Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
et le système
L'acteur
et le système
Ouvrages de Michel Crozier
AUX MÊMES ÉDITIONS
Le Phénomène bureaucratique
1964, et coll. « Points » 1971
Où va l’administration française ?
(en collaboration avec E. Friedberg,
Pierre et Catherine Grémion, J.C. Thœnig, J.P. Worms)
Editions d'Organisation, 1974
L'acteur
et le système
LES CONTRAINTES
DE L'ACTION COLLECTIVE
Éditions du Seuil
La première édition de ce livre
a paru en 1977, aux Editions du Seuil,
dans la collection « Sociologie politique »
ISBN 2-02-005839-1
(ISBN 1" publication : 2-02-004677-6)
7
AVANT-PROPOS
Les contraintes
de l’action collective
À quelles conditions et au prix de quelles contraintes l’action
collective, c’est-à-dire l’action organisée, des hommes est-elle possi-
ble ? C’est la question centrale de ce livre. Car, si l’action collec-
tive constitue un problème si décisif pour nos sociétés, c’est
d’abord et avant tout parce que ce n’est pas un phénomène natu-
rel, C’est un construit social dont l’existence pose problème et dont
il reste à expliquer les conditions d’émergence et de maintien.
Contrairement à l’idée que nous en avons couramment, en effet,
contrairement aussi à la façon dont psychologues, sociologues et
analystes divers ont pu poser — et posent encore et toujours —
les problèmes d'organisation, nos modes d’action collective ne
sont pas des données « naturelles » qui surgiraient en quelque sorte
spontanément et dont l’existence irait de soi. Ils ne sont pas le
résultat automatique du développement des interactions humai-
nes, d’une sorte de dynamique spontanée qui porterait les hommes
en tant qu’« êtres sociaux » à s’unir, à se grouper, à s’« organi-
ser ». Ils ne sont pas davantage la conséquence logique et déter-
minée d’avance de la « structure objective » des problèmes à résou-
dre, c’est-à-dire de la somme des déterminations extérieures que
l « état des forces productives », le « stade de développement
technique et économique » feraient peser sur les hommes. Ils
ne constituent rien d’autre que des solutions toujours spécifiques,
que des acteurs relativement autonomes, avec leurs ressources et
capacités particulières, ont créées, inventées, instituées pour résou-
dre les problèmes posés par l’action collective et, notamment, le
plus fondamental de ceux-ci, celui de leur coopération en vue de
l’accomplissement d'objectifs communs, malgré leurs orientations
divergentes.
Et en cette matière, il n’y a ni fatalité ni déterminisme simple.
Ces solutions ne sont ni les seules possibles, ni les meilleures, ni
même les meilleures relativement à un « contexte » déterminé. Ce
sont toujours des solutions contingentes au sens radical du terme,
13
INTRODUCTION
14
LES CONTRAINTES DE L'ACTION COLLECTIVE
15
INTRODUCTION
16
LES CONTRAINTES DE L'ACTION COLLECTIVE
18
LES CONTRAINTES DE L'ACTION COLLECTIVE
19
INTRODUCTION
20
LES CONTRAINTES DE L'ACTION COLLECTIVE
We
+
21
nie:
INTRODUCTION
22
LES CONTRAINTES DE L'ACTION COLLECTIVE
quer l'institué, l'autorité établie sous toutes ses formes (la famille,
“Eglise, l’école, la médecine, la psychiatrie, etc.) et de la démas-
quer comme ce qu’elle est : un rapport de force et de domination
qui, en tant que tel, est toujours et irréductiblement contingent,
c’est-à-dire ne reposant sur aucune justification, sur aucune « néces-
sité » trans-historique ou méta-culturelle. Bref, tout est politique,
puisque le pouvoir est partout.
L’impression, toutefois, trompe. L’omniprésence du mot cache en
fait l’escamotage de l’analyse du phénomène qu’il recouvre. Ou
bien le pouvoir est exclu entièrement du champ d'investigation et
de réflexion, soit qu’il ne constitue qu’un « bouche-trou » pour un
raisonnement par ailleurs déterministe, une sorte de catégorie rési-
duelle à laquelle on a recours pour expliquer ce qui n’a pu l'être
par d’autres procédés, soit que son emploi équivaille en fait à un
véritable abus de langage, comme dans les versions structuralistes et
ultra-déterministes du marxisme à la Althusser ou à la Poulantzas *.
Ou bien il est inclus dans ce champ et pris en compte dans l’analyse,
mais sous une forme totalement réifiée qui en interdit l'étude. Il
est conceptualisé comme un attribut, comme une propriété qui
oppose ceux qui en ont à ceux qui n’en ont pas, comme un méca-
nisme impersonnel, une chose qui s’impose aux acteurs sociaux de
l'extérieur, sans que d’ailleurs il soit jamais précisé d’où. Selon
l'orientation idéologique et normative de l’analyste, les accents sont
ici mis différemment : ce qui pour le conservateur n’est qu’exercice
d’une autorité légitime et nécessaire, est abus de pouvoir, domination
et répression des potentialités humaines pour le critique. Mais des
deux côtés, on trouve la même tendance à identifier le pouvoir à
+
23
INTRODUCTION
24
LES CONTRAINTES DE L'ACTION COLLECTIVE
qu'on critique par ailleurs ‘, C’est le modèle d’un système réglé par
— et donc asservi à — un régulateur central, donc d’un système
aon politique opérant dans un champ dont on postule la fluidité
et la transparence. Par certains côtés, nous serions tenté de dire
que la cybernétique — tout au moins dans son utilisation pour
l'étude de systèmes sociaux — n’est que la réédition d’un fonction-
nalisme particulièrement plat et creux qui reproduit les travers du
rationalisme positiviste le plus éculé : rationalité a priori, logique
normativo-déductive, mode de raisonnement mécaniste ignorant le
caractère stratégique de l'interaction humaine *. C’est peut-être là
la raison même de son succès : la cybernétique rassure parce que,
sous les dehors d’un langage ésotérique, elle permet encore une
fois d’esquiver le vrai débat et d’éviter de tirer toutes les consé-
quences du caractère irréductiblement indéterminé, c’est-à-dire poli-
tique, des systèmes sociaux.
Contre ces nouvelles illusions scientistes et/ou technocratiques, on
ne répétera jamais assez cette constatation fondamentale : il n’y
a pas de systèmes sociaux entièrement réglés ou contrôlés. Les
acteurs individuels ou collectifs qui les composent ne peuvent
jamais être réduits à des fonctions abstraites et désincarnées *. Ce
sont des acteurs à part entière qui, à l’intérieur des contraintes sou-
vent très lourdes que leur impose « le système », disposent d’une
marge de liberté qu’ils utilisent de façon stratégique dans leurs
interactions avec les autres. La persistance de cette liberté défait
les réglages les plus savants, faisant du pouvoir en tant que
médiation commune de stratégies divergentes le mécanisme central
et inéluctable de régulation de l’ensemble.
Mais le pouvoir dont il est question ici ne saurait être assimilé
à celui que détiendrait une autorité établie. Le pouvoir n’est pas
le simple reflet et produit d’une structure d'autorité, qu’elle soit
organisationnelle ou sociale, pas plus qu’il n’esi un attribut, une
propriété dont on pourrait s'approprier les moyens comme autre-
26
LES CONTRAINTES DE L'ACTION COLLECTIVE
27
INTRODUCTION
D'une certaine façon, dire qu’il n’y à pas d’action sociale sans
pouvoir n’est qu’une autre manière de dire qu’il n'y a pas — et
ne peut y avoir — de champ non structuré. Car si toute structure
suppose, crée et reproduit du pouvoir, c’est-à-dire des inégalités,
des rapports de dépendance, des mécanismes de contrôle social,
on peut affirmer aussi qu’il ne peut y avoir non plus
de pouvoir
sans Structures. Car, les structures, par les cloison
nements, les
en-
traves à la communication, les détours pour l’action
qu’elles
imposent, fournissent les protections nécessaires
pour affronter
les phénomènes de pouvoir, c’est-à-dire, finalement,
pour rendre
possible la coopération des hommes.
Reconnaître ces données ne signifie nullement
que l’on croit
que toutes les structurations se valent ni, à plus
forte raison, que
les structurations actuelles sont inévitables parce
qu’elles corres-
pondraient à quelques fonctions universelles
et suffisamment sta-
bles pour rendre tout changement impossible,
sinon en fait super-
flu. De telles conclusions fatalistes, sinon
lénifiantes et, en tout
Cas, faussement relativistes, ne sont nullement
impliquées ici, bien
au contraire. Dans la mesure même où il
s’agit de construits hu-
mains irréductiblement contingents, c’est-à-dire
non déterminés,
ni leur création ni leur évolution ne reposent
sur aucune loi uni-
verselle, sur aucune nécessité ou tendance
historique. Ce sont
1. C’est ce que semble oublier J. Attali
pologues d’indiquer ce qui est incompressib quand il demande aux anthro--
galités. Cf. J. Attali, La Parole et l’Outil le en matière de pouvoir et d’iné-
être la « part incompressible » de l'auto , op. cit., p. 197. Quelle peut donc
nomie d’un acteur dans la société
relationnelle ?
28
|
des solutions toujours spécifiques que les hommes avec leurs res-
sources et capacités du moment ont inventées pour structurer leurs
interactions dans et pour la résolution de problèmes communs.
|
| Et en tant que telles, elles sont toujours révocables. D’autres
solutions peuvent et doivent être inventées et instituées pour per-
mettre l’articulation et le maintien dans un ensemble de plus de
liberté et d'autonomie pour chaque acteur, de plus de diversité,
d’incohérences et donc de richesses pour leurs interactions. Mais
il n’y a dans cette invention aucune automaticité, aucune nécessité
logique ou « objective >», aucun « telos » transhistorique. En tant
que restructuration, ou structuration autre des champs, elle est
création, elle est conquête institutionnelle toujours aléatoire et
problématique. Reconnaître le caractère construit de nos modes
d'organisation, de nos modes d’action collective, c’est donc aussi
reconnaître le caractère construit du changement. C’est reconnafî-
tre que le changement constitue un problème, non pas tant parce
qu’il serait nécessaire ou difficile, que parce qu'il nest pas
naturel *.
Une telle réflexion sur le changement comme problème nous
oblige tout d’abord à écarter un modèle de changement qui som-
meille en chacun de nous : celui du réformateur autoritaire, du
despote éclairé, qu’il soit technocrate compétent et soucieux du
bien supérieur de la collectivité, agissant au nom de sa connais-
sance rationnelle des problèmes, ou qu’il soit commissaire du
peuple investi de la mission historique de guide du prolétariat.
S’il est vrai qu’il n’y a pas de champ non structuré, s’il est vrai que
toute solution aux problèmes de l’action collective est contingente,
qu’il n’y a en la matière ni une seule, ni une meilleure façon de
faire, mais toujours plusieurs, alors le changement, à quelque
niveau qu'il se situe, ne peut plus se définir comme l'imposition
— ou la traduction dans les faits — d’un modèle a priori conçu
au départ par des sages quelconques et dont la rationalité devra
être défendue contre les résistances irrationnelles des acteurs,
résistances qui ne seraient que l’expression de leur attachement
borné aux routines passées ou de leur conditionnement par — et
aliénation dans — les structures de domination existantes *.
29
INTRODUCTION
I1 faut jeter aux oubliettes une fois pour toutes cette vision du
changement, elle aussi héritée du xix° siècle. Le changement n’est
ni le déroulement majestueux de l’histoire dont il suffirait de
connaître les lois, ni la conception et la mise en œuvre d’un modèle
plus « rationnel » d'organisation sociale. Il ne peut se comprendre
que comme un processus de création collective à travers lequel
les membres d’une collectivité donnée apprennent ensemble,
c’est-à-dire inventent et fixent de nouvelles façons de jouer le
jeu social de la coopération et du conflit, bref, une nouvelle praxis
sociale, et acquièrent les capacités cognitives, relationnelles et
organisationnelles correspondantes. C’est un processus d’apprentis-
sage collectif permettant d’instituer de nouveaux construits d’action
collective qui créent et expriment à la fois une nouvelle structura-
tion du ou des champs.
L’alternative aux formules de changement technocratiques et/ou
autoritaires ne peut être que l’extension et la généralisation progres-
sive de l’expérimentation, c’est-à-dire de l’apprentissage collectif et
institutionnel à tous les niveaux, ou plutôt l’organisation des condi-
tions rendant une telle extension possible. Nous reviendrons encore
au cours de cet ouvrage sur les problèmes et difficultés de l’appren-
tissage de nouveaux modes d’action collective. Soulignons seule-
ment une conclusion qui s'impose comme centrale : la transfor-
mation de nos modes d’action collective pour permettre plus d’ini-
tiative et plus d’autonomie des individus ne passe pas par moins
d'organisation, mais par plus d’organisation, au sens de structura-
tion consciente des champs d’action.
L’accroissement et la multiplication considérables des difficultés,
complications et contradictions’, qui découlent presque logique-
ment d’une augmentation de la liberté et de l’autonomie des acteurs
individuels et collectifs, ne pourront être maïîtrisés et résolus ni
par la table rase, ni par un coup de baguette magique, mais par le
renforcement et l’aménagement conscient de l’ensemble des cons-
truits collectifs à travers lesquels l’action sociale dans tous les
domaines est canalisée, régulée et, en fait, rendue possible.
C’est dire que la transformation nécessaire et souhaitable de nos
modes d’action collective met en jeu beaucoup plus que la simple
nable et légitime par les lecteurs concernés des risques que comporte
pour
eux tout changement conçu en dehors d’eux et visant avant tout à « ratio-
naliser » leurs comportements, c’est-à-dire à les rendre plus prévisibles
en
supprimant leurs sources d’incertitudes.
1. Contradictions qui semblent insurmontables dans le cadre des construits
existants, mais qui ne le sont que dans ce cadre. ;
30
LES CONTRAINTES DE L'ACTION COLLECTIVE
re per ro ar it
di ri omqur er dofsmaeme u
CHARTS
PREMIÈRE PARTIE
L'organisation
comme problème
noisänsgol :
Sméldotg nr
ESS
CHAPITRE I
L'acteur et sa stratégie
35
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
36
L'ACTEUR ET SA STRATÉGIE
38
L'ACTEUR ET SA STRATÉGIE
39
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
40
L'ACTEUR ET SA STRATÉGIE
les besoins des individus. Le concept central dans une telle pers-
pective — qui est aussi un précepte normatif — devient celui de
« congruence » ou fit entre les structures organisationnelles et les
besoins psychologiques des individus traités les uns et les autres
comme des variables indépendantes.
Un tel modèle, on le voit bien, privilégie indûment le rapport
individuel de l’acteur à l’organisation et fait de celle-ci une entité
abstraite totalement détachée des acteurs qui la constituent. Il
conduit, d’autre part, à réifier les besoins psychologiques des indi-
vidus en fonction d’un postulat normatif difficile à admettre, selon
lequel il existe pour les individus — et par voie de conséquence
aussi pour les organisations un modèle idéal de santé psycho-
logique et morale, et à interpréter tout le jeu organisationnel uni-
quement sur une telle dimension psychologique et morale. Prati-
quement, en conséquence, il ne permet pas beaucoup mieux que le
modèle rationnel de rendre compte de la complexité des comporte-
ments humains au sein d’une organisation, qui déjouent toujours la
plus savante des constructions motivationnelles a priori *.
Une deuxième simplification, abstraite cette fois, a été plus lar-
gement utilisée. Elle consiste à étudier la rencontre entre l’indi-
vidu et l’organisation, non plus à partir des besoins théoriques de
l'individu, mais à partir d’un schéma économique de marché. On
postulera que l'individu va chercher de toute façon à obtenir une
rétribution équivalente à la contribution qui est effectivement la
sienne *. La négociation qu’il conduira avec l’organisation se placera
1. Nous ne sommes plus très loin en fait du one best way taylorien qui
se trouve en quelque sorte remis sur sa tête. On a seulement remplacé la
rationalité du résultat matériel, économique, par la rationalité du résultat
psychologique. Nous aurons. encore à revenir sur les dilemmes soulevés par
ce raisonnement qui anime de façon beaucoup plus explicite et caricaturale
ce qu’il est convenu d’appeler la « nouvelle psychologie organisationnelle ».
Cf., ci-dessous le chapitre xIV, consacré aux problèmes d'intervention.
2. Il est symptomatique de ce type de dilemme que, par exemple, devant
des comportements d’apathie qu’il constate, Argyris en soit réduit à prati-
quer une sorte de marxisme à rebours et à parler de besoins « refoulés »
ou « réprimés ». Cf. C. Argyris, Organisation et Participation, op. cit.
notamment p. 73.
3. Pour un bon exposé de ce modèle présenté dans un cadre de recherche,
of
cf. A. Zaleznik et al. The Motivation, Productivity and Satisfaction
France,
Workers, Boston, Harvard Business School, 1958. Cf. également, en
statut
L. Karpik, « Trois concepts sociologiques : le projet de référence, le
n° 2,
social et le bilan individuel », Archives européennes de sociologie,
», Sociologie du
1965, p. 191-222 ; et « Attentes et satisfactions au travail
travail, n° 4, 1966, p. 389-416. Ajoutons que Karpik semble s'être détourné
depuis de ce type d’analyse.
41
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
42
L’'ACTEUR ET SA STRATÉGIE
43
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
1. Les groupes stratégiques sont des groupes qui ont encore des Oppor-
tunités à saisir et qui sont donc, avant tout, offensifs, et les groupes conser-
vateurs sont des groupes qui ont, temporairement au moins, obtenu
le
maximum et qui cherchent davantage à défendre leur situation.
2. Notons au passage que ce genre de réflexion permet de comprendre
un phénomène très fréquent qui contredit les idées reçues : dans la plupart
des circonstances que l’on connaît à l’intérieur d’ensembles organisés, ce ne
sont pas les gros bataillons qui ont l’avantage, mais les petits groupes,
seuls
capables d’agir de façon suivie, et qui, eux, sont éventuellement
capables
de mobiliser les gros bataillons. £
44
L'ACTEUR ET SA STRATÉGIE
on se rappor-
1. Pour uné analyse très fine et suggestive de tels processus,
on ouvrière,
tera à D. Kergoat, Bulle d'or ou l'Histoire d'une mobilisati
: « Emergence et
Paris, Ed. du Seuil, coll. « Esprit », 1973, et de la même d’auto-
création d’un système d’action collective à travers une expérience
p. 274-292.
gestion en mai 68 », Sociologie du travail, n° 3, 1970,
être qu'un peu
2. Ces premières remarques naturellement ne peuvent
Elles prendron t tout leur sens quand nous aurons examiné les
hâtives.
l'action organisée — à
mécanismes du jeu — instrument fondamental de s'élaborer. Cf.
l'intérieur et à l’occasion desquels ces construits peuvent
chap. ui.
est un modèle profondé-
3. Le modèle de l'acteur souverain et rationnel
ancré dans notre culture et qui joue un rôle essentiel dans nos rai-
ment deux dernières
Nous y reviendrons plus longuement dans les
sonnements. décision et du
cet ouvrage consacrées aux problèmes de la
parties de
changement.
45
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
46
L'ACTEUR ET SA STRATÉGIE
sont des construits sociaux et non pas des entités abstraites ‘. Dès
lors, le problème n’est plus celui du modèle d’explication choisi, mais
celui de la démarche de recherche qui permettra de découvrir les
conditions matérielles, structurelles, humaines du contexte qui limi-
tent et définissent cette liberté et cette rationalité, et, partant, le
sens des comportements empiriquement observables.
Cette démarche, dont les premiers éléments sont déjà apparus
dans la présentation des faits que nous avons apportés à la discus-
sion, peut être définie autour du concept central de stratégie. Pour
comprendre ce concept et l'usage que nous en faisons, il faut partir
des observations iriques sui à
1. Ce point a été souligné avec force et justement par K.E. Weick dans
lorsqu'il parle
son analyse riche et stimulante des processus organisationnels,
environment). Cf.
d'un « environnement institué » par les acteurs (enacted
Reading, Mass., Addison-
K. E. Weick, The Social Psychology of Organizing,
Wesley, 1967, notamment p. 63-71.
47
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
48
L’ACTEUR ET SA STRATÉGIE
49
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
50
L'ACTEUR ET SA STRATÉGIE
52
L’'ACTEUR ET SA STRATÉGIE
Ce construit corres-
pond donc à une certaine structuration du pouvoir entre les parties
en présence, structuration tout entière caractérisée — nous l’avons
déjà dit — par la situation privilégiée et la supériorité des ouvriers
d’entretien qui, à travers leur monopole d’entretien et de réparation,
déterminent et la fréquence et la durée des arrêts des machines, et,
par là, l’ampleur des inconvénients que de tels arrêts comportent
pour les ouvriers de production. Et les stratégies en présence ne se
comprennent que par rapport à cette structuration du pouvoir
qu’elles conditionnent en retour”.
Pour essayer de comprendre la dynamique de la vie organisa-
53
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
4 AU: DR & bé
vie ae fre ré Ê
“3 ee
CHAPITRE II
55
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
56
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
Fa
À : c’est une relation d'échange, donc de négocia-
tion dans laquelle deux personnes au moins sont engagées.
De là découlent un certain nombre de considérations qui permet-
tent de préciser davantage la nature de. cette relation.
D'une part, c’est une relation instrumentale. Dire cela n’est pas
nier que son existence entraîne toujours toute une série de phéno-
mènes affectifs extrêmement puissants qui conditionnent profondé-
ment son déroulement *. Cela ne signifie pas davantage que toutes
les conséquences et tous les effets d’une relation de pouvoir soient
toujours conscients ou intentionnels. Pour reprendre l’exemple de
D. Wrong’, il n’est bien sûr pas dans l’intention d’une mère sur-
protectrice et dominatrice de « féminiser » le caractère de son fils.
Là comme ailleurs, l’action motivée des individus entraîne son lot
de conséquences imprévisibles, inattendues et « dysfonctionnelles ».
Enfin, on n'exclut pas par là de l'analyse toutes les formes
de domination et de contrôle social qui — parfaitement intériorisées
par les différents acteurs — donnent naissance aux phénomènes
bien connus sous les termes « d’ajustement déférentiel » ou « d’ajus-
tement par anticipation »° et qui, de ce fait, ne nécessitent plus
un engagement conscient de ressources de la part de l’un quelconque
des acteurs “ Dire que toute relation de pouvoir est instrumentale
vise simplement à souligner que, comme toute relation de négocia-
tion, le pouvoir ne se conçoit que dans la perspective d’un but qui,
dans une logique instrumentale, motive l'engagement de ressources
de la part des acteurs.
57
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
58
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
59
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
60
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
1. Elles sont, il est vrai, prédominantes dans les problèmes sur lesquels
travaille particulièrement Schelling. Il s'intéresse, en effet, à la dynamique
entre
des relations internationales dans un contexte d’équilibre de la terreur
deux super-puissances.
61
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
63
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
64
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
l
1. Moins on poura mesurer ses engagements, moins on sera prêt à s’en-
gager : d’où la mise en œuvre de stratégies protectrices bien connues qui
s'expriment à travers des comportements de « retrait >» ou « d’apathie ».
2. Comme d’ailleurs une même ressource n’augmente pas de la même
façon les « capacités stratégiques » des acteurs. Là comme ailleurs, il existe
des processus cumulatifs qui permettent à certains d'utiliser comme ressource
ce qui à d’autres n’apportera rien. Là comme ailleurs, on « prête plus faci-
lement aux riches ». Bien plus, une même ressource « objective » sera
perçue et effectivement mobilisée par certains acteurs, alors qu’elle ne pourra
être utilisée par d’autres.
3. Capacité susceptible, cette fois, d’une analyse empirique.
65
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
66
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
67
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
aussi sa limite. Car, en traitant ces sources d’incertitudes comme des données
ou des ressources « objectives », une telle approche néglige de
s'interroger
sur les conditions de négociations qui définissent les possibilités des
sous-
unités d’utiliser vraiment le pouvoir que leur confère la maîtrise d’une
source
d'incertitude, et ne permet guère d'expliquer le fonctionnement
d’une Orga-
nisation à travers la dynamique du système de pouvoir qui la sous-tend.
68
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
69
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
1. Cf. S.R. Clegg, Power, Rule and Domination, Londres, Routledge &
Kegan Paul, The International Library of Sociology, 1975.
70
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
71
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
72
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
73
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
1. Cette objectivité n’est en fait qu’apparente, car toutes les tâches, toutes
les techniques sont aussi des construits humains.
2. Ou tout simplement en transmettant passivement, et sans aucune éla-
boration propre de leur part, routes les données en leur possession. Le
destinataire de ces informations, incapable d’opérer lui-même le tri entre
ce qui est important et ce qui l’est moins, incapable aussi souvent de per-
cevoir la véritable signification de ces informations qui lui parviennent
pêle-mêle, se trouvera finalement tout aussi paralysé que s’il y avait eu
rétention volontaire.
3. Ce n’est que dans une telle perspective que l’on peut comprendre la
stratégie des directions, ou des supérieurs en général, qui — à travers un
mélange de secret et de publicité plus ou moins consciemment dosé — uti-
lisent l’information à leur disposition pour se ménager une marge de manœu-
vre supplémentaire. ;
4. Cf. M. Crozier, Le Phénomène bureaucratique, op. cit. p. 23-78.
74
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
76
LE POUVOIR COMME FONDEMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
porn vetin à
457 nebe
6 MR hs sütré
éermers (qui 4fest. Rule goes
choisirant de l'utilise con
un Un AAA supérieur: PE CAL |
ie teéciuur qu'elle <dicte, UE
ed Lg
ol de chantage “
4 porvoarde sthôrient. es:
des 2voi0s ét tesquelies h Pin
80
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
82
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
83
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
selle et omniprésente ‘ qui fait reposer l'intégration sur les rapports
de pouvoir plus larges de la société et de la culture, reproduits tels
quels dans les situations d'interaction dans l’organisation. En d’au-
tres termes, dans une telle vision, les mêmes phénomènes de domi-
nation qui sont l’essence du jeu social sont revécus concrètement
à la base, sans qu’on ait besoin de faire appel pour les compren-
dre à ces institutions intermédiaires qui les incarnent. Celles-ci sont
en quelque sorte considérées comme des courroies de transmission
parfaitement neutres.
Il y a donc, par un singulier retournement, un certain parallé-
lisme entre les deux positions. Ni d’un côté ni de l’autre, l’orga-
nisation ne fait problème parce que, d’un côté, elle est trop parfaite,
de l’autre, elle est transparente ?.
Cette difficulté à saisir le phénomène organisationnel comme un
phénomène totalement autonome et artificiel, dont il faut expliquer
l'existence comme celle d’un construit contingent et non pas comme
celle d’une conséquence de lois plus générales, affecte finalement
profondément aussi, bien que de manière beaucoup moins évidente,
la grande majorité des auteurs, particulièrement anglo-saxons, qui
ont cherché à constituer une théorie des organisations à partir de
l'approche structuro-fonctionnaliste ?.
Les deux notions classiques qu'ils utilisent, l'intégration norma-
tive de l’action et le concept de rôles, offrent un premier niveau
de compréhension indispensable qui a permis en son temps
de
dépasser l’interprétation mécaniste du modèle rationnel.
Dans une perspective étroite de socialisation, on voit bien
comment les individus peuvent être façonnés par Îes normes
de
leurs rôles, elles-mêmes renforcées par les attentes de leurs parte-
naires et appuyées sur l'existence de valeurs intégratives.
Mais
dans la perspective plus complexe qui découle de la mise en
évi-
84
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
E a VO a a € , e €larpgir, eu
nal Stress, New York, Wiley, 1964, fournit une excellente illustration de
l’hypertrophie conceptuelle et méthodologique et de la modestie, pour ne pas
dire la banalité, des résultats auxquels conduit une certaine analyse en termes
de rôle, non seulement pour l’analyse organisationnelle, mais pour la théorie
en général.
1. La contrainte n’est certes pas absente d’un tel raisonnement. Mais
à
y regarder de plus près, il s’agit toujours d’une contrainte intériorisée.
Pour
une critique ancienne, mais toujours suggestive et pertinente d’une
telle
conception, cf. D. Wrong, « The Over-Socialized Conception of Man
in
Modern Sociology », American Sociological Review, vol. 26, avril
1961,
p. 183-193, repris in N. J. Demerath et R. A. Peterson (eds.), System,
Change
and Conflict, op. cit. Nous avons nous-mêmes critiqué les analyses
de
Robert K. Merton sur les comportements bureaucratiques de ce point de
vue, cf. Le Phénomène bureaucratique, op. cit. p. 238-239.
2. D. Silverman, La Théorie des organisation, op. cit.
86
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
Organizations, New
1. A. Etzioni, À Comparative Analysis of Complex
York, Free Press, 1961 (2° éd. augmentée, 1967).
>. On nous excusera de discuter à peine ici d'auteurs dont l'apport est
choisi de présenter leur contribution dans le
fort intéressant. Nous avons
1 6
prochain chapitre. alo-structuraliste de
3. Pour une bonne introduction à la théorie fonctionn
Theorie sozialer Systeme »,
Luhmann, cf. N. Luhmann, « Soziologie als
Opladen, Westdeutscher Ver-
in N. Luhmann, Soziologische Aufklärung, el et
cadre conceptu
lag, 1970, p. 113-136. Pour une saisie plus complète du
en outre, N. Luhmann, Zweckbe-
du projet scientifique de Luhmann, on lira,
B. Mohr, 1968 (Francfort, Suhr-
griff und Systemrationalität, Tübingen, J.C.
conception luhmannienne de la
kamp, 1973), dans lequel est exposée la
d'ensemble très suggestive et
« rationalité systémique ». Pour une critique
s « soziologische » Aufklärung,
pertinente, cf. K. Grimm, Niklas Luhmann
et G. Schmid, Funktionsanalyse und
Hambourg, Hoffmann & Campe, 1974,
Universitätsverlag, 1974, surtout
politische Theorie, Düsseldorf, Bertelsmann
chap. vu, p. 108-145.
87
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
88
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
la structure ou
Essayons de poser le problème non plus à partir de
partir de l’acteur . Au lieu de nous
à partir du « système », mais à
nt l’organ isation motive ses membre s, demandons-
demander comme
pas davant age de la situation de
nous pourquoi ceux-ci ne profitent
89
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
1. Pour éviter tout malentendu, précisons tout de suite que ceci ne postule
nullement un quelconque équilibre. Des relations de pouvoir — répétons-le
— sont toujours intrinsèquement en déséquilibre, même si elles
compor-
tent en même temps et nécessairement une part de réciprocité.
2. En d’autres termes, et contrairement à ce que soutient Luhmann
dans
un livre récent, non seulement le pouvoir des ouvriers d'entretien
ne s’effon-
dre pas si l’« alternative à éviter » (la panne de machine) se réalise
: leur
pouvoir dépend même d’une certaine façon de ce que cette
« alternative
à éviter » ne puisse de temps en temps être évitée. Cf. N.
Lubhmann, Macht,
Stuttgart, Ferdinand Enke, 1975, p. 23.
3. C’est tout d’abord la nécessité — dans l’entreprise, voire
en dehors —
de vivre côte à côte avec les ouvriers de production. Les
attitudes réservées,
sinon hostiles, de ceux-ci sont donc une arme pour contenir
les ouvriers
d'entretien, et retrouvent ici toute leur « rationalité », comme
nous l’avons
montré. C’est ensuite l’interdépendance des situations
des uns et des autres.
90
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
de
Les ouvriers d'entretien savent qu’en abusant par trop de leur situation
direction
pouvoir, ils pourraient provoquer un mécontentement tel que la
conséquence sa
serait obligée de s’en préoccuper, ce qui pourrait avoir pour
l'emprise de la zone
tentative de rationaliser l'entretien et de réduire ainsi
d’un certain nombre
d'incertitude, qu’ils contrôlent. C’est enfin l’existence
de valeurs communes aux uns et aux autres : la « solidarité que l’on se
être « une juste journée
doit entre ouvriers », la conception de ce que devrait leurs avan-
de travail » empêchent aussi les ouvriers d’entretien d’exploiter
tages aussi loin qu’ils pourraient le souhaiter.
éviter que l’autre me
1. Dans la mesure où le seul moyen que j'ai pour
moyen, comme une simple chose, c’est de rendre mon
traite comme un
imprévis ible, c’est-à-d ire d'exerce r du pouvoir. Ceci veut dire
comportement le comportement
décrire
qu'il n’y a pas de formule univoque et claire pour bien vrai, par exemple,
humain : celui-ci est toujours contradictoire. S’il est
acteur cherche à « réduire la complexité >» que présente pour
que chaque
il veillera en même temps
lui l'imprévisibilité du comportement des autres, ement représente pour
er la complexi té que son propre comport
à augment
les autres.
pouvoir et organisation
2. Nous retrouvons ici le lien indissoluble entre
analysé plus haut, au chapit re précéd ent.
comme d’ailleurs les règles
3. Les règles du jeu organisationnelles — identiques à elles — n’agis-
formelles qui, répéton s-le, ne sont nullem ent
91
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
92
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
peuve biliser dans leu archandagesMEt par là, on peut affecter très
que le « coût psychologi-
directement — ceci étant beaucoup plus important
qu'ont les membres de
que » du changement dont on parle tant — la capacité
finalement, à jouer le
l’organisation à négocier leur participation et donc,
changement » retrouve
rôle que l'on attend d’eux. La fameuse « résistance au ci-dessous, 5° partie,
ici toute sa justification et aussi toute sa légitimité. Cf.
pour nos développements sur le changement.
93
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
94
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
On est donc renvoyé à une approche cas par cas. C’est là une
démarche à la fois modeste et ambitieuse. Modeste dans la mesure
où — démarche expérimentale et inductive — elle se veut avant
tout une méthode d'analyse et de compréhension de la réalité
sociale, et s’interdit d'élaborer une « théorie des organisations » ou
des « lois >» ou préceptes généraux qui définiraient de façon a
priori ce que devrait être la « bonne » organisation. Ambitieuse,
parce qu’en expliquant le fonctionnement des organisations à partir
des stratégies de leurs membres, c’est-à-dire en analysant les orga-
nisations comme des systèmes d’action qui se constituent et se
maintiennent à travers l’action motivée des individus ou groupes
qui en font partie, elle déborde largement son domaine initial d’in-
vestigation pour aborder celui des conditions de développement de
l’action organisée des hommes, et de ses contraintes propres. Non
pas une sociologie des organisations, mais une sociologie de l’action
organisée.
95
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
96
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
97
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
1. Ces jeux, en effet, ne sont pas identiques à tous les niveaux de l’orga-
nisation. Pour ne mentionner que cette dimension, des différences considé-
rables peuvent, par exemple, exister entre les jeux à la base et les jeux au
sommet d’une organisation. Mais ces jeux ne sont pas pour autant indépen-
dants les uns des autres, mais reliés entre eux de façon non aléatoire par
une série de mécanismes de régulation plus généraux. Cf. infra, chap. 1x,
nos développements à ce sujet.
98
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
99
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
100
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
101
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
1. Précisément, parce que les capacités requises pour cette seule stratégie
possible ne sont pas également à la disposition des acteurs. Un exemple
du Monopole industriel en fournit une bonne illustration. Le mode de com-
portement des ingénieurs techniques — responsables au niveau de la direction
de chaque usine de la marche des services d’entretien — était remarquable-
ment semblable dans quinze des dix-huit usines visitées. C’est que le jeu
qu'ils devaient jouer avec les directeurs, les directeurs adjoints et les contrô-
leurs ne permettait qu’une seule stratégie de comportement que l’on retrouvait
alors dans quinze usines. Trois exceptions seulement. La première était due
à un changement provisoire de l’équilibre de pouvoir entre les membres
de la direction. des gros travaux d'investissement renforçant momentanément
le pouvoir du directeur face à son ingénieur technique. Les deux autres situa-
tions s’expliquaient, elles, véritablement à partir de le inadaptation » des
individus à leurs rôles : dépression nerveuse, maladie étaient les signes d’une
situation pathologique au sens fort du terme.
2. C’est précisément là que réside tout l'intérêt de l'étude des attitudes :
celles-ci révèlent au chercheur les choix subjectifs des acteurs.
3. Qui sont bien entendu personnelles et sociales, un champ social
non structuré n’existant pas. Cf. infra, chap. VI, nos développements sur Orga-
nisation et Culture.
102
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
103
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
1. Il faut toutefois se méfier à cet égard d’une hypothèse par trop « diffu-
sionniste ». Car ne pas suivre une stratégie majoritaire peut, par moments,
constituer un avantage décisif que l’on défendra aussi longtemps que
pos-
sible. 1 s'ensuit dans une telle perspective que les « minoritaires » n'auront
aucun intérêt à devenir « majoritaires », mais encourageront au contraire
les
« majoritaires » à poursuivre leur stratégie, c’est-à-dire contribueront,
en fait,
à soutenir la stratégie « majoritaire » qu'ils critiquent indirectement
par leur
propre comportement.
104
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
105
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
106
LE JEU COMME INSTRUMENT DE L'ACTION ORGANISÉE
107
L'ORGANISATION COMME PROBLÈME
L'organisation
et l’environnement
sh
br ca+
CR RE Di 2
CM.
Ari RES: sous ASE À
DS RE DATE SAT PES es
stone:Ÿ = St bb Corte 2leu +
a
ta qe“e ns tar re
Pont ae host
7a 4 ht pti gr-ermistarsnr and ho
& ASH Ets pere rence: Es pr ren
AE D
PL vadtre
PES.
f
Fans
Pre + ni
pe " Hanjonti PATES re
Es
4 | Face ces istrhnient compreS ù
SRE
ee
OR he de ave “Ses ”'aueni 4
rt. FES
béni = ei conienires ux
DUC -OOTUREX Er NE hs: + CERUS a CRT 4
ED cas dates area et ner té entrer Fetes
# read Hrencs se det mi
| SRB De æ que. Le a
Later 5 |
é rare
fn b ns He
RUN ETS wa
;
GO pis
CHAPITRE IV
112
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
Organizations », Indus-
1. Cf. P. M. Blau, « The Comparative Study of
p. 323-338.
trial and Labor Relation Review, vol. 18, avril 1965,
concept sociologique nou-
2. D'où l'émergence d’un champ, voire d’un
organization, organisation
veau, celui de formal organization ou complex
on à l’organisation sociale plus
formalisée ou complexe qui — en oppositi
se caractérise par l’existence d’ob-
diffuse (la famille, la communauté, etc.) —
e formalisée et d’un corps de
jectifs ou de buts explicites, d’une structur
ements en vue de l’accomplisse-
règles conçues pour modeler les comport
une littérature abondante, P.M.
ment des objectifs. Cf. à cet égard, parmi
: À Comparative Approach;
Blau et W. R. Scott, Formal Organizations
s, Routle dge & Kegan Paul, 1963. Pour évidente qu'une telle dis-
‘Londre
ne résiste pourtant pas à une ana-
tinction apparaisse de prime d’abord, elle
. À y regarde r de plus près, en effet, elle ne repose sur
lyse sérieuse
que sur une reprise non critique des catégories du sens commun
rien d’autre
ique. Non pas qu’il n’y ait de diffé-
dans le langage et la démarche scientif
entre, par exemple , une entrepr ise industrielle et une famille. Mais
rences
certaine classification de la réalité
en acceptant d'emblée et telle quelle une
faudrait au contrai re mettre en question, une telle conceptualisation
qu'il
un problème de recherche. Toutes
postule la différence au lieu d’en faire
par ailleurs , étude de l’organ isation formelle est à la socio-
choses égales
organis ations cé que la science administrative est à la sociologie
logie des ué
d'étude est réifié au lieu d’être constit
de VEtat : là, comme ici, un objet
la recherc he même : il s'ensuit que, là comme ici, l'étude du
À travers
prime la recherche sur ce qui est
devrait être (le formel, le juridique)
et sur la signif icatio n de ce qui est.
113
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
114
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
115
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
116
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
118
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
119
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
120
LES LIMITES D’'UNE THÉORIE
122
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
123
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
constater que leurs résultats restent partiels (après tout, même des
analyses multivariées laissent inexpliquée une part appréciable de
la variance structurelle), que leur valeur explicative reste faible
et fragile et qu’elle comporte des conséquences normatives falla-
cieuses, sinon dangereuses.
Ceci tient, en premier lieu, au caractère formaliste de ces recher-
ches. En effet, se contentant d’articuler des corrélations statistiques
entre variables structurelles et contextuelles dans des modèles
formels d’évolution structurelle des organisations, elles font des
structures organisationnelles — c’est-à-dire, en fait, des caractéris-
tiques de la structure formelle qui dans la réalité se prêtent le plus
facilement à une étude quantifiée — la seule médiation entre les
variables « contextuelles » et les performances des organisations,
elles accordent à ces caractéristiques formelles une valeur expli-
cative privilégiée sinon exclusive ‘. Or, de toute évidence, une telle
assimilation de la réalité organisationnelle aux arrangements pré-
vus par la structure formelle (au sens le plus large) est abusive
et ne résiste pas à une vérification empirique même superficielle.
Celle-ci montrerait, au contraire, la force et l'importance des pro-
cessus informels qui se développent, précisément, parce que la
structure formelle ne règle pas tout et que les acteurs disposent tou-
jours d’une marge de manœuvre qu'ils utilisent pour interpréter,
manipuler et biaiser les prescriptions qu’elle contient. Ilest sans
doute inutile de s’appesantir longuement sur ce problème que nous
avons illustré amplement dans la partie précédente.
Ce point cependant est d'importance. Car l'incertitude quant au
statut et à l'impact précis des phénomènes mesurés conduit légi-
timement à s'interroger sur la signification même des mesures pro-
posées et des modèles qu’elles fondent. Que mesure-t-on précisé-
124
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
1. Ajoutons que ces données sont obtenues par des interviews structurées
auprès des dirigeants d’entreprise et d’autres cadres supérieurs pour autant
qu’il en est besoin pour compléter les informations. Cf. D. J. Hickson er al.,
« The Culture Free Contextof Organization Structure : a Tri-National
Comparison », Sociology, vol. 8; 1974, p. 59-81: et « Grounds for
Comparative Organization Theory : Quicksand or Hard-Core ? », in C7:
Lammers, Organizations Unlike and Alike : Towards a Comparative Socio-
logy of Organizations, op. cit.
5. Cf. D.J. Hickson et al., « The Culture-Free Context of Organization
Structure : A Tri-National Comparison », art. cit.; et « Grounds for Com-
parative Organization Theory : Quicksand or Hard-Core ? », art. cit.
3. C’est bien ainsi que l’on peut interpréter — nous semble-t-il — les
résultats de Child et Kieser dans une étude comparative des rôles des diri-
geants et des processus décisionnels dans des firmes allemandes et britanni-
ont des
ques : des effets structurels comparables de la taille organisationnelle
Child
conséquences différentes quant au fonctionnement des firmes. Cf. J.
and West
et A. Kieser : « Organization and Managerial Roles in British
», in
German Companies : An Examination of the Culture-Free Thesis
Comparative
C.J. Lammers, Organizations Unlike and Alike : Towards a
Sociology of Organizations, op. cit.
125
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
tions qui ne nous apprennent à peu près rien sur la seule question
qui compte à savoir comment, à quelles conditions et à travers
quels mécanismes de médiation ces facteurs contextuels affectent
et modifient (et dans quel sens) les règles du jeu qui gouvernent
les interactions dans le système d’action sous-jacent à l’organisation.
Au pire, de telles recherches — en interprétant les corrélations
comme des relations causales — aboutissent à une conception
extrêmement mécaniste et déterministe du changement organisation-
nel.
La tentative de D. S. Pug et al. de construire — à partir des
résultats de leurs analyses factorielles — une: séquence causale du
développement organisationnel est une illustration de cette façon
de procéder, des problèmes qu’elle soulève et des écueils qui la
menacent ‘. D’une part, et les auteurs y insistent eux-mêmes *, les
associations qu’ils établissent, et la classification qu’ils proposent
sur cette base, sont purement descriptives et ne permettent en rien
d'expliquer ce développement. Une telle explication ne pourrait se
fonder que sur la connaissance qualitative des processus sous-
jacents, connaissance que des corrélations statistiques ne fournis-
sent pas *. Mais, d'autre part — et l’ambiguïté que laissent planer
les auteurs est significative à cet égard —, leur tentative montre
bien les risques qui menacent constamment de telles recherches de
tomber dans un déterminisme ‘ relativement simpliste du type
1. Cf. D. S. Pugh et al., « An Empirical Taxonomy of Structures of
LR Sr », Administrative Science Quarterly, vol. 14, 1969,
p. 115-126. ;
2. Pugh et al. restent en effet ambigus à cet égard : d’un côté, ils propo-
sent une série d’hypothèses causales à partir de leurs corrélations ; d’un autre
côté, cependant, ils insistent sur le fait que leurs résultats ne montrent que
des corrélations statistiques, rien de plus. Cf. aussi D.S. Pugh et al, « The
Context of Organization Structures », art. cit.
3. Comme l’a remarqué J. Child, sous forme presque d’une boutade, il
se pourrait très bien que l'association entre la taille des organisations et
leur « bureaucratisation » soit le fait de la présence plus nombreuse dans
ces grandes organisations de dirigeants « professionnels » davantage influen-
cés par les enseignements du « management » qui met encore aujourd’hui
l'accent sur un ensemble de préceptes dont l'application conduit à e bureau-
cratiser » une organisation. Cf. J. Child, « Organizations : À Choice
for
Man », in J. Child (ed.), Man and Organization, Londres, George Allen
&
Unwin, 1973. Pour être plus près de la boutade, cette remarque n’en
illustre
pas moins la complexité des processus en cause, complexité abusivement
réduite par l'approche analysée ici.
4. Déterminisme toujours incomplet au demeurant, puisqu'on n'arrive
jamais à recenser et à analyser la totalité des variables pertinentes. Mais,
bien que partielle dans ses résultats, une telle approche n’en reste pas moins
.déterministe par le raisonnement qu’elle emploie.
126
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
127
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
128
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
Avec un autre point de départ, Paul R. Lawrence et Jay Lorsch
arrivent à des conclusions comparables’. Leurs analyses partent
d’une réflexion sur la contradiction fondamentale entre, d’une part,
la nécessité d’une différenciation organisationnelle entendue au
sens large * pour pouvoir traiter valablement et efficacement avec
un environnement lui aussi fractionné, et, d’autre part, la nécessité
d'intégration organisationnelle, c’est-à-dire de procédures permet-
tant de maîtriser les tendances centrifuges et de résoudre les
conflits nés de la différenciation. La conclusion à laquelle aboutis-
sent Lawrence et Lorsch est simple : il y a une relation fonda-
mentale entre a) les variables externes (l'incertitude, la diversité
et la nature des contraintes de l’environnement), b) les états inter-
nes de différenciation et d'intégration et c) les procédures de réso-
lution des conflits. Et dans la mesure où les structures et procédures
organisationnelles d’une entreprise tiennent compte de cette rela-
tion, elle atteindra un niveau de performance plus ou moins élevé *.
En d’autres termes, il n’y a pas de recette universelle en la matière :
la « bonne » dose d'intégration et de différenciation dépend des
caractéristiques de l’environnement et des problèmes qu’il pose à
l’organisation. Celle-ci est contingente “.
Expression et manifestation de l’acceptation croissante en même
temps que de l’utilité d’une perspective de « système ouvert »
dans les études organisationnelles, ces recherches ont considéra-
blement fait progresser notre compréhension des organisations. Mais
elles restent encore prisonnières d’une conception de l’environne-
ment comme un ensemble de « facteurs >» impersonnels dont les
caractéristiques « objectives » s'imposent en quelque sorte d'emblée
et automatiquement aux organisations. Il en découle une conception
peut-on pas penser que ce n’est pas tant l'existence ou l'absence de telles
« règles du jeu » qui fait la différence, que le caractère plus ou moins forma-
lisé de ces règles et la plus ou moins grande conscience qu’en ont les
acteurs ? Si on suit cette logique, on se rend bien compte que le champ
interorganisationnel a toujours existé ; s’il n’a pas été étudié autant qu’il
l'aurait fallu, ceci est surtout dû à la myopie d’une problématique organi-
sationnelle qui étudie les organisations sans véritablement problématiser les
processus qui les constituent.
1. Cf. P.R. Lawrence et J.W. Lorsch, Organization and Environment :
Managing Differentiation and Integration, op. cit. 14
2. C'est-à-dire du point de vue tant des structures organisationnelles que
des orientations et des préférences des acteurs.
3. Cf. P.R. Lawrence et J. W Lorsch, op. cit. (trad. fr., p. 139).
4, C’est à Lawrence et Lorsch que l’on doit le terme — quia fait recette
depuis — de structural contingency theory (théorie de la contingence struc-
turelle).
129
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
130
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
lyser comme la volonté de cette firme d’utiliser ses ressources au
mieux en fonction des possibilités du marché. Certes, il souligne
à plusieurs reprises l'importance des changements dans l’environ-
nement pour le choix d’une nouvelle stratégie, voire fait de ces
changements un facteur clef dans le choix de nouvelles structures.
Mais en faisant intervenir la variable intermédiaire de la stratégie,
il insiste en même temps sur le caractère médiatisé des influences
extérieures : pour lui, les « exigences » de l’environnement n’ont
d'influence sur‘la structure des organisations que dans la mesure
et jusqu’au point où elles sont reprises dans les stratégies de
celles-ci telles qu’elles sont formulées par leurs dirigeants ou,
pour reprendre la formulation de Cyert et March, par leurs « coali-
tions dominantes ? ».
On pourrait interpréter dans le même sens une série de résultats
des études déjà citéesde Burns et Stalker qui s'inscrivent en faux
par rapport à leurs hypothèses de départ. Dans leur échantillon,
ils ont en effet trouvé des entreprises où les changements dans
lenvironnement non seulement n’ont pas entraîné les modifications
organisationnelles auxquelles on aurait pu s'attendre, mais où, de
surcroît, on voit le modèle mécanique accentuer tous ses traits
malgré — ou peut-être à cause — des changements très fmpor-
tants qui ont rendu leurs environnements beaucoups moins stables
et réguliers qu'auparavant. Et leur tentative d’expliquer ces écarts
surprenants à travers l’analvse des systèmes de pouvoir et de
prestige sous-jacents au mode de fonctionnement de ces organi-
sations * souligne indirectement le caractère « politique » des
rapports à l’environnement et les éléments de liberté et d'autonomie
dont dispose toute organisation face aux « exigences » extérieures *.
131
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
132
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
quation plus ou moins optimale de leurs structures aux
caracté-
ristiques — traitées comme objectives — de leurs situations
:.
Méconnaissant l’autonomie et donc les contraintes propres
du
construit humain sous-jacent à une organisation *, une telle optique
« technicienne » est intimement liée à un mode de raisonnement
dont les présupposés déterministes sous-jacents aboutissent en
fin
de compte à réduire le changement organisationnel à un processus
quasi mécanique d’adaptation unilatérale. En effet, partant de la
constatation que le degré d’adaptation des caractéristiques struc-
turelles d’une organisation aux données techniques ou économiques
de sa situation conditionne, Voire commande, sa capacité d’attein-
dre le niveau d’efficacité et de performance nécessaire à sa survie
et à sa réussite, on déduit que, pour maintenir sa capacité de
survie face à un environnement changé, cette organisation n’aura
d’autres possibilités que de changer sa structure. De cette première
proposition qui mériterait déjà d’être spécifiée, on en arrive un peu
vite à la conclusion * que — sous peine de tolérer une moindre
performance, voire de péricliter à plus ou moins long terme — une
organisation devra nécessairement et toujours chercher à optimiser
l'ajustement entre sa structure et les exigences véhiculées par sa
technologie ou son environnement ; qu’en d’autres termes, le chan-
gement organisationnel se fera er réponse aux impératifs fonc-
tionnels des « besoins » de survie et d’efficacité des organisations
conçues comme systèmes naturels.
Pour séduisant qu’il soit de prime abord, un tel raisonnement
repose sur deux postulats largement implicites. Le premier de ces
postulats veut que le marché, en tant que mécanisme de sanction
de l’environnement, ne laisse survivre que les organisations les plus
aptes, que, par conséquent, dans un environnement fondamentale-
ment hostile le seuil de la survie d’une organisation soit plus ou
moins identique à celui de sa réussite “. Le deuxième considère que
1. C'est bien le sens du reproche général que formule C. Argyris à
l'adresse de ce courant de recherche. Cf. C. Argyris, The Applicability of
Organizational Sociology, op. cit.
2. Autonomie que démontrent indirectement les résultats « aberrants »
déjà cités de Burns et Stalker.
3. Largement implicite d’ailleurs, sauf chez Perrow qui a le « mérite »
de formuler très explicitement une telle hypothèse. Cf. C. Perrow, Organi-
zational Analysis : À Sociological View, op. cit., p. 80.
4. Si une telle conception darwinienne de la survie des plus aptes dans
lunivers hostile du marché peut correspondre à la situation de quelques
rares secteurs industriels des Etats-Unis — ce paradis de la libre entreprise —,
elle semble, en revanche, totalement irréaliste dans le contexte des écono-
mies administrées d'Europe.
133
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
1. Cf., à cet égard, les réflexions sur la rationalité limitée chez H. A. Simon,
Administrative Man, op. cit., et chez J.G. March et H. A. Simon, Les Orga-
nisations, op. cit., et les travaux sur la firme de R. M. Cyert et J. G. March,
A Behavioral Theory of the Firm, op. cit., et notamment leurs développements
sur l’organizational slack (mou ou superflu organisationnel). I1 faut souligner,
d’ailleurs, que les normes et les objectifs sont eux-mêmes le fruit de tran-
sactions avec l’environnement, comme le rappellent J. D. Thompson et W.]J.
Mc Ewen, « Organizational Goals and Environment : Goal-Setting as an
Interaction-Process », American Sociological Review, vol. 23, 1958, p. 23-31,
et qu’à travers ce processus, les organisations ont la possibilité d'organiser et
de façonner à leur tour leur environnement, comme nous le montrerons
plus loin. Ajoutons qu’on se trouve ici devant le problème de la mesurabilité
des résultats de l’action, au double sens du terme : d’une part, l’existence
d’une technique de mesure, d’autre part, d’une capacité collective et cultu-
relle suffisante pour accepter et tolérer la mesure des résultats. Nous y
reviendrons.
2. R. E. Caves et al., Britain's Economic Prospects, Londres, George Allen
& Unwin, 1968, cité in J. Child, « Organizational Structure, Environment and
Performance : The Role of Strategic choice », art. cit, p. 12.
134
LES LIMITES D'UNE THÉORIE
135
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
136
LES LIMITES D’UNE THÉORIE
àA Ps
nt HMMENERUnEEs At hs Hire ët
rates dela ol voie des 20m lt Etes-ribmes. à
sie © s orgrmisation, les 56
SA» SORA 20e Crvbrss AGIR ‘te
3 Nfquer 2 cuitèralg 4 46
Le rapport à l’environnement
comme processus de pouvoir et d'échange :
les transactions à la frontière
I. LA STRUCTURATION DE L'ENVIRONNEMENT :
LES « RELAIS ORGANISATIONNELS »
140
«
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
a) Le concept de relais.
141
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
142
\
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
143
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
144
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
145
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
146
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
147
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
148
LS
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
149
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
150
LE RAPPORT À L ENVIRONNEMENT
151
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
152
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
ou
1. Et point seulement de recherche! La manipulation — intuitive
par
consciente, peu importe — des frontières du système d’action pertinent
compte
les acteurs concernés qui en sont capables, c’est-à-dire en fin de
l'élargissement ou le rétrécissement par ceux-ci du champ de pouvoir perti-
en leur
nent, peut constituer pour eux un des moyens essentiels pour changer
qui gouvernent
faveur les données d’une situation et les « règles du jeu »
ce de
leurs interactions avec d’autres. Nous avons déjà illustré l’importan
telles manipulations des frontières d’un jeu dans notre analyse de certains
De nombreux
exemples de Schelling (cf. The Strategy of Conflict, op. cit.).
que, dans l'analyse
exemples empiriques l’attestent également. C’est ainsi
certains. acteurs
d’une fusion administrative, nous avons montré comment
isationnelles
ont réussi à renforcer leur main dans les négociations intra-organ
ou « relais >» — dans
en mobilisant à leur rescousse leurs interlocuteurs — of the
l’environnement. Cf. J.C. Thœnig et E. Friedberg, « The Power
Change, La Haye,
Field Staff », in A.F. Leemans, Managing Administrative
cf. également
Nijhoff, 1976 ; pour un autre exemple frappant de ce processus,
P. Grémion, Le Pouvoir périphérique, op. cit.
ionnelle ont été
2. Ces concepts très féconds pour l'analyse organisat
de direction
forgés par R. Pagès à partir d’une étude diachronique de la crise organisation
d’une
dans une école privée à Paris. Cf. R. Pagès, « L'élasticité L'Inégalité des
1965 ; et
en crise de direction », Sociologie du travail, n° 4,
n, document ronéo-
systèmes d’'emprise à différents niveaux et leur interactio
in 1967.
typé, Laboratoire de psychologie sociale, Paris, février-ju
de crise organisation-
3. De tout ceci il ressort clairement que les périodes
. C’est pen-
nelle constituent toujours des moments privilégiés pour l'analyse
plus clairement les
dant les crises que se dévoilent le plus facilement et le
153
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
154
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
1. Mais nous faisons l'hypothèse qu’à des degrés divers — et chaque fois
à déterminer empiriquement — les phénomènes mis en lumière ici se
retrouvent dans toutes les organisations.
2. Cette enquête a été menée à la fin de 1969, et. ses résultats ont été
publiés dans un rapport ronéotypé : E. Friedberg, Le Ministère de l’Indus-
trie et son Environnement, Paris, OSO, micro-fiches Audir, Hachette, 1970.
Cf. également E. Friedberg, « Verwaltungsreform, Organisationssoziologie
und Politikwissenschaft », Osterreichische Zeitschrift für Politikwissenschaft,
1973, n° 2, p. 145-159. Pour une vue d'ensemble sur l’évolution des systè-
mes d’action de l'Etat en matière de politique industrielle, cf. E. Friedberg,
« Administration et Entreprises », in M. Crozier et al., Où va l'administration
française ?, Paris, Ed. d’Organisation, 1974. Ajoutons que, malgré des chan-
gements importants dans la structure formelle intervenus depuis l'enquête,
l'essentiel de nos résultats restent valables.
155
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
156
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
157
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
158
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
159
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
160
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
161
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
162
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
163
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
164
LE RAPPORT À L'ENVIRONNEMENT
165
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
Organisation et culture
167
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
168
ORGANISATION ET CULTURE
pouvoir concur-
individus de s’y soustraire en jouant des zones de
de pouvoir et de
rentielles les unes contre les autres, ces zones
perman ents de conflits,
privilèges spéciaux constitueront des foyers
de mécont enteme nt partic ulière ment marqués,
de frustration et
l'Equipement et du Logement
1. Une étude de la réforme du ministère de
d'analy ser plus en détail les mécani smes et la logique quasi
a permis
ble de la stratifi cation, et d'en mettre en évidence les effets sur le
inexora
ment de cette administration, en
fonctionnement et la capacité de change
notamm ent commen t la logique d’affrontement entre corps admi-
montrant
fs fait finalem ent passer au second plan les objectifs mêmes de la
nistrati
J. C. Thœnig et E. Friedbe rg, « Politiques urbaines et stratégies
réforme. Cf.
», art. cit.; et « The Power of the Field Staff », art. cit:;
corporatives
des technoc rates, op. cit. ; et enfin la contribution de
J.C. Thænig, L'Ere et al., Où va l’administra-
stratifi cation », in M. Crozier
J. C. Thænig, « La
tion française ?, op. cit., p. 29-53.
169
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
170
ORGANISATION ET CULTURE
172
ORGANISATION ET CULTURE
nisation. Leur objet est plus limité. Il s’agit, avant tout, d'attirer
l'attention sur les dangers d’un ethnocentrisme organisationnel
qui nous menace tous et qui fonde souvent un universalisme tout
aussi injustifié.
Cette diversité posée et admise, il devient dès lors indispensable
de s'interroger sur les raisons qui font que telles règles, tels arran-
gements relationnels, tels construits de jeux prévalent plutôt que
tels autres. L’analyse culturelle constitue une réponse à cette ques-
tion.
Pour éviter tout malentendu, soulignons d’emblée et avec force
qu’il n’est pour nous nullement question ici d'introduire un autre
déterminisme qui remplacerait ceux que nous nous sommes em-
ployés à réfuter dans les chapitres précédents. Dire que le phéno-
mène et les mécanismes d'intégration consubstantiels à toute action
collective sont des construits culturels ne signifie pas que les struc-
tures et le fonctionnement des organisations sont déterminés par
les valeurs et les traits culturels de base qui caractérisent une
société donnée.
Il faut, à cet égard, se méfier des pièges et risques d’une cer-
taine analyse culturaliste qui, à l’aide d’enquêtes d’attitudes et
d’entrevues en profondeur, cherche à mettre en évidence des valeurs
nationales et des traits culturels de base qui orienteraient à tout
moment les comportements des membres d’une société donnée et
qui permettraient de décrire des spécificités de fonctionnement
des institutions de celle-ci et d’en rendre compte. Non pas qué ces
valeurs ou traits culturels soient inexistants ou négligeables. Non
pas qu’il ne soit possible d’observer des différences d’ordre culturel
dans les styles d’action des individus, des groupes sociaux, voire
des sociétés tout entières . Ce n’est donc pas le principe lui-même
de ces recherches qu’il faut mettre en cause, mais un mode de
raisonnement sous-jacent à un grand nombre d’entre elles et qu’on
pourrait très grossièrement résumer de la façon suivante. En quel-
174
ORGANISATION ET CULTURE
176
ORGANISATION ET CULTURE
177
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
178
ORGANISATION ET CULTURE
attitudes
1. En poussant l’analyse, on devrait dire que valeurs, normes et
et de
constituent autant, sinon plus, des rationalisation ex post de stratégies
ex ante
comportements effectivement adoptés que l’expression de préférences
fil des analyses
motivant l’action. Cette perspective, qui se situe dans le droit
, New
développées par L. Festinger (cf. 4 Theory of Cognitive Dissonance
ouvrage. Cf.
York, Harper, 1957), reviendra encore plusieurs fois dans cet
et le chapitre XIV
dans la 4° partie consacrée aux problèmes de la décision
l'intervention et du
de la dernière partie, la discussion des problèmes de
des attitudes
changement dirigé. Enfin, ses répercussions sur le traitement
dans la démarche de recherche seront discutées dans l’Annexe.
179
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
Sanity, Madness and the Family, op. cit. et R. D. Laing, The Politics of
Experience, op. cit. Dans les travaux qu’au CSO il a consacrés aux processus
d'apprentissage culturel sur les lieux du travail, R. Sainsaulieu part d’une
problématique comparable. Cf. l’Identité au travail, Renaud Sainsaulieu,
Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1977.
1. Toutes proportions gardées, on retrouve ici la situation du .Huis-Clos
de Sartre.
2. Et ceci d'autant plus que ces situations seront plus stables et qu’il
sera plus difficile pour les individus de s’y soustraire. Il faudrait enfin
tenir compte d’une autre variable : la nature de la tâche. En effet, moins
cette tâche fournira une médiation technologique à ces relations, plus, en
d’autres termes, ces relations devront être « personnelles », plus elles
déclencheront les mécanismes affectifs décrits ci-dessus et les stratégies de
protection qui en sont les corollaires. En ce sens, Michael Pusey a certai-
nement raison de considérer les organisations éducatives comme un des
champs privilégiés pour l'observation de l'incidence de la culture sur les
modèles de jeu prévalant dans une organisation en tant que système d’action
formalisé. Cf. son excellente étude du système d’éducation secondaire dans
un Etat en Australie : M. R. Pusey, Dynamics of bureaucracy, John Wiley
& Sons, 1976.
181
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
rence, bref, des outils culturels sur lesquels ils s’appuient pour
construire leurs rapports à l’autre et au monde et pour en maîtriser
les conséquences affectives. Ils ont, de ce fait, des capacités dif-
férentes à soutenir et à vivre les situations de dépendance, de
conflits et de tension qui forment la trame même de l’action col-
lective, et à assumer les risques inhérents aux jeux de pouvoir
auxquels ils ne peuvent pas ne pas participer.
Que de telles capacités relationnelles existent, qu’elles soient
différentes d’un individu à l’autre et qu’elles conditionnent les
choix de stratégie des uns et des autres relève d’une expérience
quotidienne banale. Mais on peut aller plus loin. Comme nous
avons essayé de le montrer à travers les quelques comparaisons
ci-dessus, des différences existent aussi entre les cultures natio-
nales et entre les cultures des groupes professionnels, des catégories
ou classes sociales qui composent une société donnée. Structurant
les champs d’apprentissage et les possibilités d’expérimentation
des individus et se perpétuant à travers une telle structuration,
ces différences conditionnent indirectement les capacités de ceux-ci,
du moins au niveau des procédés d'intégration auxquels ils auront
recours pour organiser leur coopération au sein d’ensembles fina-
lisés.
Il faut donc se garder de « naturaliser » et de « psychologiser »
trop vite ces capacités pour éviter d’en faire, en quelque sorte, des
facteurs explicatifs passe-partout. Car, si celles-ci sont bien une
donnée à un moment de l'analyse et si elles recouvrent bien une
part irréductible de la personnalité individuelle, une sorte de
capa-
cité personnelle à supporter conflits et tensions qui serait
fixée
très tôt sous la forme de certains traits de personnalité, l’accent
est ici mis ailleurs. Il concerne les processus d'acquisition
et de
développement de telles capacités à travers l’action et Pexpérienc
e,
analysées comme une suite de processus de résolution
de pro-
blèmes. Ceci implique que l’on relie ces capacités aux
modes d’in-
sertion sociale et organisationnelle différents des individus,
à leurs
possibilités réelles d’avoir accès à des sources de pouvoir
différen-
tes, de répartir leurs mises entre une multiplicité
de relations
qui rendrait chacune d’elles moins menaçante, à
leurs possibilités
aussi de connaître et de comprendre les sources
de pouvoir et les
moyens d’action des autres à leur égard. De les relier,
en somme,
à l’ensemble des contraintes matérielles, structurelles
et sociales qui
circonscrivent leurs champs stratégiques et caractéris
ent les jeux
auxquels ils participent au sein comme en dehors
de l’organisation.
182
ORGANISATION ET CULTURE
183
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
184
ORGANISATION ET CULTURE
185
,
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
186
ORGANISATION ET CULTURE
se demander si,
1. À la lumière de ce raisonnement, on peut en effet
générale, il ne serait pas opportun de renverser la problématique
de façon
problème de savoir com-
de l'apprentissage en s’interrogeant non pas Sur le
apprennen t, mais sur les raisons, les conditions et les
ment les individus t, en somme,
qui font qu’ils n'apprenn ent pas. En se demandan
circonstances
structure s et règles du jeu, qui sont un moyen d’agir, d’appren-
comment les
deviennent, en fait, des
dre, de connaître, de résoudre des problèmes,
issage en structura nt d’une certaine façon l'expérience
obstacles à l'apprent sur un tel ren-
peuvent avoir. Nous reviendro ns ci-après
que les individus problèmes du
perspecti ve dans le chapitre consacré aux
versement de la les nôtres, cf.
des réflexion s qui rejoignen t en partie
changement. Pour
the Past : Organizational
JG. March et J.P. Olson, « The Uncertainty of Political Research, vol. 3,
y », European Journal of
Learning under Ambiguit
1975, p. 147-171. e » naturelle ou
« tendanc
2. En effet, il n'y a en cette matière aucune
se trouvant dans une telle situation
spontanée. Il n’est pas sûr que les acteurs
une telle expérimentation. Et même
favorable veuillent bien s'engager dans
n'indiq ue qu'ils voudron t, voire tout simplement pourront,
s'ils le font, rien
les autres. Comme nous l'avons indiqué plus haut, on
en faire « profiter »
rtement inverse.
peut même s’attendre a priori à un compo
187
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
188
ORGANISATION ET CULTURE
ve
En partant des problèmes et difficultés de l’action collecti
s et nécessa irement par des relation s de pouvoir
qui passe toujour
nelles de la
et de dépendance exigeant certaines capacités relation
lumière une deuxième
part des acteurs, l'analyse culturelle met en
s, logique d’ordre
logique de fonctionnement des ensembles organisé
qui, en dernière analyse, fonde l’autonomie
affectif et culturel d'intégr ation
tant que process us
du phénomène organisationnel en
s idéal-typiques.
1, Qui ne sont, rappelons-le, que des modèle
189
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
190
ORGANISATION ET CULTURE
rlas-tu
re Rte co W' |
RHÈ Ÿ RES HE Sr sie
ae de 1 + nn Sue 2 RÉ ben. #
fi Se SES nie ‘fa nn ae
na she denis RL
ue
He rar arr |
PE2HHEMo NE NE Soul M ani k
sb 69 sn 4 nt ONE PSG
ÉÈLRsafe a ‘4 és HT SR GR ASTRA STE
F Rp Re URTéSM Les€
23° 4 Aa Frot ho Fstéinigte
Le phénomène systémique
CHAPITRE VII
De l'organisation au système
195
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
196
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
Nous avons donc le droit de généraliser puisque nous pouvons
considérer les organisations, non pas comme un phénomène dif-
férent, moins complexe, mais comme un cas particulier fabriqué
exprès d’un phénomène général que nous n'avons pas encore
vraiment défini, le phénomène des systèmes humains. Notre démar-
che est légitime : il ne s’agit pas pour nous de remonter du moins
complexe au plus complexe ou de réduire un phénomène complexe
à un phénomène plus simple sans avoir compris la nature de sa
complexité ; il s’agit, au contraire, de réfléchir sur l’enseignement
que l’on peut tirer de l’analyse d’un problème posé dans des cas
« expérimentaux » très particuliers pour comprendre comment
peut se poser et se résoudre le même problème dans des cas
plus généraux.
Dans cette perspective, c’est un raisonnement détaché des
contingences de son élaboration qui est transposé. On ne passe pas
par une simple extrapolation d’une loi descriptive sur les organi-
sations à une loi qui devrait gouverner des systèmes plus complexes
ou, en tout cas, différents. On applique un raisonnement élaboré
pour poser un problème dans un certain contexte à la solution du
même problème dans un autre contexte effectivement plus diffi-
cile.
Mais pour pouvoir faire comprendre la signification et la légi-
timité de cette transposition dans laquelle nous nous engageons,
il faut que nous revenions de façon plus approfondie sur les
caractéristiques du raisonnement, ou plutôt des deux raisonne-
ments complémentaires que nous avons dégagés, et que nous mon-
trions comment ils sont effectivement indépendants des contin-
gences de l’organisation, système artificiel et « expérimental ».
198
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
200
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
202
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
203
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
on cherche quel ensemble de cohérence et de finalités hiérar-
chisées tend à s’imposer à lui à travers le résultat des jeux auxquels
il doit jouer.
Si on sépare ces deux logiques, on aboutit à des résultats extré-
mement divergents. D’un côté, on reste dans un modèle de marché
ou d’ajustement mutuel, même si on projette toutes les inégalités
sur une contrainte extérieure intériorisée. De l’autre, on ne peut
sortir d’un modèle mécaniste de déterminisme fonctionnel.
Mais il n’est pas du tout facile de les rapprocher, même si les
emprunts et passages de l’un à l’autre sont inéluctables. Pour les
intégrer nous avons eu recours à un autre concept, le concept du
jeu, qui appelle finalement une autre logique et la référence
à
un autre modèle de comportement. Le concept de jeu tel que
nous l’avons employé est, au fond, un modèle d'intégration
des comportements humains qui suppose une vision dualiste
et
non plus intégrée du champ des rapports sociaux. Sont entretenues
ensemble et non réconciliées les deux orientations contradictoires,
celle de la stratégie égoïste de l’acteur et celle de la cohérenc
e
finalisée du système. L’une s'applique au comportement des acteurs
dans le jeu et l’autre aux résultats du jeu. Seul le jeu
en tant
que mécanisme social intégrateur parvient à les dépasser.
C’est autour de ce modèle, sur ce modèle même, que la trans-
position peut s’opérer et non pas sur l’un ou l’autre
des deux
raisonnements ou sur une confusion des deux.
La logique systémique restreint son champ naturel
d’interpré-
tation aux organisations comme ensembles structu
rés et contrai-
gnants. Finalités et cohérences ne peuvent impose
r leur logique
que si l’ensemble auquel elles s’appliquent est hiérarc
hisé et for-
tement intégré. C’est possible dans le cas des organi
sations si l’on
veut bien considérer le fait organisation comme
une contrainte
obligatoire pour effectuer certaines activités. Mais
il va de soi que
ce modèle n’est pas extrapolable à des situati
ons plus ouvertes,
c’est-à-dire à tous les ensembles humains qui ne
sont pas structurés
de façon aussi apparente et forte.
La logique interactionniste peut paraître mieux
adaptée pour
analyser de tels champs « non structurés ».
Mais c’est là notre
postulat de base que nous essaierons de démontrer plus
travers une étude empirique, i! n’y a pas de loin.à
champ non structuré :.
1. Structuration veut dire, bien sûr, inégalité,
tion, nécessité de détours
entraves à la communica-
pour l’action. Comme nous avons essayé
montrer dans la première partie de de le
cet ouvrage, structuration signifie
d’abord existence de rapports de pouvoir.
J
204
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
Même si le montant de structuration est faible et peu cohérent, il
yen a toujours suffisamment pour troubler toute logique interac-
tionniste simple. De plus, la logique interactionniste se transforme
facilement de logique de la liberté anomique en logique du condi-
tionnement total, dans la mesure où elle peut partir d’une concep-
tion selon laquelle l'acteur serait conditionné par le système auquel
il appartient et dont il ne serait plus alors qu’un support de struc-
ture. L'analyse du calcul de l'acteur permet de découvrir alors la
logique du système qui l’a conditionné ou qu'il a intériorisé, et
l'on en arrive ainsi à une assimilation encore plus abusive, bien
que cachée, des ensembles sociaux à des organisations hiérarchi-
sées.
En changeant de point de vue, on pourrait dire que, d’un côté
et de l’autre, on tend à exagérer une opposition blanc et noir
entre, d’un côté, la contrainte absolue qui correspond à une vision
totalitaire de l’organisation et, de l’autre, l’absence d'organisation
qui correspondrait, elle, soit à la liberté théorique du marché
sociales.
égalitaire, soit aux déterminismes généraux des contraintes
au contrair e, du postula t selon lequel aucune
Mais si on part,
que tout
situation n’est de ce point de vue de type blanc ou noir, que
humain est structuré, mais seulement partiellement,
ensemble
l’organisation
sa structuration, de plus, est contingente et que même
, comme nous l'avons montré dans les deux pre-
la plus intégrée que de
à la seule logique systémi
mières parties, ne peut obéir
alors les différe nces entre les situatio ns organisation-
l'intégration,
beaucoup moins forte.
nelles et l’ensemble des autres situations est
sition est possibl e et elle doit se faire autour de
Alors la transpo mises en évi-
s que nous avons
la combinaison des deux logique loin le plus éco-
le modèle du jeu. Ce modèle est de
dence dans LHSE
D
nomique. s des situations
toutef ois, existe -t-il réell ement en dehor
Le jeu,
organisations ? Nous en
formalisées que l’on découvre dans les
les dès que nous vou-
trouvons effectivement de multiples exemp
et nous décou vrons en même temps
lons bien poser le problème
grandes que nous ne pou-
que les différences sont beaucoup moins
qui se passe à l’intérieur d’une orga-
vions le supposer entre ce
de toute organisation.
nisation et ce qui se passe en dehors
relati ons entre employeurs et salariés.
Prenons l'exemple des
principalement, des relations
Il ne s’agit pas seulement, ou même
ons patro nales et des organisations
de conflit entre des organisati
plusieurs partenaires beaucoup
syndicales, mais d’un jeu complexe à
angem ent intra-organisationnel que
plus proche du modèle d’arr
205
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
206
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
N OUVERT :
IV. SYSTÈME CYBERNÉTIQUE ASSERVI OÙ SYSTÈME D'ACTIO
LE PROBLÈME DE LA CONSTITUTION D'UN OBJET NOUVEAU
parti-
La notion de système est malheureusement une notion
pour les socio-
culièrement ambiguë. Nous venons de rappeler que
ions comme
logues elle évoque généralement, à travers des express
fonctionnalistes
système social ou système politique, des modèles
, en général un
selon lesquels l’ensemble humain appelé système
entière, soit un domaine
très grand ensemble, soit une société tout
lier dans une société, compor te des fonctions
d'activités particu pour
homéostatiques
interdépendantes et des mécanismes de types
et le maintie n de leur équilib re.
leur accomplissement
abstraite et concrète.
Cette notion relativement floue est à la fois
de l'observateur non
Abstraite, puisqu'elle est une construction
questi on d'isoler le système
vérifiable dans la réalité : il n’est pas la fonction de
parler en termes parson iens,
de valeurs ou, pour
des normes; concrète, en revanche, dans la mesure
maintenance
persistance et du dévelop-
où elle prétend rendre compte de la délimi
t, té.
pement d’un ensemble social concre
207
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
208
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
210
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
211
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
212
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
214
DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME
de R. Pagès de la constitution
1. Cf. à cet égard l'analyse déjà citée
systèm e d'actio n autono me autour de la crise d'une insti-
temporaire d’un organisation en crise de
Cf. R. Pagès, « L'élast icité d’une
tution scolaire. mêmes sur une étude de
cit. Nous revien drons nous-
direction », art. plus officiel,
n temporaire, mais
C. Grémion portant SuT un système d’actio aux problèmes de la décision.
dans la 4° partie de ce livre consac rée
ion de la mesure marque , hélas, un grand nombre de tra-
2. Cette obsess
sur les « systèm es ou réseau x interorganisationnels ». Elle
vaux anglo-saxons H. Aldrich à décomposer les
comme
pousse, par exemple, un chercheur
pouvoir leur appliquer une méthodologie
phénomènes et à les segmenter pour tée
mais néanmoins parfaitement inadap
‘& rigoureuse » parce que statistique, s. Cf. H. Aldrich, « The
des phéno mènes abordé
au niveau de complexité o-
zations : Theorctical and Method
Environment as a Network of Organi 1974.
présentée à l’AIS, Toronto,
logical Implications », communication
215
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
I. LA SIGNIFICATION DE L’ANALYSE
COMME DÉMARCHE DE RECHERCHE
a) Le problème.
218
L’ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
219
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
220
L'ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
222
L’ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
223
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
224
L'ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
SCHEMA DU MODELE DE
REGULATION CROISEE
conseils municipaux
modèle et
e) Le cumul des mandats comme exception au
comme principe de régulation du systèm e.
me qui transcende
Une des caractéristiques essentielles du systè
ités géogr aphiq ues, c’est la généralité
oppositions politiques et divers maires , des nota-
té de
du cumul des fonctions. Une petite minori aux, de sénateur
de consei llers génér
bles, accaparent les fonctions fonctions.
les différ entes
ou de député et continuent à cumuler aux, qui ne sont
sont les élus nation
Plus précisément, très rares ion comme maires
ascens
pas maires, qu’ils ajent commencé leur cumul sembl e abso-
par la suite. Le
ou qu’ils se soient fait élire carriè re politi que.
une bonne
Jlument de règle si l’on veut faire t, en effet, un rôle
» jouent nature llemen
Les maires « cumulant
notables ou grands notables
je leaders informels. Ils sont devenus
cumul . Les interp rétations politiques qu’on
oar le simple fait du de la récurrence de ce
raiso n
en donne sont trop faciles. La e, dans toutes les situa-
uve, répét ons-l
mécanisme, que l’on retro ipes mêmes de fonction-
les princ
tions, doit être recherchée dans à
nement du système. à cumuler trois ou quatre
Si un homme politique local arrive
225
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
226
L'ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
départemental, Paris,
1. Cf. P. Grémion, La Structuration du pouvoir je]
Centre de sociolog ie des organisa tions, 1969.
notables réponden t ouvertem ent à une forte majorité que trop
2. Les
sont incapables de
de gens participent aux décisions et que les citoyens
s'élever au-dessus de leurs intérêts particuliers.
227
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
228
L'ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
230
L’ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
haut, plus l’avantage qu’il donne est déterminant. L'idéal est d’accé-
der directement à Paris. La société locale est d’autant mieux
« défendue » par ses leaders que le centre est plus directement
mêlé à son devenir et à sa gestion. L'intervention de Paris est non
seulement demandée, mais requise. On se plaint de Paris, non pas
pour qu’il laisse plus d'initiatives, mais pour qu’il intervienne. Sa
« mobilisation » n’est pas une menace, mais un avantage. La
cause est gagnée par celui qui a le plus facilement l’accès le plus
haut possible. Ne pas disposer de bons relais et de médiateurs
convaincus est un handicap majeur. Il ne reste alors plus qu’à
« politiser >» le problème, c’est-à-dire à faire appel à la pression
publique de la base pour espérer être entendu au sommet. Mais
le jeu est dangereux et la chance de succès plus incertaine. Mieux
vaut passer par le nid d’abeilles.
Le système départemental français apparaît donc comme un
système très stable. Tout le monde en est prisonnier, mais chacun
gagne quelque chose en contrepartie. Ses avantages sont pratiques,
mais aussi symboliques et affectifs. Ils conditionnent totalement
les enjeux si bien que, chacun cherchant à gagner dans son jeu
propre, tout le monde maintient le modèle général de jeu.
232
L'ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
234
L’ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
236
L'ANALYSE STRATÉGIQUE DES SYSTÈMES D'ACTION
237
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
une organi-
L'idée qu’un système d’action concret, tout comme
naturel le choque au premie r abord.
sation, n’est pas une donnée
avons trop tendan ce à voir nos catégor ies abstraites comme
Nous
e, la communauté
des données de l'expérience. Le groupe primair ceux
naturels. Il en va de même, pour
paraissent des ensembles
l’organisation. Certes,
qui les étudient, de la classe sociale et de
up d’analy stes de la classe contest ent l’organisation comme
beauco
s analyst es de l’organ isation, la classe.
système autonome, et certain
chacun conçoit le phénom ène qui a attiré son attention
Mais
dû, en partie au moins,
comme un phénomène naturel. Cela est
de raison nement employ é qui privilé gie la recherche de
au mode d’un ordre natu-
se conçoiv ent qu’à partir
lois universelles qui ne période, uni-
la courte
rel, évolutif certes, mais, au moins dans
versel et stable. contraire,
que nous avons conduit aboutit, au
Le raisonnement
té des lois que le carac-
à mettre en doute aussi bien l’universali
tère nature l du phéno mène. Même dans le cas d’un groupe pri-
emmen t le plus simple, il ne va pas
maire, le phénomène appar
fait qu’un certain nombre
de soi qu’il y ait groupe du simple
239
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
de personnes sont réunies : l'existence même du groupe dont il
est question peut faire problème, et la diversité des groupes
comme ensembles de relations structurées suggère la relativité des
lois universelles.
S'il s’agit d'un ensemble plus complexe comme un système
d'action concret, le problème devient crucial. Prenons l'exemple,
a priori le moins favorable, du village. La plupart des chercheurs
analysent et comparent des villages sans se poser la question
préalable de leur existence en tant que systèmes d’action. Mais
cette existence peut être tout à fait mise en question, du moins
dans les circonstances de la société française actuelle. C’est,
en
tout cas, ce qui ressort des recherches de Wylie sur Chanzeaux :.
Le village n’est guère un système d’action sauf, bien sûr, au plan
d’une gestion municipale dont limportance est cependant
res-
treinte. Du point de vue de la sociabilité et des rapports humaius,
comme du point de vue patrimonial et du point de vue profes-
sionnel, il n’y a pas de système village, ce sont d’autres systèmes
d'action concrets qui se sont constitués. Le village est
peut-être
un cadre commode d’étude, mais n’en devient pas pour
autant
un système d'action.
De même, une profession dans un territoire particul
ier peut
constituer un système d’action concret, mais ce n’est absolu
ment pas
évident. L'existence même d’une association formell
e n’est une
preuve que de l’existence dans cet ensemble d’un groupe
de direc-
tion qui constitue un petit système d’action.
Une organisation elle-même, nous l’avons soulig
né suffisamment,
ne coïncide pas toujours avec le système d’action
concret le plus
pertinent et le plus efficace pour les problèmes
dont elle a la
charge. Le cas du ministère de l’Industrie dans
les décisions de
politique industrielle en France en est un bon exempl
e. De même,
les principaux problèmes que traitent les services
hospitaliers décrits
par Olgierd Kuty relèvent essentiellement d’un
système d’action
pertinent qui n’est pas l’organisation hospitalière.
Si donc l'existence de systèmes d’action fait
problème, puisque,
chaque fois, preuve doit être donnée d’une inter
fisante, on peut comprendre combien peut
dépendance suf-
être vaine la recherche
de lois universelles gouvernant toutes les
Catégories apparentes
à partir des circonstances « naturelles
» qui devraient les cons-
tituer. Quoi qu’ils en disent, il est vrai, les
théoriciens nous offrent
242
SYSTÈME D'ACTION CONCRET ET ANALYSE SOCIOLOGIQUE
243
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
244
SYSTÈME D'ACTION CONCRET ET ANALYSE SOCIOLOGIQUE
245
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
me politico-
rielles et même aussi le systè
1. Le système de relations indust avant tout ce résultat.
frança is ont
administratif départemental
247
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
250
SYSTÈME D'ACTION CONCRET ET ANALYSE SOCIOLOGIQUE
253
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
254
SYSTÈME D'ACTION CONCRET ET ANALYSE SOCIOLOGIQUE
255
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
256
SYSTÈME D'ACTION CONCRET ET ANALYSE SOCIOLOGIQUE
1. Les travaux publiés par P. Bourdieu et son équipe sont, pour le moment,
tout à fait insuffisants de ce point de vue. Ils ressortissent toujours de la
vieille problématique déterministe dont Bourdieu lui-même a présenté une
sorte de caricature involontaire dans son dernier livre. Cf. P. Bourdieu et
J.-C. Passeron, La Reproduction, Paris, Ed. de ‘Minuit, 1973. Pour une
bonne critique, cf. parmi d’autres : F. Bourricaud;"« Contre le sociologisme.
Une critique et des propositions », Revue française de sociologie, supplément :
1975, p. 583-603.
2. Pour l’amorce d’une telle analyse, cf. J.-C. Thoenig, L’Ere des techno-
crates, op. cit. pour le corps des Ponts et Chaussées; E. Friedberg et
D. Desjeux, « Fonctions de l’Etat et rôle des grands corps », art. cit, pour
le cas du corps des Mines. Ajoutons, pour éviter tout malentendu, qu’il ne
s’agit pas ici d’une quelconque apologie du système des grands corps que
nous avons nous-même critiqué très vivement. Il s’agit simplement de souli-
gner la possibilité d'étudier de tels phénomènes comme des systèmes d’action
concrets. 7 ' Rs
3. Sauf peut-être au Japon, dans des conditions, il est vrai, très différentes.
257
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
258
SYSTÈME D'ACTION CONCRET ET ANALYSE SOCIOLOGIQUE
1. Nous reviendrons sur ces problèmes à la fin de cet ouvrage, chapitre xv.
259
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
260
SYSTÈME D'ACTION CONCRET ET ANALYSE SOCIOLOGIQUE
dE. Le
rie
viesces sys
es qù
114 stènmes SÉLRICIR JG a PhÉSERE
1-2 mé Le us: porinet deigeref ER preae)
pi 24 - Orne plus: Régis: fx -saiion dE:
d'action concret peul 1006. poratines sus eu: poser. À
S ique que Que FONSUME à dédialons: 22
toukars. Le srmbort do 5
une Créaiisation
-où vis
E ème d'action utéble:
ns on. ur #
éureise Él:00ré- pou le cie tance, :ARTE décision H:4
(SÉe dentelle ét. Soi aile “est ration
. Étoe AT
PEN FRONTn - DE
Frev ir - vite A m'as
a action qui :
FE Ë
rot *. #: "sal
Les problèmes
de la décision
SITRAG HMÉIATAUO
eomSldorg 29.1
noiet93b si sb
4
CHAPITRE X
265
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
266
LE PROBLÈME DE LA RATIONALITÉ DES DÉCISIONS
É A POSTERIORI :
II. RATIONALITÉ A PRIORI ET RATIONALIT
LES CRITIQ UES DE CHARL ES LINDB LOM
269
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
D'un côté, leur valeur est beaucoup plus large que le problème
des politiques publiques. C’est l’ensemble des activités organisées des
hommes qui tombe sous leur critique. On peut tout aussi bien mettre
en question le modèle synoptique pour le gouvernement d’une entre-
prise, pour l’exploitation d’un marché, pour la gestion d’un hôpital
ou pour l’organisation d’une école. En revanche, pour toutes
ces
activités, comme aussi bien pour les politiques publiques,
modèle
synoptique a priori et modèle par ajustement a posterior
i ne
s'appliquent jamais ou presque jamais à l’état pur. La
plupart des
expériences que nous pouvons analyser sont des mixtes
où la
rationalité a posteriori vient en général corriger
les erreurs du
modèle synoptique, mais où il arrive souvent que des
impositions
de rationalité a priori de type synoptique apparais
sent indispen-
sables pour ordonner ou réordonner la confusion, l’anarchi
e et les
injustices d’ensembles trop longtemps livrés uniquem
ent à la ratio-
nalité du modèle d’ajustement mutuel partisan.
Si l’existence de ces mixtes peut être invoquée
à juste titre contre
le credo rationnel dominant, elle peut tout
aussi bien être utilisée
contre l'institution du modèle a Posteriori comme un autre
Il reste, d’autre credo.
part, enfin à se demander pourquoi
ce modèle
synoptique peut, malgré une telle impuissanc
e logique, continuer à
s'imposer universellement dans les esprits
et même conquérir de
nouveaux terrains dans la pratique. Il
n’est pas sans ironie à
cet égard de remarquer que c’est l’année même
où Lindblom démon-
trait avec succès la supériorité du modèle
américain de démocratie
pluraliste que l’administration américaine
elle-même se décidait à
généraliser le PPBS, sa plus grande entrep
rise à ce jour de ratio-
nalisation des activités publiques, selon le
modèle synoptique !.
Le paradoxe vaut qu’on s’y arrête.
La critique négative de
Lindblom est parfaitement valable contr
e les illusions rationalistes
270
LE PROBLÈME DE LA RATIONALITÉ DES DÉCISIONS
op. cit.
1. Cf. C.E. Lindblom, /ntelligence of Democracy,
271
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
272
LE PROBLÈME DE LA RATIONALITÉ DES DÉCISIONS
|
1. Les hommes et les décideurs ne savent jamais très bien ce
=
qu’ils veulent ;
2. ils découvrent leurs buts, souvent des buts nouveaux, à tra-
vers leur expérience, c’est-à-dire à travers leurs décisions.
Albert Hirschman, dans un ouvrage à la fois précis, pertinent
et plein d'humour, tire la leçon d’une série de grands projets
financés dans des pays en voie de développement par la Banque
mondiale ‘. Ces projets, dont les coûts et avantages avaient été
étudiés avec beaucoup de soin selon le modèle rationnel, auraient
été considérés comme des échecs du point de vue de la logique
rationnelle. Leur coût s’est avéré bien supérieur aux prévisions, et
les avantages qu’on en espérait ne se sont pas matérialisés. Mais,
ce qui, du point de vue de la logique de la rationalité classique,
devait être considéré comme un échec pouvait, en revanche, être
considéré comme un succès du point de vue du développement.
La situation difficile, éventuellement dramatique, dans laquelle on
s’est trouvé du fait de ces mécomptes, a fait découvrir, en effet,
aux responsables des ressources nouvelles et des solutions auxquelles
il n’était pas possible de penser à l’avance et qui ont permis
finalement d’atteindre d’autres objectifs aussi intéressants ou même
plus intéressants. Le cas le plus spectaculaire est celui de cette
entreprise textile montée pour traiter le jute dans une région nou-
velle du Bengale et qui s’est trouvée paralysée par la découverte
que la matière première, pour l’utilisation de laquelle on avait
monté le projet, serait inutilisable pendant plusieurs années, car
la malchance avait voulu qu’on soit tombé dans la mauvaise période
du cycle biologique de cinquante ans de ces plantes. Pour sauver
le projet, on a été obligé de chercher d’autres matières premières
et, ce faisant, on a découvert des ressources nouvelles qui ont
permis un progrès considérable.
Reprenant Adam Smith, Hirschman suggère que dans l’action
l’homme n'est pas seulement guidé par une main invisible, il a
aussi besoin d’une main cachante*, sans laquelle il ne réussirait
pas à se lancer dans de grandes entreprises et n’apprendrait rien.
Pour apprendre, il faut agir sans encore connaître, donc prendre
un risque qu’un calcul trop serré des coûts et avantages rendrait
impossible. Le modèle rationnel fige l’action au niveau des connais-
sances établies, bien sûr extrêmement imparfaites, et ne permet
1. A. Hirschman, Development Projects Observed, Washington, Brookings
Institution, 1967, 197 p. é
2. En anglais, le jeu de mots est plus direct : à la Hidden Hand d'Adam
Smith, Hirschman oppose la Hiding Hand.
273
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
274
LE PROBLÈME DE LA RATIONALITÉ DES DÉCISIONS
275
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
276
LE PROBLÈME DE LA RATIONALITÉ DES DÉCISIONS
jeux que jouent des décideurs au sein des systèmes d’action dont
ils font partie et à des choix stratégiques personnels effectués
par les individus en fonction de ce contexte. : #3
Reprenons le premier type de contraintes. Il est bien évident
que non seulement il n’y a pas d’optimum universel, mais que les
critères de rationalité varient beaucoup d’une culture à l’autre.
Ce qui est considéré comme rationnel en Europe ne le sera pas
au Moyen-Orient. Même pour un problème aussi théoriquement
universel que les marchés de consommation, il apparaît bien que
les critères de satisfaction employés par les ménages américains
et les ménages français en ce qui concerne leurs achats ne sont
pas les mêmes. Parlera-t-on d’erreurs de choix, ou d’arriération
des acheteurs, ou de marché imparfait ? N’est-il pas plus raison-
nable et beaucoup plus utile d'analyser les critères de satisfaction
employés et de rechercher comment ils sont établis ?
Les normes qu’un individu utilise sont le résultat d’un appren-
tissage culturel, c’est-à-dire d’une socialisation renforcée par les
sanctions de l’environnement. Mais on peut les considérer, en
même temps, comme un construit social et remarquer qu'elles
constituent une des dimensions essentielles, par exemple, de l’exis-
tence d’un marché. On peut aussi noter que ces normes se trans-
forment sous l’effet des multiples contributions tirées des expé-
riences individuelles et collectives, mais que l'éducation joue un
rôle croissant dans leur développement en diffusant les progrès
de la connaissance, mais aussi les modes d’appréhension du réel
et les paradigmes intellectuels qui les soutiennent et en sont le
résultat. C’est dans ce cadre que les mesures et l'idéologie de la
rationalité exercent leur influence. De la même façon que la dif-
fusion de la comptabilité en partie double a transformé les critères
de satisfaction employés par les commerçants de l’époque pré-
capitaliste pour effectuer leurs choix, le développement de nou-
velles conceptions de la rentabilité et leur diffusion par les Business
Schools américaines ont élevé le niveau général des critères de
satisfaction des entreprises occidentales :.
De façon plus générale, aux critères de rationalité traditionnels
sur lesquels repose l’existence d’un système social : confiance dans
278
LE PROBLÈME DE LA RATIONALITÉ DES DÉCISIONS
279
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
280
LE PROBLÈME DE LA RATIONALITÉ DES DÉCISIONS
par de nombreux décideurs qui savent que la réussite dans ce
domaine leur apportera des gains considérables. Mais une amé-
lioration ne peut certainement pas s’obtenir par le libre jeu de
l'ajustement mutuel qui donnerait la meilleure rationalité « natu-
relle », mais par un effort constant de construction et de restruc-
turation des systèmes d’action. Que cet effort soit la plupart du
temps mal conçu, fondé sur des prémisses intellectuelles fausses,
ne l'empêche pas de se poursuivre et de donner des résultats.
C’est ici que nous retrouvons le problème de l'apprentissage.
Aucune théorie fondée sur une mesure des coûts et avantages de
chaque effort, de chaque investissement, en effet, ne peut avoir
d'utilité pour un tel problème, puisque c’est par l'expérience que
le décideur apprend ce qui était possible et qu’il recherchait sans
en avoir vraiment conscience. S’il était capable de guider le chan-
gement en disposant d’une théorie suffisamment concrète sur les
modalités et les conditions de l’apprentissage collectif, il pourrait
certainement améliorer cette dimension particulière de ses choix.
Nous retrouverons le problème dans la dernière partie de cet
ouvrage.
TT sir tk
ÉERTS Hnisbrrafr 60;
Féragr den Isis
ue
RE
court sb Miastares ob LE
6 Maqiq 5 Reine tr nue | |
rater ete étang 26.302! re
EN ER FANT 2-0 ebrsmmob-shifs Serge
4 ee dé F3
Fées tab bon Si ammgrnsutes:
amd ein
Agnes to emo testsdo a
over ae soie
e pare
283
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
284
DEUX CAS D’ANALYSE EMPIRIQUE
288
DEUX CAS D’ANALYSE EMPIRIQUE
289
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
290
DEUX CAS D’ANALYSE EMPIRIQUE
d) L’apport sociologique.
291
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
292
DEUX CAS D’ANALYSE EMPIRIQUE
1. Les deux études ont été faites à la même époque à Harvard. Leurs
résultats ont été longuement discutés conjointement et avec quelques autres
dans un séminaire consacré à l'impact de la bureaucratie, sur les décisions
au Kennedy Institute of Politics (1967-1970), sous la direction de Richard
Neustadt et Ernest May.
2. Cette découverte corroborée d’ailleurs par beaucoup d’autres observa-
tions empiriques met en question les prémisses sur lesquelles raisonne
Galbraith dans ses analyses de la techno-structure et en particulier son
modèle de conditionnement des consommateurs conjugué avec la planifi-
cation du développement. Comme toujours, les adversaires du système
tendent à en surestimer la rationalité que, peut-être secrètement, d’ailleurs,
ils admirent. Même les plus sophistiquées des firmes américaines sont très
loin de cette rationalité. Leurs progrès, d’ailleurs, se sont effectués depuis
longtemps bien davantage dans le sens d'une diversification permettant une
stratégie plus souple d’adaptation que dans celui d’une planification qui
risque de geler les ressources. Cf. J. K. Galbraith, The New Industrial State,
Londres, Hamilton, 1967.
293
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
1. 1 est évident, par exemple, que l’échelon corporate ne peut pas faire
varier à sa guise les critères de rentabilité. Il est contraint dans cet exercice
à la fois par les caractéristiques du ou des systèmes d’action qu’il gouverne,
et par les caractéristiques et règles du jeu de systèmes d’action plus larges
à l’intérieur desquels se place son action. Il n'empêche que ce n’est qu’à
travers la manipulation des critères de rentabilité (critères de satisfaction)
qu’il peut indirectement agir sur les unités à la base.
296
DEUX CAS D’ANALYSE EMPIRIQUE
299
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
300
LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
302
LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
305
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
306
LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
1. La très longue absence des Français parmi les prix Nobel de médecine
a joué un rôle psychologique très important.
307
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
308
LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
Après dix-huit mois de luttes parlementaires et de négociations
profondément marquées par les péripéties d’un très vif débat public,
une loi complexe a été votée qui, malgré de très nombreux
compromis rendus nécessaires par les négociations, a transformé
profondément le système de traitement des malades mentaux
juridiquement, avec la réforme du statut des malades ; institution-
nellement, grâce à l'établissement de centres de soins dans des zones
territoriales restreintes (communities). La détermination du groupe
d’action, sa persévérance, son habileté ont été couronnées de suc-
cès, malgré les pronostics de départ très défavorables qu’avaient
émis les spécialistes de la politique californienne sur ses chances
de succès. Certes, la loi nouvelle présente beaucoup de difficultés,
mais la collaboration avec les professionnels s’est beaucoup mieux
engagée qu’en France. Beaucoup de problèmes d’application ont
été résolus à l’avance, au cours des négociations, et la mise en
œuvre n’a fait que poursuivre le processus engagé au cours de
l'élaboration. Il y a moins de distance entre les intentions et les
réalités de la réforme, et ses résultats sont cumulativement beau-
coup plus positifs que dans le cas de la réforme hospitalière fran-
çaise.
A cause de sa richesse même, la comparaison entre ces deux
réformes, qui présentent tant de similitudes, peut conduire à des
réflexions très différentes, selon qu’on s'attache aux différences
culturelles entre la France et les Etats-Unis, qu’on se concentre
sur les conséquences de chacune des stratégies choisies ou qu’on
porte l’accent sur le rapport entre ces stratégies et les systèmes
d’action concrets à l’intérieur desquels elles se sont inscrites.
Essayons d’abord de développer le raisonnement le plus simple,
qui consiste à comparer les conséquences de chacune des stra-
tégies employées qui constituent, à première vue, la grande diffé-
rence.
Le choix d’une stratégie de rupture par le groupe français l’a
conduit à sous-estimer les difficultés d’application de sa réforme,
à oublier qu’il s’attaquait à un système d’action très complexe et
à s’imaginer, à tort, qu'il pouvait imposer une structure nouvelle
simplement parce que cette structure devait être théoriquement
plus efficace. Les Californiens, en revanche, qui ont eu le courage
d’accepter les contraintes et les risques du débat parlementaire et
du débat public, ont dû constamment reformuler leurs propositions
sous la pression des professionnels et pour tenir compte des réac-
fait
tions de l'opinion. Mais l’acceptation de ces risques leur a
gagner une compréhension précieuse du problème, ce qui a rendu
309
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
leur réforme plus efficace. Ils ont découvert, d’autre part, qu’ils
pouvaient utiliser l'opinion publique pour faire pression sur les
professionnels et qu’ils pouvaient plus généralement faire évoluer
le système tout entier en utilisant l’arme du débat public pour le
soumettre à la pression de l’ensemble social.
Nous pourrions donc tirer de cette première lecture de nos cas
une conclusion qui se placerait dans la perspective de Lindblom )
supériorité d’un modèle de négociation sur un modèle de TUp-
ture.
Mais chacun de nos cas se déroule dans un contexte culturel très
différent, et nous pouvons remarquer qu’aussi bien les modèles de
raisonnement utilisés par chaque groupe de réformateurs que les
relations qu’ils avaient avec les appareils institutionnels et que les
réactions mêmes de ces appareils correspondaient à des traits cul-
turels maintes fois relevés, qui font des Américains un peuple prag-
matique porté à la négociation et des Français un peuple doctri-
naire porté à la rupture.
À partir de la constatation que chaque stratégie peut être consi-
dérée comme l'expression d’un modèle culturel, on peut
d’abord
relativiser la conclusion précédente, à savoir que le modèle
de
négociation n’est supérieur que dans certaines cultures ‘. A
partir de
là, et de façon contradictoire, on peut soit proposer aux Français
de s’efforcer de changer de modèle culturel, puisque
le modèle
qui conduit à la négociation est supérieur à celui
qui privilégie la
stratégie de rupture?, soit leur conseiller d'adopte
r pour réussir
dans le contexte français une stratégie à la français
e.
De tels « conseils », on le voit bien, aboutissent
soit à des bana-
lités, soit à des absurdités, soit aux deux à la fois. C'est
qu’ils
ignorent les faits qui ne sont pas si clairs. Les travau
x de Wildavsky
montrent l’impuissance totale de certains systèm
es de décisions
américains qui comportent aussi bien des stratégies de ruptur
fléchies (par exemple, l’organisation de la lutte e irré-
contre la pauvreté
sur le modèle de la grande « rupture » syndic
ale du New Deal)
que des mécanismes de négociation parfai
tement bloqués (le cas
étudié par Wildavsky et Pressman en est un
bon exemple *).
310
LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
311
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
312
LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
314
LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
315
LES PROBLÈMES DE LA DÉCISION
politique industrielle ‘. Dans son ouvrage, sur la fin de l’adminis-
tration républicaine, Pierre Grémion a mis en lumière l’opposition
entre la rationalité de l'intérêt général, incarnée par le préfet, et
les rationalités locales, incarnées par les maires’. Le même pro-
blème a été ensuite analysé par Crozier et Thoenig °,
Si l'existence de rationalités opposées est moins apparente dans
le monde des entreprises, elle n’en est pas moins extrêmement vive,
derrière la surface et l’apparente domination de la rationalité du
profit. Les rationalités des ingénieurs de production, des commer-
ciaux, des financiers, des hommes de la recherche sont très diffé-
rentes. La lutte entre ces groupes est une lutte complexe qui a
des raisons structurelles et qui se développe, comme nous l’avons
montré, en jeux très organisés, mais c’est aussi une lutte de ratio-
nalité. La solution d’un problème dépend de la manière dont il
aura été défini. Selon la rationalité qui s’appliquera, on pourra
prévoir à peu près comment il sera résolu. La lutte, la plupart du
temps, ne consiste pas tellement dans une discussion ouverte des
coûts et avantages, c’est une lutte sur la définition du problème,
c’est-à-dire sur la rationalité qui s’appliquera. Car les partenaires
savent trop bien qu’une fois cette définition imposée, l’orientation
de la décision aura déjà été très fortement structurée. D’où l’ex-
trême importance que les acteurs accordent aux délimitations des
compétences et aux libellés de problèmes, importance qui autrement
serait absurde et incompréhensible.
Comment ces diverses rationalités peuvent-elles s'intégrer? Le
problème est d’autant plus difficile que chacune d’elles est plus
affirmée. L'analyse empirique nous donne plutôt l'impression de
la
prédominance au coup par coup de l’une ou l’autre rationalit
é en
fonction de caractéristiques bien particulières du jeu. L’accommode-
ment, l'intégration, dans beaucoup de cas, semble se faire davan-
tage par la force des situations acquises, par la « pesanteu
r des
arrangements structurels » que par négociation ouverte. D’où
l’im-
portance capitale des changements de structure, d’où
aussi la résis-
tance des groupes concernés qui, grâce à leur cohésion,
grâce à
leurs « expertises » particulières, ont pu établir leur «
monopole »
sur un champ d’action ou sur une classe de problèmes particuli
ers et
qui, de ce fait, se sentent directement menacés par des
changements
1. Cf. E. Friedberg et D. Desjeux, « Fonctio
ns de l'Etat et rôle des grands
corps : le cas du corps des Mines », art. cit.
2. Cf. P. Grémion, Le Pouvoir périphérique,
op. cit.
3. Cf. M. Crozier et J.-C. Thoenig, « La régulat
ion des systèmes organisés
complexes », art. cit.
316
LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
318
LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
320
| LA DÉCISION COMME PHÉNOMÈNE DE CHANGEMENT
bi a
es nr a pd sine
nn me ao dé mé
RATE up se pan
MOSS sde Ve & D oi
FEB on | s FPE
SPC
+ ë TE:
Le
Los LESOTREs Ge gré >
- sh déaspaoner eut et à
ÉD LS “He ERP TE EG tonSEE
SU ef be ARR Mar 084 An orUT en an
ET PMER Piod hs EME) 261 PRAERRS ANR SANT ShAirelr Di
fuite Dom ske Feu arisés HEC FRE ne oBr0 EM
PROSHE SRE ES Ro NpINNSE Smec Je rang Rt
À Le FE Shot RAA Sn réf
see sinrénots sde 1e are eu rnb ph
RROÉR T
ARSNUUOE Le re DOM
Fra Fe MÉn Pere ent der betaPEUR GR Be 49 L
on de codbe ns
lice SMUT-ssmmet 4e Date FF 4h Sunte NS pue
| seit MESArares Sur CO Etap Pb € “auf in besreteu.
s anciens nanel epirén 2#6 :SR
de Eipadtes
ere: 24 ?
REQUEES on d'etre td ire Haÿré dec HT
été his
À ét adding leo ee Ranss do St
ÿ S RSS 4 a Pa tr datée pee re pe
1e fre NS PET AT ER Le EN +
etes 3 Rp a
PS sie PES TR
: rca BANREN LE BUS CR
Fr ss seke Fos a°% skaAS Tin ARE: Goes PARTOUT
voir <L'oireenoe 8F-SMu:defT tibiorg RU r 3
| sp àSrsèah. PRO see SU. QE PES D ERats . y A
1 RACE dae PEUTES 5 toy +70 Lien Gers vtt
RE sale SAME “abat to A em à nos. jt
vÉhañoitrgl ab ea: rétine ul ÉD R Ai taie à
E1y08 Moon Sañoter St lappel. tn
4.1 Pis
pe |
CODES EE kw A É
raser nspes
se
| nf Er
CINQUIÈME PARTIE
Réflexions
sur le changement
F SITAAN Po ve
La noix “e
nains nsto al we
PRES me.
CHAPITRE XIII
Le changement
comme phénomène systémique
325
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
326
| LE CHANGEMENT COMME PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
327
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
329
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
posé n’est donc pas d'éviter les crises et les ruptures ou de les
remplacer par une évolution graduelle. C’est de comprendre
comment et à quelles conditions une crise peut être au départ de
mécanismes d’innovation et non pas de mécanismes régressifs.
Enfin, la substance même du changement est, elle aussi, un pro-
_ blème sociologique qui doit être abordé avec prudence, mais auquel
le sociologue ne doit pas se dérober.
Si l’on cherche à distinguer, parmi les innombrables changements,
ceux qui correspondent le mieux aux aspirations des hommes à pas-
ser à un stade nouveau, plus élaboré et plus satisfaisant, de l’expé-
rience humaine, une autre réflexion devient nécessaire. Critiquer
les formules simplistes, mécanistes, trop déterministes ou trop
rigides, qui font tenir un système économique ou social dans une
formule, ne signifie pas qu’il n’y ait pas de différences entre les
systèmes et les sociétés et qu’il n’y ait pas de problème pour passer
d’un système moins diversifié, moins riche et moins capable d’at-
teindre des buts et de réaliser des entreprises à un système plus
diversifié, plus riche et plus capable .
Qu'est-ce qui différencie réellement ces systèmes auxquels nous
avons donné à dessein pour le moment ces attributs très vagues ?
Ce n’est pas l’arrangement des éléments ni la variable dominante.
N'est-ce pas plutôt la capacité à tolérer une diversité, une incohé-
rence, une ouverture plus grande et à gérer les tensions inévitables
qui en résultent? Au niveau du système, cette réflexion soulève le
problème des capacités collectives organisationnelles ou systémi-
ques et des conditions de leur évolution ou plutôt de l’apprentis-
sage ou même, si l’on veut, de la conquête par les hommes de
capacités plus grandes.
N'est-ce pas dans cette perspective une vue trop simpliste que
celle qui restreint l’histoire au jeu des intérêts ? La logique des
intérêts aurait toujours mené à des impasses si le développement
des capacités n’avait, chaque fois, permis de changer de modèle de
rationalité et de redéfinir les intérêts eux-mêmes en même temps
que les problèmes et la nature des construits d’action collective
et des jeux permettant de les traiter.
1. Nous n’osons dire plus épanouissant pour les hommes. Il est certain
moins
qu’une société tribale esclavagiste est moins diversifiée, moins riche et ou
postcapitaliste
capable de réaliser des entreprises qu’une société libérale
y sont moins
de capitalisme « avancé ». Mais peut-on dire que les hommes
? Le relativisme culturel dominant nous interdit pour le moment
heureux
de le penser.
331
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
332
LE CHANGEMENT COMME PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
334
LE CHANGEMENT COMME PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
336
LE CHANGEMENT COMME PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
divers groupes qu’ils constituent opéraient dans un ensemble par-
faitement fluide et homogène, sans possibilité de rapports de dépen-
dance, la supériorité de la logique incrémentale serait évidente. Mais
tel n’est pas le cas, et s’il est possible de préconiser le développement
de systèmes plus transparents, il n’est même pas possible de rêver à
l'établissement d’un système dont la transparence serait telle que
la logique de l’ajustement mutuel suffirait à supprimer inégalités,
injustices et dysfonctions :.
Dans le contexte des organisations et des systèmes d’action
concrets, tel que nous le vivons et tel que nous pouvons même avec
optimisme l’imaginer, nous avons en effet affaire à des ensembles de
jeux inégaux, structurés autour des nœuds de pouvoir qui corres-
pondent au contrôle que les individus et les groupes peuvent exer-
cer sur des zones d'incertitude clefs pour le fonctionnement satis-
faisant ou la survie de l’ensemble. L’ajustement mutuel des parties se
fait effectivement dans ces jeux, mais cette meilleure solution à la-
quelle il aboutit ne peut être considérée comme rationnelle que par
rapport au sous-système au niveau duquel elle s’effectue. Elle ne
fera donc, en fait, que renforcer les cercles vicieux dysfonctionnels
de dépendance, de non-communication et de contrôle que toute
organisation structurée entretient.
L’ajustement mutuel entre acteurs s’avère ainsi non seulement
un processus aveugle, mais surtout un processus profondément
conservateur qui tend à renforcer les équilibres ou déséquilibres de
pouvoir existant. Certes, un certain nombre d’adaptations peuvent
s’opérer dans ce cadre. Un dirigeant réaliste et/ou cynique pourra
même laisser s’exacerber les inégalités et dysfonctions qu’il produit
pour les rendre visibles à tous et justifier ainsi son intervention.
Mais il ne pourra en aucun cas s’abandonner à ce mécanisme pour
faire émerger le changement. Toute initiative de sa part visant à
transformer non pas seulement la structure formelle, mais la structu-
ration profonde de tels systèmes suscitera donc la résistance des
participants. Même si les individus sont en majorité favorables à un
tel changement comme individus, la somme de leurs jeux dans le
cadre du système en place constituera un obstacle naturel à ce qui
devient une véritable réforme, c’est-à-dire une transformation de la
nature des jeux joués dans le système.
On le voit bien : toute approche voulant réduire le changement
dirigé à un choix entre une logique synoptique et une logique incré-
mentale, voire à un compromis plus ou moins boiteux entre les deux,
337
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
de nouvelles capacités.
339
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
340
LE CHANGEMENT COMME PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
342
LE CHANGEMENT COMME PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
343
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
vicieux anciens en dehors desquels ils ne savent ni ne peuvent
main-
tenir une capacité d’action suffisante :.
344
LE CHANGEMENT COMME PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
345
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
par la richesse. Ce sont les sociétés les plus avancées qui ont le
plus de chances d’inventer du nouveau :. Ce sont les ensembles qui
sont le moins étroitement intégrés et qui disposent de plus de
ressources qui peuvent le plus facilement se transformer *.
D'où l’intérêt majeur de la décentralisation et de toutes les
formes viables d’autogestion pour accélérer le changement. D’où
le grand risque de tout modèle trop intégré, trop cohérent et trop
rationnel de planification ou de gouvernement.
Deuxième remarque pour corriger la première.
Tout apprentissage requiert rupture, tout changement véritable
signifie crise pour ceux qui le vivent. Aucun apprentissage ne peut
s’effectuer dans le cadre d’une évolution graduelle harmonieuse.
Une certaine idée de la supériorité du gradualisme anglo-sa
xon,
réparue avec la théorie de l'ajustement mutuel que nous avons
critiquée, est une idée tout à fait superficielle. Si l'Angleterre
et,
plus tard, l’Amérique ont mieux réussi dans une période donnée
leur
apprentissage collectif, c’est parce qu’elles étaient plus riches,
que
leur intégration était assurée par des moyens moins contraign
ants et
qu’elles disposaient donc de plus de ressources en général
et de plus
de slack dans leurs systèmes d’action. Elles ont pu ainsi
plus facile-
ment payer le prix, souvent très élevé. du changement,
sans effectuer
de régression. Mais, derrière les courbes de développement,
on peut
distinguer au moins autant de crises et de ruptures
que dans les
pays non évolutionnistes ?,
Si l'ajustement mutuel n’est pas suffisant pour
faire émerger un
modèle nouveau, c’est que des initiatives et un
leadership humain
sont indispensables. Le modèle sous-jacent au
changement positif,
à l’apprentissage collectif, est alors celui de
la crise non régres-
sive, c’est-à-dire surmontée par apprentissage.
Toute rupture risque
d'entraîner régression. Pour qu’une rupture
puisse entraîner, au
contraire, des phénomènes positifs d'appr
entissage, il faut qu’à
un moment où à un autre il y ait intervention
d’une responsabilité
humaine individuelle. Si l’on veut vraiment
le changement, il faut
346
LE CHANGEMENT COMME PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
A nr pesLo ons
on HA ane toug à g.
nlapiqns À a
né à node x sf
40 STE GA Diner Er
qui itob bnoenlhisieo due ne NS
dé AACA-MENS RS anrate hotte JEU de FO LT
RCA PrEor RG DEÎX, ere très Ét n - Ou Change
er}, ARNÉ
te régresson Mat, derrière les couebes de FT nn |
distinguer an is. nos 9
sy sé de crée dr de de di
ANS of Cho
J
L'ASIrENE, 72 te4 h'OgE-piarx suffisant por
pa taire:
robe, d'est que. des initinrives et di
ktdership.
son iodspensables, Le mndbis-sousiicen
t su chansement
À: Fénie eAisags CNlectif, set -ahors-cetut
de la rio HO
FR, Léfe re SUrmMmOnL se par apPrET Us4sge,
Tôte : thpt
r ristiom Pour. qi'uné FAAMEE- puisse en
vis, sem shénormänes positifs ApPOD Sage rine
Sas
, N te
Du à nt NO Y at Ines trorition ve
CDATES
aRuge Hiiioqueile # (On VAUt vralraent Je Shane
350
RÉFLEXIONS SUR L'INTERVENTION
351
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
354
| RÉFLEXIONS SUR L'INTERVENTION
|
356
RÉFLEXIONS SUR L’INTERVENTION
comprendre la signification, d'organiser des séances très approfon-
dies de comptes rendus de résultats avec tous les membres de l’en-
cadrement concerné :.
Cette opération assez longue, puisqu'il fallut constituer une
vingtaine de groupes de dix personnes qui chacun furent réunis trois
fois, environ deux heures chaque fois, permit de découvrir quel-
ques éléments nouveaux pour comprendre la stratégie des compor-
tements qui nous semblent décisifs pour le diagnostic d’un système
dans une perspective de changement.
Les participants à nos expériences furent tout d’abord tous
profondément traumatisés par la révélation des jugements sévères
portés par leurs subordonnés à leur égard ?.
En revanche, quand, au cours de la deuxième séance, ils découvri-
rent à la lecture des résultats concernant leur propre comportement
que celui-ci s’inscrivait dans une sorte de déterminisme général qui
assignait à chacun en fonction de son rôle des points de vue et une
façon de se comporter déterminée, ils furent immédiatement passion-
nés, s’exprimèrent avec abondance et intelligence, posèrent énormé-
ment de questions et suggérèrent des analyses supplémentaires *. Ils
avaient instinctivement compris que cette mise en perspective de
leurs difficultés permettait de les interpréter de telle sorte qu'ils
357
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
358
RÉFLEXIONS SUR L'INTERVENTION
359
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
360
RÉFLEXIONS SUR L'INTERVENTION
363
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
Fe 364
RÉFLEXIONS SUR L'INTERVENTION
365
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
366
RÉFLEXIONS SUR L'INTERVENTION
368
RÉFLEXIONS SUR L'INTERVENTION
369
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
370
RÉFLEXIONS SUR L'INTERVENTION
371
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
372
RÉFLEXIONS SUR L'INTERVENTION
373
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
Nous avons tout au long de cet ouvrage écarté autant que possi-
ble le problème des finalités. Non pas que nous pensions que les
moyens doivent commander les fins et la tactique avoir le pas sur
la politique, mais, parce que, dans la perspective de recherche qui
est la nôtre, il est indispensable de connaître d’abord les contraintes F
du ‘contexte et les ressources et opportunités des acteurs, avant
d’aborder le problème de la finalité de leur action. Nous voudrions
maintenant, en guise de conclusion, et à propos de ce problème
crucial que constitue pour la réflexion sur le sens de l’action le
problème du changement, nous demander quelle contribution nos
analyses nous permettent d’apporter au débat sur les finalités pos-
sibles et souhaitables du changement.
375
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
376
LES FINALITÉS DU CHANGEMENT
377
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
378
LES FINALITÉS DU CHANGEMENT
380
LES FINALITÉS DU CHANGEMENT
soulève pas les mêmes oppositions si l’on veut tenir compte objec-
tivement des contraintes de la pratique. Car dans chacun d’eux on
retrouve le même choix très simple de finalité : il est moral et
souhaitable d’'émanciper autrui, de le rendre plus maître de lui, plus
autonome, plus capable de décider par lui-même. Certes, conditions
suspensives et réserves implicites existent chez la plupart des tenants
de chacune de ces doctrines *. Mais la seule divergence sérieuse porte
sur les problèmes d’application, non sur une opposition des valeurs.
Dans la mesure où l’analyse fait apparaître la liberté réelle d’action
des responsables aux divers niveaux, ces réserves ne constituent plus
des préalables mais des contraintes dont il faut simplement tenir
compte. Nous passons de l’impératif moral catégorique impossible à
transcrire dans la réalité, utilisable donc seulement comme arme dans
la discussion, à des problèmes plus épineux parce que vécus plus
profondément, mais que la connaissance et l’expérience, sinon l’expé-
rimentation, peuvent éclairer et sur lesquels l’action qui s'engage
peut rencontrer au moins un consensus implicite *.
Une exploration plus consciente des solutions opérationnelles à
la base, fondée sur une responsabilité plus clairement assumée des
participants à qui on reconnaît leur marge de liberté, permet
d’abord de découvrir quantité de problèmes qui n’auraient pas été
autrement aperçus. Elle permet, en second lieu, d'aboutir à des
compromis de bon sens et à une reformulation plus pratique des
objectifs. Elle permet, enfin et surtout, la découverte et l’appren-
tissage de modes de relations nouveaux qui suppriment ou transfor-
1. Ces réserves, qui constituent autant de barrières à l’action commune,
ne correspondent pas seulement — comme on le croit trop souvent — à
des contraintes techniques, à des intérêts acquis et/ou à des rapports de force,
mais aussi à l’existence d’autres finalités : protection de la personne, respect
de l'égalité, respect du droit à l'indépendance, à la non-participation, main-
tien de l'efficacité. Toutes ces valeurs sont sinon partagées au niveau cons-
cient, du moins profondément vécues à la base, qui est pour cette raison,
la seule à pouvoir arbitrer entre elles.
2. Cela ne signifie pourtant pas qu’on puisse s’en remettre aux opération-
nels de base pour trouver des solutions à tous les problèmes ou même
simplement à leurs problèmes propres. Nous avons trop critiqué le modèle
de l’ajustement mutuel pour le penser. Pour que les opérationnels puissent
parvenir à changer, il faut d’abord que les efforts au niveau supérieur
aient permis d'offrir des opportunités nouvelles permettant de débloquer
des systèmes de cercles vicieux. Il faut souvent aussi que la voie ait été
ouverte par des initiatives, des prises de risque qui impliquent la reconnais-
sance du caractère irréductible de la liberté humaine et de son arbitraire.
Mais si des innovations sont indispensables, cela signifie un dialogue intuitif
base-sommet, sommet-base et non pas un projet rationnel répondant à
l'avance à toutes les questions.
381
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
382
LES FINALITÉS DU CHANGEMENT
383
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
pratique, au contraire ; l’un entraîne immanquablement l’autre.
Or, si on veut bien nous pardonner ce qui peut apparaître comme
une boutade : l’autogestion, pas plus qu'aucune autre finalité, ne
se
décrète. Et moins que toute autre finalité, elle ne peut se réaliser
par
la contrainte ou par l’endoctrinement idéologique, fût-il appelé
éducation. Dès lors, l’autogestion, si on veut bien y regarder,
n’est
pas une solution, c’est un problème sur lequel et en vue
duquel la
réflexion doit s'exercer, mais qui nous semble encore
mal posé
par ce qu’il est convenu d’appeler le « projet autogest
ion-
naire ».
Nous pensons, en effet, que la réflexion autogestionnai
re actuelle
ne permet pas de bien poser les problèmes de change
ment, parce
qu’elle ignore généralement encore le caractère crucial
des phéno-
mènes de pouvoir et que même ses avocats les plus
sophistiqués qui
commencent à en entrevoir l'importance commettent
eux-mêmes
des erreurs sur leur signification.
Au fond, le projet autogestionnaire cache une finalité
implicite
généreuse, mais impossible, dont la poursuite est vaine
sinon dange-
reuse : la suppression de tout pouvoir. Nous toucho
ns ici à la
seconde difficulté, la plus profonde, qui est d’aille
urs — par le
raisonnement qu’elle fonde — au moins partiellement
à l’origine
de la première.
Tant que les partisans de l’autogestion n’auront
pas admis que
les relations de pouvoir constituent une des compos
antes essen-
tielles des relations de coopération et des relatio
ns humaines en
général et qu’elles ne pourront jamais être extirpées,
ils risqueront,
dans leurs interventions, de créer le contraire de
ce qu’ils cher-
chent. La seule façon de régulariser et de morali
ser les problèmes
de pouvoir, c’est de les forcer au grand jour pour
éviter la conso-
lidation de situations de force et la cristallisatio
n de relations de
dépendance stables autour de ces situations.
Si l’on veut, au con-
traire, imposer un schéma autogestionnaire trop
« démocratique »,
c'est-à-dire égalitaire, il ne sera respecté que
de façon rituelle et
on ne parviendra pas à prévenir la florais
on des manipulations
les plus diverses et Jeur cristallisation aux points
clefs du système.
Si, pour empêcher cela, on décide de procéd
er à un contrôle étroit,
On pourra peut-être imposer un modèle en
apparence plus collec-
tif pour prendre les décisions et les faire respect
er, mais les rela-
tions de pouvoir chassées de la scène
officielle se réintroduiront dans
tous les interst
ices de la machine reproduisant les dysfon
ditionnelles de la bureaucratie. Plus précis ctions tra-
ément, c’est autour des
problèmes que ne peut manquer de constit
uer l’accès aux nœuds du
384
LES FINALITÉS DU CHANGEMENT
système ‘ que vont se cristalliser les structures de dépendance nou-
velles et c’est autour de ces structures de dépendance qu’on verra
se développer les cercles vicieux classiques *.
Même un avocat de la nouvelle vague autogestionnaire aussi
averti et prudent que Pierre Rosanvallon * commet la même erreur
quand il parle de l’appropriation collective des moyens de pouvoir
comme mot d'ordre plus large et plus efficace que la classique
appropriation collective des moyens de production. S’il a bien aperçu
que les problèmes de pouvoir étaient centraux, il ne comprend pas
que, parce qu’il est une relation et ne peut donc se posséder, le pou-
voir ne peut pas plus s’approprier et se distribuer collectivement que
la confiance ou l’amour. Certes, on peut s’approprier l’autorité dans
la mesure où celle-ci est une fonction ou un rôle légitimé et formalisé.
Mais l’appropriation de l’autorité et sa « distribution » aux exécu-
tants ne permet pas d’éliminer les relations de pouvoir. Après avoir
accompli cette révolution, on se trouvera exactement dans la même
situation que si l’on avait ignoré leur existence en se contentant des
schémas de démocratie formelle.
Ce qui est en question ici, c’est encore au fond la possibilité de
créer une société vertueuse. Et ce qui nous paraît dangereux dans le
mythe de l’autogestion, c’est que ses protagonistes détournent, en
toute bonne foi cela va sans dire, des valeurs profondément ressenties
dans l’expérience quotidienne pour les intégrer dans une nouvelle
hérésie chrétienne semblable à celles qui ont secoué l'Occident
depuis le Moyen Age.
L’autogestion certes reste un problème, si l’on accepte d’appeler
problèmes d’autogestion les problèmes que rencontre toute réforme
qui vise, au sein d’un ensemble humain qu’on puisse appréhender
intellectuellement et par une action contrôlée, à assurer l’éman-
cipation la plus large de ses membres. L’autogestion apparaît alors
comme un problème essentiel, peut-être le problème le plus impor-
1. On peut noter ici que le problème de l’accès, qui est la conséquence
d’un choix arbitraire humain, crée un problème objectif pour l’action collec-
tive qui va orienter la réponse (active) des hommes, le développement d’un
construit à nouveau arbitraire. Il n’y a rien de « naturel » là-dedans, sauf
l'existence d'une logique insurmontable qui mène de la restriction involontaire
de l’accès au développement pathologique des cercles vicieux.
2. C’est bien le cas de la Yougoslavie qui, si elle n’a pas rejoint l’Union
soviétique, a retrouvé bien des complications de l’appareïl dont elle avait
cru se débarrasser et qui s’épuise, elle aussi, dans d’inextricables dysfonctions.
C’est aussi le cas de la Chine populaire qui aura poussé plus loin que toute
autre société moderne ce modèle de la société vertueuse d’où se trouve
bannie, du moins sur le plan formel, toute trace de pouvoir individuel.
3. P. Rosanvallon, L'Age de l'autogestion, op. cit.
385
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
386
LES FINALITÉS DU CHANGEMENT
lui-même et qu’il ne sera jamais, pour reprendre la boutade de
Malraux, tout à fait une grande personne. Mais cette formulation
elle-même ne rend pas compte d’un autre élément du problème,
la liberté de l'individu et son besoin de protection ‘. Tout le monde
ne peut, ne veut, ne doit toujours expérimenter. Un système certes
peut être, doit être toujours en mouvement, mais cela ne signifie
pas que tous les individus qui le composent doivent l'être. L’honneur
de l’homme est d’être un animal capable de résoudre des problèmes,
mais il ne résout pas des problèmes tout le temps et surtout pas
toujours dans le domaine de l’apprentissage social.
C’est à partir de cette distinction que l’on peut, croyons-nous,
conclure sur le problème des responsabilités respectives de la base
et du sommet. Le sommet ne peut imposer la mise en application
d’un modèle d'ensemble ou même le respect d’une hiérarchie claire
des finalités. Un tel modèle ou une telle hiérarchie, en effet, reste-
ront impossibles à atteindre dans la mesure où la société vertueuse
n’aura jamais de réalité. Les meilleures intentions dans ce domaine
aboutiront nécessairement dans la pratique à l'arbitraire bureau-
cratique et à la reconstitution sur d’autres bases de la hiérarchie
de dépendance que l’on voulait supprimer. Et pourtant, les respon-
sabilités des dirigeants sont essentielles. Mais elles sont moins spec-
taculaires. Il ne s’agit pas pour chaque responsable de définir le
bien pour des gens qui ont le droit d’avoir d’autres définitions en
tête, mais de rendre possible à ceux qui dépendent de lui de décou-
vrir les contradictions de valeurs et de finalités qui existent effec-
tivement à leur niveau et de trouver le moyen de les résoudre. Ceci
implique, de facon plus claire et développée qu’à la base, connais-
sance et stratégie, mais n'implique pas nécessairement d’autre
finalité. Peut-être devra-t-on souligner seulement que le leadership
devient à ce niveau de plus en plus inséparable de la connaissance
et que, dans cette perspective, la transformation intellectuelle et le
renouvellement de l’expérience sont ici beaucoup plus importants
que le choix abstrait de finalité. Si, actuellement, il arrive qu’on
manque souvent de perspective et de capacité d’expérimentation
à la base, au sommet, en revanche, il semble bien que l’on manque
1. C’est une autre des conclusions fortes que l’on peut retirer. notamment,
des travaux de R.D. Laing sur la famille comme construit producteur de
folie. On y voit très clairement les limites des capacités affectives de
homme, et les conséquences extrêmement graves de la charge affective
qu'imposent des situations trop faiblement structurées et qu’àIa limite
aucun être humain ne peut supporter. Ceci constitue une limitation importante
et trop facilement oubliée de tout projet d’expérimentation généralisée.
Cf. R. D. Laing, The Divided Self, op. cit.
387
RÉFLEXIONS SUR LE CHANGEMENT
Théorie et pratique
de la démarche de recherche
"éajoure de GONTASNREES si sème. FAr£s :
drapierhté
« masi
de La riohesss
dis SÉGE :
Les ie dé à n'y a Guû 5 Lots semble en France 2-08
où He us Fépatsiu aismueet qu'a 1e Perse a
- FRE éaus débgber de pouvést #87
HOUR Ps
ed ne
À dea rot “Prbaes pô écsuteé a
60 arbitrage de Haaltés sifaiiec à Là serre de le Hberté”
Ka SE0ph ni atafne gs rnufique, (ex oi pese de
4 6 us ci des Hntiies de l'üstion, ist etsre
dons de 10188 Hberd mas 1 Me à
on van
Cretevrie ax ‘TRAROUNTER $ Là és pa F
AS ss marge de demarre Selle La
=
it. due la écouverte de sè Here
5
Gers 1h fesei g& Fe fie FA
PITAE St Tente $ "Ets
SECTION I
1. La logique de l'induction.
1. Au sens le plus large et donc aussi le plus neutre du terme qui n’exclut
nullement — rappelons-le pour éviter tout malentendu — les situations de
domination. Certes, les jeux prévalant entre acteurs seront différents selon
391
THÉORIE ET PRATIQUE DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
392
LE CHERCHEUR DEVANT SON TERRAIN
393
THÉORIE ET PRATIQUE DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
2. Le cheminement du chercheur.
394
LE CHERCHEUR DEVANT SON TERRAIN
395
THÉORIE ET PRATIQUE DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
396
LE CHERCHEUR DEVANT SON TERRAIN
397
THÉORIE ET PRATIQUE DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
cheur a un but précis : connaître leurs possibilités
et capacités d’action
dans le champ particulier qu’il étudie. En d’autres
termes, il s’agit
pour lui d'amener son interlocuteur à lui dévoiler
les ressorts de son
action, à dessiner et expliquer devant lui les
caractéristiques, telles
qu’il les voit, du champ stratégique dans lequel
lui doit agir. C’est
dire que dans la situation stratégique de chaque
entretien il s'agira
Chaque fois pour le chercheur d'utiliser la dynami
que « spontanée »
de l'entretien en vue et en fonction de ses
objectifs et interrogations
à lui, observateur extérieur.
Mais — dira-t-on — tous les témoignages
que le sociologue recueil-
lera ainsi ne refléteront pas, la plupart
du temps, la réalité « objec-
tive », mais la façon dont l'acteur la
perçoit et la vit de son point
de vue : ils sont inévitablement « subject
ifs ». Cette objection n’en est
Pas une pour l'analyse stratégique. Car
le propre de sa démarche, c’est
précisément de dépasser cette dichotomie
artificielle entre réalité « objec-
tive » et réalité « subjective ». Elle
considère, en effet, que la subjec-
tivité des autres — c’est-à-dire leur façon
de choisir leurs stratégies en
fonction de leur perception des contra
intes pesant sur eux — est un
élément capital qui, tout aussi « object
ivement » que les contraintes
techniques ou économiques, définit
la situation de chacun, c’est-à-dire
cé par rapport à quoi il élabore
sa Propre stratégie et sa propre
conduite *.
Soulignons-le : le recours au «
vécu » des acteurs est dans cette
perspective beaucoup plus qu'un
coup de chapeau plus ou moins
symbolique à « l'importance du
facteur humain ». De même,
bien davantage que le complément il est
inévitable à a connaissance ration
nelle des données formelles ou -
des Caractéristiques du champ.
condition même d'une Connaissan Il est la
ce sérieuse du champ. Ne
que parce que, le plus souvent, serait-ce
ce n’est qu’à travers et après
de ce vécu « subjectif » que l'analyse
cette connaissance « objective
s’incarner, voire se constituer, » pourra
et que le chercheur Pourra
voire découvrir, la significatio préciser,
n, limportance et la porté
spécifiques et nullement évidentes e réelles,
au départ de telle ou telle Contr
prétendument objective. ainte
398
LE PROBLÈME DES MATÉRIAUX
SECTION II
399
THÉORIE ET PRATIQUE DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
400
LE PROBLÈME DES MATÉRIAUX
*.
La conception de l'individu, bien sûr, Variera et sera plus ou moins
complexe. Dans une première optique, l'individu se définit en
quelque
sorte entièrement par ses attitudes telles qu’elles se sont
formées à«
travers ses expériences significatives d'apprentissage
social. Une
deuxième optique tente de réintégrer dans le raisonnement
les capacités
d'analyse de l'individu ; mais il reste une part irrationne
lle, irréductible
à un calcul instrumental : l’« attitude », fondée sur les
expériences
antérieures de l'individu.
402
LE PROBLÈME DES MATÉRIAUX
la trans-
1. On comprend ainsi mieux l'accent mis sur la formation et
de même
formation des attitudes dans les recherches mentionnées plus haut,
avec
que la convergence déjà signalée de cette orientation de recherche
celle de la sociologie fonctionnaliste.
York,
2. Cf. L. Festinger, À Theory of Cognitive Dissonance, New
Harper, 1957.
Personality,
3. Cf., entre autres, T. W. Adorno et al., The Authoritarian
Preliminary State-
New York, Harper, 1950; D. Katz et E. Stotland, « A
in S. Koch (ed.),
ment of a Theory of Attitude Structure and Change »,
Hill, 1959.
Psychology : À Study of Science, vol. 3, New York, McGraw
403
THÉORIE ET PRATIQUE DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
2. Un exemple.
lertemps
ment, les individus en bas de l'échelle . Inverse-
hiérarchique étaient les plus
nombreux à la fois pour trouver leur travail
peu intéressant et pour se
déclarer satisfaits de leur situation.
1. Pour tout ce qui concerne cet exemple
mer brièvement, nous renvoyons à que nous ne faisons que résu-
M. Crozier, Le Monde des employés
bureau, Paris, Ed. du Seuil, 1965, notam de
ment chap. v, p. 80-105. EM À
404
LE PROBLÈME DES MATÉRIAUX
406
LE PROBLÈME DES MATÉRIAUX
profits et pertes. C’est d’un bilan d’un autre type qu'il s’agit ici,
d’un bilan où rédacteurs comme sténodactylos cherchent à déterminer
leurs points forts et faibles et les terrains possibles pour des actions
offensives ou au contraire défensives de leur part.
Certes, l'expérience passée des acteurs, leurs valeurs et attitudes,
au sens où l’entendrait la psychologie sociale, ne disparaissent pas
dans une telle analyse : elles conditionnent notamment pour une
bonne part la perception que les acteurs auront des opportunités des
jeux, et surtout elles structurent leurs capacités à s’en saisir. Comme
nous l’avons montré plus haut‘, un individu adoptera telle stratégie
non seulement parce qu’il en voit l'opportunité, mais aussi parce qu’il
a les capacités nécessaires — matérielles, affectives, cognitives, rela-
tionnelles — pour en assumer les risques et les difficultés. De même,
un groupe adoptera et gardera tel jeu non seulement en fonction de ses
objectifs ou atouts propres, mais aussi en fonction des contraintes que
font peser sur sa marge de manœuvre et de choix les mécanismes
d'intégration (y compris les valeurs) et les construits auxquels il doit
avoir recours pour pouvoir s'organiser en vue d’une action, voire pour
pouvoir exister de façon cohérente. L'expérience passée des individus,
leur « socialisation » et les valeurs qui en résultent ne disparaissent
donc pas dans l'analyse ; elles sont simplement relativisées : elles ne
sont ici rien d’autre qu’un des éléments qui structurent les capacités
des individus et des groupes et, par là, conditionnent indirectement les
stratégies individuelles et les jeux collectifs.
Pour la démarche stratégique, les attitudes ne renvoient donc pas aux
caractéristiques ou à la « personnalité » des individus en tant que déter-
minants de leurs comportements, mais à la relation subjective qu'étant
donné leurs ressources et leurs capacités propre les individus établissent
ou
entre leur situation et le jeu, bref, aux stratégies qu'ils ont adoptées
s
vont adopter. Elles peuvent donc être utilisées comme des révélateur
de ces stratégies et, partant, des caractéristiques et règles des jeux qui
lesquels le
délimitent un éventail de stratégies possible et à travers
sysème d'action est maintenu en opération.
de
Mais en même temps qu'elles permettent ainsi de connaître «+
membres d'un système d'action comptent
l'intérieur » la façon dont les
ils disposent dans
se servir de la marge de liberté, donc de pouvoir, dont
à partir
le cadre des jeux, elles deviennent aussi inversement l'indice
d'action que
duquel il est possible d’inférer les ressources et possibilités
restent donc bien
ce système répartit entre ses membres. Les individus
mode d’organi-
1. Cf. plus haut le chapitre Vi consacré aux liens entre
sation et culture.
407
THÉORIE ET PRATIQUE DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
les supports des attitudes, mais ce qui est explicatif dans cette
optique, c’est leur situation dans un jeu à découvrir. En d’autres termes,
et au risque de caricaturer quelque peu, on pourrait caractériser ainsi le
renversement de perspective esquissé ci-dessus. En psychologie sociale,
ce qui est explicatif des attitudes et ce qu’on cherche à saisir à travers
elles, ce sont les dispositions permanentes d'agir, les valeurs propres
des individus, bref, tout ce qui définit et différencie les individus ;
dans l’analyse stratégique, au contraire, ce qui est explicatif des attitudes
et ce que l’on cherche à saisir à travers elles, c’est l’état d’un système
d'action et la façon dont ses caractéristiques et mode de régulation struc-
turent les jeux à l’intérieur desquels ses membres doivent jouer.
Il s'ensuit que, dans cette perspective, il n’y a plus de structuration
des attitudes ni, à la limite, d'intérêt à leur saisie en dehors d’une situation
et de sa structure propre. L’attitude n’a plus de valeur en elle-même, elle
cesse d’être un « en-soi ». On ne la recueille plus dans un but
de mesure
abstraite, mais parce qu’elle est un moyen d’inférer les orientatio
ns stra-
tégiques des acteurs.
Si on pouvait connaître les jeux directement et les étudier
comme des
éventails de choix faisant appel chacun à tel ou tel type de
capacité chez
les individus, et si, d’autre part, On pouvait connaîtr
e et mesurer ces
capacités, il serait possible alors de se passer de la notion
d’attitude. Mais
la difficulté même, voire l'impossibilité d’une telle entrepris
e souligne par
contrecoup l'intérêt de l’analyse des attitudes. Celles-ci
présentent l’avan-
tage d’un raccourci qui permet d’aller vite à l'essentie
l : les divers choix
réels que les membres d’un système d’action opèrent
parmi l'éventail des
stratégies possibles.
L'analyse stratégique utilise donc les attitudes,
en fin de compte,
comme un dispositif de recherche, comme un
outil à la fois commode et
imparfait pour saisir la Contrepartie vécue
et subjective d’une situation
dans un jeu à découvrir. En somme, elle en
fait un procédé heuristique
qui lui permet d'appréhender et de comprendre
la façon dont les acteurs-
membres d’un système d’action agencent les
potentialités de leurs situa-
tions pour tirer parti des opportunités qu'offr
e le jeu. Or c’est bien ]à
l'essentiel et le but même de la recherche.
Car c’est l'articulation entre
elles de ces mises en œuvre subjectives
des possibilités d’action offertes
par les différentes situations, ou — dit autrement — c’est
entre elles de ces différentes stratégies l’articulation
qui permet de comprendre la
structuration et les régulations propres du
système d’action étudié.
408
DES SENTIMENTS AUX JEUX, DES JEUX AUX STRUCTURES
SECTION I
Après avoir pris contact avec son terrain de recherche et après avoi.
fait le tour de toutes ses caractéristiques « objectives » ‘, le chercheur
consacrera donc toujours et nécessairement un temps plus ou moins
considérable au recueil d'informations par des entrevues avec les diverses
catégories d’acteurs telles qu’il peut les saisir à travers la connaissance
formelle et toujours approximative qu’il peut avoir de son champ.
À travers de tels entretiens, le chercheur réunit donc des séries de
données qui le renseignent très concrètement sur la façon dont les indi-
vidus ou groupes parties-prenantes au champ considéré perçoivent et
vivent leurs situations respectives, à savoir :
les
__ sur leurs activités telles qu’ils les perçoivent et telles qu'ils
à eux
conduisent, sur les contraintes qui s'imposent plus particulièrement
et sur les difficultés qui en découlent ;
qu’elles
— sur leurs relations les uns avec les autres, sur l’importance
yeux, sur ce qu’ils en attendent , sur les conflits qui se
revêtent à leurs
produisent le plus fréquemment et les solutions qui généralement y sont
apportées;
, de
_— sur l'évaluation qu'ils font de leurs activités, de leurs situations
sur les sujets de satisfacti on et/ou d'insatis faction qu'ils
leurs relations,
éprouvent à cet égard, sur leurs espoirs et leurs déceptions ;
és
— enfin, sur la façon dont, à partir de là, ils voient leurs possibilit
d’action, et celles des autres.
d’une série
Que ces données soient de nature qualitative à la suite
exploi-
d'entretiens peu structurés, ou qu'elles soient le résultat d’une
appel-
1. Ce qu'il est généralement convenu d’appeler les hard facts. Cette
perpétuant un malen-
lation nous semble constituer un abus de langage
facts s'avèrent souvent
tendu qu'il s’agit de dissiper. En effet, ces hards
au changement que les
beaucoup plus soft et beaucoup moins résistants
humaines » particulières des
données soi-disant soft sur les propriétés «
stratégique. Pour ne
systèmes d’action que cherche à découvrir l'analyse par
que le domaine organisationnel, changer un organigramme,
prendre
un changement organisationnel
exemple, est relativement simple : de fait,
gramme. Par contre, changer
se réduit souvent à une redéfinition de l’organi
les jeux entre participants est infiniment plus difficile.
409
THÉORIE ET PRATIQUE DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
410
DES SENTIMENTS AUX JEUX, DES JEUX AUX STRUCTURES
411
THÉORIE ET PRATIQUE DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
type
doublée d’une résistance indirecte. Il se demandera ensuite à quel
de jeu ces stratégies peuvent bien correspon dre. Et il formulera l’hypo-
thèse qu'avec des ressources très inégales, ces deux groupes s’opposent
d’arbi-
autour d’un enjeu important : l'étendue et le contrôle de la marge
maîtrise
traire dont les ouvriers d'entretien disposent du fait de leur
d’une source d'incertitude décisive, à savoir la panne des machines, maî-
est
trise qui fait d’eux les véritables « patrons » des ateliers. Or, s’il en
devraient
ainsi, les relations entre ouvriers de production et chefs d’atelier
l’un
s’en trouver affectées. Effectivement, les attitudes de ces groupes
de l’autre indiquent que, contraire ment à ce qu’on pourrait
à l'égard
és, ces
attendre dans des relations entre chefs hiérarchiques et subordonn
semblent ici dénuées de toute affectivité . De même, l'analyse
relations
les uns à
des attitudes des ouvriers d'entretien et des chefs d'ateliers
des autres permet d'étayer et de compléter cette première
l'égard
démarche que nous
hypothèse, et ainsi de suite. Et en suivant une telle
ici que retracer à grands traits, le chercheur découvrira
n'avons fait
re — loin d'être évidente a priori, mais
l'importance toute particuliè
au système d’action du Monopole industriel — de la panne
spécifiqu e
d'entretien
des machines, il comprendra la stratégie des ouvriers
à défendre leur position d’expert en faisant disparaître les
consistant ion
il saisira la significat
plans des machines et les notices d’entretien,
nnalité dans ce contexte, bref, il pourra mettre en évidence
de l'imperso
peu à peu les propriétés particulières du jeu spécifique aux ateliers du
qui lui est sous-
Monopole et sa signification pour le système d’action
jacent.
donc à se servir des
La méthode d’analyse stratégique consiste
des entreti ens pour définir les stratégies que les
données recueillies lors
autres et pour remonter, à
acteurs poursuivent les uns à l'égard des
auxque ls corres ponden t et dans lesquels s’insèrent
partir de là, aux jeux
et les solutio ns auxquelles ils
ces stratégies. Ces jeux à leur tour — relations
ration des
aboutissent généralement — renvoient à la structu
pouvoi r qui lient les divers acteurs les uns aux autres et qu'il s’agit
de
les régulations d’en-
justement de faire apparaître pour comprendre
rendre compte .
semble du système d’action étudié et en
aptes sitio dt À
start otanens:
OS Les es ke"RAGh ces rte
LIVRES
415
BIBLIOGRAPHIE
420
8IBLIOGRAPHIE
Popitz H. Der Begriff der sozialen Rolle als Element der soziologischen
Theorie, Tübingen, Mobr (Rechr und Staat, Heft 331/ 332), 1967.
422
BIBLIOGRAPHIE
ARTICLES
426
BIBLIOGRAPHIE
428
BIBLIOGRAPHIE
tion », Administrative
D 396419. Science vol. 12, n° L 3, 1967,
Q Quarterly,y, vol.
DIVERS
g
Abell P., Organizations as Bargaining and Influence Systems : Measurin
Intra-Organizational Power and Influence, communication préparée
College,
pour The Industrial Sociology Unit Seminar, Imperial
Londres, septembre 1974.
décem-
Ackoff R., « The Systems Revolution », Long Range Planning,
bre 1974.
: Theo-
Aldrich H., « The Environment as a Network of Organizations
retical and Methodological Implications », communication présentée
e, Sociologi
au VIII Congrès de l'Association Internationale de
Toronto, 1974.
se. Etude
Ballé C., L'Informatique, facteur de changement dans l’entrepri
de cas, Paris, Centre de sociologie des organisations, 1975.
Economy,
Benson R., The Interorganizational Network as a Political
communication préparée pour le colloque de Toronto.
ntion de
Desjeux D., Le Corps des Mines ou un nouveau mode d'interve
Hachette,
l'Etat, mémoire de maîtrise, 1970, micro-fiches AUDIR,
1973.
e ronéo-
Friedberg E., L'Etat et l'Industrie en France, rapport d'enquêt
typé, Paris, CSO-CORDES, 1976.
de l'Etat en
Friedberg E. et Desjeux D., Le Système d'intervention
industrie lle et ses relations avec les milieux industriel s, rap-
matière
sociologi e des organisat ions, 1971, micro-fic hes,
port, Centre de
AUDIR, Hachette, 1973.
es et la Société
Grémion P. et Worms J.-P. Les Institutions régional
locale, Paris, Centre de sociolog ie des organisa tions, Copédith, 1968.
ation du pouvoir départe mental, Paris, Centre de
Grémion P., La structur
sociologie des organisations, 1969.
. La Réforme
Jamous H., Contribution à une sociologie de la décision
Paris, CES,
des études médicales et des structures hospitalières,
CNRS, 1967.
it, Stanford, 1973.
Johnson R.T., « Made in America », texte manuscr « de
industrielles
Karpik L., Les Politiques des grandes entreprises
de l’innova-
pointe », rapport ronéotypé, Paris, Centre de sociologie
tion, août 1969.
des systèmes d'emprise à différents niveaux et
Pagès R., L'Inégalité
429
BIBLIOGRAPHIE
432
INDEX DES NOMS
435
INDEX DES NOTIONS
436
INDEX DES NOTIONS
47 36CCR Dx tnue
LE CAE : {ot el alôr
LORS thracié :
— -Shatyee ETES : HÉRINE,
EN à ae 23, ge ër+rt mi Los
[ CEE BE
irvestiesenent, À. pie va
PES * siabteue
tiseuegse.sand sun te 1 are #+
éke > dsttei
ak
+. y He > {le ÿ ëy
9, MER :
EE +25 Lan sllorson)
: sn id 20 “Hs , NA A : AU, an ASE |
MA
se Re ac, ARv à }
HAN TT Hu SPRSTES
10% 42 RS LEIL 8 É4 LEuras
ask;M ceÊ: de Men à
Mb A a ail We.
ut ‘4 AS Es net ff he
BPT CEE pETAIL | en DM at
4
1 ser araehelé netheigtbe coms
0 4e rt ut
& sfseb re ne tolé 270 EUR TT
CUNIIS Etre Pr Usa D, DUAL
oo mére 1 250 pl
eme Arno t sq “io haie ete
|
1" FETREEER CRE [iv ae Ab Se -
pren svp ee dd Pa, 40
Ù HELRES: as: sat
<sérsri où de 5 :- nd
ee gi tee: K4, à Brabus room) EC ”
nn
| pu Feist es
aittot +. ai
D
eux
re qe fé dés
74, REG 64 METTRE
a 43, Hu î
OX pETE Chats L'HIAR Thé, : {bte sobroes se 'm/]
LIEN Det en mlon à MALTE ee 1
ve #t posveienent dutie M
authtn NA
. F
ie MERS
( ex
ganir 14
Dons
As
14 “
Table
Avant-DrOPOS ..sssmsressrsesssssesesessesese 7
L'ORGANISATION ET L'ENVIRONNEMENT
III
LE PHÉNOMÈNE SYSTÉMIQUE
VII DE L'ORGANISATION AU SYSTÈME ® eee fetaieetote ie. + s15 195
1. La leçon de l'analyse des organisati
ons ........ 195
2. Les deux modes de raisonnement
complémentaires
de l’analyse des organisations
3. Le problème de la transposition du raisonnement
QPÉARISSIIORNE] Ales. di - db poisse +gel ede 203
4. Système cybernétique asservi ou système d’action
ouvert : le problème de la constitution d’un objet
HONTE, F5 RENAN, SET ANA M EST AIT, 207
5. L'analyse stratégique de systèmes d’action concrets
comme méthode sociologique ................ 2h
ANNEXE
THÉORIE ET PRATIQUE
DE LA DÉMARCHE DE RECHERCHE
SÉRIE POLITIQUE
. La Démocratie, par Georges Burdeau
. L'Afrique noire est mal partie, par René Dumont
. Communisme, Anarchie et Personnalisme, par E. Mounier
. Que faire ?, par Lénine
. Machiavel, par Georges Mounin
. Dans trente ans la Chine, par Robert Guillain
. Citations du président Mao Tsé-toung
. Pour une réforme de l’entreprise, par François Bloch-Lainé
&
©
©
D
—.
AU Les Socialistes, par André Philip
. Hô Chi-minh, par Jean Lacouture
. Histoire de la Révolution russe, 1. Février, par Trotsky
. Histoire de la Révolution russe, 2. Octobre, par Trotsky
. Réflexions sur l’histoire d’aujourd’hui, par Tibor Mende
. Histoire du syndicalisme britannique, par Henry Pelling
. Trois Encycliques sociales, de Jean XXII et Paul VI
..Bilan de l'URSS, 1917-1967, par J.-P. Nettl
. Mahomet, par Maxime Rodinson
. Citations du président de Gaulle, par Jean Lacouture
. Les Sans-Culottes, par Albert Soboul
. Les Libertés à l’abandon, par Roger Errera
. Qu'est-ce que la politique ?, par Julien Freund
. Citations de Fidel Castro
par Henri de la Vega et Raphaël Sorin
. Les lycéens gardent la parole, par les CAL
. Les Communistes français, par Annie Kriegel
. La CGT, par André Barjonet
. Les 20 Amériques latines, t. 1, par Marcel Niedergang
. Les 20 Amériques latines, t. 2, par Marcel Niedergang
. Les 20 Amériques latines, t. 3, par Marcel Niedergang
. Introduction à une politique de l’homme, par Edgar Morin
. Le Nouveau Christianisme, par H. de Saint-Simon
. Le PSU, par Michel Rocard
. La Nouvelle Classe ouvrière, par Serge Mallet
. Réforme et Révolution, par «André Gorz
. L'État SS, par Eugen Kogon
. L'État, par Georges Burdeau
. Cuba est-il socialiste ?, par René Dumont
30e Les Paysans dans la lutte des classes, par Bernard Lambert
. La Pensée de Karl Marx, par Jean-Yves Calvez
39. La Pensée politique arabe contemporaine
par Anouar Abdel-Malek
40. Pour le nouveau parti socialiste, par Alain Savary
41. Autogestion, par Daniel Chauvey
42. Un socialisme du possible, par François Mitterrand
43. La CFDT, ouvrage collectif
44. Paris libre 1871, par Jacques Rougerie
45. Les Nouveaux Intellectuels, par F. Bon et M.-A. Burnier
46. Les Origines du gauchisme, par Richard Gombin
47. La Société bloquée, par Michel Crozier
48. Classe ouvrière et Révolution, par F. Bon et M.-A. Burnier
49, Histoire des démocraties populaires
1. L'ère de Staline, par François Fejto
50. Histoire des démocraties populaires
2. Après Staline, par François Fejtô
S1- La Faute à Voltaire, par Nelcya Delanoë
52; Géographie de la faim, par Josué de Castro
53: Le Système totalitaire, par Hannah Arendt
54. Le Communisme utopique, par Alain Touraine
55: Japon, troisième grand, par Robert Guillain
56. Les Partis politiques dans la France d’aujourd’hui
par François Borella
Se Pour un nouveau contrat social, par Edgar Faure
58. Le Marché commun contre l’Europe,
par Bernard Jaumont, Daniel Lenègre et Michel Rocard
59! Le Métier de militant, par Daniel Mothé
60. Chine-URSS, par François Fejto
61. Critique de la division du travail, par André Gorz
62. La Civilisation au carrefour, par Radovan Richta
63. Les Cinq Communismes, par Gilles Martinet
64. Bilan et Perspectives, par Léon Trotsky
65. Pour une sociologie politique, t. 1, par J.-P. Cot et J.-P.
Mounier
66. Pour une sociologie politique, t. 2, par J.-P. Cot et J.-P.
Mounier
67. L’Utopie ou la Mort, par René Dumont
68. Fascisme et Dictature, par Nicos Poulantzas
69. Mao Tsé-toung et la Construction du socialisme,
textes inédits traduits et présentés par Hu Chi-hsi
70. Autocritique, par Edgar Morin
71. Nouveau Guide du militant, par Denis Langlois
72. Les Syndicats en France, t. 1, par Jean-Daniel
Reynaud
tx Les Syndicats en France, t. 2. Textes et documen
ts,
par Jean-Daniel Reynaud
74. Force ouvrière, par Alain Bergounioux
TS: De l’aide à la recolonisation, par Tibor Mende
. Le Patronat, histoire, structure, stratégie du CNPF,
par Bernard Brizay
. Lettres à une étudiante, par Alain Touraine
. Sur la France, par Stanley Hoffmann
. La Cuisinière et le Mangeur d'hommes par André Glucksmann
. L'Age de l’autogestion, par Pierre Rosanvallon
. Les Classes sociales dans le capitalisme aujourd’hui,
par Nicos Poulantzas
. Regards froids sur la Chine, ouvrage collectif
. Théorie politique, par Saint-Just
. La Crise des dictatures, par Nicos Poulantzas
. Les Dégâts du progrès, par la CFDT
. Les Sommets de l’État, par Pierre Birnbaum
. Du contrat social, par Jean-Jacques Rousseau
. L'Enfant et la Raison d’État, par Philippe Meyer
. Écologie et Politique, par À. Gorz/M. Bosquet
Moreau
. Les Racines du libéralisme, par Pierre-François
en URSS par le Comité international contre la
. Syndicat libre
répression
. L'Informatisation de la société, par Simon Nora et Alain Minc
. Manuel de l'animateur social, par Saul Alinsky
. Mémoires d’un révolutionnaire, par Victor Serge
. Les Partis politiques dans l’Europe des Neuf
par François Borella
. Le libéralisme, par Georges Burdeau
. Parler vrai, par Michel Rocard
Chaliand
. Mythes révolutionnaires du Tiers Monde, par Gérard
la revue « Faire »
. Qu'est-ce que la social-démocratie?, par
Ostrogorsky
. La Démocratie et les Partis politiques, par Moisei
Waclav Makhaiïski
. Le Socialisme et les Intellectuels, par Jan
revue « Faire »
. Crise et Avenir de la classe ouvrière, par la
. Reconstruire l'espoir, par Edmon d Maire
. Le Tertiaire éclaté, par la CFDT
Faire »
. Le Reflux américain, par la revue «
. Les Pollueurs, par Anne Guérin-Henni
et C. Condamines
. Qui a peur du tiers monde? par J.-Y. Carfantan
t
. La Croissance. de la famine, par René Dumon
Müller
. Stratégie de l’action non violente par Jean-Marie
. Retournez les fusils!, par Jean Ziegler
Erhard Friedberg
. L'Acteur et le Système, par Michel Crozier et
L La CRE ces
4. Pare sel 17
46: es “$Ge
7. Sy Socite
Lt CHER Sr
2 À
d, Prsioé dés ed IMG fethot 601 TE :
BHoMRE 0! is Late l 88
FA à be SUR: . { ut ei HuploT jo spnlond 08 Ds
he Op | “ (4e pépeilersdt PLA eus R eo A
aie sn 4) RAA Li Mél
7 Halbnve [Ur
Rs L ge dé Roue | aenénqh
Eur HAE &
NÉS Sy 2IRE è me
AMde
és AR
SE mssignmonlz
Se
44 pr Cetsannte
EU A « uGe: HessÀaix burn L0 L
+
Ty { <
1
rt se: tt
k ps fanion 8
àLEA P114 Que) Xi toy et 4 or # 5
pa
dubrtf
dePME ArsSAONE
Vi: oulass" ne ee.
Ut ere he |‘e.,
Hs RUt SR À, ME DSP LME ERFN CCE
aiAa met HAEÉon JP Al Sup 20 18s" 10 2 à
A ROBIN el 20! à sions n1 #01"
he
Koree 8) st EUR Hip: pee a+ tu :
ne# RS ANT PALAUve EVESR ET à
#94.
NS A HasTR nr SL. ous EU
+ a un et fe pers: “àHET Saleh saine Tai Ji
‘4 . me + RATER LCR UN
LS ste
MU ONE Si AmiflPERS. HA
LUARE
LR AE OT
AT
de LT AE Nb 1097 À
; Ë s AE+3ps d:
+ aséaihons ai 40 -
ri FR
“ve
Mu u
Su 7e à FF
ë PAS late FOOT A]de oneut 00
TR ve rogbaité UT
lp CHETEUSS 2.CRHi HA
$ LS
à CUS RASLi NU pe CES PRE. Au
LE vers ‘Cite à sie per Des Laos
x Lés àFradionte Rte Là pur déte£ satriot |
hr tient HR SUR a Tone CI dunes:
“pH ps Dot haggu , 6 RER NE
à. Por” Rave es,ar RE :
ÈL. De eu à 'ESE
al
Politique
L'acteur et le système
La liberté des acteurs est un fait; l’existence de systèmes
organisés et cohérents en est un autre. Comment ces deux
réalités s’articulent-elles? Tel est le sujet de ce livre, qui
n’est pas un manuel de sociologie des organisations — disci-
pline dont Michel Crozier est l’un des fondateurs et des
introducteurs en France —, mais bien une sociologie de
l’action organisée.
Elargissant à l’ensemble des systèmes d’action concrets la
démarche qu’il avait naguère appliquée à des organisations,
l’auteur du Phénomène bureaucratique, associé à Erhard
Friedberg, montre, contre tous les mirages d’une rationalité
totalitaire, le caractère essentiellement « opportuniste » des
Stratégies humaines et la part irréductible de liberté qui
existe dans toute relation de pouvoir.
Fruit d’une longue pratique de rec! ve et d’une large
réflexion théorique, ce livre constit éritable critique
de la Raison collective. CZ
27 rt. Jacob, Paris 6 / ISBN 2.02.005839-1 / Imprimé en France 4-81 = Vol. @66e1