Un jeu de rôle de Fabrice Lamidey & Frédéric Weil

N • e •p •h •i •l •i •m
légende

Les Veilleurs
du Lion Vert
Textes originaux
Fabrice Lamidey & Frédéric Weil

Textes de la présente édition

Florent Cautela, Cédric Ferrand, Ariel Holzl,
Nicolas Pirez & Frédéric Weil
Couverture & illustrations pages de garde
Franck Achard

Illustrations originales
Nicolas Camiade

Plans
Thomas Rey

Direction artistique
Franck Achard

Maquette & iconographie

Isabelle Jovanovic & A. O. R.

Édition
Frédéric Weil

Corrections
Mathilde Przymenski

Relecture
Yannick Leclerc & Cyril Perniceni

Nephilim Légende © Mnémos 2018-2019 & Fabrice Lamidey & Frédéric Weil
Co-édition La Librairie de l'Incunable Souveraineté
ISBN : 978-2-35408-763-0 • Imprimé en CE par Standartu Spaustuve, avril 2019
 Introduction
& Histoire
L es Veilleurs du Lion Vert a été imaginé comme
un supplément « couteau suisse » en quelque
sorte. Réservé au MJ, celui-ci pourra y trouver :
* La description d’un lieu emblématique de l’univers de
Nephilim : la librairie de l’Incunable Souveraineté. Lieu
neutre, de diplomatie, de rencontre et lieu d’information,
cette librairie pourra devenir un endroit privilégié des PJ.
* 12 PNJ clients étranges de la librairie. Présentés
chacun sur deux pages, ces clients sont aussi des sortes
de représentants des grandes factions du monde occulte
Nephilim. Ainsi, les Nephilim, en les côtoyant, pourront
en apprendre plus sur les camps du monde occulte.
* Plusieurs synopsis liés à la librairie afin de créer des
scénarios en relation avec ce lieu.
* Une présentation du Lion Vert, personnage récurrent
et figure de l’univers de Nephilim, un habitué de la librairie,
il pourra devenir le mentor de certains groupes de PJ qui
pourront devenir les Veilleurs du Lion Vert.
* Le scénario Les Veilleurs. Scénario emblématique de
Nephilim, il permet aux joueurs débutants de s’initier à
l’enquête occulte à un niveau local, dans un village typique-
ment français en butte à d’étranges phénomènes.
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* Le scénario Mnémos. Ce scénario permettra au MJ
d’envoyer les PJ à l’étranger et plus particulièrement à
Venise afin de les confronter à une autre ambiance et à des
dangers supérieurs.
* Lyon occulte. Un contexte complet qui décrit toute la
matière occulte et ésotérique Nephilim présente à Lyon.
Ce contexte expose le secret de la cité de Lyon. Elle est le
champ de bataille d’une ancienne guerre symbolique entre
les éléments eux-mêmes et aussi avec les Arcanes Mineurs.
Ce contexte peut être déployé alors dans une structure bac
à sable comme une campagne en soi.
Sa structure modulaire, l’aspect récurrent de certains
des lieux et des PNJ décrits, permet au MJ de pouvoir les
intercaler entre ses propres campagnes et ses scénarios et
d’en faire des références régulières, des points de repère.
Si l’on détaille un peu plus…
La structure générale de ce livre s’organise autour du
lieu occulte : la librairie de l’Incunable Souveraineté, pivot
de l’ouvrage.

Les Veilleurs du Lion Vert
* La librairie de l’Incunable Souveraineté est un lieu
occulte, une sorte de territoire neutre dans lequel les dif-
férents acteurs du monde occulte peuvent se croiser et se
rencontrer. C’est aussi un lieu où les Nephilim peuvent
trouver des informations occultes et ésotériques. Ces ren-
contres comme cette sapience peuvent alors déboucher sur
des aventures et des quêtes occultes.
La librairie est donc à voir et à utiliser par le MJ comme
un lieu central d’où il peut faire rayonner et brancher dif-
férents départs de scénarios et de campagnes. Il n’y a pas de
localisation précise de la librairie, c’est un lieu très spécial
dans l’univers de Nephilim. En fait, il peut avoir une librairie
de l’Incunable Souveraineté dans les villes importantes que
traversent les Nephilim. C’est donc un lieu-ressource, un
repère et un repaire pour les Immortels. Le MJ peut aussi
décider d’ancrer plus la librairie et lui donner une unicité
et une géolocalisation précises. Si le MJ choisit d’avoir
plusieurs librairies de l’Incunable Souveraineté, il peut faire
varier légèrement quelques détails. Par exemple, la librairie
située à Prague verra son docteur Parangon jurer avant
tout en tchèque, mélangeant son idiome avec des bouts de
Yiddish, de Russe et d’Allemand. En revanche, il y aura des
invariants comme le fait qu’elle soit située dans un vieux
quartier médiéval, que son enseigne soit grinçante et délavée
par l’érosion du temps ou encore que ses étagères soient
envahies par les volumes poussiéreux…
Dans «  notre  » Nephilim, il y a plusieurs librairies de
­l’Incunable Souveraineté. Elles sont très similaires mais changent
par des petits détails (le son de la clochette d’entrée n’est pas le
même, les couleurs des tentures non plus, l’odeur d’encaustique
est plus forte, etc.) Elles constituent souvent un des éléments
récurrents des quartiers d’Arcadia, probablement même celui
autour duquel un quartier naît. Donc, découvrir une nouvelle
librairie de l’Incunable Souveraineté dans une ville, c’est souvent
l’assurance de se trouver dans un quartier d’Arcadia.
Vous pourrez renforcer l’attachement des PJ à ce lieu
emblématique en leur donnant par exemple la carte de
membre, après quelque temps ou bien en leur remettant la
revue Mondes occultes ou tout autres aides de jeu reliées aux
aventures contenues dans la gamme. Les PJ pourront aussi
y trouver l’exemplaire du Splendor Solis, tel que nous l’avons
imprimé ainsi que le manuscrit de L’Atalante Fugitive. Bien
sûr, nous recommandons que l’obtention de ces ouvrages ne
soient pas juste un simple ouvrage que l’on trouve sur l’un des
rayons de la librairie mais au contraire qu’ils soient l’objet
d’une mise en scène avec l’équipe de la librairie.
Nous proposons ensuite plusieurs aides de jeu et scénar-
ios qui permettent justement d’utiliser comme lieu-pivot la
librairie de l’Incunable Souveraineté.
Autour de la description de la librairie elle-même et de son
équipe, vous pourrez ainsi trouver les éléments suivants :
* Les mystérieux clients de la librairie  : Il s’agit de la
description de 12 PNJ appartenant tous à une des f­ actions
3
principales du monde occulte. Cela permettra au MJ de
donner une première approche de ces factions aux PJ.
Certains de ces PNJ pourront aussi être utilisés pour diri-
ger ou initier plusieurs des synopsis et scénarios ­contenus
dans ce livre ou bien dans les autres ouvrages de la gamme
Nephilim Légende. Certains d’entre eux peuvent devenir
récurrents et entrer alors comme contacts, sources d’infor-
mation et / ou de désinformation au long terme pour les PJ.
* Plusieurs synopsis de scénarios débutant à la librairie.
Le MJ pourra ainsi intercaler ces synopsis entre des scénar-
ios plus longs ou bien animer les rencontres que peuvent
faire les Nephilim dans ce lieu.
* Le Lion Vert présente cette célèbre figure du monde
occulte et donne au MJ les clés pour l’interpréter et en faire
le mentor (pas toujours commode) des PJ. En effet, le Lion
Vert est lié de manière forte à la librairie de l’Incunable
Souveraineté.
* Le scénario Les Veilleurs : Scénario emblématique de
Nephilim, le deuxième à avoir été publié et légendaire parmi
les tous premiers joueurs, il a été entièrement revu, réécrit et
adapté au contexte contemporain de Nephilim Légende. Il
peut typiquement se situer dans une région proche de Lyon
comme par exemple les Mont du Lyonnais ou le Beaujolais.
En découvrant le hors-série de la revue Mondes occultes
dans les rayonnages de la librairie, les PJ, peut-être guidé
par l’un des clients mystérieux de celle-ci, pourront ainsi
facilement s’y rendre.
* Le scénario Mnémos : scénario aussi mythique (en par-
ticulier parce qu’il a donné le nom de la maison d’édition !)
a lui aussi été revu et réécrit. Les PJ pourront se lancer
dans cette aventure très facilement puisqu’ils reçoivent
une invitation du propriétaire de la librairie de l’Incunable
Souveraineté, le Docteur Parangon lui-même.
* Lyon occulte  : il s’agit de la description détaillée d’un
contexte, celui du Lyon occulte. Le MJ pourra ainsi y situer
la librairie. Il disposera alors d’un environnement occulte
complet, d’un générateur possible de rencontres, de PNJ,
d’intrigues, de légendes pouvant prendre place dans la ville
de Lyon. Cette partie montre aussi comment il est possible
d’utiliser les légendes et des mystères d’un territoire pour lui
donner un arrière-plan Nephilim.
Au final, sans être conçu comme une campagne, ce livre
peut permettre de mettre en scène de nombreux PNJ et
aventures autour de la libraire de l’Incunable Souveraineté,
ceci dans comme un «  bac à sable  ». Le MJ dispose de
plusieurs éléments et d’une palette d’outils, d’aides de jeu et
de PNJ qu’il agence et fait intervenir comme il le souhaite,
dans l’ordre qui l’intéresse et surtout en fonction de ce que
décident les PJ.
4 Les Veilleurs du Lion Vert
 5
La Librairie de L’Incunable Souveraineté
La Librairie
de l’Incunable
Souveraineté

Synopsis

Les Étranges
Clients de la
Librairie

Le Lion Vert
 La Librairie
de l’Incunable
Souveraineté
A u cœur du vieux quartier médiéval, perdue
dans une impasse au fond d’un labyrinthe
de ruelles entrelacées, se niche l’une des plus
anciennes boutiques de la ville. Nul ne sait exactement
quand elle fut fondée, mais elle occupe assurément l’une des
baroque, s’orne d’un visage aux traits graves et entouré de
vingt-deux pétales figurant ses rayons. La queue du lion,
ondulant et se dressant derrière lui, fait pendant à la tige sur
laquelle repose le soleil. Au sol, ses trois racines apparentes
sont arrosées de gouttes de sang coulant depuis la gueule
plus vieilles bâtisses alentour, faite de pierres patinées par le de l’animal. L’ensemble surmonte une planche de bois de
temps et de poutres apparentes. facture plus grossière où est peint le nom de la boutique :
À vrai dire, son état laisse à désirer et le propriétaire ne « L’Incunable Souveraineté ».
paraît pas spécialement enclin à attirer le chaland : les bois-
eries ont connu des jours meilleurs, la vitrine semble n’avoir
pas été nettoyée depuis le siècle dernier et la peinture verte Rez-de-
est défraîchie. Qu’un peu de vent parcoure la ruelle et l’en-
seigne se met à grincer de manière sinistre. Fixée à la façade chaussée
par de longs mancherons de chêne ouvragés, imposante, La boutique
sculptée dans un bronze vert-de-gris, elle est le seul élément
à attirer réellement le regard. Simple badaud curieux, occultiste amateur ou véritable
Elle a de quoi intriguer celui qui n’est pas versé en initié, lorsque vous pousserez la porte et ferez tintinnabuler
ésotérisme : un grand lion, assis sur ses pattes arrière mais le le grelot doré, vous serez immanquablement saisis par un
buste droit, tient dans sa gueule un soleil stylisé. Ce dernier, changement dans l’atmosphère, voire un léger vertige en
6

La Librairie de L’Incunable Souveraineté
entrant. Dans une ambiance à la fois feutrée et improbable,
vous serez comme transportés ailleurs… hors du temps.
Ne cherchez pas à vérifier sur votre téléphone  : aucun
réseau n’est disponible ici. «  Ces nouvelles technologies,
vous savez bien… c’est capricieux et l’on ne peut s’y fier ! »
vous ­répondrait malicieusement le propriétaire des lieux.
S’offre alors à vous une pièce rendue exiguë par la
profusion et le désordre apparents. Dans ce c­ apharnaüm
s’entassent pêle-mêle plus de vingt mille ouvrages, ­grimoires,
rouleaux de papyrus, brochures, parchemins et cartes.
L’ensemble dégage une odeur à nulle autre pareille, propre
à éveiller des souvenirs dans le cœur de tout bibliophile.
S’y ajoute un fatras d’objets de décoration tout aussi variés.
L’ensemble est entreposé dans des bibliothèques aux
planches vermoulues, patinées et poussiéreuses ; les plus
gondolées, tordues ou fragilisées ont même reçu des étais
faits de bric et de broc. Il n’est pas rare non plus que les livres
eux-mêmes maintiennent les rayonnages en place.
Les solives et poutres apparentes, forçant les plus grands
à se baisser, contribuent à renforcer cette impression d’étroi-
tesse et de pénombre régnant en ces lieux ; les quelques
ampoules électriques engoncées dans des lustres sans âge
peinant à éclairer certains recoins de la pièce. Quelques-
unes de ces poutres semblent vivantes et sont ornées,
pour qui prendrait la peine d’abîmer ses yeux à les repérer,
de minuscules symboles cryptiques.
Certaines étagères paraissent quant à elles intégrées aux
murs, comme un prolongement de la charpente, et s’ornent
d’étranges sculptures représentant des têtes grimaçantes ou
de petites créatures monstrueuses : « Les petits garnements
qui m’ennuient devraient être punis pour leurs méfaits, ne
croyez-vous pas ? », répondrait le libraire d’un air entendu
à qui lui en demanderait l’origine.
Ce dernier se trouve en général affairé derrière le
bureau Renaissance, juste devant la porte menant à
­l’arrière-boutique, ornée de vitraux lumineux animant le
fond de la pièce de leurs couleurs chatoyantes. Le meuble,
authentique et bâti en chêne massif, est orné d’angelots et
de scènes ésotériques en marqueterie : Hermès Trismégiste
prodiguant son enseignement à ses illustres élèves, Atalante
se baissant pour ramasser une pomme d’or, ailleurs encore
le Lion Vert distillant du vitriol dans son alambic. C’est avec
une immense fierté dans la voix, reflet de son amour et de
son respect envers les œuvres anciennes, que le maître des
lieux, le docteur Parangon, pourra vous montrer les traces
laissées par la pointe de fer de Léonard de Vinci alors qu’il
concevait les premiers croquis de ses machines volantes.
Le  plateau du bureau est à l’image de la boutique : encombré
d’objets anciens et ésotériques. S’y côtoient des statuettes à
l’effigie d’Orphée, Pan ou Pythagore, des médailles ornées
du sceau de Salomon, des Ânkhs antiques et un amas de
feuillets de papier recouverts d’une écriture nerveuse et au
contenu abscons, visiblement crypté.
7
Guillard Gaillard
Difficile d’entrer dans la librairie sans
remarquer ce colosse  en train de s’affairer
entre les rayonnages. Bedonnant, bien dégarni
aujourd’hui et voûté par des années de bons et
loyaux services dans les lieux, toujours forcé
malgré tout de se courber pour passer sous les
poutres maîtresses, il vaque à son rangement :
il est le maître d’œuvre et le gardien de l’orga-
nisation des étagères. Le problème est qu’il est
le seul à comprendre quoi que ce soit à sa clas-
sification et que sans lui, Parangon serait bien
incapable de remettre la main sur la plupart
de ses ouvrages. Ainsi, il passe inlassablement
derrière les clients pour remettre les livres à
la place qu’il leur a attribuée.
Pourtant, en croisant son regard, difficile
de croire qu’un tel talent se niche dans des
yeux à l’intelligence bovine. Simple d’esprit,
mais fidèle au-delà de tout à la librairie et à
son propriétaire, Guillard n’adresse jamais
la parole aux clients, bien incapable de sur-
passer sa timidité et de formuler davantage
que quelques phrases basiques. En revanche,
si l’un d’eux se montre un peu rude envers
le docteur ou un autre client, le colosse se
retrouve comme par enchantement devant
le malotru et se dresse face à lui. S’il sent
que les choses vont trop loin, il n’hésite pas à
le mettre à la porte manu militari.
Le seul autre moment où s’animent un peu
ses prunelles vides, c’est lorsqu’il aperçoit les
librorum dracones, des petites créatures qui
hantent la librairie, s’attaquer aux rayon-
nages. Pendant longtemps, on pouvait le
voir attraper un balai et les pourchasser en
courant, les clients risquant de recevoir un
coup par inadvertance. Aujourd’hui, son
mal de dos récurrent l’empêche d’être assez
vif pour cette tâche, qu’il a donc déléguée au
chaton qu’il apprivoise depuis quelques mois.
Son temps libre est consacré à le nourrir et à
tenter de le dresser…
Guillard Gaillard est le résultat d’une expé-
rience ratée (un échec de transfert du Ka-Soleil
de Parangon, voir plus bas) : l’homme, rendu
faible d’esprit, n’a conservé de son contact
avec l’Élixir Solaire que des facultés intel-
lectuelles de classification des livres et une
profonde loyauté envers le docteur. Quant à
son ancienne vie, elle est bien loin, et nul ne se
souvient qu’il était il y a plus de trente ans l’un
des notables de sa ville. Il lui arrive cependant
de plus en plus souvent d’avoir des visions fugi-
tives et confuses de son passé, sombrant alors
pour quelques instants dans une mélancolie
quasiment catatonique. Personne ne s’en est
encore inquiété outre mesure mais qui sait où
ces crises le mèneront ?
 Les Veilleurs du Lion Vert
À côté du bureau trône un imposant lutrin médiéval,
accueillant généralement un ouvrage en cours et permet-
tant aux clients de consulter les volumes les plus fragiles.
Bien moins finement ouvragé que le bureau, il inspire
néanmoins le respect par son âge vénérable et l’impression
de sérénité qui s’en dégage. Il n’est d’ailleurs pas impos-
sible que celle-ci soit due aux entrelacs ésotériques gravés
dans le bois.
Au fond de la boutique, mais à l’opposé du bureau, un
escalier mène aux étages. Décoré de magnifiques lampes
rococo en forme de boules dorées et ornées de bandes
régulières de bronze, il est fermé au public par un cordon
rouge. C’est de là que l’on voit parfois un colosse bedonnant
descendre, un lourd carton de livres dans les mains.
La remise
En poussant la porte aux vitraux située derrière le
bureau, vous pénétrez dans les pièces privées de la l­ibrairie.
Loin d’offrir un contraste saisissant avec la boutique
­proprement dite, la remise est au contraire à son image : un
fourre-tout improbable dans lequel se côtoient ustensiles
de cuisine, outils alchimiques et instruments de relieur.
Elle fait office de débarras tout autant que de cuisine, et
il n’est pas rare d’entendre des jurons étouffés en provenir
lorsqu’une casserole déborde sur un pot de colle ou qu’une
serpillère tombe sur un vieil alambic à moitié démonté.
C’est d’ailleurs dans un placard inutilisé qu’un groupe de
petites créatures, le Gang des chevelus (voir plus bas), a élu
domicile, certain de n’être pas dérangé au milieu de tout
ce bazar.
La plupart des bricoles et autres objets de récupération
présents dans la pièce ont été accumulés par Fward, l’an-
cien cuisinier et aide-laboratoire du docteur Parangon :
il adorait réparer tout ce que les autres pensaient voué à
la décharge. Depuis sa disparition, une chape de plomb
est tombée sur la pièce, et personne n’a encore eu le cœur
de se débarrasser de tous ses « petits trésors », comme
il aimait les appeler, accumulés au fil des décennies. Les
repas se cuisinent désormais dans une ambiance morose,
loin des chants païens et délicieusement exaspérants de
l’ancien cuistot. Pour l’instant, quand la jeune Chahida
tente d’y apporter un peu de gaieté et d’ordre, un regard
réprobateur lui fait comprendre que le travail de deuil doit
prendre son temps.
Sur le mur du fond, une porte close donne sur une
petite remise dont seule la relieuse Héléna Goldstein a
la clef, sous prétexte d’y entreposer à l’abri de la lumière
certains p­ roduits et matériaux. Ce qu’ignorent les autres
résidents, c’est que l’intérêt de la vieille dame pour ce pla­
card est en réalité motivé par les grosses fissures dans le
mur du fond, celui qui donne sur le jardin. Provoquées par
une grosse racine d’un arbre-fils, elles permettent parfois à
Héléna d’écouter les secrets ésotériques murmurés par ses
branches et d’avancer ainsi sur la voie de l’Illumination :
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il n’est pas impossible que la jeunesse tardive dont elle a
bénéficiée soit un effet secondaire de ses longues heures
passées à méditer auprès de l’arbre.
Le cabinet de travail
L’autre porte de la remise mène à un bureau où sont
menées à bien toutes les tâches administratives de la
librairie. Inutile d’y chercher une quelconque fantaisie  ;
tout au plus peut-on retrouver sur certaines poutres les
mêmes inscriptions ésotériques que dans la boutique. Pour
le reste, un papier peint sans âge tapisse la pièce d’un vert
passé et peu joyeux. Heureusement, l’essentiel des murs est
dissimulé par des étagères accueillant les archives et doc-
uments comptables bien fournis de la librairie. Un regard
attentif pourra y lire des dates remontant au Bas Moyen
Âge sur certains classeurs ; il pourra d’autant plus s’étonner
de voir des écritures très semblables couvrir aussi bien les
feuillets médiévaux que les plus récents.
Longtemps, Fward a géré les affaires courantes  :
commandes, gestion des payes, courriers administratifs,
factures ou autres rendez-vous avec des salles des ventes à
travers toute l’Europe. Depuis qu’il n’est plus là, Parangon
a été forcé de s’y remettre, secondé par Héléna. Les lettres
de relance et les erreurs comptables s’accumulant attes-
tent que leur travail n’est pas encore des plus efficaces.
D’autant que, administration moderne oblige, la librairie
a été obligée de s’équiper récemment d’un ordinateur et
d’un accès internet.
Chahida
Cette ravissante jeune femme n’est arrivée
que récemment à l’Incunable Souveraineté.
À l’instar d’Héléna, c’est le Lion Vert lui-même
qui l’a amenée à Parangon et lui a demandé
de veiller sur elle – sans plus d’explications.
Le docteur a cependant rapidement perçu
chez cette orpheline originaire de Jordanie
un potentiel exceptionnel : non seulement son
Ka-Soleil irradie, mais en plus elle a parfois
des visions des champs magiques, comme des
flashs qui se superposent à ses sens humains.
Elle est pour l’instant incapable de contrôler
cette « vision-Ka », mais a vite compris que
ce qui semblait être un handicap ailleurs a ici
pris au contraire l’aspect d’une bénédiction ;
elle est heureuse d’avoir trouvé ce qui, pour
elle, ressemble enfin à une famille… aussi
atypique soit-elle.
Elle peine cependant à trouver sa place  :
touche-à-tout et serviable de nature, vive et
d’un caractère enjoué, elle s’essaie à la reliure
et à l’alchimie aussi bien qu’à la cuisine, mais
pour l’instant elle passe surtout beaucoup
de temps à lire tout ce qui pourrait l’aider à
­comprendre qui elle est.

La Librairie de L’Incunable Souveraineté
Le docteur Parangon
Si quelqu’un incarne véritablement la librairie,
c’est bien le docteur Parangon. Docteur ? Personne
ne sait d’où lui vient son titre et personne n’oserait
le lui contester ou simplement le lui demander, de
peur de se retrouver face à un regard noir et une
bordée d’injures fleuries et délicieusement désuètes.
D’autant qu’il est effectivement docte en bien
des domaines : il semble incollable sur l’Histoire,
y compris l’histoire ésotérique, et la bibliographie
n’a aucun secret pour lui.
L’homme ne paie pourtant pas de mine  :
un vieux bonhomme un peu voûté à la barbe poivre
et sel taillée en pointe, il ne se départit jamais de
son bonnet de lecture à pompon doré et d’une
vieille chemise assortie de son sempiternel gilet
beige. Des mocassins démodés et des pantalons de
velours élimés complètent le tableau. L’accueil qu’il
réserve à ses clients n’est quant à lui pas fait pour
améliorer les choses : bougon au possible, ne saluant
pas le ­nouveau venu, il passe son temps à pester
en r­angeant ses papiers et fournit au mieux une
réponse évasive aux demandes qu’il reçoit.
Cependant, si l’on y regarde de plus près,
le libraire a de quoi éveiller l’attention : les traits
fins de son visage semblent bien difficiles à cerner
et rares sont les descriptions qui concordent. Vous
pouvez remarquer en entrant la cicatrice qu’il a au
menton pour vous rendre compte, en revenant vers
le bureau après un tour entre les rayonnages, que son
menton ne porte aucune trace d’ancienne blessure,
mais qu’en revanche son nez épaté ne vous avait pas
sauté aux yeux de prime abord. Et en vous retour-
nant sur le seuil de la boutique à la fin de votre visite,
vous serez étonné de n’avoir pas remarqué des yeux
vairons trôner au-dessus de son nez en bec d’aigle…
Pour peu aussi que l’on aborde avec lui quelque
sujet occulte intéressant, et non un « salmigondis de
fadaises », ses petits yeux se mettent à briller et son
attitude passe aussitôt de l’exaspération contenue à
l’intérêt soutenu. Une vraie conversation peut alors
s’engager avec un homme à l’érudition surprenante :
il n’est pas rare que le docteur soit mieux informé de
certains secrets ésotériques que les Nephilim eux-
mêmes. D’ailleurs, sur des sujets qui le passionnent,
tels que le Graal ou les Plans Subtils, il prend un
malin plaisir à laisser ses phrases en suspens, à mul-
tiplier les sous-entendus et d’une manière générale
à faire croire, à tort ou à raison, qu’il en connaît bien
plus qu’il n’en dit. Jamais cependant il ne se risque
à avouer clairement qu’il connaît l’existence des
Nephilim et des réalités magiques, à moins que l’on
ait au préalable acquis sa confiance.
Si Parangon est un tel puits d’érudition, c’est
parce qu’il est patron de l’Incunable Souveraineté
depuis plus de deux mille ans. Ancien patricien
romain, libre penseur, philosophe, mathématicien
et astronome, il vivait alors selon les principes
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p­ythagoriciens sans pour autant faire partie de la secte.
Il n’a par ailleurs jamais totalement abandonné
­certains de ces principes  : végétarien, volon-
tiers porté sur l’interprétation numérologique,
passion­né par la lecture astrologique des zodiaques
(et par conséquent enthousiasmé par les révélations
concernant l’Exode Sidéral) et croyant fermement
en la métempsychose. Après tout, même s’il ne
l’avoue jamais, il est lui-même une preuve vivante
que la théorie de la réincarnation des âmes est dans
le vrai.
Au IIe siècle av. J.-C. en effet, Publius Flaccus,
membre du cercle de Scipions pendant un temps,
y fit la connaissance du Lion Vert. Ce dernier,
impressionné par les savoirs ésotériques de ce
­patricien et surtout par sa capacité, à l’image de
Platon, à tirer le meilleur de ses interlocuteurs, à les
élever par ses remarques et questions, à affûter leur
esprit en une conversation des plus stimulantes,
lui attribua le surnom de Parakonè, «  la pierre à
aiguiser  ». Ils entretinrent une correspondance
nourrie et le Lion Vert, qui aimait passer des ­soirées
à discuter avec cet humain, le mit peu à peu au fait
des réalités magiques du monde. Parallèlement,
Publius Flaccus Parakonè s’éloigna de Scipion et
de son cercle en raison de divergences politiques :
il s’opposait fermement au projet du général d’enga-
ger une troisième guerre punique. Refusant de
taire ses divergences en public, il fut « invité à se
suicider » par le puissant homme d’État. Carthage
fut détruite, ses mystères et savoirs ésotériques
réduits à néant et le Lion Vert, en proie à l’une de
ses légendaires colères, quitta Rome pour la Gaule
sans se retourner.
Il emporta cependant avec lui le Ka-Soleil de son
ami grâce à l’une de ses décoctions, l’Élixir Solaire :
ce breuvage permit au Ka-Soleil de réinvestir un
nouveau corps et conféra de fait l’immortalité à
Parakonè. En échange le Nephilim obtint sa totale
et aveugle obéissance, et son premier ordre fut de
fonder une librairie-bibliothèque qui perdurerait à
travers les âges. Depuis, Parangon, traduction de
Parakonè, s’est réincarné dans vingt-deux corps,
vingt-deux individus choisis pour leurs connais-
sances occultes, au cours d’une cérémonie où l’âme
du docteur change d’enveloppe charnelle. Chacun
de ses corps se modifie alors peu à peu, de manière
presque imperceptible, et laisse transparaître
des traits saillants des anciens «  Simulacres  » de
manière chaotique. De même, il n’est pas rare que les
anciennes personnalités ressurgissent par bribes ;
le docteur se retrouve alors à marmonner dans sa
barbe un soliloque en latin ou en ancien français.
Le docteur actuel, même si c’est impossible à
deviner, approche en réalité les 120 ans, un autre
avantage de l’Élixir Solaire. Bientôt viendra le temps
où Parangon devra se trouver un nouveau corps…
 Les Veilleurs du Lion Vert
Ce dernier possède cependant un débit plus
­qu’inconstant et on peut régulière­ment entendre, depuis
la boutique, le docteur pester sur ces « machines modernes
qui font perdre plus de temps qu’elles n’en font gagner ».
La seule à y entendre quelque chose est la jeune Chahida,
et elle se retrouve donc de plus en plus souvent sollicitée
dans le cabinet de travail.
L’escalier des portraits
gémellaires
Depuis le cabinet, une porte donne sur un petit corridor
étroit. Outre les toilettes du bâtiment et un accès menant
au jardin, vous serez peut-être assez curieux pour monter
quelques marches de l’escalier de pierre tapissé d’un vieux
velours rouge élimé. De part et d’autre de l’escalier s’offrent
aux regards vingt-deux portraits se faisant face et représen-
tant a priori le même personnage à des époques différentes.
Un personnage qui ressemble fortement au libraire actuel.
Si  vous êtes connaisseur d’art, vous serez peut-être plus
­troublés encore en notant qu’ils semblent tous être de la
main du même artiste, même si les techniques diffèrent
­fortement d’une époque à l’autre. Ainsi, le premier et plus
ancien de ces portraits est une mosaïque représentant
l’homme en ­question vêtu d’une toge et entouré par les
signes du zodiaque. Le dernier laisse quant à lui percevoir
l’influence du fauvisme et déborde de couleurs vives pour
dépeindre l’homme, en costume et borsalino, posant devant
un alambic. Un œil observateur saura enfin discerner la
présence, dans chaque œuvre, de l’enseigne de la boutique
et d’une représentation minuscule de l’un des Arcanes
Mineurs par tableau.
Ces vingt-deux visages, comme par illusion d’optique,
semblent vous suivre du coin de l’œil tandis que vous ­montez
les marches, vous adressant un petit sourire entendu.
Interrogé, le docteur Parangon réplique avec le même sourire
et de manière laconique qu’il s’agit des « anciens propriétaires
depuis la fondation de la boutique ».
Premier étage
Le cabinet de travail
de Parangon
Quel que soit l’escalier par lequel vous êtes montés à l’étage,
vous vous retrouverez dans un couloir biscornu qui semble
suivre l’orientation torse des poutres. Il mène d’un escalier à
l’autre en desservant un nombre de pièces qui semble trop
important pour la taille de la bâtisse. Outre les chambres de
Parangon, d’Héléna et de Guillard, vous ­découvrirez notam­
ment la bibliothèque de travail p­ ersonnelle du docteur  :
fermé par une lourde porte en chêne dont le p­ ropriétaire est
le seul à posséder la clef, un superbe cabinet de recherche aux
murs tapissés d’étagères pleines à craquer d’ouvrages anciens
10
et de cahiers de notes. La pièce est bien mieux ordonnée que
la boutique et l’ensemble est classé par ordre chronologique.
Une patience infinie pourrait donc vous permettre d’y
suivre l’évolution de la pensée de Parangon depuis la Rome
Antique année par année, ou plus précisément page par
page : ses réflexions, ses idées et projets à peine esquissés, ses
frustrations, ses amitiés et ses deuils. On y trouve notam-
ment de nombreux dialogues ésotériques à la Platon, où le
maître invite l’impétrant à lever par lui-même certains voiles
du monde occulte, mais où les remarques du novice aident
en retour le maître à discerner les évidences cachées.
Seul espace au mur libre d’étagères, un immense miroir
en pied au cadre en bronze patiné dégage une chaleur sèche
au toucher. Pour qui sait percevoir les champs magiques,
il irradie de Ka-Feu et le bronze apparaît comme un artefact
en métal alchimique. C’est ici que, parfois, se manifeste le
Lion Vert pour s’entretenir avec Parangon ; c’est d’ici qu’il
prodigue son enseignement, scrupuleusement retranscrit
dans ces fameux dialogues par son fidèle disciple.
Au pied du miroir, une malle en ébène accueille le bric-à-
brac du docteur : c’est là qu’il laisse, et souvent oublie, nombre
d’objets que beaucoup considéreraient comme des trésors
inestimables. On y trouve pêle-mêle une larme d’Esméralda,
sphère émeraude d’une pureté infinie, une fiole ornée d’une
rose et baignée d’effluves de Lune Noire qui renferme la
Haute Magie de Lem, le sceptre d’un archange des mondes
de Kabbale, les oripeaux de ce qui semble être la tunique de
Nessos et bien d’autres merveilles encore.
Le laboratoire alchimique
Les vapeurs vous assaillent dès que vous ouvrez la porte
de cette pièce : soufre, ammoniac, alcool et autres effluves se
mêlent et se font entêtants. Des volutes sortant des soufflets
forment des nappes localisées, colorées, irisées et chatoyantes.
Les alambics distillent leur goutte à goutte régulier et jouent
avec les rayons du soleil, qui pénètre par cinq petites lucar-
nes aux vitraux marqués des symboles des éléments ; dans
l’imposante cheminée, forge, creuset et athanor chauffent
la pièce et l’emplissent de scories fumantes et opalescentes.
À n’en pas douter, le laboratoire reflète la grande maîtrise
alchimique de Parangon, et plus d’un alchimiste pourrait se
sentir impressionné par le lieu, voire en concevoir une pointe
de jalousie. N’a pas l’un des membres du Glorieux Alliage
pour maître qui veut…
Ici, les branches des arbres-fils qui innervent la bâtisse
se font encore plus présentes et se sont adaptées au lieu :
non contentes d’assurer le rôle de poutres maîtresses,
elles ­forment des reposoirs, des réceptacles ou encore des
­crochets. On peut ainsi y voir pendre des fioles de vapeurs,
s’y nicher des ambres ou encore s’y loger des tubes à essai
emplis de liqueurs ou de poudres. Parallèlement, il arrive que
certaines branches mineures se glissent jusqu’à l’athanor et
qu’y tombent alors en pluie une myriade de paillettes dorées :

La Librairie de L’Incunable Souveraineté
en y regardant plus attentivement, on peut voir que chacune
est l’un des signes ésotériques présents sur les poutres, qui se
déplacent peu à peu vers ce lieu. Cette adjonction, parfois
à l’insu de Parangon, donne sans faillir des résultats éton-
nants aux poudres élaborées. À l’inverse, certaines branches
semblent prendre racine et venir parfois puiser quelques
liqueurs qui irriguent ensuite l’arbre-fils.
La pièce est en permanence occupée par l’aide-­
laboratoire du docteur  : un humanoïde de la taille d’un
enfant, entièrement constitué de bronze, cuivre et autres
rouages de fer. Très bien entretenu, il semble flambant neuf.
Pourtant, cette merveille mécanique ancienne est le fruit
du travail conjoint de Parangon et de Descartes. Un rituel
alchimique a par la suite permis de donner vie à la créature,
d’en faire un automaton que le docteur surnomma Renatus,
en hommage à son ami. Renatus assiste donc son maître
silencieusement  : c’est lui qui manie les instruments et
substances trop chauds pour la main humaine, qui passe
de longues heures à mélanger tel breuvage, à secouer telle
fiole ou encore simplement à surveiller les expériences
­pendant que Parangon s’affaire ailleurs. Très doué pour
toutes ces tâches, réagissant aux imprévus en ce domaine,
il est en revanche totalement incapable de faire quoi que
ce soit ­d­’autre.
Deuxième
étage
L’atelier de reliure
Du sommet de l’escalier aux portraits, part une autre volée
de marches menant au second étage. Lorsque vous parvenez
en haut, vous vous trouvez directement dans une pièce de
belles proportions, très lumineuse grâce à de grandes fenêtres,
ouvertes récemment dans l’édifice ancien, et dont le centre
est occupé par une immense  table  ; sur celle-ci, des livres
malmenés par les ans ou les utilisateurs indélicats attendent
d’être restaurés. La plupart sont séparés de leur couverture
et certains sont même éparpillés, leurs cahiers désolidarisés.
Dans des effluves de colle, des ouvrages reposent sous la
grande presse occupant une bonne partie de la table. Plus
loin, une machine à coudre à l’ancienne trône dans un coin.
Sur l’un des murs, un meuble à compartiments immense
abrite, dans des tiroirs tous étiquetés à la main, fers de doreur,
feuilles d’or, fils, aiguilles et autres outils indispensables.
Des présentoirs offrent un choix appréciable de papiers, tissus
et cuirs pour confectionner de nouvelles reliures. Un petit
brasero électrique permet quant à lui d’assurer les travaux de
dorure. De grands néons ont été installés au-dessus de la table
de travail et permettent à Héléna de travailler tard, lors de
ses nombreuses nuits d’insomnie.
Il n’e st d’ailleurs pas rare qu’elle se contente du
­confortable fauteuil de velours vert pour se reposer un peu
11
Héléna Goldstein
Il est possible à l’occasion, d’apercevoir
une octogénaire distinguée sortir de l’arrière-
boutique pour venir aider le docteur Parangon
lorsque ce dernier a besoin d’un avis éclairé
sur l’histoire des religions, l’architecture ou
pour apprécier l’authenticité d’un ouvrage.
La plupart du temps, Héléna Goldstein reste
cependant au deuxième étage, lunettes ­vissées
sur son visage aux traits encore délicats.
Ses cheveux blancs retenus en un chignon
impeccable, elle est penchée sur l’ouvrage
qu’elle est en train de restaurer.
Héléna n’a commencé à accuser son âge
que récemment. Pendant longtemps, elle est
restée une femme belle et dynamique, par-
fois hautaine, mais prête à aller aux quatre
coins du monde pour acquérir ou expertiser
un ouvrage rare à la demande de Parangon.
Elle possède en effet une connaissance pous-
sée des livres en tant qu’objets d’art : relieuse,
restauratrice d’œuvres anciennes, c’est par ses
mains que sont passés nombre d­ ’incunables
pour recevoir une nouvelle jeunesse. Si les
années l’ont aujourd’hui rattrapée, elle
poursuit sa tâche dans l’atelier de la librairie.
Elle sait cependant qu’elle va devoir un jour
ou l’autre passer le relais et s’est mise en tête
de trouver une jeune femme qu’elle formerait
à lui succéder. Elle a misé quelque temps
ses espoirs sur Chahida, mais la jeune fille
se disperse bien trop au goût de la vieille
dame, qui aimerait quelqu’un qui se dévoue,
comme elle, entièrement à cette tâche. Elle a
par a­ illeurs récemment repris en partie le
flambeau de Fward pour la gestion adminis-
trative de la librairie, bien que cette tâche ne
l’enthousiasme guère.
Née à Prague à la fin des années 30 dans
une famille juive, Héléna a été sauvée des
rafles nazies par le Lion Vert qui a demandé au
docteur Parangon de la recueillir. Longtemps
obsédée par ses origines, notamment par son
père disparu pendant la guerre et dont elle
ne connaît rien, elle s’est usé les yeux sur les
archives de l’Europe entière sans réussir à
combler ce vide. L’âge venant, elle s’est peu
à peu résignée et a suspendu ses voyages et
ses recherches. Seul le Lion Vert possède la
clef de cette énigme et il s’est toujours refusé
à la lui fournir, ce qui lui a parfois valu de
vifs reproches de la part de cette femme
nullement intimidée par ce mythe vivant.
En retour, il s’est toujours borné à lui adresser
un sourire mélancolique en lui pardonnant
son emportement. Secrètement, elle garde
un petit espoir de découvrir un jour la vérité
sur ses origines.
 et reprendre des forces plutôt que de descendre dans sa chambre. Parfois, Chahida
sort de la sienne, dont la porte donne sur l’atelier, et y prend place, se laissant
­hypnotiser par le travail calme et régulier de la relieuse.

La salle d’invocation
L’autre porte s’ouvrant sur l’atelier de reliure est un accès à une pièce quasi-
ment vide : s’y trouvent seulement un ensemble de craies soufrées, un ventilateur,
une jarre d’eau limpide, quelques chandeliers, un bac empli d’humus et un miroir
permettant d’orienter les rayons de la lune qui pénètrent par la lucarne. Quand le
docteur Parangon s’adonne à la Kabbale, il a ainsi à sa disposition tout le nécessaire
pour générer une atmosphère propice à inviter une créature dans les pentacles qu’il
trace au sol.
La salle porte les stigmates de plusieurs invocations ayant mal tourné : des griffes
dans le parquet attestent de la présence d’une créature que le docteur semble avoir
eu bien du mal à contrôler et les murs de torchis ont été noircis par des flammes
intempestives. Aujourd’hui, Parangon a donc délaissé ses recherches Kabbalistiques
et se concentre sur la science alchimique, qui lui semble bien plus fiable.

Le grenier
Une trappe s’ouvre dans le plafond de la salle d’invocation et laisse se déplier
une échelle escamotable. S’en exhale une odeur de musc très puissante, en une
vague de chaleur qui fait ondoyer la vision, comme en plein désert. Chauffé à
plus de cinquante degrés en permanence, très bien isolé, le grenier sert à l’occa-
sion ­d’appartements au véritable maître des lieux ; c’est là que le Lion Vert vient
­parfois se reposer et se ressourcer. Bien loin de l’image qu’on pourrait attendre de la
demeure de l’un des maîtres du Glorieux Alliage, aucun laboratoire alchimique ici,
aucun luxe, et un confort très relatif. Quand le Nephilim décide de passer quelques
jours ici, c’est en guise de retraite, et la sobriété de la pièce est conçue en ce sens :
rien qui détourne l’attention, rien qui amollisse l’esprit ou le corps.
Le seul meuble, au centre de la grande pièce, est un fauteuil en bois massif, tel
un trône ancien. Les différentes branches de l’arbre-fils qui parcourent la demeure
viennent se terminer ici : c’est elles qui forment le siège du maître et c’est de là qu’il
communie avec toute la bâtisse. L’arbre lui transmet tout ce qu’il voit, tout ce qu’il
a perçu et retenu ; le Lion Vert l’arrose de ses propres connaissances et l’alimente
depuis son propre Pentacle, lui consacre une partie de son Ka d’Agarthien, car
c’est là le marché qu’il a conclu avec l’arbre-fils il y a bien longtemps. Un échange
de ­connaissances, la promesse d’un savoir et d’une sagesse hérités des nombreux
­voyages du Nephilim contre un lieu de paix et d’initiation destiné au monde
occulte. La librairie de l’Incunable Souveraineté n’est autre que l’un des hauts
lieux du règne du Lion Vert, et c’est de là qu’il espère faire progresser la cause et
le royaume de sa Paix d’airain.

Les extérieurs
Le jardin des hémisphères dorés
L’accès au jardin se fait par une lourde porte en bois située en bas de l’escalier aux
portraits. Elle est fermée par un verrou, enfermé dans une gangue de métal en forme
de dragon et qui ne s’ouvre que si l’on prononce un mot de passe à l’oreille de l’animal
mythique. Ce mot n’est connu que du seul docteur Parangon. Mise au point par Dracoï,
un disciple de Léonard de Vinci, cette serrure est actionnée par les vibrations sonores
du mot de passe, qui mettent en branle un système de soufflets et tirent le pêne.
12
 13
Le Lion Vert
 Les Veilleurs du Lion Vert
Si le docteur vous invite à pénétrer dans le jardin – chose
rarissime – vous serez immanquablement surpris par la
végétation foisonnante du lieu. Le sol moussu et d’un gris
bleuté absorbera vos pas si vous déambulez au milieu des
arbustes qui poussent çà et là, de manière anarchique. Tel
un joyau émeraude serti dans un écrin, le jardin à la touffeur
tropicale est entouré par de très hauts murs et surmonté
d’une verrière quasiment opaque en fer forgé de style Art
Nouveau. Il évoque un organisme, un être vivant qui palpite
au rythme du balancement des feuilles, que n’effleure pour-
tant aucun vent. L’essentiel de la végétation est constitué
de trois arbres majestueux, à nuls autres pareils : élancés,
leur écorce est rugueuse et ravinée, étonnamment claire
et semblable à un vieux papier parcheminé. À la manière
des arbres tropicaux, leurs feuilles sont d’un vert soutenu,
brillantes sur le dessus, larges et longues ; l’autre côté est en
revanche couvert d’un fin duvet grisé. Enfin, attirant l’œil de
leur éclat mordoré, quelques sphères parfaites pendent des
branches.
Ces arbres sont plurimillénaires, plantés lors des
guerres élémentaires à partir d’une graine de l’Arbre de la
connaissance ; les pommes d’or qu’ils produisent favorisent
l’apprentissage et sont utilisées par Parangon pour produire
filtres et décoctions qu’il vend parfois contre un service aux
initiés qu’il en juge dignes. En vous approchant encore,
vous pourrez voir l’écorce recouverte par des ­millions
de ­caractères d’écriture enchevêtrés, à peine lisibles qui
­circulent entre les arbres et la librairie, entre le trône du
Lion Vert et les Pommes de la connaissance.
Bien moins impressionnant, mais malgré tout digne
d’intérêt, ce qui reste de la margelle d’un très vieux puits
occupe un coin du mur d’enceinte, émergeant à peine des
mousses alentour. Or, en s’approchant et en l’observant
attentivement, on y décèle les restes d’une échelle de pierre
accrochée à l’intérieur de la paroi du puits ; les pierres polies
par les siècles sont glissantes, la mousse et l’atmosphère
humide n’arrangeant rien à l’affaire, mais il est malgré tout
possible d’y descendre. En temps normal, l’accès est cepen-
dant interdit par une lourde plaque de bronze ornée de
symboles du culte de Mithra : un taureau au cou transpercé
par un couteau, et un bonnet phrygien surmontant l’Arbre
de la connaissance. En bas s’offre au visiteur l’amphithéâtre
de Mithragys.
L’amphithéâtre de
Mithragys
Sous la librairie proprement dite, une bâtisse médiévale,
s’étendent les parties les plus anciennes du site. La légende
de la construction de la première pièce est gravée en latin
sur les parois du petit couloir humide qui y mène. Bâti
par des légionnaires romains au premier siècle ap. J.-C. en
tant que spelunca, grotte faisant office de temple du culte
initiatique de Mithra, le lieu est rapidement devenu un
espace d’échanges et de conservation de la connaissance et
14
Fward
L’ancien assistant alchimique et homme
à tout faire de la librairie, Fward, a disparu
dans de sombres circonstances. Il a en effet
été enlevé sur le trottoir, à quelques mètres
de la librairie, sous les yeux d’Héléna. Déjà
fortement secouée, celle-ci a repéré un détail
qui a aggravé le choc : les agresseurs ­portaient
un brassard orné d’une croix gammée.
Malgré les moyens mis en œuvre, aucun des
amis de Parangon n’a été assez rapide pour
sauver le petit homme : le corps de Fward a
été retrouvé, sans vie, dans un terrain vague.
Jamais personne n’avait osé ainsi s’en prendre
ainsi à la librairie, et le Lion Vert est fou de
rage. Les recherches semblent s’orienter vers le
Temple et sa Garde noire mais, dans le chaos
qui agite l’Arcane, qui sont les vrais respon-
sables ? L’enlèvement n’était apparemment pas
motivé et les agresseurs ne se sont pas cachés ;
ne cherche-t-on pas en réalité à manipuler le
Lion Vert ? Qui aurait intérêt à mettre à mal
ce lieu neutre qu’est la librairie ?
Il est à noter que, même si la chose est
passée inaperçue, l’un des arbres-fils a com-
mencé à assimiler ce qui restait de Ka-Soleil
dans le corps de Fward. Le reste de conscience
de ce dernier, pour l’instant sans cohérence,
s’inscrit parfois parmi la myriade de signes
ésotériques qui parcourent la bâtisse. Quelles
conséquences cela aura-t-il sur la librairie ?
des mystères du monde occulte. Un prêtre de Mithra, un
certain Caius Janus Secretus y a apporté un peu d’eau de
l’Arcadie, contrée mythique et paradisiaque des Anciens :
c’est cette eau qui aurait favorisé la croissance des arbres-fils
de la connaissance, les « palmiers de l’oracle » selon le texte
épigraphique, en nourrissant la graine du savoir.
Dans une pièce aux allures infernales, la grotte est
éclairée par des lampes rouges fixées derrière de faux
­bougeoirs et un pentacle assez grand pour accueillir plu-
sieurs personnes, fait de bronze et d’argent, est incrusté
à même le sol, dans le dallage. Datant du xive siècle,
il corres­pond à une invocation de Kabbale de deuxième
cercle (il s’agit de Daniel, le Signe de la miséricorde, l’Ange
des confessions, que le Lion Vert avait l’habitude d’appeler
pour se ressourcer dans ses guerres d’alors).
Sur la droite des gradins de pierre, usés d’avoir été foulés
d’innombrables fois par l’assemblée des fidèles de Mithra,
font face à une scène circulaire à trois étages. Derrière elle,
une merveille architecturale : un arbre de pierre forme une
colonnade soutenant la voûte, perdue dans les ténèbres.
Celui qui l’a érigé est parvenu à donner l’impression qu’un
arbre véritable, plongeant profondément ses racines dans

La Librairie de L’Incunable Souveraineté
le sol, a été recouvert d’une véritable marqueterie de pierre.
En éclairant la voûte, à plusieurs mètres de hauteur, on peut
apercevoir que les branchages se ramifient à l’extrême et se
confondent avec les racines des arbres-fils en surface.
Au fond de la pièce, un autel recouvert d’un drap vert sert
encore à l’occasion à pratiquer des rituels occultes. Derrière,
sur la paroi, une grande tenture dépeint un monstre faisant
penser au Diable de l’Arcane XV et servant d’avertissement.
En la soulevant, on pénètre en effet dans un petit tunnel
débouchant sur les égouts, leurs secrets et leurs dangers.
L’herméthèque de
Claudius
Derrière l’arbre de pierre se trouve une petite ouverture,
invisible à qui n’y prend pas garde et qui mène à une petite
pièce poussiéreuse. Elle fut taillée grossièrement dans la
roche, de manière à proposer des présentoirs et étagères
naturels. Des milliers de parchemins, de volumina, tablettes
de cire et autres documents en tout genre y sont entreposés
dans un désordre total. Pêle-mêle, on peut y mettre la main
sur des papyrus du Livre des Morts égyptien, des tablettes
d’argile couvertes de signes cunéiformes, de rouleaux grecs
et romains contenant les rares témoignages sur les cultes à
Mystères… L’ensemble a l’air de n’avoir pas été utilisé depuis
bien longtemps mais, poussière mise à part, semble en bon
état : les signes tracés en Énochéen aux quatre coins de la
pièce ne doivent pas être étrangers à cette remarquable
conservation.
Cette merveilleuse collection appartient à Claudius,
une Mandragore adoptée de la Papesse et passionnée par
la propension des hommes à bâtir des sectes et à créer des
« sciences occultes » dérivées des pratiques des Nephilim.
Le clou de son herméthèque, un ouvrage unique écrit de
la main même du Lion Vert, le De Æna Pace, qu’il pense
avoir dérobé au maître alchimiste. Ce dernier s’est en
réalité arrangé pour piéger Claudius et négocier, en répa-
ration, ­l’accès à son herméthèque pour lui-même et pour
­l’Incunable Souveraineté. Claudius n’a pas donné signe de
vie depuis le xve siècle, et il est plus que probable que, le jour
où il sortira de stase, il vienne toquer à la porte de la librairie
pour s’installer de nouveau sous le jardin. Parangon, un
tantinet jaloux de ces connaissances accumulées et désireux
de conserver au lieu sa sereine solitude, préfère de loin le
savoir en stase : il se peut même que la stase de Claudius se
trouve simplement enfouie au fond de la malle du cabinet
de Parangon, avec les autres reliques héritées des précédents
docteurs. Si c’est bien le cas, il en a perdu le souvenir au fil
de ses réincarnations…
Les égouts
Passée la tenture du Diable, un couloir creusé de main
d’homme, aux parois et au sol très glissants, mène aux
égouts de la ville. Il débouche à la lumière blafarde des néons
15
municipaux dans un collecteur secondaire inutilisé de nos
jours. Juste en face, de l’autre côté du dépôt nauséabond,
une petite statuette noire dotée de doigts fourchus semble
observer les alentours, comme si elle gardait l’entrée du
boyau qui s’ouvre à ses côtés. Une inscription, pratiquement
effacée par le temps, indique en latin l’entrée du Labyrinthe
perdu de Daat : Ecce amissus Daatis labyrinthus incipit.
Le docteur Parangon lui-même ne connaît cet endroit
que de nom et à travers les rumeurs glanées à travers les
siècles. Les mises en garde que sont la tenture et la statuette
lui suffisent et il précise à qui l’interroge à ce propos, d’un
ton sentencieux et soudain grave : « Jamais il ne faut oublier
que toute connaissance a sa part d’ombre, qu’elle porte en
elle la tentation et le danger d’en mésuser ou d’en abuser.
Ce lieu de connaissance qu’est ma modeste librairie ne fait
nullement exception à cette loi immuable et se doit ainsi
d’ouvrir sur des dangers à l’aune de son importance. » Pour
qui est parvenu jusqu’à ce point de la visite, nul doute que
cet avertissement sera suffisamment limpide et impérieux…
Localisation
Vous êtes libre de placer l’Incunable Souveraineté où
vous le désirez, pour peu qu’il s’agisse d’une ville au moins
de taille moyenne et possédant un quartier médiéval,
n’importe où en Europe. La gamme Nephilim ne précis-
era jamais ce point, ne fixera pas la librairie : sentez-vous
donc libre, sans craindre une incohérence avec de futurs
­suppléments, de l’adapter au mieux à votre chronique.
L’autre option, celle retenue par défaut, nécessite d’être
un peu plus à l’aise en tant que Meneur de jeu à Nephilim :
elle consiste à ne pas fixer l’emplacement de la librairie.
Rien  ne vous empêche cependant de la placer où bon
vous semble dans un premier temps et de ménager cette
révélation pour plus tard : elle se trouve tout simplement
dans la ville occulte dont vos joueurs ont besoin, de manière
opportune. Elle est dès lors à considérer comme le forum
d’Arcadia, à la fois pivot, carrefour et lieu d’échanges de la
cité. Elle s’incarne dans une librairie ancienne de chacune
des villes sur lesquelles Arcadia s’étend. Plus exactement,
chacune de ces devantures est une sorte de porte menant à
une seule et même librairie.
Cette option nécessite de statuer sur un certain ­nombre
d’éléments que vos joueurs auront à coup sûr envie de
«  tester  » en découvrant cette bizarrerie. Ainsi, les rési-
dents parlent de fait certainement toutes les langues des
villes en question, ce qui ne choquera pas nos Nephilim
de la part de Parangon ou Héléna, mais risque fort de les
intriguer s’ils entendent Guillard ahaner en dix langues
différentes. Vous pouvez considérer que le fait de baigner
dans l’atmosphère des arbres-fils à longueur d’année en est
une explication suffisante. Il est de même fort probable que
vos joueurs pensent à utiliser la librairie comme un « rac-
courci » bien pratique pour voyager, ce qui irait à l’encontre
de ­l’atmosphère recherchée : le savoir est à la fois le chemin et
 la destination, nullement un simple expédient. Il suffit de montrer à de tels
joueurs que, quelle que soit la manière dont ils s’y prennent, on ne sort
de la librairie que par la porte qu’on a empruntée pour entrer… à moins
bien entendu que vous n’en décidiez autrement. On pourrait par exemple
tout aussi bien imaginer que Parangon fasse payer un « droit de passage »
à ceux qui désirent voyager par la librairie, sous la forme d’un service à lui
rendre… ce qui en fait un prétexte parfait pour introduire un futur scénario.
Cette option est, quoi qu’il en soit, à réserver à des Nephilim déjà bien fami­
liers des lieux. Là encore, sentez-vous libre d’utiliser l’Incunable Souveraineté
comme bon vous semble.
Quelles que soient les options que vous aurez retenues, la librairie est une
manifestation d’Arcadia et un haut lieu de l’occultisme mondial. Le labyrinthe
de Daat est par conséquent à penser en ce sens  ; il s’agit d’une sorte d’anti-­
Arcadia, à la manière d’un reflet déformé de cauchemar. Mène-t-il à de terrifiants
Royaumes de Lune Noire ? Ou directement aux Enfers ? C’est un mystère qu’il
vaut mieux pour l’instant ne pas dévoiler.

Les Librorum
dracones
Au fil des siècles, les recherches de Parangon l’ont amené à travailler sur bien
des sujets et à mettre ses connaissances en pratique. Certaines de ces expérimen-
tations n’ont cependant pas eu l’effet escompté. Ainsi, une tentative d’invocation
de créatures de Kabbale il y a plusieurs siècles a amené dans la librairie toute une
faune de créatures magiques totalement incontrôlables : les librorum dracones.
Piégés sur terre, ils se sont créé leur propre écosystème et leur propre société :
ils hantent l’Incunable Souveraineté qu’ils considèrent comme leur royaume et
tentent d’en déloger ces humains qui leur mènent souvent la vie dure.
En effet, à la manière des lutins ou des korrigans celtiques, ils sont sour-
nois, vindicatifs, joueurs et imprévisibles. Leurs motivations totalement
incompréhen­­sibles leur valent de passer pour des crétins finis aux yeux des
humains. Ils ont un don pour mettre la pagaille dans les rayonnages, dégrader les
ouvrages, effrayer les clients, déranger les travaux de précision et, d’une manière
générale, exaspérer le docteur Parangon. Pourtant, quels que soient ses efforts,
rien n’y fait : ils apparaissent sans crier gare, reviennent même quand on les pense
détruits et savent s’éclipser avant d’être attrapés.
De nature magique, ils sont constitués d’un mélange entre un Ka-élément et
du Ka-Soleil ; cela les met apparemment à l’abri des effets magiques et contraint
donc les résidents à user de méthodes moins raffinées pour les chasser…
Voici un aperçu des espèces les plus courantes parmi ces petites créatures :

Les lettrophages
Ces petites créatures ressemblent à des humains à la peau rugueuse et
dépourvus de tête. Cela ne les empêche par ailleurs pas de couvrir leur tronc de
ridicules chapeaux en papier. Des bouches sont situées dans la paume de leurs
mains et la plante de leurs pieds. Doigts et orteils sont quant à eux munis de
grosses ventouses d’où suinte un liquide légèrement corrosif.
Les lettrophages se nourrissent des caractères imprimés dans les livres,
dédaignant les manuscrits, car chacun d’eux goûte plus particulièrement une
police d’écriture standardisée (apparemment, les lettres tracées à la main seraient
trop frustes pour leurs palais délicats). Ils portent d’ailleurs couramment le
nom de cette police  : Garamond, Petit-Romain, Arial, Gros-Parangon ou
Double-Trismégiste sont ainsi des prénoms communs chez eux. Au moment où
16
17
 Les Veilleurs du Lion Vert
ils ingèrent leurs lettres préférées, ils «  rotent  » le son
­correspondant, avec un résultat assez déstabilisant.
Certains lettrophages gourmets sont ainsi capables de
composer un véritable festin, créant par là même une
séquence sonore précise qui sonne comme une forme
abâtardie d’Énochéen. Les plus grands de leurs lettri-
niers, ce qui équivaut à un cuisinier de talent et vaut au
porteur de ce titre une aura de gloire et le respect de ses
semblables, sont même capables d’organiser un banquet
et de former ainsi une vraie symphonie. Cette mélopée
magique, bien qu’apparemment incompréhensible,
pourrait intriguer un Nephilim curieux: qui sait à quoi
aboutirait une étude poussée de ces rots ?
Les classivores
Ces petits monstres ventripotents et bleuâtres
s’agitent sans arrêt sur leurs six pieds fourchus, faisant
onduler une myriade de cornes d’ivoire sur leur corps
reptilien. De la taille d’un gros livre de poche, ils sont
dotés d’une force leur permettant de soulever des
­volumes bien plus gros qu’eux.
Individualistes, égoïstes et fondamentalement anar-
chistes, ils vivent en dehors de tout cadre social et se
contentent de mener à bien leur quête occulte. Celle-ci
est si occulte qu’ils ne savent d’ailleurs pas eux-mêmes en
quoi elle consiste, mais elle passe, ils en sont persuadés,
par leur obsession : déranger les livres. Ils ne supportent
pas, en effet, que des ouvrages restent à la place qui leur est
échue, quand bien même celle-ci serait attribuée de manière
incompréhensible par Guillard Gaillard.
Ils passent donc le plus clair de leur temps à désor­
ga­niser les rayonnages et à contribuer à renforcer
l’impression de chaos qui émane du lieu. Pour peu qu’un
client repose un ouvrage qu’il vient de feuilleter, le temps
de demander un renseignement à Parangon, ils mettent
un point ­d’honneur à ce que le livre ait changé de place
avant son retour. Ces  petites pestes sont cependant
­relativement inoffensives.
Les compacticoles
Ces minuscules créatures à l’aspect serpentin tiennent à
première vue du ver de terre. Cependant, leur teint oscillant
entre le jaune et le rouge vif ne permet pas la confusion. En
y regardant de plus près, un petit visage peut être aperçu,
doté de minuscules dents aiguisées. Elles aiment à se nicher
au sein des reliures, juste entre le dos et les pages. De là,
elles grignotent les fils et les tranchefiles, grossissant alors
jusqu’à faire éclater la reliure affaiblie. Autant dire que
­lorsqu’un client soulève l’ouvrage, les cahiers en tombent et
se ­disloquent.
C’est aussi à ce moment que le compacticole, trop
enflé auparavant pour réussir à se sortir de sa tanière seul,
tombe de l’ouvrage. Rampant et s’accrochant aux surfaces,
18
Tigroute
Le chaton recueilli par Guillard Gaillard
n’a que quelques mois, mais il est le nou-
veau chasseur d’indésirables de la librairie.
Guillard l’a trouvé un matin en ouvrant la
boutique, abandonné devant le seuil, s’est
immédiatement épris de la petite bête et l’a
prénommée « Tigrou » en raison de sa robe
rayée de roux. Lorsque Chahida lui fit remar-
quer qu’il s’agissait d’une femelle, le  colosse
plissa longuement les yeux, son front se
rida sous l’effort de concentration et, avec
la désarmante logique dont il est capable,
il déclara fièrement qu’elle s’appellerait donc
« Tigroute ».
Depuis, l’animal a gagné son droit de cité
dans la boutique, Guillard refusant caté-
goriquement de s’en séparer. Il voit en effet
Tigroute comme la solution aux méfaits
des librorum dracones qui envahissent les
lieux. De fait, même si le chaton est encore
peu assuré dans ses techniques de chasse,
il semble y prendre goût… et pas seule-
ment au sens figuré. En effet, depuis qu’il
a ­croqué son premier classivore, il apprécie
tout ­particulièrement ces petites créatures,
et quand Guillard le regarde courir après
elles d’étagère en étagère, il s’anime, sort de
sa réserve habituelle et on peut l’entendre
­beugler à l’animal ses conseils et encourage-
ments, tel un entraîneur au bord d’un ring
de boxe. Parangon est toujours atterré par
­l’agitation dans sa chère librairie, mais il
laisse faire, heureux de voir enfin son fidèle
compagnon exprimer sa joie lorsque Tigroute
attrape sa proie. Quant au chaton, même si
c’est encore imperceptible, il n’est pas impro-
bable que le fait de digérer ainsi des créatures
magiques le transforme peu à peu…
il entame alors un véritable ballet sous les étagères et y laisse
à sa suite une trace gluante et rouge vif formant peu à peu
un dessin. Plus étonnant encore, ce dernier est toujours
en rapport avec l’ouvrage qu’il vient d’abîmer, qu’il s’agisse
de la reproduction d’une illustration, de l’interprétation
d’un passage ou même du portrait de l’auteur, du relieur
ou d’un ancien propriétaire. Il n’est par ailleurs pas impos-
sible qu’avec quelques efforts et beaucoup de patience, on
­parvienne un jour à orienter cette « vision » de manière à
ce qu’elle soit utile. Encore faudrait-il que quelqu’un y pense
et s’y attelle…
À mesure que son œuvre s’achève, le compacticole
perd de sa substance, retrouve sa teinte jaune pâle et,
d’épuisement, part en quête d’une nouvelle demeure pour
recommencer son cycle.

La Librairie de L’Incunable Souveraineté
Conseils au MJ
La librairie de l’Incunable Souveraineté est
un lieu central dans l’univers de Nephilim : elle
le sera donc probablement dans la chronique que
vous proposerez à vos joueurs. Elle a été conçue
comme une boîte à outils pour permettre au MJ
d’offrir un fil rouge à ses joueurs et de les amener
à une découverte progressive de l’univers du jeu.
Elle remplit ainsi plusieurs fonctions dans la mise
en place et la mise en scène de vos aventures.
Une découverte progressive
Dans l’idéal, vos Nephilim devraient faire
la découverte de l’Incunable Souveraineté dès
leurs premières aventures. Dès leur première
visite, ils doivent sentir qu’il s’agit de bien plus
qu’une simple librairie, sans pour autant per-
cevoir ce qui se cache derrière. Peu à peu, vous
pourrez distiller dans les lieux des éléments
mystérieux et féériques : Parangon notamment,
que ce soit par ses remarques sibyllines ou son
apparence, a toutes les chances de les intriguer
rapidement. Les pièces privées, les extérieurs et
les secrets de la librairie devraient n’apparaître
que progres­sivement, à la faveur d’un scénario
ou des besoins de votre campagne. Le véritable
maître des lieux n’a pas non plus à être connu
dès le début. En un mot, veillez à susciter suffi-
samment l’intérêt de vos joueurs pour mieux les
frustrer par l’absence de réponses et leur donner
ainsi l’envie de revenir.
De plus, le lieu a été pensé pour apporter au
monde occulte, parfois très sombre, une véritable
poésie  : la sympathique équipe de Parangon,
les librorum dracones ou encore les merveilles qui
foisonnent dans la bâtisse sont autant de prétextes
à installer une atmosphère légère et poétique.
Par son ambiance, efforcez-vous de faire ressor-
tir ce lieu dans vos chroniques  : il est l’une des
­premières manifestations d’Arcadia auxquelles
vos Nephilim feront face et doit incarner à leurs
yeux le concept de « fantasy urbaine » qui est au
cœur du jeu.
Une base de recherche
L’Incunable Souveraineté est bien entendu
le lieu idéal pour mener des recherches lors des
enquêtes qu’auront à gérer les Nephilim de vos
joueurs. De très nombreuses informations sur
le monde occulte y sont disponibles, même si
beaucoup demanderont l’aide et les conseils du
personnel. Ces menus services peuvent vous
19
servir de ressorts scénaristiques pour introduire
d’autres scénarios par la suite. C’est aussi, dans
un monde où l’information passe de plus en plus
par Internet, avec le risque de la voir falsifiée par
les Arcanes Mineurs, ou d’être traqué en tapant
le mot de trop dans un moteur de recherche, un
havre de savoir qui attire nombre de Nephilim
ayant du mal à s’adapter à l’époque contempo-
raine, ou simplement nostalgiques du contact avec
les livres.
Un lieu neutre
La librairie n’est pas que le lieu de rencontre
des Nephilim. Elle est connue de nombreux occul-
tistes, du simple amateur au membre des Arcanes
Mineurs. Or, le Lion Vert l’a pensée dans l’optique
de sa Paix d’airain, une sorte de pacte où tous
seraient réunis sous son règne. Il a donc veillé à
ce qu’elle puisse être un terrain neutre. Ainsi ­a-t-il
mis au point des rituels alchimiques disséminés,
grâce à son lien avec les arbres-fils, dans tout le
bâtiment. Ceux-ci empêchent toute manifestation
de violence entre clients ou à l’égard du personnel.
Les rancœurs et les haines restent vives, mais la
volonté d’en découdre et les ardeurs belliqueuses
sont mises en suspens : les rares à avoir eu la force
de passer outre ont littéralement été victimes du
feu d’airain, une sorte de combustion spontanée de
flammes vertes qui ne se propagent pas. Les échos
de ces cas isolés ont suffi à faire taire toute velléité
de récidive dans le monde occulte.
L’Incunable Souveraineté est donc devenue un
haut lieu de la diplomatie occulte  : s’y côtoient
tous les camps et l’on peut parfois, au détour d’une
étagère, surprendre un Templier discuter de phi-
losophie avec un Synarque et un Nephilim. Il n’est
ainsi pas rare qu’un échange entre deux parties
s’y déroule, pour s’assurer qu’aucune ne double
l’autre. C’est donc pour vous l’occasion de mettre
en scène une joute verbale avec les ennemis mor-
tels de vos Nephilim, de leur exposer les points de
vue des différents camps et de leur dévoiler ainsi
certains pans du monde occulte, sans que cela ne
se termine en bain de sang.
Par conséquent, que ce soit par son rôle diplo-
matique, les recherches que l’on peut y mener ou à
travers les services que demandera Parangon aux
Nephilim, la librairie de l’Incunable Souveraineté
est le lieu où débuteront nombre d’aventures  :
vous verrez que c’est effectivement le cas dans
­plusieurs des scénarios officiels de la gamme.
 Le « Gang des chevelus »
Il ne s’agit pas d’une espèce particulière de librorum dracones, mais plutôt d’un
regroupement d’individus de différentes espèces vexés et revanchards. Ces petites
créatures ont en effet tendance à ne pas être tendres entre elles, et l’une des insultes
les plus courantes consiste à faire remarquer la calvitie de l’autre. Bien évidemment,
l’absence totale de logique chez elles ne leur permet pas de rétorquer au malotru qui
les insulte que de toute façon, tous les librorum dracones sont chauves…
Ayant pris la mouche, certains ont donc tenté de s’unir pour se venger : c’est
ainsi qu’est né le gang des chevelus. Leur objectif ? Avoir des cheveux pour pouvoir
se pavaner devant les autres. Aussi cherchent-ils à en collecter sur les résidents,
les ­clients de la librairie et, pour les plus téméraires, sur le chat. Ils chapardent
ensuite un peu de colle de l’atelier de reliure, s’en badigeonnent le crâne, et le tour
est joué. Aussi ­arrive-t-il parfois qu’un client fasse une petite grimace alors qu’il
pense s’être accroché les cheveux à une poutre, ou que Parangon soit soudain éveillé
de sa sieste par un tiraillement au niveau de la barbe.

Exilus
Telle une légende parmi les librorum dracones, un nom circule depuis des
­siècles : Exilus. Selon leurs croyances, ce lutin coiffé d’un bonnet de nuit (n’est-ce
pas le symbole du chef dans cette librairie ?) viendra un jour, les unira et les aidera
à conquérir enfin leur royaume. Tous ignorent comment, mais plusieurs pensent
que ce temps est proche. Alors, ils se mettent à rêver de gloire et d’actions d’éclat :
saboter les pieds d’une étagère, dérober la clochette de l’entrée ou encore verser de
la confiture dans le thé de Parangon…

Il existe encore bien des espèces de librorum dracones : des gloutons phagopages
qui se délectent du grain du papier, aux vicieux anagrammateurs qui s’amusent à
inverser les lettres sur les dos des ouvrages… N’hésitez pas à peupler la librairie de
toutes les petites créatures de votre invention. Pour que les lieux restent malgré tout
vivables et propices aux recherches occultes, veillez, à l’instar de Tigroute, à garder
leur nombre sous contrôle : quelques individus de chaque espèce suffisent largement
à donner des cheveux blancs aux résidents, à causer de menus tracas aux clients et à
parfumer les lieux d’un grain de folie supplémentaire.
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21
 Les Veilleurs du Lion Vert

PNJ de la Renatus, automaton et

assistant de laboratoire
librairie 382 ans, Ka-Soleil 2, Ka-Terre 2, Ka-Feu 1
Assistant alchimique 5
Guillard Gaillard, L’assistant mécanique du docteur apporte une aide aux
Classificateur au grand recherches alchimiques. Silencieux et discret, celui qui entre
cœur et simple d’esprit dans le laboratoire pourrait le prendre pour une sculpture
de métal figurant un enfant ; mais il se rendrait compte
58 ans, Ka-Soleil 1 rapidement que, penché au-dessus d’un creuset ou faisant
Gentil libraire monomaniaque 6 inlassablement tourner une fiole de liquide entre ses doigts
pour en empêcher la coagulation, Renatus veille au bon
Avec son incroyable capacité à classer les livres de manière déroulement des expériences en cours. Il n’est pas rare que
incompréhensible mais retrouver un ouvrage précis sans Parangon s’adresse à lui dans de longs soliloques comme s’il
problème, ainsi que ses aptitudes à chasser les librorum parlait encore à Descartes.
dracones, il a su se montrer indispensable au docteur
Parangon, qu’il considère comme un père adoptif. Si le ton
monte entre un client et Parangon, il peut aussi jouer des
Héléna Goldstein,
poings pour chasser les importuns. relieuse cultivée
82 ans, Ka-Soleil 4
Chahida, Touche-à-tout Relieuse 7
curieuse et enjouée Ses connaissances en histoire des religions et en architec-
ture ont été aussi précieuses à Parangon que ses talents
19 ans, Ka-Soleil 8 de relieuse et de négociatrice. Elle aime à bavarder entre
Étudiante occulte 4 ­personnes de bonne compagnie, une tasse de thé à la main,
Jeune femme brune à la peau mate et au sourire chaleureux, sur ces sujets et conter ses innombrables voyages dans les
elle apporte un air de fraîcheur à la librairie depuis son salles de ventes aux quatre coins du monde.
arrivée. Elle commence à bien connaître les tâches admi­
nistratives et a acquis quelques connaissances en reliure et
en alchimie mais elle a surtout soif de comprendre tout ce
Tigroute, chaton facétieux
qui l’entoure. Bien qu’incapable de les contrôler, elle reçoit et amateur de Ka
parfois des visions des champs magiques comparables à
la vision-Ka. 7 mois, Ka-Soleil 1, Ka-Eau 1
Chat de chasse 6
Tigroute commence à assimiler les leçons de chasse aux
Le docteur Parangon, librorum dracones que lui inculque Guillard. Il commence
libraire bougon et tout autant à assimiler des résidus des Ka-éléments qu’il
occultiste accompli croque ; pour l’instant, cela le rend encore plus vif et d­ iscret
qu’un chat ordinaire. Il lui arrive cependant de bondir
118 ans, Ka-Soleil 9 apparemment sans raison au milieu de la pièce car il devient
Vénérable occultiste 9 sensible aux champs de l’eau et cherche à les attraper.

Versé en histoire pour en avoir vécu une bonne partie

et en ésotérisme pour en être l’un des grands acteurs,
Exilus, Dux
Ka-Air, Menace 5
c’e st aussi un alchimiste compétent en Œuvre au noir
Vécu : guide légendaire 3
et Œuvre au blanc. Pour compenser son absence de
Ka-éléments, il n’e st pas rare qu’il demande des sub- Chef naturel et légendaire des librorum dracones, il est
stances alchimiques actives en échange de petits coups capable de les coordonner et les commander pour mener à
de pouce aux Nephilim qui le croisent. Par ailleurs, il bien son Grand Dessin (même si lui-même ignore ce dont il
rechigne à appliquer seul ses c­ onnaissances en Kabbale s’agit). Sa capacité à imaginer des farces en fait une nuisance
depuis l’é chec des librorum ­dracones. Enfin, il semble pour la librairie.
connaître un nombre incroyable de langues, anciennes
ou modernes, qu’il parle ­couramment.
22
 23
La Librairie de L’Incunable Souveraineté

L’Incunable Souveraineté :
Rez-de-chaussée

1 - Bibliothèque
du savoir
2 - Escalier
3 - Remise
4 - Cabinet de
travail
5 - Placard
6 - Escalier des
portraits gémel-
liques
7 - Jardin des
hémisphères dorés

Sous-sol de la librairie

1 - Passage du puits
2 - Amphitéâtre de Mythragys
3 - Herméthèque de Clodius
4 - Égouts
5 - Labyrinthe de Daat
 Les Synopsis
de l’Incunable
Souveraineté
Les synopsis présentés ici peuvent être utilisés de différentes manières :
soit tels quels pour de courtes sessions de jeu, soit en les développant pour
obtenir un véritable scénario. Cependant, ils ont plutôt été pensés pour offrir
des épisodes à insérer au sein d’autres scénarios et campagnes, tel un fil
rouge. Considérez-les comme de petites digressions ayant pour but d’animer
la librairie, de la faire vivre et évoluer sous les yeux et avec la participation
des PJ. Lorsque vos joueurs arrivent à l’Incunable Souveraineté et s’y
trouvent confrontés, ils développent ainsi un arc narratif à part entière et
profitent de l’atmosphère décalée des lieux pour souffler entre deux scènes
plus sérieuses.
24

Synopsis de L’Incunable Souveraineté
Exilus dux
Les Librorum dracones attendent l’arrivée de leur
­messie, du champion qui saura les mener à la victoire, du
guide de leur peuple, et ce même s’ils ignorent totalement
en quoi consiste cette victoire… Les phagopages les plus
savants, ceux qui ne dévorent que les ouvrages en latin, le
surnomment Dux, le guide, mais nombreux sont ceux à
murmurer son nom : Exilus.
L’introuvable
incunable
L’ouvrage que recherchent les joueurs au cours de
leur enquête apparaît bien dans l’inventaire du docteur
Parangon et Guillard Gaillard se souvient précisément de
l’emplacement qu’il occupe : « sous la poutre tordue, trois
paumes à droite de la tâche d’encre en forme de mouton » …
Pourtant, il reste introuvable. Sa valeur n’est pas immense,
mais c’est un unicum dont ils ont besoin. Interrogée,
Chahida se souvient qu’un « type louche a rôdé dans ce
coin deux jours auparavant, avant d’acheter un livre sans
intérêt » et rappelle à Parangon qu’elle lui a déjà conseillé
d’installer des caméras de surveillance, comme celle que la
ville a placée dans la rue. Dans l’idéal et si vous ne les avez
que peu développés jusque-là, cette scène doit permettre
de présenter à vos Nephilim ces personnages attachants et
un peu loufoques.
Que ce soit par le truchement de leurs pouvoirs en
Sciences occultes ou par une intrusion au PC sécurité de
la ville pour mettre la main sur l’enregistrement de vidéo-
surveillance de la rue, c’est aux joueurs de faire face à cet
obstacle imprévu. En recoupant les images avec le témoign-
age de Chahida et les registres de la librairie, ils obtiennent
un nom : Étienne Renart. Trouver son adresse sur Internet
ne pose aucun souci. Chez lui, ils découvrent un vieil et
modeste appartement et un homme assez insignifiant, qui
crache vite le morceau dès qu’on le brusque un peu : il ne
sait rien de l’ouvrage en question, mais est resté fasciné, car
il a cru voir un livre se déplacer seul sur l’étagère et gagner
le dessus de la poutre…
Reste alors aux PJ à mettre la main sur la cache choisie
par les classivores, après une éventuelle course-poursuite
rocambolesque au milieu des étagères, avec Tigroute à
l’affût et Guillard qui les encourage. Au final, s’ils récupèrent
le livre qui les intéresse, ils peuvent remarquer que certaines
séries de lettres semblent avoir disparu : D E I L S U X.
25
Un problème
de taille
Les PJ se réveillent désorientés par ce qui leur fait penser
à une Ombre. Reprenant leurs esprits, ils constatent avec
horreur qu’ils se retrouvent dans la librairie, de nuit, mais
que leur Simulacre est devenu ridiculement petit : une quin-
zaine de centimètres à peine. Pire, cela les empêche d’avoir
recours à leur matériel alchimique, devenu trop lourd, ce
qui complique fortement l’usage de la Kabbale (comment
tracer un sceau correct avec cette taille ?) et leur Pentacle,
également rétréci, semble avoir bien des difficultés à provo-
quer le moindre remous dans les champs magiques pour
lancer un sort digne de ce nom.
Les enjeux
Une lettrinière, particulièrement talentueuse, est
­parvenue à coordonner suffisamment de lettrophages
pour lancer un sort dévoré dans un grimoire, avec les
effets que vos Nephilim peuvent observer. Gaillarde,
puisque tel est son nom, est l’une des rares librorum
­dracones à posséder une réelle personnalité et de l’ambi-
tion. Constatant que son coup d’essai est concluant, elle
désire à présent atteindre la gloire éternelle en devenant
la mère du « Messie ». Elle possède déjà les lettrophages
dont elle a besoin, les voleurs de DEILSUX, mais
­l’invocation va requérir les services d’un compacticole.
Et pour y parvenir, elle a besoin des PJ. En échange, elle
acceptera d’inverser le sort de rétrécissement.
La quête
Les PJ vont donc devoir dérober le grimoire que
Gaillarde leur a indiqué. Le De Cocis Famosis, d’un
auteur anonyme du xvie siècle, n’a a priori rien pour
attirer ­l’attention des Nephilim : une liste interminable
d’anecdotes et de réflexions sur les cuisiniers plus ou
moins célèbres depuis l’Antiquité. Pourtant, le traité
semble parfois très obscur dans ses références et contient
quelques passages plus ésotériques. L’un d’eux propose
une invocation de Kabbale incomplète : seul le pentacle
est reproduit en marge pour appeler l’énigmatique Exilus,
cuisinier improbable des Palais des délices.
Les épreuves
Repérer le grimoire est déjà une gageure pour le
c­ lient habituel… alors lorsqu’on mesure moins de quinze
­centimètres, la tâche devient particulièrement ardue. Les PJ
vont donc devoir focaliser l’attention de Guillard Gaillard :
à eux de trouver une solution. Réussir à se hisser à son oreille
pendant son sommeil (après être parvenus à pénétrer dans
sa chambre) et lui mettre le titre en tête pour qu’il ressente
 Les Veilleurs du Lion Vert
le besoin d’aller vérifier où il se trouve ? Lui faire parvenir la vie dure ou au contraire, les considérer avec un grand
un message écrit, mais comment et sous quel prétexte ? respect et être prêts à les aider.
User de leur magie affaiblie pour l’orienter vers l’ouvrage ? N’oublions pas qu’en journée, les clients indélicats sont
Laissez vos joueurs se creuser la tête et échafauder leurs susceptibles de faire tomber un livre sur les Nephilim.
plans. Et si les dracones leur sont encore assez peu connus, À  l’inverse, ces derniers peuvent facilement espionner
Gaillarde est là pour leur exposer avec exaspération ce qui certaines conversations : libre à vous de les mettre ainsi sur
lui semble être des évidences et les familiariser avec le petit la piste d’un prochain scénario. Vous pouvez aussi mettre
peuple des lieux. en scène des anagrammateurs facétieux bousculant vos
Une fois le livre repéré, il faut soit le sortir de son ­personnages après l’une de leurs mauvaises farces : en un
­rayonnage (avec l’aide d’un robuste classivore ? Mais mot, amusez-vous à faire vivre la faune si particulière et
­comment convaincre un tel être d’agir en leur sens ?), cocasse de la librairie.
soit amener directement un compacticole à son emplace-
ment (or, la bête n’est pas facile à dénicher et à transporter).
L’idéal est de s’assurer alors que le compacticole, en se
Le dénouement
lovant dans la reliure, est bien focalisé sur le pentacle. De préférence à une heure où la librairie est vide,
Là encore, si les PJ vous présentent une idée qui vous sem- Gaillarde va profiter du pentacle tracé par le compacticole
ble bonne, accordez-leur une chance de réussir. Ils peuvent sortant de son ouvrage pour mettre les lettrophages au dia-
par exemple proposer à l’animal quelques pentacles comme pason : rotant en chœur les lettres volées dans l’Introuvable
on présenterait une odeur à un limier… À moins qu’ils incunable, ils entonnent l’invocation du lutin Exilus Dux.
ne comptent attendre longtemps sous cette forme, à eux Ce dernier apparaît dans un nuage de fumée et Gaillarde
également de trouver comment accélérer le cycle de vie du le coiffe d’un bonnet de nuit, comme on couronne un roi :
compacticole, comme le leur souffle Gaillarde. Vu la taille candide et rusé à la fois, il devient le champion des dracones.
de la créature, même un sortilège très affaibli est à même L’invocation est quant à elle durable, car le pentacle a été
de l’affecter ; et si aucun des leurs ne convient, la librairie tracé sur du bois de l’arbre-fils, qui conserve en mémoire et
est  remplie de focus… maintient donc la présence d’Exilus dans les lieux. Gaillarde
s’exécute enfin de bonne grâce lorsque les Nephilim lui
demandent de leur rendre leur taille normale.
Les obstacles
Si vous souhaitez pimenter encore les choses et animer À présent, la librairie est habitée par un nouvel occupant
la partie, n’hésitez pas à mettre davantage de bâtons dans encombrant, bien que relativement inoffensif. Exilus guide
les roues des joueurs. les dracones comme il le peut avec en tête l’idée d’affirmer
Tout d’abord, Tigroute veille et sera incapable de faire leur territoire et de montrer aux « grands » comment on
la différence entre les joueurs et des librorum dracones. doit vivre  : farces et inventions farfelues vont désormais
Gare à la morsure mortelle du chat pour le Nephilim égayer la librairie et compliquer encore la tâche de Guillard
trop peu discret et pas suffisamment agile : entre mission Gaillard et Tigroute. Vos joueurs ne s’étonneront pas si
d’infiltration feutrée, folle chevauchée, accrochés aux poils le thé qu’ils partagent avec Parangon a parfois un goût
du félin et course-poursuite effrénée entre les rayonnages de moutarde !
pour échapper au chat en se faufilant entre deux livres,
vous avez tous les ingrédients nécessaires pour faire monter
l’adrénaline et pour que vos Nephilim mettent à profit les
compétences physiques acquises à travers les siècles. Et si
vos PJ sont trop discrets à votre goût, vous pouvez décréter
que Tigroute a tiré de ses festins magiques à répétition une
sorte de sens-Ka susceptible de les repérer plus aisément.
Précisons aussi qu’en cas d’Effet Jésus malencontreux et en
l’absence de Simulacre « à leur taille », Gaillarde sera capa-
ble d’inverser le sort même pour un Nephilim désincarné.
Ce dernier pourra alors prendre un nouveau Simulacre
normalement.
De plus, il est peu probable que l’affaire soit bouclée en
une nuit et vos personnages vont donc devoir chaparder
leurs repas. Or, la cuisine est le territoire du gang des
chevelus. Ceux-ci peuvent, selon vos envies et les talents
diplomatiques de vos joueurs, être particulièrement jaloux
des personnages (notamment des Satyres !) et leur mener
26
27
 Les mystérieux
clients
de la Librairie
Les personnages non joueurs présentés ici ont une fonction scénaristique et
narrative générale : introduire les différentes factions du monde occulte pour
des Nephilim nouvellement réincarnés ou pour des joueurs novices.
La librairie est un terrain neutre où les occultistes, les initiés de tout poil se
rencontrent, rivalisent dʼamabilités, de duels ésotériques, dʼérudition occulte,
quelquefois de querelles (mais jamais violentes), tout ceci sous le regard avisé
et souvent bienveillant de lʼéquipe de la librairie.
Vous pouvez présenter les PNJ au fur et à mesure de la venue des Nephilim à
la librairie. Ils pourront alors remarquer les symboles arborés par certains
dʼentre eux, entendre des bribes de conversations étranges, saisir deux ou trois
informations au passage et bien sûr prendre langue avec ces étranges clients.

Ces PNJ peuvent aussi servir à initier vos scénarios et à donner à la fois de
véritables informations comme de fausses pistes.
Certains dʼentre eux peuvent même devenir des contacts réguliers des PJ
pouvant alors devenir des soutiens utiles lors dʼenquêtes occultes.

En terme de stats, leurs Vécus sont plus inhabituels et souvent plus détaillés
que dʼordinaire car ce sont dʼétranges clients !
28
29
 Les Veilleurs du Lion Vert
Daniele
del Friuli
Templier
« Scusi, ma, tu vois,
je cherche miei fratelli. »
Le père de Daniele, Giulio del Friuli, était un éminent
journaliste du Corriere del Mattino. Fin connaisseur des
rouages de la politique romaine, il naviguait avec aisance
entre les différentes strates du pouvoir italien. Il avait
même publié un livre sur ses entretiens avec le président du
Conseil qui l’avait rendu célèbre en lui faisant faire le tour
des plateaux de télévision pour assurer la promotion de son
ouvrage. La famille del Friuli vivait dans l’aisance. Un bel
appartement avec vue sur les rives du Tibre. Une école
privée pour Daniele. Des soirées au théâtre.
À l’époque, Daniele ne s’intéressait pas à la carrière de
son père. Le monde politique l’ennuyait, il ne se passion-
nait que pour le polo et menait une vie de petit bourgeois.
Aussi, l’arrestation soudaine de son père le sidéra. Giulio
était accusé d’appartenir à la Propaganda Due, la P2,
une ancienne loge maçonnique devenue une officine néo-
fasciste voulant prendre secrètement le pouvoir en Italie.
On ­accusait ses membres d’être liés à la mafia et au Vatican,
de vouloir faire disparaître les syndicats, de fomenter un
coup d’État… On les soupçonnait même d’avoir fait poser
des bombes pour discréditer la Gauche et l’empêcher
d’accéder au pouvoir. Et Giulio del Friuli n’était pas l’unique
accusé : des hommes politiques, des banquiers, des jour-
nalistes, des hauts responsables des services secrets, des
officiers de l’armée : cette loge noire était infiltrée partout.
Daniele connaissait bien la plupart de ces suspects, car ils
venaient régulièrement dîner chez son père.
Giulio fut inculpé pour avoir agi comme maître-chan-
teur aux ordres de la P2. Utilisant son réseau de journaliste,
il avait exercé son chantage sur de nombreux dignitaires qui
refusaient de collaborer avec ce gouvernement de l’ombre.
En prison, il avait été empoisonné avant son procès, sans
que l’on détermine si c’était la loge secrète qui avait préféré
éliminer un complice gênant ou bien si c’était la vengeance
d’un haut fonctionnaire qui ne voulait pas que ses petits
secrets soient révélés au grand jour.
Disons que les cours de polo de Daniele cessèrent du
jour au lendemain. Sa mère, Porzia, avait mis sa carrière
d’enseignante de côté quand son mari avait commencé à
mener la grande vie à Rome. Devenue veuve, elle fit jouer
le peu de réseau qui leur restait pour retrouver un poste
dans un établissement public de Turin. Ils ne manquèrent
de rien  : sans toutefois que leur vie ne soit aussi aisée
30
qu’à Rome, Daniele avait compris que quand ils vivaient un
coup dur, sa mère pouvait puiser des fonds sur un compte
à l’étranger.
Au moment de suivre des études universitaires, Daniele
se dirigea vers le journalisme, par atavisme. Parce que son
nom de famille avait encore du poids auprès de certains
vieux briscards du Corriere del Mattino, il put intégrer
la rédaction par le truchement d’un stage. Mais la réputa-
tion de son père était comme la marque de Caïn : il était
condamné à travailler au « Frigo », ce service ayant pour
mission de tenir à jour les chroniques nécrologiques des
personnes célèbres encore en vie afin qu’au moment de leur
mort, l’article retraçant leur vie soit déjà écrit. Loin de le
répugner, le « travail de la viande froide », selon une autre
expression consacrée du journal, lui plaisait : il vivait con-
stamment dans le passé en fouillant dans la vie des gens
pour résumer l’existence d’anciennes stars ou de célébrités
sur le retour. L’âge aidant, toutes les personnalités impli-
quées dans le scandale de la P2 apparaissaient sur son radar
macabre. Tel ministre souffrant d’une longue maladie et qui
risquait de passer l’arme à gauche sans prévenir. Tel avocat
des affaires qui avait son rond de serviette à la maison et qui
tutoyait son père. Ce n’était pas l’esprit de vengeance qui
l’avait motivé, mais la simple curiosité. Avec le temps, il était
devenu un spécialiste de la loge P2.
Il ne fut donc pas surpris quand on l’approcha : cela
faisait des années que toutes les histoires publiées aut-
our de la Propaganda Due lui semblaient n’ê tre qu’un
écran de fumée. Son père n’é tait certainement pas un
fasciste. On l’initia progressivement à certains mystères
et il fut soulagé d’apprendre que Giulio del Friuli était,
de son vivant, un serviteur du Temple. Ça, oui, c’é tait
conforme à l’image qu’il gardait de son père. Daniele
pense d’ailleurs maintenant que son père n’a pas été
empoisonné, mais qu’il s’est suicidé pour ne pas causer
de mal à ses frères.

Les mystérieux clients de la librairie
L’Ordre du Bâton avait parfois besoin d’une information
sensible, de faire passer une petite annonce discrète ou bien
qu’un détail embarrassant de la vie de l’un de ses disciples
ne soit pas publié. Daniele intervenait alors discrètement.
Peu élevé dans la hiérarchie du Temple, il ignorait tout du
Grand Plan. Aussi, quand les choses partirent à vau-l’eau
pour les Templiers après 1999, il mit du temps avant de se
rendre compte que quelque chose clochait dans l’organisa-
tion. On faisait moins appel à lui, voilà tout. Il avait d’autres
chats à fouetter dans sa vie professionnelle  : le  modèle
économique de la presse était en train de s’écrouler, il n’avait
plus d’avenir dans la profession.
Alors, quand le Temple s’est rappelé à ses bons services
il y a peu, il eut la désagréable impression que les choses
avaient changé. Les têtes dirigeantes de son obédience
n’étaient plus les mêmes : c’était maintenant des gens de la
maison de Savoie, héritière légitime du trône d’Italie. Trafic
d’armes, prostitution, corruption : ils utilisaient l’Ordre à
des fins personnelles, se moquant des traditions.
Licencié du Corriere, en désaccord avec les Templiers
italiens, Daniele a choisi de traverser les Alpes pour
s’installer à Lyon. Il travaille désormais aux archives
municipales de la ville où il a pour mission de rédiger les
notices biographiques de célèbres immigrés dans le cadre
d’une grande exposition à venir sur les apports culturels de
­l’immigration italienne.
À la recherche d’une obédience davantage en accord
avec son approche traditionaliste de l’Ordre, il fréquente la
librairie de l’Incunable Souveraineté avec l’espoir d’y croiser
un Templier français qui puisse le coopter. Mais Daniele
n’est pas un grand initié de l’Histoire invisible, aussi a-t-il
bien du mal à établir un contact avec le milieu templier local.
Il est maladroit dans son approche, utilisant des phrases
en latin piochées dans la liturgie templière pour faire
­comprendre à son interlocuteur qu’il « en est ». Surtout que
32 ans, Ka-Soleil 3
Journaliste nécrologique, archiviste et biographe 6
Manteau noir impulsif et colérique 3
Ressources
Nombreuses notices biographiques sur les membres Templiers
de l’ancienne loge P2 (7)
Fils de Templier traditionaliste (5)
Hors de chez lui, il emporte toujours une fiole de cyanure
(dommages 8)
31
son français, parfois hésitant, ajoute une nouvelle couche
d’incompréhension quand il tente une approche avec l’un
des clients de la librairie.
Jean-Charles Poznanski a bien compris que Daniele est
un Templier. Mais comme il ne semble pas très vindicatif,
cela amuse le R+C de se jouer de lui. Si les PJ lui posent
des questions, il est fort probable que Poznanski les envoie
d’abord parler avec Daniele, car le spectacle de cet Italien un
peu gauche en quête d’un pair est parfois burlesque. Surtout
si les PJ sont eux aussi malhabiles pour cerner les intentions
de leur interlocuteur et que cela mène à un quiproquo.
Par contre, Daniele n’aime pas être le dindon de la
farce : s’il s’aperçoit qu’on se moque de lui, il peut devenir
colérique et réagir abruptement. Il est parti d’Italie avec
son épée de cérémonie et peut facilement aller la chercher
et revenir en la dégainant pour se faire respecter. Il a été
élevé avec une certaine idée de l’honneur et du devoir et
ne tolère pas qu’on se moque de lui. Il est du genre à pro-
poser un duel au p­ remier sang dans une ruelle. De plus,
en digne fils de son père, il porte en permanence sur lui
du poison afin de toujours disposer d’une porte de sortie
digne et définitive.
Daniele est persuadé que la maison de Savoie lui en
veut d’avoir disparu sans rien dire. S’il entend parler italien
dans la librairie ou a le sentiment que quelqu’un travaille
pour son ancienne obédience, il panique et cherche des
alliés de circonstance pour sauver sa peau. Dans ce cas-là,
il est prêt à s’associer avec des membres d’autres Arcanes,
même Majeurs.
Dans son appartement, il dispose de très nombreuses
fiches biographiques, car son métier est devenu une habi-
tude chez lui : dès qu’il rencontre quelqu’un, il aime fouiller
dans son passé pour avoir une bonne idée des antécédents
de sa nouvelle accointance.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Jean-Charles
Poznanski
R+C
« Le problème n’est
pas tant que vous ayez
tort que le fait que
vous êtes persuadés
d’avoir raison. »
Il serait vain de vous parler en détail de la vie de
J­ean-Charles Poznanski, puisqu’il s’agit d’une collection
de semi-vérités et d’affabulations. Oh ! Il a des papiers en
règles, un diplôme tout ce qu’il y a de plus officiel, là n’est
pas le problème. Ce sont de faux documents, plus crédibles
que des vrais. Car Poznanski n’est qu’une abstraction. Il a
été fabriqué de toutes pièces pour correspondre parfaite-
ment à l’image que l’on se fait d’un professeur d’Histoire.
Ses lunettes lui sont inutiles d’un point de vue optique, mais
il est attendu d’un enseignant de son âge d’avoir des verres,
alors il porte cet attribut sans rechigner. Même sa calvitie
est fausse : les cheveux du haut de son crâne ont été mét-
iculeusement arrachés pour obtenir cette tonsure. Même
sa veste en velours côtelé avec des pièces ovales cousues aux
coudes est un costume de théâtre.
Poznanski enseigne l’Histoire à l’université. Ses cours
traitent de la véracité historique : il est spécialisé dans l’étude
des événements ou faits que tout le monde croit connaître,
mais qui sont en réalité faux. La soi-disant petite taille de
Napoléon. Les bûchers de Salem. L’importation des pâtes
par Marco Polo. La citation de Marie-Antoinette sur la
brioche… Évidemment, son cours n’est pas juste une litanie
de fausses vérités : ce qui l’intéresse, c’est l’émergence et la
propagation de ces faussetés. Pourquoi ces erreurs nais-
sent-elles ? Qui les fait circuler ? Qu’est-ce qui nous incite à
les prendre pour argent comptant ? Et avec l’épidémie sou-
daine des fake news, son travail est devenu très populaire
auprès des étudiants et de ses collègues, qui louent tous son
approche critique de cette ère de post-vérité.
Il est finalement très moderne, dans son approche
­pédagogique. D’ailleurs, lors de ses examens, il autorise­
­l’usage d’Internet, contrairement à ses confrères. Pendant
les cours, comme il déteste voir ses étudiants prendre
­chacun des notes dans leur coin, il aime leur proposer de
créer un fichier texte partagé en temps réel dans lequel
ils peuvent collectivement écrire. Utiliser l’intelligence
du groupe. Mutualiser les efforts. C’est surtout que ça lui
permet d’accéder lui aussi au document-maître (en se
faisant passer pour un étudiant) et d’y glisser discrètement
32
ses menteries. Car s’il se présente comme le chantre de
la vérité historique, c’est en fait un fieffé falsificateur. Quand
il n­ ’enseigne pas, il est occupé à monter, puis alimenter
une galaxie de blogs historiques en se faisant passer pour
différents amateurs éclairés désireux de partager leurs
connaissances. 99 % des faits qu’il présente via ses sites sont
attestés. Mais le 1 % de mensonges qu’il insère pour cacher
les intérêts des R+C est recopié sur une myriade de sites
référencés par des moteurs de recherche. Car Poznanski
a compris une chose : la vérité relative prend forme grâce
à la répétition. Et quand ce travail de sape n’est pas suf­
fisant, il s’attaque directement à la source, en créant de faux
articles puis en y faisant référence sur des encyclopédies
­collaboratives en ligne.
Ce n’est absolument pas le genre d’enseignant qui donne
dans la théorie du complot. Vous ne le verrez jamais défen-
dre des thèses absurdes : son travail de modification du réel
tient plutôt du pointillisme. Une date par-ci. Un fait par-là.
Si vous assistez à ses cours, vous n’y verrez que du feu.
Au pire, si quelqu’un finit par remarquer une incohérence
sur un point précis, il prétendra que c’est une étourderie
ou fera une blague comme quoi c’est peut-être le début
de la maladie d’Alzheimer. Cela ne sert à rien de défendre
­l’indéfendable, surtout publiquement.
Sa plus grande fierté ? Il y a peu, un éditeur lui a demandé
d’assurer la relecture d’un livre bourré d’anecdotes histori-
ques liées au métro de Paris. En passant derrière ­l’auteur,
il a pu enchâsser quelques contrevérités qui profitaient
aux R+C. Le livre a connu un immense retentissement
­médiatique, son travail de fragilisation des faits s’est vendu
comme des petits pains. C’était le cadeau de Noël le plus
offert cette année-là, il s’est retrouvé dans de très nombreux
foyers de France, instillant son poison discret.
Grâce à ce travail de relecture, il a mis le pied dans la porte
de l’historicité médiatique : un célèbre animateur d’émissions
de télé spécialisé dans les visites de châteaux lui a demandé

Les mystérieux clients de la librairie
d’agir comme consultant. Glisser des ­approximations dans
l’oreille de millions de t­ éléspectateurs est une opportunité
qui ne se refuse pas pour un faussaire de son acabit. Surtout
que les R+C ont constamment besoin de réécrire certains
passages de l’Histoire.
Ce qui pousse Poznanski à fréquenter l’Incunable
Souveraineté, c’est un tout autre projet : la numérisation
du savoir. L’informatique permet de démocratiser l’accès
aux textes les plus rares, y compris chez les acteurs de
l’Histoire invisible. Et notre falsificateur a bien compris
une chose : s’il est le seul à fournir des sources numériques
et qu’il peut les modifier subtilement, il pourra diffuser
ses vérités auprès d’un nouveau public qui compte beau-
coup. C’est pourquoi il effectue de nombreuses visites
à la librairie, dans le but de repérer les ouvrages les plus
intéressants pour son projet. Ils doivent être rares et
aisément altérables numériquement. Une fois scannés,
les ouvrages sur lesquels il jette son dévolu sont détruits
par le feu afin d’en augmenter la rareté et d’empêcher
qui que ce soit de remonter à la source pour y repérer les
altérations ­effectuées par l’enseignant en Histoire.
Si les PJ font connaissance avec Poznanski à
­l’Incunable Souveraineté, c’e st quelqu’un d’intéressant
avec lequel ils peuvent discuter pendant des heures.
Si les Nephilim se présentent comme des lecteurs avides
de vieux grimoires, le R+C attendra d’être hors de portée
des oreilles du patron de la librairie pour leur proposer
de devenir membres d’un groupe privé ayant accès à des
versions numériques de haute qualité via un serveur
FTP. Il appelle ce site e­ Sapience et leur explique que les
membres peuvent accéder à ce s­ ­­ervice gratuitement s’ils
déposent à leur tour régulièrement des documents rares
qu’ils ont eux-mêmes numérisés.
Le hic, avec Jean-Charles Poznanski, c’est qu’il est l’incar-
nation d’un archétype qui adopte à son tour de nombreuses
46 ans, Ka-Soleil 4
Professeur d’Histoire de plus en plus populaire 5
Faussaire R+C dont l’identité même est une mystification 8
Ressources
eSapience, un serveur sécurisé abritant des incunables
altérés en version numérique 8
A ses entrées à la télévision et chez certains éditeurs 7
33
fausses identités sur Internet. C’est une marionnette qui
manipule d’autres marionnettes : il arrive donc que certains
fils s’emmêlent. À force de naviguer entre plusieurs identités,
il est parfois victime de confusion entre différentes facettes
de son travail de duperie. Par exemple, quand il tourne
des vidéos pour sa chaîne YouTube, intitulée Nota Berné,
il prend habituellement l’accent marseillais, car son alter
ego de youtubeur est censé avoir fait ses études à Aix-en-
Provence. Mais il commence à y avoir une certaine porosité
entre les différentes personnalités adoptées par Poznanski,
tout n’est plus aussi bien compartimenté qu’à ses débuts.
Tel un acteur ayant un trou de mémoire, il lui arrive de ne
plus savoir qui il incarne sur le moment, ou même de ne
plus se souvenir de ses nombreux identifiants et mots de
passe qu’il utilise quotidiennement pour alimenter sa petite
blogosphère mensongère. Poznanski, son identité centrale,
peut soudainement parler avec le mauvais accent ou dire des
choses qu’elle n’est pas supposée savoir. Il y a des limites au
conditionnement R+C.
Ce qui nous mène d’ailleurs à cette question : qui est
réellement Jean-Charles Poznanski ? Un pur produit
des manipulations R+C, une sorte de drone autonome ?
Un  R+C qui s’est autopersuadé d’oublier sa véritable
identité pour devenir ce professeur d’Histoire générique ?
Peu importe : le résultat est tel qu’il ignore lui-même ses
origines. Il est convaincu par ses propres mensonges.
D’ailleurs s’il modifie les faits, c’est qu’il est persuadé de
corriger l’Histoire. Il le fait discrètement, car il sait en son
for intérieur que les gens ne sont pas prêts à accepter la
vérité. Alors, il retouche discrètement les choses. Un coup
de pinceau par-ci, par-là. Car le meilleur menteur est celui
qui est persuadé de dire la vérité.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Khaled
Benyezzar
Myste
« Avez-vous déjà lu Le
Horla, de Maupassant ?
Non ? Franchement,
vous devriez. »
On l’appelle Babaï, soit la Grande Dévoreuse.
Les  Égyptiens la représentaient sous la forme d’une
chimère dotée d’une tête de crocodile, d’une crinière de lion,
des pattes arrière d’hippopotame et des pattes avant de
hyène. Son rôle était primordial aux temps anciens, car elle
assistait Thot et Osiris au cours de la cérémonie de la pesée
du cœur. Si celui du défunt était plus lourd que la plume de
la Vérité, Babaï dévorait le Ka-Soleil de celui qui avait été
jugé indigne de poursuivre son existence dans l’au-delà.
Mais ça, c’était autrefois.
Aujourd’hui Babaï est un daïmon vivant dans le cœur
de Khaled Benyezzar. Et ce n’est pas une malédiction  :
c’est ce qui arrive quand un Myste joue avec des forces qui
le dépassent.
Initié aux Mystères sur les rives du Nil, Khaled a
­toujours été un arriviste. Pas au point de tuer quelqu’un
pour prendre sa place, mais il maîtrise parfaitement l’art
du coup de pute. On ne devient pas assistant du consul de
la République arabe d’Égypte à Marseille en jouant à la
loyale et en se contentant d’attendre que ses compétences
soient reconnues. Bakchich. Flagornerie. Calomnie.
Et surtout, une bonne dose de pouvoir occulte. Il le fallait
bien : il était dans l’intérêt de l’Arcane de l’Épée d’avoir
un émissaire en poste à Marseille, car la ville abritait au
Musée d’Archéo­logie Méditerranéenne la plus grande
collection d’antiquités égyptiennes après celle du Louvre.
Parmi les nombreux objets rassemblés par le docteur
­Clot-Bey au 19e  siècle, se  trouvent plusieurs artefacts
dérobés aux Mystères. Il convenait donc de garder un œil
sur cet ­héritage volé.
Sur son temps libre, Khaled Benyezzar passait
­beaucoup de temps entre les murs de la Vieille Charité
à couver d’un regard protecteur les trésors exposés.
Ses  maîtres n’avaient pas daigné lui préciser quels objets
­faisaient partie du patrimoine myste. Déçu par le manque
de confiance de ses supérieurs, il décida de faire preuve
d’initiative. Il s’introduisait de nuit dans le musée pour
manipuler chaque objet exposé et tenter de déterminer
quel artefact était digne de sa curiosité. Il finit par se ­rendre
compte qu’une vieille ouchebti, une statuette funéraire,
semblait être le réceptacle de quelque chose de puis-
sant. C’était une sorte de stase, mais faite pour contenir
34
un daïmon. Khaled fut incapable de résister à la tentation
et se mit à l’œuvre pour libérer cette entité et la mettre à
son service. Il fit des recherches, dressa des plans et une
nuit, décida de passer à l’acte dans le musée. Manque
de chance pour lui, Amenora, une Hydrim adoptée de
la Maison-Dieu, était elle aussi sur la piste de cet objet-
prison. Obnubilé par l’idée d’acquérir un serviteur si
puissant, le Myste se laissa surprendre en plein rituel de
libération. Amenora tenta de lui faire comprendre que
seul son Arcane possédait les ressources pour gérer une
telle chose. Khaled s’entêta, car il trouvait les Nephilim
bien arrogants de penser que la sapience était leur chasse
gardée. Il en vint aux mains avec Amenora, qui riposta
en déployant toute sa puissance magique. Disons que
­l’exposition perdit de nombreuses pièces de valeur dans le
feu de l’action. Incapable d’avoir l’ascendant sur l’adoptée
de l’Arcane XVI, Khaled opta pour une solution de faci­
lité et libéra le daïmon de sa prison avant d’avoir terminé
la cérémonie qui aurait dû lui inféoder la créature.
Cela faisait trois millénaires que Babaï avait été
­enfermée dans cette ouchebti. C’est peu dire qu’elle avait
soif de liberté. Mais affaiblie par cette longue claustration,
le daïmon n’avait plus les mêmes aptitudes qu’à la grande
époque de sa légende. Magiquement anémiée, elle trouva
refuge dans le Ka-Soleil du Myste et lui permis de pren-
dre la fuite du musée et d’échapper pour un temps aux
griffes d’Amenora.
Désormais, Khaled vit avec un daïmon abâtardi en
son sein. Babaï n’est plus tout à fait un Effet-Dragon d’ori-
chalque, c’est devenu autre chose. Elle est entrée en symbiose
avec Khaled, un peu à la manière d’un Nephilim et son
Simulacre, sauf qu’au lieu de contrôler pleinement son hôte,
elle agit plutôt en copilote, lui parlant sans arrêt, l’abreuvant
de conseils, d’insultes ou de frustration. C’est parfois très
utile à Khaled Benyezzar, car Babaï le pousse à se surpasser,
mais c’est souvent en prenant des r­isques inconsidérés.

Les mystérieux clients de la librairie
Sous prétexte de l’aider à se réaliser, elle l’incite à effectuer
des actes qui l’avantagent elle. Par exemple, le daïmon a très
clairement fait comprendre à Khaled qu’il ne pouvait pas se
contenter d’ignorer Amenora : le Nephilim représentait un
danger pour le Myste, il devait l’éliminer. La vérité, c’est que
Babaï voulait s’assurer que son existence et sa libération ne
deviennent pas connues d’autres intervenants.
Trouver la planque de l’Hydrim fut une enquête de
longue haleine, car Amenora se cachait dans une grotte
des calanques uniquement accessible via un long tunnel
rempli d’eau de mer. Khaled s’y rendit avec une tenue de
­plongeur sous-marin et tendit une embuscade à Amenora.
En ­perdant son Simulacre, le Nephilim a bien essayé de
s’incarner dans Khaled, mais la présence de Babaï a empê-
ché cette fusion. Et comme il n’y avait aucun autre corps
­d’accueil disponible sous terre, Amenora est retournée
dans sa stase (une coupe de Pythagore). Khaled a alors eu
le temps de fouiller minutieusement la grotte. L’Hydrim
utilisait visiblement la grotte depuis très longtemps, car
des peintures rupestres datant du Paléolithique représen-
taient déjà des rituels magiques. Mais la découverte la plus
surprenante fut un poignard en orichalque. Le Nephilim
la gardait là pour éviter que l’arme ne circule et fasse une
victime. En la voyant à travers les yeux de son hôte, Babaï a
jubilé. Il a été facile de convaincre Khaled d’emporter l’arme
avec lui. Puis, en lui mentant sur son but final, le daïmon
lui a expliqué comment extraire l’orichalque de la lame.
Quand le métal maudit fut séparé des matières viles, Babaï
prit le contrôle du corps du Myste et absorba l’orichalque
encore chaud à cause de la fusion. L’expérience fut affreuse
pour Khaled, même si la magie du daïmon l’empêcha de
mourir de souffrance. Car en ingurgitant l’orichalque, Babaï
connut une vraie décharge de pouvoir qui lui rappela, pour
un temps, à quel point elle avait été puissante autrefois.
Depuis, le daïmon est obnubilé par l’idée de renouer
avec cette expérience régénératrice. Les Templiers étant
connus pour manipuler l’orichalque, Khaled fréquente la
librairie de l’Incunable Souveraineté en espérant y croiser
26 ans, Ka-Soleil 4 et
Orichalque 3
Assistant du consul de la République arabe d’Egypte
à Marseille 6
Réceptacle humain de Babaï, daïmon affamé d’orichalque 7
Ressources
Accès aux ressources consulaires et à certaines informa-
tions des services secrets égyptiens 6
Initiation aux apprentissages ancestraux des Mystes 4
Effets magiques de l’orichalque incontrôlés 5
35
des membres de l’Arcane du Bâton afin d’assouvir la faim de
Babaï. Car même s’il a vécu un calvaire au cours du procédé
d’absorption, Khaled souhaite que son daïmon devienne
plus puissant, car il profite de ce pouvoir. Certes, il n’exerce
aucun pouvoir pour contrôler le daïmon et ne peut pas
lui donner d’ordres, mais leur relation est pour le moment
avantageuse pour les deux parties. Par contre, il se tient
désormais éloigné de ses confrères Mystes, car il ne veut pas
avoir à s’expliquer. D’autant qu’il connaît bien ses maîtres :
ils pourraient très bien tenter des expériences magiques sur
lui et son daïmon, des épreuves douloureuses pour sa chair
et son esprit, assurément.
La disparition soudaine d’Amenora n’est cependant pas
passée inaperçue aux yeux de la Maison-Dieu : l’Arcane a
diligenté Nadios, un Faërim, pour mener sa petite enquête.
Khaled n’est pas non plus le plus brillant des esprits crimi­
nels, il a laissé plusieurs indices derrière lui. La restitution
de la stase de l’Hydrim serait un minimum, mais le Myste
a d’autres projets pour cette coupe de Pythagore : c’est un
précieux objet d’échange qu’il pourrait monnayer contre
de l’orichalque s’il arrive à négocier avec des Templiers.
La stase est pour le moment en sécurité dans un coffre-fort
du consulat.
Le consul de Marseille (Ali Atrache) a remarqué
le changement d’attitude de Khaled depuis quelques
semaines, qui semble parfois se parler à lui-même et
est devenu colérique à l’occasion. Il a donc demandé au
­service de sécurité du consulat de prendre son assistant en
filature, car il soupçonne chez son protégé des problèmes
de jeu ou de drogue. Les services secrets égyptiens sont
habituellement discrets (et il le faut quand on lutte pied à
pied contre le Mossad), mais en mission en France, ils ont
tendance à se relâcher en s’imaginant en vacances. Khaled
se sait surveillé et essaye d’impliquer des tiers (idéalement,
les PJ) pour brouiller les pistes. Puisque la menace terroriste
fait trembler les foules, il suffit à Khaled de glisser quelques
mots-clés aux PJ pour qu’on s’imagine qu’ils font partie
d’une cellule intégriste.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Hauméa
Adoptée de
l’Arcane de
l’Empereur
« D’aider à aimer,
il n’y a qu’une lettre
de différence. »
Quand on parle de l’Arcane de l’Empereur, les gens
pensent immédiatement au Nouvel Ordre Mondial, une
espèce de main invisible qui influence discrètement le destin
de l’Humanité. Et c’est vrai que certains Nephilim agissent
avec les mortels comme si derniers étaient des irrespon­
sables devant être protégés d’eux-mêmes. Ils c­ ontrôlent
les choses en sous-main, ont à cœur le bien commun et
prennent les grosses décisions pour la bonne marche de
l’espèce humaine. Un complot philanthropique qui n’hésite
pas à sacrifier des gens si, à une plus grande échelle, cela est
bénéfique à la population mondiale.
Hauméa n’a jamais participé à ce schéma global, car elle
a toujours pensé qu’à mesure que l’on adopte un point de
vue de plus en plus holistique, on perd totalement de vue ce
qui fait l’essence même de l’humanité. On finit par ne plus
gérer que des chiffres et à ne plus savoir ce qu’ils représen-
tent. Sept milliards de terriens, ça ne se gère pas comme
un vaste fonds d’investissement que l’on doit à tout prix
rentabiliser. Non, Hauméa a toujours été la partisane d’une
approche locale et d’une action de proximité. Au xixe ­siècle,
elle était une dame patronnesse, bien avant que cette
expression devienne une insulte. Elle avait ses pauvres et
ses bonnes œuvres. Cela semble terriblement paternaliste
avec le recul, mais le patronage était pour elle le meilleur
moyen d’améliorer la condition humaine. Elle organisait
des collectes d’argent pour financer des repas chauds ou
faire construire une école. Quand elle utilisait la magie pour
arriver à ses fins, elle s’arrangeait pour faire croire que c’était
l’œuvre du saint patron de la paroisse.
Quand elle s’est réincarnée de nos jours, elle a rapide-
ment mesuré à quel point la société était devenue laïque.
Il  n’est plus question de financer la construction d’un
­orphelinat, c’est désormais la responsabilité de l’État.
Hauméa, en bonne Eolim, a pris le temps de réfléchir
pour trouver un moyen de moderniser son action. Et c’est
tout naturellement que son altruisme a pris la forme d’un
engagement associatif. Elle doit faire face à une nouvelle
contradiction  : la société est bien plus riche qu’au xixe
siècle, mais elle est paradoxalement bien plus inégalitaire.
Tout reste à faire : les sans-abri, l’accès à la culture, l’oisiveté
36
des jeunes, la précarité des retraités, l’accueil des migrants…
C’est un véritable tonneau des Danaïdes. Alors, elle est
engagée dans de nombreuses associations. À chaque fois
qu’elle découvre une nouvelle cause, elle essaye de trouver
du temps et de l’énergie à investir dans ce combat juste et
bon. Et forcément, elle s’éparpille et a l’impression que son
action se dilue de plus en plus. Avant, elle obtenait des résul-
tats concrets, facilement quantifiables. Aujourd’hui, elle a
vraiment l’impression de déshabiller Pierre pour habiller
Paul, si on peut dire.
En fait, Hauméa est victime d’un épuisement compas-
sionnel. Elle est débordée par les défis à relever. À quoi
bon tricoter des bonnets et des écharpes pour aider les
migrants à passer l’hiver si c’est pour apprendre qu’ils ont
été reconduits à la frontière ? C’est bien beau d’aller faire
rire les enfants à l’hôpital, mais le temps passé pour obtenir
ces quelques rires n’aurait-il pas été mieux investi dans la
­distribution de repas aux nécessiteux ? Cette hiérarchi-
sation permanente des malheurs humains l’afflige. Elle a
de plus en plus de mal à se lever le matin et à trouver du
sens à cette suractivité. Les cours de francisation, l’entre-
tien du jardin communautaire, les réunions du collectif de
­revitalisation de la vie de quartier…
D’autant que la magie est devenue compliquée à utiliser.
Ce n’est pas qu’elle était tolérée par le passé mais autrefois,
l’inexplicable était accepté. Le Seigneur avait ses voies,
impénétrables, et ça permettait de ne pas trop se poser
de questions. Mais de nos jours, tout devient suspicieux.
D’une coïncidence on vous fait une conjuration. Alors,
elle ne peut plus se faire autant aider par la Kabbale et la
Magie. D’où un sentiment de lentement se laisser ensevelir
sous le poids des responsabilités locales. Parce que c’est
aussi ça, l’action de proximité : nos échecs ont tous un nom,
et ils viennent nous hanter longuement.
L’Incunable Souveraineté est son havre de paix.
Un  endroit où on n’attend rien d’elle. Au contraire, elle

Les mystérieux clients de la librairie
est alors la cliente, celle dont on essaye de satisfaire la
curiosité. Elle y passe de plus en plus de temps, s’inventant
parfois des excuses pour ne pas retourner dans le monde
extérieur affronter ses mille-et-un combats pétris d’un
relent de christianisme social. Surtout que récemment,
Hauméa a rencontré quelqu’un d’intéressant à la librairie :
Ingeborg Rosenberg. La Synarque et elle ont accroché. Bien
évidemment, la scientologue n’a jamais clairement dit pour
qui elle travaille (elle utilise à chaque fois des euphémismes
comme «  l’organisation  », «  mon groupe  » …), mais elle
parle ouvertement des bienfaits de travailler pour une
grosse structure. En particulier le fait que même si elle a
d’importantes responsabilités qui génèrent du stress, elle
se sent détachée, car la pression est répartie sur toute son
équipe. Et surtout, surtout, elle ne connaît pas person-
nellement les gens qui vivent des difficultés sur le terrain.
Elle est au siège social, elle n’est jamais confrontée au réel.
Et petit à petit, cette approche distanciée fait son bon-
homme de chemin dans la tête de l’Eolim. Le moment est
peut-être venu pour elle d’adopter un rôle plus stratégique
dans l’Arcane. De ne plus être une faiseuse mais d’être une
idéatrice. Prendre de l’altitude. Surplomber les problèmes
au lieu de s’y noyer.
L’autre problème d’Hauméa, c’est son Simulacre. Avant
que la Nephilim en prenne possession, c’était une femme au
foyer, mariée au directeur d’un de ces temples de la culture
qui essayent de survivre à la mort du CD et au télécharge-
ment illégal des films et séries télé. Hauméa avait vite mis
les choses au clair en quittant le foyer conjugal, puis en
demandant le divorce, histoire de ne pas avoir de fil à la patte.
Simulacre : Sophie Legrand,
38 ans, femme au foyer 5, Ka-Soleil 3
Pentacle : Ka-Air 5, Ka-Eau 4, Ka-Feu 4, Ka-Terre 3, Ka-Lune 2
Volontaire hyperactive au grand cœur mais en dépression 7
Dame patronnesse comme dans la chanson de Jacques Brel 6
Métamorphe : Ange 3
Sciences occultes : Magie : Basse Magie 9, haute magie 4 (Voie du Labyrinthe
schématique),
Kabbale Sohar. Malkut 8, Yesod 6, Netzah 3, Chesed 2
Ressources
Réseau de bénévoles et de gens dans le besoin qui sont prêt à l’aider 9
Liens tissés sans le savoir avec la Synarchie 5
Adoptée de l’Empereur 6
37
Contre toute attente, ce n’est pas l’ex-mari, le plus difficile à
gérer, mais l’ancien amant, qui est inspecteur de police et qui
a beaucoup de mal à accepter d’être mis devant cet état de
fait. Il n’est pas juste insistant, il est obsédé. Il la prend en
filature sur son temps libre, la filme ou la photographie dès
que l’occasion se présente. Si bien qu’à force de la suivre,
il a fini par la surprendre en train de pratiquer la magie.
Et au lieu d’avoir une épiphanie mystique en réalisant que le
monde est bien plus complexe et riche qu’il ne l’imaginait,
ce policier éconduit n’y a vu qu’un moyen de pression. Il fait
désormais chanter Hauméa en exigeant qu’elle reprenne
leur liaison amoureuse. Dans le cas contraire, il menace bien
évidemment de rendre toute l’affaire publique. Nul doute
qu’un rituel d’invocation de Kabbale mis en ligne, ça pour-
rait générer quelques vues. L’Eolim n’étant jusqu’alors pas
très portée sur la violence, elle cherche de bons samaritains
(oui, les PJ) pour l’aider à se débarrasser de cette menace.
Elle insiste pour que les choses se passent en douceur, mais
si les Nephilim acceptent de régler la situation, ils vont avoir
une mauvaise surprise : la confidente de Hauméa, Ingeborg
Rosenberg, a déjà prévenu sa hiérarchie, qui est passée à
l’acte. L’inspecteur de police a été proprement torturé et
la preuve incriminante est désormais entre les mains d’un
agent synarque qui se fait appeler Herzog. Son but est
de faire pression sur Hauméa pour qu’elle grimpe dans la
hiérarchie de son Arcane et qu’elle puisse par la suite ren-
dre de menus services à l’Arcane du Denier en intervenant
directement dans les plans de l’Empereur. Car après tout,
ces deux Arcanes veulent la même chose  : le bien-être
du genre humain.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Likho
Selenim
« Croyez-moi : il n’est
vraiment pas dans
votre intérêt de lire ce
livre. Rendez-le-moi, ou
alors… »
Il y a les Grandes Quêtes. Retrouver la Toison d’or.
Réenchanter la Bretagne. Atteindre l’Agartha. Mais tous
les Nephilim ne sont pas taillés pour cette grandeur. Car il
y a de petits Nephilim, des êtres immortels, certes, mais
condamnés à une éternité de médiocrité. Likho était de
ceux-là. Quand il se réveillait, c’était à chaque fois pour vivre
des moments d’un profond inintérêt historique. Il était en
stase au moment de l’Incident Jésus. Lors de la Révolution
française, il était incarné dans un métayer de province et n’a
jamais pu monter à Paris. La malchance incarnée.
Mais Likho n’a jamais baissé les bras. Puisque
les autres répondaient à l’appel impérieux de la sapi-
ence, lui  aussi allait chercher. Et puisqu’il n’avait pas
les épaules assez larges pour retrouver Durandal
ou déterrer le trésor du pirate La Buse en suivant ses
énigmatiques cryptogrammes nécessitant l’usage des
clavicules de Salomon, il devrait se contenter de quelque
chose de moins prestigieux, tant pis. Il y aurait moins de
concurrence, ça ne serait pas un mal. Et donc, après bien
des recherches et la consultation de nombreux ouvrages
savants, il en était venu à une conclusion  : personne
n’avait mis la main sur la Sainte Éponge. Il avait trouvé
un but à son existence.
Si, la Sainte Éponge. Celle qui avait été imbibée de vin-
aigre et tendue à Jésus sur la croix pour qu’il se désaltère.
Celle-là même. La Sainte Éponge. La célèbre. L’unique.
Marc, Mathieu et Jean en parlent dans leurs évangiles, c’est
dire. Vous pensez vraiment que Michel-Ange l’aurait peinte
dans la chapelle Sixtine si elle n’avait pas une importance
symbolique ? Pour Likho c’était un signe : cette relique de
la Passion contenait un fragment de sapience qui l’aiderait
à maîtriser la Kabbale. Parce que oui, il avait du mal avec
certaines invocations. On croit que c’est facile, mais c’est
ardu, comme voie.
Et donc, notre Onirim suivit chaque piste. Le Martyrium
de Jérusalem. Constantinople. Louis IX était censé l’avoir
achetée et fait rapatrier à la Sainte-Chapelle de Paris. Les
sans-culottes avaient soi-disant ravagé l’endroit puis brûlé la
couronne d’épines, un morceau authentique de la vraie Croix
et la Sainte Éponge sur le parvis de Notre-Dame de Paris.
À chaque fois, il avait fait chou blanc. Mais il s’est entêté,
pensant que son insuccès était la preuve que quelqu’un
38
avait vraiment tout fait pour rendre la relique inaccessible.
Les rumeurs étaient nombreuses, aussi voyagea-t-il
dans toute l’Europe pour vérifier chaque ouï-dire. Saint-
Jacques de Compiègne. Aix-la-Chapelle. Chirac. L’abbaye
de Fleury. De petites églises perdues dans l’arrière-pays
italien. Un couvent en Bavière. Rien. En ­désespoir de
cause, il se rendit sur le mont Athos et enquêta sur la ving-
taine de monastères orthodoxes qui pouvaient abriter la
Sainte-Éponge. C’est là qu’il tomba sur des Templiers
peu commodes et qu’il comprit que la chaîne d’indices
qui l’avait poussé à visiter cette île grecque était en fait un
traquenard monté par le Bâton. Il dû tuer son Simulacre
pour éviter d’être capturé.
Le spleen est un sentiment familier pour les Onirim.
Likho s’y vautra comme un cochon dans sa fange. Alors
que ses semblables s’élevaient en marchant sur les traces
d’Akhenaton ou en suivant l’exemple du Glorieux Alliage,
lui stagnait misérablement. Il s’était laissé vivre un bon
moment, se laissant progressivement séduire par la voie
de l’Arcane du Pendu. L’idée que l’Agartha puisse être
atteinte sans une recherche effrénée et risquée de la
sapience, mais en se contentant d’être le spectateur de
la vie d’un autre le fascinait. La contemplation, ça c’était
dans ses cordes. L’illumination par la passivité, c’était la
solution à son mal-être. Mais là encore, tout n’était pas
aussi aisé qu’il l’avait imaginé, sinon tous les Nephilim
auraient atteint l’Agartha en se mettant en retrait de
leur Simulacre. Cela demande une patience infinie que
d’assister aux premières loges à la vie d’un banal mortel.
Pour tromper son ennui en attendant une hypothétique
réalisation de son plein potentiel, Likho s’adonna à des
petits jeux dangereux avec son Pentacle. Des pratiques
bordeline qui lui firent acquérir du Khaïba.
Or le risque pour les Onirim, c’est que leur Khaïba les
transforme en Selenim. Et de la malchance, Likho n’en avait
jamais manqué. Il bascula.

Les mystérieux clients de la librairie
Autant il avait été un Nephilim exécrable, autant sa
renaissance en créature de la Lune Noire fut une libéra-
tion. Il s’accomplit pleinement dans son nouveau rôle,
comprenant que depuis le début, il avait été un Selenim
coincé dans le Pentacle d’un Nephilim. La Pavane devint
rapidement une chose naturelle pour lui. Il avait une com-
préhension innée de la Kabbale noire. Il passa du temps à
construire son Royaume en en faisant un dédale prenant
la forme d’un cimetière infini. Des tombeaux immenses,
des cryptes s’enfonçant dans la terre, des allées remplies
de tombes toutes plus gothiques les unes que les autres.
Il ­p eupla les lieux de créatures qui le comprenaient,
­puisqu’elles étaient issues de sa volonté.
Et que dire de son imago… L’Onirim fragile a totale-
ment disparu : c’est désormais une créature à la carapace
chitineuse, couverte d’épines, avec des crocs capables de
déchirer l’acier. C’est clairement une compensation, une
sur-affirmation de sa nouvelle puissance, mais il est comblé
par l’image qu’il renvoie.
Sa manière préférée de se nourrir de Ka-Soleil, est
­d’assister incognito à des matchs de football entre deux
équipes rivales. Un bon PSG-OM de derrière les fagots.
Les derbys sanglants ont bien sûr sa préférence. Quand les
équipes de supporters entament un chant haineux ou se
mettent à jeter des boulons sur l’arbitre, il jubile. Il revêt les
couleurs de l’équipe locale et se laisse porter par la frénésie
des hooligans. Il ne participe jamais aux violences, car il sait
que les stades sont maintenant tous équipés de caméras.
Il lui est même arrivé de prendre l’avion pour assister à des
matchs au Royaume-Uni ou en Russie. Il est important
pour lui de goûter à toutes les saveurs de la fureur des stades.
Il planifie d’ailleurs un voyage au Brésil pour assister à l’un de
Noyau de Ka-Lune noire 15
Réserve de KLN 25
Ex-Nephilim systématiquement déphasé avec « l’Histoire » 7
Infatigable questeur de la Sainte-Éponge 4
Adopté de l’Arcane du Pendu dans son approche la plus fainéante 5
Selenim réalisant enfin son plein potentiel (Degré 6)
Imago : créature à la carapace chitineuse, couverte d’épines, avec des
crocs capables de déchirer l’acier
Kabbale noire : 7
Nécromancie : 6
Pavane : 9
Ressources
Son Royaume, où tout lui est possible
39
ces matchs qui se terminent à coup de AK47 sur le terrain.
S’il traîne à l’Incunable Souveraineté, c’est qu’il a entendu
parler d’un livre moqueur, écrit par un Nephilim peu char-
itable, qui raconterait en détail les mésaventures de Likho
à l’époque où il était un Onirim mal dans ses éléments. Le
livre ferait la liste de tous ses échecs et le ridiculiserait en
faisant de lui l’incarnation de la balourdise magique. On lui
attribuerait toutes sortes d’impairs pour en faire un bouf-
fon. Une version comique de Nasreddin. Et maintenant que
Likho s’est enfin trouvé, il ne tolère plus d’être la risée de ses
anciens frères élémentaires. Il tient absolument à mettre la
main sur un exemplaire de cet ouvrage pour en identifier
l’auteur avant de détruire le livre. Le Selenim a des idées très
précises sur la manière dont il va se venger du plaisantin qui
a fait de lui un charlot immortel.
La bonne nouvelle, c’est que ce livre n’existe plus : il a été
brûlé par Jean-Charles Poznanski. Le problème est que le
R+C a numérisé l’œuvre et l’a rendue disponible sur son
FTP privé. Ce n’est clairement pas une publication recher-
chée en priorité par les Nephilim, mais elle fait sourire
certains Immortels qui ont parfois besoin de se changer
les idées entre une invocation de Kabbale et un calcul
d’éphéméride. Car les mésaventures de Likho rassurent : il
existe quelqu’un de bien pire qu’eux, donc leurs petits échecs
ne sont pas si graves.
Likho est bien du genre à s’adresser directement aux PJ
pour leur demander s’ils ont déjà lu le livre qui le concerne et
à s’offusquer s’ils avouent avoir ri. Il est habituellement plus
subtil que ça, mais a vraiment un problème d’ego vis-à-vis
de cette image déformée de son ancienne existence. L’aider
à éliminer le fichier original sur eSapience est donc un bon
moyen de s’en faire un allié.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Liêm Dang
Ar-Kaïm
« Les Nephilim, c’est
comme le disco : c’est
mort de chez mort. »
Les grands-parents de Liêm ont quitté le Viêt Nam
dans les années 80 en montant à bord de l’une de ces
embarcations incertaines. On les surnommait alors
boat-peoples. La  diaspora vietnamienne s’est éparpillée
un peu partout, au gré des courants maritimes et de l’aide
humanitaire. Après bien des péripéties, la famille Dang
a débarqué en France. À la radio, on entendait le groupe
Gold chanter Un peu plus près des étoiles, une chanson
qui parlait d’un peuple obligé de quitter ses rizières.
On les a entassés dans un HLM insalubre en incantant
des mots magiques comme intégration, mérite républi­
cain et ascenseur social.
Les parents de Liêm ont quitté la cité de banlieue à la fin
des années 90 pour aller s’installer à la campagne et ainsi
fuir la prison de béton où ils ont vu le jour. Les gens du
village où ils ont acheté une ferme les appelaient les « botte-
people », car le couple marchait toujours avec ces bottes de
caoutchouc moches aux pieds. Ils ont travaillé la terre sans
rechigner avec l’espoir de pouvoir envoyer leur fils faire de
hautes études.
Liêm affirme qu’il fait partie du «  bot-people  », une
génération vouée à évoluer en une version améliorée de
l’Humanité. Plus forte, plus rapide, en un mot : meilleure.
Et il n’est pas le seul à le penser : ils sont effectivement toute
une tranche d’âge à se percevoir comme le point tournant
d’une mutation générale. Certains d’entre eux en sont la
preuve vivante, puisqu’ils sont le produit de la fusion d’un
humain et d’un champ magique. Des Homo ArKaïmus,
en quelque sorte. Ils se fréquentent beaucoup de manière
informelle et refont souvent le monde. À l’université, où
Liêm étudie l’informatique, ils sont plusieurs et refusent
catégoriquement de donner un nom au groupe qu’ils
­forment. Ils rejettent les vieux concepts comme les alliances,
les cabales et autres pactes : eux profitent d’une organisation
beaucoup plus fluide. Ils s’associent en fonction des besoins
temporaires, puis reprennent leur liberté sans se formaliser.
Ils sont non exclusifs dans leurs amitiés élémentaires.
Nephilim, Selenim, Templiers… tout ça c’est le vieux
monde, à leurs yeux. C’est aussi anachronique qu’un
téléphone à cadran. Surtout pour Liêm, qui depuis toujo-
urs est capable de parler aux appareils électroniques : pour
lui le monde n’est qu’information, qu’il est libre de cueillir
selon ses besoins. S’il met la main sur votre téléphone
­portable, il n’a même pas besoin de le manipuler pour lire
40
en vous comme dans un livre ouvert : les données jaillissent
littéralement de l’appareil pour lui moucharder votre vie
téléphonique. C’est tellement naturel pour lui qu’il a même
du mal à s’empêcher de le faire. Ça ne peut pas être amoral,
puisqu’il ne le fait pas exprès. Ça reviendrait à lui reprocher
de respirer. D’ailleurs, lui et ses amis de la fac sont d’accord
sur un point  : il faut accélérer la disparition de ­l’ancien
monde. L’Histoire invisible, c’était les temps obscurs.
Eux  vivent dans une réalité de transparence v­ olontaire.
Ils n’ont d’ailleurs pas honte de ce qu’ils sont et se désignent
comme Ar-Kaïm. Et pour précipiter la chute de l’ancien
système occulte, ils se proposent de tout déballer. Une sorte
de WikiLeaks de l’ésotérique. Neutraliser les Arcanes
Mineurs en rendant publiques toutes leurs petites manig-
ances. Et les Arcanes Majeurs aussi. Allez, hop, le moment
est venu de jouer cartes sur table.
Ils ont déjà obtenu des résultats, puisqu’ils ont mis la
main sur des données sensibles concernant un Prince qui
joue double-jeu, mais ils ne savent pas comment diffuser
l’information pour qu’elle se répande. Car ils ne sont pas
fous : les humains ne sont pas prêts à entendre cette vérité.
C’est trop gros… pour le moment. Ça sera certainement la
prochaine étape. Mais pour l’instant, ils veulent rejoindre
tous les initiés. Libérer l’information. Une sapience libre
que chacun pourrait améliorer.
D’ailleurs, quand Liêm a pénétré pour la première
fois dans l’Incunable Souveraineté, c’était pour y faire des
repérages en vue d’incendier les lieux. La librairie incarnait
tout ce qu’il détestait : un savoir secret, réservé à une élite.
Tout faire disparaître lui semblait la solution de facilité.
Et une fois à l’intérieur, il a vécu une expérience quasi mys-
tique. Déjà, l’endroit est serein. Pour une rare fois, il n’était
pas constamment dérangé par de multiples flux constants
de données le bombardant de stimulus. Non, entre les ray-
onnages, tout était silencieux. Pour une fois, il était face à
lui-même, n’entendant que ses pensées. Tout le brouhaha

Les mystérieux clients de la librairie
numérique restait à la porte de la librairie. Et surtout, il a
parlé avec celui qu’il pense être le propriétaire des lieux.
De tout et de rien. Il n’a pas vu le temps passer. Quand ils
ont abordé les notions de savoir, d’accès à la ­connaissance,
ce mystérieux bonhomme a écouté patiemment Liêm lui
expliquer que, désormais, toute l’information était acces­
sible en quelques clics et que donc les livres en papier
n’avaient plus de raison d’être. En réponse, le propriétaire
de la librairie lui a demandé si l’Ar-Kaïm avait déjà entendu
parler du Rồng de Hòn Mun. Utilisant instinctivement les
multiples moteurs de recherche à sa disposition, Liêm n’a
pourtant pas trouvé de réponse satisfaisante. Rồng signifie
Dragon en vietnamien, et Hòn Mun est une île de la mer
de Chine. Le propriétaire de l’Incunable Souveraineté se
promena un moment entre les rayonnages de la librairie,
à la recherche d’un ouvrage précis. Une fois qu’il l’eut trouvé,
il offrit alors à Liêm ce petit livre écrit en vietnamien, langue
que le jeune homme ne lisait ni ne parlait, à l’époque.
Obligé de retourner voir ses parents, qui vivaient
­toujours dans leur ferme, Liêm leur posa des questions
sur le contenu du livre. Mais même eux, qui étaient nés
en France, avaient du mal à comprendre les tenants et les
aboutis­sants de ce livre. L’Ar-Kaïm dut alors se rendre
chez ses grands-parents, qui vivaient toujours dans leur
petit logement en haut d’une tour décrépie, pour se faire
expliquer le contenu du livre. Entre lui qui ne parlait pas
le vietnamien et eux qui avaient encore du mal à maîtriser
le français, la discussion fut longue et laborieuse. Pour la
première fois depuis très longtemps, Liêm resta dormir
chez eux. Ils lui parlèrent de l’île d’où étaient originaire
leurs ancêtres, des légendes qui y étaient attachées, des
croyances locales… Et  tout ce qu’ils lui racontèrent à
propos de ce dragon lointain entra en résonance avec
l’être qu’il était. Pour la première fois, il n’était plus aussi
23 ans, Ka-Soleil 4
Fier membres des bot-people 7
Informaticien capable de parler à l’oreille des appareils électroniques 6
Dernière sentinelle Ar-Kaïm qui souhaite mettre fin au Vieux Monde des
Nephilim mais qui n’est plus trop sûr de lui 5
Ressources
Tout ce qui est électronique et qui lui parle 8
Membres de réseau Ar-Kaïm qui compensent en audace ce qui leur manque
en expérience 3
Force du Dragon qui s’éveille progressivement en lui 2
41
persuadé que détruire aveuglément des livres était un bon
moyen de faire émerger une nouvelle société.
Le problème, c’est que si lui a eu une révélation, ce n’est
pas le cas de ses camarades. Puisque lui n’a pas le courage
d’en finir avec les vieilles coutumes, eux sont prêts à passer à
l’acte à sa place et à accélérer la venue d’un monde nouveau.
Aussi Liêm passe-t-il aujourd’hui beaucoup de temps à
flâner dans la librairie tout en gardant en permanence un
œil sur celles et ceux qui entrent dans le commerce. Il n’a pas
renoncé à l’idée de faire circuler les connaissances occultes,
acte qu’il appelle un peu pompeusement la Divulgation,
car il croit toujours que l’hermétisme cause plus de maux
qu’il ne résout de problèmes. Il est toutefois plus mesuré sur
la conduite à tenir.
Bien sûr, dès que Jean-Charles Poznanski est arrivé
dans la librairie avec son ordinateur portable, Liêm a pris
connaissance de l’existence du projet eSapience. Il a virtuel­
lement feuilleté les pages des versions numériques des
ouvrages déposés sur le serveur FTP et a commencé à
entrevoir une solution à son dilemme : tout mettre sur le
cloud pour proposer ce savoir en libre accès. Le problème,
c’est que ce jeune Ar-Kaïm ne sait pas ce qu’est un R+C et
encore moins tous les mensonges dont cet Arcane aime à se
parer, comme autant de pelures autour d’un oignon. Liêm
sait que cet enseignant en Histoire cache bien son jeu, mais
il ne sait pas ce qu’il cache exactement. Et ce jeune homme
ne sait plus vers qui se tourner. Il est en profond désaccord
avec ses semblables. Ses parents ne le comprennent pas.
Les Nephilim lui paraissent tellement vieux jeu. Et il sent
grandir en lui cette présence primale qui autrefois effrayait
les villageois d’une petite île vietnamienne et qu’il n’est pas
certain de pouvoir maîtriser. Bref, c’est une vraie bombe
à retardement.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Andronica
Gravil
Bohémienne
« Tu t’es cru chez les
Gipsy Kings ou quoi ?
Respecte-toi un minimum
avant de parler. »
Oubliez les caravanes et autre fantasmes sur les gens du
voyage : comme l’immense majorité des bohémiens, le clan
d’Andronica n’est plus nomade depuis plusieurs généra-
tions. Certes, la sédentarisation a été autrefois imposée
à la famille Gavril, mais elle est maintenant intégrée dans
leur mode de vie. Son père, Louka, dirige une entreprise de
sécurité tout ce qu’il y a de plus officielle et légale : Narvalos
(«  qui n’ont peur de rien  » en gitan). Ils sont surtout
­spécialisés dans la protection des musées et des collections
privées. Des conservateurs de musée initiés font appel à eux
quand ils montent une exposition contenant des artefacts
sensibles qui vont immanquablement attirer l’attention de
certains Arcanes ou acteurs indépendants. Non seulement
le personnel de Narvalos est compétent pour prévenir les
vols, mais les rares fois où le voleur a été plus malin qu’eux,
ils se sont toujours fait un point d’honneur à rapporter le
bien subtilisé à son propriétaire. Tant et si bien que même
quand une exposition n’est pas sous leur responsabilité mais
qu’un cambriolage est commis, c’est vers Narvalos qu’on
se tourne pour essayer de remonter la filière. Et quand ils
se mettent sur la trace d’une stase ou d’un grimoire, ils ne
font pas toujours dans la dentelle : il y a souvent des pouces
cassés, voire pire.
À l’occasion, les employés de Narvalos (qui sont tous
des membres de la famille Gavril étendue) sont également
sollicités pour des contrats plus sensibles, comme de la
protection d’individus. Disons que si vous devez réaliser
un long rituel d’invocation complexe dans un lieu où
vos ­adversaires pourraient profiter de votre vulnérabilité
pour vous attaquer, Narvalos peut assurer votre protec-
tion ­physique. Et ils ne poseront pas de question sur vos
­pratiques magiques, car ils en ont vu d’autres. Par contre,
ils ne proposent pas ce genre de service au premier venu :
ils mettent en effet leur propre vie en jeu sur ce genre de
­contrat. Il faut donc être un ami du clan pour bénéficier de
leur aide. Par contre, une fois que les Gravil acceptent de
vous protéger, c’est à la vie à la mort. Et quiconque essaye
alors d’attenter à votre existence doit faire face à la déter­
mination gitane et à la puissance de feu de Narvalos.
Andronica a donc toujours vécu dans ce milieu : elle est
42
tout autant capable de passer une nuit blanche à patrouiller
dans les salles d’un musée qu’à faire un coup de feu pour
assurer les arrières d’un Nephilim dans le besoin. Louka
Gavril a élevé sa fille pour qu’elle ne lui fasse jamais honte,
quelle que soit la situation. Il viendra forcément un temps
où elle prendra la direction de l’entreprise, aussi il veut
qu’elle connaisse toutes les ficelles de ce drôle de métier.
Il l’emmène d’ailleurs à toutes les rencontres avec des clients
ou des informateurs, car il souhaite qu’elle soit à l’aise avec
son réseau de contacts. Dans le domaine d’activités de
Narvalos, un bon carnet d’adresses est aussi utile qu’une
arme de gros calibre.
De son côté, si Andronica apprécie autant ce travail,
ce n’est pas tant pour l’aspect sécuritaire (même si elle ne
crache jamais sur une occasion d’avoir un rush d’adré­
naline) que pour le fait qu’elle est amenée à évoluer au
milieu ­d’artefacts historiques et de pièces d’art d’une grande
rareté. Car, contrairement au souhait de son père, elle n’a
pas étudié dans une école de commerce, mais a obtenu
une maîtrise en Histoire. Quand elle prend en charge
la ­sécurité d’un musée, il n’est pas rare qu’elle s’implique
dans les petits détails de la surveillance, juste pour avoir le
plaisir de déambuler entre les salles d’exposition à sa guise.
Car c’est aussi ça, Narvalos  : la possibilité de passer des
heures, seule, à examiner des tableaux célèbres. Ou encore
mieux : quand ce sont des particuliers qui réclament les ser-
vices du clan Gravil, elle peut parfois avoir accès à des œuvres
oubliées que même les spécialistes pensent, à tort, détruites
ou perdues. Des tableaux signés par de Vinci, des statues de
Michel-Ange, une œuvre de Van Gogh ­confisquée par les
nazis… C’est grisant, comme opportunité.
Au départ, Andronica n’était pas réellement intéressée
par la direction de Narvalos : la gestion l’ennuie profondé-
ment. Mais elle ne voulait pas décevoir son père une
seconde fois après lui avoir annoncé qu’elle et sa compagne
(Nanosha) ne voulaient pas d’enfant. Alors quand Louka

Les mystérieux clients de la librairie
a disparu du jour au lendemain sans laisser de traces, elle a
bien dû prendre les choses en main. Son père était chargé
de surveiller une exposition au musée des Beaux-Arts
de Carcassonne. Les archives vidéo de la soirée ont été
effacées. Aucun corps n’a été retrouvé sur place ou dans les
environs. Pire, un tableau a disparu. Enfin, pas le tableau
au complet : la cadre et la toile existent toujours, c’est la
peinture qui n’est plus là. Et le pire dans tout ça c’est que
personne ne semble se souvenir de l’œuvre en question : il
n’y pas de traces administratives de ce tableau, les guides
qui organisent les visites sont incapables de décrire la
peinture… C’est comme si l’existence de cette œuvre avait
été gommée. Après des mois d’enquête obsessionnelle,
Andronica en est arrivée à la conclusion que le tableau
était sans doute une porte vers un Akasha et que son père
s’y est rendu, volontairement ou non. Par la suite, soit
l’Akasha s’est effondré sur lui-même, soit quelqu’un était
résolu à en empêcher tout accès.
Andronica a donc activé tout le réseau Narvalos et a fini
par entendre parler d’un vieux livre faisait état de la disparition
soudaine et inexpliquée d’un tableau dans des circonstances
très proches de celles qui entourent celle de Louka Gravil.
Et après avoir mis la pression à de nombreux intervenants,
elle a appris que l’ouvrage en question avait été revendu à
l’Incunable Souveraineté. L’héritière du petit empire Gravil
fréquente donc assidûment la librairie. Comme son père lui
a appris à être méfiante, elle avance masquée en prétendant
qu’elle fait des recherches pour son DESS d’Histoire. Elle
prétend chercher des r­ enseignements sur les bohémiens
qui ont été enfermés dans des camps au sud de la France
pendant l’Occupation. Elle cherche en ­particulier des
25 ans, Ka-Soleil 3
Gardienne de musée chevronnée pour qui l’occultisme n’est pas juste un
loisir 8
Patronne de Narvalos et, incidemment, chef du clan Gravil 7
Ressources
Tout l’armement et le personnel de Narvalos 8
Vaste réseau des cousins gitans 7
Demander un service à un ancien client qui lui en doit un 6
43
d­ ocuments qui expliqueraient sur quelles bases les autorités
n’ont libéré ces prisonniers qu’à la fin de l’année 1946. C’est
accessoirement une question qui l’intéresse beaucoup, car
c’est à partir de ces arrestations massives en zone libre que sa
famille s’est sédentarisée.
La direction de la librairie s’est rendu compte que
Malabron entre par effraction, aussi si quelqu’un apprend
qu’Andronica possède une entreprise de sécurité juste-
ment spécialisée dans les lieux un peu étranges comme
l’Incunable Souveraineté, il serait logique de leur demander
de résoudre le problème. Par contre, les Bohémiens n’ont
jamais été confrontés à un Khaïba, donc ils auraient sans
doute besoin de l’aide de Nephilim pour gérer cet épineux
problème. Car l’intimidation n’est pas une tactique qui
fonctionnera bien avec Malabron. Il est du genre à prendre
ombrage à la moindre menace et à démontrer violemment
au clan Gravil qu’on ne le provoque pas impunément.
Enfin, il est à noter qu’une branche de la famille est
restée nomade. C’est un peu la honte chez les Gravil,
on voit fréquemment ces cousins éloignés insulter d’autres
Bohémiens sur des vidéos mises en ligne. Par malchance,
cette partie de la famille un peu plus rustique a le don
pour s’installer non loin des endroits où Narvalos doit
opérer, ce qui amène toujours des tensions au sein du clan.
Ils sont un peu brut de décoffrage, mais peuvent faire à
l’occasion une force de frappe vraiment effrayante. Encore
faut-il arriver à les canaliser et à réussir à composer avec
des caractères orageux qui s’entêtent à faire vivre de vieilles
rancœurs familiales qui n’ont plus lieu d’être.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Ingeborg
Rosenberg
Synarque
« Ce n’est plus une
secte depuis que nous
avons accédé au box-
office. »
Très tôt, la Synarchie a demandé à Ingeborg Rosenberg
de faire de l’entrisme à la Scientologie. Mais l’un des gros
soucis avec ce genre de stratégie, c’est que les membres d’un
groupe A qui infiltrent un groupe B ont tendance à s’isoler
du groupe A pour ne pas brûler leur travail d’espionnage.
Et avec le temps, il se développe une étrange variante du
syndrome de Saintockholm  : le groupe B devient leur
seul référentiel, ils en perdent de vue les raisons de leur
­infiltration. Un peu à l’image de policiers qui noyautent une
bande de malfaiteurs et qui, peu à peu, embrassent la vie
criminelle. Parce qu’au final la Synarchie et la Scientologie
sont des organisations qui demandent toutes les deux de
croire en quelque chose qui dépasse totalement Ingeborg.
Mais en bon petit soldat, elle a accompli sa mission : réussir
son ascension dans la hiérarchie de la secte.
On a rapidement parlé d’elle comme d’une étoile
­montante tant elle était efficace et dédiée à l’Église. Elle est
passée par tous les postes possibles et imaginables, avec le
temps, exportant son talent aux États-Unis. Recruter telle
star d’Hollywood. Négocier les droits d’adaptation au
cinéma. Elle revenait en France pour certaines missions
particulières, comme pour faire disparaître des preuves
dans le cabinet d’un juge. Tant et si bien qu’à un moment, on
lui a confié la gestion de The Hole, un bâtiment qui ne paye
pas de mine en Californie où la secte enferme les cadres qui
veulent quitter l’organisation. Privation de sommeil et de
nourriture, techniques digne de Guantanamo… Après un
petit stage là-bas, les récalcitrants reviennent confortés dans
leur engagement envers l’Église. Ironiquement, la direction
a confié une mission bien précise à Ingeborg : faire avouer à
certaines personnes clés de la secte qu’ils étaient des taupes
au service d’intérêts externes.
Et à force d’accuser aléatoirement certains ­directeurs
d’être des taupes en les séquestrant dans The Hole (le trou),
certains ont avoué des choses folles. Il y en a même un
qui se prétendait être un Nephilim, c’est dire. Ingeborg
possède des heures et des heures d’aveux plus ou moins
solides qu’elle a obtenus par coercition. C’est fou ce que
la noyade simulée permet d’obtenir comme collabora-
tion. Elle  envoyait de temps à autre des extraits de ces
44
é­ lucubrations à la Synarchie, mais détachée de l’Arcane,
elle ne savait pas ce qu’ils en faisaient. Elle n’a pas été
­surprise quand on lui a retiré du jour au lendemain la
direction de The Hole : l’atmosphère paranoïaque au sein
de la secte est par moment digne de la Corée du Nord.
La direction avait une nouvelle mission pour elle : lier les
croyances de l’Église à certaines traditions plus anciennes
afin de légitimer le mythe scientologue. Le s­ oi-disant
Nephilim qu’elle avait interrogé pendant des jours
avait fait allusion à des éléments qui intéressaient parti­
culièrement la Scientologie : la croyance ancienne que des
êtres immortels venus des étoiles vivaient parmi nous.
Il y avait visiblement toute une organisation (l’Arcane de
l’Étoile) qui traitait de ce sujet depuis plusieurs siècles.
L’Église souhaitait donc qu’Ingeborg trouve ces textes
anciens pour voir s’il était possible de les lier au narratif
scientologue et ainsi lui donner plus de crédibilité auprès
de certains lecteurs. En rendant publics des ouvrages
antiques partageant des éléments communs avec les
­d élires de Ron Hubbard, la Scientologie cesserait
­d’apparaître comme une invention kitsch des années
50 en devenant le produit de traditions vénérables.
La respectabilité de l’ésotérisme n’ayant pas de prix, la
Synarque se mit au travail et entendit parler d’un ouvrage
dédié à ­l’hypothèse d’une provenance extraterrestre
des Nephilim. L’Incunable Souveraineté semblait l’en-
droit tout désigné pour retrouver une copie de ce livre
qui ­pourrait bien incarner le chaînon manquant entre
­l’occultisme classique et la Scientologie.
Seulement, le problème, c’est que l’Arcane de l’Étoile
est loin d’être le plus crédible de l’héritage d’Akhenaton,
au regard des Nephilim. Ses adeptes sont aimablement
considérés comme l’équivalent hermétique des porteurs de
chapeau en aluminium. Aussi, dès qu’Ingeborg aborde le
sujet avec les habitués de la librairie, elle a droit à des sourires
en coin et parfois même, à des commentaires désobligeants.

Les mystérieux clients de la librairie
Mais elle n’est pas du genre à se laisser abattre par si peu et
revient systématiquement à la charge dès qu’elle repère un
nouveau client avec un bon potentiel. Elle veut réussir coûte
que coûte, l’échec n’étant pas envisageable.
La Synarque a développé une amitié sincère avec
Hauméa, car elles sentent bien toutes les deux que, par
moments, la librairie suinte d’un machisme aussi ancien
que les livres de la librairie. Elles admirent beaucoup la
manière dont Andronica Gravil semble mener sa barque à
l’Incunable Souveraineté. Ingeborg ne sait pas qu’Hauméa
est une Nephilim, car elle n’a jamais suivi les enseignements
complets du Denier, trop occupée qu’elle était à se rendre
indispensable au sein de la Scientologie. Par contre, la
Synarque est persuadée que Khaled Benyezzar est un
Immortel et cherche un moyen de pression sur lui. Elle ne
peut pas le faire kidnapper et le garder captif dans The Hole.
Elle travaille d’ailleurs en solo sur cette mission et ne dispose
pas de toutes les ressources matérielles et humaines qui sont
habituellement son quotidien quand elle est en Californie.
Elle a déjà tenté une approche basée sur le flirt avec le Myste,
mais a été surprise de son comportement un peu froid en
retour. Elle a mis ça sur le compte de ses origines juives.
Ingeborg est scientologue depuis si longtemps qu’elle
ne sait plus trop ce qui l’a attiré dans la Synarchie. Cela fait
­plusieurs mois que son Arcane n’a pas pris contact avec
elle et elle commence à douter du bien-fondé du Denier.
Elle serait bien incapable de dire quels sont les buts synar-
ques, à dire vrai. Elle a déjà pensé s’ouvrir de ce mensonge
à la direction de la Scientologie, mais n’est pas allée de l’a-
vant, car les ­réactions irrationnelles de ­certains dirigeants
ne lui ­permettent pas d’envisager cet aveu comme un bon
29 ans, Ka-Soleil 4
Valeur sûre de la Scientologie (et insidieusement, de la Synarchie) 8
Femme de ressource à la croisée des chemins 7
Ressources
Réseau scientologue, quand elle est en Californie 8
Réseau scientologue, quand elle est en France 4
Sa bonne copine Hauméa 3
45
coup pour sa carrière. De plus, elle a très peur que l’Église
lui demande d’agir comme agent double. De fait, elle est
coincée entre un Arcane qu’elle ­méconnaît trop et une
secte à laquelle elle n’a jamais cru. Son ­arrivisme trouve ses
­limites : elle cherche à donner un sens à sa vie. Quand elle
pose des questions aux habitués de la librairie, c’est autant
pour réussir sa mission du moment que pour essayer de
combler le vide qu’elle ressent en elle. Ingeborg pourrait
changer totalement de vie si quelqu’un lui montrait un
autre chemin. Ça ne veut pas dire que ça se passerait bien
pour elle, car la Synarchie et la Scientologie ne permettent
pas à leurs membres de leur tourner le dos, mais ça serait
envisageable.
Les jours où elle doute, Ingeborg imagine que la
Scientologie est entièrement sous le contrôle de la
Synarchie et que cette infiltration n’est qu’une supercherie,
un test pour mettre à l’épreuve son engagement.
Au niveau vie privée, ses parents ont décidé de quitter
la France pour aller s’installer en Israël. Ils sont en train de
finaliser leur migration et sont occupés par la liquidation
de leurs biens. Ils tentent désespérément de persuader
Ingeborg de les suivre. Ils n’ont jamais été très pratiquants,
mais l’âge aidant, ils souhaitent bénéficier d’un retour aux
sources et commencent à lui reprocher son célibat et son
implication dans la Scientologie. Elle leur promet souvent
qu’elle va tout plaquer et s’installer avec eux à Tel-Aviv,
mais ce sont des promesses creuses. Pour les faire patienter,
elle accepte de rencontrer des célibataires (principalement
des fils des amis de ses parents), mais trouve toujours une
bonne excuse pour ne s’engager avec aucun d’entre eux.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Malabron
Khaïba
« Les Arcanes, ce sont
22 moules pour produire
des Nephilim identiques, à
la chaîne… »
Jusqu’en 1870, Malabron était un Hydrim typique,
le genre à ne laisser aucune trace dans l’Histoire invisible.
C’était un alchimiste discret, qui travaillait sur ses formules
en se tenant volontairement reclus des hommes et des
Nephilim. Ses semblables ne l’intéressaient pas, il avait
une sainte horreur des salamalecs entourant toute vie
sociale. C’est pourquoi il avait refusé toutes les invitations
des Arcanes : pour vivre heureux, il vivait caché. La guerre
franco-prussienne n’avait initialement pas d’impact sur son
existence et son étude des transmutations élémentaires,
il se terrait dans la cave d’une maison parisienne qu’il possé-
dait depuis fort longtemps. Il avait passé un pacte faustien
avec la famille propriétaire des lieux et c’était le quatrième
Simulacre qu’il possédait dans cette famille. C’était dire s’il
appréciait son petit confort. Malabron ne sortait de son
antre que pour acheter de quoi alimenter son corps et ses
constructs . Ce n’est qu’en constatant certaines pénuries sur
les marchés parisiens qu’il comprit qu’il se passait quelque
chose d’inhabituel. Il s’enferma encore plus dans son repaire
et poussa la résistance de son Simulacre dans ses derniers
retranchements en utilisant la Magie et certains élixirs de
son cru afin de maintenir son corps éveillé. Malabron était
sur le point de faire une percée dans ses recherches, il ne
voulait pas renoncer si près du but.
En ne prenant soin ni de son Simulacre ni de son
Pentacle, l’Hydrim contracta du Khaïba. Rien d’alarmant
de prime abord, aussi il traita ça comme un sous-produit
de ses expériences alchimiques. Mais plus il s’approchait de
la fin de son expérience, plus il adoptait un comportement
étrange, ­obnubilé qu’il était par son Grand œuvre. Ses
­voisins l’entendaient rire par le soupirail qui menait à sa cave
et voyaient d’étranges vapeurs s’élever de là. Les ­commérages
s’intensifièrent et atterrirent dans les oreilles d’un Templier,
Jean de Monziliard. Le fait que la maison ait connu ­plusieurs
propriétaires à la conduite singulière donna une bonne
raison au Templier de s’équiper d’un pistolet chargé d’une
balle d’orichalque. Malabron n’avait jamais pensé à protéger
magiquement sa maison contre les intrusions, car son
désintérêt pour les Arcanes, qu’ils soient Majeurs ou Mineurs,
lui avait fait sous-estimer les risques qu’il encourait. Jean de
Monziliard le surprit alors qu’il procédait à une délicate subli-
mation et déchargea le pistolet pratiquement à bout pourtant.
46
La balle n’était pas chargée d’une quantité mortelle
d’orichalque, mais aurait dû lourdement handicaper le
Nephilim. Au lieu de cela, elle se logea dans le Khaïba qui
formait comme une masse cancéreuse dans le Pentacle
de l’Hydrim. Le Khaïba forma une sorte de gangue de
protection contre les effets du métal maudit et empêcha
l’orichalque de dissoudre le Ka de Malabron. L’expérience
alchimique interrompue par ce coup de feu provoqua
­l’émission d’un gaz délétère qui fit fuir le Templier.
Malabron survécut et se retrouva en fuite.
Le Nephilim pouvait sentir l’influence néfaste du
métal, qui diminuait en permanence sa puissance
magique sans que son Pentacle soit directement atteint.
Ses métamorphes étaient affectés. Il n’arrivait plus à
influencer les champs magiques pour pratiquer la Magie.
Et sans constructs, il était impuissant. Il aurait pu mettre
fin à la vie de son Simulacre pour résoudre la situation,
mais il avait un grand sens de loyauté envers cette famille
qui avait accepté de lui fournir un corps d’accueil à chaque
génération. Et puis, en son for intérieur, Malabron avait
peur qu’au moment de sa sortie du Simulacre, le Khaïba
ne le protège plus de l’orichalque et que son précieux
Ka soit amputé. Il était donc seul dans les rues de Paris,
lourdement blessé et même magiquement handicapé.
La révolte grondait, les Parisiens avaient de plus en plus
peur que les Prussiens finissent par envahir la ­capitale.
Alors, Malabron a renié ses principes et s’est tourné vers
l’Arcane de la Tempérance pour demander de l’aide.
Tous les membres de cet Arcane n’ont pas la même
approche de leur sacerdoce. Bon nombre sont compatis-
sants et sans malice. Malheureusement pour Malabron,
il  tomba entre les mains de Subéor, un Pyrim moins
intéressé par les soins que par les expérimentations. Le cas
si unique de Malabron était une chance incroyable pour
en apprendre plus sur le Khaïba et l’orichalque. Aussi le
Pyrim attacha le Simulacre de l’Hydrim à un lit et débuta

Les mystérieux clients de la librairie
une longue série d’expériences. Car dans ce domaine si
particulier, tout se déroule selon la méthode essai-erreur.
De son point de vue, Subéor n’était nullement un sadique,
il considérait toutefois que les souffrances de son patient
n’é taient rien comparées aux avancées théoriques et
­pratiques qu’il allait pouvoir réaliser. Il tritura le Pentacle
de Malabron, essaya de répéter l’événement si particulier,
expérimenta en fonction des jours de l’éphéméride…
Et l’Hydrim vécut un long calvaire. Il ne courait jamais le
risque de perdre son Simulacre, car Subéor savait très bien
comment soigner la chair. Et à force de mettre le Pentacle
de Malabron à l’épreuve, le Khaïba de son Pentacle se
­développa et finit par devenir incontrôlable.
Quand Malabron réussit enfin à échapper à son
­tortionnaire, il était devenu un monstre contrefait.
De  peur que l’Hydrim le dénonce, Subéor signala
­l’existence du Khaïba à l’Arcane de la Force en prétendant
qu’il avait tenté de l’infecter. Mais ce n’était pas la première
fois que le nom de Subéor apparaissait dans une enquête
de la Force, aussi certains adoptés de l’Arcane ont dès le
départ douté de la véracité de cette accusation. Il y a déjà
eu des soupçons contre l’adopté de la Tempérance, mais
les ­accusations furent portées auprès de l’Arcane de la
Justice. Et  les communications entre Arcanes peuvent
être très d­ ifficiles, en particulier quand les faits concernent
un éminent Nephilim qui sait jouer avec les lenteurs des
­différentes juridictions.
Le Simulacre de Malabron est toujours celui de 1870,
même si le corps est devenu difforme depuis bien longtemps.
Quant à l’esprit du Nephilim, il est également totalement
déformé. Il est désormais vraiment paranoïaque puisque :
• certains membres de la Force le traquent depuis plus de
100 ans ;
• la Justice aimerait qu’il témoigne contre Subéor ;
Pentacle : Ka-Eau 4, Ka-Lune 3, Ka-Air 3,
Ka-Feu 2, Ka-Terre 1
Alchimiste obsessif 8
Nephilim totalement désintéressé par l’Histoire invisible 6
Khaïba en fuite depuis toujours 7
Métamorphe : Triton 5 (Métamorphe visible 4)
Sciences occultes : 
Magie : Basse Magie 7, Haute Magie 2 (voie de la Spirale d’élévation)
Alchimie : œuvre au Noir 8, Œuvre au Blanc 6 (voie royale)
Khaïba (gigantisme) : 8
Vécus : Marin minoen 6, Pêcheur à Tintagel 5, Maître des eaux à la cour
du Roi-Soleil 4
Simulacre : Amédée douillard (apparence monstreuse, environ 45 ans, en
réalité 192 ans), Ka-Soleil 1, Vécu Batelier 6
47
• le Diable aimerait le recruter de gré ou de force ;
• Subéor est toujours en liberté et obsédé par son cas.
• Avec le temps, Malabron est devenu un expert en cavale
éperdue. Il erre et ne fait confiance à personne. Il n’a pas
de refuge, il se déplace aléatoirement pour ne jamais être
prévisible.
Il serait abusif de dire de lui que c’est un client de
­l’Incunable Souveraineté car à la vérité, il ne fréquente la
librairie que quand elle est fermée. Il y entre par effraction
pour effectuer ses recherches pour trouver un remède aux
tourments intenables qu’il endure. Il recherche en parti­
culier un ouvrage racontant les multiples vies de Fierabras,
un Pyrim s’étant distingué au service de Charlemagne.
La  légende prétend qu’il connaît la formule pour fabri-
quer ce que les chrétiens appellent le Baume du Christ,
un onguent avec lequel Marie-Madeleine aurait oint les
­blessures de Jésus. Ce baume guérirait tout, selon la légende,
aussi Malabron espère que cela pourrait être la solution à sa
monstrueuse métamorphose. Et il pense que la formule est
cachée dans un livre de la librairie.
Les PJ ont donc peu de chances de croiser le Khaïba,
sauf s’ils remarquent les traces d’effraction et surveillent
le bâtiment la nuit, qu’ils tentent eux-mêmes de pénétrer
­illégalement dans l’Incunable Souveraineté (ce qui provo-
que au mieux un gênant face-à-face entre cambrioleurs)
ou pire, s’ils acquièrent le livre que convoite Malabron.
Dans tous les cas, cela nécessite des trésors de patience
et de doigté pour amadouer le Nephilim, qui n’a aucune
bonne raison de faire confiance à son prochain. Mais
qui sait, peut-être les Nephilim pourraient écouter son
histoire et essayer de résoudre le nœud gordien qu’est
devenue sa vie en agissant comme intermédiaire entre les
parties impliquées, puis en cherchant Subéor pour qu’il
cesse ses pratiques ?
 Les Veilleurs du Lion Vert
Pablo Ceniza
Occultiste
« De cet in-octavo, je
peux te sortir facilement
une vingtaine de feuillets
à 1 000 euros pièce. »
Discret et diligent, Pablo Ceniza est un restaurateur
de livres anciens. L’Incunable Souveraineté lui confie
régulièrement des ouvrages endommagés à qui il redonne
une seconde vie. C’est un orfèvre en la matière. Des années
à travailler patiemment le cuir et le papier. Quand il n’est
pas dans son atelier, il traîne à la librairie, car en plus d’être
restaurateur, il possède une petite collection. Bref, c’est l’ha-
bitué par excellence, le monsieur bien sympathique avec qui
il est possible de discuter de tout et de rien, mais surtout
de reliure, d’embossage et de dorure. C’est sans doute la
seule personne qui fréquente la librairie sans être initiée à
un Arcane ou être une créature étrange. Il est humain, plein
et entier. Il paye ses impôts et sort ses poubelles le mardi
et le jeudi. Jamais un mot plus haut que l’autre. Humain,
on vous dit. Limite ennuyeux.
Par contre, être banalement humain n’empêche pas
d’avoir ses petits secrets. Dans le cas de ce bon Pablo, c’est
qu’en dehors de la restauration pure et simple, il traficote.
Par exemple, il ôte les illustrations d’un livre pour faire
croire que l’ouvrage est un plus vieux tirage, ce qui augmente
sa valeur de vente. Quand il trouve plusieurs exemplaires
endommagés d’un même livre, il découpe les bonnes parties
pour assembler une copie de meilleure qualité. Mais le truc
qui lui rapporte le plus d’argent, c’est de mettre la main sur
un livre rare et d’en découper les pages une à une pour les
vendre au détail à des clients différents. Cela crée de la rareté
artificielle et ça incite les clients à dépenser de plus petites
sommes mais régulièrement. Comme des gamins à qui
l’on vend des autocollants à collectionner. Mais attention :
jamais Pablo Ceniza n’altère le texte d’un livre, ce n’est pas
un faussaire. Il joue avec la forme, jamais avec le contenu.
Il n’a que mépris pour les falsificateurs qui produisent de
faux incunables.
Évidemment, Pablo ne fait pas ça pour le plaisir  :
désosser un livre pour le vendre en tranches, ce n’est pas
exactement une passion, chez lui. Ce qui le pousse à agir
ainsi, ce sont les énormes factures d’hôpital dont il doit
s’acquitter depuis des années pour payer la chambre de son
ami Étienne Coquemer. Il ne parle jamais d’Étienne, avec
les rares proches qui sont au courant, il parle à demi-mot
de son « copain de toujours » ou d’un « vieux compagnon
d’arme ». Quelle qu’ait été la proximité de ces deux ­hommes
48
dans le passé, cela fait bien longtemps que seules des
machines maintiennent en vie Étienne dans un état végéta-
tif. Pablo passe lui rendre visite chaque semaine, mais le
bruit mécanique des appareils et les bips l’horripilent.
Dans le temps, Pablo et Étienne possédaient une
­librairie ensemble. Pablo s’occupait de faire tourner la
boutique en assurant les ventes et le service à la clientèle.
Étienne, lui, était toujours de sortie pour trouver de
bonnes affaires. Il épluchait les avis de décès pour être
le premier à se présenter pour faire une estimation de la
collection de vieux livres de Pépé Arthur à des héritiers
pressés de se débarrasser de ce legs encombrant. C’était
un milieu concurrentiel, il fallait souvent jouer des ­coudes
pour mettre la main sur des livres dignes de ce nom.
Il y avait également les ventes aux enchères, mais c’était
de moins en moins rentable, avec tous les amateurs du
dimanche qui s’improvisaient ­bouquinistes. Mais bon an
mal an, les deux compères faisaient assez d’affaires pour
vivre confortablement. Ils avaient même acheté (à crédit,
forcément) l’appartement au-dessus de la librairie.
Et puis, Étienne avait commencé à vouloir se spécialiser
dans l’occulte. Il entendait dire à droite à gauche qu’il y avait
quantité de personnes un peu étranges mais friquées qui
cherchaient des bouquins impossibles. Des vieux trucs en
latin, des premières impressions, des livres d’alchimie…
Il s’était mis à fréquenter des cercles douteux. À la bou-
tique, la clientèle commençait à changer : quand il serrait la
main des nouveaux clients, Pablo avait parfois l’impression
qu’ils essayaient de lui faire une poignée de main secrète.
Les gens ne cherchaient plus à acheter une vieille édition
des Trois mousquetaires de Dumas pour la fête des pères,
ils posaient des questions sur des livres qui n’existaient
pas. Pas des livres reliés avec de la peau humaine, non, des
livres qui n’avaient jamais existé, comme le second tome de
La Poétique d’Aristote. Les ventes se faisaient plus rares,
mais quand ils arrivaient à en conclure une, c’était le jackpot.

Les mystérieux clients de la librairie
Bientôt, ce fut au tour d’Étienne de changer.
De  ­comportement. D’habitudes. De goûts. Il se faisait
plus secret, disparaissait des jours entiers pour soi-dis-
ant remonter la piste d’un manuscrit vénérable très
recherché des connaisseurs. Pablo ne reconnaissait plus
son complice. Les  rares fois où il daignait repasser par
­l’appartement, il avait l’impression de cohabiter avec un
étranger. Jusqu’au jour où après une énième disparition
sans prévenir, c’est la police qui l’a contacté  : on venait
de retrouver Étienne ­inconscient sur la dune du Pilat.
Il était visiblement venu là de nuit avec une pelle pour
creuser le sable, il avait d’ailleurs débuté ses petits travaux
d’exca­vation, sans rien trouver. Les pompiers ne savaient
pas trop ce qui s’était passé là-haut. Sans doute s’était-il
épuisé en creusant, car le sable ne restait pas en place
et r­ ebouchait le trou au fur et à mesure. Quelque chose
était arrivé, car on avait retrouvé du sable vitrifié autour
du corps sans réaction d’Étienne. Mais il n’y avait aucun
témoin, pas d’indice probant. L’enquête n’avait rien donné.
Faire rapatrier Étienne de la région du Pilat avait
été compliqué, les autorités ne considéraient pas Pablo
comme un membre de la famille. Mais depuis, de multiples
examens, tests et traitements expérimentaux avaient été
pratiqués, sans résultat. Même s’il sortait par miracle de ce
coma, les médecins attestaient tous qu’Étienne serait un
légume. Pablo avait vendu le fonds de commerce et l’ap­
partement pour payer les premières factures, puis il avait
fallu devenir… créatif.
Pablo est curieux de nature : à chaque fois que ­l’Incunable
Souveraineté lui confie un ouvrage à restaurer, il en fait la
lecture. Petit à petit, il a compris qui étaient les gens qui
venaient dans sa librairie du temps d’Étienne. Des ­chevaliers
56 ans, Ka-Soleil 3
Diligent restaurateur de livres et collectionneur à ses heures 7
Créateur de livres rares 7
Ancien libraire 6
Ressources
Ses anciens clients de l’époque où sa librairie était spécialisée dans
l’occulte (5)
49
du Temple. Des Nephilim. Ça explique beaucoup de
choses, mais pas du tout ce qui est arrivé à son acolyte.
Il soupçonne Étienne d’être devenu l’un de ces immortels,
cependant, comme il ne comprend pas tout de ces créa-
tures, il est persuadé qu’Étienne va rester à jamais dans cet
état comateux. Alors, il cherche un moyen de le réveiller.
L’équivalent magique d’une piqûre d’adrénaline en plein
cœur. C’est pourquoi il passe le plus clair de son temps libre
à l’Incunable Souveraineté : pour laisser traîner ses oreilles.
Il a déjà entendu des mots mystérieux être p­ rononcés
entre les rayonnages : nexus, stase, pentacle… Un monde
nouveau commence à prendre forme sous ses yeux, mais
lentement, trop lentement. Étienne a besoin de se réveiller
rapidement s’il veut pouvoir encore passer quelques belles
années avec lui. Pablo est donc tenté d’accepter n’importe
quelle proposition qui sortirait son prince endormi de sa
torpeur. Daniele del Friuli, le Templier italien, lui a déjà fait
comprendre à demi-mot qu’il pourrait libérer Étienne de
son mal si Pablo était capable de lui présenter des person-
nalités impliquées dans le Bâton. Aussi Pablo a commencé
à recontacter les anciens clients de sa librairie, ceux qu’il
trouvait bien étranges quand ils employaient des formules
alambiquées qui sonnaient comme des mots de passe ou
des codes secrets. Les PJ pourraient sans doute lui ouvrir
un peu plus les yeux et lui donner quelques clés supplé-
mentaires pour mieux comprendre ce qui arrive à Étienne.
S’il est bien un Simulacre dans le coma, Pablo va devoir
faire le deuil de son vieil ami, car la solution la plus simple
est de le débrancher pour que le Nephilim qui est bloqué
en lui puisse être libéré. À moins que les PJ connaissent une
technique pour exorciser un Nephilim. Ou qu’Étienne ne
soit pas du tout un Simulacre.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Asao et
Yahorl
Adoptés de
l’Arcane de
l’Amoureux.
« — Le Son est le pre-
mier chemin de guérison !
— Oui, enfin… ça dépend
pour qui  ! »
Asao et Yahorl sont deux Nephilim à la poursuite
de l’Atalante Fugitive. Ils sont tous deux membres des
Compagnons d’Amor, fondé par Cicely, l’un des dix
Poursuivants de l’Atalante Fugitive. Le premier, Asao,
est un Faerim, un elfe pour être plus précis. Le second
est un Onirim. Ils sont, par ailleurs, adoptés de l’Arcane
de l’Amoureux. Leurs chemins se sont croisés au tout
début du xviie siècle. Avant cela, chacun poursuivait sa
Course Élémentaire à la recherche de l’Atalante Fugitive,
­parcourant la Terre, le Graal Primordial, en long, en large
et en travers.
Ensemble, ils forment le duo «  Rêve Errance  »,
deux termes qui caractérisent parfaitement leurs parcours
ésotériques et qui forment un jeu de mots, « Révérence »,
reflétant leur attitude générale face aux aléas de la vie.
En effet, Asao et Yahorl sont deux rêveurs emportés dans
une errance assumée. Ils avancent à leur rythme, gèrent
les situations qu’ils rencontrent les unes après les autres et
s’émerveillent de tout ce qui se passe autour d’eux. La Vie
est une énergie, une force, un élan : à chacun de surfer sur
la vague et d’aller de l’avant. Pour tout dire, ils accueillent
de bonne grâce tout événement ou toute rencontre, pro-
blématique ou non, et gèrent la situation avec philosophie.
En d’autres termes, ils sont dans l’acceptation et le détache-
ment.
Ils se présentent sous des dehors souriants et courtois.
Asao est légèrement plus réservé que Yahorl. Ce dernier, en
bon comédien, peut jouer sur toute la palette des compor-
tements, tantôt exubérant, tantôt discret, tantôt avenant,
tantôt inquiétant… on ne sait que penser de ce person-
nage. Cela dit, bien qu’entretenant le mystère autour de lui,
il reste honnête et bien intentionné envers ceux qui ne cher-
chent pas les ennuis. Pour les autres, c’est une toute autre
affaire. Cette « brume artistique » rend bien service à Asao
qui en profite souvent pour se mettre en retrait, o­ bserver
et agir plus discrètement. En définitive, ce duo peut
­constituer un soutien fiable autant qu’un adversaire terrible.
50
En effet, sous des apparences très avenantes et sourian-
tes, ces deux Nephilim cachent une faculté de réaction
­redoutable. Pratiquant d’arts martiaux (aïkido et kendo),
ces deux personnages peuvent offrir une résistance
­surprenante.
Depuis quelques années, ces deux Nephilim se
r­ elancent dans la quête de l’Agartha après avoir connu une
très longue période de… comment dire ?… d’égarement.
En effet, lorsque Asao et Yahorl se sont rencontrés pour
la première fois, ils ont ressenti ce que les Nephilim
appellent «  la Fulgurance  », sorte d’équivalent du senti-
ment d’Amour chez les humains. Ce moment fut d’une
telle soudaineté et d’une telle puissance que chacun s’est
trouvé plongé dans un état d’hébétude tel qu’ils ignorent
totalement ce qui a bien pu leur arriver par la suite. Leur
retour en stase, leur réincarnation à notre époque et tout
ce qui s’est passé entre les deux, de tout cela, ils n’ont aucune
­connaissance. Qui a pris en charge la protection (ou peut-
être l’utilisation ?) de leurs stases ?… Comment s’est déroulé
leurs réincarnations à notre époque ?… Pourquoi se sont-ils
retrouvés en ombre ?… Est-ce le fruit des efforts d’adoptés
de l’Amoureux, de Compagnons d’Amor ou bien d’autres
personnes, Nephilim ou autres, bien intentionnées ou non,
qui verraient un intérêt particulier à les voir resurgir sur le
devant de la scène de nos jours ?… Tant de questions qui
aujourd’hui restent sans réponse et auxquelles Asao et
Yahorl souhaitent apporter toute la lumière possible.
L’événement qui les ramena à la conscience, fut la
­rencontre de leurs simulacres respectifs en mars 2012.
Ici encore, le mystère reste entier. Est-ce le fruit du hasard
ou bien l’œ uvre d’un personnage intéressé ?… Ils se
reconnurent alors, la Fulgurance faisant de nouveau son
office. Cet événement leur permit de sortir de l’ombre et
de prendre le contrôle de leurs simulacres sans pour autant
avoir un quelconque souvenir de leur passé de Nephilim.
Seule la mémoire de leur simulacre leur était accessible.
Ces derniers exerçaient des métiers artistiques : musique et
chant ancien, conte, théâtre… Asao et Yahorl s’installèrent
ensemble dans une maison de campagne avec jardin dans

Les mystérieux clients de la librairie
le petit village de Rothonod dans l’Ain. Ils découvrirent
ensemble la Magie du Chant, ou plutôt du Son, et de la
Musique. Ils découvrirent aussi l’Art et le plaisir de jardiner,
ainsi que la puissance évocatoire du conte et du théâtre dont
ils firent la synthèse en ce qu’ils nommèrent « l’Art du Jeu
de Rôle ». Leur découverte d’Internet les mena, durant l’été
2017, à la rencontre du grimoire Atalanta Fugiens écrit par
un certain Michael Maier à la fois alchimiste, médecin et
compositeur de musique.
Michael Maier !… Ce nom fut comme une sonnette
d’alarme réveillant de nombreux souvenirs lointains et
profondément enfouis. Asao et Yahorl avaient été contem-
porains de cet alchimiste, et ils l’avaient rencontré en chair et
en os : la révélation fut totale !
Tout leur revint en mémoire : leurs passés de Nephilim
avec son lot de réincarnations, les époques visitées,
les ­siècles de recherche, la Sapience accumulée, la « Course
Élémentaire » sur les trace d’Atalante, la Fulgurance lors de
leur rencontre… Ils renouèrent alors plus que jamais avec la
quête de l’Atalante Fugitive et se remirent à l’étude.
À l’heure actuelle, Ils en sont encore au stade de la
Course Elémentaire et sont tout près d’atteindre le stade
de la Fulgurance Amoureuse. Par ailleurs, ils œuvrent à
l’élaboration du « Jardin Rêve Errance », sorte de lieu de
recherche sur les Fruits Dorés et sur la construction de
leur futur Jardin Labyrinthique lorsque l’endroit idéal
s’offrira à eux. Cela dit, ils craignent un peu de franchir
l’étape de la Fulgurance Amoureuse après avoir constaté
qu’une Fulgurance peut être très dangereuse si on ne s’y
prépare pas correctement et peut vous laisser à la merci
de quelque individu mal intentionné. En fait, ils ont peur
que la mésaventure qui leur est déjà arrivée se reproduise.
Pour éviter cela, il leur faut mener leur enquête afin de
Asao
Pentacle : Ka-Terre 5, Ka-Feu 4,
Ka-Lune 4, Ka-Air 3, Ka-Eau 2
Métamorphe :  Elfe 5
Sciences occultes :  Magie, Basse
Magie 8, Haute Magie 5
Sortilèges dédiés à la musique et
au son (voie du Sentier sinueux)
Atalante Fugitive 2, Akasha 4
L’Amoureux 5
Simulacre : Ka-Soleil 3, Artiste
musicien 6
Ressources
Membre des Compagons d’Amor,
qui réunit les Nephilim
Poursuivants de l’Atalante
Fugitive
51
découvrir ce qui s’est effectivement passé. C’est pour cette
raison qu’Asao et Yahorl, en bons adoptés de l’Arcane de
l’Amoureux, souhaitent se replonger dans l’époque de leur
dernière incarnation : le début du xviie siècle. Cela leur
permettra aussi de revivre leur rencontre et la Fulgurance
qui s’en est suivie, moments qu’ils n’ont pas pu apprécier
à leur juste valeur. Dans cette perspective, ils cherchent à
développer une magie spéci­fique du chant et de la musique.
Ils comprennent alors que, pour qui sait en déchiffrer les
codes, le grimoire Atalanta Fugiens devient un focus qui
permettra de focaliser l’énergie créatrice issue du Ka-Soleil
des humains initiés. Asao développe alors des groupes de
chant et les guide sur la voie du « Son Intérieur ». En paral-
lèle, Yahorl développe un projet appelé « École Draconique
Rothonoise  » dans le but de faire émerger une énergie
créatrice onirique commune chez des humains initiés aux
moyens du théâtre, du conte et du jeu de rôle sous toutes
ses formes.
Asao et Yahorl sont donc actuellement en pleine reprise
de contact avec le milieu ésotérique que ce soit les adop-
tés de l’Arcane de l’Amoureux, les compagnons d’Amor
ou d’autres acteurs du monde occulte. Cela explique
leur ­présence assez régulière dans les locaux de la librai-
rie de l’Incunable Souveraineté. Ils viennent y trouver des
ressources ésotériques telles que des ouvrages particu-
liers ou des informations leur permettant d’orienter leurs
recherches mais ils viennent aussi faire des rencontres inté-
ressantes dans ce lieu paisible. À ce propos, ils se ­montrent
avenants tout en restant sur leurs positions. En effet,
ils souhaitent, par dessus tout, élucider le mystère de leur
­soudaine disparition de la scène occulte et de leur rencontre
fortuite quelques quatre cents ans plus tard.
Yahorl
Pentacle : Ka-Lune 5, Ka-Eau 4,
Ka-Terre 4, Ka-Air 3, Ka-Feu 2
Métamorphe :  Chimère 4
Sciences occultes :  Magie, Basse
Magie 8, Haute Magie 5
Sortilèges dédiés au chant, à la
musique et au son (voie Dédale de
l’âme)
Atalante Fugitive 2, Akasha 4
L’Amoureux 5
Simulacre : Ka-Soleil 3,Artiste
Chanteuse 6
Ressources
Membre des Compagons d’Amor,
qui réunit les Nephilim
Poursuivants de l’Atalante
Fugitive
 Les Veilleurs du Lion Vert
Jacques-
Antoine
Machon de la
Villardière
Vigneron,
membre de
la cour de
Bourgogne
« Longue vie au futur
duc de Bourgogne ! »
À première vue, Jacques-Antoine Machon (il omet
volontairement presque toujours la suite de son nom indi-
quant ses origines nobles), âgé de 58 ans est un propriétaire
et vigneron d’une belle parcelle de vignes en Bourgogne,
plus précisément près de Gevrey-Chambertin (appella-
tion ruchottes-chambertin, grand cru de la côte de Nuits)
typique de sa région. Le visage souvent mal rasé, marqué
par la couperose, flanqué d’un nez en forme de poire,
matois, expérimenté, taiseux et plutôt ours, la plupart du
temps de mauvaise humeur allant jusqu’à la brusquerie et
l’impolitesse ; il se révèle charmant, cultivé, grande gueule
et presque poète lorsqu’il hume et goutte les nectars de
son domaine ainsi que les meilleurs vins de sa région.
Il se comportera ainsi avec toute ­personne inconnue et
ne se déridera que lorsqu’on lui offrira un bon verre de
Bourgogne et uniquement de Bourgogne ; il considère
les autres vins, à de très rares exceptions près, comme de
la piquette. Il faut ajouter à ce portrait un très bon coup
de fourchette ainsi qu’une connaissance et une pratique
inouïe des trois étoiles de la région ; ce qui peut expliquer
un ­certain embonpoint. Il adore vanter ses vins et sa région
et il est grand amateur de foot et de l’AJA, il ne rate pas
une occasion d’affirmer un chauvinisme à faire pâlir un
supporter du PSG ou de Marseille. Il pratique assidûment
la chasse – il tire aussi bien le gibier à plume qu’à poil –,
l’équitation, il  se pique aussi de golf. Vêtu traditionnel­
lement, il aime porter des pantalons marrons rentrés dans
des brodequins de marche, des chemises larges, des gilets et
des vestes en velours côtelé vert-de-chasse et quelquefois un
chapeau, orné d’une plume. Il arbore toujours un insigne en
or de l’ordre de la Toison d’or, un bélier pendant et accroché
par le ventre à un anneau, soit sous la forme d’une petite
broche discrète accrochée au revers de son veston, soit
52
en chevalière, à l’auriculaire gauche, soit en collier, à peine
perceptible sous la chemise.
Mais ce personnage de viticulteur madré et chauvin et
de hobereau qui colle parfaitement à son physique bourgui-
gnon cache en réalité un caractère à la fois plus complexe et
plus secrèt. Cet étrange client fait partie de la mystérieuse
cour de Bourgogne et a été intronisé dans le cercle restreint
des ­véritables chevaliers de la Toison d’or.
La cour de Bourgogne est le nom du conseil décision-
naire secret de Burgundia Nova, un groupe restreint de
vieilles familles bourguignonnes royalistes fanatiques qui
se disent être les descendants des ducs de Bourgogne du
Moyen Âge. Ils rêvent de reformer en Europe un État
qui engloberait le duché de Bourgogne et les états de la
Bourgogne, soit une immense bande centrale qui irait du
nord de la Hollande jusqu’à la méditerranée. En ces temps
troublés, leur discours identitaire fait mouche et même
s’ils ont adopté une approche discrète, s’ils ne ciblent que
des classes sociales élevées et la notabilité bourguignonne,
ils touchent de plus en plus de monde. Les parties de chasse,
les réunions viticoles, les banquets et les fêtes agri­coles sont
leurs lieux de recrutement favoris. Jacque-Antoine est un
peu l’intello de cette bande de réactionnaires frap­­pa-dingues
et surtout c­ omplètement mégalos. Il a appris à la dure, chez
les Jésuites, le Latin, le Grec ancien et l’Hébreu (sa famille le
destinait au Séminaire) et il se sert de ce savoir linguistique
pour ­plonger dans de moults ouvrages occultes et d’histoire
afin de trouver un semblant de justifications à tout ceci.
Il adore farfouiller dans les compilations des ­chartistes
positivistes du xixe siècle, comme dans les bulletins des
sociétés savantes ou encore dans les délires des généalo­
gistes ésotériques. Il est donc un client régulier de la librairie
de l’Incunable Souveraineté. Sa passion se concentre sur la
Toison d’or, son mythe et surtout son ordre de chevalerie
que les ducs de Bourgogne ont lancé et développé. C’est lui

Les mystérieux clients de la librairie
qui a relancé cet ordre que le groupe avait laissé en jachère et
qui lui a redonné du lustre, d’après les différents documents,
ouvrages savants et archives qu’il a pu consulter. Il a dépensé
une fortune en achats de vieux livres et surtout en décors et
costumes afin que les cérémonies d’intronisation et les para-
des de l’ordre soient au plus proche des rituels médiévaux.
Si on l‘amène sur ce sujet, il oubliera partiellement sa
réserve (et un peu de sa prudence) et deviendra intarissable.
Son enthousiasme est vaste et communicatif et sous son
verbiage, des Nephilim attentifs pourront saisir deux ou
trois bribes d’informations, certes mal digérées sur la Toison
d’or et sa réalité occulte. À force de fréquenter la librairie
et d’étudier des vieux livres occultes, il a acquis une vague
perception du monde occulte, des Templiers comme des
Nephilim dont il a décelé le fort potentiel de connaissances
ésotériques qui pourrait lui être utile au final. Il adore faire
croire qu’il est un membre du Temple comme des Francs-
Maçons, ce qui n’est, bien sûr, pas le cas.
En revanche, si on se moque de lui ou si dans le feu
d’une discussion occulte, on met en doute sa connaissance,
il le prendra très mal, l’impétrant pouvant être alors victime
d’une rancœur tenace, voire pire. Cela peut déclencher une
vague de paranoïa intense donnant au vigneron l’idée fixe
que son ou ses interlocuteurs en veulent à son organisation
secrète comme à l’ordre de la Toison d’or lui-même. Il se
refermera comme une huître mais dès qu’il le pourra il les
espionnera ou les fera espionner par les membres les plus
58 ans, Ka-Soleil 7
Vigneron 7
Membre secret de Burgundia Nova 7
Chasseur 6
Ressources
Accès à la logistique et aux adhérents de Burgundia Nova 7
Riche propriétaire 8
Accès à une armurerie complète de chasseur 8
53
actifs de la cour de Bourgogne. Si ceux-ci réagissent mal, il
réapparaîtra et tentera de les amadouer, jusqu’à les inviter à
une petite sauterie dans sa « modeste » demeure bourgui-
gnonne, en r­ éalité un immense manoir néo-gothique caché
au sein d’un joli bois. Là, il organisera une verticale (soit la
dégustation du même vin, millésime après millésime) puis
une partie de chasse qui s’avérera un piège, potentiellement
mortel. En effet, des membres de la cour de Bourgogne,
camouflés dans les bois ouvriront le feu et l’attaque sera
maquillé en un terrible accident de chasse. Comme le pro-
cureur de la région est un des membres de la cour, l’affaire
sera ­rapidement classée sans suite.
Burgundia Nova exerce une influence encore trop
faible pour attirer l’attention des Templiers même si
ceux-ci ont commencé à mettre sur surveillance ces drôles
d’oiseaux bourguignons. Même si la librairie est un terrain
neutre, le Templier Daniele del Friule a été chargé de faire
des rapports sur l’olibrius. Pour le moment, aucune déci-
sion n‘a été prise par les autorités du Temple concernant
Jacques-Antoine et sa cour de Bourgogne, peut-être une
future ferme ( Jacques-Antoine recourt épisodiquement
au service de Mikayla, une escort girl ukrainienne, on peut
donc le faire chanter), un recrutement, voire une élimina-
tion pour ces éventuels futurs concurrents (autant tuer le
poussin dans l’œuf ).
 Le Lion Vert
L e Lion Vert constitue l’une des figures Nephilim
les plus importantes du monde occulte.
Inventeur de l’Alchimie en tant que Science
occulte et membre à part entière du Glorieux Alliage,
il exerce une influence majeure sur de nombreux sujets
ésotériques. Pour des raisons mystérieuses, il est très
attaché à la librairie de L’Incunable Souveraineté dont il
a fait au cours des siècles l’un de ses repaires préférés. Les
PJ seront nécessairement amenés à le rencontrer un jour
ou l’autre.
Comment jouer
le Lion Vert ?
Si vous le souhaitez en tant que MJ, vous pourrez le
jouer en quelque sorte comme le “commanditaire” et un
mentor possible des PJ. Mais sa personnalité très riche et
son caractère souvent ombrageux en feront un patron aux
multiples facettes, souvent déroutant.
Nous ne donnerons pas de caractéristiques, ni de sorts,
car ceci n’a pas vraiment de sens. Libre à vous de le détailler
de manière chiffrée. Notre seul conseil : le Lion Vert est
l’une des figures majeures de l’univers de Nephilim, cela doit
donc se refléter dans ses caractéristiques.
54
Ses Sciences
occultes
préférées
En tant qu’inventeur de l’Alchimie, il maîtrise la voie
complète de la Chrysolithe ainsi que le troisième cercle.
C’est un mage extraordinaire du 3e cercle et un bon
­kabbaliste (mais il n’emploie plus cette Science occulte avec
laquelle il a eu de sérieux problèmes).
Son immense collection de tablettes, papyrus,
parchemins, d’incunables et de livres anciens lui donne
accès à de très nombreux focus. Il a ainsi la possibilité de
pouvoir utiliser nombre de sorts et de formules connues.
Ses périodes
d’incarnation
préférées
En terme d’histoire occulte, le MJ est invité à faire en
sorte que les PJ aient l’impression que le Lion Vert a parti­
cipé à de nombreux événements occultes, à travers les
siècles, les millénaires et les diverses régions du monde.

Le Lion Vert
Ses périodes d’incarnations privilégiées, en tout cas,
celles dont il évoque le souvenir avec le plus de facilité,
de nostalgie, quelquefois avec tristesse ou humour sont
au nombre de 5  : le Moyen-Orient de l’âge de bronze,
le royaume de Gandhara lors du Siècle d’Ashoka (iiie avant
J.-C.), la Venise des kabbalistes chrétiens (xvie) ou encore
la Prague des alchimistes et du Siècle des Lumières (xviiie).
Ses villes
préférées
Le Lion Vert est un grand voyageur et il est très souvent
en déplacement à l’étranger. Pourtant, il porte une affection
particulière à plusieurs cités à travers le monde, qu’il adore
évoquer dans ses conversations avec les PJ par des souvenirs
nostalgiques, des évocations rêveuses, des détails d’une pré-
cision hallucinante ou au contraire des généralités presque
clichées, tout dépend de son humeur du jour. Il est attaché à
ces métropoles car il y a vécu des événements importants à
la fois dans sa vie ésotérique comme dans son existence. Ici,
un ancien amour humain, là une fraternité Nephilim, encore
ailleurs, une victoire majeure face au Temple ou un quartier
charmant où il a bu le meilleur vin blanc de sa longue vie
épisodique, etc. Il évoquera donc des villes comme Venise,
Prague, Paris, Londres, Istanbul, Marrakech ou encore
Katmandou. Nous invitons les MJ à se documenter sur ces
cités et à y choisir des lieux, des personnes, des événements
qu’ils pourront mettre en scène lors de ces discussions.
Ses avatars
préférés
Le Lion Vert par son extraordinaire pouvoir magique et
sa grande connaissance alchimique a développé la capacité
d’être présent et actif en plusieurs endroits par le biais de dif-
férents avatars. Ces avatars ne peuvent posséder et utiliser
qu’une petite partie de sa sapience. C’est donc pour cette
raison qu’en général, il ne peut avoir simultanément que 2 à
3 avatars actifs. Ces avatars ne peuvent pas être séparés du
Lion Vert par une mer, un océan ou chaîne de montagne.
Enfin, le Lion Vert adore jouer avec ses corps-à-distance
comme il aime les appeler et faire penser à ses interlocu-
teurs qu’il possède un don d’ubiquité ou une capacité de
­s’incarner dans plusieurs Simulacres en même temps et de
façon simultanée.
En vérité, le Lion Vert choisit un humain, fabrique
un être alchimique ou use d’une high-tech holographique
extrêmement développée qu’il améliore en l’enchantant. Il y
projette (au sens d’une projection alchimique) un reflet de son
Pentacle, dans un rituel proche de l’incarnation du Nephilim
dans un Simulacre. L’intensité de cette projection détermi­
nera les capacités et l’intelligence de l’avatar veridiléonin.
Au final, les PJ ne doivent jamais savoir s’ils sont en face
55
du vrai Lion Vert ou de l’un de ses “avatars” d’autant qu’il en
a été dénombré au moins une bonne dizaine. Il est certain
que si le Lion Vert apparaît aux PJ en tant que lui-même et
non par l’un de ses avatars, cela indiquera que la situation est
solennelle et / ou grave.
L’avatar du comte
Léon de Véridis
Dans cet avatar, le Lion Vert prend l’aspect d’un homme
d’âge mûr, portant beau, au charisme brillant. Il s’habille tel
un membre de la noblesse du 18e avec des souliers à boucle
vernis, des bas blancs, une culotte de velours, une chemise
brodée en lin et aux poignées en dentelle, un gilet brodé des
plus beaux filets d’or et d’argent, aux motifs astrologiques.
Il s’appuie sur une canne ouvragée et n’hésite pas à arborer
un splendide tricorne. Son épaisse chevelure évoque aisé-
ment les grandes crinières félines et ses yeux légèrement en
amandes jettent des éclairs d’émeraude.
L’avatar Magister
Lysandriacus
Lorsqu’il est le Magister Lysandriacus, il prend l’aspect
d’un vieillard docte, à la barbe en pointe, habillé comme
un érudit juif du xixe siècle, tel que l’on peut en voir dans
les gravures de l’époque ou dans les peintures des maîtres
­hollandais. Une lourde houppelande, dont le col en four-
rure est en p­ artie caché par une longue chevelure éparse et
blanche comme la cendre, couvre un dos encore large mais
voûté par le poids des siècles. Les mains aux doigts tordus par
l’arthrite et aux tavelures qui tatouent d’étonnants continents
imaginaires sur la peau semblent animées d’un tremble-
ment permanent. Mais une personne initiée verra dans ces
mouvements non pas les signes de la vieillesse mais bien une
langue des signes occulte qui trace en permanence formules
magiques et symboles occultes d’une rare puissance.
L’avatar Manticorus
Smaragdinus du
manticore d’émeraude
Il s’agit probablement de l’avatar le plus troublant et le
plus effrayant que le Lion Vert se choisit. Lorsqu’il prend
cette apparence, le Lion Vert devient un immense lion de
couleur vert doré et qui possède un visage à l’aspect humain
d’une quarantaine d’année et portant une barbe blonde
très épaisse. Se mouvant comme un félin, avec élégance et
puissance, cette créature dégage une force impressionnante
et son regard perçant, aux pupilles d’or profond, instille
une frayeur indicible chez ses interlocuteurs. Il est difficile
de résister au Lion Vert lorsqu’il a choisi cet avatar. À la
fois magnétique et repoussant, il est un monstre au sens
­étymologique du terme, un monstre érudit. Heureusement,
il ne le fait pas souvent. Certains Nephilim confrontés au
 manticore d’émeraude pensent qu’il s’agit d’un construct alchimique ou même d’un
hologramme sophistiqué. Nul n’a eu le courage de tester la solidité de ces hypothèses.
Le Lion Vert est un des Poursuivants de l’Atalante Fugitive et même s’il en le
frère, il mène aussi cette quête. Il ne délivre de sa sapience concernant cette quête que
lorsqu’il est sous l’avatar du manticore d’émeraude. Personne ne sait à quelle étape
de cette quête il se trouve. Beaucoup supposent qu’il est bloqué au niveau du Jardin
labyrinthique, soit la cinquième étape sur une quête qui en compte dix.

L’avatar Léo de la Castalie

Lorsque le Lion Vert est Léo de la Castalie, il se présente sous la forme d’un jeune
étudiant brillant, un joueur maniaque de l’étrange jeu spirituel des perles de verre.
Sa  peau basanée, ses yeux noirs profonds, pailletés d’or, sa chevelure abondante,
­couleur corbeau, sa bouche fine au demi-sourire amusé, ses habits d’inspiration
hindoue, aux lignes futuristes, font penser à ses interlocuteurs à l’un de ces jeunes et
riches héritiers d’une grande famille védique d’une Inde futuriste pas encore advenue.
Léo ­n’échangera avec ses visiteurs que si ceux-ci sont jugés capables de jouer au
jeu des perles de verre et ne dialoguera que lors d’une partie, mêlant arguments et
­contre-­arguments dans un tourbillon étourdissant.

L’Avatar de Felini Monsignore

Rigoglioso (FMR)
Lorsqu’il est FMR, le Lion Vert s’incarne dans un éditeur italien d’âge mûr, grand
charmeur, à la chevelure poivre et sel et s’habillant comme un playboy des années 70.
Il est reconnu comme grand collectionneur, un immense spécialiste des livres rares et
des beaux livres d’art. À la tête d’une confortable fortune, FMR a fait construire près
d’un des lieux les plus étranges d’Europe, il labirinto della Masone près de Parme en
Italie, l’un des plus grands labyrinthes de bambou au monde qui abrite en son centre
un palais géométrique en briques dont des pièces secrètes contiendraient des trésors
magiques inestimables. À la fois restaurant et hôtel de luxe, FMR y accueille aussi
des Nephilim blessés par l’orichalque et a fait de ce lieu somptueux un sanctuaire et
un refuge pour nombre de victimes des guerres occultes. Beaucoup pensent que le
laboratoire alchimique du Lion Vert se trouverait caché dans les souterrains du palais
central du labyrinthe.

Le jeu des perles de verre

Interlocuteur difficile par sa rapidité d’esprit, son humeur changeante, sa profonde
connaissance de la sapience, le Lion Vert aime beaucoup jouer à un jeu très spécial
avec ceux qu’il juge les plus aptes à le faire. Il s’agit du mystérieux jeu des perles de verre,
évoqué et en partie décrit dans le roman éponyme de Hermann Hesse. Entre un
jeu de Go, un extraordinaire système ludique qui combine les mèmes ­culturels les
plus chargés de sens, ce jeu spirituel et d’un très haut niveau d’abstraction permet à
ses joueurs de progresser sur la voie de l’Agartha.
56
57
 Les Veilleurs du Lion Vert
Ses humeurs
préférées
Le Lion Vert aime prendre de nombreuses humeurs
qu’il change au gré de son envie ou plus rarement afin de
délivrer un message caché à ses interlocuteurs. Voici celles
qu’il préfère en ce moment :
Le génie alchimique
Lorsqu’il adopte cette attitude, le Lion Vert prend
­l’allure et le comportement d’une sorte de savant et
ésotériste un peu fou, un peu illuminé, courant entre les
fioles et les alambics de son laboratoire, tenant des discours
théoriques ésotériques brillants et enivrants.
La colère fulminante
Voir le Lion Vert sous ce jour n’est pas une partie
de plaisir. Sa voix gronde, ses sourcils se hérissent et il
tempête contre tout et tous. Grognant, jurant et par-
courant en long en large, le Lion Vert peut faire s’abattre
son ire et sa vindicte sur ses interlocuteurs qui servent
alors de fusibles à ces colères mémorables. Mais, en ten-
dant l’oreille et en pliant tel un saule, on peut saisir des
perles de sapience derrière les injures et les malédictions.
Faut-il en avoir le courage et la patience…
La perdition dans les
souvenirs antiques
Quelquefois, le Lion Vert se perd dans une immense
rêverie éveillée. Des bribes de souvenirs plus ou moins loin-
tains, de bout de phrases et de mots étrangers émaillent ses
discours et ses échanges. Rien que par le son de sa voix, ses
attitudes corporelles, des pièces de vêtement, il est capable
alors d’évoquer presque concrètement à ses interlocuteurs
le moment temporel dans lequel il se perd. Lors  de ces
moments, il est possible de saisir au vol des informations
précieuses sur la quête de l’Agartha ou ­d­­’autres sujets
ésotériques.
La péroraison initiatique
Souvent, le Lion Vert aime donner des leçons ésotériques
à ses interlocuteurs. Adoptant un ton à la fois bienveillant,
paternaliste et doctoral (certains pensent pédant), il donne
des leçons sur tout et surtout sur le monde occulte, la
sapience, l’Agartha quand ses spectateurs sont Nephilim.
Mais sous ces longs développements, quelquefois abscons,
se cache une véritable parole initiatrice.
58
L’ironie acide
Le Lion Vert aime colorer ses échanges d’une ironie,
souvent mordante comme l’acide, non point le reflet d’une
quelconque amertume mais bien le signe d’une connais-
sance profonde des acteurs du monde occulte, acquise sur
une expérience riche de nombreux siècles vécus et de multi-
ples territoires explorés. Si l’on résiste à cette acidité, on peut
saisir quelques vérités profondes toujours utiles.
Ses tabous
Rapidement, les PJ en contact avec Le Lion Vert s’aper-
cevront que celui-ci est marqué par des répulsions intenses,
en partie dues à sa très longue histoire. Le principal tabou
concerne l’orichalque sous toutes ses formes. Le Lion Vert
a été si souvent victime de la morsure du métal maudit et
a vu de si nombreux frères être dispersés dans les champs
magiques qu’il a développé une véritable phobie, un peu
à l’identique de la kryptonite pour Superman. Certaines
journées, évoquer juste le métal maudit peut le faire entrer
dans une colère noire où même quitter brusquement la
discussion.
Bien qu’il soit un Kabbaliste émérite, il fait peu confiance
à ces Science Occulte avec laquelle il n’a eu que des prob-
lèmes. Il ne porte donc pas dans son cœur les Kabbalistes et
leur façon souvent pédante et mystique d’aborder le monde
magique.
Enfin, il se méfie énormément de toute chose pouvant
évoquer une Fulguranve Amoureuse. Marqué au fer rouge,
il y a très longtemps de cela, par une Fulgurance amoureuse
qui a manqué de le détruire, il s’est enfermé dans un rejet
complet de cet état typique aux Nephilim.
Ses rôles
auprès des PJ
Le Lion Vert peut incarner plusieurs sortes de rôles
pour les PJ. Vous pouvez en choisir un ou deux ou bien au
contraire les varier en les faisant incarner tour à tour par le
Lion Vert.
Un mentor mystérieux
Son rôle préféré ! Le Lion Vert apprécie beaucoup les
vertus de la pédagogie et de l’enseignement même si son
caractère changeant en modifie sacrément les modalités.
Par un discours aux allusions sibyllines et aux allégories
cryptiques, il distille par petites touches ses enseignements
ésotériques. Il aime s’entourer de mystère, sur lui-même et
son apparence, sur les lieux où il reçoit et convoque, sur ses
vues et ses objectifs, sur ses passés. Il n’est pas pour autant
mythomane. Chez le Lion Vert, la parole est d’or et le
silence d’argent.

Le Lion Vert
Un protecteur sévère
Il peut aussi être une figure du monde occulte qui
va chercher à protéger et à défendre ses connaissances,
ce qui s’avère très utile pour une fraternité de Nephilim
en difficulté. Il peut alors apparaître comme une sorte
de deus ex machina et sauver une situation mais ça ne
sera jamais gratuit. Non seulement, il demandera une
contrepartie (et gare à ceux qui se défileront) mais il
sermonnera les imprudents ou les trop faibles et s’en
souviendra longtemps après. Ainsi, certains Nephilim se
sont vus reprochés de l’avoir obligé à intervenir quelques
cinq cents ans après les faits…
Un adversaire amical
Le Lion Vert n’a pas peur des affrontements et des
combats. Au contraire, il en apprécie la vertu cathartique et
formatrice. Cette vision agonistique des relations le conduit
quelquefois à privilégier avec certains de ses contacts des
rapports tendus et des affrontement réguliers. Si ceux-ci se
trouvent proches de ses centres d’intérêt ou de ses objectifs,
il les respectera toujours et pourra même leur vouer une
affection proche de l’amitié. Cette adversité affichée et
revendiquée peut prendre de nombreuses formes comme la
compétition, la concurrence, des parties d’échec ou du Jeu
des perles de verre, des défis, des paris, etc.
Un sage mythomane
Les vues du Lion Vert s’étendent sur des millénaires ainsi
que ses aventures et ses combats. Il en a retiré une grande
sagesse mais aussi une forme étrange de mythomanie. Dans
ce rôle, le Lion Vert intercalera vues profondes et pertinentes
des secrets du monde occulte comme grandes visions du futur
qui paraîtront délirantes même au plus mystique des Éolim ou
au plus dérangé des Onirim. Il bâtit ainsi des grands projets
à première vue (et même à deuxième) qui peuvent sembler
irréalisables mais, par l’intensité de sa sapience, la force de son
caractère, il montre une très grande sagesse et sérénité dans
leur ­planification et leur élaboration.
Un rêveur mélancolique
Dans ce rôle, le Lion Vert sera plus distant, presque éva-
nescent. Il évoquera principalement avec les PJ des rêves, des
souvenirs souvent avec nostalgie. Il privilé­giera les longues
marches à l’automne, sous les feuilles tombantes des arbres
des parcs urbains ou encore les discussions au coin du feu,
un verre d’un excellent Sauterne en main. Mais chaque mot,
chaque vision, chaque remémoration fera sens et portera une
signification symbolique et ésotérique.
59
La Trame du
Lion Vert
Le nouveau Compact
secret d’Arcadia, un
chemin important vers
la Paix d’airain.
Figure d‘entre les figures du monde occulte, le Lion Vert
fait partie des Couronnés de l‘Arcane XXI Le Monde. Il
œuvre donc au destin de ce monde occulte.
Presque vingt ans se sont écoulés depuis les Révélations
de l‘Apocalypse qui, entre autres, ont bouleversé les plans
de l‘Arcane XXI. Pourtant, annoncées comme inéluctables
les Guerres de l‘Apocalypse ne se sont pas déclenchées de
manière ouverte. Mais le Voile occulte a été profondément
déchiré. Les Arcanes Mineurs mettent la main sur le pou-
voir profane et l‘effet Rosencreutz fait peser une menace
désormais permanente sur les Nephilim. En revanche, la
Cité occulte Arcadia est apparue, comme un nouvel espoir
pour les Nephilim. En effet, le Lion Vert aidé de plusieurs
adoptés du Monde et de certains de ses élèves réussirent
à rendre concret les projets du mystérieux Cénacle cyphé-
rique de Fulcanelli (pour rappel, il s‘agit d‘une conjuration
ultra-secrète composée d‘un représentant par camp du
monde occulte, qui chercha à invoquer l‘âme du monde,
Anima Mundi, afin de faire advenir une paix éternelle
entre tous les bords du monde occulte). Le Lion Vert
participait aux travaux du Cénacle depuis sa fondation
durant la Renaissance. Profitant du désordre engendré
par l‘Apocalypse au sein de l‘Arcane du Monde, il réussit
avec l‘aide de ses champions à relier la résille magique de
l‘Arcane avec les travaux magiques du Cénacle. Pour lui et
ses compères, ils refondèrent ainsi l‘Arcane XXI Le Monde.
De cette gigantesque et osée opération occulte naquirent
les premiers quartiers d‘Arcadia ainsi que les passages
entre eux. Depuis, la Ville occulte se déploie peu à peu, de
manière de plus en plus indépendante. Le Lion Vert, ainsi
que d‘autres acteurs du monde occulte sont persuadés qu‘ils
détiennent avec Arcadia la clé pour échapper aux futures
Guerres de l‘Apocalypse. Maintenant, pour le vénérable
maître léovéridien, il s‘agit de faire signer au plus grand
nombre possible un nouveau grand compact secret, celui
d‘Arcadia. Pour cela, il a besoin de nouveaux Nephilim
fraîchement éveillés afin d‘inscrire cette nouvelle légende
dans l‘épopée des Nephilim. Il fréquente donc de manière
beaucoup plus assidue la librairie de l‘Incunable souverai-
neté où il peut sonder de futurs promoteurs du compact
secret qu‘il tente d‘établir, profitant du statut de neutralité
de cet endroit qui lui permet d‘échapper à la vindincte de
ses nombreux ennemis.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Un fil rouge
pour les PJ.
Le Lion Vert constitue le personnage fil rouge par excel-
lence. Vous pouveez le faire apparaître en pointillé au début, de
manière fort mystérieuse par ses accointances avec la librairie.
Il peut par exemple avoir un ou deux premiers échanges avec
les PJ, sous deux avatars différents (mais donnez un détail
pour que les PJ se rendent compte qu’il s’agit de la même per-
sonne). Faites monter ainsi le suspense, quitte à faire faire une
enquête occulte si les joueurs ne connaissent pas cette figure.
Puis organisez une rencontre étrange, surprenante, marquante
(choisissez une humeur), dans le jardin par exemple, pour un
ou plusieurs PJ que le Lion Vert a repéré, soit parce que leur
premières attitudes semblent aller dans le sens des intérêts du
Lion Vert (un intérêt, des questionnements sur Arcadia par
exemple), soit parce que l’un d’entre eux est Alchimiste et tente
de perfectionner cette Science Occulte, ou encore parce que le
groupe de Nephilim paraît ambitieux, courageux et volontaire.
De cette rencontre, le Lion Vert déterminera sa ligne de
conduite vis-à-vis des Nephilim (qui pourra évoluer naturel-
lement). Choisissez-lui alors un rôle préféré.
Enfin, à partir de ce moment, vous pouvez considérer le
Lion Vert comme un personnage récurrent à la fois de la librai-
rie mais aussi de vos inter-scénarios. En fonction du rôle choisi
pour le Lion Vert, celui-ci apportera ou non de l’aide occulte,
sapientale, matérielle, etc. Mais surtout, il sera un guide et un
amer pour les PJ, dans un monde occulte devenu de plus en
plus difficile.
Devenir un Veilleur du
Lion Vert
Il arrivera un moment (à chaque MJ de sentir et/ou de
déterminer ce moment) où les PJ se verront proposer par le
Lion Vert d’entrer plus activement à son service. S’ils accep-
tent, ils deviendront alors des Veilleurs du Lion Vert. Ce
n’est pas une fraternité au sens propre du terme, mais plutôt
un engagement ésotérique fort au service de la cause du
60
Compact secret d’Arcadia et pour œuvrer à l’instauration
de la Paix d’Airain. Cette recherche de la concorde occulte
devra être la boussole de la majorité des actes des PJ, sans
pour autant que cela soit une contrainte permanente.
En échange, le Lion Vert leur octroiera les bénéfices sui-
vants :
• une carte d’adhérent de la libraire dont la marque
au verso est subtilement ornée de Ka-Soleil et ceci pour
chaque Nephilim. Ses autres Veilleurs portent toujours
cette carte sur eux comme symbole.
• Chaque Nephilim gagnera aussi 1 degré dans la quête
ésotérique Arcadia.
• Chaque Nephilim peut ajouter un Savoir ésotérique
appelé Jeu des Perles de Verre avec 1 degré ou 2 pour ceux
qui ont déjà joué avec le Lion Vert.
• 5 points de Sapience à distribuer immédiatement dans
sa Sapience ou dans ses Arts occultes d’Alchimie.
Organiser Nephilim
Légende en fonction de
la trame du Lion Vert
Nephilim Légende a été en partie conçu autour de cette
grande trame d’Arcadia et de la tentative du Lion Vert et de
bien d’autres de mettre en place un nouveau Compact secret
qui permettrait aux Déchus d’échapper en partie aux effets
délétères de la rupture du Voile.
Vous pouvez, si vous le souhaitez, organiser vos parties de
Nephilim Légende en utilisant cette méta-intrigue comme
une sorte de musique de fond, un leitmotiv ténu qui se révèle
de temps à autre aux PJ. L’idée n’est pas d’en faire une gigan-
tesque campagne mais de laisser les PJ assembler petit à petit,
au gré de leurs rencontres, de leurs aventures les pièces du
puzzle.
Le destin de ce nouveau Compact en devenir n’est pas écrit
à l’avance. C’est en partie aux PJ d’en écrire ou non les pages à
la fois glorieuses et occultes.
 61

Scénario
Les Veilleurs
 Introduction
C e scénario pour Nephilim vous entraîne à
la d­ écouverte des légendes et des coutumes
mystérieuses d’un petit village rural que vous
pouvez placer où vous le souhaitez.
Il y a de cela très longtemps, le village vivait normal-
ement, perché sur sa colline, au rythme des saisons, des
moissons et des guerres menées par ses seigneurs féodaux.
Mais un jour de l’année 1150, le village devint le fief de
nouveaux chevaliers au manteau blanc frappé d’une
croix noire ou rouge : les Templiers. Ces hommes réorga­
nisèrent le village en une grande commanderie et le firent
prospérer pendant plus de cinq années. Durant ce temps,
ils menèrent une guerre féroce aux anciens propriétaires
du fief. Ils s’aperçurent aussi que le village pouvait avoir un
intérêt important dans la réalisation de leur Grand Plan.
Ils construisirent alors plusieurs mécanismes occultes des-
tinés à former un Nexus, dont ils auraient maîtrisé l’énergie.
Ils utilisèrent pour cela aussi bien des Nephilim prisonniers
– des homoncules – des lieux favorables aux alentours du
village, que leurs sciences occultes antiques. Ils s’allièrent
également avec Altamaros, un Nephilim qui les aida
notamment à activer la rosace de Ka. Pour le remercier, les
Templiers le transformèrent en homoncule.
62
Les villageois s’habituèrent à ces maîtres étranges, qui
pratiquaient aussi bien l’agriculture des sols que l’agriculture
alchimique. La commanderie se développa matériellement
et mystiquement, sans que les paysans s’en plaignent. Ils
connurent une rare suffisance matérielle. De plus, rien de ce
que faisaient les Templiers ne semblait être en contradiction
avec les paroles du curé. Au contraire, les nobles serviteurs
de la Croix pourchassaient et détruisaient les démons qui
se logeaient à l’intérieur d’eux-mêmes. Mais cette situation
ne dura pas.
L’ensemble des Templiers connut un grand revers au
moment de la phase finale de leur Grand Plan. Au début du
xive siècle, le roi Philippe le Bel décida de stopper celui-ci
et entra en lutte ouverte et secrète avec le Grand Maître de
l’Ordre du Temple, Jacques de Molay.
Ce duel se termina par la déroute de la plupart des obé-
diences templières. Les Templiers du village durent quitter
leur belle commanderie au moment de la mise en marche
de leur mécanisme. Ils décidèrent alors de protéger tout
leur patrimoine occulte et formèrent pour cela une société
secrète ayant pour membres les paysans les plus intelligents
du village.

Les Veilleurs
Ils inventèrent des légendes pour chaque lieu occulte.
Ils pensaient ainsi habilement camoufler la vraie nature
de leurs créations occultes et détourner tout désir de les
utiliser. Ils inculquèrent ensuite à ces paysans les légendes
créées. Ceux-ci en devinrent les gardiens, les Veilleurs et
furent chargés de protéger chaque lieu attaché aux légendes
et de veiller à la transmission parfaite de celles-ci par le biais
de grandes veillées au coin du feu.
C’est ainsi que les Templiers réussirent à conserver ce
patrimoine occulte jusqu’à nos jours. Depuis ces temps trou-
blés, le village a toujours respecté la tradition des Veilleurs,
qui fait maintenant partie intégrante de son folklore.
63
Mais aujourd’hui les Veilleurs du village sont i­nquiets.
Des inconnus s’intéressent de près ou de loin à leurs secrets.
Un peintre vient d’acheter l’église centrale du village, celle
dont ils n’ont justement jamais connu la légende. Des mys-
tères bien supérieurs à leurs contes se nouent de manière
secrète. Des mystères que les Nephilim vont devoir dénouer
en utilisant tout leur savoir-faire, leur diplomatie et leurs
compétences secrètes.
 Les décors
Le Village
Description générale
Le village est un petit bourg rural d’e nviron
500  ­habitants. Juché sur une colline aux pentes douces,
il  offre aux visiteurs attentifs une riche architecture
médiévale. Les maisons du village sont situées sur des
­cercles concentriques dont le centre est le sommet de la
colline. Ces maisons aux grosses pierres de taille sont très
proches les unes des autres et ­partagent souvent le même
toit de tuiles aux couleurs chaudes. Elles présentent sou-
vent deux à trois étages, ainsi qu’une grande cave qui servait
jadis à stocker les marchandises et les récoltes de légumes.
Certaines maisons possèdent des jardins privés, mais
elles sont plutôt rares. Les villageois préfèrent se retrouver
sur les quatre places du village, dont la principale se situe
en son centre, au sommet de la colline. Cette place est
relativement grande, comparée à la taille du village. Elle est
ombragée par des platanes séculaires, pavée de larges dalles
de pierre grises et noires, qu’un guide touristique date du
XIIe siècle. Au centre trône une vieille église abandonnée et
partiellement en ruine : l’église de la Sainte-Croix.
64
Près d’elle se dresse un monument aux morts, telle une
silhouette lugubre. De cette place centrale partent un grand
nombre de rues du village. Comme des ruisseaux coulant
sur une grosse pierre, elles suivent la dénivellation de la
colline et se transforment quelquefois en escaliers pentus.
Les villageois les nomment alors des grimpants. La plupart
d’entre elles sont pavées. Dans le centre du village, quelques
rues sont couvertes et sont appelées passages. Toutes les
rues mènent à la basse-ville, là où se trouvent les maisons
les plus récentes.
Avant d’atteindre la basse-ville, le promeneur peut
franchir l’une des deux portes encore existantes. Celles-ci
avaient pour fonction d’interdire l’accès à la haute-ville
durant le Moyen Âge. À la hauteur des portes, on peut
encore distinguer les restes des fortifications médiévales.
La basse-ville est composée de maisons et de fermes
­construites aux xixe et xxe siècle. Elles sont moins typées,
plus espacées et ont souvent un grand jardin, gardé par de
féroces chiens.
Ces constructions respectent elles aussi la disposition
circulaire des demeures de la haute-ville. La basse-ville
recèle également des monuments anciens, comme la
grange aux temples, la tour aux corbeaux, le pont du ­diable
ou bien le lavoir et sa fontaine aux fées.
 65
Les Veilleurs

A - L’église Sainte-Croix L - La grange aux temples

B - Le café La Veillée M - La tour aux corbeaux
C - Le café Au rendez-vous des chasseurs N - La maison du père Albert
D - La maison du médecin O - Le lavoir
E - La porte aux loups P - Les ruines du rempart
F - La maison du rebouteux Q - La pierre-à-foudre
G - Le manoir des Saint-Yliades R - La croix du tumulus
H - Le cimetière S - La fontaine aux fées
I - La maison aux gargouilles T - La clairière de l’Ermite
J - L’église Saint-Jean U - La porte aux babouins
K - Le pont au Diable V - L’épicerie Bio - Nature Chez Claire
 Les Veilleurs du Lion Vert
Le village
Vous trouverez dans ce chapitre toutes les
informations concernant le village. Celui-ci
peut se situer virtuellement n’importe où en
France. Son origine est probablement ancienne,
avec de nombreux aspects médiévaux. Le nom
du village n’est pas fixé. Voici quelques
exemples : Serquigny-le-grand, La Motte-en-
creux, Le petit cercle, Rond-la-tour, Le bourg
du Temple, La chapelle en creux.
Ce village est une ancienne commanderie
templière. Les lieux associés à cette comman-
derie sont indiqués par une croix pattée :
Si vous choisissez un village réel, nous
vous conseillons de réadapter le plan du scé-
nario pour en intégrer les spécificités. Vous
pouvez changer le nom des lieux et adapter
certaines descriptions : l’église Sainte-Croix
devient l’église Sainte-Marie par exemple.
Il est important aussi que votre village pos-
sède une église en son centre, lieu principal
du scénario, et que les cinq Plexus soient bien
rattachés à des lieux symboliquement liés à
l’élément. Vous pouvez par exemple rempla-
cer la fontaine aux fées par un étang ou un
cours d’eau. Il suffira d’adapter légèrement les
légendes pour maintenir la cohérence globale.
Des champs cultivés entourent le village, le cernant
d’une palette de couleurs brunes, jaunes et vertes.
Au nord, près de la route départementale, quelques
habitations forment un petit hameau rattaché au village.
Ce  hameau jouxte les murs d’une très grande propriété
boisée. Celle-ci se situe au nord de la départementale et
comprend un grand bois, un manoir du xvie siècle, ainsi
qu’un étang. Il s’agit du manoir Saint-Yliades.
À l’ouest du village, l’église Saint-Jean se niche sur un
petit promontoire rocheux. Près de celle-ci, on trouve le
cimetière et ses hauts cyprès. Il borde le lit d’une rivière
asséchée, qu’enjambe le pont au diable, un vieil ouvrage
abîmé, de style gothique.
Au sud du village se trouve un menhir, planté dans un
champ en friche, comme une sentinelle perdue. Plus loin,
le promeneur pourra apercevoir une belle croix ornant
le croisement de deux chemins vicinaux. Cette croix a
la particularité d’être fichée dans un tumulus. Elle ouvre
le chemin qui mène à la grande forêt domaniale, dans
laquelle les villageois aiment à chasser le gibier. Ils
prennent néanmoins soin d’éviter la clairière centrale, la
clairière de l’Ermite.
66
L’église Sainte-Croix (A)
Située au sommet de la colline, l’église Sainte-Croix
domine tout le village. Il s’agit d’une petite église de style
gothique, décorée de gargouilles dont les grimaces ont été
effacées par le temps. Elle présente la particularité d’être
abandonnée depuis le xvie siècle, et donc d’être en ruines.
De plus, un bombardement allié de la dernière guerre
l’a encore abîmée. Le toit, jadis en plomb, a disparu.
En  revanche, ses vitraux sont restés miraculeusement
intacts. Ils décrivent la découverte de la Sainte-Croix par
les croisés.
Le clocher est la partie de l’église la plus endommagée.
Les deux derniers étages ont disparu et le reste fait main-
tenant office de volière. La cloche, coulée au xvie siècle,
repose, fêlée, sur le sol de l’église. Elle est d’ailleurs enfoncée
dans le dallage sur au moins trente centimètres.
L’intérieur de l’église est un bric-à-brac de cailloux, de
gravats, de détritus, de statues brisées et de morceaux de
bois. L’autel de l’église est encore en bon état.
Sur le sol, cachée par les divers débris de bois et de
pierre, se trouve une mosaïque de marbre blanc et noir. Elle
représente un labyrinthe compliqué, dont le centre est con-
stitué d’une figure géométrique à cinq branches. Au bout
de chaque branche, un symbole a été sculpté. Ces symboles
représentent les cinq Plexus (voir le chapitre Les cinq
Plexus) : le pont du diable, la fontaine aux fées, la clairière
de l’Ermite, la pierre-à-foudre, ainsi que la croix du tumulus.
L’agencement et la longueur des branches indiquent la posi-
tion géographique de ces lieux. Sous la dalle à mosaïque, il
existe une table magique. Dans une large plaque composée
d’argent, de fer, de cuivre et d’aluminium sont incrustés des
canaux de verre dans lesquels circule du mercure. Le réseau
de canaux de verre forme un ensemble de figures géométri-
ques très complexes. Cette plaque est en fait une « rosace
de Ka », fabriquée par les Templiers grâce aux savoir-faire
L’église de la
Sainte-Croix
Les Nephilim peuvent apercevoir le
l­abyrinthe sur le sol s’ils réussissent un
test d’un Vécu lié à la perception ou auto­
matiquement si l’un des Nephilim s’est
incarné dans un religieux au cours d’un vécu
passé. En  vision-Ka, ils peuvent ­d istinguer
la rosace de Ka. Un Nephilim ayant été
incarné au xiii e siècle peut permettre
d’identifier la plaque comme étant le fruit du
travail des bâtisseurs de cathédrales associés
à ­l ’Alchimie. Un Nephilim a sûrement parti-
cipé à sa ­fabrication.

Les Veilleurs
Les vitraux
Ces vitraux racontent l’histoire de la
découverte de la Sainte-Croix par les croisés
lors de la première croisade, sur douze vitraux.
Les six premiers évoquent la légende de sainte
Hélène, femme de Constantin 1er, qui aurait
découvert la Vraie croix sur le mont Golgotha
parmi plusieurs morceaux de bois. Les six
derniers vitraux content l’histoire de la pre-
mière croisade en 1099 menée par Godefroy
de Bouillon. C’est lors de cette croisade que le
fragment de la Vraie croix, caché en 1009 est
redécouvert et installé comme sainte relique
dans la basilique du Saint-Sépulcre.
Le septième vitrail est très intéressant  :
il représente Godefroy de Bouillon arrivant
à Jérusalem. Sa représentation est assez
étrange. Un test d’un Vécu avec perception
réussi (marge de 3) permet de déceler que
Godefroy ne porte pas de casque, mais est
affublé de deux petites cornes sur la tête.
Ce symbole du diable ne correspond pas au
statut prestigieux du personnage. Une petite
plaque accrochée au pied du vitrail précise
que les cornes symbolisaient la puissance
pour les maîtres verriers de l’époque. En réa-
lité, Godefroy de Bouillon était le Simulacre
d’Altamaros, le Satyre Khaïba, installé dans
le manoir Saint-Yliades.
Le dernier vitrail précise que la Vraie
Croix aurait été perdue lors de la bataille de
Hattin et récupérée par Saladin en 1187.
Ce  fragment n’a jamais été retrouvé, même
si beaucoup d’églises possèdent leur vrai
­fragment de la Sainte-Croix.
alchimiques d’Altamaros et sert à focaliser les Plexus afin
de créer un puissant Nexus au centre du village. L’intensité
de la plaque est très faible. Mais il arrive qu’à la suite de
phénomènes atmosphériques importants, sa brillance
gagne en intensité et illumine l’intérieur de l’église.
Cette table couvre un profond trou dans le sol. Ce trou
est en fait l’aboutissement des cinq branches principales
des souterrains du village, creusés au xiiie siècle par les
Templiers. Chaque Plexus, c’est-à-dire chacun des cinq
lieux magiques du village, est relié à l’église par un boyau
souterrain, sur lequel viennent souvent se greffer des boyaux
annexes, qui ont été creusés après le xiiie siècle.
Durant le scénario, l’église va connaître d’importants
changements. En effet, Raoul Dubreuil, le peintre con-
temporain (voir le chapitre Les Personnages), s’en est porté
acquéreur et va la transformer afin d’en faire un atelier de
peinture. Les travaux de rénovation ont commencé quinze
jours avant l’arrivée des Nephilim dans le village. L’église est
67
entourée d’échafaudages de bois. Des blocs de pierre sont
disposés tout autour de la place centrale. De grands cheva-
lets, ainsi que des toiles vierges sont bâchés et posés contre
les arbres qui entourent l’église. L’intérieur du bâtiment a
été lui aussi transformé : une mezzanine a été ajoutée sur
le pourtour de l’église et des appartements privés ont été
construits dans l’ancienne sacristie.
Le café Au rendez-vous
des chasseurs (C)
C’est le café le plus important du village. Il fait aussi
restaurant et hôtel. Installé sur la place centrale du village,
il existe depuis maintenant plus d’un siècle. Son propriétaire
actuel, Michel Tournemine est un lointain descendant
du premier cabaretier. Le café respire la bonne santé et la
joie de vivre. Il est décoré par de nombreux trophées de
chasse, ce qui ne manquera pas de choquer tout bon Elfe
ou même Satyre. Le café doit sa prospérité apparente à sa
fonction de lieu de rendez-vous pour tous les chasseurs de
la région. Il possède une arrière-salle réservée aux soirées des
chasseurs. De plus, Michel Tournemine a converti l’une de
ses chambres en salle de réunion secrète pour la Confrérie
des chasseurs, dont il est un membre actif. Il est le seul à en
détenir la clé.
Si les Nephilim prennent le temps de discuter avec
Michel Tournemine, ils peuvent remarquer qu’il semble
nerveux. En fait, Tournemine a eu des problèmes avec le
fisc et vit dans l’angoisse d’un contrôle fiscal. Il a tendance à
prendre tous les étrangers pour des inspecteurs des impôts.
Le café La Veillée (B)
Second et dernier café du village, La Veillée est en piteux
état. Rien à voir avec son concurrent Au rendez-vous des
chasseurs. Il est situé, comme ce dernier, sur la place centrale
du village, mais ne fait que bar-tabac. Il est constitué d’une
unique salle et du bar. Aux murs, de vieilles cartes postales
du début du siècle dépeignent des scènes de la vie quoti­
dienne des agriculteurs du village. Certaines ont même été
coloriées, leur donnant un aspect désuet inimitable.
Les tables sont sales et gravées de graffitis souvent
orduriers. Le bar est tenu par deux frères jumeaux, bossus,
âgés de 65 ans : Erwan et Gaël Dutilleul. Le café n’a plus
grand-chose à proposer à ses clients, si ce n’est un antique
flipper, toujours en panne.
Mais, tous les 28 jours, durant la pleine lune, le café
connaît une affluence inégalée par son concurrent. En
effet, durant ce jour, le café accueille la réunion mensuelle
des Veilleurs (voir le chapitre Les personnages). L’accès
du café est alors interdit à tout étranger au village. Une
grande partie de la population du village se réunit dans
la salle commune. Les gens s’y entassent les uns contre
les autres. Les deux frères Dutilleul allument leur vieille
cheminée.
 Les Veilleurs commencent alors leur longue nuit de contes et légendes. Trois chiens-loups
gardent l’entrée du café.

L’épicerie Bio - Nature Chez Claire (V)

Tenue par Claire Lebranchesec, une ancienne parisienne venue refaire sa vie au vert dans le
village, cette épicerie propose des produits bio et vegan. L’épicerie occupe les anciens locaux de la
fromagerie du village, fermée il y a quelques années suite au départ à la retraite du maître fromager.
Son commerce n’est pas très florissant, l’alimentation biologique n’étant pas encore très acceptée
au village, mais Claire Lebranchesec persiste. Elle se laisse encore une année. Arthur Lenoir,
le rebouteux du village, est déjà venu plusieurs fois lui acheter quelques produits pour ses potions.
Il pense que Claire est membre d’une confrérie occulte et cherche à en savoir plus. Les alchimistes
du groupe pourront d’ailleurs se fournir en ingrédients nécessaires à la préparation de certaines
de leurs formules.

La maison du médecin (D)

C’est l’une des plus grandes demeures du village. Possédée jusque récemment par l’ancien
médecin de campagne Georges Allama, elle a été rachetée par Laurent Grilpin, le nouveau
médecin. La demeure est typique du style architectural du village : bâtie en grandes pierres de
taille avec un toit en tuiles. Les volets ont été récemment repeints en vert et rouge, mais restent
toujours clos.
La maison est entourée d’un jardin à la végétation luxuriante, dont l’entretien laisse particu-
lièrement à désirer. Laurent Grilpin y a installé six chats monstrueux et à demi-sauvages. Ils ont
déjà blessé deux jeunes garçons qui tentaient de pénétrer dans la propriété pour voler quelques
pommes. La demeure possède deux étages et une cave.
La cave communique avec les souterrains du village (voir Les souterrains), mais Grilpin, bien
qu’il s’en doute, a jusqu’alors été incapable d’en trouver l’entrée. Celle-ci est dissimulée par un
ancien four à pain. Il faut dégager plus de 500 kg de pierre et de salpêtre pour y avoir accès. Pour
déplacer ce four à pain, les Nephilim doivent réussir deux actions liées à la force, l’une avec une
approche de Feu et l’autre avec une approche d’Eau. Le souterrain se divise quant à lui en deux
sections : l’une communique avec le réseau de Terre, l’autre, plus tardif, va au cimetière, mais est
muré avant de l’atteindre.
Les étages ont été aménagés par Laurent Grilpin lui-même, ce avec fort mauvais goût.
Le médecin a repensé une pièce au deuxième étage, toujours fermée à clé, afin d’en faire son
cabinet de travail templier. Cette pièce est protégée par un système d’alarme électronique, qui
déclenche une sirène si l’on force la serrure ou la porte. C’est une petite pièce aux murs noirs
décorés d’épées d’argent. Il a installé une petite bibliothèque templière, avec une importante
documentation sur l’ancienne commanderie située sur les terres du village. Cette commanderie
est aujourd’hui détruite et ses ruines sont disséminées sous plusieurs bâtiments importants du
village : la grange aux temples, la tour aux corbeaux, la maison aux gargouilles, la maison du
père Albert et la porte aux babouins.
Les Nephilim pourront y trouver des informations intéressantes sur la commanderie et leur
ennemie de l’époque, la famille Saint-Yliades. L’un des membres des Saint-Yliades aurait trahi sa
famille pour s’allier avec les Templiers. Ces derniers l’auraient assassiné en récompense.
Laurent Grilpin a également entreposé dans cette pièce tout un matériel d’archéologie et
de spéléologie : pelles, piolets, cordes, lampes frontales, etc.

La porte aux babouins (U)

C’est une porte médiévale constituée de deux petites tours et d’une arche, sous laquelle on peut
encore distinguer la herse, intacte depuis le xiiie siècle. Elle marque la fin de la haute-ville. Cette
porte présente la particularité d’être décorée de nombreuses sculptures de babouins. Ces ­babouins
sont dépeints avec un réalisme criant.
68
69
 Les Veilleurs du Lion Vert
La porte aux
babouins
Un test réussi dans un Vécu lié à l’observa-
tion permet de remarquer la statue possédant
les inscriptions les mieux conservées. Des
connaissances en latin permettent d’en lire le
début. Tout Vécu passé à l’époque antique au
moins égal à 4 permet de comprendre automa-
tiquement la phrase. Dans le cas contraire, le
Nephilim a le droit à deux essais. Le premier
lui prend environ 1 minute et le deuxième 5
minutes. Or, il  faut 3 minutes pour suivre
toutes les figures avec le doigt et ainsi déclen-
cher la liaison magique. Si un Nephilim passe
en vision-Ka, il pourra distinguer des restes
d’orichalque dans les lettres sculptées et donc
avertir ses frères du danger.
La commanderie
templière
du XIIe siècle
Au XIIe siècle, l’Arcane Mineur du Bâton
se révèle au grand jour, c’est le Temple
exotérique. L’Arcane a besoin d’afficher sa
puissance pour avancer dans son Grand
Plan. Un grand maître est désigné comme
le ­fondateur de l’ordre, Hugues de Payens,
entouré de huit chevaliers. L’un de ces huit
chevaliers, Archambaud de Saint-Aignan, au
retour des croisades, décide de s’installer dans
la région du village et fonde une commande-
rie. Ce Manteau blanc fait prospérer la région
et sa commanderie grâce notamment aux
privilèges accordés par le pape : exemption de
taxes, possibilité de percevoir des impôts…
Cet apport financier leur offre la possibi-
lité de construire de nouveaux bâtiments  :
une  église, un cimetière, une grange, une
muraille p­ rotectrice… permettant au village
de faire croître sa démographie. L’obédience
templière rattachée à cette commanderie
n’est pas définie dans ce scénario. C’est à vous
Meneur de jeu, de la choisir en fonction de la
localisation du village des Veilleurs (voir le
livre  Les Templiers). La hiérarchie de Laurent
Grilpin sera de la même obédience.
70
Ils portent des vêtements ecclésiastiques, ainsi que des
attributs religieux, comme une crosse d’évêque, des mitres,
des encensoirs et des calices. En examinant bien les sculp-
tures, on peut remarquer que les babouins possèdent des
oreilles pointues et une toison dont il est difficile de savoir
si elle est faite de poils ou de plumes. Le socle de chaque
sculpture est entouré d’un mince filet de métal qui ressem-
ble à du plomb. Ce métal présente des traces d’écriture,
aujourd’hui effacée.
Ces statues et ces écritures sont les restes des prisons à
Nephilim qu’utilisaient les Templiers de la commanderie.
Ce sont à la fois des stases et des bocaux à homoncules. Ces
objets magiques sont pour la plupart endommagés et inef-
ficaces. Mais, parmi ces signes du passé, il en reste un qui
représente un réel danger pour les Nephilim. C’est la statue
qui possède les inscriptions les mieux conservées. Le début
de l’inscription est en latin et dit « Suis avec tes doigts les
contours des lettres et tu apprendras la vérité du Temple ».
Si un Nephilim examine la suite de la phrase, il aperçoit
des lettres étranges, à demi-effacées par le temps et le
passage des doigts des visiteurs, qui sont en fait des
glyphes utilisés par les Templiers. Si un Nephilim réussit
un test dans un Vécu connaissant le latin (voir Encadré),
il peut lire la phrase suivante  : «  Malheur à l’Inconnu
Supérieur ! Que les cinq punitions-croix tombent
sur lui afin de nous donner la domination éternelle  ».
Ces lettres magiques forment une partie de la formule qui
permet de capturer l’un des Ka-éléments du Nephilim
pour commencer sa transformation en homoncule.
Si un Nephilim pose le doigt sur les écritures et suit le
dessin des lettres, il devra faire un test opposé : l’un de ses
cinq Ka-éléments (déterminé aléatoirement) contre un
degré de 7. Si le test est réussi, rien ne se passe. Si le test
échoue, il perdra 1 degré dans ce Ka-élément. Les Nephilim
pourront alors voir que la statuette du singe se modifie
légèrement. Elle acquiert les traits qui caractérisent le méta-
morphe du Nephilim victime du maléfice. Ce dernier sera
alors lié magiquement à cette statue. Chaque point que le
Nephilim gagnera ultérieurement dans ce Ka-élément ira
directement dans la statue. Seuls des sorts ou certaines
techniques utilisées par les Nephilim de l’Arcane XIV de
la Tempérance peuvent guérir la victime.
Les ruines du rempart (P)
Il reste quelques vestiges des dignes remparts constru-
its par le premier seigneur du lieu, vers la fin du xie siècle.
Ces vestiges commencent à la porte aux babouins, pour rapi-
dement se perdre dans les murs de soutènement des maisons
avoisinantes. À environ cinquante mètres de la porte aux
babouins, dans la cour d’une petite demeure du village, les
remparts dissimulent, près du sol, une ancienne entrée qui
mène aux souterrains de la ville. Cette entrée débouche dans
la galerie la plus importante du village, qui mène directement
à la grange aux temples et à la croix du tumulus.

Les Veilleurs
La maison aux
gargouilles (I)
C’est l’une des maisons les plus pittoresques
du village, car elle a été construite sur
­l’ancienne chapelle des Templiers. La demeure
en conserve les principales caractéristiques.
Des fenêtres ogivales habillent élégamment la façade.
La porte d’entrée de la maison est surmontée de grandes
gargouilles représentant un hippopotame et un âne.
Le toit de la maison porte une girouette toujours fixée sur
le Nord. La maison appartient au chef des Veilleurs, le
grand Conteur, Pierre Marcheneau pour l’État-civil.
C’est un grand amateur d’animaux empaillés. Sa maison
regorge de ces bêtes au regard vide et au poil terne. Cela va
du chat noir à l’alligator de Floride, en passant par la tête
de cerf, un trophée de chasse. Parmi les animaux empaillés
de Pierre Marcheneau, les Nephilim peuvent reconnaître
une étrange créature. C’est en fait un des gnomes issus
du bois du crucifix du père Albert.
La maison du père
Albert (N)
La maison du père Albert présente la particu-
larité d’avoir été construite sur l’ancien
cimetière templier. C’e st la raison pour
laquelle son propriétaire, un vieux charp-
entier un peu fou du nom d’Albert Fauchon, raconte à
qui veut bien l’entendre que sa cave est hantée par les
forces du mal. Il a barricadé la porte qui y mène grâce à
un énorme crucifix, véritable chef-d’œ uvre d’art brut.
Ce crucifix est construit en bois et en coquillages et est
décoré par des milliers de morceaux d’assiettes des
années cinquante q­ u’A lbert a soigneusement sélec-
tionnées tout au long de sa vie. Le crucifix présente des
bords coupants à cause des coquillages. Le Christ est
confectionné à partir d’un bois très noir, lui donnant une
coloration de peau plutôt inhabituelle.
Mais le plus étrange est qu’il semble vivant. Les veines
sur les bras palpitent, les poumons se gonflent, la sueur
coule sur la peau. En effet, Albert fait partie des Veilleurs et
connaît certains secrets de la propriété des Saint-Yliades. Il y
est allé, un soir, pour chercher du bois et en a ramené ce qu’il
appelle « le bois de la vie » qui est en fait un bois contaminé
par l’énergie du Nephilim Khaïba vivant dans le domaine.
Mais, depuis la confection de son Christ, la vie d’Albert est
devenue un enfer. En effet, les copeaux et les déchets de ses
travaux se sont transformés en petits lutins qui détruisent
sa vie à coups de cure-dents et de fourchettes. Ces lutins se
sont réfugiés dans la cheminée toujours éteinte de la mai-
son. Pour plus de renseignements sur les lutins de Terre,
reportez-vous à la partie traitant du Nephilim Khaïba.
Albert refuse avec une énergie décuplée par la peur que
l’on visite la cave de sa maison. Il est même capable d’utiliser
71
le crucifix comme arme pour repousser tout indésirable.
Dans la cave du père Albert se trouvent les restes de l’an-
cien cimetière templier. Dans une profonde obscurité, on
peut apercevoir d’inquiétantes lueurs d’aspect surnaturel.
De fait, la cave est le refuge d’une bande de chiens dégénérés.
Transformés par la proximité du Christ en bois de la vie,
ces huit créatures ont perdu toute couleur, ainsi que le sens
de la vue. Leurs moustaches se sont allongées et leurs pattes
épaissies. Albert les a pris en pitié et les nourrit chaque jour
de petits animaux qu’il chasse lui-même (rats, souris, gros
insectes, etc.).
Parmi le bric-à-brac de la cave, on trouve, pêle-mêle, de
nombreux cadavres d’animaux, des déjections de chien, des
restes de pierres tombales et de croix de bois.
L’une de ces pierres tombales est très bien conservée.
Elle porte une inscription latine :
« Toi, serviteur de la vérité du Temple, qui a réussi la plus
Les chiens
des ténèbres
8 chiens albinos, corps musclés et aveugles
Menace 5, dommages 3, protection 1
grande tâche de ta vie, toi, Archambaud de Saint-Aignan,
tu nous as sauvés de la menace. Saint-Yliades n’est plus,
par la grâce du Bâton. »
Grâce à la bibliothèque de Laurent Grilpin, les Nephilim
peuvent apprendre qu’Archambaud de Saint-Aignan f­ aisait
partie des premiers Templiers à s’être installés dans le village,
en 1150. Il fut enterré à sa mort dans le cimetière templier.
Si la curiosité les pousse à ouvrir la pierre tombale, ils y
découvrent quelques os et des habits de templiers portant
la croix pattée, restes du défunt Archambaud de Saint-
Aignan. S’ils fouillent sans passer en vision-Ka, ils touchent
par inadvertance une chevalière en orichalque qui leur cause
immédiatement des dommages magiques (Dommages 4).
Le lavoir (O)
Le village possède encore un lavoir de pierre, couvert
et intact. Il est utilisé par les aînées du village. Ses dimen-
sions sont respectables et il présente un indéniable cachet
­médiéval, avec ses petits bancs de pierre et ses galets de
nettoyage. C’est un lieu de socialisation important. C’est
là qu’on peut entendre la plupart des vieilles légendes qui
courent sur le village et ses environs.
Le lavoir est alimenté par l’eau de la fontaine aux fées.
L’ eau y est toujours parfaitement pure. Au fond du lavoir,
les Nephilim peuvent apercevoir des traces de Ka- Eau.
Lors de conjonctions d’Eau, les traces de Ka-élément
 Les Veilleurs du Lion Vert
forment d’étranges figures liées à l’eau : des formes de penta-
cles, d’animaux marins, etc.
La grange aux temples (L)
Cette grosse ferme est habitée par l’une des
plus importantes familles de fermiers de la
région, les Leret. Elle a conservé un aspect
médiéval certain, quelques parties du ­bâtiment
tombant même en ruines.
La ferme se compose d’un bâtiment principal et de
deux ailes. L’ensemble est entouré par les restes d’un mur
de ­fortification, qui ne s’élève plus aujourd’hui qu’à une
trentaine de centimètres.
Les soubassements et les caves de la ferme sont en fait
les restes du bâtiment central de la commanderie templière.
Les caves sont actuellement utilisées par les fermiers
pour le stockage des produits de la ferme. On y accède
par chacun des bâtiments. Il existe également une entrée
oubliée, ­perdue au milieu des décombres du mur d’enceinte.
Les  caves renferment également la principale entrée des
souterrains du village (voir Les souterrains). Cette entrée
est celle la plus couramment utilisée par les Veilleurs. Les
fermiers, membres influents de cette confrérie, en connais-
sent tous les accès. Ils sont nombreux et parfois dangereux.
Dans certaines parties des caves, on peut trouver un
grand nombre de restes de la commanderie templière.
Les murs sont souvent couverts de graffitis. Une salle, dont
l’entrée a été soigneusement dissimulée par les fermiers,
renferme une grande quantité d’objets trouvés dans les
caves. Pêle-mêle, on trouve une épée rouillée marquée du
sceau des Templiers, des gobelets d’or et d’argent, ainsi
qu’un gros livre écrit en ancien français. Ce livre contient
un grand nombre d’informations sur les relations entre les
Templiers et le comte de Saint-Yliades. Il conte la partie de
la légende de Saint-Yliades sous forme de récit historique,
pour la période antérieure à 1315.
Pour comprendre ce livre, les Nephilim doivent
utiliser un Vécu passé pendant lequel ils auraient pu pra-
tiquer l’ancien français. Il faut 8 heures environ pour en
venir totalement à bout, mais après 3 heures de lecture,
les Nephilim sauront l’essentiel de la légende.
La tour aux corbeaux (M)
C’est en fait l’ancienne tour de guet de la com-
manderie templière. Elle est située à une
centaine de mètres de la grange aux temples.
Miraculeusement intacte, la tour sert aujo-
urd’hui de refuge à de nombreux oiseaux de la région.
Lorsqu’on pénètre dans la tour par l’ouverture aujourd’hui
située au sol - il fallait jadis monter un escalier -, un vacarme
assourdissant se fait entendre. Toutes sortes de volatiles ont élu
domicile sur les restes des planchers de pierre. Les vestiges des
trois étages sont envahis par des corbeaux, pigeons, merles, etc.
72
Par ailleurs, la tour ne présente aucun intérêt particulier,
si ce n’est que ses fondations, aujourd’hui enfouies quatre à
cinq mètres sous terre, communiquent avec les souterrains.
Il est cependant impossible d’en trouver l’accès, à moins
d’entreprendre des travaux de déblaiement d’une bonne
semaine avec une pelleteuse.
L’église Saint-Jean (J)
Cette église est celle qui sert au curé Jacques Crux
pour la messe et tous les offices religieux. De ­construction
relativement récente par rapport au reste du village du
xvie siècle, son architecture baroque, à la limite du rococo,
contraste singulièrement avec l’aspect médiéval des autres
bâtiments.
Elle est située à quelques centaines de mètres à l’ouest
du village, sur un petit promontoire rocheux. Le curé vit
dans la sacristie aujourd’hui aménagée de façon moderne :
Internet, téléphone portable, etc. (I)
L’église comporte un reliquaire du ixe siècle en forme
d’avant-bras, censé contenir une relique. Cette relique, le
petit doigt de Saint-Jean, n’est pas reconnue par l’Église.
Le curé, qui n’encourage pas la vénération de cette relique,
ne fait cependant rien qui puisse y mettre fin.
Le cimetière (H)
Le petit cimetière du village, situé à proximité immédi-
ate de l’église Saint-Jean, compte une centaine de tombes.
Baigné de l’ombre bienvenue de cyprès centenaires, il borde
le lit d’une rivière aujourd’hui asséchée.
La majorité des sépultures sont de simples pierres tom-
bales, qui sont cependant toutes ornées de croix templières.
On trouve néanmoins quatre caveaux en ruines, qui ne
sont plus utilisés. Un autre caveau, encore entretenu, est
la propriété de la famille Leret. Ce cimetière est le lieu de
prédilection du Prouxit, l’idiot du village (voir Le Prouxit). Il
y passe le plus clair de son temps, à parler aux oiseaux et aux
rongeurs. Il a aménagé l’un des caveaux abandonnés.
On lui a permis de rester dans le cimetière à condition
qu’il l’entretienne, ce qu’il fait parfaitement. Le Prouxit n’aime
pas les inconnus. Il s’amuse à leurs dépens en les effrayant.
Pour cela, il se déguise en mort-vivant (zombie, avec de
la terre partout, les ongles longs, le cheveu gras, des dents
déchaussées), et beugle en faisant de grands gestes. Il connaît
parfaitement le cimetière et utilise les passages souterrains
qui existent pour mieux surprendre les malheureux touristes.
La porte aux loups (E)
C’est une ancienne porte du xiiie siècle, relativement
intacte. Elle enjambe la route départementale qui mène au
village et comporte une petite tour qui abrite aujourd’hui
un délégué départemental de l’office de tourisme. Ce pauvre
petit vieux, âgé de 65 ans, radote un peu et passe son temps à
 73
Les Veilleurs
raconter aux touristes des légendes qu’il invente lui-même
chaque jour. Les visiteurs peuvent ainsi apprendre un jour
que le nom de la porte vient de la grande famine de 1435,
qui emporta la moitié des habitants et qui poussa les loups
jusque dans le village. Le lendemain, le petit vieux racon-
tera que François Villon, de passage ici, y fut attaqué par
deux loups.

La maison du rebouteux (F)

Ce vieil homme de 84 ans, Arthur Lenoir, vit dans une
petite maison en dehors du village ­lui-même. La bâtisse est
récente et jure franchement avec le style du village.
Il vit dans une petite chambre encombrée de toutes sortes
de cristaux, pierres, pendules et autres accessoires propres à
l’exercice de sa profession.
Il reçoit dans un petit salon dont les murs sont recouverts
des photographies de ses clients. Il y en a une bonne centaine.
Il a également affiché aux murs les quelques a­ rticles de presse
locale qui parlent de lui. La pièce sent l’encens en permanence.
Une des photos montre un enfant disparu qu’il a retrouvé
grâce, dit-il, à ses merveilleux talents de magnétiseur.

Le manoir des
Saint-Yliades (G)
Situé à quelques centaines de mètres du village, de l’autre
côté de la route départementale, le vieux manoir des Saint-
Yliades jette sa grande ombre fuligineuse sur les alentours.
Toute la physionomie de la propriété a été changée par la
présence du Khaïba depuis maintenant plus de mille ans.
Le manoir est le centre d’une grande propriété, compre­
nant quatre hectares de forêt privée, un jardin et un étang. Le
manoir en lui-même est d’apparence Renaissance (xvie siè-
cle). L’une de ses deux ailes a été rajoutée au xixe siècle et
comporte un grand nombre de caracté­ristiques néogothiques
(gargouilles, fenêtres avec croisées d’ogives, etc.) En fait, il fut
reconstruit pour la dernière fois en 1524, après un incendie
qui détruisit le bâtiment ori­ginal, qui avait jusque-là été con-
servé depuis sa construction en l’an 1011. L’aile néogothique
fut ajoutée en 1877 par ­l’arrière-grand-père de Monique de
Saint-Yliades, un doux rêveur très versé dans l’occultisme
populaire.
Le manoir est composé de deux ailes et d’une partie
­centrale. Les ailes sont totalement abandonnées, à l’excep-
tion d’une pièce et d’un couloir de l’aile néogothique, utilisés
par une bande de gamins du village qui se livrent à des jeux
cruels sous la conduite des lutins du Khaïba. Le Nephilim
Khaïba survit dans une sorte de grotte, qu’il a lui-même
creusée sous la terre de la propriété afin d’y loger sa masse
particulièrement imposante. Il utilise seulement la cave du
manoir, laissant le reste des pièces à ses excroissances et
ses lutins. L’ensemble du parc lui sert d’appareil de survie.
Ainsi, ses poumons et ses organes de respiration sont
les arbres du parc.
 Les Veilleurs du Lion Vert
La propriété
La propriété est composée d’un parc, d’un étang et du
manoir. Elle est entourée d’un grand mur de pierre haut de
deux mètres et dont le sommet est protégé par des tessons
de bouteilles. Si des habitants des maisons proches du
manoir sont interrogés à propos de ce mur, ils répondront
que le maire a bien fait de faire mettre des tessons de verre
sur le mur, car ils dissuadent les enfants d’aller jouer dans
le parc. Il existe une entrée principale de l’autre côté de la
route. Elle est protégée par une très grande grille en fer
forgé, de style classique, derrière laquelle se trouvent trois
châtaigniers bombardiers. La grande grille n’est utilisée que
par Monique de Saint-Yliades.
Le parc
Le parc est particulièrement sinistre, car il est soumis
à l’influence directe du Khaïba. Il est composé de grands
arbres, chênes et platanes, dont l’écorce est toute lisse et
suintante d’une sorte de sève rosâtre, poisseuse et chaude.
Si l’on colle son oreille contre ces arbres, on peut entendre
distinctement pulser la sève, selon un rythme très lent, mais
dont la séquence ressemble à celle d’un cœur. Certains
arbres, comme les trois grands châtaigniers situés près de
la grille d’entrée, sont capables d’actes agressifs. En effet,
les pointes des bogues se sont durcies considérablement et
sont devenues effilées comme des clous. Lorsque des intrus
passent sous ces arbres, ceux-ci réagissent en les bombar-
dant cruellement de leurs fruits meurtriers. Les plantes du
parc poussent tordues et les fleurs prennent des couleurs
74
peu engageantes comme le marron, le kaki ou même le
noir. Elles donnent surtout l’impression d’être dotées d’un
mouvement propre. Elles se dressent sur le passage des
éventuels promeneurs, touchant et palpant leurs mollets.
Certains Nephilim un peu tendus peuvent alors entendre
comme un bruit de reniflement. Bien qu’inoffensives en
soi, ces plantes renseignent le Khaïba sur les visiteurs du
manoir. C’est ainsi que plusieurs voleurs ont été écartés par
le Khaïba. Les animaux vivants dans le parc ont eux aussi
été quelque peu métamorphosés par les ondes magiques
du Khaïba. Ainsi, les insectes sont beaucoup plus gros et
très agressifs. Mais, au lieu d’être recouverts de leur peau
chitineuse habituelle, la plupart possèdent une peau ou
une carapace élastique comme de la peau tendue, mais
très résistante à la pression. On peut distinguer sous la
peau tout un réseau de veinules véhiculant un sang très
sombre, de couleur proche du violet. Ces insectes émettent
des crissements et des sons stridents particulièrement
éprouvants pour les nerfs. Les animaux fouisseurs, comme
les taupes ont totalement disparu. Ils sont devenus partie
intégrante de la masse protoplasmique du Khaïba.
Aucun villageois, hormis une petite bande de gamins,
n’ose s’approcher de ce parc, et encore moins s’y promener.
Ces gamins connaissent une entrée discrète derrière la
propriété, là où une partie des pierres composant le mur
peuvent être enlevées. Ces enfants jouent à des jeux cruels,
donnant en pâture chats et chiens aux excroissances et
aux lutins du Khaïba. Ces derniers s’amusent à torturer
les  ­pauvres bêtes pour la plus grande joie sadique de la
bande de chenapans.

Les Veilleurs
L’étang
L’é tang présente plusieurs particularités étranges.
Le Khaïba y déverse tous ses déchets. L’eau y a toujours une
couleur boueuse. Elle semble être recouverte d’une croûte
de terre qui grimace à chaque remous liquide de l’étang.
Les saules pleureurs entourant l’étang n’ont plus de feuilles
et ressemblent à d’immenses fouets de bois souple. L’étang
est entouré par des marécages traîtres dans lesquels les
chances de s’enliser sont grandes.
Le manoir
La partie centrale du manoir
La partie centrale du manoir est la plus ancienne.
Détruite au début du xvie siècle, elle fut rebâtie selon les
canons architecturaux de l’époque. Sa façade, composée
de trois étages, est harmonieuse, les fenêtres rectangulaires
ornées de colonnettes à la grecque diminuent de taille en
fonction de leur emplacement sur la façade. Celle-ci est
décorée par de nombreuses sculptures, souvent en très
mauvais état, venant se loger le long des encorbellements
et des fenêtres. Mais, globalement, l’ensemble de la façade
donne plutôt l’impression d’avoir été laissé à l’abandon pen-
dant de nombreuses années. De plus, certaines parties de
cette façade semblent avoir été victimes de grands coups de
pioches. Ces endroits abîmés sont très souvent recouverts
d’une boue dont la ­couleur est proche de celle du sang.
L’intérieur du bâtiment est aménagé de façon rudimentaire
pour permettre à Monique de Saint-Yliades de pouvoir y
vivre un peu. Il est constitué d’un rez-de-chaussée et de deux
étages. Il comporte un grand hall menant aux diverses pièces
du rez-de-chaussée et des étages. Cette partie reste relative-
ment bien entretenue, car Monique y vient régulièrement
pour y entreposer ses insectes. Elle a réquisitionné l’ancien
salon et la salle à manger qu’elle a transformés en véritable
muséum d’entomologie. On peut y voir un très grand nom-
bre de papillons, certains extrêmement rares. En revanche,
dans les autres pièces, les rares meubles restants sont recou-
verts de draps blancs. Le reste de la partie centrale compte
une grande cuisine, quatre chambres, deux salles de bains
et deux toilettes. On n’y trouve rien de bien intéressant si
ce n’est les insectes de Monique.
L’aile Renaissance
L’aile Renaissance est également abandonnée. Elle n’est
absolument pas entretenue, Monique n’y mettant jamais
les pieds. Elle est encombrée d’un bric-à-brac totalement
inintéressant. Pêle-mêle, on y trouve une collection de
cors de chasse, des draps blancs recouvrant des meubles
totalement décrépits ainsi qu’une multitude de chats qui
entrent et sortent par les fenêtres brisées. Ces chats com-
mencent d’ailleurs à subir peu à peu la transformation due
à la proximité du Khaïba, et voient leurs canines s’allonger
75
démesurément. Ils passent le plus clair de leur temps à se
battre entre eux. L’aile Renaissance compte cinq chambres,
deux salons, trois salles de bains et deux toilettes.
L’aile néogothique
L’aile néogothique comporte un rez-de-chaussée et deux
étages. Le rez-de-chaussée est inhabité. Cependant, une
bande de quatre gamins du village y a trouvé un endroit de
jeu rêvé. Ils utilisent régulièrement un long couloir et une
grande chambre. Ils ont tenté de s’aventurer plus loin, mais
l’odeur et la menace du Khaïba les en ont dissuadés. L’aile
néogothique compte huit chambres, quatre salles de bains
avec toilettes, deux cuisines et de nombreux petits couloirs
et passages dérobés.
La cave
La cave est entièrement utilisée par le Khaïba.
Les excroissances de ce dernier ont pris entièrement pos-
session du sous-sol, à partir de la caverne du Khaïba. Le sol
semble fait de terre fraîche et meuble. En fait, l’ensemble
de celui-ci est une gigantesque extension du Khaïba, qui
l’utilise pour se nourrir, un peu à la manière d’une plante
carnivore. Par ailleurs, la cave recèle une végétation luxuri-
ante et on peut y entendre des cris d’oiseaux et des bruits
­d’insectes. Une douce lueur vert pâle y règne en perma-
nence, plongeant l’endroit dans une atmosphère lugubre qui
fait souvent confondre ombres et réalité. Au nord, un mur
de la cave a été abattu et une nouvelle section a été ajoutée.
C’est la caverne du Khaïba.
La caverne
C’est ici que vit le Nephilim Khaïba. À quelques dizaines
de mètres au nord du manoir, il a creusé un prolongement
de la cave où il s’est retiré, se nourrissant des animaux qu’il
capture directement dans la cave et de ceux que lui appor-
tent ses lutins, avec la complicité des enfants. La caverne
est grande d’environ trente à quarante mètres de diamètre.
On y accède de deux façons : par la cave en suivant le boyau
creusé par le Nephilim Khaïba, ou par le parc. L’entrée de
la caverne située dans le parc est en fait une ancienne allée
couverte, lentement envahie par des amas de buissons aux
couleurs étranges (mauve et kaki). Ces buissons sont en
fait des excroissances du Khaïba, qui le renseigneront sur
l’arrivée d’éventuels visiteurs. Au bout de l’allée couverte,
un petit passage a été dégagé par les lutins pour pouvoir
sortir aisément de la caverne. En empruntant ce passage, les
Nephilim pourront sentir une forte odeur de terre, mêlant
fragrances de champignons, de moisissures, de végétation et
de pourriture. Le boyau mesure environ 1 mètre 20 de haut
et à peine 1 mètre de large. Les parois en sont recouvertes
de racines et de veinules de bois, dans lesquelles pulse la
sève nourricière du Khaïba. Après environ trois minutes de
marche difficile, le boyau s’élargit légèrement, et une douce
lueur vert pâle envahit les lieux. Les Nephilim peuvent
 Les Veilleurs du Lion Vert
entendre un bruit sourd et régulier, à mi-chemin entre
une respiration et des battements de cœur. Après environ
dix mètres, le boyau débouche finalement sur la caverne
du Khaïba.
C’est là qu’il vit, grosse masse puissante de terre à l’état
brut. Pour plus de détails sur le Khaïba, reportez-vous à la
description d’Altamaros.
Les souterrains
Les souterrains sont l’une des principales spécificités du
village. Leur réseau, dont l’origine remonte au xiiie siècle,
mais qui fut modifié à plusieurs reprises, couvre environ
10 à 15 kilomètres.
Les entrées
Le village compte sept lieux permettant d’entrer dans les
souterrains :
* la maison de Laurent Grilpin, le médecin : la légende
dit que la maison du médecin communique avec les
souterrains. Personne n’a cependant encore réussi à en
trouver l’entrée ;
* les ruines du rempart : il existe une entrée cachée à
une cinquantaine de mètres de la porte aux babouins ;
* la maison du père Albert : dans la cave de la maison
se trouvent les ruines de l’ancien cimetière templier,
qui communique avec les souterrains ;
* la grange aux temples : tout le monde dans le village
connaît l’entrée de la grange aux temples. En effet, c’est
par là que passent les Veilleurs lorsqu’ils se rendent à
une réunion chez les Leret. En fait, il existe un grand
nombre d’entrées dans les caves de la ferme Leret.
­Eux-mêmes ne les connaissent pas toutes ;
* le mur d’enceinte de la grange aux temples : une issue
est dissimulée dans les ruines du mur d’enceinte de
la grange aux temples ;
* l’église Sainte-Croix  : personne dans le village ne
sait qu’il existe une entrée des souterrains dans l’église
Sainte-Croix ;
* la tour aux corbeaux : si on déblayait le sol de la tour
aux corbeaux, on trouverait une entrée des souterrains.
Mais le déblaiement de la tour n’a jamais intéressé
­personne.
Les cinq réseaux principaux
Il existe cinq grands réseaux principaux de souter-
rains. Chacun mène à l’un des cinq Plexus. Construits au
xiie  ­siècle par les Templiers, ces réseaux ont une utilité
occulte extrêmement importante. En effet, grâce à un
mécanisme secret, il est possible de créer un Nexus au
­centre du village en rassemblant les cinq Plexus élémen-
taires qui passent autour (voir le chapitre Le scénario pour
connaître le mécanisme et son fonctionnement).
L’accès des réseaux à l’église est aujourd’hui bouché.
Pour le trouver, les Nephilim devront parcourir conscien-
76
cieusement les divers réseaux et, utilisant leur vision-Ka,
déduire l’emplacement du boyau commun, aujourd’hui
obstrué, menant à l’église.
L’ensemble de ces réseaux est en très bon état, car ils
furent initialement très bien creusés.
* Le réseau de Feu
Le réseau de Feu relie l’église Sainte-Croix à la pierre-
à-foudre au sud-ouest du village. En  ’éloignant de l’église
vers la pierre-à-foudre, la tempé­rature augmente, jusqu’à
atteindre 30 degrés. Le menhir à la croix est le siège du
Plexus de Feu.
Dans le réseau de Feu, à proximité immédiate de la
pierre-à-foudre, vivent de très nombreuses salamandres.
Il arrive parfois lors de fortes chaleurs que les salamandres
recouvrent le menhir lui donnant un aspect presque vivant.
* Le réseau d’Air
Le réseau d’Air relie l’église Sainte-Croix au pont du
diable. Celui-ci, qui n’enjambe plus aujourd’hui qu’un
lit de rivière asséchée par les vents puissants, est le siège
d’un Plexus d’Air.
En s’approchant du pont du diable par le réseau d’Air,
on sent une brise forcir jusqu’à atteindre l’intensité d’une
petite tempête. Le boyau s’arrête devant les fondations de
l’un des pieds du pont, qui est gravé du symbole de l’air.
À proximité de la fin du tunnel vivent de nombreux scar-
abées volants.
* Le réseau de Terre
Le réseau de Terre relie l’église Sainte-Croix à la clairière
de l’Ermite. C’est le plus long tunnel, puisque le boyau
­principal fait plus de deux kilomètres de long. En s’appro-
chant de l’issue du tunnel, qui débouche sur une combe
dans la clairière, la végétation devient luxuriante et gêne
parfois même la progression.
La clairière est le siège d’un Plexus de Terre.
À proximité de l’extrémité du tunnel vivent de nom-
breuses taupes aux yeux rouges et aux pattes griffues.
* Le réseau d’Eau
Le réseau d’Eau relie l’église Sainte-Croix à la fontaine
aux fées. En s’approchant de l’issue du tunnel, qui débouche
sur un large bassin souterrain alimentant la fontaine, l’eau
envahit progressivement le boyau, jusqu’à atteindre la
­hauteur de la hanche.
La fontaine et le bassin sont le siège d’un Plexus d’Eau.
À proximité de l’issue du tunnel, on peut apercevoir de
nombreux poissons qui vivent dans l’eau du tunnel.
* Le réseau de Lune
Le réseau de Lune relie l’église Sainte-Croix et la croix du
tumulus. En s’approchant de l’issue du tunnel, on s’aperçoit
qu’une lueur pâle et blanchâtre envahit petit à petit le boyau.
Cette lumière semble totalement déplacée sous terre. On

Les Veilleurs
peut également remarquer la présence de nombreuses chau-
ves-souris accrochées aux parois accidentées de ce tunnel.
Le tumulus est le siège d’un Plexus de Lune.
* Les réseaux annexes
Il existe sous le village une grande quantité de réseaux
annexes, dont certains ont été creusés après le xiiie siècle.
* Le réseau templier
Les Templiers ont complété les cinq réseaux
principaux par une série de galeries leur
­permettant de se déplacer hors de vue du
monde extérieur.
Ce réseau relie la grange aux temples, la tour aux
­corbeaux, le cimetière templier dans la cave de la maison du
père Albert et la maison du médecin.
Les différents boyaux se connectent aux réseaux
­principaux en de multiples points.
77
* Le réseau de la Résistance
Durant la dernière guerre, les résistants ont creusé un
ensemble de galeries  : celles-ci relient la poste, la mairie,
la gare et l’église Saint-Jean. Ce réseau est aujourd’hui muré.
* Le réseau des fossoyeurs
Au xvie siècle, deux jeunes médecins s’étaient installés
au village. Ils étaient très en avance sur leur temps et
avaient décidé de mettre en pratique les enseignements
d’anatomistes célèbres, comme Léonard de Vinci ou
Fragonard. Pour ce faire, et dans la mesure où le curé de
l’époque était prompt à excommunier et à faire chasser les
hérétiques, les deux médecins avaient patiemment creusé
un réseau de galeries sous le cimetière. Ce réseau relie la
maison du médecin au cimetière et s’étend sous ce dernier.
L’issue est murée côté cimetière.
 Les cinq
Plexus
C
son­E
ette partie du scénario décrit les cinq Plexus
du village via le spectre de la légende contée
par les Veilleurs, la description du lieu et de
­ ffet-Dragon. La description des Plexus suit l’ordre
probable des activations de chacun d’eux par Le Pulsarium
au cours du scénario.
Au fur et à mesure de l’avancement des tableaux de
Raoul Dubreuil, chaque Plexus va se réveiller petit à petit.
Cela va se traduire par une chance accrue qu’un Effet-
Dragon se manifeste sur les lieux des Plexus.
L’Effet-Dragon fait renaître des créatures issues des
champs magiques qui alimentent chaque Plexus. Ces
créatures devaient être à l’origine des rouages du Nexus
templier, mais, après la fuite des Manteaux blancs, les créa-
tures se sont de nouveau cachées dans les champs magiques
et ne réapparaissent que lors de phénomènes naturels
particulièrement violents. Elles sont souvent à la base des
légendes racontées par les Veilleurs.
Rappelons que si vous les faites apparaître durant le
scénario, elles sont invisibles à l’œil humain. En revanche,
des Nephilim peuvent les voir par le biais de leur vision-Ka.
Ces créatures sont un tout petit plus intelligentes que des
créatures magiques normales.
78
Les Nephilim peuvent arriver à les comprendre en
­r­­éussissant un test d’Énochéen.
Le Plexus
de l’Air (K)
La légende du pont
du diable
Cette légende semble à la base très classique. Il y a de
cela très longtemps, les habitants du village, dirigés par
leur seigneur, commandèrent à un architecte célèbre la
construction d’un pont permettant d’enjamber la rivière
tumultueuse gênant le transport des récoltes. L’architecte
arriva dans le village avec une importante équipe d’ouvriers
et d’artisans.
La construction commença, mais s’avéra rapidement
particulièrement difficile et dangereuse pour son équipe.
Plusieurs hommes trouvèrent même la mort durant la pose
des fondations du pont. Tourmenté par ces difficultés, une
nuit de pleine lune, l’architecte en vint à demander l’aide
de Satan. C’est alors que le Malin fit son apparition sous

Les Veilleurs
la forme d’un grand démon armé d’une fourche, aux ailes
de chauve-souris et aux jambes faites de vents et de brumes
(comme le raconte textuellement la légende). D’une voix
puissante et grondante, il proposa un pacte à l’architecte
transi par la peur.
Le pacte disait en ces termes : « Moi, Malin entre les
Malins, promets au sieur architecte de construire son pont
en un jour et une nuit. Ce pont sera de toute première qualité
et résistera en toutes choses. En échange, je prendrai l’âme de
la première personne qui passera sur ce pont. » L’architecte
réfléchit rapidement et signa de son sang le contrat. Il fit
s’éloigner les ouvriers du chantier et retourna sur place.
Le pont en construction se trouva entouré d’une épaisse
fumée noire et, durant un jour et une nuit, le diable travailla
sous les ordres de l’architecte. Il tint sa promesse. Le pont
fut construit dans les délais et de manière fort heureuse.
C’était maintenant au tour de l’architecte d’exécuter sa part
du marché.
Les habitants du village, émerveillés par le prodige,
se massèrent devant la construction pour en examiner
la beauté. L’architecte interdit à quiconque de franchir
le pont. Il se plaça devant son extrémité et, apercevant une
­couleuvre sur le bord de la rivière, la captura et la jeta sur le
pont en criant : « Tiens, voilà pour toi grand Malin, voilà
ta première personne, prends son âme. »
Le Diable se trouva floué et entra dans une colère noire.
Il dut s’exécuter, mais se vengea en rendant fou tous les
­serpents lors des nuits de pleine lune.
Les Veilleurs aiment raconter cette légende dans laquelle
un humain trompe le Diable. En revanche, ils ne souhaitent
pas réveiller la colère du Malin et jettent une fois par mois
une couleuvre sur le pont afin que le Diable ne vienne pas
dérober une âme humaine.
Le pont du diable
Le pont du diable est une belle réalisation d’architecture
gothique. C’est un pont en pierre constitué d’une seule arche
dont la courbure est assurée par une croisée d’ogives très
fine. Il enjambe le lit d’une rivière maintenant asséchée. Il est
aujourd’hui très endommagé. Le tablier supérieur recouvert
de grandes dalles de pierre a été usé par les pas multiples qui
l’ont foulé, ainsi que par les intempéries.
De profondes ornières et gouttières creusent la pierre
blanche du pont. Deux gargouilles à demi-effacées veillent
à chaque entrée du pont. Celles-ci semblent représenter des
créatures volantes, peut-être des anges déchus. Pire encore,
l’arche a été brisée en son centre lors d’une violente tempête
qui fit déborder la rivière, il y de cela bien longtemps.
Cette cassure empêche toute utilisation effective du pont
par les villageois. Ce n’est plus qu’un sujet d’amusement
pour les enfants du village. En effet, ceux-ci aiment bien
jouer à sauter par-dessus la fracture car un violent courant
d’air venant du sol passe par la fissure et « porte » les enfants
lors de leurs sauts.
Le pont du diable est le Plexus d’Air du village. Il est
79
centré sous le tablier du pont. Des formes mouvantes,
entrecroisées et translucides des champs de l’Air agitent les
alentours du pont. Le Plexus est permanent, mais son inten-
sité peut doubler lors de phénomènes comme une tempête
ou un vent violent. Le pont se brisa il y a de cela plus de trois
cents ans, lorsque le champ magique de l’Eau que véhiculait
la rivière entra en lutte contre le champ magique d’Air situé
à cet endroit. La lutte fut titanesque et marqua la mémoire
des hommes qui vivaient là. Le champ magique d’Air sortit
vainqueur et la rivière commença à s’assécher rapidement,
laissant la place aux forces brutes de l’Air.
Les créatures
du pont du diable
La brume-chauve-souris
Ka-Air, Menace 7, Dommages 1 (sur 3m3)
Protection spéciale : Sa composition en essaim nécessite
des armes blanches pour la toucher. Sa protection est alors
égale à 2. En revanche, contre toutes armes de jets, ses points
de protection sont de 10. En effet, une balle ne touche que
quelques créatures noyées dans la masse.
Description
La brume-chauve-souris est constituée d’horribles
petites créatures à l’aspect proche de celui d’une chauve-
souris. Elles ont une peau bleuâtre et opalescente. On peut
voir circuler à une vitesse importante à l’intérieur du corps
de ces monstres une gélatine grumeleuse. Ces créatures
possèdent un instinct grégaire très poussé et ne vivent
qu’en groupes. Elles se mettent alors les unes sur les autres
pour former un essaim dont la forme générale rappelle
celle d’une grande chauve-souris dotée d’un corps humain.
L’essaim crée alors un vent très violent capable de faire
tomber de nombreux objets. Le degré de Menace donné
correspond à l’essaim car c’est la seule forme qui attaque.
Le Plexus
du Feu (Q)
La légende du menhir
à la croix
Les Veilleurs aiment raconter cette légende. Il y a
p­ lusieurs millénaires vivait une petite communauté dans
la région. L’un des enfants du village aperçut lors de l’une
de ses expéditions une jeune femme magnifique à la peau
étrange qui se baignait dans la rivière. Prévenu par l’enfant,
le chef du village, escorté de ses meilleurs guerriers et du
sorcier, se rendit sur les lieux pour découvrir cette créature
mystérieuse. Cette dernière avait sur la peau des taches
noires et jaunes. Son regard était de braise. Un des premiers
guerriers s’approcha d’elle, mais il se mit à enfler comme une
baudruche et explosa littéralement devant ses frères d’armes.
Les autres guerriers finirent comme le premier et moururent
 sur le coup. Le sorcier comprit qu’il avait affaire à une créature élémentaire liée au
feu, une lebraude. Il ne la vaincrait pas en combat singulier, il fallait ruser. Il lança
un sort sur la créature pour l’attirer à lui et la mena vers un champ au sud du village,
qu’il connaissait comme étant un lieu attirant la foudre. À l’instant où la créature
de feu pénétra dans le champ, un orage éclata et la foudre vint frapper la lebraude,
la transformant en géant de pierre. Ce menhir fait maintenant partie du paysage
et continue d’attirer la foudre. Il arrive certaines nuits que la pierre levée change de
couleur et dégage des reflets noirs et jaunes. Les Veilleurs savent que ces jours-là, il vaut
mieux éviter de s’en approcher.

La pierre-à-foudre
Située au milieu d’un champ de blé, la pierre-à-foudre est un très ancien ­menhir
usé  par les intempéries. Il est placé sur un monticule de terre, que l’agriculteur
­propriétaire du champ prend garde de ne jamais cultiver. Le menhir se présente
comme une grande pierre grise manifestement taillée par la main de l’homme.
Sur le sommet de la pierre, on peut encore distinguer le reste d’une croix sculptée
puis ­dété­riorée, soit volontairement, soit par l’érosion. Cette croix fut apposée au
Moyen Âge par la communauté religieuse du village pour empêcher que la créature
­démoniaque logée à l’intérieur sorte de la pierre.
La base de la pierre dressée est couverte de graffitis modernes et souvent obscènes
qui recouvrent eux-mêmes des bas-reliefs plus anciens et usés, représentant mani-
festement des éclairs et des nuages.
Un Vécu passé lié au monde celtique pourra indiquer à un Nephilim que
ces ­bas-­reliefs sont d’origine celte et qu’ils sont liés au dieu du ciel et de l’orage.
En vision-Ka, les Nephilim distinguent que chaque bas-relief rayonne un peu de
champ magique de Feu.
La pierre-à-foudre est le Plexus de Feu du village. Les champs magiques de Feu
se croisent à cet endroit, plus particulièrement quand il y a des orages. La pierre sert
alors de catalyseur aux éclairs qui sont l’une des formes du champ magique de Feu
les plus violentes. Ce Plexus est aussi le plus erratique des cinq se trouvant autour du
village. Il peut apparaître et disparaître sans aucune logique. Il arrive quelquefois que
la foudre, tombant sur le menhir produise un Effet-Dragon. L’Effet-Dragon fait alors
prendre feu aux champs voisins, surtout durant l’été. Peu de villageois ont fait la liaison
entre la pierre et les incendies de champs.

La créature de la pierre-à-foudre
La vouivre-éclair
Ka-Feu, Menace 6, dommages physiques 4 (foudre)
dommages magiques +2 sur les Hydrim et Onirim
protection 2 (armure électrique)
Description
La vouivre-éclair de la pierre-à-foudre est relativement petite, environ
30 ­centimètres, et pourrait ressembler de loin à une anguille munie d’une centaine
de petites ailes.
Ses couleurs dominantes sont l’orange et le jaune brillant. Elle n’apparaît que
­lorsque la foudre frappe à proximité.
80
81
 Les Veilleurs du Lion Vert
Le Plexus
de la Lune (R)
Les légendes au sujet
de la croix
La croix aux serpents, ou au tumulus selon les uns ou
les autres, est un lieu idéal pour les légendes. Plusieurs récits
courent sur cet endroit mystérieux. Le premier raconte
que durant certaines nuits de pleine lune, une quantité
­incroyable de serpents se rassemblent autour de la croix
afin de l’adorer. Les serpents alors deviennent hystériques,
crachent leur venin sur la croix, se tordant en tous sens,
remuant frénétiquement la tête.
Pour les calmer, il leur faut du sang, et en particulier
du sang humain. Ils se mettent alors en meute et chassent
les victimes innocentes. Lorsque vient à manquer une bête
dans un troupeau, les agriculteurs du village mi-effrayés,
mi-riants mettent en cause la meute serpentine.
Les conteurs des Veilleurs connaissent bien entendu
ce conte. Ils le gardent vivant en organisant des sacrifices
lors des pleines lunes. Tous les 28 jours, deux Veilleurs se
­mettent en marche en direction du tumulus et de sa croix.
Ils transportent avec eux une gourde en bois précieux,
­patinée par les nombreuses mains qui l’ont manipulée.
La gourde contient du sang humain que les Veilleurs col-
lectent sur leurs personnes. Ce sang humain est censé calmer
la fureur des serpents magiques et aussi les garder en vie.
Les quantités de sang utilisées par les Veilleurs sont
minimes, mais les Nephilim peuvent en trouver des traces
en cherchant bien autour du tumulus. Elles sont très
­difficiles à trouver surtout après une forte pluie.
La croix du tumulus
Plexus de Lune, la croix du tumulus est un endroit
s­ inistre. Les branches de la croix sont en pierre noire et
grise qui date, à première vue, de la période médiévale.
Le  socle est  en basalte. Il est fiché sur un monticule de
pierres et de terre de taille importante. Ce tumulus semble
avoir été façonné par la main de l’homme tellement sa ligne
est pure. Les Nephilim ont l’impression de se trouver face
à une demi-sphère presque parfaite. Ils peuvent facilement
­remarquer que les agriculteurs du village évitent soigneu­
sement de l’abîmer avec leurs tracteurs. Ils prennent même
le soin d’enlever tous les cailloux qui viendraient à se
déposer sur le tertre. Un petit tas de pierre s’est donc formé
près de la croix du tumulus. Aucune indication extérieure
ne permet aux Nephilim d’identifier ou de dater le tumu-
lus. S’ils v­ eulent le faire, ils sont obligés de creuser ou de
passer par les souterrains.
Si les Nephilim prennent le temps de bien observer les
alentours du tumulus, ils peuvent distinguer des tessons
de poterie qui affleurent à la surface du tumulus. Ceux-ci
82
sont en trop mauvais état pour pouvoir être identifiés.
Ils peuvent creuser afin de trouver d’autres indices. Munis
des outils adéquats, des pelles et des pioches, il faut environ
deux heures de travail pour arriver à obtenir des indices sur
la nature du tertre.
Le monticule est un ancien tertre gallo-romain
consacré à la déesse Hécate. En creusant ou en passant
par les souterrains, on peut mettre à jour les restes d’une
petite chambre sacrificielle. Une petite niche contient
un bric-à-brac d’objets de toutes les époques, accumulés
par le temps. Parmi ces objets se trouve une petite stat-
uette représentant trois figures humaines féminines
cynocéphales (à tête de chiens). Cet objet est en fait un
objet cultuel de la déesse Hécate.
Les créatures
de la croix au tumulus
Les pales ophales
Ka-Lune, Menace 3, dommages magiques
(morsure lunaire) 1
Morsure lunaire
Ces créatures possèdent la capacité d’absorber le
Ka-Lune des Nephilim et le Ka-Soleil des humains. La
créature doit vaincre sur la table des actions opposées le
Ka-Lune de la victime avec le sien. Si cela marche, elle peut
absorber 1 points de Ka-lune. Chaque absorption d’1
degré de Ka demande cinq minutes. Une fois la morsure
réussie, la créature peut tenter de se camoufler dans le
Ka-Lune de sa victime pour pouvoir mieux lui absorber ses
Ka-éléments et chaque nouvelle morsure se fait avec une
Menace à +1 par morsures réussies.
Camouflage lunaire 5
Les pales ophales peuvent se camoufler dans le Ka-Lune
de sa victime. Si elles réussissent leur test, elles deviennent
totalement invisibles, même à la vision-Ka, et peuvent
alors tranquillement essayer de vaincre le Ka-Lune de leur
victime. La créature doit faire un jet de camouflage après
chaque tentative d’absorption.
Description
Ce sont des petites créatures à la forme vaguement
serpentine et dégageant une couleur argentée. Elles sont
proches des sangsues dans leur forme. Elles rampent sur
le sol et elles peuvent planer sur les rayons de la lune. Elles
peuvent aussi bien s’attaquer ou jouer que se mettre en
groupe pour attaquer une victime. Il peut y avoir jusqu’à
200 de ces créatures autour de la croix.

Les Veilleurs
Le Plexus
de l’Eau (P)
La légende des fées
aux doigts de glace
Cette légende concerne la fontaine aux fées. La légende
raconte qu’il y a très longtemps de cela, avant le temps
des hommes en manteau blanc marqué de la croix rouge,
la ­fontaine coulait joyeusement, car elle était la résidence
magique de dix fées sœurs, chargées de protéger l’eau
du ­village.
Les habitants en connaissaient l’existence et leur
­sacrifiaient des pièces et des petites offrandes. Mais, lorsque
les chevaliers aux manteaux blancs arrivèrent dans le
­village, ils changèrent les choses.
Ces hommes étaient de haut lignage, bien faits de
leur personne, fiers, courageux et savants en l’Art Royal.
Ils  engagèrent une cour d’amor à la belle manière des
trouvères, avec les dix fées de la fontaine. Ils réussirent
à capturer le cœur des dix fées, plutôt habituées aux
gentillesses un peu frustres des premiers habitants du
village. Mais, au moment de terminer leur cour d’amor,
les ­chevaliers durent partir sur l’ordre de leur grand maître,
pour combattre l’infidèle en Terre sainte. Avant de partir,
les chevaliers jurèrent fidélité à leurs dames magiques.
De longs mois s’écoulèrent avant le retour des preux,
durant lesquels les jolies fées se languirent. Lorsque les
­chevaliers, doublement croisés, revinrent de l’Orient, les fées
connurent une grande déception. En effet, ils ramenèrent
avec eux de belles princesses à la peau soyeuse et aux yeux
d’amande. Ils ignorèrent les appels des fées.
Celles-ci devinrent très jalouses de ces femmes o­ rientales.
Et elles se firent alors pousser des doigts de glace et
attrapèrent le cœur des mauresques venues laver leurs voiles
de soie dans la fontaine.
Les pauvres créatures, habituées au chaud soleil du
désert, prirent froid et moururent toutes dans l’année,
glacée comme la neige. Les chevaliers se vengèrent en
­condamnant les fées à garder perpétuellement ces doigts
de glace et à les utiliser sur tout être cherchant à utiliser
la ­fontaine.
C’est ainsi que, peu à peu, les villageois abandonnèrent la
petite fontaine, ses offrandes et ses rites. Les fées connaissent
depuis une solitude glacée.
Les Veilleurs perpétuent cette légende en jetant une fois
par mois des glaçons taillés par le charpentier du village
en forme de cœur dans la fontaine. Ils espèrent ainsi calmer
le courroux des dix fées de la fontaine.
La fontaine aux fées
La fontaine aux fées se situe près du lavoir, au sud du
village. C’est une vieille fontaine sculptée à même la  roche.
83
Relativement haute (1 m 80), elle est formée d’une masse
rocheuse couverte de mousse et d’un bassin décoré de
­bas-reliefs médiévaux représentant des poissons et des sirènes.
Le fond du bassin est constitué d’une vieille mosaïque
dont les motifs sont aujourd’hui illisibles. L’eau coule en
permanence et elle est d’une grande pureté. Elle a la parti­
cularité d’être toujours très fraîche au goût, presque glacée.
Cette eau est celle qui alimente en partie le lavoir. Elle n’est
quasiment jamais sale et une coloration quelconque est con-
sidérée comme un très mauvais présage par l’ensemble du
village. Ainsi, les anciens du village, ainsi qu’un certain nom-
bre de Veilleurs, se rappellent la coloration rouge de l’eau
juste avant la seconde guerre mondiale. La fontaine est très
peu fréquentée, à cause des légendes concernant les fées aux
doigts de glace (voir le paragraphe concernant les Veilleurs).
Au fond de la fontaine, les courants Ka dessinent
d’étranges visages aux formes mêlant intimement l’humain
et l’animal. Cette fontaine est le cœur du Plexus de l’Eau.
Les créatures de
la fontaine aux fées
Les fées aux doigts de glace
Ka-Eau, Menace 6, dommages spéciaux,
protection 3
Congélation magique
Avec cette propriété, chaque fée peut, après avoir touché
une victime, congeler une partie de son corps, entraînant des
dommages physiques (dommages 5) sous forme de gelures.
La fée doit vaincre la Ka-Soleil de sa victime sur la table des
actions opposées avec son Ka-élément de l’Eau. Si celle-ci
est un Nephilim, ça sera contre le Ka-Terre du Nephilim.
Arrache-cœur
Cette propriété est plus mortelle que la première. Elle ne
peut être mise en œuvre que si les dix fées arrivent à toucher
ensemble leur victime. Cette propriété permet de geler le cœur
symbolique de celle-ci (sa force d’amour, son espoir) et de la
confiner dans un hiver éternel. L’arrache-cœur est considéré,
en termes de jeu, comme une maladie d’une incubation d’une
semaine infligeant 1 degré de dommages au Ka-Soleil de la
victime par semaine. La maladie dure environ deux mois. Des
soins normaux ne feront rien contre cette maladie. La victime
peut se soigner en réussissant une fois par semaine un critique
en test de Ka-Soleil, autrement, si son Ka-Soleil atteint 0,
elle sombrera dans une mélancolie profonde, la conduisant
irrémédiablement à un internement. Ce test peut être aidé
par des circonstances extérieures positives, l’amour d’un con-
joint, une aide psychologique, etc. La remontée du Ka-Soleil
se fait à la vitesse de 1 degré par trimestre. Si un Nephilim
est attaqué de cette façon, ça sera le Ka-Soleil de son simu-
lacre qui sera attaqué. L’arrache-cœur aura une conséquence
indirecte pour le Nephilim atteint, il ne pourra plus faire
appel aux vécus contemporains de son simulacre. Pour être
soigné, il devra passer en ombre pour que le Simulacre puisse
 Les Veilleurs du Lion Vert
tenter son test de Ka-Soleil ainsi que pendant les moments
où celui-ci peut obtenir du soutien extérieur.
Description
Il existe 10 de ces Effets-Dragons d’Eau. Elles se présentent
comme de superbes femmes nues aux courbes délicieuses
et arrondies. Mais leur visage est tordu par un rictus de
méchanceté. Leur corps est transparent et ondule selon les
courants de la fontaine. Leurs mains sont blanches et faites
comme des glaçons acérés. C’est avec elles qu’elles plongent
leurs victimes dans un état d’hébétude et de froid avancé.
Le Plexus
de la Terre (T)
La légende de l’Ermite
Cette légende raconte que l’Ermite serait le premier
Veilleur qui vivrait éternellement dans le cœur de la forêt
et ce depuis la création des Veilleurs, après la fuite des
Templiers. L’Ermite vivrait en communion avec la Terre
se nourrissant de ses produits. Il parlerait avec les bêtes,
­chanterait avec les oiseaux et ne ferait de mal à aucune
mouche. En revanche, son grand âge et la misère noire dans
laquelle il vit l’ont rendu un peu fou. Il paraîtrait ainsi qu’il
est capable de voir les esprits magiques qui hantent la forêt,
les lieux maudits du village et certains humains. Il pourrait
parler avec les esprits magiques de l’eau, de la terre, du feu,
de 1’air et même avec ceux de la lune. Très peu de personnes
l’ont véritablement vu. Seuls certains chasseurs disent avoir
croisé une silhouette famélique dans les bois.
Les Veilleurs connaissent l’identité exacte de l’Ermite.
Il est le chef des Veilleurs, le grand Conteur qui, devenu
trop vieux pour assurer ses fonctions, fait semblant de
mourir. Il est alors enterré dans le cimetière dans une tombe
spéciale. Cette tombe communique avec les souterrains
du village.
L’ancien chef s’échappe par ceux-ci et, les connaissant
très bien, prend celui qui mène à la forêt. Il remonte à la
surface et devient le nouvel Ermite. Il médite alors sur
les légendes du village et, quelquefois, un jeune Veilleur
préparant sa première Veillée est envoyé à sa rencontre
afin de demander des conseils sur la manière de raconter
les contes et les légendes.
Cette connaissance est l’un des secrets les mieux gardés
des Veilleurs. En général, seuls le grand Conteur et ses aides
les plus proches la connaissent.
La clairière de l’Ermite
Située au cœur de la forêt de Lanvard, la clairière de
­l’Ermite est le lieu le plus mystérieux de tout le village.
Éloignée de plus de deux kilomètres du centre du village,
la clairière concentre en son sein les champs magiques
84
La légende
perdue de l’église
Sainte-Croix
Les Veilleurs savent qu’il manque une
légende à leur savoir folklorique : la légende
concernant l’église en ruines de la Sainte-
Croix. Cela a toujours été un mystère qu’ils
n’ont pas réussi à résoudre. Au cours des
siècles, ils ont fini par ne plus en parler ou
alors ne l’évoquent que pour faire trembler
un nouveau conteur. Depuis que l’église a été
rachetée par Raoul Dubreuil, les Veilleurs se
sont de nouveau penchés sur le cas Sainte-
Croix.
Après de longues et fastidieuses recherches,
ils sont arrivés à la conclusion que la légende
concernant cette église a existé, mais qu’elle
a été omise volontairement du répertoire des
Veilleurs. La fraternité se doit donc de retrou-
ver cette légende, quitte à la reconstituer. Il
devenait alors nécessaire d’explorer l’église
afin d’y trouver matière à légende. Mais cette
exploration est impossible du fait de l’installa-
tion du vieux peintre dans l’église.
En fait, les Templiers, avant de partir,
comptaient faire une légende sur l’église afin
de la protéger des regards des curieux. Mais
le commandeur chargé de cette mission
préféra ne donner aucune information sur
l’église, plutôt que de courir le risque de voiler
une information trop importante pour les
Templiers, celle d’un mécanisme permettant
la naissance d’un Nexus. En effet, les voiles
peuvent toujours être levés.
de Terre. Le Plexus ainsi créé est très actif. Il a modifié
toute l’apparence externe et interne du cœur de la forêt.
Ainsi, ­lorsque l’on s’enfonce dans celle-ci, on a l’impression
­d’entendre toutes sortes de bruissements et de couine-
ments étranges, comme si la forêt possédait son propre
langage hermétique.
Au fur et à mesure de la progression, les arbres
­changent de forme : leurs troncs et leurs branches devien-
nent noueux et tordus. Les écorces changent de couleur
et prennent des teintes plus foncées. Les champignons
sont parti­culièrement nombreux, quelle que soit la sai-
son. Leurs formes arrondies sont souvent éventrées par
les branches mortes tombées des arbres. Des myriades
de spores de toutes les couleurs saupoudrent alors les
­alentours. Les  ­taillis et les buissons sont envahissants,
­serrés les uns contre les autres et gênent toute progres-
sion. Pis encore, certains arbres sont entourés de lianes et
de plantes ­grimpantes qui obscurcissent la vue.
Mais le plus remarquable reste la présence importante

Les Veilleurs
de mousses. Les mousses, normalement ancrées dans le
sol ou sur les troncs des arbres, poussent ici sous forme de
buissons tordus et étouffants, aux couleurs grises et vertes.
Lorsque ces buissons sont dérangés, ils se referment sur
le promeneur comme une balle de ouate animée de mau-
vaises intentions.
Ces mousses entourent presque complètement
la clairière de l’Ermite. Contrairement au reste de la forêt,
c’est un véritable havre de paix sylvestre. Elle présente une
forme presque parfaitement circulaire. Son sol est recouvert
d’une herbe épaisse que l’on pourrait facilement prendre
pour un tapis, tant les fleurs qui le parsèment sont multiples
et colorées. Le sol s’élève légèrement pour former le tertre.
Sur le sommet du tertre, des champignons marron et noirs
forment un cercle presque parfait. Sur l’un des côtés, une
entrée non dissimulée donne accès à une petite grotte som-
bre à l’odeur pestilentielle, la grotte de l’Ermite.
C’est ici que vit un vieil ermite. Retiré du monde depuis
plus de vingt ans, il se prend pour un prêtre et chamane de
la déesse Terre. Il vit seul dans son monde d’harmonie et de
respect de la Nature.
Dans la grotte de l’Ermite, on peut trouver une
grande quantité de petits objets, y compris des tambours
­chamaniques, des osselets curieusement gravés et des
pointes de silex taillées.
85
Dans un coin de la clairière se trouve une combe, dont
l’entrée est à moitié bouchée. En déblayant, on accède au
réseau souterrain du Plexus de Terre.
La créature de
la clairière de l’Ermite
L’Ermiterre
Ka-Terre, Menace 7, dommages 2, protec-
tion 3 (écorce)
Description
L’Ermiterre est le résultat de l’action à très long terme
des champs magiques de la Terre exercés sur un humain
consentant. Cet humain, transformé en Effet-Dragon était
auparavant l’Ermite issu des Veilleurs (voir la légende de
l’Ermite). À force de communion avec les légendes et la
terre de la forêt, le très vieux conteur entra en accord avec
les champs magiques et subit leurs influences.
La créature ne devient active que durant des conjonc­
tions de la Terre. Son aspect général reste humanoïde.
En revanche, la peau devient une écorce dure et rugueuse,
les bras s’allongent et se couvrent de branches. Les yeux
deviennent des cœurs de silex, les cheveux des sarments de
vigne. La créature se déplace lentement, mais semble être
dotée d’une force incroyable. Elle aime prendre racine dans
la terre et balbutier la langue des bêtes et des arbres.
 Les
Personnages
V ous trouverez dans cette partie une ­description
des différents individus, créatures et groupes
humains avec lesquels les Nephilim pourront
interagir. Ces personnages sont classés en deux catégories :
les seconds rôles et les figurants, les premiers rôles étant
les Nephilim eux-mêmes.
Les seconds rôles sont les personnages ayant un
rôle important dans le déroulement du scénario. Leurs
­caractéristiques, leurs compétences ainsi que leur car-
actère sont les plus détaillés. Ce sont ces seconds rôles
que devra avant tout jouer le Meneur de jeu devant ses
joueurs. Il  est donc nécessaire qu’il les connaisse bien
avant de les jouer. Le Meneur de jeu est invité à rajouter
ses propres idées concernant la personnalité des seconds
rôles. Il lui faudra également faire attention à leur utili-
sation durant le scénario, car leurs actions et leur mort
éventuelle peuvent avoir des conséquences dramatiques
sur le cours de l’aventure. Ainsi, il vaut mieux éviter que
les Nephilim éliminent d’entrée de jeu le second rôle
central, chef d’une obédience templière censée menacer
86
les joueurs durant toute une campagne. Il faut néanmoins
se garder d’attacher une trop grande importance à ces
seconds rôles, au point de les rendre impossibles à tuer.
En cas de mort imprévue, il est conseillé de faire dévier le
scénario sur une intrigue mineure proposée dans le corps
du texte.
Les figurants ne sont que des personnages d­ ’arrière-
plan, que le Meneur de jeu n’a pas besoin de creuser.
C’est, par exemple, l’aubergiste ou le garde des scénar-
ios ­médiévaux-fantastiques. Un trait de caractère, ses
caractéristiques et attributs ainsi qu’une ou deux compé­
tences suffisent à le camper.
Les figurants n’ont, en général, que peu d’impact sur
le déroulement du scénario. Ils servent souvent de chair à
canon lors de combats de plus ou moins grande envergure,
ou bien meublent les endroits visités par les Nephilim.
Enfin les groupes, protagonistes à part entière du
scénario, comme les Veilleurs ou la Confrérie des chasseurs,
sont décrits séparément.
 87
Les Veilleurs
dans lequel se trouvent une centaine d’ouvrages sur les
Les seconds couleurs et leur symbolique occulte et magique, dans le lot

rôles se trouvent les carnets secrets de Mantegna.

Les seconds rôles Description

Le Simulacre Raoul Dubreuil du Nephilim Le Pulsarium
du village sont est un humain de petite taille, rondouillard, à la mine fraîche.
* Raoul Dubreuil le peintre et Le Pulsarium, Son visage creusé par de très nombreuses rides indique son
le Nephilim qui l’habite ; âge très avancé. En revanche, le peintre garde une grande
* Laurent Grilpin, le jeune médecin envoyé par ­tignasse de cheveux d’un blond flamboyant, tirant presque
les Templiers pour réactiver la commanderie ; sur l’or. Il n’a pas une seule trace de cheveux blancs sur la
* Arthur Lenoir, le rebouteux mégalomane qui a tête. Ceci étonne beaucoup et tous les journaux à ragots
décidé de prendre le contrôle mental des habitants parlent de postiches et le comparent à Andy Warhol et
du village ; sa célèbre perruque de cheveux argentés.
* Jacques Crux, le curé, initié du deuxième cercle des Le Simulacre porte bien le poids des années et son v­ entre
Rose+croix ; accuse les repas nombreux, sans doute dus à la célébrité.
* Monique de Saint-Yliades, propriétaire du manoir, Ses mains sont d’une finesse incroyable. Ses doigts sont une
qui s’intéresse de très près aux étranges événements fois et demie plus grands que la normale. Plusieurs fois, son
de son domaine ; talent a été attribué aux mains extraordinaires qu’il possède.
* Altamaros, le Nephilim Khaïba. Il est toujours très bien habillé, selon une mode proche
de celle du gentleman-farmer britannique (bottes, ­pantalon
de velours, veste de laine, casquette et canne). Enfin,
Raoul Dubreuil le il ­possède une voix extraordinaire, relativement basse, mais
peintre et Le Pulsarium très chantante. Il est capable de captiver un auditoire entier
Pentacle : Ka-Air 5, Ka-Feu 4, Ka-Eau 4, rien que par la mélodie de sa voix. Lui-même met son accent
Ka-Lune 3, Ka-Terre 2
chantant sur le compte de ses origines rurales.
Vécu significatif : Il marche courbé sur une canne avec des petits pas
Les rois fainéants - Noble indolent 7 rapides. Il donne toujours l’impression de raser les murs.
Métamorphe : Ange 5 (visibles 4) Ses gestes sont peu nombreux, économes et réservés. Il est
très poli, presque maniéré.
Sciences occultes
Magie
Basse magie 9
Passé
Haute magie 5 (Labyrinthes sché- La principale incarnation qu’a connue Le Pulsarium fut
matiques) au viiie siècle, durant la période des rois fainéants. Là, trau-
Kabbale matisé par le destin des Nephilim, il devint adepte de
Malkut 7, Yesod 4 l’Arcane XII Le Pendu (voir Les Arcanes Majeurs) et chan-
Alchimie gea de Simulacre pour s’incarner dans un noble indolent. Il
Œuvre au noir 3 fut remis en stase par un petit groupe d’initiés de Mithra.
Ressources Il ne se réincarna qu’au milieu du xxe siècle, à la fin de la
Magie : Sublimation élémentaire, Rapidité, Couleurs seconde guerre mondiale dans le corps de Raoul Dubreuil.
enchantées (En encart). Son Simulacre n’était alors qu’un jeune artiste-peintre,
Kabbale : Ceux qui murmurent, les esprits de la forêt clochard en révolte contre la société et contre sa condition
de basalte sociale, jeté à la rue par sa famille.
Simulacre : Raoul Dubreuil, 88 ans, artiste-peintre 7, Il est né dans le village d’une famille de paysans métayers
Ka-Soleil 5 habitant près du manoir hanté par le Khaïba. Raoul montra
Stase : une fine fibule pectorale mérovingienne ornée très tôt une intelligence hors-pair et surtout un dégoût pour
de pierres précieuses, cachée dans une poche à fer- tout le milieu rural qui l’entourait. Doué et attiré par la pein-
meture que Le Pulsarium a fait rajouter sur chacune de ture, le jeune Raoul tomba sur un vieil exemplaire du journal
ses vestes 10 L’Illustration, montrant l’un des premiers tableaux des mou-
vements dadaïstes et surréalistes. Il eut un coup de foudre.
Possessions Il décida alors d’abandonner la ferme ainsi que son
Une BMW dernier modèle, un matériel de peinture père, vétéran de la seconde guerre mondiale et invalide,
extrêmement complet (chevalets, peintures de toute sorte, pour partir tenter l’aventure à Paris. Dans la capitale,
bombes aérosols, pinceaux, brosses, etc.), trois gravures de il connut alors une misère noire. C’est durant cette péri-
Tristan Tzara dont il ne se sépare jamais, un coffre en bois ode que Le  Pulsarium s’incarna en lui. À partir de ce
 Les Veilleurs du Lion Vert
moment, la vie de Raoul bascula. Devant la précarité de
la condition physique de son Simulacre, sur le point de
mourir de faim, Le Pulsarium décida d’utiliser les talents
de Raoul pour se forger une stase spéciale, une stase qui
lui permettrait de rester éveillé et indépendant d’un corps
humain tout en pratiquant sa technique de méditation de
l’Arcane du Pendu.
Il pensa alors à faire exécuter cinq tableaux magiques à
son Simulacre. Chaque œuvre aurait été un résumé de l’un
des Ka-éléments du Nephilim. Raoul commença les deux
premières toiles, baptisées Le Feu et L’Air, dans un style
ésotérique, onirique et quasi-abstrait.
Il fut alors repéré par l’une des figures montantes du
mouvement surréaliste, André Breton. Il exposa dans une
galerie branchée et commença à connaître une certaine
notoriété. Il put manger à sa faim. Le Pulsarium laissa
­tranquille son Simulacre pour se replonger dans son
­sommeil, comme tout digne membre de l’Arcane du Pendu.
Le peintre connut alors une ascension rapide vers le
succès. Il rencontra les peintres importants de son époque
et ses tableaux commencèrent à bien se vendre. De temps
à autre, Le Pulsarium reprenait le contrôle de Raoul
Dubreuil pour lui insuffler ce que les critiques appellent
son génie créateur.
Le Nephilim connut une autre phase de grande
activité, lorsque son Simulacre fut menacé par la mort
une deuxième fois. Ce fut durant les années 70 lorsque le
peintre fut inquiété par les Chevaliers du Bec de Corbin,
une  ­obédience templière véhémente et leur chasse des
artistes dits «  décadents  ». Le Pulsarium permit à son
Simulacre de s’en sortir en utilisant ses talents occultes,
mais a gardé un ressentiment envers cet Arcane Mineur.
Cette deuxième prise de contrôle de son Simulacre
entraîna un renouvellement dans le style de peinture de
Raoul Dubreuil. Il se lança alors dans de l’abstrait pur,
préfigurant l’art contemporain des années 80. Là encore,
son génie fut reconnu par tous. Il atteignit le sommet
de sa c­ arrière vers la fin de cette période et ses toiles
furent parmi les plus cotées sur le marché. Il devint à
partir de cette ­é poque un peintre reconnu, respecté et
très célèbre.
Aujourd’hui, Raoul Dubreuil est riche et célèbre,
mais se sait condamné à brève échéance par un cancer.
La mort maintenant prend une couleur plus que visible.
Fidèle à lui-même, Le Pulsarium refait surface afin de
lutter contre la disparition de son Simulacre, et donc de
sa prison dorée.
Il décide alors de lui faire reprendre son travail de
jeunesse  : les cinq tableaux symboliques. Poussé par
Le Pulsarium, Raoul Dubreuil se lance alors avec frénésie
dans la finalisation de ces toiles. Cet acte de création est
largement commenté dans les journaux. Le scénario débute
à ce moment.
88
Couleurs enchantées
Focus : Carnets secrets de Mantegna
Langue : Latin
Cercle  : Haute Magie (Labyrinthe
schématique)
Ka-Air, degré 3
Portée : personnelle
Durée : spécial
Description : Ce sort permet à un peintre
de composer exactement et rapidement une
peinture qu’il a préalablement pensée. La toile
est conforme aux pensées du créateur et exé-
cutée à raison d’environ un mètre carré toutes
les deux heures.
Caractère
À première vue, Raoul apparaît comme quelqu’un de
très poli, presque maniéré. Il parle lentement et réfléchit
beaucoup avant de s’engager. Il donne l’impression d’être
tranquille, posé et stable, voire un peu timide.
Il essaye de conserver cette réserve, quelle que soit la
­situation et particulièrement lorsqu’il élabore ses œuvres.
Ce comportement lui a valu le surnom de «  génie tran-
quille  ». Durant la période du scénario, le caractère
de Raoul Dubreuil va osciller entre sa vraie nature et le
­caractère du Pulsarium.
Le Pulsarium est un Nephilim de l’Air très spécial.
Il adore les arguties et les discussions sans fin sur la nature
de l’Homme et sa destinée. Il parle volontiers de philoso-
phie et d’art sous toutes ses formes. Mais, plus le contact
s’établit, plus les interlocuteurs pourront s’apercevoir
qu’en fait, Le Pulsarium cache par sa faconde, une sourde
angoisse due à la nécessité de contrôler tout le temps son
Simulacre. Cela peut se remarquer aux regards fuyants que
prend alors Raoul Dubreuil.
Autrement, ce Nephilim est très individualiste, voire
égoïste, prêt à tout pour atteindre ses buts. Il n’est intéressé
que par sa vie méditative et secrète. Le sort des autres
Nephilim et des humains ne le motive que très peu. Il est
têtu et peut même faire preuve de mauvaise foi lorsque
l’on cherche à le convaincre.
Buts et motivations
Le but du Pulsarium est de faire aboutir à tout prix les
cinq tableaux, afin de former cette sorte de stase. Bien qu’il
soit pionnier dans cette méthode, il s’aide pour cela des
cahiers secrets de Mantegna, un peintre de la Renaissance
italienne. Ces cahiers parlent de la correspondance entre
les énergies magiques et les couleurs de la peinture.
Le Pulsarium utilise surtout son sens inné de la Magie
et ses intuitions sur la correspondance entre les arts
humains et la Magie Nephilim. Mais, comme toutes les
réalisations des Nephilim de l’Arcane du Pendu, ces cinq
tableaux magiques ont un risque de ne pas fonctionner

Les Veilleurs
comme le ­souhaite le Nephilim. Le Pulsarium ne connaît
pas les secrets de Mantegna. Ce peintre fut le Simulacre
d’un Nephilim qui appartenait à une société secrète, les
Ouvreurs ­d’Arcadia, qui se révéla au grand jour à Londres
au xixe siècle. Mantegna avait compris depuis longtemps
que la peinture pouvait ouvrir des portes vers les Plans
Subtils. Il suffisait de réaliser des œuvres en correspon-
dance analogique avec le lieu recherché. Les Akasha ont
été les premières cibles de cette société secrète. Mais dans
certaines circonstances, certains Ouvreurs talentueux
ont réussi à ouvrir une porte vers Arcadia, la cité occulte
par excellence. Le Pulsarium, sans le savoir, dispose de ces
­conditions : des œuvres de grande qualité et la présence d’un
Nexus. Et en cas de réussite, ses tableaux ouvriront une
porte vers Arcadia.
Laurent Grilpin
38 ans, Ka-Soleil 4
Médecin généraliste, vétérinaire
à l’occasion 5
Manteau noir 2
Possessions
Une voiture française de moyenne gamme, une trousse
complète de médecin, un cabinet peu équipé, un matériel
d’archéologue, des livres de vulgarisation sur les Templiers,
une épée en acier trempé (dommages 3) cachée dans un
beau coffre en acajou, un manteau de Templier caché dans
un porte-bagage.
Description
Laurent Grilpin est à première vue quelqu’un de tout à
fait ordinaire. Les yeux et les cheveux marron, le médecin
porte allègrement sa trentaine. Son visage imberbe et
poupin le fait souvent passer pour plus jeune qu’il ne l’est
vraiment. Il commence à avoir un léger embonpoint, mais
le cache sous une apparence de nervosité et de rapidité
qu’il aime donner à tous ses gestes. Il porte souvent des
velours, des chemises à fleurs ainsi que des gilets troués et
des vestes autrichiennes. Il n’hésite pas à porter des bérets.
Depuis sa « rencontre » avec la belle Léa, il arbore fièrement
une pipe en bois de merisier. Il emporte toujours avec lui
sa mallette de médecin et ceci quelle que soit la raison de
ses ­déplacements.
Passé
Issu d’un milieu très post-soixante-huitard, très écolo,
Laurent Grilpin a grandi sans son père, mort jeune. Cela l’a
rendu particulièrement réservé et surtout très tête-en-l’air
et perdu dans ses rêves. Toujours sérieux à l’école, il s’aliéna
grand nombre de camarades et de petites amies potentielles
par ses doux délires et ses tics de frustré. Néanmoins, il réus-
sit sans problème ses études de médecine, pensant même
s’engager dans Médecins Sans Frontières. C’est durant l’une
des séances de formation de MSF qu’il rencontra un initié
89
des mystérieux Templiers, un haut gradé des Chevaliers du
Bec de Corbin (l’une des obédiences du Temple véritables,
voir Livre III Les Templiers). L’initié l’enchanta par ses
explications quasi-oniriques de certaines réalités cachées et
Laurent Grilpin se plongea en même temps que sa dernière
année de médecine dans l’étude de l’occultisme. Bientôt, son
contact le jugea digne d’une première initiation templière.
C’est durant cette initiation que lui fut remise une épée de
combat en acier trempé. Son contact lui donna, peu de
temps après, sa première mission occulte : aller repérer les
traces d’une ancienne commanderie puissante dans un petit
village. Son obédience templière lui prépara le terrain en
faisant fuir l’ancien médecin, Georges Allama.
Caractère
Laurent Grilpin est un doux rêveur, peu fait pour
vivre dans notre monde cruel. Il est tête-en-l’air, assez peu
soigneux de sa personne et de ses possessions. Il est impoli
et bourru quand il discute avec ses patients. Il est d’une
timidité maladive face aux jolies femmes. Il a de nombreux
préjugés et les martèle avec beaucoup de conviction dans
les discussions. Il est ainsi opposé à toute forme de chasse
et s’est brouillé avec la Confrérie des chasseurs dont il con-
sidère les pratiques comme barbares.
Buts et motivations
Le but de Laurent Grilpin est d’obtenir le plus de ren-
seignements possible sur la commanderie. Il doit faire des
rapports toutes les semaines à son contact, qu’il ne connaît
que par son surnom «  Chanteclair  » et un numéro de
téléphone qu’il doit appeler durant une certaine tranche
horaire. Il doit aussi empêcher toute autre société secrète
d’enquêter sur la commanderie. Il n’a été que vaguement
mis au courant de l’existence des Nephilim sous le nom
des Inconnus Supérieurs. Il est motivé personnellement
par le travail archéologique qu’il doit mener. L’exercice de la
médecine, surtout à la campagne, l’ennuie quelque peu et, en
ce moment, il est obnubilé par la personne et le corps de la
belle Léa. Il souhaite devenir son Pygmalion, la ramener à la
capitale et lui apprendre les bonnes manières.
Arthur Lenoir
dit Le Corbeau
64 ans, Ka-Soleil 4
Rebouteux 3
Description
Arthur Lenoir est quelqu’un qui soigne tout particu-
lièrement son apparence. Il est très grand (environ 1 mètre
95). Ses cheveux sont noir corbeau et coiffés en catogan. Ses
sourcils broussailleux lui donnent un air bourru. Il porte
une barbe poivre et sel très drue. Il a une voix de gorge très
grave qui lui sert à magnétiser ses patients et à gronder les
petits chenapans du village.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Sa stature imposante est renforcée par un début de
bedaine. Il se peint les ongles en noir. Il porte plusieurs
bijoux, pendeloques et verroteries autour du cou, des poig-
nets et de la taille. L’une de ces verroteries est une inclusion
d’une grosse araignée.
Il affectionne tout particulièrement les grands chapeaux
noirs ainsi que les capes de cuir doublées de velours. Il porte
très souvent sur l’épaule un grand corbeau à l’œil vicieux
qu’il appelle du doux nom de Lucifer et qu’il considère
comme son animal familier.
Passé
Arthur Lenoir est le fils de l’ancien rebouteux du village.
Contrairement à son père, il se sentit tout de suite doué
pour ce genre d’activité. Il se prit tout de suite au sérieux et
s’entoura très rapidement de tout un apparat qui impres-
sionna grandement le village.
Arthur intégra pendant un certain temps les Veilleurs
et apprit, à l’intérieur de cette structure, de nombreuses
informations sur le folklore local. Il essaya alors d’utiliser ces
légendes pour son propre compte. Il fut chassé des Veilleurs
et dut s’installer dans une maison au bord de la nationale.
Mais il avait déjà marqué de son influence néfaste le village.
Certaines personnes allèrent le voir pour se venger. Il
se livra alors à des actes de magie noire. Il dut compulser
pour cela de nombreux ouvrages qui lui tournèrent la tête.
Il devint alors persuadé qu’il était la réincarnation d’un
Inconnu Supérieur, dont les pouvoirs le rendaient infini-
ment supérieur à ses concitoyens. Il se mit alors à pratiquer
de nouvelles formes de magie et passa pour un médium et
un magnétiseur réputé, puisque même les pompiers firent
une fois appel à ses services comme coupeur de feu.
Caractère
C’est un individu prétentieux, imbu de lui-même et de
ses soi-disant pouvoirs. Il porte le menton haut, la barbe
agressive, le chapeau bien vissé sur la tête.
Il parle avec une voix grondante et dont le volume sonore
est important. Il essaie de terroriser ses patients par des his-
toires à dormir debout de cauchemars et de crapauds géants.
Il n’hésite pas à manipuler mentalement les plus faibles
de ses clients. C’est ainsi qu’il a une sorte de cour d’environ
une dizaine de villageois, entièrement soumis à ses volontés.
But et motivations
Le but du rebouteux est de prendre le contrôle mental
de tous les habitants du village afin de monter une sorte de
secte. Il compte beaucoup sur les dix membres de ce qu’il
appelle le projet Némésis.
Il cherche pour l’instant à s’opposer aux Veilleurs dont il
surveille tous les gestes et les paroles. Il se doute de quelque
chose au sujet du Khaïba et il compte bien prendre sous son
aile l’actuelle châtelaine afin d’en savoir plus sur le manoir
et son étrange habitant. Il espère pouvoir l’utiliser afin de
mettre la main sur le village.
90
Jacques Crux
49 ans, Ka-Soleil 6
Curé de paroisse 4
Rose+Croix de l’Esprit 6
Description
Jacques Crux est un petit homme malingre, t­oujours
courbé, aux traits tirés et à la peau tendue sur les os. Il ne
porte pas la soutane comme son prédécesseur, mais
­privilégie un jeans noir inusable qu’il met le plus souvent
avec un pull noir, sur lequel il aime porter une croix discrète
en argent.
Il ne regarde que très rarement ses interlocuteurs
dans les yeux, mais lorsqu’il le fait, son regard est
comme habité par une flamme intérieure très forte.
Comme pour contredire le reste de son corps, les mains
de Jacques Crux sont énormes et couvertes de poils.
Ce trait physique lui a souvent posé problème tout au
long de sa carrière ecclésiastique.
Passé
Jacques Crux fait partie des derniers venus du village.
Arrivé depuis environ six mois, il s’est très rapidement
intégré au village, contrairement à Laurent Grilpin. Issu
d’une famille de la grande bourgeoisie, Jacques Crux a suivi
des études dans les meilleurs lycées. Durant celles-ci, il fut
initié aux rites francs-maçons par un parrain de sa famille.
Là, remarqué pour son intelligence et surtout pour
ses velléités mystiques, il fut recruté par une fraternité
Rose+Croix de l’Esprit. Il fut orienté par ses maîtres vers
une carrière ecclésiastique, car ils avaient besoin d’un
homme d’Église. Crux accepta. En récompense, il fut initié
au monde occulte et à certains de ses secrets. Il y acquit une
solide expérience de l’occultisme.
Devenu un homme de confiance, il se vit confier
sa première mission, il y a plus de cinq ans. Il se trouva
­confronté à des Templiers qui la firent capoter. Il décida
alors d’accroître ses connaissances sur les Templiers afin de
mieux pouvoir les contrer. C’est pour cette raison qu’il fut
envoyé dans le village.
Caractère
Crux est un diplomate averti. Il sait cacher ses émotions
ainsi que les feindre. Il est très courtois, et poli à l’extrême.
Les bonnes manières sont pour lui une façon de vivre.
C’est un homme cultivé et intelligent.
Il ne s’emporte pratiquement jamais et cherche toujours
à discuter. Sa colère se manifeste par un humour noir et
des paroles très cassantes.
Buts et motivations
Le but actuel de Crux est d’empêcher à tout prix l’in-
stallation des Templiers dans ce village. Il est même prêt à
s’allier avec les Nephilim pour atteindre son but. Il a tout

Les Veilleurs
de suite reconnu Laurent Grilpin comme l’envoyé des
Templiers et il cherche pour l’instant un moyen de le mettre
hors d’état de nuire. Il compte l’envoyer par la ruse dans
le manoir des Saint-Yliades.
Pouvoirs
Jacques Crux connaît parfaitement deux techniques
R+C ou Tekhnès.
La Lecture des Pensées lui permet de lire les pensées
de l’esprit de sa cible. Les Nephilim sont immunisés, mais
leur Simulacre non. Il peut par conséquent déduire qu’un
Nephilim s’est incarné dans le corps humain.
L’Abstraction de l’Illusion l’immunise contre une illu-
sion visuelle ou auditive créée par un sort. L’illusion est
néanmoins maintenue pour les autres spectateurs.
Monique de Saint-Yliades
36 ans, Ka-Soleil
Entomologiste rentière 7
Description
Monique de Saint-Yliades est la représentante même
d’une certaine noblesse déchue. Elle est de grande taille,
maigre et a les oreilles décollées. Son nez busqué, ainsi
que des yeux bleus cachés derrière des lunettes à culs-de-
bouteille lui donnent un air buté et renfrogné. Elle donne
d’elle-même une attitude très guindée, très vieille-France.
Elle porte des gants et des tailleurs ultra classiques qu’elle
trouve dans les boutiques chics de la capitale. Bien entendu,
ses cheveux sont coiffés en un chignon impeccable.
Passé
Monique a été élevée dans le souvenir de la gloire passée
de sa famille. Elle a vécu dans une oisiveté dorée, faite de
rendez-vous mondains et de cérémonies protocolaires. Elle
a suivi un enseignement de jeune fille modèle dans des insti-
tutions spécialisées et acquis une certaine forme de culture
classique. Mais très tôt, elle chercha à se défaire de ce carcan.
Elle se réfugia alors dans les sciences naturelles et se prit
d’une affection sans limite pour les insectes, ces petites créa-
tures solides et laborieuses, pleines de volonté, aux couleurs
chatoyantes, des véritables bêtes à bon Dieu. Elle acquit
alors une culture scientifique importante sur les insectes,
devenant une entomologiste émérite. Elle se spécialisa dans
l’étude des papillons et amassa une collection importante de
spécimens naturalisés. Récemment, elle a reçu le manoir en
héritage. Peu disposée vis-à-vis de cette étrange demeure,
elle en devint vite la captive volontaire, d’une part à cause des
insectes étranges qu’elle y trouva et d’autre part à cause de
la relation étrange qui s’instaura entre elle et le Khaïba. En
effet, au cours de ses premières visites, Monique s’aperçut
rapidement que le domaine cachait une créature vivante.
Elle en vint à lui parler à haute voix et elle comprit que cette
créature était à l’origine des insectes étranges qu’elle pouvait
observer dans la propriété du manoir. Une certaine relation
91
de compréhension put s’établir entre ces deux êtres mal
dans leur tête et dans leur corps.
Caractère
Monique est une femme au caractère difficile. Elle est
cassante, rabat-joie et très sèche dans sa façon de s’exprimer.
Elle n’a connu que très peu d’hommes dans sa vie et s’est tou-
jours fait plaquer parce qu’elle préférait ses petites bestioles.
Elle est très frustrée et névrosée. Cela peut se remarquer à
ses regards fuyants, ses mains moites quand elle s’adresse
à des hommes, ainsi qu’à ses tentatives très maladroites de
politesse et de gentillesse. Secrètement, elle rêve de s’incar-
ner dans une mante religieuse afin de pouvoir dévorer tous
ces hommes infidèles et méchants, qui l’ont quittée sans
raison. Si elle avait vécu aux États-Unis, elle serait peut-être
devenue une tueuse psychopathe.
But et motivations
Son but est de rénover le manoir afin d’y installer un
petit laboratoire de recherche sur les insectes de la pro-
priété. Elle prépare un mémoire qu’elle compte faire publier.
Elle se doute qu’elle va être confrontée à l’incrédulité générale.
Elle souhaite aussi développer ses connaissances sur l’énorme
larve dont elle soupçonne la forme et qui vit sous la propriété.
Elle compte s’en approcher le plus possible afin de pouvoir
peut-être s’y intégrer et renaître, telle une mante religieuse.
Altamaros,
le Nephilim Khaïba
Pentacle  : Ka-Terre 7, Ka-Feu 6, -,
Ka-Eau 5, Ka-Air 4
Vécu significatif :
L’empire sumérien – Chasseur de lion 4
Civilisation étrusque – Potier 5
Les Croisades – Chevalier 8
Métamorphe : ancien Satyre
Sciences occultes
Plus que des Sciences occultes, le Nephilim
Khaïba possède des pouvoirs occultes.
Créer des lutins
Durant les grandes conjonctions de Terre, Altamaros
peut se séparer d’une partie de sa chair et en faire de petites
créatures mobiles qu’il appelle des lutins et qui vont lui
chercher de la nourriture à travers le parc. Ces petits lutins
ont une durée de vie limitée d’environ deux à six mois. En
général, ils disparaissent lors de conjonctions d’Air ou
d’Eau. Altamaros peut en créer un nombre égal à son degré
de Ka-Terre. Ces créatures ont une forme d’intelligence
développée. Elles sont agressives, vicieuses et pleines de
méchanceté envers les intrus. Elles forment des patrouilles
dans le parc à la recherche des animaux et des humains qui
pourraient servir de pâture au Khaïba.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Enkhaïbater
Son deuxième pouvoir est encore plus terrible.
Le Nephilim fou peut rendre Khaïba des objets et des êtres
vivants. Il a ainsi contaminé plusieurs arbres et plantes de la
propriété les transformant à tout jamais. Il peut aussi le faire
sur des êtres vivants. Pour cela, il doit rentrer en contact
physique avec l’être visé, puis vaincre sur la table d’actions
opposées soit son Ka-Soleil, soit le Ka de Terre, si cela
concerne un Nephilim, avec son propre Ka de Terre. Une
fois la victime touchée, celle-ci doit immédiatement faire un
test de Ka dominant. Si ce test est raté, la victime prend de
base 1 degré dans sa chute Khaïba. La victime commence
alors une métamorphose de Khaïba. Toutes les semaines
elle, doit opposer son degré en Chute de Khaïba contre son
Ka-Élément dominant. Si le test est un échec, elle prend un
nouveau degré en Khaïba. Le processus peut être arrêtée
par un critique réussi dans un Plexus du même champs
magique que son Ka-élément dominant et une réussite
dans un Nexus.
Ressources
Altamaros a oublié depuis longtemps des sorts
structurés de Sciences occultes, notamment sa maîtrise
de l’Alchimie. Ce sont ses pouvoirs occultes qui les ont
­remplacés.
Khaïba : 9
Simulacre : masse protoplasmique amorphe
et d­ égoulinante
Stase : un cimeterre
Description
Altamaros, magnifique Nephilim de la Terre n’est
plus aujourd’hui qu’une masse protoplasmique amorphe
et dégoulinante. Le Nephilim a atteint un tel niveau de
dégénérescence qu’il n’est même plus capable de maintenir
une forme construite pour l’ensemble de son corps.
Il peut encore se modeler un semblant de forme pour
une partie de sa peau ou alors lâcher dans la nature des
parties de lui-même qui peuvent s’animer et se construire
des apparences.
En général, Altamaros se présente comme une gigan-
tesque forme mouvante de couleur brune, tirant sur
le rosâtre de la chair.
Il émane du protoplasme géant une forte odeur de terre
et de mousse qui prend à la gorge. La surface de la créature
est agitée en permanence par des remous, des courants
ondulatoires.
La texture de sa peau ressemble à une vieille croûte de
terre séchée qui partirait en lambeaux sous l’effet du soleil.
Certaines parties de son corps sont au contraire humides
et suintantes.
Des filaments partent de la masse pour se diriger vers les
parois de la caverne. Ils sont recouverts d’un liquide bilieux
qui dégouline jusqu’au sol. Ces filaments se raccordent aux
racines des plantes poussant dans le parc.
92
Ainsi, Altamaros dispose de poumons grâce aux arbres,
d’antennes et de bouches grâce aux plantes et aux arbustes.
Il se déplace à la manière d’une immense larve, faisant ond-
uler et glisser son corps sur la surface pierreuse de la grotte.
Il peut arriver, lors des conjonctions de Terre (donc le
vendredi), que le Khaïba puisse reprendre un peu de sa
forme originelle. Une main à trois doigts, un pied fourchu
ou une tête barbue émerge de la masse de chair. C’est ainsi
que le monstre peut communiquer avec Monique de
­Saint-Yliades dans la cave du manoir.
Passé
Altamaros a connu deux incarnations avant de
­s’incarner en Godefroid de Bouillon durant le courant
du xiie siècle.
La première période, très brève, fut durant un duel
entre Gilgamesh et certains magiciens humains, et la
deuxième fut comme potier durant l’expansion de la civi­
lisation étrusque.
Sa troisième incarnation fut dans un chevalier aux
temps des croisades  : Godefroid de Bouillon, duc de
Basse-Lotharingie. Altamaros s’incarna en lui en France
et décida de partir en Terre sainte pour découvrir les
secrets de cette région et en apprendre plus sur l’Ordre
du Temple. Il participa à la première croisade et reprit
Antioche et Jérusalem. Ses faits d’armes sont restés dans
l’Histoire. Son Simulacre mourut en 1100, empoisonné
par les Templiers. Le poison corrompit le Pentacle du
Nephilim qui développa une forme de Khaïba fulgurant.
Altamaros se réincarna dans un jeune chevalier proche
de Godefroid et rentra en France.
À son retour, il s’installa dans la région du village des
Veilleurs, courut les tournois et surtout les jeunes et
les moins jeunes veuves (il n’était pas Satyre pour rien).
Il ­rencontra ainsi Isabeau de Saint-Yliades, veuve depuis
peu, dont il enleva le cœur. Il s’aperçut très vite que le village
du fief des Saint-Yliades était contrôlé par une comman-
derie templière. Altamaros découvrit que ces Templiers
possédaient des connaissances occultes très avancées
et cherchaient à enchanter le village par l’intermédiaire
de Plexus. Il découvrit que le but des Templiers pouvait
probablement l’aider à soigner la maladie qui le rongeait.
Il décida de les aider dans leur tâche en fabriquant notam-
ment la rosace de Ka dans l’église Sainte-Croix. Altamaros
était persuadé que la naissance du Nexus p­ ourrait le guérir
du Khaïba. Une fois la rosace construite, les Templiers
se retournèrent contre le Nephilim. Ils réussirent à
­l’emprisonner et le transformèrent en homoncule. Mais
cette transformation amplifia son Khaïba, le métamor­
phosant en une créature affreuse.
Les Templiers le gardèrent comme amusement et
comme sujet d’étude. Puis, au moment de la chute des
Templiers, il fut oublié dans sa prison. Altamaros utilisa ses
dernières forces pour se libérer et pour se réfugier dans la
cave du manoir des Saint-Yliades. Il dut alors pour survivre

Les Veilleurs
Sauver Altamaros ?
Cette question peut quand même se poser,
malgré l’état d’avancement du Khaïba. Si vous
avez choisi de lier l’histoire de ce Nephilim avec
celle des Nephilim des joueurs, vous devrez
répondre à cette question et donner à vos joueurs
les différentes pistes de guérison possibles.
Si votre groupe comprend un adopté de
la Tempérance (Se reporter au supplément
Les Arcanes Majeurs), le Nephilim peut contacter
un hospice spécialisé dans le soin du Khaïba. Son
maître de la vie lui conseille de prendre attache
auprès de l’Hospice du Khaïba de Vienne. Selon
le degré du Nephilim en Arcane XIV, cet Hospice
sera plus ou moins enclin à l’aider :
• de 1 à 2 degrés : Le guérisseur communique
des informations générales sur le Khaïba, et
indique que selon les informations communi-
quées, le cas d’Altamaros lui paraît incurable ;
• 3 degrés ou plus  : le guérisseur préconise
une rencontre avec le patient. Si l’adopté est
convaincant, le guérisseur accepte de se rendre
sur place, la durée du trajet étant à adapter
en fonction de la localisation du village par
­rapport à Vienne.
Si votre groupe ne comprend pas d’adopté de la
Tempérance, il va falloir faire jouer les réseaux des
Nephilim. Sont-ils adoptés d’Arcanes proches de
la Tempérance, comme la Force ? Si oui, en deux
jours, ils peuvent obtenir un contact au sein de
l’Arcane et accéder au niveau 3 degrés ou plus du
paragraphe ci-dessus. Dans le cas contraire, ils ne
bénéficieront pas de l’aide de la Tempérance.
Le Guérisseur, Iaso, un Triton, expose les
­différentes possibilités pour soigner le Khaïba :
• Des lieux magiques, comme des Akasha ou
certains quartiers d’Arcadia, seraient capables
de régénérer le Ka et de détruire le Khaïba.
La situation d’A ltamaros ne permet pas de
le déplacer si loin et le temps manque pour
­trouver un tel lieu ;
• Certaines créatures de Kabbale ont le pouvoir
de soigner le Khaïba contre la signature d’une
ordonnance très contraignante. Il cite notam-
ment Sabathiel, l’apothicaire du palais des délices,
de Pachad (Netzach). Iaso et son Hospice ne sont
pas en possession du Sepher Raziel, un des Focus
qui contient cette Invocation et il n’aurait pas non
plus les c­ onnaissances occultes pour faire appel à
l’apothicaire ;
• Iaso évoque à demi-mot les pratiques secrètes
et impies de l’Arcane du Diable. Altamaros
serait peut-être sauvé de la dissolution, mais
la Tempérance déconseille de faire appel à
cet Arcane ;
• Des rituels de son Arcane, adaptés en fonc-
tion du type de Khaïba (gigantisme, nanisme,
ethéralisme ou élémentalisme) et de son état
93
d’avancement (selon le degré de la chute).
Altamaros, gigantisme à un degré 9, est à la
limite de la dissolution et n’est a priori pas
soignable. Iaso propose néanmoins d’essayer
un rituel expérimental, sans être certain de sa
réussite. Ces Khaïba sont difficiles à soigner,
car leur Pentacle est instable et s’est narcosé
avec les champs magiques environnants.
Les conditions minimums sont les suivantes :
Avant toute chose, le guérisseur demandera la
cause et les origines du Khaïba. Ensuite, le rituel
doit être réalisé un vendredi et le guérisseur
doit être en possession de la stase du Nephilim.
La présence d’un Nexus ou d’un Plexus du Ka
dominant du Nephilim enkhaïbaté est indispen­
sable. Si le Khaïba n’est pas transportable,
les  Nephilim vont devoir attendre la naissance
du Nexus et organiser dans le même temps le
sauvetage d’Altamaros. Si le Nexus apparaît trop
tôt, le Khaïba sera dissout et le village recouvert
de boue. Un nouveau Simulacre, Monique de
Saint-Yliades par exemple, doit aussi être prêt à
accueillir le Khaïba en cas de mort probable de
son Simulacre actuel lors de l’opération. Si le
Khaïba est également narcosé, ce qui est le cas
d’A ltamaros, il est également nécessaire que le
guérisseur possède des connaissances en soin
de Narcose. Avant d’effectuer le rituel pour le
Khaïba, l’adopté va délimiter la zone d’influence
magique du Khaïba narcosé en plaçant des
bornes magiques. Une fois cette étape réalisée, le
guérisseur, en possession de la Stase du Khaïba,
lance un sortilège de Haute Magie, qui désolida-
risera les Ka-éléments du Nephilim malade des
champs magiques (50 % de chance de réussite).
Un second sortilège est lancé pour stabiliser
le Pentacle et éviter qu’il ne dissolve (30  % de
chance de réussite). Pour améliorer les chances
de réussite de ces sortilèges, un Nephilim peut
sacrifier un degré de Ka de l’élément dominant
d’A ltamaros (Terre); augmentant de 10  % par
degré sacrifié les chances de réussite du sorti-
lège (voir Règles sur les dommages magiques,
Nephilim Quintessence). Après, le Khaïba sera
soit aspiré par sa stase, soit s’incarnera dans le
Simulacre préalablement sélectionné pour lui.
Ce Simulacre doit être endormi et assez puissant
pour repousser le Khaïba en Ombre, sinon c’est la
folie assurée. En cas de réussite de cette première
grande étape, le guérisseur pourra travailler sur
une thérapie dédiée et des soins magiques pour
aider le Khaïba à guérir de sa maladie. Ce sont
de longs mois, voire des années, pour obtenir
un résultat probant. Les Nephilim devront sans
doute partir à la recherche de Sabathiel ou trou-
ver un accès à un quartier d’Arcadia qui aurait le
pouvoir de soigner leur frère.
 Les Veilleurs du Lion Vert
utiliser les descendants de cette famille. Ceci devint le secret
des Saint-Yliades.
À partir de la fin du xive siècle, Altamaros s’enfonça
dans une débilité profonde et s’assoupit grandement. Il ne
se réveillait que durant les grandes conjonctions de Terre
pour terroriser les occupants du château. Vers le début du
xvie siècle, la famille décida d’abandonner la demeure et de
se réfugier à la ville.
Les paysans en profitèrent pour brûler l’endroit où se
trouvait l’horrible créature. L’incendie détruisit tout le
manoir médiéval. La bâtisse fut alors reconstruite par l’un
des membres de la famille, versé dans les arts occultes.
Cet individu chercha à communiquer avec le Khaïba. Il fit
reconstruire aussi le manoir selon des normes esthétiques
de la Renaissance.
À partir de ce moment, le Khaïba sortit de sa vie végé­
tative pour entreprendre une métamorphose encore plus
totale. C’est à partir de cette époque qu’il prit la forme d’un
énorme protoplasme de terre.
Cette transformation accélérée fut peut-être causée par
les expérimentations magiques ratées de la part de l’occul-
tiste renaissant.
Le Khaïba vécut alors dans un état de bête sauvage
et à moitié endormie ne se réveillant que pour se nourrir
des intrus et des propriétaires du château. Il fraternisa de
nouveau avec le constructeur de l’aile néogothique ainsi
qu’avec Monique de Saint-Yliades, l’actuelle propriétaire
du manoir.
Caractère
La chose est trop étrange pour qu’il soit possible de
la décrire avec des mots humains, jouez-la comme vous
le pensez.
Buts et motivations
La chose n’a plus vraiment de but ou de motivations, elle
n’éprouve qu’un très faible intérêt pour Monique de Saint-
Yliades. En revanche, elle sera intriguée par les Nephilim
et se reprendra peut-être à leur vue, surtout si parmi eux se
trouve un Nephilim ayant côtoyé Altamaros lors d’un Vécu
passé. Il faut que ce Nephilim ait connu une incarnation
durant le XIIe siècle, en général durant les croisades.
Les lutins
Il existe une dizaine de ces petites créatures dans le parc
de la propriété des Saint-Yliades.
Rakjajajajaja
Ka-Terre, Menace 6, dommage 1 (lance-
pierre), protection 2
Description
Rakjajajajaja est une horrible petite créature humanoïde,
haute de 30  centimètres, vêtue de haillons de terre et
94
d­ ’argile caillés. Ses yeux, placés à l’avant et à l’arrière de sa
tête, lui permettent de n’être jamais surpris.
En regardant bien la chose, on peut reconnaître sous
les aiguilles de pierres et les articulations de silex une forme
de belette. Elle est une sorte de chef parmi le petit peuple
d’Altamaros.
Dodididididi
Ka-Terre, Menace 7, dommages 2 (bec de
pierre)
Description
Dodididididi a l’apparence d’un croisement entre un
marabout et un pélican. Son bec est fait de pierre. Il est trans-
lucide, se fondant dans les ombres et les lumières du parc
de la propriété. Il peut apparaître aux Nephilim comme un
fantôme ou un spectre. Il a la faculté de rester parfaitement
immobile, à l’image d’une statue, puis d­ ’attaquer ceux qui
s’intéressent à lui d’un peu trop près.
Les figurants
Les figurants du scénario sont :
* Gaston Lapache le maire tranquille ;
* Michel Tournemine, le patron violent du café
Au rendez-vous des chasseurs ;
* Erwan et Gaël Dutilleul, les jumeaux psychopathes,
patrons de La Veillée ;
* Maurice Garcien, le garde-champêtre impuissant
face aux chasseurs ;
* Georges Allama, l’ancien médecin alcoolique, chassé
par les Templiers ;
* Léa Thévenet, la nymphomane ;
* Le Prouxit, l’idiot du village, dont la seule activité
semble être de hurler « Prouxiiiiit ! » ;
* Albert Fauchon, le vieux charpentier un peu fou ;
* Claire Lebranchesec, l’épicière bobo bio ;
* Pierre Marcheneau, le Premier Conteur.
Gaston Lapache
64 ans, maire du village
Vécu : Édile rural 6
Description
Gaston Lapache est le maire de cette petite commune
depuis maintenant plus de 20 ans. Pas vraiment à droite,
pas vraiment à gauche, il est avant tout paysan et fier de
l’être. Aimé par ses administrés, il gère sa ville tout douce-
ment, sans se lancer dans de grandes réformes. Sa seule
initiative a été d’installer un mini syndicat d’initiative à
l’entrée du village, dans la porte aux loups. Il souhaite la
tranquillité la plus totale pour l’ensemble du village. Il fait
partie des Veilleurs, ainsi que de la Confrérie des chasseurs.
Il sait que Michel Tournemine souhaite prendre sa place,
mais tant que les Veilleurs et les chasseurs de la ville seront

Les Veilleurs
globalement de son côté, il se sait protégé. Par ­contre, si
des incidents étranges venaient à se produire dans le village,
il sera indispensable d’intervenir rapidement pour régler
les problèmes et éviter que les médias s’intéressent à sa
petite ville. Sa hantise serait de voir BFMTV tourner un
­reportage en direct.
Michel Tournemine
55 ans, patron du café Au rendez-vous
des chasseurs et chef de la Confrérie
des chasseurs
Vécu : Chasseur agressif 5
Description
Encore bien conservé pour son âge, il est toujours habillé
comme un chasseur : grandes bottes de plastique, pantalon
et veste de couleur kaki et casquette verte.
Il porte très souvent une ceinture spécialement
dessinée pour lui, afin d’ê tre utilisée comme une car-
touchière. C’e st un homme agressif, vindicatif, très sûr
de lui, qui n’hésite pas à utiliser la violence contre ceux
qui le contredisent.
Il souhaite devenir maire à la place du maire actuel et
n’hésite pas pour cela à employer des méthodes de pression
un peu musclées.
Il n’aime pas le nouveau médecin, parce qu’il a pris des
positions très anti chasse.
Il voue également une haine viscérale aux propriétaires
du café La Veillée et la secte des Veilleurs, comme il
les appelle. C’est un homme terre-à-terre et sceptique,
­considérant toutes ces légendes racontées sur le village
comme des sornettes, juste bonnes à égayer les enfants et à
faire parler les commères du village. Il s’opposera physique-
ment, si besoin avec l’aide d’autres chasseurs, contre toutes
actions des Veilleurs pouvant nuire à ses intérêts, devenir
maire de la ville.
Erwan et Gaël Dutilleul
65 ans, patrons du café La veillée
Vécu : Cafetiers folkloristes 7
Description
Ce sont deux vrais jumeaux, inséparables. Ils sont de
taille moyenne, portent les cheveux longs, style hippie.
Ils sont toujours habillés de pull, tricotés main et de pantal-
ons velours pattes d’eph. Selon les saisons ils ont aux pieds
soit des sandales de cuir, soit de gros sabots.
Ils vivent encore chez leurs parents, âgés respectivement
de 92 ans pour le père et de 90 ans pour la mère. Erwan est
un peintre sadique. Il aime ainsi prendre pour modèle des
petits animaux qu’il a écorchés ou dépiautés.
L’autre frère, Gaël n’est pas très bien non plus dans
sa tête. Plus mystique que son frère, il fait de la musique
expérimentale. Pour cela, il tue lentement de petits animaux
et il enregistre leurs cris de détresse. Ensuite, il se livre à
95
une opération d’échantillonnage sur les cris enregistrés
grâce à son synthétiseur. Enfin, il passe cette « musique » à
fond, alors qu’il est allongé sur un lit confectionné avec des
­rondins de bois et de la mousse.
Ils sont tous les deux passionnés de folklore et de légen-
des, surtout celles parlant d’animaux et de loups-garous.
Les jumeaux font partie de la confrérie des Veilleurs et
leur café accueille dans une arrière-salle, à chaque pleine
lune, une veillée réunissant tous les membres. À cette
occasion, les différents membres se racontent les légendes
principales liées aux cinq lieux occultes et d’autres légen-
des inventées plus récemment par les précédents chefs
des Veilleurs.
Maurice Garcien
53 ans, garde-champêtre
Vécu : Garde-champêtre débonnaire 7
Description
C’est le garde-champêtre débonnaire, bon vivant, peu
préoccupé par la sécurité et le respect des lois.
Arrivé dans le village il y a maintenant plus de 30 ans,
il est devenu un fils du pays. Il n’a qu’une vague connaissance
des activités de la Confrérie des chasseurs.
En revanche, il ne veut pas que sa tranquillité soit
dérangée par des querelles intestines et surtout par des
investigations trop poussées de la part de visiteurs bizarres.
En cas de gros problème, il fera appel à la gendarmerie la
plus proche. Les gendarmes feront leur apparition au bout
d’une heure minimum.
Georges Allama
75 ans, médecin à la retraite
Vécu : Médecin retraité alcoolique 7
Description
Georges Allama est le résultat d’une déchéance causée
par l’alcool. Afin de lutter contre l’ennui de sa situation et
le commun de ses patients, Georges Allama sombra dans
ce travers. Rapidement, il devint plus dangereux qu’autre
chose pour ses patients.
Il fut évincé par les supérieurs templiers de Grilpin,
qui le menacèrent de le dénoncer au Conseil de l’ordre des
médecins s’il ne laissait pas sa place à Grilpin. Il a soigné
Raoul Dubreuil il y a plus de 20 ans, alors que celui-ci venait
se reposer dans le village.
Il a tout de suite vu que celui-ci présentait des ano­
malies physiques, comme les cheveux blonds ou les
mains très fines. Il lui arrive d’en parler lors de ses crises
de délires avinées.
Il peut aussi parler, durant ses crises, de son éviction,
obtenue par chantage.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Léa Thévenet alias
La belle Léa
21 ans, chômeuse
Vécu : allumeuse 8
Description
C’est la plus jolie fille du village. Véritable allumeuse,
elle drague bon nombre des hommes du village. Pour elle,
c’est tout le temps l’Été en pente douce. C’est par elle que
le scandale arrive.
En effet, il lui arrive de faire chanter ses amants afin
d’obtenir des faveurs et de l’argent. Elle vient de faire tomber
dans ses bras le nouveau médecin et lui a fait connaître une
expérience que celui-ci n’est pas prêt d’oublier.
Elle cherchera à exercer ses charmes sur le Nephilim
possédant le charisme le plus élevé. Si elle se heurte à un
refus net, elle le prendra très mal et répandra assez rap-
idement que cette personne est un obsédé sexuel d­ éviant
(«  D’ailleurs, il n’y a qu’à voir son drôle de visage  »).
Un  Satyre dans le groupe ne pourra pas résister à ses
avances et tombera dans son piège.
Le Prouxit
25 ans, idiot du village
Vécu : prouxiiiit 10
Description
Personne ne se rappelle plus le vrai nom de celui connu
dans le village sous le ridicule pseudonyme de « Prouxit ».
Celui-ci lui vient de sa désagréable habitude de se cacher
derrière tout et n’importe quoi et de surgir au passage du
premier venu en hurlant « Prouxiiiiiiiit !!!! ».
La signification de cette onomatopée est par ailleurs
totalement inconnue des habitants du village. Ils s’y sont
habitués et le tolèrent.
Le Prouxit vit dans un caveau abandonné du cimetière
de l’église Saint-Jean, et s’occupe de l’entretien des tombes
et des pelouses.
Inutile de préciser que toute tentative de discussion avec
lui a pour conséquence un « Prouxiiiiiiiit ! » strident sur
un ton variant du mépris au franc enthousiasme.
Albert Fauchon
ou père Albert
72 ans, charpentier
Vécu : charpentier retraité parano 7
Description
Le père Albert est l’ancien charpentier du village qui
a perdu la tête il y a de cela quelques années. Le jour où
il a appris que sa maison était construite au-dessus du
cimetière templier, il est devenu paranoïaque et a c­ ommencé
à ­raconter que sa maison était hantée. En ­réalité, sa m
­ aison
est bel et bien hantée, mais seulement depuis qu’il a
taillé un crucifix avec du bois récupéré sur le domaine de
96
Saint-Yliades, matière végétale corrompue par le Khaïba
d’Altamaros. Le crucifix a généré des lutins qui terrorisent
le vieux fou. Dorénavant ses délires sont bien ancrés dans
la réalité, mais ses voisins ne le croient toujours pas.
­Peut-être que des Nephilim qui prendront le temps de
l’écouter pourraient l’aider à se débarrasser de ces créa-
tures et apprendre la provenance du bois du crucifix et
remonter ainsi jusqu’au Khaïba.
Claire Lebranchesec
42 ans, épicière, gérante du commerce
Nature Chez Claire
Vécu : commercante bio 6
Description
Claire Lebranchesec est une belle femme habillée de
façon bohème, les cheveux détachés, de belles robes à
fleurs. Son sourire et son charme rendent les autres com-
merçants du village très taciturnes. Elle tient une petite
épicerie au centre du village et vend des produits bio et
vegan. Ses ­principaux fournisseurs sont des producteurs de
la région. Son action n’est pas très bien vue par la Confrérie
des chasseurs qui voit en elle le mal des grandes villes,
la montée du végétarisme et la haine des chasseurs.
Récemment, Claire a trouvé un nouveau producteur
qui lui fournit des champignons bio qu’ils font pousser
dans la forêt de Lanvard à côté du village. Ces champig-
nons p­ ossèdent des formes étranges qui rebutent pour
l’instant les habitants du village. Mais les rares courageux
ayant tenté l’expérience sont devenus de véritables habitués.
L’influence du Plexus de Terre a rendu ces champignons
porteurs de Ka-Terre soignant les rhumatismes et autres
douleurs de leurs consommateurs.
Pierre Marcheneau
(grand Conteur)
55 ans, menuisier et grand Conteur,
chef des Veilleurs
Vécu : artiste de rue 7
Description
Pierre Marcheneau est un homme de taille m ­ oyenne,
portant des lunettes modernes à monture épaisse.
Son crâne commence à se dégarnir sous les effets de l’âge.
Il parle très posément, d’une voix égale mais pas monotone.
Il est capable d’envolées lyriques pouvant émouvoir les
plus insensibles.
Son grand-père a pris la succession d’un grand Conteur
sans héritier, élu par l’assemblée des Veilleurs. Il a lui-même
trois filles, dont l’aînée participe activement aux veillées et
désire prendre la suite de Pierre.

Les Veilleurs
Un Veilleur type
Entre 35 et 65 ans, Menace 3
Description
Une grande partie des habitants du village sont mem-
bres des Veilleurs. Leurs points communs sont un intérêt
pour les légendes, le respect des traditions et un certain don
d’éloquence.
Un villageois type
Entre 35 et 65 ans, chasseur,
agriculteur, fermier, etc.
Vécus 3
Description
Il est souvent vêtu d’un jean ou d’un gros velours côtelé.
Il porte des chemises à carreaux en laine, les manches
retroussées. Quelquefois il peut porter un béret. Même si,
de prime abord, il se montre bougon avec des visiteurs, il se
révèle sympathique, pour peu que ceux-ci le plaignent de
sa situation économique.
Il se mettra alors à discuter de la pluie et du beau temps
et surtout des ragots sur le village.
Il cherchera à savoir si les visiteurs n’ont pas un quel­
conque lien de famille avec l’une des familles du village.
Les groupes
Dans ce paragraphe sont regroupés les groupes
humains qui peuvent agir selon un certain nombre de règles
identiques.
La Confrérie
des chasseurs
C’est une confrérie très récente. Elle fut fondée sous
la IIIe République, peu de temps après la mise en applica-
tion de la loi 1901 sur les associations, par des chasseurs
expérimentés souhaitant protéger leur gibier. L’association
a vite dégénéré en un groupement des hommes forts du
village voulant s’amuser ensemble, tirer un peu partout et
boire des bières sans l’intervention de leurs malheureuses
épouses. Aujourd’hui, la confrérie regroupe environ une
vingtaine d’hommes. Ensemble, ils forment un groupe de
gais lurons quand ils sont sobres et une bande de miliciens
xénophobes (surtout quand les étrangers possèdent des
yeux bridés et des peaux d’une couleur bizarre) quand ils
ont bu. Ils sont opposés aux Veilleurs, qu’ils considèrent
comme des traîtres à la cause, du fait du bazar folklorique
dans lequel ils plongent régulièrement le village. Ils ont ainsi
plusieurs fois puni physiquement des gosses chapardeurs et
ont menacé la belle Léa de représailles si celle-ci n’arrêtait
pas son activisme sexuel. En cas de gros problèmes d’ordre
dans la ville, ils n’hésiteront pas à se former en milice armée
d’environ une dizaine de chasseurs.
97
Leur dernière nouveauté est la découverte de la chasse
à l’arc. Ils aiment maintenant chasser au moyen d’arcs
sophistiqués qu’ils n’hésitent pas exhiber aux yeux de tous.
Cette forme de chasse est illégale et la Confrérie s’oppose
régulièrement avec le garde-champêtre. Ils ont menacé plu-
sieurs fois le pauvre Maurice Garcien si celui-ci les gênait
dans leur plaisir.
Pour faire partie de la Confrérie des chasseurs, il faut
être un chasseur, c’est-à-dire posséder un permis de chasse
et un fusil de chasse. Il faut aussi avoir tué au moins trois
sortes de gibiers devant témoins, et ceci d’un seul coup de
fusil. Ce gibier ne doit pas avoir été élevé par l’homme.
Les Veilleurs
L’antique confrérie des Veilleurs est l’une des curiosités
les plus intéressantes du village. La confrérie des Veilleurs
rassemble de père en fils (ou de mère en fille) certains
membres du village, ce depuis le Moyen Âge. Ces veilleurs
doivent apprendre par cœur les légendes et les contes du
village afin d’être capables de les réciter, lors de veillées, à
­l’ensemble de la population. Ils doivent aussi garder intacts
les objets et les monuments liés à ces légendes, afin que
celles-ci conservent toute leur force évocatrice. Ils sont
Veilleurs à deux titres : ils veillent la nuit afin d’enchanter
les petits et les adultes de délicieuses histoires et ils veillent
à la sauvegarde du patrimoine légendaire du village.
Les Veilleurs tiennent leurs origines d’une machination
templière. Ils furent créés par ces derniers pour garder
intacts, malgré eux, les objets occultes que les Templiers
avaient laissés derrière eux. Pour cela, ils ont créé un corps
de légendes permettant d’empêcher les gens de toucher à
ce patrimoine occulte.
Les Veilleurs sont organisés de manière très informelle :
la seule position hiérarchique effective est celle de grand
Conteur, actuellement détenue par Pierre Marcheneau.
Cette fonction a pour seul but de veiller au maintien des
traditions. Cette position est héréditaire. Lorsqu’un grand
Conteur meurt sans héritier, les Veilleurs se réunissent
lors d’une veillée exceptionnelle et élisent un nouveau
grand Conteur.
Pour faire partie des Veilleurs, il faut être parrainé par
deux membres et réciter trois légendes lors d’une veillée.
Les  Veilleurs se réunissent tous les vingt-huit jours,
à la pleine lune, au café La Veillée.
Les Veilleurs utilisent un signe de reconnaissance : une
petite chouette qui ferme un œil. Tous les membres des
Veilleurs portent ce signe, sous une forme ou une autre.
Ils ont également un costume de cérémonie, composé
d’un grand chapeau noir à larges bords, d’une longue cape
noire et de poulaines noires.
 Le scénario
Le synopsis
Un vieux peintre riche et célèbre, Raoul Dubreuil,
est le Simulacre d’un Nephilim appelé Le Pulsarium.
Ce  Nephilim fait partie de l’Arcane Le Pendu. Il pense
atteindre l’Agartha en laissant son Simulacre agir à sa place.
Ce Nephilim n’agit que lorsque son Simulacre se trouve en
danger extrême. Justement, Raoul Dubreuil âgé de 88 ans,
se sait atteint d’un cancer.
Le Pulsarium décide alors de lui faire reprendre
­l’élaboration de cinq tableaux magiques dans lesquels le
Nephilim pourrait s’incarner et ne plus jamais être dérangé.
Raoul Dubreuil décide de s’installer dans son village natal
pour y puiser l’inspiration qu’il y a trouvé dans sa jeunesse.
Il achète au village la vieille église en ruines et y fait installer
son atelier.
Ce village est en fait une ancienne commanderie
médiévale des Templiers qui rassemble cinq Plexus. Lors
de son départ au début du xive siècle, la société secrète
y a laissé de nombreux objets et lieux occultes conçus
pour ­capturer les cinq champs magiques principaux.
Elle ­comptait ainsi fabriquer un Nexus qu’elle aurait pu uti-
liser pour son Grand Plan. Depuis, ces lieux occultes sont
protégés par une fraternité constituée de certains habitants
du ­village : les Veilleurs.
98
Les Veilleurs organisent des veillées durant lesquelles
ils perpétuent les légendes rattachées à chaque lieu occulte
du village. En même temps, ils protègent l’intégrité de ces
lieux. La venue du vieux peintre dans le village va semer un
trouble important.
En effet, en s’appropriant l’église en ruines, le peintre
contrecarre les projets d’une obédience templière qui
cherche à récupérer de manière détournée le village afin de
redonner vie à la commanderie. Il gêne aussi un membre
des Rose+Croix, le curé Jacques Crux, venu neutraliser une
fois pour toute cette commanderie maudite.
Il dérange aussi le chef des Veilleurs, Pierre Marcheneau,
qui venait juste de retrouver la légende sur l’église en ruines.
Le peintre, faisant fi de tous ces petits problèmes, poussé par
son Nephilim, commence l’exécution des trois dernières toiles.
À ce moment-là, les légendes du village commencent à prendre
corps. En effet, au fur et à mesure de leur avancement, les toiles
magiques du peintre agissent comme des pompes à champs
magiques et réveillent tous les lieux occultes du village.
À terme, les toiles du peintre peuvent déclencher le
mécanisme magique produisant un Nexus. Ces toiles vont
aussi réveiller un Nephilim devenu Khaïba, Altamaros et
vivant dans un vieux manoir proche du village. Le Khaïba
peut se révéler très dangereux pour la sécurité des habitants
et des événements magiques du village.

Les Veilleurs
Seuil Rosenkreutz
du village
À l’arrivée des Nephilim au village, le seuil
RK est de 10, suite aux événements liés aux
tableaux L’Air et Le Feu. En dehors des actions
des Nephilim, ce seuil va diminuer comme
suit :
• achèvement du troisième tableau, le Plexus
de Lune se réveille -2 ;
• rencontre entre Laurent Grilpin et Le
Pulsarium à la porte des babouins -1 ;
• achèvement du quatrième tableau, le Plexus
de l’Eau se réveille -2 ;
• achèvement du dernier tableau, le Plexus de
la Terre se réveille -2 ;
• formation du Nexus, agonie du Khaïba,
coulée de boue dans tout le village -2.
Certains lieux ont un seuil RK plus bas
que le seuil RK du village :
• le café La Veillée : 8
• la maison de Laurent Grilpin et ses alen-
tours : 5
• l’église Saint-Jean : 5
Une fois terminés, les tableaux risquent de capturer
pour eux les cinq énergies magiques mises en branle afin
d’alimenter les Ka-éléments du Pulsarium, détournant
alors pour lui un Nexus permanent.
Les Nephilim vont se trouver impliqués dans cette
histoire de diverses façons. Ils enquêtent sur le peintre,
découvrent qu’il est un Nephilim, mais que ses motivations
sont très éloignées des leurs. Ils peuvent trouver les buts
occultes de ce Nephilim et envisager leurs conséquences.
En enquêtant, les Nephilim risquent de marcher sur
les plates-bandes des Templiers chargés de récupérer la
commanderie et du Rose+Croix chargé d’en annihiler
les vestiges.
Ces vestiges occultes peuvent eux-mêmes se révéler
dangereux pour les Nephilim. Enfin, les Veilleurs devien-
nent très agressifs s’ils voient les lieux de leurs contes mis
en danger. Par ailleurs, les Nephilim pourront rapidement
comprendre que ce village constitue une excellente base
de futures aventures mystérieuses surtout s’il possède
un Nexus permanent utilisable par les Nephilim.
Le déroulement
Cette partie du scénario vous donne le déroulement
détaillé de l’histoire pouvant être jouée dans les Veilleurs.
L’histoire générale est découpée selon un montage bien
précis en différentes scènes marquantes. Ces scènes sont
indiquées dans leur ordre chronologique du déroulement
du scénario et ne tiennent pas compte des décisions et
99
actions des Nephilim. Il peut arriver, à cause des différents
choix possibles des Nephilim, ou pour des raisons de
cohérence de l’intrigue, qu’une scène soit décrite selon
­plusieurs versions.
Chronologie
des événements
La suite d’événements relatée ci-dessous ne tient pas
compte des actions des Nephilim. Elle reflète ce qui se
­passera si les Nephilim ne font rien.
J-60
Raoul Dubreuil envoie une équipe d’ouvriers pour amé­
nager l’église Sainte-Croix. Les travaux durent deux mois.
J-10
Raoul Dubreuil arrive dans le village. Il s’installe dans l’église
Sainte-Croix.
J-7
Suite à l’arrivée des tableaux dans le village, éveil du
Plexus de l’Air. La brume-chauve-souris renverse trois
pylônes électriques, plongeant le village dans le noir
durant trois jours.
J-3
Éveil du Plexus de Feu. La vouivre-éclair carbonise une
partie de la Croix du tumulus.
J
12 h : arrivée des Nephilim au village (Scène 3 et Scène 4).
18 h  : Raoul Dubreuil termine le troisième tableau
La Lune.
J+1
0 h - 4 h  : Suite à l’achèvement du troisième tableau, le
Plexus de Lune se réveille et les pâles-ophales saignent dix
vaches (Scène 5).
5 h : Un fermier découvre ses dix vaches exsangues. Il s’em-
presse d’aller raconter l’événement au café Au rendez-vous
des chasseurs. Laurent Grilpin, qui fait office de vétérinaire,
y est appelé. Il va observer les vaches lui-même.
9 h : Arthur Lenoir, vêtu de sa grande cape noire, joue son
rôle d’oiseau de mauvaise augure. Il clame qu’il l’avait bien dit
et que la série noire ne fait que commencer.
12 h : réunion des Veilleurs. Ils décident d’envoyer de petits
groupes surveiller les alentours des lieux occultes. Deux
personnes sont envoyées pour surveiller les agissements
de Raoul Dubreuil. Elles restent aux alentours de l’église et
sont relayées toutes les deux heures.
 Les Veilleurs du Lion Vert
J+2
22 h  : Laurent Grilpin, au courant des propriétés
magiques de la porte aux babouins et soupçonnant
Raoul Dubreuil d’être un Nephilim, donne rendez-vous
à ce dernier à la porte. Il compte lui faire passer le test des
écritures magiques. Le Pulsarium s’aperçoit de la présence
d’orichalque sur les bas-reliefs et refuse de se plier aux exi-
gences de Grilpin. S’ensuit une altercation entre les deux,
rapidement stoppée par l’intervention de chasseurs de la
Confrérie de retour de la chasse. Les chasseurs prennent le
parti de Raoul Dubreuil (Scène 6).
23 h  : réunion des Veilleurs. Sous l’impulsion de
Marcheneau, ils commencent à se douter d’une liaison
entre les tableaux et les lieux occultes. Prudent, il pense
qu’une preuve de ce qu’il avance pourrait être un nouvel
événement dans un lieu occulte.
J+3
0 h-5 h : Jacques Crux, grâce au Prouxit, découvre la liaison
entre les souterrains du village, la maison du médecin et le
réseau des Templiers. Il passe sa nuit à explorer les boyaux
menant des Plexus à l’église.
23 h - 8 h  : Raoul Dubreuil, grâce au sort Couleurs
enchantées, passe la nuit à achever sa quatrième toile, L’Eau.
La lumière reste allumée toute la nuit dans l’église.
2 h : hurlements des chiens sous la maison du père Albert,
qui ont vu surgir Jacques Crux. Les hurlements à la mort
durent un quart d’heure et réveillent la moitié du village.
9 h : Raoul Dubreuil achève L’Eau. Il se couche.
10 h  : Monique de Saint-Yliades arrive au café Au
r­ endez-vous des chasseurs. Paniquée, elle hurle que son
manoir coule.
15 h : Une vieille femme meurt de peur au lavoir sous les
yeux d’un groupe de surveillance des Veilleurs. Le groupe
dit qu’il a vu les fées aux doigts de glace venir chercher la vie-
ille femme (Scène 6).
17 h : Laurent Grilpin, sentant que Dubreuil lui résiste et
est sur le point d’entreprendre un rituel magique, téléphone
à son supérieur Templier en lui demandant de l’aide.
20 h : réunion des Veilleurs. La nouvelle de la mort de la
vieille femme et le récit du groupe de surveillance décident
Marcheneau à ordonner la prise de l’église Sainte-Croix.
21 h  : La Confrérie des chasseurs, prévenue par un
chasseur infiltré dans les Veilleurs, empêche ces derniers
d’entrer dans l’église. Le maire Gaston Lapache accourt et
appel au calme. Devant les risques qu’a l’affrontement de
100
dégénérer, il appelle la gendarmerie. Marcheneau, deux
Veilleurs ainsi que quatre chasseurs sont emmenés et
détenus (Scène 8).
J+4
20 h : Les quatre gamins qui ont fait du manoir leur aire de
jeu ne sont pas rentrés. La famille s’inquiète. Les gendarmes
refusent de se rendre dans le parc. Arthur Lenoir prétend
qu’il est capable de les retrouver.
22 h - 4 h  : Arthur Lenoir et les familles des enfants
­disparus passent la nuit à les chercher. Au petit matin, on
retrouve les enfants, victimes d’une petite coulée de boue
en dehors du manoir.
J+5
12 h : Si les Nephilim n’ont toujours pas saisi les principes
du scénario, Jacques Crux les contacte, les met sur la voie en
leur demandant de l’aide pour arrêter Dubreuil (Scène 9).
14 h : Pour toute réponse à sa requête, Grilpin reçoit quatre
charges explosives de C-4.
J+6
14 h : Raoul Dubreuil termine La Terre. L’Ermiterre est
éveillé immédiatement et tue l’Ermite. Celui-ci est retrouvé
écrasé par un gros bloc de pierre.
J+7
16 h : formation du Nexus. Les cinq Plexus se réunissent
en un Nexus au centre de l’église. Le Khaïba s’éveille totale-
ment, agonise et provoque une coulée de boue qui recouvre
le village sur trente centimètres (Scène 10).
Scène 1
Le préambule
Cette scène est la scène d’introduction au scénario
Les Veilleurs. Vos Nephilim viennent de se réveiller depuis
peu. Ils ont une connaissance minime de leur statut dans
notre monde moderne. Ils peuvent déjà avoir fait un
scénario d’introduction ou bien avoir joué L’Éveil des
Éléments. Il est idéal de ­commencer le scénario durant
l’automne, afin de donner une ambiance romantique car-
actéristique qui pourra typer votre scénario.
Les citadins marchent vite dans la rue, se serrent dans
leurs manteaux et tiennent leurs chapeaux. Les campa­
gnards attendent la longue jachère de l’hiver. Les feuilles
tombent, les récoltes viennent d’être faites. Il y a de la pluie,
des orages propres à éveiller quelques Effets-Dragons.
La  Terre, du moins son hémisphère nord, prépare son
grand sommeil.
Il existe de nombreuses manières d’amener les Nephilim

Les Veilleurs
à visiter le village et à connaître ses légendes et ses intrigues.
Nous vous présentons plusieurs versions, à vous de les choi-
sir ou de les transformer selon vos besoins.
Le mystère Raoul
Dubreuil
Par le biais de la presse ou de la télévision, les Nephilim
prennent connaissance d’une information qui peut exciter
leur sens de l’occultisme. L’information en résumé est la sui-
vante : le célèbre peintre surréaliste abstrait Raoul Dubreuil
décide de quitter la capitale pour installer son atelier dans une
église en ruines située dans un petit village pittoresque appelé
du nom de votre choix).
Ce qui étonne le plus est que, malgré son âge avancé,
Raoul Dubreuil s’est remis à la peinture de cinq toiles nom-
mées Les toiles ésotériques, commencées au tout début de
sa carrière alors qu’il n’était qu’un jeune peintre inconnu.
Deux de ces toiles sont déjà achevées, et le grand peintre de
l’imaginaire s’est mis au travail sur la troisième.
Il est marquant qu’un peintre aussi connu que Raoul
Dubreuil se remette en cause. C’est en tout cas un bel
exemple de sursaut artistique. En attendant sa prochaine
exposition, vous pouvez toujours admirer ses œuvres de
­jeunesse en lisant le livre de Michel Paccolo, publié aux
­éditions Corps 9 Raoul Dubreuil, le tisserand rêveur.
Vous pouvez utiliser les informations données dans les
aides de jeux.
Les Nephilim peuvent alors enquêter sur Raoul
Dubreuil et sur ces cinq mystérieuses toiles ésotériques.
Ces enquêtes les aiguillent très rapidement sur le village et
ses habitants (voir la scène 2).
Folklore et veillées
L’un des Nephilim du groupe, généralement le
Nephilim de l’Air s’il y en a un, trouve un document étrange
durant l’une de ses recherches dans une bibliothèque ou à
la librairie de l’Incunable Souveraineté. Ce document est
un livre sur le folklore français intitulé Folklore et veillées.
Il détaille en particulier les Veilleurs du village dans lequel
va s’installer Raoul Dubreuil. Il décrit aussi les principaux
lieux touristiques du village. Mais si le lecteur fait bien
attention, il découvrira en filigrane sur le papier un sceau.
Peu de temps après cette découverte, vous pouvez jouer la
scène Le mystère de Raoul Dubreuil ci-dessus.
Ils pourront aussi trouver un article dans la revue
Mondes Occultes sur le village des Veilleurs.
Les retrouvailles
L’un des Nephilim du groupe a vécu une incarnation
durant le Moyen Âge, à une période allant du début du
xiie au début du xiiie siècle. Durant cette incarnation, il a
pu rencontrer Altamaros lorsqu’il était incarné dans un
101
Le sceau
Un degré de 2 ou plus en Arcanes Mineurs
Templiers apprendra aux Nephilim que ce
sceau est lié aux Templiers. De plus, le livre
semble avoir été récemment feuilleté et des
lignes ont été soulignées au stylo-bille. Les
passages soulignés concernent les descrip-
tions du pont du diable et de la fontaine aux
fées. Des notes dans la marge, rédigées en
abréviations chiffrées, indiquent que le lecteur
maîtrise un alphabet crypté proche de celui
des Templiers. Si les Nephilim n’ont aucune
connaissance sur les Templiers et qu’ils se
trouvent dans la librairie de l’Incunable
Souveraineté, le docteur Parangon, dans un
excès de gentillesse, fait rare, leur donne cette
information.
jeune chevalier ou dans Godefroid de Bouillon, pendant
les croisades. Il a pu soit sympathiser avec ce Nephilim de la
Terre, ou même intégrer son groupe de chevaliers qui a lutté
contre les Templiers. Le meneur de jeu doit alors raconter
plus précisément ces événements au Nephilim.
Altamaros ayant demandé à ses Frères de le garder en
mémoire après la défaite face aux Templiers, le Nephilim
s’en rappelle clairement. Ce Nephilim peut alors chercher
à recontacter Altamaros. En se renseignant sur son dernier
Simulacre connu, il peut apprendre qu’Altamaros l’a fait
se marier à la famille des Saint-Yliades. Le Nephilim du
groupe peut ainsi se mettre à trouver des renseignements
sur les Saint-Yliades et obtenir des informations sur
le ­manoir hanté du village.
Cette information peut alors suffisamment intriguer les
Nephilim pour qu’ils partent explorer le manoir. Ils tomber-
ont alors sur le Khaïba et le peintre Raoul Dubreuil. Ils
pourront alors rentrer de manière détournée dans le corps
du scénario. Rien ne vous empêche de greffer aussi les infor-
mations des précédentes introductions.
Une fraternité
Vous pouvez également décider d’aller encore plus
loin que l’introduction Les retrouvailles, décrite ci-dessus.
Altamaros fait partie de la fraternité des Nephilim de
votre groupe. Ils ont perdu sa trace pendant les croisades.
Récemment réincarnés, les Nephilim décident de le retrou-
ver. Ce lien très fort entre Altamaros et les Nephilim rendra
la fin de scénario plus complexe. Décideront-ils de le sauver
malgré ses liens suspects avec les Templiers ?
 Les Veilleurs du Lion Vert
Une mystérieuse étape
Vos Nephilim sont en vadrouille dans la campagne.
Ils  doivent faire étape afin de mettre de l’essence dans
leurs véhicules et reposer leur Simulacre. L’endroit choisi
est bien entendu le village des Veilleurs. Les Nephilim
peuvent alors rencontrer directement Raoul Dubreuil
s’escrimant sur sa troisième toile. Ils s’aperçoivent qu’il est
un Nephilim un peu spécial. Dès qu’ils commencent à
enquêter, le scénario débute.
Scène 2
La recherche
d’informations
sur Raoul
Dubreuil et
sur le village
Les Nephilim peuvent alors chercher des informations
plus précises sur ce Raoul Dubreuil, sa vie, son œuvre et sur
le village « pittoresque » dans lequel il vient de s’installer.
Les informations trouvées les poussent à aller visiter le
village et ses étranges habitants. Cette scène doit être jouée
relativement rapidement et les informations ne doivent pas
être trop difficiles à trouver.
La bibliothèque municipale et quelques librairies
fournissent sans problème les renseignements recherchés.
Durant cette enquête préliminaire, les renseignements
trouvés ne sont pas vraiment de nature occulte.
Les renseignements
sur Raoul Dubreuil
Raoul Dubreuil, le tisserand rêveur
C’est une biographie écrite par le célèbre critique d’art
Michel Paccolo, publiée il y a cinq ans par les éditions Corps
9. Les Nephilim pourront trouver dans ce livre des renseigne-
ments concernant la vie privée de Raoul Dubreuil, ainsi qu’une
mauvaise reproduction de L’Air, l’une des deux toiles peintes
durant sa jeunesse.
Le texte parle d’une métamorphose du jeune peintre aux
alentours de ses 16 ans. En effet, alors qu’il n’était qu’un fils
d’agriculteurs, le jeune homme quitta son village natal pour
aller rencontrer les grands noms de la peinture ­moderne. Puis,
l’auteur du livre parle de l’influence du village de Raoul sur
ses premières œuvres. Lui-même est allé visiter le village pour
s’imprégner de l’atmosphère ressentie à l’époque par le jeune
peintre. Il décrit le village comme « un merveilleux petit hameau
médiéval cerné par des fantômes et des l­égendes fantastiques ».
102
Les reproductions des œuvres de jeunesse montrent
une peinture surréaliste où les symboles ésotériques
comme le pentacle à cinq branches transparaissent.
La reproduction de L’Air montre une toile hallucinante
pour un Nephilim, puisqu’elle ressemble à une symbolisa-
tion subtile du Ka-Air.
Il existe d’autres renseignements faciles à trouver dans
lesquels les Nephilim pourront apprendre des morceaux
de la vie de Raoul Dubreuil tels qu’ils sont décrits dans
le chapitre « Les Personnages ».
Les renseignements
sur le village
Folklore et veillées
Écrit par Jean Meyrand et édité aux Presses des
Champs
Les guides touristiques
N’importe quel guide touristique régional et même
national bien documenté parle du village. Il est présenté
comme un village d’agriculteurs ayant réussi à conserver
ses lieux pittoresques en bon état et vivants. Certains
guides parlent en détail de la porte aux babouins dont le
nom vient des étranges figures aux oreilles pointues ou
aux ouïes de poisson prises à l’époque médiévale pour des
babouins par leurs sculpteurs. Le célèbre guide vert signale
dans ses non moins célèbres commentaires historiques
que le village fut une commanderie templière de grande
importance durant les xiie et xiiie siècles et qu’elle fut
abandonnée par les Templiers au moment de leur procès.
Certains guides r­ apportent l’existence d’un manoir du xvie
siècle appartenant à une vieille famille de nobles : les Saint-
Yliades. Le  manoir ne peut pas être visité, car propriété
privée et selon les légendes du village, il serait hanté.
Scène 3
L’arrivée
des Nephilim
au village
Les Nephilim arrivent dans le village vers midi.
Ils peuvent chercher un endroit où loger et s’aperçoivent
rapidement qu’il n’y en a qu’un seul : Au rendez-vous des
chasseurs. Ils prennent contact avec les habitants du village
et peuvent commencer leur enquête. Photocopiez le plan
du village et montrez à vos joueurs les endroits que leurs
Nephilim visitent. Ils peuvent ainsi bien ­visua­liser la géog-
raphie du village. Durant cette courte visite, ils  ­peuvent
rencontrer deux ou trois agriculteurs causants dont l’un fait

Les Veilleurs
partie des Veilleurs. Ils peuvent aussi interroger les patrons
des deux établissements du village.
Les agriculteurs
Trois agriculteurs transportent des outils divers. Ils se
montrent amicaux, pour peu que les Nephilim leur accor-
dent cinq minutes d’attention sur le sujet du temps et de la
météo. Après ces politesses d’usage, les agriculteurs répon-
dent aux questions des Nephilim. L’un d’eux, faisant partie
des Veilleurs, donne plus d’informations, mais en revanche
il enregistre le fait que les Nephilim cherchent eux aussi
des renseignements sur Raoul Dubreuil. Ils donnent les
­renseignements suivants :
« Le peintre c’est un ancien habitant du village. Moi
je m’en rappelle de ce que me disait mon père. Il est parti
comme un fou dans la grande ville pour peindre, il était tout
bizarre et il rôdait déjà autour de la vieille église. »
« La vieille église, elle est en travaux depuis maintenant
deux mois. Le vieux peintre, il en a fait son atelier. Et depuis
il peint comme un fou des toiles bizarres. Je crois que ça ne
plaît pas trop aux Monuments Historiques qui voient d’un
mauvais œil ces travaux de restauration. »
« Des choses bizarres dans le village ? Non pas dans le
village, plutôt dans les alentours. Trois pylônes électriques
sont tombés et ont plongé le village dans l’obscurité durant
trois jours. Les techniciens de I’EDF ont dit qu’ils ne
comprenaient pas comment c’était tombé. Il paraîtrait que
ce serait à cause d’une gigantesque rafale de vent. Mais
Météo-France n’a pas enregistré de tempête dans la région
ce jour-là. »
« Aussi, y a trois jours, la foudre est tombée sur la pierre
à foudre et a roulé jusqu’à la croix au tumulus. Les jeunes
du village ont passé deux jours à la remettre en état pour les
touristes comme vous, alors vous avez intérêt à aller la voir,
la croix ; ça fera plaisir aux jeunes. »
Avec Michel Tournemine, le patron du café
Au ­rendez-vous des chasseurs
Michel Tournemine demande en premier lieu si les
Nephilim sont des chasseurs. S’ils répondent oui, il se montre
affable et répond aux questions des Nephilim. Les Nephilim
de la Terre auront du mal à rester stoïques face aux trophées
de sangliers exposés dans le café.
Le patron parle en vrac du retour au bercail de l’enfant
prodigue c’est-à-dire le peintre, de la bêtise de ce nouveau
médecin arrogant, Laurent Grilpin, qui déclare ne pas aimer la
chasse. Il fait ensuite des grosses allusions aux promenades de
Grilpin autour de la grange aux temples qui servent surtout à
rencontrer la belle Léa. L’installation de Claire, la propriétaire
de l’épicerie bio végétarienne lui déplaît fortement, lui qui
prône les valeurs de la chasse et adore manger de la viande
avec ses amis chasseurs.
Il n’aime pas les Veilleurs, qu’il considère comme un
groupe d’attardés mentaux et trublions folklos.
103
En revanche, s’ils répondent non, le patron se montre
soupçonneux (il pense à un contrôle fiscal ou d’URSSAF)
et impoli (tous ses employés ne sont pas déclarés). Il répond
mal aux questions des Nephilim et leur demande sèche-
ment d’aller boire une infusion à Nature Chez Claire ou se
faire raconter des histoires au Café des Veilleurs.
Scène 4
La première
rencontre
entre Le
Pulsarium /
Raoul Dubreuil
et les Nephilim
Si les Nephilim décident d’aller interroger Raoul
Dubreuil, ils le trouvent en plein acte de création. En effet,
Raoul est sur le point de terminer la troisième toile, la toile
La Lune. Il est particulièrement agité, ce qui contraste avec
ses manières habituelles, et promène tout au long de la
discussion de gros pinceaux enduits de peinture sous le nez
des Nephilim. Le début de la discussion se fait sur le parvis
de l’église en ruines et Raoul semble hésiter à faire entrer
les Nephilim.
S’il n’est pas brusqué, il les fait rentrer dans son nouvel
atelier et leur montre la toile en cours de fabrication. Sans
hésitation, tous les Nephilim du groupe sentent immé­
diatement avec une force incroyable la puissance évocatrice
lunaire se dégager de cette toile inachevée. L’ensemble de
l’église est éclairé par halogène et par des candélabres man-
ifestement anciens. Deux autres toiles sont accrochées aux
murs et donnent aux Nephilim cette même impression
­d’attirance que la toile La Lune. Ce sont les toiles ésotéri-
ques L’Air et Le Feu.
Si les Nephilim commencent à parler en Énochéen
ou bien font de grosses allusions à leur nature et à la vraie
nature de Raoul Dubreuil, Le Pulsarium reprend le
­dessus sur le peintre et un dialogue occulte peut s’installer.
À  des demandes d’explications de la part des Nephilim,
Le Pulsarium répond par images et à mots couverts. Il tra-
vaille sur un moyen personnel pour pouvoir continuer à
méditer en faisant dormir ses Ka-éléments et de ne plus avoir
la nécessité de s’incarner dans un Simulacre. Il fait alors un
geste vague vers les toiles accrochées aux murs de l’église.
À ce niveau de la discussion Le Pulsarium ne donne
pas plus d’explications sur ses actes. Si les Nephilim
­veulent partager son secret, sa méthode, il leur fait très bien
­comprendre que son projet ne peut être appliqué qu’à lui et
que rien ne l’empêchera de le terminer. Si les Nephilim lui
proposent de l’aider, il se montre plus conciliant et parle à
 Les Veilleurs du Lion Vert
demi-mot de son sort Couleurs enchantées et des possibi­
lités développées par ses toiles en tant que stases spéciales
pour se réincarner ad vitam eternam.
Scène 5
activation
du Plexus
de Lune et
découverte
macabre
La toile La Lune active le Plexus correspondant et
délivre les pâles-ophales. Ces créatures se jettent pendant
la nuit sur un troupeau de vaches et les vident de leur
sang. Très tôt le matin, l’éleveur découvre son cheptel
décimé. Il prévient la Confrérie des chasseurs et demande
à Laurent Grilpin, vétérinaire à l’occasion, d’ausculter ses
bêtes. Des Nephilim présents peuvent voir en vision-Ka
des traces de Ka-élément de Lune.
L’information circule très vite et en début de matinée,
une équipe de BFMTV, composée de deux journalistes,
débarque dans le village et commence à poser beaucoup
de questions. Quand le maire découvre que la télévision a
été prévenue, il entre dans une colère noire et cherche le ou
la responsable.
À partir de cette scène, les Nephilim vont devoir
­composer a­ vec des journalistes, caméra allumée à l’épaule.
Toute pratique magique réalisée dans le centre du village
fait diminuer de 1 point le seuil RK du village.
104
Scène 6
l’altercation
entre Raoul
Dubreuil /
Le Pulsarium
et Laurent
Grilpin
La tentative de
Grilpin et le réflexe
du Pulsarium
Vers 22 heures, Raoul Dubreuil, intrigué, se rend au
rendez-vous que lui a fixé Laurent Grilpin à la porte aux
babouins. Ce dernier l’y attend, assis sur un banc et consul-
tant les informations sur son téléphone portable. Dubreuil
aperçoit Grilpin, le salue à peine et lui demande « Pourquoi
m’avez-vous fait venir ? »
Grilpin lui explique qu’il a fait une intéressante décou-
verte sur la porte aux babouins, dont Dubreuil pourrait
sans doute s’inspirer pour ses toiles. Dubreuil, d’abord ent-
housiasmé, se renfrogne rapidement, connaissant l’intérêt
chronique de Grilpin pour ses travaux.
Par pure politesse, il laisse Grilpin exposer les raisons
de son enthousiasme. Celui-ci s’approche de la marque
magique que ne connaît pas encore Le Pulsarium.
Grilpin dit qu’il pense que la texture des écritures à cet
endroit est très étrange. Il invite Dubreuil à vérifier.
Par réflexe et intuition, Le Pulsarium passe en vision-Ka
et découvre alors les traces d’orichalque sur les écritures.
Entre temps, Grilpin a fermement saisi la main de Dubreuil
et a commencé à lui faire parcourir les écritures.
Dubreuil se recule et retire violemment sa main de l’em-
prise de Grilpin. Celui-ci se retourne, fou de rage alors qu’il
était si près du but et s’écrie : « J’en étais sûr, démon magique.
Tu me le paieras. » Il se jette sur Dubreuil, qui se défend
vigoureusement malgré son grand âge.
L’intervention
des chasseurs
À ce moment, un groupe de cinq chasseurs rentrant
de la chasse arrive à la porte. Poussés par leurs instincts
quelque peu militaires, ils séparent rapidement Dubreuil
et Grilpin et les somment de s’expliquer. Grilpin, pris par
surprise, balbutie et rougit jusqu’à l’écarlate. Les chasseurs,
sautant sur l’occasion, attrapent le médecin par l’oreille et le
traînent jusqu’au café Au rendez-vous des chasseurs, sur le

Les Veilleurs
point de fermer. Deux chasseurs raccompagnent Dubreuil
à l’église en médisant sur Grilpin.
Scène 7
la vengeance
des fées aux
doigts de glace
L’achèvement de la toile L’Eau provoque le réveil du
Plexus de l’Eau du village, c’est-à-dire le réveil des terribles fées
aux doigts de glace. Ce réveil provoque la mort d’une petite
vieille du village, la tante Louison. La mort se passe sous les
yeux de deux Veilleurs et peut-être ceux des Nephilim.
La mort de tante
Louison
La tante Louison est l’une des dernières femmes du vil-
lage à utiliser le lavoir pour nettoyer son linge. Arrivée près
du lavoir, elle aperçoit des formes bizarres au fond de l’eau.
Prenant ces formes pour de la pollution (elle avait suivi la
veille l’émission très instructive spéciale morts horribles
dues à la pollution, présentée par le gentil présentateur
du 13 heures), elle se dirige vers la source du lavoir : la
fontaine.
Arrivée près de la fontaine, après avoir salué deux petits
jeunots (les deux Veilleurs), elle se penche pour l’examiner.
C’est à cet instant précis que les fées de la fontaine attaquent.
Elles entourent la pauvre malheureuse qui ne peut les voir
et la touchent.
Elles tentent de lui faire un arrache-cœur. La tante
Louison se met à crier qu’elle est glacée et s’écroule sur le
sol, victime d’une crise cardiaque. Les fées regagnent leur
­fontaine, contentes que leur vengeance se soit réalisée si
tôt. Les deux Veilleurs se précipitent vers la petite vieille et
ensuite appellent le médecin Laurent Grilpin.
Le diagnostic
de Grilpin
Laurent Grilpin examine le cadavre, l’air grave, devant
une petite foule, dans laquelle peuvent se tenir les Nephilim.
Il conclut le résultat de son examen médical d’une voix
assurée en invoquant la crise cardiaque.
Mais de nombreux regards, en particulier pour les
porteurs d’une chouette, les Veilleurs, se tournent vers
la fontaine. Les deux Veilleurs présents lors de la mort
racontent que la vieille avait l’air de se débattre contre
des fantômes.
105
Le mauvais tour
d’Arthur Lenoir
Si les Nephilim sont présents durant la scène, Arthur
Lenoir leur joue un mauvais tour. Le rebouteux a senti chez
eux des concurrents virtuels dans les arts occultes. Il se tourne
alors vers eux, fait envoler son corbeau qui fait un passage en
rase-motte au-dessus d’eux et s’écrie que ces étrangers bizarres
sont des envoûteurs, des sorciers. Il n’y a qu’à regarder leurs
traits bizarres, sentir leur odeur malsaine et écouter leur voix
pernicieuse et puis ce sont des étrangers.
Les villageois assemblés se retournent vers eux, à la fois
gênés et apeurés par le discours raciste du rebouteux.
Laurent Grilpin dresse l’oreille et examine les Nephilim en
essayant de trouver un signe occulte sur eux (faites-lui faire un
jet de perception). S’il en trouve un, il prend peur et recontacte
sa hiérarchie pour demander à nouveau de l’aide.
Scène 8
l’affrontement
entre les
chasseurs et
les Veilleurs
Vers 21 heures, alors que les Veilleurs sont sur le point de
se rendre à l’église Sainte-Croix pour y sommer Dubreuil de
s’expliquer, les chasseurs de la confrérie décident de ­s’interposer.
Revêtus de leurs vestes de chasse, ornés de cartouchières
et armés de leurs fusils de chasse, les cinq chasseurs se sont
déployés devant le parvis de la petite église. Ils attendent de
pied ferme les Veilleurs.
Vers 21 h 20 ceux-ci arrivent, revêtus pour la plupart de
leur costume de cérémonie. Marcheneau marche en tête.
À sa suite se trouvent une dizaine de Veilleurs.
Marcheneau semble surpris par la présence des ­chasseurs.
Il s’avance et demande l’accès à l’église. Les chasseurs le lui
refusent, prétextant étrangement, mais j­ustement que la
justice doit être rendue par l’État et non par les individus.
Marcheneau tente d’expliquer qu’il n’est pas question de faire
justice, que les Veilleurs ne sont pas armés, que la survie du vil-
lage est en jeu. Il a le malheur de rajouter que cette action des
chasseurs ne l’étonne guère de la part de brutes sanguinaires
et sans cervelle.
Les chasseurs s’énervent, la bousculade commence. Après
quelques secondes de confusion générale, un coup de feu est
tiré.
Deux gendarmes apparaissent, accompagnés par le maire
Gaston Lapache.
Ils arrêtent rapidement Marcheneau, deux Veilleurs et
quatre chasseurs.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Scène 9
les propo­
sitions de
Jacques Crux
Jacques Crux est un homme intelligent et possédant de
grandes connaissances en occultisme. Il est fort possible
qu’il ait déjà rencontré les Nephilim et discuté avec eux. Il a
en tout cas compris leur nature si particulière.
Il croit qu’ils sont peut-être ces Inconnus Supérieurs qu’il
est censé découvrir. Devant la situation et le réveil brusque
des objets occultes laissés par les Templiers, il va jouer le tout
pour le tout. Il donne rendez-vous aux Nephilim dans le
cimetière, à l’abri des regards indiscrets et discutent avec eux.
Il se présente comme un homme d’Église amateur de
polars et d’énigmes, il cite Dan Brown et sa série de romans
ésotériques, fasciné par le paranormal et l’occultisme. Il se
fait passer pour un curieux. Il dit avoir percé à jour les
Nephilim en tant qu’Inconnus Supérieurs et qu’il a besoin
de leur aide.
En gros, il leur propose une alliance pour arrêter les
dégâts causés par les tableaux et pour détruire ces engins
occultes de malheur. Si les Nephilim tombent des nues.
Il leur explique les tenants et les aboutissants de ce qui
se passe.
Il pense personnellement que Raoul Dubreuil est mem-
bre d’une obédience templière et qu’il est chargé avec ses
tableaux de terminer le projet templier initial, c’est-à-dire
la formation puis le détournement d’une source magique
permanente et cela au détriment des habitants du village.
Il pense également que Laurent Grilpin est lui aussi
membre des Templiers, mais d’une obédience ennemie
de celle de Raoul Dubreuil et qu’il cherche à récupérer
lui aussi la commanderie et son mystérieux pouvoir sur
les courants telluriques. Enfin, il pense que le manoir est
réellement hanté par une créature monstrueuse née des
courants ­telluriques et que si les Nephilim et lui-même
ne la ­détruisent pas, elle risque de provoquer de très gros
dégâts sur le village et sur les forces magiques à l’œuvre.
Il attend ensuite la réponse des Nephilim. Si ceux-ci
­s’allient avec lui, il leur montre l’entrée des souterrains et éla-
bore un plan d’attaque avec eux (faites surtout réfléchir les
Nephilim). S’ils refusent, il se montre blessé et fait la même
proposition à Laurent Grilpin, qu’il espère manipuler pour
détruire les lieux occultes du village. La discussion se passe
quand Laurent Grilpin reçoit les quatre charges explosives
de C-4.
Le curé Rose+Croix cherchera à voler ces explosifs
chez Grilpin, et à les utiliser contre la croix au tumulus
et le cœur de l’église. S’il n’est pas arrêté, il empêche effec­
tivement la naissance du Nexus. Les journaux parleront
alors ­d’attaques terroristes.
106
Scène 10
La formation
du Nexus
C’est le final du scénario. La teneur de la scène dépend
en grande partie des actions et des décisions des Nephilim.
Nous vous proposons plusieurs possibilités. À vous de
faire votre mise en scène en fonction des réactions de
votre groupe.
Le contexte général de la scène est le suivant : une fois
les cinq Plexus réunis, le Khaïba est réveillé totalement par
les intenses mouvements de Ka autour du village. Mais
son éveil est de très courte durée. Il arrive à la fin de son
existence de Khaïba et retourne vers son élément, sauf si
les Nephilim arrivent à le sauver (voir Sauver Altamaros)
ou s’ils ont choisi de le détruire du fait de son alliance passée
avec les Templiers.
Sinon, une gigantesque vague de boue déferle sur le
village, les arbres tremblent avec le sol. Les gens paniqués
sortent des maisons, hurlant et se demandant ce qui se
passe. La plus grande panique règne dans le village, les
pompiers sont appelés mais sont immédiatement d­ ébordés.
De nombreux blessés seront recensés.
Les journaux et les chaînes locales titrent le lendemain
qu’une coulée de boue a submergé le village, laissant une
couche d’une trentaine de centimètres d’épaisseur dans
les rues. Il faudra des semaines pour tout remettre en état,
dans ce village pourtant situé sur une colline.
L’installation des
Nephilim
Les Nephilim persuadent Le Pulsarium de trans-
former ses tableaux pour qu’ils n’absorbent pas le Nexus
naissant, mais au contraire, le stabilise. Il peut le faire en
lançant son sort de Couleurs enchantées et en retravail-
lant les toiles.
De cette façon, ils peuvent en profiter et même installer
une sorte de base occulte dans l’église sur le lieu du Nexus.
Cette base servirait alors de refuge, de bibliothèque occulte
et de ressources magiques.
En revanche, les Nephilim doivent composer avec les
Veilleurs et doivent mettre hors d’état de nuire le Khaïba,
s’ils ne l’ont pas déjà fait, ou le sauver selon leurs choix.
Ils devront ensuite contrôler petit à petit les Effets-Dragons
libérés par les Plexus.
Ce Nexus ouvre une porte vers Arcadia, la cité occulte.
Vision d’un quartier médiéval proche de la ville où s’est
déroulé le scénario. Provins ? Paris ? Prague ? Assise sur une
table, une vieille femme, la peau craquelée par les années,
étale un jeu de cartes du tarot de Marseille. Les Nephilim
ont la sensation qu’ils ont la possibilité de tirer les cartes.
Une fois le tirage effectué (cartes à choisir en fonction des

Les Veilleurs
personnages joueurs et des futurs scénarios envisagés),
la vision s’efface, et les Nephilim se retrouvent dans l’église
Sainte-Croix avec un goût d’inachevé.
La réussite du
Pulsarium
Les Nephilim n’arrivent pas à raisonner Le Pulsarium
dans sa manie occulte. Celui-ci termine ses toiles sans les
corriger. Le Nexus naît, mais il est détourné par les cinq
toiles magiques du Pulsarium.
Celui-ci suicide son Simulacre et intègre les toiles par le
biais de ses cinq Ka-éléments. Ce qu’il devient par la suite
est laissé à l’imagination du Meneur de jeu. En revanche, les
tableaux piratent de manière définitive le Nexus et ferment
définitivement la porte qui menait à Arcadia.
Mais ceci n’empêche pas le Khaïba d’agoniser et de
mourir si les Nephilim ne font rien. Détruire les toiles après
la création du Nexus tue Le Pulsarium définitivement.
La défaite du Pulsarium
Les Nephilim ou bien les autres personnages du
scénario, comme les Veilleurs ou Jacques Crux empêchent
Raoul Dubreuil / Le Pulsarium de terminer ses toiles.
107
Cela  arrête le processus de formation du Nexus et fait
tomber à nouveau dans l’inaction les Plexus qui com-
mençaient à s’éveiller.
Si Le Pulsarium est encore en état de faire quelque
chose, il cherche à se venger des fautifs. Les Nephilim per-
dent l’occasion de mettre la main sur un Nexus permanent.
Épilogue
La fin de ce scénario est ouverte, comme le reste du
supplément. Il est intéressant de jouer les interactions entre
les Nephilim, les seconds rôles et les légendes du village qui
prennent corps.
Rien ne vous empêche de faire votre propre scénario
à l’intérieur des Veilleurs, de créer votre propre histoire.
L’idéal est d’utiliser régulièrement le village comme base
d’aventures pour les Nephilim ou pour différents groupes.
Les Nephilim qui réussissent le scénario sont ceux qui
arrivent à conserver pour eux l’utilisation du Nexus. L’idéal
est qu’ils y installent une sorte de base et qu’ils cherchent à
trouver la clef de la porte d’Arcadia.
 Les aides
de jeux
Le mécanisme
Dans l’église Sainte-Croix, il existe un mécanisme
secret permettant de réunir les cinq Plexus du village en
un Nexus. Ce mécanisme a été conçu et réalisé par les
Templiers, avec l’aide d’Altamaros, qui ne l’ont jamais activé.
Il existe, enfoui profondément sous le sol de l’église, un
appareillage complexe. Lorsque Raoul Dubreuil finira son
cinquième tableau, les Couleurs enchantées de ses toiles
vont entrer en résonance avec la plaque située sous l’autel.
Le mécanisme caché se déclenchera alors, éventrant le
sol de l’église, une large plaque circulaire de marbre rouge,
­d’environ dix mètres de diamètre, surgira du sous-sol.
108
Sur cette plaque se trouvent cinq sièges à l’allure de chaises
de torture, disposés en pentacle.
Prévues à l’origine pour des Nephilim sacrifiés, ces chaises
comportent les symboles des cinq Ka-éléments.
Après quelques instants, des boules de lumière colorée
se formeront dans les tableaux, puis se dirigeront lentement
vers les sièges. Chaque boule se dirigera vers le siège associé
à l’élément du tableau dont elle est issue.
Les cinq Plexus seront alors attirés par le mécanisme.
Leur réunion formera alors un Nexus. Si les toiles ésotéri-
ques ne sont pas modifiées, ce Nexus se transformera en
une forme d’anti-Nexus, dont les courants Ka seront en
permanence aspirés par les cinq tableaux, accomplissant
le rituel du Pulsarium.
 109
Les Veilleurs

Les extraits

Extrait de Raoul Dubreuil,

ARCHEOLOGIUM
Grand projet de rénovation
de l’église Sainte-Croix.
Grâce au célèbre peintre Raoul Dubreuil, l’église
Sainte-Croix d’un petit village va être restaurée.
En  effet, après plusieurs centaines d’années
d’abandon, la vieille église du xiie siècle sera
réaménagée pour servir d’atelier au peintre pionnier
du mouvement surréaliste. Raoul Dubreuil s’est
engagé à restaurer l’église et à la rendre visitable par
le public avant la fin de l’année prochaine. On pourra
alors y voir de magnifiques vitraux miraculeusement
intacts, ainsi qu’une nef gothique d’une rare beauté.
le tisserand rêveur
par Michel Paccolo
L’Air  : ce tableau fut peint par
Dubreuil à l’âge de 17 ans. On sent
une force évocatrice rarement égalée
si précocement par d’autres artistes, si
grands fussent-ils. L’absence de titre à
cette toile n’eut sans doute guère gêné
l’amateur, qui ne peut penser autre
chose que « Air » en ­l’admirant. Pureté
des lignes, subtilité des courbes, émo-
tions des couleurs, voilà ce que nous a
offert Dubreuil avec cet « Air », dont la
seule rivale semble être la toile Le Feu
plus tardive.

Extrait du Guide de la France Médiévale,

éditions Bûchette
Ce petit village situé sur une colline présente un
OÙ SE
certain nombre de sites et monuments qui méri- LOGER ?
tent le détour. Les  nombreux restes d’une grande
commanderie templière parsèment le village et
OÙ
ses environs. La tour aux corbeaux, dont l’entrée MANGER ?
est aujourd’hui partiellement ensevelie, date du • Le café-restaurant-hôtel
XIe siècle et est particulièrement bien conservée.
Au rendez-vous des chasseurs,
L’église Sainte-Croix, malheureusement en ruine,
propose des chambres bien
a conservé quelques vitraux intéressants. La porte aménagées et agréables pour un
aux babouins, qui permet d’accéder à la haute-ville, prix raisonnable. La nourriture y
comporte d’étranges bas-reliefs, où l’on voit des est passable.
­figures humanoïdes affublées de têtes de singes • Le bar-tabac La veillée
et poils ou de plumes. Notons enfin une forte est à éviter, ses deux
­tradition de contes et légendes qu’aiment perpétuer propriétaires ayant
les ­sympathiques habitants de ce village. des tendances à faire
résonner d’étranges musiques
aux heures de repas.
 Les Veilleurs du Lion Vert

Les extraits (suite)

L A PL A I N E
L I BR E

A
près une mini-tornade aux causes inexpliquées
par les services de Météo-France, trois pylônes
électriques ont été abattus entre la route
départementale et le manoir des Saint-Yliades, plongeant
le petit village avoisinant dans l’obscurité. Les services
EDF communiquent que tout devrait être rentré dans
l’ordre à l’heure où vous lirez ces lignes.

Article du Journal La plaine libre (Daté J-6)

L A PL A I N E
L I BR E

A
près avoir subi un black out de trente-six heures,
le petit village de l’ancienne commanderie
templière voit aujourd’hui l’un de ses monuments
historiques touché par la foudre. La croix du tumulus, que
les habitants aiment à nommer par tradition folklorique
la croix aux serpents, a en effet été défigurée par un
éclair. Une vingtaine d’habitants se sont immédiatement
portés volontaires pour la restaurer, pour permettre aux
nombreux touristes de continuer d’admirer ce superbe
lieu archéologique.

Extrait du Journal La plaine libre (Daté J-2)

Les carnets
de Mantegna
Les carnets de ce peintre se présentent sur un magnifique vélin.
Ils sont reliés plein cuir. Les magnifiques illustrations reprennent toutes
sortes d’essais et de dissertations sur l’harmonie des couleurs avec les
éléments. Le travail est magnifique de précision et de sens artistique.
Les carnets de Mantegna contiennent le sort Couleurs enchantées.
110
 111

Scénario
Mnémos
 Introduction
Destiné à des groupes plutôt débutants que confirmés,
« Mnémos » est un scénario qui a pour objectif de secouer
les convictions des joueurs en les confrontant à leur propre nature.
À la suite d’une contamination mystique, les incarnations passées
des Nephilim vont ainsi se matérialiser sous forme d’hallucinations,
de plus en plus réelles, pour les pousser entre les griffes
d’une entité cauchemardesque. Connue comme
« Le Grand Pélican », cette abomination magique cherche
à assurer sa propre survie en cannibalisant l’essence des Immortels
tombant sous sa coupe.
Assaillis de l’intérieur par leurs Vécus passés hors de contrôle,
et de l’extérieur par une obédience de Templiers rebelles
au service du Grand Pélican, les Nephilim devront lutter
sur tous les fronts et tous les plans, astral comme physique,
pour échapper à ce triste sort.
112

Mnémos
Synopsis
détaillé
Mélange d’humain, de Nephilim et de machine, le
Baphomet qui abritait les restes physiques de Tubalcaan
et contrôlait l’Arcane Mineur du Bâton jusqu’au début du
millénaire ne fut pas la seule expérience en hybridation
réalisée par les Templiers.
Après la première chute du Temple au xive siècle,
une petite faction templière, l’Ordre des Chevaliers du
Pélican, chercha à reproduire le processus de création
du Baphomet pour élever leur chef, Auguste de Naples,
au rang d’Immortel. Complexe et pleine d’aléas, la tech-
nique ne réussit qu’en partie. Auguste de Naples est bien
devenu immortel, mais au prix d’une métamorphose
­monstrueuse qui l’oblige à mener son existence cloîtré
dans un réceptacle de verre et d’acier. Pour prolonger sa
vie, celui qui se fait appeler désormais « Le Grand Pélican »
est obligé d’alimenter son « œuf » arcanique avec l’essence
vitale de Nephilim captifs. Heureusement pour lui, la
transformation a aussi changé son sang en une substance
hypnotique et addictive, créant une forte dépendance
chez les Immortels dès le premier contact. L’addiction au
sang du Grand Pélican se manifeste chez les Nephilim en
faisant ressurgir des souvenirs de leur passé. Ces illusions
deviennent de plus en plus réelles au fur et à mesure que
le manque se fait sentir, et elles « poussent » les Nephilim
vers le Grand Pélican à leur insu.
Le Grand Pélican est un antagoniste particulière-
ment retors se servant de la soif de connaissances et
des quêtes ésotériques des Nephilim contre eux. Si
l’Ordre des Chevaliers du Pélican a été excommunié du
Temple de la Vie pour l’hérésie de ses expérimentations,
le Grand Pélican demeure entouré d’une cohorte de
fidèles. Suave et manipulateur, il leur promet jeunesse,
puissance, beauté éternelle… via son sang, en échange de
leur totale dévotion.
113
Piratant le réseau d’information Int Staff du Bâton,
les Chevaliers du Pélican surveillent de près tout un vivier
d’Immortels. Le moment venu, ils disséminent de fausses
rumeurs et des éléments occultes factices auprès de ces
proies pour les attirer et les contaminer avec le sang de leur
maître. Ensuite, il n’y a plus qu’à patienter jusqu’à ce que
l’addiction magique les ramène au Grand Pélican, en les
aiguillant sur la « bonne » piste au besoin.
Dans ce scénario, les Chevaliers du Pélican ont pris le
groupe des joueurs pour cible. Ils les attirent grâce à une
vente aux enchères aux lots incroyablement rares, organisée
par une figure occulte de premier ordre. En réalité, tout
est faux : la vente n’est qu’un prétexte pour les contaminer,
par l’intermédiaire de sang contenu dans la peinture de
masques vénitiens (et dans les boissons ou amuse-bouches,
le cas échéant). S’ensuit une « débandade » également factice,
destinée à motiver les pulsions héroïques ou vengeresses des
Nephilim, en leur offrant même une princesse en détresse…
La multitude de pistes disséminées par les chevaliers doit
permettre aux joueurs d’atteindre le quartier général de
l’ordre, l’hôtel du Lion Vert à Venise, en pensant enquêter de
leur propre chef. En réalité, ils ne font que suivre un chemin
de miettes. Parallèlement à l’enquête, la contamination mys-
tique leur fait revivre des événements issus de leur passé.
Ces interludes sont volontairement bizarres et déstabilisants,
les amenant à questionner leur propre santé mentale comme
physique. Assister ainsi à la désagrégation de leur être, de leur
psyché, doit leur donner un sentiment d’urgence. L’addiction
doit aussi les empêcher de voir clairement la toile dans laquelle
ils s’empêtrent, jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Une fois à l’hôtel du Lion Vert, le bec du Pélican se
referme sur eux. Les Nephilim devront alors user de tous
leurs atouts pour se sauver du traquenard (et sauver acces-
soirement d’autres Nephilim captifs). La mort du Grand
Pélican est la façon la plus directe de mettre terme à la
menace, mais un sevrage de quelques mois est également
capable d’endiguer la contamination par le sang magique, si
les joueurs préfèrent battre en retraite. S’il n’est pas détruit,
l’Ordre ne les oubliera pas de sitôt…
 Acte 1
L’appât
Une invitation
qui ne se
refuse pas
Par un soir ordinaire, les Nephilim du groupe qui
possèdent le plus de degrés en savoirs ésotériques comme
Histoire invisible, Science Occultes ou Arcanes Majeurs
reçoivent un carton d’invitation au domicile de leur
Simulacre, mais adressé à leur nom véritable. Si aucun
Nephilim possède ces savoirs ésotériques, le MJ choisira
ceux qui ont les meilleurs degrés dans leurs Arts occultes,
que cela soit la Magie, la Kabbale ou l’Alchimie.
Quoi que d’un raffinement exquis, l’invitation se révèle
tout à fait ordinaire après analyse : pas une trace ésotérique
ou même une empreinte digitale sur le papier glacé.
Le carton fait mention d’une vente aux enchères
«  pour connaisseurs et amateurs des arts ­invisibles  »
le week-end suivant au Château de Villandry, situé en
France, à quelques kilomètres de Tours. Cette descrip-
tion laconique est signée à l’encre d’or par un  certain
114
«  docteur Parangon, propriétaire de la librairie de
­l’Incunable Souveraineté ».
Les Nephilim possédant au moins 3 degrés en Histoire
Invisible ou Arcanes Majeurs reconnaîtront là une figure
importante du monde occulte  : les compagnons ou les
maîtres sauront même qu’il s’agit d’un disciple immortel
du Lion Vert en personne. Si ce n’est pas la cas une rapide
enquête occulte apportera la réponse.
La librairie de l’Incunable Souveraineté est tout
aussi fameuse que son propriétaire  : sous ses aspects
de bouquinerie innocente, elle renferme un véritable
trésor de textes ésotériques et se pose en sanctuaire
neutre pour tous les chercheurs occultes, peu importe
leur allégeance. Selon certaines rumeurs, il paraîtrait
même que la librairie elle-même se déplace à travers le
plan astral et qu’on ne la trouve jamais deux fois dans le
monde à la même adresse…
Le prestige de l’hôte et de sa collection devraient
convaincre les Nephilim que l’é vénement n’e st pas à
manquer. Une liste des objets en vente se trouve aussi
au dos du carton. Elle dévoile la mise aux enchères de
plusieurs textes anciens rares, un vélin d’une traduction

Mnémos
en arabe médiéval de la Table d’Émeraude et l’un des
carnets secrets de Léonard de Vinci, ainsi que quelques
artefacts kabbalistiques mineurs.
Si les Nephilim connaissent d’autres Immortels
experts dans les domaines relatifs au Savoir et qu’ils
prennent ­contact avec eux au sujet de l’invitation, certains
d’entre eux auront effectivement reçu un carton similaire
les années précédentes. Mais aucun n’avait eu l’occasion
de s’y rendre, pour des motifs divers. L’invitation n’a néan-
moins pas été renouvelée à leur égard cette année, et ils
le regrettent.
Les Jardins
de Villandry
Les préparatifs du voyage sont laissés à la discrétion
des joueurs et de leurs finances. L’événement n’existant pas
officiellement, il n’est guère compliqué de se procurer une
chambre d’hôtel à Tours, non loin du château. La mention
de la soirée à quiconque (réception de l’hôtel, chauffeur
de taxi…) surprend néanmoins les interlo­cuteurs  : le
château de Villandry est censé être fermé au public
pour ­rénovations.
Comme annoncé sur l’invitation, la réception démarre
à la tombée du jour, vers 20 h 30. Tous les véhicules sont
arrêtés par un cordon de sécurité très professionnel à
l’entrée du château : une dizaine de colosses en smoking
et oreillettes, type sécurité privée, accompagnés de valets.
Ces derniers vont garer les voitures, des berlines allemandes
et des voitures de sport italiennes pour la plupart, dans un
parking extérieur tout proche.
Les Nephilim sont conduits vers une guérite où ils sont
courtoisement fouillés (toute arme blanche ou arme à feu
découverte est placée dans un coffre-fort jusqu’à la fin de la
réception). Si certains membres du groupe n’ont pas reçu
d’invitation nominative, l’agent de la sécurité les prévient
qu’ils ont le droit de participer librement à la réception dans
les jardins du château, mais qu’ils n’auront pas accès à la
vente aux enchères en elle-même. Celle-ci se tiendra dans
environ une heure, à l’intérieur du château.
Juste avant qu’ils ne quittent la guérite, des masques
vénitiens sont offerts à chaque visiteur «  pour ne pas
froisser les acheteurs qui cherchent à garder l’anonymat ».
Des masques sur-mesure sont même fournis aux Nephilim
possédant des morphologies inhabituelles, sans que cela
soulève de question. Un test de vécus liés à l’artisanat
(avec un malus de 2 degrés, c’est très difficile) permet à ceux
qui le réussissent de se rendre compte que leurs masques
sont particulièrement authentiques : ce sont des pièces de
­collection remontant à la Renaissance italienne. Bien que
de tels masques ne soient pas extrêmement rares, ils valent
bien un bon millier d’euros chacun.
115
Les joueurs sont ensuite escortés vers l’entrée des mag-
nifiques jardins labyrinthiques de Villandry. Ces jardins à la
française sont composés de dizaines de « carrés » taillés de
formes géométriques et vaguement ésotériques qui rappel-
lent de petits labyrinthes individuels, bien qu’on ne puisse
pas vraiment s’y égarer, car les haies ne dépassent pas la taille
pour un adulte moyen. Des spots de lumière colorée ont été
installés dans les rosiers et les arbustes par les pépiniéristes.
Au fur et à mesure que le soir s’avance, ils donnent au décor
un cachet de plus en plus fantasmagorique.
Les joueurs sont enfin libres d’arpenter les jardins du
château et de discuter avec qui bon leur semble. Tous
les invités, une petite centaine d’individus en costumes
guindés et robes du soir, sont masqués. Seuls plusieurs
dizaines d’agents de la sécurité et le personnel avancent à
visage découvert. Serveuses et serveurs offrent des coupes
de champagne, ainsi que petits fours aux convives qui
­papillonnent dans les allées.
Bien que le cadre soit idyllique et que la soirée batte son
plein, l’atmosphère devient vite pesante pour les Nephilim :
leurs tentatives de conversation sont poliment écourtées
par des invités taciturnes, les petits fours sont trop gras, trop
sucrés, le champagne paraît un peu éventé, la lumière trop
vive leur colle un début de migraine, les agents de la sécurité
semblent les avoir dans le collimateur… Insistez sur cette
sensation de malaise indicible qui monte en eux discrète-
ment. S’ils cherchent une source occulte, il leur apparaît
pourtant qu’ils sont les seules entités présentant des traces
magiques à la réception : les autres convives et le personnel
sont tous humains.
Avant qu’ils se laissent complètement gagner par la
paranoïa, des éclats de voix attirent leur attention du côté
du château. Telle une oasis dans ce désert de platitude, une
conversation animée, et pourtant curieusement apaisante
pour les joueurs, se déroule entre les gardes de la sécurité et
une jeune femme. Moulée dans son tailleur Versace, celle-ci
insiste pour que les agents la laissent pénétrer à l’intérieur
et retire son masque, révélant un visage qui semble familier.
Un test de Vécus contemporains des Simulacres en relation
avec la pop culture, leur suffit à reconnaître la séduisante
brune  : la princesse Ornella Palla-Khan, héritière italo-­
libanaise d’une puissante dynastie hôtelière. Fraîchement
divorcée du prince saoudien qui lui a donné son titre, elle
alimente les tabloïds et les paparazzis de toutes ses frasques.
Remarquant les Nephilim qui observent la scène,
la princesse prend le ou la plus séduisante à partie : « Ah
vous voilà enfin, mon / ma chère ! Montrez donc votre
invitation à ces molosses pour qu’ils nous laissent entrer les
premiers. Sinon toutes les meilleures places seront prises ! »
Si le Nephilim joue la comédie, les agents de la sécurité
ne sont pas bien difficiles à convaincre : la vente aux enchères
commence officiellement dans moins de cinq de minutes,
de toute façon. La princesse remercie alors discrètement
son / sa comparse et lui offre son bras pour aller s’asseoir
au premier rang.
 Si il ou elle refuse d’aider la princesse, celle-ci minaude une sortie des plus dignes et
s’en retourne vers le jardin d’agrément. Le groupe la retrouvera pourtant dans la salle
des ventes, assise au dernier rang.

En vision-Ka, la princesse apparaît humaine mais aussi… un peu plus. Elle ­possède
quelque chose d’indéfinissable qui attire l’attention des Nephilim, comme un parfum
capiteux ou une chaleur occulte qui ressemble à du Ka-Soleil sans en être.

Aux enchères !
La vente aux enchères commence peu après la rencontre impromptue.
Les convives munis d’un carton d’invitation nominatif sont invités à prendre
place dans un salon privé du château aménagé pour l’occasion. Malgré le style
Louis XVI du mobilier, la décoration est sommaire  : une vingtaine de chaises
devant un pupitre à micro. Un miroir immense, judicieusement placé derrière les
chaises, agrandit la pièce.
Les autres acheteurs portent des tenues somptueuses. Un test de Vécus passés
ou contemporains lié de manière quelconque à la mode, au style ou à la vie en société
révèle qu’elles semblent avoir été choisies pour être le mieux assorties à leurs masques.
L’information peut paraître banale en soi, mais les joueurs perspicaces devraient
comprendre ce qu’elle signifie  : ils savaient à l’avance qu’ils allaient devoir porter
des masques.
Les acheteurs semblent plus loquaces ici que dans les jardins. Beaucoup de
­conversations en langues étrangères ponctuent l’attente jusqu’à ce qu’arrive enfin
l’hôte de la soirée :
Vieillard chauve à la posture sévère, le docteur Parangon prend place au pupitre.
Malgré sa grande taille, il semble un peu décati pour quelqu’un censé être immortel.
Derrière ses lunettes d’argent, son regard pétille pourtant d’intelligence. Lorsqu’il
salue l’assistance son accent autrichien est à couper au couteau.
Dans le cas où les Nephilim auraient déjà eu affaire au bon docteur, ils se­­rendent
compte immédiatement de la supercherie  : l’homme derrière le pupitre n’est pas
Parangon.
Libres à eux de causer un esclandre sur-le-champ ou d’attendre comme si de rien n’était.

S’ils hurlent au scandale, le faux Parangon réagit avec une surprenante vivacité :
il quitte la pièce comme il y est entré, par la porte du fond, tandis que le service de
sécurité encercle les fauteurs de troubles. Les gardes les mettent tout d’abord en
joue avec leurs armes de service, mais n’hésitent pas à user de leurs matraques téle-
scopiques et de leurs tasers si les Nephilim déclenchent les hostilités. Reportez-vous
à la section suivante, « Premier sang ».

Si personne ne reconnaît le faux Parangon ou si les joueurs ne font pas mine

­d’intervenir, la vente aux enchères commence :

le premier lot concerne un jeu de tarot hindou dans un écrin d’ivoire, datant
du XIXe siècle. Sa mise à prix est de 4 000 euros, une bagatelle pour les acheteurs
présents. L’objet est rapidement acquis par un couple russe, à peine le double du
­montant initial ;
le second lot s’annonce plus disputé  : la reproduction sur vélin de la Table
d­ ’Émeraude. La mise à prix initiale s’élève à 20 000 euros. Les enchères débutent
doucement, mais finissent par atteindre 100 000 euros, une dame française d’un
certain âge et un professeur au fort accent britannique se disputant le lot avec
­acharnement. La victoire revient au professeur ;
le troisième lot est l’un des carnets secrets de Léonard de Vinci. Cette fois, les
enchères s’emballent dès le début. La mise à prix initiale de 60 000 euros est doublée
116
117
 Les Veilleurs du Lion Vert
en quelques secondes. Alors que les annonces fusent de
toutes parts, la princesse Palla-Khan se lève alors et crie à
travers l’assistance que le carnet est un faux !
Immédiatement, le faux Parangon bat en retraite dans
les coulisses et les agents de sécurité interviennent, neutra­
lisant la jeune femme de manière agressive et c­ omplètement
disproportionnée. Si les Nephilim interviennent,
­reportez-vous à la section suivante, « Premier sang ». Sinon,
la princesse est menottée et embarquée manumilitari par
une escorte de six agents. Elle crie au kidnapping, inter-
pellant l’assistance pour de l’aide, lorsqu’une explosion fait
soudain voler les fenêtres du salon de vente en éclats (il ne
s’agit cependant que d’une grenade « flash », qui ne fait que
déstabiliser les Nephilim, pris au dépourvu pendant un
round). Reportez-vous à la section « Premier sang ».
Des Nephilim aux poches profondes peuvent faire
l’acquisition de n’importe quel objet précédent le troisième
lot. Le premier est authentique, quoique dépourvu de tout
aspect occulte, tandis que le second est un faux grossier :
un  test de Vécu passé lié aux antiquités ou de savoirs
occultes correspondants suffit à s’en rendre compte au pre-
mier coup d’œil ; le même jet devenant facile lorsque le lot
est présenté de plus près à l’acheteur qui remporte l’enchère.
Là encore, le joueur en faisant l’acquisition peut également
crier au scandale, avec des conséquences similaires à la
révélation de la supercherie du faux Parangon.
Premier sang
Cernés par des agents de sécurité prêts à en découdre,
l’affrontement physique semble inévitable pour les joueurs.
Les Nephilim qui n’ont pas réussi à entrer dans la salle
des enchères peuvent voir l’agitation gagner les jardins et
même entendre la commotion provenant de l’intérieur du
château : des renforts se précipitent à l’intérieur, armes au
poing. Certains agents vont même se tourner dans leur
direction, alertés par leurs oreillettes.
Les informations les plus importantes à retenir pour
le combat sont les suivantes : à l’exception du personnel
de service, l’ensemble des individus présents (cela inclut
tous les invités, même si certains feignent la débandade)
sert l’Ordre des Chevaliers du Pélican. Celui-ci ne cherche
en aucun cas à blesser gravement les Nephilim, ni même
à « remporter » l’escarmouche.
En effet, ils ont pleinement conscience de n’avoir
aucune chance face à un groupe d’Immortels au sommet
de leur forme. Ils se servent de l’affrontement comme
d’une provocation pour les attirer plus tard sur leur terrain
de prédilection, quand le sang du Grand Pélican les aura
­suffisamment affaiblis.
Ils ont d’ailleurs prévenu eux-mêmes les autorités locales
par téléphone un peu plus tôt, et entendent disparaître
avant que celles-ci arrivent, d’ici une dizaine de minutes.
118
Après deux ou trois rounds de combat, leur objectif prior-
itaire devient donc la fuite.
Bien que les Nephilim ne soient pas en danger réel,
ils vont néanmoins subir les premiers effets de la conta­
mination mystique  : le sang contenu dans le plâtre des
masques (ou la nourriture) a fini par pénétrer leur système.
La ­chaleur et l’adrénaline du combat vont déclencher un
premier épisode de « dédoublement ».
À la fin du premier round de combat, choisissez dans le
groupe certains des Nephilim les plus impliqués, en priorité
ceux ayant eu des Vécus passés en rapport avec l’époque des
« Nouveaux Mondes » (et de préférence « Les Arcanes de
la Renaissance », « La cour du Roi-Soleil » ou « Les conspir-
ations de la Révolution »).
Indiquez-leur qu’ils se mettent à suer à grosses gouttes
sous leurs masques et leurs vêtements.
Une sensation de nausée les gagne, leur vision se trouble
et, au début du second round, ils sont pris dans une transe
mnésique :
La salle et les jardins du château sont baignés de
lumière, car il y fait maintenant grand jour. Toute trace de
technologie contemporaine a disparu, le mobilier revêtant
un aspect d’époque xviie siècle. De même pour les agents
de la sécurité qui les encerclaient avec leurs armes à feu et
leurs tonfas : ils se retrouvent soudains habillés d’uniformes
de mousquetaires, portant hallebardes et arquebuses.
Un capitaine parmi les mousquetaires somme les joueurs
de se rendre au nom du Roi. Les Nephilim pris dans la
transe s’entendent répondre, avec une voix à l’accent italien
prononcé qui n’est pas celle de leurs Simulacres, « qu’ils sont
sous la protection du Lion Vert et ne courbent pas l’échine
devant les monarques de pacotille ! »
Si l’un de ces Nephilim se trouve dans la salle des
enchères, il aperçoit son reflet sur le miroir du fond  :
son apparence est celle de l’un de ses anciens Simulacres
(­correspondant à l’époque d’incarnation la plus proche du
xviie siècle). Le miroir est frappé par un projectile et vole
en éclats, et la transe avec.
Les Nephilim qui sortent de transe sont désorientés
pendant un round.
Le dédoublement mystique se poursuit durant tout le
combat, en particulier aux moments les moins opportuns :
interruption de manœuvres ou de rituels, vision qui se
brouille juste avant de viser, chute en pleine course… Insistez
sur le fait que les Nephilim ont la sensation ­physique d’être
tiraillés entre deux époques qui se chevauchent subitement.
Les Nephilim qui ne sont pas incarnés à ces époques
voient leurs camarades se figer sur place, balbutier des
paroles inaudibles et faire des gestes mécaniques dans le
vide, aussi déconnectés du monde qui les entoure que des
somnambules en pleine crise. Ils finissent eux aussi par être

Mnémos
victimes des transes sporadiques, car le sang attire le sang et
plonge les contaminés dans les mêmes épisodes, à la façon
d’un phénomène d’hystérie collective.
Si la princesse Palla-Khan ne s’est pas impliquée
directement lors de la vente aux enchères, elle disparaît avec
certains des invités pendant la cohue.
Sinon, elle se retrouve entraînée jusqu’à une berline
noire portant une plaque d’immatriculation diplomatique.
Des Nephilim qui souhaiteraient lui venir en aide n’auront
pas de difficulté majeure à se frayer un chemin jusqu’au
parking. Cependant, un groupe de cinq individus armés
de rapières les attend là : vêtus de longs manteaux blancs à
doublure écarlate et de masques vénitiens à long nez (type
« médecins de la peste »), il s’agit des Chevaliers du Bec
– l’élite de l’Ordre.
Même si les Nephilim sont capables de rivaliser avec
ces fins bretteurs, les Chevaliers du Bec ne cherchent qu’à
gagner du temps jusqu’à ce qu’une crise mnésique par-
ticulièrement puissante paralyse leurs adversaires et leur
permette de fuir. Pendant cette crise, les Nephilim peuvent
voir la princesse habillée d’une robe de carnaval vénitien
noire et rouge. Elle et les chevaliers sont auréolés d’une
chaude lumière dorée. Ils disparaissent tous ensemble dans
un carrosse qui part au grand galop.
Les Nephilim retrouvent leurs esprits au son des sirènes
de la police. Ils auront le temps de noter la plaque de la
­berline avant qu’elle s’éloigne dans la nuit.
119
Avec ou sans tentative de sauvetage, l’arrivée de la police
marque la fin de la rixe.
Si les Nephilim ne cherchent pas à quitter les lieux
­discrètement, ils vont vite découvrir que la soirée au château
de Villandry a été organisée dans la plus grande illégalité.
Ils  seront interrogés par les autorités et potentiellement
placés en garde-à-vue pendant 48 heures si leurs explica-
tions ne sont pas convaincantes (voire pire, s’il y a eu des
blessés ou des morts).
Les fidèles du Grand Pélican devraient tous avoir déjà
vidé les lieux, profitant des crises mnésiques des Nephilim
pour récupérer leurs blessés et s’enfuir. Mais si les joueurs
se sont montrés suffisamment ingénieux pour en capturer
un, ils peuvent l’interroger quelques minutes avant l’arrivée
de la police. À cause de l’endoctrinement du Grand Pélican,
ils auront besoin de réussir un test de Vécus passés ou
contemporains liés à l’interrogation ou l’intimidation, avec
un malus de 3 degrés pour lui tirer une unique phrase en
italien, qu’il répète en boucle comme un mantra : tuo tempo
ci appartiene (« votre temps nous appartient »).
Dans ses poches, une boîte d’allumettes provenant
d’un hôtel quatre étoiles : Il Leone Verde (Le Lion Vert).
Pas d’adresse ou de numéro de téléphone, mais un dessin
stylisé d’un gondolier sur un canal devrait immédiatement
évoquer Venise.
Une fois d’éventuels indices récoltés et après s’être
dépêtré des forces de police, il est temps pour le groupe de
rentrer au bercail.
 Acte 2
Chasse au
Lion Vert
N ote introductive : Comparé au précédent, cet
acte est beaucoup plus déstructuré et ouvert aux
improvisations des joueurs ou du Meneur de
jeu. N’hésitez donc pas à faire la part belle à l’interprétation,
notamment en soumettant vos joueurs à des crises mnésiques
que vous jugez opportunes et en rapport avec les backgrounds
de leurs personnages. Ajoutez également autant de difficultés
« logistiques » que vous le souhaitez pour entraver la progres-
sion de leur enquête jusqu’à l’acte suivant.
Une conclusion
(trop) évidente
Après cette soirée mouvementée, la balle semble être
dans le camp des Nephilim.
Les effets insidieux de la contamination devraient être la
motivation la plus évidente pour retrouver la trace de l’Ordre
du Grand Pélican, d’autant que les crises vont se multiplier.
Il est également possible qu’ils se montrent chevalere-
sques envers la mystérieuse princesse Palla-Khan, s’ils ont
120
assisté à son «  enlèvement  ». À moins qu’ils cherchent
plutôt à se venger des charlatans qui se font passer pour
des experts en occultisme, ou tout simplement à frapper un
coup préventif contre ces agresseurs qui connaissent leur
vrai nom et leur véritable nature…
Quelles que soient les pistes qu’ils suivent, leur enquête doit
les mener jusqu’au repaire du Grand Pélican : l’hôtel du Lion
Vert (Il Leone Verde), un luxueux palace vénitien.
L’Ordre a tout fait pour leur mâcher la tâche, multipliant les
indices lors de la soirée à Villandry. Voici plusieurs pistes que les
joueurs sont susceptibles d’exploiter :
* des masques vénitiens aux voitures de sport, en passant
par la présence de la princesse Palla-Khan et des accents étrang-
ers les plus répandus dans la soirée, l’Italie semble le  filigrane de
toute la vente aux enchères ;
* les joueurs devraient d’ailleurs toujours être en
­possession desdits masques vénitiens (sauf s’ils se sont laissés
embarquer par la police, auquel cas ces accessoires auront fini
en pièces à conviction). Une analyse ésotérique révèle des traces
d’une substance magique, le sang du Grand Pélican, mais sur-
tout une marque de fabrication sous le plâtre. Il s’agit de l’atelier
Becco e Alla, fabriquant de masques réputé dont la boutique
se situe à Venise, sur la même place que l’hôtel du Lion Vert ;

Mnémos
* la plaque de la berline diplomatique est immatriculée
à Venise. Un contact dans la police ou les services diploma-
tiques français suffit pour l’apprendre ;
* l’accent autrichien du prétendu docteur Parangon
est une fausse piste. En revanche, si les joueurs ont pris un
cliché du visage du docteur (via un téléphone portable par
exemple, car ils n’ont jamais été confisqués par la sécurité),
une recherche d’images sur le net aboutit à un résultat
probant : la coupure d’une gazette italienne consacrée au
portrait d’Antonio Grazelli, directeur de l’hôtel du Lion
Vert jusqu’à sa récente retraite.
* le carton d’invitation lui-même  : un Vécu passé en
rapport avec l’imprimerie ou l’art permet d’apprendre que
les dorures en arabesques sont spécifiques à la région de la
Vénétie. Une solution plus aisée consiste à se rendre directe-
ment chez un imprimeur pour l’interroger sur le sujet, il
lui faudra un jour ou deux pour obtenir l’information. Il
est également possible d’essayer de retrouver l’adresse de
l’expéditeur via le service de coursiers ayant déposé la lettre.
Cela sous-entend néanmoins de pirater une caméra de sur-
veillance sur la voie publique, ou toute autre capacité pour
découvrir le logo sur l’uniforme du livreur à la date précise du
dépôt de l’invitation ;
* si les joueurs ont pensé à interroger l’un des serveurs
de la vente aux enchères (ou s’ils obtiennent les rapports de
police), ils apprennent que la soirée a été organisée par un
commanditaire étranger. Bien que le paiement du traiteur
ait été effectué en cash, une caution bancaire a été déposée
pour la location des spots de lumière. En remontant cette
piste (test de Vécus passés ou contemporains liés à la
Finance), ils découvrent que le compte est associé à une
agence événementielle spécialisée dans les réceptions du
groupe hôtelier Palla-Khan, et basée à Venise ;
* Ornella Palla-Khan et son statut de personnalité
publique sont un bon moyen de retrouver la trace de
l’Ordre. Si l’enquête des joueurs piétine, une apparition
publique de la princesse se retrouve dans les news people au
bout de quelques jours : une courte vidéo de la jeune femme,
type paparazzi, dînant à la terrasse de l’hôtel du Lion Vert.
L’hôtel appartient d’ailleurs à la famille Palla-Khan
depuis sa construction pendant la Renaissance italienne.
Une simple recherche sur Internet suffit à le découvrir.
* la tenue des Chevaliers du Pélican est très similaire
à celle des obédiences traditionnelles des Templiers. Si les
Nephilim ont rencontré ces adversaires pendant l’affron-
tement, et si l’un d’entre eux possède le savoir ésotérique
Templiers à au moins 4 pourra leur révéler ce détail.
Autrement, il faudra passer par une brève enquête occulte
dont la piste sera de 4 degrés. Peut-être disposent-ils alors
d’une source qui leur en apprendra plus sur le sujet ?
Aussi improbable que cela puisse être pour des
Nephilim, avoir un contact direct dans l’Arcane du Bâton
leur en apprendra beaucoup sur l’Ordre des Chevaliers du
Pélican et le Grand Pélican lui-même. Parlez-leur de l’his-
toire des chevaliers et d’une excommunication pour hérésie,
121
mais pas du sang magique (car même les Templiers ne sont
pas au courant) ni du Baphomet (secret capital du Bâton
qui n’est connue que des plus hautes autorités).
L’ennemi
intérieur
Pendant que les joueurs œuvrent à l’enquête, le venin
mystique du Grand Pélican coule dans leurs veines. Très
mineurs comparés à la crise de la vente aux enchères, les
effets du sang vont cependant devenir de plus en plus
intenses, voire dangereux. Les situations de stress décuplent
l’impact et la gravité des transes mnésiques.
Voici une échelle
de référence :
* 1 à 2 jours  : Flash lumineux, frissons brusques et
nausées viennent troubler le quotidien des Nephilim. Ils se
réveillent parfois en pleine nuit, leurs Simulacres ne se trou-
vant plus dans leur lit mais dans un lieu proche (similaire à
une crise de somnambulisme). En pleine conversation, ils se
mettent subitement à parler une autre langue (celle d’une
incarnation passée). Ils remarquent aussi parfois que leurs
reflets semblent agir de façon indépendante d’eux-mêmes
(rictus, clins d’œil, mouvements erratiques…) ;
* 3 à 5 jours  : Outre les phénomènes précédents, le
dédoublement mémoriel se reproduit. Les Nephilim se
retrouvent soudain à l’époque d’un de leur Vécu passé.
Le décor et les personnes présentes se modifient pour
être en adéquation avec la période choisie. Les situations
les plus anodines dans le présent deviennent subitement
menaçantes dans le passé. Les joueurs semblent comme
possédés par une présence extérieure quand ils sont précip-
ités dans le passé ;
* 5 à 7 jours : Pendant les épisodes de dédoublements
mémoriels, les anciens Simulacres sortent hors du corps des
Nephilim et se mettent à les tourmenter. Ils se m ­ ontrent
particulièrement agressifs envers leurs « hôtes », ne cessant
de répéter qu’ils ont quitté le droit chemin à cause d’eux,
qu’ils leur ont volé leur existence, que ce sont des para-
sites, que les joueurs ont oublié leur véritable bienfaiteur
(l’appelant tantôt le Lion Vert, le Maître, le Grand Oiseau,
l’Éternel…), qu’ils doivent se tourner vers la lumière, que
le salut se trouve au cœur de la cité des Masques ;
* une à deux semaines : Les hallucinations atteignent
un tel degré de réalité que les anciens Simulacres commen-
cent à s’incarner physiquement. Ils ne sont pas visibles par le
monde profane, mais toute créature magique est susceptible
de les percevoir. Hystériques et déments, ils ne cherchent plus
à ­discuter avec les Nephilim et se contentent de les injurier,
de  les harceler en causant des incidents ou de les frapper
(même caractéristiques que leurs hôtes). Ils disparaissent
après quelques blessures mais les traces de leurs coups
 Les Veilleurs du Lion Vert
subsistent sur les Immortels. Ils aiment particulièrement se
manifester dans des situations où les réactions de défense des
Nephilim peuvent leur nuire, par exemple, lorsqu’ils se trou-
vent à bord d’une automobile en pleine course ou pendant
qu’ils subissent des contrôles de sécurité à l’aéroport.
Libre à vous d’adapter cette échelle pour que les joueurs
puissent en subir les effets, les marquant même s’ils sont
extrêmement rapides sur l’enquête et le voyage jusqu’à Venise.
À partir du deuxième échelon, vous pouvez même
obliger vos joueurs à remplacer, à chaque crise, un degré
de leur Vécu contemporain de leur fiche par un équivalent
propre à un Vécu passé qui vient les tourmenter. L’objectif
ici est de leur faire ressentir une désagrégation de leur
essence profonde, comme si l’incarnation passée était en
train de prendre le contrôle de leur corps et de leur psyché.
Les Vécus contemporains retrouveront leur état normal
à la résolution du scénario ou si les joueurs font un effort
de volonté majeur pour argumenter avec le Simulacre de
leur bonne foi.
Enfin, chaque utilisation d’un « Effet Mnémos » par
un Nephilim contaminé entraîne immédiatement une crise
mnésique de l’époque d’incarnation du Vécu concerné. Cela
devrait les dissuader rapidement d’en utiliser à outrance et les
« affaiblir » d’une façon plus subtile que des malus directs à
leurs tests d’action.
Pour avoir le plus d’impact possible avec ces crises, il convient
de bien connaître les époques d’incarnation des personnages
de vos joueurs. À moins que votre groupe de joueurs soit très
restreint, limitez-vous à un ou deux épisodes par personnage.
N’oubliez pas que les effets de l’addiction se propagent même
aux Nephilim n’ayant pas de Vécu passé correspondant aux
époques en question, pour peu qu’ils se trouvent à proximité
du joueur en crise.
Voici quelques exemples susceptibles de vous aider, à partir
des archétypes de Vécus passés des époques d’incarnation du
Livre 0 Nephilim Quintessence :
Crise 1 : Vécu passé de “Dame
marchande”, époque “Les Arcanes de
la Renaissance”
(Le joueur est en train de suivre la piste financière laissée par
l’Ordre.)
  Après quelques minutes dans la banque, l’atmosphère
­s’assombrit, comme si un nuage venait de passer devant le soleil.
Ampoules et néons disparaissent devant tes yeux, remplacés
par des lampes à huile. Les murs se couvrent de briques inégales
et les conversations sont étouffées par le bruit des ­florins que
l’on entasse dans des sacs de toile. Derrière le guichet, une voix
familière t’interpelle : « Que viens-tu me prendre encore, voleur
de vie ? ». Tu reconnais la Donna Perruzi, ton Simulacre sous
la Renaissance italienne. Son visage est fermé, amer. Ses yeux,
noirs d’ordinaire, débordent de lumière dorée. Tu as soudain
l’impression que tous les clients de la banque te toisent, leurs
traits inamicaux. « Tu te rapproches du Maître. Mais tu ne
pourras pas acheter mon pardon, monstre ! Ni le sien ! » dit
122
l’usurière en te jetant une bourse pleine à la figure. Alors que tu
t’écartes pour l’éviter, par réflexe, le monde devient à nouveau
flou. Le présent retrouve ses droits. Tu heurtes des hanches
le comptoir en formica de la banque. « Vous allez bien ? » te
demande l’employée, en jetant un regard discret vers l’agent de
sécurité derrière toi.
Crise 2 : Vécu passé d’ “Espion”,
époque “Les années noires”
(Le joueur rencontre un de ses contacts dans la police
nationale.)
Tu patientes à la terrasse du coin, attendant qu’arrive
ton indic’. Le café que tu sirotes prend subitement un goût
désagréable et pourtant familier : le goût qu’avaient les ersatz
pendant l’Occupation. Une voile cotonneux trouble ton regard,
juste un instant, et voilà qu’il fait nuit noire. Des sirènes de
bombardements retentissent à tes oreilles. Les voitures modèles
40-45 pétaradent tandis que les p­ assants habillés à la mode
ancienne s’enfuient vers les abris souterrains. Avant que tu
puisses esquisser un mouvement, un homme s’assied à ta table.
Il porte un feutre gris bien enfoncé sur le crâne et un trench-coat
discret. Pourtant tu le reconnais au premier coup d’œil : Franck
Délèze, agent-double pour les Alliés et ton Simulacre pendant
toute la seconde guerre mondiale. Une cigarette à la bouche,
il jette un attaché-case sur la table et en tire un improbable
œuf de Fabergé qui brille de mille feux. « Bravo, il est à toi…
déclare-t-il d’un ton amer, en poussant l’œuf. Tu sais ce que ça
m’a coûté de l’avoir ? Non, bien sûr. Tu t’en fous. Tu te contentes
de prendre et de prendre, comme toute ta sale engeance… »
Crise 3 : Vécu passé de “Guerrier
Achéen”, époque “La chute de Troie”
(Les joueurs débarquent à l’aéroport Marco Polo di
Venezia.)
Alors que vos talons touchent le tarmac, les bâtiments de
l’aéroport vacillent devant vos yeux à la façon d’un mirage en
plein désert. À travers un scintillement de mica, vous entendez
les rouleaux de l’océan et le clapotis des sandales qui foulent le
rivage. Tout autour de vous, les soldats grecs débarquent du
ventre de l’immense triacontère qui les a conduits sur cette côte
dont beaucoup ne reviendront pas. L’un de vos compagnons
d’armes retire son casque et se retourne vers la troupe. Vous
reconnaissez Philoctas, Simulacre de [nom d’un des Nephilim
du groupe] pendant la chute de Troie. « Les chiens de Priam
nous attendent au-delà de cette lagune ! » clame-t-il. «La gloire
nous attend ! La défaite est inenvisageable… à condition de
nous débarrasser des traîtres qui grouillent dans nos rangs ! »
Il tire alors son glaive de son fourreau et le brandit droit vers
vous. Sous le soleil cuisant, la lame brille d’un éclat doré tandis
qu’il avance dans votre direction…
Une image récurrente à placer dans vos descriptions des
crises mnésiques est celle de la « lumière dorée », toujours
présente sous une forme ou une autre chez les Simulacres du
passé comme chez les membres de l’Ordre du Grand Pélican
présents dans la scène lorsque la transe se produit. En effet, il
s’agit d’un indice qui, s’ils s’en souviennent, aidera vos joueurs
pendant l’affrontement final contre le Grand Pélican.
 123

Acte 3
Bec et ongles
À vol d’oiseau pour les Nephilim car leurs crises mnésiques devraient
atteindre leur paroxysme.
Pour atteindre Venise, deux solutions logistiques En revanche, s’ils avaient l’espoir de prendre l’hôtel du
­simples peuvent être adoptées : le train ou l’avion. Un trajet Lion Vert et son personnel par surprise, c’est chose vaine :
Paris-Ventimile-Venise dure environ 10 heures (à adapter l’Ordre du Grand Pélican les attend de pied ferme.
en fonction du lieu de départ des Nephilim). En train, En réussissant un test de Vécus passés ou contem­
les contrôles entre frontières européennes sont quasi-­ porains liés à la vigilance et à la perception (avec un malus
inexistants : les armes et les reliques occultes des Nephilim de 4  degrés), ils peuvent remarquer qu’ils sont pris en
peuvent donc être transportées sans contrainte. filature dès leur arrivée à Venise. Deux hommes se faisant
Le trajet en avion est direct et bien plus court. Il p­ ermet passer pour des touristes les surveillent à bonne distance.
d’atteindre l’aéroport Marco Polo di Venezia depuis n’im- Leur p­ riorité étant de surveiller les Immortels sans se
porte quel aéroport européen majeur. En revanche, les faire c­ apturer, ils ne s’engageront pas dans des situations à
contrôles de sécurité et les mesures antiterrorisme risquent risques ou dans des embuscades évidentes. Ce ne sont que
de causer quelques désagréments aux joueurs s’ils viennent des Écuyers de l’Ordre, mais si les joueurs parviennent
avec des armes ou des artefacts susceptibles d’être pris pour à les ­capturer, ils pourront cette fois briser leurs défenses­­
de la contrebande. ­mentales s’ils p­ assent suffisamment de temps à les inter-
Dans les deux cas, il faudra rejoindre Venise elle-même roger. Les Écuyers leurs en apprendront plus sur « Il Grande
par bateau ou automobile. Pellicano  », présenté comme un dieu vivant qui partage
Une fois arrivés, retrouver l’hôtel n’est plus qu’une son immortalité avec une poignée d’élus via son sang.
­formalité pour les joueurs. En pleine morte-saison, la ville a L’interrogatoire peut aussi donner aux joueurs une vague
un parfum d’orage : les ruelles sont peu animées et le temps idée de ce qui les attend derrière les murs de l’hôtel (un plan
maussade facilite les déplacements discrets. Heureusement sommaire, par exemple). Mais les Écuyers n­ ’hésiteront pas
 Les Veilleurs du Lion Vert
à omettre les informations les plus importantes (comme
le gaz des cellules d’emprisonnement) ou à mentir si les
Nephilim n’ont pas pris les mesures appropriées.
Avec ou sans ces informations, les joueurs sont libres de
leur approche pour passer les portes de l’hôtel.
S’ils choisissent l’infiltration, l’élément de surprise est
extrêmement difficile à maintenir, même si les Écuyers qui
les filaient ont été neutralisés. En effet, le Grand Pélican
s’attend à leur arrivée à toute heure du jour comme de la
nuit. Tous les bâtiments adjacents à l’hôtel, boutiques, cafés,
immeubles résidentiels, sont sous le contrôle de l’Ordre.
Des caméras de surveillance sont dissimulées partout dans
l’hôtel et ses environs, même sur les toits, et ne laissent que
peu d’angles morts susceptibles d’être exploités sans inter-
vention occulte.
S’ils préfèrent user de subterfuges, en se présentant à la
réception comme des touristes ordinaires et en demandant
une chambre par exemple, il leur faudra un déguisement
très convaincant pour ne pas être repérés dès l’entrée.
De plus, les membres les plus importants de l’Ordre, la
princesse Palla-Khan, Antonio Grazelli et les Chevaliers
du Bec, patrouillent les couloirs sans relâche, déguisés en
membre du personnel. La forte concentration de sang
du Grand Pélican dans leurs veines réagit à proximité de
n’importe quel Immortel contaminé : s’ils se trouvent dans
un rayon de 3 mètres, ils le détecteront immédiatement
comme tel.
Curieusement, une attaque armée directe est proba-
blement la stratégie qui a le plus de chances de déstabiliser
l’Ordre. En effet, ils n’ont pas l’habitude que des Immortels
manquent de subtilité. Passée la surprise d’une offensive
frontale, les joueurs vont cependant se heurter à une résis-
tance sévère. Les fanatiques de l’Ordre se battent sur leur
propre terrain, et l’hôtel a été conçu comme une forteresse
destinée à résister aux assauts occultes de l’extérieur comme
de l’intérieur.
Au cœur
du nid
Somptueux palais baroque, le Lion Vert possède
trois étages en hauteur et un en sous-sol. Les arches de
sa façade blanche sont sculptées de figures aériennes,
qui surplombent les loggias individuelles des chambres
(une quarantaine par étage).
Une salle de conférence et un restaurant jouxtent la
réception. L’intérieur est décoré dans un classicisme épuré
où dominent des tons crème et or. En tant que quatre
étoiles, il bénéficie de tout le confort attendu d’un hôtel de
son standing : Wi-Fi, télévision câblée, minibar…
Seul le personnel détone avec l’atmosphère raffinée  :
Ils sont plutôt âgés, voire très âgés (moyenne d’âge autour
124
de 45 ans) et semblent harassés, défraîchis et perclus de
fatigue. Tant qu’ils ne prouvent pas leur valeur à l’Ordre,
le Grand Pélican ne leur offre en effet que des doses infimes
de son sang, provoquant une addiction suffisante pour les
maintenir sous sa coupe.
Dans leurs interactions avec les joueurs (si ceux-ci
entrent sous couverture), ils se montrent tantôt antipa-
thiques tantôt fébriles, à la façon de drogués en manque.
Ce sont de piètres combattants, mais ils peuvent constituer
un obstacle par leur nombre (environ 50 personnes).
Les agents de sécurité de l’hôtel sont plus jeunes et plus
fringants : ils sont tous Écuyers de l’Ordre, en excellente
condition physique et armés de la même façon que pendant
la vente aux enchères (revolvers, matraques télescopiques
et tasers).
Au bout de chaque étage, un placard de service a été
réaménagé en cache d’armes contenant des fusils d’assaut
et des grenades. Si le personnel de l’hôtel et les agents
de la sécurité se sentent débordés par les Nephilim,
ils n’hésite­ront pas à aller piocher dans ces réserves.
Une alarme d’incendie retentira également à travers tout
l’hôtel, ­prévenant l’ensemble du personnel de l’intrusion.
Les joueurs ne pourront néanmoins compter sur l’inter-
vention d’aucun pompier ou force de l’ordre à l’intérieur
du Lion Vert, à cause des généreux pots-de-vin versés par
l’Ordre à ­l’administration locale.
Au premier étage, dix chambres sur quarante sont
­utilisées comme cellule d’emprisonnement pour Immortels.
Elles ressemblent à des chambres ordinaires au premier
abord, mais leurs murs, leurs fenêtres et leurs portes
sont blindées. Contrôlés depuis une salle de surveillance
au sous-sol du complexe, des verrous électroniques
­peuvent être actionnés à tout moment par l’Ordre. Une
fois les Nephilim piégés, un gaz incapacitant est répandu
à ­l’intérieur de la pièce via la climatisation pour les neutral-
iser. C’est ce genre de chambre que recevront les joueurs s’ils
ont été reconnus à la réception.
S’ils ont l’occasion d’explorer toutes ces cellules ou
s’ils se rendent à la salle de surveillance au sous-sol, les
Nephilim découvriront que trois d’entre elles contiennent
des p­ risonniers : un Eolim (Efreet du nom de Ta’Disha) et
deux Hydrim (l’Ondine Mélidanne et le Triton Akronis).
Ils sont attachés au lit par des menottes de platine,
leurs veines reliées par des tubes à d’imposantes machines.
Ressemblant à des appareils de dialyse, ces machines pom-
pent sans relâche leur essence magique, qui s’écoule ensuite
dans des conduits de plexiglas vers l’œuf du Grand Pélican,
au sous-sol de l’hôtel. L’essence en question ressemble à un
liquide iridescent, presque un flux de lumière dorée.
Les prisonniers sont amaigris, blafards et très faibles.
Ils peuvent cependant constituer des alliés inespérés, car ils
possèdent quelques informations utiles, comme la manière
d’accéder au sous-sol et le fait que le Grand Pélican soit la
source des crises mnésiques. Les joueurs recevront toute
leur gratitude s’ils les tirent de ce guêpier. Bien que proche

Mnémos
de la Narcose, l’Efreet Ta’Disha refusera catégoriquement
de quitter l’hôtel sans avoir éliminé le Grand Pélican
en ­personne.
Au second étage, les joueurs peuvent découvrir le bureau
du directeur de l’hôtel, Antonio Grazelli. Contrairement à
ce qu’il affirme régulièrement aux médias, le faux docteur
Parangon n’a pas pris sa retraite : il se contente de changer
d’identité régulièrement, pour préserver le secret de sa trop
longue vie, quasiment 300 ans. En fouillant minutieuse-
ment la pièce, c’est-à-dire en prenant le temps, les Nephilim
découvriront un passe universel dans l’un des tiroirs à
­double fond de son bureau. Le passe ouvre toutes les portes
de l’hôtel et donne accès au sous-sol.
Au troisième étage, la suite personnelle de la princesse
Palla-Khan peut être un point d’intérêt pour les joueurs.
S’ils n’ont pas saisi qu’elle fait partie de l’ordre et cherchent
activement à la retrouver, c’est là qu’elle les attendra. Sinon,
elle accompagne les chevaliers du Bec dans leurs patrouilles.
Si les joueurs la retrouvent dans sa suite pour la sauver,
elle les remerciera et prétextera être séquestrée ici depuis la
fin de la vente aux enchères. Elle leur « révélera » que l’hôtel
abrite un culte qui vénère une monstruosité au sous-sol.
Sa comédie prendra fin si les joueurs la démasquent ou si elle
parvient à les convaincre qu’il faut aider d’autres prisonniers
au premier étage. Elle les conduira alors vers une des cellules
vides dans le but de les y piéger. Si les joueurs engagent les
hostilités avec la princesse dans sa suite ou pendant qu’elle
les guide vers son traquenard, celle-ci se révélera être le
sixième membre des chevaliers du Bec. Ses compagnons
d’armes se joindront à elle presque immédiatement, avertis
via le réseau de surveillance interne de l’hôtel.
Fouiller la suite de la princesse ou lui faire les poches
permet d’y trouver une carte magnétique. Cette carte ouvre
uniquement l’accès au sous-sol par l’ascenseur. Les cheva-
liers du Bec sur lesquels tomberaient les joueurs pendant
leur exploration de l’hôtel (deux par étage) possèdent
­également des cartes similaires.
Les escaliers vers le sous-sol existent toujours, mais ils ont
été condamnés par un mur de briques. S’il est p­ ossible de le
détruire, d’une manière ou d’une autre, ne pas attirer l’atten-
tion en agissant de la sorte reste difficilement ­envisageable.
Du côté des crises mnésiques, les Vécus passés qui se
manifestent à l’intérieur de l’hôtel vont essayer de guider les
Nephilim vers le Grand Pélican, en se montrant subitement
plus mielleux et plus sympathiques, en parlant d’antidote,
de salut, de guérison… Un tel changement d’attitude devrait
mettre la puce à l’oreille des joueurs.
Briser l’œuf
Une fois le sous-sol atteint, les luxueux couloirs de
­l’hôtel laissent place à une unique galerie, pleine d’humidité
et éclairée par des néons agressifs.
Du côté droit de la galerie, une porte donne sur la salle
de surveillance. Elle contient des moniteurs pour l’ensemble
125
des caméras du complexe, des terminaux de contrôle et des
pupitres de sécurité capables de commander aux serrures
magnétiques, aux arrivées de gaz et d’électricité, au système
d’alarme… Trois Écuyers de l’Ordre occupent les lieux.
Antonio Grazelli y passe également plusieurs fois par jour.
Au fond de la galerie, une lourde porte de chêne à double
battant s’ouvre sur le nid du Grand Pélican.
L’intérieur de ce « saint des saints » ressemble en tout
point à une chapelle néo-gothique : bancs à pupitres, vitraux
et colonnes de marbre. Toutefois, le fond de la salle n’est
pas occupé par un autel mais par une alcôve qui domine le
chœur de la chapelle. L’alcôve contient un immense récep­
tacle ovoïde dont la façade de verre est emprisonnée entre
des arceaux de métal noir. Un liquide à la teinte orangée
remplit le réceptacle.
Flottant entre deux eaux dans l’œuf artificiel, une
­créature glabre et décharnée toise les intrus de ses yeux d’or :
le Grand Pélican lui-même. Sa peau translucide laisse appa-
raître un réseau arachnéen de veines noires, sauf certaines
où l’on peut voir circuler une substance qui irradie comme
du soleil liquide. Ses doigts squelettiques ressemblent
davantage à des griffes de plomb et d’or, qu’il agite dans son
liquide à la façon d’un marionnettiste.
Le Grand Pélican a perdu depuis longtemps l’usage de la
parole, mais il utilise les anciens Simulacres qui ont harcelé
les joueurs depuis le début des crises mnésiques pour
­communiquer avec eux. Lorsque ceux-ci le découvrent,
trois Vécus passés s’incarnent subitement dans la chapelle.
Pour les Nephilim très perceptifs, la réalité semble plus
friable aux abords de l’œuf, comme si une brèche subtile
s’ouvrait vers l’astral.
S’adressant aux joueurs en faisant prononcer chacune
de ses phrases par un de leurs anciens Simulacres, tour à
tour, le Grand Pélican ne semble ni surpris ni inquiet de
leur présence :
« Ah ! Je vois que ma leçon a porté ses fruits. A­ vez-vous
enfin compris ? Avez-vous réussi à appréhender tout
le mal que vous avez causé à l’Humanité ? Il est grand
temps de vous repentir de votre nature monstrueuse…
Viendrez-vous vous joindre à moi dans une communion
éternelle ? Le monde s’en portera mieux. »
Les Nephilim peuvent tenter d’engager la ­conversation,
mais le Grand Pélican se montre peu réceptif. Empli d’une
ferveur christique, il se contente de leur rappeler que le même
sang coule maintenant dans leurs veines et de palabrer
jusqu’à qu’arrivent ses fidèles : quelques minutes suffisent
pour qu’une dizaine d’Écuyers et les chevaliers du Bec
(la princesse Palla-Khan comprise) rejoignent leur maître.
Le moment est venu pour eux de capturer leurs proies…
Si les joueurs ont déjà tué certains des chevaliers du
Bec ou la princesse Palla-Khan, ils constateront avec stu-
peur que ceux-ci sont pourtant présents : leurs habits sont
encore tachés de sang et leurs corps portent les stigmates
des affrontements précédents, mais ils sont bien en vie.
En revanche, si les joueurs les ont plutôt neutralisés en
 les enfermant ou ligotant quelque part, ou s’ils ont détruit leurs cadavres, ils ne les verront pas
débarquer avec les renforts.

Si les Nephilim trouvent que la servitude fatale proposée par le Grand Pélican manque
d’attrait, le combat s’engage.

Les dix Écuyers manient leurs revolvers et tasers ­d’usage. Une moitié d’entre eux est
également armée de fusils d’assaut, mais un test de Vécus liés à la guerre, au maintien de
l’ordre et au combat permet de se rendre compte qu’ils ne tirent jamais du côté de l’œuf du
Grand Pélican.

Les Chevaliers du Bec sont armés de rapières d’acier et portent du kevlar. Leurs masques
traditionnels de médecin de la peste dissimulent en fait des casques ultra-modernes avec
filtres à gaz, lunettes infrarouges et système de communication à ondes courtes intégrés.
Contrairement à ses frères d’armes, la rapière de la princesse Palla-Khan est en orichalque.
C’est la seule à en faire usage, car le Grand Pélican déteste le métal honni presque autant
que les Nephilim : il détruit l’essence magique dont il se sustente.

Trônant au milieu du chaos, le Grand Pélican lui-même paraît indestructible. Son œuf
semble résister à tous les assauts physiques et magiques conventionnels.
C’est effectivement le cas, à cause d’un rituel complexe intégré au réceptacle.
Mais il a pourtant un point faible : les trois conduits qui l’alimentent en essence magique.
Ces épais tubes de plexiglas transparent sont encastrés autour de l’alcôve où se trouve l’œuf
– un à gauche, un à droite et un au-dessus.
Chaque fois que la monstrueuse créature fait appel à ses pouvoirs, les conduits puisent
dans l’essence des Nephilim prisonniers au premier étage. Si les joueurs en ont déjà libérés
certains avant de se rendre au sous-sol, considérez qu’un nombre équivalent de conduits
sont déjà détruits. Néanmoins, le Grand Pélican se rendra immédiatement compte de sa
vulnérabilité et placera alors l’ensemble de ses fidèles entre lui et les joueurs (tous les Écuyers
seront présents dans la chapelle, ainsi qu’une vingtaine de ­membres du personnel de l’hôtel).
Utilisable à chaque tour tant que les conduits ne sont pas détruits, les capacités magiques
du Grand Pélican sont les suivantes : il peut invoquer l’un des anciens Simulacres des joueurs
pour les attaquer, exactement comme s’ils étaient victimes d’une crise mnésique, il est égale-
ment capable de faire subir un assaut mental à une cible dans son champ de vision, là encore
de la même façon qu’une crise mnésique. La victime de l’assaut mental se retrouve subitement
piégée entre deux périodes d’incarnations, divisant tous ses tests d’action par deux jusqu’au
prochain round.
Enfin, tant que le Grand Pélican est en vie, les Chevaliers du Bec ainsi que la princesse
Palla-Khan et le directeur Grazelli se relèvent sans cesse de leurs blessures, même fatales,
au bout d’un round, à moins qu’ils ne soient entièrement vidés de leur sang (la décapitation
fonctionne aussi).

Chaque fois que le Grand Pélican utilise l’assaut mental ou l’invocation de Simulacre,
un flux de liquide mordoré illumine les conduits. Décrivez-leur cette information dans l’en-
chaînement du combat, de façon à ce qu’ils puissent s’en rendre compte sans nécessairement
réussir un test d’action. Cela devrait finir par attirer leur attention.

Lorsque le premier conduit est détruit, le Grand Pélican ne parvient plus à se concentrer
pour lancer ses assauts mentaux. Il replie les Simulacres illusoires qu’il invoque dans une
position plus défensive.
Lorsque le second conduit est détruit, les Simulacres illusoires disparaissent d’un coup.
Lorsque le troisième conduit est détruit, l’équilibre ésotérique de l’œuf est rompu. Il se
craquelle alors et peut enfin être brisé, tuant le Grand Pélican par la même occasion.
126
 127
Mnémos
 À la mort de leur « dieu », les sbires mineurs du Pélican
se débandent en hurlant. Les Écuyers survivants conti­
nuent le combat, mais sans grande conviction. Ils s’enfuient
à leur tour au bout de quelques rounds.
Enfin, l’âge finit par rattraper les haut-gradés  :
les Chevaliers du Bec succombent sous leurs blessures
et le poids des siècles qu’ils ont dérobés. Dans une
dernière charge pleine de haine, la princesse Palla-Khan
s’effondre à son tour. Elle se décrépit devant les yeux des
joueurs, retrouvant son âge véritable de 97 ans. D’une
voix rauque, elle les maudit une dernière fois avant de
se raidir, définitivement. Son cœur a fini par lâcher.
D’Antonio Grazelli, ils ne retrouveront qu’un petit tas
de poussière et quelques os.
Pour les Nephilim victorieux, la mort du Grand
Pélican marque la fin des crises mnésiques : les propriétés
magiques de son sang ne persistaient que tant qu’il était
Les PNJ
Ornella Palla-Khan
âge réel 97 ans, apparent 23 ans
Ka-Soleil 7
Vécu : star des tabloïds et chevalière
du Bec 7
Rapière en orichalque (Dommages 2,
orichalque 4)
Chevaliers du Pélican
Ka-Soleil 4
Vécu : agent de sécurité 5 et chevalier
du Pélican 3
Revolver (dommages 3), taser (Test
de Ka-Soleil ou Ka-Terre pour les
Nephilim, si échec immobilisé), Fusils
d’assaut (à l’hôtel uniquement) (dom-
mages 5)
Chevaliers du Bec
Ka-Soleil 7
Vécu : Chevaliers du Bec 7
Rapière (Dommages 2)
Gilet en kevlar (protection 2)
Masques à gaz et système de communi-
cation personnels
128
en vie. Ils  retrouvent également les degrés de Vécus
­contemporains qu’ils ont éventuellement dû remplacer à
cause de la ­contamination, au rythme d’un degré par jour
de repos. Mais ils peuvent également choisir d’accepter ces
souvenirs et conserver ces Vécus passés, gagnant un bonus
de 1 degré pour leur utilisation.
En dehors des Nephilim captifs qu’ils peuvent encore
sauver, fouiller l’hôtel du Lion Vert de fond en comble
ne leur apportera pas grand-chose de plus : l’Ordre du
Grand Pélican fonctionnait en autarcie, volontairement
coupés de l’influence de tous les Arcanes, et les « arte-
facts » et autres textes ésotériques proposés aux enchères
étaient tous faux.
Mais les joueurs auront au moins la satisfaction
d’avoir mis un terme définitif aux exactions cannibales du
Grand Pélican.
Agents de sécurité de
l’hôtel
Menace 4
Ils sont aussi des écuyers de l’ordre des
chevaliers du Pélican
Revolver (dommages 3), taser, Fusils
d’assaut (à l’hôtel uniquement) (dom-
mages 5)
Antonio Grazelli
âge réel plus de 300 ans, apparent 70 ans
Ka-Soleil 9
Vécus : directeur d’hôtel 7, comédien
6, médecin 5, ingénieur 6, pilote de
chasse  5, condottiere 8, officier de la
cour royale 6, parfumeur 3, et encore
bien d’autres à votre choix (300 ans...)
Le Grand Pélican
Vivant grâce et dans son œuf-vitrail,
le Grand Pélican est entièrement
dépendant de son système. Dès que
celui-ci se brise, il mourra.
129
 Lyon
Un contexte pour
130
 131

occulte
Nephilim Légende
 Mode d’emploi
L yon a toujours eu la réputation d’être une ville
traversée par des traditions occultes et ésoté­
rismes et ceci depuis sa fondation. C’est en
grande partie exact et Lyon occulte est un contexte de jeu,
que l’on peut assimiler à un livret-source qui vous révèle
­l’ensemble de ces traditions ainsi que leur mise en abîme
dans le cadre du background de Nephilim légende.
Pour résumer, l’occulte lyonnais est si riche qu’il est dev-
enu un savoir ésotérique en soi : Les Champs Polemoka.
Nous vous proposons ainsi une visite de Lyon centrée
autour de ce savoir.
Le contexte occulte de Lyon révèle que la ville constitue
pour les Nephilim un champ de bataille immémoriel appelé
les champs Polemoka (Polemos, guerre en Grec ancien
+  Ka) où les Immortels peuvent s’affronter Ka-élément
contre Ka-élément, comme au temps archaïque des
Guerres élémentaires et aussi où Nephilim et Arcanes
Mineurs ont trouvé un lieu rituel pour se défier. Vaincre
sur les champs Polemoka donne beaucoup de prestige et
une grande notoriété dans le monde occulte. Aussi bien des
MJ ou des joueurs débutants à Nephilim que des Nephilim
132
fraîchement éveillés pourront être impliqués facilement
dans cette première strate occulte de la ville.
Avec Lyon occulte, chaque MJ pourra créer différen-
tes intrigues, mêler les PJ à des complots et des secrets
multiséculaires, utiliser la cité à la fois comme une res-
source d’intrigues occultes, une base d’aventures pour
ses PJ mais aussi une initiation aux différents mystères
et secrets de Lyon et pourquoi pas, avec un travail de
préparation, une campagne de longue haleine, récur-
rente, de type bac à sable.
Lyon occulte permet aussi au MJ de mettre en séquence
plusieurs éléments de l’édition complète de Nephilim
Légende.
Il peut y placer naturellement la librairie de l’Incu-
nable Souveraineté et donc y faire démarrer plusieurs
scénarios et campagnes. De plus, la librairie joue
naturellement le rôle d’un lieu de rencontre entre plu-
sieurs combattants de la Guerre éternelle. Des rumeurs
s’y murmurent, des défis s’y lancent, des alliances s’y
nouent et s’y dénouent.
 133
Lyon occulte

Le plus facile à relier à Lyon est sans doute le scénario

Les Veilleurs que vous trouverez dans ce livre. En effet, le Intrigues pour
village peut être localisé dans le Beaujolais (l’un des villages des scénarios et
des Pierres dorées, par exemple), les Monts du Lyonnais, des campagnes dans
voire en Drôme (les Baronnies) ou en Ardèche.
Lyon occulte
L’Éveil des Éléments se déroule à Lyon et ses environs.
Les PJ peuvent commencer par ce scénario et ensuite plon-
ger dans les secrets de la capitale des Gaules en entrant dans • Participer pleinement à la Guerre éternelle
la librairie de l’Incunable Souveraineté. et en devenir un champion.

De par son statut spécial et son contexte des champs
Polemoka, il est très facile d’introduire les ennemis
jurés des Nephilim, l’Arcane Mineur du Bâton, soit les
Templiers. La  plupart des Templiers présents et actifs à
Lyon appartiennent au Temple Véritable, soit le Pilier le
plus conservateur et le plus réactionnaire de cette société
secrète. Vous pourrez trouver les détails de ce Pilier dans le
livre Les Templiers.
Un Selenim, nichant dans le quartier de la Croix-Rousse
joue un rôle important à Lyon dans le contexte occulte, vous
pourrez ainsi introduire les Maudits et leurs particularismes
et utiliser une partie des informations de Selenim.
• Détruire une bonne fois pour toute
les Templiers du Saint-Sépulcre de Lyon.
• Contrecarrer la machine cristalline
des Synarques de la Part-Dieu.
• Éliminer l’emprise Selenim et la cour
de l’Anti-Paladin
• Lutter contre la cour des Goths de l’Anti-
Paladin
• Découvrir et résoudre le problème des
Passe-Murailles

• Faire émerger un quartier d’Arcadia à Lyon

Plusieurs Arcanes Majeurs participent activement à
la Guerre éternelle des champs Polemoka. Vous pouvez • Résoudre le sort du Kaïm Lug
ainsi utiliser des Arcanes comme La Force, La Justice ou
La Lune. La Papesse, Le Diable ou encore La Tempérance
jouent un rôle secondaire dans le Lyon occulte. Vous trou-
verez la description de ces Arcanes Majeurs dans le livre
Les Arcanes Majeurs.

L’effet Rosenkreutz à Lyon

• Lyon est une ville bien particulière dans le monde ésotérique du fait de l’existence des champs
Polemoka. Le principe de l’effet Rosencreutz s’applique quelque peu différemment de celui
décrit dans Nephilim Quintessence.

• En premier lieu, le seuil RK est anormalement élevé pour une ville contemporaine. Du fait de
sa grande tradition occulte et de l’activité ésotérique intense, celui-ci est à 7 dans le centre-ville
pour redescendre à 5 dans la banlieue. Il est commun à tous les quartier de l’hypercentre et
ne varie pas. Les Arcanes Mineurs sont tous impliqués d’une manière ou d’une autre dans les
champs Polemoka. Les habitants ont aussi une certaine habitude des bizzareries occultes.

• Lorsque le seuil RK est atteint, il n’y a pas de traque qui se déclenche mais plutôt un défi qui
est lancé pour un affrontement sur l’un des champs Polemoka de la cité. Pour indication (voir
plus loin), ces affrontements prennent de nombreuses formes et se font rarement avec ds armes
létales. Cela peut être des jeux ésotériques, des duels magiques, des jeux d’échecs, des combats
d’arts martiaux, des courses poursuites motorisées ou des parkours, etc. Le niveau d’intensité
atteint indique alors la pression qu’exercent les différents acteurs sur les PJ ciblés pour qu’ils
participent aux champs. À partir d’une intensité 4, les combattants attaqueront, y compris les
Nephilim Gladiateurs élémentaires. Le seul moyen de faire baisser la jauge de traque est tout
simplement de participer à un duel. Sacrifier un de ses éléments magiques est considéré comme
un déshonneur.
 la cité
des champs
Polemoka
D ans cette première partie, le Lyon occulte
est révélé par le mythe fondateur et l’instal-
lation de la cité comme centre des champs
Polemoka, un terrain de bataille d’une Guerre éternelle
dans
l’arène des
autant symbolique que réelle, livrée par les Nephilim entre
eux qu’avec les Arcanes Mineurs.
corbeaux
Les PJ, quel que soit leur niveau d’initiation ou le type
solaires
d’enquête occulte qu’ils mènent, doivent découvrir Lyon Lugdunum est le nom romain de la ville secrète.
comme étant la ville des champs Polemoka. Ils pourront L’étymologie et la légende nous disent la proximité avec
alors choisir ou pas, en fonction de ce que chaque MJ décide, Lug, dieu de la lumière des Celtes dont l’un des animaux
de participer à cette guerre ésotérique et d’en ­devenir l’un de sacrés était le corbeau. Comme toujours, cette interpréta-
ses combattants. tion cache et révèle en même temps.

La Guerre En effet, la colline primale fut le théâtre de l’une des

batailles les plus violentes des Guerres élémentaires.

éternelle Là, durant des années, les Nephilim, les Kaïm et les
humains, héros guidés par les enseignements dévoyés de
Prométhée, s’affrontèrent. Par ses conjonctions, le lieu
134

Lyon occulte
avait une importance majeure dans le conflit. Une part de
la météorite d’orichalque y avait foré une descente infernale
vers l’Hadès. Le bassin qui servait aux affrontements était
recouvert par les poussières des terres sacrées de l’Atlantide.
Enfin, il s’était fixé à cet endroit, une colonne de lumière
magique, peut-être une aberration du champ magique
solaire, un axis mundi qui permettait durant certaines
grandes conjonctions stellaires de rejoindre le fantôme
de l’Atlantide céleste. L’Akasha primal que recherchent
tous les Agarthiens. Toutes les armes furent utilisées et de
nombreux combattants disparurent et moururent dans la
tourmente élémentaire.
Un Kaïm particulièrement courageux et valeureux
essaya de conquérir seul la colonne de lumière. Pour cela,
il étudia les secrets du soleil et de cette lumière magique.
Il continuait ainsi les recherches du Sentier d’or. Lorsqu’il
engagea sa bataille, il fut pris dans le tourbillon incessant
des luttes élémentaires entre les Nephilim. Il dut lutter
contre nombre d’entre eux, les vainquant à chaque fois en
duel. Sa grande compréhension des mystères de la lumière
magique lui servant d’arme ultime. Mais ceci l’affaiblit con-
sidérablement et lui ôta une grande partie de son énergie.
Il invoqua alors l’aide du chien de Sirius qui ne voulut
répondre à sa requête du fait des meurtres Nephilim qu’il
venait de commettre. Il fut bloqué dans son ascension par
les troupes aguerries des Mystères. Seul, abandonné par ses
pairs depuis longtemps dispersés et par les Nephilim, il fut
transpercé par les lames orichalquiennes.
Perdant de toute part ses fluides vitaux, il continua
avec une opiniâtreté admirable sa progression vers la col-
onne de lumière qu’il pût toucher. Alors, les éléments se
déchaînèrent. La Terre le submergea, l’Air l’étouffa, l’Eau le
noya, le Feu le brûla et la Lune le rendit fou. Nul ne comprît
ce qui se passait. Les Guerres élémentaires s’interrompirent
durant l’agonie du Kaïm, qui dans un dernier geste, enfanta
des oiseaux magiques, des corbeaux de lumière ayant pour
but d’annoncer à chaque camp en lutte ce qu’il avait pu trou-
ver lors de son contact avec la colonne dorée. Il s’effondra
sur lui-même, modelant le paysage dans sa mort mystique
comme seul un Kaïm pouvait le faire. Tous les combattants
comprirent alors que quelque chose d’important venait de
se dérouler à cet endroit précis. Tous les camps en présence
firent de ce lieu un symbole de la lutte occulte dans laquelle
les humains, les Nephilim et même les Selenim allaient
s’affronter jusqu’à aujourd’hui. Cet endroit devint une
arène permanente durant la fin des Guerres élémentaires.
Un champ clos où les héros de chaque camp venaient se
défier et s’entre-tuer durant de grands duels magiques et
ésotériques. Ici se déploya le chant des lames, s’envola le cri
des âmes pourfendues et des éléments consumés. Lorsque
Osiris et Aïon, par leurs pactes respectifs, mirent fin aux
affrontements titanesque des Guerres élémentaires, l’endroit
de la chute du Kaïm illuminé devint sacré pour ­l’ensemble
du monde occulte. A la fois lieu de lutte permanente pour
135
s’emparer du secret de l’être magique mort et lieu de com-
bat ésotérique, le tombeau se transforma en un champ de
bataille où une guerre éternelle mais secrète (du fait des
Compacts secrets) se mit en place. Bientôt, pour quelques
humains bien renseignés, ainsi que pour des Nephilim
actifs, cet endroit devint une arène, un lieu où chacun
pouvait se lancer des défis, engendrer des plans, recruter,
espionner et retourner l’adversaire. Cet endroit fut baptisé
les champs Polemoka, ou bien Lug, du nom générique du
Kaïm. Chaque lieu, chaque partie de cet immense échiq-
uier de la Nature se trouva bientôt sous l’emprise d’un des
cinq champs magiques dont la source était le tombeau du
­Kaïm mort pendant sa transfigu­ration. Les combats, alors,
se ­concentrèrent autour de la conquête (et la destruction)
totale ou bien partielle de ces énergies magiques.
Des capitaines stellaires, des héros et des armes mer-
veilleuses connurent la gloire et la misère des champs
Polemoka. Mais devant l’avancée des siècles et les
immenses bouleversements engendrés par Akhenaton,
les champs Polemoka diminuèrent dans la hiérarchie
des enjeux occultes. Seuls quelques fiers guerriers, des
batailleurs o­ utranciers, conservèrent la mémoire de ce
bassin sanglant où se faisait et se défaisait l’ennemi à la
loyale. Lorsque Rome, sous l’égide de César, entreprit de
conquérir le monde aussi bien exotériquement qu’ésotéri-
quement, les champs aux corbeaux de Lug devinrent une
terre de colonie. Rome y fonda un camp militaire qui,
secrètement, devait empêcher les Nephilim de reprendre
pied dans cet endroit. Lugdunum et bientôt Lyon était
nées. Cette mission fut un échec. En effet, les Nephilim
contre-attaquèrent et imposèrent aux initiés humains
le statut de champ de bataille d’une guerre éternelle.
Mieux, les Nephilim en profitèrent pour structurer leurs
actions. Un champion fut désigné et des légions secrètes
organisées. Les humains ne restèrent point cois et engen-
drèrent un système initiatique clanique si bien verrouillé
qu’il perdure encore aujourd’hui.
Depuis Rome donc, les acteurs du monde occulte
­s’affrontent secrètement, par armes secrètes et batailles
furtives dans les rues de la grande ville. Cette guerre,
appelée la Guerre éternelle, traversa les temps sans jamais
s’interrompre. Elle connut des moments de ralentissement
et même des trêves assez longues mais jamais aucun pacte
ne fut mis au point. Il est dit, tout aussi bien dans la tradition
templière que dans les légendes kabbalistiques, que cette
guerre est l’un des axis mundi du monde ésotérique.
Sa fin signifierait la fin du monde. Au cours des siècles
post-christiques, les combattants ont presque tous oublié le
pourquoi originel de la guerre. Celle-ci est devenue un objet
de rituel, un enjeu symbolique ainsi qu’une arène de défis
et un lieu d’entraînement. Peu de vraies intrigues occultes,
de grands plans démarrent à Lyon. En revanche, beaucoup
se règlent dans l’arène des corbeaux de lumière.
Lyon, du fait de son histoire ésotérique très riche,
 p­ ossède un statut particulier dans le monde ésotérique. Cette ville fait l’objet d’enjeux
globaux, de domination complète par l’un des camps occultes car la main mise sur
la ville est aussi signe de v­ ictoire ésotérique. Lyon est devenue un champ de bataille
appelé les champs Polemoka qui regroupe des factions en présence, des camps
essayant de s’emparer d’une partie de plus en plus grande de ces champs Polemoka.
Cette situation bien particulière de Lyon dans le monde occulte a tendance à
faire en sorte que les Nephilim privilégient leur Ka-élément dominant et s’engagent
dans de nombreuses discussions, voire disputes avec des porteurs de Ka-éléments
opposés. Les oppositions élémentaires des Nephilim se réaffirment autant dans
leurs usages que dans leurs expositions.

Les factions
en présence
Les Nephilim
(les gladiateurs élémentaires)
Les Nephilim participant pleinement au conflit plurimillénaire s’appellent eux
même les gladiateurs élémentaires. Ils diffèrent par beaucoup des habitudes ésotéri-
ques de la plupart des Nephilim éveillés aujourd’hui. Ils sont au nombre de 500
éveillés à participer pleinement à la Guerre éternelle. En premier lieu, ils conservent
entre eux une forte distinction élémentaire qu’ils n’hésitent pas à opposer dans des
duels souvent pour la gloire et l’honneur.
Ces duels peuvent rarement déboucher sur une vraie guerre élémentaire.
Cela arriva, il y a plus de dix ans, lorsque les Nephilim du Feu de Fourvière s’af-
frontèrent très violemment avec les Nephilim de la Lune de la Croix-Rousse.
La plupart du temps, ces Nephilim arrivent à travailler ensemble contre les puis-
sances occultes humaines. Chaque faction possède son champion qui est élu selon
des procédures différentes par élément.
Ainsi, le champion des Pyrim est élu après avoir défait en combat physique les
autres prétendants. Les Éolim élisent le leur après de grandes palabres.
Les Hydrim utilisent un système compliqué d’intrigues et de tractations qu’eux
seuls comprennent. Les Faërim sont conduits au combat par un roi, réincarnation
du premier Faërim ayant participé à la Guerre éternelle. Pendant les remises en stase
du roi, les membres d’un collège sacré de Nephilim sont tour à tour champions
des Nephilim de la Terre.

Les Onirim n’ont pas à proprement parler de champion. Ils prétendent être
­chacun le champion et c’est le plus fort, le plus rusé, le plus fou qui impose sa loi.

Les Arcanes Majeurs

Les sociétés Nephilim participent d’une manière discrète à la Guerre éternelle. Elles
essayent de recruter parmi les gladiateurs élémentaires afin d’implanter des Demeures
philosophales dans l’arène des corbeaux de lumière. Certains Arcanes sont plus
présents que d’autres.

L’Arcane XI
La Force aime particulièrement Lyon et ses champs Polemoka car ils constituent un
excellent champ de bataille et d’entraînement pour ses membres. Des Nephilim nouvel-
lement adoptés peuvent rencontrer Sarkor, grand maître de l’épée et du bâton invisible,
champion des Pyrim. Il prodiguera avec joie son entraînement aux futurs combattants.
136
137
 Les Veilleurs du Lion Vert
L’Arcane VIII
La Justice possède une Demeure philosophale impor-
tante car ses adoptés se doivent d’observer et de trancher
lorsque plusieurs Nephilim s’affrontent. Ils jouent ainsi le
rôle d’arbitres et de hérauts durant les batailles. Il arrive
même que certaines factions humaines fassent appel à
leurs services pour régler des conflits internes et externes.
Les Rose+Croix, toujours aussi ambigus, n’hésitent pas.
L’Arcane XVIII
La Lune possède dans Lyon une bien étrange Demeure
philosophale. En effet, fascinés par la légende des corbeaux
de lumière créés par Lug lui-même, certains Nephilim
adoptés de cet Arcane se sont systématiquement incarnés
dans de grands corbeaux lyonnais dont ils essayent de
retrouver la filiation avec les oiseaux de lumière originaux.
Il existe à Lyon une confrérie, très structurée, composée
de vingt-deux corbeaux Nephilim utilisant des sorts de
Magie adaptés à leur condition. Ces corbeaux aiment à
nicher dans la colline de Fourvière ou bien au sommet des
différentes églises de Lyon. Ils servent souvent d’éclaireurs
ou bien d’agents de renseignement aux Nephilim engagés
dans la Guerre éternelle. Ils se font alors payer en renseigne-
ments sur Lug et ses corbeaux. Les Adoptés de cet Arcane
connaissent bien les seconds secrets de Lyon.
Les autres Arcanes Majeurs
D’autres Arcanes sont présents et actifs dans la ville
comme l’Arcane du Bateleur, l’Arcane de la Roue de
Fortune et même le Pendu (surtout localisé dans l’île
Barbe). Notons que l’Arcane du Diable est aussi actif.
En  effet, les nombreux affrontements produisent plus
facilement des Khaïba qui sont alors recrutés par celle-ci.
Mais ces Nephilim dégénérés ne semblent pas avoir
un plan à long terme. C’est aussi la même chose pour
­l’Arcane  XIV La  Tempérance, car ces affrontements
créent de nombreuses blessures que seul cet Arcane est
en mesure de pouvoir guérir.
L’Arcane du Soleil vient régulièrement visiter la ville car
dans ces affrontements, il cherche à trouver un ou plusieurs
Nephilim aptes à suivre sa voie solaire difficile.
Le Fils de Lug
Lorsque la guerre prend une importance extrême,
lorsque les batailles font rage, il arrive que les Nephilim se
regroupent et se placent sous le commandement d’un seul
d’entre eux qui dirige alors la guerre. Ce chef magique,
ce champion des champions, porte les titres honorifiques
de Fils de Lug, lux imperator, chevalier des deux collines
sacrées, Magus Rex. Il est très souvent élu par un grand
concile et quand cela n’est pas possible, le sort des armes
en décide. De jeunes Nephilim se sont révélés ainsi de
grands guerriers occultes, des stratèges ésotériques hors
pairs. Aujourd’hui, suite à l’Apocalypse, beaucoup de
138
gladiateurs élémentaires tentent de convoquer un grand
concile qui désignerait le prochain Fils de Lug, qui serait
capable de mener à l’affrontement et à la victoire les
Gladiateurs élémentaires dans les prochaines Guerres
de l’Apocalypse.
Les bleus
Enfin, il n’est pas rare que les différentes factions de
gladiateurs élémentaires recrutent provisoirement pour
une bataille, un engagement, des Nephilim de diverses
origines (sans leur dire ouvertement qu’ils participent alors
à la Guerre éternelle).
Aux Nephilim, considérés comme des bleus, de décou-
vrir les plans dans les plans, et pour qui ils agissent vraiment.
Les camps humains
Dès l’entrée en contact des Nephilim avec Lyon, ils
peuvent apprendre que chaque Arcane Mineur participe
à la Guerre éternelle et que peu d’alliances sont passées
entre les différents camps humains (heureusement pour
les Nephilim).
Les Templiers
Depuis leur création, ils ont toujours été présents dans
la Guerre éternelle. En effet, ce haut lieu de l’occultisme
correspond très bien à leur idéologie. Violence du sacré,
lutte armée, force des symboles, tous ces éléments font
partie intégrante des Templiers. Pourtant, Lyon ne leur
a jamais portés chance. Le point le plus noir pour les
Templiers fut la chute du Temple exotérique durant le
règne de Philippe le Bel. Les différentes commanderies
de Lyon et de sa région furent rasées et le réseau templier
complètement éradiqué. La pugnacité des gladiateurs élé-
mentaires manqua de porter un coup fatal aux Templiers
lyonnais. Pourtant ceux-ci réussirent quand même à
­survivre et redéployer dans ­l’ombre le filet.
Aujourd’hui, les Templiers, dirigés par les Chevaliers
de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Lyon, ont repris une
part active aux conflits. Ils essayent de damer le pion
aux Rose+Croix pour accroître leur position tactique.
Leur point fort est l’occupation du quartier de Fourvière
(donc du tombeau du Kaïm Lug). Cela leur donne une
supériorité symbolique sur le reste des acteurs occultes
de Lyon.
Les Rose+Croix
Les Rose+Croix sont très nombreux à Lyon et très
actifs. Ils constituent la faction humaine la plus engagée
dans la Guerre éternelle. Installés dans les milieux artis-
tiques, politiques et scientifiques de la ville, ils imposent
leurs manipulations et leurs complots par une mystérieuse
société secrète appelée l’AGLA. Les membres les plus
importants de l’AGLA disposent d’armes magiques, de
formations à des techniques psioniques très dangereuses et

Lyon occulte
puissantes. Les Rose+Croix de l’AGLA sont les comman-
dos, les snipers de la Guerre élémentaire.
Les Mystères
Peu présents mais puissants, les Mystères espèrent
retrouver le passage lyonnais qui mènerait à l’Hadès.
Ils se sont ainsi emparés d’une partie du Quartier de la
Croix-Rousse. Ils passent leur temps à fouiller les souter-
rains lyonnais pour trouver la mystérieuse porte. Ce sont
les Mystères de Cybèle qui tiennent le haut du pavé.
Les Synarques
Faction importante dans la Guerre éternelle,
les  Synarques sont très présents à Lyon, en particulier
dans tout le tissu économique, parmi les grandes familles,
les entreprises de hautes technologies et les médias locaux.
Les Synarques comptent bâtir à Lyon l’une des premières
citadelles virtuelles capables de générer une partie de
l’Égrégore en utilisant en partie le savoir antédiluvien
du Kaïm Lug.
Les patries impériales
Ce groupe occulte humain ne se trouve qu’à Lyon.
Société secrète des sociétés secrètes, il trouve son origine
dans les manœuvres secrètes de l’empire romain. En effet,
Lyon a été pensée comme un miroir de Rome la ville
­éternelle. Ainsi, la guerre pouvait être maîtrisée et étudiée.
De plus, cette ressemblance permettait aussi aux empe­
reurs d’augmenter la puissance de leur pouvoir occulte
alors basé à Rome même. Chaque grande famille de la
ville se vit remettre une partie de cette puissance (l’impe-
rium) et eu comme charge de veiller à ce que chaque part
perdure au cours des siècles. Car si Rome est éternelle,
ce ne fut pas le cas de l’empire. Le rassemblement de ces
morceaux d’imperium devait servir à ressusciter la gloire
perdue de Rome. Mais les vicissitudes de l’histoire ainsi
que la folie des hommes ont fait que les grandes familles
impériales perdirent leur imperium ou s’entre-déchirèrent
pour la conquérir. Ces grandes familles se donnèrent très
rapidement le nom de patries impériales et instaurèrent
des rites d’intronisation et d’initiation à leurs secrets ainsi
qu’à l’imperium pour leurs fils ainsi que les fils de leurs
fils. Ils choisirent une filiation car avant de s’effondrer, les
Initiés de l’empire, ainsi que l’Église catholique, avaient
promis à Lyon et à ses grandes familles qu’elles porteraient
en leur sein le futur empereur de Rome.
Ainsi, chaque grande famille depuis Rome se prépare
à accueillir un empereur du monde. Aujourd’hui, il existe
encore plus de soixante-dix familles se réclamant de
­l’imperium. Ces familles hautement initiées tiennent dans
leur main le pouvoir social, économique et politique de la ville.
C’est l’une des raisons qui conduit beaucoup d’étrangers à la
ville à la percevoir comme fermée, cloisonnée et peu vivante.
139
En effet, ces familles sont souvent accrochées à leurs très
vieilles traditions, à leur secrète espérance de donner la vie
à un futur maître du monde. Elles se livrent aussi une guerre
discrète et silencieuse, en partie pour contrôler les pouvoirs
citadins mais aussi pour diminuer le nombre de prétendants.
Ces familles, organisées comme des clans initiatiques, sont
donc primordiales pour ceux qui veulent dominer un jour la
ville. Elles sont un peu le fou sur l’échiquier, forces indépen-
dantes se vendant ou s’offrant au plus riche ou bien au plus
impressionnant, elles introduisent un facteur de régulation
dans la Guerre éternelle. Pourtant, beaucoup de membres
de ces familles ne perçoivent pas clairement les enjeux de la
Guerre. Ils ne font qu’imposer aux différents protagonistes
le poids de leur passé romain. Les membres de ces familles
ne sont pas tous initiés. Seuls les hommes et les femmes les
plus intelligents, les mieux placés socialement et économi-
quement, sont initiés aux mystères familiaux. Les complots
politiques et économiques ourdis dans la ville doivent être le
fruit de la plus grande attention. Chaque famille parle une
forme bâtarde de latin, un langage de bataille qui est aussi uti-
lisé dans les correspondances secrètes. Les membres initiés
doivent connaître par cœur leur lignée (conservées pieuse-
ment dans d’immenses archives souvent en cave ou dans de
grandes bibliothèques privées). Ils doivent maîtriser le latin
et le grec ancien et le maniement du glaive. De plus, ils doi-
vent tous posséder une tenue romaine et leurs ­cérémonies se
passent souvent en costume d’époque.
Ces familles servent donc de soldats mercenaires
durant les combats ésotériques de la Guerre éternelle.
Elles  connaissent en général l’existence des Nephilim
qu’elles considèrent comme des esprits mineurs, des
restes des dieux romains au service du futur empereur du
monde. Mieux, certains Nephilim se font passer pour les
Lares ou bien les Pénates, ces fameux génies de protection
des familles romaines. De nos jours, après avoir connu un
grand succès avec le contrôle complet du maire de la ville, un
ancien ministre des finances, centre droit, les patries impé­
riales ont connu un échec tout aussi important car la maire
actuelle Géraldine Pallombe, qui murmure à l’oreille du chef
de l’exécutif, a été portée au pouvoir par la Synarchie. Mais
c’est une femme pragmatique, capable de composer avec
de nombreuses factions ésotériques comme exotériques,
initiée franc-maçonne de haut niveau. Elle a connaissance
des patries impériales et cherchent à les museler tout en
leur lâchant de temps à autre la bribe.
Les marionnettistes
de Gonn
Autre curiosité lyonnaise, les marionnettistes c­ omposent
un petit groupe d’initiés humains et Nephilim
œuvrant à détruire la puissance des patries impériales.
Opposés à leurs méthodes autoritaires, méprisantes
pour le bas peuple, dictatoriales, leur suffisance et leur
 Les Veilleurs du Lion Vert
c­ onservatisme sans commune mesure, ces individus ont
créé à Lyon un théâtre magique, une manière de présenter
les événements qui doit faire élever la voix contre les patries
impériales. C’est ainsi que le théâtre Guignol naquit à la
fin du xviie siècle. À première vue s’adressant aux enfants,
ce théâtre développa une série de codes secrets et de petits
sorts qui permettaient à l’initié de recevoir des messages
et des informations.
De plus cette magie de rue pouvait aussi influer fortement
sur le comportement des spectateurs et les pousser à la révolte.
Plusieurs fois chassés par les hommes des patries impériales
(c’est-à-dire des officiers de police à leur solde), les marionnet-
tistes de Gonn ont toujours réussi à survivre et à continuer
leurs représentations. Aujourd’hui, ils doivent leur existence
au fait qu’ils servent aussi de journal secret rapportant aux
acteurs du monde occulte les avancées des combats occultes
engagés. D’une neutralité parfaite (sauf envers les membres
des patries impériales), ils sont les hérauts, la voix et la boîte
aux lettres de chaque camp combattant. Les représentations
de Guignol dans Lyon sont donc des moments de paix et des
endroits sacrés qu’aucun combattant n’osera violer sous peine
de se voir interdire pour toujours les champs Polemoka.
Il  arrive très souvent que les marionnettistes de Gonn
opèrent la nuit, secrètement dans l’une des petites places de
Lyon, ou bien cachés dans une traboule du Vieux Lyon et
dans la Croix-Rousse, évitant ainsi d’attirer trop le regard des
autorités sur eux.
Les Francs-maçons
Dans cet immense jeu d’échec ésotérique, les Francs-
maçons constituent les pions les plus joués. Lyon a toujours
eu une grande tradition de présence franc-maçonne (sur-
tout depuis le xviiie). Des loges et des établis se sont créés et
l’on peut même dire proliférés. Grand centre de r­ echerche,
inventeur de rites et de symboles, le Lyon maçonnique a
toujours eu la prétention de régner de manière souterraine
sur la franc-maçonnerie française et même mondiale.
Cette prétention fut habilement exploitée par les cadres des
sociétés secrètes mêlées à la Guerre éternelle. Ils utilisèrent
les membres crédules des loges lyonnaises comme piège
et attrape-mouches. Sacrifiant sur l’autel de la suprématie
occulte le vivier de la tradition franc-maçonne, les Arcanes
mineurs ont à leur disposition aujourd’hui encore ces
groupes faussement initiatiques qui leur fournissent
des vrais soldats de bois.
Les Selenim
Ils ont toujours participé, de près ou bien de loin selon
les époques et l’état de leur force, à la Guerre éternelle.
Personne ne sait quel jeu ils pratiquent, ni pourquoi ils
s’accrochent à cette guerre. Certains Nephilim pensent
que la Guerre éternelle leur procure suffisamment de
­frissons et de «  nourriture  » pour leur permettre de
140
croître et de ­construire leur royaume. D’autres (parmi
lesquels bon nombre d’humains initiés) estiment que
les Selenim cherchent eux aussi à percer les secrets de la
colonne lumineuse de Lug. Enfin, quelques-uns pensent
que les Selenim présents ne font que continuer la lutte
entre l’Arcane XIII et le culte de Lilith. Toujours est-il
qu’ils sont devenus au cours des siècles un camp incon-
tournable, facile à la traîtrise, sans but apparent (et caché)
hormis celui de s’étendre sur toute la ville. Les Selenim
sont dirigés par un seigneur noir qui ne doit sa suprématie
qu’à sa force et sa violence.
Chaque nouveau seigneur noir doit assassiner et faire
disparaître le précédent pour régner de nouveau sur les
Selenim de Lyon. Ces méthodes ont tendance à rendre
le seigneur en place très paranoïaque. Le seigneur actuel,
appelé « l’anti-paladin », a pris le pouvoir après une lutte
sanglante avec l’ancien seigneur noir. Son nom, tiré du plus
célèbre des jeux de rôle indique qu’il s’intéresse de près aux
mouvements et aux modes underground.
Les corbeaux
de lumière
Considérés comme une espèce endémique de Lyon par
les ornythologues, ces étranges volatils magiques, à l’appar-
ence de majestueux corbeaux noirs tâchés de larges bandes
blanhes jouent un rôle spécial dans les champs Polemoka.
En effet, ils sont considérés à la fois comme des présages
et des arbitres. De nombreux combattants sont devenus
experts dans l’analyse de leurs vols et de leurs vocalises
bruyantes. Ils nichent la plupart du temps dans les hau-
teurs de la colline de Fourvière et dans les différents parcs et
espaces verts de la cité. Leurs yeux malicieux et goguenards,
brillant d’un noir profond les rendent encore plus étranges
que leur plumages blancs et noirs.
Ils sont capables de compter les points de chaque camps
et ils en rendent compte aux autres parties adverses par
leurs croissement. Ils sont revetus ainsi d’un statut sacré qui
les rendent intouchables.
Pour quelques initiés, ces corbeaux de lumières ne
seraient en fait que les différents fragments du Kaïm Lug,
dispersés lors des Guerres élémentaires.
Les champs
Polemoka
C’est ainsi qu’est désigné le lieu de la Guerre éternelle.
Ces champs sont comme les damiers secrets d’un immense
jeu d’échec. Il est clairement compris pour les institutions
occultes prenant part au conflit que la possession de ces
 141
Lyon occulte
cases donnera la victoire durant l’Apocalypse à venir. Les acteurs
du monde occulte se considèrent comme des pions d’un jeu d’échec
mais des pions intelligents, efficaces et décideurs de l’avenir.
Ainsi chaque faction s’efforce au cours des siècles de posséder
le plus de quartiers possible et cela au cours de batailles secrètes.
Lorsque plusieurs camps se trouvent dans le même quartier, ils
s’engagent dans une lutte sourde pour la possession de celui-ci. Ces
batailles, épisodes de la Guerre éternelle, peuvent durer aussi bien
quelques jours que p­ lusieurs générations humaines. Les quartiers
peuvent être provisoirement partagés entre plusieurs camps au
cours d’armistices ou bien d’alliances (très souvent passagères et ver-
satiles). Chaque quartier décrit verra indiquer les camps en présence
et les positions stratégiques de chacun. Si des camps Nephilim sont
indiqués en conflit, cela découle de la continuation de très vieilles
querelles et batailles datant des Guerres élémentaires.
Aujourd’hui, la plupart des Nephilim participant à ces conflits
en ont oublié le pourquoi. Ces combats sont extrêmement ritualisés
et sans danger pour les participants. Il s’agit plutôt de passes ésotéri-
ques pour montrer qui est le plus avancé dans la quête de l’Agartha.

L’intensité des champs

En fonction du nombre et du comportement des
combattants et des saisons, les champs Polemoka pré-
sentent une intensité variable.
• Printemps : en général, les champs Polemoka sont
actifs, les joutes sont souvent verbales et se passent
par des débats ésotériques, quelquefois violents, des
danses, des happenings d’art contemporains, des fêtes.
• Été : les champs Polemoka sont les plus actifs. Les
combattants s’affrontent ouvertement, souvent au pre-
mier sang et quelquefois jusqu’à la dispersion. C’est le
temps des défis physiques et des courses-poursuites.
• Automne : les champs Polemoka s’inversent et cette
saison est le temps des trêves. Les combattants aiment
à se retrouver autour de la table pour festoyer et se
remémorer leurs faits d’arme, tout en échangeant infos
et rumeurs.
• Hiver : durant, l’hiver les joutes et les combats
deviennent plus subtils. C’est le temps des énigmes,
des parties d’échecs au coin du feu, des graffiti occultes
sur les murs pour marquer son territoire...
Ces intensités médianes peuvent être changées en
fonction des enjeux, des participants ou des conjonc-
tions.
La quête occulte
des champs
Polemoka
Voici ce que peuvent indiquer les degrés
dans cette quête. Encore une fois, il
s’agit de suggestions, chaque MJ peut les
adapter à sa campagne
• Degré 1 : le quêteur sait que Lyon est
le terrain des champs Polemoka et qu’il
s’agit d’une continuation ritualisée des
Guerres élémentaires.
• Degré 2-3 : le quêteur connaît les
camps en présence, le fait que Lyon a un
effet RK différents.
• Degré 4-6 : le quêteur participe plei-
nement aux champs. Il a des alliés et des
ennemis. Il est un Gladiateur élémen-
taire.
• Degré 7-8 : le quêteur combat pour
devenir un champion des champs
Polemoka.
• Degré 9-10 : le quêteur connaît les
secrets des champs, combat pour deve-
nir un fils de Lug et tente de rencontrer
le Kaïm mourant pour maîtriser la
colonne de lumière.
 L’Atlas occulte
de Lyon
Introduction
Dans cette seconde partie, vous trouverez le véritable
visage initiatique de Lyon, celui qui se dissimule derrière
les champs Polemoka. Nous vous conseillons de les révéler
petit à petit, secret après secret, enquête occulte après
enquête occulte, comme si vous faisiez suivre aux Nephilim
un véritable parcours initiatique.
Ces révélations sont distribuées selon la géographie de
la ville et sa structuration en quartiers historiques.
Les secrets
de Fourvière
Dans le contexte des champs Polemoka, Fourvière est
lié au champ magique de Feu.
Camp dominant : Les Templiers
Camps en conflit: Les Rose+Croix, les
Nephilim (du feu)
Batailles engagées : aucune
142
La basilique de
Fourvière
Cette immense basilique pose des problèmes à ­nombre
de Nephilim. Construite manifestement pour attirer
en elle les rayonnements supposés venir du tombeau du
Kaïm (soit l’intérieur de la colline), cette basilique n’a
jamais rempli son rôle. En revanche, son architecture et
plus particulièrement la présence de ­l’archange Saint-
Michel au-dessus de son cœur prouve plutôt une forte
influence Nephilim. Des Nephilim de l­’Arcane de la
Roue de Fortune pensent à un retournement d’une petite
partie des pontifex, ces bâtisseurs occultes, créateurs des
cathédrales pièges à Dragons et à champs magiques.
Aujourd’hui, les Templiers du Saint-Sépulcre exercent
une surveillance très musclée de la basilique et se sont
infiltrés parmi les autorités religieuses en place à Lyon
pour mieux parfaire leur garde.
143
 Les ruines romaines du Théâtre,
Demeure philosophale de l’Arcane
Majeur du Pape
Ces ruines, redécouvertes depuis peu, ont été dans les premiers siècles de Lyon
l’enjeu principal de la Guerre éternelle. En effet, la plupart des combattants pensaient
y trouver l’accès au tombeau du Kaïm et donc l’accès à sa puissance. Rien de cela
n’advint, les camps s’enlisèrent dans une guerre d’usure qui se transforma petit à petit
en une guerre symbolique. Les conflits se transposèrent alors à d’autres endroits de la
ville. Aujourd’hui, l’endroit recèle encore des caches secrètes que certains Nephilim
n’hésitent pas à utiliser. C’est le cas par exemple des Nephilim de l’Arcane du Pape qui
ont dissimulé parmi les grandes pierres romaines leur Demeure philosophale.

Le Manoir, Demeure philosophale

de l’Arcane Majeur du Pendu
Cette belle demeure en friche est l’un des Gibets de l’Arcane du Pendu, ce qui
correspond à ses Demeures philosophales. Situé au 45 de la montée du Gourguillon,
le Manoir est le siège social de l’association cachant les activités de l’Arcane. Ce siège
social est constitué d’une grande maison agrémentée d’un jardin en friche situé près
de l’ancien funiculaire de Lyon. L’intérieur est aménagé très sobrement en salle de
conférence et de méditation. En revanche, l’ensemble du grenier a été pensé de façon
à fournir aux Nephilim de l’Arcane le désirant des chambres les plus « humaines »
possibles, c’est-à-dire sans aucun rappel symbolique de la nature élémentaire de leur
Pentacle. Une traboule relie la maison au quartier de Saint-Jean au pied de la colline
de Fourvière. Un passage souterrain datant de l’époque romaine relie la maison avec
l’ancien théâtre gallo-romain. La caractéristique commune des trois Demeures
­philosophales est qu’elles ont été toutes construites sur d’anciennes places qui
­s­ervaient à la pendaison durant le début du Moyen Âge.
Une Adoptée du Pendu, une Pyrim (Djinn) très discrète, même pour Le Pendu,
Gaëlle Guillard travaille comme permanente de l’association servant de couverture et
passe presque tout son temps à fumer un narguilé et à rêver d’un voyage au Sahara.
Elle a complètement oublié qu’elle est Nephilim et le lui rappeler lui provoquera une
crise d’angoisse existentielle.

Les secrets
du Vieux Lyon
Le Vieux Lyon regroupe :
* Le quartier Saint-Georges ;
* La cathédrale Saint-Jean ;
* Les quartiers Saint-Jean et Saint-Paul.

Aux pieds de la colline de Fourvière, le Vieux Lyon recèle un trésor architectural

et ésotérique : l’un des plus anciens quartiers de Lyon. Suivant le cours paresseux de
la Saône, les maisons de ce quartier, comprises entre Saint-Georges et Saint-Paul,
et dont Saint-Jean constitue le point d’ancrage, ont été pour la plupart construites
pendant la Renaissance et le début de l’âge baroque.
L’ensemble, particulièrement bien restauré pendant les années 70 et 80, offre alors
au regard émerveillé du promeneur un ensemble de portes décorées, de fenêtres aux
pilastres sculptés, de façades élégantes et enrichies, de murs ocres et saumons ainsi
qu’un lacis de ruelles piétonnes, pavées, idéales pour les nombreux bars, tavernes,
« bouchons » et boîtes de nuit typiques de ce quartier. L’autre grande ­particularité
144
145
 Les Veilleurs du Lion Vert
architecturale de ce quartier est d’offrir aux curieux
un dédale, un vrai labyrinthe, le réseau des traboules.
Les ­traboules (du latin trans ambulare) sont des passages
voûtés (souvent soutenus par des arcs en ogive) reliant les
cours intérieures des maisons lyonnaises.
Ces passages, perpendiculaires au sens des rues du Vieux
Lyon, ont été conçus à l’origine pour soulager la circulation
trop dense des passants lyonnais. Mais les traboules ont
très rapidement servi de passages secrets, de voies de fuite
durant les moments troubles de la villes. Ainsi, durant les
années sombres de l’occupation allemande, de nombreux
Lyonnais résistants ont pu échapper à la milice vichyste et
aux Allemands car ils connaissaient sur le bout des doigts
ces mystérieuses traboules.
Dans le contexte des champs
Polemoka, le Vieux Lyon est lié au
champ magique d’Air.
Camp dominant : Nephilim (de l’Air)
Camps en conflit  : Les Rose+Croix et
les Templiers
Batailles engagées  : Éolim contre les
Rose+Croix
Ésotériquement, le Vieux Lyon est associé à la partie
Air du champ Polemoka. Ici, coule la sapience perdue de
Lug, sa force spirituelle et magique. Cela explique peut-être
pourquoi cette partie de l’Échiquier a fait l’objet des plus
grandes luttes mais aussi des plus silencieuses. En effet,
employer des sortilèges ou bien des armes par trop puis-
santes eut endommagé grandement le filet de sapience.
Il fallut donc se faire la guerre par le savoir, l’intellect et le
subtil.
Ce quartier est devenu celui des temples du savoir, des
laboratoires alchimiques, des cathédrales-prisons énergé-
tiques, des bibliothèques privées. Ayant été longtemps
sous le contrôle humain (et plus particulièrement des
Rose+Croix), le quartier vit s’installer en son sein de très
nombreux alchimistes, chercheurs de billevesées, v­olon-
taires pour détourner l’énergie magique de l’Air.
Les Passe-murailles
des traboules
Les traboules du Vieux Lyon constituent le repaire d’un
des peuples magiques, mi-humain, mi-Nephilim, des plus
étranges du monde occulte qui ont donné naissance à une
vieille légende lyonnaise, celle des Passe-murailles.
La légende raconte que les Passe-murailles seraient
d’étranges fantômes aux formes humaines mais aux pieds
de boucs et aux cornes démoniaques qui seraient capables
de traverser les murs. Ils composeraient un peuple aux
mœurs cannibales, voleurs d’enfants et d’objets brillants qui
vivraient cachés dans les traboules. Ne sortant que la nuit,
ils aiment particulièrement s’introduire dans les demeures
146
bourgeoises pour espionner et regarder sans pudeur la vie
des lyonnais. Durant longtemps, les enfants turbulents
étaient menacés d’être enlevés par les Passe-murailles et de
finir au fond de leur estomac.
Dans les faits, les Passe-murailles existent bel et bien
encore aujourd’hui. Ils ne sont plus qu’au nombre de cinq.
Autrefois peuple nombreux, ils sont issus des expériences
malheureuses des alchimistes Rose+Croix du xviie siècle.
Ils devaient être des Simulacres « truqués », destinés à
devenir des stases vivantes, obligeant le Nephilim, une
fois sa réincarnation accomplie, à se mettre de nouveau
en état de stase. Néanmoins, ces opérations ratèrent
et transformèrent les cobayes en d’é tranges spectres.
En effet, ceux-ci ne purent que conserver le Ka-Air des
Nephilim piégés. Ce Ka-élément continua sa propre
métamorphose, dématérialisant petit à petit leur corps
d’origine. Les Passe-murailles sont capables de passer à
travers les murs mais ceci uniquement durant des con-
jonctions positives du champ magique d’Air. De plus, ils
acquièrent une vraie invisibilité en plein jour. Seule leur
ombre est visible. Ces avortons de Nephilim changèrent
grandement la nature de leur corps réceptacle pour ne
plus faire qu’un avec lui. Pourtant, ils ne purent retarder
les effets de vieillissement propre à ­l’humain et durent
migrer ; pour cela, ils doivent faire m
­ anger la ­cervelle de
leur corps d’origine par le nouveau.
Durant ces transferts cannibales, les Passe-murailles
arrivent à conserver la mémoire complète des anciens
«  Simulacres  ». Ils sont ainsi une vraie encyclopédie.
Pourchassés à la fois pour leurs pratiques peu
ragoûtantes mais aussi pour la possibilité de lire en
eux des mémoires complètes, les Passe-murailles sont
obligés de se cacher dans les traboules dont ils connais-
sent par cœur le réseau. Aujourd’hui au nombre de cinq,
ils sont perdus dans le monde, abandonnés de tous,
pourchassés, objets de peur et de hantise dans les camps
de la Guerre éternelle. Ils ­connaissent parfaitement et
de manière lucide leur situation, ce qui les rend pour la
plupart encore plus ­malheureux.
Les Demeures philoso­
phales des Arcanes
Majeurs de la Justice
et de la Force
Au 48 rue Saint-Jean, on peut trouver la maison
d­ ’accueil des Arcanes Majeurs de la Justice et de la Force.
Ces deux Arcanes sont ici très puissants puisque très por-
tés sur l’affrontement et la guerre.
Discrète maison du xvie, elle n’est identifiable que
par son linteau décoré de deux sculptures représen-
tant deux femmes, l’une portant une balance romaine,
l’autre a­ ccompagnée d’un lion. Très récemment, ces
sculptures de pierre furent abîmées au point de n’ê tre

Lyon occulte
plus r­ econnaissables. Les deux Demeures se trouvent au
sixième étage d’une petite tour dans la cour centrale de
la maison, après que l’on ait traversé la traboule ­d’entrée.
La porte est condamnée et ne peut s’ouvrir qu’en action-
nant un déclenchement secret situé dans la grille en
fer forgé du balcon du sixième étage. Composées d’un
immense appartement de vingt pièces, les Demeures
­philosophales sont rarement occupées. Elles servent de
bases de repos et permettent à certains Nephilim d’or-
ganiser des réunions et des états-majors avant des duels
ou bien des complots. On peut noter que l’Arcane de la
Force y dispose d’une grande pièce faisant office de dojo et
d’une cache secrète pour entreposer ses armes magiques
et même quelque fois des Effets-Dragons capturés.
La librairie du Verseau
Située au début de la rue Saint-Jean, la librairie du
Verseau est une étroite librairie spécialisée dans les livres
occultes et new age. Le magasin est un véritable caphar-
naüm et des tonnes de livres s’entassent et s’empilent dans
les rayons poussiéreux. Certains sont même posés à terre,
menaçant à tout instant de s’écrouler sur l’acheteur impru-
dent. Cette librairie contient des ouvrages assez rares sur
l’ésotérisme. Il lui arrive même de posséder de temps à autres
des focus Nephilim sans pour autant que ses propriétaires
s’en aperçoivent. La boutique était tenue jusqu’au début
des années 2000 par un couple d’ex-soixante-huitards.
Lui, Michel Vachon, est un grand bonhomme barbu, les
cheveux noir de jais, portant par n’importe quelle tempé­
rature un pull irlandais couleur crin de cheval. Elle, Sophia
Fenome, petite, menue à la limite du gracile, le visage
presque beau encadré par une chevelure rousse bouclée,
les veines des mains et des bras très saillantes. Elle porte
souvent de grandes robes indiennes et des bijoux en argent
frappé fabriqués par les petits enfants du Cachemire.
Les deux libraires étaient affables, presque serviles,
et connaissaient bien leur ville. Ils étaient très fortement
impliqués dans la Guerre éternelle, comme d’ailleurs
tout occupant de cette librairie. En effet, chaque libraire
initie son remplaçant et le met au courant de la situa-
tion ésotérique de la ville. Ils servent ainsi d’agents de
renseignement pour chaque camp pour peu que l’on
réponde à leurs exigences. Par exemple, ces deux patrons
étaient tous deux adeptes du satanisme et pratiquaient
d’horribles sacrifices humains dans leur arrière-cour et
dans la cave. Ils avaient donc besoin de « matériaux » à
sacrifier et n’hésitaient pas à les monnayer en échange
d’informations précieuses. Le  couple tueur a été l’une
des victimes collatérales des guerres de l’Apocalypse
car ils ont été dénoncés et jetés en prison après avoir
défrayé la chronique locale et même nationale. La nou-
velle propriétaire Leony Bready est d’origine irlandaise.
Elle a acheté la librairie sur un coup de tête et un coup
de cœur sans en connaître le rôle occulte. Elle commence
147
à se douter de quelque chose depuis que plusieurs de
ses  clients lui aient fait de très lourdes sollicitations.
Leony vit en couple depuis peu avec Helena Mogladori,
une jeune ­universitaire d’origine italienne, spécialisée
dans l’é tude de vieux textes ésotériques. Helena travaille
pour les R+C.
Nota  : Pour les MJ qui le souhaitent, vous pouvez
­remplacer la librairie du Verseau par la librairie de l’Incu-
nable Souveraineté. Autrement, les deux sont compatibles !
Si vous souhaitez localiser ailleurs la librairie de l’Incunable
Souveraineté, vous pouvez la situer dans une cour intérieure
accessible par une traboule comme le passage situé au 52
de la rue Saint-Jean par exemple.
L’institut de Clavologie
(rue du Bœuf)
Cette étrange demeure, que l’on peut trouver dans le
Vieux Lyon, est le siège d’une association dédiée à l’hu-
mour lyonnais (tout un programme). Mais sous cette
façade humoristique, le bâtiment a abrité les activités
éditoriales des Amis de Thélème, un fameux journal
ésotérique. Il a été remplacé depuis sa faillite par l’éditeur
de la revue Mondes occultes.
L’hôtel Saint-Just (****),
commanderie templière
du Rhône
Signalée par l’emblème même de l’hôtel (deux clés
brisées), la commanderie rhodanienne se situe à l­’intérieur
de l’hôtel. Les principales pièces utiles à celle-ci sont
dissimulées au dernier étage de l’hôtel ainsi que dans
les ­greniers. Cette commanderie, tenue par l’Ordre des
Veilleurs du Temple ainsi que par les chefs (appelés les
fossoyeurs) de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Lyon. Elle se
revendique du Pilier du Temple Véritable.
Les secrets de
la Presqu’île
La Presqu’île regroupe les quartiers de la Bourse, de
Bellecour, d’Ainay et des Terreaux.
Concentrés autour de la très grande place Bellecour, mais
s’étendant du bas des pentes de la Croix-rousse au quartier
en pleine rénovation ultramoderne de Confluence, les
grands quartiers bourgeois de Lyon imposent à la Presqu’île
son rôle commerçant prépondérant dans la ville. De vastes
immeubles de style haussmannien bordent des avenues très
commerçantes où les boutiques de luxe côtoient les boulan-
geries ou les charcuteries fines. C’est le Lyon du xixe siècle
qui rayonne encore.
 Dans le contexte des champs Polemoka, la Presqu’île
est liée au champ magique d’Eau.

Camp dominant : les patries impériales

Camps en conflit: Nephilim et patries impériales
Batailles engagées : Templiers contre Nephilim

Dans les champs Polemoka, la Presqu’île est le domaine quasi-exclusif des

patries impériales. C’est un système clanique très développé entre certaines familles
humaines qui préservent ainsi le secret de leur ascendance romaine. On  peut
trouver un système secret de patron et « gens » à la romaine issue de l’aristocratie
romaine. Ces clans se livrent à un étrange ballet silencieux où se mêlent mort,
amour, fêtes étranges et ­décadentes, cérémonies grandioses et initiatiques.
Beaucoup de Lyonnais savent (ou du moins perçoivent) que ces familles tiennent
la ville en secret et se livrent à des actes peu « catholiques ». Mais Lyon a toujours vécu
de cette manière…
Des parties d’appartements ou bien des immeubles sont réservés aux rencontres
diplomatiques et aux fêtes protocolaires qui réunissent, pour un moment, certaines
patries impériales.

Le palais Saint-Pierre
Musée des beaux-arts de la ville de Lyon, le palais Saint-Pierre a été pendant très
longtemps un couvent pour filles. Mystérieusement, la tradition s’est perpétuée car
les patries impériales y plaçaient, pour recevoir un enseignement ésotérique bien
­particulier, leurs femmes les plus brillantes. Il existe donc un étage secret dans le
palais Saint-Pierre où une confrérie féminine vit en secret. Les recluses y reçoivent
un savoir ésotérique très lié aux mythes druidiques. On ne peut accéder à cet étage
secret qu’en actionnant un mécanisme très compliqué se trouvant sur la fontaine
monumentale sculptée par Bartholdi et située sur la place des Terreaux. Ce mécan-
isme ouvre un passage secret, un étroit couloir, qui mène directement, par le biais
de petits escaliers en bois à l’étage secret du palais Saint-Pierre.
Trouver ce passage secret permet de comprendre le second secret de L’hôtel de
ville et le Palais Saint-Pierre.

Le cabinet “Étude des

consciences”, Demeure
philosophale de l’Impératrice
Situé près de la place des Terreaux, le cabinet se trouve dans la cour intérieure d’un
grand immeuble bourgeois. Assez grand, il se dissimule habilement dans les locaux
d’un grand cabinet d’avocats lyonnais.

Les secrets de
la Croix-Rousse
La Croix-Rousse regroupe le bas des pentes et le plateau de la Croix-Rousse.

Dédié à la Lune et accessoirement à la Lune Noire, ce quartier ésotérique de Lyon

possède une place de choix pour l’ensemble des acteurs occultes de la ville. Il est le siège
de l’un des secrets les plus importants de Lyon. En effet, caché à la fois physiquement
148
149
 par le biais d’un labyrinthe et de trompe-l’œil et magiquement, il existe au sein de la
Croix-Rousse un quartier secret, invisible pour celui qui ne sait pas. La Croix-Rousse
est aussi le lieu de rendez-vous et des actions du Selenim l’Anti-Paladin et de toute
sa clique. Ce Selenim a fait corres­pondre plusieurs entrées de son Royaume avec des
caves et surtout avec la crypte de l’église Saint-Polycarpe.

La Croix-Rousse doit son nom à une grande croix de couleur rougeâtre que l’on
trouvait plantée à l’un des carrefours du quartier peu de temps avant la Révolution.
Il a toujours été réputé pour son particularisme et la volonté isolationniste de ses
habitants. Dans les années 50, il existait encore des fils de Canuts réputés pour
n’être jamais descendus se mélanger aux habitants du « Plat ». Bâtis sur les restes
de l­’ancienne ville gauloise de Condate, les maisons et les immeubles de la Croix-
Rousse montent tels des alpinistes fatigués et usés par une neige de carbone vers
le sommet de la colline. Longtemps entassés les uns sur les autres, souvent noircis
par la pollution, abandonnés, servant de squats ou bien en cours de rénovation,
les bâtiments de la Croix-Rousse ont été pris dans le tourbillon de la gentrification
des grands centres urbains du monde et en particulier de la vieille Europe. Les petites
­boutiques branchées, hipsters, décorées avec beaucoup de goûts, les restaurants
vegan, les  ­librairies à thématique ont remplacé les draps au mur, les petits cafés
occupés par une population ouvrière ou bien frappée par la crise économique (ce qui
n’avait pas changé depuis les Canuts). De nombreuses cours intérieures ouvrent sur
des ­passages et des traboules de grandes dimensions, liant de manière presque secrète
des rues parallèles et demandant souvent une bonne grimpette au visiteur. De grands
escaliers relient le bas de la colline à son sommet.

Avant cette remise à neuf, le quartier possédait la réputation d’ê tre peu sûr et
triste. Il était surtout l’un des derniers quartiers « autonomistes » d’une grande
ville française. De nombreuses associations semi-clandestines, anarchistes, d’art
populaires y avaient élues demeure dans des caves et des bâtiments laissés à
l’abandon par la municipalité. Même si certaines d’entre elles perpétuent cette
tradition, elles sont de plus en plus remplacées par des AMAP, des cafés coopé-
ratifs ou des cafés-jeux. La communauté libertaire, vivante et active qui existait
dans ce quartier se transforme rapidement en une bourgeoisie bohème, aux
revenus confortables, souvent très concernée par l’avenir de la planète mais qui
préfère mettre ses enfants dans les écoles privées, nombreuses à Lyon. Lorsque
l’on s’y promène, on peut encore tomber sur des affichettes ronéotypées ou bien
mal photocopiées indiquant la chute finale du ­gouvernement ou bien une nou-
velle pièce de théâtre jouée par la petite troupe « la Liberté ou la Mort ». Les
systèmes d’échanges de services de biens basés sur une économie non monétaire
qui avaient été mis en place par les différentes associations du quartier ont
disparu, vaincus par les procédures muni­cipales de régulation ou transformés
en pseudo-monnaie locale. En revanche, le quartier a relancé le principe du
crieur public qui se produit les jours de marché et on peut trouver chez les com-
merçants des petites boîtes dans laquelle il suffit de glisser un m­ essage que le
crieur hurlera. Ce système est souvent utilisé par les combattants de la Guerre
éternelle, sous la forme de phrases codées.

On ne croise plus vraiment dans les rues de la Croix-Rousse l’ancienne faune

post-punk qui arborait encore crêtes, épingles à nourrices, vêtements troués mais
plus des jeunes couples charmants revêtus de chino de couleur, de vêtements vintage,
sautant de trottoir en trottoir avec leur trottinette électrique, s’arrêtant de temps à
autre afin de se restaurer d’une délicieuse street food ou saluant d’autres compères,
portables à la main, sirotant une bière locale en terrasse, en plein business plan de
leur nouvelle start-up…
150
151
 Les Veilleurs du Lion Vert
Dans le contexte des champs
Polemoka, la Croix-Rousse est liée
à la Lune.
Camp dominant : les Selenim
Camps en conflit : Nephilim de la lune
et Mystes
Batailles engagées  : Selenim contre
Nephilim de la Lune
Nephilim contre les Mystères.
Nephilim de la Lune contre Nephilim
du Feu
Alliance entre les Mystères et les
Selenim
Le siège de L’Ordre
du Sépulcre de Lyon
L’Ordre du Sépulcre de Lyon est la première force
templière de Lyon. Il a su rester debout malgré la chute exo-
térique du Temple à la fin du Moyen Âge. L’Ordre possède
un grand bâtiment en ruine où il peut tenir ses cérémonies
initiatiques. Les  Fossoyeurs (les chefs de l­’Ordre et des
Manteaux blancs) pensent de plus en plus que les étranges
rayonnements qu’ils recherchent provien­draient directe-
ment du Kaïm enterré sous Fourvière.
Le groupe de rock
les Koéforts
Ce groupe ultra-bruitiste, techno-hard-core-death-­
metal-speed est composé en grande partie des jeunes punks
recrutés par l’ordre templier du Saint-Sépulcre. Ils  sont
très violents, n’hésitent pas à tuer et sont surtout en lutte
­perpétuelle avec la cour de la Croix-Rousse.
L’Anti-Paladin
Ce mystérieux Selenim aime à se repaître des émo-
tions les plus noires qui ­peuvent habiter l’être humain.
Il se fixe donc principalement sur les dépressions et les
mélancolies aggravées. C’est donc pour cette raison qu’il
aime parti­culièrement les musiques « bat cave» et« cold
wave  ». Son  titre lui a été donné par les membres de
sa cour.
La cour de la Croix-
Rousse
Ce sont les serviteurs et le bras armé de l’Anti-Paladin.
Menée par cinq ­membres d’un groupe de death metal
« les Maudits », la cour regroupe en tout plus de cinquante
individus tous attachés aux oripeaux bat-caves. Ils aiment
ainsi se vêtir de longs manteaux noirs, de bottes et de
152
­rangers (de cuissardes en peau ou bien en cuir pour les fem-
mes), de ceinturons métalliques, de grandes chemises noires
en coton ou en soie (pour les sorties). Les cheveux sont
­souvent longs, teints en noir ou bien en bleu ; les yeux et les
lèvres maquillés selon une obscure parodie des esthétismes
« Fritz Langiens ». Les bijoux sont inversés ; les croix égyp-
tiennes et les piercings ainsi que les tatouages nombreux.
Ils ont pour principale activité l’organisation de grandes
soirées bruyantes et décadentes durant lesquelles l’alcool et
la drogue coulent à flot afin de donner pitance à leur maître
l’Anti-Paladin. Ces soirées ont lieu dans le bar dit « XX »
situé aussi dans le quartier de la Croix-Rousse. Le bar
possède d’immenses caves voûtées qui ne sont accessibles
qu’aux membres de la cour. Trois videurs particulièrement
hargneux veillent à jeter dehors le premier importun qui se
présente. Le groupe se réunit toutes les pleines lunes dans
le jardin des plantes près des restes de l’amphithéâtre des
trois Gaules pour pousser toute une série de hurlements
et se livrer à des danses bestiales. Il arrive quelquefois que
cette cérémonie se termine en orgie sanguinolente où des
« mariés » échangent leur sang (pour le plus grand plaisir
du Selenim manipulateur et gourmet).
Le quartier de
Fantasque
Élaboré par le premier Selenim – qui se faisait appeler
Fantasque –  ayant participé à la Guerre éternelle, ce
quartier avait été conçu comme une ville dans la ville,
une cité interdite, servant de base secrète, de forteresse
invisible, de QG ésotérique. Situé au milieu de la Croix-
Rousse, on y accède à la fois par des moyens physiques
et des moyens magiques. Deux entrées existent. Elles
sont dissimulées dans deux portes secrètes que l’on peut
trouver dans les caves, accessibles à partir de la cour d’une
immense bâtisse lugubre, noire, digne des architectures
du malheur russe. Cette bâtisse se trouve au pied de l’une
des traboules ­parallèles à la montée de la Grande-Côte.
La deuxième porte ne s’ouvre que lorsque la lune est
pleine et que l’on se trouve en champ ascendant de la Lune
Noire. Les membres de la cour de la Croix Rousse pos-
sèdent un éphéméride leur donnant les dates d’ouverture
de la porte. Enfin, l’Anti-Paladin possède lui-même une
clé en orichalque lui permettant d’ouvrir quand il le veut
la ­deuxième porte.
Ce quartier caché est composé d’immeubles aban-
donnés, aux murs délavés par une pluie acide, percés
d’opercules noirs faisant office de portes et de fenêtres.
Plusieurs de ces bâtiments sont ornés de grilles aux
­crochets ouvragés laissant imaginer les tortures possi-
bles. Repaire des Selenim et de leurs cliques dégénérées,
ce lieu pue la mort et la tristesse. Source de légendes et
de conflits (même pour les Nephilim) il  n’est en défin-
itive qu’un endroit quasi-abandonné où les chats, les
corneilles noirâtres et les chiens éclopés tiennent une cour

Lyon occulte
des m­ iracles des plus bestiales. Actuellement, la place
sert surtout aux cérémonies pseudo-satanistes des jeunes
« bat-caves » qui composent la cour de la Croix-Rousse.
Les Mendiants
de Cybèle.
Ce sont les seuls Mystères présents à Lyon. Ils sont
très liés aux Selenim et à la Croix-Rousse. Leur dirigeant,
Anatole Lobris, porte les titres symboliques suivants  :
Rescator (crâne 5), Archiviste, Archiviste funèbre,
­arpenteur de cimetière.
L’abbé Boullan fut un Rescator des Mendiants de
Cybèle. Cet abbé a été l’un des acteurs les plus importants
du conflit du début du siècle qui opposa la Golden Dawn
aux Templiers pour le contrôle des champs magiques.
Cet abbé se livra à des pratiques sataniques, sanglantes et
sexuelles qui le mirent au ban de l’Église. Plus ésotérique-
ment, il réussit à contrôler un très gros homoncule avec
lequel il joua trop. Celui-ci se libéra mais sous forme Khaïba
et posséda l’abbé. Les Mendiants de Cybèle durent lui faire
rendre gorge et l’éliminer.
Les Mendiants de Cybèle sont aussi les gardiens des
entrées des catacombes de Lyon. Il existe sous Lyon,
­parallèlement et quelque fois mélangé avec le réseau des
canaux, un immense réseau de catacombes. A l’inverse
du réseau hydraulique romain, les catacombes furent
très rapidement condamnées et même ensevelies sous les
éboulements et les gravats divers produits par l’agrandis­
sement de la ville. Les entrées des catacombes sont très
peu connues, peu usitées (même par les acteurs du monde
occultes) et sont gardées exclusivement par les Mendiants
de Cybèle. En effet, ceux-ci cherchent désespérément dans
ce labyrinthe obscur, humide et morbide, une entrée vers
l’Hadès. De fait, ils sont ceux qui connaissent le mieux les
catacombes. Il arrive que quelques jeunes y tiennent des
cérémonies dites satanistes ainsi que des sortes d’orgies
sanglantes. Lorsque les Mystes les rencontrent, ils leur
montrent en général ce que le mot orgie signifie vraiment…
La plupart de ces gamins remontent complètement fous ou
bien tellement effrayés qu’ils choisissent de faire des études
de notaire.
Madame le bourreau
(FIN XVIIIe)
C’est un Selenim très étrange se faisant appeler
« Madame » le bourreau. Elle prit la place du bourreau et
officia pendant longtemps sur la place des Terreaux durant
le tout le xviiie. Elle tortura Anna Laguerre, une fille pub-
lique selon les méthodes du divin Marquis mais finit par
l’épargner et elle en tomba amoureuse. Mais celle-ci prit peur
et se perdit dans l’étrange Royaume sadien de Madame le
bourreau. On ­murmure parmi les Maudits que ce Selenim
153
très étrange rôde encore dans les anciennes ruelles sordides
de la Croix-Rousse, à la recherche de son amour perdu qu’elle
tente de rappeler en animant des nuits SM devenues très
réputées dans les meilleurs donjons et courues par une partie
des élites de la ville, jusqu’à la maire elle-même.
Les secrets de
l’outre-Rhône
Appellation générale, l’outre-Rhône désigne
l­’ensemble des quartiers modernes de Lyon, dont le plus
emblématique est celui de la Part-Dieu. Ces quartiers
sont les moins intéressants d’un point de vue historique.
Construits pendant le xixe et surtout durant le xxe siècle,
ils sont marqués du sceau de la modernité : béton à tous les
étages, larges avenues, tours et immeubles de verre, voies
ferrées, grande gare ou centre commerciaux s­ ophistiquées
et immeubles de bureaux.
Dans le contexte des champs
Polemoka, l’outre-Rhône est lié au
champ magique de la Terre.
Camp dominant : les Synarques
Camps en conflit  : les Rose+Croix, les
Nephilim (en particulier ceux de l’Empe-
reur et du Chariot)
Batailles engagées  : les Rose+Croix
contre les Synarques
C’est le terrain privilégié des sociétés secrètes et en
­particulier des Synarques et des Rose+Croix.
L’univers symbolique y est pauvre, le matériel prédo­
minant.
Les Nephilim gladiateurs élémentaires ont du mal à
trouver leurs marques dans cette partie de Lyon. Cette
partie des champs Polemoka est donc depuis longtemps
aux mains des sociétés secrètes. Etant une base économique
importante, les  Nephilim de l’Empereur et du Chariot
ont décidé de s’associer dans une entreprise de ­reconquête
des quartiers modernes.
La Tour Part-Dieu
(le crayon)
Cette immense tour ronde portant en son sommet une
pyramide (et donc surnommée affectueusement par les
Lyonnais le « crayon ») est une tour d’affaire, de bureaux de
haut standing dont la plupart des étages sont occupés par la
banque du Crédit Lyonnais. Pour ses réunions, l’Ordre du
Saint-Sépulcre de Lyon utilise une salle de réception située
au dernier étage de la tour sans savoir qu’ils ont été mis sur
écoute depuis longtemps par les Synarques, détenteurs de
l’autorité occulte dans la tour.
 Les Pauvres de Lyon, bâtiment
B de la résidence Le Vaudois,
avenue Mermoz
Les membres de cette association caritative loi 1901 s’appellent entre eux les
Léonistes. « Les Pauvres de Lyon » se disent les descendants et les conservateurs
de la ­vieille hérésie vaudoise née à Lyon au cours du Moyen Âge. Celle-ci prônait la
­pauvreté absolue et la charité pour tous les miséreux. Lancée par un marchand installé
à Lyon, elle eut beaucoup de succès. Cette hérésie doit son existence à un Nephilim
du Mat, incarné dans ce marchand, qui chercha à faire arrêter la Guerre éternelle
qu’il considérait comme une absolue bêtise. Il créa ce mouvement pour c­ ontrer les
forces occultes manipulatrices (qu’elles soient Nephilim ou bien humaines). Il gêna
pendant longtemps les combattants pour finalement être éliminés. Ses adorateurs
continuèrent secrètement la secte pour la faire perdurer jusqu’à maintenant. Sous
le couvert d’activités caritatives, les membres de l’association essayent d’alerter les
autorités ou bien les médias chaque fois qu’ils repèrent quelque chose d’anormal,
d’occulte qui se passe dans la ville. Ils tiennent donc des archives et collationnent
de manière rigoureuse les événements de la Guerre éternelle.

Les Synarques et la Part-Dieu

Les Synarques, après avoir établi un poste avancé sur la rue de la République, suiv-
irent davantage au XXe siècle les flux financiers que magiques. Ils s’implantèrent dans
l’ancienne caserne de Dragons de la Part-Dieu. Dès les années 1960, ils firent s’élever
des immeubles de bureaux.
Certains de ces immeubles, en particulier la pyramide qui surplombe la Tour
Part-Dieu, dessinée par Ieohming Pei sur ordre des Synarques, abritent les cabinets
tactiques de domination (CTD), ces bras armés locaux de la Synarchie mondiale
pour contraindre et réduire au silence les Nephilim.

Les CTD répondent et se centralisent avec le symposium stratégique souverain

(SSS). L’un des trois centres mondiaux de ce SSS se trouve situé lui aussi à Lyon : dans
l’enceinte sous haute surveillance d’Interpol, entre le Rhône et le parc de la Tête d’or.
Un métro secret va directement de la Part-Dieu à Interpol pour faciliter la réactivité
des agents du SSS. La domination politique et psychique des hommes est en effet un
but bien plus important, pour cette instance, que la chasse aux Nephilim qu’elle laisse
volontiers aux R+C, Mystes et surtout Templiers. Les Synarques du SSS et du CTD
de Lyon se contentent de financer et coordonner les luttes de ces derniers… quand
ils n’avancent pas leurs propres plans au détriment de ces « chers alliés ».
Au sein de conseils d’administration occultes, les Synarques échafaudent les
manipulations des masses qui les amèneront à toujours obtenir davantage de pouvoir
à l’échelle mondiale. Ils sont experts en fraudes, illusions et faux-semblants, et seuls les
Éolim profondément versés dans l’art de la politique parviennent à contrer, parfois,
leurs avances. Mais ces derniers sont trop peu nombreux pour parvenir à endiguer
la vague des hommes initiés à la Synarchie. Cette dernière use de stratégies à long
terme, vastes et obscures, qu’il est difficile de détecter avant qu’elles aient pris toute
leur force d’inertie.
Dans les immeubles de la Part-Dieu (Crédit Suisse, Tour Part-Dieu et, plus
­récemment, Tour Oxygène), des Vigiles cristallins sont installés. Ces blocs de
­cristal impur sont emplis de Ka détourné par des moyens relevant à la fois de la
haute t­echnologie et des pratiques chamaniques les plus primitives. Ainsi, ces
tours repré­sentent un danger permanent (physique autant que magique) pour
les Nephilim qui passeraient à proximité, en vampirisant leurs forces et leur Ka.
Les Vigiles ­cristallins absorbent sans distinction (mêlant de manière instable les
5 Ka-éléments) et ­dissipent une bonne partie du Ka qui passe à leur portée. Quand
154

ils régurgitent leur trop-plein, c’est un chaos terrible qui
secoue la réalité et agresse les Nephilim, plongés dans un
malaise profond. Et si un Vigile cristallin est brisé, une
tempête entropique s’ensuit, qui pourrait dévaster une
petite ville, ou un arrondissement entier…
Les Synarques se contentent, quand ils ont attrapé
un Nephilim, de l’exposer à un Vigile cristallin, et de
le regarder se déliter, esprit, corps et âme au contact
de ­l’artéfact…
Le parc de la Tête d’or
Cet immense parc comprend un zoo très complet
ainsi que de vastes étendues herbeuses et de nombreux
arbres. Il porte ce nom car lors de son élaboration, il y fut
découvert une étrange tête sculptée en or. Relique gauloise
ou offrande gallo-­romaine, personne ne sut réellement
établir sa nature. Certains occultistes parlent d’un rapport
direct avec Nostradamus (qui séjourna longtemps en la
ville de Lyon). Le mage astrologue aurait cherché avec
avidité Caput LVIII m, le mystérieux artefact templier sans
succès. Il aurait pour cela construit dix-huit têtes animées
capables de prévoir l’avenir sur une certaine période de
temps. Suite à d’importants problèmes avec les Templiers,
155
le mage fut obligé de disperser son trésor magique dans tout
Lyon. (Ou bien, ­disposa-t-il les têtes selon un schéma ini-
tiatique afin que quelqu’un puisse les retrouver). Toujours
est-il qu’une légende court sur les dix-huit trésors perdus
de Nostradamus dans Lyon.
Le parc, du fait de sa grande taille et de son isolement
relatif, sert très souvent de terrain de rencontre et même
quelque fois de lieu de duels.
L’Île Barbe
Cette petite île pittoresque, située en amont de Lyon sur
la Saône, est couverte par de belles demeures bourgeoises
où les glycines se disputent avec les saules pleureurs. C’est
un lieu de repos, un havre de paix depuis toujours sanc-
tuaire. Des moines s’y installèrent dès le début de l’ère
chrétienne. Rapidement les Nephilim comprirent son
intérêt et ils en firent un refuge pour tous les combattants.
Le lieu fut vraiment développé durant le xvie siècle alors
que la Guerre éternelle faisait rage dans le Vieux Lyon par
le poète Maurice Scève. Des demeures élémentaires furent
construites et protégées par plusieurs sorts de Terre. Ainsi,
le havre se développa pour le bien-être de nombreux gladi-
ateurs élémentaires.
 Les secrets des alen-
tours de Lyon
Traditionnellement, les alentours de Lyon ne font partie des champs Polemoka.
Ils sont déclarés terres neutres.
Ces terres ne font pas partie des enjeux de l’échiquier des champs Polemoka.
Elles  constituent des bases arrière, des QG et des couvertures pour toutes les
parties en présence. Il arrive assez souvent que les batailles se déplacent vers ces
endroits car une victoire peut couper la «  retraite  » à un adversaire ou bien le
gêner très fortement et ainsi le handicaper pour longtemps. Ainsi, des Nephilim
de ­l’Empereur se racontent encore comment ils ont fait tomber une section des
Synarques en faisant invalider par le Conseil d’État un permis de construire dans
l’un des villages des Monts du Lyonnais et ceci en faisant accuser le maire de
­corruption active et passive. Cette affaire entraîna de très subtils rouages politiques
qui firent se démasquer les Synarques.
Les banlieues huppées de Lyon situées à l’ouest de la ville servent aux combat-
tants de repères cossus. Ainsi des villas de grand standing, des châteaux bourgeois de
négociants en vin, des golfs et des grandes cliniques privées sont utilisés comme bases
arrière pour les participants à la guerre occulte lyonnaise. Il arrive très rarement que
ces habitations soient l’objet de conflits directs. Quand cela se produit, les combat-
tants savent alors que la bataille engagée sera de grande envergure.

Les secrets
des eaux de Lyon
Véritable deuxième poumon de la ville, les deux fleuves ont toujours joué un rôle
important dans la lutte occulte. Pendant très longtemps, les cours d’eau ont servi de
moyens de déplacement faciles et relativement discrets. Ils ont aussi constitué un lieu
de sacrifice et de cérémonie très approprié.
Aujourd’hui, les cours d’eau sont reliés, via les quais de Saône et les quais du
Rhône, à un réseau d’égouts et de canaux souterrains très complexes. Ce réseau, con-
struit à l’origine par les architectes du xvie et du xviie sur le modèle des ingénieurs
de Sienne, devait servir à amener l’eau potable dans toute la ville. Il fut rapidement
engorgé par les détritus et les ordures pour tomber dans l’oubli. Les combattants le
redécouvrirent lors de la construction des quais. Chaque camp se fit construire une
entrée secrète sur les quais permettant d’emprunter ces passages. Praticables, bien
que dangereux parce que labyrinthiques, les égouts et les canaux autorisent la con-
trebande, l’évacuation discrète de corps et les trafics en tout genre. De manière tacite,
les combattants ne s’affrontent pas dans cette zone, considérée comme neutre. Il peut
arriver qu’ils s’y croisent sans dégainer les armes et les focus…
Certains Nephilim gladiateurs élémentaires racontent être tombés sur des
immenses pièces d’eau, réservoirs finement sculptés dont le plafond était soutenu
par de belles colonnes ainsi que des Adantes et des Cariatides saisissant de force
et de beauté.

Lyon et Arcadia
Du fait de sa nature très particulière, Lyon ne possède aucun quartier arcadien,
ce qui ne va sans étonner, voire agacer le Lion Vert. Celui-ci détient par le biais de
sociétés écran un casino situé aux portes de Lyon, le bien nommé Le Lyon vert. C’est
156

une base arrière pour le maître veridoléonin qu’il compte bien mettre à profit pour tenter de faire émerger au moins un
quartier d’Arcadia à Lyon. Faudrait-il pour cela mettre un point final à la traditionnelle Guerre éternelle. Mais c’est une
autre histoire, digne d’une campagne au long cours.
Synopsis : La place d’Arcadia
Le Lion Vert connaît bien les champs
Polemoka. Il y a lui-même participé sans pour
autant en devenir un champion. De cette expé-
rience et de son travail alchimique, il a découvert
récemment que bâtir un quartier arcadien dans
Lyon était rendu impossible de fait de l’exis-
tence des champs Polemoka mais aussi parce
que nombre de Nephilim ou même d’A rcanes
mineurs refuseraient de voir ce grand rituel
­ésotérique s’arrêter.
Le Lion Vert va donc chercher à recruter
une fraternité qui pourrait essayer de changer
cette situation et voir enfin un nouveau quartier
­d ’Arcadia émerger à Lyon.
Plusieurs possibilités existent pour atteindre
ce but :
L’un des Nephilim de la fraternité doit gagner
en tant que gladiateur élémentaire sur les champs
Pelomoka et devenir le nouveau champion des
champions, le nouveau Fils de Lug. Puis, la frater-
nité tente d’accéder aux secrets solaires de Lug, le
Kaïm mort. Là, un choix cornélien devra être pris :
soit éliminer à tout jamais ce pilier de lumière qui
donne naissance aux champs Polemoka pour lais-
ser la place au quartier d’Arcadia de naître en Lyon,
soit trahir le Lion Vert et au contraire se mettre
au service des champs Pelomoka afin de préparer
les Guerre de l’Apocalypse. Une troisième voie,
médiane peut être trouvée par les Nephilim les
plus habiles : elle serait de « ­ressusciter » le Kaïm
(résurrection à effectuer durant la fameuse fête
des Lumières de Lyon) et le libérer de sa cruci-
fixion/transformation en champ Polemoka. Mais
il s’agit là du chemin le plus subtil, le plus délicat
et le plus dangereux d’un point de vue occulte. De
plus, cette opération nécessitera à la fois l’alliance
avec l’Anti-Paladin et la mobilisation des plus
hautes instances et des secrets les plus rares de
l’Arcane Majeur de la Tempérance. Et le destin de
Lug restera à écrire après son réveil.
La Synarchie constituera alors son principal
adversaire ou plutôt à son habitude, elle essayera
de parasiter l’avancée de la fraternité pour lui
dérober au dernier moment sa découvertes
occulte concernant Lug. Car, elle, au contraire,
vaut p­ rofiter de cette énergie cosmique pour avan-
cer dans son Équation. Ils tenteront de piéger
157
la  fraternité au sein du quartier moderne de la
Part-Dieu.
Les Nephilim gardiens de la tradition des
champs Polemoka, représentés par l’A rcane
de la Force s’opposeront farouchement à toute
modification du Lyon occulte. Parmi ceux-ci, l’un
des adoptés de l’Arcane de la Force, totalement
obsédé par sa volonté de devenir le prochain fils
de Lug et dans le champion des champions des
champs Polemoka ira jusqu’à trahir et s’allier
avec les Templiers pour leur faire abattre à coup
­d ’orichalque les perturbateurs. Ensemble, ils
tendront une embuscade à la fraternité dans les
égouts et les canaux de Lyon, violant ainsi l’accord
tacite de neutralité entre les combattants des
champs qui les utilisent.
Cette opposition belliqueuse, voire meurtrière,
pourra être contrée et amoindrie par la démons-
tration par la fraternité et le Lion Vert de la
grande utilité de l’instauration du Compact secret
d’Arcadia à Lyon. Il faudra pour cela faire montre
de trésors de diplomatie et d’ésotérisme.
Certains Gladiateurs élémentaires en v­ oudront
beaucoup aux Nephilim de la fraternité dont la
Ka-Élément est différent de celui de leur cham-
pion, de trahir leur propre Ka-Élément dominant.
Les humains des patries impériales, habituel-
lement se vendant au plus offrant, chercheront,
eux aussi, à protéger l’existence des champs
Polemoka, même si la promesse d’un impérium
romain sur la ville peut les faire changer de camp.
Si les Nephilim réussissent à annihiler les
champ Polemoka, ils leur faudra alors trouver
une goutte d’or solaire et un bâton-clé pour
déclencher l’émergence du nouveau quartier.
Le Lion Vert pourra alors leur être d’une grande
utilité. Nous vous invitons à lire le c­ hapitre sur
l’Arcane XXI dans Nephilim Quintessence. Cette
naissance pourra être symbo­lisée par l’inaugu-
ration d’une nouvelle place à Lyon, baptisée la
place d’A rcadia, cérémonie à la fois profane et
occulte, qui pourra réunir les acteurs ayant par-
ticipé à la campagne et ayant accepté de gré ou
de force la nouvelle donne.
 Les Veilleurs du Lion Vert
Quelques protagonistes
des champs Polemoka
Sarkor, le champion des Pyrim,
Pentacle : Ka-Feu 12, Ka-Terre 11, Ka-Air 11, Ka-Eau 10, Ka-Lune 9
Vécus significatifs :
Héros – Chute de l’Atlantide : 4
Guerrier achéen – La Chute de Troie : 5
Grenadier de l’Empire – Les conspirations de la Révolution : 7
La Sécession viennoise – samouraï ambassadeur : 3
Les Chroniques de l’Apocalypse – champion d’art martiaux : 4
Métamorphe : Phénix 7
Adopté de l’Arcane de La Force
Sciences occultes
Magie (Les Principes Égarants)
Basse magie 10
Haute magie 9
Kabbale : Aresh
Malkut 7, Yesod 5
Simulacre : Ivan Stégorovitch, 35 ans, Ka-Soleil 4, Vécu circassien et cascadeur 6
Ressources
• Tous les sortilèges de basse magie, tous les sorts de haute magie de Feu des Principes
Égarants,
• Toutes les invocations de Malkut et Yesod lié au monde d’Aresh.
• Une épée enchantée (dommages 3) contenant 6 charges de feu élémentaire, infligeant
3 degrés de dommages supplémentaires physique et magiques. Chaque charge doit être
déclenchée par un test de Ka-Feu.
• Une panoplie hoplitique en bronze (casque, cuirasse, cnémides, vambraces, marquées de
runes gloranthienne, l’univers du JDR Runequest, il se fait ainsi passer pour un amateur
de GN et de reconstitution) (protection 3)
• Quêtes : La Cité des Vertiges 4, la Toison d’or 3, La Force 7
• Savoirs : les champs Polemoka 8, Effets-dragons 5, Kaïm 3, Les Templiers 6, La Synarchie 4,
Arcanes Majeurs 5, Selenim 4, Bohémiens 2, orichalque 4
• Chute : Khaïba (gigantisme) 3, Ombre 2
• Stase : une épée achéenne en bronze.
• Une phalange de 5 pyrim dévoués (ou vaincus) à ses ordres
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Lyon occulte
Ravenor Bran Sorina, Nephilim, Corbeau de Fourvière,
Pentacle : Ka-Lune 8, Ka-Terre 7, Ka-Eau 7, Ka-Air 6, Ka-Feu 5
Vécus significatifs :
Druidesse – Le sanctuaire des Tuatha de Danaan : 7
Corbeau vate – L’Empire profane de Rome : 5
Corbeau Apostat – Les Bûchers cathares : 3
Corbeau Carbonari - Les conspirations de la Révolution 4
Adopté de l’Arcane de La Lune
Sciences occultes
Magie (voie du Dédale de l’Âme)
Basse magie 8
Haute magie 7
Kabbale : Pachad
Malkut 8, Yesod 8, Hod 7, Netzach 7, Tiphereth 3, Geburah 2
Zoomorphe : Corbeau de Fourvière 8
Ressources
• Tous les sortilèges de basse magie de Lune, d’Eau et d’Air Tous les sortilèges de haute
magie de Lune et d’Eau des Dédale de l’Âme ,
• Toutes les invocations de Malkut, Yesod, Hod liées au monde de Pachad,
• Quêtes : Hyperborée 4, La Lune 8
• Savoirs : Kaïm 7, orichalque 5, champs magiques 7, champs Polemoka 8, Akasha 3
• Stase : un torque
• Ami avec les corbeaux de lumière

Gaëlle Guillard, Pyrim

Pentacle : Ka-Feu 4, Ka-Air 3, Ka-Terre 3, Ka-Lune 2, Ka-Eau 1
Vécus significatifs :
Le Labyrinthe de Minos – Navigateur : 4
Les Arthuriades – Sorcière : 5
Exploratrice – Les Années Folles : 5
Métamorphe : Djinn 3
Sciences occultes (voie des Labyrinthes schématiques)
Basse magie 8
Haute magie 2
Kabbale : Aresh
Malkut 7, Yesod 5
Simulacre : Gaëlle Gaillard, 41 ans, Ka-Soleil 3, permanente associative 6
Ressources
• 6 sortilèges de basse magie de Feu, 3 sortilèges de haute magie des Labyrinthes,
• Toutes les invocations de Malkut et Yesod lié au monde d’Aresh.
• Sapience
• Quêtes : L’Arche d’alliance 3, le Sentier d’or 2
• Savoirs : Akasha 4, Bohémiens 4, Arcanes Majeurs 3, Mystères 3
• Chute : Ombre 4
• Stase : une rose des vent
 Les Veilleurs du Lion Vert

Les Chevaliers de l’ordre du Saint-Sépulcre de Lyon

• Un écuyer
En quelques mots : Étienne Delamarjoraine, 23 ans, est un jeune homme exalté, étudiant en droit à Lyon II,
de bonne famille traditionnelle et catholique, membre de groupuscules d’extrême-droite estudiantins.
Menace 2
Ressources
• Armes & matériel : corps-corps, bâton ou canne (dommages 2). Il peut se procurer une vieille (mais
fonctionnelle) arme de poing (dommages 3) auprès d’un oncle qui a fait la guerre d’Algérie. Il l’utilisera en
tremblant.
• Alliés & influences : ses réseaux d’extrême-droite, son club de savate et de bâton, sa commanderie
• Tactiques de combat : préfère utiliser le bâton ou son entrainement de boxe française. Fuir dès le premier
sang versé…
• Motivations et buts : Progresser dans la connaissance de ces étranges créatures magiques qui volent les
corps humains. Rentrer dans la Police pour l’infiltrer.
• Un chevalier de l’ordre du Saint-Sépulcre de Lyon
En quelques mots : Alban Razzeri, 45 ans, boule à zéro, musclé, vêtements près du corps, ancien militaire
ayant fait des opex, devenu directeur d’un dojo de boxe française et de bâton.
Ka-Soleil 5
Vécu ancien officier para et prof de savate 6
Vécu Templier 4
Ressources
• Armes & matériel : il a accès à un véritable arsenal qu’il a réussi à détourner lors de ses opex. Il le trafique
pour des réseaux de commandos d’extrême-droite. Il peut dispose d’un matériel d’écoutes très sophis-
tiqué. Il possède 6 balles en orichalque avec chacune 4 degrés en orichalque. Il les tire avec un revolver
spécialement arrangé (dommages 4) pour cela qu’il appelle le demonkiller. Il porte sur lui un médaillon
d’orichalque en forme d’écu contenant 5 degrés d’orichalque.
• Alliés & influences : la commanderie, son club de savate, les anciens de son régiment gagné à la cause
extrémiste qui lui sert de couverture.
• Tactiques de combat : combattant éprouvé, il met au point des tactiques très habiles. Il est extrêmement
dangereux sur le terrain.
• Motivations et buts : devenir le champion des Templiers sur les champs Polemoka.
• Un Fossoyeur (dirigeant de l’ordre du Saint-Sépulcre de Lyon)
En quelques mots : Monseigneur Jean-Eudes Roger, 60 ans, cardinal évêque de Lyon. Grand Fossoyeur de
l’ordre du Saint-Sépulcre de Lyon.
Ka-Soleil 9
Vécu cardinal 7
Vécu Templier 6
Ressources
• Armes & matériel : Monseigneur Roger n’est pas un combattant mais plutôt un « mage ». Il possède
plusieurs homoncules, dont celui d’un Nephilim du feu anciennement très puissant (Ka de Feu 8, Œuvre
au blanc 8) qu’il a enchaîné à un laboratoire complet, installé dans les sous-sols de l’évêché. Il porte en per-
manence sur lui une chemise tissée d’orichalque qu’il fait passer pour un cilice lui donnant une protection
de degré 6 contre toute forme de magie Nephilim.
• Alliés & influences : Monseigneur Roger, appelé aussi celui qui murmure à l’oreille du Pape est un homme
très puissant et très rusé, à la fois dans le monde profane, le monde religieux et le monde occulte de Lyon. Il
compte de nombreux alliés dans le monde feutré de l’Église (mais aussi quelques farouches ennemis), parmi les
édiles lyonnais dont au principal l’actuelle maire. C’est un stratège et un tacticien hors-pair. Son seul défaut, son
orgueil et le fait qu’il soit empêtré dans une affaire de justice car il a été reconnu coupable d’avoir couvert des
prêtres pédophiles.
• Motivations et buts : grand savant en occultisme, il connaît le mythe de Lug. Il cherche depuis des années
à retrouver son tombeau non pas pour mettre un terme final mais pour s’emparer de son énergie solaire afin
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d’en faire une arme contre les Nephilim. Il aurait trouvé le livre occulte qui lui permettrait cette opération.