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Olivier Levyne
ESCP, Docteur en Sciences Economiques, HDR en Sciences de Gestion, Qualifié Professeur des Universités
3 familles de méthodes
• Il existe 3 familles de méthodes de valorisation
• Chaque famille fait l’objet d’un chapitre spécifique
• Chapitre 1 : Méthodes analogiques
• Comparaisons boursières
• Comparaisons transactionnelles
• Primes d’offres publiques
• Chapitre 2 : Méthodes intrinsèques
• Discounted Cash Flows : DCF
• Dividends Discount Model : DDM
• Chapitre 3 : Méthodes substantielles
• Actif net réévalué : ANR
• Actif net estimé ou Somme des Parties ou Sum of the Parts : SotP
Chapitre 2 : méthodes intrinsèques
ème
2 partie : pratique du DCF
1. Rappels et compléments sur le DCF
• La première partie du chapitre 2 a permis de préciser les 4 points suivants
• La VE est la somme des FCF futurs actualisé au coût K du capital
• FCF = REX(1-t) + Dotations nettes – Investissements nets – DBFR où t est le taux d’IS
𝐶𝑃 𝐷
• 𝐾 = 𝑘. + 𝑖. 1 − 𝜏 . = CMPC ou coût moyen pondéré du capital
𝐶𝑃+𝐷 𝐶𝑃+𝐷
• k = 𝑟𝑓 + 𝛽𝑖 [𝐸(𝑅𝑀 ) − 𝑟𝑓 ] = taux des OAT à 10 ans + beta x prime de risque du marché
• VCP = VE – D où D est la dette financière nette
• La valorisation par DCF suppose d’intégrer, a minima, les 3 points suivants dans la
valorisation
• Le taux de croissance à l’infini doit être identique au taux de croissance de la dernière année du plan
d’affaires. Il convient alors de prolonger le plan d’affaires pour le faire « atterrir en douceur »
• Au regard des principes de la théorie financière, la valeur CP des capitaux propres retenue dans la
formule du CMPC doit être économique. Il s’agit précisément de la valeur issue du modèle DCF qui doit
alors « boucler » sur lui-même
• La méthode DCF s’applique aussi bien aux sociétés cotées qu’aux sociétés non cotées. Or, si la société
n’est pas cotée, il n’est pas possible de calculer de covariance entre le rendement de son action et celui
du marché pour déterminer son beta. Il convient alors de le calculer par référence à celui de sociétés
cotées comparables
2. Atterrissage du plan d’affaires
• La logique de l’atterrissage est triple
• Convergence linéaire du taux de croissance du chiffre d’affaires (CA)
• de la dernière année du plan d’affaires disponible
• vers le taux de croissance à l’infini qui est retenu comme taux de croissance du CA de la
dernière année de prolongation
• Maintien, pendant toute la période de prolongation, de ratios observés lors de la
dernière année du plan d’affaires disponible
• Taux de marge d’EBE ou EBE / CA, ce qui permet, en connaissant le CA, d’en déduire l’EBE
• Dotations / CA, ce qui permet, en connaissant le CA, d’en déduire les Dotations
• Taux d’IS
• BFR / CA ce qui permet, en connaissant le CA, d’en déduire le BFR et sa variation
• Convergence linéaire des investissements nets
• de la dernière année du plan d’affaires disponible
• vers le niveau projeté des dotations de la dernière année de prolongation
3. Exemple d’atterrissage (1/2)
• Enoncé
• On se propose de prolonger le plan d’affaires présenté dans la première partie
du chapitre 2. Des informations sur le chiffre d’affaires ont été ajoutées
2020 2021 2022 2023
CA 1000 1100 1200 1300
EBE 400 500 600 700
REX 300 410 520 620
Investissements 90 100 120 130
BFR 750 800 860 940
• Le taux de croissance à l’infini à retenir est de 3%
• Pour cela, le plan d’affaires devra être prolongé de 4 années : 2024 à 2027
• Question : déterminer les FCF sur la période de prolongation
3. Exemple d’atterrissage (1/2)
• Solution
• Convergence linéaire du taux de croissance du CA
de 8,3% en 2023 à 3,0% en 2027 Réalisation Plan d'affaires de la société Atterrissage en douceur
• En 2024 : 8,3%-(8,3%-3%)/4=7,0% 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027
• En 2025 : 7,0%- (8,3%-3%)/4=5,7% CA 1000 1100 1200 1300 1 391 1 470 1 534 1 580
• En 2026 : 5,7%-(8,3%-3%)/4 =4,3% Taux de croissance 10,0% 9,1% 8,3% 7,0% 5,7% 4,3% 3,0%
• Maintien, au-delà, de 2023 des ratios suivants
EBE 400 500 600 700 749 791 826 851
• EBE / CA : 53,8% donc : EBE / CA 40,0% 45,5% 50,0% 53,8% 53,8% 53,8% 53,8% 53,8%
• En 2024 : EBE=53,8%.1391=749
• En 2025 : EBE=53,8%.1470=791…
(Dotations) (100) (90) (80) (80) (86) (90) (94) (97)
• Dotations / CA : 6,2% Dotations / CA -10,0% -8,2% -6,7% -6,2% -6,2% -6,2% -6,2% -6,2%
• En 2024 : Dotations=6,2%.1391=86 _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____
• En 2025 : Dotations=6,2%.1470=90… REX 300 410 520 620 663 701 731 753
• Taux d’IS : 30% appliqué au REX (IS sur le REX @) 30% (123) (156) (186) (199) (210) (219) (226)
• BFR / CA : 72% Dotations 100 90 80 80 86 90 94 97
• En 2024 : BFR=72%.1391=1006 (Investissements) (90) (100) (120) (130) (122) (114) (105) (97)
• En 2025 : BFR=72%.1470=1063… (DBFR) (50) (60) (80) (66) (57) (46) (33)
• Donc DBFR 2026=1063-1006=57 _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____
• Convergence linéaire des investissements de 130 FCF 227 264 304 362 411 455 494
en 2023 vers le niveau des dotations de 97 en
2027 BFR 750 800 860 940 1 006 1 063 1 109 1 142
• En 2024 : 130-(130-97)/4 = 122 BFR / CA 75% 73% 72% 72% 72% 72% 72% 72%
• En 2025 : 122-(130-97)/4 = 114 …
4. La question du bouclage sur la valeur des CP
4.1. Principe
• Dans l’approche de valorisation par DCF, CP étant la valeur des capitaux propres recherchée :
+∞
𝐹𝐶𝐹𝑡
𝐶𝑃 = 𝑉𝐸 − 𝐷 = 𝑡
−𝐷
1+𝐾
𝑡=1
𝐶𝑃 𝐷
𝐾 = 𝑘. + 𝑖. 1 − 𝜏 .
𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷
• Le taux d’actualisation K permet de déterminer la valeur CP des capitaux propres qui est, elle-même,
requise pour déterminer K
• Ce point est résolu en faisant boucler le modèle sous Excel grâce aux itérations
• Pour accéder aux itérations : Fichier – Options – Formules – Itérations
• Pratiquement
• On crée un modèle de valorisation complet en saisissant un taux d’actualisation dans une cellule, par exemple 10%
• Puis, on remplace ce taux par la formule du CMPC appliquée aux valeurs numériques du cas considéré
4. La question du bouclage sur la valeur des CP
4.2. Exemple (1/3)
• Enoncé
• On dispose des hypothèses additionnelles suivantes
• Taux des OAT : 1%
• Prime de risque du marché : 7%
• Beta de la société : 1,2
• Coût de la dette avant IS : 4,0%
• Taux d’IS : 30%
𝐶𝑃 𝐷
𝐾 = 𝑘. + 𝑖. 1 − 𝜏 .
𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷
𝐷 𝐶𝑃 𝐷
𝐾 = 𝜌 + (𝜌 − 𝑖) 1 − 𝜏 . + 𝑖. 1 − 𝜏 .
𝐶𝑃 𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷
En développant par distribution des termes qui sont dans le crochet
𝐶𝑃 𝐷 𝐶𝑃 𝐷
𝐾 = 𝜌. + (𝜌 − 𝑖) 1 − 𝜏 + 𝑖. 1 − 𝜏 .
𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷
5. A propos du taux d’actualisation
5.3. Coût ajusté du capital (2/2)
𝐷 𝐶𝑃 𝐷
• En remarquant que =
𝐶𝑃 𝐶𝑃+𝐷 𝐶𝑃+𝐷
𝐶𝑃 𝐷 𝐷 𝐷
𝐾 = 𝜌. +𝜌 1−𝜏 −𝑖 1−𝜏 + 𝑖. 1 − 𝜏 .
𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷
Les 2 derniers termes se simplifient. Le coût ajusté du capital est donc indépendant du coût 𝑖 de
la dette
𝐶𝑃 𝐷 𝐶𝑃 𝐷 𝐷
𝐾 = 𝜌. +𝜌 1−𝜏 = 𝜌. +𝜌 − 𝜌𝜏
𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷 𝐶𝑃 + 𝐷
𝐷 𝑫𝝉
𝐾 = 𝜌 − 𝜌𝜏 ⇔𝑲=𝝆 𝟏−
𝐶𝑃 + 𝐷 𝑪𝑷 + 𝑫
• Le CMPC et le coût du capital, tous deux notés K, ont la même valeur. On dispose
ainsi d’un moyen de vérifier l’absence d’erreur, dans un modèle DCF, sur le calcul
du taux d’actualisation
5. A propos du taux d’actualisation
5.4. Formule d’Hamada (1/3)
• La formule d’Hamada permet d’obtenir le beta d’une société non cotée
• Elle est obtenue en injectant la formule du MEDAF dans la formule du coût
des capitaux propres selon Modigliani & Miller en présence de fiscalité :
𝐷
𝑘 = 𝜌 + (𝜌 − 𝑖) 1 − 𝜏
𝐶𝑃
• Or
• 𝜌 est le coût du capital de l’entreprise non endettée. 𝜌 est donc le coût des capitaux
propres de l’entreprise non endettée. En notant 𝛽 ∗ le beta de l’entreprise non
endettée, le MEDAF permet d’écrire :
𝜌 = 𝑟𝑓 + 𝛽𝑖∗ [𝐸(𝑅𝑀 ) − 𝑟𝑓 ]
• Le MEDAF peut aussi s’appliquer au coût 𝑖 de le dette :
𝑖 = 𝑟𝑓 + 𝛽𝐷 [𝐸(𝑅𝑀 ) − 𝑟𝑓 ] où 𝛽𝐷 est le beta de la dette
5. A propos du taux d’actualisation
5.4. Formule d’Hamada (2/3)
𝐷
• Ainsi, 𝑘 = 𝜌 + (𝜌 − 𝑖) 1 − 𝜏 devient
𝐶𝑃
𝑟𝑓 + 𝛽𝑖 [𝐸(𝑅𝑀 ) − 𝑟𝑓 ]
𝐷
= 𝑟𝑓 + 𝛽𝑖∗ [𝐸(𝑅𝑀 ) − 𝑟𝑓 ] + 𝑟𝑓 + 𝛽𝑖∗ [𝐸(𝑅𝑀 ) − 𝑟𝑓 ] − 𝑟𝑓 − 𝛽𝐷 [𝐸(𝑅𝑀 ) − 𝑟𝑓 ) 1 − 𝜏
𝐶𝑃
• On peut alors réaliser les simplifications suivantes
• Par 𝑟𝑓 à l’intérieur de l’acollade
• Par 𝑟𝑓 de part et d’autre du signe =
• Par [𝐸(𝑅𝑀 ) − 𝑟𝑓 ] car tous les termes qui n’ont pas été simplifiés intègrent ce facteur
𝑫
• Dès lors : 𝜷𝒊 = 𝜷∗𝒊 +(𝜷∗𝒊 − 𝜷𝑫 ) 𝟏 − 𝝉
𝑪𝑷
𝐷 𝑫 𝟏−𝝉
• Si 𝛽𝐷 = 0, alors : 𝛽𝑖 = 𝛽𝑖∗ + 𝛽𝑖∗ 1−𝜏 ⇔ 𝜷𝒊 = 𝜷∗𝒊 𝟏+
𝐶𝑃 𝑪𝑷
5. A propos du taux d’actualisation
5.4. Formule d’Hamada (3/3)
• Pour déterminer le beta d’une société non endettée
• On constitue un référentiel de sociétés cotées comparables
• On relève ou on calcule le beta de chaque comparable
• On en déduit le beta désendetté en utilisant :
𝐷 1−𝜏 𝜷𝒊
𝛽𝑖 = 𝛽𝑖∗ 1 + ⇔ 𝜷∗𝒊 =
𝐶𝑃 𝑫 𝟏−𝝉
𝟏 + 𝑪𝑷
• On calcule la moyenne 𝛽∗ des betas désendettés des sociétés du référentiel
𝐷
• On applique alors la formule d’Hamada : 𝛽𝑖 = 𝛽∗ +(𝛽∗ − 𝛽𝐷 ) 1 − 𝜏
𝐶𝑃
• Cette approche est également retenue lorsque la société à valoriser est cotée
• On désendette son beta sur la base de sa capitalisation boursière
𝐷
• On le réendette pour prendre en compte le rapport propre au modèle DCF ; en d’autres
𝐶𝑃 𝐷
termes, la valeur CP des capitaux propres de la formule 𝛽𝑖 = 𝛽∗ +(𝛽 ∗ − 𝛽𝐷 ) 1 − 𝜏
𝐶𝑃
correspond à la valeur de la société par DCF ; cela signifie que le modèle intègre une seconde
boucle sur lui-même
5. A propos du taux d’actualisation
5.5. Exemple (1/2)
• Enoncé
• Questions :
• Compléter l’exemple précédent en calibrant le beta de telle sorte qu’il reflète la structure
financière de l’entreprise à valoriser. On supposera que cette société est cotée en bourse
et que sa capitalisation boursières est de 5 000
• Utiliser les formulations de Modigliani et Miller pour vérifier les niveaux du coût des
capitaux propres et du CMPC
5. A propos du taux d’actualisation
5.5. Exemple (2/2)
• Solution Taux des OAT
Beta
1,0%
1,20
Coût de la dette avant IS
Beta de la dette b D
4,0%
0,43
• On reprend le modèle précédent Capitalisation boursière 5 000 Taux d'IS 30,0%
Beta désendetté = b*
• On ajoute les formules suivantes Beta réendetté = b
1,14
1,17
Coût de la dette après IS
CMPC
2,8%
8,79%
• Beta désendetté = 1,2/[1+400.(1- Prime de risque du marché 7,0%
30%)/5000]=1,14 Coût k des capitaux propres 9,18% Vérifications
• Beta de la dette = (i-taux des r 8,95%
OAT)/Prime de risque = (4,0%- Coût ajusté du capital 8,79%
1,0%)/7% = 0,43 k selon Modigliani & Miller 9,18%