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Chapitre 1 : Science et vérité

1. Conception inductiviste de la science

XIXème et début XXème : science = seule véritable connaissance car c’est le lieu
d’objectivité absolue liée à la méthodologie scientifique.

1.1. Conception inductiviste


• Enoncés singuliers >< Enoncés universels
Les premiers sont de type ponctuel pour un lieu, temps, … donné alors que les
seconds sont de type général. Ils peuvent aussi bien être vrais que faux.
• Induction >< Déduction
L’induction est une accumulation d’énoncés singuliers (observations) menant à un
énoncé de type général, c’est l’inférence inductive.
La déduction logique part d’un énoncé général pour conduire à un énoncé
particulier.
• Conception inductiviste
Dans la conception inductiviste de la science, la valeur de vérité des lois
scientifiques repose sur les observations, considérées comme des relations
objectives à la réalité.

Lois et Théories
induction déduction

Faits établis par Prédictions et


l’observation explications

Déduction logique selon Hempel (ci-dessous)

C1,C2,…,Ck Enoncés des conditions initiales


C1,C2,…,Ck Lois générales
E Description du phénomène empirique à
Expliquer (explanandum)

 Le processus scientifique d’établissement et d’application d’une loi est une


dynamique marquée par l’objectivité absolue.

1.2. Les limites de la conception inductiviste


• Le point de vue logique
DEDUCTIF : « Ts les corbeaux sont noirs »  « Je vois un corbeau, il est noir » OK
INDUCTIF : « Ts les corbeaux que j’ai observé sont noirs »  « Tous les corbeaux
sont noirs » NOK !!!
On peut tout au plus dire qu’il y ait bcp de chance qu’un corbeau soit noir.
Lors du passage du particulier au général, il y a donc décision du sujet scientifique
et dans ce cas, la valeur de vérité de la loi perd sa valeur de certitude.
On ne tire pas la loi de l’expérience, on pose la loi à partir des expériences !
 On n’est donc pas dans une objectivité absolue, la science n’ets donc pas un
lieu de certitude absolue.
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• Le concept d’observation
La conception inductiviste présuppose une observation neutre et objective, une
conception passive de l’observation où tous les humains ont une même vision
dans des conditions identiques.

o La sensation renvoi à l’image rétinienne MAIS la perception, elle, intègre


en outre un grand nombre d’informations. Du point de vue
neurophysiologique : observation ≠ phénomène passif.
Des travaux neurophysiologiques et psychocognitifs montrent le caractère
actif du SN. Le cerveau n’est pas pure réceptivité, les influx rétiniens
entrent en résonance avec certains influx du SN central.
• Phénomène de reconnaissance des formes
• Ex : œuvre artistique du néerlandais Escher
o Une situation donnée ne peut jamais faire l’objet d’une description
exhaustive. Des choix implicites ou explicites sont donc posés par
l’observateur  on ne peut pas parler de passivité de l’observateur.
o Un énoncé d’observation n’est pas démontrable logiquement, il repose
uniquement sur la conviction des sens.
o Rapport entre langage et perception : On est capable d’observer ce que le
langage permet de décrire ≠ Le langage permet de décrire ce que l’on voit !
• Ex : Le rapport du langage à la neige chez les eskimos
o Charge théorique de l’observation : La conception inductiviste voudrait que
moins l’on en connaît en biologie, au plus on soit objectif en observant une
photographie en M.E. or c’est tout le contraire dans la réalité.

2. Karl Popper et le falsicationnisme


Sa conception intègre un grand nombre des objections posées à la conception
inductiviste et constitue un moment historique important de la réflexion sur les sciences.

2.1. Notion d’implication


L’implication est une relation logique entre deux énoncés

Enoncé (p) Implication () Enoncé (q) Exemple


V V V Tjs nuit à 1h  Nuit ce soir à 1h
V F F Tjs nuit à 1h  Jour ce soir à 1h
F V V Pluie ts les lundis  Pluie ≥ 1 par an
F V F Tjs jour à 1h  Jour ce soir à 1h

Considérant une implication vraie, le fait que la conclusion soit vraie ne fournit aucun
renseignement sur la valeur de vérité de la prémisse alors que le fait que la conclusion
soit fausse nous donne la certitude logique que la prémisse est fausse.

2.2. Le falsificationisme poppérien


Popper dit que la loi scientifique n’est pas tirée de l’expérience mais que c’est une
construction théorique (faite par le scientifique et qui fait appel à l’imaginaire) qui est
ensuite confrontée à l’expérience.

Popper se base sur un schéma où Théories + conditions initiales  Prédictions


(prédictions = observations qui peuvent être confrontées à l’expérience)
En se basant sur la notion d’implication, Popper dit qu’il faut trouver des prédictions
fausses pour affirmer que la théorie est fausse (système = falsificationisme).
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Ainsi, pour Popper, le fait d’être falsifiable, donne à un énoncé, la caractéristique d’être
scientifique et où science = objectivité. Un énoncé non falsifiable = métaphysique.

Pour Popper, une théorie doit tjs être considérée comme vrai à titre provisoire, jusqu’à la
prochaine confrontation à l’expérience. Il dit également qu’il faut confronter les théories
sur leurs points faibles et non leurs points forts.

2.3. Critique du falsificationisme Popperien


⋂ Logique : Le tableau de vérité est un peu simpliste car un énoncé est tjs multiple et
donc si il y a falsification, on ne sait pas quel énoncé pour l’énoncé global est faux.
⋂ Histoire des sciences : Popper dit qu’il faut jeter une hypothèse falsifiée or on voit
qu’historiquement, toute théorie , en sa première ébauche, comporte des imprécisions ou
incohérences. Heureusement que Darwin ou Galilée n’ont pas directement jeté leurs
théories.

3. Confrontation à l’histoire des sciences

3.1. Th. Kuhn : Structure des révolutions scientifiques

1. Science normale
Consensus entre les scientifiques sur toute une série de concepts.
Accumulation
d’anomalies

3. Révolution 2. Crise
Nouvelle théorie (T’) qui Perte de confiance dans les capacités
intègrent les anomalies explicatives des théories admises jusqu’alors.

Kuhn utilise le concept de paradigme dans un sens large désignant une sorte de matrice
disciplinaire qui représente l’ensemble des caractéristiques (au niveaux conceptuel,
matériel et institutionnel) d’une discipline à un moment donné de son histoire.
 Révolution scientifique = changement de paradigme.

Au moment de crise, on pourrait s’en sortir avec une expérience cruciale qui élimine une
théorie et admet l’autre. Mais cette expérience n’existe pas car chaque théorie interprète
différemment l’expérience. Il y a un débat puis un qui repose sur une argumentation
mais qui n’est pas strictement logique, rationnel car il n’y a pas d’argument décisif.

3.2. I. Lakatos : Reconstruction rationnelle de l’histoire des sciences


« Programme de recherche » = « noyau dur » + « ceinture de protection »
Lakatos dit que Kuhn a raison et ajoute que souvent une théorie (souvent T’) s’impose
quelques années (20 ans ?) après la crise sans qu’il y ait eu d’expériences cruciales.
Il distingue 4 conditions à l’avènement de T’ :
• T’ explique tout ce que T expliquait
• T’ explique les anomalies de T
• T’ explique pourquoi T n’explique pas les anomalies
• T’ apporte du neuf par rapport à T
 Le dénouement du choix entre T et T’ est irrationnel mais après, on retrouve une
reconstruction rationnelle basée sur ces conditions. Pour Lakatos, le remplacement d’un
programme de recherche par un autre peut faire l’objet d’une analyse logique rigoureuse
à posteriori par l’historien.
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4. Le paradigme de la biologie contemporaine

4.1. Courant vitaliste >< Courant mécaniste


Pour le vitaliste, le vivant doit être appréhendé selon une méthodologie toute différente
de la matière inerte. On donne une place importante à la cause finale : c’est ce que la
matière doit devenir, l’individu adulte, qui détermine le comportement de la matière
embryonnaire. (H. Driesch, expériences sur cellules embryonnaires)

Pour les mécanistes, il n’y a pas de différence entre la matière vivante et inerte.
Descartes développe le concept d’ « animal-machine » et pour lui l’homme repose en un
dualisme cartésien qui oppose corps (machine) et âme (propre à l’homme). Le concept
machinique fut vite dépassé mais l’intuition dut féconde (physiologie, évolution, théorie
cellulaire, …) pour aboutir à la victoire (XXème) de la position mécaniste avec la
biochimie et la génétique moléculaire.

4.2. Théorie cellulaire du vivant


Schleiden (vég. 1838) et Schwann (an. 1839) : Cellule = unité fonctionnelle du vivant

Schwann émet des hypothèses mécanistes sur l’apparition des cellules (cristallisation du
liquide vivant), vite réfutées par la microscopie. Cela fait l’objet d’une récupération par
les vitalistes qui disent que seul du vivant donne du vivant.
Claude Bernard (1865) propose une théorie cellulaire non-vitaliste plus modérée
Puis progrès dans ce sens au XIXème par mitose, méiose, microscopie, génétique, …

La théorie cellulaire pose la cellule comme le plus petit élément capable de se maintenir
en vie, de contrôler ses activités et de se reproduire par ses propres moyens.

4.3. Vivant et évolution


J.B. de Lamarck (1744-1829) : Tendance du vivant à la complexification et tendance des
animaux à être en harmonie avec leur environnement (la fonction crée l’organe ;
transmission des caractères acquis).

Charles Darwin (1809-1882) : Il s’inspire de Malthus, Il considère lui que les variations
des espèces sont dues au hasard et qu’il y a ensuite sélection naturelle. Il accepte une
hérédité des caractères acquis mais c’a na pas un rôle décisif dans l’évolution.

XXème : La « théorie synthétique de l’évolution » néodarwinienne offre un consensus


dans le monde scientifique. L’évolution (phylogenèse, origine : matière inerte, …) est
admise mais les théories explicatives font encore débats …

4.4. Concept d’écosystème


L’écologie c’est l’étude des milieux de vie naturels et des interactions qui s’exercent entre
les êtres vivants et le milieu où ils vivent.

Les botanistes décrivaient la séquence d’apparition des espèces végétales dans un milieu
donné en fonction des caractéristiques de ce milieu (sol, climat). Ils ont proposé le
concept de CLIMAX comme la communauté végétale mature pour un milieu donné.

Tansley proposa en 1835 le concept d’écosystème comme l’ensemble des interactions de


diverses espèces vivantes entre elles et avec le monde physique.

Analyse détaillée des interactions à conduit dans les années 1980  ECOSYSTEME TERRE
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5. Enjeux philosophiques

5.1.Réductionnisme méthodologique et réductionnisme métaphysique


1. L’homme est un organisme pluricellulaire (réductionnisme méthodologique)
2. L’homme n’est qu’un organisme pluricellulaire (réductionnisme métaphysique)

La première affirmation est la position qu’adopte le biologiste dans le cadre sa discipline,


la personne qu’il essaye de soigner est réduite méthodologiquement à un organisme
pluricellulaire en dysfonctionnement tout simplement parce que toute la démarche
biologique contemporaine s’articule à ces présuppositions. La seconde proposition va bcp
plus loi. Il est important de percevoir que 1 n’implique pas 2. Le biologiste peut très bien
ne pas adopter la position 2 dans sa vie quotidienne et ses options existentielles
fondamentales.

5.2. Science et vérité


a. Concept de vérité chez Heidegger
Vérité « adéquation » = Correspondance entre la chose (réalité) et le concept. C’est
selon lui, le type de vérité qui est en jeu dans la démarche scientifique puisque l’on
construit les concepts à partir d’hypothèses acceptées ou rejetées. (explication de la
musique par les concepts d’ondes, de son, …)

Vérité « dévoilement » = Il ne s’agit plus de produire un discours sur le réel qui lui soit
adéquat mais bien un discours ou une pratique de dévoilement du réel, un discours à
travers lequel le réel se manifeste. L’art en est un exemple. (musique par le musicien)

Il critique la science car pour lui, le réel est plus riche, la science n’est pas le lieu de
relation à la vérité. L’art permet d’entrevoir une partie de cette vérité, du réel.

b. Ladrière et le cercle méthodologique des sciences de la nature


Quand on confronte une hypothèse au réel, on a affaire à un réel préparé en vue de
l’expérience et en fonction du paradigme. Dans ce contexte, il n’y a pas d’objectivité
absolue en sciences mais une objectivité relative à un objet théorique bien défini. En
effet, toute discipline dit quelque chose du réel mais pas tout (réductionnisme).
Ainsi, Ladrière, dit que les limites de la science ne sont pas à envisager au niveau de son
extensivité mais de son intensivité qui vise le niveau de connaissance qu’une discipline
propose d’un phénomène.
 conduit à une conception modeste de la science ce qui amène à préciser le point de
vue propre de chaque discipline en soulignant à la fois les spécificités et les limites 
conduit également à reconnaître la pertinence et l’importance d’autres approches du réel.

Métaphore de la vérité = horizon (direction mais inaccessible)


Connaissance critique = connaissance consciente du caractère limité de son point de vue
propre et capable de rendre compte de son aire de pertinence et de ses limites.

c. Rapports à la vérité et organisations sociales


1. La vérité existe et peut être atteinte
2. La vérité n’existe pas
3. La vérité existe et ne peut pas être atteinte, vérité-horizon

Position 1 (sphère religieuse, marxisme URRS, …). Si on se définit comme possédant la


vérité en totalité, l’intolérance est une conséquence pratique logique immédiate.
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Position 3 >< 1, auto-contradition de l’énoncé mais également exclusion de toute forme


d’intolérance, d’où exclusion de l’erreur, d’où les discours les plus extravagants sont à
considérer ! La tolérance n’est pas le respect des autres mais l’indifférence.

Le concept vérité-horizon instaure à la tolérance et ouvre à un fonctionnement


institutionnel qui recourt à la confrontation des points de vue en présence.

6. Enjeux pour une pratique scientifique

6.1.Science et pratique médicale


La présupposition générale (homme = organisme pluricellulaire …) liée au réductionnisme
méthodologique permet de préciser la force et les limites de l’approche biomédicale.
Un tel réductionnisme permet de comprendre quelques questions actuelles :
 mort = échec du médecin ? science démunie face à la mort …
 réflexion sur les centres de soins palliatifs, accompagnement des mourants, mort à
domicile, …

Dans le cas de certaines questions actuelles (médecine périnatale, clonage, …), seule une
attention aux limites et point de vue développé par le savoir médical permet une
évaluation sereine des divers enjeux en présence et une décision articulée à une
appréhension globale du problème.

Enfin, certains points d’insatisfaction (humanisation de l’hôpital, recours à des médecines


parallèles, …) de la population par rapport au système médical trouvent leur origine dans
les limites du point de vue propre du savoir médical.

6.2.Sciences de la nature et autres approches


Sciences exactes ?  sciences de la nature car elles ne peuvent êtres exactes
puisqu’elles présupposent un réductionnisme méthodologique.

La prise en compte du paradigme de la médecine occidentale conduit à une attitude


d’ouverture critique, ouverture par rapport aux autres disciplines, ouverture par rapport
aux autres cultures, ouverture qui s’inscrit dans les modalités pratiques d’interactions
avec d’autres chercheurs et praticiens, ouverture qui s’inscrit dans l’horizon théorique
d’une vérité toujours au-delà de chaque discours disciplinaire, au-delà de toute tentative
de déploiement total.
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Chapitre 2. Science et société

1. Sciences, techniques et technologies


La technique vise essentiellement une réalisation pratique  elle ne participe pas à la
noblesse de l’activité théorique  beaucoup de philosophes technophobes

1.1. Diverses tendances de la philosophie de la technique


a. Philosophes technophobes
HEIDEGGER (chap 1) conception de la vérité qui considère la science occidentale
comme le lieu de l’oubli de l’être.

Il prend distance par rapport à une conception instrumentale et


anthropologique de la technique.
Technique = ensemble de dispositifs élaborés en vue d’objectifs
déterminés
Conception neutre par rapport à l’homme  aveuglement

Avant Socrate : technique  logique du dévoilement


Planton, Descartes : technique  logique de l’adéquation
(métaphysique occidentale)

Résultat de la relation réciproque intime entre la science et la technique


moderne.

Concept d’arraisonnement
 provocation de la nature par l’humain
 idée de structure, système (savoir systématique avec une grande
cohérence, visée de la totalité
 oubli de l’être et ses conséquences
 ASSERVISSEMENT DE L’HUMAIN LUI-MÊME
issue = art (lieu du dévoilement de la vérité)

J. ELLUL Il a poussé le plus loin l’intuition heidegerienne d’une technique à visée


totalisante. Pour lui, la technique est un système autonome qui connaît
ses propres lois d’évolution qui contraignent la dynamique sociétale.
De plus, cette contrainte prend des dimensions d’universalité  la
technique prend des allures totalitaires  seul issue : un retour aux
traditions religieuses.

b. Modernité et technophilie critique


Modernité critique car rationalité dans l’horizon de la vérité et nature humaine dans
l’horizon d’universalité.

SIMONDON Crédit positif à la technique sur le plan du progrès humain.


Pour lui, 3 modes d’existence de l’objet technique :
- l’élément : outil ou instrument (ex : artisan et ciseau a bois)
- l’individu : stade machine (pour l’homme : machine = rivale !)
- l’ensemble : réseau d’individus techniques (l’homme devient
serviteur d’un réseau dont il ne perçoit ni ne contrôle l’organisation)
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Il partage donc la tendance à l’asservissement de l’homme à la


technique mais à l’inverse des technophobes, il ne plaide pas pour un
refus de la technique MAIS son intégration dans la culture.

1) Hypothèse d’une intégration cybernétique de la société humaine.


REJET car ne prend pas en compte la spécificité de l’humain.
2) CULTURE= lieu de production de symboles. 2 APPORTS de la
technique à la culture :
o apport d’élément extérieur à la culture  conduit à un
processus évolutif de décloisonnement du système
symbolique
o ouverture à l’universel

LADRIERE Technique = système qui tend à une certaine autonomie par rapport à
une certaine dynamique sociétale.
Comme pour Simondon, ce réseau complexe entre en interaction avec
la culture mais pour Ladrière, cela ne signifie pas spécialement la
désintégration de la culture en question et la perte d’identité culturelle.
Au contraire, chaque culture développe des modes d’intégration de
l’innovation technologique qui lui sont propre.

c. Postmodernité et technique
BLOOR Pour Bloor, la connaissance scientifique est une croyance comme une
autre et la sociologie de la connaissance doit pouvoir expliquer cette
croyance en recourant aux mêmes méthodes et concepts avec lesquels
elle explique les autres croyances présentes dans la société.

B. LATOUR Un fait scientifique est une hypothèse acceptée après discussions et


négociations DONC c’est une croyance.

Pour la sociologie des sciences, c’est la domination contextuelle de la culture scientifique


qui conduit à l’illusion d’un processus universel (position relativiste de la science)

ENGELHART En pensée moderne : l’homme est la référence ultime dans l’évaluation


de l’éthique alors que en contexte postmoderne, l’évolution de la
technique concerne l’être humain lui-même dans sa constitution.
Engelhart va jusqu’à envisager un remodelage des corps humains dans
la mesure ou celui-ci est souhaité.

d. Conclusions
• La technique prend la forme d’un sytème complexe qui tend à prendre une
autonomie relative dans les processus évolutifs.
Autonomie exacerbée par Ellul, relativisée par les postmodernes et soulignée dans
l’approche moderne critique.
• Le système constitue un point d’ancrage commun mais il ne doit pas masquer les
divergences de vue fondamentales à propos de la technique.
• Importance du thème de la technique dans la problématique de modernité.

1.2. Expertise et complexité socio-technique


a. Techniques et technologies
Technique = procédure spécifique pour laquelle on peut obtenir un résultat déterminé.
Technologie = technique mise en œuvre dans une société

Technique ~moteur à explosion en labo


Technologie ~voiture comme transport (+ voiries + essence + pompes + …)
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Il n’y a pas de choix technique strictement neutre par rapport à la dynamique sociétale.

b. Domaine de l’expertise
Expert = scientifique spécialiste de la technique en labo et à qui on demande de prendre
position sur un choix technologique.
 compétence sur le choix technique
 compétence sur le choix sociétal ? pas plus que vous ou moi
 souvent utilisation de l’image sociale très forte de l’expert en une technique donnée.

CAS 1 (VHR) :  Rt cultures   pesticides,  investissement  à terme,  des paysans


sans terre
CAS 2 (MEDICAMENT)
 tests en double aveugle et efficacité physiologique
 brevets, tx de nouveautés, rente d’innovation
 Nouveauté et efficacité symbolique : alors que la logique voudrait que l’on utilise les
médicaments anciens qui ont fait leurs preuves, le contraire et une résistance aux
médicaments génériques est observé au profit d’une image de médecine de pointe et de
valorisation du patient.

c. L’expert : approche théorique


Modèle technocratique : Le pouvoir décisionnel par rapport aux technologies est au
pouvoir des techniciens.
 neutralité sociale des choix technologiques
 univocité de la rationalité scientifique
 non-distinction du fait et de la valeur

Modèle Wéberien : Le politicien définit les objectifs à atteindre tandis que le technicien
décide ensuite des moyens les + pertinents pour les mettre en œuvre.

Modèle pragmato-politique : Distance par rapport au modèle Wéberien :


⋂ théorique : limite de l’autonomie du ⋂ technique.
⋂ social : remise en Q des innovations technologiques par la société civile.
La réalisation technique fait alors partie d’un processus de négociations continues qui
prend en compte ces contraintes. (conférences citoyennes, principe de précaution, …)

Modèle postmoderne : L’innovation technologique doit être analysée en termes de


négociations et de rapports de force sans que la science n’y reçoive une place privilégiée
ou une logique spécifique.

d. Conclusions
• Le modèle Wéberien et pragmatico-politique ~modernité critique. Les 2 modèles
présentent des conceptions ≠ d’un contrôle démocratique de l’innovation
technologique. On voit que le projet de fonctionnement démocratique n’est dès
lors pas incompatible avec la reconnaissance de la spécificité d’une rationalité
scientifique. Dans le postmodernisme, la technique se voit réduite au politique.
• Si la fn de l’expert est d’anticiper l’impact d’une innovation technologique sur le
fonctionnement sociétal, alors, l’expertise interdisciplinaire est indispensable.
• Dans l’attitude moderne critique, la non-neutralité de l’expert est reconnue sans
que la suspicion soit radicale au point de remettre en cause la spécificité du
discours scientifique.
• La distinction wéberienne du fait et de la valeur (prend ses racines chez Kant) dit
que l’expertise fait appel au registre du fait et la décision au registre de la valeur.
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1.3. Science, technique et pratique médicale


pratique médicale = démarche strictement scientifique OU caractéristiques qui la
rapprocheraient de la technique ?

a. Science fondamentale, science appliquée, technique


science fondamentale = théorie explicative des phénomènes
science appliquée = mise au point de techniques sur base des théories
MAIS SOUVENT la technique se développe et puis on en déduit seulement la théorie.
(machine à vapeur)

b. sciences médicales ou art de guérir


Décalage cte entre système d’explications biologiques et pratique médicale
PAS de consensus sur l’évolution  pas de conséquences directes sur nous
PAS de consensus sur les tumeurs  on ne peut donc rien faire pour traiter un cancer ?
NON, le médecin va quand même tenter quelque chose !
 statut technique de la pratique médicale
Exemple : l’aspirine est utilisée depuis longtemps mais son explication physiologique
n’est que très récente.

2. Sciences et idéologies
EVOLUTION DES SOCIETES marquées par des innovations technologiques
et des modifications idéologiques.

2.1. Concept d’idéologie dans le marxisme


L. ALTHUSSER Infrastructure économique = sphère de production et distribution
 Modes de production : technologies (situation données)
 Rapports de production : rapports sociaux induits par les divers
modes de production. (exemple : forges au MA et à la RI)

Superstructure = instances juridiques, politiques, idéologiques


(institutions, pratiques religieuses, mvmts philosophiques, « appareils
idéologiques d’Etat »)
Dans toute société il y a une instance dominante (au MA, c’est
l’instance religieuse)

Le marxisme comporte la notion de détermination. Ce sont en réalité les contradictions à


l’intérieur de l’économique qui déterminent quelle instance va être dominante. Dans ce
contexte, la sphère idéologique se donne l’illusion d’un rôle prépondérant dans la société
alors qu’en fait sa fn décisive est de maintenir en place les rapports sociaux.
Le rapport à la vérité en jeu dans le discours de l’instance idéologique est donc illusoire.
 soupçon radical par rapport à la sphère idéologique  MARX est 1 maître du soupçon.

2.2. Concept d’idéologie chez P. Ricoeur


Dans la pensée contemporaine non-marxiste, l’idéologie est considérée comme un
système conceptuel qui assure la cohésion d’un groupe en donnant cohérence à son
action. L’idéologie a donc une double fn :
 légitimation de l’existence du groupe
 occultation des incohérences ou intérêts non avouables également en jeu.

(Exemple : cours d’histoire dans une société)


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2.3. Idéologies et sciences


Sciences et technologies pensées et vécues comme idéologies ?

RAPPORTS INDIRECTS les caractères non-dits des dimensions idéologiques rend la


pratique scientifique d’autant plus efficace.
Positivisme scientifique = idéologie
- science = lieu d’objectivité absolue d’où supériorité
- progrès de la science  progrès société (légitimation sociale)
- MAIS historiquement, tout progrès scientifique a-t-il vraiment
concouru au progrès de l’humanité ? (occultation)

RAPPORTS DIRECTS En amont des théories, le scientifique cherche des intuitions,


schémas de pensées, pour l’élaboration des théories qu’il peut
puiser dans d’autres contextes disciplinaires.
Ce phénomène est attesté (Ex : DARWIN : Malthus + techniques
d’élevages + Smith) et Lakatos inclut d’ailleurs la prise en
compte des conceptions métaphysiques générales d’où
émergent les théories scientifiques dans le travail de l’historien.
Il y a également un lien en aval, dans l’utilisation qui est faites
de certaines théories scientifiques (Ex : Darwinisme social de
Spencer, eugénisme, …)

2.4. Conclusions
• La conclusion du chap1 : conception modeste et forte de la science.
• Modernisation réflexive : Aujourd’hui, le concept de progrès par la technologie
garde sa pertinence mais le lien automatique entre progrès technologique et
amélioration du bien-être de la société est remis en cause.
 réflexion sur la fn d’expertise et sur les relations sciences/idéologies.
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Chapitre 3 : Nature, santé, environnement

Intro : Enjeux de la question


Le concept de nature est très présent dans les sociétés actuelles.
Au niveau environnemental, le respect de la nature c’est laisser l’environnement intact
mais depuis qu’il y a vie sur Terre, il y a évolution des écosystèmes …
Au niveau général, la démarche scientifique ~maîtrise de la nature ce qui semble ≠ >< à
un respect de la nature …

1. Rapport pluriel à la nature


Depuis le XVII, la science a induit une modification de notre rapport à la nature. Les
enjeux sociétaux résident dans le fait que à chaque conception de rapport à la nature,
correspond un concept de respect de la nature.

1.1. Science moderne et rapport cartésien à la nature


DESCARTES Homme = être supérieur caractérisé par un dualisme cartésien ; c’est
un être de culture  extérieur à la nature
Ainsi la spécificité de l’homme est précisément d’échapper aux
contraintes naturelles, de soumettre la nature et de l’inscrire dans ses
projets.
Caractéristiques du rapport homme/nature :
- externalité
- objectalité
- domination
La biologie contemporaine a rompu avec le modèle strictement
machinique. Il n’empêche que la présupposition d’aborder le vivant
selon les mêmes présuppositions de la matière inerte s’est largement
vue mise en œuvre par la biologie cellulaire, moléculaire, liens avec la
biochimie, … (ex : agriculture intensive)

1.2. Ecologie scientifique


L’être humain prend place comme élément de l’écosystème naturel et il dépend de
l’évolution du système général auquel il participe.
 externalité remise en cause
 il n’y a plus à proprement parler domination mais solidarité entre espèces
 la mise en évidence du caractère fini des stocks en amont et en aval
 perception d’une grande dépendance
Science écologique :
1) Nouveau rapport à la nature : on reste dans une logique de vérité qui conduit à la
maîtrise mais où l’appartenance au système implique des modes d’actions
spécifiques.
2) Nouveau rapport à la science : le lien automatique entre progrès scientifique et
progrès sociétal est remis en cause par les analyses de l’écologie scientifique.

1.3. Dimensions symboliques de l’écologie


L’écologie scientifique est-elle suffisante pour mener une politique de dvpt durable ?
Certainement pas car on reste dans le registre d’un rapport strictement fonctionnel à la
nature où sa protection ne prend sens que si c’est l’espèce humaine qui est en danger.
Les espèces doivent-elles être respectées pour elles-mêmes ou pour leur contribution à
l’évolution et à la viabilité des écosystème.
Pour L. FERRY, la culture moderne est caractérisée par le primat de la subjectivité, seul
l’homme moderne a une valeur intrinsèque, une « fin en soi ».
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Une 3ème voie tend à accorder à la nature une valeur sans pour autant en faire l’égal de
l’homme. La position anthropogènique prend ainsi acte que c’est bien l’homme qui pose
le système de valeurs auxquels il décide de se référer et respecte le primat de l’homme
sur le plan éthique et, dans le contexte d’un système hiérarchisé, accorde une valeur
importante à des espèces ou écosystèmes.
Comment justifier un tel système de valeurs sans « tomber » dans la DEEP ECOLOGY ?

a. Heidegger et le rapport à l’esthétique


Pour rappel, Heidegger oppose vérité adéquation et vérité dévoilement. Dans ce
contexte, le but n’est pas de dominer la nature mais de la rencontrer, de rendre
manifeste les multiples dimensions de sa réalité.
L’émotion esthétique liée au contact étroit avec la nature est au fondement des thèses de
la Deep Ecology mais peut également s’intégrer à une lecture compatible avec la position
anthropogènique moderne et le primat de la subjectivité.

b. Ecologie et théories de l’évolution


A côté de cette dimension esthétique, les données des théories de l’évolution invitent au
respect. Le débat est tjs ouvert mais il y a unanimité sur le fait que les diverses espèces
vivantes sont le fruit d’un processus évolutif qui porte sur des Ma de tel sorte que
l’homme est le produit d’une histoire naturelle.

1.4. Refus de l’anthropocentrisme = Deep Ecology


Cette position prend distance par rapport à la position kantienne qui met l’homme
comme valeur centrale dans une éthique moderne. (position spécéiste)
La Deep Ecology dit que l’anthropocentrisme moderne = racisme, la valeur suprême à
considérer étant l’écosystème TERRE (hypothèse GAIA) où l’homme n’a aucune place
privilégiée à revendiquer.
Cette position est cependant une impasse car même si elle justifie un respect de la
nature, … elle peut également conduire à des extrêmes comme la défense de certaines
espèces au même niveau que les droits de l’homme.

2. Santé et normalité
Dans la pratique médicale, les médecins luttent plutôt contre méfaits de la nature (mort
accident, …). Guérir un malade, c’est le ramener à un « état normal ».
Qu’est ce que la normalité ?

2.1. Concept de santé par l’OMS


Santé (OMS) = état complet de bien-être physique, mental et social.
C’est une conception assez large et globale. En effet, pour l’OMS, un agent de santé
publique doit prendre en compte un large spectre de variables dans l’évaluation de la
santé d’une population.
 Analyse de la santé impose une approche interdisciplinaire.

2.2. Le normal et le pathologique


CANGUILHEM propose une approche de la normalité avec des implications
physiologiques, psychologiques et sociologiques.

a. Ambiguité du concept de normalité


IL EST NORMAL DE  jugement à la norme statistique (jugement descriptif)
 jugement normatif qui attribue une valeur à la situation donnée.
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 14

L’ambiguïté du jugement de normalité réside justement dans le fait que jugement


normatif et descriptif sont inextricablement liés.

b. Normalité du vivant
C. BERNARD La vie est un système de lois (~physique) et un individu normal
respecte ce système de lois. Mais pour C. Bernard lui-même, cette
conception pose problème car en tant que médecin, il est frappé par la
spécificité de chaque individu dans son comportement physiologique.
IMPASSE car C. Bernard en vient à la conclusion que aucun individu ne
respecte parfaitement ce système de lois donc que l’individu normal
n’existe pas !

C. CANGUILHEM Pour sortir de l’impasse, il développe une autre conception de la vie


comme ordre de propriétés ou la référence n’est pas la loi mais
l’individu.
Son point de départ est l’unicité de l’individu où l’irrégularité et
l’anomalie sont des caractéristiques de l’individualité même.
Normalité ≠ Sens absolu, c’est une relation à l’environnement.

Il distingue ANOMALIE ET ANORMALITE. En effet, dans la perspective


de l’évolution darwinienne, une anomalie peut être bonne, la statistique
ne permet pas de l’évaluer, il faut évaluer le rapport de l’individu à son
environnement. C’est l’incidence future de ce nouveau comportement
au sein de la population qui définit sa valeur.

c. Pathologie
Les concepts de normalité et de pathologie sont liés mais différents. CANGUILHEM a une
conception de la pathologie où un dysfonctionnement physiologique est à replacer dans la
structure globale de l’organisme, laquelle est à mettre en rapport avec les relations de
l’individu à son environnement et à lui-même.
Ainsi, une conception relative de la normalité peut entraîner une conception absolue de la
pathologie (état malade ou pas)

d. Enjeux sociétaux
NIVEAU PHYSIO Unicité physiologique de l’individu est une conception intégrative de la
physiologie qui invite à considérer l’organisme dans sa totalité en cas
de dysfonctionnements et également les liens aux comportements.

C’est également un appel contre l’hyper-spécialisation même si celle-ci


est nécessaire.

NIVEAU PSYCHO Etre hors norme ≠ pathologie mentale tout comme être dans la norme
peut correspondre à des déséquilibres psychologiques profonds.

Handicapé mental ≠ malade mental. Le premier a un système de


normes spécifiques alors que le second vit un épisode de normes
rétrécies.

La fascination marque la pratqiue médicale. Pour un pédaguogue, être


hors norme n’est pas d’emblée un défaut, au contraire, un enfant
extraordinaire sera encouragé dans l’approfondissement de sa capacité.

Poids de la norme dans le discours médical peut conduire à des


extrêmes comme l’eugénisme par exemple …
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 15

NIVEAU SOCIO Un jugement de normalité implique un jugement de valeur qui se


dissimule derrière la statistique.

Le jugement de normalité est un instrument important contre le


changement dans une société.

Souvent, les précurseurs apparaissent comme des gens hors-norme


puis l’histoire leur donne raison. Ainsi le schéma de CANGUILHEM qui
situe la normalité d’un individu à son milieu et confie au temps et à
l’histoire le lieu de l’évaluation normative, est pertinent.

2.3. Conclusions
Les rapports homme/nature ont subi une double mutation au XX.
On est passé d’un rapport cartésien à un rapport écologique.
On a un rapport modifié à la science. (automatisme du lien entre progrès remis en cause)

Cette double mutation rejoint les conclusions des 2 précédents chapitres à savoir :
MODERNISATION REFLEXIVE (importance d’évaluer les impacts technologiques)
CONNAISSANCE CRITIQUE (rapprochée par l’importance des dimensions symboliques de
l’écologie)
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 16

Chapitre 4 : Science et éthique


Depuis quelques années, on accorde une importance de plus en plus grande aux relations
médecine/éthique  bioéthique : importance sociale majeure.

Ce chapitre propose une réflexion sur les justifications de l’éthique en général car une
question éthique se voit aborder de manière très variée en fn du contexte culturel dans
lequel elle se pose et en fn des systèmes de justifications que l’on adopte.

1. La Question éthique

1.1. Le lien à l’action


La question du bien et du mal ne se pose pas en soi, indépendamment d’agir.
KANT distingue la RAISON PURE (Que m’est il possible de connaître) et la RAISON
PRATIQUE (Que dois je faire pour bien faire ?; Liée à l’action et la liberté).

La question des critères du bien et du mal comprend un double aspect :


 instance habilitée à définir le critères ?
 la Q éthique fait partie de la grande tradition philosophique occidentale.

1.2. Ethique individuelle et éthique structurelle


La Q éthique s’est traditionnellement limitée à la sphère de l’activité individuelle (éthique
individuelle) et même à celle de la vie privée.
Plus récemment, on a redécouvert l’exigence de l’éthique et son élargissement à
l’ensemble des activités humaines. L’éthique structurelle vient du fonctionnement de la
société et pose la Q éthique de tels fonctionnements ou du moins l’amélioration de tels
fonctionnements en regards des critères éthiques.

ONG, … Souvent, l’action est limitée à l’éthique individuelle MAIS celle-ci a un


impact indirect sur l’éthique structurelle.

1.3. Les justifications de l’éthique


Le passé éclaire le présent, ainsi la manière dont les Q éthiques sont abordées
aujourd’hui est profondément marquée par notre histoire culturelle depuis le MA.
La Q de justification de l’éthique est centrale et détermine la manière dont toute Q
éthique peut être posée et résolue.

2. MA : une triple hétéronomie


MA est caractérisé par la position centrale du rapport à Dieu.
Hétéronomie : l’instance légitimante se trouve à l’extérieur du social (M. GAUCHET).

⋂ Rapport au savoir Hétéronomie du vrai car la théologie est la science fondamentale


MAIS on est loin de l’image obscurantiste d’un MA en léthargie
intellectuelle. En effet, il y a la place pour des « arts libéraux »
tant qu’ils n’entrent pas en contradiction avec ce qui était alors
les apports de la révélation ; en outre, on redécouvre
notamment la pensée grecque qui fait prendre, à l’époque, la
forme d’une métaphysique chrétienne à la réflexion théologique
et l’identité chrétienne
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 17

⋂ Rapport à l’éthique : Hétéronomie du bien car la théologie est en monopole par


rapport à une approche des critères éthiques.

⋂ Rapport au politique Distinction entre pouvoir temporel et spirituel (Empereur et


Pape). Hétéronomie politique car le pouvoir temporel tient sa
légitimité de Dieu (MADD et lignée de sang). La distinction est
symbolique entre société existante et Royaume annoncé par
Jésus.

3. XVI-XVIII : émergence de la modernité


La fin du MA est caractérisé par un processus complexe qui porte des dimensions
culturelles, philosophiques et sociétales.

3.1. Autonomie et connaissance


a. Evolution de la cosmologie
ARISTOTE (-IV) Géocentrisme, formes parfaites circulaires, orbites circulaires,
monde céleste sublunaire et monde suplunaire
PTOLEMEE (II) Orbites non circulaires et théorie des épicycles pour sauver la
position aristolécienne
COPERNIC (XV-XVI) héliocentrisme ; condamné par Paul V en 1616
GALILEE (XVI-XVII) Reprend Copernic dans une réflexion plus générale sur le
mouvement ; observations  homogénéisation de l’espace ;
Affaire Galilée avec condamnation en 1633.

b. Enjeux philosophiques : Descartes


Il se demande quel est le critère du vrai, comment le savoir scientifique est il possible ?
 doute méthodique  déconstructions d’évidences ≠ certitudes absolues (rêves)  « Je
pense donc je suis » : modèle de l’évidence intérieure  Point d’appui pour reconstruire
un monde de certitudes.

Argument de St Anselme : Un être fini ne peut concevoir l’infini sauf si celui-ci lui inspire
le concept. Le fait que l’être humain conçoive l’être infini est la preuve même de
l’existence de cet être infini.

 Raisonnement mathématique : lieu d’un rapport privilégié au vrai.


 Sensibilité : source de connaissance fiable car c’est Dieu qui nous l’a donnée. Mais
confiance seconde.
 C’est l’intuition de la vérité comme intuition mathématique qui prend le statut de
critère de vérité.

Ainsi, Descartes développe une métaphysique encore bien ancrée dans la pensée
médiévale mais il propose une épistémologie où le rapport au vrai est centré sur l’homme
ce qui conduira à l’avènement de la modernité, à la démarche d’autonomisation.

3.2. Autonomie et éthique


KANT réaborde la Q cartésienne de la fondation du savoir scientifique en partant d’une
situation tout à fait différente. (physique newtonienne)

a. Critique de la raison pure


Pour Descartes, les maths donnent accès à la structure du réel physique et la rationalité
peut donner lieu à une certaine métaphysique fondée. Pour KANT au contraire, la raison
pure ne peut donner lieu à la connaissance par elle-même.
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 18

Il distingue phénomènes (choses telles qu’elles apparaissent) et noumènes (choses telles


qu’elles sont en vérité). Pour lui, on a accès que au phénoménal.

Subjectivité transcendantale : tous les sujets humains ont une structuration analogue de
leur entendement.

La raison ne donne pas accès aux choses en soi, elle parachève le travail de
l’entendement dans la structuration du monde phénoménal.

b. Critique de la raison pratique


L’usage de la raison est déterminant dans le domaine de l’éthique.

Révolution copernicienne de la philosophie


Chez Descartes la métaphysique tend à démontrer l’existence de Dieu comme maître de
la loi éthique et les hommes sont implicitement incapables de se donner une éthique.

Chez KANT, la raison ne donne pas directement accès à la connaissance du monde en soi
donc la raison ne peut pas démontrer l’existence de Dieu. Ainsi, la raison perd de son
pouvoir théorique mais gagne pour la pratique car, selon Kant, l’usage de la raison dans
le domaine pratique peut conduire à une éthique universelle fondée rationnellement.

3 formulations
1) Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps
qu’elle devienne une loi universelle.
2) Agis de telle sorte que tu traite l’humanité aussi bien dans ta personne que dans
celle de tout autre toujours en même temps comme un fin et jamais simplement
comme un moyen.
3) La volonté de tout être raisonnable est conçue comme volonté instituant une
législation universelle.
 La volonté n’est soumise à la loi morale que parce que c’est elle qui l’institue 
l’homme n’est soumis qu’à sa volonté propre  Principe de l’autonomie de la volonté.

Le concept d’autonomie vise la prise de distance par rapport à Dieu. Avec Descartes,
c’est le rapport au vrai qui s’autonomise, avec Kant, c’est le rapport au bien.
Avec Kant, le sujet moderne développe une volonté libre, capable d’instituer sa propre loi
éthique comme mise en œuvre de la raison pratique.

3.3. Autonomie et politique


Dans l’ancien régime, le pouvoir est légitimé par Dieu. Dans les années 1700, on observe
une cassure dans les principes d’organisation de la société en plusieurs lieux distincts.

Il s’agit d’un processus de maturation d’un concept de vie en société s’autoinstituant. La


société prend alors son propre avenir en main, les démocraties s’installent MAIS de ce
point de vue, le suffrage universel n’est pas l’enjeu. Il faudra d’ailleurs encore attendre 2
siècles pour cela.

3.4. Modernité et primat de la subjectivité


• Lien entre les ≠ autonomies
• L’ensemble de ces nouvelles perspectives (courant des Lumières) est marqué par
une profonde foi en l’homme.
• XVIII : émergence d’un nouveau projet social
• La modernité correspond à une prise de distance du fonctionnement social par
rapport à une instance fonctionnelle externe au sociale. Mais cette prise de
distance compte parmi ses grand initiateurs des chrétiens.
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 19

4. XIX : Grandes synthèses historiques


HEGEL Conception historique de la vie de l’être en 3 grands moments :
1) La logique (point de départ et également ce qui habite le déploiement de
l’être)
2) La philosophie de la nature
3) Phénoménologie de l’Esprit
L’être reprend conscience de soi progressivement (≠ cultures apparaissent
tout au long de l’histoire humaine)
Système hégélien = fin de l’histoire. L’être reprend conscience lui-même de
manière plénière.

 doutes dans les présuppositions de la philosophie occidentale : courants


philosophiques où l’un des enjeux est de penser la finitude, l’opacité, la non-
transparence de l’être
 ethnocentrisme radical

MARX Pour lui, le moteur de l’histoire dans l’instance économique ce sont les
contradictions du monde économique qui déterminent l’évolution historique de
nos sociétés.
Chez Marx, moteur de l’histoire aussi lié a la dialectique de Hegel, une dimension du
système marxiste correspond également au niveau de l’aboutissement de l’histoire.
Mais même si le lien originaire entre Marx et Hegel est OK, il est encore en débat
pour ce qui est par exemple du lien avec le Marx de la maturité …

A. COMTE ≠ rationaliste car il propose une épistémologie qui se méfie de toute


connaissance ne venant pas de la sensibilité. Il a une conception de l »histoire
en 3 moments :
1) moment religieux et militaire : recherche d’explication surnaturelle aux
phénomènes.
2) Moment positiviste et industriel : conception kantienne superficielle. N’est
vrai que ce qui peut l’objet d’une vérification par l’expérience.
3) Il transpose ce culte du rapport au fait d’expérience dans le domaine
social à une sorte de foi dans la science et ses capacités de répondre aux
attentes de l’homme.
Il intègre cela à une sorte de religion positiviste. Peu suivi par le monde
institutionnel, ses perspectives épistémologiques auront beaucoup de succès
chez les scientifiques.

Autonomie et fin de l’histoire


Les grandes synthèses du XIX prennent la forme d’une consécration de l’autonomie
entrevue dans les philosophies des siècles précédents. Bien plus, les philosophies de
Marx et Hegel des philosophies de fin de l’histoire qui présentent l’autonomie et la culture
occidentale comme l’aboutissement d’un processus historique naturel.

5. XX : Crise de la modernité et/ou postmodernité


L’aboutissement du projet rationaliste dans la philosophie hégélienne et dans le système
marxiste marque profondément la philosophie du XX où la pensée de la finitude s’impose
comme thème central de la réflexion philosophique après les 2 guerres.

La finitude ne peut être dissociée des travaux théoriques de la fin du XIX qui prenaient
déjà distance par rapport aux formes rationalistes extrêmes de la pensée historique, ni
des évènements majeurs du XX qu’ont été les 2 guerres mondiales.
Mais le XX ne peut pas se limiter non plus aux 2 guerres, il y a aussi les développements
scientifiques et technologiques, le progrès humain considérable d’après chaque guerre, …
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 20

5.1. Les maîtres du soupçon


3 penseurs de fin XIX et XX qui ont en commun d’avoir porté le soupçon sur les intuitions
fondamentales du courant rationaliste moderne.

MARX Dans la lecture marxiste de l’histoire, la philosophie est associée au


concept d’idéologie comme participant à la superstructure qui est
perçue sous son aspect péjoratif de maintien des rapports sociaux.
 Toute démarche rationnelle peut se voir alors interrogée sur le
rapport originaire à son lieu social de production et son impact sir la
dynamique sociétale générale. (soupçon qui part du lieu sociologique)

FREUD -irréductibilité des phénomènes psychiques par rapport au


physiologique
- méthode d’exploration de l’inconscient
- pratique psychanalytique et théorie du fonctionnement de
l »inconscient

Un comportement donné ne doit pas être considéré comme un produit


immédiat de la conscience mais comme lié à une série de forces
pulsionnelles qui échappent à la conscience.
Il conçoit une anthropologie qui porte le soupçon sur une conception
transparente de la consciente >< anthropologie rationaliste.

Exemple : la résolution du complexe d’Oedipe chez l’enfant qui l’amène


à reconnaître la ≠ de génération, la prohibition de l’inceste 
reconnaissance de la finitude humaine et début d’un processus
d’identification sexuelle.

NIETZCHE Critique acerbe du courant rationaliste à 2 niveaux :


1) Pour lui, l’idéalisme rationaliste (manière pour l’homme de se
croire important) = peur de la réalité de la condition d’un être seul
dans le cosmos.
2) Philosophie de la peur = philosophie du pouvoir permettant
d’imposer un ordre social à des individus marqués par la peur de
la condition humaine.
Soupçon radical sur la rationalité elle-même

5.2. Autonomie et savoir


Par rapport au projet moderne, ce XX s’annonce sombre …
La pensée à donné lieu à des philosophies qui portent un soupçon radical sur les
présuppositions même de la pensée moderne pourtant un bilan plus nuancé peut être
proposé.

a. Sciences et connaissances
• Autonomie de l’esprit humain par rapport au savoir est devenu une évidence
• La science arrive à des niveaux de connaissance inespérés jusqu’alors
• On arrive jamais à la certitude, toute théorie est vraie provisoirement

b. Sciences et techniques
• Le progrès de la science a des impacts incontestés sur nos sociétés
• Le lien automatique entre progrès technique et progrès sociétal est remis en
cause  évaluation technologique / ETHIQUE
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 21

c. Savoir global
Méfiance et soupçon radical sur la démarche métaphysique (ou approche globale)
marquée par l’histoire de la philosophie et l’histoire politique avec comme conséquences :
• Hyperspécialisation des disciplines ; éclatement du savoir
• Besoin de pratiques interdisciplinaires et non plus pluridisciplinaires
• Tentative de reconstruire une métaphysique non-totale prenant en compte de la
non transparence de la conscience et de la finitude de la rationalité elle-même.
(Travaux de Heidegger, Merleau-Ponty, …)

5.3. Autonomie et politique


a. Droits de l’homme
L’autonomie du pouvoir politique s’est également affirmée de + en + jusqu’à connaître
un aboutissement retentissant dans la déclaration universelle des droits de l’homme
(DUDH).
• Inscription dans la sphère du politique du primat de la subjectivité dans le rapport
au vrai posé par Descartes
• Résultat de dynamiques conflictuelles ≠ spontané
• DUDH ≠ corollaire immédiat de l’autonomie du pouvoir. En effet, l’autonomie
politique ne conduit pas nécessairement au respect de la personne (léninisme,
national socialisme, …)

b. Perspectives critiques
La problématique des droits de l’homme pose une série de Q :
• Lien entre droits de l »homme et fonctionnement économique libéral ?
• Contexte des rapports aux autres cultures ; caractère universel des droits de
l’homme ?
• Limites de la DUDH pour fonder une société  individualisme ?  autonomie
politique n’entraîne pas spécialement une société centrée sur le respect des
personnes.

5.4. Autonomie et éthique


a. Rapport au droit
DUDH concerne la sphère éthique et la sphère juridique. Elle peut être considéré comme
expression d’une éthique de l’organisation sociale. Elle constitue une forme
d’aboutissement et de consécration de l’autonomie de l’éthique.

b. Ethique de la responsabilité
ON voit un passage d’une éthique du devoir (perspective kantienne de la rationalité et
l’amour du devoir) à une éthique de la responsabilité au XX. En effet, le soupçon
Freudien sur la rationalité à amener un déplacement de la Q des principes vers la Q des
conséquences.

c. Concept de personne
Le concept de respect des opinions (DUDH) est un principe formel qui ne donne pas un
contenu au concept de personne. Pour pallier cet aspect purement formel, Habermas
développe une éthique de la communication où chacun est appelé à rendre raison de ses
positions.
 Un fonctionnement social ne se réduit pas ay simple respect des opinions de chacun
(~indifférence), il exige une élaboration et le partage des systèmes de justifications
proposées  diverses traditions philosophiques et spirituelles = principes éthiques divers.
 DIALOGUE pour l’élaboration de critères d’évaluation éthique qui conduisent à une
véritable promotion des personnes.
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 22

5.5. Interprétation postmoderne


XX : bilan mitigé de la modernité.
POSTMODERNES :
• Visée de l’universel abandonnée
• Hypervalorisation du différend (aucun consensus n’est possible)
• Défaite des grands méta récits modernes.
• Sciences  maîtrise très locale de la réalité  savoir-faire directement intégrable
dans une rentabilité économique.

5.6. Ouvertures
XX : véritable crise de la modernité.
• courants de pensées remettent en cause une rationalité capable de rendre compte
du réel.
• des évènements ont porteurs de ce doute

POURTANT
• Renforcement de la triple autonomie avec une charge à la fois positive et négative
pour chaque aspect
• Crise = annonce d’un échec OU indice de transformation liée à maturation ? C’et
un choix personnel. Pour FELTZ, le XX correspond à une prise de conscience de la
finitude de la rationalité, de la science, de l’homme, du pouvoir, que la société
parfaite est impossible. Pour lui, cette modernité consciente de la finitude peut
être un vrai projet mobilisateur pour une société.

Bases d’une société d’avenir …


• Triple autonomie
• DUDH
• Conception modeste de la science et de la rationalité
• Prise en compte de l’exigence de solidarité au fondement du lien social
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 23

Chapitre 5 : Qu’est ce que l’homme ?


Qu’est ce que l’homme ? quelle set sa spécificité ? Quelles différences y-a-t’il entre
homme et animal ?

1. Concept d’âme : approche historique


PLATON (-V,-IV) Le réel et la vérité ne se trouvent pas dans le sensible mais dans le
concept d’Idée (ex : arbre ; maths dont les phénomènes empiriques ne
sont que des mises en œuvre)
ALLEGORIE DE LA CAVERNE
La sensation est l’occasion de se souvenir de l’Idée qui ne peut venir
que d’une préconnaissance.
L’âme participe au monde des idées, elle est ainsi immatérielle et
immortelle. Elle est également éternelle  incarnations successives, …
Dualisme corps >< âme

ARISTOTE (IV) 1) Il développe une conception où l’âme n’est pas un principe externe
ajouté à une matière. Par l’hylémorphisme, il dit que le réel est dans la
substance (matière + forme), l’objet matériel et pas dans l’Idée. Il
parle ainsi d’union substantielle de l’âme t du corps ù l’âme est au
corps ce que la forme est à la matière.
2) Notion de puissance et d’acte. L’âme est la forme d’un corps
organisé ayant la vie en puissance. L’âme est la forme et l’acte.
3) Le concept d’âme porte sur la vie, il développe une conception
hiérarchisée de la vie avec âme végétative, sensitive et intellective
(spécificité des hommes). Ainsi l’homme est un animal raisonnable, il a
accès à la raison par le langage.
4) On ne trouve pas chez Aristote d’immortalité de l’âme personnelle
analogue à celle qu’on trouve chez les penseurs chrétiens du MA mais
on trouve une certaine immortalité hypothétique de l’intellect agent
(qui éclaire l’esprit >< intellect passif qui reçoit les formes)

AUGUSTIN (XIII) C’est un contexte néoplatonicien (dualisation et âme prisonnière du


corps, âme éternelle et réincarnation) et manichéen (monde = lieu
d’affrontement du bien et du mal). Il s’attaque à pelage qui défend une
conception optimiste de l’homme libre qui est seul artisan de sa
destinée terrestre et spirituelle.

Pour Augustin, l’âme n’est pas éternelle. Immortelle et liée à 1


personne, elle est créée par Dieu et rejoint le créateur pour la vie
éternelle à la mort de cette personne.
PAS DE REINCARNATION
Les influences néoplatonicienne et manichéenne se retrouvent dans le
conflit qui l’oppose à Pelage. Pour Augustin, l’homme seul est un
pêcheur et ne peut rien. Il a un regard péjoratif sur le corps et les biens
de ce monde.

Enjeux culturels :
Unicité de chaque individu liée à la création de l’âme ( base du concept
de personne en philosophie moderne)
Mépris du corps et regard péjoratif sur le monde  puritanisme
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 24

d’AQUIN (XIII) Alors que le haut MA est marqué par le néoplatonisme, le XIII a une
grande activité intellectuelle liée aux contacts (renouer) avec la pensée
grecque via le monde arabe.

Il reprend la distinction aristotélicienne entre les âmes et la conception


de l’âme comme forme du corps avec pour ≠ que l’âme rationnelle fait
l’objet d’une création spéciale par Dieu. A 40j, il y a intervention de
Dieu et l’embryon humain reçoit une âme intellective.

A la mort, l’âme immortelle rejoint Dieu et entre en attente de


résurrection puisque l’âme sans le corps n’est pas une personne. Il
rejoint ainsi la pensée des premiers chrétiens.

DESCARTES Il introduit le dualisme platonicien dans la pensée moderne. L’homme


st composé d’un corps machine mais d’une âme spirituelle qui est le
lieu du savoir rationnel et le lieu de la liberté et qui distingue l’homme
de l’animal.

Après le XVII, le concept d’âme est abandonné, on recourt au concept de liberté pour
penser la spécificité de l’humain.

2. Concept de liberté : approches contemporaines


La spécificité de l’homme peut être approchée par le concept de liberté qui permet de
penser le rapport aux déterminations corporelles et un espace propre à l’agir humain.

2.1. Dualisme en Q
• Sciences biomédicales : on voit qu’il y a un lien entre le comportement humain et
la structure corporelle.
• Psychologie et FREUD : les comportements s’inscrivent dans l’histoire corporelle
des individus.
• Sociologie : conception de l’homme profondément déterminée par un nombre
important de facteurs culturels et sociaux.

2.2.Déterminisme et liberté
Etre humain = libre étant donné toutes les déterminations de son comportement ?

KANT : thèse de la liberté >< antithèse du déterminisme


Pour Kant, c’est indécidable.

Spinoza : Tout est déterminé. A sa suite, des philosophes parlent de la liberté comme
illusion utile car les comportements humains sont plus facilement appréhendés comme si
ils étaient libres.
FERRY : déterminisme = a priori métaphysique
 Déterminisme = choix méthodologique lié à la démarche scientifique.
Maintenir la possibilité ouverte d’une liberté effective de l’homme.

2.3. Neurosciences et anthropologie philosophique


a. Principe d’émergence
NAGEL : « Le tout est + que la somme des parties »
Principe d’émergence : « Les propriétés d’une organisation sont qualifiées d’émergentes
par rapport aux propriétés des éléments constituants cette organisation lorsque aucune
théorie ne permet d’expliquer les propriétés de l’organisation en fonction des propriétés
des éléments »
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 25

A l’opposé, on trouve le concept de réduction avec ses 2 conditions à savoir la


connectabilité des concepts et la dérivabilité des lois.
(ex : chromosomes, … mais la bio n’est pas encore réduite à la physico-chimie !)

b. Eliminativisme
P. CHURLAND reprend NAGEL pour construire une philosophie qui vise à réduire la
« psychologie populaire des neurosciences » en transformant les affirmations en langage
scientifique correct.
 Churland veut réduire la psychologie aux neurosciences. C’est une position forte du
courant réductionniste en neurosciences.

c. Tentatives de dialogue
Publications déterministes qui tendent à réduire le comportement humain aux structures
biologiques MAIS même si la Q de la connectabilité des concepts est abordée, ils
n’envisagent pas la Q de la dérivabilité des lois. D’autres ouvrages sont marqués par le
concept de liberté de l’être humain.

d. EDELMAN : « Biologie de la conscience »


Objectif : anthropologie unitaire non-dualiste sur base d’une analyse du fonctionnement
du système nerveux.

Sélection >< Instruction


Toute une série d’arguments théoriques et expérimentaux l’amène à dire que le
programme ne précise pas la structure fixe du SN central. Il y a apparition d’une
structure complexe et redondante et c’est l’interaction avec l’environnement qui va
sélectionner les connexions pertinentes alors que les autres vont dégénérer.

3 niveaux de sélection :
• Répertoires primaires et sélection somatique. (1ère phase génétique et 2ème phase
d’affinage liée à l’activité des fibres nerveuses)
• Répertoires secondaires et stabilisation sélective (stabilisation des connexions
stimulées)
• Cartographie globale et réentrées (apparitions de connexions réciproques et de
voies réentrantes qui constituent un réseau dense et redondant entre cartes)

2 niveaux de conscience
Conscience primaire : les animaux sont capables de remémorations mais ces capacités
sont dépendantes des stimuli du présent.
Conscience d’ordre supérieur : grâce au langage, représentation déconnectée des stimuli
du présent  ouverture sur le réel, l’imaginaire, le temps, …

Anthropologie unitaire
Il propose ainsi une anthropologie unitaire où la conscience est associée non à la
présence d’une substance ≠ du corps amis bien à l’activité du SN dans son ensemble.
 Double histoire : collective via la sélection naturelle et individuelle via la stabilisation
sélective et l’apprentissage du langage.
 Chaque individu est le produit d’une histoire spécifique, unique et irréversible.
 conscience intentionnelle
 Concept de liberté mais pas totale …

Enjeux philosophiques
• Esprit dans la nature (non-dualisme)
• Irréductibilité de chaque histoire individuelle
• Conscience intentionnelle
La science et le vivant : Synthèse du cours de Philosophie BIR1240 26

Conclusions
Il est maintenant possible de penser la compatibilité entre une approche mécaniste
déterministe biologique du vivant et une anthropologie qui confère à la liberté une place
décisive comme caractérisation du comportement humain.

Le principe d’émergence permet d’envisager la liberté comme un espace


d’indétermination propriété de l’organisme humain non réduit aux propriétés des
éléments constituants.

 Option possible d’une ANTHROPOLOGIE DE LA LIBERTE RAISONNABLE

2.4. Contribution de la phénoménologie (MERLEAU PONTY)


• Déterminations ne sont pas oppositions à la liberté mais bien des conditions de
possibilité de la liberté.
• Déterminations déterminent notre rapport au monde mais l’inscrive dans un
champ de possibles. Ces déterminations ne sont obstacle que à une liberté
absolue … laquelle conduit au concept de néant. Une action libre peut s’inscrire à
l’intérieur du champs des possibles.
• Le principe d’émergence permet de distinguer les systèmes de déterminations qui
entraînent l’assujettissement et ceux qui peuvent ouvrir à des libertés
potentielles.

2.5. Conclusions
Histoire du concept d’âme, neurosciences et Merleau-Ponty  affirmation d’une liberté
sans recourir à une instance ≠ du corps.

Une telle rencontre entre des traditions si distinctes doit être soulignée  rapprochement
possibles entre démarches souvent considérées comme conflictuelles.

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