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Horizontal (5a) Vertical ou rotatoire (5b) Flutter oculaire (6) Opsoclonies Nystagmus ORL typiques
= horizontaux, d’apparition
et fin brusques
Intermittent Continu ou augmentant
ancien (6a) rapidement de fréquence :
sd opsoclonus myoclonus (6b)
Hospitalisation Examen ophtalmologique IRM cérébrale en urgence Consultation Hospitalisation en urgence Avis neurologique,
en urgence : imagerie Électrorétinogramme et Potentiels évoqués visuels ophtalmologique Recherche neuroblastome : ophtalmologique et ORL
cérébrale, bilan + neurologique catécholamines urinaires EEG et IRM cérébrale
neurologique et IRM cérébrale et IRM corps entier /
+ ophtalmologique scintigraphie osseuse
Diagnostics : tumeur, Nystagmus sensoriel Nystagmus moteur Pas de Origine tumorale, Pas de Diagnostic : cause Pas de
cause inflammatoire, (atteinte bilatérale) : strabologique diagnostic inflammatoire, vasculaire, diagnostic vestibulaire, diagnostic
pathologie vasculaire anomalie cornée, métabolique épilepsie, tumeur,
ou métabolique cristallin, rétine, nerf cause métabolique,
= étiologie des MOA optique Phénomènes périodiques encéphalopathie
neurologiques Surveillance neurologique bénins/idiopathiques :
ou ophtalmologiques Urgences Anormale – Flutter oculaire intermittent idiopathique non
thérapeutiques – Déviation tonique paroxystique
Développement
= cataracte, glaucome, – Surveillance neurologique
et/ou examen IRM cérébrale Rechercher maladie neurogénétique
rétinoblastome, et ophtalmologique
anormal avec phénomènes périodiques :
uvéites…
Normale déficit en GLUT1, hémiplégie alternante
EEG : électroencéphalogramme du nourrisson, maladie métabolique d’intoxication,
MOA : mouvements oculaires anormaux autre encéphalopathie débutante
Transformation des mouvements oculaires devenant non nystagmiques ?
sd : syndrome oui
Article validé par : Association Française d’ORL Pédiatrique (AFOP), Association Francophone de Strabologie et d’Ophtalmo-
Auteur correspondant. logie Pédiatrique (AFSOP), Société Française de Neurologie Pédiatrique (SFNP).
Adresse e-mail : emmanuel.bui-quoc@aphp.fr (E. Bui Quoc). Remerciements aux relecteurs : P. Fayoux, A. Maudoux (AFOP), F. Audren (AFSOP), S. Auvin (SFNP).
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■ Introduction ▪ les éventuels facteurs déclenchants ou aggravants : zontaux paroxystiques d’apparition aiguë et de durée plus ou
changements de position, oculomotricité volontaire, chan- moins brève, en lien avec une atteinte ORL (voir 7).
Les mouvements oculaires anormaux (MOA) chez le nourrisson gements de luminosité… (5a) Un nystagmus isolé horizontal, pendulaire en position pri-
sont le plus souvent en rapport avec une atteinte de l’œil, des (2) Il faut rechercher des signes d’alerte pouvant témoigner maire (dans le regard droit devant, symétrique vers la droite et vers
voies visuelles ou des systèmes oculomoteurs et ainsi reliés à d’une étiologie urgente : la gauche), à ressort dans le regard latéral (dans le regard vers la
des causes ophtalmologiques ou neurologiques. Ils sont plus • troubles de conscience, vomissements, signes d’HIC (hyper- droite ou vers la gauche, le mouvement est asymétrique avec une
rarement d’origine ORL et exceptionnellement d’origine paranéo- tension intracrânienne) ; phase rapide et une phase lente), débutant dans les premiers mois
plasique. • anomalie du tonus, syndrome cérébelleux, anomalie de paires de vie (« infantile nystagmus syndrome »), est un nystagmus de
Ils sont le plus souvent évidents et ainsi découverts par les crâniennes ; début précoce qui nécessite un avis ophtalmologique rapide dans un
parents en raison d’un comportement de malvoyance (absence • changement récent de comportement, trouble acquis du neuro- délai d’une semaine, afin de rechercher une cause ophtalmologique.
de contact visuel), beaucoup plus rarement lors d’un examen développement/régression ; Un bilan électrophysiologique (électrorétinogramme et potentiels
systématique. • signes de malvoyance ou anomalie évidente à l’inspection des évoqués visuels) est nécessaire en l’absence d’anomalie anato-
Les MOA paroxystiques sont plus difficiles à caractériser car ils yeux ; mique évidente pour caractériser une atteinte rétinienne (rétino-
ne sont habituellement pas constatés par le médecin. Ils cor- • anomalies cutanées évocatrices de génodermatoses ; pathie pigmentaire débutante, achromatopsie, monochromatisme,
respondent à des MOA de début et fin brusques, sans aucun • altération des courbes de croissance (périmètre crânien et taille dystrophie ou dysfonction maculaire) ou du nerf optique (atrophie
autre signe neurologique ou oculomoteur entre les épisodes. Ces avant tout). optique, hypoplasie optique).
MOA peuvent être très brefs comme les quelques saccades avec (3) En présence de signes d’alerte, la prise en charge est Il s’agit la plupart du temps d’un nystagmus ophtalmologique
pause intercalaire entre les mouvements de sens contraire, appe- urgente et se déroule en hospitalisation. Elle consiste en une ima- sensoriel si l’atteinte est bilatérale, congénitale ou acquise
lées « ondes carrées ». Le diagnostic de nystagmus paroxystique gerie cérébrale ainsi qu’une évaluation neurologique et ophtalmo (cataracte, opacité cornéenne, glaucome, hypoplasie papillaire,
est parfois posé à tort : les saccades des flutters sont plus nom- logique en urgence. Le bilan ultérieur dépend ensuite du résultat amaurose congénitale de Leber, albinisme, rétinite pigmentaire,
breuses, en salves ou permanentes, et les diagnostics différen- de ces examens. rétinoblastome, uvéites…) ou d’un nystagmus ophtalmologique
tiels doivent donc être connus. Les causes neurologiques urgentes sont tumorales, vasculaires, moteur/strabologique (nystagmus manifestes latents associés
inflammatoires, toxiques, métaboliques. Elles sont exceptionnelle- au strabisme précoce, syndrome du monophtalme, syndrome de
■ Conduite à tenir en cas de mouvements oculaires ment responsables de MOA isolés. Il peut s’agir d’un glioblastome Kestenbaum-Anderson…).
anormaux chez le nourrisson du tronc, d’une pathologie démyélinisante, d’une encéphalite… Les nystagmus moteurs (synonyme = nystagmus strabologiques)
(1) L’analyse de la sémiologie des troubles est essentielle Les causes ophtalmologiques urgentes sont les cataractes, les sont une manifestation de pathologies du système moteur, des voies
pour préciser la cause : glaucomes, les tumeurs comme le rétinoblastome. Lorsqu’une de supranucléaires du tronc cérébral, sans pathologie métabolique/
• caractériser le mouvement oculaire anormal, cliniquement ces causes de malvoyance est bilatérale, elle entraîne un nystag- neurologique sous-jacente ; il n’y a pas d’anomalie sensorielle
ou par enregistrement vidéo oculographique (non fait en pra- mus. Il n’y a pas de nystagmus en cas d’atteinte unilatérale (car pas visuelle. Un nystagmus horizontal à ressort changeant de sens en
tique courante ophtalmologique, même spécialisée) : de malvoyance si l’autre œil est sain) ; sauf le rare cas de « syn- fonction de l’œil fixateur est un nystagmus moteur (= strabologique),
▪ nystagmus : l’œil se dirige involontairement vers une direc- drome du monophtalme » avec nystagmus en abduction de l’œil nécessitant une prise en charge spécifique parfois chirurgicale,
tion, soit en ralentissant, soit en s’accélérant, puis revient bru- sain et position de torticolis tête tournée du côté de l’œil sain. Ces essentiellement réfractive, et de la possible amblyopie associée.
talement à la position d’origine grâce à une saccade oculaire, nystagmus ophtalmologiques sont sensoriels, avec une pathologie Le diagnostic d’un nystagmus « ophtalmologique » requiert un
▪ révulsions oculaires : déviations paroxystiques du regard entraînant une malvoyance ; ce n’est pas le cas des nystagmus examen anatomique de l’œil avec dilatation pupillaire (fond d’œil) ;
vers le haut, ophtalmologiques moteurs (strabologiques), plus rares. si cet examen ne met pas en évidence d’anomalie, le bilan électro-
▪ flutter oculaire : succession de saccades horizontales (4) En présence de MOA isolés, sans signe d’alerte, le bilan physiologique (électrorétinogramme et potentiels évoqués visuels)
sans intervalle libre (c’est-à-dire sans période d’arrêt de ces dépend des hypothèses et des caractéristiques du MOA. peut objectiver un dysfonctionnement de l’électrogenèse rétinienne
mouvements anormaux), On distingue les MOA non paroxystiques (ou continus), les MOA et/ou de la conduction le long des voies visuelles en cas de nys
▪ opsomyoclonie (synonyme = opsoclonie) : mouvements paroxystiques, les MOA nystagmiques ou non nystagmiques. tagmus sensoriel. La prise en charge est celle de la malvoyance
de type flutter avec saccades involontaires, anarchiques, possible (acuité visuelle < 3/10), voire de la « cécité légale » (acuité
multidirectionnelles, sans intervalle libre, non inhibés par la (5) Le cas le plus fréquent est celui de nystagmus « vrai ». visuelle < 1/20), avec accompagnement en particulier dans la sco-
fixation ni par la poursuite ; L’œil se dirige dans une direction, soit en ralentissant soit en larité, selon bien sûr le niveau de vision et le caractère évolutif ou
• en préciser : accélérant, puis revient brutalement à sa position d’origine grâce non de la maladie, avec certaines pathologies stables, et d’autres
▪ l’âge de début, à une saccade oculaire. dans lesquelles la fonction visuelle peut se détériorer. La correction
▪ le mode de survenue et les modalités évolutives : Sémiologiquement, on distingue ainsi les nystagmus horizontaux optique si elle est nécessaire est dans tous les cas prescrite après
continu ou paroxystique, d’apparition précoce évoluant sur un mode continu, d’étiologie cycloplégie ; la protection en verres teintés peut être n écessaire
▪ le caractère mono ou binoculaire, avant tout ophtalmologique ou neurologique, les nystagmus hori- dans certaines pathologies rétiniennes. Le traitement par thérapie
2588‑932X / © 2022 Société Française de Pédiatrie (SFP). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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