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Dans Les Lois, son dernier ouvrage, Platon développe une théorie de
l’éducation fondée sur trois principes : des écoles d’Etat, un enseignement
obligatoire, et l’égalité entre l’éducation des garçons et des filles. Formé par
Socrate, maitre de la dialectique et de l’éducation par le questionnement (la
maïeutique ou l’art d’accoucher les esprits), Platon, qui rêvait d’exercer une
influence politique va devoir y renoncer après son échec auprès de Denys
l’Ancien, tyran de Syracuse. Il va alors se consacrer à l’écriture et à l’école qu’il
a fondé à Athènes, l’Académie. Les Lois se présentent comme un dialogue
entre trois vieillards : l’Etranger d’Athènes, Clinias le Crétois et Mégillos de
Lacédémone. Dans ce dialogue, c’est l’Etranger d’Athènes qui exprime, le plus
souvent, les idées de Platon. Il considère que les enfants sont la propriété de
l’Etat. Il dit à ce propos : « On ne laissera pas le père libre d’envoyer ses
enfants à l’école ou de négliger leur éducation, si cela lui plait. Il faut,
comme on dit, que tous, hommes et enfants, y soient astreints dans la
mesure du possible, vu que les enfants appartiennent à l’Etat plutôt qu’à
leurs parents » (Platon, Les Lois, VII,804c). C’est ce qui explique la dévolution
de leur formation à des maitres choisis et rémunérés par la cité. Ceux-ci sont
des étrangers(métèques), car les citoyens ne peuvent toucher de
rémunération. Des « pédagogues », c’est-à-dire des esclaves qui mènent les
enfants à l’école, seront chargés de la surveillance.
Le programme présenté par Les Lois pour l’éducation des filles se poursuit par
une description de la vie en commun entre hommes et femmes dans la cité
idéale. Cet ouvrage a notamment contribué à présenter Platon comme l’un
des précurseurs du féminisme. La question reste cependant très discutée
même si certains commentateurs considèrent que Platon ne se préoccupait
pas des droits des femmes au sens du féminisme moderne.
Il ne suffit pas que le maitre enseigne pour que l’élève apprenne : encore fautil
que celui-ci sache que ce qui lui est enseigné est vrai. D’où sait-il que c’est vrai
? Pour répondre à cette question, Augustin distingue deux moments dans
l’enseignement, celui de la parole magistrale proférée à l’extérieur et celui de
la connaissance acquise par l’élève à l’intérieur de lui-même. Dans le premier
moment, le maitre fait autorité et le disciple croit en la parole qu’il entend : il
croit, mais il n’apprend pas encore car il ne sait pas encore que c’est vrai. Dans
le second moment, le disciple entre en lui-même et, se mettant à l’écoute du
Maitre intérieur, à la fois Christ intérieur et lumière de la vérité éternelle et
immuable, il examine si la parole du maitre est vraie ou fausse. C’est alors
qu’il apprend et sait à proprement parler.
Dans cette pédagogie, le maitre est un moniteur et un médiateur plutôt qu’un
maitre : il incite l’élève à faire retour sur lui-même pour devenir son propre
maitre en retrouvant en lui le Maitre intérieur. A la fin du Moyen Age, Saint
Thomas d’Aquin va discuter la thèse augustinienne dans un autre De
magistro. Pour lui aussi il y a dans l’âme humaine une lumière sans laquelle
l’enseignement est impossible, mais cette lumière est celle de la raison. Au
XVIIe siècle, Malebranche, philosophe cartésien et prêtre de la Congrégation
de l’Oratoire reprend l’idée du Maitre intérieur, qui va inspirer la pédagogie
de cet ordre enseignant.