant, cette mesure aura des conséquences négatives sur le revenu des propriétaires qui
aura tendance à diminuer. En effet, une baisse du prix des loyers engendra un gain moindre pour ceux-
ci. Il faut tout de même souligner, que ce ne sera pas le cas pour tous les propriétaires. Tout de même,
la somme des bien-être agrégés des propriétaires va diminuer de par la perte d’une partie de leur revenu
et de leur position de force, cette dernière avait très probablement un impact positif sur l’utilité de
certains d’entre eux. On peut imaginer que l’augmentation de bien-être provoquée par la relation moins
conflictuelle entre propriétaires et locataires ne puisse compenser cette diminution. En moyenne, le bien-
être des propriétaires diminuera.

On peut imaginer que l’augmentation de bien-être des locataires permettra de compenser la


diminution de bien-être constatée chez les propriétaires. En effet, l’impact sur le bien-être d’une
amélioration nette des conditions de vie et d’une diminution du sentiment d’infériorité des locataires
compensent nettement l’effet sur le bien-être d’une perte de revenu et de position de force pour le
propriétaire. De plus, on observe que le revenu a une utilité marginale décroissante. Cela veut dire dans
notre cas, que certes, les propriétaires auront un revenu plus faible, mais proportionnellement, leur
satisfaction avec 1€ supplémentaire augmente sensiblement moins que celle des locataires. On peut
imaginer qu’il y ait, dans la situation du plafonnement des loyers, une certaine forme de transfert des
richesses des propriétaires, sensiblement plus riches, vers les locataires, plus pauvres. En effet, la
différence entre le loyer demandé sans la politique de plafonnement et celui avec, représente un revenu
supplémentaire pour les locataires et de fait un revenu en moins pour les propriétaires. Mais suite à
l’hypothèse de l’utilité marginale décroissante du revenu, on sait que cette différence de revenu impacte,
proportionnellement plus le bien-être des locataires que celui des propriétaires.

En conclusion, grâce au concept du calcul utilitariste et au fait que le revenu ait une utilité
marginale décroissante, on peut conclure que les bien-être agrégés des propriétaires et des locataires mis
ensemble sont plus élevés quand il y a une régulation des loyers que dans la situation où les propriétaires
jouissent d’une position de force et fixent eux-mêmes, sur base subjective le montant des loyers.
L’impact sur le bien-être net d’une politique de plafonnement des loyers est dès lors positif.

Vous aimerez peut-être aussi