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Nouveau programme SES 2020

Chapitre 2 : Quels sont les fondements du commerce international


et de l’internationalisation de la production
1. Les théories classiques et contemporaines du libre échange
a. Les théories classiques du libre échange
Adam Smith (1723-1790), dans « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » (1776), montre que le
commerce international est un jeu à somme positive grâce à la Division internationale du travail (DIT), qui
correspond à la spécialisation de chaque pays dans le domaine d'activité où il est le plus compétitif (Avantage absolu). Elle doit
se traduire par une ouverture des marchés et une élévation du niveau de la productivité des pays qui s'y engagent,
autorisant ainsi un enrichissement collectif
David Ricardo (1772-1823) reprend le modèle d'Adam Smith mais cette fois-ci un des deux pays est le plus efficace
pour les deux produits. On peut alors supposer que ce pays n'a pas intérêt à se spécialiser et à échanger. Pourtant,
Ricardo va démontrer que les pays ont intérêt à se spécialiser dans le produit pour lequel il dispose d'un avantage
comparatif ou relatif, c'est à dire l'avantage spécifique dont dispose un pays par rapport à un autre, la spécialisation qui lui apporte la
plus grande supériorité ou la moins grande infériorité.
b. Les théories contemporaines du libre échange
Ricardo n'explique pas d'où vient cet avantage comparatif. Pourquoi un pays est-il meilleur qu'un autre pour produire tel
ou tel bien ? Trois auteurs ont répondu à cette question : Eli Heckscher (1879-1952), Bertil Ohlin (1899-1979) et
Paul Anthony Samuelson (1915-2009). Selon eux, l'explication réside dans la dotation factorielle du pays, c'est-à-
dire la quantité de facteurs de production (capital et travail) dont le pays dispose. Ainsi, pour être performant, un pays
doit se spécialiser dans la production du bien qui nécessite l'utilisation du facteur de production dont il dispose en plus
grande quantité relative sur son territoire.

Plus récemment, Michael Posner (1931-2006) a ajouté une nouvelle explication à l'avantage comparatif : la dotation
technologique. Selon Posner, l'avantage comparatif ne dépend pas uniquement des dotations factorielles « naturelles »,
mais aussi des capacités d'innovation et de la propension à lancer de nouveaux produits. Un pays disposant de ce
dynamisme technologique, comme les États-Unis, doit se spécialiser dans un type de production innovante.

Dans les années 60, Vernon (1913, 1999) propose une théorie qui lie le cycle de vie des produits et le commerce
international. Sa thèse se résume comme suit : A la première période du lancement d’un produit innovant, il n’y pas
d’échange international. L’écart technologique ne donne lieu à des échanges qu’à partir de la seconde phase (décollage) :
l’entreprise innovatrice exporte vers les pays développés car, par un effet d’imitation, les consommateurs de ces pays
souhaitent disposer du produit innovant. Ensuite, les flux d’échange s’inversent entre le pays leader et les pays suiveurs à
partir de la troisième phase (maturité) : le pays leader importe alors le produit depuis les pays développés suiveurs car du fait
de la concurrence et de la banalisation du produit, les prix y sont plus faibles.

Les pays en développement sont les pays exportateurs dans la dernière phase (Déclin): les pays développés y ont délocalisé
leur production pour satisfaire la demande locale et pour bénéficier de couts plus faibles ; la demande dans le pays
innovateur et les pays développés est moindre en raison de l’apparition de nouveaux produits.

2. Le commerce entre pays comparables


a.Les échanges intra-branches : satisfaire le goût des b. La différenciation des produits
consommateurs pour la variété
Les théories traditionnelles expliquent les échanges de La différenciation horizontale consiste à offrir des
produits différents puisque les pays détiennent des avantages produits similaires et de la même gamme, mais de marque ou
comparatifs fondés sur des différences de productivité, de de design différents. Cette différenciation horizontale renvoie
dotations factorielles ou technologiques. Un échange intra- a une logique de similitude des demandes nationales : la
branche consiste en un échange (importations et demande domestique représentative (la demande nationale)
exportations) de produits appartenant à la même branche. détermine la nature des produits exportes, vers des pays dont
L’existence de ces échanges intra-branches s’explique par les le niveau de vie moyen de la population est comparable.
caractéristiques des produits qui ne sont pas parfaitement identiques au La différenciation verticale consiste à offrir des produits
sein de la même branche : par exemple, les constructeurs similaires mais de gammes différentes (par exemple l’échange
automobiles différencient leurs véhicules afin de satisfaire la d’une Peugeot 208 contre une Ferrari) : la différenciation
demande de variété des consommateurs. verticale renvoie donc a une logique de différence.

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c. La fragmentation de la chaine de valeurs


La mondialisation a provoqué une fragmentation des chaînes de valeur. Cela signifie que les diverses opérations
de conception, de logistique, de production et de services nécessaires à la fabrication d'un produit final peuvent être
réparties dans un très grand nombre de pays.

Le choix de localisation repose sur les coûts relatifs des facteurs de production. Ainsi, en vertu de la théorie des
avantages comparatifs, les segments intensifs en travail peu qualifié sont implantés dans des économies fortement
dotées en travail peu qualifié et les segments intensifs en technologie dans des économies fortement dotées en travail
qualifié.

La libéralisation des échanges et la baisse des coûts de transport et d’organisation ont conduit les firmes à utiliser
l’économie mondiale comme espace productif en implantant les segments productifs sur les espaces en fonction de leur
avantage comparatif.
d. La qualité des produits
La qualité des produits est un facteur des échanges extérieurs parce que les consommateurs et les entreprises sont
attentifs, non seulement au prix et aux caractéristiques des produits, mais aussi a leur qualité.

.
3. Les facteurs de la compétitivité des firmes et des pays
Compétitivité d’une nation Compétitivité-prix Compétitivité hors-prix
la « capacité, en situation de concurrence libre et équitable, à La compétitivité-prix est la La compétitivité hors-prix
produire des biens et services qui ont du succès sur les capacité à produire à des est la capacité à imposer
marchés internationaux tout en garantissant une croissance des prix inférieurs à ceux des ses produits
revenus réels de ses habitants soutenable dans le long terme. concurrents pour une indépendamment de leur
qualité équivalente. prix

La compétitivité ex-ante est évaluée par les flux d’IDE entrants sur le territoire. La compétitivité ex-post est Évaluée par
la part de marche des exportations du pays dans le commerce mondial.
Les déterminants de la productivité des entreprises et des nations
a. Le progrès technique b.L’investissement dans le capital humain
Le progrès technique permet de réaliser des gains de productivité du La sante et l’education permettent d’elever le
travail qui se traduisent par une baisse des couts unitaires, notamment du capital humain de la main-d’oeuvre qui est par
cout salarial unitaire, qui, si elle est répercutée en une baisse des prix, consequent plus productive. La recherche-
favorise des gains de compétitivité-prix. developpement permet d’ameliorer les
Le progrès technique favorise une meilleure capacité d’adaptation a la connaissances relatives a la production (capital
demande en termes d’innovation, de qualité et de différenciation, d’ou technologique et immateriel,) qui sont une source
des gains de compétitivité hors-prix de gains de productivite.

c. L’externalisation d. La délocalisation
L’externalisation est le fait pour une entreprise de confier Une délocalisation désigne le fait pour une entreprise de
une partie annexe de sa production ou des opérations liées transférer une partie de ses activités, de ses capitaux ou de ses
à la production (comptabilité, maintenance, etc..) à des employés vers un pays autre que celui dans lequel ils étaient
entreprises extérieures. Celles-ci deviennent le plus précédemment présents.
souvent des sous-traitants.
L' externalisation permet de se recentrer sur une ou La délocalisation intervient souvent pour des raisons de coûts
quelques activités essentielles (le coeur de métier, (salaires plus bas, meilleur accès aux ressources naturelles...).
comme disent les entreprises) en transférant des tâches Mais elle peut aussi intervenir pour des raisons stratégiques
annexes à la production vers d'autres entreprises (accès à une main-d'oeuvre plus qualifiée, proximité avec un
spécialisées. Le but est de réduire les coûts de marché difficile d'accès, meilleure qualité d'infrastructures...).
production.

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4.Les effets du commerce international (sur les pays)


4.1 Les effets macroéconomiques
a.La croissance économique b.Le développement économique
Pour l’ensemble des Pays Développés à Economie de La croissance résultante du commerce international a comme
Marché (PDEM), le commerce international a été et reste conséquence une hausse de l’emploi, une hausse des revenus
encore une source importante de croissance économique. distribue et une baisse de la pauvreté.
Plus récemment, pour certains pays comme les quatre
dragons, les bébés tigres, ou encore les pays émergents Le commerce international incite les pays en développement
comme la Chine, l’Inde ou encore le Brésil le commerce à se spécialiser en fonction leurs dotations
international a été et est une source essentielle de factorielles selon le théorème HOS : il y a donc des créations
croissance. Dans le cas des quatre dragons ou encore de la d’emplois peu qualifies dans ces pays qui facilitent l’insertion
Chine ces pays se sont initialement spécialisés dans des professionnelle des femmes. Par ailleurs, la baisse de la
produits à faible valeur ajoutée (textile notamment) puis pauvreté et les perspectives de mobilité induites par le
grâce aux recettes d’exportations (et en favorisant les IDE) ils
développement incitent les familles à scolariser les filles.
ont initié une politique de remontée de filières passant Grace aux recettes tirées de la croissance et du
progressivement à des produits à plus forte valeur ajoutée développement, les Etats sont aussi en mesure de financer le
(pour finir avec l’électronique notamment). développement du système scolaire et de faciliter l’accès de
tous les enfants celui-ci.
c. La dynamique de rattrapage des pays en d. Les inégalités de revenu
développement : la métaphore du “vol d’oies sauvages”
La stratégie de remontée des filières consiste, poules pays en Le commerce international contribue à la hausse des
développement, a construire progressivement de nouveaux inégalités de revenus dans les pays développés en raison de la
avantages comparatifs, grâce aux importations et a la hausse (baisse) de la demande de travail qualifie (non qualifie)
diffusion du progrès technique : spécialises initialement dans qui provoque la hausse (baisse) des salaires des travailleurs les
des productions intensives en travail peu qualifie en vertu du plus (moins) qualifiés relativement bien (peu) rémunères.
théorème HOS, par exemple la production de biens de
consommation a faible valeur ajoutée, ils diversifient Le développement des échanges s’accompagne de gains de
progressivement leur offre vers des productions plus productivité et de progrès technologiques du fait de la
intensives en capital (biens de consommation et diffusion de l’innovation liée au cycle de vie du produit et a
d’investissement a valeur ajoutée moyenne puis biens l’internationalisation de la chaine de valeur mondiale et de la
intensifs en technologie). volonté des entreprises de gagner en compétitivité face a la
concurrence.
Produire des produits a plus forte valeur ajoutée permet la
hausse des revenus distribues (salaires, profits et Les destructions d’emplois liées au progrès technique et au
prélèvements obligatoires), donc de la demande, de la développement des échanges concernent essentiellement les
production et de l’emploi. Grace aux recettes fiscales, l’Etat emplois les moins qualifies dans les pays développés, d’où
peut financer le développement. une hausse des inégalités de revenus.
e.L’inégale répartition des gains f. La hausse des inégalités au sein des pays émergents
Les gagnants du commerce international sont les plus Les inégalités de revenu tendent à baisser au Moyen Orient,
pauvres et les plus aises. Les perdants du commerce en Afrique subsaharienne et au Brésil, mais elles restent
international sont les classes moyennes inferieures des pays parmi les plus fortes. Le commerce international renforce les
développés et des pays émergents, dont les revenus inégalités de revenu en Inde, en Chine et en Russie.
progressent moins vite que ceux des plus pauvres (dans les
pays émergents) et des plus aises.
4.2 Les effets microéconomiques
Avantages pour le producteur Avantages pour le consommateur
-Baisse des coûts unitaires de producteurs (économies - Baisse des prix, hausse du pouvoir d’achat
d’échelle, ressources moins couteuses, hausse de la -Une plus grande diversité des biens et des services
concurrence. disponibles (élargissement des gammes et création de
- Hausse de la productivité (facteurs de production utilisés là nouveaux produits).
où ils sont plus efficaces, transferts de technologie). -hausse de la qualité.
-Une utilisation optimale des facteurs de production (capital
- L’importation de produits moins chers que les produits
et travail) qui ne vont pas se disperser dans une multitude de
nationaux
productions plus ou moins rentables. Le pays peut ainsi
renforcer sa productivité et sa croissance.

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Inconvénients pour le producteur Inconvénients pour le consommateur


- Intensification de la concurrence - Risque de chômage en raison de la disparition
-Une évolution défavorable de la demande et des prix d’activités non compétitives
instables peuvent réduire les gains à l’échange issus de la - Risque concernant la qualité des marchandises
spécialisation. importées ne respectant pas les normes(hygiène,
-Il favorise les pays qui exploitent le plus leur main sécurité, environnement)
d'œuvre (bas salaires, pas de syndicats) - Risque d'acculturation notamment par la diffusion d'un mode
-Tendance au dumping (salarial, social monétaire, fiscal, consommation
environnemental) pour se donner des avantages
comparatifs

5.Fondements et risques du protectionnisme


Définition : Le protectionnisme est une doctrine et une politique qui, à travers l’instauration de barrières tarifaires
et non tarifaires, vise à favoriser ou protéger la production nationale de la concurrence étrangère et ainsi
rééquilibrer la balance commerciale.

5.1 Le protectionnisme éducateur ou offensif de List


La première justification du protectionnisme a été largement débattue au 19ème siècle. Elle trouve son expression la plus
aboutie chez Friedrich List. Sa thèse dite du “protectionnisme éducatif” ou encore des industries naissantes (ou dans
l’enfance) : les premiers producteurs d’une “jeune nation” opèrent avec des coûts supérieurs à ceux des concurrents
étrangers déjà installés dans la production, en raison d’économies d’échelle, d’effets d’apprentissage etc…Sans protection,
aucune industrie nationale ne pourrait donc se développer, les importations étant toujours à des prix inférieurs aux coûts de
production locaux. Il est donc indispensable de protéger les débuts d’une industrie, afin d’elle puisse exister. Il s’agit d’une
protection temporaire (transitoire), appelée à disparaitre dès que le volume de la production sera assez important pour que
les économies d’échelle jouent et dès que l’expérience acquise suffira pour affronter la concurrence étrangère.
Le protectionnisme éducateur est offensif car il vise à conquérir un avantage de compétitivité-prix grâce a la baisse des couts
unitaires permise par les économies d’échelle et les effets d’apprentissage.
5.2 Le protectionnisme défensif

Ces formes de protectionnisme sont défensives car elles visent à protéger la production nationale de la concurrence étrangère.

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5.3 Les politiques commerciales stratégiques


Au début des années 1980, Brander et Spencer adoptent un point de vue proche du protectionnisme éducateur en
promouvant le concept de “politiques commerciales stratégiques”. Les auteurs justifient les subventions des Etats
européens au projet Airbus destinées à doter la Communauté européenne d’une industrie aéronautique capable de
concurrencer la firme Boeing. Les Etats peuvent ainsi favoriser l’émergence et l’essor d’activités jugées stratégiques
(aéronautique, électronique…) de façon à créer des “champions” nationaux pour gagner en indépendance.
Avantages Risques
- Eviter une trop grande dépendance vis-a- vis des - Faiblesse de la concurrence = manque d’innovation,
exportations: Un pays exportateur est pénalisé lorsque ses prix plus élevés, entreprises obsolètes («canards boiteux»)
clients sont en crise: ex:la Chine doit fermer des usines à qui survivent...
cause de la crise en Europe. - Logique de confrontation: rétorsion des autres pays
- protéger certaines entreprises ex l’automobile qui en cas de barrières tarifaires ou non tarifaires et
emploie en France 10% de la population active. véritable guerre commerciale.
- Protéger les emplois contre les délocalisations - Hausse des coûts, renchérissement des prix, baisse du
- Protéger les revenus en évitant la trop forte montée du pouvoir
chômage d’achat
- Réduire les inégalités : augmentation, parfois - frein à l’innovation et risque de perte en compétitivité
vertigineuse, des revenus de ceux que favorise la - moindre variété des produits
mondialisation (ex les traders) au dépens de ceux qui se - allocation de ressources à des activités non fficientes,
heurtent au dumping social et doivent accepter des baisses - risque de représailles
de salaires… Les pratiques protectionnistes sont donc loin
d'avoir disparues, elles ne sont cependant pas exemptes de
risques.

Déterminants de la localisation des FMN


recherche de la compétitivité-prix. recherche de la compétitivité- hors prix.
1) Coût du travail faible La compétitivité-prix n’est pas le seul déterminant. Les
2) pas ou peu de cotisations sociales consommateurs réclament aussi la qualité, l’originalité,
3)Réglementation plus souple (sécurité, l’innovation, un bon service après-vente, une bonne
environnement...) image de marque....les FMN recherchent donc aussi la
4)Faible prix des terrains et de la construction compétitivité hors-prix grâce à:
5)Faible fiscalité sur les bénéfices 1) La proximité du marché pour s’adapter aux
6) Proximité des matières premières spécificités 2) l’image de marque internationale du
7)Faibles coûts de transport produit
8) Faibles droits de douanes ou même contournement 3) La compétence et productivité de la main d’œuvre
des droits de douanes ( ex installation d’entreprises 4) De bonnes infrastructures
japonaises en Europe lorsqu’il y avait une tarif douanier 5) La proximité de services high tech aux entreprises
extérieur) (finances)
6) La proximité d’un environnement motivant (ex: la
silicone Valley)

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