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A une époque où l’intérêt des sociologues était focalisé sur les enquêtes par
questionnaires et les traitements statistiques, Becker contribue à un renouveau
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Outsiders est, comme Asiles de Goffman (paru deux ans plus tôt), représentatif
du courant de l’École de Chicago, l’interactionnisme symbolique, un programme
d’analyse du social en rupture avec la sociologie positiviste et déterministe.
Considérant qu’aucune situation ne peut être réduite mécaniquement à un
système mais résulte à l’inverse de la construction d’un sens que réalisent les
participants au travers de leurs interactions, ce courant met en avant
l’observation de terrain et la collecte des données qualitatives. Au lieu de
rechercher derrière les phénomènes des structures censées les fonder (structuro
fonctionnalisme), il privilégie la description et l’analyse des processus. Cette
orientation s’est appliquée dans différents domaines (socio urbaine, de la santé,
de l’éducation, etc.) et a permis l’élaboration des théories telles que les rituels
de construction du quotidien (Goffman) ou de l’étiquetage (Becker).
Outsiders
Quand un individu est supposé avoir transgressé une norme en vigueur, il est
perçu comme un individu particulier à qui on ne peut pas faire confiance. Il est
considéré comme étranger au groupe (outsider).
L’individu étiqueté comme étranger peut voir autrement les choses. Il se peut
qu’il n’accepte pas la norme selon laquelle on le juge ou estime que ces juges ne
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sont pas habilités à le faire. Le transgresseur voit ses juges comme étrangers à
son univers.
Les normes peuvent être de formes variées. Il y a celles qui émanent de la loi
formelle. Dans ce cas, ce sont les forces de l’État qui les font appliquer
Les normes peuvent provenir également des accords informels basés sur la
tradition par exemple.
Le degré auquel un individu est étranger varie aussi en fonction des cas. Par
exemple, commettre une infraction, être dans l’ivresse sont des transgressions
tolérables.
Au contraire, les voleurs et auteurs d’actes criminels tels que le meurtre, le viol,
etc. sont considérés comme de véritables étrangers à la collectivité.
Définition de la déviance
Becker part d’une critique des sociologues qui voient dans la déviance soit une
manifestation pathologique et le produit d’une maladie mentale, soit le
symptôme d’un dysfonctionnement ou d’une désorganisation sociale
(critique de fonctionnalisme). Il s’agit de rompre avec les prénotions et de
délimiter sa notion (RMS de Durkheim).
Selon Becker, la déviance n’est pas une donnée substantielle de l’individu dit
« déviant », elle est moins un état de fait qu’une forme de jugement sur les actes
d’un individu, un « label », une « qualification ».
-Le caractère déviant ou non d’un acte dépend de la manière dont les autres
réagissent (p.35). Ex : vous pouvez commettre un inceste clanique et n’avoir à
subir que des commérages tant que personne ne porte une accusation publique,
mais si l’accusation est portée vous serez mis à mort.
Conclusion : « la déviance n’est pas une propriété simple, présente dans
certains types de comportements et absente dans d’autres mais le produit d’un
processus qui impliquent la réponse des autres individus à ces conduites. Le
caractère déviant ou non d’un acte donné dépend en partie de la nature de l’acte
(c’est-à-dire de ce qu’il transgresse ou non une norme) et en partie de ce que les
autres en font (p. 37) ».
1er cas : seuls les membres effectifs du groupe sont intéressés à l’élaboration et
à l’application des normes
2e cas : les membres estiment que pour leur sécurité, il est important que
d’autres groupes obéissent à certaines normes. Ex : personnel de la santé
Le comportement conforme est celui qui respecte la norme et que les autres
perçoivent ainsi
Le comportement pleinement déviant est celui qui enfreint et qui est perçu
comme tel
légal). Les groupes les plus capables de faire appliquer leurs normes sont ceux
auxquels leur position sociale donne les armes et du pouvoir. Les différences
d’âge, de sexe, de classe et d’origine ethnique sont toutes liées à des différences
de pouvoir. C’est cette relation qui explique les différences de degré dans la
capacité des groupes ainsi distingués à établir des normes pour les autres ».
Une des grandes leçons à retenir est que l’objet de recherche en sociologie
dépend d’un terrain, d’un contexte et d’une temporalité dont le chercheur doit
tenir compte pour dégager les richesses du social. La sociologie, c’est partir des
expériences qui sont observées et le travail de terrain doit être permanent. Le
sociologue doit être libre dans le choix de son sujet et ne pas hésiter de mobiliser
les supports d’enquêtes qui nourrissent pleinement la science sociologique.
Il est né le 13 avril 1899 à Vienne. Il est mort le 20 mai 1959 à New York. Alfred
Schütz est un philosophe porteur d’une approche phénoménologique, et un
sociologue. Il est considéré comme le fondateur de l’idée d’une sociologie
phénoménologique. Il a été influencé par la sociologie compréhensive de Weber,
par les thèses sur le choix et la temporalité de Henri Bergson et par la
phénoménologie de Edmund Husserl.
Le concept de l’« étranger »
Alfred Schütz définit l’« étranger » comme « un individu adulte de notre époque
et de notre civilisation qui essaye d’être accepté pour de bon, ou tout du moins
toléré, par un nouveau groupe » (p. 217-218).
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1. La vie sociale est une répétition et les mêmes problèmes recevront les
mêmes solutions
2. Nous pouvons compter sur les connaissances transmises (par les
parents, les professeurs, la tradition) même sans les comprendre
3. Il suffit d’avoir une connaissance générale des faits pour les gérer
4. Les fondamentaux sont acceptés et mis en application par nos
semblables
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Quant à l’« étranger », il n’accepte pas les choses comme telles mais procède
par une analyse critique. L’« étranger » devient l’homme qui ne partage pas les
présupposés fondamentaux et les remet en question.
Pour lui, le « modèle culturel » du nouveau groupe ne saurait être une autorité
éprouvée étant donné que la culture du nouveau groupe a une histoire qu’il
ignore et qu’il n’a pas encore intégrée. Sa biographie personnelle continue d’être
pour lui une référence dans son nouvel environnement.
Pour les membres du groupe, c’est leur « modèle culturel » qui est approprié
pour l’orientation. Cependant l’« étranger » ne peut pas l’utiliser ou du moins il
doit trouver un équilibre entre les deux modèles parce que :
Seuls les membres du groupe, embrassent d’un seul coup les situations sociales
qui se présentent à eux parce que disposant d’une recette efficace. En effet,
selon eux, le « modèle culturel offre par ses recettes, des solutions typiques,
pour des problèmes typiques qui se présentent à des acteurs typiques »p. 230).
Ce qui est encore d’actualité. En tant que « chercheur » nous sommes amenés à
nous retrouver dans cette situation d’étrangeté.
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