LA PORTE ’ ISHTAR

LA NUIT EST PLUS NOIRE JUSTE AVANT L’AUBE

CRÉDITS
Auteur : Rodrigo García Carmona
Correction  : Isona Aranda, José Carlos
Domínguez, José Manuel Sánchez García
Correction additionnelle  : Pedro Capelastegui,
Gabriel García-Soto, Álvaro Navas, José Ramón
Suberviola, Eva María Yáñez
Illustration de couverture  : Antonio José
Manzanedo
Illustrations intérieures  : Ruth García,
Christian Granero, Víctor Guerra, Luis Herrero,
Antonio José Manzanedo, Diego Menéndez,
Luis Míguez, Alba Teresa Porta, Manuel Sáez,
José Ramón Suberviola, Michael Syrigos, Tolo
Cartes  : Rodrigo García Carmona, Christian
Granero
Feuille de personnage  : José Riera, Diego
Menéndez
Design de la maquette  : Manuel Sáez, Rodrigo
García Carmona
Maquette (version espagnole)  : Diego
Menéndez, Rodrigo García Carmona
Idées géniales  : Pedro Capelastegui, Ramón
Domingo, Agustín Sánchez
LA PORTE D’ ISHTAR - Jeu de Rôle
Première édition, 2023
Titre original : La Puerta de Ishtar
Traduit de l’espagnol
© 2023 Other Selves
Tous droits réservés, La Loutre Rôliste, 2023.
Ce livre répond aux exigences des
règles orthographiques édictées en 1990.
OTHER SELVES
www.other-selves.com
Testeurs de jeu «  alpha  »  : Fernando Alonso,
Javier Andión, Isona Aranda, Félix Cuadrado,
Andrea Fernández, Danny Rolando Fonseca,
Pablo Fontanilla, Javier Gálvez, Beatriz García,
Sergio Isabel Ludeña, Marc Molinero, Alejandro
Morell, Jaime Oliveros, Daniel Rodríguez, Álvaro
Sánchez, Elena Sánchez-Mayoral, Helena Valdés,
Eva María Yáñez
Testeurs de jeu «  beta  »  : Sergi Abelló, Xavier
Alarcón, Iván Alonso, Alejandro Castillo Chaves,
Sergio « Terrax » de la Cruz Morales, Angel Curros
Fariña, F. Andrés Domene, Cristóbal « Dipatusus »
Infantes, J. Ruben Escudero, Ricardo «  Bukran  »
Fuente Muñoz, Óscar Gómez Rodríguez, Enric
Grau, José Ramón Hernández Lozano, José Herrero
Rubí, Ricard Ibáñez, Arturo Jiménez, Daniel
Julivert, Diego « Luktar » Lázaro Sanz, Israel López
Fernández, Manuel López Martín, Antonio Carlos
Lozano Martín, Fran Lozano Martín, Juan Carlos
Manchado, Mayte Martín González, Aaron Martín
Rodriguez, Pablo Medina Gallego, Vaishali-Narain
Mirchandani Daryanani, Rubén Navarro Carretero,
Andrés Pérez, Eloisa Pineño Ocaña, Manuel Pinta,
Pablo Romero Pazos, Arturo «  Furgo  » Pulido
Arribas, Ruben Sánchez Negrín, Raúl Sánchez Ruíz,
Amanda « Heriss » Sebastián Gallo, Ainhoa Segura
Ordoñez, Sendel, Luís « Txipotl » Uceda Rodríguez,
Marcos Valverde
La Porte d’Ishtar utilise le
système Moteur des Émotions
LA LOUTRE RÔLISTE
9 Pourmabon, 56120 Guégon, France
www.laloutreroliste.com
Traduction et correction (version française)  :
Charlotte Dénouveaux, Christophe Dénouveaux
Maquette et colorisation (version française)  :
Charlotte Dénouveaux, Christophe Dénouveaux
LA LOUTRE rÔLISTE
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 SOMMAIRE
LA PORTE D’ ISHTAR 6
UN JEU DE RÔLE 6
LE MONDE DE LA PORTE D’ISHTAR 7
AVENTURES 8
LES VENTS DU CHANGEMENT 8
CE LIVRE 8
LES DÉS 9
PARTIES UNIQUES ET CAMPAGNES 9
LA FORGE D’UN DESTIN 11
NAISSANCE 12
CULTURE D’ORIGINE 12
CARACTÉRISTIQUES 19
NOM 20
ENFANCE ET ADOLESCENCE 21
PROFESSION 21
CARACTÈRE 22
MATURITÉ 22
PROFESSION 23
CARACTÈRE 23
CAPACITÉS DE COMBAT 23
TOURNANT 24
CARACTÈRE 24
DEVISE 24
OBJECTIFS 24
TOUCHES FINALES 25
DIAGRAMME DU PROCESSUS DE CRÉATION 26
EXEMPLE DE PERSONNAGE 26
NAISSANCE 27
ENFANCE ET ADOLESCENCE 27
MATURITÉ 27
TOURNANT 28
TOUCHES FINALES 28
CONFLITS ET ÉMOTIONS 31
CONFLICTS 31
CONFLICTS ENTRE PERSONNAGES 33
AIDER LES AUTRES 35
SUCCÈS ABSOLU 35
ÉTAT DU PERSONNAGE 36
CONDITIONS NÉGATIVES 36
ENDURANCE 36
RÉCUPÉRATION 37
MORT 38
TRAITS DE CARACTÈRE 38
PASSION ET DÉTERMINATION 40
PASSION 40
DÉTERMINATION 41
UTILISER LES DEUX 42
SACRIFICE HÉROÏQUE 42
SANG ET SABLE 45
ESCARMOUCHES 45
AUTRES OBJECTIFS D’UNE ESCARMOUCHE 49
PERSONNAGES DANS UNE ESCARMOUCHE 49
CONFRONTATIONS 50
ASSAUTS ET INITIATIVE 50
ACTIONS 51
TYPES D’ACTIONS 54
MOUVEMENT 58
FAIRE TOUT AUTRE CHOSE 58
OBJECTIFS MULTIPLES ET
SUPÉRIORITÉ NUMÉRIQUE 59
CONDITONS NÉGATIVES 59
CARACTÈRE, PASSION, DÉTERMINATION 59
FINALISER UNE CONFRONTATION 60
COMBATTRE JUSQU’À LA MORT 60
MORAL 61
STYLES DE COMBAT 61
ARMES 63
ARMURES 66
REMPLIR LA FEUILLE DE PERSONNAGE 66
À PROPOS DES DESCRIPTIONS 67
EXEMPLE DE CONFRONTATION 67
UN JOUR DE PLUS 73
RÉCUPÉRATION 73
PASSION 74
DÉTERMINATION 74
FIN DE SESSION 75
EXPÉRIENCE 75
À LA FIN DE CHAQUE SESSION 76
RÉSUMÉ DE LA SESSION PRÉCÉDENTE 77
CHANGEMENTS ET AVANCEMENTS 77
AMÉLIORER LE PERSONNAGE 77
LIMITES À L’AVANCEMENT 78
NOUS CHANGEONS TOUS 78
ENTRE LES FLEUVES 81
L’IDIGNA ET LE BURANUM 81
LES FRUITS DE LA TERRE 82
GÉOGRAPHIE 83
FRONTIÈRES 85
LES AWILU 85
L’ORIGINE DES HOMMES 85
L’ASCENSION DE SARGON 86
L’EMPIRE D’AKKAD 87
LES FAMILLES ET LES MAISONS 89
LES RACES CRÉÉES 90
LES MUSHKENU 90
LES WARDU 91
 ESCLAVAGE ET POSSESSION 91
LES CITÉS-ÉTATS 92
RUES ET QUARTIERS 92
GOUVERNEMENT 96
VILLAGES ET HAMEAUX 97
LES SHITEM 98
LE QUOTIDIEN 99
LES DEUX LANGUES 99
L’ART DE L’ÉCRITURE 100
MURAILLES ET BÂTIMENTS 102
L’AGRICULTURE ET LES CANAUX 104
LES ANIMAUX 105
GASTRONOMIE 107
ARTS ET ARTISANAT 108
MUSIQUE 112
SPORTS ET LOISIRS 112
L’ARMÉE 113
LES TROIS ARMÉES 113
LES CINQ AXES 114
LE COMMERCE 118
ASSUR 118
TROC 119
CARAVANES ET TRANSPORTS 121
IMPORTATIONS 122
LES GRANDES CITÉS 122
AKKAD 122
ASSUR 123
DUR-SHARRUKIN 125
ERIDU 125
ESHNUNNA 126
KISH 127
LAGASH 129
MARI 130
NIMRUD 131
NINIVE 133
NIPPUR 135
SAMARRA 136
SIPPAR 138
UR 139
URUK 141
LES CITÉS PERDUES 142
ARATTA 142
BARSIPPA 142
KUTHA 143
LARAK 144
NAGAR 145
CHRONOLOGIE DE KISHAR 145
DIEUX ET SORCIERS 151
MISTICISME ET SUPERSTITION 151
CE N’EST PAS UNE QUESTION DE FOI 152
DESTIN ET PRÉDÉTERMINATION 152
LE FIRMAMENT 153
MATHÉMATIQUES ET ASTRONOMIE 153
LE PASSAGE DU TEMPS 153
LES CONSTELLATIONS ET LE ZODIAQUE 154
LES MAUX DE L’HOMME 156
ASHIPU, HERBORISTES ET AMULETTES 157
LES UTUKKU 158
LA VIE APRÈS LA MORT 158
LES DÉFUNTS DE RACES INFÉRIEURES 159
DIEUX 159
CULTE ET PRÊTRES 160
LES KADISHTU 161
DIEUX ANCIENS 162
DIEUX DES ÉTOILES 166
SORCELLERIE 171
LA SORCELLERIE DANS LE JEU 171
APPRENTISSAGE ET LANCEMENT 172
LISTE DE SORTS 173
OBJETS DE POUVOIR 195
LISTE D’OBJETS DE POUVOIR 195
AU-DELÀ DE L’EMPIRE 201
BABYLONE 202
LA CITÉ SOUTERRAINE 204
GOUVERNÉS PAR DES DIEUX 205
LE POUVOIR DE LA PAROLE 205
LE CODE DE HAMMURAPI 206
ÉCOLES D’ÉCRITURE 206
MARINS D’EAU DOUCE 207
CIMMÉRIE 208
LES REBELLES DE GMIRRI 208
UN NOUVEAU FOYER 210
UNIS À LA NATURE 210
LES CHAMANS 212
HOMMES LIBRES 212
LES LIMITES DU MONDE 213
LE LAC URMIA 214
ÉLAM 215
UNE NATION DE SECRETS 216
LE SACRIFICE D’UN ROI 216
UN PEUPLE DE MOURANTS 217
L’EXTRÊME ORIENT 218
LE DÉSERT D’ÉRIA 218
SABLES ARDENTS 218
RÉSIDENTS DU DÉSERT 218
LE MAGASIN 220
LA TRIBU 220
SHARAF, DIFAYA ET HAMASA 222
LES ALRWH ALHARSH ET LES
DIEUX MORTS 223
IRAM DES PILIERS 224
PHÉNICIE 225
LES PHÉNICIENS ET MARI 226
LA ROUTE DES ESCLAVES 226
LA CITÉ DU SILENCE 226
HATTUSA 227
LES PILLARDS GRIS 227
LA VOLONTÉ D’UN SCRIBE 229
LES POIGNARDS 229
LES MAITRES DU FEU 230
L’AIGLE BICÉPHALE 230
MÈDE 231
LE PLATEAU NOIR 231
LE FLEUVE ARAS 233
LES DEMEURES DE CRISTAL 234
LES MIDDU 234
LES ÉCHANGES 235
JUNGLES DU SUD 235
HABITANTS HOSTILES 237
UN GRAND POUVOIR 239
LE MENEUR DE JEU 240
CE QU’UN MENEUR DE JEU EST 240
CE QU’UN MENEUR DE JEU N’EST PAS 241
L’ENVIRONNEMENT ET LES JOUEURS 242
CRÉATION DE PERSONNAGE 244
CARACTÈRE, DEVISE ET OBJECTIFS 245
PERSONNAGES ENFANTS OU ADOLESCENTS 246
CAPACITÉS SPÉCIALES ET DÉFAUTS 246
JOUER LE TOURNANT 246
CRÉER DES PERSONNAGES PENDANT
UNE CAMPAGNE 247
JOUER À LA PORTE D’ISHTAR 248
NOTIONS DE BASE 248
CONFLITS 250
COMBAT 253
LS PJ ET LE SURNATUREL 257
S’AMÉLIORER DE JOUR EN JOUR 257
QUAND LES RÈGLES NE SUFFISENT PAS 258
LA CAMPAGNE 258
BAC À SABLE ET LINÉAIRE/SEMI-LINÉAIRE 259
CONCEVOIR LE MONDE 261
LANCER UNE CAMPAGNE 262
COMMENT MENER UNE CAMPAGNE 262
LA FIN TANT ATTENDUE 268
AUTRES OUTILES 269
AVENTURES 269
LA SITUATION INITIALE 270
CONSEILS GÉNÉRAUX 270
ÉTAPES POUR CRÉER UNE AVENTURE 271
UTILISER DES AVENTURES DE TIERS 275
LES MAUX DE L’HOMME 277
PERSONNAGES NON-JOUEURS 277
CARACTÉRISTIQUES DISTINCTIVES 278
PROFILS ET AUTRES PROFILS 279
EXTRAS 279
CRÉER ET DÉTAILLER DES PNJ À LA VOLÉE 279
PNJ CRÉÉS PAR LES JOUEURS 280
GRANDS MÉCHANTS 280
EXEMPLE DE CRÉATION DE PNJ 281
COMMENT LIRE UN PROFIL 282
CRÉER UN PROFIL 282
ADVERSAIRES 283
HABITANTS D’AKKAD 283
GARDES ET SOLDATS 284
PERSONNES DE MAUVAISE VIE 287
CIMMÉRIENS 289
ÉLAMITES 289
PHÉNICIENS 290
HITTITES 291
MIDDU 292
URIDIMMU 292
HASHARU 292
BÊTES SAUVAGES 294
ANIMAUX DOMESTIQUES 295
BÊTES SAUVAGES 296
REPTILES 297
AUTRES CRÉATURES 298
HORREURS ET ÊTRES DE LÉGENDE 299
LISTE DE MONSTRES 299
ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS 327
SITUATION INITIALE 328
LA CITÉ DE KISH 328
LE RÔLE DE LA FEMME 330
LES PRÊTRESSES ET LA GARDE 330
LA NIGGINA 332
LA ROSE DES VENTS 333
LA TRISTE HISTOIRE D’ESHANNA 333
L’ARCHIVISTE QUI SAVAIT LIRE 334
LA TRAHISON DE NARIA 334
LES PLANS MYSTÉRIEUX D’ASHUR 335
RUMEURS 336
PLAN 337
ACTEURS 338
L’ANCIENNE 338
ASHUR-NERU 339
BELSHAZAAR 339
ESHANNA 340
KHEBA 341
MUSHEZIBTI 342
NARIA 343
UKTANNU 344
URI 345
DÉROULEMENT 346
VOYAGE JUSQU’À KISH 346
PRÉSENTATION DEVANT KHEBA 347
EMPRISONNÉS 348
OBSERVÉS PAR URI 349
RENCONTRE AVEC NARIA 350
LE RITUEL D’UKTANNU 351
L’ENLÈVEMENT D’ESHANNA 353
AUTRES SCÈNES POSSIBLES 353
LE RITUEL DU NOUVEL AN 354
TERMINER LE MODULE 355
TABLEAU RÉCAPITULATIF DES SCÈNES 356
TABLEAU RÉCAPITULATIF DES ÉLÉMENTS 356
COMMENT ADAPTER CE MODULE À
VOTRE CAMPAGNE 358
AUTRES RESSOURCES 359
SORT 359
OBJET DE POUVOIR 360
LA FIN DU CHEMIN 363
FANTAISIE ET RÉALITÉ 363
APPRENDRE EN JOUANT 364
LA LANGUE AKKADIENNE 364
BIBLIOGRAPHIE 366
SUR LES ÉPAULES DES GÉANTS 367
JEUX DE RÔLE 367
LITTÉRATURE 368
COMICS 369
CINÉMA 369
MUSIQUE 369
WEB 370
REMERCIEMENTS 371
GLOSSAIRE 372
6

LA PORTE D’ ISHTAR

- Rihat, que faisais-tu avant d’être mon précepteur ?

- J’étais beaucoup de choses, jeune Shelmaneser. J’étais ce que certains appelleraient un aven-
turier. Ce que d’autres appelleraient un bandit. Et ce que quelques-uns, les moins nombreux,
appelleraient un héros.
- Cela a dû être passionnant ! Et que s’est-il passé pour que tu quittes tout et serves mon père ?
Il t’a battu dans une bataille, t’a acheté comme esclave ? Raconte-moi une de tes aventures !
- Rien de tout cela, jeune maitre. J’ai décidé de le servir de mon plein gré. Mais ne vous intéressez
pas à moi. Il y a bien d’autres histoires plus passionnantes que la mienne. Si vous le souhaitez, je
pourrais vous parler des exploits de...
Bienvenue. Vous tenez entre vos mains (ou li- ne vous inquiétez pas. Ce chapitre explique les
sez sur votre écran) La Porte d’Ishtar, un jeu qui concepts de base à connaitre pour comprendre
vous permettra de vivre des aventures et de le reste du livre. Par ailleurs, personne ne
créer des histoires fantastiques dans le monde semble être d’accord sur ce qu’est exactement
de Kishar, un monde d’Épée et de Sorcellerie, un jeu de rôle. Il y a presque autant de défini-
d’aventuriers, de héros et d’explorateurs. Un tions que de joueurs (ou de jeux) et ce livre ne
monde sombre et hostile, où survivre implique vous expliquera pas ce qu’est un jeu de rôle,
une lutte constante. Un monde similaire, mais mais ce qu’est La Porte d’Ishtar, le jeu de rôle.
en même temps différent, du Proche-Orient de
notre Terre à l’Âge du Bronze. La Porte d’Ishtar est un jeu d’imagination,
d’interprétation et de narration de groupe.
UN JEU DE RÔLE Ce n’est pas un jeu auquel vous pourrez jouer
seul. Vous aurez besoin d’au moins une autre
La Porte d’Ishtar est un jeu de rôle. Il est fort personne, mais ce sera probablement plus
probable que si vous lisez ceci, vous sachiez amusant si vous avez trois amis ou plus avec
probablement déjà ce que sont les jeux de qui jouer. En théorie, il n’y a pas de limite au
rôle, en quoi ils consistent et que vous y avez nombre de joueurs, mais au-delà de six, le jeu
peut-être déjà joué. Mais si ce n’est pas le cas, risque de devenir très compliqué.
 le MoNDe DE LA PoRTe D’ISHTAR
L’objectif de ce jeu est de créer et de vivre une
histoire collective, en décidant ensemble de ce
qui s’y passe. Ne vous limitez à échanger des
idées sur la façon dont cette histoire devrait
se passer ou à proposer des modifications
les unes après les autres, car ce serait en fait
comme écrire un script. Ne vous limitez pas
non plus à vous imaginer vivre dans un autre
monde, sans contexte ni suite, car ce serait
comme rêver. Ce jeu n’est rien de tout cela,
bien qu’il en possède certains éléments.
Dans ce un jeu, vous jouerez le rôle d’un person-
nage fictif, dans un monde fantastique et mys-
térieux. Vous tisserez la trame d’une histoire
de manière improvisée, presque sans vous en
rendre compte, basée sur un contexte commun
à tous les participants. Pour cela, chaque joueur,
à l’exception d’un, créera et contrôlera un per-
sonnage fictif. Ces personnages deviendront les
protagonistes de l’histoire et, comme ces per-
sonnages seront contrôlés par les joueurs, nous
les appellerons personnages joueurs ou PJ.
Mais en se limitant aux seuls personnages
principaux, il n’y aura pas d’histoire, même
s’ils en seront la partie la plus importante.
Nous aurons aussi besoin de personnages
secondaires et d’un scénario dans lequel les
évènements se dérouleront. Un seul joueur
aura la responsabilité de fournir ces éléments.
Nous l’appellerons meneur de jeu ou MJ. Ce
joueur spécifique décrira au reste du groupe
la situation dans laquelle se trouveront les
personnages et contrôlera tous les person-
nages qui ne seront pas les protagonistes de
l’histoire, que nous appellerons personnages
non-joueurs, ou PNJ. Il sera comme le narra-
teur d’un roman qui fournit tous les détails de
l’environnement entourant les personnages.
Nous avons donc des protagonistes, des per-
sonnages secondaires et un scénario. Les
ingrédients nécessaires pour une histoire.
Maintenant, il suffit de les relier. Pour cela, le
MJ décrira la situation dans laquelle se trouvent
les PJ et les autres joueurs lui indiqueront
comment agissent leurs personnages. Cela
peut être fait en se référant à eux à la troisième
personne : « mon personnage fait cela », ou à
la première personne, c’est-à-dire en interpré-
tant  : «  Je fais cela  » ou comme un mélange
7
des deux. Enfin, le MJ racontera ce qui se passe
et donnera à nouveau aux joueurs l’occasion de
décider comment leurs personnages agissent,
en répétant ce cycle encore et encore.
Et c’est tout. Comme vous le voyez, vous aurez
surtout besoin de votre imagination.
LE MONDE DE LA PORTE D’ISHTAR
Bien que vous trouverez plus loin une descrip-
tion détaillée du monde de La Porte d’Ishtar, il
est important que vous ayez dès maintenant
une idée générale du cadre et du type d’aven-
tures que les personnages pourront vivre.
Le monde de La Porte d’Ishtar s’appelle Kishar.
Il est pour l’essentiel sauvage et inexploré. Au
centre des terres connues se trouve l’Empire
d’Akkad. Baignée par les eaux des deux grands
fleuves, l’Idigna et le Buranum, cette nation se
veut être la plus grande puissance du monde
et la civilisation la plus avancée. Imaginez le
berceau de la civilisation de notre monde, la
Mésopotamie à l’Âge du Bronze. Ajoutez-lui
maintenant la sorcellerie, l’aventure, le mysti-
cisme, l’émotion et la terreur. Voilà Akkad.
Les maitres de l’Empire d’Akkad sont les Awilu,
la première des races, qui ont travaillé des cen-
taines de milliers d’années pour arracher un
espace à la terre, pour y faire régner l’ordre et
prospérer. Durant des millénaires, les cités des
Awilu se sont affrontées. Chaque cité rendait
hommage à un dieu tutélaire et elles s’affron-
taient dans des batailles acharnées. Pourtant,
malgré leurs incessants conflits, elles s’appel-
laient elles-mêmes le pays de Sumer.
Mais, il y a deux mille ans, un seigneur de
guerre d’origine humble, Sargon l’Alchimiste,
unit toutes les cités sous sa main de fer, chas-
sa les dieux qui les dominaient et se proclama
Empereur d’une nouvelle nation, l’Empire d’Ak-
kad. Les quelques Awilu qui continuaient d’ado-
rer les dieux vaincus fuirent avec eux dans les
montagnes, y fondèrent la cité souterraine de
Babylone et la scellèrent avec la Porte d’Ishtar.
Cette victoire éclatante fut en partie due à
deux nouvelles races que Sargon avait créées
à partir du sang du dieu Enlil : les Mushkenu
8 LA PORTE D’ ISHTAR
et les Wardu. Ils étaient ses esclaves, comme
les Awilu l’avaient été pour les dieux. Sargon,
qui est toujours en vie depuis, veille à ce que
cette situation ne change pas. Des générations
d’Awilu se succèdent, mais le passage du temps
semble ignorer Sargon.
Aujourd’hui, les cités sont des nids de corrup-
tion et source d’hédonisme et de dépravation.
Les Awilu ont confié leurs âmes à de nouvelles
divinités, des dieux sombres venus des étoiles
avec des promesses de connaissance et de pou-
voir. Alors qu’ils jouissent des plaisirs les plus
exquis, la sueur de leurs esclaves garde leurs
estomacs pleins et leurs appétits rassasiés.
Au-delà de l’Empire d’Akkad, la terre devient
violente et impitoyable. D’horribles créatures et
des bêtes voraces peuplent des déserts arides,
des montagnes escarpées, des jungles pro-
fondes et des mers agitées. Seuls les plus forts
et les plus déterminés survivent en dehors de la
protection des cités. Il ne faut pas s’étonner que
même les esclaves préfèrent la vie entre leurs
murs à une existence loin de la civilisation.
AVENTURES
De nombreuses aventures auront lieu dans le
monde de Kishar. Qu’il s’agisse d’esclaves lut-
tant pour leur liberté, de chasseurs de trésors
perdus ou de nomades à la recherche d’un
destin, les personnages joueurs de La Porte
d’Ishtar seront des êtres emplis d’une passion
dévorante et à la personnalité marquée, traits
qui les mettront en difficulté, les feront avancer
et leur permettront d’atteindre leurs objectifs.
Ils seront pris dans des intrigues de palais, dé-
masqueront des conspirations (ou y participe-
ront !), visiteront des enclaves exotiques, dé-
couvriront de terribles secrets et combattront
contre d’étranges monstres. Ces expériences
les changeront et, ce faisant, changeront aussi
le monde qui les entoure.
LES VENTS DU CHANGEMENT
Kishar est sur le point de subir de grands chan-
gements. Ce en quoi ils consisteront exactement
ou ce qui les causera reste un mystère. Mais ce
qui est sûr, c’est que les personnages que vous
jouerez seront au centre de ces changements.
Ils vivront une époque palpitante et ils seront
présents aux moments où le destin de tout
un monde se décidera. Et non seulement ils
contempleront tout cela, mais ils en seront eux-
mêmes les artisans, les protagonistes de cette
nouvelle ère passionnante qui attend la terre
entre les fleuves. L’avenir est entre leurs mains.
CE LIVRE
Si l’imagination suffit, pourquoi devriez-vous
continuer à lire ? Eh bien, ce livre vous fournira
un ensemble d’outils et d’aides qui faciliteront
le jeu. Il vous expliquera les règles pour gérer
les situations au dénouement incertain et vous
décrira le monde de Kishar afin qu’il vous soit
aisé d’y vivre des aventures.
Après cette introduction, vous trouverez le
chapitre La Forge d’un Destin. Il vous per-
mettra de créer un personnage capable de
participer au genre d’histoires que vous voulez
raconter. Vous saurez dans les grandes lignes
ce dont il sera capable, ce qui le poussera à agir
et quelles seront ces relations avec les autres
personnages joueurs.
Il est suivi du chapitre Conflits et Émotions. Il
viendra un moment pendant le déroulement
du jeu où vous ne saurez pas comment une si-
tuation sera résolue. Le héros atteindra-t-il ses
objectifs ou échouera-t-il en essayant  ? Pour
pouvoir le déterminer et que tout le monde
soit d’accord, vous utiliserez les règles expli-
quées dans ce chapitre.
Un cas particulier des règles, le combat, sera
vu en détail dans le chapitre suivant : Sang et
Sable. Après l’avoir lu, vous pourrez résoudre
à la fois des escarmouches rapides et des
confrontations tendues.
Le chapitre intitulé Un Jour de Plus traite de
la question de l’avancement et du changement
des personnages joueurs. Vous découvrirez
comment les faire grandir physiquement et
émotionnellement.
Vous pourrez lire ensuite Entre les Fleuves. Ce
chapitre contient des informations sur l’Em-
pire d’Akkad, la nation du monde fantastique
 LES Dés
de Kishar où se déroule La Porte d’Ishtar. Il
vous permettra de comprendre comment
fonctionne sa société, d’explorer sa culture, de
vous sentir à l’aise dans les rues de ses cités
et de ses villages et de connaitre la façon de
penser de ses habitants.
Le chapitre suivant s’intitule Dieux et Sorciers,
et présente une description de la religion et de
la spiritualité telle qu’elle est comprise par les
habitants de l’Empire d’Akkad. Vous découvri-
rez également les clés pour maitriser les forces
arcaniques et un recueil des sorts les plus ter-
ribles. Si vous le lisez, vous vous exposerez aux
secrets les mieux gardés que seuls les Dieux des
Étoiles peuvent révéler. Attention ! En échange
de leur savoir, ils demandent toujours plus que
ce qu’il est raisonnable de donner.
Il est suivi par Au-delà de l’Empire, une brève
introduction aux terres entourant Akkad. Seuls
les explorateurs les plus audacieux ou les plus
fous les ont consciencieusement explorées et
leurs aventures ne se sont pas toujours bien
terminées. Suivrez-vous leurs traces ?
La lecture des trois chapitres précédents n’est
pas indispensable pour tous les joueurs. Mais
elle l’est pour le meneur de jeu (MJ), car il est
chargé de décrire le monde de Kishar et il de-
vra le connaitre pour pouvoir accomplir cette
tâche. Cela ne veut pas dire que les autres
joueurs ne peuvent pas les lire, seulement
qu’ils n’ont pas besoin de le faire pour pouvoir
jouer.
Les deux chapitres suivants, Un Grand Pouvoir
et Les Maux de l’Homme, sont réservés au me-
neur de jeu et servent d’aide à ceux qui vont
jouer ce rôle. Le premier explique comment
effectuer le travail de meneur de jeu, tandis
que le suivant offre du matériel que vous pour-
rez utiliser si vous décidez d’endosser cette
responsabilité.
Esclaves de leurs Désirs présente une aventure
d’introduction qui pourra vous servir à vous
lancer dans le jeu ou vous donner l’inspiration
pour créer vos propres aventures. Vous ne de-
vriez pas lire ce chapitre si vous ne comptez
pas être meneur de jeu, car cela vous gâcherait
la surprise.
9
Enfin, le chapitre La Fin du Chemin contient un
glossaire, des annexes et divers aides de jeu
dont il est fait référence dans le livre.
LES DÉS
Pour jouer, vous aurez besoin de dés à six faces
pour résoudre certaines situations pendant la
partie. Idéalement, chaque joueur aura quatre
dés. Si ce n’est pas le cas, il faut qu’il y en ait
au moins quatre au total pour le groupe. Après
tout, ils peuvent toujours les partager.
Nous appellerons les dés « D ». Si, par exemple,
on vous dit que vous devez lancer 3D, cela si-
gnifie que vous lancerez trois dés.
De plus, vous devrez parfois effectuer des
opérations simples avec certains nombres, qui
pourront parfois donner des nombres déci-
maux. Dans ce cas, arrondissez à l’inférieur en
ignorant les décimales.
PARTIES UNIQUES ET CAMPAGNES
La Porte d’Ishtar peut se jouer de deux façons :
sous forme de « parties uniques » ou de « cam-
pagnes ». Une partie unique est une aventure
qui se déroule en une seule session de jeu et
qui dure entre deux et quatre heures (bien que
l’on puisse jouer pendant tout un week-end !).
Dans ces parties, les personnages joueurs
seront créés en amont par le meneur de jeu
et n’auront pas toujours de continuité au-delà
de cette session. Les campagnes, en revanche,
tisseront des histoires couvrant de nom-
breuses sessions de jeu, dans lesquelles les
personnages joueurs, habituellement créés par
ces derniers, vivront aventure après aventure.
Ce type de partie pourra se répéter pendant
des années, tant en temps de jeu qu’en temps
réel. Cela sera généralement très gratifiant.
Vous pourrez y voir les personnages grandir et
changer de façon inattendue et fascinante. Une
campagne demandera beaucoup de travail et
un haut degré d’engagement, surtout pour le
meneur de jeu, mais cela en vaudra la peine.
Même si La Porte d’Ishtar convient pour des
parties uniques, ce jeu a été conçu dans l’idée
de jouer en campagne et fonctionne parfaite-
ment pour ce type de partie.
10 LA PORTE D’ ISHTAR

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• La Porte d’Ishtar est un jeu de rôle situé dans le monde de Kishar.
• Vous aurez besoin d’au moins un autre ami pour jouer. Avoir entre 4 et 6 joueurs est idéal.
• Tous les joueurs, sauf un, contrôleront chacun un personnage joueur (PJ).
• Le joueur restant sera le meneur de jeu (MJ) et contrôlera les personnages non-joueurs (PNJ).
• Les aventures se dérouleront dans le monde de Kishar, dominé par l’Empire d’Akkad.
• Kishar est sur le point de changer et vos personnages seront au centre des évènements.
• Vous aurez besoin d’au moins 4 dés (D) à 6 faces pour jouer.
• Vous pourrez jouer à des parties uniques ou en campagne.
 LA FORGE
D’UN DESTIN

- Rihat, à quoi penses-tu quand tu t’assieds pour méditer ?

- Je pense à ma vie, jeune Shelmaneser. À ce que j’ai accompli et ce qu’il me reste à faire.
- Et pourquoi le fais-tu ? Ne vaudrait-il pas mieux profiter de ton temps pour faire autre chose ?
- Chaque homme doit réfléchir sur lui-même. D’où il vient. Où ça le mène. Quels évènements
de son passé ont fait de lui l’être qu’il est. Et surtout, quels chemins il doit suivre et ce qu’il veut
encore réaliser dans cette vie.
- Et toi, Rihat ? As-tu obtenu ce que tu voulais dans la vie ?
- On n’obtient jamais tout ce qu’on veut, jeune maitre. Mais je suis heureux et tout le monde ne
peut pas en dire autant. Si vous le désirez, je pourrais vous parler d’une certaine femme, qui est
née esclave et est morte reine, mais malheureuse. Son histoire commence...

La création de personnages dans La Porte
d’Ishtar ne peut pas être faite en solo. Vous
ne pouvez pas créer votre personnage «  à la
maison » et venir à la première session avec le
personnage déjà terminé.
C’est un processus qui doit être fait en groupe
et qui implique les autres joueurs.
Cependant, il convient que vous ayez une idée
générale du personnage que vous allez vouloir
jouer. Cette idée sera modelée par les autres
joueurs d’une manière qui pourra peut-être
vous surprendre pendant le processus de
création.
Ne vous offusquez pas si l’idée finit par s’écarter
de votre conception originale et profitez du pro-
cessus. Voir votre personnage naitre avec l’aide
des autres constitue l’un des meilleurs moments
d’une campagne et débouchera probablement
sur une première session passionnante.
Le processus pour donner vie à un PJ suit
un ordre chronologique. Les étapes sont les
suivantes :
• Naissance
• Enfance et adolescence
• Maturité
• Tournant
12 LA FORGE D’ UN DESTIN
Bien que toutes ces étapes soient différentes,
elles partagent un élément commun. À la fin de
chacune d’elle, vous devrez raconter aux autres
joueurs (y compris au meneur de jeu !) ce que
vous avez fait pendant cette étape et écouter
à votre tour les autres joueurs raconter ce que
leurs personnages auront fait.
Vous pouvez également leur demander ce qu’ils
pensent de votre personnage, à n’importe quel
moment du processus. Leurs opinions vous
donneront peut-être des idées qui, autrement,
ne vous seraient pas venues à l’esprit, apportant
ainsi plus de vie et de couleur à votre personnage.
Pour continuer, vous devez avoir une feuille
de personnage. Vous en trouverez une à la fin
de ce livre ou vous pourrez également la télé-
charger sur notre site www.laloutreroliste.com.
Imprimez-la ou photocopiez-la et remplissez-la
comme indiqué dans les étapes suivantes.
NAISSANCE
Imaginez où et comment votre personnage
est né. Dans cette étape, vous n’avez pas be-
soin de détailler sa généalogie ou toutes les
circonstances entourant sa naissance, mais
vous devrez décider de sa culture d’origine, de
ses caractéristiques et de son nom.
CULTURE D’ORIGINE
Bien que la culture d’origine ne détermine pas
qui est votre personnage ni ce qu’il peut deve-
nir, elle a une très grande influence sur sa vision
du monde.
Pour savoir où nous allons, nous devons savoir
d’où nous venons.
Vous trouverez ci-dessous une liste de six
cultures. Choisissez-en une et notez-la sur la
feuille de personnage. Chaque culture contient
une description générale et, dans la section
«  Personnages  », plusieurs idées que vous
pouvez utiliser pour définir le concept de
votre personnage. Mais ne vous limitez pas à
ces idées !
Vous trouverez également pour toutes les
cultures la section « Bonus de caractéristique ».
Pour le moment, ne vous en préoccupez pas, car
tout vous sera expliqué plus tard.
 naissance 13

Nobles Awilu

Les Awilu (« les citadins ») sont la race dominante de l’Empire d’Akkad. Mesurant en moyenne 1,45 m,
ils sont forts et de corpulence robuste, pesant autour de 65 kg. Créés par les Dieux Anciens pour
leur servir d’esclaves, ils se rebellèrent deux fois. La première fois, ils furent punis par le Déluge.
Cependant, la deuxième fois, Sargon l’Alchimiste parvint à les libérer définitivement de ce joug.

Maintenant, ce sont eux les esclavagistes. Ils vivent leur longue vie (environ 200 ans), dans le luxe et
l’opulence grâce à leurs races d’esclaves, les Mushkenu et les Wardu, qui s’assurent de combler tous
leurs besoins.

Dirigeants, généraux, prêtres, sages et grands sorciers, ils n’accomplissent jamais la moindre tâche
subalterne. Même le plus humble des Awilu occupe une position de responsabilité, qu’il le mérite ou
non, déléguant à ses esclaves les basses besognes. De plus, la famille à laquelle appartient un Awilu
est un élément primordial et le rejet par le patriarche équivaut à l’exil ou à la mort.

Décadents et opulents, les Awilu passent beaucoup de temps à prendre soin de leur apparence. Les
hommes tressent leurs barbes touffues, coiffent leurs cheveux bouclés et portent des vêtements aussi
élaborés que possible, car ils indiquent la famille à laquelle ils appartiennent, ainsi que leur position
dans celle-ci. Les femmes se montrent majestueuses et séduisantes, améliorant leur beauté avec le
maquillage et arborant des robes de tissus raffinés venus d’au-delà d’Élam.

Architectes de la civilisation, ils sont une race fière qui considère qu’aucune autre ne les surpasse dans
leur connaissance des arts, des sciences et, surtout, de la sorcellerie. Les sorciers Awilu connaissent
les étoiles, leurs mouvements et leur signification. Les connaissances perverties que les étoiles leur
fournissent leur donnent accès à d’incroyables pouvoirs.

Aucune autre race ne peut construire un empire. Aucune autre race ne peut plier
la nature à sa volonté. Ce sont eux qui ont déchiffré les secrets de l’écriture et
c’est par leur volonté que les races esclaves existent.

Et pourtant, sans ces esclaves, l’Empire s’effondrerait. Sans les Dieux des
Étoiles, les sorciers n’auraient pas de pouvoir. On peut dire qu’Akkad est à la
fois la civilisation la plus puissante et la plus fragile de Kishar.

Bonus de caractéristique : les Nobles Awilu sont généralement intelli-

gents et bénéficient d’une très bonne éducation. Ils maitrisent les arts,
les sciences et ont créé l’écriture. Un Noble Awilu ajoute +1 à sa carac-
téristique Ingéniosité.

Personnages : il est peu habituel qu’un Noble Awilu abandonne sa

position aisée et son existence ennuyeuse, mais quelque chose vous a
poussé à le faire : le désir de richesse, de gloire ou d’aventures. Ou il est
possible que vous soyez tout simplement fatigué de votre vie tranquille.

Vous êtes peut-être tombé en disgrâce ou avez commis un crime. Vous avez
peut-être même l’intention de le commettre, souhaitant arracher le pouvoir à
celui qui le mérite certainement moins que vous. Vous pourriez aussi avoir été vic-
time d’une conspiration, avoir subi une terrible révélation ou être l’objet une prise
de conscience soudaine. Ce qui importe est : qu’allez-vous faire maintenant ? Où les
sentiers que vous empruntez vont-ils vous mener ? Retournerez-vous à votre vie
passée ou deviendrez-vous quelqu’un de différent ?
14 LA FORGE D’ UN DESTIN

Esclaves Mushkenu

Les Mushkenu (« les mesquins ») sont l’une des deux Races Créées et, de loin, la plus nombreuse.
Façonnés par Sargon à partir d’argile et du sang d’Enlil, l’un des Dieux Anciens, ils ont été conçus
pour travailler. Leur taille (1,75  m en moyenne) les rend parfaits pour les travaux de construction.
Bien qu’ayant une courte durée de vie, ils se reproduisent rapidement. Des rumeurs circulent selon
lesquelles un Mushkenu peut vivre 75 ans, mais la plupart meurent bien plus tôt de faim, de maladie,
de guerre ou à la suite des mauvais traitements qui leur sont infligés.

On dit que la couleur de la peau d’un Mushkenu est déterminée par l’heure de la journée à laquelle le
premier de sa lignée a été créé. Sargon a maintenu Enlil en vie pendant des mois, agonisant, tout en lui
dérobant son sang et en utilisant son essence vitale pour donner vie à ses créations. Si le sang a été ver-
sé à midi, le Mushkenu aura eu la peau blanche comme l’ivoire et s’il était répandu à minuit, elle aurait
été noire comme l’ébène, avec des milliers de tons entre les deux. Mais c’était il y a déjà deux mille ans.
Aujourd’hui, on ne crée plus de nouveaux Mushkenu par l’alchimie, car les femmes Mushkenu peuvent
tomber enceintes et donner naissance à leurs enfants.

Tous les Mushkenu vivant dans l’Empire d’Akkad sont des esclaves. Paysans, maçons, soldats, artisans
et même tuteurs, ils ont en charge tous les travaux que les Awilu ne veulent pas accomplir. Les Awilu
les traitent comme des animaux et les considèrent au même niveau qu’un âne ou un chien.

Il est strictement interdit d’enseigner à un Mushkenu à lire ou à écrire. Et ne parlons pas des arts tels
que l’alchimie ou la sorcellerie. Cependant, certains Awilu violent ces lois en formant des esclaves pour
enseigner à leurs enfants ou accomplir certaines tâches nécessitant des connaissances plus complexes.
Après tout, la peine est la mort pour le Mushkenu, pas pour son maitre.

Les Mushkenu voient les Awilu comme des dieux : sages, fiers et ayant une longue
vie. De plus, aucun Mushkenu n’existerait sans eux. De petites révoltes se produisent
périodiquement, mais leurs maitres les répriment toujours et cela ne fait que consoli-
der cette croyance. La plupart des Mushkenu acceptent l’esclavage comme étant
l’ordre naturel des choses et tentent de vivre au mieux leur vie courte et brutale.

Après tout, ils ne savent rien faire d’autre. Et, même s’il y a vingt Mushkenu
pour un Awilu, qui va les organiser  ? Comment ces bêtes pourraient-elles
s’unir dans un but commun ?

Bonus de caractéristique  : les esclaves Mushkenu qui parviennent à se

soustraire à l’esclavage endémique de leur race sont considérés comme des
individus exceptionnels. Seule une volonté de fer peut leur avoir permis de faire
face à leur quotidien misérable sans finir brisés, tant physiquement qu’émotion-
nellement. Un Esclave Mushkenu ajoute +1 à sa caractéristique Volonté.

Personnages  : contrairement à la grande majorité des Mushkenu, vous ne

servez pas un maitre. Pourquoi ? Que s’est-il passé ? Vous vous êtes peut-être
échappé. Peut-être est-il mort. Ou vous étiez peut-être aussi un de ces enfants
de la rue, conçus en secret et qui ne connaissent pas de maitre. Le fait est que
vous êtes maintenant libre. Comment allez-vous faire usage de cette liberté ?

Il se peut que vous soyez parti à l’aventure avec votre maitre ou qu’il vous ait
accordé des libertés exceptionnelles pour que vous fassiez usage de vos com-
pétences « inhabituelles » en son nom. Dans les deux cas, pourquoi votre
maitre vous a-t-il choisi précisément ?
 naissance 15

Gardiens Wardu

Puissants et imposants, les Wardu («  les serviteurs  ») sont, avec les Mushkenu, l’une des Races
Créées. De plus de 2 m de haut et de forte musculature (environ 250 kg), ils combinent un corps
humanoïde avec la tête et les membres inférieurs d’un taureau, animal vénéré pour sa puissance
physique. Ce sont des machines à tuer parfaitement conçues.

Le corps des Wardu est presque entièrement recouvert d’une fine couche de poils, que certains Awilu
teignent aux couleurs de leur famille pour indiquer plus clairement qu’il s’agit de leur propriété.

Compte tenu de leur férocité et de leur martialité, ils font souvent carrière comme soldats, gladia-
teurs ou gardes du corps, bien qu’il ne soit pas rare de les voir aussi effectuer d’autres tâches pour
lesquelles la force physique est nécessaire, comme celles de porteurs ou de marins.

Les Wardu sont rares. La combinaison de traits qui leur donne leur force est la cause de leur plus
grand malheur, car ils sont stériles. Certains insinuent que cette caractéristique serait intentionnelle
et non accidentelle. Leur courte vie (tout au plus 60 ans) est assombrie par la pensée qu’en partant,
ils ne laisseront rien dans ce monde. Aujourd’hui encore, ils sont créés par l’alchimie, en utilisant le
sang d’Enlil conservé avec soin depuis deux mille ans. Mais le moment viendra où ce sang s’épuisera
et où il n’y aura plus de Wardu.

Les Wardu sont donc des esclaves très chers. Pour cette raison et du fait de leur force incroyable, les
Awilu ont développé une méthode pour s’assurer qu’ils soient toujours sous contrôle. Dès sa venue
au monde, un Wardu est soumis à une série de sorts et de rituels qui l’habituent à son maitre et,
surtout, au son de sa voix. En conséquence, il ne pourra jamais désobéir à un ordre direct de l’Awilu
pour lequel il a été créé ou accomplir un acte de violence délibéré contre lui.

Les Wardu sont une race condamnée et plus que consciente de cet état
de fait. Ils mènent une vie encore plus violente que les Mushkenu bien
que, heureusement ou malheureusement, ils survivent généralement plus
longtemps. Même s’ils sont obligés de servir leurs maitres à vie et sont
incapables de désobéir à leurs ordres, cela ne signifie pas qu’ils ne les
détestent pas de toutes leurs forces. Bien au contraire. S’ils pou-
vaient se débarrasser de la malédiction qui les prive de liberté...

Bonus de caractéristique : les Gardiens Wardu sont la race la

plus forte de l’Empire. Ils peuvent accomplir de grands exploits
physiques et résister à des coups qui tueraient n’importe qui
d’autre. Un Gardien Wardu ajoute +1 à sa caractéristique Force.

Personnages : d’une façon ou d’une autre, vous avez réussi à vous

enfuir loin de votre maitre. Il ne peut plus vous donner d’ordres, alors
vous vivez enfin la vraie liberté. La manière dont vous y êtes parvenu
n’a plus d’importance maintenant. Vous avez conscience que
vous êtes trop précieux pour vous laisser capturer. Il est sûr
que votre maitre vous cherche. Comment allez-vous l’empê-
cher de vous dominer à nouveau ?

Votre maitre est peut-être aussi mort sans accomplir le Rituel de la

Succession. Allez-vous profiter de votre liberté nouvellement acquise
pour voir le monde ? Il y a aussi une chance que vous soyez l’un de ces rares
Wardu qui appréciait son maitre. Si tel est le cas, vengerez-vous sa mort ?
16 LA FORGE D’ UN DESTIN

Peuple Libre de Cimmérie

En dépit de ce que souhaiteraient les Awilu, tous les Mushkenu de Kishar ne leur servent pas
d’esclaves. À l’époque de la guerre pour unifier les cités de Sumer, il y eut une révolte de Mushkenu
dans les rangs de l’armée de Sargon. Unis sous la volonté d’un seul dirigeant connu sous le nom de
Gmirri (« héros » dans la langue cimmérienne), un grand nombre de soldats réussirent à s’échapper
et à fuir vers les Montagnes Gudabak dans le nord.

De nombreuses générations se sont écoulées depuis et ces soldats sont devenus les Cimmériens
actuels, qui parlent une langue incompréhensible pour les étrangers et vivent des vies qui seraient
incroyables pour les Mushkenu d’Akkad.

Ils sont fiers de leur liberté et de leur indépendance. Le seul qui a le pouvoir de décider ce qu’un
Cimmérien peut ou ne peut pas faire est le Cimmérien lui-même, les deux sexes ayant les mêmes
droits. Ils ne font confiance qu’à ceux qui gagnent leur respect. Avec un profond sens de l’honneur,
il n’y a pas d’allié plus fidèle qu’un Cimmérien qui a prêté allégeance. Les yeux clairs et les cheveux
foncés, ils ont fait des montagnes hostiles leur maison et se sont adaptés à elles. Leurs cabanes en
bois feraient rire un citadin, mais il n’y a pas de meilleur endroit pour passer un hiver.

Les Cimmériens sont agiles et habitués à l’activité physique, car tous ont la responsabilité de chasser
et de défendre le clan. Équipés d’armes en obsidienne ou en os, aussi effilées que les meilleurs cou-
teaux de Sippar, aucune proie ne leur échappe, qu’il s’agisse d’un cerf ou d’une caravane akkadienne.

Unis par un lien profond avec la terre sur laquelle ils vivent, les Cimmériens reçoivent, un peu avant
d’atteindre la puberté, la visite d’un esprit animal qui deviendra son totem. Le caractère de l’animal
que l’esprit incarne marquera à jamais la personnalité et les capacités du Cimmérien. Si,
par exemple, son totem est un ours, il aura un caractère agréable et calme, mais fort.
Ou, si c’est un faucon, il sera probablement attentif et agile, mais distant.

Au fil du temps, certains Cimmériens parviennent à une union avec leur totem plus
profonde que celle des autres. Connus sous le nom de chamans, ils entretiennent
une relation très particulière avec le monde des esprits et sont respectés dans leur
clan pour leur sagesse.

Bien que la plupart des Awilu ne considèrent les Cimmériens comme rien de plus
qu’une gêne occasionnelle, Sargon ne fait pas l’erreur de les sous-estimer. Il
attend seulement de pouvoir les éliminer une fois pour toutes avant qu’ils ne
commencent à devenir un problème grave.

Bonus de caractéristique : les Cimmériens sont habitués à vivre dans la na-

ture et à en tirer ce dont ils ont besoin. Courir, grimper ou se battre fait partie
de leur vie quotidienne et ils sont en excellent état physique. Un personnage
Cimmérien ajoute +1 à sa caractéristique Dextérité.

Personnages : vous n’êtes plus dans votre village, avec votre clan. Peut-être
êtes-vous parti chercher vengeance ou avez-vous été envoyé en mission im-
portante. Vous voulez peut-être simplement voir le monde ou voyager à la
recherche de la fortune.

Il ne fait aucun doute que, quand vous reviendrez enfin, vous ne serez plus le
même. Quel genre d’histoires raconterez-vous à votre retour ? Enfin, s’il reste
encore quelqu’un à qui les raconter...
 naissance 17

Nomades Uridimmu

Il n’y a pas de terre plus hostile à Kishar qu’Éria, le grand désert. Ses sables ardents finissent par tuer
les fiers qui osent les sous-estimer et sa beauté saisissante émerveille qui le contemple. Le simple
quotidien y représente une lutte pour la survie et seuls les plus fous ou les plus désespérés osent le
défier. Cependant, les Uridimmu (« les chiens enragés ») ne pourraient pas être plus à l’aise ailleurs.

Aussi connus sous le nom d’Amorrites (« ceux qui vivent à l’ouest »), les Uridimmu ont un corps si-
milaire à celui d’un Mushkenu, bien que plus mince et fibreux, avec la tête d’un chacal. Leur taille se
trouve à mi-chemin entre celle d’un Awilu et d’un Mushkenu (1,65 m en moyenne) et ils possèdent
des sens extrêmement aiguisés, leur permettant de détecter un envahisseur ou une tempête de
sable à des distances incroyables.

Ils vivent comme des nomades, passant les heures les plus chaudes de la journée et les plus froides
de la nuit sous leurs tentes, qui changent d’emplacement rapidement dès que la situation l’exige. Ils
voyagent avec des troupeaux de dromadaires, qu’ils vénèrent. Ils savent que sans eux, leur mode de
vie ne serait pas possible. Les Uridimmu sont organisés en tribus, chacune étant identifiée à la fois
par la combinaison des couleurs de leur fourrure, de leurs vêtements et par l’odeur qu’elle dégage.
Ils protègent leurs corps du soleil avec de longues tuniques légères en coton, les thawb, et des
turbans qu’ils enroulent autour de leurs têtes.

Les femmes sont protégées par leur mari ou leur père, qui les cachent et ne leur permettent de
s’exposer que si elles couvrent entièrement leur silhouette et cachent leurs traits derrière des voiles.
Cependant, à l’intérieur de leur tente, elles sont les propriétaires et les maitresses, s’occupant de la
bonne tenue des lieux. La vie difficile dans le désert a fait que les Uridimmu valorisent profon-
dément l’hospitalité. Ils accueilleront toujours le voyageur qui en fait la demande. Néanmoins,
ils défendront leur maison et leur famille avec une fureur presque animale.

Certains Uridimmu voyagent dans l’Empire d’Akkad et y travaillent comme mercenaires, pi-
rates, marchands ou contrebandiers, mais tous doivent retourner dans le désert et y passer
quelques jours au moins une fois tous les cinq ans. C’est ce qu’ils appellent « l’Appel du
désert », et c’est un sentiment presque impossible à réprimer quand il survient. Leur
relation avec d’autres races ne leur fait pas oublier qui ils sont et d’où ils viennent.

Beaucoup d’Uridimmu croient que sous le grand désert d’Éria se trouvent les ruines
d’un ancien empire dont ils seraient les descendants. Certains pensent que
s’ils perçaient les secrets de cette civilisation, ils retrouveraient leur pouvoir
d’autrefois. Et ainsi les Awilu d’Akkad, qui se croient si uniques, trembleraient.

Bonus de caractéristique : les Nomades Uridimmu ont des sens très affutés.
Leur ouïe, leur vue et leur odorat peuvent percevoir des choses que d’autres races
négligeraient. Un nomade Uridimmu ajoute +1 à sa caractéristique Perception.

Personnages : vous ne travaillez plus pour le bien de votre tribu. Que vous gagniez
votre vie en tant que mercenaire, voleur ou guide, peu importe. Pas plus que vous
ayez fait fortune en commerçant avec les Awilu ou que vous fuyez ce gladiateur
Cimmérien qui veut votre mort. L’Appel du désert est la seule chose qui oc-
cupe votre esprit maintenant. Allez-vous l’ignorer plus longtemps ?

Ou peut-être servez-vous les intérêts de votre tribu, même si vous

êtes loin de votre famille. Vous remplissez peut-être une mission d’une
importance primordiale pour elle. Où cela vous mènera-t-il ?
18 LA FORGE D’ UN DESTIN

Marchands d’Assur

Race : contrairement aux autres cultures, qui sont limitées à une seule race, les personnages mar-
chands d’Assur peuvent être Awilu ou Mushkenu. Choisissez la race qui vous convient et inscrivez-la
sur la feuille de personnage comme suit, dans l’espace consacré à la culture : Marchand d’Assur (Awilu)
ou Marchand d’Assur (Mushkenu).

Assur est une cité différente des autres. Bien qu’elle appartienne à l’Empire, aucune autre cité ne traite
mieux les esclaves. Elle n’est gouvernée par aucun Ensi, mais par son dieu tutélaire, Ashur.

Ashur, Dieu du Commerce et de la Connaissance, est le seul des Dieux Anciens dont le culte est autorisé
en Akkad. Sargon et lui se seraient rencontrés en privé et auraient passé sept jours et sept nuits à négo-
cier. À la suite de cette rencontre, la cité d’Assur aurait bénéficié de privilèges spéciaux en échange du
maintien de son réseau commercial, sans lequel Akkad s’effondrerait. De plus, Ashur obtint un sursis
dont aucun autre dieu n’eut l’honneur. Les Awilu d’Assur pensent que leur dieu est sorti gagnant de cet
accord, car même Sargon n’aurait pu vaincre le Seigneur des Marchands dans une négociation.

Assur n’est pas une cité très peuplée, mais c’est parce qu’une grande partie de ses habitants voyagent
continuellement dans tout l’Empire. Dans pratiquement toutes les cités en Akkad se trouve un petit
Karum, ou quartier marchand, pour accueillir les Assur qui ont voyagé jusque là. Ces Karum ont tou-
jours leur propre petite garnison et un temple dédié à Ashur. Les Karum tissent un réseau commercial
touffu qui forme, en réalité, un empire au sein de l’Empire.

Bien que les Awilu d’Assur utilisent une multitude d’esclaves Mushkenu et même certains Wardu, ces
derniers jouissent d’une autonomie (qui ne veut pas dire liberté) qui n’est donnée nulle part ailleurs en
Akkad. Peut-être parce que visiter des terres lointaines leur a ouvert l’esprit, parce qu’ils conservent
encore une partie des vieilles coutumes ou simplement parce qu’ils sont des
hommes pratiques, les citadins d’Assur permettent à leurs esclaves de mener
eux-mêmes leur commerce et d’organiser leurs propres affaires. Tant qu’ils re-
mettent la part qui revient à leurs maitres, bien sûr. Un marché aussi grand que
celui des Mushkenu ne peut être ignoré, et il ne serait pas bien vu qu’un Awilu
s’abaisse à négocier avec un esclave.

Ils n’ont pas non plus de scrupules à traiter avec des étrangers, comme les
Uridimmu ou les Cimmériens, même si certains en Akkad sont horrifiés par
ces échanges. Si l’on ajoute à cela l’intérêt soudain d’Ashurbanipal, l’actuel
Isshiak Ashur, à obtenir des tablettes écrites en langue ancienne, on peut
comprendre pourquoi les nobles les plus proches de Sargon commencent à
s’agiter. Mais ils ne peuvent rien faire. Les marchands d’Assur sont essen-
tiels à la survie de l’Empire.

Bonus de caractéristique : les marchands d’Assur ne perdent jamais dans

une négociation. Leurs offres semblent toujours irrésistibles et ils savent quoi
dire pour attirer l’attention de leurs clients. Un personnage marchand d’Assur
ajoute +1 à sa caractéristique Charisme.

Personnages : comment vous êtes-vous laissé entrainer dans cette folie ?

Certains pensent que c’était parce que vos affaires allaient mal. D’autres
soupçonnent que cela avait à voir avec cette belle Mushkenu. Mais inutile de
méditer sur la vraie raison. Une seule pensée occupe maintenant votre
esprit : comment vais-je m’en sortir ? Ou plutôt : comment vais-je m’en
sortir en récupérant un maximum de bénéfices ?
 naissance 19

CARACTÉRISTIQUES • Charisme : le Charisme représente la capacité

Une fois la culture d’origine choisie, il est temps
de déterminer les caractéristiques du person-
nage. Quelles sont vos capacités naturelles et
quelles sont vos forces et vos faiblesses.
Parmi les six caractéristiques que vous verrez
ci-dessous, choisissez-en deux qui seront les
points forts de votre personnage et deux qui
seront ses points faibles.
• Dextérité  : la Dextérité représente l’agilité,
la coordination et la compétence manuelle.
Les personnages avec une grande Dextérité
se déplacent avec grâce, rapidité et sont très
habiles. En revanche, ceux qui ont une faible
Dextérité agissent maladroitement et ont
tendance à trébucher.
• Force  : la Force indique à la fois la force
pure et la capacité à supporter les châtiments
corporels. Un personnage avec une Force
élevée sera musclé et résilient, tandis qu’un
autre avec une Force médiocre connaitra des
difficultés à porter des charges lourdes et
tombera malade facilement.
• Ingéniosité  : l’Ingéniosité mesure à la fois
l’intelligence analytique, la ruse et la capa-
cité d’improvisation. Les personnages ingé-
nieux peuvent comprendre et se souvenir de
concepts complexes, en plus d’avoir toujours
une réplique mordante au bord des lèvres.
Cependant, les personnages peu ingénieux
ont du mal à faire des liens logiques et à sur-
monter les énigmes les plus triviales.
• Perception  : la Perception est une mesure
de la capacité du personnage à être attentif
à son environnement. Une Perception élevée
désigne un individu en phase avec son en-
vironnement et qui est difficilement pris au
dépourvu. D’autre part, une faible Perception
caractérise des personnages négligents ou
distraits.
innée d’influencer les autres et de les amener
à faire ce que l’on veut. On le trouve souvent
chez les leaders et les orateurs. Un person-
nage charismatique peut obtenir ce qu’il veut
et insuffler du respect, tandis que quelqu’un
qui manque de Charisme fera bâiller d’ennui
même ses meilleurs amis.
• Volonté  : la Volonté représente la force
de conviction. Une Volonté élevée indique
la confiance en soi et dans ses idéaux. Une
faible Volonté est propre à des personnages
sans opinion et qui se laissent facilement
influencer.
Vous devez maintenant lancer 3D pour cha-
cune des caractéristiques de votre personnage
et prendre le résultat de l’un des trois dés. Ce
nombre (de 1 à 6) sera la valeur de cette carac-
téristique. Le dé que vous garderez sera :
• Le dé avec le résultat le plus élevé si cette
caractéristique est un point fort.
• Le dé avec le résultat le plus bas si cette ca-
ractéristique est un point faible.
• Le dé avec le résultat intermédiaire si cette
caractéristique n’est ni un point fort ni un
point faible.
Une fois que vous avez fait cela avec les six
caractéristiques, vous pouvez relancer l’un des
jets de dés, en relançant 3D pour garder l’un
d’entre eux. Cependant, vous devrez conserver
le nouveau résultat, même s’il est pire que le
précédent.
De cette façon, bien qu’il y ait de nombreuses
chances que les points forts de votre person-
nage soient ses caractéristiques les plus élevées
(et les points faibles les plus basses), il n’est
pas forcément nécessaire qu’il en soit ainsi.
Après tout, nous ne sommes jamais exactement
comme nous aimerions être, n’est-ce pas ?

RÉPARTITION DES POINTS DE CARACTÉRISTIQUES

Les joueurs peuvent, en accord avec le MJ, déterminer les caractéristiques des PJ en répartissant 21 points
entre elles au lieu de choisir des points forts et des points faibles où attribuer les résultats des jets de dés.
Si cette méthode alternative est utilisée, aucune caractéristique ne peut dépasser 6 avant d’appliquer le « Bonus
de caractéristique » lié à la culture d’origine.
De plus, le MJ peut imposer des restrictions, par exemple qu’il n’y ait qu’une seule caractéristique inférieure à 2
ou supérieure à 5, s’il pense que les joueurs ont tendance à créer des personnages déséquilibrés.
20 LA FORGE D’ UN DESTIN
Ensuite, recherchez la section «  Bonus de ca-
ractéristique  » qui apparait dans votre culture
d’origine et augmentez d’un point la caracté-
ristique indiquée (donc celle-ci et seulement
celle-ci peut atteindre une valeur de 7). Notez
maintenant les valeurs finales des caractéris-
tiques sur la feuille de personnage.
Enfin, il faut additionner 10 + Force + Volonté
et indiquer ce total dans le cartouche indi-
qué Endurance de la feuille de personnage.
L’Endurance indique la capacité de votre per-
sonnage à continuer à avancer malgré la fatigue
ou les blessures.
NOM
Il est temps de trouver un nom pour votre per-
sonnage. Vous pouvez le choisir dans la liste des
noms proposée ci-après ou utiliser cette liste
comme source d’inspiration pour créer d’autres
noms appropriés.
Les noms des Awilu peuvent provenir de l’an-
cienne langue (le sumérien) ou de la nouvelle
langue (l’akkadien), bien que ceux de cette
dernière soient plus courants. Cependant, les
Mushkenu et les Wardu n’utilisent que des noms
Akkadiens. De plus, ils ont tendance à choisir
les plus courts et les plus faciles à prononcer.
Quant aux Assur, ils portent généralement les
mêmes noms que les autres habitants d’Akkad,
mais parfois ils utilisent certains noms propres
à leur culture qui représentent leur dévotion
particulière à Ashur.
Les barbares Cimmériens et Uridimmu ont des
noms propres à leur culture.
Noms Sumériens féminins  : Anu, Aruru,
Ashusik, Aya, Balashni, Delondra, Digirla,
Eanata, Galanna, Hanila, Inanna, Mammetu,
Ninbanda, Ningal, Ninlil, Neti, Puabi, Radjni,
Sabit, Shagsag, Shub-Ab, Shubure, Siduri, Silila,
Zashanna.
Noms Sumériens masculins : Anepada, Adad,
Amarshin, An, Eanatum, Belit-Sheri, Dungi,
Ekur, Enmebaragisi, Enmerkar, Enmul, Gudea,
Hanish, Humbaba, Ishme-Dagan, Lugulbanda,
Meskalam, Namtar, Ninurta, Rigiljo, Sangasu,
Shulgi, Ur-Sinnu, Utu, Ziusudra.
Noms Akkadiens féminins  : Adeshu-Dugat,
Ahashunnu, Agalshu, Ahati, Alitum, Amata,
Anagal-Meshshu, Arhuna, Arwia, Ashlultum,
Banunu, Beleshu, Beletsunu, Dilabni,
Enheduanna, Erishti-Aya, Ettu, Gamelat,
Gashansunu, Gemegishkiri-Hallat, Gemeka,
Gemetti, Hapati, Hanti-Adad, Humusi, Ia,
Iltanni, Ishkar, Kammani, Kinati, Ku-Aya, Ku-
Bada, Kulla, Lamashti, Lugal-Itu, Munawirtum,
Mushezibitu, Nidintu, Ninsunu, Pashtabi,
Puzannu, Ramashunnu, Sannashti, Shat-
Sina, Shub-Gamelat, Tabni, Ubalnu, Ugurni,
Yadidatum, Zakiti.
Noms Akkadiens masculins  : Arshaka,
Appan-Il, Aristun, Arshaka, Atti, Bassia,
Balashi, Balathu, Burna-Buriash, Dadanum, De-
Duresh, Dipatusu, Dudu, Ea-Nasir, Ekurzakir,
Enshunu, Enusat, Gina, Hilalum, Hunzuu,
Ibbi-Adad, Ikkupi, Ipqu-Aya, Ishme, Isiratu,
Kadashman, Kuri, Kurigalzu, Labashi, Laqip,
Ligish, Manishtushu, Nidintulugal, Nikanur,
Nigsummu, Nutesh, Puzur, Rihat, Rimush,
Seluku, Sharkedi, Sharrukin, Shilasu, Sin-Nasir,
Susandar, Tattannu, Ubar, Ugurnaszir, Yahatti,
Zuttushu.
Noms Assur féminins  : Ashur-Ila, Ashur-
Lanara, Ashur-Sina, Bel-Gamelat, Bel-Karinni,
Naquiya-Zakutu, Sharruk-Ena, Sharruk-
Iltaki, Sharruk-Radja, Shin-Kuzur, Shin-Sara,
Tiglat-Eribaashti, Tiglat-Innana, Tukulti-Nina,
Tukulti-Ubalnu.
Noms Assur masculins : Adad-Nenaru, Ashur-
Bel-Kala, Ashur-Dan, Ashur-Resh-Ishi, Ashur-
Ubalit, Bel-Ashipu, Bel-Ninari, Bel-Shanaar,
Sharruk-Ah-Eriba, Sin-Shar-Ishkun, Shamshi-
Adad, Shark-Kalisarri, Tiglat-Pileser, Tukulti-
Ninib, Tukulti-Ninurta.
Noms Cimmériens féminins  : Baia, Bedisa,
Borena, Chiora, Dali, Dedika, Dedisimeli,
Dudukhana, Dzabuli, Dzidzia, Eldhino, Eliso,
Endzela, Gedia, Gogutsa, Gulisa, Gultamze,
Gvantsa, Iathamze, Irema, Judjun, Khaltamze,
Kravai, Lamara, Lamzira, Maisa, Makvala,
Medea, Mthvarisa, Mzexa, Mzistvala, Nani,
Natia, Nugesha, Phatsia, Phirimzisa, Pikria,
Shorena, Sanatha, Sandua, Sulikho, Thanana,
Thathia, Tshinara, Tsiala, Tsisana, Tsiuri, Vardo,
Xatia, Zabuli.
 ENFANCE ET ADOLESCENCE
Noms Cimmériens masculins  : Anzori,
Batchana, Bagrat, Bakhva, Bebur, Bidzina,
Botso, Bukhuti, Datshi, Demna, Djavakhi,
Djokia, Djurkha, Djvebe, Dzaglika, Ghvinia,
Giga, Glakhuna, Gotsha, Gvtisavar, Khvtiso,
Invara, Ichkit, Imeda, Jarji, Katsia, Khazaberi,
Kokhta, Koti, Kutsna, Kvira, Lasha, Liparit,
Lukhum, Maxare, Mukhran, Naskhida, Nukri,
Orbeli, Paata, Revaz, Sekhna, Shevardena,
Tshalkhia, Tsotne, Ushisha, Vephko, Xareba,
Zezva, Zviad.
Noms Uridimmu féminins  : Aaliya, Aamira,
Alisha, Ameena, Ayesha, Azra, Basheera,
Benazir, Bibi, Bushra, Cala, Chaand, Daryah,
Deeba, Dilshad, Ebra, Faiza, Farah, Ghazala,
Gulzar, Halima, Hana, Haseena, Iamar, Inayat,
Jamila, Lubna, Mahjabeen, Meham, Misam,
Nahaz, Nadira, Naima, Nazrana, Oadira,
Parihan, Parveen, Rabina, Rehana, Ruksana,
Sanaz, Shamina, Sharazad, Taalib, Taslab,
Ulima, Varda, Vega, Yabisa, Zarina.
Noms Uridimmu masculins  : Abdul-Aleem,
Abdul-Fataah, Abdul-Muhaimin, Abdul-
Tawaab, Abed, Akbar, Alamgir, Amir, Arif,
Basheed, Basit, Bilal, Dilbar, Dost, Faiyaz,
Fareed, Eijaz, Farhad, Ghallib, Ghazni, Gulzar,
Hamid, Hashmat, Humayud, Ibrahim, Inthakab,
Iqbal, Ishrat, Jaan, Jalin, Jamaluddin, Khalil,
Khosrau, Latif, Mahtab, Mumtaz, Nabeel, Nadir,
Qasim, Qutub, Raamiz, Rashad, Rehmat, Rifat,
Sadik, Shaukat, Siraj, Talat, Wahid, Yusuf, Zahur.
ENFANCE ET ADOLESCENCE
Pensez à où et comment votre personnage a
grandi. Que faisait-il avant d’atteindre l’âge
adulte, qu’a-t-il appris et quelles expériences
a-t-il eues ? A-t-il grandi dans l’aisance ou dans
la pauvreté la plus absolue ? Les circonstances
entourant l’enfance et l’adolescence de votre
Alchimiste Charpentier
Artisan Chasseur
Assassin Commerçant
Professions
Aubergiste Concubin
Aventurier Contremaitre
Barbare Danseur
Barde Enseignant
Bourreau Érudit
21
personnage commenceront à définir sa person-
nalité et ses capacités. Dans cette étape, vous
déterminerez la première profession et le pre-
mier trait de caractère de votre personnage.
PROFESSION
Votre personnage a passé son enfance et son
adolescence à apprendre, que ce soit d’un tuteur
expert assis confortablement dans un jardin ou
dans des ravins escarpés au milieu de la nature.
Nous regroupons ces compétences que vous avez
apprises sous forme de professions. Une profes-
sion déterminera ce qu’un personnage sait faire
et dans quelles situations il sera le plus à l’aise.
Pensez à ce que votre personnage a fait pendant
cette période de sa vie, avec qui il a vécu, de qui
il a appris et ce qu’il faisait pour survivre. Avec
ces données, choisissez une profession du ta-
bleau ci-dessous ou, si aucune ne correspond à
l’idée que vous aviez en tête, inventez-en une. La
plupart des professions sont accessibles tant aux
personnages masculins que féminins.
Les professions peuvent avoir trois niveaux de
maitrise  : débutant (1), expérimenté (2) et
maitre (3). Votre personnage a de l’expérience
dans la profession que vous avez choisie ? Alors,
écrivez-la sur la feuille de personnage et mettez
un 2 dans le cadre qui est à sa droite.
Si votre personnage a vécu des premières an-
nées compliquées et que vous pensez qu’une
seule profession ne rend pas justice à ses expé-
riences, vous pouvez choisir une deuxième pro-
fession et noter les deux comme « débutant »
sur la feuille de personnage, en plaçant un 1 à
droite des deux professions.
Néanmoins, en cas de doute, n’en choisissez
qu’une seule. Vous aurez plus tard la possibilité
d’en choisir une autre.
Esclave Manouvrier Pêcheur
Exorciste Marin Pirate
Explorateur Mercenaire Prêtre
Forgeron Mineur Prostitué
Gladiateur Noble Scribe
Guide Nomade Soldat
Herboriste Oracle Sorcier
Majordome Paysan Voleur
22 LA FORGE D’ UN DESTIN

CARACTÈRE recherche. Choisissez l’un d’eux et écrivez-le

Les personnages de La Porte d’Ishtar sont for-
tement marqués par leur personnalité et leur
caractère. Le moment est venu de choisir le
premier trait de caractère en lien avec l’enfance
et l’adolescence de votre personnage. C’est un
mot qui décrit une facette importante de la per-
sonnalité de votre personnage. Par exemple  :
« Lâche », « Curieuse » ou « Méthodique ».
Vous trouverez ci-dessous une liste de traits de
caractère parmi lesquels vous pouvez choisir,
jumelés à leurs opposés pour faciliter votre
dans la section intitulée «  Caractère  » de la
feuille de personnage.
Cette liste est loin d’être complète, car il serait
impossible de cataloguer tout le spectre des fa-
cettes de la personnalité humaine. Aussi, si vous
pensez à un trait de caractère qui n’y apparait pas,
ne vous inquiétez pas, vous pouvez l’utiliser éga-
lement. Cela dit, lorsque vous le choisissez, gar-
dez à l’esprit l’environnement dans lequel votre
personnage a été élevé et a passé les premières
années de sa vie. Peu de choses marquent plus
une personne que ses premières expériences.

Agressif Pacifique Leader Suiveur

Enjoué Aigri Loquace Réservé
Rusé Obtus Lubrique Chaste
Traits de Caractère

Attentif Distrait Nerveux Calme

Intrépide Prudent Optimiste Pessimiste
Têtu Tolérant Raisonnable Impétueux
Compatissant Cruel Rebelle Soumis
Curieux Discret Altruiste Égocentrique
Stoïque Plaintif Gentil Sympathique
Généreux Égoiste Sincère Menteur
Innocent Méfiant Sociable Timide
Inquisiteur Crédule Travailleur Paresseux
Colérique Posé Courageux Lâche

lien avec le personnage du joueur qui est à

MATURITÉ votre gauche (hors meneur de jeu).

J’espère que vous avez été attentif aux person-
nages que vos compagnons de départ ont créés,
car au cours de cette étape, l’un d’eux fera par-
tie de la vie du vôtre.
Pensez à la façon dont votre personnage a vécu
son âge adulte. Qu’a-t-il fait après avoir terminé
ses années de formation  ? Que fait-il mainte-
nant ? Cette période peut être aussi longue ou
aussi courte que vous le souhaitez. Votre per-
sonnage peut être un jeune homme qui veut
croquer la vie et le monde, un vieil homme au
crépuscule de sa vie ou de tout autre âge entre
les deux.
Ils ne se sont peut-être vus qu’une seule fois
dans leur vie ou ont travaillé ensemble pendant
des années. L’important, c’est qu’ils aient eu un
contact conscient. Vous décidez comment ils
se sont rencontrés et ce que le personnage de
l’autre joueur a fait. Son propriétaire légitime
peut désapprouver certaines situations et faire
des suggestions sur la façon dont les person-
nages ont pu se rapprocher.
Vous avez le dernier mot, mais rappelez-vous
que les personnages sont créés en groupe et
que tout le monde doit être satisfait du résultat.
Rappelez-vous que vous êtes assis à la gauche
de quelqu’un aussi !

Vous avez la liberté de décider ce que votre
personnage a fait pendant cette période, mais,
quelle que soit son histoire, il y a une règle que
vous devez suivre : à un moment donné de sa
maturité, votre personnage doit avoir été en
Pendant la période de la maturité, votre per-
sonnage a appris une deuxième profession et
développé son deuxième trait de caractère.
Vous devez également déterminer maintenant
ses capacités de combat.
 MAturité 23

SORCIERS

S’ils le souhaitent, les joueurs les plus expérimentés peuvent choisir l’option suivante plutôt que l’un des deux
choix de profession pendant la maturité :

Votre personnage est débutant dans la profession « Sorcier » et apprend un sort de niveau 1. S’il était déjà
débutant (parce qu’il a acquis la profession en tant que débutant pendant son enfance et son adolescence), il
devient expérimenté et apprend un nouveau sort de niveau 1. S’il était déjà expérimenté (parce qu’il a acquis
la profession à ce niveau pendant son enfance et son adolescence), il ne devient pas maitre, mais il apprend
deux sorts de niveau 1 ou un sort de niveau 2, au choix. Vous trouverez une liste de sorts dans le chapitre
Dieux et Sorciers.

Vous devez être très prudent lors du choix de cette option et plus encore si le personnage finit par être un
sorcier expérimenté. Les sorciers sont des êtres très puissants, mais ils doivent faire de grands sacrifices pour
pouvoir maitriser les forces arcaniques. La plupart du temps, ils finissent souvent fous ou même pire. Si vous
ne savez pas si vous devez choisir ou non cette option, parlez-en avec votre MJ.

Les sorciers font souvent de bien meilleurs ennemis que des protagonistes.

PROFESSION CAPACITÉS DE COMBAT

Choisissez l’une des options suivantes :
• Votre personnage est expérimenté (2) dans
une profession. Vous ne pouvez pas choisir
une profession que vous avez déjà choisie
pendant l’enfance et l’adolescence.
• Votre personnage est débutant (1) dans deux
professions. Si vous étiez déjà débutant dans
l’une d’entre elles (pour représenter ce que
vous avez appris pendant l’enfance et l’adoles-
cence), vous deviendrez expérimenté. Vous
ne pouvez pas choisir une profession où votre
personnage a déjà été expérimenté et l’aug-
menter jusqu’à « maitre ». Une telle maitrise
dans une profession est réservée à quelques
individus. Mais ne vous inquiétez pas, votre
personnage aura le temps d’atteindre ces ni-
veaux de maitrise lors de ses aventures.
Notez votre choix sur la feuille de personnage.
CARACTÈRE
Choisissez un deuxième trait de caractère pour
votre personnage, de préférence différent de
celui que vous avez déjà et notez-le dans la
section correspondante de la feuille de person-
nage. Plus les traits seront différents, mieux ils
définiront votre personnage.
Par exemple, ne choisissez pas «  Prudent  » si
vous aviez déjà choisi « Attentif ».
Tous les personnages joueurs de La Porte
d’Ishtar savent se défendre plus ou moins bien
le moment venu. Peu importe si cela est dû à
un entrainement martial intense, à une agilité
surhumaine ou, tout simplement, à la chance.
Ne vous laissez pas tromper par les apparences,
car beaucoup de princesses délicates en ont
surpris plus d’un, ne s’avérant pas être les proies
aussi impuissantes qu’ils imaginaient.
Les capacités de combat sont les suivantes :
• Corps à corps  : l’habileté de votre person-
nage au combat en mêlée, qu’il s’agisse d’un
puissant guerrier brandissant une hache de
bataille, d’un expert en combats de taverne
ou d’un humble cuisinier se défendant avec
une casserole en bronze.
• Distance : la capacité d’attaquer un ennemi
qui se trouve loin de votre personnage. Il
peut s’agir d’un tireur expert avec son arc,
d’un lanceur de couteau sans pareil ou d’un
chasseur armé d’une fronde.
• Défense  : la capacité d’éviter d’encaisser
des dégâts. En esquivant les coups ou en les
parant. Peut-être est-il très fort, très insaisis-
sable ou parvient-il simplement à s’accroupir
au moment le plus opportun.
• Manœuvre  : la capacité d’analyser une si-
tuation au milieu du combat et de réagir
en conséquence. Cela indique également
24 LA FORGE D’ UN DESTIN
la capacité de trouver des situations avan-
tageuses ou de tromper l’adversaire. Cette
capacité peut indiquer que votre personnage
est un grand stratège, un escroc rusé ou qu’il
est toujours au bon endroit, au bon moment.
Ces capacités commencent toutes à 1 et vous
pouvez répartir 10 points supplémentaires entre
elles comme vous le souhaitez. La seule condi-
tion est que ces capacités ne peuvent avoir une
valeur supérieure à 6.
Vous verrez que sur la feuille de personnage, à
droite des capacités de combat, vous trouverez
un espace pour les armes et l’armure. Pour le
moment, vous n’avez rien à écrire dessus. Dans
le chapitre Sang et Sable, dans la section des
conflits, nous vous expliquerons comment rem-
plir cette partie de la feuille de personnage. De
plus, il se peut que vous n’ayez pas besoin de le
faire pendant la première session.
TOURNANT
Vient la partie la plus importante de la création
de votre personnage : le tournant, le moment de
sa vie où tout a changé. Cet instant où quelque
chose se passe, qui chamboule tout ce qu’il
connait. C’est peut-être le moment où il a dit
« Ça suffit ! », le jour où il a perdu ce qu’il voulait
le plus ou enfin obtenu ce qu’il désirait le plus.
Décidez ce en quoi consiste ce tournant, com-
ment l’ancienne vie s’est terminée et comment
votre personnage a commencé le nouveau che-
min qu’il emprunte maintenant. Mais gardez à
l’esprit qu’il y a un certain nombre d’exigences
que vous devez remplir.
• Le personnage du joueur qui est à votre
droite doit jouer un rôle important dans le
tournant de votre personnage. Comme pen-
dant la maturité, rappelez-vous que ce joueur
devra approuver les actions de son person-
nage, mais la décision finale vous appartient.
• Les tournants de tous les personnages
doivent survenir dans des temps proches les
uns des autres. À quelques jours d’intervalle
tout au plus. Il n’est pas possible que celui
d’un personnage se produise deux mois après
celui d’un autre.
• Tous les personnages doivent être ensemble
après leurs tournants respectifs. Pas pendant
les tournants eux-mêmes, mais immédiate-
ment après qu’ils se soient produits.
Une fois le tournant déterminé, il ne reste plus
qu’à choisir le troisième trait de caractère, la
devise et les deux objectifs de votre person-
nage. Ensuite, il sera temps de mettre la touche
finale.
CARACTÈRE
Comme pour les deux étapes précédentes,
choisissez un trait de caractère. Encore une fois,
essayez de ne pas en choisir un trop semblable
aux deux que vous avez déjà. Et gardez à l’esprit
ce qui est arrivé à votre personnage lors de son
tournant.
DEVISE
La devise de votre personnage est constituée
d’une ou de deux phrases qui le définissent.
C’est ce qui le guide et lui sert de boussole
morale.
Cette devise résume ses motivations et sa fa-
çon de voir le monde en un mot ou une courte
phrase. Choisissez-en une et inscrivez-la sur la
feuille de personnage, dans l’espace réservé à
cet effet.
Voici quelques exemples de devises pour vous
guider un peu dans votre choix :
- Ils pourront me prendre la vie, mais ils ne
m’enlèveront jamais ma liberté.
- La connaissance, c’est le pouvoir.
Je la garde précieusement.
- Rien n’arrive par hasard.
- Vivre et laisser vivre. Les dieux puniront.
- Personne ne dit complètement la vérité.
- Je n’ai peur de rien si je peux le
frapper avec mon épée.
OBJECTIFS
Votre personnage aura deux objectifs qui le sui-
vront tout du long de ses aventures : un objectif
à court terme et un objectif à long terme.
 tournant
L’objectif à court terme représente ce que votre
personnage veut réaliser dans un proche avenir
et doit être plausible, changeant avec une cer-
taine fréquence selon que ses plans se réalisent
ou non.
Pensez à un objectif approprié et notez-le dans
la section correspondante de la feuille de per-
sonnage. Il sera habituellement en lien avec la
situation de votre personnage juste à la fin du
tournant. Voici quelques exemples d’objectifs à
court terme :
- S’enfuir de la cité.
- Se débarrasser du pendentif.
- Trouver ma sœur.
- Voler la dague sertie de joyaux de l’Ensi.
- Déchiffrer la tablette du scribe.
- Être recruté comme mercenaire.
L’objectif à long terme représente un désir pro-
fond de votre personnage. Ce qu’il aimerait
devenir dans la vie ou ce qu’il voudrait obtenir
par-dessus de tout. Il ne semblera pas toujours
réalisable, mais cela ne veut pas dire que le per-
sonnage n’y mettra pas tout son cœur et toute
son énergie. L’objectif à long terme changera
tout au plus une (ou exceptionnellement deux)
fois dans toute une campagne et pourra parfai-
tement en être l’objectif final.
Trouvez-en un approprié et écrivez-le sur la
feuille de personnage. Ne craignez pas d’être
trop ambitieux ou grandiloquent. Cet objectif
est votre meilleur outil pour communiquer
au meneur de jeu vers où vous voulez que la
campagne soit dirigée et quelles situations vous
souhaitez jouer. Voici quelques exemples dont
vous pouvez vous inspirer :
- Libérer les Mushkenu de Nippur du joug de
l’esclavage.
- Trouver un moyen pour les Wardu de se
reproduire.
- Faire renaitre le culte des Dieux Anciens.
- Découvrir le secret de l’immortalité de
Sargon.
- Devenir le chef de la guilde des assassins.
- Unir les tribus Uridimmu en une seule
nation.
25
TOUCHES FINALES
Vous avez presque terminé votre personnage. Il
suffit d’ajouter quelques détails.
Si vous voulez revenir en arrière et modifier un
aspect de votre personnage (comme le nom
ou un trait de caractère), il est toujours temps.
Parlez-en avec les autres joueurs et changez
tout ce qui est nécessaire.
Il ne vous reste plus qu’à :
• Noter les possessions de votre personnage.
Considérez son passé et sa situation actuelle
et écrivez quelque chose de raisonnable sur la
feuille de personnage. Ce n’est pas la même
chose d’être un noble ou un mendiant. Mais il
n’est pas non plus nécessaire de détailler ab-
solument tout ce que porte votre personnage,
seulement le plus pertinent.
• Écrire le nombre  3 dans l’espace réservé aux
Points de Caractère, ce nombre étant le
même pour tous les personnages joueurs qui
débutent. Il variera plus tard.
• Préciser ses traits physiques, comme sa
taille ou la couleur de ses cheveux.
• Tout au long de ce processus, vous avez créé
l’histoire de votre personnage. Écrivez-la
pour ne pas l’oublier. Elle s’étoffera vite avec
de nouveaux exploits.
De plus, votre personnage possède deux attri-
buts appelés Passion et Détermination, au bas
de la feuille de personnage, près de la devise.
Ces deux attributs peuvent être utilisés trois fois
maximum chacun. Il faudra alors l’indiquer dans
les cercles présents sous l’attribut concerné.
Comme vous l’apprendrez plus tard, la Passion
et la Détermination permettront à votre person-
nage d’accomplir des exploits incroyables et de
devenir un héros. Pour le moment, il vous suffit
de savoir qu’elles existent et dans quelle partie
de la feuille de personnage elles se trouvent.
Et c’est tout. Que l’aventure commence !
Après cette étape commence la première session
de la campagne, la nouvelle vie de vos person-
nages. Et leurs tournants les ont certainement
laissés dans une situation très intéressante.
26 LA FORGE D’ UN DESTIN

AUTRES RELATIONS

Bien qu’un personnage joueur doive obligatoirement avoir une sorte de relation avec deux autres PJ, ceux
des joueurs assis à gauche et à droite, il ne doit pas nécessairement se limiter à ces deux relations.

Si, pendant le processus de création, vous voulez établir une autre relation (avec le PJ du joueur qui se trouve
devant vous, par exemple), faites-le sans crainte. Vous aurez ainsi un personnage plus riche et mieux intégré
avec ses compagnons d’aventure.

DIAGRAMME DU PROCESSUS DE CRÉATION

• Culture d’origine
NAISSANCE • Caractéristiques
• Nom

ENFANCE
• Profession
ET
• Trait de caractère
ADOLESCENCE

• Profession
• Joueur de gauche MATURITÉ • Trait de caractère
• Capacités de combat

• Trait de caractère
• Devise TOURNANT • Joueur de droite
• Objectifs

• Équipement
TOUCHES FINALES • Points de Caractère
• Traits physiques
• Histoire

EXEMPLE DE PERSONNAGE
Voici un exemple de personnage créé en suivant ces différentes étapes afin de vous guider quant
au fonctionnement pratique du processus de création. Andréa va créer son personnage : Amata,
l’ancienne esclave de Naram-Sin.
 exemple de personnage
NAISSANCE
Amata est née esclave. Mais pour peu de temps.
Juste après être sortie du ventre de sa mère, des
assassins sont entrés chez son maitre et ont mis
fin à la vie de l’Awilu. Habituellement, lorsque
cela survient, la famille de l’assassiné hérite de
ses esclaves avec le reste de ses biens, mais la
mère d’Amata, profitant du fait que sa fille n’était
pas encore reconnue, la confia à un mendiant
Mushkenu qui vivait dans les rues de Nippur.
Amata est une esclave Mushkenu. Agile et in-
telligente, ses points forts sont la Dextérité et
l’Ingéniosité. Petite et timide, ses points faibles
sont la Force et le Charisme. Andréa fait les jets
suivants pour ses caractéristiques :
• Dextérité : Obtient 1, 3 et 4. Comme c’est l’un
de ses points forts, elle garde le 4.
• Force : Obtient 2, 2 et 5. Comme c’est l’un de
ses points faibles, elle garde le 2.
• Ingéniosité : Obtient 1, 2 et 2. Comme c’est
l’un de ses points forts, elle garde le 2.
• Perception : Obtient 1, 3 et 6. Comme il ne
s’agit ni d’un point fort ni d’un point faible,
elle garde le 3.
• Charisme  : Obtient 3, 6 et 6. Comme c’est
l’un de ses points faibles, elle garde le 3.
• Volonté : Obtient 1, 3 et 3. Comme il ne s’agit
ni d’un point fort ni d’un point faible, elle
garde le 3. Elle ajoute +1 puisqu’elle est une
Esclave Mushkenu et se retrouve donc avec
un total de 4.
Comme Andréa a obtenu une valeur d’Ingénio-
sité très basse alors que c’est l’un de ses points
forts, elle décide de relancer les dés et obtient
1, 4 et 6. Elle remplace donc le 2  qu’elle avait
obtenu précédemment par le 6.
Pour finir cette étape, Andréa calcule l’Endu-
rance d’Amata, qui s’élève à 10 + 2 (Force) + 4
(Volonté), soit un total de 16.
ENFANCE ET ADOLESCENCE
Amata grandit sous les soins de Diipani, un
Mushkenu âgé qui lui enseigna l’art interdit de
l’écriture. Elle adorait Diipani et connaissait le
bonheur à ses côtés. Malheureusement, un jour,
Diipani fut victime d’un accident et ne fut plus
27
capable de marcher. Elle dut donc trouver un
moyen d’obtenir de la nourriture et de l’eau pour
tous les deux. Comme elle était petite et insaisis-
sable, elle réussit à survivre grâce à ce qu’elle par-
venait à voler sur les étals du marché de la cité.
Andréa décide qu’Amata a deux professions au
niveau débutant : « Voleuse », car elle réussit à
voler sur les étals du marché et « Scribe » pour
les enseignements inculqués par Diipani.
Comme premier trait de caractère, elle choisit
«  Innocente  ». Jusqu’à présent, Amata a vécu
une existence heureuse aux côtés de Diipani et
sa conception simple et innocente du monde
fait partie d’elle depuis de nombreuses années.
MATURITÉ
Un après-midi, Amata se divertissait, comme elle
le faisait souvent, en écrivant sur le sable dans
la rue. C’est alors que Naram-Sin, le petit-fils
de Sargon, la remarqua. Celui-ci pensa qu’une
esclave qui savait écrire pourrait s’avérer très
utile, alors il s’approcha d’elle et lui demanda
gentiment où était son maitre. Elle le guida inno-
cemment jusqu’à Diipani. Une fois sa destination
atteinte, Naram-Sin la confia à son Wardu le plus
fidèle et lui dit qu’elle serait emmenée dans un en-
droit merveilleux. Hors de la vue de la jeune fille,
Naram-Sin tua le vieil homme.
Elle fut ensuite formée pendant des mois dans la
maison de Naram-Sin dans les arts des plantes et
des onguents. Après avoir terminé avec succès
son éducation, elle fut chargée de la tâche qu’elle
accomplirait pour le reste de sa vie d’esclave : in-
culquer cette connaissance aux deux enfants de
Naram-Sin, qu’elle apprit à aimer avec le temps.
Pendant les années où elle servit Naram-Sin et
éduqua ses enfants, elle vit à plusieurs reprises
un mystérieux Mushkenu au regard maussade
et à l’énorme ventre se réunir secrètement avec
son maitre. Que voulait un tel homme de son sei-
gneur ? Qui était-il pour mériter audience auprès
du petit-fils de Sargon ?
Andréa a inclus Kuri le Gros, le personnage du
joueur à sa gauche (Pablo) dans le récit de la
maturité d’Amata. En tant que deuxième pro-
fession, Andréa choisit « Herboriste » au niveau
28 LA FORGE D’ UN DESTIN
expérimenté, car elle a passé son âge adulte à
éduquer dans cet art les enfants de Naram-Sin.
Pour le deuxième trait de caractère d’Amata,
Andréa choisit « Gentille ». Son personnage est
conscient de son statut d’esclave, mais les en-
fants qu’elle a vus grandir ont gagné son cœur
et elle ne peut s’empêcher de bien les traiter et
de les aimer sincèrement.
Concernant les capacités de combat, Andréa
distribue les dix points supplémentaires pour
Amata comme suit :
• Corps à corps : des années de coupe et de
préparation d’herbes lui ont donné une cer-
taine habileté avec un couteau : 3
• Distance : elle n’a pas de connaissances par-
ticulières à cet égard : 1
• Défense : Amata est plus difficile à saisir qu’il
n’y parait : 5
• Manœuvre : toujours un coup d’avance, elle
a l’habitude d’échapper à des situations diffi-
ciles : 5
TOURNANT
La vie d’Amata se passait relativement norma-
lement jusqu’à ce que, par négligence, elle laissa
les enfants près d’un bol avec des herbes. Quand
elle retourna à la salle où ils se trouvaient, elle ne
put en croire ses yeux. Le plus jeune d’entre eux,
Amar-Sin, gisait sur le sol sans vie. Mais il ne pou-
vait pas l’être ! Les herbes n’étaient pas toxiques !
S’était-elle trompée dans son mélange ?
Elle sut alors qu’elle n’avait pas d’autre choix que
la fuite. Elle aimait cet enfant de toute son âme,
mais son maitre ne voudrait rien savoir. Et, après
tout, elle était peut-être responsable de sa mort...
Au milieu de sa fuite, elle se heurta à Razak, un
Mushkenu auquel elle avait déjà remis quelques
tablettes avec des prières sur ordre de son chef
esclave. Il semblait aussi nerveux qu’elle et elle
essaya de lui expliquer ce qui était arrivé, mais ils
ne réussirent pas à se comprendre. Elle eut juste
le temps de lui dire qu’ils devaient fuir de là, vite.
Ils s’échappèrent aussi vite qu’ils le purent et
se réfugièrent dans le taudis où vivait Razak.
Maintenant, ils devaient penser à la façon de sortir
de la cité. Attendez ! Celui-là là-bas, ce n’est pas
ce Mushkenu qui parlait parfois à Naram-Sin... ?
Dans son tournant, Andréa a inclus Razak, le
personnage du joueur à sa droite (Félix). La
raison pour laquelle Amata le connaissait déjà
est que Félix a intégré Amata dans le récit de
la maturité de Razak. Au cours de ce tournant,
on peut voir se développer également celui de
Razak (qui à son tour a intégré Kuri, puisqu’ils
sont trois) et comment tous les personnages
sont sur le point de se rencontrer : Amata, Kuri
le Gros et Razak.
Le troisième trait de caractère qu’Andréa choisit
est «  Nerveuse  », puisque l’évènement a pro-
fondément traumatisé Amata, qui est en fuite
après avoir cru avoir tué l’une des personnes
qu’elle aimait le plus.
Pour la devise, Andréa choisit : « Nous sommes
tous égaux », car le temps qu’Amata a passé à
éduquer les enfants de Naram-Sin lui a fait ré-
aliser que les Awilu ne sont pas que les tyrans
esclavagistes qu’elle pensait. Comme objectif
à court terme, Andréa choisit «  S’enfuir de la
cité  », car elle veut s’éloigner le plus possible
de Naram-Sin et de sa zone d’influence tout en
travaillant à atteindre son objectif à long terme,
qui est de «  Convaincre Naram-Sin que je ne
suis pas responsable de la mort de son fils  ».
Ou l’est-elle ? Il semble qu’elle devra d’abord se
convaincre elle-même.
TOUCHES FINALES
Enfin, Andréa donne la touche finale à son
personnage.
Les seuls biens d’Amata sont ses vêtements
usés, un couteau et un sac à herbes et graines.
Andréa le note sur sa feuille de personnage.
Après cela, Andréa écrit également un 3 dans
l’espace réservé aux Points de Caractère.
Enfin, Andréa remplit les espaces dédiés à l’ap-
parence physique de son personnage et écrit
au dos de la feuille un bref résumé de l’histoire
d’Amata, telle qu’elle s’est développée au cours
du processus de création. Sur la page suivante,
vous pouvez voir la feuille de personnage
d’Amata complétée.
exemple de personnage 29
30 LA FORGE D’ UN DESTIN

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• La création de personnages comporte les étapes suivantes : naissance, enfance et adolescence,
maturité et tournant.
• À la naissance, on détermine la culture d’origine et les caractéristiques.
• Dans l’enfance et l’adolescence, on choisit la première profession et le premier trait de caractère.
• Dans la maturité participe le personnage du joueur qui se trouve à gauche et on choisit la
deuxième profession, le deuxième trait de caractère et les capacités de combat.
• Au tournant participe le personnage du joueur qui se trouve à droite et le troisième trait de
caractère, la devise et les objectifs sont définis.
• Tous les personnages commencent avec 3 Points de Caractère.
• Tous les personnages ont deux objectifs, l’un à court terme et l’autre à long terme.
 CONFLITS ET
ÉMOTIONS

- Rihat, pourquoi dès que j’essaie de faire quelque chose, ça ne va pas ? Est-ce que je suis maladroit ?
- Non, jeune Shelmaneser. Votre habileté est plus que remarquable.
- Et alors, pourquoi est-ce que j’échoue ?
- La compétence n’est pas la seule chose qui compte. Les vrais maitres ne font pas les choses
correctement juste parce qu’ils dominent leur art, mais parce qu’ils mettent toute leur passion,
toute leur âme et tout leur cœur dans ce qu’ils font.
- Avec ça, ça suffira Rihat ? Faire les choses avec passion ?
- Pas toujours, jeune maitre. Parfois, la passion ne suffit pas à elle seule. Parfois, il faut aussi persé-
vérer et se relever encore et encore, jusqu’à ce qu’on obtienne ce que l’on veut vraiment. Si vous
êtes d’accord, je pourrais vous raconter l’histoire d’un homme célèbre pour sa détermination...

La plupart du temps, lorsque vous jouerez à
La Porte d’Ishtar, vous n’aurez besoin d’au-
cune règle. Le bon sens vous suffira pour
résoudre la plupart des situations. Le MJ
décrira aux joueurs une situation, ceux-ci lui
indiqueront ce que feront leurs personnages
et enfin il décrira ce qui aura changé et quel
sera le résultat de ces actions.
Toutefois, dans certains cas, le résultat des
actions des personnages joueurs ne sera pas
sûr à l’avance et ne pourra être résolu uni-
quement avec le bon sens. C’est peut-être
parce qu’ils mènent une activité comportant
un risque, dont l’issue est incertaine ou parce
qu’ils sont directement confrontés à d’autres
personnages, qu’il s’agisse d’un PNJ ou du PJ
d’un autre joueur.
Dans ces situations, il devient nécessaire
d’avoir une série de règles permettant de
déterminer si les personnages obtiennent ce
qu’ils voulaient ou, au contraire, s’ils échouent
dans leur engagement. Nous appellerons ces
situations des conflits.
CONFLITS
Un conflit est n’importe quelle situation à l’is-
sue incertaine, dans laquelle un personnage
est impliqué. La chose la plus importante
à savoir en ce qui concerne un conflit est
32 CONFLITS ET ÉMOTIONS
l’objectif poursuivi par le personnage qui le
déclenche. C’est-à-dire ce qu’il entend obtenir
ou accomplir.
Dans cet esprit, le joueur qui contrôle le per-
sonnage explique quel est son objectif et in-
dique ce que son personnage va essayer de
faire pour l’atteindre : son action. Après avoir
entendu cela, le MJ estime la difficulté de l’ac-
tion que le personnage va effectuer, compte
tenu des circonstances qui l’entourent. Cette
difficulté sera un nombre compris entre 9 et
21, d’autant plus que la tâche sera compliquée,
13 étant une difficulté Moyenne. Le MJ peut
annoncer cette valeur ou la garder secrète et
donner simplement une indication générale de
la difficulté choisie. Dans le tableau suivant,
vous pouvez voir la liste des degrés de difficul-
té possibles :
DEGRÉ DE DIFFICULTÉ RÉSULTAT NÉCESSAIRE
Routinière 9 proprement dite, mais une complication d’un
Facile 11
Difficulté
Moyenne 13
Difficile 15
Très difficile 17
Extrêmement difficile 19
Quasi impossible 21
Outre déterminer la difficulté de la situation,
le MJ doit également préciser laquelle des six
caractéristiques du personnage sera la plus
appropriée pour le conflit en question.
À ce stade, le joueur propriétaire du person-
nage peut essayer de proposer que l’une (et
une seule  !) des professions du personnage
puisse être appliquée dans la situation dans la-
quelle celui-ci se trouve. Si le MJ est d’accord,
il peut l’utiliser pour augmenter ses chances de
succès.
Avec toutes ces informations, le moment est
venu de résoudre le conflit. Le joueur fait un jet
de 3D, additionne le résultat des dés et ajoute
la valeur de la caractéristique appropriée du
personnage et d’une de ses professions, s’il
a été décidé qu’elle est appropriée. Si le total
correspond ou dépasse la difficulté indiquée
par le MJ, le conflit est résolu avec succès pour
le personnage. Sinon, il aura échoué.
CONFLIT
3D + Caractéristique + Profession (le cas échéant)
>= Difficulté : Succès
< Difficulté : Échec
Le MJ décrira ensuite ce qui se passe compte
tenu de l’issue du conflit. Vous pouvez le faire
comme vous le souhaitez, à condition que les
conditions suivantes soient respectées :
• Si le résultat du conflit a été un succès, le
personnage effectue l’action correcte-
ment et atteint son objectif.
• Si le résultat du conflit a été un échec, le per-
sonnage n’atteint pas son objectif.
Notez que dans le second cas, il n’est pas
précisé si le personnage a mené à bien son
action avec succès ou non, mais qu’il n’atteint
pas son objectif. Dans ce cas, le personnage
n’a pas besoin d’avoir échoué à mener l’action
autre type peut l’avoir fait échouer. Cela peut
paraitre compliqué, mais regardez l’exemple
suivant pour mieux comprendre comment cela
fonctionne :
Kuri le Gros a réussi à infiltrer le manoir de
Naram-Sin, le petit-fils de Sargon. Il a réussi à
atteindre sa salle des trésors. Bien que l’on en-
tende les pas des gardes au loin, il est enfin sur
le point d’obtenir l’objet pour lequel il a pris tant
de risques. Il se fixe sur un énorme coffre qui se
trouve au centre de la salle et sait avec certitude
que la Dague du Vent se trouve à l’intérieur. Mais,
bon sang ! Le coffre est fermement cadenassé !
Kuri aura besoin d’utiliser au mieux ses compé-
tences de voleur pour obtenir le précieux butin…
Comme le but de Kuri le Gros est d’obtenir la
Dague du Vent, le MJ dit à Pablo, le joueur
qui contrôle le PJ, qu’il s’agit d’un conflit de
Dextérité de difficulté  17. Pablo soutient que
l’expérience de Kuri en tant que voleur peut lui
servir pour cette situation, de sorte que le MJ
lui permet d’ajouter 2 points à son jet de dés,
puisque le personnage possède la profession
« Voleur » au niveau expérimenté.
Après avoir lancé les dés et additionné la
Dextérité et la profession « Voleur » de Kuri le
 CONFLITS
résultat total est de 19, de sorte qu’il réussit.
Le MJ décrit le résultat suivant aux joueurs :
Faisant preuve d’une habileté presque surhu-
maine, Kuri ouvre la serrure complexe du coffre
qui gardait la Dague du Vent et s’en va sans faire
le moindre bruit. Avec son butin caché sous ses
vêtements, il sort prudemment de la salle des
trésors.
Mais supposons que Pablo ait sorti un 16 et
échoue. Dans ce cas, le MJ décide que Kuri
n’échouera pas dans sa tentative d’ouvrir
le coffre, mais il ne le laissera pas non plus
s’échapper avec la dague, qui était son objectif.
Le MJ explique donc ce qui suit au joueur :
En tant que voleur expert, Kuri parvient à ouvrir
le coffre et cacher la Dague du Vent entre ses
vêtements, mais en se retournant pour se diriger
vers la sortie de la salle, il entre en collision avec
quelque chose. Ou plutôt quelqu’un. Il semble
qu’il y avait trois gardes (dont un Wardu !) qui
observaient attentivement ses progrès avec la
serrure... Tout indique qu’il va faire une visite à
Naram-Sin plus tôt que prévu.
Dans cet exemple, Kuri n’a pas atteint son ob-
jectif (prendre la Dague du Vent), bien que son
action (ouvrir la serrure) ait réussi. Comme
vous pouvez le voir, le résultat du jet détermine
la réalisation de l’objectif du personnage, mais
pas la manière dont il est atteint.
CONFLITS ENTRE PERSONNAGES
Il y aura parfois des conflits entre personnages.
Leurs intérêts s’opposent alors de front et
l’objectif de l’un est incompatible avec celui de
l’autre. Pour les résoudre, on utilise le même
système que pour les autres conflits, mais avec
de légères nuances.
Dans le cas où le conflit est entre un PJ et un
PNJ, la difficulté du conflit sera de 10 plus la ca-
ractéristique appropriée du PNJ, plus la valeur
d’une profession appropriée, s’il la possède.
S’il s’agit d’un conflit entre deux PJ ou entre
un PJ et un PNJ important, il n’y aura pas de
valeur de difficulté contre laquelle le résultat
du jet sera comparé, mais les deux feront un
jet normal de conflit (3D + Caractéristique +
33
Profession) et celui qui obtiendra le résultat le
plus élevé réussira. Dans ce dernier cas, la ca-
ractéristique utilisée par les deux personnages
ne doit pas nécessairement être la même. Si
les deux résultats sont égaux, le jet doit être
répété.
Si l’un des deux personnages est un PNJ, le
MJ fera le jet pour ce personnage. Ce genre de
conflit se produit habituellement lorsque deux
joueurs font s’affronter leurs personnages ou
lorsque les joueurs se confrontent à des PNJ
si importants pour le développement du jeu
qu’ils méritent d’être traités avec le même ni-
veau de détail qu’un PJ.
En outre, dans l’un ou l’autre cas, le MJ peut
décider que l’un des personnages possède un
avantage sur l’autre, pour une raison quel-
conque. Si tel est le cas, il accorde un bonus
à celui qui se trouve en position avantageuse.
Ce bonus s’ajoutera au jet (ou à la difficulté du
conflit s’il s’agit d’un PNJ) et peut aller de +1 à
+4, bien que ce soit pratiquement toujours +2.
CONFLIT ENTRE PERSONNAGES
PJ contre PNJ :
Difficulté = 10 + Caractéristique du PNJ
+ Profession del PNJ (le cas échéant)
PJ contre PJ ou PNJ important :
3D + Caractéristique + Profession (le cas échéant)
CONTRE
3D + Caractéristique + Profession (le cas échéant)
Personnage avec avantage :
+1 à +4 (généralement +2)
Voici un exemple des deux :
Ashur-Liana veut que le garde chargé de sur-
veiller la porte du manoir de Rasheb la laisse
passer. Pour le convaincre que c’est une bonne
idée de lui permettre de passer en dépit de ne
pas être sur la liste des invités, elle se tourne vers
ses compétences de séduction. Elle lui fait des
allusions et lui montre à quel point elle serait re-
connaissante s’il faisait une exception pour elle.
Le MJ demande à Éva, la joueuse qui joue
Ashur-Liana, un jet de Charisme pour tenter de
charmer le garde. Il détermine que la difficulté
34 CONFLITS ET ÉMOTIONS
du conflit sera de 14  : 10 plus la Volonté du
garde (2) plus sa profession de « Garde » (2),
qui le rend habitué à ce genre d’avance. Éva
obtient un résultat de 14 et Ashur-Liana ob-
tient qu’il la laisse passer, mais de justesse.
Déjà à l’intérieur de la fête et profitant de la
foule, Ashur-Liana s’approche furtivement de
Rasheb, l’hôte, et tente de le poignarder sans
que celui-ci se rende compte de sa présence.
Armée d’une dague empoisonnée, elle est sure
que le maudit sorcier mourra instantanément.
La rage et la joie grandissent en elle en se voyant
si près de tuer l’assassin de son père...
Pour résoudre ce conflit, Éva et le MJ devront
faire un jet, car Rasheb est un personnage
très important pour l’intrigue de la campagne.
Dans le cas d’Ashur-Liana, la caractéristique
devra être Ingéniosité, car sa capacité à pas-
ser inaperçue déterminera le succès de son
action, tandis que dans le cas de Rasheb la
caractéristique sera la Perception, car ce qui
importe, c’est sa capacité à se rendre compte
que quelqu’un le suit. Éva sort un 9 avec son
jet, auquel s’ajoute l’Ingéniosité d’Ashur-Lia-
na (4) pour un total de 13. Le MJ, quant à lui,
obtient un 16  ! Donc, malgré la Perception
lamentable de Rasheb (seulement 1), c’est
lui qui obtient un résultat plus élevé, avec un
total de 17 :
Juste au moment où Ashur-Liana était sur le
point de planter l’arme empoisonnée entre les
reins de son ennemi, celui-ci se retourne sou-
dainement ! Il saisit son poignet avec force et lui
murmure calmement : « Que pensiez-vous faire,
jeune fille ? ».
 CONFLITS
AIDER LES AUTRES
Parfois, un personnage n’aura pas à faire face à
un conflit tout seul, mais pourra obtenir l’aide
d’autres personnages, ce qui lui facilitera les
choses. Pour représenter cela, le MJ peut déci-
der de réduire la difficulté du conflit. Il réduira
la difficulté dans une certaine mesure s’il trouve
convaincante la manière dont les joueurs ont
décrit comment leurs personnages s’aident mu-
tuellement et estiment que cette coopération
augmentera les chances de succès (puisque
parfois l’aide peut aussi être contre-productive).
Ou, ce qui revient au même, il soustraira 2 au
degré de difficulté.
Bien que plusieurs personnages participent à un
conflit du même côté, un seul, celui qui dirige
les efforts fera le jet. Si plusieurs personnages
veulent aider, le MJ devra décider s’il est pos-
sible de le faire ou non, car parfois trop de per-
sonnes sur une même action peuvent se révéler
être une entrave. Si cela lui semble approprié, il
peut réduire la difficulté de 1 point supplémen-
taire (demi-degré) pour chaque personnage
au-dessus du premier qui aide. Cela dit, il n’est
généralement pas recommandé de réduire la
difficulté de plus de 4  points, c’est-à-dire avec
3 personnages aidants.
AIDE
Un personnage aidant
permet de soustraire 2 à la difficulté.
Chaque personnage en plus du premier
permet de soustraire 1 à la difficulté.
Le gaz toxique sortait par de petites ouvertures
au sol. Il n’y avait pas de temps à perdre. Sans
réfléchir une seconde de plus, Iltanni couru vers
la lourde porte qui les maintenait prisonniers et
cria à ses compagnons  : «  Aidez-moi à la dé-
foncer  ! Si nous ne sortons pas vite d’ici, nous
sommes morts ! ».
Isona, la joueuse qui contrôle Iltanni, décide
que son personnage va essayer de faire tomber
la porte. Inspirés par son cri, Ishme et Chaz la
rejoignent et l’aident à pousser. Briser la lourde
porte semble Quasi impossible (difficulté  21).
Cependant, comme Ishme et Chaz aident Iltanni,
le MJ décide de réduire la difficulté du conflit de
35
3 points (18). Puisque l’initiative est née d’Isona,
c’est elle qui lancera les dés.
Il semble que le poids des trois ensemble soit
trop important pour l’ancienne porte en bronze.
Après quelques assauts, elle sort de ses gonds.
Ils peuvent enfin respirer à nouveau de l’air pur.
Avec quel autre piège le maléfique Rasheb les
surprendra-t-il maintenant ?
SUCCÈS ABSOLU
Lorsqu’un personnage réussit dans un conflit
avec un résultat supérieur de trois degrés
au-dessus de la valeur de difficulté fixée (c’est-
à-dire que le total est égal ou supérieur à la dif-
ficulté plus 6), le personnage aura obtenu un
succès absolu. Pour représenter cela, en plus
d’atteindre son objectif, le MJ récompensera
le personnage avec une autre situation avanta-
geuse indépendante de son objectif initial.
SUCCÈS ABSOLU
On obtient une situation avantageuse
en surmontant la difficulté de 6 ou plus.
L’application ou non de cette règle est toujours
soumise au jugement du MJ. Celui-ci peut
considérer que, par exemple, l’obtenir dans un
conflit de difficulté Routinière (9) ne devrait pas
nécessairement le mériter. Voici un exemple où
il est approprié :
Kalu avait reçu l’ordre d’obtenir pour sa maitresse
des soies appropriées pour sa fête du lendemain.
Elle devait être belle, donc seul un vêtement de la
plus haute qualité la laisserait satisfaite. Bien que
le temps soit presque venu pour les étals du bazar
de fermer, Kalu jette un coup d’œil autour d’elle.
Mieux vaut trouver quelque chose de convenable
ou sa maitresse sera en colère contre elle.
Dans cet exemple, Kalu, le personnage de
Danny, doit réussir dans un conflit de Perception
pour obtenir le vêtement qu’elle recherche. La
difficulté est de 15, ce qui est du pain béni pour
l’experte Kalu. Danny lance les dés et obtient 6,
6 et 5, ce qui, ajouté à la Perception de Kalu (5)
donne un total de 22. Comme 22 est égal ou
supérieur à 15 + 6, il obtient un succès absolu.
Le MJ décrit ce qui suit :
36 CONFLITS ET ÉMOTIONS
Avec l’expérience acquise durant des années
au service de sa maitresse, Kalu trouve rapide-
ment la robe qu’elle cherchait. D’un pas ferme,
elle se dirige vers l’étal, mais est très surprise
en y arrivant, car le marchand n’est autre que
Seluku. Ce satané voleur qu’elle cherchait depuis
des jours... Cette fois, il ne lui échappera pas si
facilement.
ÉTAT DU PERSONNAGE
Tout au long de leurs aventures, les personnages
se fatiguent, tant mentalement que physique-
ment et il arrive un moment où ils ne peuvent
plus continuer et doivent se reposer. En outre,
en raison de leur vie agitée et de leur tendance à
s’exposer à des dangers, ils pourraient finir bles-
sés, voire malades.
CONDITIONS NÉGATIVES
Les PJ peuvent ne pas être toujours au maximum
de leurs capacités. Le danger abonde dans tous
les coins et un personnage peut être affecté par
des poisons et des maladies, subir des blessures,
être fatigué ou tout simplement avoir peur.
Ceci est représenté dans le jeu par cinq condi-
tions négatives : Épuisé, Blessé, Terrifié, Malade
et Empoisonné. Pour indiquer qu’un personnage
est affecté par l’une d’entre elles, marquez d’une
coche le cercle du même nom sur la feuille de
personnage. Si un personnage est soumis à l’une
de ces conditions négatives, la difficulté qu’il doit
surmonter dans tous les conflits auxquels il parti-
cipe est augmentée de 2 points (l’équivalent d’un
degré). S’il est sous les effets de deux conditions
négatives, elle est augmentée de 3 points et de
4 points s’il est soumis à trois ou plus. Un PJ peut
finir par souffrir de l’une ou l’autre des conditions
(sauf Épuisé) à la suite d’un conflit ou de situa-
tions vécues pendant le jeu. Cette décision est
prise par le MJ. Ainsi, si un personnage s’occupe
de lépreux, il pourrait finir Malade ou, s’il mé-
lange les mauvaises herbes, Empoisonné.
CONDITIONS NÉGATIVES
Épuisé, Terrifié, Blessé, Malade et Empoisonné.
Une condition négative
augmente la difficulté de 2.
De 3 pour deux. De 4 pour trois ou plus.
ENDURANCE
L’Endurance représente la capacité des person-
nages à aller de l’avant. Elle mesure leur résis-
tance, tant physique que mentale, car, le plus sou-
vent, ce qui nous empêche d’agir, c’est le manque
de volonté et non l’impossibilité physique.
Bien que l’Endurance initiale d’un personnage soit
toujours 10 plus la somme de ses caractéristiques
de Force et de Volonté, son Endurance temporaire
(désormais appelée simplement Endurance) va-
riera fréquemment. À certains moments, le MJ
peut indiquer aux joueurs que leurs personnages
perdent une certaine quantité d’Endurance, soit
à cause du résultat d’un conflit, soit à cause de
la façon dont l’histoire se déroule. Les joueurs
doivent soustraire la quantité d’Endurance que le
MJ leur indique en inscrivant la nouvelle valeur
d’Endurance sur leur feuille de personnage.
Si l’Endurance d’un PJ descend jusqu’à 0, le per-
sonnage subit la condition Épuisé et reste dans
cet état tant que son personnage ne revient pas
à des valeurs positives. Il manque de forces et
ne peut pas continuer. Et pire encore, si pendant
qu’il est Épuisé, il subit une autre perte d’Endu-
rance, le personnage sera Blessé, ne cessant ainsi
d’être Épuisé.
Notez que, contrairement aux autres conditions,
Épuisé ne peut pas être appliqué directement.
Un personnage n’en souffrira que lorsque son
Endurance sera descendue à 0. En outre, l’En-
durance ne peut pas avoir de valeur négative.
Réduisez l’Endurance à 0 si la quantité perdue est
supérieure à la valeur restante, car l’Endurance
ne peut jamais être négative.
ENDURANCE
Si l’Endurance tombe à 0,
le personnage sera Épuisé.
S’il perd de l’Endurance tout en étant Épuisé,
le personnage sera Blessé.
Kuri le Gros voit le bateau dans lequel il devrait
s’échapper de Nippur s’éloigner rapidement du
port. Étant soudain conscient qu’il peut mourir
s’il ne monte pas sur ce navire, il court jusqu’au
bord du quai et saute de toutes ses forces, es-
sayant d’atterrir sur le pont…
 ÉTAT DU PERSONNAGE
Maintenant Kuri fait face à un conflit de
Dextérité. Pablo fait son jet, mais échoue,
obtenant un résultat inférieur à la difficulté
requise. Comme l’objectif de Kuri était d’at-
teindre le bateau en toute sécurité, le MJ ra-
conte la scène suivante :
Au dernier moment, Kuri parvient à s’accrocher
à une corde flottant sur l’eau et, après avoir été
trainé pendant quelques mètres dans les eaux
agitées de l’Idigna, est monté à bord par les ma-
rins. Kuri a avalé beaucoup d’eau et l’a vécu dif-
ficilement. Après tout, il ne sait pas nager. Après
son évasion agitée, c’est la goutte d’eau qui a fait
déborder le vase : il est Épuisé.
À la suite de ce conflit, le MJ détermine que
Kuri doit soustraire 5 à son Endurance. Comme
l’Endurance de Kuri était de 3, celui-ci descend
à 0 et le PJ subit la condition Épuisé.
RÉCUPÉRATION
Comme l’Endurance représente la fatigue, le
manque de volonté et, tout au plus, des bles-
sures mineures, un personnage retrouvera
toute l’Endurance perdue après une nuit de
repos. Il faut alors réinitialiser l’Endurance
à sa valeur initiale et, par conséquent, si le
personnage était Épuisé, il cesse de l’être (si
le PJ passe de 0 à une valeur positive, il n’est
plus Épuisé). En outre, le MJ peut détermi-
ner d’autres façons de récupérer l’Endurance,
comme l’utilisation d’herbes médicinales. Il est
important de souligner que, même si quelques
heures de tranquillité ne servent pas à reconsti-
tuer toute l’Endurance perdue, elles pourraient
suffire à en récupérer un certain montant.
Mais comment un personnage se débar-
rasse-t-il des autres conditions négatives ? Cela
dépend de ce dont il s’agit :
• Terrifié  : quand un personnage se trouve
dans cette condition, c’est parce quelque
chose provoque chez lui une forte peur et
l’empêche d’agir normalement. Pour s’en dé-
barrasser, il devra faire disparaitre l’origine
de sa terreur ou réussir dans un conflit de
Volonté. Si ce dernier est réussi, il retrou-
vera ses esprits et ne sera plus touché par
cette condition. Le MJ décidera quand un
37
personnage peut tenter de faire face à ce
conflit ainsi qu’à la difficulté de celui-ci,
mais le plus naturel est qu’il soit nécessaire
de s’être éloigné de l’origine de la peur et
de trouver un lieu où se sentir en sécurité.
Dans certains cas (comme pour certaines
créatures monstrueuses), la source même de
la terreur vous indiquera combien de temps
dure la condition et dans ce cas, il n’est pas
nécessaire de surmonter un conflit pour sur-
monter la terreur, sauf indication contraire.
• Blessé, Malade ou Empoisonné : ces condi-
tions sont beaucoup plus graves. Elles ne sont
pas quelque chose dont on peut se débarras-
ser en dormant quelques heures. Lorsque le
MJ le trouve approprié, il propose au person-
nage concerné un conflit de Force avec une
difficulté déterminée tant par la gravité de la
condition que par les traitements qu’il reçoit.
Le but du conflit est d’éliminer la condition
négative, donc si elle est résolue avec succès,
le personnage en sera débarrassé.
Lorsqu’un personnage est soumis à l’une des
trois conditions les plus graves (Blessé, Malade
et Empoisonné), il se trouve dans une situation
très dangereuse. Soyez très prudent, car il est
dans une situation à risque et particulièrement
vulnérable. Il pourrait même mourir.
RÉCUPÉRATION
Après une nuit de repos, l’Endurance
retourne à sa valeur initiale.
Épuisé est récupéré en augmentant
l’Endurance au-dessus de 0.
Terrifié se récupère
après avoir surmonté un conflit de Volonté.
Blessé, Malade et Empoisonné se récupèrent
après avoir surmonté un conflit de Force.
Tsiuri se trouve alitée, convalescente. Cela dure
depuis plus de vingt jours. Orbeli, le chaman de
son clan, l’a regardée et a fait tout ce qui était
en son pouvoir pour l’aider à combattre la ma-
ladie. Il a préparé les onguents et consulté les
esprits. Comme il détourne le regard pour quit-
ter la maison de sa patiente, il se rend compte
que la prochaine nuit sera critique. Si elle survit
jusqu’à l’aube, elle aura triomphé de la maladie.
Sinon, il y aura un autre cadavre à pleurer.
38 CONFLITS ET ÉMOTIONS
Tsiuri, la Cimmérienne de Béa, souffre de la
condition Malade depuis près d’un mois. Le
moment est venu de tenter de récupérer. Le MJ,
considérant les soins du chaman et la virulence
de la maladie, décide que la difficulté sera de 15.
Béa lance les dés et obtient un résultat de 5, 4
et 3, qui, ajouté à la Force de Tsiuri (4), donne
un total de 16. Cette fois, elle a eu de la chance.
Tsiuri récupère et Béa efface la marque de la
condition Malade de sa feuille de personnage.
Après une nuit tendue, Orbeli s’approche de la ca-
bane craignant le pire. En se rapprochant un peu
plus, son cœur bondit quand il voit que, bien que
visiblement fatiguée, Tsiuri se tient debout. Son
visage s’illumine d’un sourire bien à elle.
MORT
Nous n’aimons pas penser à la mort, mais c’est
quelque chose que nous ne pouvons ignorer.
Les personnages de La Porte d’Ishtar sont sou-
vent exposés à des dangers qui pourraient les
conduire à elle et il est donc nécessaire de dé-
finir clairement les situations dans lesquelles ce
destin funeste peut se produire.
Comme vous avez déjà pu le lire dans la section
des conditions négatives, trois d’entre elles sont
particulièrement dangereuses : Blessé, Malade
et Empoisonné. Si un PJ se trouve sous l’une
d’elles et souffre à nouveau de cette même
condition, il meurt.
Exceptionnellement et si cela est justifié par le
contexte, le MJ peut décider qu’un PJ qui se
trouve dans cette situation ne meurt pas. Si, par
exemple, un personnage était Blessé après avoir
subi une coupure qui lui a rendu un bras inutili-
sable et qu’il était de nouveau Blessé en perdant
un œil, le MJ pourrait indiquer au joueur que
son personnage ne meurt pas. Mais ces cas sont
les moins fréquents et dans ceux-ci le MJ impo-
sera une autre sorte de pénalité au personnage
en échange de sa survie. Dans l’exemple ci-des-
sus, vous pourriez faire perdre au PJ un ou deux
points de Perception de façon permanente au
lieu de le tuer. Utilisez votre bon sens.
En outre, le MJ a le droit de décider qu’un PJ
meurt des suites du résultat d’un conflit. Les
situations de ce type sont, par exemple, essayer
de se remettre d’une maladie particulièrement
virulente ou un saut au-dessus d’un gouffre
sans fond. Le MJ doit informer les joueurs
concernés chaque fois qu’il prendra une telle
décision, afin qu’ils aient la possibilité de se pré-
parer correctement. Pourtant, ces cas devraient
être très rares.
Il y a aussi encore quelques façons de mourir.
Vous les verrez plus loin dans ce même chapitre
et dans le chapitre intitulé Sang et Sable, qui
traite du combat.
En ce qui concerne les PNJ, ils sont beaucoup
moins importants que les PJ, et peuvent mourir
à tout moment si cela convient au développe-
ment de l’histoire.
En résumé  : soyez prudent lorsque votre per-
sonnage n’est pas en bon état. Il y a une limite à
la punition que vous pouvez recevoir.
MORT
Sauf exception, un PJ meurt s’il souffre déjà
d’être Blessé, Malade ou Empoisonné.
TRAITS DE CARACTÈRE
Les PJ de La Porte d’Ishtar sont des êtres à la
personnalité marquée. Leurs défauts et leurs
vertus les poussent à l’action et déterminent en
grande partie s’ils réussissent ou échouent dans
ce qu’ils entreprennent. Dans le jeu, la manière
d’être de chaque personnage se traduit par les
traits de caractère figurant sur sa feuille. Un
PJ aura à tout moment trois traits de caractère,
bien que ceux-ci puissent varier au cours de ses
aventures et ainsi faire évoluer sa personnalité.
Accompagnant ces traits se trouvent les Points
de Caractère, ou PC, une valeur qui représente
une sorte de « karma » qui sert à faire en sorte
que les personnages soient à la fois avantagés
et désavantagés par leur caractère.
Avant de lancer les dés pour résoudre un conflit,
un joueur peut indiquer que son personnage est
affecté positivement ou négativement par l’un
de ses traits de caractère. Le joueur décrit com-
ment le trait choisi affecte la situation en facili-
tant les choses ou en compliquant la vie de son
 TRAITS DE CARACTÈRE
personnage. Cette utilisation du trait aura l’un
des effets suivants sur le jet de dé du conflit :
• Si le trait affecte positivement le personnage,
le joueur lancera 4D au lieu de 3D et se retrou-
vera avec les 3 meilleurs résultats. En outre, il
soustraira 1 à son total de PC.
• Si le trait affecte négativement le personnage,
le joueur lancera 4D au lieu de 3D et s’en tien-
dra aux 3 résultats les plus faibles. En outre, il
ajoutera 1 à son total de PC.
Ainsi, bien que tout PJ commence ses aventures
avec 3  PC, ce total variera fréquemment pen-
dant la partie. Vous ne pouvez pas avoir moins
de 0 PC et il n’y a pas de limite maximale au to-
tal qu’un PJ peut posséder. En tant que joueur,
vous voudrez toujours dépenser ces points
pour améliorer les chances de succès de votre
personnage aux moments les plus dramatiques
et importants de la partie. D’autre part, vous
préfèrerez également gagner des PC à utiliser
ultérieurement en utilisant les traits négative-
ment à des moments moins critiques.
En conséquence, les personnages tireront le
meilleur parti d’eux-mêmes quand ils en ont le
plus besoin, mais en même temps leurs défauts
donneront lieu à des situations amusantes qui
peuvent mener l’aventure dans des voies inatten-
dues et amusantes. Vous ne devez pas oublier que
l’échec d’un jet dans un conflit est amusant, car
il produit souvent des résultats beaucoup plus in-
téressants qu’un succès. En outre, comme nous
l’avons expliqué dans le chapitre Un Jour de Plus,
l’utilisation de traits de caractère peut également
offrir au personnage d’autres avantages.
Enfin, gardez à l’esprit que le MJ a le droit de ré-
compenser une bonne interprétation des traits de
caractère d’un personnage en lui accordant des
PC et de le pénaliser en lui en faisant perdre. Vous
trouverez plus d’informations à ce sujet dans le
chapitre Un Grand Pouvoir.
TRAITS DE CARACTÈRE
Utilisation positive :
Lancer 4D et prendre les 3 meilleurs.
Soustraire 1 aux PC.
Utilisation négative :
Lancer 4D et prendre les 3 pires.
Ajouter 1 aux PC.
39
La meilleure façon de voir les choses est de don-
ner un exemple. Observez comment Pablo utilise
les traits de caractère de Chaz, son personnage.
Chaz a réussi à retrouver les ravisseurs de Piras,
sa maitresse, jusqu’à leur cachette. Une fois là-
bas, il les trouve en train de bavarder tranquille-
ment alors qu’ils attachent leur prisonnier. Il y a
cinq Mushkenu avec une allure de mercenaires
et très bien armés. Voyant la situation, il décide
d’attendre entre les ombres jusqu’à ce que les
ravisseurs aient fini et partent pour s’approcher
et la sauver en déliant ses liens.
Le but de Chaz est d’empêcher les ravisseurs de
le voir. Le MJ demande à Pablo un jet d’Ingénio-
sité afin que Chaz puisse rapidement trouver un
endroit où se cacher et passer inaperçu. Pablo
considère que c’est un bon moment pour utili-
ser le trait de caractère « Curieux » de Chaz de
manière négative et indique comment son per-
sonnage ne peut résister à l’envie d’écouter ce
que se disent les ravisseurs. Il choisit alors une
cachette près d’eux pour pouvoir les écouter.
Peut-être trop proche pour son propre bien...
Le MJ impose une difficulté de 15 et Pablo lance
les dés, obtenant 6, 4, 2 et 2. Comme il a utilisé
« Curieux » de manière négative, il reste avec 4,
2 et 2 et additionne son Ingéniosité (4), obte-
nant un total de 12, insuffisant pour résoudre le
conflit avec succès. Pablo ajoute 1 aux Points de
Caractère de Chaz et le MJ raconte ce qui suit :
Chaz ne peut empêcher sa curiosité de le domi-
ner et se cache juste derrière les ravisseurs pour
pouvoir entendre clairement leur conversation.
Cependant, en essayant de s’approcher si près
d’eux, il marche sur un os de rat qui craque sè-
chement sous son poids. À cet instant, les cinq
Mushkenu se retournent et le regardent, sortent
leurs armes et se déplacent pour l’entourer.
Comme il n’est pas très habitué à se battre et
que les mercenaires le dépassent largement en
nombre, Chaz préfère ne pas résister. Pourtant,
il sait qu’ils vont l’interroger et il ne veut pas leur
révéler sa relation avec Piras, car s’il le fait, ils l’ap-
préhenderaient aussi et ses chances de la sauver
s’évanouiraient. Il devra résister à l’interrogatoire
minutieux des ravisseurs et leur faire croire qu’il
passait par là et qu’il était simplement curieux. Au
moins, une partie de cette affirmation est vraie.
40 CONFLITS ET ÉMOTIONS
Maintenant, le but de Chaz est de convaincre
les Mushkenu qu’il n’a rien à voir avec Piras.
Le MJ détermine que pour convaincre les
mercenaires, il devra surmonter avec succès
un conflit de Charisme. Il semble que Chaz ne
soit pas le mieux adapté à cette tâche, puisque
son Charisme n’est que de 2. Pablo décide qu’il
sera préférable d’utiliser le trait de caractère
« Imperturbable » de Chaz pour l’aider à réus-
sir dans le conflit.
Il décrit Chaz se montrant ignorant de tout
ce qui concerne la prisonnière et donne une
impression très convaincante de ne pas la
connaitre, malgré les regards de supplication
que Piras lui fait. Dans ce cas, la difficulté est
de 17, Très difficile. Le résultat du jet de dés est
6, 6, 3 et 1, donc Pablo s’en tient aux trois plus
grands dés : 6, 6 et 3. En ajoutant le total de
ce jet à son Charisme de 2, il obtient un 17, ce
qui est suffisant pour les convaincre  ! Le MJ
décrit la scène :
Chaz insiste sur le fait qu’il n’a rien à voir avec
cela et qu’il n’attend rien. Les mercenaires, qui
ne sont pas convaincus, décident de vérifier une
bonne fois pour toutes s’il dit la vérité. Comme
leur contrat ne stipulait en rien que l’Awilu
doive être indemne, ils commencent à la frapper
avec violence en observant la réaction de Chaz.
Comme celui-ci reste imperturbable face aux
coups qu’ils donnent à Piras, ils ne doutent pas
que, effectivement, il connait cette femme. Chaz
quitte la cachette. Il s’éloigne de manière insou-
ciante, mais il ne pourra jamais oublier comment
Piras l’a regardé pendant son supplice.
PASSION ET DÉTERMINATION
Les protagonistes des parties de La Porte
d’Ishtar ont non seulement des personnalités
marquées, mais sont aussi des créatures faites
d’émotions et de sentiments. Un PJ est un être
humain (oui, même s’il s’agit d’un Wardu ou
d’un Uridimmu) et souvent ce qui lui permet
de réussir dans ses entreprises n’est pas sa
capacité, mais sa persévérance et son désir de
continuer.
Les livres et les films sont pleins de héros qui
atteignent leurs objectifs par la force de leur
détermination ou par l’intensité avec laquelle
ils veulent réussir. C’est pourquoi nous les ai-
mons et souhaitons voir comment se déroulent
leurs aventures. Pour représenter cela, les
personnages joueurs possèdent deux attributs
émotionnels qui leur permettent de s’imposer
là où leurs capacités naturelles ou leur seule
chance ne le permettront pas : la Passion et la
Détermination.
La Passion et la Détermination peuvent être
utilisées trois fois chacune. C’est pourquoi
sur la feuille de personnage, vous pouvez voir
trois cercles à côté de celles-ci. Lorsque l’une
ou l’autre est utilisée, il faut cocher l’un des
cercles correspondants pour indiquer qu’il y a
une chance de moins d’y avoir recours. Il ne
faut pas trop s’inquiéter du fait que leur utili-
sation soit limitée et il ne faut pas hésiter à les
utiliser. Vous apprendrez plus loin les moyens
de recouvrer la Passion et la Détermination.
PASSION
La Passion est une émotion très puissante. Elle
représente la capacité du personnage à se sur-
passer par le pur désir d’atteindre ses objectifs.
Le personnage sait qu’il ne serait normalement
pas capable de surmonter le conflit auquel il est
confronté, mais refuse d’abandonner. Donc,
malgré cela, il essaie de toutes ses forces. Il
est dans une situation limite et sait qu’il y a
beaucoup en jeu.
On dit que les gens ne donnent le maximum
d’eux-mêmes que lorsqu’ils sont dans ce genre
de situation et en ce qui concerne ce jeu, c’est
tout à fait vrai. Que ce soit un miracle, la dé-
monstration d’une capacité inconnue pour le
personnage lui-même, un caprice du destin ou
une simple montée d’adrénaline, le fait est que
l’on réalise ce qui semble impossible.
Un joueur peut déclarer que son personnage
utilisera Passion avant de réaliser un conflit.
S’il le fait, il peut lancer à nouveau tous les dés
ayant obtenu un résultat de 6 dans le jet de
dés, en ajoutant au total à la fois le 6 original
et le nouveau résultat. Si un 6 revient au dé,
il s’ajoute au total et se répète autant de fois
que nécessaire. Cela permet à un personnage
de réaliser des exploits autrement impossibles.
 PASSION ET DÉTERMINATION
Avec Passion et un peu de chance, on peut ob-
tenir des résultats supérieurs à 18, le maximum
normal avec trois dés.
Lorsque la Passion est utilisée, il ne faut rayer
le cercle que si au moins un 6 est sorti sur l’un
des dés du jet. Si ce n’est pas le cas, aucune
des utilisations de Passion disponibles n’est
perdue, bien que l’utilisation ait été déclarée.
PASSION
Dans un conflit, elle permet de lancer
à nouveau tous les dés ayant un résul-
tat de 6 et de les ajouter au total.
Il faut indiquer son utilisation
avant de lancer les dés.
Elle est marquée comme dépensée
uniquement si au moins un 6 est obtenu.
Pour illustrer cela, voici une situation qui
semble demander l’utilisation de la Passion :
Razak est poursuivi par les Nasharu-nimru, la
garde d’élite de l’Ensi d’Ur. En s’enfuyant, il com-
mence à se rendre compte que ce n’était peut-être
pas une si bonne idée de faire ce discours contre
les Awilu aux portes du palais. Mais cette pensée
disparait rapidement de sa tête pour faire place
à des problèmes plus immédiats tels que, par
exemple, la muraille qui lui bloque le passage.
Razak doit grimper en haut de la muraille et
sauter de l’autre côté. Sinon, il peut être mis
à mort. Ou pire. Le MJ décide qu’il s’agit d’un
conflit de Force de difficulté  21, car l’escalade
des murailles d’Ur sans aide ne peut être qua-
lifiée que de folie. Compte tenu de la difficulté
du jet et étant donné que Razak ne peut se
permettre d’échouer, Félix (le joueur qui le
contrôle) décide d’utiliser sa Passion. Il lance les
dés, en priant pour obtenir au moins un 6, et
obtient 6, 4 et 1. Un moindre mal. Il relance le 6
et obtient un autre 6 ! Donc, il le relance encore
et obtient un 4. Le résultat final, étant donné
que Razak a 4 en Force, est de 25 (6 +6 +4 +4
+1 +4). Il a donc surmonté le conflit avec succès.
Sentant la mort si près de lui, Razak oublie un
instant toute la fatigue accumulée et se lance
d’un saut pour grimper la muraille à mains nues.
Faisant preuve d’une force qu’il ne croyait pas
posséder, il se tire vers le haut, s’accrochant à
41
des fissures si petites qu’elles sont presque
invisibles. En atteignant le sommet, presque
essoufflé, il voit les Nasharu-Nimru frustrés
qui le regardent, sachant qu’ils ne pourront plus
l’atteindre.
DÉTERMINATION
Outre la Passion, les personnages peuvent faire
appel à leur Détermination. La Détermination
est une émotion née de la confiance en nos
propres capacités. Elle représente la certitude
qu’un personnage a dans sa capacité à faire
quelque chose. Il est parfaitement conscient
que la tâche à laquelle il est confronté relève de
ses possibilités et ne va donc pas échouer. C’est
juste une question d’effort. La Détermination
est composée à parts égales de confiance en
soi et de volonté. Lorsqu’un personnage en fait
usage, il peut analyser la situation froidement,
se concentrer au maximum ou faire que la peur
de voir son amour-propre blessé lui ajoute un
niveau de motivation de plus.
Un joueur peut déclarer que son personnage
utilisera sa Détermination après avoir réalisé
un conflit. S’il le fait, il peut répéter son jet et
doit utiliser le nouveau résultat, même s’il est
inférieur. Cela permet à un joueur de s’assurer
que son personnage accomplit avec succès une
action qui, étant donné sa difficulté, semble
difficile à réaliser, en évitant un mauvais jet de
dés. Contrairement à la Passion, vous devez
marquer la Détermination comme dépensée,
même si le nouveau résultat reste insuffisant
pour surmonter le conflit avec succès ou est
inférieur à l’original. Il n’est pas possible d’uti-
liser la Détermination pour répéter un jet une
deuxième fois.
DÉTERMINATION
Dans un conflit, elle permet de relancer les dés.
Le nouveau résultat s’applique,
même s’il est inférieur.
Il faut annoncer son utilisation
après avoir lancé les dés.
Elle est toujours marquée comme dépensée.
Dans l’exemple suivant, Ashai-Ettu, le personnage
de Javier, va faire usage de sa Détermination :
42 CONFLITS ET ÉMOTIONS
Ashai-Ettu est épuisé et la sueur coule sur son
front. L’Awilu n’a jamais ressenti autant de ten-
sion lors d’une partie de Huit Pyramides, son jeu
préféré. Mais ce n’est pas dû à la compétence
de son rival, mais à ce qui est en jeu. Ce malade
d’Eanatum veut juste s’amuser à ses dépens et l’a
mis au défi par une partie du célèbre jeu. À une
condition : celui qui gagne peut disposer de la vie
de l’autre.
En contemplant le plateau, Ashai-Ettu se rend
compte que le prochain mouvement est crucial
et qu’il va probablement déterminer le gagnant.
Il observe attentivement la situation des jetons et
étudie les mouvements possibles.
Ashai-Ettu doit trouver le coup de maitre qui
lui donne la victoire. Le MJ établit qu’il s’agit
d’un conflit d’Ingéniosité de difficulté  17. Très
difficile, oui, mais pas pour quelqu’un avec une
Ingéniosité aussi élevée (6) que Ashai-Ettu.
Javier lance les dés, confiant dans ses chances,
et obtient 3, 2 et 2, pour un total de 13. Il n’a pas
réussi à trouver le bon mouvement !
Cependant, Javier décide qu’il va utiliser sa
Détermination et relance le jet de dés. Le ré-
sultat est maintenant 5, 4 et 2. Un total de
17. Maintenant, oui. Ashai-Ettu a surmonté le
conflit avec succès.
Désespéré, Ashai-Ettu ne sait pas quoi faire. Avec
tant de pression, il n’est pas capable de trouver le
mouvement désiré. Ses mains commencent à trem-
bler. « Idiot », se dit-il. « Tu connais ce jeu comme
la paume de ta main. Tu as battu les meilleurs pro-
fesseurs. Tu ne perdras pas maintenant  ». Après
avoir respiré profondément pendant quelques
secondes, l’expression de son visage change. Avec
détermination, il déplace l’un des pions du plateau.
Eanatum le regarde, les yeux écarquillés comme
des coupelles. Il sait qu’il a perdu.
UTILISER LES DEUX
La Passion et la Détermination peuvent être uti-
lisées dans le même conflit : la Passion avant de
lancer les dés et la Détermination après l’avoir
fait. Dans ce cas, la Passion s’appliquera aux
deux jets de dés (l’original et celui obtenu par
Détermination), mais une seule utilisation sera
dépensée, et uniquement dans le cas où un 6
est obtenu sur l’un des jets de dés.
SACRIFICE HÉROÏQUE
Il y aura des situations où votre personnage
devra réussir, où il ne pourra en aucun cas
accepter l’échec. Ce qui est en jeu est la chose
la plus importante pour lui, c’est sa condition
sine qua non. S’il n’atteint pas son objectif, son
 SACRIFICE HÉROÏQUE
existence n’a aucun sens. Il s’en soucie plus que
de sa propre vie.
Si vous pensez que votre personnage se trouve
dans une telle situation, il existe une règle à
laquelle vous pouvez faire appel pour réussir
automatiquement dans le conflit. Cela est appe-
lé Sacrifice Héroïque. Lorsqu’il est invoqué, on
considère que le personnage joue sa vie et que
le conflit est résolu avec succès, quel que soit le
résultat des dés.
Cependant, le total de ce jet de dés reste perti-
nent, car il déterminera maintenant si le person-
nage survit ou non. Si le résultat ne suffit pas à
surmonter le conflit, le personnage meurt.
Il va sans dire que cette règle ne doit pas être
appliquée à la légère ou très souvent (sauf s’il
s’agit d’un personnage suicidaire). En outre, pour
pouvoir recourir à cette règle, il faut avoir les
conditions suivantes :
• Qu’il soit possible de trouver une bonne façon
de donner lui vie. Par exemple, il ne semble
pas y avoir de façon de mourir pour aider à for-
ger une épée, mais un joueur imaginatif peut
trouver une situation plausible, comme un rite
dans lequel il doit donner son sang.
• Que le conflit ne mette pas plus en jeu que la
vie du personnage. Si un PJ va sauter par-des-
sus un abime sans fond, sa vie dépend déjà de
l’issue du conflit.
Dans le cas où plusieurs personnages souhaitent
se sacrifier héroïquement, seul celui dont le
joueur s’est proposé en premier pourra le faire.
Si plus d’un s’est proposé en même temps, alors
les joueurs eux-mêmes doivent décider quel per-
sonnage le réalise enfin.
Soyez prudent lorsque vous utilisez cette règle.
Elle est très puissante. Non seulement à cause
des répercussions que la mort du personnage
peut avoir sur la campagne, mais parce qu’on
ne peut mourir qu’une seule fois. Si le jet est
un échec, l’histoire du personnage prendra fin.
Faites-en quelque chose d’important. Pourtant,
il ne faut pas manquer cette occasion si le joueur
a le sentiment que le moment est peut-être venu.
Il pense qu’il y a encore une chance qu’il survive.
S’il le fait, il deviendra un héros. Et sinon, il est
43
toujours plus amusant de retirer un PJ avec une
mort épique que simplement parce que vous
vous ennuyez de jouer et décidez de mettre fin à
sa participation à la campagne.
Réjouissez-vous, votre personnage a le privilège
de décider comment et pourquoi il meurt. Peu
peuvent en dire autant. Vous pouvez voir ci-des-
sous une bonne façon de jouer avec la vie :
Uri regarde avec horreur comment le Wardu
s’éloigne avec Eshanna dans ses bras. Là il l’em-
mène l’attend un destin pire que la mort. Il ne peut
pas le permettre. Il ne peut pas permettre que la
seule femme qu’il ait aimée, la seule personne qui
l’ait bien traitée dans ce monde de fous, se retrouve
ainsi. Les jambes puissantes du Wardu sont sur le
point de le propulser hors de sa portée. S’il ne par-
vient pas à réaliser ce saut, Eshanna sera condam-
née. Sans y réfléchir à deux fois, Uri se jette sur le
Wardu au dernier moment...
Rodrigo, le joueur qui contrôle Uri, décide qu’en
aucun cas son personnage ne laissera le Wardu
s’échapper avec Eshanna. Il va donc faire un
Sacrifice Héroïque. Le MJ l’informe qu’il doit
surmonter un conflit de Dextérité de difficulté 17,
car le Wardu à l’avantage. Rodrigo va dépenser
une utilisation de Passion pour augmenter les
chances de survie de son personnage. Le résul-
tat du jet est 4, 4 et 2 qui, avec les prouesses
d’Uri (3), donne un total de 13. Rodrigo voudrait
recourir à la Détermination, mais il ne peut pas
le faire parce qu’il ne lui reste plus d’utilisations.
... frappant son dos avec une telle force que ce-
lui-ci libère Eshanna de son étreinte, cette dernière
atterrit en toute sécurité sur le toit du bâtiment sur
lequel ils se trouvaient. Cependant, on ne peut en
dire autant d’Uri ou du Wardu, car l’impulsion de
l’assaut les a poussés dans le vide, les deux se pré-
cipitant contre le sol.
Quand Eshanna regarde pour voir ce qu’il est adve-
nu d’eux, elle éclate en sanglots. En bas se trouvent
les cadavres des deux prétendants, empalés en
tombant sur la lance de la bête qui cherchait à la
garder prisonnière. Même après ce qu’elle lui avait
fait, il avait donné sa vie pour la sauver. Une fureur
intenable s’empare alors d’Eshanna. « Je ne laisse-
rai pas ton sacrifice être vain », murmure-t-elle en
son for intérieur.
44 CONFLITS ET ÉMOTIONS

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• Lorsque l’issue d’une situation est incertaine, elle est résolue par un conflit.
• Pour résoudre un conflit, on lance 3D + Caractéristique + Profession contre une difficulté don-
née. Si le résultat est supérieur ou égal, l’action du personnage réussit. S’il est inférieur, il
n’atteint pas son objectif, même si son action réussit.
• Dans les conflits entre joueurs, la difficulté est déterminée par les capacités du personnage en-
nemi : 10 + Caractéristique + Profession s’il s’agit d’un PNJ ; 3D + Caractéristique + Profession
s’il s’agit d’un PJ ou d’un PNJ important.
• Si un personnage aide un autre dans un conflit, la difficulté diminue de 2. Si c’est deux, de 3. Si
c’est trois ou plus, de 4.
• Un jet de dés égal ou supérieur à la difficulté +6 est un succès absolu et le personnage obtient
un autre avantage en plus d’atteindre son objectif.
• Il existe cinq conditions négatives : Épuisé, Terrifié, Blessé, Malade et Empoisonné.
• Une condition négative augmente la difficulté de tous les conflits de 2. Deux de 3. Trois ou plus
de 4.
• Si un PJ souffre de la condition négative Blessé, Malade ou Empoisonné deux fois en même
temps, il mourra probablement.
• L’Endurance représente la capacité d’un personnage à aller de l’avant. Si l’Endurance atteint 0,
le personnage est Épuisé.
• Les traits de caractère permettent de tirer 4D et de choisir les 3  meilleurs s’ils sont utilisés
positivement ou les 3 plus mauvais s’ils sont utilisés négativement.
• Chaque PJ commence avec 3 Points de Caractère (PC). Soustraire 1 lors de l’utilisation positive
d’un trait et ajouter 1 lors de l’utilisation négative. Vous ne pouvez pas avoir moins de 0 PC,
mais il n’y a pas de limite maximum.
• La Passion permet de relancer les 6 et d’ajouter le nouveau résultat au jet de dés et son utilisa-
tion est annoncée avant de jeter les dés. Elle n’est considérée comme dépensée que si au moins
un 6 est obtenu.
• La Détermination permet de relancer un jet de dés et son utilisation est indiquée après le jet
de dés.
• Lorsqu’un personnage accomplit un Sacrifice Héroïque, il atteint toujours son objectif et le jet
de dés détermine s’il survit au conflit ou non.
 SANG ET SABLE

- Rihat, as-tu déjà tué quelqu’un ?

- Malheureusement, il en a été ainsi, jeune Shelmaneser.
- Et comment cela est-il arrivé ? Qu’as-tu ressenti ?
- La première fois que j’ai tué un homme, c’était en me battant pour défendre ma vie. J’ai
ressenti tout à la fois de la peur et du dégout.
- Tu es un lâche, Rihat ! Quand je serai grand, je serai un grand guerrier ! Je vaincrai mes ennemis
par la force de mon bras et ils reconnaitront tous que je suis le plus puissant !
- Un grand guerrier est celui qui ne se bat pas, jeune maitre. Un véritable guerrier tente de
chercher une solution pacifique aux problèmes et ne combat que lorsqu’il n’y a pas d’autre
choix. Avez-vous déjà vu votre père combattre ? Si vous le souhaitez, je pourrais vous parler de
l’homme le plus fort qui ait jamais existé...

Au cours de leurs aventures, les PJ n’auront
parfois pas d’autre choix que de recourir à la
violence. Peut-être que des vues irréconci-
liables les amèneront à combattre d’autres
êtres intelligents ou qu’ils voudront simple-
ment éviter de devenir le prochain repas d’une
terrible bête. Ces affrontements seront tou-
jours considérés comme des conflits et gérés
selon les explications du chapitre précédent,
mais avec certaines règles supplémentaires.
Dans La Porte d’Ishtar, il existe deux types
de combats  : les escarmouches, ou combats
rapides, et les confrontations, ou combats
détaillés. Pendant les sessions de jeu, les
deux seront utilisés, le MJ choisissant l’un ou
l’autre en fonction de ce qui est le plus adapté
à chaque combat.
ESCARMOUCHES
Les escarmouches sont des combats d’une im-
portance relativement faible. Elles sont réso-
lues très rapidement (avec un seul jet de dés)
et permettent de poursuivre la partie sans s’y
arrêter trop longtemps. C’est pourquoi nous
les appelons aussi «  combats rapides  ». Elles
sont utilisées pour les affrontements où les en-
nemis sont communs ou ne représentent pas
un grand défi. La victoire des personnages est
46 SANG ET SABLE

assurée, il ne reste plus qu’à savoir ce qu’il leur
en coute pour l’obtenir. S’il est plus important
de continuer la session et de ne pas s’arrêter
aux détails d’un combat, le MJ le résoudra en
utilisant ces règles.
Enfin, soustrayez les deux totaux (celui des PJ
moins celui des ennemis) et recherchez cette
différence dans le tableau au bas de cette page.
En face de cette valeur est indiqué le total
d’Endurance perdue par les personnages.

Lorsque les personnages sont impliqués dans
un combat, le MJ peut déclarer que cet af-
frontement doit être résolu comme une escar-
mouche. Une fois dit cela, chacun des joueurs
décrit ce que son personnage va faire, com-
ment il va réagir à ce qui se passe et de quelle
manière il va essayer de vaincre ses ennemis.
Selon la façon dont le plan semble intelligent
et efficace pour le MJ, celui-ci peut appliquer
un bonus (tout au plus +4) ou un malus (tout
au plus -4) au jet de dés pour résoudre l’es-
carmouche. Les valeurs extrêmes, +4 et -4,
sont réservées aux idées exceptionnellement
bonnes ou terriblement mauvaises.
Après cette description et en se basant sur
celle-ci, les joueurs doivent décider lequel
des personnages joueurs agit comme leader
pour ce combat. Le joueur qui contrôle le
PJ leader lance 3D et ajoute au résultat qu’il
obtient la valeur de la meilleure capacité de
combat (Corps à corps, Distance, Défense ou
Manœuvre) de chacun des PJ combattants à
ses côtés. Ce total est comparé à une difficulté
de 10 plus la somme de l’Efficacité au Combat
(ou EC) de chacun des adversaires. L’Efficacité
au Combat est un attribut propre aux PNJ et
vous ne la trouverez pas sur la feuille de per-
sonnage d’un PJ.
Cette perte d’Endurance est à répartir entre
les PJ ayant participé à l’escarmouche. Le
nombre de points perdus par chaque PJ,
c’est-à-dire la manière de les répartir, est
laissé à la discrétion du MJ. Ce dernier peut
attribuer plus ou moins d’Endurance perdue à
chaque PJ selon la manière dont les joueurs
ont décrit leur façon de faire face au combat
et la narration de celui-ci. En cas de doute,
le plus normal sera de répartir équitablement
la perte entre tous les PJ, en attribuant tout
excédent au leader. N’oubliez pas que si le MJ
décide d’appliquer un bonus ou un malus au
jet de dés, celui-ci s’applique au total avant de
consulter le tableau. N’oubliez pas aussi que
si l’Endurance d’un PJ tombe à 0, ce dernier
sera Épuisé.
L’Endurance combinée des ennemis est la
somme de l’Endurance de chacun d’eux. Par
exemple  : 4 ennemis avec une Endurance de
5 auront une Endurance combinée de 20. Si
l’Endurance perdue n’est pas un nombre en-
tier, elle est arrondie à l’inférieur. Après une
escarmouche, les ennemis des personnages
sont toujours considérés comme vaincus. Ils
peuvent être morts, blessés ou s’être enfuis la
queue entre les jambes. Les détails précis sont
laissés à l’imagination du MJ.

ESCARMOUCHE

3D + la plus grande capacité de combat de chaque PJ contre 10 + EC de chaque adversaire.

De -4 à +4 en fonction de la description faite par les joueurs.
Chercher la valeur d’Endurance perdue dans le tableau des escarmouches, arrondie à l’entier inférieur.
Répartir l’Endurance perdue entre les joueurs. Les adversaires sont considérés comme vaincus.

DIFFÉRENCE ENDURANCE PERDUE PAR LES PERSONNAGES JOUEURS

+6 ou plus Aucune
Escarmouches

+2 à +5 Le quart de l’Endurance combinée des ennemis

-1 à +1 La moitié de l’Endurance combinée des ennemis
-2 à -5 Endurance combinée des ennemis
-6 ou moins Une fois et demie l’Endurance combinée des ennemis
 escarmouches
Voici un exemple d’escarmouche :
Ashur-Liana, Ishme et Iltanni se sont engouffrés
dans les catacombes, où le terrible alchimiste
Eanatum mène ses plus infâmes expériences.
Ils arrêtent soudainement leur progression.
Ils ont entendu un bruit provenant du passage
situé à leur gauche. La lumière tremblante de
leurs torches ne leur permet pas de voir ce qui
se cache dans ces profondeurs obscures, mais
après quelques secondes d’incertitude, ils voient
leurs pires craintes confirmées. Venant de l’autre
extrémité du passage, quatre Mushkenu recou-
verts de haillons se jettent sur eux ! Leurs dents
sont trop pointues et leurs bouches couvertes de
sang sont les seules choses auxquelles les trois
aventuriers ont le temps de penser avant d’avoir à
repousser l’attaque brutale de ces créatures.
Le MJ indique que ce combat sera résolu comme
une escarmouche. Il demande aux joueurs ce
que leurs personnages vont faire et qui dirigera
le groupe pendant ce combat. Ensemble, les
joueurs décident que l’expérience d’Ishme en
tant que soldat fait de lui le PJ le mieux placé
pour diriger leur groupe. Ils déclarent égale-
ment qu’Ishme sortira son bouclier et se pla-
cera au milieu du passage, protégeant de son
corps Iltanni et Ashur-Liana, plus faibles que lui.
Quant à elles, elles se consacreront à attaquer
de loin leurs adversaires, Ashur-Liana avec sa
fidèle sarbacane et Iltanni en jetant des pierres,
faisant montre de l’adresse qui la caractérise.
Considérant qu’il s’agit d’une stratégie valable,
mais pas exceptionnelle non plus (ils auraient
pu, par exemple, profiter de leurs torches pour
repousser des créatures peu habituées à la lu-
mière), le MJ décide qu’ils auront un bonus de
+1 à leur jet de dés. Les capacités de combat de
chacun des personnages sont les suivantes :
• Ashur-Liana : Corps à corps 2, Distance 4,
Défense 4 et Manœuvre 4.
• Iltanni  : Corps à corps  2, Distance  5,
Défense 4 et Manœuvre 3.
• Ishme  : Corps à corps  6, Distance  2,
Défense 4 et Manœuvre 2.
Au jet de dés, ils obtiennent 7, auquel s’ajoute
la valeur de la meilleure capacité de combat de
chacun (4 d’Ashur-Liana, 5 d’Iltanni et 6 d’Ishme)
47
et le bonus de +1, ce qui donne un total de 23.
Quant aux adversaires, les quatre cannibales
Mushkenu ont une EC de 4. Leur total est de 10
plus quatre fois cette valeur, soit 26. Comme la
différence entre les deux valeurs est de -3, les
PJ perdent l’Endurance combinée de leurs enne-
mis. Comme chaque cannibale Mushkenu a une
Endurance de 5, les joueurs perdent 20 (4x5)
Points d’Endurance, que le MJ répartit ainsi :
• Ishme en perd 10 comme il a souffert de la
plupart des attaques des cannibales.
• Ashur-Liana et Iltanni en perdent 5 chacune,
car les Mushkenu ont réussi à passer la dé-
fense d’Ishme et se sont jetés sur elles.
Le MJ décrit la scène suivante :
D’un geste rapide, Ishme interpose son bouclier
entre les Mushkenu affamés et ses compa-
gnonnes. Tout en utilisant sa surface pour se
protéger de la plupart des coups des créatures,
il décapite l’un d’eux d’un coup sûr de son épée.
Pendant ce temps, derrière lui, Iltanni et Ashur-
Liana s’efforcent d’attaquer à distance, l’une
avec des pierres, l’autre avec sa sarbacane. Mais
malheureusement, l’obscurité leur fait manquer
leurs objectifs. Bientôt, les forces d’Ishme com-
mencent à faiblir et l’un des cannibales se jette sur
lui, l’entrainant au sol. Les deux autres Mushkenu
restants, profitant de la situation, se jettent sur
les deux femmes, qui étaient hors de portée. L’un
d’eux pousse de tout son poids Iltanni, qui tombe
à la renverse et prend un lourd coup sur la tête. À
moitié abasourdie, elle voit son adversaire se pen-
cher sur elle et la regarder avec férocité. Poussée
par le désespoir, elle palpe nerveusement le sol à
la recherche de quelque chose pour frapper son
adversaire. Un instant avant que les mâchoires de
la bête ne se referment sur son cou, elle parvient
à saisir une pierre et frappe le crâne du cannibale
qui s’effondre, immobile.
L’autre s’en prend à Ashur-Liana, qui lâche sa
sarbacane pour mettre la main sur sa dague.
Tremblante, elle donne quelques coups en l’air.
Elle est nerveuse et sue abondamment, car elle
n’a jamais eu à l’utiliser pour couper autre chose
qu’un morceau de viande. Heureusement pour
elle, elle n’a pas grand-chose à faire, car l’impul-
sion de la charge du Mushkenu le fait s’empaler
de lui-même sur sa lame. Submergée par l’odeur
48 SANG ET SABLE
 escarmouches
désagréable de la créature et de la situation, elle
ne peut s’empêcher de tomber au sol, à bout de
forces. Pendant ce temps, Ishme a réussi à élimi-
ner le dernier adversaire. Il respire lourdement et
ses bras sont couverts de petites coupures, cau-
sées par les ongles de son agresseur.
AUTRES OBJECTIFS D’UNE ESCARMOUCHE
Une escarmouche n’a pas à se conclure que par
la perte d’Endurance, car l’un ou l’autre camp
peut avoir des objectifs autres que simplement
vaincre leurs ennemis. Les joueurs et le MJ
peuvent décider de chercher dans le combat un
objectif supplémentaire : les joueurs pour leurs
personnages et le MJ pour les adversaires.
Parmi ces objectifs, on peut compter tout ce
pour quoi il est concevable de se battre, comme
empêcher un ennemi de prendre une position,
protéger la vie d’un innocent ou s’échapper
avec un objet intact. De plus, ils ne doivent pas
nécessairement être bénéfiques pour ceux qui
les cherchent, mais peuvent aussi être quelque
chose qui nuise à leurs ennemis. Par exemple,
voler un objet en profitant d’une diversion ou
forcer les ennemis à perdre suffisamment de
temps pour qu’ils n’arrivent pas à temps pour
empêcher un évènement. D’ailleurs, ce sont sou-
vent ces objectifs et non la victoire elle-même qui
sont les véritables motifs de nombreux combats.
Si ce sont les joueurs qui décident de poursuivre
l’un de ces objectifs, ils doivent appliquer un ma-
lus de -2 à leur jet de dés. Et si ce sont leurs ad-
versaires qui en poursuivent un, les joueurs ob-
tiennent un bonus de +2. Si les deux cherchent
un objectif, ces deux modificateurs s’annulent et
le jet n’est pas affecté. C’est-à-dire que les deux
parties sont prêtes à faire une concession en
échange de ce qu’elles souhaitent obtenir.
Les joueurs et le MJ doivent indiquer s’ils pour-
suivent des objectifs avant que le jet de dés
ne soit effectué, et non pas une fois le résultat
connu. Si les deux parties souhaitent obtenir
le même avantage ou des avantages incompa-
tibles, un seul des deux camps pourra le faire.
Si la différence entre le résultat obtenu dans le
jet de dés et la difficulté imposée est de 0 ou un
nombre positif, alors les personnages joueurs
49
s’en sont bien tirés. Sinon, ce sont les adversaires
qui ont réussi à obtenir ce qu’ils avaient prévu.
AUTRES OBJECTIFS DANS LES ESCARMOUCHES
Objectif poursuivi par les PJ :
-2 au résultat de l’escarmouche.
Objectif poursuivi par les adversaires :
+2 au résultat de l’escarmouche.
Si le MJ l’approuve, un camp peut poursuivre
plus d’un objectif à la fois, mais ce n’est pas
recommandé parce que cela pourrait rendre le
combat trop difficile.
Dans l’exemple précédent, le MJ aurait pu déci-
der que les cannibales poursuivaient un objec-
tif, comme éteindre les torches des PJ. Si cela
avait été le cas, les joueurs auraient bénéficié
d’un bonus de +2 à leur jet, obtenant au total
un résultat de -1 dans le tableau, ce qui aurait
entrainé dans ce cas une perte d’Endurance de
10 au lieu de 20. Mais en retour, pendant le
combat, les seules sources de lumière portées
par les personnages se seraient éteintes... les
laissant dans le noir.
PERSONNAGES DANS UNE ESCARMOUCHE
Contrairement aux autres conflits, dans une es-
carmouche, ni les caractéristiques ni les profes-
sions des personnages n’entrent en jeu. N’ont
d’importance que leurs capacités de combat et
la façon dont ils font face à leurs ennemis.
D’autre part, le personnage qui est le leader
d’une escarmouche (celui qui lance les dés)
peut normalement utiliser ses traits de carac-
tère (à la fois positivement et négativement)
ainsi que sa Passion et sa Détermination dans
le jet de dés pour résoudre l’escarmouche,
avec les mêmes effets que pour tout autre
conflit. Cependant, comme seul ce personnage
est en mesure de le faire, il faut soigneusement
choisir qui est suivi en tant que leader.
En outre, le joueur qui contrôle le personnage
leader peut, s’il le souhaite, recourir à la règle
du Sacrifice Héroïque, bien qu’elle ne soit pas
conseillée, car les escarmouches représentent
généralement des combats peu importants. Si le
joueur décide de le faire, il sera considéré comme
50 SANG ET SABLE
ayant obtenu automatiquement un résultat de
(+6) dans le tableau, de sorte que les PJ ne su-
biront aucune perte d’Endurance. Cela dit, si le
résultat du jet pour résoudre l’escarmouche est
de -1 ou moins, le courageux PJ y perdra la vie.
Les conditions négatives des personnages qui
participent à l’escarmouche s’appliquent nor-
malement, qu’ils agissent ou non en tant que
leader. Il faut soustraire le malus correspondant
(de -2 à -4) aux capacités de combat de chaque
personnage qui subit une ou plusieurs condi-
tions, avant d’ajouter la valeur de la meilleure
capacité de combat de chacun au total du camp.
Enfin, les règles d’aide ne s’appliquent pas lors
d’une escarmouche. Si un personnage participe
au combat, il contribue déjà à son succès.
Sinon, la meilleure façon d’aider est de se battre !
PERSONNAGES ET ESCARMOUCHES
Caractéristiques et professions :
n’entrent pas en jeu dans une escarmouche.
Traits de caractère, Passion et Détermination :
seulement le leader.
Sacrifice Héroïque :
seul le leader, +6 automatique ; s’il obtient -1, il meurt.
Conditions négatives :
celles de tous les personnages s’appliquent.
Aide :
ne s’applique pas à une escarmouche.
CONFRONTATIONS
À l’opposé aux escarmouches se trouvent les
confrontations. Si les unes sont rapides et fré-
nétiques, les autres sont tendues et détaillées.
Les confrontations représentent des combats
très importants, cruciaux pour l’histoire. Dans
ce cas, les adversaires ne sont pas des ennemis
anonymes ou superflus, mais d’importants an-
tagonistes ou des monstruosités terribles. Ces
combats sont toujours des moments drama-
tiques, dans lesquels cela vaut la peine d’investir
du temps de jeu, car les confrontations elles-
mêmes sont souvent les moments les plus in-
tenses et les plus importants de toute aventure.
Mais avant de lire la suite, un avertissement :
les règles pour résoudre les confrontations
sont les plus complexes du jeu. Par consé-
quent, si vous le voulez, vous pouvez sauter les
sections restantes de ce chapitre et reprendre
à partir du prochain, surtout si vous n’avez ja-
mais joué à un jeu de rôle. Si c’est votre cas,
lisez le reste du livre et faites au moins un test
de partie sans aucune confrontation.
Après cette première session, vous serez
beaucoup plus à l’aise avec le fonctionnement
de La Porte d’Ishtar et il vous sera beaucoup
plus facile de comprendre le fonctionnement
des confrontations. Lisez alors le reste de ce
chapitre et préparez-vous à vivre des combats
beaucoup plus intenses.
ASSAUTS ET INITIATIVE
Pendant une confrontation, le passage du
temps est divisé en assauts. Le temps que dure
chaque assaut dans le monde du jeu n’est pas
important et varie en fonction du rythme du
combat. Un assaut peut représenter un ins-
tant ou une période plus longue  : quelques
secondes, voire plusieurs minutes.
L’important, c’est que tous les participants
d’une confrontation aient la possibilité d’agir
une fois au cours d’un assaut. Une fois que tout
le monde a agi, cet assaut se termine et un nou-
veau commence. Ce processus se répète assaut
après assaut jusqu’à ce que l’un des camps en
présence termine le combat, soit parce qu’il se
retire, se rend ou pour toute autre raison.
Bien qu’en réalité tous les combattants
agissent en même temps pendant un assaut,
nous imposerons un ordre artificiel aux actions
des participants appelé l’Initiative. L’Initiative
représente la capacité d’un personnage à anti-
ciper les actions de ses ennemis, à analyser la
situation et à agir en conséquence. En d’autres
termes, à « les voir venir ».
Au début de chaque assaut, chaque joueur
lance 1D. Le résultat de ce dé est l’Initiative
de son personnage. Le MJ, quant à lui, lance
également 1D pour chacun des adversaires afin
de déterminer leur Initiative. Normalement, un
unique jet de dé suffit au MJ pour déterminer
l’Initiative d’un groupe d’ennemis similaires ou
même pour tous les ennemis.
 confrontations
Plus la valeur d’Initiative est grande, plus tôt un
personnage peut agir. En premier agissent ceux
qui ont l’Initiative la plus élevée, puis ceux qui
ont la deuxième valeur la plus haute. Et ainsi
de suite. Si deux combattants ont la même
Initiative, ils peuvent agir dans l’ordre qu’ils pré-
fèrent, mais les PJ auront toujours préséance
sur les PNJ en cas d’égalité.
Un joueur peut décider de retarder l’Initiative
de son personnage en le faisant agir après le
moment où il devrait normalement le faire.
Une manière facile de garder un œil sur l’Initia-
tive de chaque personnage est, une fois le jet
de dés effectué, de placer le dé avec le résultat
devant le joueur qui contrôle le PJ ou devant
le MJ s’il s’agit de l’Initiative des ennemis des
personnages.
ASSAUTS ET INITIATIVE
Initiative : 1D au début de chaque assaut.
Chaque combattant agit une fois par
assaut dans l’ordre d’Initiative.
En cas d’égalité, les PJ ont
préséance sur les PNJ.
ACTIONS
Lorsque son tour d’Initiative arrive, chaque
combattant a droit à une action. Les actions
sont des conflits spéciaux et sont résolues diffé-
remment des conflits que vous connaissez déjà.
La première étape pour résoudre une action
consiste à déclarer un objectif. Le joueur qui
contrôle le combattant doit indiquer sur lequel
de ses adversaires il veut se concentrer pendant
cet assaut. Dorénavant, nous désignerons le
personnage qui mène l’action comme l’attaquant
et celui de son objectif comme le défenseur.
Une fois l’objectif déclaré, l’étape suivante
consiste à décrire ce que fait l’attaquant. Cette
description est effectuée par le joueur qui le
contrôle et consiste simplement en une expli-
cation de ce qu’il va essayer de faire pendant
l’assaut. À ce stade, cette présentation n’est
pas faite sous la forme de mécaniques de jeu,
mais en racontant ce que le personnage tente
de faire. Par exemple :
51
Razak va courir vers Mushezibti aussi vite que
ses jambes le lui permettent et essayer de la
pousser dans les escaliers avant qu’elle ne par-
vienne à monter jusqu’en haut. Ensuite, quand
elle sera tombée au bas de l’escalier, il sautera en
cherchant à atterrir sur elle de tout son poids, si
possible en plaçant son épée devant lui.
Après cette description, le joueur doit choisir
un type d’action représentant ce qu’il a décrit
(comme une attaque particulièrement puis-
sante ou une tentative de désavantager un en-
nemi) parmi une liste qui se trouve plus loin. Il
ne reste plus qu’à savoir si l’action a été menée
avec succès et à décrire le résultat.
Pour déterminer cela, il faut d’abord connaitre
une série de valeurs pour chaque combattant :
la Valeur d’Attaque, la Valeur de Défense et la
Valeur de Manœuvre. Parmi ces trois valeurs,
un personnage utilisera deux d’entre elles selon
qu’il agit en tant qu’attaquant ou défenseur.
Chaque valeur est calculée à partir de la capa-
cité de combat correspondante du participant :
• Valeur d’Attaque ou VA  : la capacité Corps
à corps ou Distance (en fonction de l’arme
utilisée) du personnage, en plus de tout mo-
dificateur par arme ou style de combat. Elle
est utilisée par l’attaquant.
• Valeur de Défense ou VD : la capacité Défense
du personnage, en plus de tout modificateur
par arme, armure ou style de combat. Elle
est utilisée par le défenseur.
• Valeur de Manœuvre ou VM  : la capacité
Manœuvre du personnage, en plus de tout
modificateur par arme, armure ou style de
combat. Elle est utilisée par l’attaquant et
le défenseur.
Normalement, vous aurez calculé ces valeurs
en amont et les aurez inscrites sur la feuille de
personnage.
À partir de ces valeurs, quatre totaux sont
obtenus pour chaque action, deux pour l’at-
taquant (Total d’Attaque ou TA et Total de
Manœuvre ou TM) et deux pour le défenseur
(Total de Défense ou TD et Total de Manœuvre
ou TM). Ces totaux sont calculés de manière
légèrement différente en fonction de l’impor-
tance du personnage en question :
52 SANG ET SABLE

• S’il s’agit d’un PJ ou d’un PNJ très important,
un seul jet de 3D est fait pour les deux va-
leurs et le résultat s’ajoute à chacune d’entre
elles pour obtenir le total correspondant.
• S’il s’agit d’un PNJ peu important, il suffit
d’ajouter 10 à chacune des valeurs pour ob-
tenir le total correspondant.
Il est important de noter que le même jet de 3D
est utilisé pour calculer les deux totaux ; on
ne fait pas des jets différents pour chaque total.
En outre, ce jet sera fait par les PJ et les PNJ
importants, qu’ils soient attaquants ou défen-
seurs. Ainsi, les PNJ qui ne sont pas importants
ajouteront toujours 10, qu’ils soient attaquants
ou défenseurs, au lieu de jeter les dés.
CALCUL DES TOTAUX
Résultat = 3D (PJ ou PNJ important) ou 10 (PNJ).
TA = Résultat + VA
TD = Résultat + VD
TM = Résultat + VM
La plupart des actions ont deux parties, une
attaque et une manœuvre. Pour décider si cha-
cune de ces parties (indépendamment) a réus-
si, on compare les totaux obtenus :
• Si le TA de l’attaquant est supérieur au TD du
défenseur, l’attaque est couronnée de succès
et le défenseur réduit son Endurance d’autant
de points que la différence entre les deux.
• Si le TM de l’attaquant est supérieur au TM
du défenseur, la manœuvre est couronnée
de succès. L’effet de la manœuvre dépend du
type d’action choisi, comme vous le verrez
plus loin.
Et c’est fini. C’est ainsi que sont résolues les
confrontations, dans leur ensemble. Le reste
de ce chapitre détaille les types d’actions,
d’armes, d’armures et de styles de combat
existants, ainsi que d’autres aspects impor-
tants du combat. Vous pouvez trouver tout
ce processus compliqué, mais ce n’est pas si
difficile. Sur la page suivante, vous avez un
diagramme résumant les étapes à suivre.

RÉSULTAT DE L’ACTION
Attaque : TA attaquant - TD défenseur = Endurance perdue par le défenseur.
Manœuvre : TM attaquant > TM défenseur = manœuvre réussie.
 confrontations 53

Lancer l’Initiative (1D)

Déterminer le
personnage suivant
par ordre d’Initiative
À RÉPÉTER TANT QU’IL RESTE DES PERSONNAGES

Désigner un objectif

TA =
TM = 3D + VA
+ VM
TD =
TM = 3D + VD
+ VM
Décrire l’action

TA = 10 + VA TD = 10 + VD
TM = 10 + VM TM = 10 + VM

Choisir un type d’actions OUI NON OUI NON

L’attaquant est-il un PJ Le défenseur est-il un PJ

ou un PNJ important ? ou un PNJ important ?

Calculer les totaux

Attaque
Endurance perdue =
TA - TD
Déterminer le résultat
Manœuvre
TM attaquant >
TM défenseur ?
OUI NON

La manœuvre La manœuvre
Décrire le résultat
réussit échoue
54 SANG ET SABLE
TYPES D’ACTIONS
Il existe dix actions différentes qui sont détail-
lées ci-après. Accompagnant leur explication,
vous verrez également quelques exemples de
descriptions qui peuvent être associés à cha-
cune d’elles et qui peuvent vous inspirer pour
les décrire.
Attaque implacable
Dans une Attaque implacable, l’attaquant se
concentre pour infliger le plus de dégâts à son
objectif, sans tenir compte d’autres considé-
rations et en laissant de côté des options plus
subtiles. Le personnage attaque de toutes ses
forces pour porter un coup décisif qui laisse son
ennemi définitivement hors de combat.
Cette action, contrairement à la plupart,
n’est pas composée d’une attaque et d’une
manœuvre, mais seulement d’une attaque.
Il n’est donc pas nécessaire de comparer les
TM. En retour, l’attaquant peut ajouter +2
à son TA, ce qui a pour conséquence qu’une
attaque qui aurait échoué atteint son objectif
et que celle qui aurait réussi fait perdre encore
plus d’Endurance au défenseur.
Vous pouvez décrire cette action comme un
acte offensif qui semble suffisamment brutal
et qui concerne davantage l’attaque en elle-
même que le fait de nuire à l’ennemi d’une
autre manière : saisir une arme avec les deux
mains et frapper de toutes ses forces, chercher
une faille dans l’armure ou profiter de cette
position durement gagnée à l’assaut précé-
dent pour enfin donner le coup de grâce. Si le
personnage utilise une Arme à distance, cette
action peut consister à viser avec soin pour
s’assurer que le tir ne rate pas son objectif.
Défense de fer
La Défense de fer est l’action opposée à l’At-
taque implacable. L’attaquant continue de har-
celer son ennemi, mais il concentre désormais
la majorité de ses efforts sur sa propre défense.
Il analyse avec prudence les mouvements de
ses ennemis, les gardant à distance et déviant
leurs coups.
Cette action, comme la précédente, n’est com-
posée que d’une attaque et il n’est pas néces-
saire de calculer les TM. Pour compenser cela,
le personnage peut ajouter +2 à son TD pour
les autres attaques qu’il subit à partir de ce
moment-là et jusqu’à son tour à l’assaut
suivant. Il faut cependant garder à l’esprit que
même si le personnage utilise une Défense de
fer, il continue à mener une attaque contre un
adversaire.
 confrontations
Pour décrire une Défense de fer, vous pouvez
expliquer que le personnage, bien qu’il conti-
nue d’attaquer son ennemi, se couvre derrière
son bouclier, se met à couvert derrière une
table ou se place dos à dos avec un compa-
gnon. Peu importe ce qu’il fait exactement,
vous devez juste transmettre l’idée que sa pré-
occupation principale est de se défendre.
Améliorer la position
En utilisant Améliorer la position, un combat-
tant tente de trouver quelque chose dans son
environnement qui lui donne un avantage à
utiliser contre ses ennemis, pour lui ou un de
ses compagnons d’armes. Cela peut être une
position élevée, un meilleur angle de tir ou tout
simplement la distance la plus appropriée pour
frapper son adversaire. Comme dans la plupart
des actions, le personnage ne cesse d’échan-
ger des coups avec ses adversaires, mais tout
en le faisant, il cherche un certain avantage à
exploiter.
Si la manœuvre de cette action réussit, le per-
sonnage peut s’accorder un bonus de +2 (ou
le donner à un allié) pour toutes ses actions
jusqu’à la fin du combat (ou jusqu’à ce qu’il
soit victime de l’action Aggraver la position).
Ce bonus s’applique à tous ses totaux (TA, TD
et TM) et un personnage ne peut en bénéficier
plus d’une fois en même temps, même s’il est
l’objectif de l’action Améliorer la position plu-
sieurs fois. La seule façon d’obtenir un bonus
supérieur à +2 est de combiner Améliorer la
position avec Attaque implacable ou Défense
de fer, ou d’utiliser une Arme d’hast (comme
vous le verrez plus loin).
Si le personnage qui reçoit le bonus est déjà af-
fecté par l’action Aggraver la position, il cesse
de subir le malus de -2 causé par cette action,
au lieu de recevoir le bonus de +2.
Soyez imaginatif lorsque vous décrivez cette
action. Il existe des infinités de moyens d’amé-
liorer sa position ou celle d’un allié. Un mou-
vement tactique digne d’un génie, se remettre
debout après avoir été renversé, monter sur
une monture (ou une table), ainsi que sauter
sur le dos d’une créature qui attaque sont de
bonnes façons d’illustrer Améliorer la position.
55
De plus, ne pensez pas seulement à la position
comme une notion physique. Une harangue
lancée au bon moment ou distraire l’ennemi
qui attaque votre compagnon sont aussi des
manières d’Améliorer la position.
Aggraver la position
Aggraver la position est l’action opposée à
la précédente. Au lieu de se concentrer sur
l’obtention d’un avantage pour lui-même, le
personnage tente de désavantager l’un de ses
adversaires. Peut-être le pousse-t-il dans les
escaliers, essaie-t-il de le faire trébucher, lui
jette-t-il de la terre sur les yeux ou le force-t-
il à révéler son point faible pour qu’un de ses
compagnons puisse en profiter.
Si la manœuvre de cette action réussit, l’at-
taquant peut imposer au défenseur un
malus de -2 à toutes ses actions jusqu’à la
fin du combat (ou jusqu’à ce que ce dernier
réussisse Surmonter, Reprendre son souffle ou
Améliorer la position). Ce malus s’applique à
tous ses totaux (TA, TD, TM) et un person-
nage ne peut en être victime plus d’une fois en
même temps, même s’il est l’objectif d’Aggra-
ver la position plusieurs fois.
Si le personnage qui se fait imposer le malus
est déjà affecté par l’action Améliorer la po-
sition, il cesse de bénéficier du bonus de +2
dû à cette action, au lieu de recevoir le malus
de -2.
Le nombre de façons que l’être humain a dé-
veloppé pour nuire à son prochain est presque
infini, de sorte que vous aurez probablement
peu de difficultés à trouver le moyen de décrire
comment le personnage aggrave la position
d’un ennemi : l’attaquer avec le soleil dans le
dos, le prendre au dépourvu, le forcer à lut-
ter contre un mur ou sur un terrain instable,
le faire tomber du cheval qu’il monte, lui tirer
tellement de flèches qu’il est forcé de se mettre
à couvert, etc.
Il existe également des moyens d’Aggraver
la position de l’objectif en utilisant un autre
ennemi. Un personnage peut, par exemple,
pousser un adversaire contre un autre afin qu’il
perde l’équilibre.
56 SANG ET SABLE
Désarmer
Le but de l’action Désarmer est de pri-
ver un adversaire d’une de ses ressources.
Habituellement, cette ressource est une arme,
mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit tou-
jours ainsi. Un bouclier peut être un bon candi-
dat, ainsi que la torche qui permet de voir dans
l’obscurité de la grotte. Cela peut également
consister à faire tomber un cavalier de son che-
val ou à rendre inefficace l’une des redoutables
armes naturelles d’un énorme monstre.
Si la manœuvre de cette action réussit, l’atta-
quant empêche le défenseur d’utiliser l’une
de ses ressources. S’il s’agit d’une arme, il se
retrouve désarmé et doit recourir à une autre
arme ou se battre avec ses poings. S’il s’agit
d’un autre type de ressource, il perd tous les
avantages qui y sont associés. S’il s’agit d’une
des capacités naturelles d’un monstre, il ne
peut plus en faire usage tant qu’il n’a pas réussi
l’action Surmonter ou Reprendre son souffle,
ou jusqu’à la fin du combat.
La description de cette action dépend forte-
ment du type de ressource que l’on souhaite
annuler. S’il s’agit d’une arme, vous pouvez
expliquer comment votre personnage tente de
désarmer son adversaire d’un mouvement du
poignet, en jetant un couteau contre ses mains
ou en utilisant toute autre ruse similaire.
Laissez aller votre imagination si votre per-
sonnage affronte un monstre ou une bête
similaire. Pensez à la façon de passer outre
ces mâchoires ou ce dard pointu. Un pieu en
bois et une corde pourraient s’avérer très utiles
dans ce cas...
Immobiliser
Proche de l’action précédente, l’action
Immobiliser vise à empêcher les mouvements
d’un de vos adversaires. Jeter quelqu’un au
sol est généralement l’option la plus courante,
mais il y en a d’autres, comme le pousser
contre un mur ou le forcer à marcher sur un
piège, qui sont tout aussi efficaces, sinon plus.
Si la manœuvre de cette action réussit, le défen-
seur est immobilisé jusqu’à la fin du combat
(ou jusqu’à ce qu’il réussisse l’action Surmonter
ou Reprendre son souffle). Lorsqu’un combat-
tant est immobilisé, il ne peut attaquer que les
ennemis qui sont à ses côtés en utilisant Corps à
corps. Si les circonstances le permettent et que
vous voulez attaquer un adversaire plus éloi-
gné, vous devez utiliser la capacité de combat
Distance et une arme appropriée.
Vous pouvez décrire l’action Immobiliser de
plusieurs façons. Pensez d’abord à l’arme de
votre personnage et la manière de l’utiliser  :
des bolas sont parfaits pour cela, mais une
dague (ou une flèche) plantée dans les vête-
ments de l’ennemi peut le garder coincé au
mur et un bâton peut très bien servir à faire
trébucher quelqu’un et à le maintenir au sol.
Comme dans les autres cas, n’oubliez pas qu’en
plus d’immobiliser votre adversaire, cette ac-
tion lui fait aussi perdre de l’Endurance, alors
décrivez-la avec l’intensité correspondante.
S’interposer
S’interposer est la plus héroïque des actions.
En l’utilisant, un personnage oublie sa propre
sécurité et se met en danger pour en protéger
un autre. Cela peut consister en un garde du
corps qui place son bouclier entre un ennemi
et son seigneur, un bravache qui provoque son
adversaire avec des insultes pour que ce soit
lui l’objectif de l’attaque ou un berger qui fait
des gestes à un lion pour qu’il prête attention à
lui plutôt qu’à son troupeau.
Si la manœuvre de cette action réussit, le
défenseur doit choisir comme objectif
l’attaquant pour sa prochaine action. Si le
défenseur n’a pas la possibilité d’agir avant
la prochaine action du personnage exécutant
cette manœuvre, il ne sera pas tenu de choi-
sir l’attaquant comme objectif, à moins que
celui-ci n’exécute à nouveau cette manœuvre
avec succès.
Pour décrire cette action, laissez-vous porter
par l’héroïsme de l’acte. Après tout, le person-
nage va prendre un coup qui était destiné à un
autre. Expliquez comment il attire l’attention
de l’adversaire, sans oublier que la même ruse
peut ne pas fonctionner dans tous les cas. Par
exemple, il est facile de provoquer une brute
 confrontations
ivre avec quelques insultes, mais il faut autre
chose pour attirer l’attention de morts-vivants
qui attaquent vos compagnons. Peut-être que
dans ce cas, la seule issue sera de se mettre
en travers de leur chemin. Comme la meilleure
façon d’attirer l’attention d’un ennemi est de
le frapper, rappelez-vous en décrivant cette
action que l’attaque en fait également partie.
Surmonter
Le but d’un personnage qui effectue l’action
Surmonter est de se remettre d’une circons-
tance négative qui l’affecte, peut-être à la suite
des actions de ses adversaires.
Le personnage agit différemment en fonc-
tion de ce qu’il essaie de récupérer. Pour se
remettre d’une action Immobiliser, il doit se
débarrasser de ce qui l’empêche de bouger ou
se lever du sol, tandis que pour se remettre de
l’action Désarmer, il doit récupérer son arme
perdue ou retrouver l’usage de la ressource qui
lui a été enlevée.
Si la manœuvre de cette action réussit, l’atta-
quant ou l’un de ses alliés cesse d’être affec-
té par une action Désarmer ou Immobiliser.
Bien qu’un seul jet de dés soit toujours ef-
fectué dans cette action, dans ce cas, le TM
de l’attaquant n’est pas comparé au TM du
défenseur, mais à une valeur fixe  : 13. De
plus, si l’attaquant tente l’action Surmonter sur
lui-même pour contrer une action Immobiliser
dont il est l’objectif, que la manœuvre échoue
et qu’il tente d’utiliser Corps à corps contre un
défenseur qui n’est pas à ses côtés, l’attaque
échoue automatiquement. Ceci est dû au fait
qu’il n’a pas réussi à se débarrasser de ce qui le
maintenait immobile et à se rapprocher de son
ennemi. Utiliser Surmonter de cette façon est
un pari risqué, qui pourrait bien mal tourner.
Pour décrire cette action, gardez à l’esprit
deux choses  : quel personnage va récupérer
et quelle action veut-il surmonter. En effet, les
conséquences sont différentes si le person-
nage souhaite le faire pour lui-même ou pour
aider un compagnon. Par exemple, si c’est le
personnage lui-même qui est immobilisé après
avoir été mis à terre, il se lèvera d’un bond et
57
chargera son ennemi. Cependant, si l’un de
ses compagnons a été désarmé, le personnage
pourra prendre l’arme perdue et la lui lancer,
son allié l’attrapant à temps pour bloquer l’at-
taque d’un ennemi.
Enfin, peu importe comment les actions
Désarmer et Immobiliser ont été décrites à
l’origine, un personnage peut toujours les
Surmonter. Si l’adversaire a décrit une action
très pompeuse, surpassez-la avec une action
plus spectaculaire encore.
Et rappelez-vous que, comme dans la plupart
des actions, Surmonter comprend également
une attaque.
Changer d’arme
Quand un combattant se tourne vers l’action
Changer d’arme, c’est qu’il cherche le bon
moment, tout en continuant à se battre, pour
changer d’arme et de style de combat. Il peut
avoir besoin de recourir à une arme plus courte
pour combattre dans un espace plus petit ou
d’échanger soudainement la protection d’un
bouclier contre la puissance brute d’une Arme
à deux mains.
Si cette action réussit, l’attaquant peut chan-
ger d’arme, de style de combat ou les deux.
La nouvelle combinaison s’applique à partir de
la fin de cette action. Notez que même si l’ac-
tion s’appelle Changer d’arme, elle peut aussi
inclure d’empoigner ou de lâcher un bouclier.
Au moment de décrire l’action Charger d’arme,
vous pouvez donner à l’action tout l’impact
et le spectaculaire que vous souhaitez. Vous
pouvez, par exemple, raconter comment le
personnage fixe son ennemi pendant qu’il
déballe lentement sa hache de bataille juste
avant de se jeter bruyamment sur lui. Ou bien
vous pouvez raconter comment il percute fer-
mement son adversaire avec son bouclier pour
sortir une dague et l’enfoncer dans son cou,
avant qu’il ne puisse récupérer.
Dans cette description, vous pouvez inclure
à la fois l’arme et le style de combat que le
personnage abandonne et ceux qu’il adopte
ensuite.
58 SANG ET SABLE

Reprendre son souffle De plus, le personnage a toujours le droit de se

Avec Reprendre son souffle, le personnage veut
trouver un moment de calme au milieu du com-
bat pour reconsidérer la situation. Cette action,
contrairement aux autres, n’inclut pas une
attaque, mais en retour la manœuvre réussit
toujours, sans avoir besoin de lancer de dés.
La manœuvre Reprendre son souffle apporte
les avantages suivants au combattant :
défendre contre les attaques que les ennemis
lui font pendant cet assaut. Renoncer à atta-
quer ne signifie pas qu’il cesse de se défendre.
En décrivant cette action, il faut garder à l’es-
prit que le personnage abandonne la possibilité
d’attaquer et cherche à reprendre son souffle à
la place. Cela signifie que pendant cet assaut, sa
principale priorité est de retrouver une situation
appropriée pour continuer à se battre.

• S’il est affecté par l’action Immobiliser, il
cesse de l’être.
• S’il a été victime de l’action Désarmer avant,
il peut récupérer une (et une seule) des res-
sources perdues.
• S’il est sous les effets de l’action Aggraver la
position, il cesse de l’être.
Décrivez comment il prend une pause et cesse
de harceler ses ennemis pour se retrouver
dans une meilleure situation pour les assauts
futurs. Par exemple, le personnage se retire
momentanément du combat pour ramasser
une arme perdue, se remettre debout ou sortir
d’une situation compromise.

NOM ATTAQUE DÉFENSE MANOEUVRE

Attaque Implacable +2 - Non.
Défense de fer - +2 Non.
Améliorer la position - - +2 pour soi-même ou un allié.
Tableau des Actions

Aggraver la position - - -2 pour un ennemi.

Désarmer - - Annule une ressource de l’objectif.
Immobiliser - - Immobilise l’objectif.
S’interposer - - Est l’objectif de l’attaque suivante de l’objectif.
Changer d’arme - - Change d’arme et/ou de style de combat.
Surmonter - - TM contre 13. Supprime Désarmer ou Immobiliser.
Reprendre son souffle Non - Succès automatique. Supprime Aggraver la position,
Immobiliser et (et seulement un) Désarmer.

MOUVEMENT FAIRE TOUT AUTRE CHOSE

Quelle que soit l’action menée par un com-
battant, il a le droit de se déplacer n’importe
où sur le champ de bataille, à moins que le
meneur de jeu estime qu’il se trouve trop loin
du point qu’il veut rejoindre. Dans ce cas, le
MJ peut décider qu’il faut un certain nombre
d’assauts (deux ou trois par exemple) pour
atteindre le lieu où se trouvent ses ennemis.
Cependant, cette situation est très rare et ne
se produit que lorsque les combattants sont
réellement loin.
La seule exception à cela est dans le cas où le
personnage est immobilisé. Si tel est le cas, il
ne peut pas du tout bouger tant qu’il n’est pas
parvenu à annuler cet état.
Parfois, un joueur voudra que son personnage
fasse quelque chose qui ne peut pas être consi-
déré comme l’une des actions ci-dessus. Dans
ce cas, au lieu de mener une de ces actions, un
personnage qui participe à une confrontation
peut faire tout autre chose. Si tel est le cas,
résolvez la situation comme s’il s’agissait d’un
conflit normal, comme cela est géré lorsqu’il est
hors de combat (voir page 60). Ou, si le meneur
de jeu décide que cela n’est pas nécessaire, ne
lancez même pas les dés et supposez que le
personnage réussit avec succès ce qu’il propose.
Par exemple, prendre en vol un vase précieux
avant qu’il ne tombe au sol et se brise, encou-
rager la rébellion auprès d’une foule d’esclaves
 confrontations
ou crocheter la serrure d’un coffre pendant que
vos compagnons distraient les ennemis. Les
possibilités sont infinies.
De plus, certaines tâches, qui font norma-
lement partie d’une des actions décrites
ci-dessus, peuvent en faire également partie,
à condition qu’elles ne soient pas effectuées
dans le cadre d’une attaque. Par exemple,
enfourcher une monture (qui peut se traduire
pendant le combat par Améliorer la position)
ou changer d’arme. Si le joueur veut que son
personnage fasse ce genre de chose sans at-
taquer un adversaire, il est considéré comme
hors de combat et le MJ décide comment
cela doit être résolu. Il décide de quel type de
conflit il s’agit et de sa difficulté.
Gardez à l’esprit que vous ne devez jamais vous
empêcher d’essayer quelque chose avec vos
personnages simplement parce que cela ne peut
être résolu par les règles gérant les actions.
Ces moments sont parfois précisément les plus
excitants et les plus amusants d’une confronta-
tion. Souvent, une stratégie originale résout des
problèmes pour lesquels une approche plus « di-
recte » pourrait ne pas être la plus appropriée.
OBJECTIFS MULTIPLES ET SUPÉRIORITÉ
NUMÉRIQUE
Parfois, un attaquant veut toucher plusieurs
objectifs en même temps, ou du moins essayer.
Cela peut s’avérer compliqué, car le personnage
doit alors partager son attention entre tous ses
adversaires, ces derniers ne lui facilitant pas les
choses. Ce sera une tâche complexe, mais si le
personnage se montre clairement supérieur à
ses adversaires, elle pourra réussir.
Un attaquant peut cibler avec la même action
plus d’un défenseur, mais en faisant cela, il doit
appliquer un malus de -2 à son TA et à son TM
pour chaque objectif au-delà du premier.
Une fois le TA et le TM de l’attaquant calculés,
il est comparé aux TD et aux TM de chaque dé-
fenseur, déterminant ainsi comment l’attaquant
affecte chacun d’eux. Dans le cas où l’attaquant
est un PJ ou un PNJ important, un seul jet est
effectué, dont le résultat s’applique à tous les
adversaires, et non un jet pour chacun.
59
Dans la situation opposée, celle de plusieurs
attaquants contre un défenseur, on ne peut
pas offrir d’aide en tant que telle dans un com-
bat, mais il faut savoir si un objectif a déjà été
attaqué lors de cet assaut. Ainsi, un attaquant
bénéficie d’un bonus de +2 à son TA et son TM
si au moins un allié a déjà attaqué son objectif
au cours du même assaut.
Cela représente la difficulté de combattre plu-
sieurs ennemis en même temps. Une grande
masse d’ennemis faibles peut arriver à anéantir
le héros le plus puissant par la simple force du
nombre.
SUPÉRIORITÉ NUMÉRIQUE
-2 au TA et au TM de l’attaquant
pour chaque objectif au-delà du premier.
+2 au TA et au TM de l’attaquant
si son objectif a déjà été attaqué pendant cet assaut.
CONDITIONS NÉGATIVES
Les jets de dés des PJ lors d’une confrontation
sont également pénalisés par toute condition
négative à laquelle ils sont soumis, comme
pendant un conflit normal. Autrement dit, s’ils
souffrent d’une condition négative, ils doivent
soustraire -2 leurs TA, TD et TM. S’ils souffrent
de deux conditions, ils soustraient -3. Et s’ils en
souffrent de trois ou plus, ils soustraient -4.
Cependant, le jet d’Initiative n’est jamais affec-
té par ces conditions.
CARACTÈRE, PASSION, DÉTERMINATION
Les personnages peuvent utiliser leurs traits de
caractère, la Passion et la Détermination pour
n’importe quel jet de dés au cours d’une confron-
tation, sauf pour celui qui détermine l’ordre d’Ini-
tiative. En fait, c’est souvent le bon moment pour
le faire. Peu de choses sont plus dangereuses
dans une confrontation qu’un bon jet d’attaque
qui utilise la Passion. Et, dans les moments les
plus tendus, comme les combats, c’est là que les
émotions les plus fortes fleurissent.
Mais il y a une exception  : un trait de carac-
tère ne peut être utilisé qu’une seule fois dans
une même confrontation. Cela vise à éviter que
60 SANG ET SABLE
certains traits de caractère (comme « Brave » ou
« Cruel ») ne soient utilisés systématiquement
pour chaque jet d’une confrontation.
CARACTÈRE, PASSION ET DÉTERMINATION
DANS LES CONFRONTATIONS
Passion et Détermination :
Utilisation dans n’importe quel jet sauf l’Initiative.
Traits de caractère :
Utilisation dans n’importe quel jet sauf l’Initiative.
Une seule fois par trait et par confrontation.
FINALISER UNE CONFRONTATION
Lorsque l’Endurance d’un combattant descend
à 0 pendant une confrontation, il est considéré
comme hors de combat et ne peut pas continuer
à se battre. Il ne peut plus effectuer d’actions
à moins de parvenir à ramener son Endurance
au-dessus de 0. Si un personnage commence
une confrontation avec une Endurance à 0 (et
donc Épuisé), il peut combattre normalement,
mais la première perte d’Endurance qu’il subit le
met automatiquement hors de combat.
Si un PJ a été mis hors de combat à la suite
d’une attaque ennemie, il subit en plus la
condition négative Blessé. N’oubliez pas que le
fait que l’Endurance soit réduite à 0 le rend éga-
lement Épuisé. Si un PNJ est mis hors de com-
bat, il peut être considéré comme grièvement
blessé, tué ou tout simplement inconscient,
selon ce que le MJ trouvera le plus approprié à
la situation en cours.
N’oubliez pas que ce système ne s’applique
qu’aux confrontations. Si l’Endurance d’un per-
sonnage tombe à 0 lors de la résolution d’une
escarmouche, il n’est pas Blessé, mais simple-
ment Épuisé. Par ailleurs, c’est au MJ de décider
de ce que les adversaires font avec les PJ s’ils
sont tous mis hors de combat, en fonction de qui
sont les adversaires et de quel genre de combat
ils mènent. Ils pourraient les abandonner à leur
sort, les laisser pour morts dans le chaos de la
bataille, les faire prisonniers ou même les aider
à se relever avec une tape dans le dos.
Même si cela peut sembler étrange, dans les
batailles de l’Antiquité (et dans la plupart des
histoires dont La Porte d’Ishtar s’inspire),
beaucoup de soldats qui étaient mis hors de
combat n’étaient pas morts, mais blessés ou
tout simplement épuisés.
Si le MJ décide que, à la suite de l’échec d’une
confrontation, les personnages meurent, il doit
leur faire savoir que leurs ennemis n’ont aucune
pitié envers eux, afin qu’ils aient la possibilité
d’utiliser la règle de combattre jusqu’à la mort,
qui est expliquée ci-après.
HORS DE COMBAT
Un combattant est hors de combat
si son Endurance tombe à 0
pendant une confrontation.
Il acquiert la condition négative Blessé si son
Endurance tombe à 0 à cause d’une attaque.
COMBATTRE JUSQU’À LA MORT
Comme de nombreux conflits sont résolus
au cours d’une confrontation, les joueurs ne
peuvent pas recourir à un Sacrifice Héroïque.
Toutefois, en retour, ils peuvent utiliser une
autre règle appelée combattre jusqu’à la mort.
Un joueur peut décider que son personnage se
batte jusqu’à la mort lorsque son Endurance
atteint 0. Normalement, il serait Blessé et mit
hors de combat, mais s’il décide de se battre
jusqu’à la mort, son Endurance revient à la
moitié de son Endurance initiale, arrondie à
l’inférieur (bien qu’il soit toujours Blessé) et il
est alors en mesure de continuer à se battre.
Mais cela comporte un grand risque, car si
l’Endurance du personnage retombe à 0 pen-
dant la confrontation, plutôt que d’être mis
hors de combat, il mourra.
Pour faciliter la mémorisation de cette règle,
pensez que c’est comme si le PJ souffrait de la
condition Blessé une deuxième fois.
Et comme l’Endurance du PJ est à nouveau
supérieure à 0, celui-ci n’est plus Épuisé. La
montée soudaine d’adrénaline lui permet de se
remettre sur pied et de continuer à se battre.
Il ne faut recours à cette règle que dans les mo-
ments les plus dramatiques, lorsque les enjeux
sont très importants ou que le personnage n’a
 confrontations
pas d’autre issue. Il fait quelque chose de très
dangereux, donc il vaut mieux que ce pour
quoi il se bat en vaille la peine.
COMBATTRE JUSQU’À LA MORT
L’Endurance du PJ revient à la moitié de son
Endurance initiale, arrondie à l’inférieur.
Il continue d’être Blessé (mais pas Épuisé).
Si l’Endurance retombe à 0 à nouveau, il mourra
(souffre de la condition Blessé une seconde fois).
MORAL
Un combat peut prendre fin avant que tous les
combattants d’un camp ne soient mis hors de
combat, s’ils décident de se rendre.
Les PJ peuvent abandonner quand ils le sou-
haitent (ou ne pas le faire !), mais pour savoir
si un groupe de PNJ se retire, le MJ doit ré-
soudre un conflit de Moral.
Pour cela, il fait un jet de 3D et le compare au
Moral des PNJ. Si le résultat est supérieur ou
égal au Moral des PNJ, ces derniers continuent
à se battre et s’il est inférieur, ils s’enfuient.
Cette vérification doit être effectuée lorsque
les situations suivantes se présentent pour la
première situation dans une confrontation :
• Quand plus du quart des PNJ sont mis hors
de combat.
• Quand plus de la moitié des PNJ sont mis
hors de combat.
Si plusieurs PNJ avec un Moral différent com-
battent ensemble, le MJ utilise le résultat d’un
seul jet pour tous, mais il le compare dans
chaque cas avec le Moral du PNJ correspon-
dant. En conséquence, il peut s’avérer que cer-
tains PNJ se retirent et que d’autres continuent
à se battre. C’est normal, car les ennemis les
plus lâches sont généralement les premiers à
partir en courant.
Comme dans tout autre conflit, le MJ peut ap-
pliquer, s’il le pense nécessaire, des bonus ou
des malus à ce jet, mais il n’est pas recomman-
dé qu’ils soient supérieurs à +2 ou inférieurs
à -2.
61
MORAL
Quand plus du quart et quand plus de la
moitié des PNJ sont mis hors de combat.
3D >= Moral : ils continuent à se battre.
3D < Moral : ils se rendent ou battent en retraite
STYLES DE COMBAT
Comme les confrontations représentent des
combats très détaillés, elles accordent plus
d’attention à des facteurs qui, dans les escar-
mouches, ne sont pas pris en compte. Un de ces
facteurs est le style de combat, ou dit autrement,
les différentes façons dont un personnage peut
se battre. Chacun de ces styles offre un avan-
tage différent à celui qui les emploie et certains
styles comportent aussi des inconvénients.
Tous les personnages joueurs utiliseront tou-
jours un de ces styles. Les PNJ importants se-
ront également en mesure de les utiliser, mais
dans la plupart des cas, vous n’aurez pas à en
tenir compte, étant donné qu’ils seront pro-
bablement déjà calculés à l’avance. Les quatre
styles de combat disponibles sont les suivants :
Arme à une main
Le personnage se bat avec une seule arme dans
l’une de ses mains, laissant l’autre libre. Cette
façon de se battre donne beaucoup de liberté
au combattant. N’ayant pas à se concentrer sur
la coordination de ses deux mains, il est plus
attentif à son environnement et la légèreté
d’une seule arme lui donne de la vitesse.
Un personnage qui se bat en utilisant ce style
de combat bénéficie d’un bonus de +1 à son
jet d’Initiative à chaque assaut. De plus, et
comme il est logique, il peut tenir des objets
avec sa main libre.
Un attaquant qui emploie ce style utilise sa ca-
pacité de combat Corps à corps pour calculer
sa VA.
Deux armes
En utilisant ce style de combat, le person-
nage brandit une arme dans chacune de ses
mains. Bien qu’il fasse la plupart des attaques
avec l’arme qu’il tient dans sa bonne main, le
62 SANG ET SABLE
combat avec deux armes lui donne une grande
flexibilité. Il peut décider d’utiliser l’arme de sa
mauvaise main pour lancer une attaque des
deux côtés à la fois ou pour parer les coups de
l’adversaire.
La première fois qu’un personnage utilisant ce
style de combat doit attaquer à chaque assaut,
il peut choisir d’obtenir un bonus de +1 à sa
VA ou sa VD pendant le reste de l’assaut. En
retour, il reçoit un malus de -1 à sa VD ou à sa
VA, celle non choisie pour le bonus. Ces mo-
dificateurs restent actifs jusqu’à ce que ce soit
à lui d’agir à nouveau au prochain assaut. À ce
moment-là, s’il le souhaite, il peut modifier la
valeur affectée par le bonus, mais pas avant.
Un attaquant qui emploie ce style utilise sa ca-
pacité de combat Corps à corps pour calculer
sa VA.
Arme et bouclier
Lorsqu’un personnage emploie ce style de
combat, il utilise sa main libre pour tenir un
bouclier. Grâce à lui, il peut se protéger de
la plupart des coups de ses ennemis, mais le
bouclier rend aussi parfois difficiles ses mou-
vements et l’empêche d’attaquer avec une
efficacité totale. Un bouclier peut s’avérer une
barrière infranchissable entre les mains d’un
guerrier formé à son utilisation, devenant pra-
tiquement un mur mobile.
Si un personnage utilise ce style de combat,
il reçoit un bonus de +2 à sa VD, mais aussi
un malus de -1 à sa VA. Il est logique qu’un
personnage qui ne possède pas de bouclier ne
puisse pas utiliser ce style.
Un attaquant qui emploie ce style utilise sa ca-
pacité de combat Corps à corps pour calculer
sa VA.
NOM AVANTAGE
Arme à une main +1 Initiative, une main libre
Styles de combat
Deux armes +1 VA ou VD
Arme et bouclier +2 VD
Arme à deux mains +2 VA
Arme à distance Attaquer en étant immobilisé
Arme à deux mains
Un personnage qui emploie ce style de combat
utilise une arme qui ne peut être manipulée
qu’à l’aide des deux mains. Son poids impor-
tant et la nécessité de mettre toute sa force à
chaque coup pour pouvoir la manipuler font
que ses frappes sont redoutables, capables de
briser n’importe quelle défense. Par ailleurs,
les larges mouvements de cette forme de
combat laissent le combattant très exposé aux
attaques de ses ennemis.
Un personnage qui se bat avec ce style reçoit
un bonus de +2 à sa VA, mais aussi un malus
de -1 à sa VD.
Un attaquant qui emploie ce style utilise sa ca-
pacité de combat Corps à corps pour calculer
sa VA.
Arme à distance
Ce style diffère des autres en ce que le per-
sonnage n’utilise plus une arme de mêlée, mais
une arme avec laquelle il peut attaquer un
ennemi à distance. Cela peut aller d’une arme
utilisant des projectiles, comme un arc ou une
fronde, à une Arme de jet, comme une hache,
une dague... ou même une pierre. Parfois,
un simple objet peut devenir une arme très
dangereuse.
Un personnage qui utilise ce style de combat
peut attaquer ses ennemis même s’ils ne
sont pas juste à côté de lui et il peut même
atteindre des adversaires qui ne sont pas à
proximité, même en étant immobilisé et si les
circonstances le permettent.
Un attaquant qui emploie ce style utilise sa
capacité de combat Distance pour calculer sa
VA.
DÉSAVANTAGE CAPACITÉ
- Corps à corps
-1 VD ou VA Corps à corps
-1 VA Corps à corps
-1 VD Corps à corps
- Distance
 confrontations
ARMES
Les armes avec lesquelles les combattants
sont équipés sont un autre facteur important
dans une confrontation, car aucune ne sert en
toutes circonstances et chacune a ses avan-
tages et ses inconvénients.
Dans La Porte d’Ishtar, il n’est pas fait de
distinction entre des armes en particulier,
mais entre des catégories d’armes. Ainsi, peu
importe que le personnage soit armé d’une
dague ou d’un cimeterre, il manipule une
arme de la catégorie Épées. Que cette arme
soit en réalité une épée ou autre n’est perti-
nent qu’au niveau de la description. Il existe
six catégories d’armes (sept en comptant la
catégorie Sans armes) et chacune offre un
avantage qui lui est propre. Si un personnage
se bat en utilisant le style de combat nommé
Deux armes, seul est pris en compte l’avan-
tage que lui procure la catégorie d’armes ma-
nipulée avec sa bonne main. Les PJ doivent
toujours utiliser l’une des catégories d’armes,
mais pour la plupart des PNJ, vous n’avez pas
à en tenir compte, car ils seront calculés à
l’avance sur leur profil.
Épées
Dans la catégorie Épées sont regroupées toutes
les armes blanches de forme allongée dont la
majorité de la surface est conçue pour blesser
un ennemi. Cette catégorie comprend depuis
le simple couteau de cuisine jusqu’aux
lourds espadons en fer que seuls les
Hittites savent fabriquer et que les plus
forts peuvent manipuler. L’arme la plus
courante parmi les soldats de l’Empire,
l’épée-faucille (Zubi), est incluse dans
cette catégorie.
Ce sont des armes très polyvalentes,
capables d’être utilisées efficacement
tant pour attaquer que pour défendre.
De plus, leur long tranchant les rend
idéales pour entraver les mouvements
de l’ennemi, bloquer ses coups et même
le désarmer.
Un combattant brandissant une Épée
a un bonus de +1 à sa VM. En utilisant
63
cette catégorie d’armes, un personnage ne
peut pas utiliser le style de combat avec une
Arme à distance.
Haches
Une Hache est une arme dont la partie
tranchante est une tête attachée à un
manche par lequel l’utilisateur saisit
l’arme. Cette catégorie comprend
autant les énormes haches d’obsi-
dienne utilisées par les Cimmériens
que les haches à une main légères
des célèbres explorateurs de Samarra
et même l’outil du bucheron.
Elles se caractérisent par une très bonne
transmission de la force de celui qui les
manipule en frappant, même si elles
sont parfois complexes à manipuler.
Dans de bonnes mains, elles s’avèrent
très puissantes et capables de briser
des matériaux contre lesquels d’autres
armes rebondiraient.
Un combattant employant une Hache
fait toujours perdre à l’ennemi 1  point d’En-
durance supplémentaire à chaque attaque
réussie. En utilisant cette catégorie d’armes,
un personnage ne peut utiliser le style de com-
bat avec une Arme à distance.
Masses
Dans la catégorie des Masses se trouve
toute arme contondante, conçue pour
provoquer des dommages grâce à la
force de l’impact en lui-même plutôt
que par un tranchant. Ces armes vont
du simple bâton ramassé au sol au mar-
teau de guerre, sans oublier les bâtons
de commandement que les généraux
Akkadiens utilisent pour donner leurs
ordres sur le champ de bataille.
Malgré leur simplicité, elles ne doivent
pas être dépréciées, car c’est précisé-
ment le recours à la masse même de
l’arme qui leur permet de toucher des
adversaires que leur armure protège-
rait de la plus pointue des épées.
64 SANG ET SABLE
Un combattant brandissant une Masse qui ré-
sout une attaque avec succès ignore l’absorp-
tion que peut posséder son ennemi, que ce soit
en raison d’une armure ou d’une autre protec-
tion. En utilisant cette catégorie d’armes, un
personnage ne peut utiliser le style de combat
avec une Arme à distance.
Armes d’hast
Les Armes d’hast se caractérisent par
un très long manche et sont conçues
pour que celui qui les brandit dis-
pose d’une allonge supérieure à ses
adversaires. Bien que l’exemple le
plus courant dans cette catégorie
soit la lance, arme avec laquelle tous
les soldats impériaux sont entrainés,
elle n’est pas la seule. Les longs bâ-
tons caractéristiques des Shitem et les
légères javelines des Tirailleurs des
Marais, entre autres armes, peuvent
également être considérés comme ap-
partenant à cette catégorie.
Un guerrier équipé d’une Arme d’hast
dispose d’un avantage important s’il
est capable de garder son ennemi à
distance, mais il aura des ennuis si
son adversaire parvient à pénétrer
ses défenses et à trop se rapprocher.
À courte distance, la longueur d’une
arme aussi longue devient plus une
entrave qu’une aide.
Il est crucial pour un combattant armé
d’une Arme d’hast de tenir la position
de son ennemi sous contrôle. Si un
combattant brandissant une Arme
d’hast est sous les effets de l’action
Améliorer la position, le bonus
obtenu est de +3 au lieu de +2.
Toutefois, s’il est affecté par l’action
Aggraver la position, le malus passe
de -2 à -3.
En utilisant cette catégorie d’armes,
un personnage ne peut pas utiliser
le style de combat avec une Arme à
distance.
Armes de jet
Pratiquement toute arme peut être considérée
comme une Arme de jet si celui qui la lance
dispose d’une force suffisante.
Cette catégorie comprend donc aussi bien une
hache qu’une pierre, en passant par des objets
plus exotiques comme les bolas que les bergers
utilisent pour attraper des bêtes capricieuses.
Et il ne faut pas oublier de nommer le classique
couteau ou le javelot traditionnel.
Le principal avantage de cette catégorie
d’armes est que presque tout peut en devenir
une. Un guerrier habile peut se débarrasser
d’un ennemi en lançant une Arme de jet avec
un mouvement rapide du poignet sans avoir à
changer radicalement sa façon de combattre.
Ces armes sont si flexibles qu’il n’est pas
nécessaire d’effectuer une action Changer
d’arme pour pouvoir en utiliser une autre
lorsqu’on en a déjà une en main. Un attaquant
peut décider que lors d’un assaut, il utilise une
Arme de jet, quel que soit le style ou l’arme
qu’il utilisait jusqu’à présent.
Au cours de ce même assaut, il est alors consi-
déré qu’il utilise le style Arme à distance en
employant une Arme de jet. Mais à partir de sa
prochaine action, il pourra revenir au style et à
l’arme précédents sans avoir besoin d’y investir
une action.
En utilisant cette catégorie d’armes, un per-
sonnage ne peut utiliser que le style de combat
avec une Arme à distance.
 confrontations
Armes à projectiles
Cette catégorie comprend toutes
les armes qui tirent des projectiles.
Parmi celles-ci se distinguent par
leur renommée les arcs compo-
sites de l’infanterie Akkadienne,
qui provoquent la terreur chez les
ennemis de l’Empire, mais il y en a
beaucoup d’autres.
Les frondes ont moins de prestige,
mais elles peuvent être aussi effi-
caces, sinon plus. On raconte que les
armuriers Phéniciens savent fabri-
quer des machines très compliquées,
capables de tirer des salves de flèches
en un éclair.
Cette catégorie d’armes permet au
combattant d’attaquer ses ennemis à
distance et avec une grande précision.
Cela lui donne un énorme avantage,
car il n’a pas à s’approcher de ses
adversaires et peut les abattre avant
même qu’ils ne soient conscients de
sa présence.
Cependant, un combattant équi-
pé de cette catégorie d’armes est
très vulnérable face à un ennemi
capable de connaitre sa position
et ses intentions, car le principal
avantage de ces armes peut être
facilement annulé.
Un personnage utilisant une Arme à
projectiles dispose d’un grand avan-
tage contre des ennemis plus lents ou
moins prudents que lui. S’il choisit comme
NOM AVANTAGE
Épées +1 VM
Haches +1 Endurance perdue si l’attaque réussit
Masses Ignore l’absorption
Armes
Armes d’hast +3 avec Améliorer la position
Armes de jet Change d’arme et de style sans action
Armes à projectiles +1 VA contre une Initiative inférieure
Sans armes - Aucun style de combat
65
objectif un adversaire ayant une Initiative
inférieure, l’attaquant ajoute +1 à sa VA. À
contrario, un adversaire attentif ne sera pas si
facile à attaquer, de sorte que l’attaquant doit
soustraire -1 à sa VA contre des ennemis avec
une Initiative égale ou supérieure. En utili-
sant cette catégorie d’armes, un personnage
ne peut utiliser que le style de combat avec une
Arme à distance.
En ce qui concerne les munitions, il n’est pas
nécessaire de tenir les comptes du nombre de
projectiles que le personnage a tiré ou du reste
à lancer.
À des fins de jeu, et à moins que le meneur
de jeu ne décide le contraire (parce que le
personnage se trouve dans une situation où il
peut manquer de munitions, comme lors d’un
siège), on supposera que le PJ a toujours assez
de projectiles à portée de main.
Sans armes
Bien qu’il ne s’agisse pas à strictement parler
d’une catégorie d’armes, il est important de
savoir ce qui se passe lorsqu’un combattant ne
brandit aucune arme.
Un personnage Sans armes, ou qui a été dé-
sarmé, ne peut tirer profit ni d’une catégorie
d’armes ni d’un style de combat. Sa portée et
sa létalité sont sévèrement réduites. Il ferait
mieux de trouver le plus rapidement possible
quelque chose qui puisse lui servir d’arme
improvisée.
Un personnage Sans armes doit toujours utili-
ser sa capacité de combat Corps à corps.
DÉSAVANTAGE
-
-
-
-3 avec Aggraver la position
-
-1 VA contre une Initiative égale ou supérieure
66 SANG ET SABLE
ARMURES
Pour se protéger des coups, les combattants
Armures
portent souvent des armures. Elles sont
lourdes et inconfortables, mais elles peuvent
représenter la différence entre la vie et la mort.
Les armures se caractérisent par leur absorp-
tion et leur pénalité d’armure :
• L’absorption indique la valeur de protection
offerte par l’armure. Ce nombre est soustrait
de l’Endurance perdue par le porteur de
l’armure suite à une attaque pendant une
confrontation. Si cela fait que l’Endurance
perdue est de 0 ou moins, alors l’attaque n’a
aucun effet.
• La pénalité d’armure représente à quel point
l’armure entrave le personnage. Ce nombre
est soustrait de la VM du personnage por-
tant l’armure.
Armure légère
Fabriquée en cuir ou en
peaux, cette armure offre
une protection modeste,
mais elle n’entrave pas beau-
coup les mouvements de son
porteur. Elle peut être portée
confortablement et ne pèse
pas lourd.
Une armure légère a une ab-
sorption de 1 et une pénalité
d’armure de 1.
Armure lourde
Généralement en métal, le
bronze étant le plus courant,
une armure lourde offre à ce-
lui qui la porte une meilleure
protection. Mais cela a un
prix, car bien que ces armures
ne soient habituellement com-
posées que d’un plastron, de
brassards et de jambières,
leur seul poids est déjà une
entrave considérable.
Une armure lourde a une absorption de 2 et
une pénalité d’armure de 3.
NOM ABSORPTION PÉNALITÉ
Armure légère 1 1
Armure lourde 2 3
REMPLIR LA FEUILLE DE PERSONNAGE
Le chapitre La Forge d’un Destin indiquait que
vous apprendriez plus tard à remplir les sec-
tions des armes et des armures de la feuille de
personnage. Le moment est donc venu de le
faire. La raison pour laquelle nous ne l’avons
pas expliqué plus tôt est que ces informations
ne sont nécessaires que pour les confronta-
tions, comme vous avez pu le voir.
La section Armure est la plus simple, car il suf-
fit de noter l’absorption et la pénalité d’armure
dans l’espace correspondant.
Concernant les armes, il faut tenir compte de
deux facteurs. Tout d’abord, une ligne ne re-
présente pas seulement une arme, mais une
combinaison entre une arme et un style de
combat. Il faut indiquer dans la première co-
lonne le nom de la combinaison. Par exemple :
« Poignard et bouclier » (arme de la catégorie
Épées avec le style de combat Arme et bou-
clier), « Hache à deux mains » (arme de la ca-
tégorie Haches avec le style de combat Arme
à deux mains) ou «  Couteaux  » (arme de la
catégorie Armes de jet avec le style de combat
Arme à distance).
Ensuite, sur la droite, vous trouvez trois co-
lonnes intitulées « V. Attaque », « V. Défense »
et « V. Manœuvre ». Vous devez y noter les VA,
VD et VM respectivement.
Pour calculer ces valeurs, vous devez tenir
compte des modifications par style de combat,
catégorie d’armes et pénalité d’armure (même
si cette dernière est notée juste en dessous).
Faites ceci pour chacune des combinaisons de
style de combat et d’arme du personnage. Vous
êtes maintenant prêt pour une confrontation.
Voici un exemple sur la façon de procéder.
 confrontations
À PROPOS DES DESCRIPTIONS
Les descriptions sont extrêmement importantes
pour le bon déroulement d’une confrontation. Il
ne suffit pas d’indiquer que le personnage « fait
une action de type Aggraver la position sur le
garde numéro 2 ». Il faut expliquer comment il
parvient à le faire et de la manière la plus imagi-
native et spectaculaire possible.
Un combat sans description n’est en réalité
qu’une suite de nombres. N’oubliez jamais que
vous jouez à un jeu de rôle. Les différentes ac-
tions proposées apportent de la diversité aux
combats. Mais surtout, elles ont été conçues
pour vous faciliter la création de grands exploits
et de combats spectaculaires. Le reste est sim-
plement un supplément. Le plaisir provient du
fait de savoir ce que les personnages font, quels
dangers ils affrontent et comment ils réussissent
à s’en sortir, et non pas combien de Points d’En-
durance ils font perdre à leurs adversaires.
Et n’oubliez pas de ne pas vous laisser restreindre
par les règles. Prenons pour exemple l’arme utili-
sée. Que votre personnage soit en train d’utiliser
une épée ne veut pas dire que vous devez décrire
toutes ses actions par des coups effectués avec
elle. Pensez à l’environnement qui vous entoure
et trouvez des moyens de l’utiliser à votre avan-
tage. Si vous êtes dans une taverne, écrasez une
cruche sur la tête de votre ennemi. Si vous êtes
dans un salon luxueux, tirez le tapis sur lequel
vos adversaires marchent. Si vous êtes dans un
temple, poussez les brasiers ardents dans l’esca-
lier par lequel vos adversaires montent à la hâte.
Ne vous inquiétez pas des règles. Continuez à
ajouter +1 à votre VM pour l’utilisation de l’épée,
le bonus ne disparaissant pas.
67
Que cela ne vous empêche pas de rendre les
combats plus riches et plus excitants.
Un conseil : chaque fois que vous avez un doute
ou une idée, demandez à votre MJ. Si vous
croyez qu’il est raisonnable de penser qu’un
objet se trouve là où vous vous battez (comme
des torches, des vases ou une table), demandez
au MJ s’il existe. Il vous dira probablement oui.
En bref  : faites en sorte de rendre toutes les
confrontations épiques. Qu’elles méritent d’être
de s’en souvenir. Pensez à votre scène d’action
de film préférée... C’est bon, vous l’avez ?
Maintenant, imaginez quelque chose d’encore
mieux.
EXEMPLE DE CONFRONTATION
Trop d’informations d’un coup ? Ne vous inquié-
tez pas. Nous allons voir un exemple, étape par
étape, de la façon dont une confrontation est
résolue. Présentons d’abord les combattants  :
dans cet exemple, Kalu et Tsiuri affronteront
une redoutable araignée de taille gigantesque.
Les caractéristiques importantes des partici-
pants au combat sont les suivantes :
Kalu
Deux dagues : VA 3, VD 3, VM 6 (5 + 1 pour
catégorie Épées).
Dagues de lancer : VA 3, VD 3, VM 5.
Endurance initiale : 15
Traits de caractère  : Bavarde, autodestruc-
trice, machiavélique.
68 SANG ET SABLE
Tsiuri
Lance (à deux mains)  : VA  6 (4 + 2 pour
style deux mains), VD 3 (4 - 1 pour style deux
mains), VM 4.
Lance (de jet) : VA 3, VD 4, VM 4.
Endurance initiale : 19
Traits de caractère  : Curieuse, nerveuse,
suiveuse.
Araignée géante
Armes naturelles : VA 5, VD 4, VM 6. TA 15,
TD 14, TM 16.
Endurance initiale : 28
Le joueur qui contrôle Kalu est Danny, la joueuse
qui contrôle Tsiuri est Béa, et le meneur de jeu,
Rodrigo, contrôle l’araignée géante.
Rodrigo (MJ) :... la salle est creusée dans une
roche noire veinée de rouge. On dirait une sorte
de marbre. Au fond, vous voyez une amphore
avec des taches rougeâtres autour du bord. À côté
d’elle, une longue fissure brise l’uniformité du sol.
De l’endroit où vous vous trouvez et jusqu’au
mur du fond est étendu un épais tapis, avec des
motifs d’araignées. Sur les parois de chaque côté
sont accrochées plusieurs torches. Elles sont allu-
mées et brillent en scintillant. Au fond de la salle
se trouvent deux portes qui semblent en bronze,
une à chaque extrémité. L’entrée de la salle, que
vous êtes en train de traverser, est une herse dont
le mécanisme est brisé au sol. Il ne semble pas
possible de la refermer en l’utilisant.
Danny (Kalu) : Je m’approche pour voir ce qu’il y
a à l’intérieur de l’amphore.
Rodrigo (MJ)  : Elle est remplie de sang. Il est
frais. Lorsque tu te retournes vers Tsiuri pour le
lui dire, tu contemples avec horreur une énorme
araignée, deux fois plus grande que toi. Elle s’est
descendue du plafond et te regarde avec ses huit
yeux rouges ! Elle est entre vous deux ! Ses pattes
sont poilues et de ses mandibules coule une bave
fétide et visqueuse. Une confrontation com-
mence  ! Faites votre jet d’Initiative  ! L’araignée
sort un 4, est-ce que l’une de vous agit avant ?
Béa (Tsiuri) : Oui, j’ai sorti un 6. Je vais essayer
d’attirer l’attention de l’araignée afin qu’elle ne
coince pas Kalu contre le mur. Je vais la harce-
ler avec ma lance, la piquer plusieurs fois dans
l’abdomen pour qu’elle se batte avec moi et laisse
Kalu tranquille, qui doit être surprise par l’appari-
tion soudaine de la bestiole derrière elle.
Danny (Kalu) : Vraiment surprise ! J’ai sorti un 1
à mon jet d’Initiative...
Béa (Tsiuri) : Je vais tenter S’interposer ; je sors
un... 14 ! Mon TA est de 20 et mon TM est de 18.
Rodrigo (MJ) : Très bien, comme la défense de
l’araignée est de 14 et sa manœuvre de 16, tu lui fais
perdre 6 Points d’Endurance et tu parviens à effec-
tuer ta manœuvre. Tsiuri se lance sans hésiter une
seconde contre la terrible araignée et commence à
la harceler avec sa lance, transperçant l’abdomen
gonflé de la créature à plusieurs reprises. Un sang
vert dégoutant commence à jaillir de ses blessures
tandis qu’elle se retourne pour te regarder fixe-
ment... Comme l’araignée a sorti un 4 pour son
jet d’Initiative, c’est à son tour. Tsiuri, l’araignée se
jette vers toi d’un bond, mais au lieu de t’écraser,
elle atterrit sur la paroi qui se trouve au-dessus de
toi. De l’arrière de son corps commence à sortir
une sorte de soie épaisse, qui tombe sur toi et reste
collée à ton corps. L’araignée va essayer l’action
Aggraver la position. Défends-toi !
Béa (Tsiuri) : O-oh... J’obtiens un 8. Ma Défense
est de 11, et ma Manœuvre, 12. C’est suffisant ?
Rodrigo (MJ)  : Eh bien, je crains que non.
L’attaque de l’araignée est de 15 et sa manœuvre
de 16. Retire-toi 4  Points d’Endurance. Pire en-
core, la soie qui t’enveloppe commence à se dur-
cir, entravant tes mouvements. Rappelle-toi que
comme l’araignée a réussi sa manœuvre, tu as -2
à tout. Non, non ! Attends, tu utilises une lance,
n’est-ce pas ? Dans ce cas, c’est -3.
Béa (Tsiuri) : Glups.
Danny (Kalu) : À mon tour ! Il y a des torches sur
le mur, non ? J’en prends une et je cours là où se
trouvent l’araignée et Tsiuri. D’une main, j’agite
la torche juste sous l’araignée pour la bruler et la
faire partir, tandis qu’avec la dague que j’ai dans
l’autre main, je tente de couper la toile avec lequel
elle enveloppe Tsiuri et la libérer. Je vais donc es-
sayer d’Améliorer la position de Tsiuri. Comme je
 confrontations
me bats avec deux armes, je choisis pour cet assaut
d’ajouter +1 à la VA et de soustraire -1 à la VD.
Rodrigo (MJ) : Parfait. Tu obtiens quoi ?
Danny (Kalu)  : Un 10. Comme Tsiuri a déjà
attaqué l’araignée à cet assaut, j’ai un +2, donc
mon Total d’Attaque est de 16 et mon Total de
Manœuvre est de 18. Assez pour réussir l’action !
Rodrigo (MJ) : C’est ça. En agitant vivement la
torche, tu fais reculer l’araignée plus haut vers
le plafond, effrayée par les flammes. Elle perd
2 Points d’Endurance. En même temps, tu coupes
aussi vite que possible les entraves de Tsiuri, en
prenant soin de ne pas la couper. Tu pries pour
avoir assez de temps pour finir avant le retour de
l’araignée et il semble que tes prières aient une
réponse, car Tsiuri est déjà libre et cesse d’être
affectée par le -3.
Béa (Tsiuri) : Ouf ! Merci beaucoup.
69
Rodrigo (MJ) : Assaut suivant. Faites votre jet
d’Initiative, même si je doute que vous fassiez
mieux que l’araignée, parce qu’elle a obtenu un 6.
Béa (Tsiuri) : Non, un 4.
Danny (Kalu) : Moi un 2.
Rodrigo (MJ) : C’est ce que je pensais. Eh bien,
Tsiuri, l’araignée est convaincue que ta lance est
la chose la plus dangereuse que tu aies. D’un
bond, elle retombe au sol, te coinçant contre une
paroi. Elle se jette sur toi rapidement ! Mais ses
mandibules ne se referment pas sur ton cou. Au
lieu de cela, avec ses mandibules, elle saisit ton
arme et tente de te l’arracher des mains. Elle va
essayer l’action Désarmer. Son TA est de 15, et
son TM 16. À toi de te défendre !
Béa (Tsiuri) : Voyons voir... Oh oh. Je sors un 7.
Cela fait un Total de Défense de... 10 et 11 pour le
Total de Manœuvre. Aïe !
70 SANG ET SABLE
Rodrigo (MJ) : Tu perds 5 Points d’Endurance. Si
j’ai bien tenu à jour les comptes, tu as déjà perdu
9 Points, de sorte qu’il ne te reste plus que 6 Points
avant d’être mis hors de combat. En vérité, l’arai-
gnée n’arrive pas à te mordre, mais le regard
fixe de ses yeux, l’ichor écœurant qui coule de sa
bouche et le contact de ses pattes poilues sont plus
que tu ne peux supporter. Sans force, tu ne peux
l’empêcher de t’arracher l’arme des mains et de la
jeter plus loin, de l’autre côté de la pièce.
Béa (Tsiuri) : Ah ! Je fais quoi ? Je perds mon
sang-froid ! Je me débats et je frappe aussi fort
que je le peux, ne sachant pas trop ce que je fais.
Dès que je trouve une occasion, je vais foncer
sur mon arme pour la ramasser par terre. Je vais
donc essayer Surmonter. Est-ce que je peux uti-
liser le trait « Nerveuse » positivement ? Je suis
sure qu’avec tant de nervosité, je suis imprévisible
et qu’avec tant d’agitation l’araignée n’est pas ca-
pable de savoir par où je vais m’échapper...
Rodrigo (MJ) : Très bien, tu peux. Lance 4 dés et
garde les 3 meilleurs.
Béa (Tsiuri) : Allez, les dés ! Oui, 16 ! Bien que je
sois désarmée, j’ai un Total d’Attaque et un Total
de Manœuvre de 20.
Rodrigo (MJ)  : Incroyable. La colère sortant
de toi est impressionnante. Tu te retournes et tu
frappes en l’air avec une telle chance que l’un de tes
coups touche l’un des yeux de l’araignée, le faisant
éclater. Les restes dégoulinants de l’organe tachent
ton visage et tes mains, mais au milieu d’une telle
frénésie, tu ne t’en rends pas compte. Et comme
ton TM est supérieur à 13, le minimum nécessaire
pour Surmonter, tu te précipites à travers la pièce
et tu récupères ta lance. L’araignée perd 6 Points
d’Endurance, car son TD est de 14.
Danny (Kalu) : Et maintenant, à moi. Par hasard,
l’araignée ne serait-elle pas sur le tapis ?
Rodrigo (MJ) : Maintenant que tu le dis, oui.
Danny (Kalu) : Super. Je profite d’avoir la torche
en main pour mettre le feu au tapis. Je suis sûr que
les pattes de cette bestiole, tellement couvertes
de poils, ne vont pas aimer. Je suis curieux de voir
comment elle va réagir entourée de feu. Je vais
donc essayer d’Aggraver la position de l’araignée.
Rodrigo (MJ) : C’est une très bonne idée. Lance
les dés pour voir si tu t’en sors.
Danny (Kalu)  : Comme l’araignée ne va plus
m’attaquer à cet assaut, je veux ajouter +1 à ma
VA et soustraire -1 à ma VD une nouvelle fois. Et
comme Tsiuri a déjà attaqué, j’ai +2 à ma VA et à
ma VM. Et... J’obtiens un 8, ce qui me donne un
TA de 14 et un TM de 16. Argh ! Exactement les
mêmes que l’araignée. Pour l’un d’eux !
Rodrigo (MJ) : Eh bien, avec ta torche, tu mets
le feu au tapis, qui brule furieusement. Presque
trop bien, même s’il est vieux. Mais l’araignée,
même s’il lui manque l’un de ses huit yeux, est
très attentive à tes mouvements. Avec un dépla-
cement rapide de ses pattes, elle sort du tapis en
s’approchant de vous deux. Peu à peu, le tapis
devient une véritable barrière de feu et de fumée.
On dirait que vous êtes coincées de ce côté de la
pièce avec l’horrible créature... Un nouvel assaut
commence, faites votre jet d’Initiative !
Béa (Tsiuri) : Non ! Un 2 ! Avec le peu d’Endu-
rance qu’il me reste, comme l’araignée va m’atta-
quer à nouveau, je peux me considérer pour morte.
Danny (Kalu) : Ne t’inquiète pas. J’ai un 5. Je
veillerai à ce qu’elle ne s’approche pas de toi.
Rodrigo (MJ) : Seulement si l’araignée te laisse
en vie, parce qu’elle a sorti un 6 au jet d’Initiative.
Et elle est très en colère contre toi, Kalu. Non seu-
lement tu as coupé sa toile en libérant sa proie,
mais tu l’as blessée avec la torche. Elle s’arrête un
instant, comme pour étudier tes réactions et, en
faisant preuve d’une vitesse inhumaine, elle court
là où tu es, en essayant de te percuter de tout son
corps. Elle exécute une Attaque implacable. À toi
de te défendre ! Et n’oublie pas que tu as toujours
ce -1 à ta Valeur de Défense, que tu as choisi en
utilisant tes deux armes à l’assaut précédent...
Danny (Kalu) : Euh... Eh bien, alors j’ajoute 2 à
la Défense... Je sors un 4. Non, non !
Rodrigo (MJ)  : Comme l’attaque de l’araignée
est de 16 (14 + 2 pour l’Attaque implacable), tu
perds 10 Points d’Endurance. La vitesse de l’arai-
gnée te surprend, tu n’es pas en mesure de réagir
et, avant que tu puisses t’en rendre compte, tu
te retrouves dans les airs et tu t’écrases contre
 confrontations
quelque chose de métallique. Des morceaux de
métal appartenant au mécanisme pour action-
ner la herse sont cloués dans ton dos, tandis que
l’énorme masse de la bête te pousse contre le mur.
Danny (Kalu) : Il ne me reste que 5 Points d’En-
durance  ! Au moins c’est mon tour, que dois-je
faire maintenant ? Elle va nous tuer !
Béa (Tsiuri)  : Immobilise-la  ! Si tu y parviens,
nous pourrons l’attaquer à distance ou fuir d’ici.
Danny (Kalu)  : C’est ça  ! La machinerie pour
contrôler la herse a-t-elle des cordes ?
Rodrigo (MJ) : Oui, il y a une corde assez épaisse
qui actionne des poulies et qu’on tire pour monter
et descendre la herse.
Danny (Kalu) : Parfait ! Je vais tirer la corde at-
tachée au mécanisme, encercler une de ses pattes
avec elle et faire un bon nœud pour qu’elle soit
piégée. Je vais essayer de l’Immobiliser. Ensuite,
je m’éloignerai le plus vite possible jusqu’à Tsiuri.
J’ai très peu d’Endurance, donc cette fois je pré-
fère ajouter +1 à ma VD et soustraire -1 à ma VA.
Rodrigo (MJ) : Lance les dés pour voir si cette
fois-ci tu as plus de chance. Tu sais que le TD de
l’araignée est de 14 et le TM, 16.
Danny (Kalu)  : Agh, un 6  ! Non  ! Je ne peux
pas me permettre d’échouer maintenant. J’utilise
la Détermination pour relancer mon jet de dés !
Maintenant, oui, un 15 ! Cela fait un TA de 17 et
un TM de 21. Heureusement...
Rodrigo (MJ) : L’araignée perd 4 autres Points
d’Endurance. Malgré la pression que l’araignée
exerce sur toi, tu cherches quelque chose qui
pourrait t’aider autour de toi et tu trouves la
corde du mécanisme de la herse. Tu tentes de
l’utiliser pour attraper une des pattes de l’arai-
gnée, mais tu n’y arrives pas. Elles bougent trop
vite ! Mais tu n’abandonnes pas, car tu sais que
votre survie dépend de tes actions maintenant.
Alors, tu te concentres un instant et tu décides
d’essayer une autre tactique : le faire avec le cou
de la créature. Esquivant habilement ses mandi-
bules, tu entoures sa tête avec la corde et tu fais
le meilleur nœud de ta vie. Toujours incapable
de croire ce que tu viens de faire, tu cours pour
71
t’éloigner de la portée de l’araignée. Elle essaie
de te poursuivre, mais elle s’arrête brusquement,
retenue par la corde. Ce faisant, elle émet un cri
horrible. On dirait que ça lui a fait mal. Le seul
problème est que l’araignée se dresse maintenant
entre vous deux et la sortie.
Béa (Tsiuri) : Et maintenant, c’est à moi. Je ne
peux pas laisser passer cette opportunité. Je
profite qu’elle est loin et immobile pour laisser
sortir ma rage et lui lancer ma lance de toutes
mes forces. Je vais faire une Attaque implacable.
Et parce que c’est une Arme de jet, je peux la
lancer sans avoir à dépenser une action à chan-
ger de style de combat. De plus, je vais utiliser la
Passion, parce que si nous ne tuons pas l’araignée
avant qu’elle ne se libère, nous sommes perdues.
Danny (Kalu) : Eh bien oui, tu ferais mieux de
bien faire. Le TD de l’araignée est de 14.
Béa (Tsiuri) : Allez... Voyons si je sors un 6...
Oui, deux 6 ! Je les relance. 20, énorme ! Ajouté à
mon attaque de 3, le +2 parce que Kalu l’a déjà at-
taquée et le +2 que j’ai avec l’Attaque implacable,
tout cela fait 26. 12 Points d’Endurance en moins !
Rodrigo (MJ)  : Avec cette attaque, l’araignée a
perdu en tout 30 Points d’Endurance. Tsiuri, avec
la rage et l’énergie que le désespoir te donne, et le
fait de savoir que tu te bats pour ta vie et celle de
Kalu, tu lances ta lance d’obsidienne de toutes tes
forces vers l’araignée. Sa trajectoire est claire : elle
va droit dans sa tête. L’horrible créature tente de
l’esquiver, mais la corde autour de son cou l’en em-
pêche. Il te semble même voir une once de terreur
dans ses yeux bulbeux juste avant que ton arme ne
se plante en elle. Un sang visqueux et vert jaillit de
la blessure tandis qu’elle s’agite sauvagement. Un
moment après, elle est immobile. Elle est morte.
Béa (Tsiuri) : Ouf... De justesse.
Danny (Kalu) : Quelle chance !
Rodrigo (MJ) : Moi, je ne me détendrais pas si
vite. Les flammes qui ont pris naissance sur le ta-
pis commencent à atteindre les toiles d’araignée
suspendues aux parois et au plafond.
La fumée commence à vous étouffer et la chaleur
devient insupportable. Que faites-vous ?
72 SANG ET SABLE

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• Il existe deux types de combats : les escarmouches et les confrontations.
• Les escarmouches sont résolues avec un unique jet de 3D + la somme des valeurs de la meil-
leure capacité de combat de chaque PJ, comparés à une difficulté de 10 + la somme des valeurs
de l’Efficacité au Combat (EC) de chaque ennemi.
• Dans une escarmouche, les PJ peuvent avoir un modificateur de +4 à -4, en fonction de l’effica-
cité de leur façon de combattre l’ennemi.
• Les confrontations sont résolues par une succession d’assauts dans lesquels chaque combat-
tant agit une fois.
• L’ordre d’action est décidé par un jet d’Initiative avec 1 D.
• À son tour, chaque combattant peut effectuer une action.
• Il existe dix types d’actions : Attaque implacable, Défense de fer, Améliorer la position, Aggraver
la position, Désarmer, Immobiliser, S’interposer, Changer d’arme, Surmonter et Reprendre son
souffle.
• Pour résoudre les actions, on calcule 3 totaux (Total d’Attaque ou TA, Total de Défense ou TD
et Total de Manœuvre ou TM) et on les compare. Les PJ et les PNJ les plus importants lancent
3D, tandis que les PNJ ajoutent la valeur 10.
• Un personnage est mis hors de combat lorsque son Endurance tombe à 0. Il ne peut alors plus
participer à la confrontation. Il est également Blessé s’il est mis hors de combat à cause d’une
attaque.
• Un personnage qui a été Blessé de cette manière peut décider de combattre jusqu’à la mort ;
son Endurance revient à la moitié de son Endurance initiale (arrondie à l’inférieur), mais il reste
Blessé et mourra si son Endurance redescend à 0.
• Lorsque plus d’un quart ou plus de la moitié des ennemis sont mis hors de combat, ceux-ci
doivent surmonter un conflit de Moral.
• Un personnage peut se battre en utilisant l’un des cinq styles de combat disponibles : Arme à
une main, Deux armes, Arme et bouclier, Arme à deux mains ou Arme à distance.
• Un personnage peut se battre en utilisant l’une des sept catégories d’armes disponibles : Épées,
Haches, Masses, Armes d’hast, Armes de jet, Armes à projectiles ou Sans armes.
• Il existe deux types d’armures : légère ou lourde. Elles sont caractérisées par leur absorption
et leur pénalité d’armure.
 UN JOUR DE PLUS

- Rihat, je suis épuisé. Pouvons-nous en rester là pour aujourd’hui ?

- Nous n’avons pas encore terminé la leçon de la journée, jeune Shelmaneser.
- Et alors ? Si je t’ordonne d’arrêter, tu dois m’obéir !
- Oui. Mais votre éducation est importante. Vous ne pourrez pas être un roi juste et puissant si
vous ne prenez pas vos leçons au sérieux.
- Mais pourquoi un roi doit-il savoir comment ramasser l’orge, Rihat ? Quand va-t-il avoir besoin
de forger des métaux ou de tresser des roseaux ? Ses sujets le feront pour lui. Apprends-moi à
combattre à l’épée et à monter à cheval !
- Un roi doit tout savoir, jeune maitre. Il doit comprendre ses sujets et pouvoir se mettre à leur
place. Laissez-moi vous parler d’Esarhaddon, le roi qui, même sans jamais brandir d’arme...

Vous connaissez presque toutes les règles né-
cessaires au jeu. Vous savez comment créer des
personnages, comment résoudre les conflits, y
compris les combats et comment utiliser les
capacités et les émotions de votre personnage.
Mais il y a encore deux concepts importants
que vous devez connaitre : la récupération et
l’avancement des personnages.
repos, et les Points de Caractère, en utilisant
les traits de caractère négativement. Mais
le personnage dispose de deux autres res-
sources qui se rétablissent différemment et de
manière un peu plus compliquée  : la Passion
et la Détermination. Les deux sont très im-
portantes, car elles feront souvent pencher la
balance en sa faveur dans les moments les plus
critiques.

RÉCUPÉRATION Il est essentiel de profiter de toutes les occa-

sions pour accroitre les réserves de Passion
Pour l’instant, vous savez comment deux des et de Détermination, car disposer de l’une ou
ressources du personnage sont récupérées  : l’autre au bon moment fait souvent la diffé-
l’Endurance, simplement avec une nuit de rence entre un succès et un échec.
74 UN JOUR DE PLUS
Cependant, vous ne pourrez pas les utiliser
aussi souvent que vous le voulez. En effet, la
limite maximale d’utilisations que vous pou-
vez avoir pour chacune d’elles est de 3 (3 de
Passion et 3 de Détermination), alors essayez
de ne pas vous retrouver dans une situation où
vous ne pouvez pas récupérer votre Passion ou
votre Détermination, parce que vous les avez
déjà épuisées.
PASSION
La Passion peut se récupérer de trois manières
différentes :
En utilisant un trait de caractère de manière
positive et en échouant  : chaque fois qu’un
trait de caractère est utilisé de manière positive
et que le jet de dés associé est un échec, le per-
sonnage récupèrera une utilisation de Passion.
En cas de répétition du jet de dés en utilisant
Détermination, seul le résultat du deuxième
jet, le définitif, sera pris en considération. Si le
trait de caractère est utilisé dans le cadre d’une
action au cours d’une confrontation, le jet de
dés est considéré comme ayant échoué si ni
l’attaque ni la manœuvre n’ont réussi.
Mettre en jeu les émotions sur quelque chose
et pourtant échouer est capable d’enflammer
les esprits les plus sereins.
En prononçant la devise du personnage : s’il
y a un moment au cours du jeu où le joueur
peut évoquer la devise de son personnage et
la dire à haute voix, le personnage retrouve-
ra une utilisation de Passion. La devise peut
entrer en jeu soit parce que le personnage la
suit de façon éclatante, parce que c’est ce qui
le pousse à agir à un moment donné, soit parce
qu’il la trahit dans une situation particulière-
ment dramatique.
Même s’il est préférable que votre personnage
prononce sa devise à haute voix, ce n’est pas
une obligation. Le joueur peut juste dire que
son personnage y pense.
La devise définit profondément le personnage.
Elle est son ancre et le centre de sa philosophie
de vie. Voir comment cette conviction s’avère
valable ou comment elle échoue à un moment
de grande intensité sert à renouveler son feu
intérieur.
Cette façon de retrouver la Passion est limitée
à une seule fois par session.
Risquer sa vie et survivre : si le personnage
se soumet aux règles du Sacrifice Héroïque ou
de combattre jusqu’à la mort et survit néan-
moins (dans le premier cas à un conflit, dans le
second à une confrontation), il retrouvera tous
ses usages de Passion.
C’est un pari risqué, mais si cela se passe bien,
il y a une belle récompense à la clé.
Il n’y a rien de tel pour raviver la flamme de la
Passion, comme le fait de savoir qu’il a mis sa
vie en jeu pour obtenir quelque chose et qu’il y
parvient. Cela constitue un moment charnière
dans la vie du personnage et a un effet profond
sur sa psyché. Tant et si bien que certains de-
viennent même accros à ce genre d’émotion.
Cette façon de retrouver la Passion est limitée
à une seule fois par session.
DÉTERMINATION
À l’instar de la Passion, la Détermination
peut également se récupérer de trois façons
différentes :
Utilisation négative d’un trait de caractère
et succès : chaque fois qu’un trait de caractère
est utilisé de manière négative et que le jet de
dés associé est réussi, le personnage récupère-
ra une utilisation de Détermination.
En cas de répétition du jet de dés en utilisant
Détermination, seul le résultat du deuxième
jet, le définitif, sera pris en considération. Si le
trait de caractère est utilisé dans le cadre d’une
action dans une confrontation, le jet de dés est
considéré comme ayant réussi si l’attaque, la
manœuvre ou les deux ont réussi.
Surmonter ses faiblesses et remporter la
victoire permet de renouveler la foi en ses
propres capacités  : s’il peut se battre ainsi, il
peut battre n’importe qui.
 expérience 75

Atteindre un objectif à court terme : si à un
moment donné au cours du jeu, le personnage
parvient à atteindre son objectif à court terme,
il retrouvera une utilisation de Détermination.
Atteindre les objectifs qu’il s’est fixés est un
moyen de montrer de quoi il est fait, quels sont
ses capacités et ses accomplissements.
Cette façon de récupérer la Détermination est
limitée à une seule fois par session.
Atteindre un objectif à long terme  : si le
personnage parvient au cours d’une de ses
aventures à atteindre son objectif à long
terme, il retrouvera toutes ses utilisations de
Détermination.
Le personnage se battait depuis longtemps
pour cet objectif et en l’atteignant, il voit
une grande partie de ses désirs accomplis et
éprouve la satisfaction de savoir qu’il a réalisé
quelque chose d’incroyable grâce à ses efforts
et son dévouement. Mais c’est une arme à
double tranchant, parce que beaucoup, voyant
leur désir le plus profond exaucé, se retrouvent
vidés, ne sachant pas quoi faire à partir de ce
moment. La vengeance est l’exemple le plus
évident de cette situation, mais n’est pas le
seul.
au choix. Mais ce n’est possible que si le total
des utilisations de Passion et Détermination
qui restent au personnage, additionnées, est
de deux ou moins.
EXPÉRIENCE
Tout au long de leurs aventures, les person-
nages se rendront dans des endroits éloignés,
devront faire face à de terribles dangers, au-
ront du mal à atteindre leurs objectifs et, à la
suite de tout cela, gagneront en expérience et
amélioreront leurs capacités. Ils maitriseront
de plus en plus de professions et accompliront
plus facilement ce qui représentait auparavant
un défi pour eux. Ils auront appris de leurs
expériences.
À la fin de chaque session, les personnages
joueurs recevront un certain nombre de Points
d’Expérience ou PE.
Une fois accumulés, ces points pourront être
dépensés pour améliorer certaines de leurs
capacités, représentant ainsi les connaissances
et la maitrise acquises.

Cette façon de récupérer la Détermination est

limitée à une seule fois par session.

FIN DE SESSION

En plus des différentes façons de retrouver la

Passion et Détermination, à la fin de chaque
session de jeu, le personnage peut retrouver
une utilisation de Passion ou de Détermination,

RÉCUPÉRATION DE PASSION ET DÉTERMINATION

Utilisation positive d’un trait de caractère et échec : +1 Passion

Prononcez la devise : +1 Passion (une fois par session)
Risquer la vie et survivre : +3 Passion (une fois par session)
Utilisation négative d’un trait de caractère et succès : +1 Détermination
Atteindre un objectif à court terme : +1 Détermination (une fois par session)
Atteindre un objectif à long terme : +3 Détermination (une fois par session)
Fin de session : +1 Passion ou +1 Détermination (s’il reste deux usages ou moins cumulés)
76 UN JOUR DE PLUS

À LA FIN DE CHAQUE SESSION

Après avoir terminé une session de jeu, il faut

se réunir avec tous les joueurs, y compris le
MJ, pour déterminer l’expérience que chacun
des personnages a accumulée au cours de
cette session.

Même si tout le monde est pressé de terminer

la session, il est recommandé de le faire immé-
diatement après avoir fini de jouer, car si cela
est repoussé à un autre jour, ce qui s’est passé
pendant la partie sera oublié et il sera plus dif-
ficile de mener à bien ce processus.

Un personnage joueur peut accumuler jusqu’à

quatre PE au cours d’une session :

Objectifs : si, au cours de la session, le per-

sonnage a atteint l’un de ses objectifs (à court
ou à long terme) ou œuvré pour tenter de s’en
approcher, il obtiendra 1  PE. Le joueur qui
contrôle le personnage expliquera pourquoi
son personnage mérite ce point et si le MJ est
d’accord, il pourra l’obtenir.

Devise : si pendant la session, le personnage

s’est comporté selon sa devise ou s’y est oppo-
sé à un moment particulièrement dramatique
ou intense, il obtiendra 1  PE. Le joueur qui
contrôle le personnage expliquera pourquoi
son personnage mérite ce point et si le MJ est
d’accord, il pourra l’obtenir.

Bon travail : si le joueur pense qu’il a fait un

bon travail pendant a partie, qu’il a assez bien
joué, qu’il a joué son personnage correctement
en laissant de la place aux autres et, en défi-
nitive, qu’il a fait du mieux qu’il pouvait, son
personnage obtiendra 1 PE.

Cette évaluation est strictement personnelle

et aucun autre joueur (pas même le MJ) ne
pourra décider si le personnage reçoit ou non
ce point, il est son seul juge. Bien que, bien sûr,
il peut (et doit) écouter les opinions des autres.
Gardez à l’esprit, lors de la décision de savoir si
oui ou non il le mérite, dans quelle mesure il a
contribué au plaisir des autres joueurs.

Le meilleur moment  : décidez quel a été le

moment le plus amusant, excitant ou intense
 CHANGEMENTS ET AVANCEMENTS
de la partie, et donnez au joueur protago-
niste qui est à l’origine de ce moment 1  PE
supplémentaire.
Si personne ne parvient à se mettre d’accord,
soumettez-le au vote  : tous ont une voix, y
compris le MJ et ce n’est qu’en cas d’égalité
que le vote de ce dernier a un poids particu-
lier. Il serait plus normal qu’il n’y ait pas de
vote, mais qu’il y ait un accord sur ce qu’était
ce moment. Dans le cas où deux personnages
participeraient à la situation et ni l’un ni l’autre
ne serait clairement le protagoniste, les deux
obtiendront le point, mais cette situation sera
très rare.
Considérez ce temps après chaque session
comme un résumé et une évaluation de ce qui
s’est passé. Non seulement les personnages
acquièrent de l’expérience et deviennent de
meilleurs aventuriers, mais acquièrent aussi de
l’expérience en tant que joueurs de jeu de rôle,
apprenant de ce qu’ils ont entrepris.
Il faut profiter de ce temps pour analyser la
séance qui a été jouée, discuter de la façon
dont les choses se sont passées, de ce qui a
plu, de ce que qui a été le moins aimé et de
la façon dont les participants veulent que les
choses continuent. Proposez des idées et par-
lez de ce qui s’est passé. Partagez vos impres-
sions et apprenez à fonctionner en équipe.
Tout cela rendra chaque session plus amusante
et excitante que la précédente.
RÉSUMÉ DE LA SESSION PRÉCÉDENTE
Jusqu’à présent, nous avons vu comment ac-
quérir de l’expérience à la fin d’une session,
mais il y a aussi une autre façon d’en gagner.
Avant de commencer à jouer, un joueur (autre
que le MJ) peut faire un bref résumé de la ses-
sion précédente. Si le MJ le juge approprié, il
attribue au personnage de ce joueur 1 PE.
Un joueur ne pourra pas obtenir ce point de PE
pendant deux séances consécutives. Avant de
pouvoir à nouveau faire un deuxième résumé,
il devra attendre et laisser sa place à un autre
joueur.
77
POINTS D’EXPÉRIENCE
Atteindre les objectifs : +1 PE
Se comporter selon la devise : +1 PE
Avoir fait du bon travail : +1 PE
Être le protagoniste du meilleur
moment : +1 PE (un seul joueur)
Résumer la session précédente :
+1 PE (un seul joueur)
CHANGEMENTS ET AVANCEMENTS
Au fil du temps, les personnages changeront,
tant physiquement qu’émotionnellement. Ils de-
viendront plus habiles, oui, mais ils devront aus-
si apprendre à vivre avec ce qu’ils ont fait et les
décisions qu’ils ont prises. Ils peuvent devenir
le genre de personnes qu’ils ont toujours voulu
être ou, au contraire, découvrir avec surprise
que leur vision du monde n’est plus la même
que lorsqu’ils ont commencé leur chemin.
AMÉLIORER LE PERSONNAGE
Maintenant que tous ces Points d’Expérience
sont en leur possession, le moment est venu
pour eux de les dépenser et ainsi, ils pourront
améliorer certaines caractéristiques de leur
personnage. Peut-être renforceront-ils cer-
tains de leurs points faibles ou peut-être se-
ront-ils encore plus compétents dans ce qu’ils
maitrisent déjà. En dépensant des PE dans son
développement, un personnage pourra :
• Augmenter la valeur de ses caractéristiques.
• Augmenter le niveau de maitrise de ses
professions.
• Apprendre de nouvelles professions.
• Augmenter la valeur de ses capacités de
combat.
Le coût en PE est toujours le même : deux fois
la nouvelle valeur de la caractéristique, de la
profession ou de la capacité de combat. Pour
apprendre une nouvelle profession, la nouvelle
valeur étant 1, le coût en PE sera de 2.
Il n’y a qu’une seule exception : la caractéris-
tique de chaque culture qui a un bonus. Dans
ce cas, le coût est équivalent à celui de la va-
leur immédiatement inférieure à celle que l’on
veut atteindre.
78 UN JOUR DE PLUS
Le tableau suivant indique les coûts pour chaque
valeur. Si, par exemple, on veut augmenter l’In-
géniosité d’un personnage de 3 à 4, il faudra
investir 8  Points d’Expérience. Ou, si c’est un
Noble Awilu (avec bonus culturel à la caracté-
ristique d’Ingéniosité), 6 Points d’Expérience.
VALEUR ACTUELLE NOUVELLE VALEUR
Coût de l’avancement en PE
- 1
1 2
2 3
3 4
4 5
5 6
En dépensant les PE, il faut penser à la façon dont
cela va être fait et essayer de justifier pourquoi.
Il n’est pas crédible qu’un personnage dépense
des PE en passant son temps dans le désert,
pendant des mois, pour augmenter son niveau
de maitrise dans la profession «  Courtisan  ».
Mais ce sera le cas s’il augmente sa Force, car les
difficultés passées l’auront endurci ou s’il aug-
mente sa capacité de combat à Distance, parce
qu’il aura pu pratiquer le tir à l’arc.
À quel moment le MJ peut-il permettre de dé-
penser des PE ? La plupart décident de le faire
entre les sessions, mais certains préfèrent at-
tendre un moment où les PJ peuvent se poser
et se reposer, comme en passant une nuit au
calme ou durant d’un long voyage sans surprise.
AMÉLIORER LE PERSONNAGE
Augmenter la caractéristique, la profession
ou la capacité de combat :
2 fois la nouvelle valeur.
Augmenter la caractéristique qui reçoit
un bonus en lien avec la culture :
2 fois la valeur actuelle.
LIMITES À L’AVANCEMENT
Peu importe combien de PE un personnage cu-
mule, il y a des limites qu’il ne pourra dépasser.
Même s’il s’entraine, il ne pourra jamais être
aussi fort qu’un éléphant ou aussi rapide qu’un
cheval. Il y a aussi une limite au nombre de pro-
fessions qui peuvent être maitrisées sans avoir
à perdre la pratique dans l’une pour pouvoir se
consacrer à d’autres.
Un personnage de La Porte d’Ishtar a des li-
mites qu’il ne pourra en aucun cas dépasser :
• La valeur maximale de toute caractéristique
est de 6, à l’exception de celle pour laquelle
est reçu un bonus lié à la culture d’origine,
dont le maximum est de 7.
P. D’EXPÉRIENCE • Les professions ont un niveau maximal de
2 maitrise maitre (3) et un personnage ne
4 pourra jamais avoir plus de six professions.
6 Si le joueur qui le contrôle veut en apprendre
8 une nouvelle, le personnage devra oublier
10 l’une de celles qu’il connait déjà.
12 • La valeur maximale des capacités de combat
est de 6.
NOUS CHANGEONS TOUS
Les personnages ont le droit de changer. Peut-
être qu’avec le temps, ce qui était si important
dans leur vie cesse de l’être, qu’ils atteignent
leurs objectifs et qu’ils en suivent de nou-
veaux ou qu’ils changent leur façon d’être.
L’amélioration de leurs caractéristiques ne sera
pas la seule conséquence de leurs aventures.
Pendant le déroulement d’une session ou entre
deux sessions, un joueur peut modifier les as-
pects suivants de son personnage :
• Ses traits de caractère, tant que ceux-ci sont
toujours au nombre de trois.
• Sa devise.
• Ses objectifs à court ou à long terme.
Cependant, il faut garder à l’esprit que cela ne
signifie pas la même chose que de changer un
objectif à court terme, un objectif à long terme
ou une devise. Alors que le premier changera
presque à chaque session, les deux derniers
définissent en grande partie qui est le person-
nage et ce qu’il attend de la vie. Ce ne sont pas
des éléments qui peuvent être modifiés à la lé-
gère ou constamment, sinon le personnage ne
sera rien de plus qu’une girouette, changeant
de cap du jour au lendemain.
Il ne faut pas hésiter à parler aux autres
joueurs et au MJ et leur demander ce qu’ils en
pensent. Ils peuvent donner des idées et faire
voir le personnage sous un angle qui n’aurait
pas été envisagé.
CHANGEMENTS ET AVANCEMENTS 79
80 UN JOUR DE PLUS

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• Pendant les sessions de jeu, les personnages pourront récupérer de la Passion et de la
Détermination.
• Ils retrouveront leur Passion en utilisant un trait de caractère positivement et en échouant, en
prononçant leur devise et en risquant leur vie.
• Ils récupèreront de la Détermination en utilisant un trait de caractère négativement, en réus-
sissant leur jet de dés ou en atteignant leurs objectifs.
• À la fin de chaque session, ils retrouveront une utilisation de Passion ou de Détermination, si
le total des utilisations qui leur restent entre les deux est de deux ou moins. Ils obtiendront
également des Points d’Expérience (PE).
• Les joueurs pourront dépenser les PE pour améliorer les caractéristiques, les professions et
les capacités de combat de leurs personnages.
• Les traits de caractère, la devise et les objectifs d’un personnage peuvent changer pendant
une session ou entre deux sessions.
ENTRE LES FLEUVES

- Rihat, pourquoi insistes-tu autant pour que j’écrive sur des tablettes ?
- Parce que l’écriture fait que les idées ne meurent jamais, jeune Shelmaneser.
- Et pourquoi est-il interdit aux Mushkenu d’apprendre à lire et à écrire ?
- Parce que l’écriture est une arme terrible. Lorsque les mots sont gravés sur une tablette, ils
deviennent loi. Ensuite, ils prennent un vrai pouvoir.
- Mais tu sais écrire, Rihat. Et pas seulement en akkadien, mais aussi dans la langue perdue.
- Votre père m’a appris, jeune maitre. Et grâce à cela, ma pensée a pu voler plus haut que celle de
la plupart des esclaves. Si vous le souhaitez, je pourrais vous raconter l’histoire du premier scribe
et la manière dont il a prouvé qu’un poinçon pouvait être plus fort qu’une épée...

La Porte d’Ishtar se déroule dans le monde de
Kishar, une terre de steppes arides, de mon-
tagnes escarpées et de déserts sans fin. Un
monde cruel et impitoyable, dans lequel seuls
les plus forts et les plus rusés survivent.
Une terre sauvage et inexplorée où la civilisa-
tion représente l’exception plutôt que la norme.
Au-delà de ses frontières, cependant, le monde
devient sauvage, impitoyable et seules les
zones les plus proches sont cartographiées.
Les terres au-delà n’ont été vues que par les
marins ou les explorateurs les plus audacieux
et il est impossible de savoir si ce que l’on sait
d’elles tient de la réalité ou de l’imagination.

De toutes les nations de Kishar, il n’y en a pas L’IDIGNA ET LE BURANUM

d’aussi grande, d’aussi magnifique, ni d’aussi
riche que l’Empire d’Akkad. La civilisation,
l’écriture et les arts y sont nés et les deux grands
fleuves, l’Idigna et le Buranum, lui prodiguent
vie et prospérité. Émaillé de cités-États, il est
l’héritier d’une culture qui remonte à l’origine
des Awilu eux-mêmes.
Akkad subsiste grâce à ses deux grands fleuves :
l’Idigna, à l’est, et le Buranum, à l’ouest. Ce sont
leurs cours qui marquent les limites de l’Empire
et qui fournissent l’eau nécessaire à la culture
de la terre et au maintien de la civilisation. Les
cités sont construites sur leurs rives et le travail
82 ENTRE LES FLEUVES
le plus important d’un Ensi est l’entretien des
canaux qui arrosent les champs et fournissent
de l’eau à leurs habitants.
Le Buranum est le fleuve qui se trouve le plus à
l’ouest et est également le plus long des deux,
avec une longueur de plus de deux mille kilo-
mètres. Son nom signifie « celui qui donne des
fruits » et ses eaux calmes séparent Akkad de
l’Empire d’Éria, le désert infini. Ses affluents
les plus importants sont le Khalid et le Habur.
L’Idigna montre un visage très différent. Son
nom signifie « la flèche » et il ne pourrait être
plus approprié. Ses courants sont rapides et vio-
lents. Il est alimenté par de nombreux affluents,
dont le Zab et le Diyala. Plus d’un voyageur
inconscient a perdu la vie en le sous-estimant.
Ces deux fleuves naissent des Montagnes
Gudabak, au nord, et leur largeur permet le
passage d’énormes bateaux utilisés par les mar-
chands d’Assur pour transporter leurs marchan-
dises et par Sargon pour déployer rapidement
ses soldats. Ils sont la voie de communication
principale, le cœur et le sang d’Akkad.
Chaque année, avec l’arrivée du printemps,
la neige des montagnes fond et, pendant les
mois d’Ayarum et de Simanum, les deux fleuves
subissent de fortes crues, leurs eaux coulant
avec une force inhabituelle et se comportant
de manière imprévisible. Dans de nombreux
cas, le résultat de ces crues est la destruction
systématique des champs cultivables et des
villages. Cette destruction est responsable du
pessimisme avec lequel les Awilu affrontent la
vie. Ou plutôt, affrontaient, car depuis la créa-
tion des Mushkenu, seuls ces derniers souffrent
de la colère de l’Idigna et du Buranum.
Mais ces eaux irriguent aussi la terre et rendent
possible la culture des champs dont dépendent
les cités et donc la civilisation. Même s’ils sont
imprévisibles pendant un temps, les deux
fleuves finissent toujours par se calmer, offrant
leurs eaux avec générosité et abondance.
Tant de cités dépendent de ce don qu’au fil
des siècles, des populations entières ont été
condamnées à disparaitre lorsque changeait
le cours du fleuve sur les rives duquel elles se
trouvaient, les privant d’eau et du transport
nécessaire pour leur faire parvenir des mar-
chandises. La pluie à Akkad est fine et peu fré-
quente, ne pouvant en soi soutenir autre chose
que les cultures les plus résistantes.
Mais on ne peut en dire autant des terres plus
au nord. Là, la vie y est plus dure, mais moins
erratique. Près des montagnes, l’Idigna et le
Buranum s’écoulent sur des terrains beaucoup
plus rocheux, de sorte que leurs cours sont plus
stables et les crues moins dramatiques. En rai-
son précisément de l’irrégularité du terrain, il est
presque impossible de développer un système
efficace de canaux et d’aqueducs. Par ailleurs, les
températures sont plus modérées, car si plus de
50 °C peuvent être atteints en plein été dans le
sud de l’Empire, dans les régions les plus sep-
tentrionales, elles montent rarement au-dessus
de 40 °C. Les précipitations sont plus fréquentes
et rendent possible un autre type d’agriculture,
sans canaux artificiels, mais moins intensive.
En conséquence, l’existence y est un peu plus
confortable, mais les cités proches des mon-
tagnes n’atteignent généralement pas la gran-
deur et la taille des plus méridionales.
Les fleuves peuvent se montrer violents, ins-
tables et destructeurs, mais leur exubérance
est inégalable.
LES FRUITS DE LA TERRE
Les ressources naturelles les plus importantes
pour l’Empire sont l’eau de ses fleuves et son
sol fertile pour les cultures. Cela est particu-
lièrement vrai dans les terres les plus méridio-
nales d’Akkad, où les deux fleuves permettent
de consacrer de vastes étendues de terres à la
culture de l’orge, du sésame et des dattes, par-
mi d’autres céréales et fruits moins abondants.
Mais ce n’est pas tout, puisque les maisons elles-
mêmes des habitants d’Akkad sont construites
avec des briques faites de l’argile extraite des
rives de l’Idigna et du Buranum, avec laquelle
sont également fabriquées les tablettes sur les-
quelles les scribes enregistrent les transactions
et les lois avec leurs poinçons, outils d’écriture
eux-mêmes fabriqués à partir des roseaux flot-
tant dans les eaux des deux fleuves.
 L’IDIGNA ET LE BURANUM
Émergeant des entrailles de la terre elle-
même, on peut trouver le bitume, une pâte
utilisée comme isolant, comme ciment pour les
briques ou comme matériau pour une myriade
d’objets. Il peut être manipulé facilement et il
devient résistant à l’eau en durcissant.
Malheureusement, tout n’abonde pas dans la
terre d’Akkad. Le bois, la pierre et les métaux
sont rares et doivent surtout être importés
d’autres pays. Mais cela ne pose pas de pro-
blème, puisque l’Empire se trouve au centre
du monde. Sa fertilité et sa puissance lui per-
mettent d’obtenir ce qui lui manque, que ce soit
par la conquête militaire ou par le commerce.
GÉOGRAPHIE
L’Empire est divisé en quatre grandes régions,
chacune correspondant à un type de terrain, se
succédant, l’une après l’autre, du nord au sud.
La plus septentrionale, près des Montagnes
Gudabak, est la plus accidentée. Elle est cou-
verte de collines et de cailloux, qui forcent les
fleuves à les contourner pour pouvoir pour-
suivre leur chemin. Son altitude varie sensi-
blement, diminuant au fur et à mesure qu’on
avance vers le sud. Heureusement, pour les
citadins qui se trouvent sur ces terres, la pluie
n’est pas aussi rare que dans le sud et on peut
même trouver de petites forêts de chênes près
des contreforts montagneux.
Bien qu’elle ne puisse être considérée comme
un verger, on peut trouver dans cette région
des broussailles et des zones herbeuses, proté-
gées du soleil par les élévations accidentées qui
caractérisent la région. De nombreux bandits
utilisent comme cachette ces refuges naturels,
dans lesquels ils nourrissent leurs montures et
se préparent à d’éventuelles incursions.
Mais le relief change dès que l’on suit un peu
le cours des fleuves. La pluie devient de plus
en plus rare et le terrain de plus en plus aride.
Il n’est plus possible de compter sur les préci-
pitations pour irriguer les champs et les eaux
des deux fleuves ne peuvent plus être utilisées.
En effet, le sol, bien qu’ayant une pente de plus
en plus faible, n’est pas assez uniforme pour
supporter la construction de canaux.
83
Ce n’est pas pour rien que presque aucune cité
n’est située ici et seule Akkad, en raison de son
statut de capitale et de centre de l’Empire, peut
se permettre de dépendre entièrement des im-
portations alimentaires. Cette région n’est rien
de plus qu’un désert et ce n’est que le long des
fleuves que se trouve une végétation timide,
sous la forme de petites forêts et d’arbustes.
En avançant encore plus au sud, le paysage
change à nouveau. Le terrain accidenté dis-
parait complètement et se nivèle jusqu’à être
presque complètement plat. Là, il ne change
plus jusqu’à ce qu’il atteigne la côte, se mettant
pratiquement au niveau de la mer.
Comme aujourd’hui, les fleuves ne trouvent
pas de résistance, leurs cours se tordent fré-
quemment, formant des méandres complexes,
irriguant de leurs précieuses eaux la terre qui
les entoure. On y trouve la plupart des cités.
C’est logique, car le territoire est relativement
fertile, avec d’abondantes forêts de palmiers
et de tamarins, en particulier près des fleuves,
et de verts pâturages où les animaux peuvent
paitre. Il y a encore des zones désertiques,
mais seulement sur les étendues de terre les
plus éloignées des cours d’eau de l’Idigna et du
Buranum.
Ce paysage continue jusqu’à atteindre la zone
la plus méridionale de l’Empire. Peu de temps
avant d’atteindre Urun-Zig Ab, la Mer du Soleil
Levant, les cours des fleuves se tordent de ma-
nière excessive et inondent la terre. Cet afflux
d’irrigation transforme cette partie d’Akkad en
une terre marécageuse et difficile à parcourir,
où il est possible de trouver à la fois des forêts
épaisses et humides, peuplées d’arbres aux
branches tordues, que des marais boueux, en-
tièrement recouverts de roseaux deux fois plus
hauts qu’un Mushkenu.
De nombreux mystères et légendes entourent
cette terre, car sa jungle la rend idéale pour
accueillir des êtres peu sympathiques pour
l’homme civilisé, que ce soient des créatures
intelligentes ou des bêtes sauvages. Seuls les
explorateurs les plus aguerris connaissent les
sentiers qui parcourent la végétation et on dit
que dans un lieu secret, au milieu des marais,
se trouve l’Arbre d’Ishtar.
84 ENTRE LES FLEUVES
 LeS AWILU
FRONTIÈRES
L’Empire d’Akkad est clairement délimité
par une série de frontières naturelles qui
empêchent son expansion ou, au moins, la
rendent suffisamment peu engageante pour
que la conquête des territoires qui l’entourent
soit une entreprise à faible intérêt stratégique.
Le grand désert d’Éria le sépare de la Phénicie
et de l’oasis de Tadmor, tandis que les Jungles
du Sud se sont montrées impossibles à franchir
jusqu’à présent. De hautes montagnes l’isolent
au nord de l’inconnue Hattusa et à l’est de
l’énigmatique Mède.
Ses voisins les plus proches, les Awilu d’Élam,
sont protégés par de profonds marais qui
empêchent toute armée de passer. Seule une
étroite bande de terre entre les marais et les
montagnes permettrait de faire passer une
colonne de soldats, mais elle est fortement
protégée par les troupes des nécromanciens.
Enfin, l’imposante Porte d’Ishtar, fermée de-
puis deux mille ans, est une gardienne infran-
chissable. De l’autre côté se trouve Babylone,
la patrie de ceux qui ont fui.
LES AWILU
Les propriétaires incontestés d’Akkad, même
s’ils ne sont pas la seule race vivant dans l’Em-
pire, sont les Awilu. Ils portent ce nom avec
fierté, car Awilu signifie « citadin », c’est-à-dire
ceux qui ont le privilège d’habiter une cité.
Leur nom originel, déjà désuet, était «  ceux
à tête noire  », terme issu du mot «  Saggiga  »
en sumérien, la langue perdue et de « Shalmat
Qakkadi  » en akkadien, la nouvelle langue de
l’Empire. Bien que dans la plupart des cas, ils se
réfèrent simplement à eux-mêmes comme « les
hommes » ou « humains ».
Physiquement, ils font honneur à leur ancien
nom, car leurs cheveux sont d’un noir de jais,
sombres comme la nuit. Ils en sont si fiers que
les hommes arborent de longues barbes bou-
clées et les femmes des coiffures complexes qui
apportent de l’ordre à leurs tresses rebelles. Ils
mesurent environ un mètre et demi de haut,
un peu moins pour les femmes et sont dotés
85
à la fois de force et d’intelligence. Ils adoptent
presque toujours une position déterminée et
fière, car ils se considèrent comme les maitres
de Kishar. D’après leur mythologie, ils ont été la
première race mortelle à peupler Kishar.
L’ORIGINE DES HOMMES
Il y a des éons, dans le monde, seuls les
Anunnaki, les Dieux Anciens, marchaient dans
un Kishar où seules les bêtes sauvages leur
tenaient compagnie. Ils vivaient dans un éden
qui n’existera plus jamais, en harmonie avec la
nature et les éléments.
Mais, malgré leur immortalité, ils devaient tra-
vailler. Ils devaient chasser, pêcher et récolter
des fruits s’ils voulaient manger, tanner la peau
et abattre les arbres s’ils voulaient disposer de
vêtements et d’un logement. Au début, cela ne
posait aucun problème, mais ils finirent par se
lasser de travailler. Ils étaient des êtres divins,
pourquoi devaient-ils donc s’abaisser à faire
tout cela ? Ils décidèrent alors de créer des es-
claves, des créatures qui transpireraient pour
eux, afin d’avoir tout le temps du monde pour
se reposer et profiter de la vie. Ils assassinèrent
Kingu, l’un des dieux qui n’étaient pas d’accord
avec la décision prise et, avec son sang et de
l’argile, créèrent ceux qui les remplaceraient
dans leurs tâches : les Awilu.
Au fil du temps, les Anunnaki en voulurent tou-
jours plus, ne se contentant pas que les Awilu
répondent à leurs besoins fondamentaux. Ils
commencèrent à exiger des temples et des
offrandes, l’adoration et la servitude, non seu-
lement du corps, mais aussi de l’âme. Les dieux
les plus puissants créèrent autant d’Awilu qu’ils
le pouvaient et s’éloignèrent des autres divini-
tés, fondant les premières cités  : des centres
de population consacrés exclusivement à leur
culte. Bientôt, il fallut protéger ces métropoles
avec des murailles, pour se défendre contre les
autres Anunnaki. Ainsi naquirent les cités-États.
L’ensemble de ces cités reçut le nom de pays
de Sumer. Mais malgré cette dénomination,
c’était loin d’être une nation unie, les cités
étant constamment en guerre les unes contre
les autres. Les alliances se formaient et se dé-
nouaient tandis que les dieux regardaient avec
86 ENTRE LES FLEUVES

intérêt leurs esclaves, les Awilu, s’affronter dans

des batailles acharnées pour la domination.
Au final, ces pauvres mortels dépendaient des
Anunnaki pour survivre et provoquer leur co-
lère risquait d’abréger leur existence.

Cette situation dura des centaines de milliers

d’années. Les Anunnaki, décadents et despo-
tiques, exigeaient l’obéissance de leurs esclaves
alors qu’ils se disputaient entre eux pour des
rancunes inutiles ou bien se déclaraient la
guerre simplement pour calmer leur ennui.
Leur tyrannie arriva à un tel point qu’à deux
reprises, ils essayèrent d’exterminer l’huma-
nité, sous prétexte que le bruit excessif qu’ils
provoquaient les dérangeait. Non seulement ils
devaient travailler, mais aussi le faire en silence.

Seules l’audace d’Enki, l’un des Anunnaki, et sa

compassion pour l’être humain empêchèrent
que tous les Awilu ne périssent. La première
fois, le dieu magnanime convainquit ses frères
que ce n’était pas une bonne idée d’exterminer
les hommes, mais la seconde fois, ses argu-
ments ne suffirent plus à éviter la colère des
dieux. À ce moment-là, les cris de leurs servi-
teurs appelèrent à la rébellion, un péché plus
difficile à pardonner. Les Anunnaki décidèrent
d’inonder le monde et la seule chose qu’Enki
put faire fut d’en avertir Atrahasis le Sage, qui
construisit un énorme bateau avec lequel il put
mettre sa famille en sécurité avant que ne dé-
ferle ce qui allait être appelé le Déluge.

L’ASCENSION DE SARGON

Mais cet ordre des choses ne dura pas éter-

nellement. Plusieurs milliers d’années après ce
Déluge et dans le sillage de grands héros tels
que Gilgamesh, Enmerkar et Ningirsu, un bril-
lant militaire nommé Sargon naquit dans la cité
de Kish. Cet Awilu, non seulement connaisseur
des arts de la guerre, mais aussi des principes
mystérieux de l’alchimie, prit une décision  :
les Awilu ne redeviendraient plus jamais les
esclaves d’un dieu. Les Anunnaki ne les traite-
raient plus jamais comme leurs serviteurs.

Cependant, un objectif aussi ambitieux que

celui-là n’était pas facile à atteindre. C’est
pourquoi le jeune seigneur de guerre cher-
cha d’autres alliés. Il les trouva chez les Igigu,
 LeS AWILU
des entités également connues sous le nom
de Dieux des Étoiles, qui aspiraient à dominer
Kishar, à éliminer les Anunnaki et à prendre
le contrôle de leurs territoires. Ces créatures
étaient effrayantes et insondables, au-delà de
l’entendement humain et n’étaient en aucune
façon amies de l’homme.
Malgré leur hostilité et leur malveillance évi-
dentes, les Igigu partageaient un objectif avec
Sargon, aussi décidèrent-ils de s’entraider les
uns les autres. Le futur Empereur, armé de
la force et de la connaissance que l’une des
Igigu, Shuk-Nippurash, lui avait fournies, eut
le pouvoir de tuer Enlil, l’un des Anunnaki. Pire
encore, il prit son sang, le combina avec de
l’argile et utilisa ce mélange pour créer deux
races d’esclaves : les Mushkenu et les Wardu,
qui serviraient les hommes comme les Awilu
avaient servi les dieux. Ainsi, ces races d’es-
claves furent engendrées à partir du fluide vital
d’Enlil, l’ancien Seigneur des Vents.
À la tête d’une immense armée, composée
d’Awilu, d’esclaves et des horribles serviteurs
des Igigu, il conquit une par une les cités-États
du pays de Sumer. Au début, les Anunnaki li-
vrèrent bataille, mais quand il fut évident que
Sargon ne pouvait être vaincu, de plus en plus
de cités décidèrent simplement de se rendre.
Les Dieux Anciens, effrayés, fuirent en toute
hâte, accompagnés de leurs disciples les plus
fidèles qu’étaient les prêtres et les scribes
connaissant la langue ancienne.
Cette langue avait vu son utilisation restreinte
pendant des siècles et seuls les plus nobles
parmi ceux qui dominaient l’art de l’écriture
en connaissaient ses secrets. Ces scribes et
les anciens prêtres considéraient les Anunnaki
comme leurs maitres indiscutables, car ils leur
avaient tout donné. Aussi avaient-ils décidé de
les accompagner en exil. Seuls quelques ou-
vriers et guerriers partirent avec eux, suivant le
sillage des Dieux Anciens, désormais vaincus.
Ce cortège de réfugiés continua sans relâche
vers l’est, fuyant l’avancée de Sargon. Ils bat-
tirent en retraite jusqu’à ce qu’ils ne puissent
pas faire un pas de plus, car ils se tenaient de-
vant les Sommets des Tempêtes. Là, entre le
marteau et l’enclume, ils n’avaient plus d’issue.
87
C’est alors que Marduk, avec son bras puissant,
brisa les montagnes et ouvrit une porte en leur
sein, par laquelle ils trouvèrent refuge.
On ne sait rien de ces réfugiés, car ils ont
construit une entrée imposante, la Porte
d’Ishtar, grâce à laquelle ils se sont isolés du
monde de l’extérieur des montagnes. Parmi
les rares informations parvenues à l’extérieur
avant la fermeture de la porte, il y a celle qui
raconte que les fuyards ont construit, avec les
Anunnaki, une cité souterraine. Ils l’auraient
nommée Babylone, d’après le nom de la ci-
té-État qui résista le plus longtemps à Sargon
et qui, à la suite d’un acte de rébellion, avait été
rasée jusqu’à ses fondations.
La Porte d’Ishtar est restée fermée depuis. Plus
de deux mille ans se sont écoulés. Deux mille
onze ans exactement.
L’EMPIRE D’AKKAD
Une fois sa précieuse victoire atteinte, Sargon
se consacra à consolider sa domination et à
construire l’Empire qui, d’une main de fer, im-
pose son règne depuis lors. Il avait un plan très
concret et une vision claire de ce à quoi devait
ressembler l’avenir des Awilu, dorénavant libres.
Mais, heureusement ou malheureusement, tout
ne s’est pas déroulé comme il l’avait souhaité.
Sargon décida que l’Empire d’Akkad devait
être construit sur trois piliers fondamentaux :
unité, liberté et prospérité.
Unité
La première de ces valeurs, l’unité, repose
fermement sur les épaules de son dirigeant.
Akkad est composé de dizaines de cités-États,
chacune gouvernée par un Ensi, un Roi-Sorcier,
mais toutes répondent à une seule volonté.
L’Empereur connaissait la véritable nature de
l’univers et savait bien que la seule façon pour
les Awilu de survivre et d’y faire leur place était
de travailler ensemble. Fatigué des guerres
intestines et des massacres les uns contre les
autres par la seule volonté d’un dieu, il décida
que la seule solution possible serait une nation
unique : l’Empire.
88 ENTRE LES FLEUVES
Mais Sargon, connaissant la nature humaine,
savait que la seule façon pour une telle entité
politique de durer était d’être sous le joug d’une
volonté forte et stable. L’histoire de Kishar
est jonchée de petites nations fondées par de
grands héros, comme Ur-Nammu d’Ur, qui n’ont
pas survécu à la disparition de leur fondateur.
La seule façon pour Akkad de durer est sous la
domination de Sargon, un Empereur qui a réus-
si à défier sa propre mort. Au cours de ces deux
millénaires, l’Alchimiste a pris plusieurs épouses
et engendré de nombreux enfants, mais aucun
n’a été nommé comme étant son successeur ni
partagé le secret de l’immortalité de leur père,
succombant aux ravages du temps alors que
celui qui les avait engendrés ne vieillissait pas.
Liberté
Mais la raison la plus importante qui conduisit
Sargon à se rebeller fut la liberté, car il voulait
construire un lieu où aucun Awilu n’aurait à
obéir ou à adorer un dieu. Au début, avec l’exil
des Anunnaki, il lui sembla être parvenu à ses
fins, mais, au fil du temps, il découvrit avec
résignation que certaines choses ne pourraient
jamais changer.
Certes, les Awilu n’adorent plus les Anunnaki,
mais maintenant, ce sont aux Igigu, les dieux
venus des étoiles, qu’ils dédient leurs prières.
Parce que s’il y a une chose que l’être humain
désire plus que la liberté, c’est le pouvoir. Et les
Dieux des Étoiles peuvent en donner beaucoup
à ceux qui s’agenouillent devant eux.
En fin de compte, peu de choses ont changé.
Les sorciers et prêtres vénèrent les sinistres
divinités en échange de leur sagesse corrompue
et les autres continuent à supplier une volonté
supérieure pour le bien de leurs récoltes.
Une volonté qu’ils peuvent, peut-être à juste
titre, blâmer pour leurs malheurs ou recher-
cher pour leur protection.
L’Empereur a réussi à créer une nation libérée
des Dieux Anciens. Ces divinités ont tout sim-
plement été remplacées par d’autres. Les nou-
veaux maitres semblent plus distants et moins
exigeants, tout en se montrant généreux.
Et il reste toujours ce réconfort de penser que
cette fois les hommes ont choisi leur foi libre-
ment, plutôt que d’y avoir été forcés, si cela
représente une différence. Ce n’est que dans
la cité d’Akkad, capitale de l’Empire et siège du
pouvoir de Sargon, que la Ziggurat, son plus
grand monument, n’est pas consacrée au culte
d’une divinité.
Ses sujets peuvent y faire ce qu’ils veulent,
car après tout c’était pour leur liberté qu’ils
ont combattu et Sargon n’a pas l’intention de
mettre un genou à terre devant un dieu.
Prospérité
Enfin, il y a le troisième pilier de l’Empire : la
prospérité. Les deux autres se reposent sur
lui et, sans celui-ci, ils ne pourraient pas être
maintenus en place à long terme. Pour qu’il y
ait un espoir d’avenir, les Awilu devaient pros-
pérer, aller chaque jour un peu plus loin que
le précédent. Concernant ce point, l’Empire
d’Akkad a donné d’excellents résultats.
Année après année, les coffres des nobles se
sont remplis, leur vie a été comblée de luxe
et leurs cités se sont agrandies, abondantes
et sures. Les Awilu jouissent d’une ère de
richesses et de privilèges comme aucun de
leurs ancêtres de Sumer n’aurait jamais pu en
rêver. Il ne manque jamais un plat sur la table
et les loisirs occupent le temps de ces citadins
privilégiés.
Rien de tout cela n’est gratuit. Il est obtenu au
prix d’une énorme masse d’esclaves Mushkenu,
des êtres qui passent leur courte et misérable
vie à travailler pour maintenir le paradis sur
terre dont leurs seigneurs jouissent. Il faut au
moins dix esclaves pour un citadin. Mais de
cela, les Awilu ne semblent pas se soucier.
L’Empire d’Akkad s’est construit sur le sang,
la sueur et la souffrance. C’est une tyrannie
cruelle et impitoyable, dans laquelle seuls
quelques-uns profitent d’une vie de rêve alors
qu’une énorme masse survit durement, sur-
peuplée, affamée et maltraitée. Ironiquement,
et c’est peut-être une curieuse taquinerie du
destin, les Awilu sont devenus ce contre quoi
ils s’étaient révoltés.
 LeS AWILU
LES FAMILLES ET LES MAISONS
Comme cela est naturel chez un peuple qui se
croit, ou plutôt se sait, supérieur aux autres,
les Awilu accordent une grande attention à leur
position sociale et à tout ce qu’elle implique. Le
noyau de la société Awilu est la famille, mais pas
dans le sens classique, c’est-à-dire des parents
et des enfants, mais dans un sens plus étendu.
Chaque famille porte fièrement un patronyme,
qu’elle a hérité des générations précédentes
et qui existe probablement depuis des milliers
d’années, voire plus. Tous les membres de la
famille énoncent ce nom de famille avec fier-
té en se présentant à tout évènement social
et pas seulement pour satisfaire le protocole
complexe en rigueur dans ces situations, mais
parce qu’ils en sont vraiment fiers.
En ce sens, on peut dire que pratiquement tous
les Awilu ont du sang noble. Tous appartiennent
à une famille et sont à la fois protégés par elle et
responsables de son bon fonctionnement. Il y a
peu de situations pires pour un Awilu que d’être
exclu de sa famille et de perdre son patronyme,
certains préférant même la mort plutôt que de
faire face à une telle infamie.
En plus de l’histoire commune qui s’est ac-
cumulée au fil des siècles, les familles se ca-
ractérisent par les couleurs et les motifs qui
composent leurs armoiries. Tous les membres
d’une famille portent toujours, sous une forme
ou une autre, ces dessins sur leur corps, mais
jamais de façon ostentatoire. La connaissance
de ces schémas est une compétence complexe
que tous les nobles doivent maitriser et qui est
extrêmement difficile étant donné la subtilité
et la variété des modèles à connaitre.
À la tête de ces organisations, car elles partagent
aussi des objectifs, des intérêts et des richesses,
se trouve un patriarche. Il s’agit toujours d’un
homme, mais il n’est pas nécessaire d’être le plus
âgé ou le descendant direct de celui qui en était
auparavant titulaire, car le patriarche est élu
par un conseil familial. Malgré cette domination
masculine, cela n’est pas étonnant de voir que
certaines familles sont en réalité dirigées par
une femme, la première épouse du patriarche.
En fait, plus d’un patriarche a été élu à son poste
89
en vertu de qui partageait son lit plutôt que sur
la base de ses propres compétences.
Concernant les mariages, les hommes appar-
tiennent toujours à la famille où ils naissent, mais
ce n’est pas le cas pour les femmes. Lorsqu’une
Awilu se marie, elle fait désormais partie de la
famille de son mari et elle reçoit souvent une dot
en fonction de son importance dans sa famille
d’origine. Ces unions ont rarement pour motif
un sentiment partagé par les mariés, mais plutôt
des ardeurs politiques visant à améliorer les re-
lations entre les familles concernées. Mais cela
ne veut pas dire qu’il ne peut y avoir de mariages
au sein d’une même famille, même les moins
nombreuses, et que l’on ne puisse pas voir des
mariages entre frère et sœur.
De plus, les Awilu pratiquent la polygamie, un
homme pouvant prendre plusieurs épouses. Il
en résulte une hiérarchie du pouvoir à l’inté-
rieur du foyer, dans laquelle la première épouse
domine toujours. Toutefois, cela ne prive pas
les femmes de leurs droits, qui peuvent exiger,
comme leurs maris, un divorce si leur conjoint ne
s’acquitte pas de ses obligations matrimoniales.
Il va sans dire qu’il existe autant de rivalités
acharnées que d’alliances anciennes entre les
différentes familles. Qui plus est, certaines ar-
rivent à former des coalitions appelées maisons,
grâce auxquelles elles peuvent rivaliser sur un
pied d’égalité avec les plus grandes familles. La
politique Awilu regorge de jeux, de tromperie et
de duplicités. Ce sont des eaux marécageuses,
pleines de vipères et de pièges, dans lesquelles
il ne faut pas plonger si l’on n’y est pas préparé.
Il arrive parfois que des individus particuliè-
rement puissants au sein d’une famille, mais
qui n’occupent pas une position d’importance
au sein de celle-ci, décident de s’en séparer et
de créer une nouvelle famille avec un nouveau
nom. Ce comportement, bien qu’autorisé, n’est
jamais bien vu dans la famille d’origine. Le
nouveau patriarche, ainsi que tous ceux qui
ont décidé de prendre parti pour lui, doit être
prêt à faire face à toutes les représailles que ses
anciens frères pourraient déclencher contre lui.
Certaines des plus anciennes rivalités entre fa-
milles sont précisément dues à ce motif  : une
90 ENTRE LES FLEUVES
scission produite il y a des générations. Certains
ne se souviennent même pas pourquoi ils doivent
haïr leurs rivaux, mais ils le font quand même.
LES RACES CRÉÉES
Aux ordres de cette noblesse se trouvent les
races esclaves  : les Mushkenu et les Wardu.
Leurs noms signifient respectivement «  mes-
quins » et « serviteurs » et la grande majorité
des membres de celles-ci qui ont la malchance
de vivre dans l’Empire ne sont que des esclaves.
Ils tirent leur nom et leur origine des mains de
Sargon l’Alchimiste, grâce aux connaissances
données par la déesse Shuk-Nippurash lors des
premiers moments de la campagne de libéra-
tion des Awilu. Les deux races, bien que très
distinctes physiquement, ont été créées à partir
des mêmes matières premières  : de l’argile et
du sang d’Enlil, un Anunnaki.
Les deux races ont été conçues pour travailler et
servir efficacement leurs maitres. Leurs corps et
leurs esprits ont été créés à des fins très concrètes,
d’où le fait que les deux races possèdent certains
traits uniques qui les caractérisent.
LES MUSHKENU
Les Mushkenu sont plus grands que les Awilu,
mais pas plus forts. La plupart d’entre eux ne
peuvent pas être comparés en force à un citadin,
car leur mauvaise alimentation et leurs condi-
tions de vie en font des êtres faibles et maladifs.
Leur grande taille, d’un mètre soixante-dix en
moyenne, leur permet d’accomplir avec une cer-
taine facilité des tâches telles que la construc-
tion ou la culture des champs. En même temps,
leur courte espérance de vie représente plus un
avantage qu’un inconvénient, car elle leur fait
voir les Awilu comme des êtres pratiquement
immortels, de véritables dieux. Et de toute fa-
çon, ils n’ont guère de chances de survivre long-
temps au vu de leurs conditions de vie.
La couleur de peau et des cheveux des
Mushkenu varient considérablement, allant des
tons plus pâles, presque blancs, aux tons les plus
foncés. Mais les plus grandes variations de cou-
leurs se trouvent dans leurs yeux, qui peuvent
être de couleur marron ou noire, comme ceux
de leurs maitres Awilu ou d’un gris, d’un vert
ou d’un bleu surprenant. On dit que la couleur
de peau d’un Mushkenu dépend du moment de
la journée où le premier de sa lignée a été créé
dans les forges de chair de Sargon. Plus l’origine
de cet individu était proche de midi lorsqu’il ou-
vrit les yeux pour la première fois, plus sa peau
était claire, alors qu’elle aurait été plus sombre
à l’approche de minuit. Si au début, tous les
Mushkenu étaient l’œuvre du génie alchimique
de l’Empereur, il n’en a pas créé de cette façon
depuis de nombreuses années, car désormais
tous les Mushkenu viennent au monde de la
manière naturelle, après avoir passé neuf mois
dans le ventre de leur mère. Le peu de sang
d’Enlil qui reste est réservé aux précieux Wardu.
De plus, une autre caractéristique des
Mushkenu est qu’en raison de leur courte vie,
ils se reproduisent très rapidement. Certains
diraient même de façon presque incontrôlée, ce
qui fait que la main-d’œuvre ne manque jamais.
Il est plus que probable qu’à ce jour, il y ait au
moins vingt Mushkenu pour un Awilu.
Mais cela ne pose pas de problème, car les
Mushkenu grandissent dans un environnement
où leur volonté et leur liberté sont brutalement
supprimées par des punitions physiques et émo-
tionnelles. Ils ne connaissent rien de mieux et on
leur inculque depuis leur plus tendre enfance que
les Awilu sont leurs maitres et leurs dieux. Qu’ils
ne peuvent aspirer à aucun autre monde. Il est
rare de trouver un esclave qui défie le statu quo.
Et encore plus rare qu’il parvienne à rassembler
suffisamment de compagnons pour provoquer
une révolte. Mais de temps en temps, apparait
un Mushkenu qui tente de se soulever et de
contester le joug de ses maitres. Jusqu’à présent,
aucune rébellion n’a été menée à son terme.
UNIONS ENTRE AWILU ET MUSHKENU
Même si personne ne s’étonne que des rela-
tions sexuelles se produisent entre Awilu et
Mushkenu, étant donné que certains esclaves
ont pour mission de donner du plaisir à leurs
maitres, ces unions ne produisent pas de
progéniture. Awilu et Mushkenu sont deux
espèces distinctes et il n’est pas possible qu’un
hybride naisse des deux. Du moins, pas par des
moyens naturels.
 LES RACES CRÉÉES
LES WARDU
L’autre Race Créée est celle des Wardu. Immenses
et pleins d’énergie, ce sont des hybrides entre un
Mushkenu et un taureau. De ce dernier, ils ont
hérité leur incroyable force et la rage ardente qui
fait de ces créatures des guerriers ultimes. Si les
Mushkenu ont été créés pour la servitude, les
Wardu l’ont été pour la conquête.
Leur taille impressionnante, de plus de deux
mètres, est compensée par une durée de vie
encore plus courte que celle des Mushkenu.
Le mélange de caractéristiques qui font d’eux
des êtres spéciaux les rend également mal-
heureux. Ce sont des créations contre nature,
la combinaison monstrueuse de créatures qui
reste stable uniquement grâce à l’habileté de
celui qui les a créés et à l’expérience acquise
par des dizaines de tentatives ratées.
En tant qu’hybrides, les Wardu sont stériles.
Ils ne peuvent pas se reproduire normalement
et la seule façon de créer un nouveau Wardu
est par l’alchimie et le sang d’Enlil qui reste,
le tout sous le contrôle de Sargon et de son
cercle d’alchimistes. Ils sont les seuls autorisés
à créer un Wardu et la possession des maté-
riaux nécessaires pour le faire est passible de
la peine de mort, après une torture intense.
Bien que des Wardu des deux sexes existent,
ce n’est pas à cause d’une tentative futile de re-
production, mais cela est le fait des préférences
personnelles de leurs maitres. La croyance est
répandue que les femelles sont meilleures en
défense, tandis que les mâles sont des soldats
supérieurs. Les premières plus protectrices, les
seconds les plus féroces.
En fait, certains pensent que la stérilité des
Wardu n’est pas exactement accidentelle.
De plus, en raison de leur force et de leur rareté,
les Wardu ne bénéficient pas de l’une des rares
libertés qui restent encore aux Mushkenu. Ils
sont liés par un lien supplémentaire qui s’ajoute
aux cordes qui entravent déjà les esclaves, car
même dans leur esprit, ils ne sont pas libres.
Dès l’instant où ils ouvrent les yeux pour la
première fois et jusqu’à ce qu’ils soient remis
91
à leurs maitres, les Wardu sont soumis à une
série de rituels complexes et de sorts qui plient
leur volonté jusqu’à ce qu’il soit impossible
pour eux de désobéir à leur seigneur.
Ce processus se fait toujours de telle sorte que
chaque Wardu soit à jamais lié à son seigneur.
Il ne pourra jamais lever la main contre lui ni
désobéir à aucun de ses ordres. Peu importe
que le Wardu aime son propriétaire à la folie
ou le déteste intensément, il n’y aura aucune
différence dans la façon dont il suivra les
ordres de celui qui le possèdera. En outre, il
devra protéger la vie de celui-ci au-delà de
toute autre considération.
Si un Awilu souhaite se séparer de son gar-
dien, il doit recourir au Rituel de Succession.
Ce sort, exécuté sur le Wardu qui fait l’objet de
la transaction, transfère sa propriété, avec tout
ce que cela implique, à un nouveau maitre.
Sinon, il n’y a qu’une seule façon pour un
Wardu de se libérer de cette malédiction  :
par la mort de son seigneur. Il existe cepen-
dant une variante du Rituel de Succession qui
permet à un Awilu de décider à qui transférer
la possession de son gardien en cas de décès,
mais elle est très peu utilisée.
Et ce n’est généralement pas une bonne idée
de donner à quelqu’un des raisons de souhaiter
votre mort. Après tout, les Wardu sont extrê-
mement chers et un symbole d’ostentation.
Encore plus avec le temps qui passe.
ESCLAVAGE ET POSSESSION
Mais que ces deux races, les Mushkenu et les
Wardu, aient été créées spécifiquement pour
servir ne veut pas dire que d’autres ne voient
pas leur liberté piétinée par les Awilu d’Akkad.
Les Uridimmu constituent une proie habituelle
des esclavagistes et il n’est pas rare non plus
que les Awilu capturés après des combats avec
l’Élam voisine passent le reste de leur existence
à travailler dans une mine, malgré leurs ori-
gines. Il est même arrivé de voir un Urmahlullu
ou un Middu enchainé avec de lourdes chaines,
accompagnant un noble qui l’exhibait comme
le ferait quelqu’un qui se vanterait de posséder
un beau vase ou une tapisserie élaborée.
92 ENTRE LES FLEUVES
L’esclavage est une partie essentielle de l’éco-
nomie de l’Empire et sans lui, ce dernier ne
pourrait survivre.
Les esclaves accomplissent tant de tâches dans
des domaines si divers qu’il serait impossible de
les énumérer toutes. Agriculteurs, éleveurs, mi-
neurs, pêcheurs, constructeurs, marchands, ar-
tisans, gardes, soldats, administrateurs, poètes
et même amants, il n’y a pratiquement aucune
profession, à l’exception de celles relatives au
gouvernement, où n’exerce un esclave quelque
part en Akkad. Et même les échelons les plus
bas de la bureaucratie commencent aussi à être
occupés par des hordes de Mushkenu.
En ce qui concerne leurs droits, ils n’en ont
presque pas, comme on pouvait s’y attendre.
Bien que leur niveau de vie puisse varier consi-
dérablement (il y a des esclaves domestiques
qui vivent entourés de plus de commodités que
beaucoup d’Awilu), ils sont tous considérés
comme la propriété de leurs maitres, comme
un âne ou des sandales. D’ailleurs, un Awilu
a le droit de tuer un esclave qui l’importune,
mais il devra répondre devant le maitre de ce-
lui-ci de la perte économique que cette mort
lui a causée.
Bien que la vie de ces pauvres diables soit
entre les mains des nobles, ils souffrent ra-
rement de leur colère. Tout comme la plupart
d’entre nous ne feraient pas de mal à un animal
que nous voyions dans la rue, les Awilu feront
de même en rencontrant un esclave. De plus,
certains s’attachent même assez à eux, tandis
que l’Awilu moyen ne leur prête même pas at-
tention. Après tout, ils sont pratiquement des
dieux et ils n’ont pas de raison de s’abaisser à
interagir avec des êtres inférieurs.
Sauf dans le cas des Wardu, qui ont toujours
un maitre précis, les autres esclaves n’ont pas
à appartenir à un individu en particulier. Ils
peuvent être la propriété d’une famille, d’un
temple (ou plutôt du dieu qu’ils y adorent)
ou de l’administration publique d’une cité. En
effet, un grand pourcentage des esclaves ap-
partiennent à ces entités, en particulier ceux
qui se consacrent à la culture des champs et
qui s’occupent du bétail. Sans parler de ceux
qui servent de soldats dans l’armée.
LES CITÉS-ÉTATS
L’Empire d’Akkad, même s’il est uni par la
volonté de fer de Sargon, n’est rien de plus
qu’une myriade de cités-États rivales. Dans
certains cas, leurs haines remontent à l’époque
d’avant le Déluge et, si elles le pouvaient, elles
seraient continuellement en guerre les unes
avec les autres.
Ce sont des communautés autosuffisantes,
indépendantes et dotées d’un fort sentiment
d’identité. Excepté Assur, elles ne commercent
pratiquement pas les unes avec les autres, et
la plupart de leurs habitants n’ont jamais mis
les pieds dans aucune autre cité. Les plus in-
cultes de leurs habitants, en particulier les
Mushkenu, ne croient même pas qu’il en existe
d’autres et, ce faisant, pensent qu’elles doivent
être inférieures à la leur.
Les cités-États s’étendent naturellement entre
les canaux de l’Idigna et du Buranum, tout au
long de leurs rives. De la plus septentrionale,
Ninive, à la plus méridionale, Eridu. Leurs po-
pulations varient considérablement, mais elles
sont toujours assez importantes : des quelque
dix mille habitants de la dévastée Sippar au
plus d’un million qui vivent dans l’immense
Nippur.
RUES ET QUARTIERS
La cité est la civilisation. L’Empire d’Akkad est
basé sur ses cités, qui protègent et isolent ceux
qui y vivent des dangers et de la barbarie qui
guettent à l’extérieur. Il ne serait pas exagéré
de dire qu’une grande majorité des sujets de
Sargon vivent dans ces cités, puisque moins
d’un dixième de la population ne passe pas
ses nuits protégée derrière leurs puissantes
murailles.
Bien que la taille et l’aménagement urbain de
chaque cité présentent des différences radi-
cales les unes par rapport aux autres, il existe
certaines caractéristiques communes à beau-
coup d’entre elles. La grande majorité des ci-
tés-États de l’Empire sont divisées en districts
ou zones, clairement différenciés : le palais, la
Ziggurat, les quartiers nobles, les banlieues, le
marché et le Karum.
 LES CITéS-ÉTATS
Le palais
Le palais est le centre de gouvernement d’une
cité. On y trouve la résidence de son souve-
rain, l’Ensi, le Roi-Sorcier, et c’est là que vit
ce dernier, sa famille et d’autres parents plus
ou moins proches. Même si le palais est bien
à strictement parler le bâtiment dans lequel
habite l’Ensi, la plupart des citadins savent que
lorsque quelqu’un en parle, il fait aussi réfé-
rence aux autres structures qui l’entourent.
Les bâtiments qui entourent le palais, ainsi
que le style architectural et les dimensions du
palais proprement dit, dépendent des préfé-
rences personnelles de chaque Roi-Sorcier et
de la tradition de sa famille. Cependant, cer-
taines installations sont toujours présentes  :
les bâtiments administratifs et les casernes.
Les premiers sont indispensables à l’organi-
sation et au contrôle du nombre d’habitants
d’une grande cité. Animées et toujours en
constante évolution, ces constructions sont
remplies de scribes, de ministres et de conseil-
lers, qui font en permanence les cent pas pour
répondre aux nombreuses demandes qui sur-
gissent constamment.
Paradoxalement, la plupart de ces tâches qui
impliquent dans une certaine mesure l’écriture
sont accomplies par des esclaves, dument su-
pervisés par quelques Awilu agissant comme
contremaitres. En fait, presque aucun esclave
ne connait le noble art de l’écriture, car on ne
leur enseigne que les quelques symboles né-
cessaires à l’accomplissement de leur tâche,
rarement plus de vingt ou trente. Ils sont par-
faitement incapables d’interpréter une tablette
qui touche à un sujet différent de celui pour
lequel ils ont été formés.
Cependant, malgré l’interdiction explicite d’en-
seigner la lecture et l’écriture aux esclaves, il
existe quelques Mushkenu dont la maitrise des
lettres s’étend au-delà. Car en fin de compte,
ils en ont besoin pour établir des rapports plus
complexes et à chaque génération qui passe,
de plus en plus d’Awilu sont remplacés par des
esclaves dans des postes administratifs à haute
responsabilité. Par les temps qui courent, il est
difficile de trouver des nobles qui souhaitent
93
accomplir ces travaux et, en plus, ils exigent
des récompenses très importantes. Il est beau-
coup moins cher d’utiliser des esclaves. Quel
problème pourrait-il y avoir ?
En ce qui concerne l’armée, sa structure et
son organisation seront détaillées plus en
profondeur plus loin, mais il est important de
savoir que chaque cité a toujours deux types
de troupes cantonnées  : l’armée impériale
qui obéit à Sargon et qui est toujours la plus
nombreuse, et les troupes locales, de moindres
effectifs et dont la loyauté se tourne vers l’Ensi
de la cité.
Au-delà de ces bâtiments, l’existence d’autres
constructions telles que des jardins, des ha-
rems ou des stades dépend des désirs person-
nels de chaque Roi-Sorcier. Il en est de même
de la façon dont cette zone reste séparée des
autres. Certains préfèrent ériger de hautes
murailles, parfois même plus robustes que
celles de la cité elle-même, tandis que d’autres
estiment qu’ils n’ont besoin d’aucune protec-
tion vis-à-vis de leur peuple.
La Ziggurat
Si le palais du Roi-Sorcier est le centre du
pouvoir politique d’une cité, la Ziggurat est
le centre du pouvoir religieux. Chaque cité en
possède une et c’est un monument incontour-
nable : une pyramide à degrés aux dimensions
impressionnantes, qui se dresse tel un géant
au-dessus de la marée de fourmis que sont
les bâtiments qui l’entourent. Il est impossible
de la perdre de vue, son ombre marquant le
passage des heures. Sa simple présence fait
qu’il est difficile de se perdre dans l’une des ci-
tés-États d’Akkad. Les plus grandes Ziggurats
peuvent dépasser les cent mètres de haut et
on dit que celle de Nippur dépasserait les deux
cents.
Chaque cité possède un dieu tutélaire, qui la
protège et veille à sa bonne marche. Certes, de
nombreux dieux sont vénérés dans toutes les
cités, mais aucun n’est aussi aimé que la déité
locale.
La plupart des gens consacrent leurs atten-
tions à autant de divinités qu’ils le peuvent,
94 ENTRE LES FLEUVES
dédiant leurs prières à l’une ou l’autre selon
le moment, mais il est rare qu’un citadin ne
préfère pas son dieu tutélaire plus que les
autres. Et s’il ne ressent pas le même attache-
ment au dieu tutélaire que ses voisins, il vaut
mieux qu’il garde ses opinions pour lui et qu’il
démontre son amour avec plus de respect que
quiconque au dieu tutélaire, s’il ne veut pas
avoir d’ennuis.
La Ziggurat est toujours le temple du dieu lo-
cal. Mieux encore, c’est la maison de ce dieu,
qui habite réellement à l’intérieur. Ainsi, bien
qu’une divinité puisse avoir des temples dans
de nombreuses cités, elle n’a sa véritable mai-
son que dans l’une d’entre elles.
Comme le palais, la forme exacte de la Ziggurat
est différente dans chaque cité, variant en
fonction du mode d’accès à celle-ci, du nombre
de niveaux dont elle se compose, de ses teintes
et même de la forme de sa base.
À l’intérieur vivent les prêtres de rang supé-
rieur, les seuls à pouvoir accéder à ses salles
les plus secrètes et à avoir un contact plus
personnel avec l’être divin. Cependant, de
nombreuses zones à l’intérieur de la Ziggurat
sont en libre accès, que ce soit pour permettre
aux fidèles d’adorer leur dieu que pour servir
à d’autres fonctions nécessaires à la bonne
marche du culte, des entrepôts aux cachots.
Les Ziggurats sont souvent entourées d’autres
bâtiments plus petits, qui peuvent être la pro-
priété du culte ou être des temples dédiés à
d’autres dieux. Bien que les autres lieux de
culte soient le plus souvent concentrés autour
de ces immenses monuments, ils sont parfois
un peu plus dispersés dans la cité, en particu-
lier dans les quartiers nobles.
Il est également courant de trouver de plus pe-
tits temples dédiés au dieu local, même dans
les endroits les plus pauvres de la cité, comme
les banlieues.
Les quartiers nobles
Avenues larges et propres, bordées de ta-
marins qui offrent leur douce ombre à ceux
qui les parcourent. Magnifiques habitations,
spacieuses et entourées de jardins. Sources
d’eau parfumée, à usage libre pour tout Awilu
qui s’y penche. Gardes parcourant les rues
d’un pas ferme, mais calme, en s’assurant de
les garder en sécurité et tranquilles. Telle est
l’image que donnent les quartiers nobles des
cités d’Akkad, celle d’un paradis sur terre.
Toujours situés dans le meilleur quartier de la
cité, loin du bruit et des odeurs désagréables
des banlieues, les nobles Awilu y ont une
vie confortable et sans soucis. Proches de la
Ziggurat et du palais, ils habitent d’immenses
demeures et consacrent leur temps à des loi-
sirs décadents, à la politique ou à cancaner sur
leurs voisins.
Ces quartiers ont toujours une planification
très bien structurée, avec des rues soigneuse-
ment réparties et spécialement conçues pour
faciliter un accès commode et rapide.
Ériger un nouveau bâtiment ici n’est pas un
sujet anodin, car non seulement l’espace est
strictement partitionné entre les différentes
familles, mais la construction de toute struc-
ture doit être convenablement approuvée et
bénie par les autorités. Après tout, ce sont les
demeures des nobles Awilu, pas le taudis d’un
esclave.
Dans ces quartiers, seuls vivent les Awilu et les
esclaves qu’ils souhaitent garder à proximité
d’eux, soit pour s’occuper de l’entretien des
maisons de leurs maitres, soit pour effectuer
toute autre tâche domestique. Cependant, il
n’est pas coutume de contrôler les esclaves
qui entrent ou sortent des quartiers nobles,
du moins le jour. Ce n’est que dans le cas
où un passant est particulièrement suspect
que les gardes l’arrêtent pour connaitre ses
intentions.
Cependant, la nuit, les choses sont différentes.
Les portes des murailles séparant les quar-
tiers nobles du reste de la cité sont fermées à
double tour. Une personne autre qu’un Awilu
doit avoir de bonnes raisons pour être autori-
sée à passer. Mais, malgré toutes les précau-
tions que les nobles prennent pour se sentir
en sécurité, il y en a toujours qui trouvent le
moyen d’entrer et de sortir sans être vus.
 LES CITéS-ÉTATS
Les banlieues
Si les quartiers nobles sont l’image du luxe
et de l’opulence, les banlieues sont celle de la
pauvreté et de la misère. La plupart des es-
claves passent leurs vies dans ces bidonvilles.
Ils marchent dans des rues sales et étroites, qui
ne conviendraient même pas à un animal. Leurs
corps se pressent les uns contre les autres et ils
passent leurs nuits dans de misérables habita-
tions, si on peut les appeler ainsi. Les maisons
sont collées les unes aux autres, partageant des
murs pour économiser autant que possible l’es-
pace et ont de petites portes comme seul accès.
Dans le même espace occupé par un Awilu des
quartiers nobles habitent des dizaines, voire
des centaines de Mushkenu. La plupart des es-
claves ont la malchance de vivre dans les ban-
lieues. Ceux qui sont assez malchanceux pour
ne pas avoir leur maison près de leurs maitres.
Presque tous se livrent à des tâches physiques
difficiles, telles que la culture, l’exploitation
minière ou la production de biens.
Souvent, les banlieues n’arrivent pas à la taille
du quartier Awilu d’une cité, atteignant des
densités de population incroyablement élevées
et des conditions de vie déplorables.
Les déchets s’accumulent sur les trottoirs, at-
tirant la maladie et provoquant une puanteur
insupportable, exacerbée par la décomposition
provoquée par le soleil réchauffant les ordures.
Les rues zigzaguent en angles imprévisibles, ce
qui rend même un trajet simple en apparence
aussi difficile que de sortir d’un labyrinthe pour
ceux qui ne connaissent pas le quartier.
Au-delà de ces considérations, l’organisation
même des banlieues change continuellement.
Les bâtiments n’étant pas entretenus correc-
tement et construits avec des matériaux de
mauvaise qualité, ils se détériorent facilement.
En quelques années, ils s’effondrent, ce qui
oblige ceux qui les habitaient à chercher un
autre foyer, une maison qu’ils construisent là
où ils le peuvent, rapidement, dans le premier
trou qu’ils trouvent.
En conséquence, ce qui est une rue peut deve-
nir en peu de temps un bâtiment et vice versa.
95
Quelqu’un qui passera quelques mois loin des
banlieues de sa cité pourrait ne plus savoir
comment s’orienter à son retour.
En ce qui concerne la sécurité, alors que les
quartiers nobles sont constamment surveil-
lés par des gardes, dans les banlieues, il n’y
a personne pour s’assurer qu’il n’y ait pas de
problèmes.
Ou plutôt, il y a ceux qui s’occupent de ce tra-
vail, mais ils n’offrent leur protection qu’à ceux
qui le « méritent ». Des bandes de malfrats, de
criminels, de voleurs et de meurtriers agissent
ainsi à leur guise dans les quartiers les plus
pauvres de la cité.
Plus d’un Mushkenu en est venu à amasser de
grandes fortunes et à atteindre un niveau de
vie franchement enviable en profitant de ses
voisins et en se consacrant à des activités peu
légales. Mais tant qu’ils ne portent pas la main
sur un noble, les Awilu les laissent tranquilles.
Dans certains cas, ils les financent même. Ils
savent très bien que la meilleure façon de gar-
der les esclaves calmes et désunis est de les
faire se battre entre eux, en les faisant s’affron-
ter pour les miettes que les nobles laissent.
Pourtant, bien que peu d’Awilu l’admettent, il
existe des seigneurs du crime qui détiennent
un pouvoir supérieur à celui des patriarches de
certaines maisons nobles d’anciennes lignées.
Le marché
Le marché d’une cité est aussi animé que les
banlieues, mais pour des raisons très diffé-
rentes. Pour l’essentiel, ce n’est qu’une im-
mense place vide, toujours située à proximité
d’au moins une des portes de la cité et du
Karum des Assur, mais il s’y déroule des activi-
tés d’une importance capitale.
Des centaines de marchands y installent leurs
étals quotidiennement et d’innombrables com-
merçants offrent leurs services. Sur le marché,
on peut trouver tout aussi bien un nomade
Uridimmu qui tente d’obtenir un bon prix en
échange de son chameau, comme un Phénicien
imperturbable qui inspecte un lot d’esclaves
avec des yeux inquisiteurs.
96 ENTRE LES FLEUVES
Ici, toutes sortes de trocs sont effectués, des
plus humbles, comme des peaux de mouton en
échange d’orge, aux plus extravagants, comme
un éléphant albinos contre une épée de fer or-
née de pierres précieuses. Mais les affaires les
plus traditionnelles ne sont pas les seules à se
faire sur le marché, malgré ce que ce nom peut
suggérer. Il est également courant de voir des
mercenaires se rassembler autour du poteau
de recrutement, des devins offrir leurs services
à tous ceux qui passent ou des joueurs auda-
cieux organiser des cercles de jeu. Et il existe
d’autres activités commerciales, dont il vaut
mieux ne pas parler.
Le marché est l’endroit le plus coloré et le plus
attrayant d’une cité. Mais en aucun cas il ne
faut baisser sa garde ou se laisser distraire par
le spectacle. Malgré les efforts de la Garde,
le marché fait partie des lieux préférés des
voleurs à la tire qui peuvent y montrer leurs
compétences.
Le Karum
Bien qu’il s’agisse d’un des plus petits quartiers,
parfois même plus petit que le marché, le Karum
est essentiel au bon fonctionnement d’une cité.
C’est le quartier destiné aux marchands d’Assur
qui se trouvent à ce moment-là dans la cité, et
ses dimensions, bien que proportionnelles à la
cité dans laquelle il se trouve, peuvent varier
considérablement en fonction de l’importance
de cette enclave commerciale.
Il est toujours séparé du reste de la cité par sa
propre muraille et il est souvent situé près de
l’une des portes d’entrée de la cité. Bien que
physiquement il puisse être considéré comme
se trouvant sur le domaine du Roi-Sorcier, ce-
lui-ci n’a en réalité aucun pouvoir sur ce qui
se passe dans un Karum. Les Assur ont leur
propre gouvernement, leurs propres lois et
même leurs propres gardes et leurs forces ar-
mées personnelles.
Les conflits qui naissent dans un Karum n’en
sortent jamais et celui qui est pourchassé à
l’extérieur du Karum peut très bien y trouver
refuge. Plus d’un fugitif en a profité pour ten-
ter de fuir la justice d’Akkad en se réfugiant
derrière ses murailles. Cependant, étant donné
que ces actions tendent à susciter la colère de
personnes que les Assur ne veulent pas impor-
tuner, on prend grand soin de réduire ces inci-
dents au minimum indispensable. Les disciples
d’Ashur étant connus pour être avant tout des
marchands, il est donc possible, pour un prix
approprié, que les gardes ou les dirigeants dé-
cident de prendre ce risque.
Chaque Karum dispose toujours d’un temple
dédié à Ashur, le Seigneur des Marchands,
dont les dimensions varient en fonction de la
taille du Karum lui-même, allant d’un bâtiment
impressionnant et majestueux à un humble
autel. Par contre, on ne trouve jamais dans ce
quartier un temple dédié à un autre dieu. De
plus, c’est toujours le prêtre le plus haut placé
d’un Karum qui s’occupe de sa gestion.
Quant à leurs rues, elles sont aussi bien orga-
nisées que celles des quartiers nobles, mais,
contrairement à ces dernières, elles ne gas-
pillent pas d’espace en luxe ou en décoration :
elles ont la largeur nécessaire pour être tra-
versées par les charriots chargés de marchan-
dises, ni plus ni moins.
Les bâtiments sont presque tous des entrepôts
où les produits sont stockés pour être vendus
ou transportés vers d’autres destinations.
Seuls quelques-uns servent de logements, et
ils sont toujours petits et fonctionnels. Ces
constructions sont toujours bien entretenues
et en aucun cas ne semblent pauvres.
GOUVERNEMENT
À l’exception du Karum, une cité se trouve tou-
jours entièrement sous la domination d’un seul
homme, qui est presque toujours un puissant
sorcier  : l’Ensi. Aussi appelés Rois-Sorciers,
depuis leur palais ils règnent sur tous ceux qui
se trouvent dans les murs de leur cité, natifs ou
non de celle-ci.
Ce poste est presque toujours occupé par un
homme, qui possède la particularité d’apparte-
nir à la famille la plus puissante de la cité. Bien
que le poste soit en principe héréditaire dans la
plupart de celles-ci, cela ne veut pas dire qu’il
passe directement de père à fils, puisque l’Ensi
peut choisir son successeur en toute liberté.
 VILLAGES ET HAMEAUX
Qui plus est, quelle famille a le plus de pouvoir
est une chose qui est souvent sujette à débat.
Les luttes de pouvoir dans les cités-États d’Ak-
kad sont intenses et se produisent fréquem-
ment, parfois même à l’intérieur d’une même
maison. Bien que dans la plupart des cas, cela
n’amène pas à un changement de gouverne-
ment, tout Roi-Sorcier qui veut continuer à
l’être doit y être préparé.
Dans la plupart des cas, le Roi-Sorcier est le
praticien des arts obscurs le plus puissant de
la cité. Il y a généralement une certaine corré-
lation entre le niveau de connaissances arca-
niques d’un sorcier et sa position au sein de sa
famille, ainsi que la place de sa famille dans le
réseau politique de la cité. La sorcellerie offre
des armes puissantes à qui possède la volon-
té (ou n’a pas de scrupules) de les maitriser.
Ce n’est pas pour rien que la plupart des diri-
geants restreignent autant que possible l’accès
à cette discipline à tous ceux qui ne font pas
partie de leur cercle de confiance.
Le seul pouvoir qui peut faire face à celui de
l’Ensi dans une cité est celui du grand prêtre
du dieu tutélaire, puisqu’il se trouve légitimé
par le pouvoir que lui confère non seulement
la protection de sa déité, mais aussi l’adoration
que lui professent les milliers de fidèles. Bien
qu’officiellement le grand prêtre ne possède
pas le pouvoir de prendre des décisions gou-
vernementales, un Roi-Sorcier serait fou de
faire la sourde oreille aux «  conseils  » que le
chef religieux de sa cité lui offre si gentiment.
Après tout, seul ce dernier est en mesure de
discuter avec le dieu et ne fait qu’exprimer les
désirs et les besoins de sa divinité.
Le sexe d’un grand prêtre, ainsi que celui de
ses ministres les plus haut placés, est toujours
déterminé par les caractéristiques de l’être su-
prême qu’ils adorent. Ils partagent parfois le
sexe du dieu, alors qu’à d’autres moments ils
agissent en tant qu’époux ou épouse et doivent
donc être du sexe opposé.
Il y a cependant toujours des exceptions. Dans
l’une des cités, Kish, la Reine-Sorcière et la
prêtresse sont la même personne, de sorte
que le pouvoir qu’elle exerce sur ses sujets est
absolu. D’autres cités à divers moments de
97
l’histoire ont eu un tel gouvernement, mais les
nobles tentent généralement d’éviter cela de
toutes leurs forces. Ce n’est qu’à Kish que cette
situation perdure.
Il va sans dire que tous ces dirigeants, tant les
Ensi que les prêtres, doivent une obéissance
absolue à Sargon. Sans exception.
VILLAGES ET HAMEAUX
Peu peuplées et négligeables par rapport aux
immenses cités, de très nombreuses implan-
tations de très petites tailles couvrent le reste
du territoire de l’Empire d’Akkad. Elles sont
comme des gouttes de rosée sur une tapisse-
rie qui aurait été laissée à l’air libre pendant
la nuit  : minuscules, précieuses et surtout
éphémères.
Sans la protection conférée par leurs murailles
et la force d’une armée, ces villages ont une
espérance de vie extrêmement courte. Peu
survivent au-delà de quelques années, dispa-
raissant à cause du manque de pâturage, des
bandits ou de la simple violence de la nature.
Seuls quelques-uns parviennent à perdurer et
c’est généralement parce qu’ils ont des pro-
tecteurs importants ou qu’il y a des intérêts
puissants en jeu.
Alors qu’il est possible de définir dans une cer-
taine mesure une série de caractéristiques que
les cités ont en commun, on ne peut pas faire
de même pour les petits villages qui naissent et
meurent au-delà de leur ombre. Leur origine,
leur structure et leur mode de subsistance
varient tant qu’une classification exhaustive
serait impossible.
Certains sont des camps militaires, entretenus
par Sargon, un Ensi ambitieux ou un marchand
d’Assur qui veut s’assurer qu’une route précise
soit sure. D’autres sont des nids de bandits qui
cherchent à se cacher de leurs poursuivants,
des prospections minières qui ont trouvé un
gisement précieux ou des expéditions archéo-
logiques parrainées par de nobles Awilu oisifs
et désireux d’un peu d’excitation dans leurs
vies.
98 ENTRE LES FLEUVES
Mais les villages les plus inquiétants sont gé-
néralement ceux qui ont une origine bien pré-
cise : des esclaves en fuite qui se rassemblent
pour se soutenir les uns les autres et échapper
aux griffes de leurs anciens maitres. Ces re-
groupements sont, en général, à la fois les plus
accueillants et les plus méfiants à l’égard des
visiteurs, en fonction de l’impression que leurs
habitants laissent sur le mystérieux étranger
qui vient d’apparaitre sur le pas de leur porte.
En ce qui concerne le système de gouverne-
ment employé dans chaque village, il peut
varier autant que la nature du lieu lui-même.
Il y a autant de chances de trouver un lieu où
un petit groupe d’Awilu règne sur ses esclaves
comme s’il s’agissait de nobles d’une cité mi-
niature, que de tomber sur un avant-poste
commercial où les barrières entre les races et
les classes sont brisées et où un Mushkenu di-
rige une organisation criminelle qui utilise des
Awilu comme hommes de main.
Malgré toutes les difficultés et la courte durée
de leur existence, ces communautés continuent
d’émerger encore et toujours, peu importe
combien de fois elles ont été détruites aupara-
vant. L’une des principales raisons de ce phé-
nomène est que ces villages peuvent atteindre
des endroits que les cités délaissent, car ils ne
sont pas dépendants des fleuves comme c’est
le cas des cités. Avec une population très faible,
dans certains cas quelques dizaines d’individus,
leurs besoins en nourriture et en eau sont très
faibles et faciles à satisfaire. Par exemple, un
simple puits ou une humble parcelle de terre sur
laquelle le bétail peut paitre suffit généralement
à maintenir un village en vie.
De plus, la petite taille des villages les rend
non seulement faciles à cacher, mais aussi mo-
biles, dans une certaine mesure, si le besoin
se présente. Aucun marchand ou voyageur qui
se respecte n’ignorera les petites communau-
tés qui peuvent se trouver sur son chemin. Il
s’efforcera toujours de se tenir informé pour
connaitre à tout moment quelles commu-
nautés existent encore et quels services elles
peuvent lui fournir. De même, il cherchera à
visiter les enclaves les plus accueillantes et à
éviter les plus dangereuses.
Les villages et hameaux sont à l’avant-poste
de la civilisation. Beaucoup d’habitants des
énormes cités ne savent même pas qu’ils
existent, mais ce sont ces petits groupes de
volontés unies par une cause commune, sur-
vivant dans un environnement hostile, qui
rendent possibles de nombreuses commodités
dont jouit l’Empire, fournissant matières pre-
mières et sécurité.
LES SHITEM
Les habitants des communautés en marge
de la civilisation ont l’habitude d’être les té-
moins d’évènements qui surprendraient ceux
qui vivent dans des endroits plus aisés. Mais
même ces hommes halés, qui vivent souvent
des réalités auxquelles les autres ne sont pas
accoutumés, frémissent devant un évènement
particulier  : l’arrivée d’un Shitem dans leur
village.
Les Shitem, dont le nom signifie « Marcheurs »
dans l’ancienne langue de Sumer, sont des
hommes mystérieux qui visitent les villages
les plus reculés depuis d’innombrables gé-
nérations. Les légendes racontent qu’ils sont
apparus avant l’Empire, avant le Déluge, avant
même la première cité. Ils sont également
connus parmi les Uridimmu, qui les appellent
Metnezh, et même dans la sauvage Cimmérie,
où ils sont nommés Seirnoba.
Leurs visites, heureusement peu fréquentes,
sont à juste titre redoutées, car elles se finissent
toujours de la même manière. L’apparition
d’un Shitem, enveloppé dans sa cape carac-
téristique, s’approchant d’un pas calme, mais
ferme, accompagné de l’oscillation rythmée
de son long bâton, suffit pour que les femmes
embrassent leurs fils avec force.
Elles essaient en vain de les cacher du regard
perçant du nouveau venu, qui ne partira pas
sans emmener avec lui l’un des enfants du
village.
À part cela, les habitants d’Akkad ne savent pas
grand-chose de plus sur les Shitem. Parfois, un
voyageur raconte comment, de loin, il leur a
semblé voir l’un des Marcheurs affronter de
terribles monstres, aussi horribles que le pire
 LE QUOTIDIEN
démon. Ces témoignages ne font qu’alimenter
le mythe des Shitem, les rendant encore plus
craints.
La vérité, que probablement personne d’autre
qu’un Marcheur ne connait, est que les Shitem
appartiennent à un ordre, plus ancien que les
Awilu eux-mêmes, responsable d’une mission
très précise : protéger Kishar de l’influence du
Dih. Ce mot sumérien, qui pourrait se traduire
par «  chaos  » ou «  confusion  », appartient à
une mythologie déjà perdue, qui n’a aucune
correspondance avec les cultes des Anunnaki
ou des Igigu.
Héritiers d’un savoir ancestral, les Shitem
mènent une guerre impitoyable qui ne finira
jamais, semble-t-il. Sans endroit où s’installer
en dehors de Kishar, ces sages guerriers pro-
tègent ceux qui les détestent et les craignent,
sans attendre un mot de remerciement. Leur
mission compte plus que toute autre chose et
ils ne s’immiscent dans d’autres affaires que si
elles affectent directement leurs intérêts.
Les Shitem opèrent toujours en solitaire.
Chacun est assigné à une parcelle de terre,
plus ou moins grande selon la puissance de
l’influence du Dih sur elle, dont il assume la
responsabilité et défend au péril de sa vie.
Il n’y a pas de hiérarchie ou de structure de
commandement entre les Marcheurs et chacun
d’eux ne connait que les Shitem responsables
des terres qui bordent la leur, qu’il rencontre
de temps en temps.
Quand un Shitem disparait, que ce soit en com-
battant l’un de ses ennemis ou devant le poids
inévitable des années, ceux de ses pairs qui le
connaissaient le savent instantanément. À ce
moment-là, l’un d’eux entre en transe et voit
dans ses rêves qui remplacera le guerrier dé-
cédé. Armé de cette information, le Marcheur
suit son instinct et voyage jusqu’où se trouve
le futur Shitem, qui est pratiquement toujours
un enfant élevé dans un lieu éloigné de la civi-
lisation. Cette rencontre est suivie de plusieurs
années de formation, au cours desquelles le
Shitem et son apprenti voyagent ensemble, ce
dernier apprenant les secrets de l’ordre, ses
responsabilités et les compétences mystiques
qui lui permettront d’affronter ses ennemis.
99
Une fois que l’enfant a grandi et est prêt, il éla-
bore une cape et fabrique un long bâton. Ces
deux objets symbolisent qu’il est devenu un
Marcheur à part entière. Dès lors, il protègera
le territoire qui revenait à son prédécesseur.
Bien qu’à l’époque du pays de Sumer tous
les Shitem étaient des Awilu, aujourd’hui il
n’en est plus de même. Il n’est pas rare qu’un
Marcheur Mushkenu apparaisse, par exemple,
dans un campement d’Uridimmu et décide de
prendre l’un de leurs enfants.
Un fait particulièrement inquiétant est que les
Marcheurs se montrent de plus en plus sou-
vent. Certains disent qu’ils les ont même vus
près d’une cité.
LE QUOTIDIEN
La vie d’un habitant d’Akkad peut être in-
croyablement confortable, entouré de luxe,
ou une torture constante, pleine de misère.
Tout dépend si l’on parle de l’un des puissants
patriarches Awilu d’une maison noble ou d’un
Mushkenu condamné à l’esclavage. Pourtant,
malgré l’immense fossé entre ces classes so-
ciales, ils vivent tous deux dans le même Empire
et leurs vies sont indissolublement liées.
Pour connaitre les habitants d’Akkad, il faut
comprendre leurs vies au quotidien.
LES DEUX LANGUES
L’Empire a comme seule langue officielle l’ak-
kadien, également connu sous le nom de nou-
velle langue, et parlé par absolument tous ses
habitants, en plus des nombreux étrangers.
C’est la langue du commerce, de l’administra-
tion et de la culture, la parole de la nation la
plus puissante de Kishar et donc de connais-
sances obligatoires pour tous ceux qui veulent
avoir des rapports avec l’Empire. Il est très rare
qu’un échange ou un pacte entre nations ait
lieu dans une autre langue, même si aucun des
participants ne provient d’Akkad.
Cependant, l’akkadien n’est pas la première
langue parlée à Kishar, pas même la première
à être parlée par les Awilu. Plus ancien que
l’akkadien est le sumérien, la langue du pays
100 ENTRE LES FLEUVES
de Sumer, qui est passé dans l’histoire sous le
nom de langue ancienne. Il était parlé par les
Anunnaki eux-mêmes et les Awilu l’ont appris
de l’un d’eux : Nabu, le Seigneur de la Sagesse
et de l’Écriture.
Au début, les Awilu ne connaissaient que le
sumérien, mais, au fil du temps, l’akkadien,
dont l’origine exacte est inconnue, est apparu
et les deux ont vécu côte à côte pendant de
nombreux siècles. Le sumérien était considéré
comme la langue des dieux, de la culture et
des prêtres, tandis que l’akkadien, plus simple,
était employé pour la vie quotidienne.
Cette situation a pris fin lorsque Sargon a uni
les cités de l’ancien pays de Sumer, formant
l’Empire d’Akkad, qui a pris son nom de la
langue qui est depuis lors celle de tous ses ha-
bitants. L’Empereur ne voulait rien savoir d’une
langue qui venait des dieux qu’il détestait tant
et décréta que les Awilu ne parleraient désor-
mais que l’akkadien, la langue qu’ils pouvaient
véritablement considérer comme la leur.
Bien que certains mots akkadiens puissent
trouver leur étymologie dans une origine su-
mérienne, la plupart des mots de la langue
akkadienne sont radicalement différents du
sumérien. Il en va de même pour sa structure
grammaticale et ses formes verbales. Il y a peu
de points communs entre les deux langues.
Aujourd’hui, bien que de nombreux noms
propres fassent référence au sumérien, cette
langue est presque entièrement éradiquée.
Les scribes de l’époque qui ne voulurent pas
obéir à Sargon se sont enfuis à Babylone avec
elle. Il est fort probable qu’à l’intérieur de la
cité souterraine, l’ancienne langue soit encore
LE NOM DES LANGUES
Le mot Akkad n’a aucune signification dans
la langue akkadienne, alors que paradoxale-
ment il en a une en sumérien. Dans celui-ci,
le terme exact est Agade, qui signifie « cou-
ronne de feu ». Par ailleurs, Sumer est en fait
un mot akkadien, puisque le véritable nom de
la langue parlée par les dieux est l’Eme-gir, la
« langue maternelle ».
parlée, mais on peut compter sur les doigts
d’une main ceux de l’Empire qui sont capables
de construire une simple phrase en sumérien.
Et ils sont probablement tous originaires de la
cité d’Assur.
Le sumérien est, pour des raisons pratiques,
perdu.
L’ART DE L’ÉCRITURE
L’un des mythes les plus connus d’Akkad est
celui du conflit entre les cités d’Uruk et d’Arat-
ta, qui relate les guerres constantes qui se
déroulaient entre elles et la haine profonde
professée par leurs dirigeants légendaires.
Dans cette histoire, qui remonte à peu de
temps après le Déluge, on raconte qu’à un mo-
ment les deux cités, ayant épuisé leurs effectifs
après une guerre constante, ne purent plus
continuer une guerre dans laquelle ni l’une ni
l’autre ne semblait pouvoir remporter la vic-
toire. Mais cette situation, loin de calmer des
deux Ensi, qui ne trouvaient aucun moyen de
détourner de leurs pensées l’animosité qu’ils
ressentaient l’un envers l’autre, les amena à
chercher de nouvelles façons de se mettre à
l’épreuve et de démontrer leur supériorité à
leur rival.
Le récit ne dit pas lequel des deux fut le pre-
mier, mais bientôt les deux rois envoyèrent,
chacun son tour, des messages à leur ad-
versaire. Des émissaires mémorisaient une
énigme, qui n’avait qu’une réponse possible, et
que l’Ensi auprès duquel ils se rendaient devait
deviner pour prouver qu’il n’était pas infé-
rieur dans le domaine de l’esprit. Cet échange
se poursuivit pendant des années, avec des
énigmes de plus en plus longues et complexes.
La sagesse des deux rois semblait émaner d’un
puits infini, car ni l’un ni l’autre n’échoua aux
épreuves intellectuelles auxquelles ils étaient
soumis. Mais, malheureusement, on ne put
en dire autant des émissaires, car il arriva un
moment où ils furent incapables de se rappeler
des arguments complexes qu’ils devaient ex-
poser devant la cour de la cité rivale.
Cependant, cela n’arrêta pas les rois belli-
queux. L’un des deux, la légende ne dit pas
 LE QUOTIDIEN
lequel, eut l’idée de transcrire sur des tablettes
faites d’argile, à l’aide d’une série de symboles,
ce que le pauvre émissaire avait à dire à son
adversaire. C’est de cette façon que l’écriture
aurait été inventée.
Sur qui fut le vainqueur ultime de ce défi par-
ticulier, l’histoire change en fonction de qui la
raconte. Ce qui est certain, c’est que le perdant
n’a décida pas d’arrêter ses attaques, car les
deux cités restèrent en guerre pendant de
nombreuses années.
Le pouvoir de la parole écrite
Que cette légende soit vraie ou non, les Awilu
sont très fiers d’avoir inventé l’écriture. Ils
considèrent, non sans raison, qu’elle est la
plus importante des disciplines auxquelles un
homme peut se consacrer. L’écrit donne beau-
coup de pouvoir à celui qui le domine, le pou-
voir de changer le passé, le présent et surtout
l’avenir.
Pour cette raison, la capacité de lire ou d’écrire
est passible de la peine de mort pour qui n’est
pas un Awilu. Et la peine pour ceux qui en-
seignent cet art à ceux qui n’ont pas le droit de
la maitriser est encore plus grave : une torture
intense suivie de la mort sur un bucher ardent,
qui fait monter l’âme du condamné jusqu’aux
étoiles au lieu d’aller jusqu’à l’Irkalla.
Cependant, au fil du temps, cette loi est devenue
de plus en plus laxiste. Les Awilu ont cherché
des excuses pour pouvoir se décharger, dans
la mesure du possible, des lourdes responsa-
bilités que représente le travail de scribes. Ils
n’ont enseigné aux Mushkenu que quelques
symboles, ceux strictement nécessaires au
travail précis qu’ils devaient accomplir ou ont
coupé les mains des esclaves qu’ils devaient
éduquer complètement dans cet art, afin qu’ils
puissent le lire, mais pas l’écrire. Actuellement,
un esclave capable de lire et d’écrire serait éga-
lement passible de la peine de mort, mais il est
peu probable que son maitre ne reçoive plus
qu’une simple réprimande.
En ce qui concerne l’éducation des Awilu, c’est
le cas inverse. Pratiquement tous les nobles
savent lire et écrire tous les symboles ou du
101
moins les plus importants. C’est une compé-
tence très importante et un signe de prestige
qu’ils ne peuvent pas se permettre d’aban-
donner. Par ailleurs, il est facile de la perdre si
elle n’est pas exercée, de sorte que les moins
pratiquants finissent par en oublier même les
rudiments les plus basiques.
Le processus d’écriture en lui-même se fait sur
de petites tablettes carrées ou rectangulaires
en argile, dont la taille varie d’un peu plus d’un
doigt à la poitrine d’un homme adulte. On y
écrit avec un poinçon en roseau quand elles
sont encore en train de sécher, ce qui rend dif-
ficile la modification d’une planche déjà finie,
et encore plus si elle a été cuite dans un four.
Quant au papier, il n’est pas connu en Akkad.
Les symboles gravés sont appelés cunéi-
formes, en référence au coin caractéristique
formé par le roseau lorsqu’il s’enfonce, et
chacun d’eux représente un son, un ensemble
de sons ou une structure grammaticale propre
à l’akkadien. Quelques-uns de ces symboles
représentent des idées, généralement très
simples en elles-mêmes, mais ils sont les
moins nombreux. Les érudits affirment que,
dans l’authentique forme écrite du sumérien,
chaque caractère ne représentait qu’une seule
idée et que, de ce fait, les symboles eux-
mêmes contenaient du pouvoir. Le pouvoir du
concept qu’ils matérialisaient.
Administration, littérature et secrets
Les usages de l’écriture sont très variés et c’est
sans aucun doute l’un des outils de base qui
permet aux Awilu de maintenir leur position
dominante.
102 ENTRE LES FLEUVES
En premier lieu, comme on pouvait s’y attendre,
l’écriture sert à l’administration. Sans elle, il se-
rait impossible pour quiconque, pas même l’es-
clave le plus dévoué, de garder une trace de ne
serait-ce qu’un des domaines nécessaires à la
gestion d’une grande cité. Il pourrait en être de
même pour la gestion d’une famille ou d’une
entreprise commerciale. La triste réalité est
que la grande majorité des textes contiennent
des décisions juridiques, des comptes d’impôt
ou des listes de marchandises.
Mais cela ne veut pas dire que d’autres utili-
sations ne sont pas données à l’écriture, des
plus artistiques, comme la création de récits
et de poèmes (les plus populaires sont ceux
portant sur des sujets érotiques ou satiriques),
aux plus graves, comme la rédaction de prières
aux dieux et l’envoi de missives à des alliés ou
à des ennemis.
En effet, la nécessité d’envoyer des messages
secrets, y compris pour le messager lui-même,
a favorisé l’invention de l’enveloppe : une mince
boite en argile, faite sur mesure autour d’une
tablette qui est introduite à l’intérieur avant
de la fermer et de la laisser sécher. Ainsi, pour
pouvoir accéder au message qui y est stocké,
il faut casser l’enveloppe, s’assurant ainsi que
personne n’a lu le document auparavant.
Mais s’il y a une discipline qui bénéficie am-
plement de l’écriture, c’est la sorcellerie. La
complexité des sorts et l’attention aux détails
qu’ils requièrent font de l’écrit la meilleure fa-
çon de les transmettre, de les stocker et de les
enseigner.
MURAILLES ET BÂTIMENTS
Dans toute cité-État, le Roi-Sorcier a deux
responsabilités cruciales, pour lesquelles il ne
peut se permettre d’échouer. Deux facettes
qu’il doit incarner s’il ne veut pas perdre le
pouvoir qu’il détient : l’Ensi en tant que bâtis-
seur et l’Ensi comme pourvoyeur d’eau.
Pour réussir en tant que bâtisseur, l’Ensi doit
s’assurer que les murailles, les temples et les
autres bâtiments publics de sa cité sont tou-
jours en parfait état, quoi qu’il arrive.
Une cité sans murailles imposantes sera la
proie des envahisseurs. Sans temples bien en-
tretenus, elle perdra la faveur des dieux et sans
bâtiments bien construits, elle sera à la merci
des forces de la nature.
La brique et le roseau
En Akkad, pratiquement tous les bâtiments, de
la plus humble cabane au palais le plus opulent,
sont construits à partir du même matériau  :
l’argile. Les briques constituent l’unité de base
utilisée par les architectes et les constructeurs
de l’Empire. Fabriquées dans des moules aux
dimensions bien précises, elles mesurent ap-
proximativement la taille d’un bras d’homme
en longueur, de la moitié en largeur et du quart
en hauteur.
Ces briques peuvent être séchées à l’air ou
dans un four, le second procédé étant celui qui
produit des blocs de plus haute qualité, beau-
coup plus résistants et habituellement réser-
vés aux habitations des nobles, des temples et
surtout des murailles.
Pour assembler les briques d’argile, on uti-
lise un ciment à base de bitume, avec lequel
on recouvre parfois aussi le mur du bâtiment
une fois terminé, qui peut ensuite être peint
au besoin  : les murs en blanc pour protéger
du soleil et les portes en rouge, pour faire de
même contre les démons.
Par ailleurs, l’omniprésence de la brique ap-
porte d’autres avantages. En tant que matériau
de construction quasi universel, elle peut être
utilisée même lorsque le bâtiment pour lequel
elle a été façonnée n’est plus, en étant réutili-
sée pour une nouvelle construction.
Cela est particulièrement fréquent dans
les banlieues, où les Mushkenu exploitent
les restes de maisons abandonnées pour
construire les leurs. Dans certains cas, ils n’at-
tendent même pas que les occupants précé-
dents ne soient plus là.
Cependant, l’argile avec laquelle sont faites les
briques est extrêmement vulnérable à l’humi-
dité qui, bien qu’elle ne soit généralement pas
 LE QUOTIDIEN 103

élevée dans la plupart des régions de l’Empire, Le logement

est particulièrement présente dans les cités et
villages situés dans les marais du sud. Dans
ces enclaves, un bâtiment en argile serait in-
faisable et on utilise plutôt des roseaux tressés
entre eux pour créer des structures et des sur-
faces solides.
En fait, dans les endroits les plus secs, les toits
sont généralement construits de cette façon,
employant des roseaux à la place du bois, rare,
pour faire des poutres et des linteaux lorsqu’il
n’y a pas d’autre solution.
Les matériaux supérieurs, comme la pierre,
sont très rares dans l’Empire et seuls les
palais les plus luxueux et les postes de sur-
veillance les plus robustes sont construits en
utilisant ce matériau. Même si la plupart des
Rois-Sorciers aimeraient pouvoir disposer
d’une muraille toute en pierres pour entourer
leur cité, ce qui leur permettrait d’éviter de
nombreux problèmes d’entretien, c’est sou-
vent une idée irréalisable.
En Akkad, la chaleur est un problème constant,
de sorte que les maisons sont conçues pour la
réduire autant que possible.
La plupart des habitations, qui ont générale-
ment un ou deux étages, ont peu de fenêtres
et des murs épais pour empêcher le passage
des rayons brulants du soleil, même celles des
nobles. Les plus grandes ouvertures sur les
murs sont les portes, prévues de telle sorte que
les vents dominants y entrent pour rafraichir
l’intérieur et permettre de résister relativement
facilement aux mois les plus chauds de l’année.
Les températures peuvent être si hautes à
certains moments que les gens passent gé-
néralement leurs nuits sur les toits, toujours
horizontaux et conçus comme un étage sup-
plémentaire. Ils n’ont pas à craindre la pluie et
la douce brise favorise un repos agréable. Les
plus sensibles préfèrent dormir à l’intérieur,
loin de la lueur des étoiles.

STATUETTES FONDATRICES
Construire un bâtiment ne consiste pas qu’à disposer une brique sur l’autre jusqu’à ce qu’il soit ter-
miné. C’est surtout une démonstration du pouvoir de l’être humain à plier la nature à sa volonté. En
élevant une structure à partir de celle-ci, en la forçant à servir ses conceptions et en la retournant
contre elle-même.

La réalisation d’un tel acte implique certaines représailles, il faut donc protéger la nouvelle construc-
tion et ceux qui y habiteront des maux qui pourraient les accabler. Tous les bâtiments érigés en Akkad
commencent toujours de la même manière : avec une petite sculpture, appelée statuette fondatrice
(Suru-Apsasu en akkadien), enterrée dans les fondations.

Cette statuette est de la plus haute importance, car d’elle dépend l’avenir du bâtiment, tant pendant sa
construction que pendant le reste du temps où il est debout. Une statuette fondatrice sculptée et bien
placée attirera la chance et la prospérité, tandis qu’au contraire, une version mal faite de cet objet sera
une source de malheurs, de mort et de terreur.

Il ne sera donc étrange pour personne que les premières phases de la construction d’un nouveau lo-
gement soient toujours des plus tendues, avec des gardes et des mercenaires pour protéger la parcelle
dans certains cas. Il peut toujours y avoir un ennemi qui veuille profiter de ce moment pour se venger
d’un affront ou donner libre cours à sa haine.

Les conséquences de l’utilisation d’une statuette fondatrice corrompue sur les murailles d’une cité, le
palais de son Ensi ou la Ziggurat du dieu tutélaire seraient inimaginables.
104 ENTRE LES FLEUVES
Pour supporter la chaleur, la présence de pe-
tits jardins intérieurs et d’arcades agréables
sont également nécessaires, offrant un endroit
pour se rafraichir et s’asseoir tranquillement,
à l’écart de l’agitation des rues et du feu ar-
dent de l’astre roi. Malheureusement pour les
esclaves, il est pratiquement impossible de voir
de tels aménagements, qui utilisent l’espace de
manière très peu efficace, en dehors des quar-
tiers nobles.
La décoration intérieure des maisons varie
considérablement en fonction de la richesse de
leur propriétaire. La même pièce peut être dé-
corée par une multitude de belles tapisseries,
de tapis et de coussins ou montrer une austé-
rité absolue, ayant pour seul objet présent une
cruche dans l’un des coins.
Parmi les objets de luxes les plus classiques, on
compte les coffres en bois, protégées par de
puissantes serrures en bronze, où les nobles
gardent généralement leurs biens les plus pré-
cieux. Les esclaves, comme c’est logique, ne se
soucient pas de ces choses, car ils n’ont rien à
protéger en dehors de leurs outils.
Les chaises et les lits sont courants parmi les
classes supérieures et complètement inexis-
tants en dehors de ces cercles, où ils sont rem-
placés par de simples tapis ou la dureté du sol.
Toutefois, les chaises n’ont pas de dossier ou
ressemblent plus à des divans, et les tables en
tant que surfaces sur lesquelles effectuer une
activité sont presque inexistantes, car elles
sont habituellement utilisées pour présenter la
nourriture ou comme supports pour des objets
divers.
L’une des rares exceptions à cette règle est le
banc destiné aux scribes, mais la plupart des
professions qui nécessitent un travail phy-
sique sont effectuées debout ou directement
au sol.
L’AGRICULTURE ET LES CANAUX
L’autre grande responsabilité d’un Roi-Sorcier,
outre la construction, est d’apporter l’eau à son
peuple, car une cité sans eau est aussi condam-
née qu’une cité sans murailles ou qui n’a pas
les faveurs de sa déité. L’Idigna et le Buranum
doivent être apprivoisés et leurs dons exploités
correctement si une cité veut survivre.
Et la seule façon de le faire est l’utilisation de
canaux. En Akkad, la pluie est presque inexis-
tante et la seule façon d’arroser les champs
est par un réseau élaboré de tranchées, qui
recouvre les vastes terres agricoles entourant
les cités de l’Empire. Les canaux forment un
enchevêtrement complexe d’artères qui per-
mettent au liquide vital d’arroser les graines
qui nourriront les hommes.
Leur tracé et leur entretien représentent,
comme on l’a déjà dit, l’une des tâches les plus
importantes, sinon la plus importante, d’un di-
rigeant. Ils sont également le fruit d’un travail
d’ingénierie précis, planifié en détail pour ne
pas gaspiller une goutte d’eau, soigneusement
optimisé et avec un tracé presque parfait,
constamment mis à jour pour tenir compte des
changements subtils du cours de la rivière ou
du fleuve, ainsi que de la différence de débit
par rapport à l’année précédente.
L’habileté des Awilu en ce qui concerne la
création de canaux est telle qu’ils ont réus-
si à concevoir des structures complexes qui
soulèvent l’eau pour l’amener dans les palais
de quelques Rois-Sorciers chanceux. Plus au
nord, dans les zones les plus rudes, il existe
même des canaux souterrains qui traversent
les collines et les montagnes, transportant de
l’eau fraiche directement des sommets.
Mais, comme tout dans la vie des Akkadiens, il
ne suffit pas de travailler et de planifier, il faut
aussi payer le tribut dû aux esprits des fleuves.
À l’approche des crues, de nombreuses of-
frandes sont remises aux dieux et une grande
variété de talismans sont répartis le long
du fleuve le plus proche de chaque cité. On
cherche ainsi à favoriser une crue douce et à
éviter les malheurs.
On dit qu’un Ensi a tenté d’éliminer une cité
rivale en sabotant sa livraison d’offrandes et
en retirant les talismans qu’elle avait disposés.
Bien sûr, cela ne peut être que des rumeurs,
car aucun Roi-Sorcier, aussi mauvais soit-
il, n’oserait porter ainsi préjudice aux deux
grands fleuves.
 LE QUOTIDIEN
Les cultures
La culture la plus courante en Akkad est l’orge,
suivie d’autres céréales un peu moins abon-
dantes comme le blé, l’épeautre et le sésame. On
cultive aussi fréquemment des arbres fruitiers
de tous types, comme le pommier, le poirier,
le figuier, le pêcher ou le grenadier. Mais le roi
parmi eux est sans aucun doute le palmier dat-
tier. Cet arbre a une fonction supplémentaire,
car il permet également de donner de l’ombre
aux plantations de céréales, les protégeant du
furieux éclat du soleil et améliorant leur qualité.
Le raisin, moins fréquent, mais non moins
apprécié, permet de confectionner un vin
que les Awilu adorent. Ces derniers se livrent
avec délectation à sa consommation, essayant
peut-être de se distinguer de la masse des
Mushkenu qui ne peuvent se permettre que la
bière pour étancher leur soif.
Comme on pouvait s’y attendre, le travail ma-
nuel lié à l’agriculture est effectué par les es-
claves, qui travaillent sans relâche du lever au
coucher du soleil. Ils luttent continuellement
pour arracher suffisamment à la terre pour sur-
vivre une saison de plus, sachant parfaitement
que, s’il n’y a pas de nourriture pour tous cette
année, ce ne sont pas les nobles qui jeuneront.
Pour les assister dans cette tâche, ils peuvent
compter sur l’aide inestimable de la houe
(« Epinnu » en akkadien), un cadeau de Daguna
aux hommes, et des techniques que les Awilu
développèrent quand ils travaillaient encore la
terre. Ils connaissent la jachère et la nécessité
de laisser reposer les champs entre deux ré-
coltes, ainsi que d’humbles rituels avec lesquels
ils tentent de tenir à l’écart les grandes menaces
qui, si elles se manifestent, pourraient mettre
fin à leur effort d’un seul coup : les tempêtes de
sable, les nuisibles ou le rejet du sol lui-même,
qui, après plusieurs générations au service de
l’homme, peut du jour au lendemain se remplir
de sel et devenir stérile.
LES ANIMAUX
La bonne marche de l’Empire est intrinsè-
quement liée aux animaux domestiqués et
sans eux, la vie telle qu’elle est connue serait
105
impossible. Les habitants d’Akkad ont plié à
leur volonté de nombreuses sortes de bêtes,
tirant de leur exploitation des matières pre-
mières et de la nourriture.
Les bêtes les plus nombreuses sont sans doute
les moutons et les chèvres qui forment d’im-
menses troupeaux. Elles se nourrissent de
pâturages qu’elles trouvent près des fleuves
ou de certaines oasis. La transhumance est un
travail beaucoup plus dangereux qu’il n’y pa-
rait, car elle est souvent la proie de prédateurs,
de pillards ou de voleurs. Les bons bergers
sont souvent aussi d’excellents guerriers.
Mais d’autres animaux sont également domes-
tiqués. Dans les enclos et les fermes situées à
proximité des cités, on peut trouver quelques
rares cochons et une grande variété de vola-
tiles. Ces derniers sont élevés à des fins très
diverses, comme la viande dans le cas des
autruches ou les œufs dans celui des poules.
L’emploi le plus original est peut-être celui des
oies, qui sont utilisées comme protection. Ce
sont des oiseaux violents et territoriaux, qui
possèdent en outre un puissant caquètement
capable de réveiller n’importe qui d’un profond
sommeil en quelques instants.
Toutes ces bêtes sont gardées par des chiens,
compagnons les plus fidèles de l’homme, qui
sont à ses côtés depuis des temps immémo-
riaux. Moins fiable est le chat, apprécié par les
femmes et les érudits des arts arcaniques, car
on dit que ces bêtes indomptées ont la capacité
de communiquer avec les Utukku, les démons,
et de voir à l’intérieur de l’âme humaine.
Les animaux fournissent également la force
physique nécessaire au transport des mar-
chandises vitales qui arrivent de tous les coins
de l’Empire. Les plus courants sont le bœuf
et l’omniprésent onagre, une race d’ânes sau-
vages qui peuvent tirer des charrettes ou des
bateaux pour les trainer en amont. Cependant,
pour cette dernière tâche, on emploie parfois
de puissants éléphants, seuls capables de re-
monter les forts courants de l’Idigna en tirant
avec force les navires les plus lourds.
Mais en ce qui concerne le transport de per-
sonnes, aucune créature n’est aussi efficace que
106 ENTRE LES FLEUVES

le cheval. Le courrier officiel de l’Empereur dé-

pend de sa vitesse et seuls les dromadaires des
Uridimmu peuvent l’égaler. Malheureusement,
le cheval est un animal coûteux, qui a été do-
mestiqué il y a relativement peu de temps. Peu
de gens en dehors de l’armée en possèdent.

Cependant, cette rareté ne rend pas les chevaux

particulièrement désirables pour les nobles,
qui préfèrent un autre mode de transport
plus lent, mais plus confortable : le palanquin.
Déplacé par la force des esclaves, la hauteur
du palanquin et son habitacle confortable font
que les Awilu se sentent supérieurs aux autres,
en particulier aux Mushkenu, qui se dressent
normalement au-dessus de leurs têtes.

Les nuisibles

Mais tous les animaux qui habitent près de

la civilisation n’apportent pas de bienfaits à
l’homme. Beaucoup font leurs nids dans les
cités et les champs contre la volonté de leurs
propriétaires et ne posent que des problèmes.
Ils ont tendance à se reproduire rapidement et
à attirer les maladies, la saleté et les démons.
Dans les cas extrêmes, ils peuvent même pro-
voquer des famines en anéantissant les stocks
alimentaires ou en provoquant des épidémies
incontrôlables.
Ces créatures existent dans une telle variété
qu’il est impossible de les énumérer toutes,
mais les rats, les sauterelles, les vers et autres
insectes sont parmi les plus communs.
Bêtes sauvages
Bien que les Awilu s’enorgueillissent d’être les
maitres du monde et d’exercer leur domination
sur la terre et sur les créatures qui l’habitent, la
réalité est tout autre. À l’intérieur de leurs cités,
les hommes pensent être en sécurité et sont
confiants, mais au-delà des murailles se cachent
de nombreux dangers. Le plus commun, et non
le moindre, sont les animaux sauvages.
Kishar, bien qu’étant généralement une terre
agitée et violente, est pleine de créatures qui ar-
rivent à survivre et à prospérer. Certaines y par-
viennent grâce à leur petite taille ou à leur facul-
té à passer inaperçues, comme les rongeurs, la
vermine et les serpents. D’autres survolent les
dangers qui se cachent à la surface, se nourris-
sant de la charogne, comme les vautours ou de
petits animaux, comme les faucons.
Mais la véritable préoccupation des habitants
d’Akkad ne provient pas de ces animaux, qui ne
portent que peu préjudice aux hommes, mais
d’autres bêtes, plus puissantes ou agressives.
Certains animaux, comme les éléphants ou
les onagres, ne cherchent pas activement à
attaquer les êtres humains, mais souvent leurs
intérêts entrent en conflit avec ceux de la civi-
lisation, intentionnellement ou par accident. Et
leur caractère relativement affable n’empêche
pas, une fois provoqués, d’en faire de terribles
adversaires. En outre, certaines de ces bêtes
sont particulièrement territoriales, comme
l’hippopotame, et elles attaquent tous ceux qui
s’approchent d’elles.
Un autre type d’animaux, les prédateurs,
constitue le véritable danger pour quiconque
ose sortir d’une cité sans être bien préparé. On
les trouve sous tous les climats et sous toutes
les formes imaginables  : des crocodiles aux
aigles, en passant par les loups, les chacals
ou les serpents. Sans oublier les chasseurs les
plus caractéristiques de Kishar  : les grands
félins. Les lions, les guépards et les léopards
sont de bons exemples de prédateurs, mais des
 LE QUOTIDIEN
rumeurs circulent au sujet de parents du chat
encore plus terribles, avec d’énormes dents
effilées comme des épées émergeant de leur
gueule dans une grimace horrible.
Il n’est pas étonnant que les nobles Awilu orga-
nisent fréquemment des chasses pour le plai-
sir de se mesurer à ces féroces et terrifiantes
bêtes, mais aussi pour débarrasser les esclaves
et les marchands de ces prédateurs.
GASTRONOMIE
Avec une telle diversité de flore et de faune,
l’alimentation en Akkad est tout aussi variée.
Ou du moins c’est le cas pour ceux qui peuvent
se le permettre. Tandis que les esclaves se li-
mitent au simple pain et à la soupe de légumes,
les Awilu s’adonnent à une gastronomie déli-
cate, qui peut atteindre des sommets de raffi-
nement et de transformation très élevés.
Pour tous, l’aliment de base est le pain. Mais,
contrairement aux pauvres, les nobles dis-
posent de nombreuses recettes  : avec des
graines de sésame, imprégné de lait, parfumé
à l’essence de fleurs, sous forme de gâteaux ou
de délicieuses pâtisseries, farci de fruits, d’ail,
d’oignons ou de petits morceaux de viande.
Les viandes les plus courantes sont l’agneau et
le veau. Pour des pièces plus exquises, il faut
compter sur la chasse, pour le cerf ou les oi-
seaux sauvages, ou l’élevage à la maison pour
le porc ou l’oie. Ces délicieux casse-croutes
peuvent également être préparés d’autres
façons, en particulier cuits au four et accom-
pagnés de légumes, mais aussi comme charcu-
terie, en utilisant les boyaux des animaux pour
y mettre la chair à l’intérieur.
Mais la viande n’est pas le seul aliment que les
Mushkenu envient à leurs seigneurs. Les pois-
sons d’eau douce sont considérés comme l’un
des plats les plus exquis lorsqu’ils sont prépa-
rés correctement. Néanmoins, ils ne sont pas
le seul cadeau des eaux que les Akkadiens dé-
vorent, car ils apprécient aussi énormément les
crustacés et les homards, surtout en saumure.
Lorsqu’ils ne sont pas consommés, la viande et
le poisson sont stockés pour être utilisés plus
107
tard, la viande en salaison et le poisson dans
l’huile. Il est courant chez les voyageurs de
transporter des morceaux de viande conservés
dans du sel et enveloppés dans des feuilles, car
ils peuvent tenir longtemps sans se gâter.
Et, bien sûr, on ne peut ignorer les œufs, le
lait et le fromage, qui constituent une partie
irremplaçable de l’alimentation en Akkad, en
particulier le fromage dont il existe des cen-
taines de variétés. Le fromage est l’une des
fiertés de l’Empire.
Mais ce n’est pas tout. Les légumineuses, les
légumes, les fruits et même les petites créa-
tures comme les sauterelles ou les scorpions
font partie de la vaste gamme de recettes avec
lesquelles ils font la fête depuis des milliers
d’années d’évolution culinaire. Et, si cela ne
suffisait pas, il existe une multitude d’herbes
et d’épices pour rehausser le goût des plats et
satisfaire même le palais le plus exigeant. Le
cumin, la coriandre, la menthe, la moutarde, le
fenouil, le cresson, le safran et le thym en sont
quelques exemples.
Si l’on peut dire quelque chose de la cuisine
akkadienne, c’est qu’elle est intensément
aromatique.
La bière
En ce qui concerne la boisson, la plus consom-
mée, et de loin, est la bière. Bien que les Awilu
aiment se distinguer en buvant du vin, qui par
sa rareté est hors de portée de la plèbe, en
réalité ils aiment la bière tout autant que les
autres.
Le Shikaru, comme est appellée la bière en
Akkad, existe sous de nombreuses formes
et niveaux de qualité. Sa force est mesu-
rée en fonction de la quantité d’eau diluée.
Normalement, il est partagé entre de nom-
breux convives qui le boivent dans le même
gobelet, mais aussi en utilisant une paille faite
à partir de roseau.
L’utilisation d’une paille n’est pas liée à un sou-
ci d’hygiène ou une volonté personnelle, mais
pour éviter les grumeaux qui ont tendance à
s’accumuler à la surface du liquide.
108 ENTRE LES FLEUVES
Il existe deux variétés principales de bière
selon qu’elles sont destinées aux hommes
ou aux femmes. La Kurunnu, plus sucrée et à
faible concentration d’alcool, est consommée
aussi bien par les femmes que par les enfants.
L’Ulusino, une variété de bière noire, n’est digne
que les hommes les plus forts, qui ont pris part
à un combat au moins une fois dans leur vie.
Élément indispensable des maisons, tavernes,
palais et bordels, la bière est l’une des plus
anciennes compagnes de l’homme. Ninkasi, la
déesse patronne de la bière, est probablement
l’Igigu ayant les fidèles les plus fervents de tout
l’Empire.
Les bonnes manières
Comme cela est logique, les bonnes manières
brillent par leur absence dans les maisons des
esclaves, qui souvent n’ont même pas d’autres
récipients pour manger que le bol dans lequel
les aliments ont été préparés. Cependant, dans
les foyers des Awilu, le protocole à l’heure des
repas est un sujet très sérieux, pleins de règles
dont le non-respect peut avoir de terribles
répercussions.
Il existe un ordre pour consommer les aliments
et une primauté sur qui a le droit de goûter en
premier à tel plat. Les réactions après l’inges-
tion sont également soigneusement observées.
Personne ne veut être pris en train de com-
mettre une erreur, car si tel était le cas, cela
apporterait la honte sur sa famille.
En réalité, toutes ces mesures, déguisées en
protocole, ne sont que des moyens de se proté-
ger contre les poisons, qui sont aussi présents
aux banquets des Awilu que le pain ou la bière.
Par ailleurs, l’utilisation de couverts est rare,
bien que ceux-ci existent. La plupart des ali-
ments sont pris avec les mains, après avoir été
coupés par un serviteur, mais parfois la poli-
tesse exige l’utilisation de petites fourchettes à
deux dents pour piquer la viande encore san-
glante ou de petites cuillères pour ingérer des
soupes sans avoir à prendre le plat à la bouche,
comme le font les Mushkenu.
ARTS ET ARTISANAT
Les Awilu sont des êtres très dévoués à leurs
loisirs. En raison de l’impressionnant temps
libre dont ils disposent, ainsi que de leur goût
démesuré pour l’esthétique, de nombreux
nobles pratiquent au moins un type d’artisa-
nat. Bien qu’il ne représente pour eux qu’un
passe-temps, leur travail s’appuie sur l’héritage
de générations d’artisans dont ils se réfèrent.
Il existe un grand nombre de disciplines, cer-
taines de nature plus pratique et d’autres qui
visent simplement à élever l’âme de celui ou
de celle qui les contemple. Ces dernières sont,
par leur prestige supérieur, les plus populaires
auprès des hommes instruits. Parmi celles-ci
se distinguent en particulier la peinture et la
sculpture, toutes deux toujours pratiquées sur
des murs ou des pierres dures, où s’incarnent
avec force et intensité les images qui habitent
l’imagination de l’artiste.
Mais il y a aussi ceux qui trouvent le moyen
d’exprimer leurs émotions à travers des formes
plus humbles, comme le tressage, la poterie, la
menuiserie, la tapisserie ou le tissage de tis-
sus. Les productions, si elles ne sont pas plus
belles, sont au moins très utiles. Et il est indé-
niable que l’être humain ressent une certaine
L’ARGILE
L’argile est de loin le matériau le plus abondant
en Akkad. La terre du sol et l’eau des fleuves
sont tout ce qu’il faut pour la produire. Ainsi,
il est naturel que la grande majorité des objets
du quotidien, des récipients aux ustensiles, en
passant par les tablettes d’écriture et même les
meubles, soient fabriqués à partir de ce matériau.
Les bâtiments eux-mêmes sont confectionnés à
partir de ce cadeau que les fleuves accordent.
 LE QUOTIDIEN
satisfaction en fabriquant quelque chose de
ses propres mains.
Mais, comme il va de soi, la petite production
générée par quelques Awilu intéressés par
un art particulier ne suffit pas à satisfaire les
besoins de tout l’Empire. C’est pourquoi il est
normal que la grande majorité des articles
ne soient pas fabriqués par des nobles qui
s’amusent pendant leurs loisirs, mais par des
esclaves qui travaillent jusqu’à l’épuisement.
Cela ne veut toutefois pas dire que les objets
ainsi créés soient d’une qualité inférieure. Bien
au contraire, car peu d’Awilu peuvent égaler la
compétence d’un Mushkenu spécialement sé-
lectionné pour son habilité et qui a consacré sa
vie entièrement à une discipline unique.
Il n’existe aucune organisation formelle ou
guilde parmi les artisans. Les Awilu qui res-
sentent des penchants artistiques travaillent
seuls, sans s’associer. Et s’il est vrai que la
grande majorité des esclaves apprennent la
discipline que leurs parents connaissaient, c’est
seulement parce que cela facilite grandement
l’organisation du travail pour leurs maitres.
Ce qui n’empêche pas, bien sûr, un entrepre-
neur intelligent de prêter attention aux com-
pétences des esclaves de ses voisins, en acqué-
rant ceux qui se montrent les plus intéressants
pour le genre d’entreprise qu’il a à l’esprit. Et
souvent en le payant un prix bon marché, car la
plupart des maitres ne se rendent pas compte
des diamants bruts qu’ils ont à leur service.
Prendre soin de son apparence
Il existe un type de produits qui bénéficient
toujours d’une demande exceptionnelle et ce
sont ceux liés au soin de l’aspect physique. La
plupart des Awilu sont très préoccupés par
leur apparence et par ce que leur disent leur
entourage, quand ils ne sont pas simplement
superficiels.
Compte tenu de cela, il n’est pas surprenant
que la profession de tailleur soit extrêmement
valorisée. Bien que la plupart des vêtements
tournent généralement autour du concept de
base de la tunique (couvrant une épaule dans
109
le cas de l’homme et deux dans celui de la
femme) et de la jupe, la variété que les vête-
ments peuvent montrer sans sortir de ces deux
concepts est fascinante.
Jouer avec les couleurs, les textures et le
mouvement des vêtements font des miracles,
comme les grands maitres le savent bien. Et si
l’on abandonne le lin et la laine traditionnels au
profit de matériaux exotiques comme la soie et
le coton, les possibilités sont infinies.
Cependant, il n’y a pas que les vêtements dont
doit s’inquiéter un noble qui veut être à la
mode. Une coupe de cheveux et un maquillage
adaptés à l’occasion sont indispensables. Dans
le cas des hommes, posséder une barbe bien
tressée et enduite d’huile désigne un homme
qui sait comment prendre soin de lui. Quant
aux femmes, le doux parfum des fleurs montre
qu’elles se préoccupent de leur apparence.
Même les sandales avec lesquelles un Awilu
habille ses pieds revêtent une certaine im-
portance. Rien n’est laissé au hasard, et les
modes changent plus souvent que le vent.
L’important n’est pas qui ils sont, mais ce à
quoi ils ressemblent.
Bien sûr, les esclaves couvrent leurs corps sales
avec ce qu’ils peuvent trouver. Cependant,
chaque fois qu’ils peuvent essayer d’imiter
leurs maitres, ils le font en s’habillant de la
manière la plus digne en fonction de leurs
moyens.
Forgerons et orfèvres
Le travail des métaux mérite une mention
spéciale. Les maitres de la forge Akkadiens,
bien qu’ils ne puissent être comparés aux in-
humains Phéniciens, produisent des œuvres
de grande qualité, de l’arme la plus solide au
collier le plus délicat.
Le matériau le plus travaillé est le bronze, un
alliage assez dur de cuivre et d’étain, idéal pour
la fabrication d’armes et d’armures.
Ce mélange peut être combiné avec d’autres
métaux et des substances qui, malheureu-
sement, causent souvent de graves maladies
110 ENTRE LES FLEUVES
aux pauvres forgerons qui doivent travailler
avec elles. Mais c’est un petit prix à payer
pour obtenir des matériaux plus solides et plus
flexibles. Il est logique que cela réveille la co-
lère des esprits du feu et de la pierre et puis
ce sont toujours les esclaves qui effectuent les
travaux les plus dangereux.
Ils ne vivent pas longtemps de toute façon.
Le fer, matériau plus dur que le bronze, est un
métal très rare et donc extrêmement cher. C’est
un véritable don des dieux, car la seule façon de
l’obtenir est au moyen des roches qui tombent
du ciel, par ces nuits spéciales que les sorciers
attendent avec impatience. Lorsque cela se pro-
duit, une myriade de chasseurs de fortune se
jettent dans le désert, le ratissant à la recherche
du plus petit fragment de ces pierres.
De plus, la forge du fer est une tâche assez
complexe, que seuls les grands maitres et les
Phéniciens peuvent accomplir. Mais la récom-
pense en vaut le coup, car même une petite
dague de fer est un prix digne d’un roi. Dur mais
léger, mortel entre les mains de tout guerrier.
Mais on ne cherche pas toujours la dureté
dans les métaux. Parfois, c’est l’éclat ou la
beauté qui est la caractéristique la plus ap-
préciée et c’est alors que l’on se tourne vers
d’autres matériaux : l’or, l’argent et l’électrum.
Habituellement accompagnés d’autres élé-
ments tels que l’ivoire, les rubis, le lapis-la-
zuli, la cornaline et les perles, ils sont utilisés
pour créer des bijoux qui ornent les cous, les
oreilles, les poignets et les chevilles de celles et
ceux qui peuvent se le permettre.
Le bronze peut servir à tuer, mais l’or cause
encore plus de morts.
Les sceaux-cylindres
Dans l’Empire, absolument tous les Awilu pos-
sèdent un sceau-cylindre ou simplement un
sceau, comme ils sont habituellement appelés.
Ou kunukku en akkadien.
Comme leur nom l’indique, ils ont la forme d’un
cylindre. Un trou les traverse dans la longueur,
d’une extrémité à l’autre. Ils sont pratiquement
toujours en pierre et cette ouverture est utili-
sée pour y passer une corde ou un autre type
de chaine, qui permet au propriétaire du sceau
de toujours le porter au cou.
En effet, les sceaux sont une carte d’identi-
té, qui identifie une personne et lui permet
de donner son approbation et de signer des
contrats. Chacun sceau est différent, car le
motif qui y est sculpté est unique et pratique-
ment impossible à falsifier. Ils sont ce qui se
rapproche le plus d’une signature dans Kishar.
Les sceaux sont très petits, un plus qu’un petit
doigt et pour les utiliser, il faut les faire rouler sur
la tablette que l’on veut marquer. C’est pourquoi
les dessins qui sont sculptés sur le côté externe
du cylindre ont deux particularités  : ils sont
l’image miroir de ce que l’on souhaite imprimer
lors du scellement et ils sont sculptés à l’envers.
C’est-à-dire que les surfaces les plus élevées du
cylindre sont celles qui sont les plus enfoncées
dans le dessin original.
Les motifs qui décorent ces objets représentent
généralement un évènement du passé lointain
de la famille de l’Awilu et parfois la figure
d’un dieu ou d’un héros si le propriétaire est
particulièrement pieux ou prétend descendre
d’un ancien grand seigneur. Une des caracté-
ristiques les plus importantes de ces motifs
est l’incroyable précision avec laquelle ils sont
tracés, certains détails devenant dans certains
cas pratiquement impossibles à apprécier à
l’œil nu. Ceci, combiné au fait d’être fabriqués
en pierre, en fait une excellente forme d’iden-
tification. Chaque sceau-cylindre est unique.
En raison du niveau de compétence qu’il faut
pour produire de telles œuvres d’art et de
l’importance qu’elles revêtent dans la société
Awilu, il existe deux castes spéciales
d’esclaves dédiées à leur fabrication
et à leur identification. Tout d’abord,
il y a les Purkullu, sans doute les
artisans les plus exceptionnels
d’Akkad, formés dès l’enfance
à la fabrication de sceaux. Ils
peuvent consacrer des années
à la création d’un seul sceau.
Mais le destin le plus cruel est
réservé aux Zamanu, qui sont
 LE QUOTIDIEN 111

chargés de témoigner de l’authenticité d’un
sceau. Comme beaucoup de leurs détails ne
peuvent être distingués par les yeux, ces es-
claves se font arracher les globes oculaires peu
de temps après leur naissance et se préparent
à utiliser leur toucher dans un seul but : la vé-
rification des sceaux.
Si un Awilu perd son sceau-cylindre, il perd
son identité et celui qui le possède peut se faire
passer pour lui. Ce problème est si grave que
le vol d’un sceau est l’un des crimes les plus
graves dont quelqu’un peut être accusé.
Le verre
Le verre est un matériau unique, une merveille
de la nature. Sans sa pureté et sa perfection, la
pratique de l’alchimie serait impossible. Utilisé
comme élément décoratif dans les bijoux et les
ornements depuis les temps très anciens, sa
véritable valeur n’a été découverte que beau-
coup plus tard. Le verre peut être utilisé pour
fabriquer d’excellents récipients d’une qualité
inégalée par aucun autre matériau.
Contrairement à l’argile ou à la pierre, un ré-
cipient en verre ne corrompra jamais son pré-
cieux contenu avec ses propres imperfections.
De plus, il permet de mettre au point des mé-
langes précis d’éléments exotiques auparavant
impossibles à conserver dans d’autres conte-
nants, car peu de temps après l’équilibre délicat
des composants nécessaires pour conserver
leur puissance était dilué avec de minuscules
fragments du récipient lui-même. Et ce n’est
pas sa seule vertu, car le verre peut être chauffé
à des températures incroyables sans perdre sa
forme ou ses propriétés.
Cet ensemble de qualités a ouvert les portes à
des avancées en alchimie comme on ne l’avait
jamais vu et, bien que des récipients en verre
soient encore utilisés pour d’autres substances
délicates (comme les parfums ou les poi-
sons), l’art de la transmutation est le principal
consommateur de ce matériau. Comme il ne
pourrait en être autrement, son coût est très
élevé et concerne même le plus petit objet fa-
briqué à partir de ce matériau prodigieux.
Et ce n’est pas pour rien, car seuls les plus ex-
perts parmi les artisans peuvent le produire,
même si l’ingrédient pour l’obtenir ne peut être
plus simple à trouver : du sable. Ces petits ob-
jets peuvent atteindre un prix si élevé que, dans
certains cas et selon la qualité du produit, ils
sont plus précieux au poids que l’or lui-même.

ILLUMINER LA NUIT

Le coucher du soleil, au-delà du grand désert occidental, ne signifie pas que la vie dans les cités
d’Akkad s’arrête. Ou du moins pas celle des nobles, qui n’ont pas à se soucier de se lever tôt le
lendemain ou de se reposer après une dure journée de travail.

La vie ne s’arrête pas, mais se transforme. L’alcool coule sans cesse, accompagnant des célébrations
pleines de luxe, de folie et de passion, qui semblent sans fin. Mais le vin ne fait que précéder ou
accompagner d’autres plaisirs, du plus banal au plus inouï : aucun désir n’est impossible à satisfaire
et aucun désir n’est interdit. Souvent, ces orgies, parce qu’on ne peut pas les appeler autrement,
se mêlent à la religion, au culte des sombres Igigu, aux Dieux des Étoiles qui illuminent avec leur
sinistre lumière le ciel nocturne. Alors, les fêtes passent de simplement obscènes à inimaginables.

Cependant, le firmament lui-même ne suffit pas à éclairer les rencontres ou les rues solitaires,
fréquentées uniquement par les patrouilles qui s’occupent des personnes venues perturber les
célébrations ou les meurtriers et les voleurs qui tentent de les exploiter. Pour apporter de la lumière
dans l’obscurité de la nuit, les Awilu utilisent de petites lampes alimentées à l’huile ou des multi-
tudes de torches fixées aux murs.

Mais il y a des sites où trop de lumière serait dommageable, des endroits où ils se trouvent des
choses qui devraient rester dans la pénombre. Là, des brasiers en bronze jettent la lueur trem-
blante de braises, le minimum indispensable pour tout juste y voir.
112 ENTRE LES FLEUVES
En Akkad, les artisans du verre peuvent pro-
duire des objets relativement grands, mais il
est rare d’en voir. De plus, ils dominent éga-
lement la teinture du verre et il est rare de
voir un objet qui n’a pas au moins une légère
teinte. Il va sans dire que ce matériau précieux
n’est pas gaspillé à des fins purement utilitaires
telles que des fenêtres.
On dit qu’il existe des merveilles presque
incroyables faites de ce matériau, comme
des cloches capables d’émettre des sons im-
possibles à reproduire ou des plaques dans
lesquelles on peut être reflété encore plus
clairement que dans les eaux calmes d’un lac.
Ces objets, s’ils existent, pourraient être ven-
dus pour de véritables fortunes. Bien qu’il faille
être très prudent avec cela, on dit aussi que le
son de ces cloches peut rendre un homme fou
ou que la surface polie piège en elle l’âme de
celui qui s’y reflète.
MUSIQUE
Après l’écriture, la musique est l’activité la plus
appréciée parmi les cercles les plus instruits de
l’Empire. Une mélodie, composée avec mai-
trise et exécutée avec habileté, peut alléger
l’âme de ses chagrins ou la plonger dans la plus
absolue des misères. Et les Awilu souhaitent
contrôler ces deux effets.
Pour eux, la musique n’est pas simplement
composée de sons, mais d’une énergie aussi
forte et aussi réelle que les démons, la sorcel-
lerie ou les sentiments humains. Une mélodie
peut accompagner presque tous les aspects
de la vie : du chant d’un esclave qui anime un
diner, à l’extase religieuse produite par une
chorale de prêtresses, sans oublier les marches
difficiles qui accompagnent les soldats en temps
de guerre.
La harpe et la lyre règnent sur tous les autres
instruments, seuls capables de produire les
sons les plus purs. Mais les Akkadiens em-
ploient aussi des flûtes et des trompettes
allongées, ainsi que des tambours de grandes
dimensions ou des cymbales rythmiques.
Tous ces instruments sont accompagnés de
danses, simples ou élaborées, violentes ou
sensuelles.
La musique est une constante en Akkad et fait
même partie de puissants rituels. Par exemple,
la Grande Peau de Taureau, un énorme tam-
bour utilisé dans les éclipses lunaires ou la
Danse des Cloches, une danse exaltante qui
comprend sept voiles et des petites cloches
à doigts, auxquelles aucun homme ne peut
résister.
SPORTS ET LOISIRS
L’un des grands changements apportés par
la création des Mushkenu et des Wardu a été
l’augmentation du temps libre des nobles.
Certains ont décidé de profiter de cette liberté
retrouvée pour apprendre de nouvelles dis-
ciplines, mais d’autres l’ont investie dans des
passe-temps plus frivoles.
Les jeux, qui étaient auparavant minoritaires
ou qui n’étaient pas pratiqués très souvent en
raison du peu de temps de loisirs laissés par le
travail quotidien, ont soudainement augmenté
en popularité. Les jeux de société, comme les
Huit Pyramides, qui tire son nom des huit dés
à quatre faces qu’il emploie ou l’Œil du Lion,
qui implique des compétences stratégiques et
de tromperie à parts égales, sont devenus des
éléments fréquents dans la vie des nobles.
Et, plus important encore, les jeux sont à l’ori-
gine de nouvelles rivalités et causent la perte
d’immenses fortunes.
D’autres activités, plus physiques, se sont
mises à fleurir. L’activité la plus simple et pra-
tiquée par les enfants, est le jeu de balle, dans
lequel la balle est lancée contre un groupe de
figurines en argile, en essayant de toutes les
faire tomber. Quant aux activités plus intenses,
on peut compter sur les compétitions guer-
rières, où il faut parfois regretter des blessés.
En ce qui concerne ces compétitions, les Awilu
ont rapidement découvert qu’il était plus inté-
ressant d’observer la lutte de l’extérieur et de
parier sur son résultat que d’y participer direc-
tement. Au fil du temps, les compétitions se
sont finalement transformées en combats de
gladiateurs, si populaires aujourd’hui. Lors de
tels évènements, tout est permis, causant quo-
tidiennement la mort de puissants guerriers et
 L’ARMÉE
d’étranges bêtes, dont la plupart participent
contre leur volonté.
Cependant, plus d’un noble aisé a déjà parti-
cipé à ces combats, sans doute en quête d’un
peu d’émotion dans sa vie. Mais ces petites
aventures ne se terminent généralement pas
de manière positive, du moins pour le noble.
Même si quelques Awilu ont ainsi atteint une
grande renommée. Après tout, il y en a qui ne
peuvent pas vivre sans le risque.
L’ARMÉE
Crainte et respectée dans tout Kishar, l’armée
de l’Empire d’Akkad n’a pas d’égale. Le nombre
de ses soldats est démesuré, et leurs tech-
niques de guerre sont d’une précision et d’une
infaillibilité inégalées. Mais cette supériorité
indéniable est une nécessité, car défendre
l’Empire est une mission vraiment difficile.
Maintenir la sécurité d’une telle étendue contre
des agents extérieurs et des rébellions internes
tout à la fois est une tâche assez compliquée.
LES TROIS ARMÉES
Avant l’ascension de Sargon, il n’existait pas
d’armée professionnelle dans les cités-États de
Sumer. Chaque cité disposait d’une milice de
citadins, dont le métier n’était pas d’être des
militaires, car ils travaillaient dans les champs
lorsqu’ils n’étaient pas sur le champ de bataille.
Les guerres étaient presque toujours me-
nées pendant l’été, période de l’année où les
cultures n’avaient pas vraiment besoin d’être
entretenues. Seuls quelques Ensi particulière-
ment belliqueux, comme les souverains d’Ur,
gardaient un petit nombre de soldats de car-
rière, qui étaient plus considérés comme une
garde personnelle.
Bien que ce système, ainsi que les murailles
elles-mêmes, était suffisant pour la défense
d’une cité, cela ne convenait pas pour la
conquête et le maintien d’un empire. L’une
des réformes les plus importantes menées par
Sargon a été la création d’une armée entière-
ment professionnelle, qui devait être disponible
toute l’année pour être mobilisée. Cette idée
a été rendue possible grâce à l’existence des
Mushkenu et des Wardu, qui débarrassaient
113
les Awilu non seulement du travail dans les
champs, mais aussi de leur service de soldats.
L’armée d’Akkad est principalement composée
d’esclaves Mushkenu, avec quelques Wardu qui
sont employés comme troupes de choc. Les
Awilu servent de commandants et de troupes
d’élite, bien qu’il soit de plus en plus fréquent
de rencontrer des esclaves aux rangs d’officiers
inférieurs. En plus de cela, Sargon a également
statué que l’armée devait être divisée en trois
blocs principaux, qui ont fini par être populaire-
ment connus comme « les trois armées ».
La plus grande et le plus importante des trois
armées est le Kishir Sharruti, les « hommes de
l’Empereur  ». La grande majorité des soldats
se trouvent dans ce bloc, qui comprend tous
les types de troupes dont se compose l’armée
impériale, de l’infanterie aux chars, y compris
les divisions spécialisées dans les sièges. Le
Kishir Sharruti est réparti sur toute l’étendue
de l’Empire et en mobilisation constante.
Lorsqu’un de ses soldats n’est pas au combat,
il s’entraine dans l’un des Ekal Masharti, les
casernes, forteresses réparties en divers lieux
d’une grande importance stratégique.
Pour diriger le Kishir Sharruti, l’Empereur dé-
lègue deux généraux, qui reçoivent le titre de
Turtam de Gauche et de Turtam de Droite. Ce
sont des hommes de confiance de Sargon et ils
ont un grand pouvoir entre leurs mains.
Le poste de Turtam de  Gauche était occupé
jusqu’à récemment par Naram-Sin, le petit-fils
J’ai érigé ce pilier aux portes de la cité
et j’ai puni tous ceux qui
s’étaient soulevés contre moi.
J’ai recouvert le pilier de leurs peaux,
j’en ai emmuré d’autres à l’intérieur,
j’en ai empalé sur des pieux au sommet du pilier.
Et pour d’autres, je les ai empalés,
sur des pieux, autour du pilier.
J’en ai écorché beaucoup d’autres,
Et avec leurs peaux, j’ai recouvert les murailles.
Et les seigneurs et les fonctionnaires impériaux
qui s’étaient rebellés, je les ai démembrés.
Inscription sur le pilier de la victoire de Nimrud.
Rédigée par Sargon après avoir étouffé
une rébellion dans la cité.
114 ENTRE LES FLEUVES

de Sargon, mais il a soudainement quitté son

poste pour se lancer dans un voyage dans di-
verses cités-États en laissant le poste vacant.
L’Empereur n’a pas encore nommé son rem-
plaçant. Le Turtam de Droite est actuellement
Sin-Ash-Usur, un soldat légendaire qui aurait
sauvé la vie de Sargon lui-même au cours
d’une bataille.

Avec un effectif plus restreint et composé

presque entièrement de troupes d’élite, le
Qurupti Sha Shepe est le deuxième bloc de
l’armée. Son nom signifie « la garde du palais »
et bien que leur nombre soit excessif pour
être considéré comme de simples gardes du
corps, ils reçoivent cette dénomination parce
qu’ils accompagnent Sargon dans tous ses
déplacements. Leur nombre n’est pas du tout
comparable à celui du Kishir Sharruti, mais leur
influence sur le champ de bataille est cruciale.
Leur simple présence suffit à changer le cours
d’une bataille, car elle indique la présence de
l’Empereur en personne.

Le dernier bloc est le Sab Sharri, qui n’est pas

composé, sauf pour le commandement, de véri-
tables soldats et qui le plus éclectique des trois.

Il n’est rien de plus que les milices de paysans

recrutées dans chacune des cités, accom-
pagnées d’un petit nombre de troupes de
meilleure qualité. Leur recrutement est de
la responsabilité du Roi-Sorcier et leur taille
maximale est limitée par la loi. Leur seule
fonction est de servir de défense locale dans le
cas d’une attaque contre la cité qu’ils protègent
et il leur est interdit de lancer des actions of-
fensives contre une autre cité.

Le Sab Sharri est la dernière ligne de défense

d’une cité et les circonstances devraient être
très graves pour que Sargon demande leur aide
dans une mission autre que celle-ci. Jusqu’à
présent, rien de tel ne s’est jamais produit.

LES CINQ AXES

La machinerie militaire akkadienne tourne

autour de cinq axes principaux, cinq façons de
combattre qui servent chacune de manière pré-
cise et infaillible. Grâce à la combinaison habile
de ces axes, il n’y a pas de situation à laquelle
 L’ARMÉE 115

l’armée de l’Empire ne peut faire face, ou un

ennemi contre lequel elle est désavantagée.

Ces cinq axes sont l’infanterie, les chars, la ca-

valerie, les machines de siège et la logistique.

Infanterie

L’infanterie est nombreuse et indispensable,

car elle constitue l’épine dorsale de l’armée
impériale. Sans elle, les autres corps ne pour-
raient pas remplir leur rôle.

Composée principalement de Mushkenu, l’in-

fanterie peut être équipée d’armes différentes
selon la fonction qu’elle joue. L’arc composite
est l’arme la plus courante, caractéristique des
Akkadiens et crainte dans le monde entier.
C’est un ouvrage d’ingénierie précis, capable
de tirer des flèches à une distance et avec une
force que les arcs les plus primitifs des bar-
bares ne peuvent égaler.

Cet arc est complété par une autre Arme à

projectile, la fronde, qui tire des billes de métal
(ou des pierres s’il n’y a pas d’autres munitions
disponibles) selon un angle qui compense par-
faitement celui de l’arc. Peu d’ennemis peuvent
résister à une attaque combinée de ces deux
armes qui font pleuvoir la mort de tous les cô-
tés à la fois.

De plus, les Akkadiens ont trouvé le moyen de

protéger leurs archers et leurs frondeurs contre
les attaques de projectiles ennemis. Pour cela,
ils emploient des portes-boucliers, un type
de soldat qui porte un lourd bouclier de très
grandes dimensions, qui va des pieds à la tête
et qui est recourbé en arrière. Ces soldats n’ont
d’autre travail que de protéger leurs camarades,
de les libérer de cette préoccupation et de leur
permettre de maintenir un rythme de tir élevé,
même dans les pires conditions.

Pour le combat sur de courtes distances, auquel

on finit toujours par recourir, l’armée impériale
est dotée de soldats armés de longues lances,
de boucliers ronds et d’une armure lamellaire,
composée de plaques métalliques reliées entre
elles. Ces soldats sont organisés en formations
serrées, qui se déplacent en parfaite harmonie
et sont presque impénétrables.
116 ENTRE LES FLEUVES
Enfin, il existe d’autres corps d’infanterie qui,
bien que présents en nombre inférieur, accom-
plissent de précieuses tâches.
Les deux plus importants sont peut-être les
éclaireurs, qui rapportent ce qui se trouve der-
rière les lignes ennemies et les Wardu, une in-
croyable force de frappe qui peut détruire d’un
seul coup la défense la plus résistante.
Quel que soit l’équipement qu’ils emploient,
tous les fantassins utilisent la fameuse
épée-faucille, spécialement conçue pour les
coups de taille. Elle est employée lorsque le
combat devient une mêlée confuse, dans
laquelle d’autres armes seraient difficiles à
utiliser. Malgré cela, certains soldats, en parti-
culier les officiers, emploient plutôt des épées
à bord droit ou des masses pour se distinguer
de leurs camarades et montrer ainsi leur
individualité.
Chars
Si l’infanterie est l’enclume, les escadrons de
chars sont le marteau qui frappe l’ennemi,
pris entre les deux. Mobiles et rapides, ces
machines de guerre s’avèrent être des armes
idéales pour les plaines où se déroulent la
plupart des batailles. Les Awilu emploient les
chars pour entrer dans le combat de manière
préférentielle car ils les considèrent comme le
propre de la noblesse.
Selon les choix des généraux et des autres
commandants, il existe deux types de chars
dans l’armée : le char léger et le char lourd. Ils
remplissent des fonctions très différentes, qui
se complètent.
Le char léger, avec un essieu, est tiré par deux
chevaux et dispose de deux membres d’équi-
page. Il est rapide et très maniable. Il s’agit
d’une plate-forme de tir exceptionnelle, qui
peut se déplacer rapidement sur le champ de
bataille pour atteindre rapidement le point le
plus vulnérable des lignes ennemies et le punir
avec une pluie de flèches.
L’un des deux membres d’équipage est un ar-
cher, toujours parmi les meilleurs de l’armée,
qui se consacre uniquement à tirer projectile
après projectile sur ses adversaires. Les car-
quois qui sont disposés à l’intérieur du véhicule
lui facilitent la tâche, tandis que l’autre membre
d’équipage prend les rênes, se chargeant de
diriger le char.
Les chars lourds, bien qu’ils aient aussi un
seul essieu, sont tirés par quatre chevaux et
disposent d’un équipage de quatre hommes.
Ce véhicule perd en légèreté par rapport à son
petit frère, mais en retour, il gagne en force
brute. Il ne peut pas atteindre une vitesse aussi
élevée, mais il est inarrêtable dans la charge,
qui est son but principal. Son conducteur le
dirige directement sur l’ennemi, pendant que
les autres membres d’équipage harcèlent
l’ennemi en lançant des javelots ou en tirant
avec des arcs. Mais, quand ils sont enfin sur le
point d’entrer en collision avec leurs rivaux, ils
remplacent ces armes par des lances lourdes
avec lesquelles ils empalent les soldats qui ont
la malchance de subir leur charge. Pendant ce
temps, les quelques survivants sont piétinés
par les chevaux et écrasés par la masse impla-
cable du char.
Cavalerie
L’idée de monter directement sur un cheval
au lieu de l’utiliser pour tirer un char est un
concept relativement récent. En effet, ce ne
fut pas l’idée d’un Awilu, mais d’un Mushkenu
nommé Ashnagi qui décida, dans une aventure
qui est racontée maintes et maintes fois par les
bardes, d’oser présenter son idée révolution-
naire à l’Empereur, même si ses supérieurs le lui
avaient explicitement interdit. Heureusement
pour lui, Sargon sut voir l’idée de génie et non
seulement l’adopta pour son armée, mais il le
promut à la charge de Turtam de Droite, qui
n’avait jamais été occupée par un Mushkenu et
ne le sera probablement plus jamais.
Depuis lors, la cavalerie fait partie intégrante
des forces impériales. Bien que certains Awilu
en fassent partie, la plupart des cavaliers
restent Mushkenu, pour qui cela est plus facile
en raison de leur grande taille.
Les cavaliers peuvent être équipés d’arcs
courts ou de lances, ainsi que d’armes à une
main. Dans le premier cas, leur travail consiste
 L’ARMÉE 117

à harceler l’ennemi tout en laissant tomber
sur lui une pluie de flèches. Les archers fonc-
tionnent toujours par paires, l’un des cavaliers
tirant tandis que l’autre le couvre d’un bouclier
et dirige les rênes des deux chevaux.
Quant à ceux armés de lances, ils forment
une force mobile qui entre dans le combat au
corps à corps pour aider l’infanterie là où cela
est nécessaire. Ils utilisent aussi des boucliers,
mais n’emploient pas leurs lances pour char-
ger, comme le font les chars, se contentant de
frapper avec elles les guerriers ennemis. La
raison en est qu’en Akkad, on ne connait pas
les étriers et sans eux, une charge de cavalerie
est impossible.
Machines de siège
Ces structures disposent d’escaliers rétrac-
tables qui peuvent être utilisés pour grimper
au-dessus de n’importe quel obstacle, en plus
d’être adaptés pour flotter sur les fleuves. Elles
peuvent accueillir de nombreux soldats et leur
simple vision suffit pour qu’une cité rebelle
rende les armes.
Pour les compléter, l’armée impériale dispose
également d’échelles de corde, qui peuvent être
jetées au-dessus des murailles, et d’un corps
de sapeurs à la renommée douteuse. Composé
de condamnés à mort et d’esclaves particuliè-
rement dangereux, leur travail consiste à creu-
ser des tunnels sous les murailles, non pas tant
avec l’intention de les traverser, mais de les
faire s’effondrer. Inutile de dire que l’espérance
de vie dans ces unités n’est pas très longue

Moins utilisées, mais non moins importantes, Logistique

sont les machines de siège. D’immenses tours
en bois revêtues de cuir sont équipées de puis-
sants béliers et d’immenses lames qui peuvent
faire tomber les murailles de n’importe quelle
cité, qu’elle soit construite en briques ou en
pierres.
Le corps logistique, qui s’occupe de travaux
aussi peu excitants que la fabrication et le
transport d’équipements ou de nourriture,
sert de soutien aux quatre autres axes. Bien
qu’elle soit peu mentionnée dans les chants qui

DANSEUSES DE L’AVANT-GARDE
L’une des armes de l’armée d’Akkad moins connue, mais plus redoutée par ceux qui connaissent
son existence, sont les Naglabu-Huppu, ou Danseuses de l’Avant-Garde. Ces femmes, conscien-
cieusement formées, ne se battent pas dans les grandes batailles rangées, mais ont un travail beau-
coup plus subtil. Leur travail consiste à décapiter les armées ennemies, en recourant à l’assassinat
de dirigeants là où ils y s’attendent le moins : la chambre à coucher.
Elles tirent leur nom de leur style de combat, qui ressemble à une belle danse jusqu’à ce qu’il soit
trop tard, lorsque les membres gracieux apparaissent armés de lames effilées. Elles passent de
longues années près de leur objectif, infiltrant leur cour et gagnant la confiance de ceux qui les
entourent en attendant le bon moment pour agir.
Comme il est facile de se méfier d’une nouvelle arrivante, il faut que les Naglabu-Huppu soient
proches de leur objectif bien avant que celui-ci ne devienne un problème et avant même qu’il
n’occupe une position de pouvoir. C’est pourquoi les Danseuses de l’Avant-Garde ont recours aux
meilleurs oracles, qui parcourent la trame du destin pour découvrir qui peut poser un problème
pour l’Empire dans l’avenir.
Par ailleurs, ces prédictions ne sont pas infaillibles et certaines Naglabu-Huppu ont vécu toute
leur vie de manière paisible et tranquille, car leur objectif n’est jamais devenu une menace. En fait,
plus d’une Danseuse de l’Avant-Garde aspire secrètement à ce que les prophéties annoncées ne
se réalisent pas, car elles finissent parfois par ressentir de vrais sentiments pour l’ennemi qu’elles
devront peut-être un jour éliminer.
Ces femmes peuvent être choisies dans n’importe quelle peuplade. On connait des amantes pas-
sionnées et des épouses candides Cimmériennes ou Uridimmu qui se sont soudainement révélées
être des Naglabu-Huppu. Aucun dirigeant n’est en sécurité et ne sait pas à qui il peut faire confiance.
118 ENTRE LES FLEUVES
accompagnent une victoire, sans l’intendance,
celle-ci ne pourrait être obtenue.
L’armée d’Akkad est immense, ingérable sans
un ensemble conséquent de travailleurs effi-
caces et motivés. Tout officier digne de ce nom
reconnaitra sans vergogne que ce sont en fait
les cuisiniers, les scribes et les conducteurs de
caravanes qui gagnent les batailles.
Un poste particulièrement important est celui
de Musarkisu ou responsable des chevaux. Sa
tâche consiste à s’assurer que soit effectué un
recensement précis et à jour du nombre de
chevaux qui peuvent être disponibles à tout
moment. C’est une tâche très prestigieuse,
car autant il est facile d’obtenir davantage de
Mushkenu, autant ces animaux précieux né-
cessaires pour les cavaliers et les chars sont un
bien rare.
Une autre des fonctions les plus importantes
est l’oracle. Chaque division de l’armée en a un,
qui est chargé de prédire toutes les éventua-
lités et d’étudier les présages afin de pouvoir
anticiper les manœuvres de l’ennemi.
Ils sont également chargés de détecter la pré-
sence de démons potentiels, mais aussi de ma-
ladies, de malédictions ou d’êtres maléfiques,
ainsi que de conseiller le commandant sur le
moment le plus propice pour combattre.
Contrairement à la croyance populaire, aucun
sorcier n’est envoyé au combat. Leurs sorts ne
présentent généralement que peu d’utilité dans
une bataille à grande échelle. De plus, ils sont
souvent réticents à mettre leur vie en danger.
LE COMMERCE
L’armée protège l’Empire, mais elle ne suffit
pas à le maintenir fort. L’intense commerce qui
se déroule, tant entre les cités qu’avec d’autres
nations, assure la santé et la bonne marche
d’Akkad. Sans les caravanes alimentaires, la
capitale mourrait de faim, sans les cargaisons
de bronze, les soldats ne pourraient pas com-
battre et sans des communications rapides,
l’administration serait plongée dans le chaos.
ASSUR
Cependant, et malgré l’importance cruciale
que représente l’activité commerciale, celle-ci
ne se trouve pas sous le contrôle de l’Empe-
reur, mais des habitants de la plus petite des
cités-États : Assur.
Bien avant l’unification d’Akkad, Assur était
déjà connue comme la cité des marchands. Elle
se trouvait sous le patronage de l’Anunnaki
Ashur, Seigneur des Marchands, et maintenait
un vaste réseau commercial couvrant non
seulement l’ensemble de Sumer, mais aussi
plusieurs nations voisines.
Pendant l’ascension de Sargon, Ashur lui-
même, qui marchait alors parmi les hommes,
proposa un pacte au futur Empereur. Ils se
réunirent pendant sept jours et sept nuits, au
cours desquelles ils parlèrent en privé. À la fin
de cette rencontre, les deux étaient parvenus à
un compromis et Sargon épargna la cité d’Assur,
qui ne fut pas conquise et maintint son mode
de vie tel qu’il avait été jusqu’alors. Seulement
maintenant, elle devait être loyale à l’Empereur.
Ils convinrent, entre autres, qu’Ashur pou-
vait continuer à agir comme le dieu tutélaire
d’Assur et que la cité pourrait continuer à
maintenir son vaste réseau d’avant-postes
commerciaux, appelés Karum, dans les autres
enclaves qui formeraient l’Empire d’Akkad. En
retour, les routes marchandes ne devraient en
aucun cas être perturbées, en ravitaillant non
seulement les autres cités, mais aussi l’armée
conquérante.
De plus, les marchands d’Assur reçurent un
certain nombre de privilèges, sous la forme de
droits de passage et de taxes sur les échanges,
dont aucun autre entrepreneur ne pourrait
profiter. Ils reçurent également les outils né-
cessaires pour entretenir, comme ils le préfé-
raient, les routes que les caravanes devaient
emprunter.
L’une des rares conditions à respecter était
qu’aucune cité ne devait être exclue du com-
merce ou subir un traitement injuste. Les
Assur ne devaient pas, du moins en principe,
utiliser leurs privilèges comme arme politique.
 le commerce 119

Un monopole strict

En conséquence de ces accords, la quasi-tota-

lité des marchands qui transportent des biens
entre différentes enclaves, les Tamkaru, sont
citadins d’Assur.

En raison de la série d’avantages concurren-

tiels dont ils bénéficient et de la tendance à
préférer les échanges avec leurs compatriotes,
toute personne venant d’une autre cité aura
beaucoup de mal à gagner sa vie de cette
façon. Ce qui ne veut pas dire que beaucoup
n’essaient pas.

Cette règle ne s’applique toutefois pas aux

marchands locaux de chaque cité. Ceux-ci ne
se consacrent pas au transport de marchan-
dises d’une cité à l’autre, mais tentent simple-
ment d’obtenir le meilleur prix possible des
produits qu’ils produisent eux-mêmes ou de
leurs esclaves. Ainsi, les Assur contrôlent la
plupart des entreprises impliquant plusieurs
enclaves, mais en fin de compte, ils doivent
toujours traiter avec les vendeurs locaux. En
réalité, ils servent souvent d’intermédiaires
entre individus de la même localité. S’il y a de
la richesse à proximité, il y aura un Assur.

TROC

La monnaie, en tant que telle, n’est connue ni

en Akkad ni dans aucune des autres nations.
Toutes les démarches commerciales sont ef-
fectuées grâce au troc, par échange direct de
biens. Cela laisse plus de place à la négocia-
tion, les marchands les plus habiles dans cet
art brillant avec une intensité particulière.

Malgré tout, il existe un produit qui, par sa

demande particulière, peut servir de change
presque universel avec tout autre produit  :
le grain. Il est facile de l’écouler et il est tou-
jours utile, de sorte que certaines mesures
de celui-ci (en volume) sont ce qui se rap-
proche le plus d’une monnaie d’échange en
Akkad. Beaucoup de marchands réfléchissent
en termes de nombre de grains pour obtenir
en échange une chose et évalue en retour
si ce qu’ils souhaitent obtenir a une valeur
similaire.
120 ENTRE LES FLEUVES

Cependant, il n’est pas toujours pratique Ce n’est qu’une autre des difficultés, avec les
de manipuler les grains, surtout si les biens taxes pour l’utilisation des puits ou le pourcen-
échangés sont si coûteux que les quantités à tage de stockage dans un Karum, que doivent
manipuler deviennent peu pratiques. Aussi, on surmonter ceux qui osent chercher à faire des
utilise l’argent pour faciliter ces échanges de bénéfices sans avoir la bénédiction du Dieu des
richesses sous la forme de petits fragments de Marchands.
ce métal, découpés selon un poids standard,
le shiklu. Ce moyen de commercer des objets En ce qui concerne les mesures en Akkad, vous
précieux ou coûteux permet de transporter trouverez ci-dessous une série de tableaux
une petite fortune sur soi sans avoir à recourir indiquant ce qu’elles sont et la relation qui
à des chariots entiers chargés d’orge. existe entre elles. L’imeru mérite une mention
spéciale, car c’est la mesure de volume la plus
D’autres métaux précieux sont également utilisée. Elle correspond à ce qu’un âne peut
utilisés, comme l’or ou l’électrum, ou même charger et elle est donc facile à calculer. Pour
des pierres précieuses et des bijoux, mais avoir une idée de la relation entre l’argent et
ils peuvent subir des changements radicaux le grain, un imeru d’orge peut coûter entre un
de valeur en fonction de l’endroit où l’on se shiklu à un shiklu et demi d’argent, selon l’en-
trouve. En outre, dans le cas des pierres pré- droit où il est échangé.
cieuses, celles-ci ne peuvent pas être divisées
en fragments plus petits pour payer avec seu-
lement un morceau de celles-ci.
NOM SIGNIFICATION ÉQUIVALENCE
Poids et mesures Ubanu Doigt 2 cm
Ammatu Coude 0,5 m (24 ubanu)
Dans un tel système, il est indispensable de Kanu Bâton 3 m (6 ammatu)
disposer d’un ensemble de mesures précis et Beru Journée 10,8 km (3600 kanu)
universel, permettant de calculer avec exac- Mesures de longueur
titude les conversions adéquates. C’est un
autre des points sur lesquels les Assur ont fait
valoir leur hégémonie, car l’un des nombreux
NOM SIGNIFICATION ÉQUIVALENCE
privilèges qui leur ont été accordés fut celui
de l’exclusivité de la fabrication des objets qui She Grain 50 mg
Shiklu - 8 g (180 she)
servent à les déterminer.
Manu Mine 500 g (60 shiklu)
Bitu Talent 30 kg (60 manu)
Qu’il s’agisse d’un ensemble de poids métal-
liques soigneusement calibrés, d’une boite en Mesures de poids
bois aux dimensions exactes ou d’une corde
d’une longueur précise, tout objet utilisé pour
mesurer les biens qui font partie d’un échange NOM SIGNIFICATION ÉQUIVALENCE
doit être périodiquement béni dans un temple Sila Pichet 1L
d’Ashur. Là, les prêtres s’assurent qu’il est Massiktu Tonneau 60 L (60 sila)
adapté aux mesures officielles et que la béné- Imeru Âne 100 L (100 sila)
diction du dieu lui est accordée. L’utilisation Qurru Charriot 180 L (3 massiktu)
d’objets non bénis par Ashur est un crime
Mesures de volume
passible de la peine de mort. Heureusement
pour la plupart des marchands, il y a un temple
d’Ashur où se trouve un Karum. Par ailleurs,
bien que les prêtres du dieu proposent de tels NOM SIGNIFICATION ÉQUIVALENCE
services gratuitement pour n’importe quel Musaru Jardin 36 m2
Assur, ils ont tendance à exiger d’importants Iku Champ 3.600 m2 (100 musaru)
« dons » de ceux qui ne font pas partie de leurs Buru Plantation 64.800 m2 (18 iku)
compatriotes. Mesures d’aire
 le commerce
CARAVANES ET TRANSPORTS
Quelque soit les difficultés qu’une négocation
peut présenter, tous les marchands s’accordent
à dire que la partie la plus compliquée et la plus
tendue de leur travail est en vérité le transport
des produits et des matières premières depuis
leur lieu d’origine jusqu’à celui où ils devront
être vendus. Peu de gens peuvent se vanter
avec raison d’avoir vécu autant de véritables
aventures qu’un marchand vétéran. Un seul
de ces hommes pourrait assurément divertir
toute une taverne pendant des jours entiers
juste en racontant les incroyables situations
dans lesquelles il s’est retrouvé impliqué lors
de ses voyages.
Dans un monde où la plupart des gens ne
quittent jamais leur cité natale, voyager est un
vrai défi qui est loin d’être sans danger.
Une caravane de taille moyenne est une vision
impressionnante, composée de nombreux
marchands, esclaves, charriots et bêtes de
trait, sans oublier les hommes armés. Elle est
précédée d’un bruit intense et est suivie par un
épais nuage de fumée.
Bien qu’il existe des caravanes de petite taille,
surtout celles qui nécessitent de la discré-
tion, elles ne sont pas courantes. Le nombre
est la meilleure défense contre les bandits,
les animaux sauvages ou les autres dangers.
Partager les montures, la nourriture et les
mercenaires pendant le voyage est une sage
mesure et beaucoup oublient les rivalités com-
merciales une fois sur le chemin. Aujourd’hui
pour toi, demain pour moi, telle pourrait être
leur devise.
En Akkad, il n’existe pas de routes menant
d’une cité à une autre, principalement pour
la raison qu’elles ne sont pas nécessaires.
La plaine sur laquelle s’étend l’Empire est
uniforme et peu étendue. Sur sa surface, les
bêtes et les charriots n’ont aucune difficulté
pour avancer à un bon rythme. Cependant,
les montagnes escarpées et les déserts arides
sont d’un tout autre acabit. Néanmoins, dans
des endroits aussi difficiles, il serait de toute
façon impossible de construire une route
quelconque.
121
De plus, une route commerciale peut varier
considérablement avec le temps, en fonction
des puits qui s’assèchent et des nouveaux qui
apparaissent ou pour traverser des zones de
végétation où les animaux puissent se nourrir.
Voies navigables
En navigant sur l’un des deux fleuves, on peut
faire parvenir des marchandises plus rapide-
ment que par une route terrestre. La grande
majorité des cités étant construites sur les
rives de l’Idigna ou du Buranum, les bateaux
peuvent facilement avancer de l’une à l’autre.
Les deux fleuves ont une largeur suffisante
pour être facilement navigables.
Cependant, il y a un « mais ». Les vents domi-
nants, qui vont du nord au sud, représentent
un sérieux problème. Il est très difficile pour
un navire de remonter même les courants
tranquilles du Buranum et il est donc conseillé
de recourir à de puissants rameurs. De plus,
dans le cas de l’Idigna, plus agité, une telle
tâche est impossible sans aide extérieure.
Pour résoudre cette difficulté, les marchands
ont recours à d’impressionnantes quantités
d’animaux de trait, comme les bœufs ou les
onagres, pour trainer les bateaux en amont.
Ceux qui peuvent se le permettre utilisent
même des éléphants, dont la force énorme leur
permet de tirer les plus grands navires.
Inutile de rappeler que la vitesse en amont est
toujours beaucoup plus faible qu’en suivant
naturellement le courant, aussi la plupart des
voyages vers le sud se font à pleine charge.
Quand il s’agit de remonter, cependant, les
navires ont tendance à être presque complè-
tement à vide.
Parfois, on n’utilise même pas de bateaux, mais
on construit de simples radeaux avec quelques
troncs de bois et on y place le chargement.
Parallèlement, les marchands observent en
marchant depuis la rive. Ce procédé est habi-
tuellement utilisé pour les marchandises qu’il
n’est pas nécessaire de surveiller, comme les
pierres extraites des carrières du nord, dans
les Montagnes Gudabak.
122 ENTRE LES FLEUVES
Passagers et informations
Les caravanes ne transportent pas seulement
des biens physiques, mais aussi des passagers
qui y voient le moyen le plus sûr d’atteindre
leur destination. Avec eux voyagent également
des rumeurs, des histoires et des nouvelles
qui, dans certains cas, peuvent susciter plus
d’intérêt que ce que la caravane elle-même
peut porter. Parfois, un message ou un petit
fragment d’informations vaut plus que toute
autre marchandise.
Néanmoins, il existe un type de message de
nature trop sensible et trop important pour
être laissé aux caravanes qui ne se caracté-
risent généralement pas par leur vitesse. Il
s’agit de missives de nature administrative ou
de guerre, émises par le gouvernement et l’ar-
mée d’Akkad.
Leur acheminement est réalisé par le courrier
impérial, un ensemble de cavaliers exception-
nels qui ont le pouvoir de réquisitionner n’im-
porte quel cheval s’ils pensent cela nécessaire
à l’accomplissement de leur mission : faire par-
venir les messages officiels aussi rapidement
que possible.
Sargon sait qu’un bon système de communica-
tion (et surtout un système séparé des Assur)
est crucial pour maintenir le pouvoir, et grâce
au courrier, des nouvelles lointaines arrivent à
ses oreilles à une vitesse surprenante. On dit
qu’un courrier pourrait battre un faucon dans
une course.
IMPORTATIONS
Le commerce en Akkad n’est pas qu’en intérieur.
En fait, il y a beaucoup de matières premières
provenant de terres lointaines. Lapis-lazuli et
jaspe de Magan, nacre et ivoire de Melunhha,
albâtre et cornaline de la civilisation légendaire
de Halil... Les origines possibles sont très
nombreuses. À tout cela s’ajoutent l’artisanat
de villages exotiques, les métaux apportés des
montagnes et les animaux étranges qui ha-
bitent des vallées reculées.
Ces produits atteignent un prix élevé, car ils
sont dotés d’un statut presque légendaire.
Seuls les plus courageux des marchands osent
défier le désert, la mer ou les montagnes pour
les obtenir. Et peu de ceux qui partent en re-
viennent vivants.
Mais ceux qui y arrivent peuvent profiter d’une
vie de luxe et d’opulence.
LES GRANDES CITÉS
Bien que l’on puisse penser que les cités d’Ak-
kad ne se distinguent que par leur situation
géographique et leur dieu, une telle affirma-
tion ne pourrait être plus éloignée de la réa-
lité. Chaque cité a ses particularités propres,
ses détails et ses coutumes qui, si elles sont
ignorées, peuvent coûter la vie au voyageur
ignorant. Nous vous présentons ici les grandes
cités les plus puissantes de l’Empire, en accor-
dant une attention particulière à ce qui les rend
différentes les unes des autres.
AKKAD
Akkad est la capitale de l’Empire, à qui il doit
son nom. Fondée par Sargon peu après son ar-
rivée au pouvoir, elle montre parfaitement les
deux caractéristiques qui définissent le mieux
les Awilu : le pouvoir et la décadence.
Le pouvoir parce que c’est le quartier général
de l’armée de Sargon et la cité d’où il gou-
verne. Ses impressionnantes murailles, dix fois
la taille d’un Mushkenu, sont recouvertes de
chaines sur toute leur surface. De ces chaines
pendent des milliers de corps dans divers
états de décomposition : les cadavres de ceux
qui ont osé défier l’autorité de l’Empereur.
Continuellement gardée par les plus féroces
des soldats des forces de Sargon, l’immense
Ziggurat qui sert de palais à ce dernier domine
avec ses dimensions gigantesques la cité et,
par extension, l’Empire.
Contrairement aux autres cités, Akkad n’est
consacrée à aucun dieu, ni ancien ni nou-
veau, car Sargon déteste toutes les divinités.
C’est pourquoi aucun être divin ne vit dans
la Ziggurat, seulement l’Empereur lui-même.
Cependant, pour la plupart des gens, peu de
choses différencient l’Alchimiste immortel
d’une déité.
 LES GRANDES cités
Au sommet de l’immense bâtiment brûle avec
une force presque magique une flamme éter-
nelle. Seuls les responsables de son entretien
et Sargon lui-même savent si elle est réelle-
ment alimentée par des moyens magiques ou
simplement grâce à un approvisionnement
sans fin en combustible. Mais le fait est que
sa lumière rayonnante en fait un phare puis-
sant, qui se démarque vivement le jour, mais
encore plus pendant la nuit. La combinaison
de la hauteur du monument et de l’intensité de
sa luminosité éclipse les étoiles elles-mêmes et
suffit à éclairer les rues de la cité, en produi-
sant des milliers d’ombres folles et déformées.
Sa lumière est si puissante qu’elle peut même
être vue depuis d’autres cités, qui l’admirent
comme la démonstration du pouvoir de la
civilisation.
On dit que ce n’est que lorsque la flamme d’Ak-
kad s’éteindra que l’Empire tombera. Certains
vont même encore plus loin et assurent que
Sargon restera en vie tant que la lumière de
sa Ziggurat brillera. Bien sûr, la plupart des
érudits méprisent ces commentaires qui
ne sont rien de plus que des rumeurs et des
bavardages.
Mais la force et la puissance militaires ne sont
pas la seule chose qui caractérise la capitale.
Akkad est, de toutes les cités-États, la plus
décadente. Désireuses de se trouver le plus
proche possible de l’Empereur dans une vaine
tentative d’attirer ses faveurs, une multitude
de familles nobles se sont installées dans cette
cité. Et avec elles, elles ont apporté vices,
opulence et corruption. À Akkad se déroulent
les orgies les plus débridées et les fêtes les plus
déchainées imaginables. Aucun plaisir n’est
trop cher, interdit ou extravagant pour l’élite
de la noblesse et presque n’importe quel plaisir
concevable est disponible quelque part dans la
cité.
Dominant cette masse de nobles dépravés et,
par extension, la classe supérieure de l’Em-
pire, se trouve le légendaire Kitimtu-shetu, le
Gardien des Secrets. Toujours reclus dans son
logis, qui dans n’importe quelle autre cité serait
digne d’être considéré comme le palais de l’En-
si, il ne permet à personne de le contempler. Il
laisse toujours voir son influence à travers ses
123
agents, qui sont à la fois ses yeux et ses mains,
alors qu’il (ou elle, car son sexe est inconnu)
est protégé par les puissants muscles de ses
gardes. En effet, non seulement sa maison est
de taille considérable, mais ses protecteurs
sont presque trop nombreux pour un simple
noble.
La raison de son pouvoir et de sa fortune est
simple : le Gardien des Secrets fait le commerce
d’informations. Comme son nom l’indique, il
est le gardien d’innombrables connaissances :
de la liste des amants d’un noble, à l’emplace-
ment des tablettes contenant un puissant sort.
Rien n’échappe à son regard, et pratiquement
toutes les grandes familles se tournent vers lui
à un moment ou un autre. Le Kitimtu-shetu
semble toujours avoir la réponse à ce qu’on lui
demande, mais exige un prix élevé pour la ré-
véler. Ainsi, il tisse lentement un réseau crois-
sant d’influences, ce qui en fait dans la pratique
l’un des grands pouvoirs de l’Empire, craint par
les rois, les sages, les prêtres et les généraux.
Le vrai nom du Kitimtu-shetu est inconnu. De
plus, il se peut qu’il ne s’agisse même pas d’une
seule personne, car il existe depuis plus de sept
cents ans et il est impossible qu’un Awilu vive
aussi longtemps. Beaucoup pensent donc qu’il
passe sa charge à ses descendants. Il y a bien
d’autres explications moins plaisantes à ce
phénomène, comme la possibilité qu’il partage
l’immortalité de Sargon ou même qu’il n’est pas
une créature originaire de Kishar. Certaines
histoires parlent d’un visage ressemblant à un
éléphant, tandis que d’autres racontent que ce
n’est qu’une ombre à peine tangible.
Quelle que soit la réalité, le Kitimtu-shetu aime
s’entourer du mystère le plus épais.
ASSUR
Assur est la plus petite des cités-États de l’Em-
pire, mais en même temps, elle est aussi l’une
des plus importantes. De ce point de vue, elle
se trouve juste derrière Akkad, la capitale. Sa
petite taille est due au fait qu’étant une cité de
marchands, un volume important de sa po-
pulation ne se trouve généralement pas dans
ses murs pendant la majeure partie de l’année.
Beaucoup d’Assur n’ont même jamais mis les
124 ENTRE LES FLEUVES

pieds dans le centre de la cité, se consacrant
plutôt à parcourir sans relâche les routes com-
merciales qui la relient aux autres cités.
La cité d’Assur domine un immense empire
commercial, composé de dizaines, voire de
centaines, de Karum. Ces quartiers de mar-
chands sont des répliques en miniature de la
cité d’où ils viennent, donc si l’on veut avoir
une idée de ce que à quoi Assur ressemble, il
suffit d’entrer dans le Karum d’une cité. Même
certaines populations qui se trouvent au-delà
de la sphère de pouvoir de l’Empire, comme
Tadmor, qui est situé au milieu du désert
d’Éria, disposent d’un Karum.
Par ailleurs, Assur n’est pas divisée en quar-
tiers nobles et banlieues, comme les autres
cités, mais les deux s’y mélangent. Bien que les
Awilu d’Assur comptent, comme leurs contre-
parties d’autres cités, de nombreux esclaves,
ils les traitent d’une manière qui choquerait
plus d’un noble.
Parfois, vu de l’extérieur, il semble presque
qu’ils ont des conversations avec des pairs. Ou
avec un employé plutôt qu’avec un serviteur.
Tous les esclaves vivent près de leurs maitres
et, bien qu’ils continuent de leur appartenir,
ils jouissent de certains droits. Ils n’ont pas à
craindre pour leur vie, car à Assur il est illégal
de tuer un esclave sans raison valable. Ils sont
également autorisés à posséder leurs propres
biens, ainsi qu’à diriger leurs propres affaires,
même s’ils doivent remettre un pourcentage
considérable de leurs bénéfices à leurs maitres.
Par conséquent, les Assur possèdent des
Mushkenu, et même des Wardu, qui opèrent
comme marchands, commerçants ou agents
dans des lieux et des situations où leurs
maitres ne pourraient pas intervenir. Tant les
maitres que les esclaves tirent bénéfice de
cette situation et ils ne voient donc pas pour-
quoi ils devraient changer leur manière d’agir.
Un esclave content travaille mieux et les fidèles
d’Ashur se souviennent encore comment ils vi-
vaient avant la conquête de Sargon.
Pourtant, malgré les avantages dont jouissent
les esclaves d’Assur vis à vis des pauvres diables
d’autres cités, ils restent toujours la propriété de
leur maitre. Leur existence n’est pas simple et ils
ne pourront jamais rêver de liberté ou recevoir

LA TOUR DE L’ÉLÉPHANT

Il y a au centre d’Assur un bâtiment dont la hauteur rivalise avec celle de la Ziggurat elle-même,
qui aurait été érigé en une seule nuit par sorcellerie et qui contiendrait à l’intérieur des secrets que
beaucoup aimeraient avoir la chance de connaitre. On l’appelle la Tour de l’Éléphant.

Propriété de Yara, un sorcier célèbre pour son intérêt pour les objets liés au culte de Lummu-
Kuzaku, la Tour de l’Éléphant est un spectacle fascinant. Sa silhouette brillante émerge vertica-
lement vers le ciel, reflétant la lumière de la lune la nuit et brûlant comme une lance de feu le
jour. Peu d’yeux peuvent supporter de la regarder directement trop longtemps. Ses murs sont
parfaitement polis et la construction ressemble à un cylindre parfait de plus de 15 kanu de haut,
d’une seule pièce, faite à partir de l’argent le plus délicat.

De plus, cette tour se distingue par sa renommée parmi les voleurs de tout Akkad. On dit qu’à
l’intérieur se trouve le Cœur de l’Éléphant, une gemme légendaire qui donnerait le contrôle sur les
esprits et Utukku à celui qui la possède, lui accordant sagesse et pouvoir.

Ceux qui ont tenté d’y pénétrer disent qu’il est impossible de l’escalader et que les jardins luxuriants
qui l’entourent sont peuplés de lions silencieux, affamés de chair humaine. Mais qui sait si ce ne
sont pas que des bavardages et des inventions ? Car ils sont peu ceux qui ont tenté de la prendre
d’assaut et en sont sortis vivants. Seuls sont revenus ceux qui ont abandonné à mi-chemin cette
entreprise titanesque, avant de commettre l’erreur de prétendre y pénétrer.
 LES GRANDES cités
le même traitement que leurs maitres. Ils ont
juste une vie plus confortable.
Une autre différence qui caractérise Assur est sa
position vis-à-vis des dieux. Aucun temple n’y
est érigé en l’honneur des Igigu, les Dieux des
Étoiles. A la place, les Assur remettent leur foi
en Ashur, le Seigneur des Marchands. Qui plus
est, l’Ensi de cette cité est connu sous le nom
d’Isshiak Ashur, l’«  administrateur d’Ashur  »,
qui est chargé de s’assurer que les projets de
son dieu pour son peuple soient accomplis. Son
travail n’est pas de nature religieuse (c’est à
cela que servent déjà les prêtres) mais son titre
indique qu’il doit gérer correctement les biens
d’Ashur.
Il est le seul, en dehors du cercle le plus intime
du culte d’Ashur, qui ait le privilège de discuter
directement avec l’Anunnaki. Sa volonté est
celle du dieu.
Ce qui rend le comportement de l’actuel
Isshiak Ashur, Ashurbanipal, un peu suspect.
Sa recherche inlassable de documents écrits
dans l’ancienne langue a attiré l’attention de
nombreuses personnes. Surtout parce qu’il ne
stocke même pas ces volumes trouvés dans
son palais, mais dans une bibliothèque basée
dans la Ninive voisine.
DUR-SHARRUKIN
Dur-Sharrukin (la forteresse de Sargon) a le
titre officiel de palais d’été de Sargon. Il n’y
a pas d’autre village de l’Empire plus au nord
et l’air frais des Montagnes Gudabak fait qu’il
est agréable d’y passer de longues périodes,
surtout pendant les mois les plus chauds de
l’année.
En réalité, la véritable fonction de Dur-
Sharrukin est tout autre. Ce n’est pas un palais,
mais une forteresse et personne ne peut s’y
tromper, car elle est construite sur une im-
mense plateforme accessible uniquement par
trois rampes bien défendues. En outre, des
murailles dont l’épaisseur et la hauteur riva-
lisent avec celles d’Akkad, la protègent.
À l’intérieur de ces murs se trouvent les dé-
pendances de Sargon et les installations
125
nécessaires pour entretenir mille cinq cents
soldats. Seuls ses jardins luxuriants semblent
être la seule concession au luxe de cette en-
clave spartiate.
Ce que Sargon fait vraiment quand il se rend
à Dur-Sharrukin et pourquoi il maintient une
base d’opérations si loin au nord sont des
secrets que seuls ses plus proches généraux
connaissent. Même la plupart des soldats
stationnés là-bas ne savent pas avec certitude
ce qu’ils gardent. Certains pensent qu’il s’agit
d’un avant-poste pour préparer une invasion
de la Cimmérie. D’autres affirment que c’est
le camp de base des expéditions pour le Lac
Urmia, où des créatures étranges sont censées
habiter. Les plus suspects disent avoir vu des
alchimistes impériaux rôder près des jardins,
dont l’entrée est strictement interdite...
Peut-être qu’aucun d’entre eux n’a raison.
Peut-être qu’ils ont tous raison. Cependant, ce
que l’on peut affirmer avec certitude, c’est que
Sargon se rend à Dur-Sharrukin de plus en plus
souvent.
ERIDU
Eridu, la porte pour la grande mer, est la plus
ancienne de toutes les cités de l’Empire. Elle a
plus de 250 000 ans et c’est là que les Apkallu
sont sortis des eaux pour enseigner aux
hommes les rudiments de la civilisation. Ses
murailles furent les premières à être érigées et
ses canaux sont le modèle à partir duquel tous
les autres furent creusés.
L’un des matériaux les plus rares dans la
construction est la pierre, car elle doit être
chargée depuis de lointaines carrières à un
coût élevé, que ce soit par voie d’eau ou par
caravane. C’est pourquoi elle est réservée aux
bâtiments importants tels que les temples, les
monuments, les murailles ou les palais. Mais
Eridu est l’exception. Kuthalu y est adoré
plus que tous les autres dieux et, en récom-
pense d’une telle démonstration de foi, les
créatures qui sont sous ses ordres apportent
régulièrement à la surface des blocs de pierre
cyclopéens, extraits de la cité submergée de la
divinité.
126 ENTRE LES FLEUVES
Grâce à ces énormes blocs de pierre, qui ap-
paraissent la nuit sur les plages qui entourent
la cité, les habitants d’Eridu ont réussi à
construire une immense cité entièrement en
pierre. Même les humbles habitations des
esclaves sont construites à partir de ce maté-
riau résistant. La conséquence de ceci est que,
puisque les blocs sont déjà ornés par des sym-
boles d’adoration au Seigneur des Rêves, cela
signifie que toute la cité agit comme un grand
temple dédié à Kuthalu.
Comme summum et modèle de toute cette
maçonnerie se trouve l’incroyable Ziggurat,
qui est séparée de la cité proprement dite. Elle
est au milieu de la mer, à près de cinquante pas
du rivage. On dit que ses niveaux inférieurs pé-
nètrent très profondément sous l’eau et qu’ils
ont été construits par les Apkallu eux-mêmes,
en travaillant immergés dans l’océan salé.
Eridu est une cité portuaire, et la seule direc-
tement en contact avec la grande mer. C’est
pourquoi elle est devenue un melting-pot de
langues et de cultures où cohabitent pirates,
voyageurs, aventuriers et contrebandiers. À
l’intérieur de ses murailles n’importe qui peut
être accueilli, peu importe son apparence ou
que sa langue soit étrangère. Il semble tou-
jours y avoir du travail disponible pour qui a
peu de scrupules ou d’exigences.
La cité s’est également fait connaitre pour le
commerce du sel, qui non seulement aroma-
tise les repas, mais est aussi un ingrédient
indispensable pour tout exorciste qui veut être
considéré comme tel. Cet assaisonnement,
en apparence inoffensif, est une arme très
puissante contre les Utukku : un cercle de sel
correctement tracé peut interdire le passage
au plus grand des démons. Pas étonnant que
de nombreux criminels se consacrent à sa
contrebande.
Par ailleurs, on dit que sous ses rues, dans le ré-
seau complexe d’égouts sur lequel se tiennent
ses trottoirs, se cachent des sociétés et des
cultes qui ne pourraient exister dans aucune
autre cité d’Akkad. Depuis des combattants
pour la liberté des Races Créées jusqu’aux
ordres de prêtres fous qui professent leur foi à
des dieux étranges, d’au-delà de l’océan.
De plus, cette profusion de criminels et de
hors-la-loi est encouragée par l’indifférence
de Shedded-Uk, l’Ensi d’Eridu. Navigateur et
explorateur inégalé, le Roi-Sorcier de la cité
passe très peu de temps derrière ses murs,
juste le minimum indispensable pour préparer
une nouvelle expédition vers des endroits loin-
tains et inaccessibles. Ses voyages l’ont conduit
sur les mystérieuses terres de l’Est, dont il est
revenu chargé de soies, et dans les civilisations
inconnues du sud, que ses récits sur les peuples
étranges qui y habitent ont rendu célèbre.
Certes, si quelqu’un est à la recherche d’un
emploi lucratif (ou qu’il veuille fuir loin) et ne
se soucie pas des risques, il trouvera proba-
blement quelque chose à faire sur l’une des
expéditions de Shedded-Uk. Le Roi-Sorcier est
connu pour ne pas faire de distinctions de race,
de sexe ou de statut et ne pose jamais de ques-
tions. Les seules choses qui l’inquiètent sont
l’habileté et le professionnalisme de ceux qui
voyagent avec lui, laissant de côté toute autre
considération.
ESHNUNNA
Eshnunna abrite l’une des merveilles les plus
remarquables de l’Empire, qui attire des mil-
liers de voyageurs et fascine tous ceux qui la
voient : le Zammertu, le plus grand chœur de
tout l’Empire d’Akkad. Composé en tout de
deux cent cinquante esclaves, il n’utilise que
des instruments à percussion et la voix de ceux
qui le forment.
Son origine remonte à mille trois cents ans
et chacun de ses membres est un esclave
spécialement formé dès son plus jeune âge.
Les personnes chargées de le diriger sont les
Burbalag, eux-mêmes esclaves vétérans, qui
se promènent dans les rues de la cité en ob-
servant attentivement les jeunes Mushkenu.
S’ils voient des bras forts ou un potentiel de
chant, il est de leur devoir d’exiger des proprié-
taires actuels qu’ils leur remettent l’individu en
question.
Dans des conditions normales, le fait qu’un
Mushkenu exige quelque chose d’un Awilu
serait inconcevable, mais à Eshnunna, les
Burbalag ont la liberté de faire ce qu’ils veulent.
 LES GRANDES cités
Les futurs membres du Zammertu suivent un
régime d’entrainement intense et impitoyable.
Une fois terminé, ils font partie des Shir, les
interprètes de chansons incroyables, mais in-
capables de parler sans chanter, ou des Shugid,
qui frappent avec force et en rythme les tam-
bours les plus sonores pendant des heures
pour ensuite tomber inconscients. Mais il y a
des tambours si puissants que même les plus
forts des Mushkenu ne peuvent pas en jouer et
pour eux les Burbalag choisissent dix Wardu,
d’une force incroyable, qui, avec leurs bras
puissants, frappent des instruments qui pro-
duisent des sons si graves qu’ils se ressentent
plus qu’ils ne s’entendent.
Contempler le Zammertu en action est une
expérience inégalée. Ils interprètent toujours
la même composition et le font toujours le
même jour, le troisième de chaque mois. Ce
que personne ne sait, car il a été perdu dans
les arènes du temps, c’est le but réel de ces
concerts. Eshnunna est tombée sous le joug
d’une terrible malédiction et ces sons tiennent
les démons à distance. Si le Zammertu ces-
sait de jouer une seule fois, Eshnunna serait
rasée par des démons, qui ne laisseraient rien
debout.
Malheureusement, il semble que ces rituels
commencent à perdre en popularité dans
la cité. Une étrange maladie de l’oreille se
propage parmi ses habitants, qui provoque
une douleur intense lorsqu’ils entendent des
sons forts et graves. De nombreuses voix
commencent à s’élever dans la cité contre le
Zammertu, plaidant pour son annulation. Cela
n’aide pas non plus que la concubine préférée
de Nur-Akhum, le Roi-Sorcier d’Eshnunna, ait
été la dernière choisie par les Burbalag pour
rejoindre le chœur.
KISH
En regardant sur une carte la localisation de
la cité de Kish, éloignée des deux fleuves, un
voyageur qui ne la connait pas pourrait penser
qu’elle est pauvre et en déclin, voire en ruines.
Mais la réalité est bien différente.
Kish est un verger, une oasis au milieu du dé-
sert où la végétation abonde, remplissant tout
127
de sa luxure et de son parfum. Pourtant, même
si tous ceux qui s’y sont rendus s’accordent sur
cet aspect de la cité, les descriptions contra-
dictoires sont aussi courantes, qualifiant son
parfum d’irrésistible ou d’insupportable. Pour
certains témoins, Kish est un paradis sur terre,
tandis que pour d’autres, c’est un endroit
violent et hostile.
Les fruits des arbres qui ornent les rues de
cette cité sont également connus dans tout
l’Empire. On dit que leur goût est exquis, et
certains prétendent même que, bien prépa-
rés, ils peuvent accorder l’immortalité aux
hommes, comme l’a fait le pain sacré pour les
Dieux Anciens. Qu’elle détienne ou non une
certaine vérité, cette théorie est impossible à
vérifier pour un étranger, puisque les fruits,
bien que conservés frais pendant des mois à
l’intérieur de Kish, pourrissent peu de temps
après avoir quitté les limites de la cité.
Tant d’exubérance vient de la générosité de
Shuk-Nippurash, la Déesse de la Fertilité et de
l’Amour. Elle exerce son patronage sur Kish
et veille sur ses fidèles, ce qui fait qu’ils ne
manquent de rien. En récompense de tels dons,
les citadins reconnaissent qu’ils lui doivent leur
existence et l’adorent avec un fanatisme qui
frôle la folie.
Tant et si bien que le culte de tout autre dieu,
nouveau ou ancien, est extrêmement restreint
entre les murailles de Kish, devenant pratique-
ment anecdotique et sans lieux de culte. La
seule exception à cette règle est le petit temple
d’Assur, situé dans l’un des plus petits Karums
de l’Empire. La Mère est une amante jalouse et
exige toute l’attention de ses fidèles.
Ses prêtresses sont appelées Gudapshu et la plus
importante d’entre elles, la grande prêtresse,
occupe également le poste d’Ensi de Kish. De
plus, il n’existe pas de hiérarchie de ministres
et de responsables laïcs. L’administration de
la cité est entièrement dirigée par le temple.
C’est une situation unique dans tout l’Empire,
car aucune autre cité ne concentre les autori-
tés religieuses et civiles en une seule personne.
Qui plus est, une telle accumulation de pouvoir
est strictement interdite, sous peine d’encourir
la colère de l’Empereur.
128 ENTRE LES FLEUVES

SARGON ET KISH

Sargon est né à Kish, où il a servi comme échanson du roi Ur-Zababa. C’était un jeune
homme intelligent, audacieux et prometteur, doué à la fois pour la guerre et les études.
Son caractère aimable le rendit populaire à la cour, tandis que sa discipline et son dévoue-
ment lui permirent de se démarquer dans un environnement extrêmement concurrentiel.

L’identité de ses vrais parents est inconnue, car il a été retrouvé alors qu’il était encore
bébé par la femme du jardinier royal à l’intérieur d’un panier en osier, qui flottait en
aval. Celle-ci l’éleva comme son fils et il reçut ainsi l’éducation réservée aux serviteurs
du palais.

Mais une nuit, Ur-Zababa se réveilla agité. Il avait fait un horrible cauchemar. Il consul-
ta son devin qui lui dit que le sens du rêve était clair  : un jour viendra où Sargon lui
arrachera tout ce qu’il possède. Terrifié et craignant que la prophétie ne se réalise, le
roi décida d’assassiner le jeune homme. Ur-Zababa ne pouvait guère imaginer que ses
actions allaient mettre en marche la prophétie qu’il avait lui-même tenté d’éviter et qui,
ce faisant, allait changer la face de Kishar pour toujours.

Par trois fois, Ur-Zababa tenta de mettre fin à la vie de Sargon et il échoua à chaque
fois. Une voix douce, qui disait être la déesse Shuk-Nippurash, a averti le jeune homme
à chaque tentative, le sauvant d’une mort certaine. Après la dernière tentative, Sargon
décida que sa patience était épuisée. Il aimait passionnément son seigneur et sa cité,
mais il fallait qu’il agisse. De plus, cette voix agréable, qui semblait se préoccuper de lui,
l’incita à le faire.

L’histoire sur la façon dont Sargon s’est échappé de Kish, est devenu l’Alchimiste, a réuni
son armée et a conquis Sumer est longue et bien connue de tous, de sorte que nous ne
la répèterons pas ici. Mais il est important de rappeler que, de toutes les cités, Kish fut
la première que le Seigneur de la Guerre conquit. Il la choisit peut-être par nostalgie ou
au contraire, poussé par une haine froide. Quelle que fut sa motivation, le fait est que
Kish tomba.

Et c’est à ce moment que Shuk-Nippurash prit ce que Sargon lui avait promis. Le prix
en échange des connaissances et des faveurs qui lui permirent d’aller aussi loin était la
première cité à succomber sous ses armes. Ainsi, remplissant sa part du marché, Kish
devint la propriété de la déesse.

Nous ne saurons jamais si à cette époque Sargon détestait déjà les dieux, Igigus ou
Anunnaki. Le fait est que, depuis lors, Kish est et sera détenue par Shuk-Nippurash. Et
personne, pas même l’Empereur, ne peut rien faire pour changer cela.

Chroniques de l’origine de l’Empire, 15ème Volume

Le fait est que la domination exercée par Shuk-
Nippurash à Kish dépasse celle de tout autre
dieu de sa cité. Par ailleurs, cette déesse est
l’une des plus populaires de l’Empire, et on
commence à dire qu’elle veut étendre ses dons
à d’autres cités voisines, à commencer par
Nippur, celle des Mille Déités. Y parvenir serait
quelque chose sans précédent, qui mettrait à
mal l’équilibre des pouvoirs en Akkad.
Mais quelle femme ou quel homme pourrait
résister aux dons de la Mère ?
 LES GRANDES cités
LAGASH
À Lagash se trouve un matériau précieux, le
bois, que les autres cités convoitent. Mais en
même temps, il lui manque aussi l’argile, élé-
ment de base sur lequel reposent toutes les
autres cités. La raison de cette particularité
est qu’elle est construite sur un marécage, d’où
son surnom « la fangeuse ».
Située tellement au sud que l’on peut sentir
le puissant arôme du sel, Lagash est une cité
inondée. La plupart de ses rues sont étroites
et, dans certains cas, très peu stables. Des
masses d’esclaves s’y entassent pour tenter de
traverser ses rues si serrées, pour atteindre
leur destin. Mais en contrepartie, elle est aussi
parcourue par un réseau complexe et touffu de
canaux qui relient les différents quartiers de
la cité. Tous les nobles disposent de bateaux,
tous plus voyants et ouvragés les uns que les
autres, avec lesquels ils parcourent paisible-
ment les canaux.
Les maisons de Lagash ne sont pas, comme
cela est logique, construites à partir de briques
d’argile, car celles-ci se désagrègeraient rapi-
dement en raison de l’humidité environnante.
Pour les construire, on utilise les troncs des
arbres et les roseaux que l’on trouve partout
dans cette zone de l’Empire. Qu’il s’agisse de
la plus humble cabane d’un Mushkenu ou de la
demeure la plus opulente d’un noble, presque
tous les bâtiments de Lagash sont érigés ainsi.
La Ziggurat, un spectaculaire ouvrage d’ingé-
nierie réalisé presque exclusivement à base de
bois et de peaux, mérite le détour. Elle n’est pas
la plus grande de l’Empire, mais elle a la particu-
larité de flotter et de se déplacer sur des canaux
spécialement conçus à cet effet. Cela permet au
monument de s’aligner sur les constellations ap-
propriées à tout moment, selon les insondables
desseins du grand prêtre de Kogu-Shogtosshu,
le dieu tutélaire de la cité.
Il est d’ailleurs étonnant que les étoiles soient
si parfaitement visibles la nuit à Lagash. Ce
fait ne serait pas étrange s’il n’y avait pas cette
couche perpétuelle de brouillard qui recouvre
la cité. En effet, cette brume rend impossible
de voir quoi que ce soit au-delà de quelques
129
mètres et transforme la journée la plus bril-
lante en un crépuscule sombre, humide et
oppressant. Cependant, cette brume, qui est
capable de bloquer les rayons du soleil, laisse
libre cours à la lumière qui provient de la nuit
étoilée.
Seuls quelques bâtiments, sept tours, s’élèvent
au-dessus de ce brouillard épais. Construites il
y a des millénaires, elles sont entièrement en
pierre et les secrets de leur construction ont
été perdus. Chacune de ces tours abrite l’une
des Sept Maisons qui gouvernent Lagash, qui
dispose d’un système de gouvernement parti-
culier, axé sur elles.
Le Roi-Sorcier de la cité s’appelle ici le Warka,
le Porteur du Masque. Il est nommé ainsi
parce que, du jour où il est investi à son poste
jusqu’au jour de sa mort, il doit porter un
masque très ancien, transmis de génération en
génération. Son origine remonte au premier
roi de Lagash, qui l’a porté il y a des dizaines
de milliers d’années.
Après la mort du Warka, les patriarches des
Septs Maisons se réunissent en concile et dé-
cident de celui qui aura la responsabilité de le
porter et ils doivent désigner l’un d’entre eux
pour ce poste. Pourtant, contrairement à ce
que l’on pourrait penser, aucun des patriarches
ne souhaite être investi, car celui qui enfile le
masque semble cesser d’être lui-même et sa
personnalité, sa façon de parler et même ses
gestes changent complètement. Il ne montre
aucun favoritisme à la famille dans laquelle il
est né et, au lieu de cela, il prend toujours la
meilleure décision pour l’avenir de la cité.
La rumeur veut que le terrible masque en-
fermerait l’esprit de Gudea, le premier roi de
Lagash, qui l’aurait fait fabriquer dans l’espoir
d’atteindre l’immortalité. Le fait est que le
Warka s’est toujours avéré être un souverain
juste et sage, prenant les décisions les plus
appropriées. Ce n’est qu’ainsi qu’une cité telle
que Lagash a pu survivre jusqu’à présent sous
tant de pression, assiégée par les monstres et
les Élamites.
Le dernier Porteur du Masque vient de mou-
rir et aucun des seigneurs actuels des Sept
130 ENTRE LES FLEUVES

Maisons ne veut prendre sa place. Ils semblent caractéristiques de ses citadins : un insouciant
prêts à tout pour s’assurer qu’ils ne seront pas mépris de la vie et un intérêt malsain pour
élus lors du vote. l’avenir.

MARI Ce mépris de la vie se voit surtout chez les

Mari occupe une position dangereuse qui
l’oblige à être en état d’alerte constant. C’est
la cité de l’Empire d’Akkad qui se trouve le plus
à l’ouest et qui marque avec ses murailles la li-
mite de l’influence de Sargon et de son Empire.
S’agissant d’une cité frontalière, elle doit faire
face à une série de problèmes dont d’autres
enclaves n’ont pas à s’inquiéter. Sa proximité
avec le désert en fait une cible fréquente des
raids des Uridimmu et sa situation si au nord
du fleuve Buranum en fait une proie évidente
d’attaques Cimmériennes. De plus, contraire-
ment à Ninive, elle ne dispose pas de forte-
resses ou de cités voisines vers qui se tourner
pour demander de l’aide si les choses tournent
mal. Sa voisine la plus proche, Nagar, a été dé-
truite par un énorme rocher venu du ciel.
Peut-être la présence constante de dan-
gers a-t-elle motivé deux des traits les plus
nobles de la cité et leur passe-temps favori  :
s’entretuer. Sous un masque de courtoisie, de
sympathie et de bonnes manières, les Awilu
des familles les plus influentes de Mari our-
dissent constamment des plans pour assassi-
ner leurs semblables. De plus, les cibles de ces
crimes peuvent être aussi bien leurs ennemis
avérés que leurs plus proches amis. La motiva-
tion derrière ces attaques n’est pas d’éliminer
un rival ou un adversaire, mais de démontrer
sa capacité à développer la méthode la plus
complexe et la plus efficace pour prendre une
vie.
A cause de cela, les nobles de Mari doivent être
constamment vigilants, attentifs à toute per-
sonne ou tout objet qui semble un peu suspect.
Ils vivent dans l’incapacité de pouvoir vraiment
faire confiance à qui que ce soit, dans un état
de paranoïa constante qui les aide en retour
à planifier des homicides les plus élaborés et
complexes qui soient.

LE SECRET D’ABIRA-RAMUSH

Le premier jour, moi, Abira-Ramush, le Premier Devin de Mari, j’ai été témoin d’un présage : la
plus vieille des vaches de ma maison a donné naissance à un veau à deux têtes. La bête a survécu
pendant treize danna et treize ush avant de mourir.

Le deuxième jour, moi, Abira-Ramush, le Premier Devin de Mari, j’ai été témoin d’un présage  :
pendant ma sieste de l’après-midi, j’ai rêvé d’une silhouette royale, aux pieds de laquelle sont venus
des charognards, des chacals et des serpents, qui lui ont ont rendu hommage.

Le troisième jour, moi, Abira-Ramush, le Premier Devin de Mari, j’ai été témoin d’un présage : juste
après la tombée de la nuit, alors que la lune, complètement pleine, se trouvait sur le Chemin du Lait
Renversé, les cinq errants s’alignaient dans le ciel.

Le quatrième et dernier jour, moi, Abira-Ramush, le Premier Devin de Mari, j’ai décidé de confirmer
mes soupçons : j’ai jeté l’huile sacrée, examiné le foie d’une chèvre et contemplé l’intérieur du bol
vide. Toutes mes observations étaient concordantes.

Cela ne peut signifier qu’une chose : celui qui va tuer Sargon, qui est sur le trône d’Akkad depuis
deux mille ans, vient de naitre. Malheureusement, je ne connais ni le lieu de naissance, ni l’identité
de l’enfant. Je sais que mon devoir est d’informer immédiatement l’Ensi, mais je pense qu’il vaut
peut-être mieux garder cette prédiction secrète. Mais je ne peux m’empêcher de mettre cela par
écrit, de peur que mes facultés ne diminuent ou que l’ampleur de ce fait n’obscurcisse mon juge-
ment. Que mes prédictions soient consignées dans ce document pour la postérité.
 LES GRANDES cités
Ces missions sont souvent effectuées par les
Gissu, les Ombres de Mari. Formés pour de-
venir des tueurs, des voleurs et des espions
parfaits, les Gissu sont l’une des créations les
plus dangereuses de la cité-État. Ils sont élevés
dans un temple neutre qui ne doit loyauté à
personne d’autre qu’à la cité elle-même. Toute
personne qui a suffisamment les moyens peut
s’en approcher pour se payer les services
d’une Ombre. Bien sûr, les prix ne sont pas les
mêmes pour tous les clients.
Dans leur arsenal, les Gissu disposent de tout
ce qui peut être considéré comme une arme. Et
parmi ces armes, les poisons sont leur spécia-
lité. Par ailleurs, l’art de l’empoisonnement est
pratiqué dans toute la cité, car il est le passe-
temps favori de nombreux nobles, mais per-
sonne ne peut atteindre le niveau de maitrise
des meilleures Ombres.
On dit qu’en plus de faire du mal aux autres,
les Gissu connaissent aussi des formules avec
lesquelles ils peuvent améliorer leurs propres
compétences. En ingérant un champignon, ils
peuvent même changer leur propre forme phy-
sique pour les faire ressembler à un autre in-
dividu. Peut-être même à une autre race. C’est
sans doute pour cette raison que toutes les
invasions visant Mari finissent généralement
avec le chef des assaillants mort ou renversé
par ses propres lieutenants.
Mais ce qui fournit à Mari sa véritable capacité
à survivre dans les conditions qu’on connait,
c’est le fait de disposer des meilleurs devins
de tout l’Empire. Ces devins, appelés « Bapu »
en akkadien, ont tant développé leurs compé-
tences et compilé un registre d’évènements si
monumental, qu’ils sont même demandés dans
les zones les plus reculées de l’Empire. Cela
donne à l’Ensi de Mari une arme extrêmement
puissante, car il est plus aisé d’arrêter une in-
vasion ou un coup d’État quand on sait exac-
tement quand et comment cela va se produire.
Cependant, la prédiction qui est révélée peut
être aussi puissante que celle qui est cachée.
Et un client des Bapu n’est jamais sûr si l’inter-
prétation qu’il reçoit est la bonne ou seulement
celle qu’il doit entendre pour agir comme le
souverain de Mari le souhaite.
131
NIMRUD
La plupart des Rois-Sorciers de l’Empire d’Ak-
kad ne jouissent jamais de l’amour de leurs
sujets. Ils leur instillent la peur, ou peut-être le
respect, mais ils font rarement l’objet de leur
adoration. Pourtant, il y a toujours des excep-
tions, et Sammu-Ramat, la régente de Nimrud,
en est la preuve la plus frappante.
Le fait qu’une femme puisse gouverner une ci-
té-État est un évènement digne d’études. Dans
des conditions normales, cela serait inconce-
vable, étant donné que le poste d’Ensi doit tou-
jours être occupé par un homme (à l’exception
notable de Kish). Mais la beauté, l’intelligence,
la ruse et, surtout, la détermination implacable
de Sammu-Ramat lui ont permis de surmon-
ter les difficultés que son sexe représente aux
yeux des mâles.
Ses origines sont enveloppées de légendes,
peut-être créées et diffusées par la régente
elle-même. Elle aurait été retrouvée au milieu
du désert, où elle aurait vécu les premières an-
nées de sa vie élevée par un clan de colombes
qui descendaient du ciel pour la nourrir et
s’occuper d’elle. La chance voulut que Rash-
Ashamtu, le capitaine de l’armée de la cité de
Nimrud, tombe amoureux de sa beauté sur-
prenante et de son esprit encore plus aiguisé,
la prenant pour épouse.
Ils vécurent ensemble pendant trois années,
au cours desquelles le capitaine faisait l’envie
de toute la cité, y compris de son débauché
Ensi, Nimrod-Baraqu. Mais cette période de
bonheur prit fin quand, défendant Nimrud
d’une invasion Cimmérienne, Rash-Ashamtu
tomba au combat. Pourtant, loin de s’effon-
drer, Sammu-Ramat, qui avait accompagné
son mari jusqu’au front, prit les commandes de
l’armée et, faisant preuve d’un génie militaire
inégalé, la conduisit vers la victoire.
À son retour, profitant de l’occasion offerte par
le décès de son mari, Nimrod-Baraqu décida
de faire de Sammu-Ramat sa femme. Elle sem-
blait satisfaite d’une telle demande, mais qui
pourrait refuser sa main à l’Ensi de la cité ? En
quelques mois, ce mariage porta ses fruits et
Sammu-Ramat tomba enceinte.
132 ENTRE LES FLEUVES
Mais le malheur s’abattit à nouveau sur elle.
Quelques jours seulement après avoir don-
né naissance à un fils, qu’elle appela Ninash,
elle redevint veuve, son mari étant mort dans
d’étranges circonstances. En effet, lors des fêtes
en l’honneur de la naissance du jeune prince,
des prêtres, extatiques sous l’effet de l’odeur
des parfums sacrés et armés de longs couteaux
dentelés, assassinèrent et éviscérèrent leur Ensi
au lieu du bœuf qui devait servir de sacrifice. Ils
n’étaient plus maitres de leurs propres facultés,
mais semblaient comme possédés par la fréné-
sie du rite. Ils ne se rendirent pas compte que
quelqu’un avait remplacé l’agneau par Nimrod-
Baraqu qui avait été drogué.
Face à une telle tragédie, la cité décida de nom-
mer Sammu-Ramat régente de Nimrud jusqu’à
ce que son fils atteigne l’âge de gouverner. Il
aurait été plus habituel d’élire un nouvel Ensi,
mais la reine réussit à convaincre les nobles de
la cité qu’elle pourrait servir de souveraine.
Elle accomplit son devoir de manière exem-
plaire, conduisant Nimrud à une période de
splendeur comme la cité n’en avait jamais
connu depuis des centaines d’années. Les
canaux furent étendus, les murs reconstruits
et un nouveau réseau d’égouts créé. De plus,
Sammu-Ramat dirigea l’armée à de multiples
reprises contre les envahisseurs Cimmériens,
récoltant de nombreuses victoires et repous-
sant leurs assauts.
La vie dans la cité continua ainsi jusqu’à ce que
Ninash, âgé de vingt ans, fut assez vieux pour
gouverner en tant que nouveau Roi-Sorcier.
Malheureusement, la veille de la cérémonie
de couronnement du jeune homme, celui-ci
disparut. Un groupe de gardes fut témoin du
terrible évènement et ils racontèrent que le
prince héritier avait été enlevé par des Galla
qui, déguisés en hyènes, se sont approchés de
lui lors d’une chasse.
La régente en fut dévastée et offrit une ré-
compense importante à celui qui pourrait lui
rendre son enfant. Pendant ce temps, et pour
assurer la bonne marche de la cité, elle conti-
nua de gouverner à sa place.
 LES GRANDES cités
Mais ce n’est pas le seul problème de Sammu-
Ramat. Peu après l’enlèvement de son fils,
elle reçut la visite bruyante d’Ashurbanipal,
l’Isshiak Ashur. Cela rappela à certains que ce
n’était pas exactement la première fois que la
régente le voyait, bien qu’elle ait ensuite rom-
pu ses liens avec le souverain d’Assur.
Il y a déjà ceux qui chuchotent que les deux
pourraient être amants, malgré le traitement
terrible que Sammu-Ramat applique aux mar-
chands d’Assur. Mais maintenant, certaines
voix commencent à s’exprimer et osent suggé-
rer que Ninash n’aurait peut-être pas été conçu
par feu Nimrod-Baraqu.
NINIVE
Ninive est la cité-État la plus septentrionale de
tout l’Empire. Sa proximité avec les montagnes
lui permet d’obtenir une ressource naturelle
que presque aucune autre cité ne possède : les
pierres dures. Dans ses carrières d’obsidienne,
de basalte, de granit, de marbre et de diorite
travaillent de nombreux esclaves qui extraient
133
sans relâche les précieux minerais. Cependant,
il faut non seulement extraire les roches,
mais aussi les vendre partout où il y a de la
demande, une tâche lente et décourageante,
car cela demande du temps avant de faire des
bénéfices et nécessite de longs voyages.
Au début, un traité commercial avait été signé
avec Ashurbanipal, le seigneur d’Assur. Il avait
fait à Ninive une offre qu’elle ne pouvait refu-
ser : les Assur achetaient toutes les pierres que
la cité pouvait produire à un prix que personne
ne pouvait égaler. En retour, ils disposaient du
monopole de ces pierres et pouvaient les dis-
tribuer en aval (profitant de la situation idéale
de la cité à la naissance de l’Idigna) au reste
de l’Empire selon leurs propres conditions.
Les nobles de Ninive s’enrichirent et le Karum
s’agrandit.
Puis les carrières changèrent de mains. Les
nobles de Ninive commençaient à en avoir
assez de devoir s’occuper de leurs esclaves.
La poussière de pierre les rendait malades et
les changements successifs des «  conditions
134 ENTRE LES FLEUVES

de travail » provoquaient des révoltes à écra-
ser, entrainant une perte d’effectifs. Mais ils
n’avaient pas le choix s’ils voulaient maintenir
les coûts aussi bas que possible. C’est du moins
ce qu’ils pensaient.
Ashurbanipal fit alors à Ninive une nouvelle
offre  : les Assur s’occuperaient directement
de l’exploitation des carrières, en gérant leur
fonctionnement et tous les détails nécessaires
à leur bon fonctionnement. En retour, ils de-
vaient payer les propriétaires légitimes pour
les droits d’exploitation. Les Awilu de la cité
se rendirent compte qu’ils sortiraient grande-
ment bénéficiaires de ce marché, car les mar-
chands d’Assur leur en demandaient beaucoup
moins que ce qu’il leur en coutait à extraire et
à conserver les esclaves. Les nobles de Ninive
eurent un problème de moins à s’occuper et le
Karum continua de s’agrandir.
C’est alors que les Cimmériens arrivèrent. Une
horde de barbares plus nombreux que ce qui
avait été vu auparavant surgit des montagnes
et attaqua la cité. Au début, les défenses de
Ninive résistèrent, mais le siège se prolon-
geant, la situation s’aggrava. Tout indiquait
que, pour la première fois dans l’histoire de
l’Empire, une cité allait tomber devant l’enva-
hisseur. Tout semblait perdu.
Ashurbanipal fit à Ninive une nouvelle propo-
sition : les Assur viendraient en aide à la cité
assiégée, la soutenant avec leurs forces et, si
la chance leur souriait, briseraient le siège. En
retour, ils ne demandaient rien. Après tout,
les armées de Sargon se trouvaient dans le
sud juste à ce moment-là, à combattre contre
Élam et il n’y avait aucune raison pour qu’Assur
ne viennent pas en aide à une cité sœur. La
guerre se termina par une victoire écrasante
des forces alliées contre les Cimmériens, l’ar-
mée de Ninive subissant cependant de lourdes
pertes. Les Cimmériens étaient si puissants
que Ninive dut se tourner vers les troupes des
fidèles d’Ashur pour se protéger et dès lors, sa
défense fut entre les mains de soldats fidèles
aux marchands. Les nobles de Ninive retrou-
vèrent la tranquillité et la sécurité et le Karum
s’agrandit à nouveau.
Mais ces trois évènements n’étaient que la par-
tie émergée de l’iceberg. Peu de temps après,
la bibliothèque d’Ashurbanipal, entièrement
financée par ce dernier et qui abritait d’innom-
brables volumes dans ses murs, fut construite à
Ninive. Son accès est depuis limité au souverain
d’Assur et à ses plus proches alliés, dont le pu-
sillanime Shur-Uballit, le Roi-Sorcier de Ninive.
Ce roi voit son rêve réalisé, celui de pouvoir
disposer d’un immense dépôt de savoir dans le-
quel passer des heures. Et le Karum continue de
grandir. Tandis que Shur-Uballit s’enferme dans
la bibliothèque, celle qui en fait gouverne la cité
est sa femme Naqia-Zakutu, jeune et belle, de-
venue au fil du temps dure et implacable, et fille

LES CHASSEURS D’ÉCRITURES

La grande bibliothèque de Ninive, populairement connue sous le nom de bibliothèque d’Ashurbani-

pal, contient des millions de volumes. Elle est la plus grande de l’Empire, et à l’intérieur de celle-ci
on peut y trouver des œuvres appartenant à presque n’importe quelle discipline du savoir, que ce
soit de vieilles tablettes porteuses de connaissances presque oubliées ou des créations récentes de
poètes encore en vie.

Mais cette impressionnante collection ne s’est pas réunie toute seule. Il est bien connu qu’Ashurba-
nipal paie grassement pour toute œuvre qu’il ne possède pas encore et plus encore si elle est écrite
en sumérien, la langue ancienne. Dans ce cas, il peut offrir d’importantes sommes à quiconque
parvient à lui fournir des pièces en bon état pour sa bibliothèque. Et même ces richesses feraient
pâle figure par rapport à ce qu’il pourrait offrir pour un écrit datant d’avant le Déluge.

Les groupes de prospecteurs engagés dans cette tâche sont connus sous le nom de Chasseurs
d’Écritures, les Kamaru-leu. Comme le seigneur d’Assur ne fait aucune distinction de race ou d’ori-
gine, ni ne demande comment les volumes ont été obtenus, c’est une profession populaire auprès
des gens désireux de vivre des aventures ou qui ont besoin d’un travail bien rémunéré sans avoir
besoin d’attirer beaucoup l’attention.
 LES GRANDES cités
d’Ashurbanipal par ailleurs. Son influence sur
le devenir de la cité est aussi imposante que la
Ziggurat de Ninive, autrefois consacrée exclusi-
vement à Tsar-Arramash, le dieu local, mais qui
contient maintenant une série de dépendances
consacrées au culte d’Ashur.
Aujourd’hui, le Karum de Ninive est déjà plus
grand que le reste de la cité.
NIPPUR
L’immense Nippur. La plus grande des cités.
La maison des dieux. Aucune cité de l’Empire
ne l’égale en taille, et le nombre d’âmes qui
habitent derrière ses murs est considérable.
Certains disent que sa population dépasse le
million de citadins et cette estimation n’est
probablement pas loin de la réalité.
Pour preuve de sa taille impressionnante,
quand elle a été conquise par Sargon, il y avait
des quartiers de Nippur qui ne savaient pas
que la cité avait été prise jusqu’à ce que trois
jours se soient écoulés.
Et tout comme dans cette cité vivent d’innom-
brables mortels, ses temples accueillent égale-
ment une quantité démesurée de dieux. On dit
que tous les Igigu, les Dieux des Étoiles, y ont
au moins un bâtiment consacré à leur culte.
Ce n’est pas pour rien qu’un autre des noms
par lesquels Nippur est connue est « Celle des
Mille Déités ».
Cette dénomination fait de la cité le centre re-
ligieux d’Akkad, où tous les cultes (à condition
qu’ils soient dédiés aux Dieux des Étoiles) sont
autorisés. Des prêtres d’intérêts très variés y
échangent des conseils, des connaissances et
des esclaves. Ou aussi, pourquoi ne pas le dire,
des coups de couteau et des trahisons.
Sa Ziggurat, bien qu’elle soit l’une des plus
grandes de l’Empire, éclipsée seulement par
celle présidée par Sargon lui-même dans la cité
d’Akkad, n’est pas consacrée à une seule divi-
nité. Nippur n’a pas de dieu tutélaire et dans
les plus hauts étages de l’immense construc-
tion qui surplombent les rues, se trouvent trois
cent soixante chambres, consacrées à autant
de dieux différents.
135
Ce fait favorise une concurrence brutale entre
les représentants des divinités mineures, qui se
disputent toujours l’une des chambres au som-
met de la montagne de briques. Les prêtres
des dieux les plus puissants, cependant, ne
peuvent pas non plus se reposer sur leurs lau-
riers, car même si leur position est assurée, ils
luttent constamment contre les autres cultes
pour capter les âmes d’un maximum de fidèles.
Mais les temples et l’institution cléricale ne
sont pas les seules manifestations de la pro-
fonde religiosité dont Nippur fait preuve. Ce
désir d’adoration pour les Igigu se manifeste
dans deux organisations uniques à cette cité :
la Niggina et l’Inimdug.
Niggina signifie Vérité et ceux qui suivent
cette voie consacrent leur vie à la protéger et
à empêcher qu’elle soit corrompue et salie.
Les membres de la Niggina sont sélectionnés
parmi toutes les couches sociales de Nippur,
des nobles Awilu aux humbles Mushkenu qui
n’ont connu que l’esclavage. Ils possèdent tous
une éducation approfondie concernant les
Dieux des Étoiles et quelques-uns ont même
le privilège d’apprendre les terribles secrets du
firmament, qui ne sont normalement réservés
qu’aux sorciers ou aux prêtres.
Non seulement ils connaissent en détail tout ce
qu’il faut savoir sur les Igigu, mais ils considèrent
comme hérésie tout comportement qui suggère
un manque d’adoration envers ces êtres. Ils se
consacrent également à la recherche et à la des-
truction de tout document susceptible d’inciter
à remettre en question la réalité et la puissance
de leurs divinités. Il n’y a pas plus féroce dévot
qu’un membre de la Niggina.
Le mot qui les définit le mieux est «  inquisi-
teurs  ». Ils opèrent seuls ou en groupe et ont
souvent de nombreux agents qui opèrent dans
des endroits aussi éloignés que d’autres cités.
Leur foi est inébranlable. Cependant, que se
passerait-il si l’un de ces fanatiques découvrait
que ce en quoi il croit est faux  ? On dit que
les nouveaux convertis sont toujours les plus
impitoyables.
Inimdug signifie Paix et ceux qui jurent d’ap-
partenir à ce corps donneront leur vie pour
136 ENTRE LES FLEUVES
la maintenir. Nippur n’a pas de garde de la
cité, mais emploie à la place les membres de
cette organisation. Ils ne sont pas contrôlés
par le Roi-Sorcier, comme à l’habitude, mais
obéissent en théorie aux ordres d’un conseil
constitué par les trente-six prêtres les plus
importants de la cité. Bien qu’à l’heure de vé-
rité, ils ont tendance à agir avec une certaine
indépendance.
Même si, à première vue, ses membres pour-
raient ressembler exactement à n’importe quel
individu, un examen plus approfondi révèle
une différence effrayante : ils ne projettent au-
cune ombre. Peu importe l’angle de la lumière
ou la luminosité du jour, la terre ne s’assombrit
jamais à leurs pieds et leurs mains ne peuvent
pas les protéger de la luminosité du soleil.
Le processus de transformation en gardien de
l’Inimdug est secret, mais on pense que le fait
de ne pas être en mesure de bloquer les rayons
de l’astre roi est dû au fait que la lumière de
celui-ci, qui représente la justice, n’est pas ar-
rêtée par leurs corps. Après tout, leur mission
est d’incarner la justice elle-même.
Mais Shamash, le Dieu du Soleil, n’est pas un
Igigu, mais l’un des Dieux Anciens. Ce fait
conduit de nombreuses personnes à douter
des intentions de l’Inimdug, car ils voient en
eux l’influence d’un dieu vaincu. Pourtant, plus
ils reçoivent d’admiration de la part du peuple,
plus ils sont victimes d’un mépris qui ne fait
que croitre de la part des puissants. Il semble
que la paix et la justice ne soient pas les bien-
venues dans les rues corrompues de la plus
grande cité de l’Empire.
Il va de soi que Sargon a toujours soumis
Nippur à une ferme vigilance. Elle constitue, au
moins au niveau démographique, un important
centre de pouvoir. C’est pourquoi il faut men-
tionner Naram-Sin, le petit-fils de Sargon, qui
a mis moins de deux ans à se lier d’amitié avec
Sharamak, le leader de la Niggina. Et on dit qu’il
est pressenti pour rejoindre les Inimdug.
SAMARRA
Le dieu tutélaire de Samarra est Lummu-
Kuzaku, le Seigneur de la Mort, de l’Inframonde
et du Travail. Il est généralement représenté
comme un mélange obscène et hypertrophié
entre une araignée et une abeille gigantesques,
avec douze pattes et un ventre gonflé.
Les prêtres de Lummu-Kuzaku recouvrent
leur corps d’une robe noire ornée uniquement
de son symbole et couvrent leurs visages de
masques imitant celui de leur dieu, qu’ils ne
quittent jamais en public. Ces masques sont
d’autant plus élaborés que le prêtre occupe le
rang le plus élevé, des plus rudimentaires pour
les acolytes aux plus détaillés pour les hautes
fonctions. En effet, dans le cas de ces derniers,
les masques sont si parfaits qu’ils semblent
presque être le visage des prêtres. Même les
mâchoires d’araignée et les yeux insectoïdes se
déplacent lorsque le porteur parle ou regarde
d’un côté à l’autre. Certains pensent même
qu’ils ne portent pas de masques.
À Samarra, la Ziggurat ne s’élève pas vers le
ciel comme celui des autres cités, mais est
creusée vers l’intérieur de la terre. Selon ce
qu’on dit, elle serait composée de sept niveaux
souterrains, chacun plus petit et plus profond
que le précédent. Probablement seuls les
prêtres de Lummu-Kuzaku connaissent ses
vraies dimensions, mais elle doit être assez
grande en raison du nombre de corps qu’elle
abrite à l’intérieur.
En effet, tous ceux qui meurent à Samarra sont
emmenés à l’intérieur de la Ziggurat. Les Awilu
sont embaumés, mais les Mushkenu et les
Wardu sont incinérés et leurs cendres entrepo-
sées dans des urnes. Ce processus se déroule
à la Geshnukummu, la Maison de la Lumière.
La Geshnukummu est un temple situé à l’ex-
térieur de la Ziggurat, au-dessus du niveau du
sol, et construite sur une brèche dans la terre,
d’où émerge un feu vert obscur utilisé pour
les tâches désagréables qui sont effectuées à
l’intérieur.
Au centre de celle-ci se trouve la Salle des
Âmes, où une immense représentation de
Lummu-Kuzaku préside des centaines de
milliers de bougies noires qui brûlent d’une lu-
mière morte et d’un vert sombre. Chacune de
ces bougies porte un nom écrit et, peu importe
 LES GRANDES CITÉS
la puissance de l’air qui circule, jamais elles ne
s’éteignent.
Les murs de cette salle sont recouverts de nids
d’abeilles, créés par d’étranges abeilles noires
et vertes portant le symbole de Lummu-Kuzaku
sur leur abdomen. Ces insectes émettent un
bourdonnement constant et désagréable qui
perturbe l’esprit de celui qui les entend et ne
quitte pas ses pensées avant un bon moment.
De même, les plafonds sont recouverts de
toiles d’araignée, habitées par une variété de
ces arachnides de la même couleur que les
abeilles des murs et avec le même symbole sur
leur abdomen.
Lorsque quelque part à Kishar nait quelqu’un
qui est destiné à mourir à Samarra, les abeilles
travaillent à créer avec leur cire la bougie qui
représentera sa vie, tandis que les araignées
137
sont chargées de tisser avec leur soie la mèche
qui gardera la flamme allumée. Chaque jour,
au crépuscule, le grand prêtre de Lummu-
Kuzaku entre dans cette salle et allume les
nouvelles bougies, dont la longueur indique
combien de temps vivra celui dont le nom y
est inscrit. Comme il va de soi, les bougies des
Awilu ont généralement une longueur beau-
coup plus grande que celles des Mushkenu ou
des Wardu.
Quand une bougie s’épuise, quelqu’un meurt
à Samarra. Le moment est alors venu pour les
prêtres d’accomplir leurs tâches. Ils parcourent
la cité à la recherche du nouveau défunt et,
après avoir ramassé son corps, ils commencent
les rites funéraires appropriés. Une fois le dé-
funt préparé, il est temps que Lummu-Kuzaku
revendique son âme  : chaque nuit, une pro-
cession est chargée d’ouvrir les portes de la
138 ENTRE LES FLEUVES
Ziggurat et de laisser les corps à l’intérieur.
Les seules exceptions sont les nuits du mois de
Kislimum, où Pabilsag, l’Archer, domine le ciel.
En échange de ce service, le dieu protège
Samarra des esprits des morts et de la maladie.
Jamais un Etemmu n’a été vu dans la cité et
jamais une épidémie n’a frappé ses habitants.
Certains pensent que le grand prêtre a trop de
pouvoir. Après tout, qu’est-ce qui l’empêche-
rait de raccourcir une bougie ou d’éteindre sa
flamme ? Heureusement, les noms sont écrits
dans un langage qui s’avère indéchiffrable et
qui n’est probablement connu que des Dieux
des Étoiles. Comment le grand prêtre pour-
rait-il l’apprendre ?
SIPPAR
Sippar était auparavant une double cité, divi-
sée en deux moitiés, chacune se trouvant de
part et d’autre du Buranum. Originellement
deux cités distinctes qui se sont réunies, les
deux parties travaillaient en harmonie et for-
maient entre elles une force à craindre dans
tout Akkad. Malheureusement, il y a peu, un
terrible malheur s’est abattu sur la cité et il
ne reste aujourd’hui qu’une seule des moitiés,
celle située à l’est du fleuve.
Au cœur de cette catastrophe se trouve
Enmeduranki, l’actuel Ensi de Sippar. Ce Roi-
Sorcier s’est toujours considéré comme le
meilleur alchimiste vivant (avec la permission
de Sargon) et fait constamment de nouvelles
expériences, de plus en plus complexes et ris-
quées, afin d’exposer toutes ses incroyables
créations et de recevoir les éloges qu’il mérite
sans aucun doute. Mais il n’est en réalité guère
plus qu’un alchimiste médiocre.
Son échec le plus retenti fut la tentative ra-
tée de concevoir une infection particulière-
ment virulente qui n’aurait affecté que les
Cimmériens. Dans l’espoir de plaire à Sargon,
car après lui-même, ce que Enmeduranki aime
le plus, c’est l’Empereur, il ferma une section
de Sippar-Amnanum, l’ancienne moitié ouest
de la cité, et laissa à l’intérieur un groupe de
Cimmériens sur lesquels il expérimenta divers
souches de sa création.
Au début, il semblait qu’il allait réussir, car les
victimes survivaient assez longtemps pour
être en mesure de transmettre la maladie, et
à long terme, ils mouraient irrémédiablement.
Cependant, une nuit fatidique, le vent souffla
particulièrement fort et le lendemain, le fléau
commença à rendre malade les Mushkenu de
la cité. Après trois jours, un premier Awilu pré-
senta des symptômes d’infection et, à partir de
ce moment, la situation devint incontrôlable.
N’ayant pas eu la prévoyance, ou l’habileté, de
créer un antidote, Enmeduranki dû se rendre
à l’évidence que sa cité tout entière risquait de
périr. Aussi, il recourra à la seule solution qui
lui vint à l’esprit  : raser toute la moitié ouest
jusqu’aux fondations. Des milliers d’Awilu et
bien plus d’esclaves périrent dans le massacre
et depuis, Sippar-Amnanum est une terre
maudite.
Heureusement, l’infection a été éradiquée avec
succès et Enmeduranki affirme avoir détruit
toutes les fioles qui la contenaient. Cela s’est
produit il y a soixante-dix ans et il n’y a jamais
eu d’autre flambée épidémique. Cependant, il
semble que certains Mushkenu des quartiers
les plus pauvres commencent à souffrir d’une
maladie aux symptômes étranges.
L’un des sujets qui obsèdent Enmeduranki,
en plus de l’alchimie, est la croyance que sous
les fondations de Sippar sont enterrés des re-
gistres antédiluviens, soi-disant disposés là par
la main d’Atrahasis l’Immortel. Ces documents
contiendraient des connaissances, notamment
des formules alchimiques, perdues depuis plu-
sieurs milliers d’années.
L’Ensi avait perdu le sommeil à force de penser
à la manière de les récupérer jusqu’à ce qu’il
se rende compte qu’il pouvait résoudre deux
problèmes en même temps. Une grande partie
des expériences alchimiques d’Enmeduranki
ont tendance à laisser des spécimens vivants
terriblement déformés et avec un handicap,
physique ou intellectuel. Jusqu’à présent, la
pratique la plus courante consistait à tuer ces
horribles créatures, car dans la plupart des
cas, leur simple présence était répugnante.
Mais comme Enmeduranki a besoin d’es-
claves pour creuser des tunnels à la recherche
 LES GRANDES cités
des registres, il a décidé de laisser en vie ces
pauvres créatures qui ont maintenant une
nouvelle finalité.
Connues sous le nom d’Hasharu (« infirme »),
ces expériences ratées mènent des vies misé-
rables et la plupart ne revoient pas la lumière
du soleil et ne survivent pas plus de quelques
mois. Quoi qu’il en soit, ils ne pourraient pas
vivre beaucoup plus longtemps dans d’autres
circonstances non plus, car comme leur corps
est déformé et en constante évolution, ils ont
tendance à se décomposer en peu de temps.
Faisant preuve d’un certain sens de l’humour,
Enmeduranki a décidé de mettre Irka-Aru, sa
sœur cadette, aux commandes des Hasharu.
En effet, elle est née avec une terrible malfor-
mation qui l’oblige à toujours se couvrir d’un
voile.
Inutile de dire qu’Irka-Aru n’est pas très sa-
tisfaite de la situation, mais il semble qu’elle
ait trouvé un moyen d’en tirer profit. Certains
nobles de la cité trouvent très intéressante la
possibilité de disposer d’un tunnel souterrain
pour une escapade amoureuse ou pour es-
pionner un rival et ils sont prêts à payer gras-
sement pour de tels services.
En peu de temps, les efforts des Hasharu se
sont axées majoritairement à ces activités,
inconnues du Roi-Sorcier. En ce qui concerne
leur but initial, aucune trace d’avant le Déluge
n’a encore été trouvée.
C’est du moins ce qu’Enmeduranki croit. Irka-
Aru est beaucoup plus intelligente que son
frère ainé, ainsi qu’une meilleure alchimiste.
En fait, il est probable qu’elle ait pu trouver
une bien meilleure utilisation à ces anciens
documents.
UR
Ur est l’une des plus anciennes cités d’Akkad
et son histoire remonte à l’époque mythique
où les Rois vivaient des milliers d’années. Elle
s’est toujours démarquée de ses voisines par
la rigueur militaire de ses soldats et la force
de ses armées, remportant de nombreuses
victoires contre ses ennemis.
139
Cet esprit combatif est resté constant et a
même augmenté au fil du temps. Bien que son
armée ne soit plus aussi nombreuse qu’aupara-
vant, car les lois prévues par l’Empereur ne le
permettent pas, ceux qui servent dans ses rangs
sont emplis de fierté et de courage. Cette ar-
deur combative est si intense que les dirigeants
d’Ur s’entrainent sans relâche pour atteindre
des niveaux inimaginables d’habileté martiale.
Par ailleurs, ils méprisent profondément la sor-
cellerie, car ils considèrent qu’elle n’est pas une
arme digne d’un guerrier. Son souverain est un
Roi-Sorcier dans le nom seulement, car il ne
pratique absolument pas les arts mystiques.
Ce sentiment de prestige s’étend aussi aux offi-
ciers et même aux troupes, à tel point qu’il y a
une véritable vénération pour la vie de caserne.
D’ailleurs, la plupart des membres de l’armée
sont Awilu, reléguant les esclaves à des tâches
qu’ils jugent inutiles et qui les détournent de
leur véritable intérêt : la guerre.
Selon les citadins d’Ur, si d’autres cités dé-
lèguent leur défense à leurs esclaves, c’est
qu’elles ne méritent pas de posséder quoi que
ce soit si elles ne sont pas prêtes à le défendre
elles-mêmes.
Parmi toutes les forces d’Ur, il faut signaler
les Nasharu-nimru, ou Gardes Léopards. Ils
forment l’élite de l’armée et les gardes du Roi-
Sorcier. Lorsque l’héritier d’un Ensi fête ses qua-
torze ans, il choisit cent quatre-vingts hommes
parmi ses pairs de l’académie militaire. A partir
de ce moment, chacun des élus doit trouver et
tuer un léopard à mains nues et seul. Les cin-
quante-neuf premiers à y parvenir feront partie
du prestigieux corps. La place restante pour
compléter le nombre sacré de soixante sera
occupée par le futur Ensi, qui doit également
effectuer le même acte que ses compagnons.
Les rares fois où un héritier n’a pas réussi à
chasser une bête avant que ses cinquante-neuf
compagnons n’y soient parvenus, il a dû s’en-
lever la vie pour laver son honneur.
Une fois qu’il est décidé qui forme les Nasharu-
nimru, ceux-ci confectionnent une cape qui
couvre leur dos et leur tête avec la peau du
léopard mort. C’est seulement vêtus de cette
140 ENTRE LES FLEUVES

protection particulière et équipés d’un couvre-
chef, d’une lance, d’un couteau et de leurs bou-
cliers caractéristiques qu’ils entrent au combat.
A partir de ce moment, ils s’entraineront avec
l’Ensi, se battront avec l’Ensi et mourront avec
l’Ensi. Ce sont les combattants les plus habiles
de tout Akkad. Les Nasharu-nimru morts ne
sont jamais remplacés et on peut juger de l’âge
et de l’expérience d’un Roi-Sorcier d’Ur en
fonction du nombre de guerriers qui forment
sa garde. Ce sont ses protecteurs, ses conseil-
lers et ses amis. Aucun dans toute l’histoire de
la cité n’a jamais trahi son seigneur.
Ur-Ningirsu est l’actuel Ensi d’Ur et, malgré
son âge avancé, il ne semble pas avoir l’inten-
tion de quitter prochainement ses fonctions.
Il a combattu dans mille et une batailles, sa
Garde Léopard étant réduite à seulement
huit membres, tous des guerriers inégalés. Le
peuple l’adore et le vénère pour le général in-
tègre et le grand soldat qu’il est.
Cependant, Amar-Sin, son fils ainé, n’a pas la
même opinion. Il pense que son heure de gou-
verner est venue et qu’il est temps de passer à
autre chose. Il en a assez d’attendre et a planifié
d’entrer une nuit dans le palais de son père et de
mettre fin à ses jours. Il prévoit de dire ensuite
au peuple, le visage fermé, que son père a été
assassiné par un envoyé d’une autre cité.
Après tout, que peuvent faire les huit Nasharu-
nimru d’Ur-Ningirsu contre les siens  ? Ce

LA NÉCROPOLE D’UR

Le monument le plus imposant d’Ur, en dehors de son immense Ziggurat, est sa Nécropole. Toute
personne qui a contemplé la place souterraine qui est située sous le palais royal, où sont alignées
les statues de trois mille six cents soldats morts, ne peut s’empêcher d’avoir la bouche bée d’admi-
ration. Il est difficile de surmonter le spectacle de tant de combattants, aussi réels que s’ils étaient
vivants, sur le point de se jeter sur le pauvre spectateur, à qui il faut quelques secondes pour se
rendre compte qu’il ne s’agit que de statues immobiles. Que les agresseurs sont statiques depuis
des dizaines de siècles.

Il y a six millénaires, le puissant Ur-Nammu régnait sur la cité. Le plus grand guerrier après
Gilgamesh, aussi imbattable en stratégie et qu’au combat au corps à corps. Pendant son règne, il
conquit de nombreuses cités, devenant le souverain qui avait réussi à contrôler le plus de territoires
dans Sumer et qui aurait pu être encore plus grand en puissance que Sargon.

Mais les terres qu’il avait réclamées pour lui ne le satisfaisaient pas. Son ambition ne connaissait
pas de limites et il en voulait toujours plus. Après une nuit d’horribles cauchemars, il se rendit
compte qu’il y avait un royaume qu’aucun champion n’avait osé défier : l’Irkalla, le Royaume des
Morts, les terres de Nergal et d’Ereshkigal vers lesquels voyageaient les âmes des défunts.

Après un mois d’intenses préparatifs, Ur-Nammu rassembla tous les guerriers de sa puissante
armée et leur ordonna de se suicider, tandis qu’il donnait l’exemple en se tranchant la gorge. Leur
loyauté était si forte et si grande était l’admiration qu’ils lui professaient, qu’aucun des soldats ne
désobéit à ses ordres.

Sans attendre, des milliers d’ouvriers se mirent au travail pour accomplir la tâche qu’Ur-Nammu
leur avait confiée. Ils travaillèrent rapidement et efficacement, préparant les corps de l’Ensi et de
ses soldats et créant autant de statues-sarcophages que d’hommes qui composaient son armée, les
disposant en parfaite formation. Aussi féroces dans la mort qu’ils l’étaient dans la vie.

Quelques mois plus tard, le puissant empire qu’Ur-Nammu avait forgé succomba rapidement, car il
n’y avait pas d’armée pour le défendre.

Ce qu’il advint des hommes d’Ur-Nammu et si ce dernier avait atteint son objectif de soumettre
les Seigneurs de l’Inframonde sont des questions auxquelles celui qui les pose ne pourra répondre
que d’une seule manière : fouler de ses propres pieds les plaines infinies de poussière et de boue
de l’Irkalla.
 LES GRANDES cités
sont peut-être des vétérans d’innombrables
campagnes, mais Amar-Sin peut compter sur
ses cinquante-neuf Nasharu-nimru, jeunes et
puissants. Il est impossible qu’ils puissent ga-
gner face à une telle supériorité numérique.
URUK
Uruk n’a jamais vécue dans toute son histoire
un moment de splendeur et de prospérité aussi
grand que celui qu’elle connait actuellement.
Bien que ce soit une cité antique, dont l’his-
toire remonte à bien avant le Déluge, elle n’a
jamais été une participante de premier plan
des jeux politiques, étant toujours soumise
à d’autres puissances proches, d’abord Ur ou
Lagash, puis finalement Akkad.
Mais tout cela a changé avec l’arrivée au pou-
voir d’Enshakushanna, l’actuel Roi-Sorcier. Cet
Ensi, qui a accédé au trône à un jeune âge, à
seulement dix-neuf ans, s’avère être un ex-
cellent dirigeant ainsi qu’un sorcier incroyable-
ment doué. Sous son mandat, les canaux ont
été étendus et améliorés, ce qui a permis une
augmentation considérable de la population.
Les murailles ont également été reconstruites
et le commerce avec les cités voisines s’est in-
tensifié. De plus, l’armée a été renforcée, pro-
tégeant ainsi la cité des assauts fréquents des
Uridimmu et des autres envahisseurs. Enfin,
les ministres corrompus ont été éliminés et le
pouvoir du temple sur les nobles a été consi-
dérablement réduit, tandis que la Ziggurat de
la cité a été reconstruite, avec trois niveaux
supplémentaires.
C’est sans doute pour tout cela, et à cause de
la férocité implacable d’Enshakushanna, que
certaines « excentricités » lui sont autorisées.
Les caprices que seul un Roi-Sorcier aussi sage
et noble a le droit de se permettre. Il est vrai
que plusieurs conseillers se sont farouchement
opposés à ces comportements, mais ces pro-
testations ont vite cessé lorsque leurs têtes se
sont détachées de leurs épaules.
De plus, les désirs particuliers d’Enshakushan-
na deviennent souvent de splendides attrac-
tions et des merveilles spectaculaires dont
peuvent jouir tous les citadins. Par exemple, le
magnifique Zoo Royal. Ce zoo est un immense
141
espace situé dans le centre de la cité, près de la
Ziggurat. Des milliers de bêtes étranges y sont
enfermées dans des cages, à travers lesquelles
tout visiteur peut les contempler. Certains sont
exotiques et beaux, tandis que d’autres sont
monstrueusement obscènes. Le Zoo Royal est
en perpétuelle expansion et le Roi-Sorcier ré-
compense généreusement tous ceux qui sont
capables de lui apporter un spécimen vivant
d’une espèce qu’il ne possède pas.
En fait, l’Ensi semble être tombé sous le
charme d’un couple d’énormes félins tigrés do-
tés de crocs peu communs en forme de sabre.
Il les aime tellement qu’il a élevé une portée de
jeunes félins nés de ces deux animaux et les a
domestiqués. Depuis, ils l’accompagnent par-
tout. En outre, parmi ses plans figure l’élevage
de davantage de représentants de cette race
et de les offrir à ses plus fidèles généraux et
partisans.
Un autre des monuments prestigieux qu’En-
shakushanna a construit est une arène de gla-
diateurs, la plus grande de tout l’Empire. Bien
que ces combats entre esclaves jouissent d’une
grande popularité dans tout le monde d’Akkad,
c’est à Uruk que se produisent les combats les
plus spectaculaires, où les esclaves se battent
entre eux ou contre des monstres sortis du
Zoo Royal et transformés par alchimie.
Des gladiateurs de tout Kishar, et même dans
certains cas Awilu ou étrangers, viennent se
battre volontairement dans la Fosse, nom sous
lequel l’arène est connue. Et ce n’est pas pour
rien, car les enjeux sont très élevés. Si élevés
qu’ils ne peuvent être égalés dans des arènes
mineures, car une fois par an, un tournoi
collectif est organisé, d’où un seul gladiateur
peut sortir victorieux. La récompense qui va
à celui qui s’empare de la victoire est presque
incroyable : la liberté. Nulle part ailleurs dans
l’Empire et d’aucune autre manière un esclave
peut se débarrasser de son joug.
De plus, Enshakushanna offre au vainqueur
une place à ses côtés, en tant que membre
à part entière de son conseil. La plupart ac-
ceptent ce privilège et au fil des ans, l’Ensi s’est
entouré de ministres et d’assistants d’autres
races, dont des Mushkenu et des Wardu, tous
142 ENTRE LES FLEUVES
libres. Inutile de dire que peu d’Awilu voient
cela d’un bon œil…
Cependant, aucune de ces activités particu-
lières ne peut être comparée à la dernière dé-
cision prise récemment par le Roi-Sorcier. Il a
décidé que toute personne qui n’appartient pas
à sa famille ne peut pratiquer la sorcellerie à
Uruk. Depuis la diffusion de cet édit, la grande
majorité des connaisseurs des arts arcaniques
ont quitté la cité et les quelques-uns qui ne
l’ont pas fait sont poursuivis par la garde.
Lorsqu’ils sont pris, ils sont passés par le fil de
l’épée et leurs sorts sont confisqués.
On dit qu’il y a un cercle de praticiens des ar-
canes qui se rassemble dans l’obscurité de la
nuit et complote pour s’emparer du pouvoir
de l’Ensi, mais, s’ils existent, ils n’ont pas en-
core réussi à faire aboutir leur machination.
Ceci est assez surprenant, car tout souverain
qui a mené une politique similaire dans une
autre cité a toujours été rapidement renver-
sé par les autres sorciers. Mais pas à Uruk.
Enshakushanna a non seulement un grand
talent d’homme d’État, mais c’est aussi un
sorcier très puissant avec des capacités innées
pour attacher les démons à sa volonté.
LES CITÉS PERDUES
Tout comme de nombreuses cités se déve-
loppent, beaucoup d’autres gisent mortes pour
toujours, entre les rives des deux fleuves, telles
des étoiles dans le firmament. Enfouies sous la
poussière et le passage des siècles, elles ont
peut-être été victimes d’un malheur ou d’une
malédiction, ou simplement été dépeuplées à
la suite de la modification du cours des fleuves
qui leur apportaient la vie, les rendant inha-
bitables. Nous vous présentons ici quelques-
unes de ces cités, mais personne ne sait com-
bien d’autres attendent d’être découvertes et,
pourquoi pas, pillées.
ARATTA
Aujourd’hui, Aratta n’est plus que des ruines
abandonnées sur les contreforts des Sommets
des Tempêtes, mais aussi un piège mortel peu-
plé de bêtes et de démons. Autrefois, c’était
une importante cité-État qui pouvait rivaliser
avec la célèbre Uruk. La source de sa richesse
était ses vastes mines, d’où était extrait le plus
précieux des lapis-lazulis, dont la beauté n’était
dépassée que par son mystérieux pouvoir pour
maitriser les rêves.
Mais, du jour au lendemain, tout a pris fin.
L’une des équipes de prospection a été domi-
née par la cupidité en descendant trop bas et,
ce faisant, a laissé s’échapper ce qui aurait dû
rester enfermé. Une épaisse brume de couleur
brune s’est répandue dans la cité, transformant
tout ce qu’elle touchait en poussière, provo-
quant la mort des hommes par asphyxie et la
fuite des animaux.
Les érudits ont pensé qu’ils avaient tellement
pénétré à l’intérieur de la terre, qu’ils avaient
ouvert une porte sur l’Irkalla, les maisons de
poussière où vivent les défunts. Mais aucun
des survivants de la tragédie n’a pu confirmer
cette théorie qui, au fil des ans, est tombée
dans l’oubli.
Cela fait longtemps que personne n’y est entré
et certains prospecteurs croient que le temps
est venu de reprendre la cité. Peut-être que le
vent infâme s’est dissipé maintenant et qu’il ne
reste dans Aratta que de vieux os et le silence
de la mort.
Ceci et une veine lucrative de lapis-lazuli qui
n’attend que d’être exploitée.
BARSIPPA
Barsippa fut l’une des premières cités à se
livrer au culte des nouveaux dieux après la
victoire de Sargon. Ils avaient vite trouvé un
substitut à leur ancienne déité, dont le nom a
été oublié dans les limbes du temps.
Et ce nouveau dieu tutélaire n’était autre
qu’Ishim-Shagshuga, Le Feu Inépuisable. Les
citadins de Barsippa se consacrèrent à son
culte avec une frénésie incroyable, comme si
pour eux rien d’autre n’avait d’importance.
Comme si une faim irrépressible de sa chaleur
les dominait.
En raison de la manière particulière dont la
foi se manifesta au nouveau dieu, Barsippa fut
 LES CITÉS PERDUES
connue en très peu de temps sous le surnom
de « l’Ardente ». Elle brillait toujours d’une lu-
mière intense, gagnant en puissance quand la
nuit était plus sombre.
Ce rayonnement provenait des milliers de
flammes, qu’il s’agisse de lampes, de bougies
ou de torches, que les citadins maintenaient
constamment allumées. Chaque individu en
emportait autant qu’il le pouvait et celles qu’il
ne pouvait pas emporter, il les laissait chez lui,
au temple ou à l’endroit où il travaillait.
L’activité à Barsippa s’intensifia de plus en plus,
ses habitants passant de moins en moins de
temps à dormir ou à leurs obligations, mais
consacrant plus de temps aux danses in-
tenses auxquelles l’adoration de leur dieu les
obligeait. Ce processus se poursuivit jusqu’à
la nuit la plus courte de l’année, au cours de
laquelle toute la cité se réunit en un seul et
énorme rite, une danse violente au cours de
laquelle le cœur de tous les participants battait
en même temps.
143
Le lendemain matin, Barsippa était complète-
ment vide. Tout être vivant avait disparu sans
laisser de trace. Au lieu de cela, seules res-
taient les flammes qui avaient été allumées la
veille, brûlant avec force.
Et bien que cet évènement date de plus de
quinze siècles, les lumières qui ont illuminé
la nuit fatidique brûlent encore, alimentées
par une énergie qui ne semble pas se consu-
mer. Tout le monde pense, à juste titre, que
Barsippa est maudite et que seul un fou ou un
ignorant oserait s’approcher d’elle.
KUTHA
On sait très peu de choses sur Kutha, et encore
moins sur la catastrophe qui l’a condamnée.
Personne ne sait pourquoi cela s’est produit et
qui pourrait en être le responsable. Cependant,
ceux qui veulent le savoir peuvent s’approcher
de la cité et tenter de discerner les circons-
tances entourant sa condamnation.
144 ENTRE LES FLEUVES
Un jour, sans avertissement, le temps s’est
tout simplement arrêté à Kutha. Ses citadins
se sont arrêtés net, gelés en un instant éternel.
C’est maintenant une cité remplie de statues,
incroyablement fidèles à la réalité et parfai-
tement immobiles, qui représentent du plus
humble des paysans au puissant Roi-Sorcier
qui la gouvernait. Le vent ne souffle pas, les
insectes ne volent pas et les eaux du canal qui
l’entoure ne coulent pas.
Elle est restée ainsi depuis le moment de sa
disgrâce. De nombreux explorateurs et d’éru-
dits l’ont approchée, l’ont cartographiée et ont
étudié en détail ses habitants, mais ils n’ont pas
réussi à trouver une explication sur la cause de
ce malheur.
Mais il y a quelqu’un qui pense autrement.
Simmushannu, un vieil homme qui étudie
Kutha depuis sa jeunesse, affirme que la cité
ne reste pas complètement immobile, mais se
déplace. Très lentement, presque impercepti-
blement, les choses changent en elle. Il affirme
que lorsque l’on passe des années à contem-
pler les statues froides, on se rend compte de
différences infimes qui laissent entrevoir que
la vie à Kutha ne s’est pas arrêtée, mais se
déroule seulement beaucoup plus lentement
que dans le reste de l’Empire. En fait, le vieil
homme défend une théorie encore plus trou-
blante : Simmushannu croit que ce n’est pas le
temps qui se déplace plus lentement à Kutha,
mais que c’est dans le reste de Kishar qu’il
avance plus vite.
LARAK
Très peu de gens osent s’opposer à Sargon.
Son pouvoir est craint dans tout l’Empire et
personne ne veut devenir l’objet de sa colère.
Cependant, l’Empereur n’est pas omniscient et
ne peut pas se permettre le luxe de poursuivre
et de punir personnellement tous ceux qui le
défient. Pour accomplir cette tâche, on trouve
déjà ses armées et la myriade de disciples ré-
partis dans tout Akkad.
Mais il y a des moments où l’attention person-
nelle de Sargon lui-même est nécessaire. Des
situations si importantes que l’Empereur doit
prendre les choses en main de manière plus
directe. Ces occasions sont rares, mais pas
inconnues.
Il y a neuf siècles, l’Ensi de Larak choisit de
désobéir à Sargon. On ignore comment cet
homme s’appelait et ce qu’il fit exactement,
car son nom et son crime furent été effacés à
jamais des registres impériaux et seul Sargon
se souvient de ce qui s’est passé. On pense
cependant qu’il a dû commettre un crime qui
avait comme complice la cité elle-même, car
Sargon décida de punir l’ensemble de Larak
d’un seul coup. Faisant étalage de ses talents de
sorcier, qu’il montre très rarement, l’Empereur
rassembla son conclave et évoqua six terribles
fléaux sur la cité-État. Ceux-ci se succédèrent
l’un après l’autre et mirent complètement fin à
la cité de Larak.
Le premier fléau, connu sous le nom de « celui
du sang  », transforma toute l’eau de l’Idigna
destinée aux canaux en fluide vital rouge, dé-
truisant ainsi les cultures.
Le second fléau fut appelé « celui de la peste »,
car il fit émerger de l’intérieur de la terre une
vapeur toxique qui rendit malades toutes les
têtes de bétail.
Le troisième fléau reçut le nom de «  celui de
l’ombre », car il recouvrit le ciel au-dessus de
Larak d’une épaisse couche de cendres qui
rendit impossible de respirer et cacha la lueur
du soleil.
Le quatrième fléau fut appelé «  celui des
larmes  ». Les habitants de la cité se mirent à
pleurer du sang pour finalement devenir com-
plètement et définitivement aveugles.
Le cinquième fléau fut le pire de tous, et fut ap-
pelé « celui du désespoir ». Toutes les femmes
qui abritaient un enfant dans leur ventre le
perdirent et celles qui n’étaient pas enceintes
surent immédiatement qu’elles étaient deve-
nues stériles.
Le dernier fléau fut celui qui condamna pour
finir la cité. Ce fléau, «  celui du manteau
pourpre  », provoqua l’arrivée d’innombrables
fourmis de cette couleur, qui se jetèrent sur la
cité pour dévorer avec voracité tout ce qui y
 CHRONOLOGIE DE KISHAR
était vivant  : hommes, bêtes et cultures. Les
cris des citadins furent entendus à plusieurs
jours de là.
Contrairement aux crimes commis, la punition
reçue est restée dans les mémoires. Larak
devait servir d’exemple pour toutes les autres
cités et c’est pourquoi son destin ne pouvait
être oublié.
NAGAR
Nagar, la cité aux murailles blanches et à l’or
noir. La cité des gemmes de feu et des arbres
d’or. La patrie des Semeurs de Fumée et des
Forgeurs d’Os. Autrefois le joyau du nord de
Sumer et aujourd’hui rien de plus qu’un cratère
fumant.
Quelques années après la naissance de l’Em-
pire, une catastrophe s’abattit sur Nagar. On ne
sait pas quel en fut le motif, que ce soit la colère
d’un dieu ou l’inconscience des hommes, mais
une pluie de feu et de roches tomba du ciel,
balayant presque entièrement la belle cité. Ses
connaissances, ses merveilles et ses richesses
furent perdues à jamais, consommées dans une
déflagration de flammes et de rage céleste.
Mais quelque chose à Nagar refusa de mourir :
les Forgeurs d’Os. Etrangement, ils réussirent
à survivre au cataclysme et à s’installer à nou-
veau dans les ruines de là où avait toujours
été leur foyer. Les Forgeurs d’Os eux-mêmes
affirment qu’ils sont arrivés avant la cité et
qu’il est donc naturel qu’ils y restent même
après la destruction de celle-ci. Les Forgeurs
d’Os constituent une secte de guerriers qui tire
son nom du fait que tous ses membres, avant
d’être acceptés comme membres à part entière
de celle-ci, doivent forger une épée-faucille à
partir de leur propre corps. Ils utilisent leurs os
pour construire la lame, qu’ils trempent dans
leur propre sang. Avec leurs tendons et leurs
muscles, ils confectionnent à la fois la garde
et la poignée de l’arme. Enfin, pour compléter
leur œuvre, ils fabriquent avec leur peau une
ceinture pour porter la précieuse arme.
Compte tenu de ce rituel cruel, il n’est pas
étonnant que les Forgeurs d’Os reçoivent
le surnom de «  guerriers manchots  ». Ils
145
sacrifient un de leurs bras pour fabriquer une
arme mortelle faite de leur propre chair. Mais
c’est un prix qu’ils paient volontiers, car un
Forgeur d’Os possède une maitrise de l’épée
qui ne peut même pas être comparée à celle du
meilleur des mercenaires. Leurs armes sont,
littéralement, une extension de leur propre
corps. Elles ne semblent pas pouvoir être bri-
sées même par les coups les plus brutaux et
leurs propriétaires savent toujours où elles se
trouvent, même si elles sont dérobées.
On dit beaucoup de choses quant au sort de
la secte sœur des Forgeurs d’Os, les Semeurs
de Fumée, mais on ne sait rien à son sujet,
du moins officiellement. Le fait est qu’ils ont
toujours été fuyants et renfermés, difficiles à
trouver.
CHRONOLOGIE DE KISHAR
Dans la manière de pensée akkadienne, les
choses n’ont pas d’existence si elles ne pos-
sèdent pas un nom. C’est pourquoi la façon de
marquer le passage des années dans l’Empire
est d’attribuer à chacune d’elles un nom. Cette
tradition existe depuis des temps immémo-
riaux et, bien que légèrement modifiée par
Sargon, elle est toujours utilisée.
À l’époque du pays de Sumer, chaque cité-État
possédait son propre calendrier, attribuant à
la première année du règne d’un Ensi le nom
de ce dirigeant. Les années suivantes rece-
vaient le nom d’un évènement important qui
s’était produit au cours de l’année en question,
ou celui d’un ministre ou d’un membre de la
famille que l’Ensi avait décidé de favoriser
personnellement.
Comme on ne pouvait pas donner un nom à
une année avant qu’elle ne soit finie, l’année en
cours à un moment donné a toujours reçu le
nom de « l’année actuelle », l’Annuma Shattu.
D’autre part, et même si chaque année a un
nom complet et unique, tant dans les textes
administratifs que pour les gens du peuple, il
est assez courant de se référer à une année
avec le nom de l’Ensi et la place qu’elle occu-
pait dans son règne.
146 ENTRE LES FLEUVES

Sargon, après avoir fondé l’Empire, imposa un
léger changement à ce système. Pour éviter
la confusion entre les années de différentes
cités-États (avec différents Rois-Sorciers),
il ordonna qu’à partir de ce jour, l’Empire
aurait des noms d’année communs à tous.
Naturellement, cette année-là reçut le nom de
l’Empereur lui-même : Sargon.
L’année actuelle (2011è du règne de Sargon)
est, comme elle l’a toujours été, l’Annuma
Shattu, et l’année précédente a été appelée
« Sin-Ash-Usur, Turtam de Droite », d’après le
général du même nom.
Vous pouvez lire ci-dessous une chronologie
générale de Kishar. On y utilise le calendrier
impérial sous ses noms populaires, c’est-à-dire
le temps écoulé depuis que Sargon a commen-
cé à gouverner.
Même si les nombres négatifs (ni le zéro)
n’étaient pas connus en Akkad, les années
précédant l’ascension de Sargon l’Alchimiste
sont indiquées en les utilisant, par commodi-
té. Cependant, un habitant de l’Empire ne les
appellerait jamais de cette façon, mais il uti-
liserait le nom de l’année, que ce soit le nom
officiel ou le nom populaire.

DATE ÉVÈNEMENTS

L’Enuma Elish, la création du monde. Avant que la terre et les cieux ne soient nommés, il y avait
Inconnue seulement Apsu, Seigneur de l’Océan d’Eau Douce et Tiamat, Maitresse de l’Océan d’Eau Salée. L’union
des deux engendra les dieux, le monde et tout ce qui l’habite.
Les Anunnaki, fatigués de travailler, décident de créer des esclaves pour faire leurs corvées à leur place.
Ils assassinent le dieu Kingu et avec son sang et de l’argile, ils créent les Awilu qui les serviront.
-600 000
Adapa, le premier Awilu, brise le vent du sud et refuse le pain et le vin des dieux, qui lui auraient accordé,
à lui et à sa race, l’immortalité.
Fondation d’Eridu. Les Apkallu sortent des eaux et enseignent à l’humanité comment vivre une vie
civilisée et cultiver la terre.
-250 000
À peu près à la même époque est fondée la cité-État de Suse, qui deviendra finalement la capitale
du royaume d’Élam.
Enmerkar, le guerrier légendaire, fonde la cité-État d’Uruk. Aratta est fondée peu après.
-240 000 La première guerre entre deux cités commence.
Chronologie de Kishar

La Ziggurat d’Eridu, le premier temple de ce genre, est érigée.

Les cités d’Assur, Larak, Mari, Ninive, Sippar, Samarra et Ur sont érigées. Ces cités-États, ainsi qu’Eridu,
-210 000 Aratta et Uruk sont connues sous le nom des Qudmu, « celles qui étaient nées avant ».
La première muraille est construite à Eridu.
-200 000 Les Assurs établissent le premier Karum dans la cité de Larak.

-190 000 Fondation de Lagash. Gudea, porteur du masque, règne en tant que premier Warka. Les Sept Tours sont érigées.
Les autres cités qui, avec les Qudmu, constituent le pays de Sumer, sont construites. Depuis cette date et
-190 000 à
jusqu’à la fondation de la cité-État d’Akkad, aucune nouvelle cité ne sera construite dans les terres situées
-160 000
entre l’Idigna et le Buranum.
Le bruit produit par l’humanité agace les Anunnaki qui décident d’exterminer tous les Awilu. Le dieu Enki
-130 000
intercède en faveur de l’humanité et parvient à apaiser la colère de ses frères.

Ningirsu accomplit ses douze travaux légendaires, parmi lesquels l’assassinat de Mushmahhu, un
-110 000
terrible monstre. En récompense, les Anunnaki l’accueillent parmi eux.

Les Ensi d’Uruk et d’Aratta, se posant des énigmes de plus en plus complexes, inventent l’écriture afin que
-80 000
leurs messagers puissent les transmettre.
Enlil déchaine le Déluge sur Kishar. Pendant six jours et sept nuits, le monde est sous l’eau. Enki en
-52 000 avertit un Awilu, le sage Atrahasis de la cité de Shuruppak, et lui conseille de construire une arche en
roseaux. Grâce à elle, lui, sa famille et un couple d’animaux de chaque espèce sont sauvés.
Naissance de Gilgamesh, Ensi d’Uruk et à deux tiers dieu. Ses aventures seront enregistrées pour la
-46 000 postérité dans l’Épopée de Gilgamesh. Il rejeta la déesse Ishtar, descendit dans l’Irkalla et rencontra
Atrahasis l’Immortel. À la fin, il mourut comme n’importe quel autre homme.
 CHRONOLOGIE DE KISHAR 147

DATE ÉVÈNEMENTS

-33 000 Les premiers Mukil-resh-lemuti sont engendrés.

Les Asakku descendent des montagnes et empoisonnent les eaux de l’ldigna. Ninurta réussit à les
-21 000
repousser et à sauver ainsi de nombreuses cités.

Une poignée d’Awilu décide de traverser le désert d’Éria pour fonder une cité à l’autre extrémité de
-10 000
celui-ci : la colonie de Tayma. On ne sut jamais à Sumer s’ils avaient réussi.
Ur-Nammu, l’Ensi d’Ur, conquiert les cités-États voisines et forme un petit Empire. Il décide que son
-4 000 objectif militaire suivant sera l’Irkalla et après avoir ordonné la construction de la Nécropole d’Ur, il se
suicide en compagnie de son armée entière.
Les Uridimmu apparaissent pour la première fois. Ils surgissent du désert d’Éria sur le dos de leurs
-2 500
dromadaires et attaquent les caravanes commerciales qui parcourent le pays de Sumer.
Les prospections pour établir une colonie sur les contreforts sud-ouest des Montagnes Gudabak
-250 amènent à la première exploration méthodique de la vallée de Hatti et concluent que la région est difficile
à cultiver et pratiquement inhabitable.
La femme du jardinier royal de Kish trouve un enfant dans un panier en osier, en train de descendre le
-68
fleuve. Elle l’adopte et lui donne le nom de Sargon.
Ur-Zababa, l’Ensi de Kish, fait un rêve inquiétant qui lui montre comment Sargon, qui a été nommé
-49 échanson royal, finira par l’assassiner. Ur-Zababa essaie par trois fois de mettre fin à la vie du jeune
homme et à chaque fois, il échoue. Sargon s’enfuit à Uruk.
Une fois à Uruk, Sargon parvient à convaincre le roi Lugalzagesi de lui permettre de diriger son armée
pour conquérir Kish. Armé de soldats et des arts arcaniques que les Igigu lui ont enseignés, Sargon vainc
-37
facilement. Au cours de l’attaque, Lugalzagesi et Ur-Zababa sont tués. Sargon s’autoproclame Ensi de
Kish et d’Uruk.
Sargon fait une démonstration de puissance sans précédent en assassinant l’Anunnaki Enlil. Puis, il utilise
-31 le sang du dieu défunt pour créer les premiers Mushkenu et Wardu. Un mortel s’est ainsi imposé à un dieu.
Anzu, l’oiseau légendaire qui gardait le palais d’Enlil, perd la raison et s’échappe avec les Tables Du Destin.
Chronologie de Kishar

À la tête d’une grande armée composée de soldats Awilu, d’esclaves de Races Créées et de démons,
-30 Sargon entreprend une campagne de conquête qui vise à soumettre toutes les cités du pays de Sumer à
son autorité.
-7 Babylone est rasée par les armées de Sargon et il n’y a plus une pierre debout dans la cité.

-6 Les Apkallu réapparaissent à Eridu, après des milliers d’années d’absence, mais ils semblent différents.

-5 Ashur obtient la clémence de Sargon et conclut un pacte pour assurer sa survie et celle de son peuple.
Un groupe de soldats Mushkenu de l’armée de Sargon, dirigé par un héros connu sous le nom de Gmirri,
-3
parvient à s’échapper dans les Montagnes Gudabak et fonde la Cimmérie.
Les prêtres d’Élam se voient forcés de réveiller leurs défunts pour repousser l’attaque de Sargon. Ils
-2 parviennent tout juste à contenir l’armée ennemie lors de la bataille des Marais Noirs et Sargon se retire.
L’ordre des nécromanciens est fondé à Suse.
Marduk brise les Sommets des Tempêtes et sur la brèche est construite la Porte d’Ishtar. Le dernier des
-1 réfugiés qui vénèrent encore les Dieux Anciens fuit sous terre, où la cité souterraine de Babylonie est
fondée.
1 Sargon fonde la cité d’Akkad et l’Empire du même nom.
Nagar est détruite sous une avalanche de feu et de roches tombant du ciel. Seuls les Semeurs de Fumée
49
et les Forgeurs d’Os parviennent à survivre à la tragédie.

86 Le premier assaut majeur des Pillards Cimmériens a lieu.

Sargon construit Dur-Sharrukin, son « palais d’été ». Peu de gens savent quel est le véritable but de la
174
construction.

Une bande de Kusarikku assoiffés de sang rase une douzaine de villages avant d’être arrêtés. Les Wardu
299
de la garde de l’Empereur s’occupent personnellement d’eux.

Le Turtam de Gauche tente, sans la permission de son Empereur, d’envahir la Cimmérie. Son armée est
352
complètement décimée et il est exécuté à son retour à Akkad.

368 Abraam, un vieil homme maudit par Shuk-Nippurash qui avait fui l’Empire, fonde la cité de Tadmor.

413 Les Middu apparaissent et effectuent le premier des échanges qui auront lieu tous les 114 ans.

466 La Niggina et l’lnimdug sont créées à Nippur.

Tous les habitants de Barsippa disparaissent après un mystérieux rituel dédié à leur nouveau
512
dieu lshim-Shagshuga.

536 Eteshna-Kizash compile la Connaissance de la Chair.

148 ENTRE LES FLEUVES

DATE ÉVÈNEMENTS

621 Aratta est détruite. Sa population meurt victime d’un épais brouillard brun.
Un terrible fléau s’abat sur Eshnunna. En réponse à cela, le Zammertu est fondé. Ce grand chœur, avec
717
sa musique, le tient éloigné de la cité.

Les niveaux d’eau de l’ldigna et du Buranum descendent particulièrement bas. La plupart des cités
729
connaissent des famines et le nombre d’esclaves morts est presque incalculable.

Le premier envoyé Phénicien se présente à Mari. Il offre des bijoux d’une manufacture incroyable et des
868
tuniques pourpres en échange de deux esclaves Mushkenu, un de chaque sexe.
Un Shitem solitaire donne sa vie pour sauver le petit village de Shimarru-Utu contre des assaillants
Aqrabuamelu. Enheduanna, la fille de Sargon, s’y trouvait à ce moment-là. En signe de gratitude, l’Empe-
925
reur décide de déployer pour toujours un groupe de soldats dans le village, qui le protègerait de tout
assaut futur. À ce jour, Shimarru-Utu est toujours debout.
L’Empereur punit la cité de Larak de six terribles plaies. Son Ensi et le péché qu’il a commis sont effacés
1 144
des chroniques impériales.
En récompense de la création de la première unité de cavalerie jamais vue dans une armée, un Mushkenu
1 320 du nom d’Ashnagi est nommé Turtam de Droite. C’est la première et unique fois qu’un Mushkenu atteint
une position aussi élevée.
Chronologie de Kishar

Le sorcier Azashti cherche à briser l’amour que partage son meilleur ami et la femme de ce dernier.
1 556
Malgré des efforts répétés, il n’y parvient pas.

Des Pillards Gris sont aperçus pour la première fois. Seul un des explorateurs envoyés dans la vallée
1 821
inhospitalière de Hatti revient pour le raconter.

Shedded-Uk, l’Ensi d’Eridu, effectue le premier de ses voyages pour l’Urun-Zig Ab, longeant les Jungles
1 898
du Sud et les dépassant apparemment.

Shedded-Uk, repart vers le sud pour l’Urun-Zig Ab avec une expédition encore plus importante et revient
1 904
après avoir établi une colonie commerciale.
La première cargaison d’ivoire, d’or et de divers matériaux exotiques provenant des ateliers établis par
1 913 l’Ensi Shedded-Uk arrive au port d’Eridu. L’Ensi lui-même n’est pas dans la cité, car il mène sa première
expédition sur la rive sud-est de l’Urun-Zig Ab.
Sippar-Amnanum, la moitié ouest de la cité de Sippar, est totalement rasée à cause d’une maladie créée
1 939
par Enmeduranki qui voulait anéantir les Cimmériens.

1 955 Sargon tente pour la troisième fois de conquérir Élam. Les nécromanciens le repoussent à nouveau.
Ninive subit une attaque de Cimmériens comme jamais auparavant. L’armée d’Assur vient la défendre et
1 956
parvient à sauver la cité.

Enshakushanna est nommé Ensi d’Uruk. Sous son commandement, la cité commence une période de
1 967
splendeur comme elle n’en a pas connu depuis des siècles.

1 975 Kheba de Kish est nommée grande prêtresse de Shuk-Nippurash.

1 982 Ashurbanipal construit une immense bibliothèque à Ninive.

Nimrod-Baraqu, Ensi de Nimrud, meurt dans des circonstances étranges. Sammu-Ramat, sa veuve,
1 994
assume la régence.

2 009 Le 15ème échange avec les Middu n’a pas lieu. Les Hommes Serpents n’apparaissent pas.

2 011 Date actuelle.

Vous trouverez ci-dessous une comparaison entre les deux manières de nommer une année :
Noms de l’année

NOM OFFICIEL NOM POPULAIRE

Ur-Nashrimtu 1ère année du règne d’Ur-Nashrimtu

Une tempête ruine la récolte de dattes 2ème année du règne d’Ur-Nashrimtu
Ur-Nashrimtu reconstruit les murailles 3ème année du règne d’Ur-Nashrimtu
Shamishat, sœur d’Ur-Narshrimtu 4ème année du règne d’Ur-Nashrimtu
 CHRONOLOGIE DE KISHAR 149

Amada Shar-Hatana, après 193 shattu, 5 warhu et 19 umu, votre vie a pris fin.
Vous avez partagé avec moi 175 shattu, 9 warhu et 23 umu, partageant mes peurs et
mes espoirs.
Même si vous avez été ma septième femme, je vous ai aimé autant que ma première.
Lorsque vous étiez vivante, je n’ai jamais eu envie de m’allonger avec une concubine ou
n’ai désiré prendre une seconde femme.
J’ai ressenti chez vous tout autant de passion que de dévouement.
Vous avez été ma raison et mon ancre, ma force dans un monde de fous.
Et je dois dire que rien ne m’aurait plus plu que de quitter le monde en même temps que
vous.
Mais vous savez bien que je ne peux me permettre le luxe de le faire.
L’abandon, ainsi que le regret, sont deux sentiments que je ne peux pas me permettre
d’avoir.
Ce n’est que dans cette missive, comme je le faisais dans vos bras, que je me permets de
me montrer sans défense.
Je ne peux pas me montrer hésitant ou tout ce que je défends tombera.
Mais vous avez écouté mes doutes, pour que personne d’autre n’ait à le faire.
Je ne peux pas me montrer clément ou tout ce que je défends tombera.
Mais vous avez mis en lumière ma pitié, pour que personne d’autre n’ait à le faire.
Je ne peux pas me montrer faible ou tout ce que je défends tombera.
Mais vous m’avez protégé pendant ma faiblesse, pour que personne d’autre n’ait à le
faire.
Je ne peux pas me reposer ou tout ce que je défends tombera.
Mais vous m’avez fourni un repos, pour que personne d’autre n’ait à le faire.
Je ne sais pas combien je pourrai en supporter plus.
Je trouverai peut-être une autre comme vous, comme les six précédentes, qui me
permettra de continuer encore un siècle ou deux.
En attendant, je jure sur votre tombe que personne, jusqu’à ce que je trouve une autre
compagne, ne percevra en moi le doute, la pitié, la faiblesse ou la fatigue.
Je suis vivant depuis 2029 shattu, 2 warhu et 6 umu. Je suis épuisé.

Tablette de prières
Volée dans la tombe de Shar-Hatana, la dernière épouse de Sargon
150 ENTRE LES FLEUVES

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• La nation la plus importante de La Porte d’Ishtar est l’Empire d’Akkad, gouverné depuis deux
mille ans par le même homme : Sargon l’Alchimiste.
• L’Empire est alimenté par les dons des deux grands fleuves, l’Idigna et le Buranum.
• Avant l’Empire d’Akkad existait le pays de Sumer, un ensemble de cités-États constamment en
guerre et sous la domination des Anunnaki, les Dieux Anciens.
• Les Anunnaki ont été expulsés par Sargon il y a deux mille ans. A leur place, les Igigu, les Dieux
des Étoiles, sont maintenant vénérés.
• Les vaincus de cette guerre se sont retirés à Babylone, la cité souterraine, qui est gardée par la
Porte d’Ishtar.
• Les Awilu sont la race qui domine l’Empire d’Akkad et ils sont organisés en familles et en
maisons.
• Les Mushkenu et les Wardu, les Races Créées à partir du sang d’Enlil, leur servent d’esclaves.
• Les cités sont gouvernées par un Ensi, ou Roi-Sorcier, dont les principales responsabilités sont
la construction et l’entretien des canaux.
• La plupart des cités sont divisées en plusieurs zones  : le palais, la Ziggurat (dédiée au dieu
tutélaire), les quartiers nobles, le marché et le Karum. Elles sont généralement protégées par
d’imposantes murailles.
• Il existe également de petits villages, parfois visités par les Shitem.
• En Akkad, il existe deux langues, la nouvelle (l’akkadien) et l’ancienne (le sumérien). La seconde
est inconnue de presque tous, car les scribes qui la pratiquaient sont partis pour Babylone.
• Il est interdit à un esclave de savoir lire ou écrire, sous peine de mort.
• L’écriture se fait avec des poinçons sur des tablettes d’argile.
• La plupart des bâtiments en Akkad sont construits avec des roseaux et des briques d’argile.
• Le bois et la pierre ne sont pas communs et le fer est un métal très rare, le bronze étant le plus
abondant.
• Les sceaux-cylindres servent à identifier les Awilu et sont des possessions extrêmement
importantes.
• L’armée impériale est divisée en trois grands blocs et dispose de cavalerie, de chars, d’infante-
rie, de machines de siège et d’un important corps logistique.
• La monnaie n’est pas connue et c’est le troc qui est pratiqué, en utilisant le grain et l’argent
comme moyens d’échange universels.
• Le commerce est presque entièrement contrôlé par les marchands d’Assur, qui vénèrent tou-
jours Ashur, un Anunnaki.
• De nombreuses cités composent l’Empire d’Akkad, même si certaines ont disparu, victimes
d’une quelconque catastrophe. La capitale s’appelle Akkad, tout comme l’Empire lui-même.
• Chaque cité a ses propres particularités et caractéristiques spécifiques.
• Le calendrier impérial attribue un nom à chaque année, même si la façon populaire de se référer
à une année est d’indiquer le nombre d’années écoulées depuis le début du règne de Sargon.
DIEUX ET SORCIERS

- Rihat, m’enseigneras-tu un jour l’un de tes sorts ?

- Jamais, jeune Shelmaneser.
- Pourquoi ? Si je te l’ordonne, tu dois le faire !
- Votre noble père, Assurbanipal, m’a interdit de vous les enseigner. Et même si ce n’était pas le
cas, je préfère mourir plutôt que de partager mes connaissances.
- Je ne comprends pas, Rihat. Où est le mal avec la sorcellerie ? Avec elle, on peut faire des
choses incroyables.
- Oui, c’est vrai, jeune maitre. Mais le prix à payer est trop élevé. Seuls les imbéciles et les fous
décident de renoncer à leur liberté, à leur énergie et à leur volonté en échange de ce pouvoir.
N’oubliez jamais que nous n’adorons pas les Dieux des Étoiles. Si vous le souhaitez, je pourrais vous
raconter l’histoire d’Ashur, notre seigneur...

Le surnaturel tient une place importante dans
La Porte d’Ishtar. Sa nature forme un monde
parallèle à celui que les mortels de Kishar ha-
bitent et son influence est puissante et impos-
sible à ignorer. Ce monde mystique fera partie
des expériences et des vies des personnages,
étant toujours présent, dans une plus ou moins
grande mesure, dans leurs aventures.
L’art des arcanes est répandu dans tout Kishar,
mais cela ne signifie pas qu’il y a des sorciers
qui lancent des boules de feu qui traversent
le ciel ou des balais enchantés qui nettoient
leurs maisons. Les forces surnaturelles sont
omniprésentes mais subtiles, fréquentes mais
mystérieuses puissantes, mais sans artifices.
De plus, dans La Porte d’Ishtar, la magie et
la religion sont intimement liées. Ce sont les
deux faces d’une même médaille et il est né-
cessaire de comprendre les deux pour avoir
une image complète de la facette la plus se-
crète de Kishar.
MISTICISME ET SUPERSTITION
Il est essentiel de comprendre que, dans tout
l’Empire d’Akkad et les terres autour, absolu-
ment tout le monde croit au surnaturel. Et il
n’y a aucune raison de ne pas le faire, car c’est
une partie très tangible de la vie quotidienne.
152 DIEUX ET SORCIERS
Le monde où habitent les créatures de chair et
de sang abrite également un autre type d’être :
les Sharu. Ce sont des esprits et des ombres,
invisibles à l’œil de celui qui n’a pas l’habitude
de les voir, mais qui errent librement à travers
le fragment de la création dont ils sont natifs.
Ce lieu est parallèle à la partie de Kishar que
les hommes peuvent percevoir et son influence
passe parfois les barrières qui empêchent les
deux moitiés de se réunir. Mais cette relation
ne fonctionne pas seulement dans un sens,
car les prières des sorciers et des prêtres ont
également un effet sur les créatures de l’autre
côté.
Mais cette autre réalité n’est pas une simple
copie déformée de la nôtre, un reflet ou un
mirage, mais fait autant partie de Kishar que
ce que les mortels voient. Elle ne peut pas être
comprise comme un monde complètement
séparé ou complètement uni à celui des êtres
matériels. La vérité est que « monde », « na-
tion » ou « lieu » ne sont pas des métaphores
adéquates pour la décrire et son nom en akka-
dien, Kurnugi, est intraduisible.
La terre de Kurnugi est constamment palpable et
les habitants de Kishar ressentent son influence
encore et encore. Les forces et les volontés
qui en découlent interviennent souvent dans
les affaires des mortels, de telle sorte que leur
existence est indéniable. Et pourtant, cela n’em-
pêche pas tout ce qui est au-delà de l’homme
d’être contemplé avec crainte et révérence.
Il est difficile de comprendre la vision du
monde d’un habitant d’Akkad de notre point de
vue, celui d’individus entourés de technologie
et de raison, qui vivent dans un monde dans le-
quel la magie n’est ni réelle ni tangible. Afin de
vous sentir comme l’un des personnages de La
Porte d’Ishtar, vous devrez faire l’effort de voir
à travers leurs yeux et d’entrer dans leur peau.
CE N’EST PAS UNE QUESTION DE FOI
Croire aux dieux et aux esprits en Kishar n’est
pas une question de foi et il n’y a pas de mot en
akkadien pour représenter ce concept ou celui
de la religion. Tout comme on ne doute pas de
la présence d’eau dans une rivière ou de sable
dans le désert, on ne doute pas non plus de
l’existence des êtres surnaturels. Ils font partie
de la même réalité.
Un individu peut ou non suivre un dieu et
choisir qui d’entre eux il prie et à qui il donne
sa dévotion, mais il ne remettra jamais en
question son pouvoir. Il sait qu’une cure à base
de plantes et une prière sont tout aussi fortes
pour combattre une maladie et que la malédic-
tion d’un devin et le sort d’un sorcier doivent
être craints et respectés.
Dans La Porte d’Ishtar, il n’y a pas d’athées.
DESTIN ET PRÉDÉTERMINATION
Comme le reste du mystique, le destin, le
Shimtu, est aussi profondément réel. À la nais-
sance, tous les êtres vivants, tout comme ils
possèdent une âme, ont aussi un certain des-
tin. Ce qui va se passer est déjà écrit et peut
être prévu et interprété par ceux qui savent
où chercher. De même, il peut également être
contesté et même modifié par de fortes volon-
tés ou des cœurs courageux.
Le destin est l’œuvre des Sept Qui Décrètent
Les Destinées  : An, Ninhursag, Enlil, Enki,
Nanna, Utu et Inanna, qui pourtant ne sont pas
les gardiens actuels. Les Sept étaient des Dieux
Anciens, les Anunnaki, qui n’ont pratiquement
plus de fidèles dans les terres de l’Empire, d’où
ils ont été expulsés. Mais cela ne signifie pas
que leur création ne se poursuit pas ou n’a pas
d’autres protecteurs. Certains ont cru voir dans
leur départ l’occasion de jouer avec le destin et
ont payé cher leur audace.
Tout comme changer ce qui est écrit n’est pos-
sible que pour quelques-uns, la capacité de le
lire, avec différents niveaux de maitrise, est à
la portée de beaucoup d’autres. En observant
et en enregistrant méticuleusement ce qui s’est
passé, les sages et les devins Awilu ont compilé
un volume de connaissances qui leur permet de
prédire les dangers et les évènements avec une
précision surprenante.
Il existe plusieurs méthodes pour accomplir
cette tâche, mais toutes sont toujours basées
sur l’observation d’un phénomène, qu’il soit
perpétré de la main de celui qui scrute l’avenir
 MISTICISMe et superstitioN
ou qu’il provienne de la nature elle-même. De
nombreux textes détaillent la bonne façon d’ob-
server les viscères d’un veau ou la façon dont
l’huile s’écoule sur l’eau dans un bol. On étudie
également ce qu’un avortement peut augurer
ou la signification d’une éclipse.
LE FIRMAMENT
Lorsque vous regardez le ciel nocturne dans
notre monde moderne, la pollution lumineuse
vous empêche de bien percevoir les étoiles. Si
vous avez déjà contemplé le ciel dans un lieu
isolé, sans aucune source de lumière pour vous
déranger, vous avez surement éprouvé un sen-
timent complètement différent. C’est quelque
chose d’imposant, de merveilleux, d’éblouissant.
C’est ainsi que les habitants d’Akkad voient
les étoiles. L’obscurité enveloppe tout pendant
la nuit et les étoiles se lèvent, illuminant le
ciel comme des bijoux brillants sur une soie
sombre. Plus grandes, plus magnifiques et
plus terribles que vous ne pouvez l’imaginer.
Il n’est d’ailleurs pas surprenant de voir à quel
point elles fascinent. Le sentiment de crainte
qu’elles produisent ne peut être sous-estimé.
Elles illuminent la nuit et leurs mouvements
dictent le destin. De leurs royaumes lointains
viennent les Igigu et beaucoup de monstres
qui flagellent les hommes.
Si vous le pouvez, essayez de sortir un soir et de
regarder les étoiles, mais pas dans votre ville,
mais dans un endroit plus isolé. Contemplez le
ciel et maintenant imaginez-le dix fois plus lumi-
neux, avec une atmosphère dix fois plus claire.
Ainsi est le ciel de Kishar.
MATHÉMATIQUES ET ASTRONOMIE
De toutes les sources de connaissances dont
dispose le savant, aucune n’offre plus de secrets
que les étoiles. Avec tout cela, il est normal que
le firmament ait été inlassablement scruté par
des sages à la recherche de la connaissance
qu’il cache. À tel point qu’en Akkad, astronome
et sorcier sont le même mot : Mashmasshu.
Ces sorciers sont de véritables experts des
révolutions des étoiles et de leur influence
153
sur les hommes. Ils connaissent la science
complexe des mathématiques et du temps
qui passe. Plus important encore, ils essaient
de comprendre et de dominer les êtres des
étoiles, en particulier les Igigu et les démons.
Mais ils réussissent rarement et ce sont eux qui
finissent par servir les entités qu’ils ont essayé
en vain de soumettre à leur volonté. Ceux qui
ont de la chance finissent fous ou morts, tandis
que les moins fortunés deviennent les simples
pions d’esprits cruels et étranges.
Mais tout ce qui se trouve dans le ciel n’abrite
pas le mal et tout ce qui est appris de son
observation n’est pas dangereux. La sagesse
obtenue, si elle est utilisée avec retenue,
peut être très utile pour améliorer la vie de
l’homme. Cependant, bien rare est le sorcier
qui inclut les mots modération ou maitrise de
soi dans son vocabulaire.
Un exemple de connaissance utile se trouve
dans les mathématiques, qui, bien qu’il ne
s’agisse pas de connaissances extraites du fir-
mament, ont été développées pour l’étude et
ont un grand nombre d’utilisations. Avec elles,
vous pouvez concevoir des structures et des
bâtiments complexes, planifier des récoltes
ou tenir les comptes d’une propriété. Des ma-
thématiques viennent la division du cercle en
soixante segments et le système numéraire.
LE PASSAGE DU TEMPS
Ce système de nombres est en fait composé de
deux : le décimal, le même que nous utilisons,
et le sexagésimal, qui utilise le nombre  60
comme base. Ce nombre et 6 sont extrême-
ment importants, car ils sont à l’intérieur de
tout ce qui existe, marquant sa forme et son
rythme. 3600 (60 multiplié par 60) a la si-
gnification de «  la totalité de l’univers  » et le
cercle, la forme parfaite, est divisé en 60 fois
6 segments (360).
Il est donc logique que ces nombres parfaits
servent à marquer le passage du temps et
l’avancée des âges. Guidés par la lumière de
Shamash, le soleil, et Sin, la lune, les Akkadiens
ont divisé leur calendrier en jours (umu), mois
ou cycles lunaires (warhu) et années ou cycles
solaires (shattu).
154 DIEUX ET SORCIERS
Les umu commencent au crépuscule, avec
le coucher du soleil, et sont composés de
12  heures (danna). Chaque danna est à son
tour formée de 30  ush, semblables à nos mi-
nutes. De cette façon, chaque jour est composé
de 360 ush. Mais les danna, et par conséquent
les ush, ne sont pas toujours de la même du-
rée. Peu importe combien de temps Shamash
illumine la terre ou combien de temps dure
son absence, la nuit et le jour sont divisés en
6 danna. Ainsi, les heures seront plus longues
pendant la journée et plus courtes pendant la
nuit au printemps et en été, tandis que l’inverse
se produira en automne et en hiver.
Un warhu commence quand la lune commence
à devenir visible et se termine quand elle dis-
parait à nouveau. Ils durent 30 jours et l’année
en a 12, ce qui en fait un total de 360 jours. Les
noms des warhu sont, dans l’ordre : Nisanum,
Ayarum, Simanum, Dumuzi, Abum, Ululum,
Tashritum, Arahsamna, Kislimum, Tebetum,
Shabatum et Addarum. Le premier jour du
premier mois, Nisanum, est l’équinoxe de
printemps, le jour où la nature commence à se
renouveler.
Mais le cycle des saisons défie cet ordre parfait.
Certains sages pensent que cela est dû à l’im-
perfection que les mortels ont introduite dans
Kishar, tandis que d’autres croient que ce défaut
est dû à l’influence des Dieux des Étoiles. Quoi
qu’il en soit, il est établi qu’il y a un petit déca-
lage dans le cycle annuel qui doit être corrigé
pour éviter les malheurs dans la planification
des cultures et la détermination du destin.
Pour cette raison, une fois toutes les quelques
années, un treizième mois est introduit dans le
calendrier : le mois maudit, celui sans nom. Au
cours de ce mois, la magie se comporte étran-
gement et les ombres semblent se montrer plus
audacieuses et briller plus que d’ordinaire. Ce
mois apparait dans les années 1, 3, 6, 9, 12, 14
et 17 d’un cycle de 19. Sorciers et exorcistes les
attendent avec un mélange de peur et d’anxiété.
Il n’y a pas de concept de semaine dans l’Em-
pire d’Akkad. Le plus proche est hamush-tum,
un cinquième de mois composé de six jours,
mais il n’est pas utilisé dans la vie quotidienne
et c’est un terme assez spécialisé, seulement
connu des percepteurs d’impôts et des mar-
chands. Et dans le cas de ces groupes, c’est
seulement parce que c’est la période de la col-
lecte des intérêts.
LES CONSTELLATIONS ET LE ZODIAQUE
Une autre des utilités des étoiles est d’être
un cristal à travers lequel le destin peut être
contemplé. Ce qui doit se passer est écrit en
elles pour celui qui sait observer. Les éclipses
de soleil et de lune et les mouvements des cinq
planètes peuvent être interprétés sous forme
de présages et de prédictions.
Afin d’extraire toute la sagesse que le firma-
ment a à offrir, les étoiles sont regroupées en
constellations, qui façonnent l’essence stellaire
d’un être ou d’un concept dont elles tirent leur
nom. Les étoiles qui les composent et leurs
mouvements sont détaillés dans des éphémé-
rides complexes et sont d’une importance fon-
damentale pour interpréter les présages. Selon
la position dans laquelle elles se trouvent, la
façon dont les planètes les traversent et lors-
qu’elles se lèvent de l’horizon ou se cachent
derrière des montagnes, les devins peuvent dé-
duire avec une grande précision ce que l’avenir
réserve à toute personne née sous leur lumière.
Parmi toutes les constellations, dix-huit ont
une influence particulière. Ce sont elles que
traversent les dieux Shamash et Sin, le Soleil et
la Lune, pendant leur voyage. Chacune d’elles a
ses propres caractéristiques et ensemble, elles
constituent le zodiaque à partir duquel la per-
sonnalité et les capacités d’un homme peuvent
être déterminées, en connaissant simplement
le moment de sa venue au monde.
Cela ne doit pas être considéré comme une
simple supercherie, car les étoiles exercent un
réel pouvoir sur ceux qui sont nés sous leur
lumière. C’est l’une des raisons pour lesquelles
les Babyloniens ne tolèrent pas la luminosité
des étoiles.
La constellation la plus grande, la plus puis-
sante et la plus brillante du zodiaque est Mul-
Mul, Les Étoiles Parmi Les Étoiles, Les Sept.
Sa luminosité est si forte qu’il est impossible
de l’ignorer et les nuits sans lune, elle est
MISTICISMe et superstitioN 155
156 DIEUX ET SORCIERS

l’élément le plus caractéristique du ciel noc- Vous trouverez ci-dessous un tableau avec les
turne. Il convient également de noter dans le constellations du zodiaque. Il contient leurs
ciel les étoiles de la constellation de Pabilsag, noms en akkadien, leur signification et le mois
Le Noble Guerrier, Le Défenseur. Elles ne sont qui leur correspond, en plus de certains évène-
pas les plus brillantes, mais elles sont les plus ments qui leur sont associés. Le treizième mois
pures. Elles sont les seules dans tout le ciel qui n’a pas de nom et aucune des grandes constel-
ne transmettent pas la haine ou le mal, mais la lations n’offre sa protection aux pauvres mi-
paix et la bonté. Ce n’est que lorsque Shamash sérables qui naissent pendant ces jours. Ils
s’associe à Pabilsag qu’un véritable héros peut seront maudits toute leur vie et il aurait mieux
venir au monde. fallu qu’ils ne voient pas le jour.

Nº DU MOIS MOIS CONSTELLATION EN AKKADIEN TRADUCTION ÉVÈNEMENTS

1 Nisanum Mul-Mul Les Étoiles Parmi Les Étoiles Équinoxe de Printemps

1 Nisanum Guanna Le Taureau Des Cieux
Les 18 constellations qui marquent le Destin

2 Ayarum Sipazianna L’Authentique Berger Crue des fleuves et rivières

2 Ayarum Shugi L’Ancien Crue des fleuves et rivières
3 Simanum Zubi L’Épée-Faucille Crue des fleuves et rivières
3 Simanum Mashtabba-Galgal Les Jumeaux Crue des fleuves et rivières
4 Dumuzi Al-Lul Le Crabe Solstice d’Été
5 Abum Urgula Le Lion
6 Ululum Ab-Sin La Tige D’Orge
7 Tashritum Zibanitum La Balance Équinoxe d’Automne
8 Arahsamna Girtab Le Scorpion
9 Kislimum Pabilsag Le Noble Guerrier La sorcellerie s’affaiblit
10 Tebetum Suhurmashku Le Poisson-Chèvre Solstice d’Hiver
10 Tebetum Gula Le Géant
11 Shabatum Kunmesh Les Queues
11 Shabatum Simmah L’Hirondelle
12 Addarum Anunitum La Reine Des Eaux La sorcellerie se renforce
12 Addarum Luhung-Ga Le Paysan Misérable La sorcellerie se renforce

LES MAUX DE L’HOMME par eux-mêmes, ces êtres ne sont pas capables
d’attaquer un homme et ils ont besoin d’une
La plupart des gens d’Akkad n’ont de contact aide extérieure. Ce soutien vient générale-
avec les pouvoirs mystiques qu’à travers ses ment d’autres hommes qui désirent le mal de
facettes les plus cruelles : les malédictions et la victime. Les rituels, les mots de pouvoir, le
les maladies. Les deux sont très similaires et mauvais œil, le désir de vengeance ou la haine
il est parfois difficile d’élucider si un mal est simple et pure peuvent les déclencher.
l’œuvre de l’une ou de l’autre. Ce qu’elles ont
en commun, c’est que les deux ont toujours S’il est vrai que beaucoup de ces maux, en
une cause et être capable de l’identifier est particulier les plus puissants, n’ont pas comme
généralement la clé pour trouver un remède. déclencheurs les actions des mortels. Les ma-
lédictions les plus puissantes, qui transforment
Les deux sont toujours l’œuvre de mauvais es- la vie en épreuve, ainsi que les maladies les
prits qui se cachent à la recherche d’une proie plus terribles, qui peuvent dévaster des cités
à posséder. Par conséquent, les malédictions et entières, ont leur origine dans des créatures
les maladies ne sont rien d’autre que des pré- surnaturelles. Les exemples sont innom-
sences sombres qui s’accrochent à une victime brables  : un dieu irrité par la paresse de ses
et refusent de s’écarter d’elle, se nourrissant de fidèles, un esprit qui n’a pas été respecté ou
sa vitalité ou provoquant la folie. Cependant, un défunt dont la mémoire n’est pas honorée.
 MISTICISMe et superstitioN
Il ne vaut mieux pas mettre en colère ou ignorer
ces êtres, car leur vengeance peut être terrible.
ASHIPU, HERBORISTES ET AMULETTES
Mais une fois que vous êtes victime de l’un
de ces maux, comment pouvez-vous vous en
débarrasser ? Il y a deux façons d’arrêter l’es-
prit qui travaille le mal : apaiser l’être qui lui a
donné la force nécessaire pour agir ou l’expul-
ser directement. La première solution est plus
facile lorsqu’il s’agit de créatures surnaturelles,
car, paradoxalement, elles sont généralement
plus disposées à être apaisées que les mortels.
La seconde, en revanche, est d’autant plus
efficace que l’esprit est faible, situation qui se
produit généralement lorsque l’attaque est or-
chestrée par un être de chair et de sang.
Dans l’Empire d’Akkad, il existe une caste de
sages spécialisés dans l’étude de la nature des
ombres, experts dans l’identification de ces
maux et leur expulsion du corps du convales-
cent. Ce sont les Ashipu et la traduction la plus
appropriée de leur nom est « exorcistes ».
Ils travaillent par différents moyens, tels que
des sacrifices, des ablutions sacrées ou des
rites de purification, mais leurs services ont
un prix élevé et peu peuvent se permettre de
s’offrir le plus expert des Ashipu.
Une autre option pour expulser un esprit qui a
pris racine est de l’apaiser à travers différentes
formules et préparations, les plus courantes
étant celles à base d’herbes. Même ainsi, cette
solution doit être utilisée avec soin et modé-
ration, car le mauvais mélange de composants
pourrait mettre l’esprit en colère ou affaiblir
encore plus le corps, attirant plus d’ombres
désireuses de dévorer une âme affaiblie.
Il peut sembler que la connaissance des
plantes et de leurs utilisations est un piètre
substitut au pouvoir écrasant d’un Ashipu,
mais il y a une sorte de mal que seuls les
herboristes savent traiter  : les poisons. Cette
condition, contrairement aux autres, a une ori-
gine claire et bien définie : les esprits soumis
aux mâchoires et aux dards de certains êtres.
Cela les rend prévisibles, car une fois qu’un
moyen a été trouvé pour expulser une forme
157
particulière de ces esprits, il peut être utilisé
avec tous les autres de leur espèce avec une
chance plus que raisonnable de succès. Bien
que les personnalités individuelles de chaque
esprit diffèrent, leurs appétits et leurs natures
se ressemblent toujours.
Il y a encore un dernier moyen d’éviter les
déprédations de ces créatures surnaturelles  :
la prévention. En utilisant des amulettes, un
homme peut se protéger de nombreux types
d’esprits. Les amulettes peuvent prendre n’im-
porte quelle forme, des talismans, solides, mais
complexes à fabriquer, aux huiles, éphémères,
mais puissantes.
Même les gens eux-mêmes peuvent être des
amulettes. L’un des plus complexes offices
à exécuter, mais des plus connus, est le Shar
Pushi, qui signifie substitut royal. Utilisé par les
souverains qui reçoivent un mauvais présage,
il consiste à nommer un autre homme à la
charge Ensi et le laisser agir comme s’il s’agis-
sait du Roi-Sorcier jusqu’à ce que le mal qui
était destiné au vrai souverain l’agresse. Ainsi,
le substitut devient une amulette vivante, qui
attirera vers sa personne les dangers qui pour-
raient cibler l’authentique Roi-Sorcier.
Chaque amulette protège contre un type parti-
culier d’esprit et sa puissance est aussi grande
que la volonté de celui qui l’a créée face aux
ombres et à leurs œuvres. Par exemple  : les
femmes enceintes portent souvent des penden-
tifs en forme de Pazuzu pour se protéger des
avortements causés par Lamashtu. De plus, si
un pendentif particulier a été sculpté par une
sage-femme qui a vu la naissance de plusieurs
nourrissons mort-nés, il sera beaucoup plus
puissant que la normale. Il existe également
des amulettes particulièrement puissantes, qui
protègent contre un large éventail de maux et
sont extrêmement efficaces, mais sont hors de
portée de quiconque à l’exception d’un véri-
table sorcier.
LES UTUKKU
Toutes ces calamités, bien que terribles et dan-
gereuses, ont leur origine dans des esprits qui
peuvent être compris par l’homme. Des créa-
tures qui, malgré leur malice, font partie du
158 DIEUX ET SORCIERS
monde autant que des êtres de chair et de sang.
Ils prennent leur place dans l’ordre des choses
et les mortels doivent apprendre à se défendre
contre eux comme s’ils se défendaient contre
une bête sauvage ou d’une tempête.
Mais il y a des entités complètement étranges
de nature inconnue, qui n’appartiennent pas
à cet ordre  : les Utukku ou démons. Ils ne
viennent pas de Kishar, ni de l’Irkalla qui abrite
tant de morts, mais d’autres espaces éloignés
et sinistres, où la vie telle qu’elle est connue,
qu’elle soit mortelle ou spirituelle, ne pour-
rait jamais subsister. Ils viennent du même
royaume que celui des étoiles.
Il est difficile de décrire avec des mots le lieu
d’où viennent les démons, car ce n’est pas une
terre qui peut être facilement comprise par un
esprit mortel. La seule chose que les érudits
de l’occultisme savent avec certitude, c’est que
ce que l’on appelle communément la réalité
n’est qu’un petit coin du vaste cosmos et que
les hommes ne sont que de petites fourmis
qui croient qu’il n’y a rien d’autre que leur
fourmilière.
Ce qui est commun à tous les Utukku, c’est leur
méchanceté. Ils n’ont jamais de bonnes inten-
tions et dans leur psychologie, il n’y a pas de
place pour des concepts tels que la générosité
ou l’amour. C’est pourquoi, lorsqu’ils répondent
aux appels du rare sorcier qui parvient à attirer
leur attention, ils exigent toujours un prix élevé
en échange de leurs services. Heureusement
et précisément à cause de la distance qui les
sépare de Kishar, ces entités terrifiantes par-
viennent rarement à se manifester et quand
elles le font, cela signifie presque toujours que
c’est le fruit de l’invocation d’un démonologue.
Ce qui peut amener quelqu’un à demander
l’aide d’un tel être est quelque chose de diffi-
cile à comprendre. Seuls les plus désespérés,
les plus ambitieux ou les plus inconscients
risquent leur vie et leur santé mentale en cher-
chant les faveurs des Utukku.
Concernant la défense contre ces attaques,
certaines des mesures de protection contre les
esprits servent également contre les démons.
Cependant, elles ont tendance à être bien
moins efficaces et il ne faut pas trop compter
sur elles. Une amulette doit être très puissante
pour servir de garde-fou et seuls les plus cou-
rageux des Ashipu ont réussi à exorciser un
Utukku.
En ce qui concerne les remèdes à base de
plantes, aucun n’est connu pour avoir un effet
contre les offensives de ces êtres étranges.
LA VIE APRÈS LA MORT
Pour tous les êtres vivants, il arrive un temps
où il faut faire face au Mutu, la mort. Les Awilu
ne se préparent pas à ce moment ou ne s’y ré-
signent pas, mais professent une peur presque
révérencieuse de celle-ci. Et à juste titre, car ce
n’est pas une expérience agréable.
À la mort, le corps de tout être conscient, le
Lu, perd son unité et est divisé en deux moi-
tiés qui ne peuvent exister dans le monde par
leurs propres moyens. Ces deux parties sont le
Shalamtu, le cadavre immobile et sans énergie,
et l’Etemmu, la volonté et l’énergie qui animent
le corps. Le destin du Shalamtu est de rester
sur le sol et de pourrir petit à petit jusqu’à ce
qu’il ne soit guère plus qu’un échafaudage cas-
sé et disparaisse complètement.
Mais ce n’est pas le cas avec l’Etemmu. Ces
âmes, qui ne sont pas purement immatérielles,
mais plutôt une faible vapeur presque insigni-
fiante, se dirigent vers l’Irkalla, l’Inframonde.
Là, elles y restent pour l’éternité, se nourrissant
de poussière et de boue, seules substances qui
existent dans cet endroit. Elles se souviennent
encore et encore des expériences qu’elles
ont vécues, de ce qu’elles ont fait autrefois et
perdent progressivement conscience de l’être
qu’elles ont été jusqu’à ce qu’elles deviennent
de simples automates.
Pendant ce temps, c’est le travail des proches
du défunt de professer le respect dû pour ses
restes. Ils doivent l’enterrer avec les honneurs
requis, prononcer son nom fréquemment, dé-
poser de la nourriture, verser de l’eau fraiche
sur sa tombe et effectuer le rituel de Kispum
fréquemment. Il est même nécessaire que, si
leur résidence funéraire est déplacée, que les
ossements du défunt soient transportés dans sa
 DIeux 159

Lui, grand taureau sauvage, est tombé pour ne jamais se relever.

Lui, Gilgamesh, est tombé pour ne jamais se relever.
Lui, le héros qui a ceinturé le harnais, est tombé pour ne jamais se relever.
Lui, unique par sa force, est tombé pour ne jamais se relever.
Lui, qui parlait sagement, est tombé pour ne jamais se relever.
Lui, pilleur de nombreux lieux, est tombé pour ne jamais se relever.
Lui, qui est monté au sommet, est tombé pour ne jamais se relever.
Le seigneur de Kulaba est tombé pour ne jamais se relever.
Il est allongé sur son lit de mort pour ne jamais se relever.
Il est allongé sur un matelas de soupirs pour ne jamais se relever.
Incapable de se lever, incapable de s’asseoir, il se lamente.
Incapable de manger, incapable de boire, il se lamente.
Comme un poisson à la surface, comme une gazelle prise dans un piège.
Sans mains ni pieds, dans la nuit éternelle, Irkalla.

Extrait de « La mort de Gilgamesh ». Dernière tablette de l’Épopée de Gilgamesh.

nouvelle maison. Ce cela n’est pas fait, l’Etem-
mu reviendra d’entre les morts pour harceler et
persécuter les vivants qui ont manqué à leurs
obligations envers lui. Une fois libéré de l’Irkal-
la, le fantôme fera tous les dégâts possibles,
possédant et maudissant ceux qui l’ont offensé.
Très peu de personnes savent ce qui se passe
exactement dans l’Inframonde, parce que celui
qui y va en revient rarement, mais le compor-
tement des Etemmu montre clairement que ce
n’est pas quelque chose d’agréable.
Les enfants mort-nés et ceux qui, contraire-
ment à leur destin, meurent avant que leur
temps soit venu, ne se rendent pas dans l’Irkal-
la. Personne ne sait où vont ces âmes.
LES DÉFUNTS DES RACES INFÉRIEURES
Mais l’entrée dans l’Irkalla est réservée unique-
ment aux Awilu. Leurs esclaves, les Mushkenu
et les Wardu, sont dans une situation encore
pire. Peu de temps après leur mort, leurs
restes sont empilés et sont incinérés. Piégées
dans les flammes et la fumée de la conflagra-
tion, leurs âmes montent au ciel, s’élevant irré-
médiablement jusqu’à ce qu’elles soient si loin
de la surface qu’elles ne peuvent plus revenir.
Là, elles deviennent la proie des envoyés des
Igigu, qui les capturent et les amènent devant
leurs sinistres seigneurs.
Ce qui arrive alors aux défunts est un mys-
tère impossible à démêler. On pense qu’il
est complètement impossible de revenir d’un
tel voyage, peu importe à quel point cer-
tains Utukku font des promesses contraires.
Quiconque écoute leurs paroles peut revenir
dans le monde des vivants, mais surement pas
comme on peut se l’imaginer.
Si, par hasard ou négligence, un membre d’une
de ces races meurt et n’est pas incinéré, son
Etemmu se rendra à l’Irkalla comme celui de
n’importe quel Awilu. Et la même chose se
produit en sens inverse.
Il n’y a pas de mort plus terrible pour un noble
que celle qui se produit par le feu, car une éter-
nité de souffrance est préférable à l’inconnu.
Et bien que les Awilu aiment se considérer
comme des êtres divins, leurs âmes sont de la
même nature que celles de leurs esclaves.
DIEUX
Il existe deux types de dieux  : les Dieux
Anciens, ou Anunnaki, et les Dieux des
Étoiles, ou Igigu. Bien que ces deux types de
dieux soient tous deux des créatures immor-
telles et puissantes bien au-delà de la portée
des hommes, ils ne pourraient pas présenter
plus de différences les uns par rapport aux
autres.
160 DIEUX ET SORCIERS
Les premiers étaient les seigneurs originels
des terres maintenant occupées par l’Empire
d’Akkad, et les Awilu la main-d’œuvre qui ré-
pondait à tous leurs besoins. Les seconds sont
les dieux actuellement vénérés dans l’Empire
et leur nature est très différente. Leur origine
se situe au-delà de Kishar et ils possèdent des
connaissances incroyables.
La sorcellerie n’est rien d’autre que cette
connaissance, transmise par les Igigu à des
mortels assez ambitieux, assez fous ou dé-
sespérés pour les écouter. Ces êtres peuvent
fournir du pouvoir et de la sagesse au-delà des
rêves de quiconque, mais ils exigent toujours
quelque chose en retour.
CULTE ET PRÊTRES
En Akkad, les dieux sont vénérés comme les
garants de la stabilité et des origines de l’ordre
et de la société. Le monde est tel qu’il est parce
qu’ils l’ont décidé et tout ce dont jouissent les
Awilu, ils le doivent à leur volonté suprême.
Mais pas par bonté, car les divinités ne res-
sentent aucune reconnaissance pour leurs
fidèles. Elles agissent dans leur propre intérêt,
car c’est ainsi qu’elles souhaitent organiser
leurs domaines.
Dans La Porte d’Ishtar, il n’y a pas de mono-
théisme. Même si un individu est un disciple
d’un dieu particulier, il n’en viendra jamais à
penser que son dieu tutélaire est la seule divi-
nité qui existe. Le concept d’être supérieur des
habitants d’Akkad n’est pas ce que quelqu’un
de notre monde moderne peut avoir. La facette
d’une divinité en tant que créatrice du monde
(même si elle existe) n’est pas aussi importante
que celle de détentrice d’un pouvoir plus grand
que celui de l’homme. Par conséquent, même
s’il existe des différences théologiques et que
celles-ci donnent lieu à des discussions entre
érudits ou grands prêtres, aucun homme ne
niera le dieu d’un autre. De plus, si quelqu’un
entend parler d’un dieu qu’il en connait pas, il
l’incorporera probablement à son panthéon.
En conséquence, la tâche d’un fidèle n’est
pas de démontrer à son dieu qu’il le préfère
au reste des divinités, mais de s’assurer qu’il
respecte ses préceptes afin d’être récompensé
ou, du moins, de ne pas être puni. Les dieux
sont vénérés pour la protection qu’ils offrent
ou par crainte de leur colère. Un paysan peut
le même jour faire une offrande au Seigneur
des Marchands afin d’obtenir un bon prix pour
son cochon, faire une libation en l’honneur du
Maitre des Tempêtes afin que le temps soit
clément et prier Shuk-Nippurash afin que sa
femme tombe enceinte.
Dans chacune des cités d’Akkad, il y a de nom-
breux temples dédiés à différents dieux et il est
rare qu’une implantation ne vénère qu’un seul
dieu. Cependant, chaque cité a un dieu tuté-
laire, autour duquel le culte du temple le plus
puissant est organisé, un pouvoir qui rivalise
et se heurte souvent à l’Ensi qui gouverne la
métropole. La plupart de ses habitants sont
des dévots de ce dieu tutélaire et des fêtes
sont prévues autour d’évènements importants
pour le culte de cette divinité particulière. De
plus, la construction la plus imposante au ni-
veau religieux de chaque cité, la spectaculaire
Ziggurat, est toujours dédiée à rendre gloire
au dieu local.
Des deux types de dieux qui apparaissent dans
ce chapitre, seuls les Igigu sont actuellement
vénérés en Akkad, le culte des Anunnaki étant
punissable de mort par décret de Sargon lui-
même (sauf, bien sûr, Ashur). Cependant,
comme avant la victoire de l’Empereur, les
Dieux Anciens étaient adorés, de nombreux
rites et cérémonies qui les honoraient restent
identiques. La seule différence est qu’ils visent
maintenant des divinités différentes. Ils ont
échangé des maitres cruels et proches contre
d’autres seigneurs, apparemment bienveil-
lants, mais en réalité infiniment plus malé-
fiques et extrêmement habiles à cacher leur
vraie nature. Ce n’est pas le résultat souhaité
par Sargon, mais il semble qu’il ne puisse pas
faire grand-chose pour l’éviter.
Il y a autant de cultes qu’il y a de dieux, voire
plus, puisque certaines divinités sont véné-
rées sous différentes formes et que les fidèles
attribuent des noms différents à ce qui n’est
parfois rien d’autre que le même être. En ce
qui concerne l’ordre sacerdotal de ces groupes,
leurs structures, leurs formes et leurs res-
ponsabilités ne peuvent pas être facilement
 DIeux 161

J’ai connu beaucoup de dieux. Celui qui nie

leur existence est aussi aveugle que celui qui
leur fait confiance avec une foi inadmissible.
Je n’attends rien d’eux. Il peut s’agir d’accor-
der des faveurs à ceux qui les suivent et de
punir ceux qui les ignorent. Je ne sais pas, je
m’en moque.

Laissez-moi vivre intensément pendant

que je peux. Je veux goûter le riche jus de
viande rouge et sentir le goût acide du vin
sur mon palais, profiter de l’étreinte chaleu-
reuse d’une femme et de la folie jubilatoire
de la bataille lorsque les lames brillantes des
épées sont appelées. C’est suffisant pour
que je sois heureux.

Que les enseignants, les prêtres et les phi-

losophes réfléchissent sur la réalité et l’il-
lusion. Je sais seulement ceci : si la vie est
illusion, je ne suis rien de plus que cela, une
illusion et c’est donc une réalité pour moi. Je
suis vivant, je suis consumé par la passion,
j’aime et je tue, j’en suis satisfait.

Opinions d’un pillard Cimmérien

résumées et catégorisées parce qu’il y a au-
tant de variété en elles que de sectes qu’elles
président. Ce serait une tâche impossible de
toutes les énumérer.
Ce qu’ils ont en commun, c’est qu’ils sont ra-
rement très stratifiés, tendant à valoriser un
ministre plus pour ses propres capacités ou
ressources que pour sa position dans la hié-
rarchie, bien qu’il y ait des exceptions claires,
comme les grands prêtres.
LES KADISHTU
En l’absence d’une structure fixe, voire simi-
laire, entre les hiérarchies des différents cultes,
il serait inutile de décrire les tâches de chaque
type de prêtre ou d’agent divin. Certains
exercent un grand pouvoir et assument de
dures responsabilités, tandis que d’autres
jouissent d’une plus grande liberté dans leur
travail en tant que représentants des dieux.
Mais s’il y a bien une classe sacerdotale connue
dans tout Akkad, c’est celle des Kadishtu.
Elles sont les prêtresses de la déesse Shuk-
Nippurash, comme elles furent celles de la
déesse Ishtar avant elle. Elles sont populaire-
ment connues comme les prostituées sacrées.
Dans l’Empire, le sexe est considéré comme la
manifestation la plus puissante de la fertilité et
du renouvellement de la terre, caractéristiques
sans lesquelles la civilisation serait impossible.
Puisque tous les aspects de la fertilité sont liés
et peuvent tous être retracés à la même ori-
gine, la bonne façon d’adorer cette facette de
la déesse est de le faire par l’union sexuelle. Si
vous voulez que le bétail naisse fort et en bonne
santé, que la récolte soit abondante ou que les
fleuves descendent remplis d’eau vitale, vous
devez rechercher les services d’une Kadishtu.
Pour cela, celui qui souhaite faire l’offrande
à Shuk-Nippurash doit se rendre dans son
162 DIEUX ET SORCIERS
temple, prendre l’une des prêtresses qui lui
sont offertes et s’unir avec elle sexuellement
dans les pièces spécialement dédiées à un tel
acte. Le prix payé par le fidèle à la Kadishtu fi-
nit dans les coffres du temple et il doit toujours
être lié à la faveur qu’il souhaite demander à la
déesse : un jeune veau s’il souhaite augmenter
la fertilité de ses troupeaux ou une outre de vin
s’il vient supplier pour ses récoltes.
Dans ce rituel, l’amour et le plaisir n’entrent pas
en jeu, bien que ce dernier soit souvent obtenu.
Seule la copulation est importante en tant que
symbole d’abondance et d’exubérance. Il existe
aussi des cérémonies qui impliquent de parta-
ger un lit et qui incluent d’autres aspects de la
déesse, car ces offrandes simples ne sont qu’un
exemple des services fournis par les Kadishtu.
Parmi elles se trouve l’importante fête du
Nouvel An, dans laquelle la Grande Prêtresse
passe une nuit avec le Roi-Sorcier.
En récompense de leur foi, la Mère donne de
nombreux cadeaux aux Kadishtu. La beauté,
l’intelligence, la force et la ruse ne sont qu’une
partie de tout ce que Shuk-Nippurash peut of-
frir. De plus, les Kadishtu sont des courtisanes
qualifiées et les plus âgées sont toujours des
femmes d’une grande influence et d’un grand
pouvoir. Formées pour incarner tous les as-
pects de leur déesse, les prostituées sacrées
jouissent du respect qui leur est dû et sont
tenues en haute estime dans l’Empire.
Que ce soit à cause de l’importance des fa-
cettes de la vie sur lesquelles elle domine ou
à cause de la popularité des services de ses
ministres, la vérité est que Shuk-Nippurash est
l’une des divinités les plus aimées, si un tel mot
peut être utilisé en Akkad.
DIEUX ANCIENS
Les Dieux Anciens, également appelés
Anunnaki, ce qui signifie «  ceux qui règnent
sur la terre et les profondeurs », ne sont plus
vénérés en Akkad et n’ont aucun pouvoir dans
l’Empire. Avant, lorsque les cités n’étaient pas
unies sous la volonté d’un Empereur et que la
terre entre les fleuves était connue comme le
pays de Sumer, les Dieux Anciens étaient les
souverains absolus.
Ils ont créé les Awilu pour les servir et répondre
à tous leurs besoins. Ils erraient librement sans
se soucier de rien pendant que leurs esclaves
étaient chargés de résoudre tout problème qui
pouvait survenir. Chaque Dieu Ancien avait sa
propre personnalité et imposait sa domination
sur certains domaines de la vie dont il était le
dieu tutélaire. Les Anunnaki vivaient avec les
Awilu, mais, contrairement à ces derniers, ils
étaient immortels et dotés d’un pouvoir im-
mense. Ni la maladie ni les difficultés ne les
affectaient et ils étaient des créatures sujettes
à de fortes passions.
Ces passions provoquaient souvent des
conflits, qui finissaient presque toujours par
conduire à des guerres dans lesquelles leurs
esclaves devaient se battre. Toutes les cités de
Sumer avaient un dieu tutélaire qui régnait sur
elles et dont les habitants servaient les des-
seins. Ainsi, il y avait des centaines d’Anunnaki
de rang inférieur, chacun étant responsable
d’une partie de l’univers.
Chacun des Dieux Anciens avait en son pou-
voir certains Me, c’est-à-dire les différents
aspects de la vie et du monde, qui allaient de
concepts abstraits tels que l’amour ou la haine
à des phénomènes naturels tels que le feu ou
les tempêtes. Les Anunnaki en ont fait usage
et ont abusé du pouvoir que leurs Me leur
avaient accordé et, à de nombreuses reprises,
ils se sont battus entre eux et ont déclenché
des guerres entre leurs sujets afin d’obtenir
une partie des Me d’autres dieux.
Mais cela fait longtemps que ces guerres ne se
sont plus produites. En réalité, depuis plus de
deux mille ans. La plupart de ces dieux sont
tombés dans l’oubli et seuls ceux parmi les
plus grands des Dieux Anciens restent dans la
mémoire d’un érudit ou sur les tablettes d’un
scribe. Les noms de presque tous ces dieux ont
perdu leur signification et Sargon est le seul
mortel qui se souvienne d’un monde dans le-
quel ils ont réduit les Awilu en esclavage.
Peut-être et seulement peut-être, derrière
la porte d’Ishtar, dans la cité souterraine de
Babylone, les descendants des Awilu qui ont
fui il y a deux millénaires adorent encore les
Anunnaki.
 DIeux
Ashur
Ashur, contrairement aux autres Dieux
Anciens, est toujours vénéré dans l’Empire
d’Akkad. Dieu du Commerce et de la Prospérité
et ennemi d’Enlil, il obtint un pardon pour lui-
même et ses adorateurs lorsque Sargon prit
les armes. Pendant sept jours et sept nuits,
les deux se sont réunis, pour négocier les
conditions de sa reddition. À la fin de cette
rencontre, Ashur était devenu un traitre à lui-
même. Le seul Anunnaki pardonné et donc le
seul Anunnaki qui a encore du pouvoir sur la
terre entre les fleuves.
On ne sait pas exactement de quoi lui et l’Em-
pereur ont parlé. Certains des termes de leur
accord ont été rendus publics, mais certaines
parties sont recouvertes par un voile de mys-
tère. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que
sans le soutien logistique et commercial offert
par les marchands qui le vénèrent, la conquête
de Sargon, bien que possible, n’aurait peut-
être pas été réalisée aussi rapidement et
efficacement.
Adoré par les habitants d’Assur, il est générale-
ment représenté comme un Awilu portant une
barbe tressée, habillé en marchand, davantage
préparé pour les voyages que pour la guerre
et avec la tiare à cornes symbolisant sa divi-
nité. Puisqu’il y a des Assur dans chacune des
cités d’Akkad, Ashur est aujourd’hui le dieu
le plus vénéré de l’Empire, encore plus que
Shuk-Nippurash, la Déesse des Étoiles la plus
populaire.
Après tout, dans chaque cité, il y a un Karum.
Et dans chaque Karum, il y a un temple dédié à
Ashur. Le dieu est peut-être un traitre, mais il
ne s’en sort pas si mal.
163
Enki
Seigneur des Eaux, de la Connaissance, de
la Sagesse, de la Magie et de la Civilisation,
Enki était le plus compatissant des Anunnaki.
Toujours soucieux des Awilu, il leur enseigna le
secret de la civilisation et leur appris les connais-
sances nécessaires afin de rendre leur fardeau,
c’est-à-dire servir les dieux, plus supportable.
Chaque fois que les autres Anunnaki es-
sayaient d’anéantir l’humanité, Enki venait
pour la défendre ou inventait une ruse avec
laquelle tromper les autres Dieux Anciens et
ainsi s’assurer que les Awilu survivent.
Eridu, la première cité, est son œuvre et le
centre de son culte s’y tenait. Maintenant, il
a été remplacé par celui du Dieu des Étoiles
Kuthalu. Fils d’An, le dieu absent, Enki était
représenté comme un Awilu vêtu d’une simple
robe bleue. De son dos jaillissaient deux
sources, une de chaque épaule, qui donnaient
vie à la terre en l’arrosant de sa fraicheur et
dans lesquelles sautaient des poissons de
toutes les couleurs.
Il régnait sur l’Apsu, l’océan d’eau douce sous le
monde. Les créatures qui y habitaient lui ren-
daient hommage et c’est le mouvement de cet
océan qui provoque les crues des deux fleuves,
si nécessaires à la culture. Pourquoi ces inon-
dations continuent de se produire même après
l’exil du dieu est quelque chose que beaucoup
d’érudits se demandent. La plupart pensent
que dans sa compassion infinie, il continue de
se soucier de l’humanité qui l’a banni.
Mais cela importe peu, car seuls les scribes les
mieux éduqués connaissent son existence.
De tous les Anunnaki, Enki était celui qui re-
grettait le plus la révolte de Sargon, car, dans
un sens, il savait déjà que quelque chose de ce
genre arriverait tôt ou tard.
Mais à la fin, sa bonté ne lui a fait aucun
bien. Il a dû fuir comme tous les autres Dieux
Anciens. Et presque personne en Akkad ne se
souvient du dieu à qui les Awilu doivent leur
vie, celui qui intercéda si souvent pour eux et
leur donna tant de cadeaux.
164 DIEUX ET SORCIERS
Enlil
Enlil était, à l’exception de son père An, le plus
grand parmi les Anunnaki. Il dominait le ciel,
qui se trouve entre la terre et les espaces vides
qui séparent les mondes. Il était le Seigneur
de l’Air, du Vent et des Tempêtes, Le Tonnerre
Bruyant et Le Taureau Sauvage. Aucun autre
dieu ne pouvait se comparer à lui et aucun
mortel ne pouvait voir son rayonnement sans
tomber mort instantanément.
Mais toute cette verve et cette puissance sont
mortes, ne laissant rien d’entre eux sauf l’étin-
celle de vie qui anime le Mushkenu et le Wardu.
Car Enlil a été tué. La première et la seule vic-
time parmi les Anunnaki dans la guerre contre
les mortels. Sa chute fut si terrible qu’elle
suffit à provoquer la déroute des autres Dieux
Anciens. Dès qu’ils virent l’une des armées de
Sargon approcher, les Anunnaki se retirèrent
tandis que leurs guerriers Awilu se battaient
pour les protéger. Ils avaient peur, peur de ce
mortel qui avait mis fin à la vie du plus grand
parmi les Seigneurs du Destin, de l’un des im-
mortels qui mangeait le Pain de la Vie.
Le jour de sa mort, le vent s’est complètement
arrêté. Le ciel s’est dégagé des nuages et un cri
puissant a été entendu partout dans Kishar à la
fois. Il a fallu des jours avant que la première
brise n’apparaisse à nouveau.
Après avoir mis fin à sa vie, avec son sang
immortel, de l’argile et ses connaissances obs-
cures, Sargon l’Alchimiste a donné vie aux races
d’esclaves. Quelle ironie que le guerrier le plus
puissant parmi les Anunnaki soit à l’origine des
armées infinies qui les ont fait battre en retraite.
Son culte était à Nippur, la plus importante
des cités, le centre religieux du pays de Sumer.
Plus craint que vénéré, sa force ne s’est jamais
illustrée par la prospérité et la croissance des
cultures, car la pluie et les tempêtes ne servent
qu’à gâcher les récoltes. C’était Enki et les
fleuves qui fournissaient à manger et faisaient
que la terre était fertile.
Il était représenté comme une montagne en-
tourée de nuages d’orage, un Awilu couvert
seulement d’un pagne et avec la foudre dans
les mains ou encore un oiseau de proie féroce.
Toujours en colère et prompt à la violence, il
a essayé de reconquérir l’humanité à plusieurs
reprises. Peut-être parce qu’il soupçonnait que
son destin final serait de mourir des mains des
mortels qui lui servaient d’esclaves.
Ereshkigal
Ereshkigal était la souveraine absolue de
l’Irkalla, l’Inframonde, les maisons de pous-
sière où vont les esprits des Awilu quand
ils meurent et sont enterrés. Les Me qui lui
correspondaient étaient la mort, le froid et la
douleur. Atteinte d’une terrible phobie de la lu-
mière, elle ne tolère pas la moindre luminosité
et ne peut donc pas quitter son royaume de
poussière et de ténèbres.
Cette déesse déteste de toutes ses forces sa
sœur cadette, Ishtar. Bien que toutes deux
soient filles d’Enlil, leurs destins ne pourraient
être plus différents. Alors qu’Ereshkigal vit
une existence triste et solitaire, Ishtar jouit
continuellement de plaisirs charnels et libère
inlassablement ses désirs.
Cette haine était telle que, désirant désespéré-
ment un compagnon pour profiter de la passion
que l’on ne trouve que dans un lit, Ereshkigal sé-
duisit Nergal, le Dieu du Fléau et de la Maladie.
En utilisant ses attraits, elle l’attira dans son
royaume et, le saoulant, le trompa pour qu’il
devienne son amant. À partir de ce jour, Nergal
fut obligé de partager la couche d’Ereshkigal et
de laisser libre cours à ses passions durant la
moitié de l’année où cela est le plus manifeste
dans le monde, les mois les plus froids.
Elle avait son temple le plus important dans la
cité maintenant perdue de Kutha, où elle était
intensément vénérée et représentée comme une
Awilu d’âge moyen, avec l’expérience perçant
dans son regard et le poids des années sur son
visage, mature et calme, bien que non moins
beau. Mais en même temps, les ailes de son dos
et les griffes de ses pieds montraient son autre
facette, celle d’un être terrible et impitoyable.
Elle était servie à la fois par les Etemmu, les
esprits des morts et les Galla, les démons qui
chassaient pour la nourrir. On dit que personne
n’a jamais attaqué l’un de ses fidèles.
 DIeux
Mais tous ses serviteurs ne pouvaient la pas
défendre contre ce qui allait arriver. Un dieu
étrange et éloigné, venu d’au-delà des étoiles,
est arrivé pour tenter de conquérir son royaume.
Pendant que les Awilu se battaient à la surface,
les habitants de l’Irkalla menaient leur propre
guerre. À ce jour, on ne sait pas quel côté a été
victorieux et qui domine l’Inframonde, mais il
est très probable que même aujourd’hui, plu-
sieurs dieux se battent pour son contrôle. Ce
qui est certain, c’est que peu vénèrent l’ancienne
déesse du pays des défunts.
Ishtar
Sœur cadette d’Ereshkigal, Ishtar était la
Déesse de la Passion et de tout ce qui en est
originaire, en particulier ses deux aspects les
plus puissants  : l’amour et la guerre. Déesse
des Prostituées, cruelle et impitoyable, on dit
qu’elle pliait des hommes à sa volonté, leur
prenant ce qu’elle voulait et les oubliant par la
suite, comme s’ils n’avaient jamais été à ses cô-
tés. Malgré cela, beaucoup donneraient n’im-
porte quoi pour courir le risque de se confondre
avec elle, parce qu’Ishtar est fougueuse, féroce
et infatigable. Qui n’abandonnerait pas tout ce
qu’il possède pour ressentir le feu de la passion
de son amour incarné ?
Cependant, il n’y a qu’un seul amant dans les bras
duquel Ishtar est toujours retournée : Dumuzi,
son mari, qui est responsable des Me de la fer-
tilité et de la naissance. Autrefois, l’union entre
ces deux dieux était honorée dans tout Sumer le
premier jour de l’année. Au cours de cette fête
complexe et intense, l’Ensi de chaque cité in-
carnait le rôle de Dumuzi et la grande prêtresse
celui d’Ishtar. Ce rituel culminait toujours avec
l’union sacrée des deux, effectuée sur un lit spé-
cialement préparé au sommet de la Ziggurat. Si
les célébrations étaient exécutées avec succès,
la fertilité et l’abondance toucheraient le pays de
Sumer pendant un an, mais la plus petite des
erreurs ou le moindre écart dans la passion et
l’amour des célébrants pouvaient provoquer
des conséquences catastrophiques.
Dumuzi aimait tellement Ishtar qu’il a fini
par donner sa vie pour elle. Ivre de pouvoir,
la déesse décida un jour de descendre dans
l’Irkalla, les domaines de sa sœur Ereshkigal,
165
et d’essayer de lui arracher la souveraineté de
ses terres. Mais la passionnée Ishtar échoua
et se retrouva emprisonnée par sa cruelle pa-
rente, torturée et suspendue à des clous rouil-
lés. Cependant, juste au moment où Ereshkigal
était sur le point de mettre fin à ses jours,
Dumuzi l’interrompit, offrant sa vie en échange
de sa liberté. Sachant que rien ne pouvait pro-
duire plus de douleur et de souffrance à Ishtar,
la Déesse de l’Inframonde accepta l’offre de
Dumuzi et ce dernier se suicida.
Ishtar n’a plus jamais été la même. Il commen-
çait à y avoir plus de rage que de passion en
elle et sa martialité se transforma en fureur. Il
n’est pas surprenant qu’elle ne se soit pas vrai-
ment opposée aux forces de Sargon.
Elle est dépeinte comme une femme nue exu-
bérante avec des ailes d’aigle. Parfois brandis-
sant des armes et toujours entourée de lions, les
quelques statuettes d’Ishtar qui circulent encore
provoquent généralement des blagues de mau-
vais goût en raison de leurs attributs exagérés.
Shamash
Tous les Anunnaki n’ont pas réussi à échapper
à la colère de Sargon. L’un d’eux, Shamash, le
Soleil, a été capturé et sa vie a été épargnée en
échange de la poursuite de son travail d’illumi-
nation de la terre. Aujourd’hui, il est toujours
enchainé et obligé de faire son voyage quoti-
dien à travers la voute céleste, tandis que deux
terribles ravisseurs l’accompagnent dans son
voyage, s’assurant qu’il ne s’en écarte pas ou
qu’il ne s’immisce pas dans les affaires des Igigu.
Autrefois, Shamash, également connu sous le
nom de Juge, exerçait sa domination sur les Me
de la justice, de la vérité et de la lumière. Lorsqu’il
parcourt les cieux, il est témoin des actes des
hommes, aucune pensée des créatures qui
habitent Kishar n’échappant à sa surveillance.
À l’époque du pays de Sumer, Shamash offrit
ses conseils aux rois les plus sages et instilla la
terreur dans le cœur des criminels. Il prenait à
cœur les affaires des mortels et les considérait
toujours comme de sa responsabilité.
C’est peut-être la principale raison pour laquelle
il continue à faire son voyage quotidien dans le
166 DIEUX ET SORCIERS
ciel, au lieu de se suicider ou de s’allonger dans
l’Irkalla où il passe ses nuits. Son regard perçant
contemple toujours les hommes, mais il ne fait
plus rien pour affecter leur vie. Il attend peut-
être des jours meilleurs, mais il y a de fortes
chances qu’il ait perdu foi en l’humanité.
Après tout, qui a besoin de ses conseils dans
un monde où la justice n’existe pas ?
Shamash est l’un des rares Anunnaki dont les
habitants actuels d’Akkad se souviennent du
nom, car son visage enflammé illumine les
jours et son ardeur réchauffe les champs et les
cœurs. Sans lui, il n’y aurait pas de vie à Kishar.
Quand il était encore vénéré, il était représen-
té sous la forme d’un Awilu mince, presque
fragile, aux traits nobles, avec des flammes
surgissant de son dos et brandissant sa fidèle
Sasharu, une arme d’une facture inégalée. Le
Mont Mashu apparait également toujours à
ses pieds, les portes ouvertes annonçant son
départ comme tous les matins.
Sin
Shamash n’est pas le seul des Dieux Anciens qui
errent encore dans les cieux. Sin, l’Anunnaki de
la Lune, survole également Kishar en baignant
de sa lumière d’argent les terres de l’Empire
d’Akkad. Marquant le passage des saisons, il n’a
jamais été un Anunnaki puissant et il n’y a qu’un
seul Me sur lequel il domine : la sagesse.
Doté d’une énergie et d’une vigueur luxu-
riantes, ses barbes de lapis-lazuli flottent
librement alors qu’il chevauche son robuste
taureau ailé. Les serviteurs des Igigu tentent
de le capturer et de mettre un terme à son at-
titude de défiance, mais ils n’ont jamais réussi
à l’attraper dans leurs griffes.
Bien qu’il ne se laisse généralement voir que la
nuit, il s’écarte parfois de sa route pour tenter
de rencontrer Shamash, son frère. Cependant,
il ose rarement s’approcher de lui, de peur que
ses gardes du corps ne le fassent également
prisonnier. Ce n’est qu’en de très rares occa-
sions, lorsque, pour une raison quelconque, les
ravisseurs sont éloignés ou distraits, que cette
rencontre se produit. C’est à ces moments-là
que le cœur du dieu soleil rétrécit et que sa
luminosité s’affaiblit, parfois même s’éteignant
complètement. Mais ces réunions sont toujours
brèves, quelques minutes tout au plus, car les
gardes se rendent rapidement compte de ce qui
se passe et courent pour essayer d’attraper Sin.
Jusqu’à présent, il s’est toujours échappé, mais
chaque rencontre pourrait être sa dernière.
Un jour, Sin sera trop lent ou les ravisseurs de
Shamash trop rusés et il finira par être empri-
sonné par eux. Pour toujours.
DIEUX DES ÉTOILES
Les Dieux des Étoiles, ou Igigu, qui signifie
«  ceux qui sont au-delà du ciel  », ont rem-
placé les Dieux Anciens dans le cœur et les
prières des habitants d’Akkad. Bien qu’ils
existent depuis toujours, même bien avant les
Anunnaki, ils ne sont pas originaires de Kishar.
Ils viennent de mondes lointains ou de dimen-
sions étranges et, bien qu’ils aient chuchoté à
l’oreille de celui qui a voulu les écouter depuis
la nuit des temps, ils ne s’étaient pas montrés
ouvertement jusqu’à l’ascension de Sargon.
Ces dieux sont des êtres incompréhensibles
pour l’esprit des mortels, d’une nature com-
plètement étrangère. Leurs vrais visages ne
peuvent pas être décrits par un mortel et ils
ne prennent des formes tangibles que pour
pouvoir se montrer à leurs fidèles. Et pourtant,
ces incarnations physiques des dieux, sim-
plistes et limitées par les dimensions de Kishar,
provoquent souvent la folie chez ceux qui les
voient. Ils ne peuvent s’empêcher de laisser
transparaitre une partie de leur vraie nature.
Les Igigu ne se soucient pas des Awilu et ils ne
désirent ni n’ont besoin de l’adoration de leurs
fidèles. Pour eux, les habitants d’Akkad sont des
jouets, des sujets de leurs expériences inson-
dables et des pièces qu’ils bougent selon leur
volonté. Mais malgré leur méchanceté évidente
et leurs terribles intentions, ils ne manquent pas
d’adeptes. Certains Igigu ont même pris la place
des Anunnaki et sont devenus des dieux tuté-
laires des cités et sont ouvertement vénérés.
La plupart de leurs fidèles ignorent la réalité
de ce en quoi ils placent leur foi. Mais certains,
 DIeux
les sorciers et les prophètes de la destruction,
suivent les Dieux des Étoiles bien qu’ils soient
parfaitement conscients de leurs intentions.
Les promesses de pouvoir résonnent dans leur
tête plus fort que la raison et ils rêvent d’hériter
du nouveau monde que leurs terribles maitres
aspirent à construire. Après tout, pensent-ils,
leur victoire est inévitable. Et il est pratique
d’être du côté des gagnants.
D’autres sont vraiment fous parce qu’ils
pensent qu’ils sont plus rusés que les Igigu
eux-mêmes et croient qu’ils seront capables
de les tromper, de s’en tirer à bon compte. Ils
font semblant de prendre leurs connaissances
en échange de quelques sacrifices et la seule
chose qu’ils obtiennent est de perdre le peu de
santé mentale qu’il leur reste.
Daguna
Le Donneur de Connaissance, Le Père de
la Terre, Le Seigneur des Fleuves. Seuls les
sujets les plus érudits connaissent son vrai
nom : L’Usurpateur. Son culte remonte à avant
le Déluge et on lui attribue la création de la
houe et de la civilisation. Mais Daguna n’est
pas vraiment le père des cultures ou le patron
des paysans. Ces réalisations sont l’œuvre d’un
Anunnaki dont il s’est approprié le nom et dont
il a fait siens les fidèles.
Seule la cité souterraine de Babylone connait
le véritable Daguna. Qu’il soit encore en vie
ou non est un mystère et pratiquement per-
sonne dans l’Empire ne connait la vérité à son
167
sujet. Mais cela leur importe peu, car ils sont
heureux d’adorer l’être qui obéit au nom de
Daguna, qu’il soit ou non son porteur légitime.
Car il répond à leurs prières. De tous les Igigu,
Daguna est celui qui s’intéresse le plus aux
affaires des hommes. Ses détracteurs le mé-
prisent pour cela, estimant qu’un dieu qui se
soucie des mortels n’est rien de plus qu’une
mauvaise parodie de ses semblables. Ses dis-
ciples, cependant, voient dans cet intérêt sa
vraie force : que les autres ignorent la civilisa-
tion d’Akkad s’ils le veulent, car entre-temps,
Daguna incorporera les Awilu dans ses plans.
Son plus grand temple se trouve dans la cité
de Mari, bien que l’attitude prosélyte de ses
fidèles fasse que même la plus petite des en-
claves accueille des célébrations et des rituels
en son honneur. Ces rencontres anodines, au
cours desquelles du bétail est sacrifié et où est
commémorée l’arrivée à Eridu des Apkallu, les
serviteurs de Daguna, ne sont rien de plus que
des couvertures.
Alors que les adorateurs de Daguna les plus
prosélytes sont engagés dans l’augmentation
de la sphère de pouvoir de la secte, un réseau
complexe de conspirateurs, de meurtriers et
d’espions fait de même à travers les bas-fonds
et les fanges les plus louches de la société. Ils
se reconnaissent grâce à leurs vêtements en
forme d’animal aquatique et eux seuls peuvent
représenter le dieu dans sa manifestation la
plus authentique, celle de l’Homme-Poisson.
Absolument tous ses disciples comptent pour
Le Prince des Secrets, du plus célèbre de ses
prédicateurs au plus inconnu de ses agents. Ils
n’entendent dans ses murmures que ce qu’ils
souhaitent entendre et ils ont l’impression
d’être les pièces maitresses des plans de leur
seigneur.
Ishim-Shagshuga
Le Seigneur de la Faim, Le Feu Inépuisable,
Celui Qui Consume Les Âmes. Ces noms
sont criés par les fidèles d’Ishim-Shagshuga.
L’Igigu dont les envies ne peuvent jamais être
totalement satisfaites et qui, peu importe com-
bien il a déjà dévoré, en désire toujours plus.
168 DIEUX ET SORCIERS
Ishim-Shagshuga représente la pulsion de
base de la vie  : se nourrir et s’abandonner à
ses instincts.
Et ce n’est pas une mauvaise chose selon ses
prêtres. C’est précisément ce désir qui fait
prospérer la vie et la répand dans le monde
entier. Le nier, c’est réfuter sa propre nature
et penser qu’un état supérieur peut être atteint
en « résistant » aux « basses » pulsions n’est
rien de plus qu’une tentative de limiter l’indivi-
du, de le dominer et de l’empêcher d’atteindre
son potentiel.
Ishim-Shagshuga exerce son patronage sur
la violence, le désir et la gourmandise. Le
Seigneur du Guerrier, Le Lubrique et L’Affamé.
La façon la plus courante de le représenter
est une flamme qui, avec sa force, consume
tout ce qu’elle touche. Il ne comprend pas la
conscience ou les sentiments. Pour lui, l’intel-
ligence, l’amour ou même la passion ne signi-
fient rien.
Dans ce culte, il n’y a pas de désir qui ne soit
pas satisfait ou de pratique interdite. Laisser
un besoin insatisfait est un anathème et donc la
plupart des rituels en son honneur finissent en
meurtres et, contrairement à ceux tenus pour
honorer Shuk-Nippurash, ne visent pas le cycle
de la naissance et de la mort, mais les actes de
violence et de dépravation eux-mêmes.
Ce que peu de gens savent, cependant, c’est la
vraie nature d’Ishim-Shagshuga. Ce n’est rien
d’autre qu’un être de feu pur et de destruction
qui attaque monde après monde et réalité
après réalité, les dévorant et ne laissant rien
dans son sillage. Il est attiré par les chants et
les cris d’extase de ses disciples et ses hurle-
ments de satisfaction le rapprochent irrévoca-
blement de son prochain objectif : Kishar.
Kogu-Shogtosshu
Celui Qui Peut Franchir Le Seuil, La Clé De
Toutes Les Portes, La Volonté Avisée. Kogu-
Shogtosshu est vénéré par de nombreux
sorciers et ce sont ses paroissiens préférés.
Il est le Seigneur de la Connaissance et de la
Sagesse, mais pas de la connaissance brute,
mais de celle qui est attachée à un but. Il est
le dépositaire de tout le savoir qui a déjà existé
et qui existera un jour et il la livre librement à
celui qui souhaite l’utiliser.
Kogu-Shogtosshu méprise ceux qui aspirent à
la sagesse pour elle-même, ceux qui la voient
comme une fin et non comme un moyen.
Mais il déteste encore plus ceux qui veulent la
montrer au monde, la révéler à tous ceux qui
veulent l’écouter et la rendre universelle.
Pour ses fidèles, la connaissance n’a de valeur
que si elle est cachée et que peu la connaissent.
Le secret lui-même est aussi important que ce
qu’il protège.
Et c’est pourquoi cet Igigu n’accorde ses dons
qu’aux égoïstes, aux puissants et aux am-
bitieux. Il cherche des volontés fortes et des
égos impossibles à satisfaire. Il aide ceux qui,
peu importe combien ils ont déjà, en veulent
toujours de plus en plus.
Seules ces âmes sont conscientes du véritable
but du savoir  : servir le pouvoir. Les seuls à
comprendre pleinement Kogu-Shogtosshu
sont ceux qui fondent et dirigent ses cultes.
Ils ne collaborent les uns avec les autres que
lorsque cela est strictement nécessaire, car
ils sont toujours envieux de ce que leur rival
possède et ils croient qu’en se sentant supé-
rieurs, leur maitre leur accordera davantage
d’attention.
Et ils n’ont pas tort.
Mais la plupart de ces vrais croyants ne se
mélangent pas entre eux. Ils fondent des
cultes voués à leur personne dans le seul but
de rassembler une cohorte d’esclaves prêts
à s’occuper du plus petit de leurs désirs et à
accomplir le plus insignifiant de leurs ordres.
Ils s’entourent de disciples qui feront tout pour
servir leur maitre.
Ainsi, on peut dire que parmi chaque groupe
d’adorateurs de Kogu-Shogtosshu, un seul
d’entre eux l’est vraiment et les autres parti-
cipent en tant que marionnettes et figurants. Et
le dieu le désire ainsi. Il n’a jamais voulu avoir
beaucoup de fidèles, seulement les meilleurs.
 DIeux
Kuthalu
Celui Qui Habite Dans Les Profondeurs, Le
Marcheur Des Rêves, Le Bâtisseur. Kuthalu dort
d’un long sommeil, commencé il y a des éons.
Certains sages pensent qu’il ne se réveillera ja-
mais ou même qu’il n’a jamais été éveillé. Pour
ses fidèles, rien de tout cela n’a d’importance,
car ils ne voient aucune différence entre le som-
meil et l’éveil : lequel est le plus réel des deux ?
À l’aube, nous nous souvenons des visions né-
buleuses de la nuit et nous nous y accrochons
jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que des lambeaux
dans nos mains et finissent par disparaitre.
C’est pourquoi nous pensons que les rêves sont
irréels, des projections de notre esprit ou de
volontés supérieures. Mais la même chose se
produit pendant que nous dormons. Nos rêves
sont influencés par des fragments d’éveil, qui
s’infiltrent pendant le sommeil. Alors que nous
commençons chaque jour notre voyage à tra-
vers le monde des rêves, nous nous souvenons
fugacement des images de lorsque nous étions
éveillés, mais nous les rejetons rapidement, les
percevant comme irréelles et fantasmagoriques.
Ainsi, lorsque que nous dormons, nous pensons
que le sommeil est la seule réalité et que l’éveil
est simplement notre esprit qui nous joue des
tours pendant que nous nous reposons. Le som-
meil croit que l’éveil est une illusion et l’éveil croit
que le sommeil n’est rien de plus qu’un mirage.
Mais ceux qui adorent Kuthalu savent qu’ils sont
tous les deux réels. Ils voyagent fréquemment
entre les deux et profitent de la sagesse acquise
dans l’un pour atteindre leurs fins dans l’autre.
Leur dieu leur promet le pouvoir de disposer, à
l’état d’éveil, des capacités dont nous disposons
en dormant. Ainsi, le temps et l’espace ne sont
rien pour un vrai fidèle de Kuthalu. Il peut les in-
terchanger et voyager entre les deux très facile-
ment. N’avons-nous jamais rêvé que nous pour-
rions nous envoler vers une terre lointaine ou
avoir vécu pendant des années dans un monde
de rêves alors que pour ceux qui sont éveillés,
seulement quelques heures se sont écoulées ?
Les disciples de Kuthalu attendent avec impa-
tience le jour où leur dieu se réveillera et se
169
lèvera des eaux de l’océan dans lequel il habite.
Lorsque cela se produira, ils recevront leur ré-
compense finale : la réalité deviendra un rêve.
Un doux rêve pour ceux qui le vénèrent et un
cauchemar éternel pour ceux qui le défiaient.
Lummu-Kuzaku
Le Seigneur de la Vie, L’Esclave De La Mort,
Le Tisserand. Son corps d’insecte gonflé pré-
side ses sujets dans l’Irkalla, tandis que ses
innombrables yeux regardent avec satisfaction
sa toile dense, qui se déplace à sa guise, se
répandre progressivement à travers les mai-
sons de poussière. Le jour viendra où il cou-
vrira complètement l’Inframonde et où tous les
Etemmu lui appartiendront. Ce n’est qu’alors
que la transition vers la vie authentique pourra
commencer.
Parce que pour ceux qui adorent Lummu-
Kuzaku, la vie n’est rien de plus qu’une petite
bosse sur la route, un court laps de temps au
cours duquel ils doivent servir leur dieu avec
passion pour s’assurer le bonheur éternel qui
les attend après la mort.
Ils ont vu ce qui se trouve au-delà. Ils ont vu
l’Irkalla, la douleur, la souffrance et le tour-
ment éternel que cela représente. Ils ont parlé
aux morts et ont découvert qu’après la vie, ne
les attend rien d’autre que la faim et l’agonie
dans un désert éternel de poussière et de sale-
té. Mais Lummu-Kuzaku leur donnera quelque
chose de différent. Il leur a fait des promesses
de béatitude et de repos.
Pour cela, il doit tisser sa toile. Pour réaliser
ce but, il doit récolter les âmes et extraire leur
énergie. Même ses prêtres les plus dévoués
ne savent pas exactement contre quoi leur
dieu se bat, s’il est en guerre contre une autre
puissance dans l’Inframonde ou s’il a simple-
ment la tâche ardue de construire un empire
entier. Mais ils s’en moquent. Ils savent avec
certitude que leur destin est éternellement
lié à celui de Lummu-Kuzaku et qu’au moins
une chose est certaine : ceux qui se donnent
au dieu ne reviennent pas pour déranger les
vivants. Ils ont probablement réussi à at-
teindre la béatitude, la tranquillité et la paix
des ombres.
170 DIEUX ET SORCIERS

Shuk-Nippurash des combinaisons infinies de matières et de

Celle Qui N’A Pas Besoin D’Un Époux, Celle
Aux Multiples Formes, La Génitrice. Shuk-
Nippurash est connue par ces noms et beau-
coup d’autres. La cité de Kish est son domaine,
donnée par Sargon lui-même en récompense
des services rendus et sa présence y est per-
ceptible même dans le plus petit recoin.
C’est elle qui a fourni à Sargon les moyens pour
en finir avec Enlil et les secrets pour créer les
races d’esclaves à partir de son sang. Sa domina-
tion sur la vie est totale, souvent de manière in-
contrôlée et sauvage. Elle est l’Igigu qui a le plus
d’adeptes dans l’Empire d’Akkad. Elle a remplacé
Ishtar comme Déesse des Passions, de l’Amour,
de la Fertilité, de la Luxure et de la Féminité.
Mais derrière cette façade de mère et de source
de vie se cache un visage que très peu de
gens connaissent. Parce que Shuk-Nippurash
donne la vie, oui, mais sans contrôle ni rete-
nue. De là naissent des créatures informes et
sans cervelle et la plupart des monstruosités
qui peuplent les endroits les plus reculés du
monde sont son œuvre. De son corps naissent
formes.
Et certains la vénèrent pour cela. Ils voient
dans ses possibilités inépuisables un pouvoir
sans limites. Ils veulent la contrôler et en faire
leur possession. Les sorciers cherchent en
Shuk-Nippurash la clé de la vie, la formule de
la création et de la transformation. Ils veulent
l’utiliser pour créer des esclaves, transmuter
des éléments et jouer avec la nature. Quant aux
alchimistes, ils aspirent à pouvoir utiliser une
partie de son énergie pour faire de puissantes
concoctions et extraire le pouvoir du sang. Les
deux ont tort, car ils cherchent à imposer de
l’ordre à une entité qui n’est que chaos.
Et pourtant, il y a ceux qui l’adorent sans dési-
rer sa possession. Ceux qui aiment simplement
regarder la vie émerger d’elle, forte et pure.
Ils pensent que sans elle, le monde ne serait
rien de plus qu’un désert stérile et ils sont
prêts à accepter n’importe quel membre de sa
progéniture, aussi horrible, violent ou incom-
préhensible qu’il puisse être. Qui sont-ils pour
critiquer leurs frères ? Ils restent les enfants de
la même mère...

Les Igigu sont rationalisés en tant que Dieux des Étoiles par les esprits inférieurs de leurs ado-
rateurs. Mais ils ne pourraient pas avoir plus tort. Ce ne sont pas des dieux, mais quelque chose
au-delà de notre perception et de notre connaissance. Nous ne pouvons ressentir ou exprimer
aucune sorte d’affinité avec eux. Ils sont étranges et incompréhensibles. Leurs psychologies, si ce
mot peut être utilisé, sont impossibles, à la fois inexistantes et universelles.

Bref, nous ne pouvons et ne devons pas les comprendre. Ils ne font pas partie de la nature et ne
peuvent pas être étudiés en tant que tels. Ce ne sont pas des créatures ou des dieux. Ils sont,
simplement.

Mais bien qu’ils ne puissent pas être compris, ils peuvent être utilisés. Ce qui n’est pas important
pour eux dans notre monde représente beaucoup de pouvoir. Profitons du fait qu’ils ne font pas
attention à nous. Profitons du fait qu’ils ne sont pas de ce monde (ou devrais-je dire seulement de
ce monde) pour faire avancer nos objectifs. Si nous parvenons à les étudier, assez pour pouvoir
améliorer nos fins, mais sans tomber dans le culte ou la folie dont souffrent les faibles volontés,
nous irons très loin. J’en suis convaincu.

Pouvoir, richesse et obéissance. Tout cela peut être réalisé si nous marchons prudemment et ne
perdons pas de vue qui nous sommes et pourquoi nous faisons ce que nous faisons. Laissons les
savants marcher sur le chemin de la folie et les fidèles marcher sur celui de l’ignorance.

Chers amis, nous maintiendrons l’équilibre, nous aurons le pouvoir et la santé mentale. Nous
n’abandonnerons pas l’un en échange de l’autre.

Ashtar-Hadon, Grand Maitre de l’Ordre du Feu Caché.

 sorcellerie
Tiamat
Le Chaos Rampant, L’Origine, Le Tourbillon
Infini. Tiamat est Le Chaos. Mais chaos ne
signifie ni désordre, ni destruction. Chaos
signifie simplement chaos. Elle existait avant
l’origine du monde et existera après sa fin.
Tout ce qui n’a jamais été trouvera sa source
en elle. Les Anunnaki la connaissaient et, bien
qu’ils ne la vénéraient pas, ils la craignaient et
étaient conscients de son pouvoir et de sa na-
ture authentique.
Mais certains Awilu décidèrent de se tour-
ner vers Tiamat. Ils cherchèrent longtemps
et creusèrent profondément jusqu’à ce qu’ils
la trouvent. Ainsi, bien que cette Igigu ne
se soient jamais manifestée ou n’ait semblé
être intéressée par le fait que les mortels la
connaissent, elle finit par recevoir un culte.
Tiamat est la plus puissante des Dieux et
Déesses des Étoiles, mais elle n’est pas véné-
rée dans les temples ou les cultes. Ceux qui
entendent ses murmures se réfèrent à elle
comme le Dragon et les doctrines des uns
et des autres coïncident rarement. Certains
rendent hommage à son côté destructeur,
tandis que d’autres lui adressent leurs prières
en tant que créatrice du monde et de la
civilisation.
Personne ne la comprend vraiment, bien que
ceux qui se rapprochent le plus de la vérité, si
ce terme peut lui être appliqué, la connaissent
sous le nom d’Océan d’Eau Salée.
Son seul contact direct avec la terre des mor-
tels est Kingu, son général, dont la tâche, qu’il
accomplit fidèlement depuis des millénaires,
est de soumettre tous les Dieux Anciens.
Pourquoi Tiamat, la plus grande parmi les
Igigu, se soucie des Anunnaki est un mystère,
même si les théories abondent.
Tiamat est le mal devenu être. Mais ce n’est
pas le mal tel qu’il est compris par les codes
moraux des mortels ou des Anunnaki. Ce n’est
pas le meurtre d’un innocent, l’égoïsme d’un
puissant ou la cupidité d’un envieux. C’est un
mal amoral, insondable et cosmique, sans but
ou cible.
171
Mais si l’univers entier descend d’elle, com-
ment l’ordre et la bonté peuvent-ils y exister ?
Comment quelque chose de bon peut-il naitre
du mal le plus absolu ?
SORCELLERIE
La sorcellerie n’est rien de plus qu’un piège.
Une tentation à laquelle succombent les as-
soiffés de pouvoir ou les désespérés, qui y
voient le dernier recours pour sauver la peau.
Très compliqué doit être la situation ou très
impitoyable l’utilisateur de celle-ci doit être
pour penser autrement.
Cette section présente une série de règles
pour l’utilisation de la sorcellerie dans le jeu
et quelques exemples de sorts. Elles sont
sans aucun doute la partie la plus difficile de
ce livre et il ne serait pas surprenant que vous
les trouviez désagréables. La plupart de ces
règles sont destinées à être utilisées par les
PNJ, les méchants et les antagonistes. Bien
qu’il n’y ait rien qui empêche un PJ de devenir
un sorcier, la plupart préfèreront ne pas le
faire.
De plus, bien qu’il soit parfaitement possible
pour un sorcier de se limiter à des sorts de
protection ou d’expulsion de démons, ce n’est
pas le plus probable. La sorcellerie octroie
beaucoup de pouvoir et vous devez vous
montrer très prudent avec elle. Cela peut
amener votre campagne sur un terrain que
vous ne voudrez peut-être pas fouler. Soyez
prudent avec elle. La Porte d’Ishtar est un
jeu d’imagination, mais il contient certaines
choses que vous ne voudrez peut-être même
pas imaginer.
Il est nécessaire de le répéter une fois de plus :
les sorciers feront d’excellents ennemis,
mais ils seront rarement des héros.
LA SORCELLERIE DANS LE JEU
Dans La Porte d’Ishtar, la magie, quel qu’en soit
le type, est traitée comme une série de sorts.
Ces sorts sont toujours attachés à une profes-
sion et se caractérisent par un niveau compris
entre 1 et 3, qui est directement lié au niveau
de maitrise de la profession.
172 DIEUX ET SORCIERS
Afin de connaitre et d’exécuter un sort d’un
certain niveau, le lanceur devra posséder la
profession à laquelle le sort est associé à un
niveau de maitrise égal ou supérieur au niveau
du sort. Par exemple, pour lancer un sort de
niveau 2, un personnage doit posséder la pro-
fession pertinente à un niveau expérimenté.
Ce livre introduit la sorcellerie, qui est le type
de magie effectuée par ceux qui possèdent la
profession de « Sorcier » et utilisent des sorts.
Ainsi, pour apprendre et lancer un sort, un
personnage doit posséder cette profession.
APPRENTISSAGE ET LANCEMENT
Il n’y a pas de mécanisme qui règlemente l’ap-
prentissage ou le lancement de sorts, tant que
les exigences de la profession sont satisfaites.
Ceux-ci sont toujours présentés dans un format
avec quatre sections, dans lesquelles toutes les
informations nécessaires sont trouvées :
• Niveau  : la profession et le niveau néces-
saire pour lancer le sort.
• Effet : le résultat produit lors du lancement
du sort.
• Lancement : les tâches à réaliser pour exé-
cuter le sort.
• Apprentissage  : les étapes à suivre pour
acquérir les connaissances nécessaires pour
lancer le sort.
Il n’y a pas besoin de dépenser des Points d’Ex-
périence pour apprendre un sort ou faire de
jets de dés pour le lancer. Ce qu’un personnage
doit faire est expliqué individuellement dans
chacun des sorts.
Si un PJ a fait ce qu’il faut pour apprendre un
sort et possède la bonne profession, le MJ lui
dira de l’écrire sur votre feuille de personnage,
avec son nom et son niveau. Gardez à l’esprit
que, au moins dans le cas de la sorcellerie, le
sorcier devra généralement passer beaucoup
de temps à étudier le sort pour l’apprendre.
Les jours qui sont passés à cette fin ne peuvent
pas être utilisés pour faire autre chose que les
tâches les plus triviales. Il est important que
l’esprit se repose et appréhende les connais-
sances acquises après chaque jour d’étude,
surtout si elles sont de nature aussi obscure.
Lors de l’exécution d’un sort, votre personnage
doit suivre les étapes indiquées dans le texte
du sort. Cela peut impliquer la résolution d’un
conflit, mais ce n’est pas forcément nécessaire.
Si l’une des étapes n’est pas effectuée correc-
tement, le sort ne prendra pas effet ou aura
un résultat différent de celui attendu. Gardez
à l’esprit que le MJ n’a pas à dire ce que le
personnage a mal fait. Il se pourrait qu’il ait
même suivi les instructions à la lettre, mais
qu’il ait appris le sort d’une source peu fiable
ou incomplète.
Lorsque vous traitez avec des connaissances
interdites, vous ne pouvez jamais être sûr de
rien.
Si un sort indique un nombre d’heures dans
sa durée ou son temps d’apprentissage, ces
heures sont mesurées par le passage du temps
dans l’Empire d’Akkad et non dans le monde
réel. C’est-à-dire qu’en réalité, nous parlerons
en danna et une journée sera composée de
12 heures, pas de 24.
Chaque fois qu’un sort se réfère à « Les êtres
humains  », il s’applique comme tel à toute
créature humanoïde qui possède une forme
physique relativement similaire à celle d’un
Awilu et dotée de sa propre volonté et douée
d’intelligence. Cela inclut les Awilu eux-mêmes,
les Mushkenu, les Uridimmu, les Wardu et les
Hittites, mais pas les grands singes.
Si un sorcier a expérimenté avec les Phéniciens,
Middu et d’autres êtres terribles à cet égard,
les résultats en sont inconnus.
 sorcellerie
LISTE DE SORTS
Vous trouverez ci-dessous une liste de sorts
qui suivent le format déjà expliqué. Vous n’avez
pas besoin de les lire tous en même temps,
car vous n’aurez pas besoin de les connaitre
pour jouer et ensemble, ils forment l’une des
sections les plus longues du livre. Chacun
d’eux sera un élément important qui mènera
à de nombreuses aventures, de sorte que vous
pouvez toujours continuer à lire le dernier sur
lequel vous êtes resté et revenir à ces pages
chaque fois que vous avez besoin d’ajouter un
nouvel élément obscur à votre campagne. De
plus, le MJ peut librement modifier n’importe
lequel d’entre eux pour l’adapter à l’idiosyn-
crasie de sa campagne, ainsi que décider de
cacher aux joueurs des informations sur le
fonctionnement réel de celui-ci. On ne peut
jamais être sûr qu’un sort fonctionnera par-
faitement et le sorcier rusé est toujours prêt à
toute éventualité.
Aucun des sorts présentés ici ne doit jamais
être utilisé comme une simple arme. Les atro-
cités que les personnages devront commettre
pour les réaliser pourraient transformer n’im-
porte lequel d’entre eux (à quelques excep-
tions près) en méchants, en êtres méprisables
au-delà de la rédemption.
Un dernier avertissement : certains des sorts
suivants parlent de sacrifice humain. Si lire sur
le sujet vous déplait, ne le faites pas. Passez à
la section suivante et n’utilisez pas la sorcelle-
rie dans vos parties.
Étreinte du Seigneur des Océans
Niveau : Sorcellerie 3.
Effet  : Lorsque le sorcier immergera une
statuette d’argile spécialement préparée, la
victime désirée, quelle que soit la distance qui
la sépare du lanceur, commencera à se noyer.
Elle éprouvera la sensation équivalente à celle
d’être immergée au fond de la mer. Ses pou-
mons se rempliront d’eau salée et elle ne pour-
ra pas respirer. Si le sort est maintenu assez
longtemps, la victime se noiera. La probabilité
que le sort reste assez stable pour que cela
se produise dépend du nombre de personnes
173
sacrifiées pour le lancer : le joueur qui contrôle
le sorcier lancera un dé et la victime mourra
si le résultat obtenu est égal ou inférieur au
nombre de sacrifices. Si l’un des sacrificés a un
lien de sang avec l’autre victime, il comptera
pour deux personnes.
Lancement  : La première étape pour lancer
ce sort sera de confectionner une statuette
d’argile qui représente la victime. Les maté-
riaux devront provenir d’argile trouvée dans
le delta du Buranum et être collectés pendant
les trois premiers jours du mois. Le sorcier
lui-même créera la statuette en incorporant à
l’intérieur une partie de la victime : quelques
gouttes de sang, un cheveu ou de petites
quantités d’autres fluides tels que l’urine ou la
salive. La ressemblance de la statuette avec la
victime n’est pas importante.
Une fois cela fait, il devra effectuer un rituel
pendant la nuit du dernier jour du même mois
au cours duquel l’argile a été collectée. Il sera
long et complexe, car il commencera au crépus-
cule et durera jusqu’à l’aube. Il est nécessaire
de faire au moins un sacrifice, mais il pourra
en faire plus. Toutes les personnes sacrifiées
devront connaitre la victime, lui avoir parlé au
moins une fois et être capables de se souvenir
de son visage. Inutile de dire qu’il n’est pas
nécessaire qu’ils participent volontairement au
rituel.
Le rituel culminera au crépuscule. À ce mo-
ment-là, le sorcier plongera la statuette dans
un bol contenant le sang des sacrifiés et la gar-
dera dedans jusqu’à ce qu’elle se transforme en
cendres. À ce moment-là, la victime mourra.
Si la statuette, au lieu de se transformer en
cendres, brule fortement, alors le sort aura
échoué.
Apprentissage  : La seule façon d’apprendre
ce sort est de faire l’expérience dans sa propre
chair de la souffrance de la noyade. Le sorcier
qui souhaite acquérir cette connaissance doit
volontairement s’immerger dans les eaux sa-
crées du delta du Buranum et y rester jusqu’à
ce qu’il se noie. Le seul moment où ce rituel
d’apprentissage peut être effectué est le pre-
mier jour du treizième mois, qui n’arrive qu’une
fois tous les deux ou trois ans.
174 DIEUX ET SORCIERS
À aucun moment dans le déroulement du
processus, il n’y aura de signe ou d’indication
que le résultat final ne sera pas la mort, car le
sorcier meurt réellement. L’instant qui suivra
immédiatement la mort, il reviendra à la vie et
devra remonter rapidement à la surface pour
respirer à nouveau. S’il mourait à nouveau,
ce serait la dernière fois. De plus, le sorcier
devra décider de se noyer volontairement  :
s’il est forcé de le faire, la résurrection n’aura
pas lieu.
Émergeant d’entre les eaux, le sorcier se ren-
dra compte que la connaissance qu’il recher-
chait se trouve maintenant dans son esprit,
mise là par le grand Kuthalu.
Bien que des instructions sur la façon d’effec-
tuer ce processus puissent être trouvées dans
certaines bibliothèques, la plupart d’entre
elles sont incomplètes. Probablement exprès.
Certaines n’indiquent pas le bon jour pour se
noyer ou l’endroit où le rituel doit être effec-
tué, tandis que d’autres indiquent que le sor-
cier doit mourir noyé plusieurs fois.
Hurlements de la Vraie Souffrance
Niveau : Sorcellerie 1.
Effet  : À la fin du rituel, les hurlements de
douleur des torturés attireront entre un et cinq
Shulak, également connus sous le nom d’Im-
placables Dévoreurs Nocturnes, un pour deux
victimes. L’air commencera à se condenser en
une brume sombre à l’intérieur de laquelle se
formeront des masses de lumière verdâtre.
Cette brume pénètrera dans les victimes par
leurs orifices corporels et commencera à les
dévorer de l’intérieur vers l’extérieur. Une fois
qu’ils auront fini de se nourrir, les Shulak seront
complètement formés et capables de parcourir
le monde pendant les treize prochaines nuits.
Les Implacables Dévoreurs Nocturnes n’auront
pas à obéir aux ordres du sorcier qui les aura
invoqués et pourront même décider de mettre
fin à ses jours. Si un sorcier veut contrôler ses
invocations, il devra utiliser le sort Prison de
Brume Sombre.
Il ne pourra pas non plus exorciser les
Implacables Dévoreurs Nocturnes avant treize
jours une fois le sort exécuté avec succès. La
seule façon de les expulser est en employant le
sort Étancher la Soif du Chasseur.
Lancement  : Pour lancer ce sort, il faudra
torturer au moins deux victimes. La torture
devra être effectuée par le sorcier lui-même et
à l’aide d’instruments fabriqués uniquement à
partir d’obsidienne. Le rituel devra être effec-
tué la nuit et le sorcier alternera les périodes
au cours desquelles il déclamera les chants
de convocation avec des moments de silence
absolu dans lesquels les seules sources de son
seront les cris des victimes.
Apprentissage : Ce sort est étonnamment ac-
cessible et peut être appris en seulement deux
heures. Plus d’un sorcier a été initié aux arts
obscurs avec lui, mais très peu en ont lancé
d’autres. C’est parce que la plupart des copies
du sort omettent la nécessité d’une incantation
qui permettra à la volonté du Shulak d’être liée
à celle du sorcier, de sorte que la plupart de
ceux qui l’exécutent périssent, victimes des
êtres mêmes qu’ils ont attirés.
Ce sort, ainsi que Prison de Brume Sombre
et Étancher la Soif du Chasseur ne sont qu’un
exemple de la triade Invocation/Soumission/
Expulsion. Il y a des milliers de sorts comme
ces trois-là, qui diffèrent les uns des autres par
le type de démon invoqué et les rituels néces-
saires pour les exécuter.
Ce que tous les sorts de convocation ont en
commun, c’est qu’ils exigent toujours dans le
cadre du rituel le sacrifice d’autres personnes.
Baiser de la Sangsue Pourpre
Niveau : Sorcellerie 2.
Effet  : En lançant ce sort, les fluides vitaux
du sorcier sont convertis en substances hau-
tement toxiques. Dans ses veines ne coule
plus de sang, mais un fluide pourpre qui n’est
pas d’origine naturelle. En conséquence, il
devient complètement immunisé contre les
poisons et les maladies. En revanche, il peut
essayer d’empoisonner ses ennemis, soit en les
sorcellerie 175
176 DIEUX ET SORCIERS
mordant, soit en les exposant d’une manière
ou d’une autre aux substances produites par
son corps. S’il utilise cette capacité lors d’une
confrontation, à chaque fois qu’il résout avec
succès une attaque lors d’un assaut, son ad-
versaire doit surmonter un conflit de Force de
difficulté Moyenne (13) ou souffrir de la condi-
tion Empoisonné.
Mais ce sort a aussi un côté négatif. Les tour-
ments que le sorcier a dû subir pour le jeter ont
créé une brèche en lui et chaque centimètre
de son corps est couvert de minuscules bles-
sures, produites par les morsures des sangsues
pourpres, qui ne guériront jamais. En raison de
ces blessures, son Endurance initiale diminue
de 3 points. De plus, il ne pourra plus toucher
aucun autre être vivant plus de quelques ins-
tants, à moins qu’il ne veuille mettre fin à sa
vie, car le contact prolongé avec sa peau est
mortel.
Le sorcier ne ressentira plus jamais l’étreinte
ou les caresses d’un autre être humain.
Lancement  : Avant de lancer ce sort, le sor-
cier devra fabriquer un petit radeau à partir
des palmiers qui poussent sur les berges des
fleuves. Au crépuscule de l’Équinoxe de prin-
temps, il l’utilisera pour atteindre le milieu du
courant de l’un ou l’autre des fleuves, s’as-
siéra sur ses genoux et fermera les yeux, en
étendant ses bras. À partir de ce moment, le
radeau ne bougera pas d’un iota, quelle que
soit la force du cours de l’eau. Des millions
de petites sangsues pourpres, de la longueur
d’une paume, monteront sur son corps depuis
le fleuve et mordront le sorcier, jusqu’à ce que
les parasites le recouvrent complètement, y
compris le visage.
Cette situation se poursuivra pendant trois
nuits et trois jours. Pendant ce temps, le sor-
cier éprouvera une souffrance indicible, mais il
ne devra faire aucun mouvement. Il ne pourra
pas non plus crier, car s’il ouvre la bouche,
l’une des créatures entrera à l’intérieur de lui
et mettra fin à sa vie. Son sang sera absorbé
par les sangsues, qui le remplaceront par leur
propre poison et il n’aura plus besoin de boire
ou de consommer de la nourriture pendant
toute la durée de ce processus.
Peu importe la manière dont les témoins de
ce rituel s’y prennent, il sera impossible d’at-
teindre le radeau jusqu’à ce que le rituel soit
terminé. Des courants soudains et de fortes
rafales de vent empêcheront tout bateau ou
tout nageur de s’approcher du sorcier.
Apprentissage : Ce sort est transmis dans le
cadre du rite d’entrée dans le cercle intérieur
de la Cabale du Ver Pourpre et les blessures
résultant de sa réalisation sont une source
de fierté parmi les dirigeants du culte. Les fi-
dèles les moins fortunés regardent avec envie
ce qu’ils perçoivent comme les marques de
faveur de leur seigneur et pratiquement tous
ceux qui connaissent ce rituel appartiennent à
cette secte. On ne sait pas combien de temps il
faut pour l’apprendre, mais le rite complet, qui
comprend le lancement du sort, se déroule sur
une période d’un mois.
D’autre part, dans l’arène des gladiateurs
d’Uruk, deux Wardus commencent à attirer
l’attention : ils tuent leurs ennemis en crachant
du poison et leurs corps sont couverts de bles-
sures. Si on leur demande, ils disent qu’ils ne
savent rien du Ver Pourpre et prétendent être
nés avec ces étranges pouvoirs.
Bouc Émissaire
Niveau : Sorcellerie 1.
Effet : L’animal qui sera sacrifié pour le sort
trompera les esprits nuisibles et les démons
qui souhaitent nuire à celui qui a fait le sa-
crifice, se faisant passer pour lui et attirant
à lui les attaques mystiques qui le visaient.
Tout sort qui a été lancé le jour du sacrifice de
la bête (du crépuscule au crépuscule) ou qui
était encore actif a une chance de ne pas faire
effet et de se dissiper. S’il s’agit d’un sort de
niveau 1, le sort échouera avec un résultat de
3 ou plus sur un dé. S’il s’agit d’un niveau 2,
avec un 4 ou plus, et s’il s’agit d’un niveau 3,
avec un 5 ou plus.
Ce sort sert aussi à protéger contre les poisons,
les maladies et les malédictions, car ils sont éga-
lement causés par des esprits. Dans ce cas, le
MJ décidera en fonction de la gravité du mal à
quel niveau de sort il équivaut, entre 1 et 3.
 sorcellerie
Si la chaine autour du cou de l’animal sacrifié
est en argent, on peut ajouter 1 au jet, ce qui
facilite l’obtention du résultat souhaité. De
plus, si le sacrifice n’est pas un animal, mais
une personne du même type et du même
sexe que la cible à protéger, un bonus de +1
sera également ajouté au jet. Les deux bonus
peuvent être utilisés en même temps.
Lancement : Pour ce sort, il est généralement
nécessaire une bête jeune et forte, qui n’a pas
encore engendré de progéniture. Il peut s’agir
d’un mouton, d’une chèvre, d’un veau ou d’un
cochon, même si l’on connait des sorciers qui
ont exécuté ce sort avec succès en utilisant un
chameau ou un âne, poussés par la nécessi-
té. Autour du cou de l’animal doit être placé
un collier de perles, dont au moins la moitié
doivent être en bronze.
Le rituel est très simple et peut être effectué
en très peu de temps. Tout d’abord, le sorcier
tiendra la tête de l’animal, lui faisant lever les
yeux vers le ciel et prononcera les mots sui-
vants : « Esprits et démons, regardez... », et
terminera la phrase par le nom de la personne
qu’il veut protéger. Ensuite, la personne dont
le nom vient d’être prononcé s’avancera et
décapitera la bête d’un seul coup. Enfin, le
cadavre sera jeté dans un abime, envoyé au
fond d’une rivière ou abandonné au milieu
du désert. Toute autre méthode similaire
fonctionnera. L’important est que l’animal se
retrouve dans un endroit inaccessible et loin
des lanceurs.
Le sorcier peut prononcer son propre nom et
sacrifier lui-même l’animal.
Il peut également utiliser un collier avec des
perles d’argent au lieu de bronze, beaucoup
plus cher, mais aussi plus efficace. Une autre
modification de ce rituel, bien que peu prati-
qué, est le sacrifice d’un être intelligent au lieu
d’un animal.
Un voyageur qui trouve un corps sacrifié de
cette manière ne doit en aucun cas s’emparer
du collier utilisé dans le rituel. S’il le fait, les es-
prits trompés par le sort seront profondément
offensés et ne se reposeront pas tant qu’ils
n’auront pas attrapé et puni le voleur.
177
Apprentissage  : Pratiquement tous les sor-
ciers, et même de nombreux charlatans qui ne
le sont pas, connaissent ce rituel. La pratique
du sacrifice d’animaux est tellement enracinée
dans la culture akkadienne que pratiquement
n’importe quelle bibliothèque contient une co-
pie de ce sort, et aucun sorcier ne fait d’effort
pour cacher cette connaissance. Si un apprenti
souhaite l’ajouter à son répertoire, il suffira
de l’étudier pendant quelques heures à partir
d’une source écrite.
Stigmates de Rejet
Niveau : Sorcellerie 2.
Effet : La victime du sort Stigmates de Rejet
ne peut pas approcher à moins de mille pas
de la personne dont le sang a été utilisé pour
jeter le sort ou du lieu dont la terre a été em-
ployée pour le sort. En essayant de réduire
cette distance, des scarifications apparaitront,
recouvrant son corps et commenceront à la
bruler, causant une douleur insupportable.
Au fur et à mesure qu’elle se rapprochera,
la douleur augmentera, jusqu’à ce qu’à cinq
cents pas ou moins, cela atteigne une telle
intensité que tout ce qu’elle pourra faire sera
de ramper au sol pour s’éloigner de l’origine
de ses souffrances.
Une victime ne peut pas être la cible de ce
sort plus d’une fois en même temps. Si ce sort
est renvoyé à nouveau sur elle, la nouvelle
personne ou le nouvel endroit remplacera le
précédent.
Il est inutile d’arracher la peau sur laquelle
se trouvent les plaies ou même d’amputer un
membre si c’est là que les symboles ont été
dessinés, car les marques apparaitront immé-
diatement ailleurs sur le corps de la victime.
Lancement  : Le sorcier devra préparer une
encre spéciale à partir de trois ingrédients.
Deux d’entre eux seront toujours les mêmes :
de sels de mer obtenus à partir d’eau qui a été
laissée au soleil dans un bol jusqu’à ce qu’elle
s’évapore et des piquants broyés des redou-
tables Ashagumud, les hérissons géants qui
habitent les Montagnes Gudabak.
178 DIEUX ET SORCIERS
Le troisième ingrédient sera le sang d’un vo-
lontaire (qui pourra être le sorcier lui-même)
ou une poignée de terre, selon l’effet souhaité.
S’il s’agit de sang, la victime ne pourra pas
s’approcher du donneur. Et si le matériau uti-
lisé est la terre, il sera impossible à la cible du
sort de s’approcher de l’endroit d’où elle a été
collectée.
Le mélange de ces substances formera un
liquide rougeâtre qui brulera la peau avec la-
quelle il entrera en contact de manière très dé-
sagréable. En l’étalant sur un petit morceau de
bois arraché des arbres des Jungles du Sud, le
sorcier dessinera sur le corps de la victime une
série de symboles obscurs, qui seront mar-
qués sur sa peau sous la forme de cicatrices
profondes.
Le sorcier peut choisir la zone du corps qu’il
préfère, mais la plupart d’entre eux choisissent
des endroits très exposés tels que le visage ou
les bras, afin que les stigmates soient impos-
sibles à cacher.
Apprentissage  : Ce sort ne peut être trouvé
sur aucune tablette, car il n’est écrit que sur les
Huit Piliers de l’Agonie, qui sont situés au mi-
lieu du désert d’Éria. Ces structures anciennes,
des colonnes octogonales aussi hautes qu’une
Ziggurat et érigées à partir d’une pierre de ba-
salte rougeâtre, sont évitées par les bêtes et les
nomades. Tout être vivant qui s’approche d’elles
ressent une douleur profonde, comme si mille
couteaux chauffés à blanc perçaient sa peau.
Cette souffrance n’est rien de plus qu’une illu-
sion, même si elle semble assurément réelle.
Si un sorcier parvient à rassembler assez de
courage, surmontant un conflit extrêmement
difficile de Volonté (19), il pourra s’approcher
suffisamment des colonnes pour contempler
les étranges caractères qui semblent danser
sur leur surface.
Après les avoir observés pendant quelques
minutes et bien qu’il ne connaisse pas la
langue dans laquelle ils sont écrits, il se
rendra compte qu’il comprend comment
fonctionnent les énormes constructions et
qu’il peut reproduire ces mêmes glyphes sur
d’autres êtres humains.
Force Pure des Sentiments
Niveau : Sorcellerie 3.
Effet : En lançant avec succès Force Pure des
Sentiments, le sorcier se nourrit de l’amour
qu’il portait à ceux qu’il vient de sacrifier pour
augmenter son propre pouvoir. Il a décidé de
renoncer à tout ce qui le rendait humain pour
devenir un être bien supérieur à ce qu’il était
avant. Le sorcier augmentera de manière per-
manente la valeur de ses six caractéristiques
d’autant de points que la valeur de la caracté-
ristique correspondante du sacrifié. Si plusieurs
individus sont sacrifiés, son total augmentera
à nouveau pour chacun. De plus, au niveau
maximum des caractéristiques concernées du
sorcier s’ajoute le résultat obtenu.
Par exemple, si un sorcier Awilu de Force  2
et Ingéniosité 6 sacrifie deux victimes, une de
Force et d’Ingéniosité 3 et l’autre de Force et
Ingéniosité 4, son nouveau total de Force sera
de 9 (2 +3 +4), avec un nouveau maximum
de 13 (6 +3 +4), et son nouveau total d’Ingé-
niosité sera de 13 (6 +3 +4), avec un nouveau
maximum de 14 (7 +3 +4). Et il en va de même
pour ses autres caractéristiques  : Dextérité,
Perception, Charisme et Volonté.
De plus, l’espérance de vie du sorcier est aug-
mentée de la somme des années que les vic-
times auraient pu encore vivre si elles n’avaient
pas été sacrifiées.
Une fois ce sort jeté, les âmes des victimes se-
ront perdues à jamais. Elles ne seront pas dans
l’Irkalla, le pays des morts et on ne pourra pas
leur poser de questions que grâce au sort de La
Voix des Morts. À partir de ce moment et pour
toujours, elles resteront prisonnières de l’entité
mystérieuse à laquelle elles ont été livrées.
Lancement : Avant de pouvoir lancer ce sort,
le sorcier aura besoin d’autant de doses d’un
puissant poison connu sous le nom de Nehtu
(« tranquillité » en akkadien) que de victimes
qu’il souhaite sacrifier. Ce poison ne pourra
être préparé que par les alchimistes les plus
qualifiés, de sorte que celui qui l’élabore de-
vra posséder la profession d’alchimiste au
niveau de maitre. Les ingrédients sont très
 sorcellerie 179

chers et donc extrêmement difficiles à obtenir.

L’alchimiste aura besoin de la sève d’un arbre
sauvage de la forêt de Gurushalmu, de la pous-
sière de fer noir d’une météorite, de la plume
d’un Imdugud et d’une poignée de sable des
dunes chantantes.

Une fois qu’il aura le poison, le sorcier devra

inviter autant de personnes qu’il le souhaite,
qui seront celles qui finiront par être sacri-
fiées, à partager un diner dans sa demeure. Le
sorcier devra ressentir un amour authentique
pour chacune des victimes. Il pourra s’agir
d’amour platonique, fraternel, paternel-filial
ou de tout autre type d’amour, mais il devra y
avoir un sentiment sincère et vrai.

Personne d’autre ne pourra être présent à ce

diner, sauf le sorcier et ses victimes, pas même
les serviteurs ou les esclaves. Le sorcier offrira à
chacun de ses convives un morceau de pain qui
contiendra le poison. Quiconque consomme ce
pain empoisonné subira les effets de la prépa-
ration alchimique et environ une demi-heure
après, la victime sera complètement paralysée.
La victime ne sera plus capable de bouger un
seul muscle, mais sera toujours parfaitement
consciente de son environnement et ressenti-
ra les sensations de tout ce qui arrivera à son
corps. De plus, elle ne pourra pas fermer les
yeux. La personne empoisonnée le restera
jusqu’au moment de sa mort.

Le sorcier devra garder ses victimes dans cet

état pendant trois jours, afin que l’anxiété les
envahisse. Il ne sera pas nécessaire, cepen-
dant, qu’il leur dise quoi que ce soit ou qu’il
interagisse avec eux de quelque manière que
ce soit.
La nuit du troisième jour après l’empoison-
nement, le sorcier devra apparaitre avec ses
victimes devant un petit autel de pierre qui se
trouve à deux jours à l’est d’Eshnunna. Cette
nuit devrait être le premier jour de la dernière
année du cycle de dix-neuf ans qui régit le
calendrier akkadien. Le rituel ne pourra être
effectué à un autre moment.
Devant l’autel se trouvera un Lamassu. Ce
n’est que si le sorcier est complètement
bon ou complètement mauvais (et c’est
probablement le dernier cas s’il est déter-
miné à exécuter ce sort) que le Lamassu lui
permettra de passer. À minuit pile, le sorcier
étreindra chacune de ses victimes, leur dépo-
sera un baiser et avec un couteau de bronze,
il leur arrachera le cœur.
Après avoir placé tous les cœurs sur l’autel, le
sorcier devra se retourner et fermer les yeux
jusqu’à ce que le jour se lève. Alors une brèche
dans la réalité s’ouvrira juste au-dessus du
lieu du rituel et un être indescriptible étendra
ses membres et dévorera les offrandes. À ce
moment-là, le sorcier sentira ses anciens sen-
timents convertis en énergie pure qui revitali-
sera son corps. C’est aussi à ce moment-là que
les victimes mourront enfin.
180 DIEUX ET SORCIERS
Si le sorcier ouvre les yeux et regarde la créa-
ture pendant ce processus, il deviendra com-
plètement fou et il ne pourra s’empêcher de se
suicider immédiatement. Il arrivera la même
chose à tout autre témoin du processus.
Il n’y a pas de limite au nombre de sacrifices
qui peuvent être faits dans le cadre de ce sort.
La seule exigence est que le sorcier ressente
une sorte d’amour pour eux. Bien que le rituel
puisse être répété 19 ans plus tard, aucun sor-
cier n’a été en mesure de l’accomplir plus d’une
fois.
Apprentissage  : Il n’y a qu’une seule façon
d’apprendre la Force Pure des Sentiments : il
faut le demander en utilisant le sort Sagesse
des Étoiles Obscures. Ceci est considéré
comme étant l’étape la plus difficile.
Faim Irrépressible d’Ishim-Shagshuga
Niveau : Sorcellerie 2.
Effet : Ce sort transforme l’une des deux vic-
times en un véritable soldat d’Ishim-Shagshu-
ga. Il dote son corps de la force que son Feu
Inépuisable lui fournit et le remplit de fureur,
le rendant implacable au combat. Le nouveau
soldat augmentera de 2 toutes ses compé-
tences de combat (Corps à Corps, Distance,
Défense et Manœuvre). Il sera également plein
de vitalité et d’énergie, augmentant de 6 points
son Endurance initiale et ne subissant plus de
malus pour des conditions négatives. Toutes
ces améliorations sont permanentes.
En retour, à partir de là, la victime ne pourra se
nourrir que de la chair des êtres humains. Elle
devra répondre à ce besoin sur une base quoti-
dienne, comme elle le ferait normalement avec
des aliments plus traditionnels. La seule diffé-
rence est que son corps aura perdu la capacité
de traiter toute autre source de nutriments.
De plus, la victime deviendra un fidèle servi-
teur du dieu et fera tout ce qui sera en son pou-
voir pour lui obéir. Comme Ishim-Shagshuga
communique rarement directement avec ses
soldats, ils suivront aveuglément les ordres de
ses prêtres. Certains sorciers croient que les
soldats créés par ce sort obéissent au sorcier
qui l’a lancé, mais ce n’est pas tout à fait vrai.
Ils ne le font que parce que ce sorcier occupe
généralement la position de grand prêtre du
culte du Seigneur de la Faim.
Plus d’un sorcier qui n’était pas au courant de
cela est mort des mains des cannibales violents
et assoiffés de sang qu’il avait lui-même créés.
Lancement : Peuvent participer à ce sort au-
tant de victimes que le sorcier le souhaite. Ils
peuvent s’offrir consciemment ou y participer
involontairement, mais dans tous les cas, ils
doivent être en nombre pair.
La Faim Irrépressible d’Ishim Shagshuga peut
être lancée n’importe quel jour de l’année et à
tout moment, mais elle doit être réalisée dans
un endroit spécifique : le Geshbar Mashkanu,
une énorme fissure qui s’ouvre dans la terre et
d’où le feu et les flammes surgissent continuel-
lement. Il est situé au nord de Samarra, face
à la rive sud du Zab. Les fidèles du Seigneur
de la Faim pensent que c’est un lieu sacré, où
la présence de leur dieu peut être ressentie.
Cette porte s’ouvrira un jour et alors aura lieu
l’avènement de leur maitre sur Kishar.
Ce rituel sera effectué au sommet de l’un des
rochers qui bordent cette fissure. Les victimes
devront être attachées deux par deux avec une
corde métallique composée de trois fils tres-
sés : un en bronze, un en argent et un en or.
Les deux se regarderont et celui jugé le plus
digne des deux se jettera sur le cou de l’autre,
le tuant et dévorant une partie de sa chair. Une
fois rassasié, il prendra le cadavre et le jettera
dans les flammes. Ce faisant, la corde se brise-
ra et le survivant deviendra un véritable soldat
d’Ishim Shagshuga.
Apprentissage : Ce sort est enseigné dans les
cultes d’Ishim Shagshuga et sa connaissance
symbolise que le sorcier a atteint un prestige et
un pouvoir importants au sein de la hiérarchie
des disciples du Feu Inépuisable.
Il existe également une autre version moins
puissante de ce sort. Celle-ci est en possession
d’un noble de Mari qui, d’une manière ou d’une
autre, a réussi à en obtenir la connaissance
sans être un disciple du dieu ardent. Elle est
 sorcellerie
identique à l’originale, mais elle peut être utili-
sée dans n’importe quel feu au lieu des flammes
du Geshbar Mashkanu. Malheureusement, en
raison de la puissance inférieure des flammes,
les avantages que la victime survivante reçoit
sont réduits de moitié : il augmente ses com-
pétences de combat de 1 et son Endurance ini-
tiale de 3, et réduit le malus pour les conditions
négatives de 1.
S’il obtient une tablette avec ce sort, le sorcier
doit passer neuf jours à étudier le manuscrit
afin de le mémoriser et de le comprendre
pleinement.
Battements de Cœur Lointains
Niveau : Sorcellerie 3.
Effet  : À la fin du lancement de ce sort, le
cœur du sorcier, qui continuera à battre, est
à l’intérieur d’une urne fermée. Le sorcier
aura dans sa poitrine un énorme trou là où se
trouvait son organe vital.
Le lanceur peut faire de l’urne ce qu’il veut  :
l’emporter toujours avec lui ou la cacher dans
l’endroit le plus éloigné et le plus protégé qu’il
puisse imaginer. Une fois Battements de Cœur
Lointains lancé, le sorcier sera totalement
indestructible tant que son cœur restera
intact. S’il est tué, que ce soit avec des armes,
des flèches, par noyade ou de toute autre
manière, il reviendra à la vie après quelques
instants. Cependant, les blessures ou les
dommages physiques subis ne guériront pas.
Si sa peau a brulé, elle le restera et si une épée
a sectionné l’un de ses membres, ce dernier ne
se régénèrera pas.
La seule façon de tuer le sorcier sera de
détruire son cœur. Cependant, ce sort ne
prolongera pas les années qu’il lui reste à
vivre. Quand son heure viendra, il mourra de
vieillesse normalement.
Mais le sorcier devra payer un prix très élevé
pour ce pouvoir. Puisque son cœur n’est
plus dans son corps, il ne pourra plus jamais
éprouver aucune sorte de sentiment ni positif ni
négatif, et tous ceux qu’il abritait disparaitront.
Il ne pourra pas ressentir d’amour ou de haine
181
et ne sera pas en mesure de comprendre ce que
sont la peur, l’inquiétude, le désir ou la colère.
À partir de ce moment, il sera froid comme la
glace. Un automate.
Beaucoup de sorciers voient plus un avantage
dans ce handicap qu’un inconvénient.
Lancement  : La première étape pour lancer
Battements de Cœur Lointains est de fabriquer
l’urne qui abritera le cœur du sorcier. Elle
devra être créée à l’aide d’un tour de potier,
en utilisant comme matériau de l’argile
trouvée sur les rives du Lac d’Urmia, dans les
montagnes au nord. Le sorcier devra connaitre
les compétences nécessaires à la fabrication de
l’œuvre et à la manipulation du tour. Il devra
donc posséder la profession de «  Potier  » au
moins au niveau débutant.
Pendant le processus, il serait normalement
nécessaire de fournir de l’eau à l’argile avec
une certaine fréquence, afin qu’elle ne sèche
pas à l’avance. Pour ce sort, l’eau devra être
remplacée par le sang de trois sacrifices
humains, qui devront être nés le même jour
que le sorcier et qui devront avoir été tués le
jour de leurs anniversaires.
Quand il aura fini de fabriquer l’urne, qui ne
devrait pas avoir de décor, le sorcier prendra
l’arme avec laquelle il a sacrifié ses victimes et
l’utilisera pour s’arracher le cœur lui-même, en
prenant soin de ne pas l’endommager. Ensuite,
il devra le mettre à l’intérieur de l’urne, la
fermer avec un couvercle approprié et le
fixer avec des cordes fabriquées à partir de la
chevelure d’une Awilu vierge.
Inutile de dire que le sorcier souffrira d’une
douleur assez intense pendant la dernière
partie de ce processus. De plus, le cœur
continuera de battre.
Apprentissage  : Ce sort ne peut pas être
appris volontairement. Parfois, lorsqu’un
sorcier suffisamment qualifié (niveau maitre)
souffre intensément à cause d’un sentiment,
que ce soit l’amour, la confiance, le respect
ou la foi, le désespoir s’empare de lui et ses
souffrances attirent l’attention de quelque
chose ou de quelqu’un. Cet être inconnu
182 DIEUX ET SORCIERS
apparait dans les rêves du sorcier et lui offre
la solution à ses maux, apparemment sans rien
demander en retour.
Si le sorcier accepte l’offre, l’entité lui transmet
Battements de Cœur Lointains et il se
réveille en connaissant tous les détails de son
lancement.
Les seuls qui connaissent l’apparence et la
nature de celui qui fait cette offre sont ceux
qui ont reçu sa visite et aucun n’est disposé à
en parler.
Flamme Irrésistible de la Luxure
Niveau : Sorcellerie 1.
Effet  : Les deux victimes de la Flamme
Irrésistible de la Luxure ressentiront un désir
irrépressible l’une pour l’autre, indépendam-
ment de tous les sentiments qu’elles pourraient
déjà nourrir ou même si elles se connaissaient
auparavant. Cette passion sera éphémère et ne
durera que cinq jours. Mais elle sera aussi in-
tense et si les victimes se rencontrent pendant
ce laps de temps, elles seront obligées de cou-
cher ensemble et feront tout pour le faire dès
que possible. Si elles sont retenues de force,
leur désir grandira encore plus et elles profi-
teront de la première occasion qu’elles auront
pour le satisfaire.
Une fois qu’elles auront partagé un lit une fois,
la puissance du sort se dissipera, comme si
cinq jours s’étaient déjà écoulés. Elles ne com-
prendront pas ce qu’elles ont vu chez l’autre
personne et à moins qu’elles n’aient déjà res-
senti le désir pour l’autre auparavant, la pas-
sion s’estompera aussi soudainement qu’elle
sera venue.
Ce sort ne fonctionne qu’avec deux victimes de
sexes opposés, quelles que soient leurs inclina-
tions sexuelles.
Lancement  : Pour pouvoir exécuter le sort
avec succès, il faudra que le sorcier connaisse
les noms des deux victimes, ait vu leurs visages
et ait en sa possession un vêtement de chacune
d’elles. Tout d’abord, il devra écrire leurs deux
noms sur deux tablettes et les déposer sur le
sol. Sur elles, il préparera un lit d’herbe et de
peaux d’animaux non préparées, afin qu’elles
soient complètement recouvertes. Il fabrique-
ra ensuite deux masques, chacun représentant
l’une des victimes. Ils n’auront pas besoin de
leur ressembler, mais ils devront avoir été fa-
briqués par le sorcier lui-même.
Une fois ces préparatifs terminés, le sorcier
devra bruler deux bâtons d’encens et mettre
l’un des masques et le vêtement correspondant
à l’une des victimes. Il faudra également un as-
sistant, du sexe opposé au sorcier, qui portera
l’autre masque et l’autre vêtement. Les deux
devront s’allonger sur le lit préparé précé-
demment et avoir une relation sexuelle. Enfin,
lorsque le sorcier atteindra le point culminant,
il devra prononcer à haute voix le nom d’Ishim
Shagshuga.
L’assistant devra être volontaire, mais il n’aura
pas à savoir que ce à quoi il participe fait partie
d’un rituel.
Apprentissage : Autrefois, ce sort était assez
répandu et était connu par un grand nombre
de sorciers. Ainsi, on le trouvait dans de nom-
breuses bibliothèques. Cependant, de nos
jours, il est assez difficile d’en dénicher une
copie en parfait état. C’est peut-être parce que
peu de sorciers l’ont trouvé d’une grande utilité
pratique ou peut-être qu’il a été délibérément
effacé. Si un sorcier arrive à se procurer une
tablette pour l’étudier, il pourra l’apprendre en
seulement deux jours.
D’autre part, dans les lupanars de Nimrud, il
se murmure qu’il y a un marchand d’Assur qui
a trouvé une version de ce sort très spécial
dans certaines ruines  : une variante qui per-
met au sorcier de devenir également l’une des
victimes.
Messager Sibyllin des Sables
Niveau : Sorcellerie 1.
Effet : En lançant Messager Sibyllin des Sables,
le sorcier créera un petit serpent fait de terre
ou de sable, auquel il murmurera un message
contenant tout au plus trente mots qu’il sou-
haite transmettre à une autre personne. Le
 sorcellerie
sorcier spécifiera également le destinataire
souhaité. Ce serpent plongera dans la terre
devant le sorcier et voyagera sous terre jusqu’à
l’endroit où se trouve celui à qui il devra déli-
vrer le message.
Une fois sa destination atteinte, le reptile ap-
paraitra au pied du receveur, grimpera sur son
corps et s’approchera de l’une de ses oreilles.
Il murmurera alors le message d’une voix si-
bylline, tandis que sa langue fourchue remuera
sans cesse. Immédiatement après avoir accom-
pli sa tâche, il redeviendra la masse de terre à
partir de laquelle il aura été créé. Le serpent
délivrera son message avec succès dans tous les
cas, sauf si le récepteur est complètement en-
touré d’eau, comme dans un bateau qui navigue
sur l’un des fleuves. Le messager se déplacera
à deux fois plus vite qu’un cheval au galop, en
ligne droite. Il sera infatigable, ne s’arrêtant que
lorsqu’il aura atteint sa destination. Cependant,
seul un sorcier qui connait également ce sort
pourra être spécifié comme destinataire.
Lancement  : Le lancement de ce sort sera
très simple. Il suffira au sorcier de se pencher
et de ramasser au sol une poignée de terre ou
de sable avec sa main droite et de l’étendre
sur toute la longueur de son bras gauche. Ce
faisant, un petit serpent de la même couleur
que la terre utilisée se formera sur le dessus
du membre.
Ensuite, le sorcier portera la tête du serpent à
ses lèvres et murmurera les informations né-
cessaires : le contenu du message et celui qui
doit le recevoir. Finalement, il abaissera son
bras au sol et le serpent partira pour accomplir
sa mission.
Apprentissage  : Le Messager Sibyllin des
Sables fait partie du répertoire des sorts des
mystérieux Middu, les Hommes-Serpents.
Cette race n’a jamais écrit ses rituels mystiques
et la seule façon de les apprendre est à travers
quelqu’un qui connait déjà leurs sorts.
S’il était possible de convaincre un Middu ou
un sorcier éduqué par eux de partager ses
connaissances, le sort Messager Sybillin des
Sables sera appris par le processus suivant  :
le sorcier qui connait déjà le sort le lancera
183
et spécifierait comme destinataire le sorcier
qui souhaite l’apprendre, mais sans indiquer
aucun message. Ensuite, le serpent nouvelle-
ment créé se jettera sur le cou de l’apprenti et
le mordra durement, lui injectant un poison
qui le laissera dans une transe ressemblant au
sommeil durant trois jours.
Pendant ce temps, l’âme du sorcier empoison-
né sera séparée de son corps et il se rendra à
Mède, la nation des Middu, où il contemplera
leurs habitations monumentales et en ap-
prendra davantage sur leurs objectifs et leur
culture. Tandis que l’esprit voyagera, le corps
sera toujours vivant, mais ne répondra à aucun
stimulus. En se réveillant de la transe, le sor-
cier connaitra le sort.
Regard Authentique de Lummu-Kuzaku
Niveau : Sorcellerie 2.
Effet : Après avoir lancé le Regard Authentique
de Lummu-Kuzaku, les globes oculaires du
sorcier disparaitront et à leur place, il y aura
huit yeux similaires à ceux d’un insecte, mul-
tifacettes et placés en deux rangées verticales
de quatre chacune. Le sorcier sera béni avec
l’un des plus grands cadeaux que Lummu-
Kuzaku puisse faire. Ces yeux lui permettront
de contempler le monde tel qu’il est. Il pour-
ra voir dans les ténèbres les plus absolues
comme s’il était midi et il percevra les auras
de tous les êtres vivants. Aucune créature ne
pourra être invisible à ses yeux, que ce soit
par des moyens naturels ou magiques et, plus
important encore, il sera conscient du monde
qui l’entoure dans toute sa pureté, sa brutalité
et sa dureté.
Ceci, que l’on pourrait considérer comme
une bénédiction, finira en fait par faire des
ravages sur le sorcier, car le vrai visage de
la réalité n’est pas quelque chose de facile à
contempler : le monde est un endroit gris et
déprimant, parmi les ombres se cachent des
créatures sombres et terribles et le ciel est
empli des formes horribles des Igigu. De plus,
les gens ne pourront plus cacher au sorcier
leurs vrais visages, déformés par l’envie et les
mauvaises intentions.
184 DIEUX ET SORCIERS
Il sera plus difficile que jamais pour le sorcier
de faire confiance à quelqu’un et des tâches
apparemment simples comme marcher dans
les rues, manger ou s’endormir deviendront
presque impossibles.
De plus, le sorcier ne pourra plus jamais fermer
les yeux.
Lancement : Le sorcier devra se rendre à un
endroit où les combattants morts ont été en-
terrés ou incinérés après une bataille, qui coïn-
cidera généralement avec le champ dans lequel
elle a eu lieu. Il devra y apparaitre par une nuit
sans lune avec deux femmes Mushkenu d’envi-
ron dix-neuf ans. Une fois là-bas, il s’arrachera
les yeux de ses propres mains et commencera
à marcher dans la direction que son instinct
lui indiquera jusqu’à ce qu’il sente qu’il doit
s’arrêter.
Là où il s’est arrêté, il doit sacrifier les deux
femmes et arroser le sol de leur sang. Lorsque
suffisamment de liquide vital aura été versé,
des fissures s’ouvriront dans la terre et des
milliers d’araignées et d’abeilles marquées
du symbole du Tisserand sur leur abdomen
émergeront de l’intérieur. Ces créatures grim-
peront jusqu’à ses orbites vides et travailleront
fiévreusement jusqu’à ce qu’elles finissent de
former les nouveaux yeux du sorcier.
Apprentissage  : Pour apprendre ce sort, le
sorcier devra rassembler les cadavres d’au
moins dix Mushkenu. Peu importe leur sexe
ou leur âge et ils n’auront pas besoin d’avoir
été sacrifiés volontairement. Il devra effectuer
sur eux les rituels de crémation habituels de
Lummu-Kuzaku et s’asseoir à côté d’eux, res-
pirer profondément et essayer d’absorber dans
ses poumons autant de fumée que possible.
En peu de temps, il lui sera difficile de respirer
et il commencera à étouffer. À ce moment-là,
ses assistants devront le transporter dans la
Salle des Âmes de la Geshnukummu à Samarra.
Il sera d’une importance vitale de l’aider rapi-
dement, car il sera sans défense jusqu’à ce qu’il
puisse quitter la pièce sur ses propres jambes.
Là, il s’assiéra et regarda les créatures du
Seigneur de la Vie, les araignées et les abeilles,
effectuer leur travail. S’il écoute attentivement,
il pourra entendre dans les craquements de
leurs pattes et le bourdonnement de leurs ailes
des paroles de puissance et de sagesse. Ces
mots contiendront en effet la connaissance qu’il
souhaite acquérir et après avoir écouté pen-
dant six heures ces voix étranges, il aura appris
le Regard Authentique de Lummu-Kuzaku.
Modèle Parfait d’Eteshna-Kizash
Niveau : Sorcellerie 3.
Effet : Ce sort produit une copie exacte et in-
discernable de la victime. Elle a le même âge,
les mêmes caractéristiques physiques et men-
tales et la même personnalité que l’originale.
La copie a également les mêmes souvenirs que
la victime jusqu’au moment même de sa créa-
tion. Face à face, les deux êtres sont identiques
et ne diffèrent dans leur vie que par la suite. De
plus, aucun type d’analyse ne sera en mesure
de déterminer avec certitude qui est l’original
et qui est la copie.
La copie aura sa propre volonté et ne sera en
aucun cas sous le contrôle du sorcier, à moins
qu’il ne lui jette un autre sort qui produise cet
effet.
Lancement  : Le composant principal de ce
sort sera un linceul qui devra être tissé spéci-
fiquement par le sorcier. La fabrication du tex-
tile n’aura rien de mystérieux, ne nécessitera
aucune compétence particulière et pourra être
un vêtement de tissu aussi rugueux ou élaboré
que souhaité. De la même manière, le tissu
utilisé pourra varier considérablement, du lin
le plus grossier à la soie la plus vaporeuse.
La partie complexe du processus sera que le
sorcier devra tisser les fils du tissu de la même
manière et avec la même cadence avec les-
quelles les fils du Destin sont tissés, entremê-
lant les futurs et séparant les possibilités. Bref,
tisser un correctif dans la réalité. Cela nécessi-
tera une énorme concentration et le sorcier ne
devra pas être interrompu pendant qu’il sera
engagé dans cette tâche, qui lui prendra au
moins une journée entière.
De plus, une fois le tissu fabriqué, il devra
servir à une tâche très spécifique : la victime
 sorcellerie
devra l’utiliser pour se sécher le visage après
l’avoir mouillé avec de l’eau dans laquelle il
aura vu son propre visage reflété, comme celle
d’un étang ou d’une bassine.
Ensuite, le sorcier déposera ce linceul sur le
crâne d’un squelette aux os complètement
propres qui appartenait à un individu de la
même race et du même sexe que la victime.
Après quelques minutes, et en commençant
par le visage, la chair commencera à se for-
mer autour des os. Après quelques heures, le
modèle parfait sera complètement formé et le
tissu tombera en cendres.
Apprentissage : Ce sort est nommé d’après
son créateur, le sorcier Eteshna Kizash qui
est né vers l’an  450 après l’ascension de
Sargon. Cet érudit était doté de capacités na-
turelles étonnantes pour l’étude des voix des
Igigu, mais il n’avait pas la capacité manuelle
et la mémoire nécessaires pour pratiquer
l’alchimie.
Incapable d’accepter que l’art de la transmu-
tation pouvait réussir quelque chose que la
discipline qu’il avait choisie ne pouvait pas, il
parvint à un exploit dont personne n’avait pu
se vanter avant lui  : développer son propre
sort. Après des années de recherches et d’es-
sais inlassables, il réussit à donner vie à un être
intelligent grâce à la sorcellerie, un exploit que
l’on croyait impossible. De plus, il avait non
seulement réussi, mais il avait également créé
des copies indiscernables d’une âme.
Mais de nombreux siècles se sont écoulés
depuis, et Eteshna-Kizash est entré dans l’his-
toire. Ses œuvres ont été rassemblées dans
la Connaissance de la Chair, un ensemble de
dix-sept tablettes. Toute copie est un bien pré-
cieux pour son propriétaire, qui s’en vantera
rarement et n’acceptera pas facilement qu’elle
soit vue par d’autres.
Si un sorcier parvient à avoir accès à cette
œuvre, il pourra apprendre ce sort. En raison
de la difficulté théorique de celui-ci, il devra
passer un mois à étudier les tablettes sans in-
terruption, ne s’arrêtant que pour dormir et se
nourrir.
185
Rien ne Dure Éternellement
Niveau : Sorcellerie 3.
Effet : Ce sort détruit entièrement le sentiment
d’amour romantique entre deux personnes.
Les petits changements que le sorcier a faits
dans les deux moitiés de la sphère se reflètent
dans l’âme des victimes. Elles ne s’emboitent
plus parfaitement et ces différences, d’abord
petites, commencent à devenir de plus en plus
importantes et finissent par séparer les deux
amants.
Ce changement est progressif et ne se produi-
ra pas du jour au lendemain. Cela commencera
par de courtes disputes, à travers lesquels cha-
cune des victimes se rendra compte des petits
défauts de son partenaire qu’elle trouvera de
plus en plus difficiles à tolérer. Un jour, cette
tension atteindra la limite et l’amour qui avait
été entre les deux sera complètement brisé,
généralement transformé en haine.
Mais parfois, il arrive que ce sort échoue. Peu
importe à quel point le sorcier est habile, cer-
tains amours sont si forts qu’ils surmontent les
difficultés. Les âmes s’adaptent, comblent les
nouvelles lacunes et se moulent à la nouvelle
forme. Dans ces rares situations, les deux
moitiés de la sphère se rencontrent miracu-
leusement en atteignant la mer, là où les deux
fleuves convergent et se rejoignent, s’unissant
à nouveau en une seule forme.
Si une relation résiste à ce sort, elle y sera im-
munisée pour toujours.
Lancement  : Pour lancer Rien ne Dure
Éternellement, le sorcier aura besoin de
quelques gouttes de sang de chacun des
amants. Avec le sang de l’un et la boue recueil-
lie dans l’Idigna, il produira de l’argile. Avec le
sang de l’autre et la boue du Buranum, il fera
de même. Ensuite, il rassemblera les deux
morceaux et façonnera une sphère aussi par-
faite que possible.
Ensuite, il devra cuire cette sphère dans un
four, dont les flammes devront être alimentées
par un tapis ou un tissu similaire sur lequel
les deux amants ont passé une nuit ensemble.
186 DIEUX ET SORCIERS
Après avoir récupéré la sphère cuite, le sorcier
prononcera les mots appropriés et la jettera
contre le sol, la brisant en deux moitiés.
Chaque moitié représentera l’âme de l’un des
amants et le sorcier les prendra et arrachera
quelques morceaux de leur surface qui les uni-
rait si elles étaient ensemble. En faisant cela, il
provoquera de petits changements dans l’âme
des victimes, qui, par conséquent, ne s’adap-
teront plus parfaitement. Les sorciers experts
savent que souvent un petit changement au
bon endroit est plus efficace qu’une modifica-
tion profonde.
Enfin, le sorcier jettera que moitié dans l’un
des deux fleuves, les séparant ainsi.
Apprentissage : On ne sait pas d’où vient ce
sort à l’origine, mais il nous est parvenu à tra-
vers une histoire intitulée « Le Désir d’Azashti ».
Cette histoire raconte que le sorcier du même
nom, possédé par la luxure et l’envie, désirait
désespérément la femme de son meilleur ami.
Il essaya par tous les moyens d’obtenir ses fa-
veurs, mais il échouait toujours, car la femme
aimait sincèrement son mari. Désespéré, il fit
un pacte avec un démon, qui lui apprit à briser
l’amour entre les deux, apparemment sans rien
demander en retour.
Azashti suivit les instructions du sort et réussit
à transformer en haine l’amour qu’il enviait
tant, mais même ainsi, l’histoire se termina
en tragédie pour lui, car la femme qu’il vou-
lait continua malgré tout à aimer son amant.
Furieux, il hurla sur le démon qui apparut de-
vant lui et il exigea une compensation.
En réponse, l’être surnaturel ricana bruyam-
ment et donna à Azashti la seule réponse qu’il
ne voulait pas entendre  : l’amour peut être
détruit par la sorcellerie, mais jamais il ne peut
être créé.
Sous la surface de ce conte en apparence
simple se cache en réalité le rituel pour lancer
ce sort. Un sorcier qui sait comment le lire
et ce qu’il faut y chercher pourra l’apprendre
après un mois d’étude intense, temps néces-
saire pour déchiffrer le code que ce conte
dissimule.
Pouvoir du Sang
Niveau : Sorcellerie 1
Effet  : Le sorcier gagne du pouvoir dans sa
forme la plus primitive et la plus saisissante :
en absorbant le sang d’un être intelligent.
Cette énergie le revitalise, lui permet d’ignorer
la fatigue et même de guérir de ses blessures.
Un sorcier qui utilise ce sort récupèrera toute
l’Endurance perdue et, s’il a été affecté par les
conditions négatives Épuisé ou Blessé, il ces-
sera de l’être.
Cependant, ce sort est très addictif. Chaque
fois qu’un sorcier le lancera, il devra surmonter
un conflit de Volonté d’une difficulté de 6 + le
nombre de fois où il a lancé le sort. C’est-à-dire
7 la première fois, 8 la deuxième fois, et ainsi
de suite.
S’il échoue à ce conflit, il développera une ad-
diction à la consommation de sang. À partir de
ce moment, il n’obtiendra aucun avantage du
sort et devra le lancer au moins une fois par
jour. Il fera tout pour satisfaire son envie et si
quelqu’un essaie de l’arrêter, ami ou ennemi,
il résistera de toutes ses forces. Si, pour une
raison quelconque, il lui est impossible de sa-
tisfaire sa dépendance, toutes ses caractéris-
tiques diminueront de 1 point pour chaque jour
qui passera sans jeter le sort. Si, à la suite de
cela, l’une de ses caractéristiques tombe à 0, le
sorcier mourra.
Lancement  : Pour lancer ce sort, le sorcier
doit consommer un minimum de deux litres
de sang d’un être intelligent. Ce sort se pré-
sente sous diverses formes, qui diffèrent par
la façon dont le liquide vital est consommé. La
plus courante est de boire le sang, mais des
versions du sort sont connues dans lesquelles
il est absorbé, par exemple, par contact avec
les mains. Le sang doit être frais et le sort ne
fonctionnera pas avec du sang coagulé ou pro-
venant d’un cadavre qui n’est pas fraichement
décédé. Cependant, il se murmure que certains
sorciers savent comment préserver le sang
pour conserver toute sa puissance.
Si le sang est consommé directement sur
une victime, il faudra environ une minute (ou
 sorcellerie
deux assauts dans une confrontation) pour le
faire. Les corps des Awilu et des Mushkenu
contiennent environ quatre ou cinq litres de
sang, mais il leur est difficile de survivre à la
perte soudaine du sang nécessaire au sort, s’il
provient d’une seule victime.
Bien sûr, si le sang est consommé à partir
d’un récipient, le sort sera exécuté beaucoup
plus rapidement, car il n’a pas de composants
rituels.
Quiconque voit pour la première fois de sa
vie un sorcier lancer ce sort se rendra compte
qu’il contemple quelque chose de méprisable
et de contre nature. Il devra surmonter un
conflit de Volonté de difficulté Moyenne (13)
ou il sera Terrifié. Ce conflit ne devra être
surmonté que la première fois qu’il observe le
lancement. Une preuve de plus que l’on peut
s’habituer à tout, aussi horrible que soit cette
chose.
Apprentissage  : L’origine de ce sort se
trouve dans la tradition des Alrwh Alharsh,
les mystérieux sorciers des tribus Uridimmu.
Ils se le sont transmis entre eux de généra-
tion en génération et il est toujours enseigné
dans sa forme originale, mais seulement aux
membres de confiance de la tribu des sor-
ciers. Il sera très difficile pour un sorcier qui
n’appartient pas aux Uridimmu d’accéder à
cette connaissance. Pour apprendre ce sort
de cette manière, le sorcier devra passer sept
jours avec son maitre, consacrant toute ses
journées à son apprentissage.
Cependant, il se murmure qu’il existe d’autres
versions de cette incantation sous la forme
de tablettes dans certaines bibliothèques. La
garde d’élite de l’Ensi de Mari a été vue en
train de boire le sang des ennemis vaincus et
les Mushkenu d’Eshnunna parlent en mur-
murant de la bête qui se cache dans la cité la
nuit. Parfois, des gens disparaissent et sont
retrouvés après l’aube suspendus au seuil de
la porte de leur maison, sans une goutte de
sang.
Si le sort est appris à partir d’une tablette, le
sorcier devra se consacrer à son étude pendant
au moins huit jours.
187
Prison de Brume Sombre
Niveau : Sorcellerie 3.
Effet  : En jetant ce sort, le sacrifice de chair
et de sang que le sorcier offre aux Implacables
Dévoreurs Nocturnes permet de les attacher
à sa volonté, les forçant à obéir à tous ses
ordres aussi longtemps qu’ils restent invoqués
(habituellement treize jours). Pendant cette
période, les blessures du sorcier ne guériront
pas et il ne pourra pas commencer à récupérer
la Force et la Dextérité perdues jusqu’à ce que
les Shulak aient disparu.
Afin de donner des ordres à ces êtres, le sor-
cier devra se tenir devant eux, de sorte qu’il ne
pourra pas le faire à distance.
Les démons s’affaireront à obéir à chaque
ordre immédiatement après l’avoir reçu et ne
reviendront pas tant qu’ils n’auront pas accom-
pli leur mission avec succès.
Lancement  : Avant de lancer ce sort, le sor-
cier devra enduire son visage, sa poitrine et
ses paumes avec un mélange de bière, de sa
propre sueur et des cendres de la crémation
d’un cadavre humain. Ce n’est que s’il se pré-
sente de cette manière aux Shulak qu’il évite-
ra de devenir la proie de leur faim, car ils le
confondront avec un Etemmu.
Une fois en présence des démons, il devra se
tenir devant eux complètement nu et ne bran-
dissant qu’un couteau à bord dentelé et doté
de crochets cruels fabriqués à partir des os
d’un oiseau charognard. Avec ce couteau, il
devra couper autant de bandes de sa propre
chair que d’Implacables Dévoreurs Nocturnes
qu’il souhaite attacher à sa volonté. Cela lui
causera une douleur profonde et chaque ban-
delette devra avoir la longueur de son avant-
bras. Il finira par jeter ces bandes aux créatures
lorsqu’il prononcera les mots de pouvoir.
En raison de ces mutilations et de la cruauté
de l’arme utilisée, le sorcier sera considéré
comme affecté par la condition Blessé et per-
dra également 1  point de ses caractéristiques
de Force et de Dextérité (jusqu’à un minimum
de 1) jusqu’à ce que les blessures guérissent.
188 DIEUX ET SORCIERS
Apprentissage  : Le texte de ce sort est
gravé sur les murs des salles cachées de la
bibliothèque de la cité abandonnée de Sippar-
Amnanum, qui est maintenant transformée en
ruines et dans les rues de laquelle se terrent
d’horribles créatures. Si le sorcier est capable
de trouver la salle qu’il désire, il pourra obser-
ver un étrange motif de courbes et de bordures
dessiné sur ses murs. Après l’avoir trouvé, il
devra fermer les yeux et poser ses mains sur
ces gravures, en suivant leurs tracés. Ce pro-
cessus prendra au moins un jour et demi, au
cours duquel le sorcier ne pourra pas arrêter
de suivre les sillons même s’il le voulait et sera
possédé par une obsession profonde, ignorant
des détails tels que l’alimentation ou l’attention
à son environnement. À la fin de ce processus,
il aura appris Prison de Brume Sombre.
Ce sort, ainsi que les Hurlements de la Vraie
Souffrance et Étancher la Soif du Chasseur ne
sont qu’un exemple de la triade d’Invocation/
Soumission/Expulsion. Il existe des milliers
de sorts comme ceux-ci, qui diffèrent les uns
des autres par le type de démon invoqué et les
rituels nécessaires pour les exécuter.
Toutes les incantations d’obéissance ont en
commun qu’elles exigent toujours dans le cadre
du rituel un sacrifice personnel du sorcier.
Sagesse des Étoiles Obscures
Niveau : Sorcellerie 2.
Effet : En lançant ce sort, le sorcier peut po-
ser une question aux êtres étranges qui vivent
dans les étoiles les plus sombres du ciel, invi-
sibles pour ceux qui ne savent pas où cher-
cher. Ces êtres répondront toujours en disant
la vérité à la question qui leur est posée, peu
importe à quel point le sujet peut être obscur
ou interdit. Il n’y a rien qui échappe à leur sa-
gesse et à leurs connaissances, à une excep-
tion près : ce qui n’est pas encore arrivé. S’ils
sont interrogés sur l’avenir, ils répondront
sur le destin le plus probable, qui ne sera pas
toujours celui qui se manifestera finalement.
Mais ces êtres exigeront un prix terrible en
échange du partage de leur sagesse : en prodi-
guant leurs services, ils prendront un souvenir,
dans l’esprit du sorcier l’effaceront complè-
tement et déposeront les connaissances qu’il
cherchait à sa place. Plus la connaissance que
le sorcier exige est précieuse, plus le souvenir
perdu sera important pour lui  : une question
triviale pourra représenter le lanceur perdant
le souvenir de ce jour où il a humilié un rival,
tandis qu’une connaissance sombre et obscure
lui coûtera le moment de son enfance qui a
 sorcellerie
marqué sa vie et sa façon d’être. De plus, les
êtres des étoiles volent toujours des souvenirs
heureux.
Un sorcier qui perd un souvenir ne pourra
bien sûr pas s’en rappeler, mais il saura qu’il
manque quelque chose, qu’il y a un vide dans
son esprit.
Lancement : Pour lancer Sagesse des Étoiles
Obscures, le sorcier devra se rendre dans une
plaine éloignée de la civilisation. Là, une nuit
où aucun nuage ne cache le ciel et où la lune
ne s’est pas encore levée, il déposera sur le
sol un bol qui contiendra ses propres larmes,
bien que celles-ci n’aient pas à être versées à
ce moment-là.
Il s’assiéra devant le bol et méditera en silence,
préparant son esprit à la communion avec les
émissaires de l’obscurité. Soudain, les larmes
s’évaporeront et le sorcier verra clairement
dans les cieux les étoiles obscures, normale-
ment invisibles, vers lesquelles il dirigera sa
question. Il devra le faire sans émettre aucun
son, employant le langage caché d’au-delà du
vide qui ne peut être prononcé. Après quelques
instants, il recevra la réponse souhaitée dans la
même langue.
Apprentissage  : Apprendre ce sort est
extrêmement simple, car il suffit de deman-
der au dieu Kogu-Shogtosshu. Le sorcier
doit crier haut et fort le nom de La Volonté
Avisée et lui demander de connaitre la clé qui
ouvre la porte de tous les secrets. Aussi, et
c’est très important, il doit préciser au dieu
pour quelle raison il souhaite posséder cette
connaissance.
Ce n’est que si les raisons sont l’égoïsme et le
gain personnel que Kogu-Shogtosshu répon-
dra à ses prières, car le dieu déteste ceux qui
n’utilisent pas la sagesse pour poursuivre leurs
propres fins aux dépens de celles des autres. Si
ces conditions sont remplies, le sorcier tombe-
ra dans une transe étrange pendant quelques
heures. Lorsqu’il la quittera, il connaitra le
langage secret nécessaire pour communiquer
avec les émissaires des étoiles. Inutile de dire
que si la réponse n’est pas sincère, le dieu le
saura.
189
Étancher la Soif du Chasseur
Niveau : Sorcellerie 2.
Effet  : En lançant ce sort, le sorcier permet
volontairement aux Implacables Dévoreurs
Nocturnes de pénétrer son corps et de com-
mencer à dévorer ses entrailles. S’il a correcte-
ment exécuté les rituels de purification, après
quelques instants, les démons se rendront
compte qu’ils sont piégés dans un corps dont
ils ne peuvent pas extraire de nourriture et
seront forcés de disparaitre. Ils auront été dé-
finitivement expulsés. Il est d’une importance
vitale que le sorcier reste complètement im-
mobile pendant ce processus.
Cependant, si le rituel n’a pas été effectué
correctement, même pour un seul détail, le
sorcier n’aura pas atteint l’état d’esprit adéquat
et mourra immédiatement, dévoré par ces
monstruosités.
Aucune différence entre les deux situations ne
pourra être perçue tant que le sort ne sera fini.
Donc, un sorcier qui l’exécutera pour la première
fois pourrait très bien penser qu’il a échoué. Peu
de sorciers ont la volonté suffisante pour ne pas
bouger et ne pas tenter d’expulser ces démons
d’eux, ou de ne pas crier de désespoir.
Lancement : Pour lancer ce sort, il faut effectuer
une série de rituels qui purifieront le corps et
l’âme du sorcier et le rendront immunisé contre
les Shulak. C’est un rituel fatigant et complexe,
divisé en plusieurs parties et qui comprend la
récitation de psaumes dans la langue ancienne,
la pratique de la danse Shamash et l’expérience
de purges répétées, chaque fois plus difficile
que la précédente. Ces préparations durent
trois jours et nécessitent des ingrédients diffi-
ciles à préparer, comme que le baume fabriqué
à partir des pétales de la plante qui ne fleurit
qu’une fois tous les cent ans.
Une fois que le rituel est terminé, le sorcier ne
pourra rien ingérer ni avoir de contact avec un
autre être humain tant qu’il n’aura pas expulsé
les Implacables Dévoreurs Nocturnes.
Apprentissage  : Ce sort est écrit sur une
tablette qui a été brisée en deux morceaux,
190 DIEUX ET SORCIERS
chacun ne contenant que la moitié des étapes
nécessaires pour accomplir le rituel, mais qui
semblent suffire à elles-mêmes pour le lec-
teur qui ne connait pas l’existence de l’autre
morceau.
On ne sait pas exactement où se trouvent ces
moitiés, mais la légende raconte que l’une
d’elles est à l’endroit où la lumière de Shamash
brille toujours et l’autre où elle n’atteint jamais
son regard. Chacun de ces fragments nécessite
deux jours d’étude pour en percer les secrets.
Ce sort, ainsi que Hurlements de la Vraie
Souffrance et Prison de Brume Sombre ne
sont qu’un exemple de la triade Invocation/
Soumission/Expulsion. Il existe des milliers
de sorts comme ceux-ci, qui diffèrent les uns
des autres par le type de démon invoqué et les
rituels nécessaires pour les exécuter.
Tous les sorts d’expulsion ont en commun
qu’ils exigent toujours un acte exceptionnel de
volonté de la part du sorcier comme élément
du rituel.
Graine infaillible de Shuk-Nippurash
Niveau : Sorcellerie 2.
Effet  : La première union sexuelle à laquelle
la victime participe après que le sort a été jeté
portera toujours ses fruits, même si la victime
ou son partenaire sont stériles. Peu importe
également qu’ils appartiennent à deux espèces
distinctes ou même que l’un des deux soit
une bête ou un démon. Il est nécessaire qu’au
moins une des personnes participant à l’union
soit un homme et l’autre une femme.
Après l’union, la grossesse se développera
normalement. Cependant, si les parents ap-
partiennent à des espèces différentes, la pro-
géniture sera un hybride entre les deux, bien
que stérile. Dans tous les cas, et en raison des
conditions dans lesquelles il a été conçu, le
produit de l’union sera toujours un être maudit
qui recevra une attention particulière de Shuk-
Nippurash, qu’il le veuille ou non.
Lancement : Pour effectuer ce sort, le sorcier
devra préparer un onguent spécial, qu’il étalera
sur les organes génitaux de la victime. Il est
tout aussi efficace avec les hommes que les
femmes. Pour le faire, une série d’ingrédients
sont nécessaires  : un œuf de poule fécondé,
une goutte de sang provenant d’un sacrifice,
la sève d’un palmier extraite à midi et la mue
d’une vipère cornue noire.
L’ingrédient le plus difficile à obtenir est ce der-
nier, car elles ne perdent leur peau qu’une fois
par an, pendant le mois d’Arahsamna, et pour
ce faire, elles se retirent dans leurs nids au
fond des marais. Ces nids se trouvent presque
toujours entre les racines des arbres les plus
tordus et la collecte des mues n’est pas une
tâche facile, car les vipères sont généralement
très jalouses de leur intimité et leur morsure
mortelle.
La goutte de sang doit provenir du sacrifice
d’un être intelligent qui n’a pas encore engen-
dré de progéniture. Si le sacrifice n’est pas
complet ou si le sacrifié a eu un enfant, même
si l’enfant est mort avant, la préparation perdra
de sa puissance. L’application elle-même ne né-
cessite aucun type de rituel. De plus, l’onguent
est inoffensif et impossible à distinguer à l’œil
nu d’une huile plus conventionnelle.
Apprentissage  : Ce sort est enseigné dans
les cultes à Shuk-Nippurash, où il est souvent
utilisé les nuits où les prêtresses agissent
comme prostituées. On dit qu’il existe une
version encore plus puissante qui permet de
procréer sans avoir besoin d’un mâle. Mais, si
cela est vrai, seul le cercle le plus intime des
disciples de la déesse le connait.
Murmures dans les Ombres
Niveau : Sorcellerie 3.
Effet : Après avoir jeté ce sort, les Voix que le
sorcier a nourries se répandront dans le monde
entier, se divisant encore et encore, jusqu’à ce
que dans chacune des ombres de Kishar, il y ait
un petit fragment de ces êtres.
Chaque fois que quelqu’un, n’importe où dans
le monde, prononcera le nom du sorcier à
haute voix, les créatures le lui communiqueront
immédiatement. Le sorcier aura une image du
 sorcellerie
visage de celui qui l’aura nommé et saura ap-
proximativement où il se trouve. Cependant, il
ne saura pas qui sont le ou les interlocuteurs,
ni le sujet de la conversation.
Bien que personne ne pourra jamais plus
conspirer contre le lanceur de Murmures
dans les Ombres sans qu’il le sache, tant de
pouvoir aura un prix  : le sorcier ne pourra
pas arrêter ce sort une fois qu’il sera lancé.
Chaque fois que quelqu’un parlera de lui, les
Voix le lui communiqueront, que le sorcier
soit endormi ou engagé dans une activité qui
nécessitera son attention.
En fait, les sorciers particulièrement célèbres
finissent par devenir fous tandis que leur esprit
devient un tourbillon d’images et un écho infini
composé de centaines de voix qui prononcent
leurs noms, résonnant sans cesse dans leurs
oreilles.
Lancement : Pour lancer ce sort, le sorcier de-
vra aller au plus profond des Jungles du Sud,
où la végétation est si épaisse que la pluie ne
touche pas le sol et que la lumière n’atteint pas
les créatures qui habitent cet endroit.
Là, il devra se déshabiller complètement, fer-
mer les yeux et plonger jusqu’au cou dans l’un
des lacs d’eaux pourpres dans lesquels vivent
des êtres étranges formés uniquement par le
son et les ombres : les Voix. Elles se rassem-
bleront autour de lui et commenceront à répé-
ter son nom encore et encore.
À ce moment précis, le sorcier devra leur don-
ner en offrande le cadavre d’un enfant mort-
né, que les êtres dévoreront dans un banquet
inénarrable. S’ils ne reçoivent pas une offrande
appropriée, les bêtes dévoreront le sorcier à la
place.
Apprentissage  : Pour apprendre ce sort, le
sorcier doit descendre dans une caverne sou-
terraine dont les murs sont faits d’un cristal
si pur qu’ils réfléchissent parfaitement la lu-
mière et le son. Cette grotte est située dans
les contreforts du légendaire Mont Noir, un
pic entièrement composé d’obsidienne vi-
trifiée qui se dresse entre les Sommets des
Tempêtes.
191
Le sorcier entrera dans la caverne en prenant
soin de ne pas faire de bruit ou de transpor-
ter une source de lumière. Il portera deux
objets, une harpe en or et une bougie de cire
rouge, allumée, mais entièrement recouverte.
Lorsqu’il sera au centre de la grotte, il allume-
ra la bougie et jouera une seule note avec sa
harpe. L’intérieur de la caverne reflètera la lu-
mière de la bougie avec une telle force et sous
tant d’angles qu’il n’y aura pas d’ombres. Le
son de l’instrument résonnera avec une inten-
sité et une fréquence telles qu’un son parfait
sera créé.
Cet assaut soudain des sens laissera le sorcier
inconscient pendant deux jours, après quoi il
se réveillera en connaissant ce sort.
Talisman Protecteur
Niveau : Sorcellerie 1-3.
Effet : À la fin du lancement de ce sort, le sor-
cier aura créé un talisman sous la forme d’un
collier, d’une boucle d’oreille ou de tout autre
ornement qui aura le pouvoir de protéger des
incantations néfastes celui pour lequel il a été
créé. L’amulette ne fonctionnera qu’avec cet
individu et seulement s’il le porte sur lui.
Le talisman n’a pas de date d’expiration, mais
il est important de se rappeler le niveau de
maitrise en sorcellerie de celui qui l’aura créé
(de 1 à 3), car ce sera le niveau de puissance de
l’amulette. Lorsque le porteur du talisman sera
la cible d’un sort, ce dernier échouera automa-
tiquement si le niveau du lanceur est égal ou
inférieur à celui de l’objet. Le talisman protège
également contre les poisons, les maladies et
autres maux similaires, car ils ont leur origine
dans des êtres surnaturels.
En repoussant avec succès un mal, l’amulette
se brisera en morceaux et le porteur perdra
pendant sept jours 2 points de ses caractéris-
tiques de Force et de Volonté (jusqu’à un mini-
mum de 1). C’est parce que l’objet contient une
petite partie de son être et que sa destruction
soudaine l’aura affaibli.
Le porteur subira également cette diminution
de ses caractéristiques s’il perd l’amulette ou
192 DIEUX ET SORCIERS
s’en sépare, mais dans ce cas, la perte durera
jusqu’à ce qu’il parvienne à la récupérer ou que
sept jours s’écoulent après sa destruction.
Il est très dangereux qu’un Talisman Protecteur
tombe entre de mauvaises mains, car en
contenant un fragment de l’essence vitale de
l’individu, il peut être utilisé comme substitut
à n’importe quelle partie de son corps dans un
sort ou un rituel, que ce soit du sang, des che-
veux ou un morceau de tissu.
Si un sorcier avec de mauvaises intentions
fabrique un tel objet de pouvoir, cela pour-
rait causer de sérieux problèmes au porteur
d’origine.
Lancement  : Pour lancer ce sort, le sorcier
devra fabriquer l’amulette en incorporant dans
sa conception quelques gouttes de sang de la
personne qu’elle devra protéger, qui n’a pas
besoin d’être le sorcier lui-même. De plus,
cette personne doit être présente tout au long
du processus.
La forme que prend l’amulette n’est pas im-
portante tant que ces conditions sont remplies.
Elle peut être aussi simple ou aussi élaborée
que souhaité. Son temps de création variera
en fonction de l’objet dont il s’agit. Une per-
sonne ne peut jamais avoir plus d’un Talisman
Protecteur en même temps.
Apprentissage : Ce sort est répandu et il en
existe de nombreuses versions. Nous avons
détaillé ici la version la plus généraliste, mais
il y en a d’autres qui sont spécifiques à des
sorts précis ou des objets particuliers. Quoi
qu’il en soit, la règle selon laquelle une per-
sonne ne peut jamais posséder plus d’un
Talisman Protecteur à la fois doit toujours
être respectée.
S’il trouve ce sort sur une tablette ou suit l’ap-
prentissage d’un maitre, le sorcier aura besoin
de trois jours d’étude intense pour l’apprendre.
Gardez également à l’esprit que de nom-
breuses sources qui expliquent comment créer
un talisman ne fonctionnent pas correctement
et il est difficile de savoir si vous en avez un
qui est vraiment efficace jusqu’au moment de
le tester.
Vêtement de Roi
Niveau : Sorcellerie 1
Effet  : Le sorcier est entouré d’une aura
invisible de mal pur et de terreur. Bien que
ceux qui l’entourent ne puissent pas la voir,
ils peuvent tout à fait la sentir. Le sorcier re-
cevra un bonus de +2 pour tous les conflits
sociaux auxquels il est confronté de manière
hostile (intimider, interroger, etc.) et un ma-
lus de -4 pour tous les conflits sociaux aux-
quels il est confronté à l’amiable (gagner la
confiance, convaincre gentiment, etc.). De
plus, tout ennemi qui ne cause pas la Terreur
devra surmonter un conflit de Volonté contre
le Charisme du sorcier lorsqu’il l’affrontera
au combat. S’il échoue, il sera affecté par la
condition Terrifié pendant les deux premiers
assauts s’il s’agit d’une confrontation ou pour
la durée totale du combat s’il s’agit d’une
escarmouche.
De plus, un sorcier qui a jeté ce sort sera im-
munisé contre tout autre personnage ayant
un Vêtement de Roi ou contre les effets de la
Terreur de toute créature. Enfin, tous les ani-
maux fuiront le sorcier et aucune monture ne
l’acceptera comme cavalier, préférant la mort si
elle y est forcée. C’est pourquoi de nombreux
sorciers voyagent en palanquin.
Lancement  : Le sorcier devra obtenir suffi-
samment de peau des membres de sa race
pour en faire une cape et couvrir tout son
corps, y compris sa tête. Il devra retirer lui-
même la peau des corps et la coudre en utili-
sant les tendons comme fil et utiliser comme
aiguille un fragment d’os sculpté de la bonne
façon. Une fois ce vêtement fabriqué, il de-
vra le porter sans interruption pendant treize
jours, après quoi il devra le bruler dans un
feu alimenté au bois de cèdre. À partir de ce
moment, il disposera des pouvoirs du sort de
manière permanente. Il ne pourra en aucun
cas annuler ses effets à l’avenir, même s’il le
souhaite.
Il n’est pas nécessaire de mettre fin à une vie
pour lancer ce sort et la plupart des sorciers
préfèrent extraire les matériaux nécessaires
des individus décédés.
 sorcellerie
Apprentissage  : C’est l’un des sorts les plus
courants que l’on puisse trouver et la plupart
des grands sorciers en ont un exemplaire dans
leur bibliothèque. Il est actuellement impos-
sible de retracer son origine et de nombreux
érudits pensent qu’il pourrait dater d’une pé-
riode antérieure à l’ascension de Sargon. Si
une tablette est trouvée avec ce sort, elle peut
être apprise en deux jours d’étude.
Visite des Séjours Éternels de Kuthalu
Niveau : Sorcellerie 3.
Effet  : À la fin du lancement de ce sort, le
sorcier tombe dans un sommeil profond. Alors
que son corps se trouve à l’endroit où il a ac-
compli le rituel, son esprit se rend dans la cité
submergée de Kuthalu, un royaume de rêves
où il se reposera à côté du dieu jusqu’à ce que
le moment soit venu de se réveiller.
Tant qu’il reste dans cet état, son corps n’a pas
besoin d’air, d’eau ou de nourriture et ne vieillit
pas, conservé intact jusqu’à la fin du sommeil.
Le sorcier peut spécifier jusqu’à trois condi-
tions pour que son repos se termine et dans le
cas où l’une d’entre elles est remplie, son âme
reviendra habiter son corps et se réveillera,
retournant dans le monde de l’éveil. Le sorcier
doit être très prudent lorsqu’il spécifie ces
termes, car ils pourraient être mal interprétés
par les serviteurs chargés de le réveiller, en le
faisant à l’avance ou de ne pas le faire quand
ils le devraient.
De plus, le sorcier verra également son som-
meil interrompu si la coquille qui le recouvre
se brise ou si Kuthalu parvient à mener à bien
ses machinations et que sa demeure émerge
d’entre les eaux.
Au réveil, le sorcier se retrouvera dans le
même état qu’il était lorsqu’il a jeté le sort.
Cependant, on dit qu’un esprit humain ne peut
survivre très longtemps en compagnie des
dieux et certains sorciers, en particulier ceux
qui dormaient depuis longtemps, ne semblent
pas être les mêmes quand ils reviennent : leur
regard est vitreux et ils murmurent d’étranges
psaumes quand ils croient que personne ne les
écoute.
193
Lancement  : Afin d’être accepté dans les
Séjours Éternels à côté du Bâtisseur, le sorcier
devra payer le bon prix, devant livrer trois
objets de valeur : un collier fait du lapis-lazuli
le plus pur d’Aratta, une tunique en soie de
Melunha teinte en violet par les Phéniciens et
une vieille corne d’éléphant sertie d’or.
Ces trois dons doivent être conservés dans
trois coffres en bois, que les futurs sacrifiés qui
serviront d’émissaires doivent porter. Un pre-
mier-né Awilu doit porter celui avec le collier ;
un Mushkenu qui sait lire, celui avec la tunique
et un Wardu qui a perdu un membre au com-
bat, celui avec la corne. Le sorcier laissera les
sacrifiés mourir de déshydratation et les liera
au don correspondant. Ensuite, il chantera
les chants secrets d’appel aux serviteurs de
Kuthalu sur la rive de l’Urun-Zig Ab, le Grand
Océan et ces derniers viendront à la prochaine
marée haute pour recueillir les offrandes et
écouter les conditions de l’éveil du sorcier.
Dès que cet échange est terminé, le sorcier
doit se rendre le plus rapidement possible à
l’endroit où il veut se coucher, car exactement
sept jours après s’être allongé il s’endormira
et une étrange substance rosacée commence-
ra à former une coquille autour de son corps
jusqu’à ce qu’elle se ferme complètement.
Apprentissage : Ce sort est en fait un pacte
et pour le sceller, le sorcier doit rendre vi-
site à Kuthalu lui-même. Pour ce faire, il doit
prendre un bateau et s’éloigner suffisamment
de la terre jusqu’à ne plus voir la côte, où il doit
appeler le dieu. Peu de temps après, ses servi-
teurs apparaitront pour lui remettre une po-
tion qui lui permettra de respirer sous l’eau et
ils l’inviteront à les suivre jusqu’à sa demeure :
une cité submergée à l’architecture incroyable,
autour de laquelle la réalité elle-même semble
être déformée.
Là, il rencontrera un avatar de Kuthalu et
conviendra avec lui du paiement à livrer pour
le privilège de résider dans ses palais. Après
cela, il retournera à la surface et il pourra lan-
cer le sort quand il le souhaitera.
C’est un fait que Kuthalu ne tient compte que
de l’appel des sorciers les plus puissants et les
194 DIEUX ET SORCIERS
plus déterminés. Un sorcier inexpérimenté ne
serait pas digne de ses attentions et un esprit
faible ne serait pas en mesure de soutenir sa
vision.
La Voix des Morts
Niveau : Sorcellerie 2.
Effet  : Ce sort permet au sorcier de poser
jusqu’à trois questions à l’Etemmu d’un défunt.
Les questions peuvent être de n’importe quelle
sorte et l’esprit devra répondre en disant la
vérité à chacune d’entre elles, à moins qu’il ne
connaisse pas la réponse. Dans ce cas, il ne ré-
pondra pas, mais la question comptera posée.
Avant d’être appelé, l’Etemmu était dans
l’Irkalla, terre stérile et grise des morts dans
laquelle le seul réconfort qu’il peut obtenir
vient des offrandes qui lui sont faites par le
monde des vivants. En conséquence, il traite
le sorcier avec impolitesse et violence, répond
à ses questions de manière tranchante et les
mots qu’il lui adresse sont pleins de haine
et d’insultes. La seule raison pour laquelle il
consacre une partie de ses efforts à lui faire
plaisir est à cause de la récompense qu’il lui
a promise. L’Etemmu aura le droit de se dé-
placer librement dans le monde des vivants
pendant un temps qui dépendra du nombre
de questions posées. Si le sorcier a posé une
question, l’Etemmu sera libre un jour, s’il y en
a eu deux, ce sera un mois, et si le lanceur
a osé exiger le maximum de trois, le spectre
parcourra le monde pendant un an.
Presque immanquablement, la première ac-
tion de tous les Etemmu qui sont libres est
de poursuivre le sorcier qui l’a invoqué pour
mettre fin à ses jours ou le rendre fou. Bien
qu’au début il soit heureux de pouvoir à nou-
veau marcher parmi les vivants, en peu de
temps, il se rend compte que c’est un plai-
sir temporaire et qu’il aurait été préférable
de ne pas répondre à l’appel. Cette joie est
éphémère et ne fera que lui causer plus de
souffrance. À tel point qu’un Etemmu ne
peut pas être victime de ce sort plus d’une
fois. Il n’écoutera jamais plus les prières d’un
sorcier.
Lancement  : Ce sort ne peut être jeté que
sur un défunt. Tout d’abord, il est nécessaire
d’obtenir le cadavre de la victime ou du moins
son crâne si la plupart de ses restes mortels
ont été détruits. Dans la plupart des cas, cela
impliquera de profaner une tombe.
Si le cadavre a été incinéré, son âme sera avec
les Igigu, hors de portée du sorcier, donc ce
sort sera inefficace. Ceci est très fréquent
dans le cas des Mushkenu, qui sont rarement
enterrés. De plus, il existe deux autres situa-
tions dans lesquelles le sort échouera : lors-
qu’il cible un cadavre enterré suivant les rites
de Lummu-Kuzaku ou lorsque le corps d’un
Cimmérien est utilisé. Personne ne sait avec
certitude pourquoi dans ces cas La Voix des
Morts ne fonctionne pas, mais c’est un fait
que l’Etemmu d’un Cimmérien ou d’un dis-
ciple du Tisserand n’a jamais été vu. Une fois
le cadavre obtenu, le rituel est très simple.
Il suffit au sorcier de s’approcher du crâne
du défunt et de chuchoter à l’endroit de son
oreille la belle promesse de liberté, à laquelle
il ne pourra pas résister. Après quelques mi-
nutes, l’Etemmu apparaitra et répondra aux
questions posées.
Apprentissage  : Pour apprendre ce sort, le
sorcier doit descendre dans l’Irkalla et vivre
pendant un certain temps avec les Etemmu.
La seule façon de le faire est de mourir, de
sorte que le sorcier doit se suicider. C’est la
partie simple. Le plus compliqué est de revenir
d’entre les morts.
Une fois dans le pays des ténèbres, le sorcier
doit se présenter à Ereshkigal, l’ancienne
Déesse des Morts. Ce n’est pas une tâche facile,
car elle se trouve en guerre perpétuelle avec
Lummu-Kuzaku et son refuge peut être assez
difficile à trouver. S’il parvient à la retrouver,
il doit faire valoir ses arguments, en précisant
qu’il a quitté le pays de la lumière avant son
heure et en offrant à la reine de l’Irkalla un ca-
deau qu’elle ne peut refuser : l’âme d’un prêtre
de Lummu-Kuzaku pour remplacer celle du
sorcier.
Face à une telle offre, Ereshkigal permettra
au sorcier de se présenter comme Etemmu
devant le complice que le sorcier a dans le
 OBJEts de pouvoiR
monde des vivants et qui devra tuer un prêtre
du Tisserand. S’il réussit, l’alliance sera scel-
lée et l’âme du sorcier retournera dans son
corps. Ce qu’il vit en marchant aux côtés des
morts lui permettra de savoir exactement
quels mots tout Etemmu veut entendre.
NIVEAU NOM
1 Hurlements de la Vraie Souffrance
1 Bouc Émissaire
1 Flamme Irrésistible de la Luxure
1 Messager Sibyllin des Sables
1 Pouvoir du Sang
1 Vêtement de Roi
1-3 Talisman Protecteur
Liste des sorts de sorcellerie
2 Baiser de la Sangsue Pourpre
2 Stigmates de Rejet
2 Faim Irrépressible d’Ishim-Shagshuga
2 Regard Authentique de Lummu-Kuzaku
2 Sagesse des Étoiles Obscures
2 Étancher la Soif du Chasseur
2 Graine Infaillible de Shuk-Nippurash
2 La Voix des Morts
3 Étreinte du Seigneur des Océans
3 Force Pure des Sentiments
3 Battements de Cœur Lointain
3 Modèle Parfait d’Eteshna-Kizash
3 Rien ne Dure Éternellement
3 Prison de Brume Sombre
3 Murmures dans les Ombres
3 Visite des Séjours Éternels de Kuthalu
OBJETS DE POUVOIR
La magie et le surnaturel ne prennent pas
toujours la forme de sorts, mais sont parfois
condensés sous forme d’objets chargés de leur
pouvoir. Ils varient tellement dans leurs ori-
gines ou dans leurs capacités, des plus humbles
aux plus extraordinaires, qu’il est impossible
de les cataloguer tous. Malgré cela, ils ne sont
pas courants. Un seul de ces objets est un bien
inestimable. Autant ou plus précieux que des
centaines de vies et à eux seuls, ils causent bon
nombre de guerres et de conflits.
Beaucoup de ces objets remontent à des temps
ancestraux et ont été créés avec des arts per-
dus, ce qui les rend irremplaçables. D’autres, en
revanche, sont des œuvres plus récentes et sont
le résultat d’expériences alchimiques ou de l’ap-
plication de méthodes barbares, comme ceux
195
des Cimmériens ou des Amorrites. Ils ont tous
en commun le fait qu’ils peuvent faire quelque
chose, du plus humble au plus spectaculaire,
qui va au-delà du naturel. Certains de ces objets
sont si remarquables qu’ils ne peuvent pas pas-
ser inaperçus, tandis que d’autres sont si dis-
crets que le porteur lui-même ne sait pas qu’ils
ont un quelconque pouvoir.
Créer un objet de pouvoir n’est jamais une
chose facile. Même le plus simple nécessite
des recherches approfondies et une série de
processus complexes et longs. C’est pourquoi
ils sont si rares et ne doivent pas être pris à
la légère. Le simple fait de trouver comment
en fabriquer un et le doter des bonnes éner-
gies mystiques peut demander des mois (ou
des années) d’aventures. Les objets de cette
nature ne devraient jamais être traités comme
banals et encore moins comme quelque chose
qui peut être produit en masse.
LISTE D’OBJETS DE POUVOIR
Vous trouverez ci-dessous quelques exemples
d’objets chargés d’un pouvoir surnaturel.
Inutile de dire que cette liste est non-ex-
haustive. Utilisez-les tels qu’ils sont dans vos
parties ou, mieux encore, inspirez-vous de ces
exemples pour en créer d’autres.
Amulette de Retour au Foyer
Cette amulette, œuvre des tribus Uridimmu,
est un sabot de chameau desséché suspendu
à une chaine faite de maillons en étain. Il est
considéré comme un cadeau incroyablement
précieux et a rarement été donné à quelqu’un
d’autre qu’un Uridimmu.
Tant que le porteur le
garde à son cou, il
saura dans quelle
direction se trouve
son foyer et ne se
perdra jamais en
essayant de l’at-
teindre. Ce qui est
considéré comme le foyer dépend en réalité
de chaque utilisateur. Il peut s’agir de la mai-
son dans laquelle il est né ou de la taverne dans
laquelle il a rencontré tous ses amants.
196 DIEUX ET SORCIERS

Harpe de la Folie Chaines de Fer Noir

À l’origine, c’était une possession des servi-
teurs dansants de Tiamat, mais on ne sait
pas comment cet artefact est arrivé à
Kishar. C’est une grande harpe faite
d’un bois inconnu, tout autant rigide
que flexible, qui sert de matériau à
la fois pour les cordes et la
structure de l’instrument.
Les Chaines de Fer Noir ont été forgées à par-
tir du métal provenant des cieux et de la souf-
france de mille esclaves. Elles se présentent
sous la forme d’entraves pour tenir les mains
d’une victime auxquelles pend une chaine à
saisir par celui qui contrôle l’objet.

Si quelqu’un décide de
jouer de cette harpe, les
notes de la chanson du
Chaos Rampant en sorti-
ront, quel que soit le mor-
ceau que l’utilisateur souhaite
interpréter ou ses compétences Une victime emprisonnée par les chaines devra
musicales (ou son absence de obéir à chacun des ordres donnés par celui qui
compétence). Cette mélodie les tiendra. En aucun cas il ne pourra résister.
parlera directement à l’esprit, de
sorte que même les sourds pour- Cape du Seigneur des Montagnes
ront l’entendre et elle conduira à
la folie. Quiconque l’écoute pendant
quelques minutes perdra complète-
ment la tête et deviendra un fidèle et
fanatique disciple de l’Igigu.

Cloche au Son Pur

Cette petite cloche en bronze est inutile sans

le petit marteau du même métal créé avec.
Elle sert à effrayer les mauvais esprits et si
son porteur la manie avec détermination et
la fait sonner devant un démon, ce dernier
n’aura d’autre choix que de s’éloigner le plus
possible de lui.
L’utilisateur de l’objet devra surmon-
ter un conflit entre sa Volonté et
celle du démon. Si celui qui sonne
la cloche gagne, l’Utukku devra
battre en retraite, bien qu’il ne
sera pas détruit. La méthode
de fabrication de ces cloches a
disparu avec le culte à Ningirsu
et les rares qui restent sont
prisées comme des trésors
irremplaçables.
Cette cape est fabriquée à partir de la peau d’un
animal originaire des Montagnes Gudabak où
vivent les Cimmériens, comme un loup ou un
ours. Le secret de sa fabrication est un mystère
connu seulement des chamans les plus sages
des Hommes Libres, mais on dit que l’animal
doit se rendre librement.
Elles sont un symbole de prestige et confèrent
à leur porteur la possibilité d’être à l’aise, quel
que soit le climat dans lequel il se trouve. Il ne
sera pas dérangé par le froid ou la chaleur et
la pluie ou la neige seront accueillies comme
des bénédictions. Désormais, la nature ne sera
plus son adversaire, mais son amie.
 OBJEts de pouvoiR
Bol du Regard Pur
De tous les outils utilisés par les Bapu, les grands
devins de Mari, les Bols du Regard Pur se dis-
tinguent d’une manière particulière. À première
vue, ils n’attirent pas l’attention et pourraient
facilement être confondus avec un plat pour son
apparence simple et dépourvu d’ornements,
bien que les devins eux-mêmes disent que c’est
précisément cette absence d’ornements qui est
l’une des raisons qui les rendent si efficaces.
Le secret de sa fabrication est jalousement gar-
dé par le Premier Devin et ceux qu’il considère
dignes de confiance. Cependant, il se murmure
que l’un des ingrédients nécessaires pour
pouvoir en faire un est les yeux d’un enfant de
moins de deux ans. La raison en est que seul le
regard pur d’un nourrisson est capable de voir
à travers la tromperie et les illusions.
Pour utiliser le Bol du Regard Pur, un devin
devra y verser un mélange d’eau et de sang
de bœuf. En regardant à sa surface, il pourra,
avec de la chance, y voir ce que l’il souhaite
observer. Tout personnage avec la profession
« Devin » qui utilise le Bol du Regard Pur pour
essayer de discerner l’avenir obtiendra un bo-
nus de +2 à son jet de dés.
Poignard de l’Infini
Le Poignard de l’Infini ressemble à une arme
ordinaire, avec la seule caractéristique dis-
tinctive d’être fait en fer, un matériau très rare
et prisé pour sa résistance. Si le porteur ne
connait pas sa nature, il se comportera comme
un simple poignard, mais entre les mains de
ceux qui connaissent ses avantages, sa lame se
mettra à l’unisson avec l’univers des Utukku.
Cela lui confèrera deux propriétés spéciales.
197
Tout d’abord, cette arme fera perdre 4 points de
plus d’Endurance à un démon en cas de succès
lors d’une confrontation. De plus, si le porteur
participe à une escarmouche contre au moins
un démon, le porteur pourra ajouter 4  points
à sa plus grande capacité de combat s’il s’agit
d’un PJ ou à son Efficacité au Combat s’il est un
PNJ. Il pourra également l’utiliser pour attaquer
les Utukku qui seraient autrement immunisés
contre les coups physiques.
Son autre capacité est d’autant plus importante
qu’elle permet au manieur de faire une coupe
dans le tissu même de la réalité, ouvrant une
porte entre le monde des vivants et la terre où
habitent les démons. Une fois ce portail ouvert,
tout être, matériel et démoniaque, pourra le tra-
verser. Seul celui qui l’a ouvert pourra le refermer.
Insatiable Dévoreur
L’Insatiable Dévoreur est un cimeterre riche-
ment orné, le long duquel sont sculptés des
caractères semblant provenir d’une langue
étrange. Ou peut-être s’agit-il simplement de
dessins, puisqu’aucun des sages qui ont eu le
privilège de poser les yeux sur l’arme n’a pu en
déchiffrer la signification.
Cette arme est unique au monde et a été pos-
sédée par des rois et des héros, qui l’ont utili-
sée pour atteindre leurs objectifs et accomplir
de grandes actions. Mais toutes les histoires
entourant l’Insatiable Dévoreur ont quelque
chose en commun  : son porteur connait
toujours une fin tragique, après quoi
l’arme disparait jusqu’à ce qu’elle soit
finalement retrouvée par un nouveau
guerrier digne d’elle.
L’Insatiable Dévoreur est une arme de ca-
tégorie Épées de grande qualité et faite
d’un matériau unique, solide et souple.
Celui qui l’utilise obtiendra un bonus de
+2 à sa VA, VD et VM, ainsi qu’un bo-
nus de +2 à toutes les escarmouches
auxquelles il participera.
Mais ce cimeterre est une
arme assoiffée de sang,
qui pousse son proprié-
taire à attaquer avec
198 DIEUX ET SORCIERS
férocité et violence. Quiconque manie l’Insa-
tiable Dévoreur pendant une confrontation
doit utiliser la Passion dans toutes les actions
qui incluent une attaque. De plus, il devra
également diriger toutes les escarmouches
auxquelles il participera et utiliser la Passion
dans son jet.
Enfin, le cimeterre porte une terrible malé-
diction  : une fois dégainé, il doit prendre au
moins une vie intelligente avant d’être manié à
nouveau. Si ce n’est pas le cas et que son pos-
sesseur le réintroduit dans son fourreau sans
avoir tué quelqu’un avec, le cimeterre maudit
prendra la vie de son propriétaire à la place, le
tuant instantanément.
Scorpion du Sang qui Coule
Cet objet est une petite figurine en forme de
scorpion, de la taille d’un poing. Il est sculpté
dans un matériau étrange, qui ressemble à de
la chair et palpite, s’agitant continuellement.
Bien qu’il ne fasse aucun doute qu’il soit inani-
mé pour n’importe quel observateur, il semble
parfois être vivant. Son origine est inconnue.
Le scorpion peut se cacher n’importe où dans
une habitation, de préférence à l’abri des re-
gards indiscrets. Si quelqu’un reste un mois
dans une telle maison, son sombre pouvoir se
manifestera et tous ceux qui habitent ce lieu
verront généralement leur corps se couvrir de
plaies et saigneront abondamment par le nez
et les yeux. Ils mourront au bout de six jours
s’ils ne quittent pas cet endroit maudit.
Statuette de Fondation Maudite
Il est de coutume en Akkad avant de commen-
cer à élever un bâtiment d’enterrer dans ses
fondations une statuette qui portera chance
et éloignera les mauvais esprits, pour s’assurer
une construction sans problèmes et un foyer
heureux. Ces statuettes sont utilisées tout an-
tant pour les maisons les plus humbles que pour
les monuments les plus impor-
tants, tels que les Ziggurats.
Mais certains sorciers
ont trouvé un moyen
de créer des versions
déformées et impures
de ces statuettes en
remplaçant l’originale par
une version corrompue  :
la Statuette de Fondation
Maudite. Si un bâtiment
est érigé avec elle dans ses
fondations, rien de mal ne se passera pendant
le processus de construction, aucun problème
ne surviendra. Cependant, une fois terminé,
le bâtiment sera maudit  : les spectres se ca-
cheront dans ses murs, ses habitants seront
irrémédiablement poussés à la haine et au
désespoir et tous les enfants nés sous ce toit
connaitront une vie courte et misérable.
Outils de Tatouage Middu
Cet ensemble de poinçons, d’aiguilles et de
lames en métal bleuté est toujours accompa-
gné d’un petit flacon plein d’encre de la même
couleur qui ne semble jamais se vider, peu
importe la quantité utilisée. Leur conception
étranger les rend difficiles à manipuler par
des mains humaines et ils peuvent, dans les
mains d’un Homme-Serpent, montrer qu’ils
possèdent des facultés inconnues.
Les dessins créés par ces outils ont une vie
propre, dansant et remuant constamment sur
la peau des tatoués. De plus, ils ont la capacité
d’émettre des sons et d’articuler des phrases
avec une voix fuyante proche du chuchote-
ment et avec laquelle les tatouages supplieront
quiconque qui s’approche d’eux de les libérer
du fardeau de leur hôte en lui coupant la tête.
 OBJEts de pouvoiR
Si quelqu’un fait attention à eux et réalise leur
souhait, une nouvelle tête grandira là où était la
précédente, similaire à l’originale, mais avec des
traits horribles et déformés, qui obéira à la vo-
lonté des tatouages. L’hôte d’origine sera mort
et les tatouages prendront alors le contrôle.
Œil Implacable
Cette pierre précieuse de la taille d’un raisin
ressemble à un simple rubis, mais si on y re-
garde de plus près, on peut voir qu’à l’intérieur
se trouve une petite tache noire. Si un individu
arrache l’un de ses yeux et le remplace par ce
bijou, après dix jours, il sera en harmonie avec
lui.
Après ce temps, il pourra sor-
tir l’objet de votre orbite et
l’emmener où il le voudra ou
le cacher où il le souhaite. À
partir de ce moment, il pourra
fermer l’œil qui lui reste et voir à
ce moment précis ce qui est face à la
pierre, où qu’elle soit. Il ne perdra ce pouvoir
que si un autre utilisateur se connecte à l’objet.
Évidemment, l’œil perdu ne repoussera jamais.
Orbe des Âmes
Cette sphère, actuellement perdue, est pré-
sente dans de nombreuses légendes. Elle
apparait spontanément devant quelqu’un qui
a des désirs de grandeur, mais sans moyens
pour les atteindre. Avec son terrible pouvoir,
elle l’aide à gagner des batailles, à déposer des
rois et à changer le cours de l’Histoire. Mais à
la fin, elle disparait toujours et l’ancien porteur
connait une fin sanglante en étant incapable de
maintenir par lui-même le pouvoir que l’Orbe
des Âmes lui a accordé.
L’objet ressemble à une masse
d’obscurité pure qui fait mal
à regarder plus de quelques
secondes  : elle se déforme et
absorbe la lumière qui l’en-
toure de telle sorte que même
s’il s’appelle Orbe, il est impos-
sible de connaitre sa forme exacte.
L’Orbe peut dévorer, à la volonté du porteur,
l’âme de tout être qui lui est proche, le tuant
199
instantanément. Son propriétaire peut utiliser
l’une de ces âmes quand il le souhaite, en la
consommant pour obtenir un bonus de +2 à
la prochaine action qu’il fera. Il peut employer
jusqu’à trois âmes à la fois de cette façon, ob-
tenant un bonus de +6.
Sceptre des Tempêtes
Le Sceptre des Tempêtes était à l’origine un
bâton utilisé par les prêtres d’Ishkur, qui uti-
lisaient son pouvoir pour apporter la pluie sur
les champs des cités les plus septentrionales de
ce qui s’appelait alors le pays de Sumer. Mais
d’une manière ou d’une autre, son pouvoir a
été corrompu pendant la rébellion de Sargon
et maintenant il sert la fonction opposée : pro-
voquer des tempêtes qui gâchent les récoltes
et inondent les cités.
Le propriétaire de ce sceptre peut l’utiliser
dans le cadre d’un rituel pour provoquer cet
effet. Sept jours après l’avoir réalisé, une ter-
rible tempête éclatera à l’endroit où il a été
effectué, gâchant les récoltes si le Sceptre était
dans les campagnes ou causant des averses et
de terribles dommages aux bâtiments s’il était
dans une zone urbaine.
Voile de la Courtisane
Cette fine gaze de soie pourpre a été le
compagnon d’un pouvoir authentique à
la cour d’Eshnunna génération après
génération. De nombreuses femmes
l’ont porté et ont utilisé ses capacités
pour écraser leurs rivales dans le jeu
mortel des intrigues de palais.
Le Voile de la Courtisane n’accor-
dera son pouvoir qu’aux femmes
et toutes celles qui le porteront
seront complètement invisibles et
inaudibles pour tout membre du
sexe masculin. Ce n’est que par le
toucher ou l’odorat qu’il pourra être
détecté. Les femmes, en revanche,
n’auront aucun problème à remar-
quer sa présence.
200 DIEUX ET SORCIERS

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• Dans La Porte d’Ishtar, le surnaturel est réel et apparait fréquemment.
• Les pouvoirs mystiques, les dieux et les esprits sont craints et vénérés. Personne à Kishar
n’est athée ou ne doute de l’existence d’êtres surnaturels.
• Le destin est important et le suivre ou le remettre en question entraine des conséquences.
• L’avenir est en grande partie écrit et peut être scruté par ceux qui ont les pouvoirs adéquats.
• Une façon de le lire est à travers les étoiles et les constellations qu’elles forment. Les étoiles
servent également à marquer le passage du temps et leur étude a donné naissance aux
mathématiques.
• Les esprits et les ombres causent du tort à l’homme sous la forme de malédictions et de
maladies.
• Ces maux peuvent être guéris par Ashipu et les herboristes et évités par les amulettes.
• Au-delà de Kishar habitent les Utukku, de terribles démons.
• Les Awilu morts sont enterrés et vont à l’Irkalla. Les Mushkenu et les Wardu sont incinérés et
leurs âmes montent vers les étoiles, avec les Igigu.
• Les défunts peuvent revenir sous la forme d’esprits vengeurs, les Etemmu.
• Il existe deux types de dieux  : les Dieux Anciens ou Anunnaki et les Dieux des Étoiles ou
Igigu. Ces derniers sont actuellement vénérés en Akkad.
• Il existe d’innombrables façons d’adorer les dieux, dont celle des Kadishtu, les prostituées
sacrées de Shuk-Nippurash.
• La sorcellerie est un type de magie maléfique et dangereuse accordée par les Igigu à ceux qui
les suivent : sorciers ou astronomes.
• La magie peut également se manifester sous la forme d’objets de pouvoir, extrêmement rares
et spéciaux.
 AU-DELÀ
DE L’EMPIRE
EMPIRE

- Rihat, quelle est la taille du monde ?

- Personne ne le sait, jeune Shelmaneser.
- Pas même mon père ?
- Pas même Ashurbanipal, votre sage père. Et avant que vous ne le demandiez, pas même
Sargon.
- Et tu as voyagé loin, Rihat ? As-tu vu ce qu’il y a au-delà du grand désert ou si la Mer du
Soleil Levant a une fin ?
- J’ai voyagé plusieurs fois avec votre père, jeune maitre. J’ai vu les spirales des cités phéniciennes,
visité les Jungles du Sud et senti le vent salé de la mer sur mon visage. Si vous le souhaitez, je
pourrais vous raconter l’histoire de ce voyage où...

Les vallées fluviales qui composent l’Empire
d’Akkad sont entourées par le désert, la jungle,
les montagnes et la mer. À l’ouest l’immense
Éria. Au nord et à l’est, les Montagnes Gudabak
et les Sommets des Tempêtes. Au sud, l’Urun-
Zig Ab, connue sous le nom de Mer du Soleil
Levant et les épaisses Jungles du Sud.
La plupart des habitants de l’Empire n’ont ja-
mais voyagé dans l’un de ces endroits ou les
terres qui se trouvent au-delà, mais beaucoup
en ont entendu parler.
Parmi les histoires que l’on raconte, il est dif-
ficile de distinguer celles qui tiennent de la
fantaisie et celles qui contiennent une certaine
vérité, car ceux qui les racontent, marchands
et aventuriers, cherchent souvent à impres-
sionner leur public. Si ce n’est pas le cas, c’est
parce que la magnificence de ce qu’ils ont vu
fait qu’ils ne s’en souviennent pas clairement.
Ce qui est sûr, c’est que ces terres et les na-
tions qui s’y trouvent existent, car les matières
premières et les objets qui arrivent en Akkad
par le commerce en proviennent certainement.
Le désir démesuré pour la beauté et le luxe des
Awilu a fait que beaucoup s’aventurent au-delà
des fleuves, à la recherche de la possibilité de
trouver de grandes richesses et de se forger un
nom en tant que marchands.
202 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
Ils partent de l’Empire, que ce soit en bateau
ou caravane, avec des sacoches chargées de
laine et de fruits, et reviennent avec des pro-
duits exotiques.
Bois des Montagnes Gudabak et de la mys-
térieuse Phénicie, dont les cèdres sont très
appréciés. Cuivre et étain de l’extrême nord,
métaux nécessaires pour forger des armes et
des outils. Argent des mines des Sommets des
Tempêtes, avec lesquelles on peut créer des
bijoux et des perles. L’or brillant des énigma-
tiques Melunhha et Magan, apporté par bateau
après avoir traversé la mer. Le beau lapis-la-
zuli des mines de la perdue Aratta, une pierre
bleutée qui semble refléter la luminosité des
étoiles.
Il n’y a pas de limite à la distance qu’un mar-
chand peut parcourir et aux merveilles qu’il
peut obtenir s’il y a un noble désireux de payer
le prix approprié. Et en Akkad, il y en a toujours.
BABYLONE
Le plus inconnu des voisins d’Akkad est la cité
souterraine de Babylone. Quelqu’un qui ne l’a
jamais habitée ne sait rien de ce qui se passe
à l’intérieur, tout comme aucun de ses citadins
n’est conscient du monde de la surface. En ce
qui concerne les habitants d’Akkad, Babylone
aurait bien pu être rasée il y a des siècles et ils
n’en auraient jamais été conscients.
D’autre part, Babylone est en même temps la
sœur d’Akkad. Une sœur méprisée, expulsée
et maltraitée, mais une sœur après tout. Les
deux nations, l’Empire et Babylone, formaient
autrefois le pays de Sumer. La différence entre
les deux peuples est que l’un est composé de
 BABYLONE 203

ASH ET MIN

Personne en Akkad n’a franchi la Porte d’Ishtar, mais en le faisant, ils découvriraient derrière
ses robustes battants une image très familière : deux énormes statues de pierre représentant
une paire de puissants Wardu dans une attitude belliqueuse.

Cela ne veut pas dire qu’à Babylone habitent des Wardu ou même des Mushkenu. Rien n’est
plus éloigné de la réalité, car sa population est entièrement composée de ce que les Akkadiens
appelleraient Awilu. Toute autre situation serait impossible, car les Races Créées ont été
conçues précisément pour conquérir et anéantir les individus qui ont construit l’immense porte.

L’existence des statues est due à une autre raison, car elles représentent Ash et Min, deux
Wardu très spéciaux, sans lesquels Babylone n’aurait jamais pu être fondée. Ces deux es-
claves, dont les noms signifient simplement « un » et « deux » en akkadien, étaient les deux
premiers membres de leur race. Exceptionnellement grands et forts, Sargon les a liés à sa
volonté et les a utilisés comme troupe de choc pour son armée, les plaçant toujours à l’avant
des autres troupes.

Pendant ce temps, les partisans des Anunnaki avançaient à marche forcée dans l’espoir de fuir
le seigneur de guerre qui les poursuivait.

Mais un jour fatidique, alors qu’il semblait que les réfugiés allaient enfin atteindre leur destina-
tion et qu’il manquait si peu qu’ils pouvaient presque tendre le bras et toucher les montagnes,
l’armée impériale les rattrapa. Sargon, savourant déjà la saveur de la victoire, ordonna à Ash et
Min de charger pendant que la majeure partie de ses forces se préparait à l’assaut final.

À ce moment-là, quelque chose a changé dans l’esprit de ces deux Wardu.

Était-ce le fait de cibler des civils sans défense qui a heurté leur fierté martiale ou peut-être
que quelque chose s’est brisé en eux ? Quoi qu’il en soit, ils décidèrent de ne plus suivre les
ordres. Ash et Min firent demi-tour et, au lieu de pourchasser leurs cibles, ils protégèrent la
fuite des rebelles en combattant l’armée de leur créateur.

Finalement, les deux braves guerriers tombèrent, victimes d’une supériorité numérique écra-
sante, mais par leur sacrifice, ils avaient donné aux futurs Babyloniens le temps nécessaire
pour s’échapper.

Ils avaient donné leur vie et brisé les chaines qui les liaient, obtenant ainsi la liberté pour tout un
peuple. En mémoire de cet évènement furent sculptées les deux statues, immortalisant dans
une pierre solide un début de courage et de détermination dont on se souviendrait toujours.

Ou du moins, c’est ce qui se dit du côté de la Porte d’Ishtar. Car, comme on pouvait s’y at-
tendre, cette histoire n’est pas connue dans l’Empire, puisque Sargon a pris soin qu’aucun de
ceux qui ont participé au combat de ce jour-là ne divulgue les faits.

Cela aurait été un terrible poids pour le moral et un exemple désastreux pour les esclaves de
savoir que, même si c’était peut-être parce qu’ils étaient les premiers spécimens de leur race,
il y avait non plus un, mais deux Wardu qui désobéissaient à la voix de leur maitre.
204 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
ceux qui ont décidé de s’allier avec Sargon et
de se débarrasser du joug des Anunnaki, tan-
dis que l’autre est constitué par ceux qui ont
continué à servir les Dieux Anciens.
Pendant les guerres de conquête de l’Empereur
actuel, un groupe d’Awilu, composé principa-
lement de scribes et de prêtres, décida qu’il
ne se plierait pas face à Sargon et se rebella
contre sa domination. Les réfugiés de toutes
les cités se regroupèrent sous la bannière d’un
idéal commun  : maintenir vivante la flamme
du pays de Sumer et les anciennes coutumes.
Cependant, la lutte n’était pas une option
pour ce groupe relativement petit d’hommes,
dont la plupart ne savaient pas se battre. S’ils
le faisaient, la défaite serait assurée et c’est
pourquoi Hammurapi, un scribe de la Babylone
rasée qui était devenu leur chef, décida qu’ils
devaient fuir. Prenant avec eux l’essence des
Anunnaki, qu’ils avaient extrait des temples
avant de s’échapper, ils se dirigèrent vers les
Sommets des Tempêtes à l’est.
Une fois arrivés, toujours avec l’armée impé-
riale sur leurs talons, le dieu Marduk brisa les
montagnes et permit aux réfugiés de s’abriter
à l’intérieur. Par la suite, pour empêcher les
serviteurs de Sargon et les Dieux des Étoiles
de les poursuivre, Ishtar construisit un im-
mense portail, une forteresse infranchissable
qui fut immédiatement fermée afin de proté-
ger le peuple de Hammurapi.
Cette construction serait désormais connue
sous le nom de Porte d’Ishtar et personne n’a
jamais réussi à la franchir.
LA CITÉ SOUTERRAINE
Dès la fermeture de la Porte d’Ishtar, ceux qui
l’avaient traversée furent complètement isolés
du monde de la surface. Fatigués par leur fuite,
mais soulagés d’avoir trouvé refuge, les Awilu
qui avaient échappé à Sargon s’efforcèrent
de se tailler dans les entrailles de la Terre un
endroit qu’ils pourraient appeler maison, un
endroit où les étoiles et avec elles les Igigu, ne
brilleraient pas dans le ciel.
Les évadés, qui s’appelaient eux-mêmes les
Saggiga, «  ceux à tête noire  », le mot dans
l’ancienne langue pour définir les hommes,
commencèrent à construire une nouvelle cité.
En mémoire de la Babylone détruite, celle qui
souffrit le plus des assauts de Sargon l’usur-
pateur, ils la baptisèrent du même nom, pour
ne jamais oublier d’où ils venaient et ce qu’ils
avaient perdu.
Ils étaient les véritables héritiers du pays de
Sumer.
Au fil des ans et malgré les défis constants
auxquels la petite population, qui s’efforçait
de se relever, a dû faire face, la cité s’est dé-
veloppée petit à petit. Les bêtes souterraines
ont été contenues, les cours d’eau de lave ont
été redirigés et le cœur même des montagnes
a été apprivoisé. Aujourd’hui, Babylone est
un incroyable travail d’ingénierie, une perle
creusée à l’intérieur des montagnes, berceau
de mille merveilles et siège de la puissance des
Anunnaki.
Les Jardins Suspendus sont sans doute la
plus frappante de ces merveilles. Cette struc-
ture complexe abrite une grande quantité de
plantes, d’arbres et de cultures, qui poussent
sous terre avec la même force qu’à la surface.
Cette croissance est rendue possible non seu-
lement grâce à la distribution soignée de l’eau
qui caractérise ces jardins, mais aussi à la ma-
nière ingénieuse dont les Saggiga ont accédé à
la lumière vivifiante de Shamash, le soleil.
Même si beaucoup d’Anunnaki ont réussi à
s’échapper avec leurs fidèles dans ce refuge
souterrain, ils n’ont pas tous réussi à le faire,
Shamash étant l’exemple le plus frappant. C’est
pourquoi les Babyloniens ont construit un
étonnant réseau de conduits, avec des miroirs
stratégiquement situés, qui reflètent la lumière
de l’astre roi et la concentrent sur les Jardins
Suspendus. Ces mêmes conduits sont fermés
la nuit par un système ingénieux et le bras fort
de Marduk, ce qui permet de ne pas laisser pé-
nétrer, quand Shamash se retire, une once de
la luminosité désagréable des étoiles.
Mais ces jardins, malgré leur taille spectaculaire,
ne peuvent pas croitre indéfiniment. La quantité
de végétation qu’ils sont capables d’abriter est
déterminée par les dimensions de la grotte dans
 BABYLONE
laquelle ils se trouvent, définissant une limite in-
franchissable au-delà de laquelle la population
de Babylone ne pourra jamais croitre.
Au départ, cela ne représentait pas un pro-
blème, mais après deux mille ans, le maximum
d’habitants pouvant être raisonnablement
maintenus en son sein est maintenant at-
teint. De nombreuses voix dans la société de
Babylone préconisent d’ouvrir à nouveau la
Porte d’Ishtar et de reprendre la terre entre les
fleuves des griffes des Dieux des Étoiles et des
descendants de l’usurpateur (car ils ne pensent
pas que Sargon est encore de ce monde). Ils
pensent que le moment est enfin venu.
GOUVERNÉS PAR DES DIEUX
En fuyant, les Saggiga ont emporté avec eux
ce que Sargon détestait le plus  : leurs dieux.
L’alchimiste avait déjà démontré sa capacité à
mettre fin à la vie des Anunnaki en exécutant
Enlil et ses fidèles n’allaient pas laisser cela se
produire à nouveau sur ce qui restait de leur
panthéon.
Les Anunnaki qui ont réussi à s’échapper,
dirigés par Marduk et Ishtar, gouvernent
Babylone. Ils le font de la manière la plus di-
recte possible, non pas à partir d’un endroit
éloigné, mais en partageant les mêmes es-
paces et rues que leurs fidèles. Dans la cité
souterraine, les dieux marchent aux côtés des
hommes, littéralement.
Pour ce faire, ils se prêtent à la bonne volonté
de leurs adorateurs, qui offrent leur propre
corps comme récipient sacré dans lequel les
dieux peuvent habiter. Ainsi, ensemble, par le
Rite de l’Union, l’âme de l’homme, le Gidim,
et l’essence divine, le Digir, cohabitent dans un
même corps physique, nouvelle résidence pour
ces dieux qui n’ont plus de temple.
Ainsi, le Lugal, souverain de Babylone, est
toujours celui qui a réalisé le Rite de l’Union
avec Marduk, alors que sa femme fait de même
avec Ishtar. Les dirigeants de la cité souter-
raine continuent d’être des hommes, mais en
même temps ils sont aussi des dieux incarnés.
Cependant, seuls les Saggiga qui le souhaitent
vraiment peuvent abriter en leur sein des
205
immortels aussi puissants. Tous les autres
verraient leur identité détruite immédiatement
s’ils accueillaient un être aussi supérieur.
Mais tous les Anunnaki ne sont pas des êtres
ayant le pouvoir d’Enki, Dumuzi ou Marduk.
Parmi les 3600  dieux figurent également
ceux qui, du fait d’exercer leur domination
sur les Me les moins importants, ont moins
de pouvoir que les divinités principales. Ces
êtres ne sont pas moins considérés que leurs
frères et ils accomplissent aussi fréquemment
le Rite de l’Union avec ceux qui s’y prêtent
volontairement.
Il ne faut pas penser que ce processus n’est bé-
néfique que pour l’Anunnaki, puisque le mortel
qui le fait reçoit également de nombreux dons.
La puissance divine est associée à une série de
facultés et de capacités qui, dans des condi-
tions normales, seraient inaccessibles pour un
simple être de chair et de sang. Ces dons sont
indispensables à la survie de Babylone, tou-
jours confrontée à de terribles dangers et c’est
pourquoi la plupart de ceux qui se prêtent à
la réalisation du Rite de l’Union accomplissent
des tâches directement liées à la bonne marche
de la cité.
Parmi eux, les Andagal, un corps d’élite de
soldats-explorateurs qui ont pour mission de
défendre les frontières de Babylone contre
tout ennemi qui pourrait les menacer. Ils sont
admirés dans toute la cité souterraine, car
les habitants de celle-ci savent bien que ces
hommes maintiennent une lutte constante non
seulement contre les adversaires de Babylone,
mais aussi avec les dieux eux-mêmes qu’ils
abritent à l’intérieur, pour éviter d’être com-
plètement dépossédés de leur volonté.
LE POUVOIR DE LA PAROLE
Mais les Anunnaki ne sont pas la seule chose
que les réfugiés ont emportée avec eux. Ils se
sont également échappés avec le plus grand
don que les dieux avaient donné à l’être hu-
main : la langue ancienne. Et, plus important
encore, son écriture authentique.
Le sumérien n’est pas simplement une autre
langue, comme l’akkadien utilisé dans l’Empire
206 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
ou les langues maladroites des barbares. Le
sumérien est la parole des dieux avec laquelle
ils ont créé Kishar en donnant un nom à tout
ce qui existe, accordant ainsi l’existence à la
création.
Dans la bouche d’un mortel maladroit, l’au-
thentique pouvoir de cette langue ne se ma-
nifeste pas, mais sur les lèvres d’un Anunnaki,
il peut être utilisé pour commander la nature
elle-même, la pliant à la volonté du son de
sa voix. Rien n’existe jusqu’à ce qu’il ait été
nommé, donc donner un nom et créer ne sont
que la même action. C’est pourquoi celui qui
connait le vrai nom des choses peut exercer sa
domination sur elles.
Cependant, il existe un moyen par lequel cette
faculté, normalement uniquement à la portée
des dieux, peut être utilisée, quoique de façon
limitée, par les hommes  : l’écriture. L’écriture
authentique permet de coder sur un morceau
de pierre ou une tablette d’argile les symboles
qui incarnent des concepts et des idées, don-
nant une partie de leur pouvoir à l’objet sur
lequel ils ont été écrits.
C’était un art que les scribes les plus habiles du
pays de Sumer connaissaient. Tous étaient des
fidèles dévots de Nabu, le Seigneur Anunnaki
de la Sagesse et de l’Écriture, c’est pourquoi ils
se sont enfuis quand Sargon est avancé avec
ses armées.
Aujourd’hui, l’écriture des symboles anciens
est un art perdu dans l’Empire d’Akkad.
Cependant, au sein de Babylone, elle connait
une croissance et une importance comme elle
n’en avait jamais eu.
Dans la cité souterraine, les mots ont un réel
pouvoir.
LE CODE DE HAMMURAPI
La manière la plus immédiate dont ce pou-
voir se manifeste est par une loi qui régit
Babylone. Le leader des réfugiés, un éminent
scribe et juge nommé Hammurapi, décida en
installant son peuple dans ce nouveau foyer
que la seule façon de maintenir l’ordre dans
la cité nouvellement fondée était une loi
solide, ferme et inviolable que personne, peu
importe ses intentions, ne pourrait enfreindre
sans en subir les conséquences. C’est dans ce
but qu’il se consacra pendant six longs mois à
graver sur un énorme rocher, situé au centre
même de Babylone, l’ensemble des normes
qui seraient connues sous le nom de Code de
Hammurapi.
Ce code rassemble les principales lois du pays
de Sumer, désormais détruit. Il est rédigé de
manière traditionnelle, chacun des crimes pos-
sibles étant énumérés et suivis de la peine à
appliquer dans chaque cas.
Mais ce rocher n’est pas simplement une liste
des normes que chaque citadin de Babylone
doit respecter. Les mots la parcourant ont
ainsi été rédigés par l’un des plus grands
scribes qui aient jamais vécu. Les lois énu-
mérées dans le Code de Hammurapi ont un
véritable pouvoir.
Tous ceux qui habitent dans la cité souterraine
subiront, qu’ils le veuillent ou non, la punition
pour toutes les lois qu’ils osent enfreindre.
Il n’est pas nécessaire qu’un juge déclare
l’accusé coupable ou qu’un bourreau exécute
la sentence  : le simple fait de commettre un
crime a pour conséquence l’application de la
peine prévue par le code. Le voleur verra am-
putée sa main avec laquelle le vol a été com-
mis, le meurtrier mourra quelques minutes
après avoir mis fin à la vie de sa victime et
la famille du rebelle perdra ses biens et tom-
bera immédiatement en disgrâce, sans oublier
que le crime du traitre sera connu de tous ses
voisins.
Dans la cité souterraine de Babylone, il est tout
à fait impossible de ne pas respecter la loi à la
lettre.
Bien que, sans surprise, certains aient réussi
à briser l’esprit de la loi sans lui désobéir, soit
en profitant de failles dans sa rédaction, soit
en embauchant d’autres pour effectuer les
crimes et garder les punitions éloignées de leur
personne.
Tout a un prix.
 BABYLONE
ÉCOLES D’ÉCRITURE
Peut-être en vertu de ce code, que tous les
Babyloniens doivent parfaitement connaitre ou
peut-être parce qu’un grand nombre d’habitants
de la cité descendent de scribes, les Saggiga
accordent une importance énorme à l’écriture.
Tant et si bien qu’à Babylone l’alphabétisation
est totale. Absolument tous les hommes qui y
vivent savent lire et écrire, ayant obligatoire-
ment suivi pendant leurs années de formation
dans une école de scribes.
La plupart de ces écoles ont une longue his-
toire qui, dans de nombreux cas, remonte
à la fondation de la cité souterraine et entre
lesquelles s’est installée une certaine rivalité.
Toujours en essayant de montrer que leurs
élèves sont supérieurs, les défis de calligraphie
entre ces établissements sont très fréquents,
ainsi que les intrigues politiques qui ont pour
conséquence la chute en disgrâce d’une école
ou la popularité soudaine de sa contrepartie
détestée. Les citadins les plus riches offrent
d’immenses fortunes en échange de l’admis-
sion de leurs enfants dans les écoles les plus
prestigieuses, qui produiront des ministres et
des prêtres, tandis que les moins puissants se
contentent de remettre leur progéniture aux
soins d’un enseignant humble, mais honnête.
Bien que la quasi-totalité des Saggiga ter-
mine leurs études dans les écoles de scribes
à l’adolescence, date à laquelle ils ont déjà ap-
pris le droit et la forme la plus fondamentale
de l’écriture, certains, les plus prometteurs, y
restent plus longtemps, devenant mathémati-
ciens, architectes, médecins ou sages. Parmi
eux, les plus appliqués finiront par atteindre le
poste prestigieux de scribe, prenant la place de
l’enseignant et transmettront leur savoir aux
générations suivantes d’étudiants.
Les écoles de scribes sont comme des foyers,
où les élèves passeront la plupart de leur
temps durant leurs années d’apprentissage.
Ils vivront tous sous le même toit, dormiront
dans les mêmes chambres et se nourriront
du même repas. Avec cette structure, il n’est
pas étonnant que le chef de chaque école soit
connu sous le nom d’Ummia, le « parent » de
207
la grande famille qui vit dans la maison qu’il
dirige.
MARINS D’EAU DOUCE
En deux mille ans, la société de Babylone a très
peu changé : les Anunnaki règnent toujours, la
Porte d’Ishtar reste fermée et la cité continue
de croitre lentement, limitée par les Jardins
Suspendus qui la nourrissent. Sa société pour-
suit le même objectif, le retour à la surface, de-
puis le jour où la cité souterraine a été fondée.
Après tout, les dirigeants de ce peuple sont les
mêmes dieux qui ont été chassés par Sargon
et qui souhaitent récupérer ce qui leur appar-
tenait un jour.
Mais tous les Saggiga ne le pensent pas.
Certains pensent que leur société est au point
mort, que c’est une tâche non seulement im-
possible, mais aussi inutile. Les citadins de
Babylone subsistent depuis des générations au
cœur des montagnes et n’ont aucune envie de
remonter à la surface, où ils ne trouveront que
des dangers et des difficultés.
De plus, il y a seulement cinquante ans, s’est
produit un évènement qui a changé à jamais les
perspectives et les espoirs des Babyloniens : la
découverte de l’Abzu.
Selon le mythe sumérien de la création, l’ori-
gine de tout ce qui existe, y compris les dieux,
est due au mélange de deux entités  : Abzu,
l’Océan d’Eau Douce et Tiamtum, l’Océan
d’Eau Salée. Peu de temps après cette union,
les deux océans se sont à nouveau sépa-
rés, le premier devenant l’origine de tous les
fleuves qui traversent Kishar, donnant vie aux
hommes, et le second dans l’immense mer qui
entoure la terre, dont les eaux amères tuent au
lieu de calmer la soif.
Bien qu’il soit connu que tous les cours d’eau
douce proviennent de l’Abzu, sa véritable lo-
calisation n’était pas connue. Aucune tablette
ne détaille son emplacement et même Enki,
son souverain à part entière, ne sait pas où il
peut se trouver. Mais un jour, un groupe d’An-
dagal qui poursuivait des pillards Girtablilu,
les terribles Hommes-Scorpions de Tiamtum,
a trouvé un torrent qui n’apparaissait pas sur
208 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
les cartes habituellement très détaillées de la
région. Les guerriers, intrigués par ce canal,
suivirent son cours, qui descendit jusqu’à ce
qui ressemblait à un immense lac.
Une équipe d’exploration a rapidement été
envoyée dans la région pour déterminer les
dimensions du lac et déterminer ce qu’il pou-
vait offrir à Babylone. C’était une pratique
courante, mais il est toujours très difficile de
calculer la taille réelle d’un accident géogra-
phique lorsque la seule lumière qui l’éclaire
provient d’une simple torche. Mais quelle ne
fut pas la surprise des cartographes de réaliser
que ce supposé lac ne semblait pas avoir de fin,
s’étendant dans toutes les directions au-delà
de l’endroit d’où il était perceptible.
Face à une telle découverte, les sages et les
érudits postulèrent que l’Abzu, caché sous
terre depuis la création de Kishar, avait enfin
été trouvé. Les scribes, gardiens des anciennes
traditions, dépoussièrent de vieilles planches
indiquant comment créer et piloter un navire.
Peu de temps après, des équipages de coura-
geux Saggiga partirent sur les eaux dans le
but d’explorer et de découvrir ce qu’il y avait
au-delà. Peu revinrent, car la navigation est
une tâche complexe quand sous terre il n’y a
ni étoiles ni soleil pour guider un navire vers
sa destination. Ainsi, à Babylone, les marins
commencèrent à être considérés comme de
véritables héros, des hommes audacieux et
fous affrontant l’inconnu.
En seulement un demi-siècle, de nouvelles
terres ont été découvertes, pleines de mer-
veilles incroyables et de bêtes surprenantes.
Les légendes des voyageurs se sont répandues
comme le feu et les nouvelles découvertes sont
devenues l’une des principales préoccupations
de nombreux Babyloniens.
Enfin, les habitants de la cité souterraine
avaient trouvé un nouveau but. Ils n’avaient
plus à aspirer à un monde de surface qu’ils ne
voulaient pas, car ils avaient quelque chose
d’infiniment plus tentant. Depuis ce jour, beau-
coup préconisent d’explorer l’Abzu et d’oublier
Akkad. Comme on pouvait s’y attendre, une
grande partie des dieux (à l’exception hono-
rable d’Enki) ne sont pas d’accord sur cette
nouvelle voie qui semble attirer la société ba-
bylonienne jusque-là ankylosée.
CIMMÉRIE
Au nord, les Montagnes Gudabak apportent la
vie à l’Empire d’Akkad, car c’est là que naissent
l’Idigna et le Buranum, les deux grands fleuves.
Mais ces montagnes apportent aussi la mort,
car c’est d’elles que descendent les Pillards
Cimmériens et leurs incessantes incursions
dans l’Empire d’Akkad.
Ce peuple, qui se fait appeler les Hommes
Libres, constitue l’un des plus grands pro-
blèmes auxquels Sargon doit faire face, si ce
n’est le plus grand. Non seulement à cause du
danger qu’ils représentent dans le domaine mi-
litaire, mais aussi parce qu’ils sont un exemple
terrifiant de ce que les Mushkenu de l’Empire
pourraient devenir. Ils rappellent constamment
qu’il ne faut jamais baisser la garde, ainsi que
le fait que, même s’ils sont supérieurs à leurs
esclaves, les Awilu ne devraient jamais les
sous-estimer.
Il est dommage que ce soit une leçon que
beaucoup en Akkad commencent à oublier.
LES REBELLES DE GMIRRI
L’origine des Cimmériens remonte à la fon-
dation même de l’Empire, quand Sargon était
encore un seigneur de guerre avide de pouvoir
et que les premiers membres des Races Créées
commençaient à marcher sur le monde. En ces
temps de batailles constantes qui teintaient la
surface de Kishar de sang et d’entrailles, un
soldat Mushkenu dont le vrai nom a été oublié
a fait preuve d’une audace inattendue, orga-
nisant une rébellion parmi ses compagnons,
rébellion qui a mis fin aux jours des Awilu qui
dirigeaient le détachement dans lequel il se
trouvait.
Libérés du joug de leurs maitres, ces Mushkenu
se sont organisés autour de l’homme qui avait
éveillé dans leurs cœurs la flamme de la li-
berté. Ce chef légendaire, qui sera finalement
connu sous le nom de Gmirri, fit preuve d’une
habileté martiale et stratégique inégalée.
 CIMMÉRIE
Il a dirigé ses camarades dans une fuite qui
les a conduits dans les Montagnes Gudabak,
où les troupes de Sargon ont finalement été
repoussées. Là, ils ont arrêté leur poursuite,
ne souhaitant pas perdre plus de soldats dans
une bataille d’une importance apparemment
mineure et qui ne faisait que les distraire de
leur véritable objectif : conquérir tout le pays
de Sumer.
Ils s’occuperaient plus tard de ces misérables
rebelles.
209
Cependant, le temps qu’ils ont accordé à
la conquête du reste d’Akkad a permis aux
Cimmériens de s’organiser et de s’installer
dans les montagnes qui seraient par la suite
leur foyer. Quand l’Alchimiste tourna à nou-
veau son regard vers eux, il était trop tard. Il
lui était impossible d’éliminer tous les rebelles,
car après chaque village conquis, un autre ap-
paraissait et dix guerriers impériaux mouraient
pour un Cimmérien tombé. De plus, la plus
puissante des armes de l’arsenal de Sargon, les
chars, était inutile sur un terrain aussi abrupt.
210 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
L’Empereur n’avait d’autre choix que de battre
en retraite et de renoncer à cette nouvelle
conquête. Les légendes racontent que ce jour-
là fait partie de l’une des trois occasions où
Sargon a laissé échapper un cri de frustration.
UN NOUVEAU FOYER
Libérés du joug de l’esclavage, les Cimmériens
se sont concentrés sur la construction de leur
nouveau foyer. Ils n’avaient pas de modèle sur
la façon de le faire, car ils ne connaissaient
que le métier de la mort, mais au moins ils
savaient à quelle civilisation ils ne voulaient
pas ressembler. De plus, les Cimmériens déci-
dèrent de tourner le dos au concept même de
civilisation, car ils pensaient que cela ne ferait
que leur apporter de la faiblesse, les rendant
indolents et inutiles. Ils préféraient une vie
plus sauvage, plus proche de la nature.
Plutôt que de prendre les Awilu comme
exemple, ils se sont inspirés avec détermina-
tion des animaux qui vivaient dans les mon-
tagnes. Non pas qu’ils souhaitaient abandon-
ner leur côté rationnel et se comporter comme
de simples bêtes, mais ils n’ont pas non plus
essayé de s’isoler de la réalité et des difficultés
qu’une vie aussi primitive comportait.
Parce que la vie en Cimmérie est surtout diffi-
cile. Les hivers sont froids, les cultures rares, la
présence de prédateurs constante et les com-
modités pratiquement inexistantes. Une vie
dure, violente et impitoyable, mais en même
temps implacablement sincère.
Le premier ordre donné par Gmirri à son ar-
rivée dans son nouveau foyer fut de séparer
son peuple. Il ne pouvait pas risquer que tous
les Cimmériens habitent le même endroit, à la
merci d’une attaque chanceuse qui anéantirait
l’ensemble de son peuple d’un seul coup. Pour
cette raison, il divisa ses hommes en plusieurs
clans, chacun d’eux dirigé par l’un de ses
hommes de confiance, et les envoya chercher
un endroit où s’installer.
À la suite de cette décision, les Cimmériens ne
furent plus jamais unis. La réalité est que ce
que certains en Akkad considèrent comme une
nation n’est rien de plus qu’un ensemble de
clans qui, en dépit de collaborer les uns avec
les autres dans des moments de grand besoin,
n’hésitent pas à s’affronter et à maintenir des
rivalités.
Les noms des clans ont été, dans la plupart
des cas, transmis de génération en généra-
tion. Parfois, ils remontent même à l’époque
où Gmirri vivait encore. Ces noms varient
considérablement et peuvent faire référence
à la fois à une particularité géographique
proche de la zone où le clan s’est initialement
installé (Le Clan de la Falaise Rouge), à une
légende concernant sa fondation (Les Enfants
de la Tempête) ou à certaines tâches ou tra-
ditions pour lesquelles ils sont célèbres (Les
Chasseurs de Loups).
La taille d’un clan peut varier considérable-
ment, allant de quelques dizaines de membres
à des milliers d’individus dans des cas excep-
tionnels. Le nombre total de clans est inconnu,
mais peut dépasser parfaitement le millier. Il
est quelque peu impossible de déterminer avec
précision, car des clans qui étaient périodique-
ment perdus réapparaissent et des querelles
de pouvoir scindent des clans unis en deux.
Sans surprise, il y a aussi des clans qui dispa-
raissent complètement, victimes des armées
impériales, des catastrophes naturelles ou des
terrifiants Tetrirvili.
UNIS À LA NATURE
Les Cimmériens, bien qu’ils soient Mushkenu,
n’ont pas une variété chromatique de peaux
et de cheveux aussi variée que celle de leurs
cousins de l’Empire. Comme les premiers
Cimmériens étaient tous membres du même
régiment, ils ont tous été créés au même
moment. La légende entourant l’origine des
Mushkenu raconte que la couleur de peau d’un
membre de cette race dépend de l’heure de la
journée à laquelle le premier de sa lignée a été
créé et dans le cas des Cimmériens, il ne devait
pas être loin de midi.
D’autre part, bien que leur peau soit pâle,
celle-ci prend de la couleur avec une relative
facilité et les Hommes Libres qui passent beau-
coup de temps en dehors de leur patrie, dans
les déserts et les plaines plus au sud, finissent
 CIMMéRIe 211

par développer un teint hâlé, plus bronzé que
celui de leurs frères des montagnes, mais sans
jamais devenir complètement sombre.
Les cheveux raides et noir de jais se retrouvent
chez la plupart des individus. Une couleur qui
contraste fortement avec leurs yeux, qui sont
généralement clairs : bleus ou verts, reflet de
la neige glacée et des forêts verdoyantes qui
caractérisent leur foyer.
Cette union se produit généralement à la pu-
berté, mais dans certains cas, elle peut se pro-
duire un peu plus tôt ou un peu plus tard. Les
rares occasions où un Cimmérien arrive à l’âge
adulte sans avoir reçu la visite de son totem
sont considérées comme un terrible présage.
Un fils de la terre qui n’a été choisi par aucun
animal sera à jamais qualifié de paria, laissant
comme seule option raisonnable l’exil pour le
pauvre malheureux.

Cependant, ce n’est pas la seule chose que vous
pouvez deviner dans leurs regards. Derrière
leurs yeux, on aperçoit un esprit animal, plus
proche des bêtes que des hommes. Beaucoup
croient que c’est à cause de la liberté dont
ils jouissent, une liberté qui révèle la nature
authentique des Races Créées, mais ceux qui
sont vraiment sages connaissent la vraie raison
de cette étrange sensation : les totems.
Chaque Cimmérien possède en lui l’esprit d’un
animal, qu’il appelle totem. C’est par ce totem
que se crée le lien entre les Hommes Libres et
la nature qui les entoure. Tout Cimmérien a un
totem. Le moment où il le trouve et le rejoint
est probablement l’instant le plus important de
sa vie.
Un esprit animal choisit toujours quelqu’un
qui lui ressemble à au moins certains égards.
Par exemple, des animaux comme le hibou ont
tendance à choisir des individus observateurs
ou nocturnes, tandis qu’une souris préfère
rejoindre quelqu’un qui se déplace rapidement
ou qui a tendance à passer inaperçu. Une
fois l’union entre un Cimmérien et son to-
tem terminée, les deux habiteront dès lors le
même corps, et ce jusqu’au jour de la mort du
Cimmérien, concédant à ce dernier certaines
caractéristiques propres à l’animal.
Ces caractéristiques sont presque toujours
très subtiles, pratiquement imperceptibles et
ne seraient en aucun cas considérées comme
quelque chose de surnaturel par un véritable

PARULI K’REBA

Un clan ne peut vivre isolé des autres, sinon sa survie serait compromise. Il faut partager des nouvelles
et renforcer les alliances, ainsi que favoriser les liens entre les différents clans afin que la consanguinité
excessive n’affaiblisse pas le sang. Pour autant, en reconnaissance du fait que les Cimmériens se consi-
dèrent comme un seul peuple, bien qu’ils appartiennent à différentes communautés, des réunions
appelées Paruli K’reba ont lieu.

Ces rencontres, d’une périodicité très variable (de quelques semaines à plusieurs années), sont très
importantes pour les clans des Hommes Libres, car de nombreux rites et célébrations ont lieu pendant
ces dernières. Mais leur rôle ne s’en tient pas seulement à la diplomatie, mais englobe beaucoup plus
de dimensions.

Pendant les Paruli K’reba, les Ashughi, les bardes et les conteurs de chaque clan, échangent des his-
toires et des nouvelles, les chamans décident d’un plan d’action pour leur peuple et les jeunes guerriers
s’affrontent pour déterminer qui est le plus fort.

De plus, c’est aux Paruli K’reba que sont célébrés les mariages des couples qui s’étaient récemment
promis, que les cérémonies d’initiation des jeunes chasseurs ont lieu et que les rites qui renouvèle-
ront l’union d’un clan Cimmérien avec la terre qui l’entoure sont actés. Pour les Hommes Libres, qui
n’adorent aucun dieu, mais vénèrent plutôt la terre et les esprits qui l’habitent, ce moment est d’une
importance cruciale. C’est un rituel sans lequel un clan perdrait le lien qui lie son foyer et il serait
irrémédiablement voué à l’échec.
212 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
sorcier. Un Cimmérien n’acquerra pas la ca-
pacité de voir dans l’obscurité ou de suivre un
homme par son odeur, même si son totem est
un loup, mais il remarquera qu’il est à l’aise de
courir dans les bois ou qu’il possède une cer-
taine intuition pour savoir comment encercler
une proie lors d’une chasse.
LES CHAMANS
Bien qu’il y ait une exception à cette règle : les
chamans. Les chamans sont ces Cimmériens
qui ont consacré un effort particulier à établir
un contact plus profond avec l’esprit animal qui
habite leur corps. Ce n’est pas un travail simple,
car il exige de nombreuses années de pratique
et d’étude constantes. De plus, s’y lancer sans
les conseils d’un chaman plus expérimenté en
fait une entreprise non pas plus difficile, mais
pratiquement impossible.
La récompense de cet effort est une sagesse et
des capacités qui vont au-delà du simple être
humain. Il est donc logique que ce soit toujours
le chaman le plus expérimenté qui dirige le
clan auquel il appartient.
Cependant, il ne faut pas oublier qu’un chaman
n’est pas seulement un homme, mais aussi
une bête. Bien plus que tout autre Cimmérien.
C’est pourquoi les chamans doivent faire par-
ticulièrement attention à l’utilisation des pou-
voirs que leur totem leur confère, car les sagas
sont remplies d’histoires de chamans qui ont
fini par être totalement dominés par leur partie
animale.
De plus, un chaman étant le chef de sa com-
munauté, la politique de chaque clan sera tou-
jours influencée par les traits du totem auquel
ce chaman est attaché. Ceux qui abritent en
eux l’esprit d’un prédateur seront toujours
préparés à la guerre et il leur sera difficile de
pardonner un affront à leur peuple, tandis que
ceux qui partagent un corps avec des animaux
plus calmes préfèreront résoudre les conflits
par des moyens plus pacifiques.
Bien que la plupart des chamans reconnaissent
leur responsabilité en tant que guides de
leurs frères et sœurs, certains ne parviennent
pas à résister complètement à l’appel de la
nature. Particulièrement flagrant est le cas
des chamans avec le totem d’un carnivore,
qui ne peuvent s’empêcher de voir d’autres
clans comme des concurrents ou pire encore,
comme des proies.
HOMMES LIBRES
Au-delà de la domination, qui sert de guide,
que les chamans exercent sur leurs clans, il n’y
a pas d’autre structure de gouvernement dans
la société cimmérienne. Les Hommes libres
sont à la hauteur de leur nom et apprécient la
liberté plus que tout. Un fils devra respecter
ses parents et un guerrier obéira aux ordres
du chef de l’expédition, car sinon la vie en
communauté serait impossible. Mais aucun
Cimmérien n’imposera jamais sa volonté à un
autre.
L’esclavage est, dans la culture cimmérienne,
le plus horrible des crimes et l’autodétermina-
tion est pour eux un droit inaliénable de tout
être vivant. Faire des prisonniers leur est in-
concevable et si un Cimmérien est enchainé,
il cherchera à s’échapper de la manière la plus
rapide possible, que ce soit en libérant son
corps par une tentative d’évasion ou son âme
par le suicide.
Pour cette raison, les Cimmériens qui ont tour-
né le dos à leur peuple et se sont consacrés
à la traite des esclaves sont les êtres les plus
détestés parmi les habitants des montagnes.
De plus, ce désir de liberté n’existe pas uni-
quement sur le plan social, mais se manifeste
aussi par d’autres moyens. Les Cimmériens
détestent les cités, avec leurs odeurs puantes,
leur cacophonie bruyante et leur surpopula-
tion. Ils veulent sentir le vent sur leur visage,
la chaleur du soleil sur leur peau et la pluie
mouiller leurs cheveux.
Mais il ne faut pas tomber dans l’erreur de
croire que les Cimmériens ne pensent qu’à
eux-mêmes, car ils ont un grand sens des
responsabilités et un très fort sentiment de
communauté qui les unit au clan auquel ils
appartiennent. Même si tous les Cimmériens
sont pareillement libres, ils sont aussi tenus de
travailler pour le bien de leur clan.
 CIMMéRIe
Ce n’est pas pour rien qu’il s’agit d’un peuple
qui descend d’une armée. Pour eux, la disci-
pline et l’honneur sont des aspects incontour-
nables de leur vie. De plus, ils ont l’habitude
de mener une vie militaire. Ils sont confrontés
aux difficultés qui les entourent et à la dure
survie dans les montagnes, collaborant tous
ensemble à faire avancer leur communauté et
maintenir leur mode de vie.
Et cela inclut les femmes, qui sont à tous égards
exactement les mêmes que les hommes, avec
les mêmes droits et les mêmes possibilités.
Les Cimmériens s’appellent eux-mêmes des
Hommes Libres, mais les hommes et les
femmes ont le même poids dans la société et
il est courant de voir des femmes chamanes
diriger avec habileté et sagesse le destin de
leurs clans. Qui plus est, il y a ceux qui consi-
dèrent que Gmirri, le rebelle légendaire, était
une femme.
Ils sont belliqueux, mais sincères, brusques,
mais travailleurs, primitifs, mais liés à la na-
ture qui les entoure. Les Cimmériens ne sont
qu’un ensemble chaotique de clans qui ne s’en-
tendent jamais et vivent à l’âge de pierre, sans
connaitre la forge de métaux ou l’écriture.
Mais en même temps, ils sont l’un des peuples
les plus fiers qui existent et une véritable me-
nace pour l’Empire d’Akkad.
LES LIMITES DU MONDE
Pendant leur évasion, les Mushkenu qui fini-
raient par devenir les premiers Cimmériens
se sont échappés aussi loin au nord qu’ils le
pouvaient, essayant de s’éloigner autant que
possible de la colère de leur créateur. Si cela
avait uniquement dépendu d’eux, ils auraient
marché pendant des années, à la recherche
d’une terre qu’ils pourraient revendiquer, où
les horreurs de l’esclavage et de la guerre ne
les rattraperaient pas. Aussi loin d’Akkad que
possible.
Malheureusement, dans leur fuite vers le nord,
ils ont rencontré ce que les limites de Kishar de-
vaient certainement être. Alors qu’ils entraient
au plus profond de la chaine de montagnes où
213
ils s’installeraient à l’avenir, l’avancée devenait
de plus en plus difficile. Les montagnes ga-
gnaient en altitude, le froid devenait de plus
en plus intense, les parois de pierre plus escar-
pées et l’air plus rare.
Jusqu’à ce qu’arrive ce moment où ils ne pou-
vaient pas aller plus loin.
Là, ils ont décidé d’arrêter leur marche, de
faire demi-tour et de se préparer à défendre
la terre qui sera à partir de ce moment connue
sous le nom de Cimmérie. Mais avant de re-
tourner à des latitudes plus méridionales,
Gmirri ressentit un appel puissant qu’il n’était
pas capable d’ignorer. Parmi ces sommets in-
franchissables se trouvait un endroit très spé-
cial, une immense masse de glace qui s’éten-
dait entre les sommets enneigés. Si grande, si
froide et si puissante que même les jours les
plus chauds de l’été ne la faisaient pas fondre
d’un pouce. Les rayons du soleil se reflétaient
à sa surface et à travers les calottes glaciaires,
à l’intérieur, semblait s’entremêler un laby-
rinthe complexe.
Bien que plusieurs entrées y aient été ou-
vertes, aucun Cimmérien n’avait jamais tenté
de s’aventurer dans ces grottes de froid éter-
nel. Pour quelle raison l’auraient-ils  fait  ? Il
semblait impossible qu’il y ait quelque chose
de vivant en ces lieux et les températures
étaient si basses qu’il aurait été très difficile
d’y survivre.
Mais Gmirri était déterminé à entrer dans la
masse de glace pour découvrir le secret qui se
trouvait sans doute à l’intérieur. Il passa une
semaine entière dans ce labyrinthe, tandis que
ses compatriotes attendaient nerveusement
son retour.
En revenant triomphalement de son exploit,
les guerriers qui montaient la garde à l’entrée
le regardèrent avec étonnement, car il portait
dans ses mains deux étranges haches qui sem-
blaient faites de glace pure. Comme Gmirri l’a
raconté par la suite, il les a lui-même forgées
dans la plus profonde des chambres du laby-
rinthe glacé, en utilisant des outils laissés là
par une ancienne race de géants et en utilisant
comme matériau les propres murs du lieu.
214 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
C’étaient des armes incroyables, entourées
d’un halo froid et couvrant d’un manteau de
givre tout ce qu’elles touchaient, à l’exception
des mains de Gmirri lui-même. De plus, peu
importe jusqu’où dans le sud voyageait son
porteur, elles ne fondaient jamais. De leurs
lames semblait jaillir une faible lueur bleutée.
À la mort du héros, ces haches périrent avec
lui, fondant à l’instant même où la vie de Gmirri
touchait à sa fin.
Depuis ce jour, personne n’a jamais pénétré
dans le labyrinthe de glace et n’en est revenu
vivant, bien que beaucoup essaient chaque
année. On dit que le Cimmérien qui parvien-
dra à forger une autre paire d’armes comme
celles-ci deviendra le seigneur de guerre des
Cimmériens. Un champion qui renversera
Sargon et mettra fin à la vie de tous les Awilu
de Kishar.
LE LAC URMIA
Sur les sommets nuageux des Montagnes
Gudabak, les Cimmériens se trouvent comme
chez eux. C’est leur foyer et ils ne pourraient
pas se sentir plus à l’aise ailleurs. Pourtant, il y
a un lieu maudit, que même les plus courageux
des Hommes Libres n’osent pas visiter : le Lac
Urmia. Son nom est prononcé en chuchotant
et les habitants des villages proches de ses
eaux ne peuvent s’empêcher de frémir quand
ils remarquent que le vent souffle de la direc-
tion dans laquelle se trouve le lac.
Et ce n’est pas pour rien, car c’est l’un des
endroits les plus effrayants de tout Kishar, s’il
appartient vraiment à ce monde. Il se trouve à
l’est, au point où les Sommets des Tempêtes
rencontrent la Cimmérie et, bien qu’il ait une
taille démesurée, il y a très peu de cols de
montagne menant à l’intérieur.
Ses eaux sont anormalement calmes, d’une
clarté cristalline, pratiquement figées dans le
temps. Elles ressemblent à un immense miroir,
dans lequel celui qui regarde voit un réflexe
terrifiant  : un visage déformé qui montre ses
pires peurs et défauts, ce qu’il déteste le plus
en lui-même.
On dit que l’Urmia n’est pas en réalité un lac,
mais l’œil d’un dieu âgé qui se trouve pris au
piège dans un profond sommeil sous terre.
Les légendes racontent aussi qu’une fois par
génération, quand vient le moment propice, le
dieu se réveille momentanément, le lac deve-
nant une pupille monstrueuse, avec laquelle le
titan pris au piège contemple le monde avant
de retourner à son repos paisible.
Le ciel qui peut être contemplé au-dessus du
lac est aussi particulier que le lac lui-même.
Le soleil, la lune ou les étoiles n’y brillent pas,
mais à la place domine une obscurité absolue,
interrompue seulement par une lueur lointaine,
presque imperceptible, à l’horizon occidental.
Ce ciel semble figé dans un crépuscule éter-
nel qui précèderait une nuit sans firmament.
Cet environnement oppressant s’accompagne
d’un silence perturbant, dans lequel même les
chuchotements les plus doux se mettent à res-
sembler à des grondements aussi forts que la
marche d’un éléphant. Seul un bruit brise l’im-
mobilité du lieu, annonçant le plus grand des
dangers qui traquent ceux qui osent s’appro-
cher du Lac Urmia  : des battements presque
inaudibles.
On ne sait pratiquement rien des êtres qui les
produisent, car ils se déplacent si vite qu’il est
presque impossible de les suivre des yeux.
Leurs attaques sont rapides et meurtrières,
profitant de l’obscurité pour attraper de leurs
étranges pattes de crustacés leurs victimes et
les emmener voler entre des cris d’horreur,
propulsés par leurs larges ailes, ressemblant à
celles d’une chauve-souris.
En dépit d’être la plus grande menace qui hante
les fous approchant du Lac Urmia, elle n’est
pas la seule. Sur ses rives, vivant à l’intérieur
d’un réseau complexe de grottes, on dit que
vivent des hommes déformés et corrompus,
qui ressemblent plus à des vers de terre gonflés
qu’aux êtres rationnels dont ils descendent.
Aveugles et albinos, ils ne sortent jamais des
grottes qui leur servent de maison, mais ils
ne pardonnent pas non plus aux Pillards qui
tentent de pénétrer leurs domaines.
Et il ne manque pas d’insensés qui accom-
plissent un tel acte, car à partir des fluides
 éLAM
corporels de ces Hommes Vers un alchimiste
expert pourrait distiller un sérum avec un pou-
voir inégalé : celui d’accorder le bonheur.
ÉLAM
De toutes les nations entourant l’Empire d’Ak-
kad, c’est Élam qui présente le plus de simili-
tudes avec celui-ci. Ses habitants sont certai-
nement Awilu, car en dépit d’être légèrement
plus grands et d’avoir un teint de peau un peu
plus foncé, ils pourraient passer parfaitement
pour les habitants de l’Empire. En plus de
cela, ils vivent aussi dans des cités-États bâties
autour d’immenses Ziggurats et entourées de
fortes murailles.
Certains soutiennent, notamment dans les
hautes institutions militaires, qu’Élam devrait
suivre le même chemin que le pays de Sumer
et « rejoindre » l’Empire, car après tout il n’y a
pas autant de différence entre Suse et l’une des
cités d’Akkad.
215
Mais ceux qui défendent cette position
ignorent, ou préfèrent ignorer, qu’Élam est
plus distinct de l’Empire qu’il n’y parait à pre-
mière vue. Ses peuples, vêtus des foulards et
des robes caractéristiques d’un blanc pur, sont
peut-être frères des hommes d’Akkad, mais si
tel était le cas, nous serions devant des frères
qui ont été séparés il y a longtemps. Frères qui
ne se reconnaissent plus comme tels.
Les Élamites prétendent être arrivés dans la
vallée entre les fleuves depuis l’est, au-delà
des montagnes, et affirment que c’est là que
se trouve le noyau principal de leur nation. Le
fait est que la seule cité appartenant à Élam
connue de l’Empire, Suse, est pratiquement
aussi ancienne qu’Eridu elle-même, la pre-
mière des colonies de Sumer. Et les rumeurs
selon lesquelles, derrière les montagnes, se
trouvent beaucoup plus de cités, dont la lé-
gendaire Anshan, doivent être vraies, car les
quelques espions qui ont réussi à pénétrer à
Élam parlent de fréquentes caravanes qui tra-
versent les Sommets des Tempêtes au sud.
216 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
UNE NATION DE SECRETS
Il est frappant de constater que même quelque
chose d’aussi simple que le nombre de cités et
de villages qu’Élam compte n’est pas connu
avec certitude en dehors de ses frontières
et que l’une des plus grandes réalisations de
certains espions est d’identifier avec succès la
présence de caravanes. C’est un fait qu’Élam
est très jalouse de ses secrets.
Presque tout le monde avec un minimum de
culture en Akkad a une connaissance superfi-
cielle de ses voisins, peut placer Suse sur une
carte et parler, peut-être avec la peur sur les
lèvres, de ses terribles armées de morts-vi-
vants qui la défendent contre les invasions.
Mais au-delà de ces quelques données, ils ne
peuvent en dire plus.
Cela n’aide pas qu’ils utilisent un langage com-
plètement différent du sumérien et de l’akka-
dien, sans parenté apparente. De plus, s’il est
vrai qu’ils utilisent le même système d’écriture
que l’Empire, car ils ont pris cette avancée de
leurs voisins, il est également vrai que celui-ci
comporte une série de modifications notables
et peu peuvent comprendre pleinement le sens
d’un texte de complexité moyenne.
Mais si la langue est la plus évidente des bar-
rières, elle n’est pas seule. Le plus difficile à
surmonter est le soupçon et la méfiance avec
lesquels les Élamites reçoivent tout ce qui
vient de l’extérieur. Ils vivent convaincus que
ce qui se trouve au-delà de leurs frontières est
mauvais ou, du moins, dangereux et il est diffi-
cile de les faire changer d’avis.
Le secret va jusqu’au point où, même si cela
semble incroyable, Suse ne possède pas de
Karum. Si même les charismatiques mar-
chands d’Assur n’ont pas réussi à s’installer
à Élam, comment d’autres diplomates moins
habiles vont-ils y parvenir ?
On peut compter sur les doigts d’une main le
nombre d’émissaires venant d’Akkad qui ont
été admis à l’intérieur des murs de Suse et ils
l’ont toujours fait en suivant un étroit couloir
qui les empêchait de voir au-delà du dos de
leurs gardiens ou de s’écarter du chemin qui
leur avait été préparé. Une autre preuve de
cette hostilité est le fait qu’il n’y a pas eu non
plus depuis quatre millénaires de lien entre la
royauté d’Élam et les dirigeants d’Akkad ou de
Sumer, quelque chose de relativement com-
mun parmi les familles nobles de l’Empire.
Même le citadin lambda à Élam craint et mé-
prise les Akkadiens.
LE SACRIFICE D’UN ROI
Et ce n’est pas pour rien, car c’est la menace
de l’invasion par Sargon qui a transformé l’an-
cienne Élam en la nation qu’elle est aujourd’hui.
Luhishan, alors roi d’Élam, savait que, même
si les Anunnaki n’étaient pas adorés dans
son pays, les armées du nouveau seigneur de
guerre ne s’arrêteraient pas à Lagash.
Avec la certitude que s’il ne parvenait pas à
faire quelque chose, son peuple serait anéanti,
Luhishan se tourna vers les dieux d’Élam pour
obtenir de l’aide. Un par un, il les supplia pour
le miracle dont il avait besoin et un par un,
ils le rejetèrent. Certains par désobéissance,
d’autres par peur et la plupart simplement par
impuissance. Jusqu’à ce qu’à la fin il trouve
une déesse qui entendit ses prières : Kiririsha,
la Dame de la Mort.
La solution qu’elle lui offrait était essentielle-
ment très simple. Il s’agissait pour les Élamites
de continuer à se battre après leur décès,
servant leur nation dans la mort comme ils
l’ont fait dans la vie. Mais Kiririsha ne pouvait
pas accorder au roi ces connaissances dans le
monde des vivants… Celui-ci devrait l’accom-
pagner jusqu’à la porte même de son domaine.
Déterminé à faire tout ce qu’il fallait pour
protéger sa nation, Luhishan est devenu le
premier vivant dans la mort. Il s’habilla comme
un défunt et marcha sur le chemin que tout
Élamite finit, tôt ou tard, par devoir parcourir.
Escorté par Isnikarab et Lagamar, les deux ser-
vantes de Kiririsha, il chemina sur les Routes
Sombres jusqu’au Grand Fleuve, qu’il traversa
avec l’aide du Batelier en payant le prix conve-
nu. Enfin, une fois sur l’Ile du Milieu, il affronta
Insusinak, le Grand Juge, devant lequel il dé-
crivit une mort qui n’avait jamais existé.
 éLAM 217

Cette terrible expédition porta ses fruits et
Luhishan revint armé des pouvoirs d’au-delà
de la vie. Avec eux, il souleva de leurs tombes
d’innombrables soldats d’Élam, qui se levèrent
de nouveau pour défendre leur patrie. Ils réus-
sirent à contenir les armées de Sargon, comme
ils le firent par la suite à de nombreuses
reprises.
Ainsi, les défunts sauvèrent Élam.
UN PEUPLE DE MOURANTS
Mais la poussière de la bataille a fini par s’ins-
taller et il est vite devenu évident que l’utilité
des cadavres réanimés n’avait pas à se limiter
à la guerre. En Akkad, les armées de morts-vi-
vants d’Élam sont célèbres, mais personne
dans l’Empire ne soupçonne que l’utilisation
donnée aux défunts dans la nation voisine va
beaucoup plus loin.
Luhishan, avant de mourir, a transmis ses
connaissances à tous ceux qui voulaient les ap-
prendre, ceux connus à l’intérieur d’Élam par
le titre de son fondateur, les Morts en Vie, et
dans l’Empire pour leur art, les nécromants.
Avec moins de scrupules que leur roi, ces
hommes réanimèrent autant de morts qu’ils
le pouvaient et leur confièrent les tâches qu’ils
ne voulaient pas faire eux-mêmes. Bientôt, il
y avait non seulement des soldats, mais aussi
des paysans, des ouvriers et des serviteurs dé-
cédés. Les Élamites avaient trouvé leur propre
moyen d’obtenir des esclaves et ont ainsi at-
teint aujourd’hui un niveau de vie similaire à
celui des Awilu d’Akkad. Seulement, c’était
avec leurs proches décédés accomplissant la
même fonction que les Mushkenu.
Le parcours que suivent ces morts-vivants
est presque toujours le même. Pendant les
premières années suivant leur retour dans le
monde des vivants, embaumés par une tech-
nique qui les rend presque indiscernables d’un
homme dont le cœur bat, ils travaillent dans
les cercles les plus proches de leurs maitres.
Cependant, au fil du temps, leurs corps se dé-
tériorent et ils sont relégués à des postes plus
éloignés de la civilisation : d’abord les champs
de culture, puis les mines et enfin dans l’ar-
mée quand ils ne sont plus que des amas de
chair pourrie ou des squelettes recouverts de
lambeaux.
Ce processus a une raison éminemment
pratique, car plus la vision d’un cadavre est
désagréable, plus le désir des Élamites de le
contempler est faible. Dans l’ensemble, l’odeur
musquée de la mort serait omniprésente à
Suse si ses habitants n’essayaient pas de la
camoufler avec des arômes intenses et frais.
C’est la raison pour laquelle la capitale d’Élam
est connue comme «  la cité des parfums  ».
Les mélanges qui en proviennent peuvent at-
teindre des prix très élevés sur les marchés des
autres cités.
Mais rien, pas même le plus puissant des par-
fums, ne peut masquer le silence et la tristesse
qui règnent sur la cité. Ce sentiment n’est pas
seulement dû aux mouvements répétitifs et
lents des cadavres, ni au déplacement mono-
tone de leurs habitants, mais aussi au fait que
la cité d’Élam est en train de mourir.

LES DIEUX D’ÉLAM

À Élam, ni les Anunnaki, ni les Igigu ne sont vénérés. Ils ont leurs propres dieux, qui
remontent pratiquement à la fondation de Suse et à ceux qui offrent leurs sacrifices dans
des temples recouverts de cornes de bronze caractéristiques.

Le centre de son panthéon est composé de trois dieux, les plus puissants, qui forment
une trinité à laquelle les autres immortels obéissent. Il s’agit de Napirisha, le plus grand
d’entre les dieux, de sa femme Kiririsha, La Grande Unique, et de Hutra le Puissant, leur
fils. Sous leur mandat servent d’innombrables dieux mineurs, qui sont divisés entre les
Bahahutep, les Créateurs et les Napratep, les Organisateurs.
218 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
La réalité est que les Élamites ont en quelque
sorte perdu l’amour de la vie. De moins en
moins d’enfants naissent et le nombre de dé-
funts qui marchent dans les rues dépasse déjà
de loin celui des vivants.
S’ils ne trouvent pas un moyen de résoudre ce
problème, il viendra le jour où il ne restera que
des morts à Suse, répétant sempiternellement
les derniers ordres reçus. Infaillibles, ils conti-
nueront éternellement une tâche qui n’aura
plus aucun sens.
L’EXTRÊME-ORIENT
Mais si Élam est mystérieux, plus encore le sont
les terres qui se trouvent derrière sa frontière
orientale. Les quelques personnes qui ont pu
parler à un Élamite de ce qui se trouve au-delà
de leur nation racontent des histoires impos-
sibles. Les prairies infinies dans lesquelles se
trouve le peuple des chevaux ou la patrie du
fleuve dans laquelle les femmes ont six bras
et les hommes des visages de démons ne sont
que quelques-unes d’entre elles.
La seule chose que l’on sait avec certitude de
ces terres, c’est qu’elles recèlent de véritables
merveilles, comme la soie, le jade, la topaze
et les coraux. Un marchand intrépide pourrait
tenter d’accoster sur la côte d’Élam avec un
bateau ou de traverser ses frontières à l’aide
d’une monture rapide à la recherche de ces
précieux trésors.
C’est risqué, mais si quelqu’un parvenait à le
faire et à revenir avec un butin, il deviendrait
un homme très riche. La récompense vaut bien
le risque.
LE DÉSERT D’ÉRIA
Plus vaste que l’Empire lui-même, plus beau
que la concubine d’un roi et plus impitoyable
qu’un champion parmi les gladiateurs, le dé-
sert d’Éria insuffle la fascination et la peur à
parts égales à ceux qui le contemplent.
C’est la frontière occidentale d’Akkad et de son
intérieur émergent à la fois de riches caravanes
chargées de produits exotiques et des bandits
féroces prêts à assassiner et à piller.
SABLES ARDENTS
Ceux qui n’ont pas vu le grand désert ima-
ginent un paysage terne et triste. Une éternelle
plaine de sable jaunâtre sans aucune conces-
sion ni variété.
Rien n’est plus éloigné de la réalité. Comme
dans une chaine de montagnes, il n’y a pas
deux montagnes identiques ni dans une forêt
deux clairières identiques, chaque petite par-
tie d’Éria est unique et différente des autres.
Des plaines pavées et rocheuses des zones
les plus septentrionales aux mers de dunes
du sud, la multitude de paysages que le grand
désert abrite à l’intérieur de ses frontières
peut laisser les poètes et les sages totalement
époustouflés.
De plus, d’innombrables merveilles impos-
sibles à trouver nulle part ailleurs se cachent
dans l’immense Éria, protégées de la vue et
des prédations des curieux. D’anciens temples
dévorés par le passage des éons, des oasis ver-
doyantes et brillantes comme des saphirs dans
une mer de feu, des dunes chantant d’une voix
magique en étant parcourues par le vent, des
chutes d’eau cachées produisant un arc-en-ciel
au clair de lune tremblant et des champs de
roses qui ne fleurissent qu’une fois tous les
cent ans.
Mais il ne faut pas négliger qu’Éria, malgré sa
beauté, est une amante violente et capricieuse.
Brulante pendant la journée et glaciale pendant
la nuit, elle cache de nombreuses surprises qui
peuvent mettre fin à la vie d’un voyageur qui
s’y aventure sans s’y être suffisamment prépa-
ré. Les soudaines tempêtes de sable sont les
dangers les plus célèbres, mais ils ne sont pas
les seuls.
Particulièrement redoutable est la faune du
lieu, assez dure et implacable pour avoir sur-
vécu dans un environnement aussi hostile, du
chacal, en apparence humble, au redoutable
Eria Malaku, le Marcheur des Sables qui a
mis fin à plus d’une expédition en enlevant les
bêtes de somme.
 le désert d’éRIA
Et tout cela sans considérer des dangers de
nature plus surnaturelle, comme les Galla
enragés.
RÉSIDENTS DU DÉSERT
Mais malgré les misères d’une vie dans un
environnement aussi hostile, il existe une
race qui non seulement survit dans Éria, mais
prospère : les Uridimmu. Leur vrai nom, avec
lequel ils se définissent, est Badawi, qui dans
leur langue signifie simplement « ceux qui font
du désert leur maison ».
Les autres termes avec lesquels ils se réfèrent
dans l’Empire ne sont que des mots akkadiens,
comme le descriptif « Amorrites », qui fait ré-
férence à l’endroit d’où ils viennent (les tribus
de l’Ouest), ou le désobligeant « Uridimmu »,
qui signifie littéralement « chiens enragés ».
Cependant, la plupart des Badawi ne se sou-
cient pas que d’autres utilisent ces mots pour
se référer à eux. Ils n’ont aucun intérêt à en-
seigner leur langue aux étrangers, car ils la
219
gardent comme un trésor. De plus, même s’ils
voulaient l’enseigner à un membre d’une autre
race, ils ne pourraient pas non plus le faire. Et
c’est qu’une conversation entre deux Badawi
n’est pas seulement composée de mots, mais
aussi de petits gestes, de regards et d’odeurs.
La position d’un Uridimmu ou l’arôme qu’il
dégage sont aussi importants que les sons qui
émergent de ses mâchoires.
Bien que ce ne soit pas le seul trait presque
animal des Badawi. Beaucoup de leurs cou-
tumes et formes de comportement rappellent
les canidés auxquels ils ressemblent et de
nombreux érudits de l’Empire les considèrent
comme rien de plus que de simples bêtes. Par
exemple, la férocité avec laquelle ils défendent
leurs enfants, entrant dans un état de rage
meurtrière qui obscurcit leurs pensées ou l’ap-
pel si célèbre du désert, la « alshra’ da’ella ».
Ce sentiment, qui s’empare de tous les
Uridimmu environ tous les cinq ans, est un dé-
sir irrépressible de revoir le désert qui est leur
véritable maison. Cela ne pose évidemment
220 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
aucun problème aux véritables Badawi, qui font
leur vie parmi les dunes d’Éria, mais ceux par-
mi les Uridimmu qui se trouvent loin de leurs
sables brulants doivent réagir dès que possible
lorsqu’ils commencent à ressentir cet appel. Ce
n’est pas quelque chose qu’ils peuvent ignorer,
car cela augmentera en intensité, jusqu’à ce
que cela devienne quelque chose d’intolérable.
Un groupe d’alchimistes de Mari a mené une
série d’expériences pour voir jusqu’où l’appel
du désert pouvait aller, en gardant enfermés
contre leur volonté des Uridimmu qui en
faisaient l’expérience. Le résultat fut qu’ils
finirent par se suicider face à leur incapacité
à supporter l’angoisse à laquelle ils étaient
soumis.
Mais leur proximité avec les chacals cause
non seulement des problèmes aux Badawi,
mais comporte également certains avantages.
L’acuité de leurs sens et leur capacité presque
surnaturelle à prédire des phénomènes comme
les tempêtes de sable ne sont que les plus
connues.
Il existe des rumeurs sur des Uridimmu ca-
pables de savoir si une personne ment juste
en la reniflant. La simple possibilité que cela
soit vrai rend tout marchand traitant avec un
nomade dix fois plus prudent que d’habitude.
LA TENTE
Mais si les Badawi parviennent à non seule-
ment survivre, mais aussi à se frayer un chemin
dans le désert aride, ce n’est pas uniquement
dû à leurs dons naturels. Leur mode de vie,
nomade et axé sur l’entraide, est surement ce
qui leur permet en réalité de survivre au jour
le jour.
Toujours en mouvement, les Uridimmu ne
restent jamais longtemps au même endroit.
C’est parce que les troupeaux de chèvres et
de dromadaires dont ils tirent leur subsistance
dévorent relativement rapidement la rare vé-
gétation que l’on trouve dans le désert.
Il est alors temps de partir pour un nouveau
lieu, sans se précipiter, mais sans pause.
Parmi les nomades, on dit : « ceux qui doivent
marcher dans le désert savent que celui qui
voyage sans hâte arrive en premier ».
Comme ils doivent être prêts à partir, les ha-
bitations des Badawi sont aussi leurs célèbres
tentes, qu’ils appellent Beit sha’ar, littéralement
les « maisons de poils ». Facilement transpor-
tables, elles sont fabriquées à partir de tissus
sombres tressés à l’aide de poils de dromadaire
et de chèvre et ont la vertu de protéger leurs
habitants du froid pendant la nuit et de la cha-
leur pendant la journée.
Conçues pour que leurs parois puissent se
lever et que le vent rafraichisse leur intérieur,
il n’y a pas de refuge plus accueillant que les
humbles Beit sha’ar.
À l’intérieur, divisé en plusieurs sections,
les familles des nomades font leur vie. Les
femmes, qui ne les quittent pratiquement pas,
sont chargées de leur entretien, ainsi que de
l’éducation des enfants, de la préparation
des repas ou d’autres tâches domestiques.
Pendant ce temps, les hommes adultes se re-
trouvent à l’extérieur pour chasser, s’occuper
des troupeaux et autres animaux ou à faire des
activités plus violentes.
Dans la société Badawi, il existe une nette dif-
férenciation entre les sexes. Les femmes y sont
totalement subordonnées à la domination des
hommes dans pratiquement tous les aspects.
Ceux-ci les gardent cachées chaque fois qu’ils
le peuvent et quand elles doivent sortir, elles
le font avec un visage complètement couvert,
afin que leurs traits ne puissent pas être vus.
Le seul endroit où le sexe féminin exerce sa
domination est entre les tissus qui composent
les parois d’une tente. Ce qui se passe à l’inté-
rieur d’un logement est la responsabilité et le
pouvoir de la première épouse du propriétaire,
bien que la polygamie crée des confronta-
tions politiques tendues qui embarrasseraient
les politiciens les plus aguerris des palais
akkadiens.
De plus, il est d’usage parmi les Badawi que
lorsqu’un nomade en tue un autre, le survivant
prenne la responsabilité des femmes et des
enfants du vaincu.
 le désert d’éRIA 221

DROMADAIRES

Les Badawi doivent absolument tout à leurs fidèles compagnons  : les dromadaires. Ces animaux,
recouverts d’une fourrure brune rugueuse et avec une bosse proéminente, sont méprisés dans l’Em-
pire pour leur apparence peu gracieuse. Cependant, dans la langue des Uridimmu, son nom, jammal,
signifie « beauté ».

Les dromadaires sont des bêtes très adaptées à la survie dans le désert. Ils peuvent être des semaines
entières sans boire, absorbant le peu de liquide dont ils ont besoin des plantes qu’ils mangent et
possèdent une résistance redoutable à la chaleur et au froid. De plus, ce sont des animaux pacifiques
et faciles à apprivoiser, qui, face à une situation tendue, réagiront calmement et avec aplomb, contrai-
rement aux chevaux, qui sont des bêtes qui, à la moindre surprise, deviennent folles et peuvent faire
tomber leur cavalier.

Certes, par rapport à ces derniers, la vitesse de pointe des dromadaires n’est pas très élevée, mais en
retour, ils peuvent maintenir une marche raisonnablement rapide pendant beaucoup plus longtemps
que leurs cousins éloignés que sont les équidés. Ces bêtes de somme sont beaucoup plus fortes qu’il
n’y parait et, pour compenser leur hauteur élevée, ils peuvent s’agenouiller pour permettre à des
objets d’être déposés ou à un cavalier de monter sur leur dos, et ce avec facilité.

Les Badawi utilisent les dromadaires non seulement comme transport, mais aussi comme montures
de guerre. Ces animaux peuvent charger deux cavaliers en même temps, devenant ainsi à la fois
d’excellentes plateformes de tir pour les archers et un outil efficace pour amener un féroce guerrier
Uridimmu et son cimeterre jusqu’aux lignes ennemies.

L’utilité du dromadaire ne s’arrête pas à la bataille, mais va bien au-delà. Le lait d’une femelle de cette
espèce a une grande valeur nutritive et un Badawi peut subsister uniquement sur la base de cette
espèce pendant près de six mois. De plus, sa fourrure est utilisée pour tricoter à la fois les tentes et les
robes et, au besoin, le sang et la chair d’un dromadaire pourrait permettre à son cavalier de vivre pour
voir un autre jour se lever. Compte tenu de l’amour que les nomades professent à ces animaux, ils ne
feraient une telle chose qu’en dernière extrémité.

Sachant tout cela, le nom donné aux fidèles dromadaires dans la langue Badawi ne semble plus si
étrange.

LA TRIBU leur tour font partie d’une entité encore plus

Ces coutumes, associées à la multitude d’en-
fants qu’une femelle Uridimmu est capable
de concevoir, encouragent les familles nom-
breuses. Mais, quelle que soit sa taille, tous
les membres d’une même famille vivent dans
une seule tente, qui, par l’ajout d’extensions,
peut atteindre des dimensions spectaculaires.
En effet, dans la langue des Badawi, le mot qui
désigne la famille est « Beit » est le même que
celui pour nommer la maison.
grande qui est la tribu à proprement parler, ou
Asa’ir.
Les membres d’un Asa’ir sont liés par un an-
cêtre commun, le père fondateur de la tribu,
et il est très facile pour eux de distinguer les
tribus les unes des autres. Les membres d’une
tribu s’identifient par la combinaison de leur
odeur et des couleurs de leurs fourrures et de
leurs thawb, les tuniques avec lesquelles ils se
recouvrent.

Malgré le grand nombre de membres qui les
composent, les familles voyagent rarement
seules. Elles le font aux côtés d’autres familles
avec lesquelles elles partagent une parenté di-
recte : les cousins, les frères et les sœurs. Ces
groupes de familles sont appelés Goum, et à
Même s’ils ne voyagent pas ensemble, un
membre d’un Asa’ir aidera toujours un compa-
gnon de tribu. À moins, bien sûr, qu’il y ait des
intérêts contradictoires entre des parents plus
proches, comme les membres d’un Goum ou
de la tente elle-même.
222 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
La manière dont fonctionne la loyauté entre
Badawi pourrait se résumer par l’un de leurs dic-
tons : « Moi contre mon frère, mon frère et moi
contre mes cousins, mes cousins et moi contre
ma tribu, ma tribu et moi contre les étrangers ».
Cette façon de penser fait que les Uridimmu
n’ont jamais pu s’unir pour construire une na-
tion. Mais c’est aussi la raison pour laquelle,
dans les moments de grande nécessité, un
Badawi en détresse trouve toujours l’aide d’un
compatriote.
À la tête de chaque Asa’ir se trouve toujours
l’homme le plus âgé de celui-ci, le Shayh.
Toutes les familles de la tribu lui doivent le
respect et comptent sur sa sagesse pour les
conduire sur la voie la plus appropriée.
SHARAF, DIFAYA ET HAMASA
Bien que le pouvoir des Shayh sur leur tribu
soit absolu, il existe dans la société Badawi
ceux qui sont au-dessus d’eux : les Mubesha.
Ces Uridimmu n’appartiennent à aucune tribu,
ne font partie d’aucune famille et ne possèdent
aucune possession physique. La nourriture
qu’ils prennent est toujours le cadeau d’un
autre Badawi et la tente sous laquelle ils dor-
ment est le fruit de l’hospitalité d’un Goum.
En échange de ces soins, qu’un Badawi ne
niera jamais, les Mubesha doivent assumer
une responsabilité difficile  : servir de juges
de leur peuple. Voyageant de camp en camp,
les Mubesha entendent les prières de ceux qui
réclament justice partout où ils vont et, après
avoir prononcé leur peine, partent à nouveau
vers une autre destination.
Leur pouvoir est total. Leur parole est la loi.
Aucun Uridimmu ne contestera jamais leurs
décisions, car ils ont été choisis par le soleil,
Shams, pour rendre justice en leur nom. Ce
pouvoir leur est conféré à la naissance et les
Badawi qui sont nés pour être Mubesha sont
identifiés dès leur venue au monde.
Quelle que soit la couleur de la fourrure de sa
tribu originelle, un futur Mubesha aura tou-
jours la fourrure d’un blanc pur. De plus, ses
yeux seront dorés et aussi brillants que les
rayons de Shams lui-même, capables de voir
au-delà du mensonge.
Quelques jours après la naissance d’un tel
enfant, un Mubesha apparait toujours dans le
camp où un tel évènement s’est produit et il
devient responsable de l’enfant, l’éduquant et la
préparant au destin auquel il devra faire face.
Les méthodes utilisées par les Mubesha pour
élucider la culpabilité d’un sujet sont brutales,
considérées comme violentes et primitives
dans des cultures plus civilisées, comme celle
de l’Empire. L’un des plus connus des étrangers
est le Bisha’a ou Épreuve du Feu. Il s’applique
aux crimes impliquant des infractions contre
la tribu elle-même et l’accusé devra lécher sa
propre épée chauffée à blanc dans un feu allu-
mé par le Mubesha. S’il est innocent, rien ne lui
arrivera, mais s’il est coupable, sa langue sera
couverte de brulures.
Bien sûr, l’accusé peut toujours refuser de par-
ticiper à l’épreuve, mais il sera alors considéré
comme coupable et devrait-il craindre celle-ci
s’il est innocent ?
En ce qui concerne les peines, la loi Badawi
suit des principes similaires à la loi du Talion,
où la peine équivaut presque toujours au crime
commis. Pour reprendre les mots d’Uridimmu
eux-mêmes : Dum butlab dum (« le sang en-
gendre le sang »).
De plus, la culture Uridimmu et la bonne façon
de se comporter obéissent à trois concepts fon-
damentaux  : le Sharaf, le Difaya et le Hamas.
Ou en d’autres termes  : la défense des siens,
l’hospitalité et le courage. Ces trois concepts
constituent un code d’honneur strict que tout
Badawi doit suivre avec grand soin s’il veut être
considéré comme un individu de valeur.
Ces codes de conduite confondent ceux qui se
rapportent aux nomades sans comprendre leur
véritable nature. Le même bandit qui a pillé une
caravane accueillera le lendemain dans sa tente
les voyageurs qu’il a laissés sans moyens de sur-
vivre dans le désert. Là, il leur donnera tout ce
dont ils ont besoin sans hésiter un instant, mais
si pour une raison quelconque, il sent qu’ils ont
offensé sa famille, sa colère sera terrible.
 le désert d’éRIA
La plupart des voyageurs du désert ne com-
prennent pas tout à fait cette façon de se
comporter, mais si l’on veut survivre plus de
quelques jours parmi les Uridimmu, il est im-
portant de ne pas oublier certains détails. Par
exemple, il ne faut jamais refuser le don d’un
Badawi ou faire un commentaire critique sur
l’un de ses biens.
Les philosophes Akkadiens ne peuvent s’empê-
cher de comparer le fort concept d’honneur des
Uridimmu à celui des Cimmériens. Ils postulent
que l’obsession des deux peuples ne peut pas
être due à une coïncidence et que ce sentiment
est indissolublement lié à la barbarie et la sau-
vagerie. L’honneur ne peut donc être qu’un
concept dépassé et primitif, qu’il convient d’ou-
blier si l’on veut vivre comme des êtres civilisés.
LES ALRWH ALHARSH ET
LES DIEUX MORTS
Chaque dirigeant a besoin de conseillers et les
Shayh ne font pas exception. Dans les tribus
Uridimmu, cette fonction est remplie par les
Alrwh Alharsh, qui se trouvent à mi-chemin
entre sorciers et sages. Chuchotant constam-
ment à l’oreille des puissants à l’intérieur des
tribus Badawi, beaucoup pensent que ce sont
les Alrwh Alharsh qui exercent une véritable
domination sur leur tribu.
Le fait est que leurs vastes connaissances sur
le monde surnaturel leur donnent accès à un
éventail de capacités que les autres Badawi ne
peuvent pas atteindre ou entrevoir.
Les Badawi croient que dans le monde vivent
non seulement des êtres entièrement maté-
riels, mais aussi des esprits, appelés Djinns, re-
flets d’une réalité parallèle à celle dans laquelle
vivent les créatures de chair et de sang.
Ce qui donne aux Alrwh Alharsh leur véritable
pouvoir, c’est leur capacité à faire des pactes
avec ces êtres. Ils parviennent à lier les Djinns
à leur volonté et à les employer pour atteindre
leurs objectifs, obtenant ainsi un puissant gar-
dien ou un sage conseiller.
Mais, comme on pouvait s’y attendre, les
Djinns ne servent pas un maitre mortel sans
223
rien obtenir en retour, donc pour obtenir
l’obéissance de ces puissants esprits, les Alrwh
Alharsh doivent faire le sacrifice approprié.
Une personne étrangère à ce cercle de sages
n’est pas consciente de ce en quoi consiste
exactement ce prix que les sorciers doivent
payer, mais si l’on tient compte des rumeurs,
cela a probablement quelque chose à voir avec
la force vitale ou même le sang lui-même.
Quoi qu’il en soit, pratiquement tous les Alrwh
Alharsh sont des Uridimmu au physique faible
et d’aspect vieux et fatigué. Ils marchent en
s’aidant d’un bâton et semblent être toujours
être sur le point de tomber. Mais il est curieux
de constater que malgré leur fragilité appa-
rente, les Alrwh Alharsh ont généralement une
longue vie et qu’en cas de besoin, ils peuvent
montrer une force et une volonté impression-
nantes pour un corps aussi détérioré.
Les Alrwh Alharsh ne sont en aucun cas des
prêtres. En fait, les Badawi n’ont dans leur so-
ciété aucune classe sacerdotale et ils n’en ont
pas besoin.
Selon les traditions des nomades, il fut un
temps lointain où les Uridimmu dominaient
un empire puissant, dix fois plus grand que les
domaines actuels de Sargon. Ils vivaient dans
de belles cités et jouissaient du luxe et du bien-
être. Mais quelque chose s’est passé et cette
puissante nation s’est effondrée, se retrouvant
engloutie par les sables du désert. Les lé-
gendes ne disent pas pourquoi ou comment ce
cataclysme s’est produit, mais elles précisent
qu’avec l’empire des Badawi, leurs dieux ont
également péri.
Les noms de chacun d’eux ont été perdus dans
les brumes du temps et les Uridimmu ne se
souviennent que de la façon dont ils se réfé-
raient au panthéon dans son ensemble  : les
Rejal Alhejr, le Peuple de Pierre.
Aujourd’hui, les Badawi ne vénèrent aucun
dieu, mais dans le cœur de tout nomade,
il y a un endroit spécial pour le Soleil, qu’ils
appellent Shams, et la Lune, qu’ils appellent
Ta’lab. Ils ne les considèrent pas comme des
êtres divins, comme le font les Akkadiens et
autrefois les Sumériens, mais ils leur accordent
224 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
deux dons indispensables à la vie : à Shams, la
justice, et à Ta’lab, la sagesse.
Certains des Uridimmu plus jeunes pensent que
sous les sables du désert se trouve la clé pour
reconstruire leur civilisation perdue et ressusci-
ter les Rejal Alhejr. Mais la plupart des Badawi
pensent que ces idées un peu folles ne sont que
des illusions et des rêves propres à la jeunesse.
Vivre dans le désert est peut-être difficile, mais
les Uridimmu ne peuvent s’empêcher de se
sentir appelés, tôt ou tard, par les sables. Toute
autre aspiration est folle et absurde.
IRAM DES PILIERS
Et pourtant, il y a un mythe qui parle d’une
tribu d’Uridimmu qui a trouvé un autre moyen
de survivre. Ils sont les habitants de la légen-
daire Iram Dat Al’imad, Iram des Piliers. Aussi
connue dans l’Empire comme Ubaru, la cité
des Mille Piliers.
En Akkad et parmi les Badawi, on raconte une
histoire très ancienne, qui remonte à plus d’un
demi-siècle avant la victoire de Sargon. C’est
en soi un fait exceptionnel, car les Uridimmu
sont très réservés avec leurs mythes et leur
culture et il est extrêmement inhabituel qu’une
légende d’origine nomade ait fini par être si
populaire dans l’Empire. Par ailleurs, les Awilu
soutiennent que le mythe a une origine sumé-
rienne et que ce sont les nomades qui se la
sont appropriée. Si la théorie précédente était
peu probable, celle-ci l’est encore moins.
Quelle que soit l’origine de la légende, celle-
ci parle d’un marchand Sumérien qui, perdu
par une froide nuit dans le désert, alors qu’il
transportait une précieuse cargaison à sa des-
tination, supplia Nanna (le nom sumérien de
Sin) de lui donner la sagesse nécessaire pour
trouver son chemin. Ses prières ont trouvé
une réponse et le marchand a vu la lune qui
semblait éclairer un chemin qu’il n’a pas hésité
à suivre avec sa caravane. Au bout de celui-ci
se trouvait la tente d’un nomade Badawi qui,
contraint par ses coutumes, n’avait d’autre
choix que d’accueillir le Sumérien et ses com-
pagnons chez lui. Frustré par la situation,
l’Uridimmu est sorti de sa tente et s’en est allé
prendre l’air pour clarifier ses idées. C’est alors
que, après avoir posé sa vue quelques instants
sur la Lune, sa lueur blafarde lui a transmis le
message lui indiquant ce qu’il devait faire.
Et donc, il a agi. Accompagnés du Sumérien
qu’il avait accueilli dans sa tente, l’un avec
sa famille et l’autre avec sa caravane, ils ont
voyagé ensemble vers l’ouest et le sud. Là, ils
ont trouvé une montagne, solitaire au milieu
du désert, d’où émergeait de l’eau et sur les
pentes de laquelle poussaient toutes sortes
de plantes. Ils avaient trouvé le royaume que
la Lune elle-même, Nanna pour l’un et Ta’lab
pour l’autre, leur avait réservé. Ils y fondèrent
la cité d’Iram, où Sumériens et Badawi y vivent
depuis ce jour en paix et en harmonie.
Ou du moins c’est ce que dit la légende,
comme aucun voyageur n’a jamais été en me-
sure de trouver cette cité mythique. Ou, si c’est
le cas, il n’est pas revenu pour le raconter. On
dit que les voyageurs y apparaissent comme
un mirage. On parle aussi d’un sommet fan-
tomatique qui émerge, imposant, là où il n’y
avait rien auparavant. Un pic qui semble de
plus en plus lointain lorsque l’on tente de s’en
approcher.
Le mythe dit aussi qu’il est impossible d’accé-
der à Iram, dont les portes ont été fermées il y
a plusieurs siècles, quand le monde a commen-
cé à sombrer dans le chaos et la corruption,
quand les Sumériens ont commencé à adorer
les dieux obscurs. Selon la légende, Iram pos-
sède un objet puissant, le Dictionnaire ; une
immense bibliothèque composée de milliers de
tablettes sur lesquelles se trouve le vrai nom
de tout ce qui existe. Telle était la précieuse
cargaison que le marchand sumérien transpor-
tait à destination lorsqu’il s’est trompé de cap.
Si c’était le mythe vrai, ce serait probable-
ment ce pouvoir qui permettrait aux habitants
d’Iram de s’isoler du monde. Ils sont enfermés
dans une cité dont ils ne veulent pas sortir,
contemplant comment, au-delà de leurs piliers,
le monde est progressivement détruit pendant
qu’ils sont protégés.
Mais pourront-ils rester ainsi éternellement ?
 phénicie 225

PHÉNICIE Personne ne sait avec certitude ce qu’ils en

Les Phéniciens sont l’un des peuples les plus
mystérieux de Kishar, enveloppés de légendes
et de superstitions. Il n’y a que deux choses
à leur sujet sur lesquelles la plupart des gens
sont d’accord : ils viennent d’au-delà de l’Éria, le
grand désert de l’Ouest, et ils sont d’excellents
artisans. C’est cette dernière caractéristique qui
est la plus intéressante pour les Akkadiens.
Bien que les Phéniciens maitrisent un grand
nombre de disciplines, ils mettent particulière-
ment en évidence leur orfèvrerie, d’une qualité
inégalée et possédant souvent des propriétés
mystiques. Ils sont également capables de tra-
vailler le fer, un matériau qui pose de nombreux
problèmes aux forgerons de l’Empire. Ainsi, il est
d’usage que les quelques roches de ce matériau
qui pleuvent des cieux finissent par être travail-
lées par les mains d’un artisan de cette race.
font, même s’il existe diverses théories. Les
Phéniciens sont souvent accompagnés de
Mushkenu armés comme escorte, qui sont su-
rement les seuls à pouvoir révéler la vérité sur
leurs maitres. Malheureusement, ces gardes ne
pourraient rien dire, même s’ils le voulaient ;
leurs lèvres sont cousues avec du fil d’or, au lieu
de leurs oreilles se trouvent des cicatrices et
leurs regards semblent plus se diriger sur l’infini
que sur ce qui se passe en face d’eux.
Et, comme si cela ne suffisait pas à nourrir les
histoires les plus étranges, il faut ajouter qu’une
femme Phénicienne n’a jamais été aperçue. De
même, aucun de ces êtres n’a jamais été vu
brandissant une arme.

Ceux qui ont vu un Phénicien ne l’oublient jamais.

De grande taille, presque autant qu’un Wardu,
mais beaucoup plus minces, ils se déplacent
avec grâce et élégance, trainant les pieds
doucement. Leurs corps sont recouverts de
robes d’un violet intense et leurs visages sont
étranges : sans oreilles, bouche, nez ou cheveux,
seuls leurs grands yeux bulbeux et jaunâtres
contrastent avec le bleu de leur peau ridée.

Mais si quelque chose marque pour la vie ceux

qui ont été en relation avec un Phénicien est
leur façon de communiquer. Ils ne possèdent
ni gorge ni oreilles, de sorte qu’ils ne peuvent
pas articuler de mots, mais leur regard intense
semble pénétrer profondément dans l’esprit et
révéler tous leurs secrets. Et plus encore, tous
ceux qui ont établi un contact physique avec
l’une de ces créatures ont prétendu entendre
directement dans leur tête les pensées et la vo-
lonté du Phénicien lui-même.

Les quelques Phéniciens vus dans l’Empire d’Ak-

kad recherchent des marchands à qui vendre
leurs marchandises composées de bijoux de
grande valeur, d’objets délicats et de tissus vio-
lets, une teinte brillante qu’eux seuls savent ob-
tenir. Comme paiement, ils exigent toujours la
même chose : des esclaves Mushkenu, en grand
nombre. Ils n’acceptent rien d’autre.
226 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
LES PHÉNICIENS ET MARI
Bien qu’Assur conserve le monopole de la plu-
part des interactions commerciales, il y a une
cité qui ose y faire face : Mari. Bien que ce ne
soit pas parce que ses marchands sont particu-
lièrement habiles ou que la cité a une tradition
commerciale particulière. Bien au contraire,
puisque Mari est connue pour son refus de trai-
ter avec des nomades Uridimmu ou des bandits
des sables, avec qui les Assur n’auraient norma-
lement aucun scrupule à commercer.
Mais Mari a une caractéristique unique, car
c’est la cité qui se trouve le plus à l’ouest de
tout l’Empire. Sa situation de colonie fronta-
lière, cause de nombreux malheurs, est deve-
nue il y a onze siècles le secret de la richesse
de la cité. C’est alors que le premier envoyé
Phénicien à Akkad a frappé à ses portes.
Depuis lors, pratiquement tous les Phéniciens
qui arrivent à l’Empire ont Mari comme premier
arrêt sur leur voyage. Là, ils y sont accueillis
avec un tel empressement que les gardes aux
portes de la cité ont l’ordre de donner la prio-
rité absolue à tout Phénicien qui s’approche de
leur poste de garde, au-dessus de tout autre
voyageur, qu’il soit mendiant ou Ensi.
Tout se passe si bien que la plupart des
Phéniciens ne voient aucune raison de pour-
suivre leur voyage au-delà de Mari. La plupart
échangent leurs marchandises dans la cité
et ceux qui choisissent de ne pas le faire font
encore souvent appel à des marchands locaux
pour organiser leurs expéditions vers d’autres
cités.
Quelle que soit l’entreprise qu’un Phénicien a
à l’esprit quand il arrive dans l’Empire, il est
certain que quelqu’un de Mari y participera.
LA ROUTE DES ESCLAVES
À Mari, il est courant de voir d’immenses
caravanes d’esclaves partir de la cité pour la
mystérieuse patrie des Phéniciens. C’est un
spectacle effrayant, non seulement pour le
nombre démesuré de Mushkenu dont elles
sont généralement composées, mais aussi
pour la manière lamentable et apathique dont
les esclaves qui les composent avancent vers
leur nouvelle destination.
C’est une procession sombre, qui contraste
brutalement avec les rassemblements chao-
tiques et confus qui caractérisent la traite des
esclaves dans l’Empire. Personne ne tente
de s’échapper, de se rebeller ou de fuir. Les
malheureux Mushkenu avancent comme s’ils
avaient été privés d’énergie et un très petit
nombre de gardes sourds-muets suffisent à
contrôler une masse humaine qui nécessiterait
normalement toute une armée.
Pourtant, cette attitude ne dure pas éternelle-
ment. Après une longue traversée du désert,
généralement interrompue par une brève
escale dans l’oasis de Tadmor, les esclaves
se tiennent devant les portes de la Phénicie.
Cette cité, si elle est toujours la même, n’a
pas de nom, ou du moins les Phéniciens ne le
partagent pas. Très peu de privilégiés ont été
accueillis entre ses murs et les rares ambas-
sadeurs qui y ont passé du temps la décrivent
avec un mélange de peur et d’admiration.
LA CITÉ DU SILENCE
Ces envoyés parlent de bâtiments sculptés
dans le marbre et l’or, ainsi que de navires à
voiles vaporeuses, sculptés à partir des cèdres
qui abondent dans la région. Les navires ar-
rivent au port chargés de richesses indicibles,
amenés de la mer où se couche le soleil. Mais la
narration de toutes ces merveilles est toujours
précédée d’un seul mot, qui définit la Phénicie
comme aucune autre : silence.
Le silence dans la cité des Phéniciens est tan-
gible, écrasant. Quelque chose d’aussi simple
que de faire un pas est terrifiant, face à la pers-
pective de perturber le calme qui y règne. Non
seulement parce que ni les Phéniciens ni leurs
esclaves n’articulent de paroles et que leurs
mouvements sont doux et calmes, mais aussi
parce que la cité elle-même reste aussi muette.
Le bois ne craque pas, le feu ne grésille pas et
même la brise traverse les rues sans produire
de bruit.
Mais ce calme se brise brusquement quand une
caravane d’esclaves atteint la cité. Et elle le fait
 HATTUSA
toujours de la même manière, car les colonnes
de Mushkenu suivent un chemin bien détermi-
né, qui les mène à leur destination finale.
Leur voyage commence par traverser la Porte
des Murmures, ainsi nommée parce qu’en la
traversant, les esclaves, surpris par ce qu’ils
voient, ne peuvent s’empêcher d’échanger des
remarques noyées d’admiration.
Derrière elle se trouve le Passage des
Lamentations, une longue voie par laquelle
toute échappatoire d’espoir que les pauvres
condamnés nourrissaient disparait. Ils se
rendent enfin compte de la véritable dimension
de ce qui va leur arriver et leur réaction n’est
autre que d’éclater dans des supplications et
des pleurs, lamentations inutiles face à leurs
ravisseurs impérieux.
Enfin, ils arrivent à la Chambre des Hurlements.
Ce bâtiment important, qui ne dispose d’au-
cune ouverture autre qu’une énorme porte en
or à deux battants, est le dernier arrêt de leur
périple. En jetant un coup d’œil à l’intérieur,
le visage des esclaves change soudainement,
montrant une grimace d’horreur qui est sou-
vent accompagnée d’un cri déchirant.
Et après cela, encore une fois, le silence.
Ce qu’il y a dans la Chambre des Hurlements
est quelque chose qu’aucun ambassadeur n’a
été autorisé à voir. Toute tentative d’interroger
les hôtes Phéniciens sur ce qui se passe en elle
est toujours accueillie avec un regard perçant,
qui glace le sang de l’envoyé, lui faisant claire-
ment comprendre qu’il y a des choses à ne pas
demander.
HATTUSA
Au nord-ouest de l’Empire, niché au milieu
des Montagnes Gudabak, aux limites de la
zone dominée par les clans Cimmériens, se
trouve une vallée que les Akkadiens appellent
Hatti. Son emplacement particulier, entouré
d’énormes sommets, la rend perpétuellement
recouverte d’une épaisse couche de nuages
gris, qui déversent continuellement leur pluie
sur la vallée et ne permettent pas au soleil
d’éclairer directement sa surface.
227
Ces amas font non seulement de Hatti un en-
droit humide et sombre, mais aussi violent et
inhospitalier. Sa pluie constante s’accompagne
d’éclairs soudains, qui se succèdent tous les
quelques battements, frappant furieusement
la terre battue qui se trouve sous les nuages.
Ils sont toujours accompagnés de tonnerre
assourdissant, grondant avec une force
incommensurable.
C’est pourquoi la vallée de Hatti reçoit le sur-
nom par lequel elle est communément connue :
Aburrish-Nablu, la Vallée de la Foudre. Un peu
plus qu’une plaine couverte de cendres et de
terre brulée, il est impossible d’y trouver de
la vie végétale et les seuls animaux qui osent
entrer à l’intérieur sont des aigles albinos
aux yeux rouges ardents qui parviennent en
quelque sorte à éviter les impacts des éclairs.
LES PILLARDS GRIS
Compte tenu de ces caractéristiques, il n’est pas
surprenant que Hatti soit un endroit peu inté-
ressant, tant pour les Akkadiens que pour les
Cimmériens. Personne ne commettrait la folie
d’essayer d’établir une colonie en ces lieux. Les
quelques explorateurs qui ont osé entrer dans
la vallée et survécu pour raconter ce qu’ils y ont
vu développent une peur irrationnelle des tem-
pêtes, peur qui les accompagne pour le reste de
leur vie.
Mais cette situation a radicalement changé il y
a un siècle et demi. Tout a commencé lorsque
les villages Cimmériens les plus occidentaux et
un fort impérial situé près de la naissance du
Habur, l’un des premiers affluents du Buranum,
ont commencé à subir les attaques d’étrangers.
Ces mystérieux assaillants semblaient être sous
un premier coup d’œil de simples soldats Awilu
un peu inhabituels et certainement leur taille
et leur carrure correspondaient à celles des
hommes d’Akkad. En fait, les Cimmériens pen-
saient qu’ils recevaient l’attaque d’un nouveau
type de troupe appartenant à Sargon.
Cependant, les soldats impériaux n’ont pas
commis cette erreur. Malgré des similitudes
superficielles, ces êtres étaient des créatures
très différentes des Awilu. En aucun cas ils ne
228 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
pouvaient être des hommes. Leur peau était
d’une couleur étrange, un gris pâle qui semblait
presque blanc et leurs cheveux, bien que noirs,
étaient incroyablement lisses, n’arborant pas les
boucles caractéristiques des Akkadiens.
Les assaillants arboraient une crinière specta-
culaire, tombant jusqu’en bas de leur dos. Leur
taille n’avait rien de remarquable, mais il était
impossible de voir à quoi ils ressemblaient,
car leurs visages étaient cachés derrière des
casques fermés et si serrés que la seule chose
que l’on pourrait voir à travers était une paire
d’yeux rouges comme du sang. Ces casques et
le reste de leur équipement, armes et armures,
étaient forgés dans un métal sombre qui, après
analyse ultérieure, s’est avéré être du fer, le don
des cieux. Comment était-il possible d’armer
complètement non plus un homme, mais tout
un groupe, en utilisant ce matériel si rare ?
Les armes des Pillards Gris (Didallu-Lemnu en
akkadien), comme on les a appelés par la suite,
étaient toujours les mêmes : une paire de petites
dagues, qu’ils lançaient avec beaucoup d’habi-
leté et des épées d’une taille aussi démesurée
qu’on n’en a jamais vu de telles. Les brandir
exigeait les deux mains et les forger aurait été
impossible avec un métal moins résistant que le
fer. Dans l’Empire, les matériaux pour une épée
de telles dimensions exigeraient la fortune d’un
Ensi. Cependant, chaque Pillard en portait une.
 HATTUSA
De plus, si cela ne suffisait pas, ils étaient ac-
compagnés d’esprits du vent, qui semblaient
obéir à leurs ordres, ainsi que d’aigles blancs,
qu’ils utilisaient pour explorer le terrain.
Mais ce qui a fini de terroriser les opposants aux
Pillards Gris n’était pas leurs armes ou leur do-
mination sur les éléments, mais leurs voix, in-
croyablement graves, plus semblables au gron-
dement des roches s’écrasant les unes sur les
autres qu’à ce qu’une gorge humaine ne pouvait
produire. Ils répétaient constamment, encore et
encore, le même cri : Nahi, Genu, Labarna !
LA VOLONTÉ D’UN SCRIBE
Il est vite devenu évident que les Pillards Gris
n’étaient pas une menace qui pourrait être
prise à la légère et l’armée impériale a alors
considérablement augmenté ses effectifs dans
la région. Plusieurs patrouilles ont également
été chargées de suivre les envahisseurs jusqu’à
leur base d’opérations, afin de savoir d’où ils
venaient.
Malheureusement, aucune patrouille n’a
atteint son objectif, car les Pillards Gris sa-
vaient quand ils étaient espionnés. Ils étaient
capables de prédire les mouvements de leurs
poursuivants avec une précision contre nature,
comme si le vent le leur chuchotait. Une par
une, toutes les patrouilles envoyées à leur
poursuite ont été victimes d’embuscades ou
d’autres agressions.
Mais un scribe et son esclave ont réussi là où
toute une armée a échoué. Nishir-Karrak, un
fonctionnaire Akkadien relativement peu im-
portant qui servait dans l’une des forteresses
frontalières a pris conscience d’un détail im-
portant alors qu’il organisait les rapports remis
par les officiers. En découvrant que les Pillards
Gris employaient des aigles blancs, il se rap-
pela avoir lu quelque chose sur des animaux
similaires sur des tablettes il y a quelques an-
nées. Nishir-Karrak a mis les choses au point
et s’est aventuré à dire que les violents pillards
pourraient venir de Hatti, la légendaire Vallée
de la Foudre.
Après avoir exposé cette théorie à ses supé-
rieurs, le scribe fut qualifié de fou et se vit
229
refuser les ressources qu’il avait demandées
pour faire une expédition à la source de ses
soupçons. Pourtant, Nishir-Karrak n’abandon-
na pas et envoya secrètement un de ses es-
claves, un Mushkenu dont le nom a été perdu,
dans la Vallée de la Foudre avec une mission
très claire : ramener quelque chose qui pour-
rait prouver sa théorie.
LES POIGNARDS
C’est ainsi qu’est parti l’esclave loyal qui, après
avoir bravé de nombreux dangers, réussit à at-
teindre la vallée perdue. Il y a des siècles déjà
que personne d’Akkad ne l’avait atteinte et ce
qu’il y trouva s’avéra très différent des des-
criptions contenues dans les anciens volumes
relatifs à la région.
Oui, l’Aburrish-Nablu était toujours à la hau-
teur de son nom, étant recouverte d’une
épaisse couche de nuages d’où émergeaient
constamment des éclairs brillants. Mais cette
force de la nature avait été apprivoisée  : dis-
persées le long de la vallée, séparées quelques
centaines de pas les uns des autres, se trou-
vaient d’énormes structures métalliques qui
s’élevaient vers le ciel. Elles ressemblaient à
des poignards plantés dans la terre et après un
examen plus approfondi, l’esclave s’est rendu
compte qu’elles avaient été sculptées pour res-
sembler à cela, en forme de lame et de garde.
Sur ces armes cyclopéennes, qui étaient entiè-
rement construites en fer, frappait sans relâche
la foudre. Mais le plus surprenant, c’est que
les éclairs ne frappaient rien d’autre que ces
monuments que le Mushkenu a baptisé « Les
Poignards  ». On pouvait marcher tranquille-
ment entre ceux-ci sans craindre la fureur de la
tempête. Ce sont des temples qui tenaient les
dieux de la foudre à distance.
Entre eux se trouvaient des champs de culture
et des routes, ces dernières périodiquement vi-
sitées par des caravanes composées de Pillards
Gris. La seule chose qui les différenciait des
assaillants qui attaquaient l’Empire, c’est que
ceux-ci n’étaient pas habillés pour aller à la
guerre. Leurs visages étaient à découvert et
l’esclave a vu qu’ils n’étaient pas très différents
de ceux de ses maitres ou du sien.
230 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
Ces êtres avaient certainement une sorte de
parenté, bien que lointaine, avec les Awilu. Les
soupçons de Nishir-Karrak avaient été confir-
més, mais le fidèle Mushkenu ne pouvait pas
encore revenir. Il avait encore besoin d’une
preuve tangible à offrir à son maitre, au-delà
de son témoignage.
LES MAITRES DU FEU
Ému par ce besoin, l’esclave décida de suivre
furtivement un petit groupe d’individus, char-
gés de lourds sacs et de ce qui semblait être
des pics de mineurs. Sous le couvert d’une nuit
exceptionnellement sombre, car il se trouvait
dans une terre où même la lueur de Sin n’at-
teint pas le sol à travers l’épais manteau de
nuages, le Mushkenu réussit à atteindre les
portes de l’authentique demeure des Pillards
Gris.
Devant lui se trouvaient les spectaculaires
remparts de ce qu’on appellerait Hattusa, la
cité de la vallée de Hatti. Ils n’étaient pas par-
ticulièrement grands, mais leur forme attirait
puissamment l’attention. Ils étaient surmontés
d’arêtes tranchantes forgées dans un fer noir,
qui étaient frappées par la foudre à leurs points
les plus élevés, de la même manière que ce qui
se passait avec les poignards.
Les portes de la cité étaient grandes ouvertes.
Les Pillards Gris n’avaient probablement pas la
crainte de rencontrer des envahisseurs, proté-
gés comme ils l’étaient dans leur vallée secrète.
Ainsi, enveloppé dans l’ombre, l’explorateur
solitaire entra dans Hattusa, suivant les cara-
vaniers. Il les vit s’arrêter à différents endroits,
où ils rencontraient plusieurs personnes à qui
ils livraient le contenu de leurs sacs, le précieux
minerai de fer.
À en juger par leurs outils, il semblait que les
Pillards Gris avaient accompli l’impossible, ar-
rachant des entrailles de la Terre le métal que
les Akkadiens ne pouvaient extraire que des
étoiles tombées des cieux.
Une autre des choses que l’esclave observa,
c’étaient les forgerons eux-mêmes qui, du
moins en apparence, donnaient les ordres à
Hattusa. Avec des gestes brusques de la main
et de courtes phrases dans leur langage gros-
sier, ils commandaient ceux qui les entouraient,
y compris les mineurs qui leur apportaient le
matériel qu’ils façonnaient sur leurs enclumes.
Parmi les bâtiments les plus luxueusement dé-
corés émergeait une épaisse fumée noire, au
son de la rythmique des tambours, signe sans
équivoque que se trouvaient à l’intérieur des
maitres de la forge, des maitres du feu et ceux
qui les entouraient.
C’est dans l’une de ces habitations, où son art
était pratiqué par un forgeron solitaire, âgé et
sans apprentis, que le Mushkenu osa trouver la
preuve dont il avait besoin. Rassemblant tout
le courage dont il pouvait faire preuve, il pro-
fita d’une distraction du propriétaire pour lui
soustraire une petite broche de fer, qui avait
la forme d’un symbole répété encore et encore
dans toute la cité et qui se trouvait aussi sur
les uniformes des pillards : un aigle avec deux
têtes aux ailes tendues.
D’une certaine manière qu’il n’a pas été en
mesure d’expliquer, l’esclave savait à l’époque
ce que signifiait cet animal. Une de leurs têtes,
la sagesse, regardait vers le passé, tandis que
l’autre, l’ordre, regardait vers l’avenir.
L’AIGLE BICÉPHALE
L’esclave ne pouvait plus attendre. Il prit l’amu-
lette en forme d’oiseau et prit la fuite comme
une âme persécutée par un démon, tremblant
à la possibilité que les habitants d’Hattusa
détectent sa présence. La tour pointue qui do-
minait la cité, l’étrange temple d’où émergeait
le cri du vent et l’immense cage à l’intérieur
de laquelle se posaient des aigles aussi grands
qu’un âne devraient être explorés à une autre
occasion.
Trop audacieux avait déjà été le Mushkenu, qui
réussit à revenir aux côtés de son maitre avec
la broche de fer si précieuse. Nishir-Karrak
avait enfin la preuve dont il avait besoin et les
Pillards Gris seraient désormais connus sous le
nom de Hittites, les natifs de Hatti.
Le Peuple de la Foudre.
 Mède
MÈDE
Très peu de chemins permettent de traverser
les Sommets des Tempêtes et ceux qui existent
sont peu connus. Seuls les bandits de la région
et les scribes jaloux qui gardent leurs connais-
sances telles des secrets d’État les connaissent.
L’un d’entre eux, connu sous le nom de Passage
du Silence, est particulièrement dangereux.
Proche de la naissance du Zab, il est étroit et
perfide, entouré de falaises abruptes au som-
met. Le simple fait de connaitre son existence
n’assure pas le succès, mais promet que tous
ceux qui osent le parcourir devront faire face à
de nombreux dangers.
Vous devez être capable d’éviter le regard du
Shalash-Igi, Celui Qui Possède Trois Yeux, du
moins de trouver le moyen de payer le péage que
celui-ci vous demande. Il faut aussi résister à la
tentation de lire les textes sacrés qui se trouvent
sur la paroi rocheuse, écrits dans toutes les lan-
gues qui existaient autrefois et qui existeront
un jour. Il ne faut pas non plus sous-estimer la
plus banale, mais non moins dangereuse, des
menaces qui habitent ce chemin  : le Nid de
Vautours, qui n’ont pas peur des proies vivantes
s’ils ont besoin de nourrir leurs petits.
Et tout cela doit être fait en silence, sans arti-
culer un mot, du début à la fin. On raconte des
histoires de héros qui ont réussi à s’approcher au
plus près de leur destin pour, au dernier moment,
laisser échapper une exclamation. Leur voyage
a connu une fin tragique. Ils ont été emportés
par la montagne, tombant au plus profond de la
gorge, balayés par une avalanche de neige.
Mais si un voyageur parvenait à surmonter ces
difficultés et à traverser les immenses sommets
qui s’étendent à l’est d’Akkad, il aurait le privilège
de contempler la merveilleuse et étrange Mède.
Devant lui s’étendrait un plateau de cristaux
d’obsidienne presque inaccessible qui, vu les
contreforts montagneux, ressemble à une im-
mense mer noire comme la nuit, complètement
immobile, comme si le temps s’était arrêté
autour de lui. Comme la mousse des vagues
dans un véritable océan, les reflets du soleil à la
surface de la roche se distinguent par leur éclat
231
et leur brillance, en provoquant un contraste
frappant avec la masse sombre qui l’entoure.
Celui qui possède une vue aiguisée pourrait
distinguer au milieu de cette surface de petites
masses terrestres d’autres couleurs, grises,
jaunes et rouges, ainsi que des panaches d’une
fumée blanche surgissant avec puissance et se
dissipant dans l’air.
Par ailleurs, il est peu probable qu’un obser-
vateur s’arrête pour admirer ces petits détails,
car sa vue serait naturellement attirée vers les
structures allongées qui dominent, au loin, l’ho-
rizon. Il est difficile de détourner le regard des
Demeures de Cristal presque incroyables, mai-
sons des Middu, mais à cette distance, il n’est
pas encore à portée pour distinguer la magnifi-
cence authentique de leurs prodiges.
LE PLATEAU NOIR
Le Plateau Noir, car tel est le nom donné à cette
terre, ne peut être traversé que de deux façons.
Une fois descendu des montagnes, après avoir
traversé le Passage du Silence, la première
chose à laquelle un voyageur se prépare, c’est à
ce qui ressemble vu d’en haut à une surface plus
ou moins uniforme, le sol se présentant comme
un terrain pratiquement infranchissable. Les
pierres d’obsidienne émergent de la terre elle-
même, jusqu’à une hauteur cinq fois celle d’un
Mushkenu, se tordant et se cassant. Il est rare
de trouver un terrain qui s’étende uniformé-
ment au-delà de quelques pas et pour pouvoir
avancer, il faut continuellement grimper et des-
cendre des rochers si pointus qu’ils pourraient
couper la peau.
C’est, en d’autres termes, une véritable forêt de
pierres noires et polies.
Heureusement, il existe des chemins qui tra-
versent le plateau, creusés grossièrement,
mais qui permettent d’avancer à un rythme
acceptable dans un territoire aussi hostile. Par
quelles volontés ces voies auront été ouvertes
est un mystère, mais il y a des chances que ce
soit l’œuvre des Middu eux-mêmes. Cependant,
certains y voient les canaux déjà secs d’un an-
cien système complexe d’irrigation.
232 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
Malgré le confort relatif que ces itinéraires
offrent, les voyageurs qui les parcourent
doivent avancer avec prudence. Tout d’abord,
les tracés de ces sentiers sont complexes et
parfois même labyrinthiques. De plus, l’ab-
sence de repères, exceptée par l’observation
du ciel, les courbes presque imperceptibles et
la multitude d’intersections transforment ces
sentiers en un réseau complexe dans lequel
même l’explorateur le plus aguerri pourrait se
perdre.
Et, même si le voyageur possède l’une des
rares cartes détaillant cet enchevêtrement
compliqué, la simple survie à l’intérieur repré-
sente un défi considérable. Toute personne
disposée à effectuer le long voyage nécessaire
pour atteindre la cité des Middu doit être bien
approvisionnée en eau et en nourriture. L’eau
ne peut être obtenue que par la pluie rare et
faible et trouver de quoi se sustenter est une
tâche presque impossible.
Il est vrai qu’à la base des roches pointues
s’étend, avec plus de force chaque année, un
doux manteau de lichens, dans lequel s’accu-
mule de plus une certaine quantité du précieux
élément liquide. Mais en aucun cas, même à
cause d’une faim insatiable ou d’une soif impla-
cable, il ne faut pas consommer la végétation et
la rare eau qu’elle contient. Sa consommation
induit la folie et seuls les Hommes-Serpents
et les créatures qui rôdent sur le Plateau Noir
sont à l’abri de ses effets.
Ces créatures sont un facteur de danger à
considérer avec sérieux par le voyageur rusé.
Presque invisibles au milieu de la forêt d’ob-
sidienne, elles semblent faites de ce même
matériau et restent pratiquement immobiles
pendant des heures, voire des jours. Essayer
de les distinguer en utilisant la vue est futile
et ce n’est qu’à l’aide de l’ouïe que vous pouvez
repérer leur présence, car elles émettent un
bourdonnement très grave, presque inaudible,
 Mède
pour communiquer les unes avec les autres.
Assoiffées de sang, elles recherchent avec im-
patience des êtres de chair à dévorer, fatiguées
de leur alimentation habituelle. Elles sont
attirées par le battement des cœurs et se ras-
semblent petit à petit, jusqu’à ce qu’elles aient
formé une force imparable que leurs victimes
ne peuvent vaincre. Elles sont de toutes tailles
et elles attaquent généralement en essayant
de prendre leurs victimes au dépourvu, alors
qu’elles dorment ou se reposent.
Elles abondent particulièrement sous terre,
dans les grottes et les passages accessibles
par des ouvertures étroites dans la roche.
Ce n’est pas une bonne idée de s’engouffrer
dans ces tunnels sombres, mais c’est parfois
indispensable pour survivre, car quelques-uns
contiennent des puits d’eau potable, un trésor
inestimable sur le Plateau Noir.
Certains pensent qu’elles ne sont que des
fragments de pierre animées par une intelli-
gence sinistre, peut-être celle du Plateau Noir
lui-même. Heureusement, on sait qu’il existe
plusieurs façons d’éviter ces créatures. Le plus
simple est probablement d’utiliser l’une de ces
Flutes Silencieuses des Middu qu’ils emploient
pour traverser sans danger cette étendue de
terre. Ce sont des instruments sculptés à
partir de pierre basaltique, qui ne semblent
émettre aucun son lorsque l’on souffle de-
dans. Certaines sont tombées entre les mains
de marchands d’Assur, soit comme un cadeau
des Middu ou parce que leur ancien porteur
a été forcé de «  se séparer  » d’elles. Elles at-
teignent des prix astronomiques parmi ceux
qui connaissent leur véritable utilité.
Une autre façon plus banale d’éviter ces créa-
tures serait de simplement se réfugier dans la
zone de sécurité la plus proche. Ce qui, depuis
les montagnes, ressemble à des taches colo-
rées, ce sont en fait des surfaces exemptes
de pierres noires, sur lesquelles la terre elle-
même semble se déformer  : des trous d’où
émerge un feu blanc aveuglant, des piscines
bouillonnantes de boue brulante ou des lacs de
soufre jaunâtre mouchetés par de minuscules
iles de sable grisâtre. De certains émergent
même des panaches de fumée étouffante ou
des jets d’acide et d’eau bouillante.
233
Ces zones peuvent sembler être des endroits
peu conseillés pour camper et c’est effec-
tivement le cas, mais elles sont néanmoins
préférables à l’attaque de nuit d’une horde de
roches vivantes. De plus, dans certaines zones,
on peut même trouver une végétation plus
traditionnelle, sous forme de champignons ou
d’herbe timide.
Le Plateau Noir est un piège mortel. Mais
aussi un lieu d’une beauté naturelle presque
indescriptible.
LE FLEUVE ARAS
L’autre façon de traverser le Plateau Noir, pro-
bablement la plus facile et surtout bien connue
des seigneurs de Mède. Cette route, beaucoup
plus rapide et beaucoup moins cahoteuse,
consiste à parcourir le fleuve Aras jusqu’à son
embouchure, près des Demeures de Cristal, en
utilisant un bateau.
Cette solution est, comme on pourrait l’imagi-
ner, plus simple à énoncer qu’à exécuter, car il
faut réfléchir à la manière d’amener un bateau
à cet endroit ou, à défaut, de trouver des ma-
tériaux pour le construire. Les quelques arbres
de ce côté-ci des Sommets des Tempêtes
pourraient servir à cette tâche, mais il faut
les abattre et les charger jusqu’à un point du
fleuve situé loin de la source de ce dernier, as-
sez pour que leurs courants rapides puissent
permettre de naviguer en toute sécurité.
Celui qui optera pour cette solution découvrira
que le fleuve Aras ne ressemble à aucun autre.
Pour commencer, son eau se trouve toujours
à une température anormalement chaude et
dans certains tronçons, elle est même bouil-
lonnante, prenant une couleur bleutée très
intense, en plus d’être presque totalement
opaque. Il saute aux yeux que l’eau n’est pas
potable, mais elle ne manque pas de valeur.
Il est dit qu’elle a des propriétés magiques et
qu’elle peut redonner la beauté et rajeunir la
peau de toute personne qui se baigne dedans.
Elle est très cotée dans l’Empire et les nobles
les plus coquets donneraient presque n’im-
porte quoi pour quelques flacons du précieux
liquide avec lequel fabriquer des onguents et
du maquillage.
234 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
Mais plonger directement dans le fleuve n’est
pas une idée intelligente. Certes, son eau gué-
rira la peau du baigneur, mais elle ne lui servira
pas à grand-chose, car elle lui sera très cer-
tainement arrachée des os par les puissantes
mâchoires des poissons qui grouillent sous la
surface.
LES DEMEURES DE CRISTAL
Celui qui est assez courageux ou chanceux pour
traverser le Plateau Noir, que ce soit par voie ter-
restre ou en naviguant, se retrouvera devant les
Demeures de Cristal : la seule colonie de Mède,
le cœur de la patrie des Hommes-Serpents. Son
architecture appartient à un style très différent
de toute construction qu’un œil mortel puisse
contempler. Une myriade de piliers monstrueux
de roche poreuse et grise émerge de la terre,
s’élançant sur des centaines de mètres vers le
ciel. Certains sont allongés, presque comme des
cylindres, tandis que d’autres ont des bases plus
larges et plus irrégulières, qui se rétrécissent
lentement jusqu’à devenir presque aussi fins
que des aiguilles à leur sommet.
Il est impossible d’être sûr qu’ils soient naturels
ou construits par leurs habitants, car leur forme
est trop irrégulière pour avoir été sculptée par
un artiste qui conserverait sa santé mentale,
mais en même temps ils sont distribués avec
un certain sens. On peut percevoir un modèle
sous-jacent dans la distance qui sépare cer-
taines structures des autres, trop constante
pour être l’œuvre de la nature. Il semble plutôt
que les piliers aient été «  plantés  », comme si
leur croissance avait été guidée, tel un arbre
taillé par un jardinier pendant des années.
Ces bâtiments, car telle est leur fonction,
sont reliés entre eux par des ponts qui, avec
leurs nombreuses voutes qui ressemblent à
des fenêtres, donnent à la cité son nom. Les
bâtiments et les ponts sont faits d’un cristal
translucide composé d’autant de couleurs que
l’arc-en-ciel et si poli qu’il est facile de glisser
sur sa surface. Cela ne pose évidemment pas de
problème aux Middu, qui, avec leurs membres
particuliers, ne rencontrent aucune difficulté à
se déplacer rapidement, tant sur les ponts que
dans les nombreux tunnels qui traversent le
cœur des structures.
Ce qui est à l’intérieur des demeures est un se-
cret que les Middu détiennent jalousement et ils
ne laissent personne qui n’appartient pas à leur
race le connaitre. Les esclaves tatoués consti-
tuent une exception. Ce sont des Mushkenu
achetés à des marchands Akkadiens qui se ca-
ractérisent par le fait qu’une grande partie de
leur corps est recouverte de tatouages étranges,
qui semblent se mouvoir de leur propre vo-
lonté. Volonté dont, d’autre part, les esclaves
manquent, qui marchent encore plus au pas
qu’un Mushkenu ne le ferait dans l’Empire.
D’anciens manuscrits affirment qu’au début, les
Hommes-Serpents asservissaient des membres
de toutes les races. Mais en raison de la colère
que cela suscitait chez les Akkadiens et les
Élamites, ils ont rapidement commencé à em-
ployer exclusivement des Mushkenu qu’ils pou-
vaient obtenir grâce à un pacte lucratif à un très
bon prix auprès des marchands d’Assur.
Bien que toutes ces histoires puissent être des
légendes ou des exagérations, le dernier voya-
geur qui ayant réussi à atteindre les contrées
des Middu et à revenir raconter son exploit re-
monte à 1516 après l’ascension de Sargon. Près
de cinq siècles se sont écoulés depuis.
LES MIDDU
Si peu en Akkad ont été en présence d’un
Phénicien, encore moins l’ont été avec un
Middu. Ils sont populairement connus comme
des Hommes-Serpents, en raison de leur
énorme ressemblance physique avec les ophi-
diens, bien qu’ils ne partagent pas réellement la
parenté avec l’une de ces espèces. Ils marchent
debout, comme la plupart des races douées
d’intelligence et leur tête est très similaire à
celle d’un cobra.
Cependant, leur physionomie ne ressemble pas
à celle des autres êtres vivants de Kishar. Leur
langue n’est pas, comme on pouvait s’y attendre,
fourchue, mais allongée et fine. Leurs mâchoires
sont en réalité une extension de leur peau, de
couleur verdâtre, rigide et sillonnée de nom-
breuses vergetures. Bien que certains témoins
affirment qu’ils sont en fait couverts d’écailles,
comme celles d’un reptile, peu de descriptions
parviennent à s’entendre, car beaucoup ne
 jungles du sud
savent pas où leurs vêtements ou armures se
terminent et où leur corps commence.
Mais il y a un trait qui attire l’attention de tous
ceux qui rencontrent un Middu : leurs membres.
Ils ne semblent posséder aucune articulation et
ne finissent pas en mains ou en pieds, mais leur
épaisseur diminue progressivement jusqu’à ce
qu’ils finissent en pointe. Comme un tentacule
malade dépourvu de ventouses ou la queue
d’un animal.
Ils communiquent par des sifflements, difficiles
à imiter par une gorge humaine, bien qu’ils
soient capables de parler un akkadien assez bon
pour être compris, avec un peu d’effort. Ils ont
un don pour les langues, bien qu’il y ait certains
mots qui leur résistent, qui ne semblent pas être
capables d’articuler ou dont ils ne comprennent
pas complètement le sens. Un cas particulière-
ment frappant est celui qui sert à exprimer des
sentiments, positifs et négatifs, tels que « joie »,
« rage » ou « haine ».
On pense que les Middu ne dorment pas, car
aucun n’a jamais été vu en train de le faire.
LES ÉCHANGES
La grande majorité des habitants de l’Empire qui
ont pu rencontrer un Middu ne l’ont pas fait en
voyageant dans leur nation éloignée, mais lors
de l’une des rencontres connues sous le nom
d’« échanges ». Une fois tous les six cycles du ca-
lendrier de 19 ans régissant Akkad, c’est-à-dire
une fois tous les 114 ans, un énorme contingent
d’Hommes-Serpents traverse les montagnes et
installe un camp sur les rives du Zab.
Ils viennent chargés de créations fascinantes,
allant du plus banal à l’objet de pouvoir : depuis
les vêtements en soie qui rendent le porteur
vraiment plus beau, les orbes d’un verre si par-
fait qu’ils sont incassables, les encres colorées
impossibles à décrire, les encens qui permettent
à celui qui les inhale de communier avec les
dieux jusqu’aux fruits exotiques qui refusent de
pousser sur le sol d’Akkad.
Là, ils attendent patiemment, pendant un mois,
le mois sans nom où les ombres grandissent,
recevant tous les marchands qui s’arrivent pour
235
traiter avec eux. Ils marchandent sans relâche,
proposant leurs biens en échange d’objets des
plus surprenants. Un Middu peut aussi bien
demander la barbe fraichement rasée d’un roi
que la dague avec laquelle une femme a tué son
mari ou la mie d’un pain préparé à partir de la
dernière récolte de l’année.
Cependant, toutes leurs demandes ne soient
pas si étranges. Ils apprécient également les
marchandises plus traditionnelles, en particu-
lier les esclaves. Ils ont appris des Akkadiens les
avantages que des serviteurs peuvent leur four-
nir et demandent généralement des Mushkenu
et des Wardu en grand nombre. En effet, à
chaque échange, le nombre d’esclaves deman-
dés augmente un peu plus et au cours des trois
dernières rencontres, le nombre de pauvres
diables livrés aux Middu s’élevait à des chiffres
presque astronomiques.
Mais quelque chose d’étrange s’est produit ré-
cemment. Il y a deux ans, le quinzième échange
devait avoir lieu, mais les Hommes-Serpents ne
se sont pas présentés. Pour la première fois en
plus de dix-sept siècles, les Middu ont manqué
leur rendez-vous. Les marchands attendaient,
comme toujours, tout au long du mois, mais
aucun des seigneurs de Mède n’a daigné se
présenter.
De plus, on commence à entendre des rumeurs
selon lesquelles des Hommes-Serpents ont été
aperçus parmi les dunes du désert occidental,
vivant dans des grottes près des maisons des
Cimmériens ou dans les marais du sud.
Quelque chose d’encore plus troublant est évo-
qué : Eahardinnu, un célèbre explorateur Awilu,
prétend avoir traversé le Passage du Silence il y
a seulement six mois et a vu de l’autre côté, par-
courant le Plateau Noir, des cavaliers Mushkenu
sur le dos de puissants chevaux de guerre et
vêtus d’une armure de conception Mède, mais
sans aucun Homme-Serpent les dirigeant.
JUNGLES DU SUD
Akkad a d’excellents explorateurs. Des hommes
capables de traverser le désert le plus aride ou
la montagne la plus haute. Ce sont des individus
célèbres pour leur bravoure, qui se lancent dans
236 AU-DELÀ DE L’EMPIRE
des voyages dont souvent ils ne reviennent pas,
dans le seul but d’élargir les connaissances de
l’Empire sur les terres qui l’entourent.
Ces explorateurs sont aussi des hommes fiers,
qui ne reconnaitront jamais avoir rencontré une
difficulté qu’ils n’ont pas trouvé facile à sur-
monter et ne refuseront jamais d’aller vers une
nouvelle destination exotique. À une exception
près : les Jungles du Sud.
Même avec leur bravoure et leur volonté, ils ne
sont pas capables de surmonter la peur et l’in-
quiétude que cette terre provoque. Et ce n’est
pas pour rien, car il est difficile d’imaginer un
endroit où l’on ne voyage plus, mais où survivre
est la principale difficulté.
Dans les Jungles du Sud, même les concepts
les plus élémentaires de l’orientation, comme
l’interprétation du soleil et des étoiles, servent
à quelque chose.
Pendant la journée, les énormes arbres qui
peuplent cette zone empêchent, avec leurs
branches, le passage de la lumière de Shamash,
s’étiolant à travers des mètres d’épaisseur pour
pouvoir atteindre un point d’où voir clairement
le ciel. La nuit, même cela ne sert à rien, car les
étoiles que l’on peut observer dans le ciel sont
étranges, complètement étrangères à celles
observées dans des zones plus septentrionales.
Certains pensent que cela ne peut être dû qu’à
une chose : en pénétrant dans la jungle, on tra-
verse un portail vers un autre monde.
Mais même si l’on sait où on veut se diriger,
il reste extrêmement difficile de trouver un
moyen de le faire. Trouver des itinéraires réa-
lisables au milieu de cette masse verte est un
défi et les voyageurs finissent par s’habituer
à devoir parcourir dix fois la distance désirée
sur la base de changements de direction, de
virages et de déviations. Il est évident que cela
rend la cartographie très difficile. Les cartes, de
plus, s’avèrent inutiles au bout d’un moment, la
jungle changeant à grande vitesse.
De plus, se perdre dans cet environnement est
fatal, car survivre longtemps est un défi digne
des explorateurs les plus aguerris. La chaleur et
l’humidité affectent non seulement le voyageur,
mais aussi son équipement et sa nourriture,
qui se gâtent en peu de temps. Cela est para-
doxal dans une terre où la vie abonde, mais il
y a plus de chances de mourir de faim dans la
jungle que dans le désert. Beaucoup d’animaux
et de plantes sont toxiques, et vous ne pouvez
jamais être sûr si le fruit délicieux que vous avez
entre vos mains est une délicatesse ou un piège
mortel.
Il faut aussi être très prudent face aux bêtes
de la région, car lorsqu’elles se déplacent pour
chasser, une petite coupure pourrait équivaloir
à signer une condamnation à mort. Même les
plus petites égratignures peuvent facilement
être infectées et c’est dans les jungles que l’on
trouve les plus grandes causes de maladies fa-
tales à l’homme. La fièvre jaune, qui attaque à
la fois le corps et la santé mentale, est parti-
culièrement célèbre. Beaucoup de sorciers ont
essayé de l’apprivoiser pour une utilisation au
sein de l’Empire, en se tournant vers les pauvres
Mushkenu qui ont agi comme des porteurs in-
volontaires de ces esprits, une fois de retour à
la civilisation. Heureusement, il semble que les
esprits qui sont à l’origine de ce type de maladie
ne puissent se manifester que dans des endroits
très humides.
Et bien sûr, oser voyager pendant la saison des
pluies est une véritable folie.
Si tout cela ne suffisait pas, la terre elle-même
semble se rebeller contre ceux qui osent mettre
les pieds dessus, rejetant les innocents civilisés
qui osent s’aventurer là où ils ne devraient pas.
La liste des endroits magnifiques, bien que dan-
gereux, qui se cachent au milieu des Jungles du
Sud est presque infinie  : montagnes crachant
un torrent continu de feu et de cendres, vallées
secrètes entourées de chutes d’eau et de lacs
bleus, plaines d’un sable si fin qu’un homme
serait trainé à l’intérieur de la terre s’il le fou-
lait, des routes de briques rouges brillantes
construites bien avant que les Awilu ne sou-
lèvent Eridu, des temples abandonnés en pierre
dédiés à des dieux déjà morts dont personne ne
se souvient...
Mais ces merveilles que la jungle renferme sont
pour la plupart inaccessibles. Peu d’expéditions
en reviennent et moins encore qui ont réussi.
 jungles du sud 237

HABITANTS HOSTILES De plus, même la flore n’accorde pas de

Une grande partie du blâme pour ces échecs
est le fait des êtres violents originaires de
cette partie de Kishar. Les bêtes qui seraient
autrement considérées comme extrêmement
dangereuses se trouvent loin dans la hiérarchie
animale des Jungles du Sud. Les plus célèbres
sont probablement les Dubkak-Uqupu, de
puissants singes qui remplissent la jungle du
bruit de leurs poings en se frappant la poitrine.
Mais ils ne sont pas les seuls.
trêve au voyageur en difficulté. Des Vénus
Mangeuses d’Homme aux Feuilles Couteaux,
sans oublier les Lianes Étrangleuses.
Il semble impossible d’y trouver un moment de
répit. La meilleure chose à faire avant d’instal-
ler un camp est sans aucun doute de recourir à
l’épée et au feu. Aucun ancien combattant qui
a vécu un certain temps dans la jungle n’ac-
cepterait de dormir à moins de trois pas d’une
plante à l’air suspect.

D’énormes serpents capables de dévorer un Certaines histoires racontent que la chose la

cheval entier, des sangliers recouverts d’une
carapace très dure et dotée d’une seule dé-
fense, des singes aux couleurs vives qui se ba-
lancent entre les branches, d’étranges reptiles
d’une taille incroyable, des crapauds rugueux
qui volent d’arbre en arbre et boivent le sang de
leurs victimes, des poissons qui se nourrissent
de chair arrachée avec leurs dents acérées, ou
des fourmis rouges géantes qui construisent
des réseaux complexes de tunnels souterrains.
Des milliers d’yeux regardent l’explorateur
dans l’obscurité. Il n’est pas étonnant qu’En-
shakushanna, Roi-Sorcier d’Uruk, envoie de
nombreuses expéditions à la recherche d’ani-
maux exotiques pour son Zoo Royal.
plus terrifiante dans les Jungles du Sud n’est
absolument pas l’un de ces êtres, mais quelque
chose de plus horrible. Ce ne sont que des ru-
meurs et toute personne attrapée en train de
chercher subira la colère de la justice impériale,
mais de plus en plus de gens commencent à
croire que ces rumeurs sont vraies.
Ces histoires, que Sargon s’évertue tant à
vouloir interdire, parlent de créatures hor-
ribles et dégénérées. Des Awilu qui auraient
régressé vers un état antérieur, moins évolués
et beaucoup plus sauvages. Autrefois nobles,
ils auraient abandonné leur intelligence pour
se livrer à la plus abjecte des coutumes  : le
cannibalisme.

LA RIVIÈRE ZHARKEBA

L’un des endroits les plus infâmes dans les Jungles du Sud est la rivière Zharkeba. Bien qu’il
s’agisse d’une voie navigable large et généreuse, qui permet l’accès au plus profond des
Jungles du Sud à n’importe quel navire, elle est rarement empruntée.

La faute en revient aux terribles légendes qui l’entourent. On dit que ses eaux, noires et
envasées, n’apportent que le malheur, que sous sa surface se cachent des reptiles venimeux
et qu’à la fin de celle-ci se trouve une cité perdue.

Cette cité, racontent-elles, est peuplée de monstres étranges, qui peuvent devenir des
hyènes ou des hommes. Des êtres malheureux qui étaient autrefois des pirates, mais qui
ont subi la malédiction d’un être dépravé, le dernier d’une race éteinte produite par le croi-
sement entre singes et chauvesouris.

Les histoires racontent également l’histoire d’une pirate célèbre qui, avec son amant, a osé
braver la rivière. Elle l’a payée de sa vie.
238 AU-DELÀ DE L’EMPIRE

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• Babylone est une cité souterraine située dans les Sommets des Tempêtes, derrière la Porte
d’Ishtar.
• Ses habitants sont les Sumériens qui ont fui les armées de Sargon. Ils vénèrent toujours les
Anunnaki, qui marchent parmi eux.
• À Babylone, l’écriture est très appréciée et la parole écrite elle-même a du pouvoir. De nom-
breuses écoles de scribes se font concurrence.
• La loi contenue dans le Code de Hammurapi ne peut être violée sans subir immédiatement la
peine qui y est spécifiée.
• Au nord, dans les Montagnes Gudabak, se trouve la nation de Cimmérie. Les Hommes Libres
qui l’habitent descendent de Mushkenu qui ont fui les armées de Sargon, unis sous la direction
du légendaire Gmirri.
• Chaque Cimmérien est attaché à un totem, qui lui rend visite pour la première fois pendant sa
puberté.
• Les Hommes Libres de Cimmérie sont organisés en clans dirigés par un chaman.
• Dans le sud-est de l’Empire se trouve Élam, une nation d’Awilu qui utilise des armées de morts
pour s’opposer à Sargon.
• Suse est la capitale d’Élam, bien qu’elle soit presque inconnue. Presque aucun Akkadien n’y a
pénétré et elle ne possède même pas de Karum. La terrible réalité est qu’Élam est un peuple
mourant, qui utilise ses défunts comme esclaves.
• Le désert d’Éria, frontière occidentale de l’Empire, est un endroit impitoyable et brutal, mais qui
cache à l’intérieur de nombreuses merveilles.
• C’est là que vivent les tribus de nomades Uridimmu, qui survivent grâce à leurs tentes et à leurs
fidèles dromadaires. Ces tribus sont gouvernées par un Shayh, l’ancien. Ils se distinguent les
uns les autres par la couleur de leur pelage et de leurs vêtements, ainsi que par leurs odeurs.
• Les Mubesha sont les juges des Uridimmu, et leur loi repose sur les concepts de défense de la
famille (Sharaf), d’hospitalité (Difaya) et de courage (Hamasa).
• Les Phéniciens sont une race de marchands sourds-muets qui viennent d’au-delà du désert oc-
cidental. Ce sont de grands artisans capables de forger du fer et de produire un tissu de couleur
violette brillante. Ils n’échangent leurs marchandises que contre des esclaves Mushkenu, bien
qu’on ne sache pas à quelle fin.
• Les Phéniciens sont grands et lents, mais élégants dans leurs mouvements. Leur peau est de
couleur bleue et ils ne possèdent pas d’oreilles, de bouche ou de narines. Ils semblent voir dans
l’âme de celui qu’ils observent.
• Au nord-ouest d’Akkad, au milieu des Montagnes Gudabak, se trouve Hatti, la vallée de la
Foudre.
• De leur intérieur de celle-ci viennent les Pillards Gris, ainsi nommés pour la couleur de leur
peau, qui emploient d’énormes armes en fer et dominent les esprits du vent et les aigles albinos.
• En traversant les Sommets des Tempêtes, au-delà du Passage du Silence et du Plateau Noir, se
trouvent les Demeures de Cristal de Mède.
• Les Middu en sont les habitants, un peuple d’Hommes-Serpents aux membres sans aucune
articulation et à la peau verte et écailleuse.
• Les Middu ont des échanges commerciaux avec Akkad tous les 114 ans. Cependant, ils ne se
sont pas présentés à leur dernier rendez-vous.
• Les Jungles du Sud sont un défi pour tout explorateur. Là, les étoiles sont étranges et s’orienter
est extrêmement compliqué.
UN GRAND POUVOIR

- Rihat, qui a été le plus grand Isshiak Ashur de l’histoire ?

- Il n’y a pas eu un Ensi qui fut supérieur en tout aux autres, jeune Shelmaneser.
- Car je serai le plus grand roi qu’Assur n’ait jamais vu !
- Je suis heureux de vous entendre parler comme ça. Je souhaite vraiment que votre rêve se réalise.
- Et comment puis-je être un bon Ensi, Rihat ? Que dois-je faire pour être le meilleur ?
- Un bon dirigeant est d’abord et avant tout juste et sage, jeune maitre. Il doit être capable de
juger une situation sous tous les angles et se mettre à la place même des plus humbles de ses
serviteurs. Mais vous avez déjà beaucoup entendu parler de nobles seigneurs. Si vous le souhaitez,
je pourrais vous raconter l’histoire du plus méchant et du plus cruel des souverains, qui a apporté
la ruine à son peuple...

Félicitations. Parce que si vous lisez ceci, cela
signifie que vous avez décidé d’assumer le rôle
de meneur de jeu (MJ), ou du moins que vous
envisagez de le faire. Cela peut sembler être
un travail très difficile, mais ça ne l’est pas
autant que vous pourriez l’imaginer au départ.
Vous vous demandez à quel point cela doit être
compliqué de mettre en place une situation et
de vous occuper de tous les PNJ, tout en étant
prêt à réagir à ce qui pourrait arriver. Surtout si
on compare cela aux responsabilités du joueur,
qui se limite à se soucier de son personnage.
Sans aucun doute, endosser le rôle du MJ doit-
il être beaucoup plus difficile que de jouer un
seul PJ, non ?
Et bien non ! Rien ne pourrait être plus éloigné
de la vérité. Endosser le rôle de MJ n’est pas,
par essence, plus difficile. Mais il vous deman-
dera, ne vous laissez pas tromper, plus de tra-
vail et de dévouement. Bien qu’en retour, vous
obtiendrez votre juste récompense. Parce que
si jouer au jeu de rôle est amusant, être MJ
l’est encore plus. Vous le découvrirez dès que
vous aurez tenté l’expérience.
Et en aucun cas, vous ne devez être inquiet ou
nerveux. Ce chapitre est là pour vous aider et
vous y trouverez une série de conseils qui vous
permettront de faire vos premiers pas dans
ce domaine bien particulier qu’est la maitrise
240 UN GRAND POUVOIR
d’une partie de jeu de rôle. Ce chapitre ne va
pas vous apprendre tout ce qu’il y a à savoir
sur la façon d’être MJ et d’ailleurs il ne pré-
tend pas le faire, car vous n’en avez pas besoin.
Nous vous en donnons juste assez pour que
vous puissiez vous lancer et savoir comment
réagir aux situations les plus couramment
rencontrées.
Le reste, vous l’apprendrez avec la pratique.
LE MENEUR DE JEU
Mais avant d’expliquer ce que vous devez faire
pour être un bon meneur de jeu, vous devez
comprendre ce que ce terme signifie, savoir
précisément ce qu’est un meneur de jeu et ce
qu’il n’est pas.
CE QU’UN MENEUR DE JEU EST
Il est difficile d’énumérer tout ce qui entre
dans le champ du meneur de jeu, car c’est
un rôle que l’on ne trouve dans aucun autre
passe-temps en dehors des jeux de rôle. La
définition la plus immédiate du terme est
« celui qui mène le jeu », mais c’est une des-
cription qui reste ambigüe et qui en soi ne dit
pas grand-chose. La vérité est qu’il n’est pas
facile d’expliquer ce qu’est un MJ et la preuve
irréfutable de ce fait est qu’il y a beaucoup de
joueurs de jeux de rôle, avec d’innombrables
heures d’expérience derrière eux, qui ne sont
pas clairs sur ce que c’est d’être exactement
un MJ et quel est son travail. Pour cette rai-
son, que vous soyez un vétéran chevronné ou
un débutant qui vient de découvrir les jeux
de rôle, cela vaut la peine de méditer un peu
sur ce sujet.
Et comme il est difficile, voire impossible, de
donner une définition concrète et précise, la
meilleure façon d’expliquer ce qu’est un MJ est
de le faire à travers les rôles qu’il est amené à
jouer. Parce qu’un MJ est un mélange de beau-
coup de choses, mais trois d’entre elles sont
particulièrement importantes.
Un meneur de jeu est à la fois un hôte, un
arbitre et un joueur. Et pas spécialement
dans cet ordre d’importance. Voyons en quoi
consiste chacune de ces facettes.
Hôte
Un MJ est toujours l’hôte du reste des joueurs.
Dans de nombreux cas, ce sera l’hôte physique
lui-même, car c’est généralement dans sa mai-
son ou dans un endroit qu’il a choisi que les
sessions de jeu ont lieu, mais il ne se limite pas
à cela.
Dans ce cas, « l’hôte » est, pour l’appeler d’une
certaine manière, l’hôte du monde du jeu. Tout
comme le propriétaire d’une maison reçoit les
invités qui viennent le voir, il est poli avec eux,
essayant de les mettre à l’aise et de les faire
se sentir les bienvenus. Il devrait en être de
même pour un MJ avec les autres joueurs. Il
leur ouvre les portes de sa création, la prépare
méticuleusement pour qu’ils y soient à l’aise et
en confiance.
Cela nécessite un engagement des deux côtés.
D’une part, le MJ doit faire tout son possible
pour que tout soit dans le meilleur état dispo-
nible et devra laisser les joueurs libres d’être
à l’aise, pas constamment surveillés. D’autre
part, le reste des joueurs ne doit en aucun cas
trahir cette offre en agissant de manière irres-
ponsable ou en manquant de respect au MJ.
Arbitre
Un MJ est aussi un arbitre impartial. À tel
point que certains jeux de rôle désignent di-
rectement ce joueur comme « l’arbitre ». Mais
qu’est-ce que cela signifie exactement ?
Pendant le jeu, le MJ aura la charge de toutes
les interactions que les personnages ont avec
l’environnement qui les entoure, qu’il s’agisse
d’objets inanimés ou de PNJ. En tant que
tel, vous avez la responsabilité de traiter ces
interactions de manière juste et équitable.
Équitablement, cela signifie que la réponse du
MJ doit toujours être cohérente avec la déci-
sion du joueur. Et de manière équitable, cela
doit toujours être le cas, quel que soit le joueur
qui contrôle le personnage. Il ne peut y avoir
de favoritisme.
En d’autres termes, le MJ doit laisser les
joueurs (et les dés) déterminer le sort de
leurs personnages. Il ne peut pas protéger un
 le meneur de jeu
personnage d’une mauvaise décision prise par
le joueur qui le contrôle ni modifier le résultat
d’une scène parce qu’un joueur a été particu-
lièrement rusé (ou chanceux) et qu’il y a donc
un changement inattendu dans l’aventure ou
dans le monde du jeu.
Joueur
Le plus oublié et le plus important des trois
rôles est peut-être celui de joueur. Beaucoup
de MJ se concentrent tellement sur le plaisir
des autres joueurs et les font apprécier qu’ils fi-
nissent par oublier qu’ils participent également
au jeu. Le MJ a également le droit de s’amuser
pendant les parties et son divertissement est
aussi important que celui des autres joueurs.
Ni plus ni moins important. Égal.
Ainsi, lorsque vous agissez en tant que MJ, ne
soyez pas obsédé par ce que votre groupe de
jeu pensera du jeu que vous dirigez. Détendez-
vous un peu et profitez de la séance.
CE QU’UN MENEUR DE JEU N’EST PAS
Vous savez déjà ce qu’est un MJ, mais vous
devez toujours voir une partie de l’image pour
pouvoir la comprendre pleinement. Il est im-
portant, si vous voulez continuer à diriger pen-
dant de nombreuses années sans tomber dans
la frustration, que vous compreniez ce que les
tâches d’un MJ ne sont pas. Si vous connaissez
bien les limites du rôle que vous avez décidé
de jouer, vous aurez moins de problèmes et
éviterez de tomber dans les erreurs commises
par d’autres avant vous.
Parce que, bien que beaucoup pensent le
contraire, un MJ n’est ni un auteur, ni un ad-
versaire, ni un esclave.
Auteur
Lorsque vous jouez au jeu de rôle, vous n’écri-
vez pas un roman. Vous ne dirigez pas non
plus une pièce de théâtre ou scénarisez une
bande dessinée. Les autres joueurs ne sont
pas là pour jouer un rôle que vous avez déjà
déterminé à l’avance ou pour continuer docile-
ment sur le chemin que vous leur avez balisé.
241
Et d’ailleurs, même si vous vouliez que quelque
chose de tel se produise, ce serait impossible.
Ce point vous semble évident, mais vous seriez
surpris de voir combien de MJ, dont certains
très bons, tombent dans ce piège, même sans
s’en rendre compte. Et, par conséquent, ils
deviennent frustrés. Parfois, un MJ développe
une aventure ou une campagne et y met tel-
lement de passion qu’il imagine déjà ce que
les PJ vont faire et prépare les situations en
conséquence. C’est normal et compréhensible.
Et ce n’est pas nécessairement mauvais.
Ce qui est mauvais, c’est de punir les joueurs
lorsqu’ils s’écartent du chemin balisé ou de
les forcer à le reprendre chaque fois qu’ils
menacent de le faire. De plus, même si vous
pensez le contraire, il est impossible de pré-
dire tout ce que les joueurs voudront faire. À
eux tous, ils rassemblent plusieurs cerveaux et
vous n’en avez qu’un. Sans oublier qu’en plus le
MJ doit contrôler beaucoup plus de variables.
Adversaire
Une autre erreur très courante que certains
MJ font est celle de se sentir comme des ad-
versaires de leurs joueurs. Dans certains jeux
de rôle, ce n’est pas nécessairement mauvais,
cela peut même être souhaitable, mais ce n’est
pas le cas dans La Porte d’Ishtar.
Lorsque vous passez beaucoup de temps à jouer,
en particulier dans de longues campagnes, vous
ne pouvez pas vous empêcher de prendre gout
aux PNJ. Presque comme s’ils étaient MJ ce
que les PJ sont au reste des joueurs. Dans ces
circonstances, vous voudrez peut-être que « vos
personnages  » gagnent, mais vous ne devriez
pas vous laisser emporter par ce sentiment.
Vous ne devez pas non plus aborder les aven-
tures (ou les conflits) comme des compétitions,
dans lesquelles vous devez donner le meilleur
de vous-même, en contrôlant vos ressources
de manière optimale, pour vaincre le reste des
joueurs. Ce jeu ne fonctionne pas comme ça.
En tant que MJ, vous avez un pouvoir absolu
et, si vous le vouliez, vous pourriez éliminer les
personnages en un instant, mais cela ne signi-
fie pas que vous devez le faire.
242 UN GRAND POUVOIR
N’oubliez jamais que vous ne pouvez pas « ga-
gner » contre le reste des joueurs, tout comme
ils ne peuvent pas vous « battre » non plus. À
la fin d’une session, il n’y a jamais de gagnants
ou de perdants.
Esclave
Cette facette est directement liée à celle du
joueur évoquée précédemment. Le MJ n’est pas
un animateur ou un clown dont le devoir est de
garder les autres joueurs heureux et satisfaits.
Surtout si c’est au prix de son propre plaisir.
Un MJ a un certain nombre de responsabilités
qui viennent avec un travail supplémentaire,
mais aucune d’entre elles n’implique qu’il de-
vrait oublier qu’il est aussi un joueur et, en tant
que tel, devrait s’amuser. Ce n’est pas parce
que le genre de plaisir qu’un MJ retire d’un jeu
est différent qu’il peut être oublié. Cela res-
semble à un truisme, mais cela arrive souvent.
Plus d’un MJ s’est tellement soucié de la façon
dont les autres joueurs se comportent qu’il en
est obsédé et leur donne tout ce qu’ils veulent
(ou ce qu’il pense qu’ils veulent). De plus, si le
jeu ne se passe pas aussi bien que prévu, il est
convaincu que c’est de sa faute, concluant que
quelque chose a dû mal tourner.
Ne commettez jamais cette erreur. N’oubliez
pas que vous avez aussi le droit de vous amuser
et que la responsabilité d’un jeu qui se passe
bien incombe à tout le monde. Cependant, n’en
faites pas trop et tenez-vous-en à cette maxime
pour ne pas maltraiter les joueurs ou dépasser
vos fonctions. Vous n’êtes pas un esclave, mais
vous n’êtes pas non plus un adversaire.
L’ENVIRONNEMENT
ET LES JOUEURS
Vous savez déjà ce qu’est un MJ et ce qu’il n’est
pas. Mais avant d’entrer dans les conseils sur la
façon de diriger, vous devez prêter attention à
deux facteurs qui sont normalement négligés,
mais qui sont d’une importance primordiale  :
l’environnement et les joueurs.
À bien des égards, un jeu de rôle est comme un
rendez-vous. Oui, ne faites pas cette tête. Certes,
ils sont similaires sur de nombreux points. Le
premier d’entre eux est l’importance de l’envi-
ronnement. Pour que dans un rendez-vous tout
se passe comme bien, il est très important qu’il
se déroule dans l’endroit le plus approprié. Vous
devez chercher un endroit calme, où il n’y a pas
d’autres personnes qui vous dérangent et vous
interrompent et où, s’il y a de la musique qui
se joue, cette dernière soit appropriée pour le
moment que vous allez passer. Si vous plani-
fiez un diner spécial, vous tiendrez surement
compte du type de nourriture, de la musique et
de l’heure à laquelle il a lieu. Eh bien, avec des
sessions de jeux de rôle, c’est la même chose.
Vous aurez besoin d’un endroit calme sans
trop de bruit, où vous pourrez vous parler sans
avoir à crier. Une table autour de laquelle vous
pouvez tous vous asseoir et vous regarder les
uns les autres sera également appréciée, sur
laquelle poser confortablement les livres et
pouvoir facilement voir le résultat des dés. Il
y a ceux qui préfèrent jouer sur un canapé ou
quelque chose de similaire, mais son confort
est une épée à double tranchant, car les
joueurs peuvent être si à l’aise qu’ils finissent
par se déconcentrer (ou même s’endormir !).
Il faudra également que ce soit un endroit où
il n’y a pas beaucoup de passage de personnes
ou, s’il y en a, où vous n’êtes pas interrompu
fréquemment. Il y a peu de choses qui cassent
plus l’immersion que quelqu’un qui s’approche
de la table de jeu pour demander quelque chose
qui n’a rien à voir avec la session. Ou, pire, de
commencer à discuter avec l’un des joueurs.
Et en parlant de distractions, aussi tentant que
cela puisse paraitre d’utiliser un ordinateur
portable ou un téléphone pour un joueur qui
veut prendre des notes ou vérifier sa feuille de
personnage, essayez autant que possible de
ne pas le faire. Ces appareils offrent de nom-
breuses possibilités et le potentiel de distrac-
tion est très grand. Si quelqu’un doit utiliser un
ordinateur, que ce soit le MJ.
Apportez, si vous le pouvez, de la nourriture
et des boissons ou demandez à l’un de vos
joueurs de l’apporter si vous avez suffisam-
ment confiance en lui. Des aventures passion-
nantes aiguisent votre appétit et il vaut mieux
 l’environnement et les joueurS
que des collations soient déjà sur la table que
d’avoir à les apporter après, perturbant le jeu.
Concernant la musique, il y a des MJ qui pré-
fèrent contrôler en détail ce qui sonne bien
musicalement à chaque moment du jeu, en
préparant une playlist. D’autres veulent simple-
ment avoir quelques pistes sous la main pour
des moments particulièrement excitants ou fré-
quents. Dans les deux cas, essayez d’utiliser des
thèmes peu connus ou les joueurs oublieront ce
qui se passe dans la session et commenceront à
fredonner la musique. Et gardez à l’esprit qu’un
silence au bon moment peut avoir autant d’im-
pact que la meilleure des bandes sonores.
Dans les annexes de ce livre, vous avez une
liste de quelques disques et bandes sonores
que vous pouvez utiliser pour donner la bonne
atmosphère à La Porte d’Ishtar. Jetez-y un
coup d’œil et essayez de les écouter.
Bien qu’il y ait aussi des MJ qui se passent com-
plètement de musique, soit parce qu’ils n’ont
pas eu le temps de préparer quelque chose de
convenable, soit simplement parce que cela ne
leur semble pas approprié. C’est toujours une
option valable, mais, dans tous les cas, essayez
qu’il n’y ait pas de musique extérieure au jeu
(surtout si elle est très forte).
Certains de ces conseils semblent relever du
bon sens, mais vous ne devriez pas cesser de
les prendre en compte. Même si vous êtes le
meilleur MJ au monde et que vous avez des
joueurs extrêmement motivés, si vous jouez
dans une pièce bruyante où toutes les deux ou
trois minutes quelqu’un vous interrompt, vous
ne pourrez jamais tenir le rythme correctement.
Mais si l’environnement est important à un ren-
dez-vous, l’autre personne l’est encore plus. Et
dans notre cas, il s’agit des autres joueurs. Tout
comme dans un rendez-vous vous allez essayer
de faire ce que votre compagnon aime et éviter
ce qui le dérange, vous devez suivre la même
philosophie lors d’une session de jeu de rôle.
Bien qu’en réalité cela fonctionne dans les deux
sens. Tout comme vous devez respecter les
gouts des autres joueurs, ils doivent respecter
les vôtres. Mais généralement, la responsabilité
243
retombera plus sur vos épaules que sur les leurs.
Pourquoi ? Eh bien, parce que le MJ a un contrôle
beaucoup plus grand sur la situation fictive du
jeu que les autres joueurs. Ils ne peuvent que
déterminer ce que font leurs personnages, tan-
dis que le MJ domine tout le reste.
Gardez donc à l’esprit les personnalités et les
désirs de vos joueurs et ne les mettez pas dans
des situations dont vous savez qu’elles vont
les mettre mal à l’aise. Ou, si vous le faites,
assurez-vous de leur en parler. Le monde de
La Porte d’Ishtar est un endroit cruel et violent
où de nombreuses situations compliquées ou
désagréables peuvent se produire, surtout si la
sorcellerie entre en jeu. Si cela doit être le cas
dans votre campagne, assurez-vous de le dire
clairement à vos joueurs avant de commencer
ou d’apprendre à les connaitre suffisamment
bien pour savoir qu’ils ne s’en soucieront pas.
De plus, gardez à l’esprit ce que chacun d’eux
aime le plus, ce qu’ils recherchent dans un
jeu de rôle et essayez de leur plaire de temps
en temps. Il y aura des joueurs qui aiment
vaincre leurs ennemis dans des combats dif-
ficiles. Donnez-le leur, faites-les combattre un
adversaire difficile à vaincre. D’autres, cepen-
dant, préfèreront effectuer une interprétation
évocatrice de leur personnage. Laissez-les le
faire, laissez-les déclamer une harangue avec
laquelle motiver les esclaves à la rébellion.
Pour ce faire, vous devrez connaitre votre
groupe de jeu. Il y a ceux qui essaient de classer
les joueurs en plusieurs types communs, plus
ou moins correctement. Mais en fin de compte,
chaque personne est un monde à part entière.
La meilleure chose est que vous ne perdiez pas
trop de temps à essayer de faire correspondre
vos camarades de jeu à des stéréotypes et faites
simplement confiance à ce que vous savez d’eux.
Vous ne réussirez peut-être pas les premières
fois, mais avec le temps, vous le ferez. En fait,
c’est un très bon moyen d’apprendre à connaitre
des facettes de vos amis que vous n’auriez pas
eu l’occasion de voir autrement.
Cependant, il y a une exception à cette règle :
les joueurs qui veulent simplement perturber
les autres, que ce soit contre un autre joueur
en particulier ou l’ensemble du groupe. Cela
244 UN GRAND POUVOIR
semble incroyable qu’il y ait des gens comme
ça, mais ils existent. Et il peut même s’agir de
personnes magnifiques qui se comportent avec
une parfaite normalité en dehors de la partie,
mais une fois qu’elles sont assises à la table
de jeu, elles changent complètement. Il y a de
nombreuses raisons à ce comportement, d’une
rivalité ou d’un problème qui a été réprimé à
une simple ignorance sincère au fait de mal agir.
Si cela arrive, ne tombez pas dans leur piège.
Vous ne devriez pas laisser le jeu souffrir à cause
de ces personnes, donc la première chose à faire
est de leur donner un avertissement. Expliquez-
leur qu’ils gâchent le plaisir des autres avec leur
comportement. La plupart des gens cesseront
de mal se comporter après ce rappel, mais il y
aura ceux qui ne le feront pas. Dans ce cas, la
seule chose que vous pouvez faire est de leur
demander de quitter le groupe de jeu.
Enfin, pour éviter les ennuis, n’oubliez pas que
vous êtes un MJ, pas un psychologue. Si l’un
de vos joueurs a besoin d’aide d’un autre type,
donnez-la lui si vous le souhaitez, mais en tant
qu’ami, pas en tant que MJ.
Les jeux de rôle ont la merveilleuse capacité de
mettre en lumière des aspects de la personna-
lité qui seraient normalement cachés et pour
cette raison, ils exigent de la patience et de la
compréhension, de la part de tout le monde.
CRÉATION DE PERSONNAGE
Il est certain que la première chose que vous
ferez en tant que MJ sera de participer avec le
reste des joueurs à la création de leurs person-
nages. C’est un processus extrêmement impor-
tant et qui dans La Porte d’Ishtar a plus d’étapes
que d’habitude par rapport aux autres jeux. En
fait, la chose la plus simple est que vous occu-
piez complètement la première session.
Ce n’est pas une mauvaise chose, bien au
contraire. C’est un moment du jeu qui peut
finir par être aussi amusant que les points forts
d’une campagne. Ne le voyez pas comme une
tâche ennuyeuse qui doit être faite pour pou-
voir jouer de « vraies » sessions, mais comme
une autre occasion de s’amuser.
Puisqu’en tant que MJ vous ne créez pas les
PJ, votre mission au cours de ce processus de
création sera de servir d’aide et de guide pour
favoriser la création et la libre circulation des
idées. Pour ce faire :
• Expliquez les règles aux joueurs, ainsi
que leur dire quelles options ils ont à leur
disposition.
• Guidez-les à travers les différentes étapes du
processus.
• Encouragez l’échange d’idées entre eux.
• Apportez vos propres idées.
• Écoutez.
Les deux premiers points sont les plus immé-
diats. Vous devrez leur expliquer ce qu’ils sont
censés faire et comment le faire. De plus, vous
devrez marquer les étapes entre les différentes
phases (naissance, enfance et adolescence,
etc.) de la création pour vous assurer que tout
le monde est au même point dans le processus.
Ceci est au cœur de la prochaine de vos res-
ponsabilités, qui est d’encourager l’échange
d’idées. Les règles du jeu exigent déjà que cela
se produise à au moins deux moments (quand
ils doivent impliquer dans leur histoire les per-
sonnages des joueurs à gauche et à droite),
mais, si possible, essayez de ne pas le limiter
uniquement à ces deux occasions.
Lors de l’établissement des relations entre
les personnages, il est important de préciser
que celles établies avec les PJ des joueurs de
gauche et de droite ne sont que le minimum
essentiel. Rien n’empêche un personnage
d’avoir une relation avec un autre qui n’est pas
dans ces positions. De plus, un PJ y gagnera
beaucoup s’il a d’autres relations que les deux
relations obligatoires.
Faites une courte pause à la fin de chaque
phase et demandez à chaque joueur de
 CRéation de personnagE 245

partager avec les autres ce qu’il a décidé
pour son personnage au cours de celle-ci.
Encouragez les joueurs à demander aux autres
ce qu’ils pensent de leurs idées. Demandez-
leur directement quel concept ils ont en tête
pour que les autres puissent l’entendre.
Ici, vous entrez également en jeu, car, bien que
vous ne fassiez pas de PJ, vous pouvez égale-
ment proposer des idées et offrir des possibi-
lités. En fait, vous êtes dans la position idéale
pour le faire, car vous aurez probablement une
meilleure vue d’ensemble de ce qui se passe.
En n’étant pas concentré sur votre propre per-
sonnage, vous pouvez voir les choses sous un
autre angle. L’angle du MJ.
Pour cela, vous pouvez recourir à la méthode
socratique, en posant aux joueurs des ques-
tions sur leurs personnages afin que, lors-
qu’ils sont obligés d’y répondre, ils améliorent
l’image mentale qu’ils ont de leur personnage.
À la fin du processus, vous aurez un groupe
de PJ, probablement très différents des idées
initiales de chaque joueur. C’est là que réside
la beauté de la question  : ils auront été enri-
chis par les commentaires et les opinions des
autres, liés les uns aux autres. Ils formeront
un groupe plus grand que la simple somme de
leurs personnages.
CARACTÈRE, DEVISE ET OBJECTIFS
Ces trois facettes d’un personnage, leurs traits
de caractère, leur devise et leurs objectifs, se-
ront probablement ce dont vous aurez besoin
pour aider le plus les joueurs, surtout s’ils sont
nouveaux. Heureusement, ce seront aussi ces
aspects qui bénéficieront le plus des opinions
des autres. Par conséquent, la meilleure chose
que vous puissiez faire si un joueur est coincé
en pensant à ces facettes de son PJ est la sui-
vante : demandez au reste des joueurs ce qu’ils
pensent qu’ils devraient être.

Et c’est là que le dernier point entre en jeu  :
l’écoute. Faites attention à tout ce que les
autres joueurs disent, à la fois à vous-même
et lorsqu’ils se parlent, soit en répondant à vos
questions, soit en discutant avec le joueur d’à
côté sur la façon de lier leurs deux personnages.
Ce que vous apprenez en écoutant maintenant,
associé aux devises et aux objectifs des PJ qui
émergent à la suite du processus, vous per-
mettra de préparer des aventures adaptées à
votre groupe de jeu. Nous reviendrons sur ce
sujet un peu plus tard.
Voir les choses de l’extérieur est toujours plus
facile, et après avoir expliqué comment un
joueur voit son personnage aux autres, cela
peut l’aider à combler ces lacunes. Le proprié-
taire du futur PJ ne le verra peut-être pas, mais
d’autres seront clairs sur le fait que quelqu’un
avec cette description doit avoir un certain
trait de caractère ou une certaine devise. Et en
ce qui concerne les objectifs, ils peuvent faire
des suggestions, proposer des idées qui se
connectent probablement aussi avec les objec-
tifs du reste des personnages.

PERSONNAGES INCOMPATIBLES

Bien que le système de création de La Porte d’Ishtar fasse de son mieux pour l’éviter, vous
constaterez peut-être que deux joueurs peuvent créer des personnages qui s’avèreront in-
compatibles. Un exemple évident est un esclave en fuite qui veut renverser les Awilu et un
noble qui veut obtenir plus d’esclaves pour sa maison, mais il n’est certainement pas le seul.
Dans ces cas, parlez aux deux joueurs pour parvenir à un accord.

Ils ont deux options : soit au moins l’un d’entre eux change le concept de son personnage,
soit ils passent à autre chose en sachant que leurs personnages seront des antagonistes,
mais qu’il doit toujours y avoir une raison assez puissante pour les garder ensemble. La
première option est la plus facile et certainement la recommandée, mais il est également
vrai que dans le second cas, des situations très intéressantes peuvent se produire si elles
sont traitées avec soin et maturité. La décision vous appartient.
246 UN GRAND POUVOIR
L’objectif à long terme est généralement la
chose la plus difficile à déterminer. Si même avec
de l’aide, il ne parvient pas à trouver quelque
chose d’intéressant, dites au joueur de mettre
tout ce qui lui vient à l’esprit, même s’il n’est pas
entièrement convaincu. Précisez-lui qu’il pourra
toujours le modifier plus tard sans problème.
Les personnages ne sont pas complètement
terminés à la fin du processus de création, mais
continuent de grandir et de changer au cours de
leurs aventures.
Il est possible qu’un PJ ne soit pas très clair sur
ce qu’il recherche dans la vie au début, mais
avec le temps, il le saura avec certitude. Même si
c’est simplement quelque chose comme « Vivre
le quotidien en profitant autant que possible ».
PERSONANAGES ENFANTS OU
ADOLESCENTS
Parfois, des joueurs voudront jouer des per-
sonnages d’âges inhabituels, exceptionnelle-
ment vieux ou jeunes. Dans le premier cas, cela
ne pose pas de problème, car ils seront créés
de la même manière que les autres. On consi-
dèrera simplement que leur phase de maturité
est plus longue. Cependant, si le personnage
est si jeune qu’il est encore un enfant ou un
adolescent, vous devrez modifier légèrement
le processus.
Ce PJ n’aura, bien sûr, pas traversé la phase
de maturité. Pour éviter que ce personnage ne
manque des aspects qui sont définis dans cette
phase (trait de caractère, profession, capacités
de combat et relation avec le PJ du joueur de
gauche), ces aspects doivent être définis pen-
dant la phase de l’enfance et de l’adolescence,
qui doivent être détaillées en conséquence.
Autrement dit, alors que les autres joueurs
précisent la maturité de leurs personnages, le
propriétaire de l’enfant ou de l’adolescent PJ
se chargera de définir plus précisément sa jeu-
nesse. Y compris également en le faisant avec,
comme d’habitude, le PJ du joueur à sa gauche,
qui sera alors déjà un adulte.
La phase du tournant continue de se dévelop-
per, dans le cas, normalement.
CAPACITÉS SPÉCIALES ET DÉFAUTS
Lors de la création du personnage, certains
joueurs auront une idée de leur personnage qui
implique une capacité ou un défaut unique ou
spécial, qu’il soit physique ou psychique. Ces ca-
pacités et défauts peuvent aller des plus banals
(ambidextre, borgne) au presque surnaturel (si-
xième sens, affinité avec les animaux, maudit).
Pour représenter ces aspects, vous n’aurez rien
à faire de spécial, car vous pouvez le faire à
travers les caractéristiques ou les professions
du personnage. Si un PJ est borgne, demandez
au joueur de choisir Perception comme l’un de
ses points faibles. Ou s’il est ambidextre, la
Dextérité sera choisie comme point fort.
Autre exemple : une affinité particulière avec les
animaux pourrait être représentée comme une
profession, soit en lui donnant un nom commun,
comme « dompteur », soit quelque chose de plus
grandiloquent, comme « seigneur des bêtes ».
Vous pouvez également vous passer complè-
tement de représenter ces aspects, surtout s’il
s’agit de défauts. Par exemple, un personnage
borgne (ou même aveugle !) peut encore choisir
la Perception comme point fort, représentant
ainsi que, malgré sa tare, il a surmonté ses dif-
ficultés en utilisant un autre sens ou avec une
formation spéciale.
Il est important d’être clair que pour rendre un
PJ unique, il n’est pas nécessaire de recourir
à autre chose que ce qui est sur sa feuille de
personnage. Leurs caractéristiques, leurs pro-
fessions et leurs capacités de combat peuvent
signifier beaucoup de choses. Tous ces chiffres
sont là pour quelque chose. Pensez à ce que
représente ce 6 en Force ou ce 2 en Charisme.
Est-ce un grand gars ou quelqu’un ayant une
force surnaturelle accordée par un démon  ?
Est-il laid ou est-ce juste qu’il bégaie quand il
devient nerveux  ? Soyez créatif. Utilisez votre
imagination.
JOUER LE TOURNANT
Normalement, la première session de jeu aura
lieu immédiatement après les tournants des
personnages. Cependant, si vous vous sentez
 CRéation de personnagE 247

enclin à le faire, vous pouvez également jouer
le tournant lui-même. C’est une option qui peut
être très amusante. S’il est vrai que cela néces-
site un peu d’improvisation de votre part, ce
n’est en fait pas autant que vous le pensez.
Si vous y avez recours, laissez les personnages
tels qu’ils sont dans leur maturité et, après
avoir joué le tournant, ajoutez ce qui manque
à chaque PJ : le troisième trait de caractère, la
devise et les objectifs. Vous pouvez même attri-
buer des Points d’Expérience à chacun comme
s’il s’agissait d’une session normale si vous vous
sentez généreux. C’est aussi un très bon moyen
de lancer une campagne.
CRÉER DES PERSONNAGES PENDANT
UNE CAMPAGNE
Que ce soit parce qu’un PJ meurt ou qu’un
nouveau joueur rejoint le groupe, vous devrez
parfois créer un nouveau personnage au milieu
d’une campagne en cours.
La naissance, l’enfance et l’adolescence conti-
nuent de fonctionner de la même manière,
jusqu’à présent sans problème. Cependant,
pendant la maturité, le joueur devrait incorpo-
rer le personnage du joueur à sa gauche dans
l’histoire de son PJ, ce qu’il ne devrait plus faire.
Ici, le premier changement se produit. Le joueur
devra continuer à incorporer un autre person-
nage, mais maintenant il pourra choisir lequel,
il n’est pas nécessaire que ce soit celui qui est
assis sur sa gauche. Ce faisant, n’oubliez pas
qu’il n’est pas nécessaire que le PJ choisi soit
au courant de la réunion. Seul le personnage en
cours de création devait l’être.
Le grand changement arrive au tournant.
Maintenant, au lieu de le raconter, vous de-
vrez le jouer, de la même manière qu’indiqué
précédemment. De plus, il n’y a aucune raison
d’incorporer un seul des PJ à ce tournant, mais
vous pouvez inclure tous ceux que vous voulez.
Ce tournant représente la façon dont le nouveau
personnage rencontre et rejoint le groupe de PJ.

Évidemment, il ne sera pas possible d’utiliser le
processus habituel, puisque vous ne créez qu’un
seul personnage, au lieu d’un groupe entier.
Vous devrez apporter quelques petits change-
ments au processus, mais rien de particulière-
ment important.
Pour faciliter les choses, ce nouveau person-
nage pourrait parfaitement être un PNJ qui
existait déjà. Essayez d’accepter cette proposi-
tion si un joueur arrive à vous en convaincre ou
suggérez-la vous-même si vous pensez qu’elle
peut être intéressante.

CAPACITÉS DE COMBAT

Tous les PJ, qu’ils soient de courageux mercenaires ou de délicates princesses, ont les mêmes points
à répartir entre leurs capacités de combat. Certains de vos joueurs peuvent ne pas aimer cela et le
considérer comme « injuste » (surtout s’ils jouent des personnages violents ou martiaux), mais ce n’est
pas le cas. Cela peut même vous sembler étrange. Mais il y a des raisons derrière cela.

La première d’entre elles est le désir d’imiter à la fois la littérature et le cinéma plus aventureux dont
s’abreuve La Porte d’Ishtar. Dans les histoires dont s’inspire ce jeu, quand vient le temps de se battre,
tous les protagonistes (ce que sont les PJ) ont la possibilité de se défendre et de jouer un rôle clé.
Méfiez-vous de cette princesse qui a une capacité presque innée à esquiver, même si elle est basée sur
le trébuchement et porte ensuite un coup de vase sur la tête d’un adversaire distrait.

L’autre raison est qu’un joueur ne devrait pas se sentir pénalisé dans une confrontation pour avoir
poursuivi un certain concept de personnage. Vous devez vous connaitre libre de créer le PJ que vous
voulez sans craindre d’avoir choisi une option « inférieure ».

Donc, si un joueur se plaint, dites-lui d’investir ses PE dans l’amélioration de ses capacités de combat.
De cette façon, il aura l’avantage qu’il voulait tant.
248 UN GRAND POUVOIR
JOUER À LA PORTE D’ISHTAR
Les PJ sont terminés. Les joueurs sont prêts.
Vous avez lu et compris les règles et avez en tête
une aventure qui ravira vos joueurs. Le moment
de vérité arrive, pour commencer à jouer. Mais
avant de commencer, il y a certaines choses
que vous devez savoir. Pas les règles, vous les
connaissez déjà, mais une série de notions de
base et de conseils qui vous permettront de
mieux comprendre le fonctionnement d’une
session de La Porte d’Ishtar.
NOTIONS DE BASE
Vous devez toujours commencer par les bases
et c’est précisément ce que vous trouverez
ci-dessous. Quoi que vous fassiez pendant la
session, quoi qu’il arrive, n’oubliez jamais ces
points fondamentaux. C’est sur eux qu’est basé
le style de jeu de La Porte d’Ishtar, encore plus
que dans les règles elles-mêmes.
Les thèmes
Chaque jeu de rôle a un certain nombre de
thèmes. En d’autres termes : de quoi vont par-
ler les sessions de ce jeu ? C’est important, car
un jeu est conçu pour fonctionner avec certains
thèmes et sans eux, ce ne sera pas aussi bien
que prévu. Heureusement, La Porte d’Ishtar est
un jeu assez large en ce sens, dans lequel s’ins-
crivent des scénarios très variés. Il y a des jeux
beaucoup plus axés sur la modélisation d’un
seul type de session (et seulement cela), mais
il y en a aussi d’autres qui ont été conçus pour
couvrir un plus grand éventail de sujets. Voici
les principaux thèmes de La Porte d’Ishtar :
• Héros passionnés  : les personnages sont
piégés par leurs propres émotions et désirs,
qui les emmènent d’un danger à l’autre.
Leurs croyances sont plus importantes que
leur propre vie et leur détermination est ce
qui leur donne de la valeur. Enfin, les conflits
moraux sont à l’ordre du jour.
• Aventure sans fin : des évènements passion-
nants se produisent encore et encore, met-
tant les personnages sur le fil du rasoir. Il y
a toujours quelque chose qui se dresse entre
eux et l’objet de leurs désirs : le destin semble
conspirer contre eux.
• Exotisme  : Kishar est un monde exotique,
plein de beauté féroce et sensuelle. Derrière
chaque virage de la route se cache une mer-
veille, chaque nouvelle destination est encore
plus percutante que la précédente et ses habi-
tants sont à la fois énigmatiques et attrayants.
• Sorcellerie terrifiante  : les prêtres offrant
des sacrifices à des dieux cruels, les sorciers
qui seraient capables de tout pour atteindre
leurs objectifs et les esprits qui traquent les
hommes ne sont que quelques exemples. Le
surnaturel est partout, mais il est toujours
mystérieux et horrible.
• La barbarie contre la civilisation : le monde
est encore jeune et sauvage. Quelques-uns
se réfugient dans leurs cités et villages, se
réjouissant de leur culture et de leur sécuri-
té, tandis que d’autres résistent à la tempête
d’une vie difficile et en constante évolution.
La barbarie et la civilisation se font face.
Certains sauvages, les autres décadents.
• Esclavage : à Kishar, tout le monde est es-
clave. Certains sont ceux de leurs maitres,
tandis que d’autres sont ceux de leurs pas-
sions ou de leurs responsabilités. L’esclavage
et la lutte contre lui ont fait du monde ce qu’il
est. L’Empire d’Akkad a été créé pour libérer
ses habitants du servage, mais il survit grâce
à l’exploitation de millions de personnes.
Tous ces thèmes n’ont pas toujours à apparaitre,
mais il est certain que, tôt ou tard, la plupart
d’entre eux finiront par se révéler. Maintenant,
vous savez à quoi vous attendre.
Les jets de dés sont sacrés
Le résultat obtenu lors d’un jet de dés est sa-
cré. Ne faites jamais semblant, peu importe ce
qui est en jeu. Même si un personnage meurt à
cause d’un malheureux jet de dés. Même si le
monde change pour toujours à la suite d’un tel
évènement. Résistez à la tentation et ne chan-
gez jamais le résultat obtenu, même si vous
faites le jet en secret.
Parce que, si vous changez le résultat, ce que les
PJ ont réalisé n’aura pas de sens. Ce que vous
jouerez à partir de ce moment-là ne sera qu’un
mensonge. S’il n’y a pas de possibilité d’échec,
la victoire ne vaut rien. Parfois, les choses vont
bien et parfois, elles tournent mal. Les joueurs
 Jouer à la porte d’ISHTAR
disposent d’une multitude de mécanismes pour
éviter les résultats les plus désastreux, comme
utiliser Passion et Détermination ou mettre la
vie de leurs personnages en jeu. Alors, le mo-
ment venu, n’ayez pas peur de laisser un jet de
dés tuer l’un des personnages ou lui arracher ce
qui compte tant pour lui.
Heureusement, l’une des caractéristiques de La
Porte d’Ishtar est que ce seront pratiquement
toujours les autres joueurs et non le MJ, qui
jetteront les dés. En de très rares occasions,
ce dernier jette les dés et seulement lorsqu’il
contrôle des PNJ très importants. Quoi qu’il
en soit, il y a une chance que vous soyez tenté
de changer la difficulté d’un conflit, ce qui est
une autre façon de modifier les résultats. Ne le
faites pas non plus.
Les personnages sont au centre
Cela est déjà évoqué dans les thèmes, mais c’est
tellement important qu’il est nécessaire de le
souligner une fois de plus : les PJ sont les véri-
tables protagonistes du jeu. Tout tourne autour
d’eux et le monde n’est vraiment rien de plus
qu’une scène sur laquelle ils peuvent briller.
Gardez cela à l’esprit lorsque vous jouez à La
Porte d’Ishtar. Rendez le drame et les conflits
moraux constants. Testez les croyances et les
traits de caractère des personnages encore et
encore. Qu’ils soient forcés de choisir entre
deux maux, qu’ils doivent choisir entre sacrifier
ce en quoi ils croient et ceux qu’ils aiment.
Le drame doit être au centre de leur vie. Ils ne
peuvent pas avoir une existence tranquille, mais
sont destinés à avoir des ennuis et à regarder
leurs plans et leurs désirs continuellement at-
taqués. La tragédie doit toujours surgir autour
d’eux, car les choses qui leur sont chères doivent
être mises en danger pour les forcer à agir.
Résumé en une phrase : faites en sorte que ce
qui se passe dans le jeu compte pour les person-
nages. Parce que si cela compte pour les per-
sonnages, cela comptera aussi pour les joueurs
qui les contrôlent. C’est à cela que servent les
objectifs, les traits de caractère et la devise.
Les joueurs ne s’en rendent probablement pas
compte, mais les PJ ne sont rien d’autre qu’un
249
outil qu’ils utilisent pour dire au MJ quel genre
d’aventure ils veulent vivre, quelle histoire ils
veulent raconter.
Les objectifs, à court et long terme, sont une
demande écrite des joueurs : « Ici, je veux que
la campagne et la session se déroulent. » La de-
vise est un guide sur la façon dont vos person-
nages verront le monde. Ce que vous pouvez
mettre en échec pour les intéresser. Les traits
de caractère sont la façon dont ils vont gérer les
conflits et réagir à tout ce qui se passe : un fil
conducteur qui vous indique comment ils vont
réagir.
Utilisez ces outils, consciemment ou incon-
sciemment, pour amener le jeu là où vous vou-
lez qu’il soit.
Le rythme et l’improvisation
Ce type de jeu apporte avec lui un rythme qui lui
est propre, qui ne devrait jamais être trop lent.
Ou, s’il est temporairement ralenti, ne devrait
pas être trop long jusqu’à ce qu’il s’accélère à
nouveau. Cela ne signifie pas que les PJ doivent
constamment courir d’un endroit à un autre,
mais que l’aventure ne doit pas les abandonner.
Et, bien sûr, cela ne signifie pas que vous ne
devriez pas donner aux joueurs le temps ou la
chance de décider. Vous devez simplement em-
pêcher le jeu de stagner. Au début, vous ne serez
pas très clair quand quelque chose de tel arrive-
ra, mais ne vous inquiétez pas, avec le temps,
vous finirez par vous en rendre compte. En fait,
dans ces situations, il vaut mieux échouer que
d’en faire trop, sinon vos joueurs penseront que
vous les poussez. Il est préférable d’attendre un
peu plus longtemps pour augmenter le rythme
que de le faire trop tôt.
La façon de le faire est relativement simple : si
les joueurs, à un moment donné ne semblent
pas décider quoi faire ou semblent prendre les
choses trop calmement, introduisez une com-
plication. Laissez les gardes de l’Ensi enfoncer
la porte pendant que les PJ discutent de leur
plan ou laissez entendre par un cri que cette
noble femme qu’ils étaient censés protéger
est maintenant capturée. Les possibilités sont
infinies.
250 UN GRAND POUVOIR
Votre principal outil pour introduire avec succès
une complication est l’improvisation. D’ailleurs,
l’improvisation est probablement la meilleure
arme sur laquelle un MJ peut compter. Vous
en aurez besoin non seulement pour ce cas
particulier, mais aussi pour savoir comment
réagir aux surprises que les actions des joueurs
apporteront. Parce que peu importe le nombre
d’alternatives que vous avez envisagées, ils pen-
seront à une autre complètement différente.
Vous ne pouvez pas toutes les anticiper, alors
réagissez plutôt face à elles. Et si vous avez du
mal avec l’improvisation, ne vous prenez pas la
tête dans les mains en désespoir de cause. Parce
que la capacité de réagir à la volée, comme
toute autre compétence, peut être entrainée.
Pensez-y : les autres joueurs improvisent conti-
nuellement. Vous leur posez une situation et
ils y répondent. Ils n’ont pas écrit ce qu’ils vont
faire exactement. Eh bien, vous devez faire de
même. La seule différence est que vous avez
plus d’outils qu’eux à votre disposition  : tout
un monde au lieu d’un seul personnage. Ne
paniquez pas et réalisez l’énorme quantité de
ressources que vous avez entre les mains. Cela
semble bien moins compliqué qu’il n’y paraissait
au premier abord, non ?
Détendez-vous et profitez
Cette dernière clé est à la fois la plus simple et
la plus importante de toutes  : se détendre et
profiter. Ne vous inquiétez pas de vous souvenir
des règles en détail : vérifiez quelque chose si
vous en avez besoin. Ne passez pas un mauvais
quart d’heure si à un moment donné l’impro-
visation échoue. Demandez à vos joueurs cinq
minutes et détendez-vous. Ne vous laissez pas
submerger en vous demandant si vous allez le
faire bien ou mal.
Profitez-en. Amusez-vous à jouer, laissez-vous
surprendre par les décisions du reste des
joueurs tout comme ils s’émerveillent du monde
que vous leur montrez. Si le MJ ne s’amuse pas,
personne d’autre ne le fera.
CONFLITS
Les conflits sont à la base des jeux de rôle. S’il n’y
a pas d’adversité, il n’y a pas de jeu et le moment
où elle apparait est quand les choses deviennent
intéressantes. Lorsque nous regardons un film
ou lisons un roman, ce qui nous maintient sur le
fil, ce n’est pas de savoir si le héros va atteindre
ses objectifs (au fond de nous, nous savons déjà
qu’il va le faire), mais les difficultés auxquelles il
sera confronté pour y parvenir.
C’est un conflit  : ces moments où les person-
nages doivent se battre pour ce qui compte pour
eux, d’une manière ou d’une autre. L’accent est
mis ici sur le mot combat, mais pas parce qu’ils
doivent résoudre la situation par le combat,
mais parce qu’ils doivent faire face à un défi
pour y parvenir.
Mais tout ce qu’un personnage fait au quotidien,
aussi difficile soit-il, n’est pas un conflit. Pour
qu’une situation en soit ainsi, elle doit remplir
deux conditions :
• Cela doit être une situation pertinente pour
l’histoire.
• Cela doit être une situation pertinente pour
le personnage.
Si ce n’est pas conforme à ces deux préroga-
tives, il ne s’agit probablement pas d’un conflit
et, par conséquent, ne devrait pas être résolu en
utilisant les règles qui les régissent. Dans ce cas,
il suffit de laisser le PJ réussir automatiquement
(sans jeter de dés) tout ce qu’il essaie de faire.
Vous pouvez trouver cette distinction déroutante,
mais avec un exemple, vous la comprendrez plus
clairement. Imaginez qu’un PJ doive marchander
avec un commerçant pour lui acheter une cer-
taine marchandise. Maintenant, pensez à deux
cas différents. Dans l’un d’eux, la marchandise
est simplement des provisions pour continuer
un voyage, mais dans l’autre, c’est l’antidote à un
poison que le personnage a dans son sang.
Ce sont deux situations complètement diffé-
rentes. La première n’est pas vraiment impor-
tante, car c’est quelque chose que le person-
nage fait depuis des semaines, chaque fois que
sa caravane s’arrête dans une enclave pour faire
des affaires et se ravitailler. L’autre, cependant,
est d’une importance cruciale : si le personnage
n’obtient pas l’antidote au poison, il mourra
dans peu de temps.
 Jouer à la porte d’ISHTAR
La première situation n’est pas un conflit, la se-
conde l’est. Lorsque vous les jouez, en tant que
MJ, vous ne devez pas faire lancer des dés au
joueur pour résoudre la première d’entre elles,
car, comme vous l’avez vu, ce n’est pas vraiment
important. Dites-lui simplement qu’il achète les
provisions et continue le jeu. Mais pendant la
seconde, il n’y a aucun doute, vous devrez ré-
soudre un conflit.
Ainsi, la plupart des actions des personnages
n’auront pas la pertinence nécessaire pour que
vous les considériez comme un conflit et les
résolviez ainsi. Si un joueur veut que son per-
sonnage fasse quelque chose et que ce n’est
pas important, laissez-le réussir et ne vous en
préoccupez pas plus. Surtout si c’est quelque
chose que quelqu’un ayant l’un des métiers de
ce personnage saurait faire. Permettez à un
herboriste de préparer un baume pour le mal de
tête ou à un charpentier de faire un bateau, sans
avoir besoin de dés.
À moins, bien sûr, que mettre fin au mal de tête
d’un noble puisse changer toute la politique
d’une cité ou que ce bateau soit la seule chose
qui leur permette d’échapper à une armée qui
les poursuit.
Choisissez la difficulté
Avant de résoudre un conflit, vous devez en
déterminer la difficulté. Le chapitre Conflits
et Émotions, qui explique ces règles, énumère
également les difficultés, mais ne fournit pas
d’exemples de situations à appliquer à chacune.
Ce n’est pas une erreur, mais une absence dé-
libérée. La raison derrière cela est que la dif-
ficulté ne dépend pas vraiment uniquement de
la difficulté de l’action à effectuer. Cela dépend
aussi en grande partie du drame de l’action, ain-
si que des circonstances qui l’entourent.
Par exemple, escalader exactement le même
mur n’aura pas toujours la même difficulté. Ce
n’est pas la même chose de le faire pour profi-
ter d’une bonne vue (il n’y aurait pas besoin de
jeter les dés), que de voler les œufs d’un oiseau
et d’avoir quelque chose à manger (difficulté
Moyenne) ou de pouvoir s’échapper avec la
tablette qui contient un sort pour détruire un
251
démon qui tuerait des milliers de personnes
(difficulté Difficile).
Plus il y a de drame, plus il y a de tension. Les
joueurs devront recourir à la Passion et à la
Détermination et utiliser les traits de caractère
de manière positive à ce moment-là, en étant
capables de le faire de manière négative dans
d’autres situations où il y a moins d’enjeux.
Cela s’applique également aux conflits entre
les personnages. Mais puisque dans ce cas les
caractéristiques des deux personnages sont
fixes, ce que vous devrez faire est d’appliquer
un bonus à l’un des deux. Si vous ne savez pas
combien ajouter, un +2 conviendra. Il n’est pas
conseillé de donner un bonus de plus de +4, car
ce serait un trop grand avantage.
Traits de caractère
Et si les conflits sont à la base des jeux de rôle, les
traits de caractère et leurs Points de Caractère
sont la base de La Porte d’Ishtar. Ils sont une
partie cruciale du système et les joueurs de-
vraient les utiliser, à la fois positivement et
négativement, chaque fois qu’ils le peuvent. Et
pas seulement parce que le quatrième dé leur
permet de réussir dans les moments qui en ont
le plus besoin, mais à cause de l’économie des
Points de Caractère.
À première vue, cela semble simple : je dépense
un PC, j’ai plus de chances de réussir à un jet
de dés ; je perds à celui-ci, je récupère ce PC.
Mais en plus de cette augmentation et de cette
diminution des Points de Caractère, l’utilisation
des traits de caractère de manière positive et
négative a un autre effet tout aussi important,
voire plus important : récupérer les utilisations
de la Passion et de la Détermination.
Les joueurs ne doivent pas oublier que chaque
fois qu’ils réussissent en utilisant un trait néga-
tif, ils gagnent de la Détermination, et chaque
fois qu’ils échouent en utilisant un trait, ils
gagnent de la Passion. Au fil du temps, vous
verrez que certains joueurs utilisent leurs traits
sans crainte et ont plus souvent plus d’utilisa-
tions de la Passion et de la Détermination que
leurs coéquipiers. Et cela leur donnera un avan-
tage dans le jeu.
252 UN GRAND POUVOIR

POINTS DE CARACTÈRE ET NARRATION

Les règles de La Porte d’Ishtar prévoient qu’un PJ peut gagner ou perdre des PC en utilisant ses traits
de caractère pendant un conflit, mais vous n’avez pas à vous arrêter là.

En tant que MJ, vous pouvez récompenser un joueur qui interprète bien l’un des traits de caractère de
son personnage (en particulier dans les situations où cela lui cause des ennuis) en lui donnant un PC.
Dans le même temps, vous pouvez également supprimer des Points de Caractère d’un PJ si le joueur
« oublie » de faire en sorte que ce personnage agisse en fonction de ses traits, soit pour faire un profit,
soit pour éviter le danger.

Que vous appliquiez ou non cette règle ou à quelle fréquence, dépend de vos propres critères en
tant que MJ et de votre style de maitrise de jeu de rôle, mais il est conseillé de le faire, surtout si les
comportements cités se produisent fréquemment au sein de votre groupe de jeu.

Nous suggérons donc que les joueurs utilisent
leurs traits de caractère, à la fois positivement
et négativement, autant qu’ils le peuvent, pour
leur propre bien. Et on pourrait dire la même
chose de la devise, car elle a autant d’impor-
tance pour les PJ que leurs traits de caractère.
Contrôle narratif
Récompenser les joueurs dont les personnages
s’inspirent de leurs traits de caractère sert à
renforcer le récit. En effet, même si les joueurs,
dans de nombreux cas, ne s’en rendent pas
compte, cette utilisation des traits de caractère
leur permet d’avoir un certain contrôle narratif
de la situation. Ils pourront avoir la capacité
d’influencer l’histoire. Et ils le feront de deux
manières  : en définissant plus précisément à
quoi ressemblent leurs personnages et en ayant
un léger contrôle sur le monde qui les entoure.
que, même si le monde du jeu est de votre
responsabilité en tant que MJ, tous les joueurs
peuvent y contribuer.
De plus, les conflits vous donnent déjà un
énorme pouvoir narratif, ce qui vous donne
la possibilité de canaliser des situations com-
pliquées. Ce pouvoir se trouve dans la façon
dont un conflit raté est résolu. N’oubliez jamais
que lorsqu’un conflit entraine un échec, cela ne
signifie pas que le personnage a échoué, mais
qu’une complication peut survenir.
Introduisez dans l’intrigue les éléments dont
vous avez besoin en utilisant ce mécanisme,
même si vous devez recourir à l’improvisation.
Si vous l’utilisez habilement, vos parties ne blo-
queront pas et, plus important, vous permettrez
aux joueurs d’échouer sans vous faire du souci
pour eux.

La première des deux implique qu’à chaque Échouer est amusant

fois qu’un personnage utilise l’un de ses traits
de caractère, il montre un peu plus de lui-
même, devenant plus réel. La façon dont un
personnage fait face à un conflit nous dit à
quoi il ressemble.
La seconde est plus difficile à voir, mais elle
existe. Souvent, lorsqu’un joueur pense à la fa-
çon dont un trait peut nuire ou bénéficier à son
personnage dans une situation, il change des
détails de l’environnement entourant son PJ,
même si le MJ ne les a pas spécifiés. Si cela se
produit, ne refusez pas au joueur l’utilisation
du trait. Au contraire, encouragez-le. Parce
Tout cela conduit à un concept si important
qu’il mérite sa propre section  : échouer, c’est
fun. Au début, les joueurs (même vous) ne
voudront pas y croire : comment l’échec peut-
il être amusant  ? Mais pensez à vos histoires
préférées, surement celles dont les héros ne
réussissent pas tout ce qu’ils font et qui de
temps en temps font des erreurs. Ils ne sont pas
infaillibles et c’est ce qui les rend intéressants.
Et encore plus quand ils échouent à cause de
leur façon d’être, de leurs défauts. Ou même à
cause de leurs vertus.
 Jouer à la porte d’ISHTAR
Rappelez-vous également qu’un échec dans un
conflit peut entrainer des complications, qui
servent à donner de la couleur à une histoire
et à augmenter le plaisir. Une complication
conduit souvent à plus de défis et les défis sont
presque toujours intéressants.
Compétence du joueur et
compétence du personnage
De nombreuses situations pendant le jeu
seront résolues en utilisant les capacités du
personnage. Comme il est agile, attentif ou
charismatique. Le joueur indiquera ce que son
personnage va faire et le résultat de l’action
sera déterminé par un conflit. Cependant, il y
aura des moments où vous pourrez impliquer
le joueur plus directement dans le jeu, en
testant ses capacités plutôt que celles de son
personnage.
Dans les situations les plus physiques, cela sera
impossible, car vous n’allez pas forcer un joueur
à sauter un puits ou à escalader un mur (bien
qu’il existe un type de jeu, le jeu de rôle gran-
deur nature, dans lequel cela peut se faire), mais
dans le cas des actions mentales, vous pouvez
le faire. Au lieu de laisser un joueur jeter les dés
pour la Perception de son PJ pour rechercher
un objet caché ou l’Ingéniosité pour découvrir
qui a commis le meurtre, demandez au joueur
d’effectuer ces tâches. Demandez-lui où il re-
garde, s’il regarde sous le tapis ou à l’intérieur
du vase. Laissez-le choisir un coupable parmi
les indices qu’il a recueillis.
Utilisez cette méthode lorsque vous le jugez
approprié. Cela servira à améliorer l’immer-
sion des joueurs, à rendre tout un peu plus réel
et à augmenter leur sentiment d’être vraiment
à l’intérieur du jeu.
Tâches impossibles
Parfois, un joueur essaiera de faire en sorte que
son PJ fasse quelque chose de tout simplement
impossible. Cela peut être dû à plusieurs raisons,
comme une impossibilité physique (un être hu-
main ne peut pas sauter un abime de 15 mètres)
ou un manque d’entrainement (un analphabète
ne sait pas lire). Dans ce cas, vous devrez an-
noncer au joueur que ce que son personnage
253
essaie est impossible et qu’il est voué à l’échec,
quel que soit le résultat de son jet.
Juger quand une action est physiquement
impossible est relativement facile, mais il n’est
pas si facile de décider quand les connaissances
d’un PJ ne suffisent pas. Pour ces dernières, la
meilleure chose à faire est de vous baser sur
leurs professions. Si, par exemple, un person-
nage doit reconnaitre parmi plusieurs herbes
laquelle d’entre elles a des propriétés cura-
tives, laissez-le essayer s’il a une profession
connexe, comme herboriste, guérisseur ou
meurtrier (pour sa connaissance des poisons
et des antidotes).
Une autre option, au lieu de désigner une tâche
comme impossible, consiste à attribuer au
conflit associé une difficulté plus élevée que la
normale. De cette façon, vous pouvez prendre
en compte des coups de chance incroyables ou
la main du destin. Peut-être que dans l’exemple
ci-dessus (trouver la bonne herbe), la difficulté
pour quelqu’un qui n’a aucune idée des plantes
pourrait être Quasi impossible (21), mais pas
impossible du tout. Il se pourrait qu’il ait eu une
intuition soudaine sur la plante qu’il recherche.
Cependant, en cas de doute, il est préférable
de laisser les joueurs essayer de mettre leurs
idées en pratique, aussi improbables ou effi-
caces qu’elles puissent paraitre. Ils réagiront
toujours mieux à un échec dicté par un lancer
de dés qu’à un MJ qu’ils perçoivent comme
quelqu’un qui entrave leurs idées.
COMBAT
Le combat est l’un des moments les plus in-
tenses du jeu. Et ce n’est pas pour moins, car
il y a généralement beaucoup en jeu lorsqu’on
y a recours. Sans aller plus loin, l’intégrité phy-
sique des PJ. Le traiter de la bonne manière est
important, et d’autant plus qu’à de nombreuses
reprises, ce sera le point culminant d’une ses-
sion, voire d’une aventure entière.
Escarmouche ou confrontation
La première chose que vous devez décider
lorsque vous faites face à un combat est
de savoir s’il va se développer comme une
254 UN GRAND POUVOIR

escarmouche ou comme une confrontation.
Chacune de ces méthodes de résolution a sa
place et vous devez savoir quand utiliser l’une
ou l’autre.
L’escarmouche est la plus rapide des deux,
elle est résolue en un seul jet et en très peu
de temps, vous serez prêt à passer au reste
de la session. Par conséquent, il est idéal pour
les combats qui ne sont pas d’une importance
particulière en eux-mêmes dans l’intrigue.
La même que pourrait avoir n’importe quel
autre obstacle auquel les personnages ont été
confrontés.
Quelque chose que vous devez toujours garder
à l’esprit est que les PJ ne peuvent jamais être
vaincus dans une escarmouche. Peu importe
combien d’Endurance ils perdent ou à quel
point le combat est difficile, les PJ ne mordront
jamais la poussière dans ce type de combat.
C’est fait exprès. Un combat suffisamment
important pour que les personnages finissent
vaincus ne peut jamais être une escarmouche,
mais doit être modélisé comme une confron-
tation. Les escarmouches servent à épuiser
les ressources des personnages, à les forcer à
perdre de l’Endurance et à ressentir une plus
grande tension. Affaiblissez-les avant l’assaut
du véritable ennemi.
Au début, vous aurez du mal à savoir exacte-
ment quand utiliser une méthode ou une autre,
mais avec le temps, vous finirez par prendre la
tranquillité d’esprit et développer votre propre
rythme. Rappelez-vous les films et les histoires
que vous aimez le plus et réfléchissez aux com-
bats qui sont résolus en quelques secondes de
séquences ou quelques lignes de texte, ainsi
qu’à ceux qui se déroulent avec une multitude
de scènes et de chapitres entiers. Souvent,
c’est le drame d’une situation et non la capacité
des ennemis qui détermine le niveau de détail
à donner à un combat.
En cas de doute, vous pouvez toujours recou-
rir au schéma classique d’utilisation d’escar-
mouches pour les sbires et d’une confrontation
pour le chef des ennemis, mais expérimentez
avec votre groupe et découvrez quel est l’équi-
libre entre les deux types de combats qui vous
satisfait le plus. Selon le type de session de jeu,
l’ambiance générale et qui joue, le bon rapport
entre les escarmouches et les confrontations
sera différent. Vous pouvez même finir par
utiliser l’un des deux presque exclusivement.
Sans aller plus loin, une campagne dans la-
quelle pratiquement tous (ou directement
tous) les combats sont des confrontations sera
empreinte d’une aura de danger et de violence
beaucoup plus grande. C’est à vous de décider.

Car ce sera précisément ce véritable ennemi Raconter un combat

qui sera à l’honneur dans les confrontations,
des combats beaucoup plus détaillés que les
escarmouches. Il y a tellement plus en jeu et
chaque mouvement compte, c’est plein d’exci-
tation. Vous devrez les réserver pour des mo-
ments cruciaux, où non seulement leur longue
durée ne gêne pas, mais où cela est essentiel.
Au début, en effet, vous devrez vous expliquer
tout ce qui se passe : la description de la scène
et ce que font tous les personnages, tant les PJ
que les PNJ. Mais après avoir fait cela pendant
un moment, pendant quelques séances, pro-
posez aux joueurs de raconter eux-mêmes ce

PROFESSIONS DANS LES COMBATS

Vous avez peut-être remarqué que ni les professions ni les caractéristiques ne s’appliquent au combat.
Uniquement les capacités de combat et toute modification apportée par l’équipement ou le style de
combat. Les raisons sont les mêmes que ce que vous pouviez lire il y a quelques pages dans la section
des conseils pour la création de personnages.

Ne vous inquiétez pas pour le joueur qui a choisi Soldat ou Mercenaire comme l’une des professions
pour son personnage, ce sera très utile même s’ils ne s’appliquent pas aux jets de dés pendant les
confrontations. La vie militaire endurcit l’individu et lui donne de nombreuses ressources : de la capa-
cité de transmettre (et de suivre) les ordres efficacement, à la bonne façon d’installer une tente ou de
garder l’équipement prêt. Et cela sans compter les talents moins nobles.
 Jouer à la porte d’ISHTAR
que font leurs personnages. Ils vous regardent
le faire depuis un moment, alors ils sauront
comment le faire.
Quelque chose d’autre que vous pouvez faire et
qui est extrêmement efficace, est de les récom-
penser d’une manière ou d’une autre lorsqu’ils
décrivent ce que font leurs PJ. Si un joueur
raconte une action particulièrement spectacu-
laire, l’une de celles qui laissent bouche bée,
accordez un bonus de +1 au jet de dés. Vous
verrez comment les autres seront impatients
de faire une description impressionnante
quand leur tour viendra. Cela n’échoue jamais.
Mais il y a encore plus que cela, car quand il
s’agit de raconter, une escarmouche n’est pas
la même chose qu’une confrontation, car ils
ont des rythmes différents.
Décrivez les escarmouches à grands traits, en
donnant des impressions générales et en vous
concentrant sur les moments les plus impor-
tants du combat. N’ayez pas peur de faire des
résumés du style « et après un long échange de
coups » ou d’expliquer les choses brièvement
et dynamiquement. Ce sont des combats qui
sont résolus rapidement, vous devrez donc les
raconter à la même vitesse.
Dans les confrontations, cependant, les choses
changent. Il y aura quelques points que vous
devrez prendre en compte. La première
consiste en la description du lieu où le combat
se déroule. Alors que dans les escarmouches,
il n’est pas nécessaire d’entrer dans de nom-
breux détails, car ils n’affectent pas trop leur
déroulement, vous devrez le faire dans les
confrontations.
Pensez que les joueurs devront construire à
la fois leurs décisions et la façon dont ils les
décrivent autour des informations que vous
leur avez transmises. Vous êtes les yeux et les
oreilles des personnages. Ce que vous n’avez
pas décrit n’existe pas.
Cela ne signifie pas que vous devez détailler
chaque centimètre de la zone dans laquelle
vous vous battez, mais vous devez fournir les
informations nécessaires pour donner le meil-
leur aperçu de l’endroit. Les détails peuvent
255
toujours être révélés plus tard, lorsque les
joueurs posent des questions sur un aspect du
lieu ou un objet spécifique.
Dans ce cas, vous pouvez profiter de la créati-
vité du reste des joueurs. Si, lors d’un combat,
un joueur vous pose des questions sur quelque
chose auquel vous n’aviez pas pensé, méditez
quelques instants avant de répondre que cet
objet n’existe pas. Parfois, inclure d’autres élé-
ments auxquels vous n’aviez pas pensé servira
à enrichir les descriptions. Peut-être même à
faire avancer l’histoire.
Un autre aspect des confrontations qui peut
être problématique est le passage du récit à
l’action concrète qui a lieu. Il n’y a pas toujours
de correspondance individuelle et parfois une
description peut correspondre à différents
types d’actions. Ne vous inquiétez pas à ce
sujet et utilisez celle que vous voulez. Le récit
qui dans une confrontation peut correspondre
à Aggraver la position pourrait bien dans le
suivant être Immobiliser, ou même Attaque
implacable. Utilisez simplement l’action qui
vous convient le mieux à un moment donné et
continuez le combat. Et il en va de même pour
le reste des joueurs. Laissez-les choisir l’action
qui les intéresse le plus et qu’ils la décrivent
à leur guise. Sauf dans des situations excep-
tionnelles, cela ne fera pas de mal et rendra le
combat plus amusant.
Une dernière remarque avant de laisser ce
sujet de côté : l’Endurance. L’Endurance n’est
pas « l’intégrité structurelle » d’un personnage,
mais une mesure de sa volonté de combattre.
C’est pourquoi il récupère après une nuit de re-
pos. Cela signifie que vous n’avez pas à décrire
comment un personnage est blessé chaque
fois qu’il perd son Endurance. Cette perte peut
représenter beaucoup de choses, de la fatigue
physique à une chance qui commence à s’épui-
ser. Pour les PJ vraiment blessés, il y a déjà la
condition négative du même nom.
En bref, quand il s’agit de se battre, il est im-
portant de se sentir comme un chorégraphe
des meilleures scènes d’action. Pensez à
quelque chose de spectaculaire et d’excitant.
Il s’agit de raconter des combats dynamiques,
rapides et tendus.
256 UN GRAND POUVOIR

CARTES

L’utilisation ou non d’une carte pendant un combat dépend des gouts de chaque groupe de jeu et des
détails de chaque combat. Certains préfèrent la facilité de visualiser la situation qu’offre une carte,
tandis que d’autres se sentent corsetés lors de son utilisation ou trouvent que le fait de devoir la mettre
à jour à chaque assaut ralentit trop l’action.

Dans La Porte d’Ishtar le mouvement au combat est très libre, ne limitant pas la stratégie d’un combat
à cet aspect. Par conséquent, il est parfaitement possible de jouer sans carte. Mais si vous le voulez,
vous pouvez l’utiliser. Un simple dessin peut aider beaucoup les autres joueurs à comprendre ce qui
se passe et l’utilisation de figurines ou de tuiles donne parfois de la couleur à la scène. Ce n’est tout
simplement pas un must-have.

Essayez les deux méthodes pour voir laquelle vous convainc le plus. C’est à vous de décider.

Faites appel à votre imagination. De cette
façon, vous passerez de simples rencontres
divertissantes à des combats inoubliables.
L’opposition
En tant que MJ, lorsque vous planifiez un com-
bat de type confrontation, vous le faites avec la
difficulté du défi que les personnages devront
affronter à l’esprit. Parfois, vous voudrez un
combat facile et parfois vous opterez pour
quelque chose de plus difficile.
Pour juger grossièrement de la difficulté
qu’aura un combat, prenez en compte à la
fois l’Efficacité au Combat des PNJ et leur
Endurance. Ajoutez l’EC de tous les ennemis
des PJ et comparez-la avec la somme de la
capacité de combat la plus élevée de chaque
PJ, comme dans une escarmouche. Comparez
ensuite l’Endurance des ennemis avec celle des
personnages joueurs. Les deux valeurs vous
aideront à équilibrer le combat. Si les deux
résultats sont supérieurs à ceux des PJ, alors
ils seront en difficulté, tandis que s’ils sont in-
férieurs, le combat sera plus un divertissement
qu’un défi.
Sur ce sujet, un conseil : de temps en temps,
concevez des confrontations que les PJ ont
beaucoup de mal à gagner, voire qui leur sont
impossibles à remporter. Ils ne devraient pas
penser qu’ils peuvent faire le tour du monde en
battant tous ceux qui s’opposent à eux.
Parfois, il sera préférable qu’ils gardent la
bouche fermée et prennent la fuite.
Et, pendant que nous y sommes, n’oubliez pas
de jeter les dés pour vérifier le Moral des ad-
versaires des PJ. C’est un oubli beaucoup plus
courant qu’il n’y parait.

AIDES VISUELLES PENDANT UNE CONFRONTATION

Même si vous décidez de ne pas utiliser de carte pour indiquer où se trouvent les personnages, il
existe d’autres types d’aides visuelles que vous pouvez utiliser pour accélérer les confrontations. Vous
pouvez, par exemple, utiliser des tuiles vertes et rouges pour représenter quand un combattant est
sous les effets des actions Améliorer la position et Aggraver la position, respectivement.

Vous pouvez également imprimer un tableau récapitulatif des actions possibles que les joueurs
peuvent choisir pour plus de facilité ou même utiliser des cartes avec des informations concernant les
actions, les armes ou les styles de combat.

Plus tard, vous trouverez surement d’autres meilleures idées. N’hésitez pas à utiliser toute aide qui
puisse vous faciliter un peu la vie.
 S’AMÉLIORER DE JOUR EN JOUR
Vaincus
Tôt ou tard, le temps viendra où les PJ per-
dront un combat. Cela n’a pas besoin d’être
mauvais, ni même inattendu. Les héros ne
gagnent pas toujours toutes leurs confronta-
tions (même s’ils ont tendance à gagner des
guerres) et parfois ils finiront par mordre la
poussière.
La chose la plus importante en cas de défaite
est que vous devez toujours laisser une porte
ouverte. Une défaite dans laquelle tous les
personnages finissent capturés et exécutés le
lendemain, par exemple, n’est pas amusante.
Pensez à d’autres options, comme être lais-
sés pour mort sur le champ de bataille, être
condamnés comme rameurs dans une galère
ou les faire fuir tout en les regardant perdre ce
pour quoi ils se battaient.
Et s’ils doivent être capturés et exécutés le
lendemain matin, donnez-leur une chance de
s’échapper. Que seule la mort soit le dernier
recours.
LES PJ ET LE SURNATUREL
Dans La Porte d’Ishtar, les forces surnaturelles
se manifestent de nombreuses façons, et les
actions des personnages joueurs ne feront pas
exception. Ce livre vous offre des informations
détaillées sur la façon de gérer l’un d’entre eux,
la sorcellerie, mais vous n’avez pas à limiter vos
excursions dans le terrain le plus mystique aux
rituels et sorts.
En fait, le mystique est si présent dans Kishar
que la plupart des gens interagissent avec lui
à un moment donné de leur vie, bien que de
manière plus subtile. Représenter cela dans le
jeu peut vous sembler compliqué, mais c’est en
fait assez simple.
Tout ce que vous avez à faire est de laisser le
surnaturel travailler pour vous.
Il permet à la divination, à l’alchimie, aux exor-
cismes et aux malédictions d’être réels. Qu’un
PJ avec la profession de Diseur de bonne aven-
ture puisse envisager certains volets du destin
en examinant les organes d’un bœuf et en
257
surmontant le conflit pertinent. Ou qu’un per-
sonnage alchimiste soit capable de préparer
des potions et des onguents ou même de créer
et de modifier la vie s’il possède suffisamment
de pouvoir. Laissez un exorciste essayer de
surmonter un conflit de Volonté contre celle
d’un démon pour le chasser d’un endroit ou
guérir une malédiction. Et le mauvais œil ve-
nant d’une vieille femme pleine d’amertume ne
devrait jamais être ignoré.
Pour ces interactions avec l’obscur, aucune
règle concrète n’est proposée, car elles ne sont
pas nécessaires. Simplement, le MJ détermine
la difficulté de la tâche que le personnage ef-
fectue et laisse les dés décider.
Bien sûr, gardez à l’esprit que les joueurs ne
s’attendront pas (du moins au début) à ce que
ce type d’action ait un effet. Vous ne pouvez
pas les blâmer, parce que ce sont des gens du
XXIe siècle dans un monde où la magie n’existe
pas. Rappelez-leur donc que leurs personnages,
bien qu’ils ne soient pas des sorciers, peuvent
également interagir avec un monde magique et
en profiter pour parvenir à leurs fins.
Tout cela, bien sûr, avec subtilité et retenue.
Aucun PJ ne fera tomber un ennemi d’une crise
cardiaque foudroyante après l’avoir maudit ou
ne guérira une terrible maladie simplement en
priant quelques minutes un dieu. Vous devrez
trouver le bon équilibre. Mais ne vous inquié-
tez pas, ce ne sera pas difficile.
S’AMÉLIORER DE JOUR EN JOUR
Avant de commencer à diriger pour la première
fois, gardez à l’esprit que personne ne nait en
sachant tout. Vous ne serez pas le meilleur MJ
à avoir marché sur la surface de la terre lors
de votre première session, alors ne faites pas
semblant. Le jeu de rôle, comme tout autre art,
dépend dans une certaine mesure du talent
naturel du MJ. Mais, comme tout artiste peut
vous le dire, c’est loin d’être le facteur le plus
important.
La persévérance, la pratique et l’esprit d’amélio-
ration sont ce qui fera de vous un grand MJ. Vos
premières sessions ne seront pas aussi bonnes
258 UN GRAND POUVOIR
que celles qui viendront plus tard, mais elles
auront été nécessaires pour murir en tant que
MJ. Observez-vous ainsi que les autres joueurs
pendant le jeu, apprenez de vos erreurs et dé-
couvrez comment améliorer vos compétences.
Le moment idéal pour ce type de réflexion
est généralement à la fin de chaque séance.
Puisque vous devez parler de ce qui s’est passé
pendant le jeu (pour pouvoir attribuer les PE),
vous pouvez également en profiter pour com-
menter ce que vous avez aimé et ce que vous
n’avez pas aimé. Ce qui s’est bien passé et ce
qui aurait pu aller mieux.
Parallèlement à cela, essayez de trouver un
moyen de diriger avec lequel vous êtes à l’aise
et avec lequel vous pouvez jouer facilement.
Il n’y a pas de raccourcis ici  : vous devrez le
découvrir par vous-même en investissant le
temps nécessaire. Laissez-vous inspirer par
d’autres MJ, mais ne les copiez pas sans réflé-
chir. Les techniques qui fonctionnent très bien
pour un MJ peuvent être irréalisables pour un
autre et vice versa. Trouvez votre propre façon
de diriger le jeu par la pratique, car la seule fa-
çon de vous améliorer en tant que joueur de jeu
de rôle est de jouer au jeu de rôle. Et, encore
une fois, ne vous inquiétez pas si votre style est
différent de celui de quelqu’un d’autre. Chaque
peintre a une façon légèrement différente de
faire les choses qui nous permet de l’identifier,
même s’il appartient à une certaine école et
avec les MJ, exactement la même chose se
produit.
Cependant, bien que vous ne devriez laisser
personne vous forcer à faire les choses d’une
manière qui ne vous convient pas, vous ne
devriez pas non plus fermer les yeux sur les
autres. Essayez de participer en tant que joueur
à autant de sessions que possible, en essayant
tous les jeux qui tombent entre vos mains et
avec tous les MJ que vous trouvez. Observez
comment les autres groupes jouent et recher-
chez des aspects intéressants que vous pouvez
appliquer à votre propre façon de diriger.
Les jeux de rôle sont différents des autres jeux,
car ils vous donnent une énorme liberté quand
il s’agit de les faire vôtres. Ne vous laissez pas
intimider par cette liberté et profitez-en.
Et quand vous commettez une erreur, ne vous
inquiétez pas, car cela finit par nous arriver à
tous. Nous échouons tous de temps en temps,
y compris vos joueurs, et la seule raison pour
laquelle vos erreurs attirent plus l’attention
(du moins c’est ce que vous croyiez) est que
dans chaque jeu, il n’y a qu’un MJ, alors qu’il
y a plusieurs joueurs. N’ayez pas peur de recu-
ler lorsque vous avez fait une erreur et soyez
conscient que vous avez la compréhension de
vos joueurs, qu’une simple erreur ne gâchera
pas une session.
QUAND LES RÈGLES NE SUFFISENT PAS
Les règles de La Porte d’Ishtar sont relative-
ment abstraites, essayant ainsi de couvrir tous
les cas et situations possibles sans être exces-
sivement longues ou complexes. Pourtant, il y
aura des moments où il ne sera pas évident de
savoir comment les appliquer à une situation
donnée. C’est dans ces cas précis où votre rôle
d’arbitre entre le plus en jeu. Vous êtes l’auto-
rité ultime à la table et vous avez le pouvoir de
déterminer comment une situation va être ré-
solue ou comment une règle va être appliquée.
Vous devez suivre votre instinct et utiliser
votre bon sens. Toute décision que vous pren-
drez sera bonne, ne vous inquiétez pas. Il suffit
de prendre une décision aussi rapidement que
possible et de continuer le jeu.
Investissez le moins de temps possible dans ces
questions et ne discutez jamais. Il est important
de se rappeler que les règles du jeu sont un
moyen, jamais une fin. Des exemples de situa-
tions comme celles-ci peuvent être la catégorie
à laquelle appartient une arme donnée, si une
profession est applicable ou non à un conflit et
ce genre de choses. La meilleure option dans
ces cas est, en cas de doute, de pencher en
faveur des PJ. Laissez les joueurs s’en tirer de
temps en temps, joueurs qui devront déjà faire
face à d’autres problèmes plus tard.
LA CAMPAGNE
Comme vous l’avez lu dans le premier chapitre,
vous pourrez jouer à la fois à des scénarios
autonomes et à des campagnes, bien que La
Porte d’Ishtar ait été créé avec ce dernier style
de jeu à l’esprit.
 LA CAMPAGNE
Une campagne est composée d’une série
d’aventures, qui pourraient être définies
comme un ensemble de sessions avec une
histoire commune relativement autonome
qui, bien que liées à l’intrigue globale de la
campagne, ont leurs propres détails et ont un
début et une fin clairs. Une façon plus facile de
le comprendre est d’imaginer une campagne
comme une série télévisée où les aventures
sont chacun des épisodes qui la composent.
Certaines aventures (épisodes) seront plus
axées sur le thème principal de la campagne,
tandis que d’autres développeront des his-
toires complémentaires.
L’objectif de cette section est d’expliquer com-
ment construire et maintenir une campagne,
sans prêter attention aux aventures qui la
composent. Plus loin dans ce chapitre, vous
trouverez une autre section qui les traite.
BAC À SABLE ET LINÉAIRES/SEMI-LINÉAIRES
Avant d’entrer dans les détails sur la façon de
mener une campagne, vous devez comprendre
quelques concepts. Dans les jeux de rôle, il y a
traditionnellement eu deux écoles de pensée
en matière de réalisation : le bac à sable et les
scénarios linéaires ou semi-linéaires. Ce sont
des idées diamétralement opposées et pour-
raient être considérées comme les deux ex-
trémités d’une ligne. Un style de jeu peut être
situé directement à l’une de ces extrémités ou
être à un point entre les deux, plus proche de
l’un ou de l’autre.
Avec les scénarios linéaires ou semi-linéaires,
l’histoire qui compose la session, ce qui va se
passer pendant le jeu, est préparée à l’avance.
Le MJ sait exactement comment cela va
commencer et se terminer, ainsi que les pro-
blèmes que les PJ vont rencontrer en cours
de route et comment ils peuvent être résolus.
Dans ce style de jeu, la fin est déjà prédéter-
minée, bien qu’elle envisage parfois à la fois
le succès et l’échec. De plus, les conflits qui y
mèneront sont définis de telle sorte qu’il est
indispensable de les jouer d’une certaine ma-
nière et dans un ordre assez strict. Si, pour une
raison quelconque, les personnages joueurs
s’écartent du chemin que le MJ a préparé, il
devra faire tout son possible pour les remettre
259
sur la bonne voie. D’où le nom de « se mettre
sur la bonne voie  », du fait que les joueurs
devront emmener leurs personnages sur un
itinéraire bien défini et ne pas en sortir.
Dans ce style de jeu, le MJ joue le rôle de
guide, dirigeant les joueurs d’une manière plus
ou moins subtile où il veut que l’intrigue aille.
Le bac à sable est, en revanche, une philosophie
complètement différente. La fin de l’histoire n’y
est normalement pas écrite ou, si elle l’est, elle
est large et envisage de multiples possibilités.
De plus, le chemin que les personnages suivront
pour l’atteindre n’est pas décidé à l’avance. Les
joueurs ont toute liberté de faire et d’annuler à
leur guise, en décidant à tout moment comment
ils veulent aborder la session et comment ils
veulent que l’aventure progresse.
Le nom «  bac à sable  » est un terme an-
glo-saxon qui fait référence à une boite pleine
de sable, un jouet qui suggère des possibilités
infinies. L’objectif est que ceux qui l’apprécient
utilisent le sable à l’intérieur pour créer ce
qu’ils veulent. C’est un jeu dans lequel l’objectif
n’est pas déterminé par des règles spécifiques,
mais c’est celui qui joue qui décide de ce que
ce sera à chaque fois. Ce terme est devenu très
populaire récemment dans le monde des jeux
vidéos.
Dans ce style de jeu, le MJ répond aux actions
des joueurs, réagissant à leurs décisions et les
laissant libres de décider où ils veulent diriger
l’intrigue.
Il existe de nombreux arguments en faveur
d’un style ou d’un autre. Certains joueurs de
rôle préfèrent des scénarios sur le style linéaire
ou semi-linéaire, pour leur plus grande capa-
cité à gérer les histoires avec une structure
claire et des détails préparés à l’avance. Cette
260 UN GRAND POUVOIR
méthode permet au MJ de créer plus facile-
ment des expériences plus déterministes, en
étant capable de consacrer plus de ressources
à des parties de l’intrigue dont il sait qu’elles
apparaitront dans n’importe quel cas. Ces MJ
préfèrent avoir une expérience préparée en
détail et qu’ils contrôlent profondément, pour
l’offrir à leurs joueurs exactement comme ils
le pensaient.
D’autres, cependant, préfèrent le bac à sable
parce qu’ils valorisent la liberté des joueurs
par-dessus tout. Ils pensent que l’itinéraire
tout tracé n’offre pas de vraies décisions, et
qu’il n’a pas de sens particulier de jouer quand
on sait que tout ce qui va se passer est déjà
prédéterminé. Ils préfèrent forger leur propre
destin et que leurs décisions aient un réel
poids dans ce qui se passe. De leur côté, les MJ
qui préfèrent le bac à sable aiment regarder
comment le reste des joueurs les surprennent
et souhaitent partager une grande partie de la
création de l’histoire avec eux.
En fin de compte, la plupart des joueurs de jeu
de rôle ne finissent généralement pas par adop-
ter des positions extrêmes sur cette question,
pratiquant les deux styles sans problème en
fonction du jeu auquel ils jouent ou avec qui.
La Porte d’Ishtar a été conçue avec le style de
jeu bac à sable à l’esprit et comprend quelques
mécanismes pour le faire bien fonctionner.
Cela ne signifie pas que c’est la seule façon
de jouer, mais il est vrai qu’il est mieux conçu
pour cela. Le reste de cette section est dédié
spécifiquement aux campagnes de bac à sable,
bien qu’il y ait aussi quelques conseils dont
vous pouvez profiter si votre groupe de jeu
décide qu’il préfère les scénarios linéaires ou
semi-linéaires.
Préparer un bac à sable
Pour exécuter correctement un bac à sable,
vous devrez vous préparer à certaines choses
auxquelles vous n’êtes pas habitué, surtout si
vous avez beaucoup d’expérience avec d’autres
styles de jeu. Vous devrez faire un effort
conscient pour « vous laisser aller », en cédant
le contrôle au reste des joueurs et, surtout, en
n’ayant pas peur de le faire.
La meilleure chose à faire est de penser à vos
expériences en tant que joueur de jeu de rôle
en tant que PJ, pas en tant que MJ. Pensez
à la façon dont vous réagissez lorsque vous
contrôlez un personnage et faites face aux
situations que le MJ vous propose. Parce que
lorsque vous exécutez un bac à sable, vous
vous retrouverez dans une situation similaire :
vous n’exposez plus seulement les situations
aux joueurs pour qu’ils y répondent, mais
vous devez également répondre aux situations
qu’elles vont causer.
Dans un sens, votre rôle ressemble davantage
à celui des autres joueurs. Et ce faisant, vous
gagnez quelque chose de très important  : la
surprise du déroulement de l’histoire. Diminuer
votre contrôle sur l’environnement augmente
les chances que vous rencontriez quelque
chose d’inattendu. Et c’est très amusant.
Par conséquent, une compétence particulière-
ment importante dans ce contexte sera votre
capacité à improviser. Mais, et il faut le répéter
une fois de plus, ce n’est pas aussi difficile qu’il
n’y parait sur le papier. Rappelez-vous que le
reste des joueurs improvisent constamment,
vous pouvez donc en faire autant.
Inutile de dire que l’improvisation doit être
fondée sur certaines bases. Tout comme les
autres joueurs qui sont basés sur leur PJ et
l’environnement qu’ils perçoivent, le vôtre le
fera en fonction des informations du monde et
des PNJ que vous avez préparés.
Si, à un moment donné, les joueurs vous
prennent tellement au dépourvu que vous
avez besoin d’un peu plus de temps pour vous
préparer à ce qui va se passer ensuite, n’ayez
pas peur de le leur dire. Avouez que vous avez
été complètement surpris et que vous avez be-
soin d’une petite pause pour préparer le reste
de la séance. Cela ne les dérangera pas, bien
au contraire. Ils seront probablement heureux
d’avoir été si habiles pour amener à une telle
situation, ainsi que pour la liberté évidente
dont ils jouissent.
Un jeu de rôle n’est pas un jeu comme les autres.
Vous pouvez vous tenir debout à certains mo-
ments sans problème si la situation l’exige.
 LA CAMPAGNE
Rendre le bac à sable dramatique
L’un des problèmes que les bacs à sable pré-
sentent généralement est que les PJ finissent par
perdre de l’importance et même par disparaitre
en termes d’intrigue et d’intérêt de l’histoire. Ils
finissent par remplir le rôle de personnages se-
condaires, transformant l’environnement en vé-
ritable protagoniste. La raison en est que lors de
la conception d’un bac à sable, l’attention n’est
généralement pas accordée aux motivations et
aux objectifs des PJ, mais à un monde construit
que tout groupe de personnages, quelle que
soit leur origine, peut explorer.
Mais une campagne est beaucoup plus percu-
tante, beaucoup plus dramatique, lorsqu’elle
se concentre sur les enjeux, le caractère et
les motivations des PJ qui y sont impliqués.
Pour que cette facette soit présente dans le
jeu, vous devez transformer les personnages
en centre absolu du monde ou, en d’autres
termes, rendre le bac à sable dramatique.
Pour faciliter cela, La Porte d’Ishtar vous fournit
deux outils que vous pouvez utiliser. Le pre-
mier est la façon dont les PJ sont créés, avec un
accent particulier sur leur passé, leur nature et
la relation qu’ils ont les uns avec les autres. En
tant que MJ, vous devez être attentif à tout ce
qui se passe dans ce processus de création et
l’intégrer dans la conception de la campagne. Il
tire parti de chaque détail terrible du passé ou
du présent des PJ, qu’ils soient imaginaires ou
réels, pour définir l’environnement dans lequel
ils se déplaceront. Il recourt sans hésitation à
ces parents perdus, à ces vieilles dettes ou à ce
terrible traumatisme qu’ils ont dû subir.
Essayez de faire en sorte que beaucoup de
PNJ se rapportent à quelque chose qui peut
être important pour les PJ. Essayez de faire en
sorte que les emplacements contiennent un
mystère, un objet ou une ressource que les PJ
peuvent vouloir ou dont ils peuvent avoir be-
soin. Essayez de faire en sorte que les conflits
impliquent ou suggèrent la façon de penser et
de voir le monde que les personnages joueurs
ont.
En bref, cela garantit que les PJ vivent dans le
monde et ne sont pas étrangers à celui-ci. Ils
261
ne le visitent pas en tant que touristes, mais
en tant qu’indigènes. La terre sur laquelle ils
marchent et les gens à qui ils parlent doivent,
pour le meilleur ou pour le pire, avoir de l’im-
portance pour eux.
L’autre outil est représenté par les objectifs
des PJ. C’est une ressource extrêmement puis-
sante. Là, écrit en grosses lettres sur chaque
feuille de personnage, vous avez ce que chaque
PJ va faire, à court et à long terme. Les détails
exacts de la façon dont vous voulez atteindre
vos objectifs peuvent varier, mais vous avez
une idée générale de l’endroit où les tirs vont
aller. Vous savez ce que tout le monde veut
réaliser et armé de cette connaissance, vous
pouvez construire le monde en conséquence.
Un monde dans lequel les PJ sont le centre et
non de simples voyageurs.
CONCEVOIR LE MONDE
Avec tout cela à l’esprit, le moment est venu de
concevoir le monde dans lequel la campagne
aura lieu. Pour ce faire, il est préférable de l’at-
taquer sous deux angles : de bas en haut et du
centre aux extrémités.
De bas en haut, cela signifie que vous de-
vez commencer par créer les détails les plus
concrets de l’environnement, puis passer au plus
généraliste. Ici, le sens de « en bas » se trouve
à un niveau personnel, de chaque individu in-
dépendamment, tandis que celui de « en haut »
se trouve au niveau de la cité, de la nation, de
la région ou de tout lieu ou organisation d’une
certaine taille. Un autre angle possible serait
l’inverse, allant de haut en bas, en commençant
par le général pour aller au plus précis, mais
lorsque vous jouez dans Kishar, le monde de La
Porte d’Ishtar, vous n’aurez pas à le faire, car ce
livre contient déjà ces informations. Les carac-
téristiques générales des nations, des peuples,
des langues, de la cosmologie, de la magie et
de la géographie physique du monde de Kishar
sont déjà définies, vous n’avez pas besoin d’y
consacrer plus de temps.
D’autre part, si ce que vous voulez faire est de
modifier le monde que ce livre vous fournit ou
d’en créer un complètement nouveau, alors
vous devrez définir certains des détails de plus
262 UN GRAND POUVOIR
haut niveau. Même si vous suivez ensuite la
mise au point de bas en haut.
Pour en revenir à cette approche, la raison de
faire les choses de cette façon est qu’au début,
les PJ vont s’engager dans le monde qui les
entoure à un niveau très bas, en se mettant
en lien avec des PNJ et des lieux spécifiques.
Commencez la maison par ses fondations, en
construisant une base qui peut être utilisée dès
le premier jour. De plus, un autre avantage à
adopter cette approche est que vous pouvez
toujours développer vers le haut comme cela
convient le mieux à la campagne, au lieu d’être
enchainé à des plans que vous avez passé du
temps à concevoir et qui ne vont pas vous servir.
Cela a un rapport avec la deuxième approche :
du centre vers les extrémités. Tout comme vous
commencez par définir les éléments les plus
proches des PJ en termes d’importance et d’in-
fluence, vous commencerez également par vous
concentrer sur la zone la plus locale, ce qui la
rendra particulièrement détaillée. N’investissez
pas beaucoup de temps dans les territoires les
plus reculés, il ne peut s’agir que de croquis
auxquels vous donnerez corps si nécessaire.
La cité et les kilomètres de terre qui entourent
l’emplacement actuel des personnages auront
toujours beaucoup plus de pertinence qu’une
montagne ou une forteresse lointaine.
De plus, comme la technologie détenue par les
habitants du monde de La Porte d’Ishtar ne leur
permet pas de voyager à grande vitesse, vous
aurez donc presque toujours assez de temps
pour préparer les futures destinations des PJ.
En bref, il détaille d’abord l’emplacement proche
des personnages, ainsi que les PNJ importants
pour eux, leur passé ou la zone dans laquelle
ils se trouvent. Laissez le reste du monde et les
PNJ être des croquis, un ensemble avec lequel
les personnages du joueur n’interagiront pas
tant qu’ils ne s’en rapprocheront pas. Et d’ici là,
vous aurez eu le temps et les ressources néces-
saires pour leur ajouter de la profondeur.
LANCER UNE CAMPAGNE
Heureusement, la zone (et les PNJ) que vous
devrez détailler en premier est une chose facile
à savoir : ce sera celle dans laquelle les person-
nages joueurs se trouvent après leur tournant.
Cette partie devrait être très facile, car vous
aurez assez de matériel pour vous en sortir
pratiquement seul. Vous avez entre les mains
toutes les informations qui ont émergé du pro-
cessus de création des personnages.
En lisant ceci, cela peut ne pas vous sembler
si facile, mais une fois que vous vous lance-
rez, vous verrez que c’est le cas. Et il en va de
même pour la manière dont la campagne se
poursuivra après les premières sessions. Vous
avez beaucoup de matière première pour la
construire et les autres joueurs vous aideront
continuellement avec leurs décisions.
Mais il y a certaines choses dont vous voudrez
vous assurer avant de commencer. C’est difficile
à réaliser, mais vous devrez tout de même faire
attention à ce que le groupe de joueurs soit
cohérent avec lui-même, en plus d’avoir des ob-
jectifs compatibles les uns avec les autres. Cela
peut être aussi simple que certains d’entre eux
partageant le même objectif, bien qu’il puisse
être contrôlé d’autres manières. Faire que, par
exemple, le même méchant est derrière les
maux de différents personnages. Maintenant, ils
seront unis en possédant un ennemi commun.
Faites juste attention à ce qu’il n’y ait pas d’ob-
jectifs qui s’opposent directement à ceux des
autres et que le groupe soit viable. Si un noble
Awilu se mêle à trois Mushkenu, il doit avoir de
bonnes raisons de le faire, comme être un exilé
ou le propriétaire de tous ces esclaves.
COMMENT MENER UNE CAMPAGNE
Comme une campagne n’est vraiment rien de
plus qu’une série d’aventures enchainées les
unes après les autres, la plupart du travail que
vous devrez effectuer se fera autour d’elles.
Cependant, il existe un certain nombre de
facteurs importants lorsque l’on considère une
campagne dans son ensemble et pas simple-
ment comme une somme de parties.
Notes de campagne
Ce point est le plus facile à expliquer, mais
l’un des plus difficiles à réaliser : écrivez tout.
 LA CAMPAGNE
Prenez note de tout ce qui se passe et qui a
une certaine importance. Quels PNJ ont été
trouvés et dans quelles circonstances, quelles
zones ils ont traversées et quels aspects de
l’intrigue ils ont découverts.
Ceci est particulièrement pertinent lorsque le
monde est en constante évolution. Vous ne pou-
vez pas vous permettre d’oublier un détail im-
portant lorsque vous en aurez vraiment besoin.
La méthode que vous utilisez pour prendre des
notes est votre choix : un ordinateur portable,
un cahier ou des cartes de références bibliogra-
phiques. Chacune de ces méthodes fonctionne.
Répondre aux actions des PJ
L’une des questions les plus courantes au dé-
but est de savoir comment répondre aux ac-
tions des PJ. Dans le cas de l’environnement,
c’est facile, le monde doit répondre par les lois
appropriées de la physique (ou de la magie).
Mais dans le cas des PNJ, c’est différent.
L’astuce est que vous n’avez pas à penser à
l’avance à ce que chaque PNJ va faire dans
chaque circonstance. C’est une tâche énorme
et futile, impossible à couvrir. Par conséquent,
ce que vous devez faire est de définir à quoi
ressemble chaque PNJ, sa personnalité et ses
motivations. Pensez à la façon dont vous réa-
girez seulement quand viendra le temps de le
faire, pas avant. Il suffit de déterminer ce qui
l’émeut et, sur cette base, de décider comment
il réagit aux actions des PJ.
C’est ainsi que vous créez une histoire de ma-
nière dynamique. Vous définissez simplement
qui vit à quel endroit et comment chaque PNJ
pense. Le reste consiste simplement à réagir
de la manière la plus logique possible compte
tenu de la situation.
De plus, ces rencontres et interactions seront
presque toujours axées sur les motivations,
les idéaux et les modèles de comportement
des PJ. Ce qui est intéressant, c’est que tous
ces aspects sont là parce qu’ils sont le désir
des joueurs. Dans un sens, c’est comme si le
personnage du joueur était un outil à travers
lequel certains thèmes peuvent être explorés,
à la table de jeu.
263
Et une partie de ce qui rend les jeux de rôle
attrayants est la possibilité de faire cette ex-
ploration sans savoir comment les situations
vont être résolues à priori, découvrir ce qui se
passe par le jeu. La meilleure histoire est celle
qui vient naturellement pendant le jeu. Elle n’a
peut-être pas à être aussi élaborée ou à avoir
autant de rebondissements que celle qui est
déjà faite à l’avance, mais en retour, elle en res-
sort beaucoup plus propre, plus personnelle.
C’est pourquoi les joueurs de rôle sont si cé-
lèbres pour leurs «  histoires de guerre  ». Ce
genre d’histoires est beaucoup plus difficile à
oublier.
Des décisions qui ont du sens
Offrir aux joueurs un pouvoir de décision est
crucial. S’ils n’ont aucun contrôle sur leur des-
tin, il n’y a pas vraiment de choix et ils aban-
donnent le style de jeu bac à sable ou scénarios
linéaires (ou semi-linéaires). Cependant, il y a
quelque chose qui peut être encore pire que de
ne pas offrir d’options, c’est-à-dire d’offrir des
options qui n’ont pas de pertinence ou pour
lesquelles il n’y a aucune information pour ai-
der à choisir entre l’une ou l’autre.
Quelques exemples vous aideront à voir les
deux problèmes.
Supposons qu’un groupe de joueurs doive choi-
sir si leurs PJ suivent un chemin ou un autre
pour atteindre leur destination. Imaginez que
l’une des options consiste à traverser un désert
aride, tandis que l’autre nécessite de trouver un
col à travers une chaine de montagnes. En tant
que MJ, vous pourriez être tenté de penser à
un résultat unique pour leur voyage, où qu’ils
aillent. Par exemple : qu’ils optent pour le dé-
sert ou s’ils choisissent les montagnes, ils seront
attaqués en chemin par une bande de pillards.
Cette philosophie pourrait également être ex-
trapolée à d’autres situations  : ils obtiendront
l’information qu’ils veulent en demandant à qui
de droit, le coffre qu’ils ouvrent sera celui qui
contiendra le trésor, l’Ensi capturera les voleurs
même s’ils ne l’aident pas.
C’est faux, car cela prive les joueurs de la pos-
sibilité d’interférer avec le monde et l’histoire.
264 UN GRAND POUVOIR
Cela leur donne une illusion de liberté alors
qu’en fait ils ne la possèdent pas. Cette tech-
nique peut fonctionner au début, mais s’ils se
rendent compte qu’ils ont été trompés, ils ne
croiront pas que ce qu’ils font puisse servir à
nouveau à quelque chose.
Mais vous ne pouvez pas non plus demander
aux joueurs de prendre des décisions sans
avoir les informations dont ils ont besoin pour
le faire. S’ils le font, ils pourraient parfaite-
ment recourir au hasard au lieu de penser aux
conséquences et aux implications des actions
de leurs personnages. Dans un exemple simi-
laire au précédent, supposons que les joueurs
doivent choisir entre deux chemins, dont l’un
présente de nombreux dangers tandis que
l’autre est un passage sûr.
Si aucune information sur ces chemins n’est
proposée aux joueurs, s’ils sont simplement
présentés comme « un itinéraire » et « un autre
itinéraire », ils n’auront pas vraiment le choix. Ils
pourront discuter pendant des heures à moins
qu’une donnée n’apparaisse comme par magie
pour les aider à prendre la bonne décision.
Ici, il n’y a pas non plus de liberté, bien que
dans ce cas, l’illusion de celle-ci soit remplacée
par le hasard ou la chance. Ils ont besoin de
plus d’informations.
Cependant, cela ne signifie pas que vous devez
la leur donner. Ils devront peut-être travailler
pour l’obtenir, ce qui est bien, car cela rend
le jeu plus intéressant. Mais vous devez leur
donner une chance de le faire. Demander à un
autochtone quel chemin est le plus sûr, embau-
cher un explorateur ou écouter attentivement
les histoires de caravanes attaquées sont d’ex-
cellentes méthodes.
Le changement
Kishar est un monde qui est sur le point
de changer. Une tempête approche et va le
transformer complètement. Mais en quoi cela
consistera-t-il exactement et comment cela
commencera est quelque chose que vous de-
vrez découvrir vous-même à la table de jeu.
Parce que si quelque chose est clair, c’est que
les PJ seront les architectes de ce changement.
Le monde de La Porte d’Ishtar a été conçu pour
être bouleversé, pour que les gens puissent
marcher, détruire une partie de ce qui est là
et créer quelque chose de nouveau à la place.
Beaucoup de possibilités sont suggérées dans
les chapitres Entre les Fleuves, Dieux et Sorciers
et Au-delà de l’Empire, mais vous n’avez même
pas besoin de recourir à l’une d’entre elles.
Vous pouvez en inventer d’autres qui vous
convaincront davantage.
L’important est que vous réalisiez que le monde
du jeu n’est pas fixe ou immuable. Il n’y a pas
de canon qui ne puisse pas être modifié, une
« méta-intrigue » générale à respecter ou une
série d’évènements futurs qui se produiront.
Que vous le vouliez ou non, à vous de faire
votre propre Kishar.
La Porte d’Ishtar n’a pas encore été ouverte,
car ce doit être les PJ qui l’ouvriront. L’Empire
d’Akkad n’est pas encore tombé, car ce sont
les PJ qui le renverseront. Les Phéniciens sont
encore enveloppés de mystère, car ce doit être
les PJ qui lèveront le voile.
Le cadre devrait vous servir, pas l’inverse.
Le hasard pour stimuler la créativité
Créer n’est pas facile. Ni avant ni pendant la
partie. De nombreuses fois, en tant que MJ, il
arrivera que vous deviez faire face à la redou-
table «  feuille blanche  ». Cela se produira au
moment où vous devrez ajouter un élément à
la campagne, qu’il s’agisse d’un PNJ, d’un lieu
ou d’un évènement, et vous ne saurez pas par
où commencer.
Dans ce cas, ce dont vous avez besoin est un
petit coup de pouce. Un contexte qui vous
donne un indice sur ce qu’il faut faire, une
première idée à partir de laquelle continuer.
Heureusement, cette petite impulsion peut être
obtenue relativement facilement : recourir au
hasard. Compter sur le hasard pour choisir la
situation de l’idée que vous développerez plus
tard est un excellent moyen d’obtenir l’étincelle
initiale dont vous avez besoin. Et ce hasard se
manifeste dans les jeux de rôle à travers des
tables dans lesquelles le résultat obtenu en un
lancer de dés est consulté.
 LA CAMPAGNE
En cherchant un peu sur Internet, vous pouvez
trouver des tables de presque tout ce que vous
pouvez imaginer, mais celles qui seront pro-
bablement les plus utiles lors du déroulement
d’une campagne sont celles des rencontres.
Comme leur nom l’indique, ces tables servent
à vous dire ce que (ou qui) les PJ peuvent ren-
contrer dans un environnement donné, qu’il
s’agisse d’une oasis isolée ou d’un quartier
noble d’une cité.
Et puisque nous parlons de tables, il est im-
portant de garder à l’esprit qu’une table de
rencontres n’est pas un générateur de combat.
Bien que ce point de vue soit malheureusement
assez répandu, ce n’est pas le cas ici. Une ren-
contre n’a pas besoin d’impliquer un combat
contre un ennemi, mais, comme le mot « ren-
contre  » lui-même l’indique, il peut s’agir d’un
PNJ, d’une situation, d’un objet ou d’un lieu que
les PJ trouvent sans le rechercher activement.
La fréquence à laquelle vous devriez utiliser
ces tables n’est pas gravée dans le marbre. Cela
ne dépend pas de la distance parcourue par les
personnages ou du temps qu’il leur faut pour
ne pas rencontrer quelqu’un. Faites simple-
ment confiance à votre instinct et au rythme
que vous voulez donner au jeu.
Et surtout : une fois que vous avez obtenu un
résultat dans la table, utilisez votre créativité,
votre imagination, l’histoire des précédentes
parties et ce que vous savez sur le monde
pour interpréter le résultat et le transformer
en quelque chose qui a du sens. Par exemple,
3 D (3 -) RENCONTRE
3-4 Vent nauséabond qui cause la maladie.
5 Phénicien avec une caravane d’esclaves.
6 Piège à sable (comme les sables mouvants).
Rencontres dans le désert
7 Une empreinte.
8 Signes d’une bataille récente.
9 Boutiques Uridimmu.
10 Puits d’eau (utile pour se réapprovisionner).
11 Caravane de marchands.
12 Vautours volant en rond.
13 Une bataille entre deux groupes de nomades.
14 Voyageurs peu habitués au désert.
15 Un chameau solitaire.
16 D’énormes os impossibles à identifier.
17-18 Un sorcier accompagné de femmes Mushkenu.
265
imaginez que, en parcourant les PJ à travers le
désert, vous décidiez de jeter sur une table de
rencontres et d’obtenir le résultat « Caravane
abandonnée, pas d’être intelligent  ». C’est
à votre tour de décider ce que la caravane y
fait, pourquoi elle a été abandonnée et où se
trouvent ses anciens propriétaires. Que leur
est-il arrivé ? Ce qui s’est passé a-t-il quelque
chose à voir avec un évènement précédent de
l’intrigue ?
Et si vous ne pouvez pas penser à un moyen
de remplir tous ces détails, ne vous inquié-
tez pas. Surement que les joueurs le feront.
Écoutez leurs théories et tenez-vous-en à la
plus appropriée. Ou celle que vous aimez le
plus. L’être humain a une capacité étonnante
à détecter des modèles même là où il n’y en a
pas. Profitez-en.
De plus, l’un des grands avantages de recourir
au hasard est que même le MJ est surpris. Cela
peut être vraiment amusant.
En ce qui concerne les tables à utiliser, vous
pouvez créer les vôtres, en y écrivant tout ce
à quoi vous pouvez penser ou les emprunter à
d’autres jeux ou à Internet. Vous en trouverez
ci-dessous quelques-uns à utiliser dans vos jeux
ou à inspirer pour vos propres créations. Pour
les utiliser, il lance d’abord un dé, avec un 3 ou
moins, il utilise la moitié gauche de la table,
avec un 4 ou plus à droite. Ensuite, lancez trois
dés, ajoutez le résultat et consultez la moitié de
la table que vous avez déterminée pour voir à
quelle rencontre il correspond.
3 D (4+) RENCONTRE
3-4 Un champ de roses qui fleurissent tous les 100 ans.
5 Des millions de scorpions avançant ensemble.
6 Oasis.
7 Mirage.
8 Vestiges d’un campement abandonné d’Uridimmu.
9 Les voleurs de la route d’Uridimmu.
10 Éleveurs nomades Uridimmu.
11 Tempête de sable.
12 Une meute de chacals.
13 Un serpent caché dans des pierres.
14 Caravane abandonnée, aucun être intelligent.
15 Plusieurs Awilu explorant des ruines.
16 Phénicien avec ses gardes du corps.
17-18 Awilu seule richement vêtue.
266 UN GRAND POUVOIR

3 D (3 -) RENCONTRE 3 D (4+) RENCONTRE

3-4 L'Ensi sur un palanquin. 3-4 Expérience alchimique qui s’est échappée.
5 Des milliers de rats. 5 Exorciste au travail.
6 Incendie. 6 Navire en train de couler dans le port.
Rencontres dans une cité

7 Deux Wardu qui se battent. 7 Malade pourrissant dans un coin.

8 Prêtres sacrifiant une vache. 8 Mushkenu se cachant et regardant autour de lui.
9 Vente aux enchères d'esclaves. 9 Gardes de la ville.
10 Mushkenu chargé comme une mule. 10 Commerçants offrant leurs marchandises.
11 Mendiant aveugle ou avec un autre handicape. 11 Awilu battant son esclave.
12 Artisan au travail. 12 Mushkenu se battant pour de la nourriture.
13 Deux enfants Awilu battant un esclave. 13 Combat de gladiateurs.
14 Kadishtu offrant ses services. 14 Longue queue à un puits d'eau.
15 Orgie qui est allée trop loin. 15 Général d'armée avec sa suite.
16 Voleurs s'introduisant dans une demeure. 16 Prêtres qui invoquent un démon.
17-18 Sorcier au milieu d'un rituel. 17-18 Un Etemmu.

3 D (3 -) RENCONTRE 3 D (4+) RENCONTRE

3-4 Apkallu essayant de ne pas être vu. 3-4 Chasseur de primes.

5 Nécromancien d’Élam et ses serviteurs. 5 Arbre menaçant qui semble bouger.
6 Clairière avec des sculptures en bois brut. 6 Voyageur perdu.
Rencontres dans les marais

7 Crapauds coassant bruyamment. 7 Groupe d’Umamu trainant un Awilu.

8 Multitude de champignons. 8 Bouillonnement dans l’eau.
9 Groupe de Mushkenu abattant des arbres. 9 Nid de serpents.
10 Crocodile. 10 Brouillard épais.
11 Sables mouvants. 11 Bateau de marchands.
12 Feu de camp brulant encore. 12 Carcasse de vache couverte de mouches.
13 Traces de sang qui mènent dans les fourrés. 13 Sorcier ramassant des ingrédients.
14 Bandit enterrant un cadavre. 14 Épaisse toile d’araignée.
15 Bruit de cloches. 15 D’étranges lumières pâles.
16 Noble Awilu clairement ivre. 16 Cri terrifiant.
17-18 Bel arbre couvert de fruits appétissants. 17-18 Wardu seul avec une Awilu bâillonnée.

3 D (3 -) RENCONTRE 3 D (4+) RENCONTRE

3-4 Pillards Hittites. 3-4 Nid d’Imdugud.

5 Cadavre gelé. 5 Avant-poste des armées de Sargon.
6 Accès à une vallée secrète. 6 Ermite.
Rencontres en montagne

7 Village cimmérien habité. 7 Village cimmérien rasé.

8 Chasseurs d’esclaves à la recherche d’une proie. 8 Refuge pour voleurs.
9 Tempête de neige. 9 Vent capable de renverser un homme.
10 Fortes pluies. 10 Partie de chasse cimmérienne.
11 Meute de loups. 11 Entrainement de guerriers Cimmériens.
12 Forêt épaisse. 12 Entrée d’une grotte.
13 Éboulement. 13 Ourse et ses petits.
14 Torrent de montagne agité. 14 Ancien cercle de pierres.
15 Fugitif escaladant une paroi rocheuse. 15 Glacier.
16 Tigre à dents de sabre. 16 Étoile de fer tombant du ciel.
17-18 Groupe de Middu en voyage. 17-18 Plusieurs Aqrabuamelu montant la garde.
 LA CAMPAGNE
Garder une trace du temps écoulé
Pour qu’une campagne soit vivante, il faut
garder une trace du temps écoulé. Le monde
ne peut pas rester immobile. Il doit être dyna-
mique, évoluer et réagir aux actions des PJ.
Dans le chapitre Dieux et Sorciers sont apparus
les unités de temps qui sont utilisées dans l’Em-
pire d’Akkad, mais vous n’avez pas à leur consa-
crer trop d’attention. Une conversion rapide
est que chaque danna équivaut à deux de nos
heures, et chaque ush, quatre de nos minutes.
Vous n’avez pas non plus besoin de prendre en
compte la durée différente d’un danna selon les
saisons. En fait, si vous préférez, vous pouvez
complètement ignorer le passage du temps à
ce niveau de détail, car il ne sera pas particu-
lièrement important pour la campagne et sim-
plement l’utiliser pour donner de la couleur à
certains moments.
Cependant, le temps au niveau des jours et des
mois est pertinent. En tant que MJ, vous de-
vrez tenir à jour un calendrier dans lequel vous
noterez la date actuelle (dans le monde du jeu)
et, plus important encore, quand des évène-
ments importants se sont produits ou vont se
produire. De plus, cela vous aidera également à
calculer des choses comme la date à laquelle les
PJ atteindront leur destination après un voyage.
Quant aux évènements, il en existe deux types :
les fixes et les variables. Les premiers se carac-
térisent par le fait qu’ils se produisent à une date
précise (absolue ou relative) décidée à l’avance
par le MJ. Que les joueurs interviennent ou
non, ils ne pourront pas les éviter. D’autre part,
s’ils sont conscients qu’ils vont se produire, ils
pourront toujours s’y préparer. Cette catégorie
comprend des choses comme les conjonctions
astronomiques ou l’arrivée d’un voyageur.
De plus, ces évènements peuvent également
être définis comme des déclencheurs. Dans ce
cas, ils ne représentent pas un évènement spé-
cifique, mais le déclencheur de celui-ci : un « si
quelque chose se passe » ou un « sauf si quelque
chose se passe ». Et ce quelque chose sera gé-
néralement l’œuvre des PJ (bien qu’il ne soit
pas essentiel qu’il en soit ainsi). Par exemple le
vol d’un objet si les joueurs ont épargné la vie
267
du voleur ou la réalisation d’un rituel s’ils ont
réussi à fournir au sorcier l’ingrédient dont il
avait besoin.
Concernant les évènements variables, ils
trouvent leur origine dans les personnages et
le moment où ils se produisent dépend des
actions de ces derniers. Ils peuvent consister
en des choses aussi disparates que l’intercep-
tion d’un message, l’invocation d’un démon ou
convaincre un chef barbare de mettre fin à ses
invasions.
Parfois, il est difficile de décider quelles actions
des PJ peuvent être considérées comme ayant
déclenché un évènement et lesquelles ne l’ont
pas fait. Faites simplement confiance à votre
instinct. Et si quelque chose qu’ils ont fait dans
le passé devient particulièrement important
plus tard, vous pourrez toujours l’ajouter au ca-
lendrier à postériori, parce que vous notez tout
ce que font les PJ, n’est-ce pas ?
Changements chez les personnages
Au cours du déroulement de la campagne, les
PJ changeront plusieurs fois. Une façon dont
ce changement se manifeste est par l’augmen-
tation de leurs capacités grâce à la dépense de
PE obtenus pendant le jeu, mais ce n’est pas, de
loin, le plus important.
Les PJ deviendront plus puissants en gagnant
des points dans les caractéristiques, les pro-
fessions et les capacités de combat, mais ils
grandiront également d’autres manières. Leur
personnalité se développera, ils apprendront à
268 UN GRAND POUVOIR
connaitre de plus en plus le monde qui les en-
toure et ceux qui l’habitent et ils se rapproche-
ront pas à pas de leurs objectifs.
Au cours des aventures, le concept de chaque
personnage sera de plus en plus défini : ils rem-
pliront l’un après l’autre leurs objectifs à court
terme et la façon d’atteindre leur objectif à long
terme s’éclaircira. De plus, ils voudront peut-
être le changer. L’image des PJ s’affinera dans la
tête des joueurs, y compris la vôtre.
Cela implique des changements. Il est possible
que ce trait de caractère qui a été choisi au
début ne soit pas vraiment approprié ou qu’un
évènement tragique dans la vie du personnage
vous amène à cesser de croire en votre devise.
Si une telle situation se produit, vous devez non
seulement permettre à un joueur d’apporter
un tel changement à son PJ, mais vous devez
l’y encourager. Parlez entre vous des person-
nages, réfléchissez à la meilleure façon de re-
présenter leur vrai caractère et, si nécessaire,
changez-les.
Cependant, cela devrait être fait avec modéra-
tion. Un personnage peut évoluer et changer
ses objectifs, sa devise ou ses traits, mais pas
lors de deux sessions d’affilée.
Laissez les joueurs modifier ces aspects de leurs
PJ, même s’il n’y a pas de règle explicite qui
l’indique, mais avec retenue. Sinon, ils finiraient
par devenir des fous qui changent de personna-
lité du jour au lendemain.
Évidemment, ces types de changements (gé-
néralement pour le pire) sont courants chez les
personnages qui ont fréquemment recours à la
sorcellerie ou en subissent les effets.
LA FIN TANT ATTENDUE
Il arrive un moment où chaque campagne prend
fin. Cela peut se produire de deux manières très
différentes  : au cours du jeu ou parce que les
joueurs l’abandonnent. Ce sont des façons très
différentes de mettre fin à une campagne, mais
la seule souhaitable est la première des deux.
Si, à un moment donné, vous sentez que la cam-
pagne risque d’être abandonnée, ne perdez pas
une seconde. Commencez à la diriger vers sa
fin, mais dans le jeu. Proposez des situations qui
peuvent amener les PJ à atteindre leurs objec-
tifs à long terme et au destin qu’ils méritaient
dès le début. Il faudra encore un certain temps
pour atteindre le chapitre final, il est donc pré-
férable de commencer le plus tôt possible.
Mais cela ne signifie pas que vous devez décider
de la fin à l’avance. Dans ce cas, vous manipu-
leriez les joueurs. Vous manqueriez également
la grâce de découvrir par vous-même comment
cette histoire épique que vous jouez depuis des
mois, voire des années, se termine.
Ce que vous devez faire, c’est ouvrir les portes
à des intrigues et des histoires directement
liées à la réalisation d’objectifs à long terme. Si
le but ultime d’un personnage est de renverser
un dirigeant puissant, organisez une situation
qui lui permet d’embaucher des assassins ou de
planifier un coup d’État. En tant que MJ, vous
ne savez pas comment l’histoire se terminera, si
oui ou non le PJ va atteindre ses objectifs et, si
oui, comment il y parvient (assassinat, victoire
militaire, mise au pouvoir d’une marionnette,
couronnement du personnage lui-même).
Ne pensez pas à la façon dont tout cela de-
vrait se terminer avant de commencer à jouer.
Découvrez-le pendant le jeu.
Un problème que vous pouvez rencontrer est
que les PJ du groupe ont des objectifs à long
terme particulièrement disparates. Si quelque
du genre se produit, vous pouvez essayer d’uti-
liser l’une des solutions suivantes :
• Reliez les objectifs afin qu’ils correspondent,
en recourant au même méchant ou en faisant
en sorte que les situations qui conduisent à
la réalisation de plusieurs objectifs se che-
vauchent spatialement ou temporellement.
• Résolvez les objectifs les uns après les autres,
comme une série d’épilogues distincts, mais
enchainés.
Il est probable que vous y parveniez sans aucun
problème. À la fin de la campagne, vous avez
joué avec ces personnages et ils auront évolué,
donc la fin se produira d’une manière plus natu-
relle qu’il n’y parait au premier abord.
 AVENTURES
AUTRES OUTILS
La gestion d’une campagne, surtout lorsqu’elle
a déjà du temps, présente un défi logistique
considérable. Vous devez gérer beaucoup d’in-
formations et le faire de manière agile. C’est
pourquoi vous devez vous tourner vers toute
l’aide que vous pouvez trouver, en particulier
sous la forme d’outils qui vous facilitent la vie.
Ces outils vous aideront à accéder aux infor-
mations de la campagne qui existent déjà et à
en créer de nouvelles plus rapidement. Chaque
MJ a sa propre méthode et ses préférences, qui
peuvent être complètement différentes de celles
des autres. Vous devez développer la vôtre et la
perfectionner au fil du temps. Au fur et à me-
sure que vous l’utiliserez, vous vous sentirez de
plus en plus à l’aise et vous finirez par découvrir
que vous pouvez gérer une assez grande quan-
tité de données sans trop de problèmes.
La première chose que vous devrez faire est
de déterminer quelles informations vous devez
stocker et la façon de le faire. Comme les noms
des PNJ et leur rôle dans l’intrigue, les lieux visi-
tés par les PJ, les évènements passés ou futurs,
etc. Toutes ces données peuvent être stockées
sur une feuille de calcul ou un fichier texte sur un
ordinateur, un bloc-notes, de petits onglets dans
un classeur ou même sous forme d’enregistre-
ments audios. Ou sur une serviette en papier.
Quelle que soit la façon dont vous choisissez de
représenter ces informations, il existe un certain
nombre d’outils assez universels, que presque
tous les MJ utilisent ou du moins connaissent.
Pour localiser les lieux, à la fois ceux déjà visités
et les points d’intérêt potentiels, il est courant
d’utiliser des cartes, aussi vagues soient-elles.
Les cartes peuvent varier considérablement
dans la quantité de détails qu’elles offrent et
même ne pas être à l’échelle. Il n’y a rien de
mal à cela, car ils ne seront normalement pas
là pour faire joli ou servir de représentation
géographique stricte (sauf si vous voulez les
donner aux joueurs), mais pour stocker des in-
formations pertinentes.
Vous avez également déjà lu sur les calen-
driers, utiles pour garder une trace du passage
269
du temps et des évènements qui se sont pro-
duits ou qui vont se produire. Un calendrier
peut faire référence à une « fiche maitresse »,
dans laquelle le tracé général de la campagne
est écrit à grands traits et que vous mettez à
jour lorsqu’il est modifié. Cette fiche maitresse
pourrait également faire référence à de petits
historiques de PNJ notés dans leurs marges ou
dans un endroit séparé, accompagnés de leurs
valeurs de jeu.
Pour vous aider à générer de nouvelles situa-
tions et de nouveaux évènements, vous pouvez
recourir à une bibliothèque de tables aléatoires
et toujours l’avoir à proximité. Par exemple, les
tables de rencontres que vous avez déjà vues
ou celles de rumeurs, sur lesquelles vous en ap-
prendrez plus dans la section suivante.
Avec le temps, vous finirez par gérer avec fluidi-
té et maitrise un petit chaos d’informations, qui
contiendra toutes les données nécessaires pour
jouer votre campagne, ainsi que les souvenirs
de nombreux après-midi de plaisir. Ce trésor,
parce qu’on ne peut pas l’appeler autrement, est
un journal authentique qui raconte ce que les
personnages ont vécu.
Bien qu’il y ait aussi des joueurs qui tiennent
leur propre journal de campagne (à la fin de ce
livre, il y a une feuille conçue à cet effet). Et il y
a même ceux qui, une fois une campagne termi-
née, osent la romancer ou au moins la passer au
propre pour que leurs amis puissent la lire et se
souvenir des moments vécus. Ou, pourquoi pas,
publiez-le sur Internet.
AVENTURES
Chaque campagne est composée d’une série
d’aventures qui se succèdent. Créer des aven-
tures est une chose très personnelle et il peut
être difficile de trouver deux MJ qui le font de la
même manière. Cependant, même si les détails
varient d’une personne à l’autre, vous trouve-
rez ici une structure générale du processus de
création d’aventure à partir de laquelle vous
pouvez commencer. Essayez de construire vos
premières aventures en l’utilisant et, une fois
que vous êtes plus familier avec le processus,
supprimez ce qui ne vous sert pas et ajoutez ce
qui vous manque.
270 UN GRAND POUVOIR
LA SITUATION INITIALE
Toute aventure nait d’une situation initiale, une
idée qui se développe en une aventure à part
entière. Cette situation peut venir de n’importe
où. Du jeu, pendant l’une des sessions ou en
dehors de celles-ci, de quelque chose que vous
lisez ou que vous avez vu. Peut-être même
quelque chose qui vous est arrivé dans votre vie
quotidienne.
Parfois, ce sont les idées les plus simples
qui finissent par devenir les meilleures, et
les concepts qui, au premier abord, peuvent
sembler plus éloignés d’un monde fantastique
finissent par s’ajuster comme un gant. Sans
aller plus loin, l’exemple d’aventure inclus dans
le chapitre Esclaves de leurs désirs est basé sur
une idée très simple  : l’énorme différence qui
peut exister dans la façon dont les hommes et
les femmes perçoivent les choses. Il est vrai que
plus tard certaines parties de l’aventure suivent
d’autres chemins, mais sa genèse se trouve
dans une pensée aussi simple que cela.
Comme vous ne savez jamais quand vous pou-
vez recevoir la visite des muses, c’est une bonne
idée d’emporter un petit carnet dans lequel
écrire ce genre de chose. Bien qu’un téléphone
mobile en vaille également la peine si vous ai-
mez la technologie plus que le classique.
Une autre source de situations est ce livre.
Réparties dans les chapitres de décor (d’Entre
les Fleuves à Au-delà de l’Empire), de nom-
breuses idées attendent d’être exploitées.
Vous pouvez également utiliser les notes que
vous avez prises pendant la campagne. Portez
une attention particulière à ce qui intéresse les
autres joueurs, à tout ce qui peut être utilisé
pour commencer une nouvelle aventure.
En général, il vous en coutera plus cher en
temps de préparer des aventures au début d’une
campagne, quand elle n’a pas encore atteint
son rythme de croisière, que plus tard, et ce,
bien que le premier de tous soit une exception
à cette règle, car il est lié au tournant. Mais ne
vous inquiétez pas, au fil du temps, ce sera de
plus en plus facile, car le type d’aventures atten-
du sera plus clair.
CONSEILS GÉNÉRAUX
Avant de commencer à préparer une aventure, il
y a un certain nombre d’aspects qu’il vous sera
bon de prendre en compte, des conseils très
simples à mettre en pratique qui vous aideront
à créer une bonne aventure.
L’avenir n’est pas écrit
Le premier et le plus important d’entre eux est
le suivant : ne planifiez pas la fin. Ne privez pas
les joueurs de leur liberté de décider de leur
sort ou du plaisir de regarder une fin se dérou-
ler à laquelle vous ne vous attendiez pas. C’est
un concept qui est beaucoup répété dans ces
pages, parce qu’il est important.
Ce que vous pouvez (et même devrez) faire,
c’est penser aux fins possibles. Même si les
autres joueurs finissent par vous surprendre
de la même manière, au moins, vous serez un
peu mieux préparé. Et, en fait, vous devriez
toujours considérer ce qui se passe si les PJ ne
s’impliquent pas. Votre devoir en tant que MJ
est de savoir comment les évènements vont se
dérouler si les personnages n’essaient pas de
contrecarrer les plans du méchant.
De plus, ne préparez pas une série fixe d’évène-
ments du début à la fin. Ce serait un effort fu-
tile, puisque les joueurs vont faire tout ce qui est
en leur pouvoir (consciemment ou inconsciem-
ment) pour sortir du chemin que vous avez si
soigneusement tracé. Si votre aventure repose
sur cet échafaudage, elle finira par s’effondrer. Il
faut que ses poteaux soient résistants. Cela ne
signifie pas qu’il ne faut pas penser à certains
évènements à l’avance, mais que vous ne devez
pas définir un chemin précis du début à la fin.
Bien que le destin existe dans le monde de
Kishar, ses chemins sont alambiqués et les PJ
sont le genre de personnes qui finissent par
tracer les leurs.
Moralité et conséquences
Une façon d’impliquer les personnages – et par
extension les joueurs qui les contrôlent – dans
une aventure, est de les initier à des situations
qui affectent directement leur statut moral.
 AVENTURES
Considérez des décisions dont les conséquences
sont importantes, qui les obligent à choisir entre
deux maux et montrent que dans le monde (ou
du moins celui de Kishar) il n’y a pas simple-
ment du noir ou du blanc, mais une multitude
de nuances de gris. On utilise la devise, les ob-
jectifs et les traits de caractère des personnages
pour générer des situations compliquées, les
plaçant entre le marteau et l’enclume. Forcez-
les à trahir leur devise pour atteindre un objectif
ou choisissez entre ce qui leur apportera le plus
d’avantages et ce qu’ils pensent fondamentale-
ment qu’ils devraient faire.
Pour ce faire, vous devrez connaitre les particu-
larités des PJ, leur comportement tout au long
des sessions précédentes et les joueurs qui les
contrôlent. Recourez à des situations drama-
tiques chaque fois que vous le pouvez, comme
s’il s’agissait d’un véritable feuilleton. Et si vous
ne pouvez pas recourir à des aspects moraux,
utilisez un membre de la famille perdu ou faites
une terrible révélation qui bouleverse la vision
du monde d’un personnage.
La vie des PJ ne peut pas être ennuyeuse, ils
doivent aller de surprise en surprise. Les déci-
sions qu’ils prennent, même les plus simples en
apparence, doivent générer des conséquences
importantes. Avec le temps, les personnages
accumuleront toute une histoire derrière eux,
alors profitez-en.
Peut-être que cette femme dont un personnage
est tombé follement amoureux découvrira que
son amant actuel a assassiné son défunt mari.
Ou peut-être qu’un oracle révèlera aux PJ que
l’enfant fragile qu’ils tiennent dans leurs bras
deviendra un sorcier et un tyran. Peut-être que
le brave héros découvrira que ses exploits n’ont
fait que renforcer le pouvoir d’un terrible dé-
mon, qui se trouve être aussi son père...
Les possibilités sont infinies.
Originalité
Quelque chose de très important lors de la
conception d’aventures, que ce soit en recher-
chant la situation initiale ou en détaillant l’aven-
ture plus en profondeur, c’est que vous n’avez
pas besoin d’être original. Tout comme nous
271
nous ennuyons généralement de voir ou de
lire une histoire similaire à une autre que nous
connaissons déjà, la même chose ne se produit
pas dans les jeux de rôle. Au fur et à mesure que
les joueurs participent à l’histoire plutôt que de
simplement s’occuper passivement de ce qui se
passe, la perspective change complètement.
N’essayez pas de créer l’intrigue la plus origi-
nale qui ait jamais existé ou les plans les plus
complexes et les plus surprenants jamais vus.
Pas besoin. Prenez autant que vous voulez de
vos sources d’inspiration et ne vous inquiétez
pas. Un MJ doit être beaucoup de choses, mais
l’originalité n’en fait pas partie forcément. Après
tout, les joueurs veulent souvent vivre des his-
toires comme celles qu’ils ont lues ou vues, pas
quelque chose de complètement différent.
ÉTAPES POUR CRÉER UNE AVENTURE
Créer une aventure, une fois que vous avez
trouvé la situation initiale et que vous y avez un
peu réfléchi, est un processus assez automa-
tique. Même si, indéniablement, cela demande
un peu de travail. Surtout si vous voulez ajouter
plus de détails ou être mieux préparé.
Pour construire une aventure, vous pouvez
suivre les étapes suivantes :
• Définissez la situation initiale.
• Dressez la liste et détaillez les acteurs.
• Intégrer les intérêts et les objectifs des PJ.
• Développez un ensemble de scènes.
• Créez un tableau récapitulatif des
éléments.
• Préparez diverses rumeurs.
• Décrivez les autres ressources nécessaires.
Vous avez un exemple de la façon dont ces
étapes ont été réalisées (sauf la troisième, in-
corporant les intérêts et les objectifs des PJ)
dans une véritable aventure dans le chapitre
Esclaves de leurs Désirs, dans lequel le module
du même nom est décrit.
Situation initiale
La première étape consiste à être clair sur la
situation initiale avant que les PJ n’entrent
en scène. Ce qui s’est passé jusqu’à présent
272 UN GRAND POUVOIR
et pourquoi une aventure est sur le point de
commencer. Cela comprend à la fois un aperçu
de l’environnement et de la situation politique
(le cas échéant), ainsi que des évènements qui
peuvent s’être produits précédemment et qui
sont pertinents pour l’aventure.
Le niveau de détail que vous consacrez à cette
situation initiale dépendra du temps dont vous
disposez et à qui l’aventure est destinée. Si vous
n’allez l’utiliser que pour vous (comme ce sera
surement le cas la plupart du temps), quelques
phrases suffiront, tandis que si vous l’écrivez
pour qu’un autre MJ joue, vous devrez tout dé-
crire de manière plus ordonnée et plus détaillée.
Les éléments décrits dans une situation initiale
varient considérablement entre les différents
types d’aventures, mais il y a quelque chose
qui devrait toujours apparaitre  : par où les PJ
entrent en scène. Une intrigue politique détail-
lée et complexe est inutile s’il n’y a aucun moyen
pour les personnages joueurs de s’engager dans
une telle lutte de pouvoir. En préparant cette
partie, vous pouvez, si vous voulez vous sentir
plus confiant, inclure différentes façons dont les
PJ finissent par faire partie de l’aventure.
Acteurs
Une fois la situation initiale définie, vous devrez
préciser qui sont les acteurs  : les PNJ qui ont
une importance fondamentale dans l’aventure
et qui seront donc définis de manière très dé-
taillée. Notez leurs noms, leurs valeurs de jeu,
leurs motivations et toutes les caractéristiques
distinctives qu’ils peuvent avoir.
Les PNJ font partie des éléments les plus im-
portants d’une aventure, c’est pourquoi ce livre
y consacre un chapitre entier. Vous trouverez
au chapitre suivant, Les Maux de l’Homme,
toutes les informations utiles pour les créer et
les gérer.
Intégrer les intérêts des PJ
Vous avez déjà le squelette de base d’une aven-
ture créée, avec la situation initiale et les acteurs
en place. Maintenant, le temps est venu pour
vous d’y introduire ce qui est susceptible d’en
être le nœud : les intérêts et les objectifs des PJ.
Ces intérêts et la façon dont les PJ entrent dans
l’aventure (décrits dans la situation initiale) sont
des choses différentes. Il suffit simplement d’in-
diquer comment les PJ sont impliqués dans les
faits, tandis que les intérêts sont ce qui fait que
les PJ restent intéressés une fois dans l’aventure
au lieu de l’abandonner.
Ces intérêts les transforment d’un peu plus que
des spectateurs en de vrais protagonistes. Pour
les créer, concentrez-vous sur les objectifs et le
passé des PJ, et introduisez des éléments tirés
de ces sources dans l’aventure. Un personnage
n’ira pas dans le désert pour sauver un simple
voyageur perdu, mais si ce voyageur s’avère être
le dernier homme vivant qui sait où se trouve sa
sœur qui a été kidnappée, les choses changent.
Essayez d’introduire deux intérêts de chaque PJ
dans chaque aventure ou trois si vous vous sen-
tez inspiré. Plus la campagne progresse, moins
vous avez besoin de le faire et il peut arriver un
moment où un seul suffira.
Déroulement
L’étape suivante consiste à réfléchir à la façon
dont l’aventure va se dérouler. Comme vous
avez pu le lire un peu plus tôt, développer une
intrigue fixe est tout simplement impossible,
mais il y a bien quelque chose que vous pou-
vez faire  : définir un ensemble de scènes qui
peuvent se produire pendant le jeu.
Pour ce faire, pensez à :
• Comment l’aventure va débuter.
• Comment les PJ seront impliqués dans divers
aspects de celle-ci.
• Comment les actions des PNJ affecteront les
PJ.
• De quelles manières l’aventure pourra se
terminer.
En utilisant ces quatre points comme référence,
pensez à une série d’évènements concrets qui
peuvent se produire, ainsi qu’à la probabili-
té qu’ils se produisent finalement. Ici, ce que
vous essayez de faire est de définir de manière
concise et ordonnée une série de situations
dans lesquelles les PJ sont susceptibles de se
retrouver.
 AVENTURES
Ce qui caractérise avant tout ces scènes, c’est
qu’elles n’auront pas leur origine dans les PJ.
C’est ce qui vous permet de les préparer à
l’avance. Elles seront presque toujours dues aux
actions des PNJ, même si celles-ci trouvent à
leur tour leur origine dans la présence des PJ.
Toutes les scènes que vous préparez ne doivent
pas apparaitre dans l’aventure et, en fait, beau-
coup finiront par ne pas y être. Pour cette raison
et pour faciliter son utilisation pendant le jeu,
vous devez classer les scènes que vous avez
créées en deux groupes : obligatoires et facul-
tatives. Les premières se produiront toujours,
quoi que fassent les PJ et quelle que soit la fa-
çon dont l’aventure se déroule. Les facultatives,
comme leur nom l’indique, peuvent être jouées
ou non.
De plus, bien que vous ne puissiez pas établir
un ordre fixe entre toutes les scènes que vous
avez préparées, il y aura une série d’exigences
temporelles qui devront être satisfaites. Par
exemple, il est impossible qu’une scène de ran-
çon se produise avant celle de l’enlèvement de
la personne à sauver.
Récapitulatif des scènes
NOM OBLIGATOIRE ?
Scène 1 Oui
Scène 2 Non
Scène 3 Oui
Scène 4 Non
Récapitulatif des éléments
Avec tout cela, vous avez l’aventure presque
terminée et prête à jouer. Il ne vous manque
que quelques détails.
L’un d’eux est la création d’un tableau réca-
pitulatif des éléments, une aide très pratique
pendant le jeu. Le but de ce tableau est d’indi-
quer la relation entre les principaux éléments
de l’aventure. La plupart de ces éléments cor-
respondront aux acteurs, aux principaux PNJ,
mais ils peuvent également inclure des objets
273
Un détail important lors de la création de scènes,
bien qu’au début il soit difficile de s’en rendre
compte, est que vous n’avez qu’à penser à la fa-
çon dont une scène doit commencer, pas à la fa-
çon dont elle doit se terminer. Vous pouvez pen-
ser à des sorties possibles, mais si elles ne vous
viennent pas à l’esprit, ne vous inquiétez pas. Ce
seront les joueurs qui trouveront un moyen de
sortir leurs personnages de la situation et d’une
manière à laquelle vous n’auriez jamais pensé.
Ne vous inquiétez pas de ce que les PJ devraient
faire dans une scène, découvrez-le avec eux.
Une fois que vous avez le nombre de scènes
que vous jugez approprié, mettez-les en ordre
en créant un petit tableau. Écrivez dans la
première colonne le nom de chaque scène (de
sorte que vous aurez autant de lignes que de
scènes), puis indiquez si elle est obligatoire ou
non, quels PNJ y participent et de quelles autres
scènes elle dépend. Cela peut sembler un travail
inutile, mais il est utile de systématiser et cela
finit toujours par vous sauver d’une situation
compliquée pendant la partie. Voici un modèle
que vous pouvez suivre :
PNJ PARTICIPANTS CONDITIONS PRÉALABLES
PNJ 1 -
- Scène 1
PNJ 2, PNJ 3 -
PNJ 2 Scène 1, Scène 3
de pouvoir, des sorts, des lieux, des organisa-
tions ou tout ce que à quoi vous pouvez penser
qui peut être important pour l’aventure.
Pour créer ce tableau, placez dans la première
cellule de chaque colonne le nom de l’un des
PNJ principaux et dans la première de chaque
ligne le nom de chaque élément important (à
la fois les PNJ et les organisations, lieux ou
objets inanimés). Enfin, dans la cellule dans
laquelle un PNJ croise un autre élément, notez
ce que le PNJ pense et ce qu’il prévoit de faire.
274 UN GRAND POUVOIR

PNJ 1 PNJ 2 PNJ 3 PNJ 4

PNJ 1 convoite PNJ 2 possède PNJ 4 sait quelque

Objet 1 -
l’Objet 1 l’Objet 1 chose sur l’Objet 1

PNJ 2 vit PNJ 3 se rend

Récapitulatif des éléments

Lieu 1 - -
dans le Lieu 1 au Lieu 1

PNJ 1 appartient à PNJ 3 déteste PNJ 4 est le chef

Organisation 1 -
l’Organisation 1 l’Organisation 1 de l’Organisation 1

PNJ 2 craint PNJ 3 est le frère PNJ 4 aime

PNJ 1 - PNJ 1 de PNJ 1 en secret PNJ 1

PNJ 1 méprise PNJ 4 veut

PNJ 2 - -
PNJ 2 tuer PNJ 2

... ... ... ... ...

Il n’est pas nécessaire que vous écriviez absolu-
ment tout ce qui apparait dans l’aventure dans
ce tableau, mais seulement ce que vous consi-
dérez comme le plus pertinent. Considérez-le
comme une aide à la mise en scène, donc les
informations qu’il contient devraient être celles
qui vous seront les plus utiles en tant que MJ.
Ci-dessus, vous avez un exemple de modèle de
ce à quoi ce tableau pourrait ressembler.
Rumeurs
Elles peuvent mener à des aventures com-
plètes et même finir par devenir l’objectif d’un
personnage. Vous pouvez créer ces rumeurs
spécifiquement pour chaque PJ, mais il est
probablement beaucoup plus amusant de
compter sur le hasard et de créer un tableau
de rumeurs où vous tirerez les rumeurs pour
chaque PJ. Une ou plusieurs fois, comme vous
le souhaitez. De plus, ce mode d’attribution
des rumeurs aux joueurs vous permettra d’en
inclure de fausses et même de tirer des ru-
meurs qui pourront se contredire.

Avec ce tableau, vous aurez déjà une image gé-
nérale très complète de l’aventure et des rela-
tions entre les différentes parties. Maintenant,
vous allez profiter de ces connaissances
pour créer une série de rumeurs à livrer aux
joueurs. Les rumeurs représentent ce que les
personnages ont entendu de l’endroit où ils
peuvent trouver l’aventure et des habitants de
cet endroit.
Les rumeurs peuvent aller des secrets d’État
aux connaissances culturelles générales que
presque tout le monde connaitrait, et elles
peuvent être vraies ou fausses. Ces rumeurs
sont un outil très important, qui vous per-
mettra d’impliquer encore plus les joueurs
dans l’aventure et de les faire diversifier leurs
intérêts.
Donnez-les par écrit sur papier à chaque
joueur, afin que les autres ne le voient pas et
demandez-leur de le garder secret. C’est très
amusant de voir comment différents PJ réa-
gissent à l’aventure en fonction des rumeurs
que chacun a reçu.
Et, si vous le souhaitez, vous pouvez égale-
ment créer des rumeurs pour des zones plus
larges et ne pas vous limiter à la portée d’une
aventure. Ce type d’outil s’intègre également
très bien à une campagne.
Dans le chapitre Esclaves de leurs Désirs, vous
pouvez trouver un exemple d’un tableau de ru-
meurs et des instructions pour l’utiliser, ainsi
que le nombre de rumeurs à donner à chaque
joueur.
 AVENTURES
Autres ressources
Il ne reste plus qu’une étape : détailler les élé-
ments qui apparaissent pendant l’aventure et
qui nécessitent une attention particulière. Si des
objets de puissance ou des sorts en font partie,
vous devez décrire leurs mécanismes de jeu. Et
on peut en dire autant de tout PNJ qui, sans
être acteur, a besoin d’un nouveau profil.
D’autre part, si les personnages joueurs re-
çoivent une lettre ou un message, vous devrez
les écrire à l’avance. Au mieux de vos capaci-
tés, bien sûr, vous ne pouvez pas tout prévoir.
Une autre chose que vous pouvez faire qui
donnera beaucoup de couleur à l’aventure
est de recourir à des objets physiques dans
le monde réel pour représenter les objets
que les PJ rencontrent pendant le jeu. Si un
personnage est fait avec la statuette d’un
dieu, vous pouvez essayer d’obtenir un objet
similaire dans un magasin. Ou si vous trouvez
une pierre magique, vous pouvez chercher une
pierre, peindre un symbole obscur dessus et la
donner au joueur concerné.
Dans cette perspective, vous pouvez être très
créatif. Certains mettent tant d’efforts dans
ces petits objets qu’ils deviennent des œuvres
d’art authentiques, allant des tablettes d’argile
aux vêtements. Cela dépend du temps dont
vous disposez et de jusqu’où vous voulez aller.
275
UTILISER DES AVENTURES DE TIERS
Une alternative à la création de vos propres
aventures est d’en utiliser d’autres déve-
loppées par des tiers. Si vous le faites, vous
pouvez opter pour l’une des deux approches
suivantes :
• Utilisez l’aventure telle qu’elle est écrite,
avec un minimum de variations.
• Adaptez l’aventure autant que possible à
votre propre campagne.
Les deux options sont valables et chacune a
ses avantages et ses inconvénients.
Utiliser une aventure en la modifiant le moins
possible peut servir à développer vos com-
pétences en tant que MJ et vous faire prêter
attention à des aspects de la création et de la
direction d’aventures que vous n’auriez pas
envisagés autrement.
Cependant, il y a ceux qui préfèrent prendre une
aventure et l’adapter. L’explication est simple :
ce sont des MJ avec peu de temps devant eux
qui ont recours à des aventures toutes faites,
aventures qui leur épargnent le plus d’efforts
possible. Ces MJ veulent pouvoir avoir une
campagne qui leur appartient vraiment, mais
malheureusement, ils ne peuvent pas se per-
mettre de faire tout le travail eux-mêmes. C’est
vous qui décidez selon vos préférences.
276 UN GRAND POUVOIR

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• Être meneur de jeu (MJ) s’accompagne de responsabilités supplémentaires, mais c’est un tra-
vail très satisfaisant.
• Un MJ est un hôte, un arbitre et un joueur, mais il n’est pas un auteur, un adversaire ou un
esclave.
• L’environnement physique dans lequel se déroule la partie et ceux qui y participent ont une très
grande influence.
• Lorsque vous créez des PJ, vous devrez écouter, servir de médiateur et suggérer des idées.
• Les thèmes de La Porte d’Ishtar sont des héros passionnés, des aventures sans fin, l’exotisme,
la sorcellerie terrifiante, la barbarie contre la civilisation et l’esclavage.
• Le MJ ne doit jamais falsifier le résultat d’un jet de dés.
• Les PJ sont au centre du jeu.
• L’improvisation est l’une des armes les plus importantes d’un MJ. Il ne faut pas anticiper les
décisions des joueurs, mais y réagir.
• Si le MJ ne s’amuse pas, personne d’autre ne le fera.
• Les conflits doivent être pertinents pour l’histoire et pour les PJ.
• Les traits de caractère sont cruciaux pour le jeu ; le joueur qui les utilise autant que possible
aura un énorme avantage.
• Échouer est amusant.
• L’importance d’un combat détermine s’il est résolu comme une escarmouche ou une
confrontation.
• Un conflit qui n’est pas narré est ennuyeux ; le MJ doit encourager les joueurs à le faire.
• Les PJ ne gagnent pas seulement des PE, ils changent et grandissent également dans d’autres
aspects.
• Il existe deux styles de jeu : le bac à sable et les scénarios linéaires ou semi-linéaires. La Porte
d’Ishtar est un jeu conçu pour le premier style.
• L’environnement dans lequel une campagne se déroule doit être conçu de bas en haut et du
centre vers les extrémités.
• Pendant une campagne, le MJ doit constamment prendre des notes.
• Le hasard peut servir à alimenter la créativité.
• La fin d’une campagne ne doit jamais être décidée à l’avance.
• L’idée initiale d’une aventure peut venir de n’importe où.
• Une aventure n’a pas besoin d’être originale pour être amusante.
• Les bonnes aventures sont pleines de conflits moraux, de moments dramatiques et de décisions
difficiles.
• Pour créer une aventure, le MJ devra définir la situation initiale, les acteurs, les intérêts des PJ
et les scènes.
• Il sera également utile de créer un tableau récapitulatif des éléments et de diverses rumeurs.
 LES MAUX
DE L ’ HOMME

- Rihat, tu as affronté beaucoup de monstres, non ?

- Plus que je l’aurais souhaité, jeune Shelmaneser.
- Dis-moi, qui est le plus dangereux ?
- L’être humain, sans aucun doute.
- Ce n’est pas possible, Rihat ! J’ai entendu parler de créatures qui crachent du feu et de bêtes si
déformées et maléfiques qu’elles peuvent tuer d’un coup d’œil. N’en existe-t-il aucune ?
- Bien sûr qu’elles existent, jeune maitre. Mais aucune d’entre elles, malgré leurs pouvoirs redoutables
et leur apparence horrible, ne peut se comparer au mal qui est capable de se cacher dans le cœur des
hommes. Aucune créature n’est capable de la cruauté, de la haine, de l’envie et de la malveillance de
l’être humain. Si vous le souhaitez, je pourrais vous raconter l’histoire d’Anzu, ce magnifique oiseau
qui a donné sa vie pour nous sauver...

En tant que MJ, l’une de vos tâches les plus
importantes sera, en plus de créer un monde
dans lequel les personnages peuvent vivre, de
le peupler correctement. Sans habitants inté-
ressants et crédibles, Kishar ne semblera rien
de plus qu’une simple décoration, vide et sans
vie. Le but de ce chapitre est de vous aider à
créer ces individus, qu’ils soient des hommes
ou des bêtes. Mais en plus des outils néces-
saires pour pouvoir construire vous-même
une armée authentique de personnages non-
joueurs (PNJ), vous trouverez également ici
une série de PNJ déjà créés, dont la plupart
seront des ennemis auxquels les personnages
joueurs pourront se retrouver confrontés, du
garde d’un palais au monstre le plus horrible
que l’imagination puisse concevoir.
PERSONNAGES NON-JOUEURS
Les PNJ peuvent être aussi complexes que
les PJ eux-mêmes. Mais parce que le MJ doit
contrôler plusieurs personnages plutôt qu’un
seul, ils seront généralement beaucoup moins
détaillés. C’est pourquoi leur création est
différente de celle des personnages joueurs.
Concevoir un bon PNJ est plus un art qu’une
science, mais il y a un certain nombre d’étapes
qui peuvent être suivies pour en faciliter le
processus :
278 LES MAUX DE L ' HOMME
• Choisissez la place que le PNJ occupera dans
l’intrigue.
• Définissez un objectif pour le personnage. Il
peut être à court terme ou à long terme.
• Choisissez un trait de caractère pour le
personnage.
• Décidez de ce que vous en ferez. Donnez-lui
une profession et un niveau de maitrise.
• Donnez-lui une caractéristique distinctive.
Elle peut être physique ou autre.
• Choisissez une culture pour le PNJ et
nommez-la.
• Choisissez l’un des profils de la section
Adversaires et modifiez-le si nécessaire.
Bien que ces étapes soient affichées l’une après
l’autre, elles n’ont pas d’ordre prédéfini. En
réalité, vous pourriez même vous passer de la
première. De plus, ce sera le cas pour de nom-
breux PNJ dans la plupart des campagnes qui
adoptent le fonctionnement d’un bac à sable.
Plus loin dans cette section, vous trouverez un
exemple de création de PNJ. De plus, Esclaves
de leurs Désirs, le chapitre qui suit celui-ci, com-
prend une série de PNJ créés à l’aide de cette
méthode. Découvrez-les et utilisez-les comme
source d’inspiration pour inventer les vôtres.
CARACTÉRISTIQUES DISTINCTIVES
La chose la plus courante dans les jeux de rôle
est que les PNJ s’intègrent dans une certaine
mesure dans des modèles et des stéréotypes. Ce
n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire.
Il est normal et même recommandé que les PNJ
aient une certaine tendance à la caricature.
Dans la vie réelle, les gens n’ont pas qu’une
seule dimension ni ne peuvent être caracté-
risés par une seule phrase, mais dans les jeux
de rôle, ce n’est généralement pas le cas. Avec
eux, comme vous n’avez que quelques minutes
(voire quelques secondes) pour rencontrer un
personnage, vous ne pourrez généralement pas
approfondir. Le niveau de détail d’un PNJ est
directement proportionnel à l’importance qu’il a
pour l’intrigue en cours de développement.
De plus, loin de représenter une nuisance, ces
simplifications de personnages aident aussi
bien les joueurs que le MJ. Dans notre vie
quotidienne, nous pouvons nous permettre
de nous souvenir de milliers de visages et de
noms, en les associant à une façon d’être déter-
minée, qui peut être très complexe et avoir de
nombreuses lectures. Dans un jeu de rôle, ce
n’est pas possible. Les PJ rencontreront beau-
coup de gens et se souviendront de leurs noms
et de leurs personnalités, mais les joueurs eux-
mêmes auront plus de mal. En effet, ils n’ha-
bitent le monde de Kishar que durant quelques
heures pendant chaque session de jeu. Seuls
des PNJ archétypaux et accrocheurs resteront
dans leur mémoire. Les plus nuancés et les
plus profonds ne seront mémorisés que s’ils
jouent un rôle très important dans le jeu.
En tant que MJ, vous devez en profiter pour
vous faciliter la tâche. Les caractéristiques et
les traits de vos PNJ doivent attirer l’attention,
être caricaturaux même, mais pas nécessaire-
ment comiques. Vos joueurs ne se souvien-
dront pas du tavernier de la dernière auberge
dans laquelle ils se trouvaient, à moins d’avoir
une caractéristique qui le démarque beaucoup.
Peut-être qu’il bégayait constamment ou giflait
honteusement les serveuses sur les fesses en
passant. Peut-être avait-il une cicatrice sur
l’épaule (une vieille blessure de guerre) ou
se tournait chaque seconde pour regarder la
porte d’entrée.
Il est important de garder à l’esprit que les PNJ
doivent grandir de l’intérieur vers l’extérieur.
Ils doivent être créés comme un simple sque-
lette, composé des quelques os fondamentaux
que sont les idées clés. Ensuite, si nécessaire,
d’autres détails seront ajoutés, sous forme de
chair et de peau sur ces os. Cela offre au MJ un
très gros avantage. Les PNJ peuvent être dé-
veloppés en fonction de la progression de l’his-
toire. S’ils n’ont qu’une rencontre éphémère
avec les PJ ou se croisent très sporadiquement,
ce squelette suffira. Cependant, si petit à petit
ils gagnent en importance dans l’intrigue, des
détails peuvent être ajoutés progressivement.
Par exemple, mettons que le processus ci-des-
sus aboutisse à un PNJ avec un seul trait de
caractère. Mais si, au fil du temps, les PJ se
rapprochaient davantage de lui, on pourrait lui
en ajouter. Une devise pourrait également être
ajoutée. Ceci peut être particulièrement inté-
ressant pour les PNJ les plus importants, car
 PERSONnages non-joueurS
cela aide le MJ à mieux les comprendre. Mais
ce n’est généralement pas nécessaire pour la
plupart des PNJ secondaires, car l’objectif
compte généralement plus, puisqu’il affecte
davantage les PJ.
PROFILS ET AUTRES ATTRIBUTS
Les informations nécessaires au niveau des
mécanismes de jeu d’un PNJ (également appelé
profil) sont très faciles à déterminer lors du pro-
cessus de création que vous avez déjà pu voir.
Dans la plupart des cas, il suffira de choisir l’un
des profils que vous trouverez un peu plus loin
dans ce chapitre, dans la section Adversaires. En
fonction du personnage que vous avez créé ou
souhaitez créer, choisissez le plus approprié.
De plus, vous pouvez également modifier cer-
taines caractéristiques si vous le voulez, mais
gardez à l’esprit que la différenciation que vous
recherchez est probablement déjà donnée
grâce au trait de caractère et à la profession
que vous avez choisie. Après tout, ils affectent
également les mécanismes de jeu. Les modifi-
cations les plus courantes concerneront sans
doute les aspects liés aux combats.
Lorsque vous jouez avec des PNJ, ne tenez pas
compte de leurs Points de Caractère et utilisez
leurs traits chaque fois que vous en avez envie,
que ce soit positivement ou négativement. Ne
vous inquiétez pas de les équilibrer à cet égard,
car les personnages secondaires apparaitront
pendant si peu de temps qu’il n’est pas possible
de garder une trace du nombre de PC qu’ils ont
à un moment donné. En ce qui concerne la
Passion et la Détermination, on suppose qu’au-
cun PNJ, à moins que ce ne soit très important,
n’en possède. Ce sont des caractéristiques
propres aux héros, pas aux gens ordinaires.
Bien sûr, les PNJ cruciaux pour la campagne
sont une exception à cette règle, comme vous
l’avez déjà vu en lisant les premiers chapitres de
ce livre, dans lesquels ils ont été traités comme
les PJ au niveau des mécanismes de jeu. Dans
ce cas, ce que vous pouvez faire est de leur don-
ner une utilisation unique de la Passion et une
autre de la Détermination. En ce qui concerne
leur récupération, n’utilisez aucune règle, faites-
le quand vous sentez que le moment est venu.
279
Enfin, dans le cas de PNJ extrêmement im-
portants, vous pouvez toujours décider de
leur consacrer un effort supplémentaire et de
les créer exactement comme s’il s’agissait de
PJ. Si vous le faites, donnez-leur également
de l’expérience et dépensez-la pour améliorer
leurs capacités ou augmentez-les directement
du nombre qui vous convient. Généralement,
vous n’emploierez cette méthode de création
que pour un ou deux PNJ dans toute une
campagne.
EXTRAS
À contrario, il y aura des PNJ qui auront si peu
d’importance qu’ils ne mériteront même pas
que vous preniez la peine de leur trouver un
nom, et encore moins des détails tels que leur
personnalité ou leurs ambitions. Ils n’attein-
dront même pas la catégorie des personnages
secondaires. Dans le monde du cinéma, nous
les appellerions des figurants. Leur seule tâche
sera de passer par là ou de tomber comme des
mouches face aux attaques des héros.
Dans ce cas, il vous suffira de les décrire suc-
cinctement. Par exemple  : «  deux marchands
Awilu discutent sur la place ». Vous n’aurez pas
à effectuer de processus de création, et à un
niveau mécanique, il vous suffira d’utiliser un
profil de la section Adversaires.
Ne vous inquiétez pas trop des extras, car dans
la plupart des cas, les PJ ne pourront même
pas interagir avec eux. Ils ne servent qu’à
fournir un peu de couleur et à permettre aux
joueurs de comprendre que tout l’univers ne
tourne pas autour de leurs personnages, bien
que les sessions de jeu le fassent.
CRÉER ET DÉTAILLER DES PNJ À LA VOLÉE
Cependant, peut-être en raison de l’action
des PJ ou des rebondissements inattendus
de l’intrigue, il y aura des situations dans les-
quelles un extra (ou un autre PNJ que vous
aviez considéré comme peu pertinent) prendra
soudainement de l’importance. À ce stade,
vous constaterez que vous devrez donner plus
de détails à ce PNJ au cours de la partie elle-
même, car vous n’aviez pas prédit que cette
situation pourrait se produire.
280 LES MAUX DE L ' HOMME
Si cela vous arrive (et cela vous arrivera), ne
vous laissez pas dominer par la panique. Les
règles de La Porte d’Ishtar sont assez simples
pour que le travail d’improvisation que vous
devez faire ne soit pas énorme. Si le person-
nage n’a pas de nom, trouvez-en un ou si vous
ne pouvez pas en choisir un rapidement, re-
fusez simplement de le dire aux personnages.
Nous ne donnons habituellement pas notre
nom au premier étranger qui apparait.
Lorsque cela se produit, il peut être très utile
d’avoir préparé une liste de noms et de rayer
un nom lorsqu’il est attribué à un PNJ. Faites
la même chose avec les traits de caractère ou
les caractéristiques distinctives. Bien que ce
ne soit pas si habituel, vous pouvez également
avoir une liste de ces derniers, utiliser ceux qui
sont présentés en exemple dans le chapitre La
Forge d’un Destin ou simplement laisser leur
dénomination pour plus tard. Après tout, ce
sont des aspects plus subtils, qui peuvent tou-
jours attendre la prochaine session si le PNJ
réapparait.
Et la chose la plus importante dans ce cas : après
avoir créé un PNJ à la volée, écrivez-le ! Sinon,
à la fin de la partie, vous l’aurez oublié. Ce per-
sonnage est devenu une partie de la campagne,
comme tous les autres éléments que vous aviez
déjà créés. La seule différence est qu’il est né
directement sur la table de jeu. Ne gaspillez pas
le travail que vous venez de faire.
PNJ CRÉÉS PAR LES JOUEURS
L’une des choses dont vous pouvez profiter est
la créativité de vos propres joueurs. Pourquoi
inventer un PNJ s’ils le font déjà pour vous ? Au
cours d’une session, les joueurs peuvent parler
d’un PNJ que vous n’avez pas créé. Si cela se
produit, demandez-vous si ce ne serait pas plus
intéressant qu’il existe vraiment. Lorsqu’on
vous pose des questions sur quelque chose
auquel vous n’aviez pas pensé, envisagez de le
créer tout de suite au lieu de leur donner une
réponse négative.
Si vos joueurs sont paranoïaques en pensant
qu’ils pourraient chasser un fantôme, faites en
sorte que cela s’avère vrai. Si vous voulez em-
baucher un tueur, trouvez-en un à la recherche
d’un emploi dans la cité. S’ils demandent l’avis
d’un devin, demandez à un temple de les re-
cevoir. Pensez qu’à long terme, vous pouvez
toujours décider que le fantôme ne veut pas
leur faire de mal mais les aider, que le meur-
trier s’enfuira avec son salaire sans remplir sa
mission ou que le devin les espionne pour le
compte de leurs ennemis. Plus d’une guilde de
voleurs, d’importants marchands ou même de
villages perdus ont vu le jour de cette façon. Et
tous les joueurs, y compris le MJ, ont eu droit à
des sessions plus amusantes en le faisant.
Ouvrez les portes, ne les fermez pas.
Vous devez juste garder à l’esprit que vous
n’avez pas à toujours le faire. Profitez de vos
joueurs pour enrichir votre campagne. Après
tout, ce n’est pas la vôtre, c’est la leur.
GRANDS MÉCHANTS
Parmi tous les PNJ, il y en a certains en parti-
culier qui méritent un traitement spécial : les
méchants. Ces personnages, contrairement
aux autres PNJ, sont presque aussi pertinents
que les PJ eux-mêmes. Bien que dans les scé-
narios uniques, ce ne soit pas si perceptible,
les grandes campagnes sont animées dans une
large mesure par les antagonistes des person-
nages principaux. Ils doivent être à la hauteur
des circonstances, provoquant à la fois chez
les personnages et les joueurs les sensations
adéquates.
Afin de créer un bon méchant, vous devez
prendre en compte les points suivants :
• Il doit représenter un danger fondamental,
que les PJ ne peuvent ignorer, de peur que
quelque chose de terrible ne leur arrive ou
arrive à ceux qu’ils aiment.
• Son comportement doit être suffisamment
imprévisible pour prendre les PJ par surprise
de temps en temps, bien que la plupart du
temps, ils puissent en partie anticiper ses
actions.
• Il doit être important pour le monde, pas
seulement pour les PJ. De plus, battre le
méchant (ou même l’affronter) doit avoir
des implications au-delà de la confrontation
elle-même.
 PERSONnages non-joueurS
• Il devrait toujours être au-dessus des PJ. Pas
littéralement, car il peut résider loin, mais
avec son influence, il doit être capable de les
mettre la plupart du temps sous tension ou
en alerte. Les parties sont plus excitantes
lorsque les personnages n’ont pas le temps
de se détendre ou de se reposer.
• Il doit posséder des informations impor-
tantes sur les PJ ou se soucier d’eux d’une
manière ou d’une autre. Les relations entre
les héros et les méchants fonctionnent
mieux si elles sont symétriques. Un méchant
lointain et distant, qui ne se soucie pas du
héros qui le poursuit, donne lieu à des par-
ties moins intéressantes.
• Il n’a pas nécessairement besoin de vouloir
tuer les PJ. Ses plans peuvent impliquer
les héros d’autres manières, souvent plus
intéressantes.
• Il ne doit pas nécessairement être mauvais.
Il peut simplement avoir un autre point de
vue. Plus d’un héros connait une crise de va-
leurs lorsqu’il découvre que le méchant qu’il
poursuit depuis si longtemps n’est pas réel-
lement ce qu’il croyait. Les grands méchants
sont généralement plus machiavéliques que
malveillants.
Cela a déjà été dit, mais ce point est vraiment
important  : écoutez les suggestions de vos
joueurs, que ce soient celles qu’ils font directe-
ment ou celles qu’ils suggèrent avec leurs com-
mentaires. Donnez-leur les méchants qu’ils
veulent et votre campagne sera mémorable.
On dit que ce qui rend un héros grand, ce sont
ses ennemis. Il faut qu’il en soit également ain-
si pour les PJ.
EXEMPLE DE CRÉATION DE PNJ
Nous allons créer un PNJ en suivant les étapes
ci-dessus.
Place dans l’intrigue  : Les joueurs vont
affronter un puissant noble Awilu  : Ashtar-
Hadon. Ils souhaitent «  acquérir  » certaines
possessions dudit noble et auront besoin de
toute l’aide possible. Le MJ décide de créer
un PNJ capable de fournir des informations
aux joueurs sur la demeure d’Ashtar-Hadon et
même de les aider à se faufiler à l’intérieur.
281
Après y avoir réfléchi un moment, le MJ choisit
de créer une esclave de l’Awilu, utilisée comme
concubine par le noble à de nombreuses re-
prises, mais assez intelligente pour vouloir
échapper à son sort. Elle peut avoir une certaine
motivation ultérieure pour aider les PJ.
Objectif : Même si le MJ considère pendant un
instant que « Tuer Ashtar-Hadon » soit appro-
prié, le MJ y réfléchit mieux et décide de choisir
« S’échapper de la demeure d’Ashtar-Hadon ».
Si les PJ parviennent à l’aider à atteindre son
objectif, l’esclave pourrait décider de les aider.
Elle a reçu tellement de mauvais traitements
de la part de l’Awilu qu’elle a décidé que le mo-
ment était venu de s’échapper. Elle planifie une
évasion depuis, mais l’occasion ne s’est jamais
présentée.
Trait de caractère  : Le MJ décide que l’es-
clave attend sa chance de s’échapper depuis de
nombreuses années et qu’elle ne prend pas de
risques inutiles. Il choisit de représenter cela
par le trait « Prudente ».
Profession : Choisir celle-ci est facile. Le MJ
décide qu’elle sera «  Concubine  » et que son
niveau de maitrise sera expérimentée.
Caractéristique distinctive  : Le MJ pense
que ce serait une bonne idée que l’un des
mauvais traitements d’Ashtar-Hadon soit sa
marque de fabrique. Par conséquent, il choi-
sit qu’elle porte d’horribles brulures sur son
visage, qui l’ont laissée borgne. Pour cette rai-
son, la pauvre esclave porte toujours un voile
qui couvre son visage.
Culture et nom : Après tout cela, la culture du
PNJ sera celle d’Esclave Mushkenu et comme
nom le MJ penche pour Shanna.
Profil : Avec tout cela à l’esprit, le MJ choisit
le profil qu’il trouve le plus approprié, celui
d’Esclave Mushkenu (Domestique), et apporte
quelques modifications. Il décide d’ajouter
deux points de Volonté, puisque la résolu-
tion de réussir un jour à s’échapper a permis
à Shanna de maintenir une certaine stabilité
mentale dont jouissent peu d’esclaves. D’autre
part, le MJ décide également de soustraire un
point de Charisme pour les brulures.
282 LES MAUX DE L ' HOMME

À la suite de ces modifications, l’Endurance dans la plupart des cas sera la somme de 3 +
augmente de deux points (puisque la Volonté Force + Volonté. Les PNJ ont une Endurance
a augmenté du même nombre). beaucoup plus faible que les PJ, car ils sont
beaucoup moins importants, certains étant
Le profil final ressemblerait à ceci : plus que secondaires. Cependant, prenez la
liberté d’augmenter ou de diminuer cette va-
leur si vous le souhaitez, soit pour représenter
Shanna des ennemis particulièrement importants, soit
physiquement très grands (ou petits).
END. DEX. FOR.
Mushkenu
Esclave 7 1 1 Caractéristiques  : Voici le bloc destiné aux
VA VD VM ING. PER.
caractéristiques du PNJ  : Dextérité, Force,
Ingéniosité, Perception, Charisme et Volonté.
1 1 1 3 2
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. Traits et autres caractéristiques  : Le bloc
inférieur est dédié aux autres attributs du
0 0 18 3 3 PNJ. Cela peut inclure des pouvoirs spéciaux,
des objectifs, des traits de caractère, des pro-
Objectif : S’enfuir de la demeure d’Ashtar-Hadon fessions et une devise, ainsi que toute autre
Caractère : Prudente caractéristique distinctive. Ce que cet espace
Profession : Concubine (2) contiendra dépendra dans une large mesure
Caractéristique distinctive : Brulures horribles du PNJ en question.
sur le visage.
CRÉER UN PROFIL

Tout comme vous pouvez créer de nouveaux

COMMENT LIRE UN PROFIL
Vous venez de voir le profil de Shanna et vous
avez peut-être immédiatement identifié cha-
cun de ses éléments. Mais, juste au cas où,
voyons ce que tous ces acronymes et abrévia-
tions signifient.
Nom : Ci-dessus, vous pouvez lire le nom (s’il
s’agit d’un nom spécifique) ou le type de PNJ.
Un peu plus bas, vous verrez sa race et/ou une
brève description.
Combat  : Sous le nom, le bloc de gauche
contient les capacités de combat du PNJ, ain-
si que les autres attributs qui lui sont liés. Il
s’agit de la Valeur d’Attaque (VA), de la Valeur
de Défense (VD), de la Valeur de Manœuvre
(VM), de l’absorption de l’armure ou des pro-
tections naturelles, du Moral et de l’Efficacité
au Combat (EC). L’EC sera utilisée dans les
escarmouches, tandis que les autres attributs
seront utilisés dans les confrontations.
Un peu plus haut, à droite de la race ou du
type de PNJ, se trouve l’Endurance (END.), qui
PNJ, vous pouvez faire de même avec les pro-
fils. Si aucun de ceux proposés ci-après ne vous
satisfait ou ne correspond pas exactement à
l’idée de personnage que vous avez en tête,
prenez le concept le plus proche et modifiez-le.
Ou mieux, inventez-en un autre tout nouveau.
Cela vous offre de nombreuses possibilités,
y compris donner naissance à de nouveaux
monstres, qui auront toujours beaucoup plus
de différences entre eux que les PNJ humains.
Lors de la création d’un nouveau profil, il suffit
d’attribuer à chacun de ses espaces la valeur
numérique que vous jugez pratique, en tenant
toujours compte du fait que 6 est la valeur
maximale d’une caractéristique ou d’une ca-
pacité de combat d’un être humain (à l’excep-
tion de la caractéristique spéciale de chaque
culture). Si vous dépassez ce nombre, sachez
que vous créez un PNJ surhumain.
N’oubliez pas non plus que le Moral est meilleur
quand la valeur qui y est attribuée est basse.
Une créature avec un Moral de 18 s’épuisera
à la première occasion, tandis qu’une avec un
Moral de 3 se battra toujours jusqu’à la mort.
 ADVERSAIRES
En ce qui concerne l’Endurance et l’EC, les
deux sont dérivées d’autres attributs, mais de
manières différentes. L’Endurance dans le cas
des PNJ, comme vous le savez déjà, équivaut à
3 + Force + Volonté, mais vous pouvez la mo-
difier sans trop de problèmes vers le haut ou
vers le bas si vous en avez envie.
L’Efficacité au Combat, cependant, est calculée
différemment. Vous devez d’abord ajouter l’ab-
sorption, la VA, la VD, la VM du PNJ et diviser
le total par 3. Ensuite, vous devez regarder le
Moral du PNJ  : s’il est inférieur ou égal à 9,
ajoutez 1 au nombre que vous avez obtenu et
s’il est supérieur ou égal à 15, soustrayez 1.
Enfin, pour chaque capacité ou puissance spé-
ciale dont dispose le PNJ (vous avez ci-dessous
quelques exemples), augmentez de 1 le total
déjà obtenu.
Après avoir fait tout cela, vous aurez une EC
finale. Ce sera l’EC du PNJ. N’oubliez pas,
lorsque vous choisissez un profil de PNJ,
qu’un PJ a généralement une capacité de
combat la plus élevée entre 4 et 6. Les PNJ
avec une EC de 7 ou plus devraient toujours
être de grands guerriers. En fait, si l’EC que
vous avez obtenue est de 10 ou plus, ne l’écri-
vez pas et laissez l’espace EC vide ou mettez
une croix à sa place. Un combat avec un
adversaire assez puissant pour avoir une EC
aussi élevée ne peut être résolu que comme
une confrontation. Il doit nécessairement
s’agir d’un ennemi spécial, qui mérite le détail
qu’une confrontation apporte.
En ce qui concerne les capacités spéciales, vous
pouvez utiliser l’un des profils présentés plus
loin dans ce chapitre ou créer les vôtres.
EFFICACITÉ AU COMBAT D’UN PNJ
EC : VA + VD + VM + absorption/3
(arrondie à l’inférieur)
Si Moral <= 9 : +1
Si Moral >= 15 : -1
Pour chaque capacité spéciale : + 1
Si EC >= 10 : : Résolvez toujours les
combats sous forme de confrontation.
283
ADVERSAIRES
Les profils ci-après correspondent à différents
types de personnages non-joueurs humains
(ou humanoïdes) que les PJ pourront croiser.
La plupart des profils que vous utiliserez pour
vos PNJ proviendront de ce chapitre. Ces
profils n’incluent jamais de professions, bien
qu’elles puissent sembler évidentes, car dans
certains cas, elles peuvent varier légèrement.
Par exemple, deux nobles Awilu peuvent avoir
consacré leur énergie à des intérêts très dif-
férents. S’il vous manque un profil spécifique,
recherchez le plus similaire et modifiez-le. Ou
utilisez-le directement. Dans la plupart des cas,
il n’y aura pas de différences notables entre un
esclave qui travaille dans les mines et un esclave
qui est engagé dans le labour des champs. En
fin de compte, vous pouvez toujours vous tour-
ner vers les professions pour les distinguer.
HABITANTS D’AKKAD
En Akkad, il y a un contraste frappant entre
les maitres, qui vivent confortablement et en-
tourés de luxe, et leurs esclaves, couverts de
haillons et sans rien à se mettre sous la dent.
Esclaves Mushkenu
Il y a autant de types d’esclaves qu’il y a de
tâches à accomplir, mais ils peuvent être classés
en trois groupes : ceux qui sont dédiés au tra-
vail forcé, les artisans et ceux qui sont chargés
de s’occuper de leurs maitres dans leurs mai-
sons. Ces derniers sont généralement les plus
instruits et les plus beaux, car les Awilu aiment
s’entourer de beauté. Parfois, ils emploient
même ces esclaves pour satisfaire leurs plaisirs.
Esclave Mushkenu
END. DEX. FOR.
Travailleur
forcé 6 2 2
VA VD VM ING. PER.
1 1 1 1 2
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
0 0 18 1 1
284 LES MAUX DE L ' HOMME

Esclave Mushkenu Prêtre Awilu

END. DEX. FOR. END. DEX. FOR.
Artisan
5 1 1 8 3 2
VA VD VM ING. PER. VA VD VM ING. PER.

1 1 1 2 2 2 2 2 4 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

0 0 18 2 1 1 0 15 4 3

Esclave Mushkenu Marchand d’Assur

END. DEX. FOR. END. DEX. FOR.
Awilu ou
Domestique
5 1 1 Mushkenu 9 3 3
VA VD VM ING. PER. VA VD VM ING. PER.

1 1 1 3 2 2 2 2 3 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

0 0 18 4 1 1 0 15 5 3

Awilu GARDES ET SOLDATS

Les Awilu ont tout le temps du monde pour se
consacrer à leurs centres intérêts, leurs besoins
fondamentaux étant entièrement couverts par
leurs serviteurs. Cependant, peu d’Awilu, quelle
que soit leur place dans la société, s’engagent
dans des activités physiques intenses.
Noble Awilu
Où que se trouve l’être humain, il y aura des
conflits et ce sont les hommes d’armes, gardes
et soldats, qui sont chargés de veiller à ce que
la loi soit imposée et que les intérêts qu’ils dé-
fendent ne soient pas menacés. Peu importe à
quel point les Akkadiens se considèrent avan-
cés et civilisés, ils continuent de recourir avec
une fréquence alarmante à la façon la plus pri-
mitive de résoudre les problèmes : la violence.

END. DEX. FOR.

Gardes
8 3 3
VA VD VM ING. PER. Les gardes représentent la loi et l’ordre dans
les cités et les villages. Certains serviront dans
2 2 2 4 3 ce rôle par vocation, tandis que d’autres le fe-
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. ront par désir de pouvoir.
1 0 15 3 2 Quoi qu’il en soit, il n’est pas conseillé de dé-
sobéir à un garde si vous tenez à votre peau.
 ADVERSAIRES 285

Garde Mushkenu Capitaine de la Garde

END. DEX. FOR. END. DEX. FOR.

8 3 3 12 5 5
VA VD VM ING. PER. VA VD VM ING. PER.

3 3 3 2 3 6 5 4 3 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

3 0 11 2 2 8 2 7 5 4
Autorité : Les Gardes qui combattent aux côtés
d’un Capitaine de la Garde peuvent utiliser le
Moral de ce dernier.
Garde Awilu Voix de commandement  : Un Capitaine de
la Garde peut, comme une action pendant une
END. DEX. FOR.
confrontation, donner des ordres à ses Gardes.
10 4 4 Cette action est traitée comme une Améliorer la
position et tous les Gardes qui peuvent l’entendre
VA VD VM ING. PER. (y compris le Capitaine lui-même) recevront ses
effets et le bonus ne durera qu’un seul assaut.
4 3 3 3 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

4 1 9 3 3
Garde du Corps Wardu
Sergent de la Garde END. DEX. FOR.

END. DEX. FOR.

20 4 7
VA VD VM ING. PER.
12 4 5
VA VD VM ING. PER.
7 6 6 2 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
5 4 4 2 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
8 1 3 2 5
6 1 8 4 4 Garde du corps  : Lorsqu’un Garde du Corps
Wardu effectue l’action S’interposer, il ajoute +2
Autorité  : Les Gardes qui combattent aux cô- à sa VM. De plus, il peut cibler plus d’un adver-
tés d’un Sergent de la Garde peuvent utiliser le saire en soustrayant -1 de sa VA et de sa VM (au
Moral de ce dernier. lieu de -2) pour chaque objectif supplémentaire.

Soldats

S’il y a une carrière qui nécessite de l’exercice physique que les Awilu acceptent de suivre, c’est
bien l’armée. Servir comme soldat est le meilleur moyen d’atteindre un poste dans le gouverne-
ment de Sargon et de nombreuses familles à revenus relativement faibles cherchent à se faire un
nom en y envoyant leurs enfants, surtout s’il ne s’agit pas du premier-né.
286 LES MAUX DE L ' HOMME

Après tout, il n’y a pas beaucoup de danger réel non plus, car la plupart des victimes se comptent
généralement parmi les Mushkenu, utilisés comme chair à canon. Dans tous les cas, Kishar ne
manque jamais de travail pour un soldat. En des siècles d’existence, Akkad n’a jamais connu une
année complète de paix.

En ce qui concerne le sexe des soldats, bien que techniquement rien n’empêche les femmes de
s’enrôler dans l’armée, dans la pratique, la grande majorité du personnel militaire, tant les soldats
que les officiers sont des hommes.

Soldat Vétéran
Soldat Mushkenu
END. DEX. FOR.
END. DEX. FOR.
11 4 4
9 3 3 VA VD VM ING. PER.
VA VD VM ING. PER.
4 3 3/5 3 4
3 3 3 2 3 EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
6 1 9 2 4
4 1 11 2 3
Je connais cette astuce  : la VM d’un Soldat
Choisissez l’une des deux options suivantes : Vétéran est considérée comme étant de 5 lors-
Lancer : +3 au lieu de +2 si vous êtes sous les qu’elle est utilisée lors de l’action d’un adversaire.
effets de l’action Améliorer la position. -3 au Choisissez l’une des deux options suivantes :
lieu de -2 si vous êtes sous les effets de l’action Lancer : +3 au lieu de +2 si vous êtes sous les
Aggraver la position. effets de l’action Améliorer la position. -3 au
Arc/fronde  : Peut attaquer à distance. +1 VA lieu de -2 si vous êtes sous les effets de l’action
contre une Initiative inférieure. -1 VA contre une Aggraver la position.
Initiative égale ou supérieure. Arc/fronde  : Peut attaquer à distance. +1 VA
contre une Initiative inférieure. -1 VA contre une
Initiative égale ou supérieure.

Cavalier/Conducteur de Char Soldat d’Élite

END. DEX. FOR. END. DEX. FOR.

9 4 3 13 5 5
VA VD VM ING. PER. VA VD VM ING. PER.

4 3 3 3 3 5 4 4 3 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

5 1 10 2 3
Position surélevée : Les Cavaliers/Conducteurs
de Char commencent la confrontation sous les
effets de l’action Améliorer la position. En cas de
cessation, on considèrera qu’ils sont tombés de
selle ou ont été jetés hors du char.
7 2 7 3 5
Une expertise inégalée : Une fois par confron-
tation, un Soldat d’Élite peut forcer son adver-
saire à répéter un jet de dés. Le nouveau résultat
est gardé, même s’il est meilleur.
 ADVERSAIRES 287

Officier Brute
END. DEX. FOR. END. DEX. FOR.

11 3 3 7 2 3
VA VD VM ING. PER. VA VD VM ING. PER.

4 3 3 5 5 2 2 2 2 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

8 2 7 4 5 1 0 18 2 1
Autorité  : Les Soldats qui combattent aux cô-
tés d’un Officier peuvent utiliser le Moral de ce
dernier.
Voix de commandement  : Un Officier peut,
comme une action pendant une confrontation, Voleur
donner des ordres à ses Soldats. Cette action est
traitée comme une action Améliorer la position et END. DEX. FOR.
tous les Soldats qui peuvent l’entendre (y compris
l’officier lui-même) recevront ses effets et le bo- 6 5 2
nus ne durera qu’un seul assaut. VA VD VM ING. PER.
Brillant stratège  : Chaque soldat qui peut en-
tendre un Officier (y compris l’Officier lui-même) 2 2 5/7 3 4
pendant une confrontation aura un bonus de +1 à EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
son Initiative.
3 0 15 3 1
Désarmer  : Les compétences nécessaires
PERSONNES DE MAUVAISE VIE
pour le vol peuvent également servir à dé-
sarmer un adversaire. Un voleur utilisant une
Mais tous ceux qui portent des armes en action Désarmer ajoutera +2 à sa VM (soit un
Akkad ne servent pas l’Empire et beaucoup total de 7).
poursuivent leurs propres intérêts. Parmi eux
se trouvent des voyous qui gagnent leur vie
en terrorisant de pauvres esclaves affamés,
des voleurs qui tuent « en légitime défense »
ou des bandits et des pirates qui menacent Bandit
constamment les routes commerciales.
END. DEX. FOR.

Ce sont tous des individus de la plus basse ex-

traction sociale, qui n’hésitent pas à recourir à
8 4 3
VA VD VM ING. PER.
tous les moyens pour atteindre leurs objectifs,
bien qu’ils ne soient en fait pas si différents des 4 3 3 3 4
Awilu qui regardent par-dessus leur épaule. Ils
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
sont tout simplement plus sincères.
4 0 11 1 2
Parfois, dans les rangs de ces criminels,
surgissent des individus exceptionnels, qui Embuscade  : Au cours du premier assaut
trouvent un réel plaisir dans le meurtre et ont d’une confrontation, les adversaires d’un
fait de cet art leur vocation  : des assassins Bandit seront considérés sous les effets de
et des chasseurs de primes qui accepteront l’action Aggraver la position.
n’importe quelle mission si on leur offre une
récompense suffisamment substantielle.
288 LES MAUX DE L ' HOMME

Pirate
END. DEX. FOR.

9 4 3
VA VD VM ING. PER.

4 3 3 3 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

4 0 10 1 3
Loup de mer  : Si une confrontation a lieu sur
le pont d’un navire, les adversaires d’un Pirate
auront une pénalité de -2 à leur Initiative.

Assassin
END. DEX. FOR.

8 5 3
VA VD VM ING. PER.

3 2 6 3 5
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

4 0 12 4 2
Dans l’ombre  : Si, lors d’une confrontation,
un Assassin attaque un adversaire qui n’est
pas conscient de sa présence avec une action
Attaque implacable, il peut utiliser la valeur de
sa VM (6) comme VA. Chasseur de Primes
END. DEX. FOR.

15 5 4
VA VD VM ING. PER.

5 4 5 5 4
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

7 1 8 3 5
Vous êtes ma proie : Au cours d’une confronta-
tion, pour chaque assaut après le premier qu’un
Chasseur de Primes attaque le même adversaire,
il recevra un +1 à sa VA. C’est-à-dire +1 le deu-
xième assaut, +2 le troisième et ainsi de suite.
 ADVERSAIRES 289

CIMMÉRIENS
Chaman Cimmérien
Méprisés par ceux qui les considèrent comme
END. DEX. FOR.
de simples barbares et craints par ceux qui ont
eu le malheur de les affronter au combat, les 10 4 4
habitants des montagnes sont l’un des grands
VA VD VM ING. PER.
dangers qui affligent l’Empire. Pas tant à cause
de leur capacité de guerre, parce qu’ils ne 3 3 4 3 5
pourront jamais former une grande armée, EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
mais bien par rapport à ce qu’ils représentent :
un Mushkenu peut vivre libre. 5 0 9 4 3
Pour la plupart des habitants de l’Empire, le Totem  : Lors d’une confrontation, un Chaman
mot «  Cimmérien  » est synonyme d’envahis- Cimmérien, juste avant de décider de l’action à
seur, car presque toutes les rencontres entre effectuer, peut décider d’invoquer le pouvoir de
les deux peuples se font à travers des affron- son totem, se laissant posséder par celui-ci. S’il
tements militaires par l’un ou l’autre camp, le fait, sa VA, sa VD et sa VM passeront à 6. Cet
état durera jusqu’à la fin de son action lors du
chacun tentant d’envahir et de piller les terres
prochain assaut, c’est-à-dire deux actions : celle
de son ennemi. qu’il est sur le point d’effectuer et celle de son
prochain assaut.
En fait, beaucoup d’Hommes Libres n’ont ja-
mais vu un Akkadien qui ne fasse pas partie de
l’armée impériale.

Les chefs des Cimmériens sont les chamans,

des sages qui peuvent puiser dans la force de
leur animal totem pour accomplir des exploits
incroyables.

Envahisseur Cimmérien ÉLAMITES

END. DEX. FOR.
Les Élamites sont des Awilu, tout comme les
10 4 4 habitants de l’Empire. Cependant, il y a une
VA VD VM ING. PER. différence cruciale entre les deux  : là où les
Akkadiens emploient des esclaves, les habi-
4 3 4 3 4 tants d’Élam se tournent vers leurs défunts.
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
Leurs armées sont tristement célèbres, car
4 0 11 3 3 il y a peu de choses plus terrifiantes que les
forces d’Élam qui marchent au combat. Leurs
Fureur meurtrière  : Au cours d’une confron- rangs silencieux, parfaitement synchronisés et
tation, un Envahisseur Cimmérien peut décider totalement dépourvus de vie, feraient frémir
d’entrer dans un état de fureur meurtrière au
même les soldats les plus courageux.
début de l’une de ses attaques. Si c’est le cas,
sa VD sera réduite à 1 et sa VA sera augmentée
à 6. De plus, il surmontera automatiquement À la tête de ces hordes de cadavres se trouvent
tout conflit de Moral. Dans cet état, qui durera les nécromanciens : de puissants sorciers qui,
jusqu’à la fin de la confrontation, il ne pourra pas par un art secret, donnent la vie aux morts,
utiliser Défense de fer ou Reprendre son souffle. les faisant avancer inlassablement contre leurs
ennemis.
290 LES MAUX DE L ' HOMME

Soldat Élamite
END. DEX. FOR.

13 1 4
VA VD VM ING. PER.
PHÉNICIENS
1 1 1 1 1
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. Celui qui a vu un Phénicien ne l’oublie jamais.
Ni son regard, qui semble pénétrer l’âme et
3 0 - 1 6 lire les pensées ni ses gestes, lents et précis,
exécutés par de longs membres recouverts
Terreur  : Chaque adversaire qui fait face à un d’une peau d’une couleur bleue incroyable.
Soldat Élamite doit surmonter un conflit de
Volonté de difficulté 15 ou être Terrifié les deux Tout cela forme une image choquante, qui est
premiers assauts d’une confrontation. Il ne doit complétée par les aspects étranges de leurs
surmonter ce conflit qu’une seule fois, même s’il gardes du corps  : des Mushkenu ayant les
combat plusieurs Soldats Élamites à la fois.
oreilles coupées et les lèvres cousues avec du
Morts : Les Soldats Élamites surmontent auto-
matiquement tout conflit de Moral. fil d’or.

Non seulement ces pauvres gardes ne peuvent

articuler aucun mot, mais ils agissent comme
s’ils n’avaient pas de volonté propre, exécu-
tant exclusivement les mouvements néces-
Nécromancien saires à l’accomplissement de leur mission  :
protéger la vie de leurs maitres.
END. DEX. FOR.
La plupart du temps, ces gardes condamnés
12 2 4 n’ont même pas à lever le petit doigt, car
VA VD VM ING. PER. pratiquement personne n’ose lever la main
contre un Phénicien.
2 4 2 5 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

6 2 9 1 5
Garde Sourd-Muet
Vitalité contre nature  : Pendant une
confrontation, un nécromancien peut, au lieu END. DEX. FOR.
de mener une action, se concentrer sur le
renforcement du lien des Soldats Élamites qui 11 3 3
l’entourent avec le monde des vivants. S’il le VA VD VM ING. PER.
fait, tout Soldat Élamite qui se trouve à moins
de 100  pas de celui-ci récupèrera 3  points 4 3 3 3 3
d’Endurance perdus. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
Lève-toi ! : Au cours d’une confrontation, un
nécromancien peut, au lieu de mener une ac- 5 1 5 1 5
tion, se concentrer sur la tentative de relever
un Soldat Élamite qui a été mis hors de com-
bat. S’il le fait, un Soldat Élamite qui remplit Garde du corps : Quand un Garde Sourd-Muet
cette condition et qui se trouve à moins de effectue l’action S’interposer, il ajoute +2 à sa
100  pas de lui retournera au combat avec la VM. De plus, il peut cibler plus d’un adversaire
moitié de l’Endurance qu’il avait à l’origine, en soustrayant -1 de sa VA et de sa VM (au lieu
arrondie à l’inférieur. de -2) pour chaque objectif supplémentaire.
 ADVERSAIRES 291

Phénicien Pillards Gris

END. DEX. FOR. END. DEX. FOR.

11 3 3 15 3 5
VA VD VM ING. PER. VA VD VM ING. PER.

0 5 5 5 5 5 4 3 3 4
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

- 0 5 7 5 6 2 8 3 4
Phénicien : Un Phénicien n’entrera jamais dans Armes en fer : L’une des stratégies habituelles
un combat s’il peut l’éviter et, s’il le fait, il n’atta- des Pillards Gris est de frapper les plus faibles
quera ni ne blessera jamais un adversaire. de leurs adversaires avec leurs solides armes en
Lire l’esprit : Un Phénicien peut lire les pensées fer, en essayant de les briser. Lorsqu’un Pillard
superficielles de ceux qui l’entourent. S’il entre Gris effectue l’action Désarmer, il ajoute +2 à sa
en contact physique, il peut également accéder VM. De plus, l’adversaire ne pourra pas récupé-
à des souvenirs et des pensées plus secrètes ou rer son arme, même s’il a recours aux actions
cachées. Surmonter ou Reprendre son souffle.
Maitriser la volonté : Un Phénicien qui entre en
contact physique avec quelqu’un peut essayer de
maitriser sa volonté. Un conflit de Volonté entre
les deux doit être résolu. Si le Phénicien gagne, il
peut donner n’importe quel ordre au vaincu, qui
doit lui obéir dans la mesure de ses possibilités.
Cet état prendra fin après un jour ou lorsque le
Phénicien le souhaite, en fonction de ce qui ar-
rive en premier. Un Phénicien utilisera rarement
ce pouvoir et ne donnera jamais aux dominés
un ordre qui implique de causer des dommages
physiques, que ce soit à lui-même ou aux autres.

Esprit du Vent
HITTITES END. DEX. FOR.

Connus sous le nom de Pillards Gris, les Hittites

5 5 1
VA VD VM ING. PER.
sont une nouvelle menace impossible à ignorer.
1 1 5 3 4
Armés d’armes en fer et avec les esprits du
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
vent à leurs côtés, ils sont des rivaux redou-
tables, qui augmentent la férocité de leurs as- 3 0 - 1 1
sauts avec chaque année qui passe. Leurs cris
de guerre puissants accompagnent les cauche-
Insubstantiel : Un Esprit du Vent ne peut être
mars de ceux qui se sont battus contre eux et blessé que par des moyens surnaturels. Une
ont survécu pour raconter leur histoire. attaque normale ne réduira pas son Endurance
même s’il est touché.
Ce sont des ennemis de l’Empire d’Akkad et Communion  : Un Esprit du Vent est toujours
des Cimmériens, qui les connaissent sous le attaché à un Pillard Gris avec qui il se bat. Il ne
nom d’Osakhed Ikhilet, les hommes sans vi- battra pas en retraite tant que son Pillard Gris
continuera à se battre. L’union est si forte que
sage, car leur tête est toujours couverte par
l’Esprit du Vent mourra si le Pillard Gris auquel il
un casque fabriqué dans un métal résistant qui est attaché perd la vie.
fait leur renommée.
292 LES MAUX DE L ' HOMME

MIDDU
Assaillant Uridimmu
Rarement vus en dehors de leur Mède natale,
END. DEX. FOR.
les Hommes-Serpents inspirent une peur ins-
tinctive chez les hommes, peut-être à cause du 9 4 3
rejet naturel de l’être humain pour les serpents
VA VD VM ING. PER.
auquel ces êtres ressemblent ou peut-être à
cause des énergies obscures qui les entourent 4 3 4 4 5
toujours. Ceux qui les voient ont soudain la EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
chair de poule et les animaux à sang chaud
refusent de rester près des Middu, faisant tout 4 0 13 2 3
pour fuir.
Avec le soleil dans le dos  : Lors du premier
assaut d’une confrontation, un Assaillant
Uridimmu aura une VA de 6 et ses adversaires
Middu subiront une pénalité de -1 à leur Initiative.
END. DEX. FOR.

12 5 3
VA VD VM ING. PER. HASHARU
5 5 5/7 6 4 Les résultats de l’alchimie peuvent rarement
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. être prédits. C’est un art complexe, dans le-
quel le plus petit des changements dans une
7 1 11 4 3 formule peut complètement ruiner une expé-
rience. De plus, même si les ingrédients sont
Terreur : Chaque adversaire confronté à un Middu correctement sélectionnés, que l’ordre de pré-
doit surmonter un conflit de Volonté de difficulté 15 paration est le bon et que les mélanges exacts
ou être Terrifié les deux premiers assauts d’une sont respectés, il est possible que des facteurs
confrontation. Il ne doit surmonter ce conflit qu’une
seule fois, même s’il combat plusieurs Middu à la
externes tels que la position des étoiles ou l’in-
fois. fluence des esprits modifient radicalement les
Sinueux : La VM d’un Middu est considérée comme travaux des plus grands alchimistes.
7 lorsqu’il l’utilise lors de son action.
Si l’on ajoute à cela l’empressement naturel
des maitres dans l’art de la transmutation à
découvrir de nouvelles recettes, il est dans
URIDIMMU une certaine mesure compréhensible que de
temps à autre certaines expériences tournent
Habitants du grand désert occidental, la rela- mal. Normalement, cela ne représenterait rien
tion des Uridimmu avec l’Empire oscille entre de plus qu’une simple perte économique pour
commerce pacifique et violence manifeste. Un l’alchimiste, mais les choses changent quand il
marchand doit faire attention lorsqu’il croise joue avec sa propre vie.
l’une des tribus d’hommes chacals dans un
marché, car ils sont tout autant susceptibles Si un être vivant faisait partie de la formule
de vouloir lui proposer des tapis élaborés que comme l’un des « composants » de celle-ci, le
de tenter de lui trancher la gorge. La meilleure résultat d’un échec est une chose horrible, un
façon d’éviter ces évènements est de porter résultat contre nature, une abomination.
une attention particulière à la couleur des vê-
tements et des poils des Uridimmu. Les plus horribles de ces accidents sont ceux
dans lesquels l’être vivant était une créature
Ou, mieux encore, embaucher un guide qui intelligente, généralement un Mushkenu. En
appartient à cette race. raison de l’origine de son sang venant d’Enlil et
 ADVERSAIRES
de sa mutabilité naturelle, cette race d’esclaves
est idéale comme matière première et de nom-
breux alchimistes se tournent vers leurs servi-
teurs pour nourrir leurs sinistres expériences.
Dans de tels cas, l’horreur qui en résulte est
appelée Hasharu, ce qui signifie « estropié » en
akkadien, un euphémisme que les auteurs de
ces crimes contre nature emploient pour tenter
de laver leur conscience.
Il est impossible de faire une description gé-
nérale des Hasharu, car leurs formes et leur
apparence sont si variées qu’il serait vain de
trouver une caractéristique commune à toutes
ces créatures.
Ils ne partagent que leur origine : avant de de-
venir ce qu’ils sont maintenant, ils étaient des
Mushkenu.
Par conséquent, bien que vous ayez ci-après
le profil d’un Hasharu, cela ne suffit pas, vous
devez le rendre unique en ajoutant une ou
plusieurs caractéristiques monstrueuses. Pour
déterminer combien de traits sont à ajouter,
lancez un dé et divisez le résultat par deux,
en arrondissant au supérieur. Par conséquent,
293
un Hasharu aura toujours entre 1 et 3  traits
monstrueux.
Ensuite, lancez trois dés pour chacun des traits
monstrueux, mais au lieu d’additionner les
résultats des dés, triez-les du plus bas au plus
haut pour former un nombre à trois chiffres.
Le dé avec le plus petit résultat sera la centaine,
la valeur intermédiaire la dizaine et la plus
grande l’unité. Par exemple, si vous avez obtenu
un 3, un 5 et un 1, le nombre obtenu sera 135.
Ensuite, recherchez ce nombre dans le tableau
des traits monstrueux pour voir à quel numéro
il correspond. Répétez ce processus autant de
fois que nécessaire, une fois pour chaque trait
monstrueux. Si vous obtenez deux traits incom-
patibles, relancez le jet de dé de l’un d’entre eux,
celui que vous préférez, ou utilisez votre imagi-
nation pour inventer un moyen de les combiner.
Les traits monstrueux n’ont aucun effet au ni-
veau des règles et ne modifient pas le profil des
Hasharu. Ils servent simplement à donner de
la couleur et à rendre chaque pauvre Hasharu
différent les uns des autres.
Félicitations, vous venez de créer votre propre
abomination contre nature. Utilisez-en autant
que nécessaire pour doter ce terrible alchi-
miste ou ce sorcier macabre d’un entourage
digne de leur pouvoir.
Hasharu
END. DEX. FOR.
7 3 3
VA VD VM ING. PER.
2 2 2 1 2
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
2 0 15 1 1
Terreur  : Chaque adversaire confronté à un
Hasharu doit surmonter un conflit de Volonté
de difficulté 15 ou être Terrifié les deux premiers
assauts d’une confrontation. Il ne doit surmon-
ter ce conflit qu’une seule fois, même s’il combat
plusieurs Hasharu à la fois.
294 LES MAUX DE L ' HOMME

JET TRAIT MONSTRUEUX JET ENCUENTRO

TRAIT MONSTRUEUX
111 Corps recouvert d’un poil rugueux et sale. 235 Queue finissant en un dard pointu .
112 Deux têtes se disputant constamment. 236 Deux corps reliés par le torse et avec une
seule tête.
113 Peau translucide, qui laisse entrevoir les 244 Sans membres, il rampe comme un serpent.
organes.
114 Ailes atrophiées, comme une chauve-souris. 245 Obscènement gros.
115 Essaim de mouches bourdonnant sans arrêt. 246 Incroyablement maigre.
116 Griffes acérées aux mains et aux pieds. 255 Avec le bec d’un oiseau au lieu de la bouche.
122 Un cinquième membre sortant du dos. 256 Le squelette est visible à travers la peau.
123 Yeux sur diverses parties du corps. 266 Couvert de champignons aux couleurs vives.
124 Bas du corps informe, comme une limace. 333 Peau ophidienne muant de temps en temps.
125 Plusieurs rangées de dents fines. 334 Museau allongé avec des dents de rongeurs.
Traits monstrueux des Hasharu

126 Des tentacules à la place des bras. 335 Yeux rouges qui brillent dans l’obscurité.
133 Yeux suspendus à des pédoncules allongés. 336 Abdomen gonflé d’où il sécrète une toile
résistante.
134 Gémissement aigu désagréable, qui 344 Ailes de moustiques qui s’agitent sans cesse.
endommage les oreilles.
135 Des centaines de pattes de mille-pattes. 345 Jambes se terminant par des sabots.
136 Cornes robustes. 346 Peau rugueuse et grise.
144 Peau couverte de plaies et de pustules. 355 Un œil unique.
145 Bosse prononcée. 356 Queue préhensile qui peut saisir des objets.
146 Exosquelette chitineux, comme un insecte. 366 Antennes et mandibules d’insecte.
155 Longue langue vacillante. 444 Tête énorme et bulbeuse sans cheveux.
156 Visage sans traits. 445 Caractéristiques de type singe.
166 Légère lueur phosphorescente. 446 Corps recouvert de ventouses.
222 Horrible odeur provoquant des vomissements. 455 Pinces de crabe au lieu des mains.
223 Articulations tordues dans le sens opposé. 456 Tête de chien, qui ne peut que aboyer.
224 Bouche similaire à celle d’une lamproie. 466 Un ou plusieurs membres sont manquants.
225 Des centaines de vers parcourant sa peau. 555 Cils au lieu des cheveux ou des poils.
226 Peau foncée semblant s’accrocher aux ombres. 556 Chair gélatineuse, comme un escargot.
233 Oreilles et museau, comme un cochon. 566 Excès de peau se régénèrant constamment.
234 Peau galleuse et squameuse. 666 Membranes interdigitales et sous les aisselles.

BÊTES SAUVAGES d’objectifs et même d’une devise si vous le

Comme les PJ ne croiseront pas seulement le
chemin d’êtres intelligents, voici plusieurs pro-
fils d’animaux que vous pouvez utiliser. Dans la
plupart des cas, les animaux seront simplement
des figurants, car il est difficile de penser à un
PNJ complexe les concernant. Mais il y a tou-
jours des exceptions et il est certain que plus
d’un animal de compagnie ou un compagnon
animal d’un PJ aura plus de personnalité que de
nombreux adversaires humains.
Si vous vous trouvez dans une telle situation,
dotez l’animal choisi de traits de caractère,
jugez nécessaire : exactement comme vous le
feriez s’il s’agissait d’un PNJ humain.
De plus, comme le monde animal est varié et
que seules quelques espèces sont réperto-
riées ici, n’hésitez pas à modifier ces profils
comme vous le souhaitez pour représenter des
membres d’espèces similaires ou des spécimens
particulièrement remarquables. Sans aller bien
loin, l’araignée géante que Kalu et Tsiuri ont
affrontée dans le chapitre Sang et Sable était
beaucoup plus grande que la normale (elle avait
plus d’Endurance) mais, en retour, elle n’avait
pas la faculté de sécréter du poison.
 Bêtes sauvagES 295

Avant d’entrer dans les profils des animaux,

une dernière chose. Notre vie moderne et Chien de garde
confortable dans une société civilisée nous a END. DEX. FOR.
fait perdre un certain respect pour les animaux,
nous faisant les voir plus comme des êtres 7 4 2
tendres et adorables que comme les créatures VA VD VM ING. PER.
sauvages qu’ils sont vraiment. L’éloignement
et la domestication ont cet effet. En tant que 2 2 3 3 4
MJ, ne faites pas cette erreur lorsque vous EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
traitez avec des animaux dans vos parties. La
plupart d’entre eux sont des adversaires re- 2 0 15 1 2
doutables et un loup ou un ours peut être un
ennemi beaucoup plus dangereux qu’un soldat Fidèle : Un chien de garde n’abandonnera jamais
ou un bandit. un combat si son maitre continue d’y participer.

En outre, à Kishar, il y a encore des bêtes qui

viennent d’une époque beaucoup plus an-
cienne, des animaux qui dominaient les forêts,
les déserts, les jungles et les montagnes avant
que le premier Awilu ne soit créé à partir d’ar-
gile. Ces reptiles titanesques, ces félins, ces Oie
mammouths et ces insectes exagérément gros END. DEX. FOR.
peuvent inspirer encore plus de terreur que
leurs cousins d’espèces plus récentes. 6 3 1
VA VD VM ING. PER.
ANIMAUX DOMESTIQUES
1 1 1 2 3
Serviteurs obéissants de l’homme, les ani- EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
maux domestiques se trouvent partout dans
l’Empire. Gardiens, montures et bêtes de 1 0 15 1 2
trait, c’est sur le dos de ces fidèles com-
pagnons que s’est construite la prospérité Territoriale  : Une oie ne quittera jamais l’en-
d’Akkad. droit où elle vit.

Cheval
END. DEX. FOR.

7 5 3
VA VD VM ING. PER.

1 2 3 1 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

1 0 18 1 1
296 LES MAUX DE L ' HOMME

Dromadaire Hyène
END. DEX. FOR. END. DEX. FOR.

10 4 4 7 4 3
VA VD VM ING. PER. VA VD VM ING. PER.

1 2 3 2 3 4 3 4 3 4
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

1 0 15 1 3 3 0 15 1 1
Opportuniste : Lorsqu’une hyène effectue l’action
Attaque implacable contre un adversaire immobili-
BÊTES SAUVAGES sé par une autre hyène, elle gagne un +2 à sa VA.

Les bêtes sauvages menacent constamment

la civilisation. Des chacals rapides aux lions
imposants, un voyageur ne devrait jamais
Loup
sous-estimer ces terribles bêtes. La plupart
sont des prédateurs, capables d’affronter END. DEX. FOR.
même un guerrier expérimenté et bien armé.
Bien qu’elles n’aient pas l’intelligence de l’être 10 5 4
humain, elles jouissent de beaucoup de ruse et, VA VD VM ING. PER.
à poids égal, de plus de force.
5 4 4 2 4
Surtout si nous les comparons à celles qui EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
sont habituées à vivre une vie confortable
en ville ou mal nourries par une existence de
5 0 13 1 3
souffrance, il est normal qu’elles soient un
spectacle aussi fascinant et exotique pour les Fatiguer ses proies  : les meutes de loups
fatiguent toujours leurs proies avant de les at-
habitants des cités.
taquer, attendant le moment où elles sont plus
faibles ou non préparées. Au cours du premier
assaut d’une confrontation, les adversaires d’un
loup seront considérés sous les effets de l’action
Aggraver la position.
Chacal
END. DEX. FOR.

6 4 2
VA VD VM ING. PER.

2 2 4 3 5
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

2 0 15 1 1
Chasseur en meute : Les chacals reçoivent un +1
supplémentaire à leur VA et leur VM pour chaque
chacal en plus du premier qui a déjà attaqué un
adversaire, c’est-à-dire +3 (au lieu de +2) s’ils en
ont attaqué deux, +4 s’il y en a eu trois, etc.
 Bêtes sauvagES 297

Aigle Lion Royal

END. DEX. FOR. END. DEX. FOR.

7 5 2 15 6 5
VA VD VM ING. PER. VA VD VM ING. PER.

3 1 6 3 6 6 4 6 2 4
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

3 0 15 1 2 6 0 11 1 3
Vol : Un aigle peut décider de prendre son envol. Rugissement  : Un lion peut émettre un ru-
S’il le fait pendant une confrontation, tout adver- gissement puissant comme action pendant une
saire qui le cible et n’utilise pas le style de combat confrontation. Dans cette action, le TA du lion
avec une Arme à distance subira une pénalité de est normalement comparé au TD de l’objectif,
-2 à sa VA et sa VD. mais le TM du lion est également comparé à
celui de tous les adversaires qui peuvent l’en-
tendre. Un personnage ayant un TM inférieur
sera considéré comme Terrifié lors de sa pro-
chaine action.
Ours de Gudabak
END. DEX. FOR. REPTILES
18 3 7 Les reptiles sont les créatures les plus détes-
VA VD VM ING. PER.
tées par les Awilu. Peut-être est-ce dû à une
7 6 2 2 3 répulsion naturelle pour les êtres à sang-froid
ou à un comportement appris après des mil-
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
liers d’années de combat contre ces bêtes.
6 1 13 1 4
Cependant, ce sont aussi des animaux très
Câlin d’ours : Lorsqu’un ours de Gudabak effec-
utiles pour les pratiquants de l’alchimie. Le
tue l’action Immobiliser contre un adversaire, il venin de certains serpents est un catalyseur
peut utiliser sa VA au lieu de sa VM. Cependant, très puissant, tandis que les écailles de cer-
si l’ours attaque un autre objectif, son adversaire tains lézards sont un excellent matériau pour
ne sera plus immobilisé. la construction d’outils de travail.
298 LES MAUX DE L ' HOMME

AUTRES CRÉATURES
Vipère cornue
END. DEX. FOR.
La variété de la faune existant à Kishar est
surprenante et défie toute classification. De
5 6 1 nombreux chercheurs ont insisté pour définir
VA VD VM ING. PER. une taxonomie qui la couvre complètement et
permette de classer toutes les créatures qui
4 1 6 4 4 existent, mais jusqu’à présent, ils n’y sont pas
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. parvenus. Peu importe à quel point ils essaient,
pour chaque être qu’ils classent, un nouveau
3 0 15 1 1 montre son visage. Un phénomène qui se pro-
duit de plus en plus fréquemment.
Venin : Si une vipère cornue parvient à travers
une attaque à faire perdre 3 points d’Endurance C’est comme si la nature elle-même chan-
ou plus à un adversaire, ce dernier devra sur- geait continuellement.
monter un conflit de Force de difficulté 13 ou il
sera Empoisonné.

Araignée géante
END. DEX. FOR.
Crocodile
18 3 7
END. DEX. FOR.
VA VD VM ING. PER.
20 3 8 5 4 6 2 3
VA VD VM ING. PER.
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

6 6 4 3 4 5 0 15 1 4
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

6 2 15 1 4 Venin  : Si une araignée géante parvient à tra-

vers une attaque à faire perdre à un adversaire
3  points d’Endurance ou plus, ce dernier doit
Terribles Mâchoires  : Un crocodile qui par- surmonter un conflit de Force de difficulté 13 ou
vient à Immobiliser un adversaire tentera de le il sera empoisonné.
trainer sous l’eau pour le noyer. Tant qu’elle est
immobilisée par le crocodile, la victime ne pour-
ra pas utiliser l’action Reprendre son souffle.
Si à la fin de l’assaut suivant l’adversaire reste
immobilisé, il sera automatiquement hors de
combat, quelle que soit la quantité d’Endurance
Éléphant
qu’il lui restait. La victime n’est pas en train de
END. DEX. FOR.
mourir, elle est tout simplement inconsciente. Si
son groupe gagne le combat, elle aura à nouveau
l’Endurance qu’elle avait quand elle était hors de
25 2 9
combat. Un crocodile ne peut utiliser cette capa- VA VD VM ING. PER.
cité que contre un adversaire à la fois.
4 8 2 4 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

5 1 15 1 3
Trompe  : Lorsqu’un éléphant effectue une ac-
tion Aggraver la position, il peut utiliser sa VD
au lieu de sa VM.
 horreurs et êtres DE légende
Tigre à dents de sabre
END. DEX. FOR.
22 5 8
VA VD VM ING. PER.
8 6 6 3 4 ou au moins une partie très importante. Lisez
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
- 1 7 1 6 les rencontrer. Et gardez également à l’esprit
Monstrueux  : Un tigre à dents de sabre peut
faire deux actions par assaut pendant une
confrontation. Chacune peut cibler un adversaire
différent.
Rugissement  : Un tigre à dents de sabre peut
émettre un rugissement puissant comme action
pendant une confrontation. Dans cette action,
le TA du tigre à dents de sabre est normalement
comparé au TD de l’objectif, mais le TM du tigre
à dents de sabre est aussi comparé à celui de tous
les adversaires qui peuvent l’entendre. Tous ceux
qui ont un TM inférieur seront considérés sous la
condition Terrifié lors de leur prochaine action.
HORREURS ET ÊTRES
DE LÉGEN DE
Dans ce chapitre, vous avez vu les adversaires
que les personnages affronteront le plus souvent,
à savoir les membres des différentes races huma-
noïdes et les animaux sauvages. Mais, puisque La
Porte d’Ishtar se déroule dans un monde fantas-
tique, il est logique qu’ils finissent également par
rencontrer d’autres créatures, uniques ou excep-
tionnelles, connues sous le nom de monstres.
En tant que MJ, vous devez utiliser ces monstres
avec soin et retenue. Mais pas seulement parce
qu’ils sont, en général, très puissants et qu’ils
pourraient abattre un groupe de personnages
joueurs d’un trait de plume. La vraie raison est
que pour qu’ils ressemblent à des créatures vrai-
ment terribles, pour produire une peur et une
fascination réelles, ils doivent être rares. Une
grande partie de ce qui fait d’une rencontre avec
un monstre un moment unique et mystérieux est
que ces situations sont exceptionnelles. Aucune
de ces créatures (pas même le relativement
humble Galla) ne devrait jamais être traitée
299
comme une simple nuisance, un ennemi de plus
à battre ou une rencontre que vous sortez de
votre manche si vous ne pouvez penser à rien de
mieux. Les monstres ne sont pas des animaux.
Ces êtres peuvent (et doivent) être par eux-
mêmes le centre des aventures des personnages,
attentivement leurs descriptions et imaginez
dans quelles situations un aventurier pourrait
que les monstres ne doivent pas toujours appa-
raitre comme des ennemis à battre en combat.
La violence n’est peut-être pas la seule manière
d’interagir avec eux et, en fait, certains d’entre
eux ne sont pas de nature maléfique. De plus,
dans le cas de quelques-uns de ces êtres, les va-
leurs de combat ne sont pas fournies, car il sera
impossible pour un personnage de les combattre
en utilisant des moyens conventionnels. Les créa-
tures exceptionnelles sont l’un de vos as à sortir
de votre manche en tant que MJ. C’est l’une des
raisons pour lesquelles elles apparaissent dans ce
chapitre du livre, réservé uniquement aux yeux
de celui qui va mener la partie.
Et si vous n’aimez aucun des aspects des monstres
décrits ci-après ou s’ils ne correspondent pas
aux parties auxquelles vous jouez, changez-les.
Qu’il s’agisse d’une valeur, d’une partie de sa
description ou de sa nature et de sa façon de se
comporter, modifiez-la comme vous le voulez.
Vous pouvez même aller plus loin et donner des
informations contradictoires à vos joueurs. Après
tout, ce que les mortels ordinaires pensent savoir
sur eux pourrait être parfaitement faux.
Bien sûr, vous pouvez créer vos propres monstres.
Utilisez les guides de création de PNJ vus un peu
plus tôt dans ce chapitre. Soyez juste un peu plus
créatif avec les profils, mais gardez à l’esprit que
beaucoup d’horreurs que vous créerez auront
une EC de 10 ou plus, de sorte qu’elles ne pour-
ront participer qu’aux confrontations.
LISTE DE MONSTRES
Vous trouverez ci-après vingt créatures que vous
pourrez utiliser dans vos parties. Elles sont triées
par ordre alphabétique et certaines incluent des
idées sur la façon dont vous pourrez les intro-
duire dans votre campagne.
300 LES MAUX DE L ' HOMME
ALADLAMMU
Les Aladlammu sont des créatures imposantes,
d’au moins trois kanu de long. Leur corps res-
semble à celui d’un énorme taureau ou d’un
lion ailé avec le visage d’un Awilu au lieu de
la tête de l’animal. Ces têtes sont toujours
masculines, arborant de longues barbes et des
crinières bouclées, et sont ornées de diadèmes
à cornes élaborés, symboles de la divinité.
Ils sont connus sous le nom de Shedu si leur
corps est celui d’un taureau ou Lamassu si c’est
celui d’un lion. Dans les deux cas, leur fourrure
est toujours brun clair et ocre, ce qui contraste
avec la noirceur de leurs cheveux et la couleur
de leurs ailes et de leurs ornements.
Ces êtres étaient les gardiens des temples et
les messagers des Anunnaki. Autrefois, ils vi-
vaient dans des temples à travers Sumer mais,
après la mort et l’exil de leurs dieux, ils ont
quitté les cités d’Akkad. Ils ne peuvent être
vus que dans la cité d’Assur, où Ashur règne
toujours ; mais très rarement, car ils ne veulent
pas tenter davantage la patience de Sargon.
Certains voyageurs ont prétendu les voir sur-
veiller les routes depuis des lieux élevés ou
près de ruines antiques. Cependant, les rensei-
gnements qu’ils voulaient obtenir ou ce qu’ils
protégeaient ne sont pas quelque chose que les
témoins voulaient découvrir. Quand ils agissent
en tant que gardiens, ils restent complètement
immobiles. Ils bloqueront le chemin à tout
intrus et le tueront sur place s’il persiste
dans ses intentions. En dehors de ceux
qui sont autorisés à entrer, il n’y a que
deux types de personnes auxquelles
un Aladlammu permettra l’accès :
le véritable bon et le totalement
mauvais. On dit que c’est parce
que leurs Etemmu sont trop
purs et que les Aladlammu ne
peuvent pas les percevoir.
Incroyablement sages, les
Aladlammu restent générale-
ment silencieux. Dans les rares
occasions où ils daignent parler à un mortel,
ils disent toujours ce que leur interlocuteur a
besoin d’entendre à ce moment-là, mais cela
correspond rarement à ce que ce dernier veut
réellement entendre.
Aladlammu
END. DEX. FOR.
40 4 12
VA VD VM ING. PER.
9 9 7 5 8
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
- 3 3 8 12
Aura Divine : Lors d’une confrontation, chaque
fois qu’un Aladlammu fait perdre de l’Endu-
rance à un adversaire maléfique, ce dernier perd
2 points d’Endurance supplémentaires.
Monstrueux  : Un Aladlammu peut faire trois
actions par assaut pendant une confrontation.
Chacune peut cibler un adversaire différent.
Terreur  : Chaque adversaire qui fait face à un
Aladlammu doit surmonter un conflit de Volonté
de difficulté 15 ou être Terrifié les deux premiers
assauts d’une confrontation. Il ne doit surmonter
ce conflit qu’une seule fois même s’il combat plu-
sieurs Aladlammu à la fois.
Vol  : Un Aladlammu peut décider de prendre
son envol. S’il fait cela pendant une confronta-
tion, tout adversaire qui le cible et n’utilise pas le
style de combat avec une Arme à distance subira
une pénalité de -2 à sa VA et sa VD.
 horreurs et êtres DE légende
ALLU
Les ruelles poussiéreuses des cités, les sables
arides du grand désert et les eaux bouillon-
nantes des marais du sud sont des environne-
ments complètement différents, sans rien en
commun. Sauf une chose : les Allu.
Les Allu diffèrent de la plupart des démons
en ce qu’ils ne possèdent pas de corps propre,
mais doivent prendre le contrôle de celui des
autres créatures afin de se manifester sous
forme physique. Mais, malheureusement pour
eux, ce ne sont pas des Utukku très intelligents
et leur volonté n’est pas particulièrement forte.
C’est pourquoi ils sont pratiquement inca-
pables de prendre le contrôle de la plupart des
êtres vivants. Même un chien peut résister à
leurs tentatives de possession.
Cependant, les Allu ont fini par trouver des
créatures d’une volonté si faible que même
eux peuvent utiliser leur corps  : la vermine.
Araignées, fourmis, scorpions, abeilles, vers,
cafards, mouches... Le climat et les conditions
301
de vie en Akkad sont très variés, mais, s’il y a
quelque chose que l’on peut trouver n’importe où
dans le monde, ce sont ces animaux rampants.
Les Allu réunissent des centaines ou des milliers
d’individus et les font travailler à l’unisson : de
grands essaims de créatures répugnantes et
minuscules se déplaçant en même temps, diri-
gés par une seule conscience. Ils sont craints à
juste titre, car la vue de masses gigantesques
d’insectes peut faire perdre son sang-froid à
n’importe qui. Et les craindre est précisément
la dernière chose à faire. Les Allu, dépourvus
d’yeux ou de tout autre organe sensoriel, sont
guidés uniquement par la peur. Ils errent sans
but, comme une masse compacte, jusqu’à ce
qu’ils détectent un tel sentiment.
À ce moment-là, la forme de l’essaim change
complètement. Ils sont toujours un essaim
imparable de petites créatures, mais mainte-
nant ils copient, avec toute la précision que
les corps de la vermine qui les composent leur
permettent, la forme de leur victime. Et de
plus, ils reproduisent également avec une pré-
cision incroyable sa façon de se déplacer. Ils ne
copient pas leurs mouvements exacts (ce n’est
pas comme se regarder dans le miroir), mais
leurs manières et leurs gestes.
Faire face à un Allu est déconcertant. À devoir
combattre un ennemi qui ressemble à une ter-
rible parodie de soi-même, s’ajoute le fait que
la plupart des coups ont seulement pour effet
de briser temporairement l’union des créatures
et d’écraser quelques insectes. De plus, la fa-
çon dont les Allu se nourrissent est horrible :
ils enveloppent complètement le corps de leur
proie, tandis que des milliers de petites mâ-
choires la dévorent à l’unisson.
Heureusement, les Allu ne sont pas très cou-
rants et se manifestent rarement en groupe.
Cependant, un sorcier vengeur sans scrupules
semble avoir trouvé un moyen de les invoquer
en masse et prépare une invasion comme jamais
vue auparavant. Une catastrophe d’une telle
ampleur ferait même pâlir les terribles fléaux de
sauterelles qui ont ravagé des cités entières.
Il prévoit de les déchainer sur la cité de Mari,
dont il a été exilé.
302 LES MAUX DE L ' HOMME

APKALLU
Allu
Bien avant le déluge, quand l’humanité était jeune
END. DEX. FOR. et ne savait rien du monde, les Apkallu ont émer-
10 5 6 gé d’entre les eaux. Ces sept êtres de sagesse,
demi-dieux connaissant les secrets du monde
VA VD VM ING. PER.
et de la terre, ont donné la civilisation comme
- - - 1 3 cadeau à l’humanité. Ils servaient le bienveillant
Enki et, suivant sa pieuse volonté, offraient leurs
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
services aux souverains de Sumer comme sages,
- - 3 1 1 conseillers et érudits. Parmi les cadeaux offerts à
ceux aux cheveux noirs figuraient l’éthique, l’arti-
Copier  : chaque fois qu’un Allu effectue une
sanat et l’art. Ils leur ont appris à cultiver la terre
action dans une confrontation, il utilisera la VA et ont construit les murs d’Eridu.
et la VM de son objectif et chaque fois qu’il est
l’objectif d’une action dans une confrontation, Ces créatures ressemblaient à un croisement
il utilisera la VD et la VM de l’attaquant. Ces entre un Awilu et un poisson, mais elles rayon-
valeurs incluent toute modification due à une naient de noblesse et de majesté. Elles n’ont ja-
catégorie d’armes ou à un style de combat.
mais rien demandé en échange de leurs grâces
Terreur  : Chaque adversaire qui affronte un
Allu doit surmonter un conflit de Volonté de
et n’ont jamais pris de pause dans leurs devoirs.
difficulté  15 ou être Terrifié les deux premiers Adapa a été le premier à apparaitre et le plus
assauts d’une confrontation. Il ne doit surmon- grand d’entre eux. Les autres se nommaient
ter ce conflit qu’une seule fois même s’il combat U-Andugga, En-me-Duga, En-Me-Galanna, En-
plusieurs Allu à la fois. Mebuluga, An-Enlilda et Utu-Abzu.
Nos attaques sont inutiles ! : Les dommages
physiques sont incapables de nuire à un Allu.
Mais un jour, ils disparurent, et on n’en en-
Seuls les incendies ou les attaques qui l’indiquent
spécifiquement peuvent l’affecter. tendit plus parler pendant longtemps, jusqu’à
la conquête d’Eridu par Sargon. Une semaine
après la prise de la cité, ils se sont à nouveau
montrés aux habitants de celle-ci.

Leur apparence ne correspondait pas exactement

à ce que les histoires décrivaient, mais ils se sont
identifiés comme les Sept Sages. Les légendes
exagéraient probablement leur majesté ou peut-
être avaient-ils changé au cours des siècles.

Les Apkallu vus par les habitants de l’Empire

d’Akkad nouvellement créé ressemblaient égale-
ment à un mélange entre une créature des mers
et un être humain. Mais plus comme à des batra-
ciens qu’à des poissons, avec une peau glissante
et brillante. Ils arboraient un ventre blanchâtre et
gonflé, qui contrastait avec le vert maladif de leur
peau et l’éclat aquatique intense de leurs yeux
globuleux. Ils se déplaçaient maladroitement, fai-
sant de petits bonds et leurs mains n’étaient rien
de plus que des nageoires déformées. Plutôt que
d’inspirer la grandeur, ils inspiraient la répulsion.

Ils étaient également devenus exigeants. Ils se

présentaient comme les prêtres de Kuthalu,
 horreurs et êtres DE légende
le substitut d’Enki, et exigeaient le culte du
peuple. Depuis lors, ils sont périodiquement
apparus sur les rives d’Eridu, émergeant d’entre
les eaux du port pour murmurer des secrets à
leurs prêtres et bénir les plus fidèles de leurs
disciples féminines avec leur semence.
Comme fruits de ces unions sont nés les Kulullu
qui en apparence sont de simples Awilu, mais
qui, en atteignant un certain âge, voient leur
corps changer et se mettre à ressembler da-
vantage aux géniteurs qui les ont engendrés.
Jusqu’au jour où le désir de plonger dans la mer
s’installe dans leur cœur et qu’ils sautent dans
les eaux sombres, pour ne jamais revenir.
Cependant, certains à Eridu pensent que quelque
chose ne va pas, que le comportement de ces
êtres ne correspond pas à celui des Apkallu des
mythes. Un petit groupe de marins de la cité a
décidé d’agir et de découvrir la vérité. Son chef
est Hishuru, un pirate Awilu qui pensait avoir
vu ensemble, après une nuit de réjouissance,
plus de sept de ces êtres. Ses compagnons lui
ont dit que c’était impossible et qu’il voyait pro-
bablement double à cause des effets de l’alcool,
mais Hishuru savait que ses yeux ne l’avaient pas
trompé pendant cette nuit fatidique. Parce qu’il
y a quelque chose qu’il n’avait dit à personne, à
savoir ce que les soi-disant Apkallu faisaient à ce
moment-là. Et ce dont il a été témoin ne pouvait
pas être uniquement dû aux effets de la bière.
Apkallu
END. DEX. FOR.
13 2 5
VA VD VM ING. PER.
5 5 3/6 5 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
6 1 11 5 5
Terreur  : Chaque adversaire qui affronte un
Apkallu doit surmonter un conflit de Volonté de
difficulté 15 ou être Terrifié les deux premiers as-
sauts d’une confrontation. Il n’aura à surmonter
ce conflit qu’une seule fois, même s’il combat
plusieurs Apkallu à la fois.
Amphibien : La VM d’un Apkallu est considérée
comme étant de 6 lorsqu’il est dans l’eau.
303
Kulullu
END. DEX. FOR.
9 2 3
VA VD VM ING. PER.
2 2 2/4 3 2
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
3 0 11 2 3
Amphibien : La VM d’un Kulullu est considérée
comme étant de 4 lorsqu’il est dans l’eau.
AQRABUAMELU
Les Aqrabuamelu sont d’horribles créatures
nées du croisement infernal entre une vermine
et un démon. Sous la taille, ils ont le corps d’un
scorpion, protégé par un exosquelette dur et
doté de huit pattes longues et velues, de deux
puissantes pinces et d’une queue se terminant
par un dard mortel. Là où se trouve norma-
lement la tête de l’animal est inséré un torse
vaguement humanoïde, couronné par une tête
aux traits bestiaux et aux crocs acérés, plus
semblable à celle d’un singe qu’à celle d’un être
rationnel.
Certains ont les bras finis par des mains bru-
tales, avec lesquelles ils brandissent des armes
primitives qu’ils ont pu voler et utiliser pour
étrangler leurs victimes. D’autres, les plus vio-
lents, sont dotés d’une autre paire de puissantes
pinces, avec lesquelles ils aiment tenir leurs en-
nemis tout en les empalant avec le dard empoi-
sonné de leur queue.
Les zones de leur corps non protégées par leur
exosquelette sont recouvertes d’un désagréable
poil noir ou roux très foncé, de la même couleur
que leur carapace. Un Aqrabuamelu est aussi
grand qu’un Mushkenu et c’est sans compter la
longueur de la partie scorpion de son corps.
Leurs yeux rouges et sans pupilles ont la ca-
pacité d’inspirer la terreur, et ils transmettent
de la haine et du ressentiment purs. Il n’y a
pas de créature qu’un Aqrabuamelu ne déteste
pas, à commencer par lui-même. Incapables
304 LES MAUX DE L ' HOMME

d’articuler des mots, ils ne peuvent communi-

quer que par des gestes et des grognements.
Aqrabuamelu
La rage à peine contenue qui les caractérise fait END. DEX. FOR.
de toute interaction avec ces êtres une course
contre le temps pour obtenir ce que l’on attend 18 5 7
d’eux, avant qu’ils ne s’impatientent et décident VA VD VM ING. PER.
de passer à l’attaque.
7 5 4 3 3
Enfants de Tiamat, Le Chaos Rampant, ils ont EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
été créés pour garder les entrées de l’Infra-
monde et s’assurer que Shamash, le Soleil,
9 3 11 1 2
remplisse chaque jour sa fonction d’illuminer
un monde qui ne le vénère plus et le méprise. Pince mortelle : Si un Aqrabuamelu parvient à
À l’aube, ils ouvrent les portes du Mont Mashu réussir une Attaque implacable sur un adversaire
qui est sous les effets de l’action Immobiliser que
pour qu’il puisse sortir et au crépuscule, ils les
l’Aqrabuamelu a lui-même effectuée, cela dou-
ferment pour qu’il ne s’échappe pas. blera l’Endurance perdue par son adversaire.
Terreur  : Chaque adversaire affrontant un
On dit aussi que les quelques entrées qui Aqrabuamelu doit surmonter un conflit de
existent pour accéder aux domaines sombres Volonté de difficulté 15 ou être Terrifié pour les
de Tiamat se trouvent toujours près de ces deux premiers assauts d’une confrontation. Il ne
êtres. Ils remplissent donc une double fonction doit surmonter ce conflit qu’une seule fois même
s’il combat plusieurs Aqrabuamelu à la fois.
de gardiens. Cependant, on raconte aussi que
Poison : Si un Aqrabuamelu parvient à travers
les Aqrabuamelu manquent facilement à leur une attaque à faire perdre 3 points d’Endurance
responsabilité, permettant le passage aux voya- ou plus à un adversaire, ce dernier doit surmon-
geurs qui le demandent et ont quelque chose à ter un conflit de Force de difficulté 13 ou il sera
offrir en retour. Et la vérité est qu’ils n’ont rien Empoisonné.
à craindre, car personne n’est connu pour être
revenu d’un tel endroit.
 horreurs et êtres DE légende 305

ASAKKU corps de ces titans. De plus, leur surface était

recouverte de petites fissures sous lesquelles
Au début d’une année fatidique, il y a plu- brillait un feu rouge et blanc, aussi intense
sieurs millénaires, à l’époque des héros, une que le soleil lui-même, qui coulait parfois à
terrible malédiction s’est abattue sur les l’extérieur de la peau sous la forme de lave
cités qui avaient besoin de la générosité de ardente. Ils étaient la progéniture de l’Igigu
l’Idigna et de l’abondance de ses dons pour connu sous le nom d’Asag.
survivre. Les eaux du grand fleuve sont de-
venues boueuses, rendant malades tous ceux Il était évident que les monstres souffraient,
qui les buvaient et des milliers de poissons car ils se tordaient constamment de douleur.
semblaient morts, flottant immobiles le long Ils ne semblaient se calmer que lorsqu’ils s’im-
de son cours. mergeaient dans l’eau, qu’ils polluaient par
inadvertance avec le soufre et les minéraux
Inquiets, les habitants de Sumer ont envoyé étrangers provenant de leurs corps. Ninurta
Ninurta, l’un de leurs plus grands champions, tenta de leur parler, de les convaincre que ce
pour savoir ce qui se passait. Le puissant Awilu qu’ils faisaient causait la mort de ses amis
a entendu les appels à l’aide et a remonté le lit et de sa famille, mais ils ne l’ont pas écouté.
du fleuve, à la recherche de l’origine des maux Les Asakku ne pouvaient pas répondre aux
qui s’emparaient de son peuple. supplications de l’Awilu, car la douleur qui les
saisissait ne leur permettait pas de raisonner.
Il a finalement trouvé l’origine du mal  : les
Asakku. D’énormes êtres humanoïdes, trois
fois plus grands qu’un Awilu, se baignaient
dans les eaux près de la source du Zab, l’un des
principaux affluents de l’Idigna. Ces géants,
bien que dressés sur deux jambes et dotés de
deux bras, comme l’homme, semblaient être
faits d’une matière radicalement différente.
Au lieu de chair, ils étaient constitués de roche
vivante, comme les montagnes elles-mêmes.
Mais, contrairement à la peau des êtres hu-
mains, la leur mutait continuellement. De
ces corps émergeaient des bords tranchants
d’obsidienne noire et de pierre grise poreuse,
qui disparaissaient aussi rapidement qu’ils
apparaissaient, pour réapparaitre quelques
instants plus tard sur une autre partie du

Asag, noble père des Asakku.

Asag, qui se trouve sous les montagnes.
Asag, de corps indestructible,
de peau comme de la roche.
Asag, baigné de feu brulant et d’acide.
Asag, doté de trois jambes et de trois bras.
Asag, patron de la colère et de la rage.
Asag, qui n’a pas de cou,
car il n’est qu’yeux.
Asag, qui apporte la maladie.
Asag, le serpent souterrain.
Asag, écoute ma prière !

Fragment d’une ancienne malédiction.

306 LES MAUX DE L ' HOMME

Ayant épuisé la voie de la diplomatie, Ninurta DUBKAK-UQUPU

n’avait qu’une seule option  : incapable d’af-
fronter seul de tels géants, il a décidé de re-
cueillir la faveur qui lui était due par Urnim, le
souverain des Urmahlullu.
Le noble seigneur des lions centaures n’a ja-
mais révélé s’il avait eu recours à la guerre ou
à la ruse, mais la vérité est que la promesse a
été remplie : les Asakku ont disparu et on ne
les a plus revus.
Puissants singes qui habitent les denses Jungles
du Sud, les Dubkak-Uqupu sont des créatures
hostiles au tempérament difficile. Comme les
gorilles, ils marchent sur les jointures de leurs
mains et, bien qu’ils ne dépassent pas en hauteur
un Mushkenu, ils peuvent peser jusqu’à trois ou
quatre fois plus. Extrêmement musclés, leurs
coups forts peuvent arracher la tête du corps
d’un homme s’ils parviennent à s’approcher.

Cette histoire est devenue une légende,
de moins en moins connue au fil des ans.
Cependant, l’actuel Roi-Sorcier de Samarra
est inquiet. Il semble que, en raison d’une
malédiction, les courants du Zab aient un
gout amer, qui s’intensifie de jour en jour. Il
a consulté ses devins et espère que quelqu’un
pourra percer le mystère derrière ce change-
ment avant qu’il ne soit trop tard.
De leurs avant-bras, de leur tête et de la partie
supérieure de leur dos naissent de nombreuses
protubérances osseuses, qui ressemblent à des
montagnes pointues dépassant de leur épaisse
fourrure noirâtre. Leurs énormes muscles
pectoraux n’ont pas de poils et s’ancrent dans
des plaques d’os dures. Pour se préparer au
combat, ils les frappent continuellement avec
leurs poings puissants, créant ainsi un rythme
assourdissant semblable à celui d’un tambour
gigantesque, qui intimide leurs ennemis et les
paralyse pendant quelques instants.

Asakku Des deux côtés de leur visage, contrastant

avec les énormes crocs blancs qui ornent leurs
END. DEX. FOR. mâchoires, se trouvent les armes qui rendent
30 2 10 les Dubkak-Uqupu vraiment dangereux : deux
glandes gonflées d’une couleur rouge vif qui
VA VD VM ING. PER.
contiennent un poison mortel.
6 8 4 3 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

- 4 3 2 6
Cœur de feu : S’approcher d’un Asakku est dan-
gereux, car des matériaux nocifs sortent de lui
et une chaleur torride s’en dégage. Si une action
cible un Asakku, celui qui l’exécute perdra 1 d’En-
durance à moins qu’il n’utilise le style de combat
avec une Arme à distance.
Monstrueux : Un Asakku peut faire deux actions
par assaut pendant une confrontation. Chacune
peut cibler un adversaire différent.
Terreur  : Chaque adversaire qui affronte un
Asakku doit surmonter un conflit de Volonté
de difficulté 15 ou être Terrifié pendant les deux
premiers assauts d’une confrontation. Il ne doit
surmonter ce conflit qu’une seule fois, même s’il
combat plusieurs Asakku à la fois.
 horreurs et êtres DE légende 307

La haine que les Dubkak-Uqupu ressentent

Dubkak-Uqupu pour les Enfants de la Forêt est si grande que,
END. DEX. FOR. selon la rumeur, un explorateur d’Uruk a ga-
gné les services et la protection de plusieurs de
20 4 7 ces singes en sauvant une femelle des griffes
VA VD VM ING. PER. d’un Umamu.

8 4 5 2 3 ERIAMALAKU
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
8 1 11 2 4
Rythme assourdissant  : Un Dubkak-Uqupu
peut, comme une action lors d’une confrontation,
frapper sa poitrine avec force. Dans cette action,
le TA du Dubkak-Uqupu est comparé au TD de
l’objectif et le TM du DubkakUqupu est comparé
à celui de tous les adversaires qui peuvent l’en-
tendre. Tous ceux qui ont un TM inférieur seront
considérés sous la condition Terrifié lors de leur
prochaine action.
Poison : Si un Dubkak-Uqupu parvient à travers
une attaque à faire perdre 3 points d’Endurance
ou plus à un adversaire, ce dernier doit surmon-
ter un conflit de Force de difficulté  13 ou il sera
Empoisonné.
S’il y a des bêtes redoutées par les Uridimmu,
ce sont bien les Eriamalaku. Peu importe à
quel point un nomade est bien préparé pour
affronter le désert ou combien de précautions
il prend, il ne peut jamais être sûr qu’il est com-
plètement à l’abri des Marcheurs des Sables.
Les Eriamalaku vivent la nuit, restant cachés
sous le sable pendant la journée. Ils sont ca-
pables de se déplacer sans faire pratiquement
aucun bruit, la plupart de leurs victimes réali-
sant les déprédations de ces êtres le lendemain
de leur apparition. À l’aube, ils découvrent que
leur moyen de transport, qu’il s’agisse de che-
vaux ou de chameaux, a disparu, ne trouvant
à la place qu’une légère trace d’étranges em-
preintes pointues.

S’ils sont forcés d’affronter un adversaire coriace, Les voyageurs eux-mêmes ne sont presque
ils utiliseront cette substance dangereuse en jamais attaqués, car les Eriamalaku ne veulent
l’étalant sur leurs bras et en couvrant les épines que leurs montures. Cependant, ils expéri-
pointues qui les traversent avec l’ichor fatal. menteront probablement dans leur chair la
force de l’un de ces monstres s’ils essaient
Les Dubkak-Uqupu ne semblent pas particu- de défendre leurs bêtes de somme contre les
lièrement intelligents et leurs communautés, Marcheurs des Sables. Et ce ne serait pas une
toujours centrées sur un mâle dominant, ne réaction étrange, car traverser le désert sans
sont pas très grandes. Ils n’utilisent pas d’ou-
tils et leur régime alimentaire est carnivore. Le
seul geste qui pourrait vous faire penser que ce
sont des êtres plus avancés est leur habitude à
se teindre la peau avec le sang de leurs enne-
mis en dessinant des motifs en spirale.

Malgré tout cela, les Dubkak-Uqupu ne tuent

que pour se nourrir ou défendre leur famille et
leur territoire. Ils ne font une exception à
cette règle qu’avec un ennemi en parti-
culier : les Umamu. Ils feront tout pour
anéantir tous ceux qu’ils rencontrent,
en les poursuivant inlassablement.
Mais une fois qu’ils seront morts, ils
ne mangeront jamais leur chair.
308 LES MAUX DE L ' HOMME

ETEMMU
Eriamalaku
END. DEX. FOR. Il y a beaucoup de précautions à prendre lors
de la préparation du corps d’un Awilu pour son
18 2 7 voyage dans l’Irkalla. Il doit être enterré au bon
VA VD VM ING. PER. endroit, près du lieu où vivent ses parents vi-
vants, mais en compagnie d’autres personnes
7 4 4 3 5 décédées. De même, une attention particulière
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. doit être accordée à ce que la posture dans
laquelle repose le cadavre, celle du sommeil
7 3 15 1 1 paisible, soit respectée. Le regard des morts
doit aussi être orienté vers le point cardinal
Embuscade : Au cours du premier assaut d’une correspondant à leur travail dans la vie et à leur
confrontation, les adversaires d’un Eriamalaku héritage de sang. En aucun cas, on ne doit ou-
sont considérés sous les effets de l’action
blier de l’habiller avec les vêtements adéquats,
Aggraver la position.
Pince  : Si un Eriamalaku parvient à effectuer afin qu’il puisse résister à l’horrible climat de
avec succès une Attaque implacable sur un l’Irkalla, ainsi que ses besoins en nourriture et
adversaire qui est sous les effets de l’action en eau et aux moyens de les consommer.
Immobiliser que l’Eriamalaku lui-même a effec-
tuée, cela doublera l’Endurance perdue par son Le voyage dans l’Inframonde n’est pas un
adversaire. voyage confortable ou simple et le destin qui
attend le défunt, l’Etemmu, est semé d’hor-
les animaux adéquats est synonyme de dé- reur et de désespoir. Une fois sur place, il se
sastre. De plus, il ne faut pas oublier que les souviendra avec tristesse et angoisse du temps
Eriamalaku ne prennent pas la peine de mettre qu’il a passé parmi les vivants, sentant dans sa
de côté les précieuses outres d’eau et les pro- peau la chaleur du soleil ou le toucher de ceux
visions que leurs proies transportent avant de qu’il aimait. La colère, la haine et le désespoir
les emporter. Ceux qui ont décidé d’affronter commencent alors à grandir petit à petit en lui
les Marcheurs des Sables parlent d’une bête et, si ces envies ne sont pas apaisées, il finira
terrible, de la taille des chevaux qu’ils dévorent.
Ils les appellent « crabes du désert », en raison
de la similitude de leur forme avec celle du
crustacé. Cependant, bien qu’ils aient la cara-
pace et les pattes pointues de ces arthropodes,
ils possèdent également deux paires de pinces
puissantes et leurs mâchoires se terminent en
bec d’oiseau. De plus, de l’arrière de leur corps
surgit une queue munie d’un dard, comme
celle d’un scorpion. Certains voyageurs ont
décrit des spécimens à deux queues, mais ce
sont probablement des mirages en raison de la
luminosité intense du soleil.

Dernièrement, les Uridimmu des tribus près

de l’oasis de Shabiba sont très inquiets. Les
Eriamalaku commencent à attaquer pendant
la journée et plus seulement les animaux. En
outre, il se murmure que les nuits de pleine
lune, une silhouette mystérieuse peut être vue
au milieu du désert, d’où semble provenir une
douce mélodie. Celle-ci apparait toujours la
veille d’une attaque des Marcheurs des Sables.
 horreurs et êtres DE légende
par rassembler suffisamment d’énergie pour
retourner dans le monde des vivants.
Par conséquent, les descendants et les parents
qui sont encore en vie devront non seulement
préparer soigneusement ce qui est nécessaire
pour le voyage, mais ils devront également
faire des offrandes périodiques aux morts
sous forme de nourriture, d’eau et de prières.
Ces dernières ne sont pas de supplication,
mais du soutien. Si ces obligations ne sont pas
remplies, l’Etemmu reviendra d’entre les morts
pour un temps, afin de torturer ceux qui ont
oublié leurs devoirs envers lui.
Les Etemmu se manifestent sous la forme d’une
brume sombre et gazeuse. Ils ressemblent va-
guement à un Awilu, mais changent constam-
ment, augmentant et diminuant de taille. Les
détails du corps qu’ils essaient de former
peuvent rarement être distingués et dans les
rares occasions où cela se produit, ce sont gé-
néralement les traits du visage qui peuvent être
discernés. Parfois, ce brouillard est pratique-
ment invisible et il peut muter assez radicale-
ment pour traverser de petits espaces tels que
des linteaux de porte ou des trous de serrures.
Cependant, les Etemmu ne sont pas non plus
insubstantiels et il leur est impossible de passer
à travers la matière solide.
Les actions menées par les Etemmu vont des
plus inoffensives, comme pousser des objets
ou émettre des lamentations désagréables,
à la plus dangereuse, qui est la possession
d’êtres intelligents. Les Etemmu pénètrent par
l’oreille de leurs victimes, entrant ainsi dans
leur corps et provoquant la maladie, la folie et,
dans certains cas, prenant le contrôle total des
malheureux.
Les Cimmériens sont la seule exception. Aucun
Etemmu n’a jamais réussi à en posséder un,
puisqu’ils sont expulsés du corps des habitants
du Nord par le totem qui les habite déjà.
Les Etemmu ne peuvent pas être blessés par
des attaques physiques et sont invulnérables
au feu, ce qui affecte les démons. Bien que leur
forme soit une brume, ils ne peuvent pas non
plus être dispersés par un vent fort, à moins
qu’il ne soit de nature magique.
309
Etemmu
END. DEX. FOR.
10 5 5
VA VD VM ING. PER.
- - - 3 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
- - 3 2 5
Possession  : Un Etemmu n’attaque pas de la
manière normale et ne peut effectuer aucun type
d’action dans une confrontation. En retour, il
peut essayer de posséder un adversaire (qui n’est
pas déjà possédé). Il faut résoudre un conflit de
Volonté entre l’Etemmu et la victime potentielle.
Si l’Etemmu gagne, il possèdera son adversaire
et le contrôlera complètement jusqu’à ce qu’il
soit exorcisé.
Terreur  : Chaque adversaire qui affronte un
Etemmu doit surmonter un conflit de Volonté
de difficulté 15 ou être Terrifié les deux premiers
assauts d’une confrontation. Il ne doit surmon-
ter ce conflit qu’une seule fois, même s’il combat
plusieurs Etemmu à la fois.
Nos attaques sont inutiles ! : Les dommages
physiques et le feu sont incapables de nuire à
un Etemmu. Seules les attaques qui l’indiquent
spécifiquement peuvent l’affecter.
Il n’y a que deux façons de se débarrasser d’un
Etemmu : en s’occupant de ses plaintes et en
lui donnant ce qu’il veut pour qu’il s’en aille
ou en recourant à un exorcisme. Au moment
d’effectuer cette dernière option, il convient
de garder à l’esprit que plus la raison pour la-
quelle l’âme de l’Awilu est revenue d’entre les
morts est importante, plus il sera difficile de
l’expulser.
D’autre part, la conscience d’un Etemmu n’est
pas éternelle. Au fil des ans, dans l’Irkalla, ils
oublient progressivement d’où ils viennent et
ce qu’ils ont fait dans leur vie, jusqu’à ce qu’il
arrive un moment où, même si leurs proches
oublient de professer aux défunts les atten-
tions appropriées, ils ne le remarqueront pas
et ne reviendront pas pour se venger. Cela
se produit généralement au cours des toutes
dernières années de vie de leurs descendants
directs.
310 LES MAUX DE L ' HOMME

GALLA
Galla
Ils sont la risée de la hiérarchie démoniaque.
END. DEX. FOR.
Piétinés et méprisés par leurs frères les plus
forts et forcés de vivre à Kishar avec les mor- 10 5 4
tels, les Galla sont les plus faibles des Sept,
VA VD VM ING. PER.
les Utukku les plus bas dans la hiérarchie in-
fernale des démons. Condamnés à habiter le 6 2 5 2 4
monde des mortels, ils sont contraints de dé- EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
vorer la chair et le sang des êtres intelligents.
5 0 15 4 3
Aucune nourriture ne peut apaiser leur faim
et aucune boisson ne peut étancher leur Métamorphe  : Un Galla peut prendre une
soif. Ils sont emprisonnés dans un monde forme humanoïde ou de hyène à volonté. La
qu’ils méprisent et dont ils ne peuvent pas forme qu’il prend n’affecte pas son profil.
se nourrir. Mais, en tant qu’immortels, ils ne Terreur  : Chaque adversaire qui fait face à un
périssent pas par manque de nourriture ou Galla doit surmonter un conflit de Volonté de
difficulté  15 ou sera Terrifié les deux premiers
d’eau, mais continuent d’exister, emplis de
assauts d’une confrontation. Il ne doit surmon-
rage et de frustration. ter ce conflit qu’une seule fois, même s’il combat
plusieurs Galla à la fois.
Chassés et attaqués par les hommes, les Galla Poison : Si un Galla parvient à travers une at-
se cachent dans des lieux reculés et solitaires. taque à faire perdre 3  points d’Endurance ou
Les déserts sont leur cache préférée, mais ils plus à un adversaire, ce dernier doit surmonter
peuvent être trouvés dans d’autres coins isolés un conflit de Force de difficulté  13 ou il sera
Empoisonné.
tels que les cimetières ou les villages abandon-
nés depuis longtemps.

Les Galla sont des métamorphes et peuvent

contrôler leur apparence dans une certaine
mesure. Cependant, on les trouve presque
toujours dans l’une de leurs deux manifesta-
tions préférées.

La première d’entre elles est une hyène

monstrueuse, aux yeux rouges qui laissent
un halo ardent en se déplaçant. L’animal
toujours affamé reflète bien leur an-
goisse intérieure et leur permet de se
déplacer rapidement en parcourant de
longues distances.

L’autre est celui d’un humanoïde sem-

blable à un Mushkenu, mais en hail-
lons, mince et adoptant toujours
une posture agressive. Osseux et
à la peau coriace, avec des touffes
de cheveux et poils sales couvrant
certaines parties de son corps et des
dents pointues qui dépassent de ses
lèvres à moitié ouvertes, beaucoup les
confondent avec des Mushkenu dégé-
nérés adeptes du cannibalisme. Cette
 horreurs et êtres DE légende
Ils ne touchaient pas à la nourriture.
Ils ne buvaient pas l’eau.
Ils ne goutaient pas la farine sucrée.
Ils ne connaissaient pas le vin sacré.
Il n’y a pas de corruption qui apaise un Galla.
Ni corps féminin pour les satisfaire.
Ils n’obéissent pas aux ordres.
Ils dévastent la terre.
Ils ne connaissent pas l’ordre.
Ils surveillent les hommes.
Ils dévorent la chair, ils font couler
le sang, ils boivent le sang.
Ils font du mal à l’image des Anunnaki.
Ils sont les plus bas des Sept,
multipliant les mensonges hostiles.
Ceux qui se nourrissent de sang.
Ceux qui sont impossibles à satisfaire.
. breux Imdugud, en particulier les plus grands,
Ancien poème sumérien
forme leur permet de manier des armes et des
outils, ainsi que, dans certains cas, de passer
inaperçus.
Les habitudes alimentaires des Galla font qu’ils
passent pour des Mushkenu cannibales. Ils dé-
vorent la chair et le sang des êtres humains et,
dans de nombreux cas, ne rechignent pas sur
les restes de ceux qui sont morts depuis peu.
En raison de ce comportement, les Galla qui
habitent les cimetières sont particulièrement
dangereux, car leurs actions finissent par attirer
la colère des Etemmu qui, incapables de nuire à
ces monstres, les confondent avec des vivants.
Mais le mets qu’un Galla aime le plus, ce
sont les nouveau-nés. Ils feraient n’importe
quoi pour mettre leurs griffes sur l’un d’eux.
Heureusement, les amulettes qui offrent une
protection contre ces monstres sont connues
et efficaces.
Mais parfois, elles échouent, comme dans le
cas du premier-né de Sammu-Ramat, la puis-
sante Reine-Sorcière de Nippur. Même si les
conseillers les plus proches de la souveraine
murmurent qu’elle pense que les talismans pro-
tecteurs n’ont pas échoué, mais que quelqu’un
les a intentionnellement enlevés. Si cela est vrai,
il est certain que l’implacable souveraine ne se
reposera pas tant qu’elle n’aura pas trouvé le
coupable et le traitera comme il le mérite.
311
IMDUGUD
Les Imdugud sont d’étranges créatures possé-
dant les membres postérieurs et les ailes d’un
aigle et la tête et le tronc d’un lion, bien que cer-
tains spécimens aient également les membres
antérieurs de ce dernier. Ce sont des êtres im-
posants, avec un corps aussi grand qu’un char
et d’une envergure d’ailes impressionnante.
Leurs plumes sont brillantes et pointues et leur
fourrure est blonde et majestueuse. Mais en-
core plus magnifiques sont leurs visages, car
l’intelligence est évidente dans leur regard et la
noblesse dans leurs gestes. En outre, de nom-
Imdugud
END. DEX. FOR.
25 5 8
VA VD VM ING. PER.
8 6 8 5 5
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
- 1 3 7 5
Respiration : Un Imdugud peut expulser le feu
ou l’eau par la bouche. L’action Attaque impla-
cable d’un Imdugud ignore l’absorption de son
adversaire et est considérée comme effectuée
avec une VA de 10.
Émissaire du Destin : Chaque fois qu’au cours
d’une confrontation un Imdugud fait perdre de
l’Endurance à un adversaire qui se rebelle contre
son destin, ce dernier perdra 2  points d’Endu-
rance supplémentaires.
Monstrueux  : Un Imdugud peut faire deux
actions par assaut pendant une confrontation.
Chacune peut cibler un adversaire différent.
Terreur  : Chaque adversaire confronté à un
Imdugud doit surmonter un conflit de Volonté
de difficulté 15 ou être Terrifié pendant les deux
premiers assauts d’une confrontation. Il ne doit
surmonter ce conflit qu’une seule fois même s’il
combat plusieurs Imdugud à la fois.
Vol : Un Imdugud peut décider de prendre son
envol. S’il fait cela pendant une confrontation,
tout adversaire qui le cible et n’utilise pas le style
de combat avec une Arme à distance subira une
pénalité de -2 à sa VA et sa VD.
312 LES MAUX DE L ' HOMME
peuvent cracher du feu ou de l’eau à travers
leurs mâchoires et créer des vents de la force
d’un ouragan avec leurs ailes. Bien que, dans
la plupart des cas, leur rugissement puissant
et leurs griffes acérées suffisent à effrayer leur
proie.
Ils sont la progéniture de l’oiseau légendaire
Anzu, gardienne de l’ancien palais d’Enlil. Les
légendes racontent qu’après la mort de son
seigneur, Anzu a perdu la tête et s’est échappé
avec les Tables du Destin, qu’elle avait juré de
protéger. Une fois cela fait, elle les a brisés en
mille morceaux et a remis les fragments à ses
enfants, un à chacun d’eux. Car plus jamais les
clés de toute la création ne devraient être sous
le contrôle d’un seul être.
C’est peut-être pour cette raison qu’on dit que
ces créatures ont un lien très fort avec les fils
tressés du Destin et sont les protecteurs de
sa tapisserie. Ils viendront en aide à ceux qui
se battent pour accomplir ce que les Parques
leur réservent, et ils n’auront aucune pitié pour
ceux qui souhaitent modifier leur destin selon
leur volonté ou qui ont l’intention de le fuir.
Beaucoup ont essayé de les capturer ou de les
apprivoiser pour les utiliser comme montures,
mais personne n’a jamais réussi une telle en-
treprise. Quelque chose semble toujours arri-
ver, un accident, une coïncidence ou un évè-
nement inattendu, qui permet à l’Imdugud de
s’échapper vers la liberté offerte par les hauts
sommets des montagnes où se trouvent leurs
nids, protégés de la main avide de l’homme.
KUSARIKKU
La création des Wardu n’a pas été une tâche
facile. Sargon avait déjà eu du succès avec les
Mushkenu, mais les Hommes Taureaux repré-
sentaient un défi beaucoup plus grand. Les
expériences alchimiques les plus terribles se
sont succédées et plusieurs fois il a fallu jeter
toutes les avancées faites et revenir au début.
Ce fut un processus long et terrible, qui a laissé
dans son sillage d’innombrables aberrations et
créatures trop horribles pour qu’on s’en sou-
vienne. La plupart de ces monstres ont péri
peu de temps après leur arrivée à la vie, leurs
formes étant trop instables et changeantes
pour appartenir à ce monde. Mais certaines de
 horreurs et êtres DE légende 313

ces créatures, quelques-unes seulement, ont
eu la chance ou le malheur de survivre.
Parmi toutes ces expériences maudites, il y a
les tristement célèbres Kusarikku. Célèbres
non pas pour avoir été proche de l’idéal recher-
ché par Sargon, mais pour leur évasion. Ces
êtres ont réussi à s’échapper des laboratoires
dans lesquels ils ont été engendrés, fuyant vers
des endroits où leurs géniteurs ne pouvaient
pas les trouver.
La plupart de ceux qui contemplent un
Kusarikku croient qu’ils sont en face d’une ver-
sion déformée et encore plus forte d’un Wardu
et ce n’est pas sans raison. Créatures brutales
et à peine plus intelligentes que des animaux,
elles ont la conception du monde d’un petit
enfant, mais empli de rage et d’amertume.
Ils ont des visages déformés, plus semblables
à ceux des taureaux qu’à ceux des Wardu et
incapables d’articuler un mot. Leur posture est
étrange, car bien que leurs quatre membres
se terminent par des sabots, ils n’ont pas l’air
entièrement humanoïdes ou entièrement des
bêtes. Ils ne sont à l’aise ni à deux, ni à quatre
pattes, devant forcer leur dos pour adopter
l’une ou l’autre position.
Les Kusarikku souffrent de douleurs intenses
pendant leur courte existence, essayant de
s’adapter à un corps qui leur permet à peine
de se lever. Et peut-être que cette douleur est
ce qui fait d’eux les créatures folles qu’ils sont.
Ils ont été rejetés par les alchimistes précisé-
ment pour cette raison : ils étaient forts, mais
incontrôlables. Ils sont incapables d’utiliser
des outils et il est difficile de différencier leur
mode de vie de celui d’un animal sauvage. La
seule chose qui les distingue en tant qu’êtres
rationnels est qu’ils couvrent leur corps avec
des vêtements qu’ils ont pu voler ou arracher
à leurs victimes.
Si un Wardu rencontre un Kusarikku, il de-
viendra fou de rage et souhaitera de toutes
ses forces mettre fin à l’affront à la nature qui
s’offre à sa vue. Le fait qu’ils leur rappellent
leur propre existence est l’une des raisons de
cette haine, mais pas la plus importante.
La vraie raison de cette haine est que les
Kusarikku, contrairement aux Wardu, sont
fertiles.

Kusarikku
END. DEX. FOR.

18 2 7
VA VD VM ING. PER.

7 4 5 1 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

6 0 11 1 3
Fureur meurtrière  : Au cours d’une confron-
tation, un Kusarikku peut décider d’entrer dans
un état de fureur meurtrière au début de l’une de
ses attaques. S’il le fait, sa VD sera réduite à 1 et
sa VA sera augmentée à 9. De plus, il surmontera
automatiquement tout conflit de Moral. Dans cet
état, qui durera jusqu’à la fin de la confronta-
tion, il ne pourra pas utiliser Défense de fer ou
Reprendre son souffle.
314 LES MAUX DE L ' HOMME

LAMASHTU contempler la souffrance d’une mère et d’em-

Il n’y a rien qui provoque une plus grande
terreur chez les femmes enceintes, qu’elles
soient Awilu, Mushkenu ou Uridimmu, que les
Lamashtu. Ces Utukku, dont le nom signifie
Celles Qui Effacent, sont le plus grand danger
qui peut traquer une femme enceinte.
Elles marchent debout avec un corps huma-
noïde, couvert d’un poil bleuté foncé et collant.
Leur tête a des traits félins, mais leurs yeux
sont excessivement grands et leurs dents et
leurs oreilles rappellent celles d’un âne. Leurs
pattes sont, comme celles de tant de démons,
semblables à celles d’un oiseau de proie et se
terminent en griffes puissantes, presque aussi
acérées que les longs ongles de leurs doigts.
Leurs mains sont tachées de sang et chacune
tient deux serpents, bien que certains pré-
tendent que ces ophidiens proviennent en fait
des membres de la Lamashtu. Sur son torse se
trouvent deux seins horribles, ridés, étirés et
pleins de vergetures. Accrochés en permanence
à eux, dans une horrible parodie de nourrissons,
se tiennent deux porcs gras qui se nourrissent
du lait qui coule des mamelles déformées.
pêcher une vie de se développer. Les Lamashtu
qui découvrent une femme enceinte lui ren-
dront visite sept fois pendant la grossesse. À
chacune de ces visites, la démone s’approchera
lentement de la femme tremblante et essaiera
de toucher doucement son abdomen. Si la créa-
ture parvient à le faire sept fois, la femme en-
ceinte sera victime d’un avortement, son futur
enfant mourant avant la naissance. De plus, la
femme victime de la Lamashtu restera stérile
pour toujours.
Même si elles se déplacent lentement et calme-
ment, les Lamashtu sont presque invincibles.
Elles sont entourées d’une aura de terreur
surnaturelle presque palpable, à laquelle seuls
les possesseurs d’une volonté extraordinaire
peuvent résister. Tous ceux qui sont possédés
par cette peur se retrouveront paralysés et ne
pourront pas bouger un muscle pendant que la
Lamashtu se tiendra devant eux. Tout ce qu’ils
peuvent faire, c’est pleurer ou fermer les yeux
pour éviter de contempler sa terrible silhouette.

Leurs attaques sont la raison pour laquelle

elles sont si craintes par celles qui attendent
un enfant. Elles n’ont pour seul objectif que de

Lamashtu
END. DEX. FOR.

9 3 5
VA VD VM ING. PER.

2 2 5 6 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

- 0 18 4 1
Lâche : Une Lamashtu s’enfuira au moindre signe
de danger et ne se battra que si elle est acculée.
Terreur paralysante  : Tout adversaire qui
voit une Lamashtu doit surmonter un conflit de
Volonté de difficulté  19 ou sera complètement
paralysé jusqu’à ce que la Lamashtu disparaisse
de sa vue.
 horreurs et êtres DE légende 315

Heureusement, les Lamashtu sont lâches, et
s’enfuiront au moindre signe de danger. Si un
héros courageux réussit à résister à la peur
surnaturelle que l’une d’elles produit, il aura de
bonnes chances de la repousser.
Jusqu’à présent, les Lamashtu n’avaient jamais
attaqué d’animaux, mais depuis quelques mois,
les bergers Uridimmu de la tribu d’El-Atrash
voient leurs bovines gestantes recevoir la visite
de ces démones. Si cette situation persiste, ils
seront privés des ressources fournies par leur
bétail, sans lesquelles leur survie sera sérieuse-
ment menacée.
MUKIL-RESH-LEMUTI
Les Udshua, descendants du second jumeau,
sont beaucoup plus nombreux que leurs cousins.
Leur posture est similaire à celle des félins avec
lesquels ils sont apparentés, s’appuyant sur les
quatre pattes pour se déplacer. Ceux qui ont la
chance de les voir et de survivre les décrivent
comme des lions corrompus et affamés, avec
une fourrure sale et dégarnie qui recouvre à
peine une peau tirée et craquelée. Mais si vous
vous limitez à ces mots, vous ignorerez les deux
traits les plus caractéristiques de ces chasseurs :
la crête d’épines pointues qui longe leur dos de
la tête à l’arrière-train et la masse épineuse avec
laquelle leur queue se termine. Ces deux élé-
ments sont des armes aussi mortelles que leurs
gueules.

Leur nom signifie « les membres de l’entourage Heureusement pour les habitants d’Akkad, on
du mal  » et ce n’est pas étonnant. Ils sont une voit de moins en moins de Mukil-resh-lemuti.
progéniture maudite, le résultat de l’union entre
une Urmahlullu et un démon qui est venu à
Kishar depuis les espaces vides entre les étoiles.
Si les centaures lions sont pure majesté et no-
blesse, les Mukil-Resh-Lemuti sont l’incarnation
vivante de tout ce à quoi ils s’opposent.

Le nom de la Urmahlullu qui a commis ce péché

si terrible a été oublié et ses descendants se ré-
fèrent à elle simplement comme la Mère. De son
sein sont nés deux êtres distincts, chacun étant le
premier de l’une des deux castes qui composent
cette race infernale.

Les Ugallu descendent du premier jumeau et

assument le travail de guides, de sages et de
généraux de leur peuple corrompu. Ils marchent
debout comme les hommes et la forme de
leur corps ressemble beaucoup à celle d’un
Mushkenu, mais leur visage est celui d’un lion,
bien que déformé dans une grimace continue de
rage. Ils n’ont pas la crinière caractéristique de
la bête et au lieu des petites oreilles du félin, ils
en possèdent deux autres, longues, verticales et
disproportionnées, semblables à celles d’un âne.

Leurs pattes sont comme les griffes d’un oiseau

de proie et ils ne couvrent leur corps impur, tota-
lement dépourvu de poils, que d’une jupe courte
de laquelle sortent leurs queues. Quand il s’agit
de se battre, ils brandissent des couteaux ondu-
lés qui causent de terribles maladies, dont ils se
délectent des effets en riant aux éclats.
316 LES MAUX DE L ' HOMME

Ce qui est désastreux pour un certain alchimiste MUSHMAHHU

de Nimrud nommé Ramash, qui a utilisé le sang
de ces êtres pour fabriquer un puissant poison. Ningirsu était l’un des plus grands héros de
Il semble qu’en raison de la pénurie croissante Sumer. Au cours de son voyage autour du
de matière première, il va devoir cesser de payer monde, qui s’est terminé par sa propre as-
pour les cadavres de Mukil-resh-lemuti et com- cension vers la divinité, Ningirsu a réalisé de
mencer à négocier directement avec eux... nombreux exploits. Parmi eux, le plus connu
est sans doute le meurtre des Sept Bêtes. Cette
histoire, racontée autour du feu d’innombrables
Ugallu fois pendant des milliers d’années, raconte com-
ment le héros a vaincu un par un les sept en-
END. DEX. FOR. nemis de l’humanité : sept monstres horribles,
Mukil-resh-
chacun plus terrible et féroce que les autres.
lemuti 10 4 4
VA VD VM ING. PER. Aucune de ces victoires n’a été obtenue par la
6 4 4 5 3 seule force de ses armes, mais elles ont toutes
été rendues possibles par la ruse. L’une des Sept
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
Bêtes, probablement la plus redoutée, s’appelait
6 0 11 1 3
Maladie : Si un Ugallu parvient à travers une at-
taque à faire perdre 3 points d’Endurance ou plus à Mushmahhu
un adversaire, ce dernier doit surmonter un conflit
de Force de difficulté 13 ou être Malade. END. DEX. FOR.
Terreur  : Chaque adversaire qui fait face à un
Ugallu doit surmonter un conflit de Volonté de dif- 40 5 12
ficulté 15 ou être Terrifié les deux premiers assauts VA VD VM ING. PER.
d’une confrontation. Il ne doit surmonter ce conflit
qu’une seule fois, même s’il combat plusieurs 9 9 7 5 4
Ugallu à la fois. EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

- 1 11 3 6
Respiration  : Une Mushmahhu peut expulser
Udshua une vapeur nauséabonde par n’importe laquelle
de ses bouches. L’action Attaque implacable
END. DEX. FOR. d’une Mushmahhu ignore l’absorption de son
Mukil-resh-
adversaire et est considérée comme effectuée
lemuti 8 4 4 avec une VA de 11.
VA VD VM ING. PER. Monstrueuse  : Une Mushmahhu peut faire
quatre actions par assaut pendant une confronta-
6 2 5 1 3 tion. Chacune peut cibler un adversaire différent.
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. En grandit une autre à sa place  : À la fin de
chaque assaut, une Mushmahhu récupèrera
6 0 13 1 1 5  points d’Endurance perdue. Cela se produi-
ra même si son Endurance a été réduite à 0.
L’Endurance perdue à cause d’un incendie est la
Queue massue : Un Udshua peut frapper avec seule qui ne peut pas être récupérée de cette façon.
sa queue. L’action Attaque implacable d’un Terreur  : Chaque adversaire qui fait face à
Udshua ignore l’absorption de son adversaire. une Mushmahhu doit surmonter un conflit de
Opportuniste  : Lorsqu’un Udshua effectue Volonté de difficulté 15 ou être Terrifié les deux
l’action Attaque implacable contre un adversaire premiers assauts d’une confrontation. Il ne doit
immobilisé par un autre Udshua, il gagne un +2 surmonter ce conflit qu’une seule fois, même s’il
à sa VA. combat plusieurs Mushmahhu à la fois.
 horreurs et êtres DE légende 317

Mushmahhu. C’était une créature terrible, aussi
forte que le plus grand des taureaux, mais en
même temps rapide et imprévisible comme le
vent des montagnes. Elle avait sept têtes et sept
queues comme celles d’un serpent, seulement
plus grandes et capables avec ses têtes d’expul-
ser un souffle impur. Cependant, elle ne rampait
pas sur le sol, comme les vipères auxquelles elle
ressemblait, mais avançait grâce à quatre puis-
santes pattes reptiliennes soutenant son corps
écailleux.
Cependant, la caractéristique la plus redoutable
de cette bête était sa capacité à faire pousser
une nouvelle tête chaque fois qu’elle était cou-
pée. Elle semblait imbattable et aucune bles-
sure, aussi grave soit-elle, ne lui était mortelle.
Cela n’a pas découragé Ningirsu, qui a trouvé un
moyen de vaincre la Mushmahhu. Avec sa fidèle
épée dans sa main droite et une torche dans sa
main gauche, il a brulé les cicatrices laissées par
ses coups précis lorsqu’il a coupé, une par une,
les têtes du monstre. Cela les a empêchées de
repousser. La créature se savait vaincue, mais
ne pouvait rien faire pour l’éviter et
elle est tombée morte une fois la
dernière tête décapitée.
ont été oubliées, abandonnées dans les coins les
plus inconnus du monde.
Après l’invasion de Sargon, Ningirsu s’est enfui
avec les autres Dieux Anciens à Babylone. Le
moment que Mushmahhu avait espéré était
arrivé, l’occasion de profiter du détail que le
héros avait négligé  : bruler les blessures des
têtes aussi. De chacune d’elles, maintenant dis-
persées dans le monde entier, une nouvelle bête
a commencé à pousser, une copie identique de
la Mushmahhu originale.
Bien que les sept filles de Mushmahhu soient
aussi puissantes que leur mère, elles sont éga-
lement prudentes et se laissent rarement voir.
Elles craignent toujours l’homme et ses héros,
mais elles perçoivent que les choses ont changé
et que le temps est peut-être enfin venu pour
Kishar de ressentir à nouveau la terreur des
Sept Bêtes.

Victorieux, Ningirsu s’est retiré

pour se reposer, portant ses têtes
coupées comme trophée. Il les a
donnés en cadeau à ceux qu’il ché-
rissait et a continué à accomplir des
actes épiques. Au fil du temps, ces
têtes, qui se sont transmises de
génération en génération,
318 LES MAUX DE L ' HOMME

MUSHRUSHU Mais les Mushrushu n’étaient pas que des mon-

Sur Kishar n’ont jamais marché et ne marcheront
jamais plus des créatures aussi majestueuses que
les Mushrushu. Aussi appelés les Dragons Furieux,
les Mushrushu étaient ce qui se rapprochait le
plus d’un dieu parmi les animaux. Ils étaient les
montures des Anunnaki, qui chargeaient, sur leur
dos, vers le combat. D’innombrables ennemis sont
tombés à leurs pieds et personne, à l’exception de
leurs propres cavaliers, n’était capable de les gérer.
Les Mushrushu étaient immenses et les plus petits
avaient la taille d’un éléphant. La majorité de leur
corps ressemblait à celui d’un serpent et était re-
couverte d’écailles. Cependant, contrairement aux
ophidiens, ils avaient quatre puissantes pattes  :
les deux antérieures ressemblaient à celles d’un
chat et les deux postérieures à celles d’un aigle.
Elles étaient dotées de griffes aussi dures que
le fer forgé par les forgerons Hittites. Ils étaient
également dotés d’une queue puissante, terminée
par un dard mortel. Entre leurs mâchoires claquait
continuellement leur langue fourchue et leur tête
était couronnée d’une plaque osseuse d’où émer-
geait une unique corne droite.
Mushrushu
tures servant à la guerre. Ils étaient aussi des
créatures pensantes et fières qui valorisaient
la connaissance. Leur forme les empêchait de
prononcer la langue de leurs cavaliers, mais ils
comprenaient et aimaient l’écrit. L’un des dons
qu’ils possédaient était la guérison. Peu importe
la puissance de l’esprit qui affligeait le corps
d’une personne, le simple contact d’un Dragon
l’obligeait à le quitter. Et avec de tels alliés de
leur côté, comment les Anunnaki avaient-ils pu
perdre leur guerre contre Sargon ? La réponse à
cette question est que les Mushrushu n’ont pas
pu se battre. Tashlultum, une puissante sorcière
et la première femme de Sargon, avait conçu un
plan rusé qui a abouti à l’enfermement de tous
les Dragons dans un endroit éloigné d’où ils ne
pouvaient pas s’échapper.
Aujourd’hui, seules les sculptures qui ornent la
Porte d’Ishtar rappellent la forme de ces êtres.
Mais il y a une tour, au milieu du désert, où un er-
mite nommé Shezab étudie les cieux. Après avoir
scruté le ciel pendant des années avec d’étranges
instruments, il croit avoir trouvé l’endroit où
Tashlultum a enfermé les Mushrushu : l’une des
sphères qui entourent les étoiles dans lesquelles
vivent les Igigu. Il est à déplorer que cela n’entre
pas dans ses plans de les libérer.

END. DEX. FOR.

50 8 15
VA VD VM ING. PER.

10 8 10 7 5
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

- 4 3 10 15
Aura Divine  : Chaque fois qu’au cours d’une
confrontation, un Mushrushu fait perdre à un
adversaire maléfique de l’Endurance, ce dernier
perdra 2 points supplémentaires d’Endurance.
Monstrueux : Un Mushrushu peut faire quatre
actions par assaut pendant une confrontation.
Chacune peut cibler un adversaire différent.
Terreur  : Chaque adversaire affrontant un
Mushrushu doit surmonter un conflit de Volonté
de difficulté 15 ou être Terrifié les deux premiers
assauts d’une confrontation. Il ne doit surmon-
ter ce conflit qu’une seule fois, même s’il combat
plusieurs Mushrushu à la fois.
 horreurs et êtres DE légende 319

PAZUZU

Ces Utukku, également connus sous le nom de

Docteurs, ont une véritable fascination pour la
vie mortelle à Kishar, sous toutes ses formes.
Mais cela ne signifie pas qu’ils la vénèrent, ni
même qu’ils la respectent. Ils ne sont donc pas
plus gentils et c’est précisément cette curiosité
qui fait d’eux des êtres incroyablement cruels.

Parce que s’il y a une facette de la vie qui les sti-

mule grandement, c’est la douleur. Ils s’amusent
à capturer des spécimens, que ce soient des
humanoïdes ou des animaux et à les soumettre
à des expériences. Ils leur font endurer des tests
horribles, les torturant, tout en les maintenant
en vie pendant des jours, des mois ou même des
années. Ils contemplent avec plaisir l’ensemble
du processus, en apprenant et en appréciant.
Cela leur est particulièrement agréable. Ils re-
cherchent avec insistance des sujets toujours
plus spéciaux, ainsi que des méthodes pour
causer des souffrances qui, loin de tuer, laissent
leurs victimes en vie le plus longtemps possible.

Cette recherche les a amenés à découvrir

l’immense joie des maladies. Ils conçoivent au
moyen de techniques alchimiques obscures de
terribles fléaux qu’ils jettent plus tard sur des
cités entières. Ils préfèrent les maladies qui
provoquent des changements horribles dans le
corps des personnes infectées, se réjouissant
des effets que leurs actions produisent, appre-
nant de leurs erreurs et créant des souffrances
et des douleurs de plus en plus insoutenables.
Ceux qui ont survécu aux attentions d’un Pazuzu,
soit parce qu’ils se sont échappés, soit parce que
le démon lui-même avait pour plan de les laisser
partir, avouent que la chose la plus terrifiante
chez ces démons est leurs mains. Leurs cinq
doigts, incroyablement longs et graciles, ma-
nipulent des ustensiles compliqués avec soin et
précision. Leur corps a une forme humanoïde, de
la taille d’un Mushkenu, mais couvert d’écailles.
De leur dos naissent deux ailes, de structure si-
milaire à celles d’un papillon, mais recouvertes
de plumes comme celles d’un oiseau, assorties
aux griffes qui terminent leurs membres infé-
rieurs, semblables à celles d’un rapace. En outre,
il y a aussi leurs organes génitaux qui ont la
forme d’une horrible parodie d’organe sexuel, un
appendice allongé en forme de serpent, généra-
lement caché sous une courte jupe.
Ce sur quoi les survivants ne sont pas d’accord,
ce sont les visages de ces démons. Certains pré-
tendent que leur tête est celle d’un chien sque-
lettique. D’autres décrivent une étrange tête
hybride entre un poisson et une chauve-souris,
également recouverte d’écailles, mais avec les
yeux, le nez et les oreilles de cette dernière.
Laquelle des deux descriptions est la vraie n’a
pas d’importance, car les Pazuzu ont la capacité
de camoufler leur nature authentique sous la
forme d’un Awilu ou d’un Mushkenu.
Les Pazuzu sont la preuve que tous les démons
n’ont pas nécessairement à partager des objec-
tifs ou même à se tolérer les uns les autres. Ce
sont des ennemis acharnés des Lamashtu, car
ce que font ces Utukku est à l’antithèse de tout
320 LES MAUX DE L ' HOMME
ce en quoi les Docteurs croient. Les Lamashtu
empêchent la vie de s’épanouir, déracinant la
vitalité d’un être vivant avant même qu’il ne
puisse naitre. Elles entravent le potentiel de la
nature, empêchant la petite créature, qui ne
verra jamais la lumière, de faire l’expérience
de toute la souffrance que la vie lui réserve. Et,
par-dessus tout, elles empêchent un éventuel
sujet expérimental des Pazuzu de grandir.
C’est pour cette raison que les femmes en-
ceintes fabriquent avec amour des talismans
protecteurs en forme de Pazuzu, qu’elles ché-
rissent avec force jusqu’à ce qu’elles aient donné
naissance à leurs enfants. Elles n’ont pas tort de
penser que, si quelque chose peut faire face à
une Lamashtu, c’est un Pazuzu. Il semble égale-
ment que ces supplications sous la forme d’une
amulette soient couronnées de succès, puisque
plus d’une femme enceinte a été sauvée par un
Docteur des terribles griffes d’une Fausse Mère.
Mais elles regrettent vite d’avoir découvert le
prix que le Pazuzu demande en échange de ses
services.
Pazuzu
END. DEX. FOR.
15 4 4
VA VD VM ING. PER.
5 4 5 7 5 informe, bien qu’ils n’atteignent pas la vitesse
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
7 0 11 4 6
Métamorphe : Un Pazuzu peut prendre une forme
humanoïde ou son apparence authentique à volonté.
La forme qu’il prend n’affecte pas son profil.
Maladie : Si un Pazuzu parvient à travers une attaque
à faire perdre 3 points d’Endurance ou plus à un adver-
saire, ce dernier doit surmonter un conflit de Force de
difficulté 13 ou il sera Malade.
Terreur : Chaque adversaire qui fait face à un Pazuzu
doit surmonter un Conflit de Volonté de difficulté 15
ou il sera Terrifié les deux premiers assauts d’une
confrontation. Il ne doit surmonter ce conflit qu’une
seule fois, même s’il combat plusieurs Pazuzu à la fois.
Vol  : Un Pazuzu dans sa forme authentique peut
prendre son envol. S’il fait cela pendant une confron-
tation, tout adversaire qui le cible et n’utilise pas le
style de combat avec une Arme à distance subira une
pénalité de -2 à sa VA et sa VD.
SHULAK
Les Shulak sont parmi les démons les plus
trompeurs et les plus craints par les Awilu.
Aussi connus sous le nom d’Implacables
Dévoreurs Nocturnes, ils sont l’une des armes
les plus terribles que les sorciers vraiment
puissants ont à leur disposition.
Ils n’apparaissent que la nuit, d’où leur nom, et
leur apparence est presque indescriptible, car
la structure de leur corps défie les limites de la
perception humaine.
Ils ressemblent à d’énormes limaces faites
d’une chair translucide et lumineuse, qui brille
d’une lueur verdâtre qui vient de l’intérieur. Il
est difficile de reconnaitre les membres ou les
appendices de leur corps en constante évolu-
tion, à l’exception d’une triade de pédoncules
provenant de ce qui pourrait être leur tête.
Chaque pédoncule se termine par un globe
oculaire, clairement identifiable en tant que tel,
mais en même temps complètement différent
de celui de tout être naturel.
Les Shulak avancent en se déplaçant sur leur
propre corps malléable et glissant.
Ils peuvent grimper sur presque n’importe
quelle surface et sont capables de se déplacer
à une vitesse inattendue pour une créature
d’un homme qui court. Ils font également de
grands sauts, qu’ils utilisent pour bondir sur
leur proie.
La façon dont ils se nourrissent est extrême-
ment désagréable, car ils pénètrent dans le
corps de leurs victimes par l’un de leurs orifices
corporels et, une fois à l’intérieur, absorbent
tout le liquide de leurs malheureuses proies,
laissant pour tout reste macabre de leur ban-
quet un cadavre desséché et cassant.
Leur taille varie considérablement et le même
individu peut tenir dans la paume d’une main
ou atteindre les dimensions d’un cheval. Ils
utilisent l’eau arrachée à leurs victimes pour
grandir et le volume d’un Shulak donne une
idée de la quantité de nourriture ingurgitée
récemment.
 horreurs et êtres DE légende
Shulak
END. DEX. FOR.
14 5 5
VA VD VM ING. PER.
- - - 1 4
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
- - 3 1 6 ombres les protègent de la lumière de l’astre
Dévorer : Un Shulak n’attaque pas de la manière
normale et ne peut effectuer aucun type d’action
dans une confrontation. En retour, il peut essayer
d’entrer dans un adversaire et de le dévorer. Il faut
résoudre un conflit de Dextérité entre le Shulak et
la victime potentielle. Si le Shulak gagne, il aura
réussi à entrer dans son adversaire, qui mourra
instantanément. Si c’est le cas, le Shulak récu-
pèrera jusqu’à 5 points d’Endurance perdus.
La Lumière de Shamash : Pendant la journée,
les Shulak sont invisibles, mais ils ne pourront pas
utiliser Dévorer. De plus, bien que le feu ne leur
fasse pas de mal, ils le craignent et se détourne-
ront de quiconque les menace d’une flamme.
Terreur  : Chaque adversaire qui fait face à un
Shulak doit surmonter un conflit de Volonté de
difficulté  15 ou être Terrifié pendant les deux
premiers assauts d’une confrontation. Il ne doit
surmonter ce conflit qu’une seule fois, même s’il
combat plusieurs Shulaks à la fois.
Nos attaques sont inutiles  ! : Les dommages
physiques et le feu sont incapables de nuire à un
Shulak. Seules les attaques qui l’indiquent spécifi-
quement peuvent l’affecter.
321
Par ailleurs, pendant la journée, ils sont im-
puissants. Bien qu’ils puissent se déplacer
normalement, ils sont incapables d’attaquer
qui que ce soit, car la lumière du soleil les prive
de leur force. En retour, ils sont invisibles à la
vue, car ils ne peuvent pas supporter l’éclat de
Shamash et se cachent de son regard.
Cependant, s’ils trouvent un endroit où les
royal, ils peuvent agir pendant la journée exac-
tement comme pendant la nuit.
Les armes conventionnelles ne fonctionnent
pas avec les Shulak et s’ils sont coupés en mor-
ceaux, ils se recomposeront immédiatement.
Seul le feu peut ralentir ces créatures, mais pas
les tuer. Se tourner vers un sorcier est la seule
solution à long terme contre ces Utukku, car ce
sont souvent les pratiquants des arcanes qui les
ont invoqués dans ce monde, et ils savent com-
ment les renvoyer d’où ils viennent.
Être poursuivi par un Shulak est l’une des si-
tuations les plus terrifiantes dans laquelle
quelqu’un puisse se trouver. Quand ils ont choisi
une proie, ils sont infatigables et ne cessent de
la traquer jusqu’à l’attraper ou disparaitre.
La nuit, la pauvre victime regarde la terrible
masse de l’Implacable Dévoreur Nocturne se
diriger droit sur lui. Mais pire est la sensation
ressentie pendant la journée, car il sait que la
créature est à proximité, à attendre, même s’il
ne peut pas la voir.
Si celui qui est poursuivi ne meurt pas en proie
à cette créature démoniaque, il finira probable-
ment par perdre la raison.
N’importe quelle ombre le terrifie et le simple fait
d’être dans un lieu fermé lui donne des frissons.
Normalement, une tâche simple telle
que se rendre d’une partie de la cité
à une autre devient une épreuve
et dans des cas extrêmes, cer-
tains en arrivent à marcher
nus, de peur que le Shulak
ne se cache dans l’obscu-
rité produite par leurs
propres vêtements.
322 LES MAUX DE L ' HOMME

TETRIRVILI se démarque le plus. Leurs yeux rouges enfon-

cés et sans pupille trahissent une intelligence
Parfois, lors des jours les plus froids de l’année, supérieure à celle de n’importe quel animal et
le ciel contemplé par les clans Cimmériens de- leur front et leur museau sont protégés par une
puis leurs montagnes est illuminé d’une lueur structure osseuse jaunâtre et dure. De même
bleue et verte, qui semble onduler et se déplacer pour leurs puissantes mâchoires, composées de
par sa propre volonté. C’est un spectacle mer- trois rangées de dents pointues.
veilleux, plein de beauté et de majesté. Mais les
Cimmériens craignent ces lumières et les voir Cependant, ce ne sont ni leurs griffes ni leurs
les remplit d’une terreur révérencieuse. mâchoires qui sont leur arme principale, mais
bien l’énorme corne qui sort de leur tête.
Ces feux qui brillent dans le firmament pré- Droite et enroulée sur elle-même, ils l’utilisent
cèdent toujours l’arrivée des ennemis les plus pour empaler leur proie. Quand des Tetrirvili
redoutables des Hommes Libres : les Tetrirvili. prennent d’assaut un village, ils ne prennent pas
tout ce qu’ils trouvent pour disparaitre, mais ils
Peu de temps après les lumières viennent des viennent chaque nuit pour embrocher une vic-
hurlements, semblables à ceux d’une meute time de leur puissante corne et se retirent dans
de loups mais en même temps différents, dis- les montagnes pendant que leur proie, encore
cordants et intenses. Même en se couvrant en vie, hurle de douleur.
les oreilles, on ne peut éviter d’entendre leurs
cris aigus. Ce son horrible capable de geler le Ils répètent ce processus pendant des semaines,
sang annonce l’arrivée d’un de ces terribles car ils sont cruels à l’extrême et veulent voir
monstres. leurs captifs souffrir autant que possible. Dans
les rares occasions où une de ces bêtes a été
Créatures imposantes,
une fois et demie de
la taille d’un ours, les
Tetrirvili ressemblent
un peu à cette espèce,
avec leur fourrure
blanche couvrant tout
leur corps et leur tête
vaguement semblable.
Mais les similitudes
s’arrêtent ici. Les
Tetrirvili n’ont pas
quatre pattes, mais six.
Parfois, ils se tiennent
sur leurs six pattes,
parfois sur quatre et
seulement sur deux
quand ils se tiennent
debout sur leurs vic-
times. Leurs pattes
se terminent par de
longues griffes rouges
et noires, dont la teinte
est naturelle, et non
pas due au fait qu’ils
les trempent dans le
sang de leurs victimes.
Mais c’est leur tête qui
 horreurs et êtres DE légende 323

vaincue, il faut pratiquement des clans entiers UMAMU

de guerriers pour y arriver. Ils doivent alors faire
face non seulement à la créature elle-même, Les rues bondées des grandes cités et les places
mais aussi au froid presque surnaturel et aux solitaires des villages ont une chose en commun :
terribles tempêtes de neige qui semblent tou- il s’y murmure des histoires d’enlèvements, de
jours se former autour d’eux. meurtres et de sacrifices sanglants. Les mar-
chands exhortent leurs gardes à faire preuve
On dit que seul Gmirri, le fondateur légendaire d’une extrême prudence lorsque leurs itiné-
de la nation libre, a pu vaincre un Tetrirvili seul. raires les mènent près de la verdure sombre de
Et le prix à payer pour réaliser un tel exploit a Gurushalmu, la Forêt Maudite. Les fêtards des
été sa propre vie. maisons nobles de Lagash retournent dans leurs
demeures et verrouillent leurs portes les nuits
Même si leur vision est impossible à oublier, les sans lune. La source de ces histoires et de cette
chamans ne savent pas grand-chose d’eux. Mais peur est toujours la même  : Les Enfants de la
ils sont surs que ce ne sont pas des animaux Forêt. Mais bien que tout le monde en ait enten-
et qu’ils n’appartiennent en aucune façon au du parler et que même certains se réfèrent à ces
monde naturel. Les totems des Cimmériens qui monstres comme les Umamu, leur vrai nom, on
les représentent transmettent un sentiment de sait peu de choses à leur sujet. Leur vraie nature,
rejet impossible à réprimer et la terre elle-même leurs motivations et leurs objectifs et même leur
exprime son malaise face à leur présence. apparence sont une énigme. Certains affirment
qu’ils adorent les démons et d’autres croient que
les Enfants de la Forêt sont les démons.
Tetrirvili
Ils sont accompagnés d’un brouillard sombre et
END. DEX. FOR. pestilentiel, bien que ceux qui ont le courage de
discuter de ces questions ne soient pas d’accord
25 4 8 sur le fait de savoir si c’est le produit d’une ter-
VA VD VM ING. PER. rible sorcellerie ou s’ils choisissent simplement
les nuits brumeuses pour partir en chasse. Parce
8 5 7 5 4 qu’ils attaquent toujours la nuit. La combinaison
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
de ces deux éléments, la nuit et la brume, rend
- 1 11 2 6 difficile de déterminer leur véritable apparence :
des créatures humanoïdes, très grandes, presque
autant qu’un Wardu, mais extrêmement minces.
Empaler : Un Tetrirvili qui effectue avec succès une
Attaque implacable sur un adversaire sera capable
de l’immobiliser exactement comme s’il avait réussi
une action Immobiliser. Un Tetrirvili ne pourra pas
immobiliser un autre adversaire de cette manière
tant que son ancienne victime restera immobilisée.
Monstrueux : Un Tetrirvili peut faire deux actions
par assaut pendant une confrontation. Chacune
peut cibler un adversaire différent.
Terreur  : Chaque adversaire qui fait face à un
Tetrirvili doit surmonter un conflit de Volonté de
difficulté 15 ou sera Terrifié les deux premiers as-
sauts d’une confrontation. Il ne doit surmonter ce
conflit qu’une seule fois, même s’il combat plusieurs
Tetrirvili à la fois.
Vent glacé  : Les Tetrirvili sont toujours entou-
rés d’un vent froid. Tout adversaire qui cible un
Tetrirvili et n’utilise pas le style de combat avec une
Arme à distance subira une pénalité de -2 à sa VA
et sa VM.
324 LES MAUX DE L ' HOMME
Umamu
END. DEX. FOR.
13 5 4
VA VD VM ING. PER.
5 4 6 4 3 cours de cette union, l’Awilu meurt et d’elle nait
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
7 1 13 2 4
Enveloppé de brume : la VA et la VM de n’importe
quel adversaire qui tente d’effectuer une action
contre un Umamu comme objectif sont réduites de 2.
Terreur  : Chaque adversaire qui fait face à un
Umamu doit surmonter un conflit de Volonté de
difficulté  15 ou être Terrifié les deux premiers as-
sauts d’une confrontation. Il ne doit surmonter ce
conflit qu’une seule fois, même s’il combat plusieurs
Umamu à la fois.
Leurs pattes sont semblables à l’arrière-train
d’une chèvre, poilues et finissant en sabots.
Leurs bras sont longs, atteignant leurs genoux
et se terminent par des mains déformées de
cinq doigts, d’où émergent des ongles pointus.
Leurs membres sont également recouverts
d’une fourrure sombre et sale, un peu avant
que l’épaule ne commence à disparaitre et que
vous puissiez contempler leur vraie peau. D’une
nuance entre le vert et le brun, elle est ridée et
recouverte de pustules et de boutons gonflés.
Cette peau recouvre également leur queue,
d’une forme similaire à celle d’un poisson.
Mais ce qui est le plus monstrueux chez les
Umamu, ce sont leurs têtes, allongées comme
celles d’une poule. Ils ont au milieu de leur front
un œil unique, immense, blanc et pratiquement
sans pupille. De chaque côté de celui-ci sortent
deux cornes comme celles d’une chèvre et deux
oreilles longues et pointues. Cet horrible visage
se termine par un bec osseux comme celui d’un
oiseau de proie et il est encadré par une barbe
sale qui s’étend le long de ce que l’on pourrait
appeler les joues d’un humain.
Les histoires racontées sur les Umamu sont en
partie vraies, en particulier la croyance qu’ils
kidnappent les Awilu jeunes et forts et les em-
mènent dans leurs tanières dans les forêts et les
marécages. Ce qu’ils en font est un mystère que
personne en Akkad ne connait et il vaut mieux
que cela reste ainsi, car c’est une réalité horrible
et terrifiante : les Umamu ont besoin des mâles
Awilu pour se reproduire. Avec chaque jeune
homme enlevé, un rituel est effectué dans le-
quel il copule avec l’un des arbres maudits. Au
un nouvel Enfant de la Forêt. Le cadavre d’un
Umamu est l’un des trophées les plus convoités
par les sorciers, car il n’a jamais été possible
d’en obtenir un pour l’étudier.
Ankkadu, un jeune Awilu d’Eshnunna que l’on
croyait mort, est revenu un jour de la Forêt
Maudite en affirmant qu’il s’était échappé des
griffes des Enfants de la Forêt et qu’il était re-
venu avec le corps de l’un d’eux. Il a accepté de
le vendre à l’Ensi de la cité, mais alors qu’il était
sur le point de remplir sa part du contrat, il s’est
rétracté, prétendant que le cadavre d’Umamu
lui avait été volé la nuit précédente. Comme on
pouvait s’y attendre, personne ne croit qu’il a
vraiment échappé à ces monstres et ses voisins
murmurent que ce n’est qu’un pauvre fou.
URMAHLULLU
Aussi anciens que les Awilu eux-mêmes, les
nobles Urmahlullu ont toujours été à leurs cô-
tés, les aidant à arracher le contrôle de la terre
aux bêtes et les protégeant des Mukil-Resh-
Lemuti. À l’époque de Sumer, ils étaient respec-
tés et admirés. Tous les Awilu les connaissaient
et, si un membre de cette fière race avait besoin
d’aide ou d’un abri, ils le lui fournissaient sans
hésitation. Ils savaient que les Urmahlullu fe-
raient cela et plus encore pour eux.
Mais au fil du temps, leur nombre a diminué et
les Awilu avaient de moins en moins besoin de
leur aide. La goutte d’eau qui a fait déborder le
vase a été la mort d’un Urmahlullu des mains
d’un homme qui souhaitait fabriquer un trophée
à partir de sa crinière. À la suite de cet évène-
ment, les Urmahlullu ont réduit les contacts
avec les êtres humains au strict nécessaire, bien
qu’ils aient continué à remplir leur mission sa-
crée de les protéger.
Connus sous le nom de lions centaures, les
Urmahlullu sont imposants et majestueux. La
 horreurs et êtres DE légende 325

partie inférieure de leur corps ressemble à celle
d’un lion, mais là où serait normalement leur
tête, un torse très similaire à celui d’un Awilu est
inséré, bien que recouvert de la même fourrure
douce que son arrière-train, de la couleur du
Soleil. Leur tête est également similaire à celle
des grands félins et les mâles ont la crinière ca-
ractéristique des lions. Malgré tant de traits ani-
maux, il est impossible de ne pas voir dans leurs
yeux la flamme de l’intelligence et sur leur visage
les marques de l’expérience et de la sagesse.
Bien qu’ils défendent la civilisation, ils ne la
cherchent pas. Ils ne construisent pas de bâti-
ments, ne cultivent pas la terre ou ne s’habillent
pas avec des vêtements. Ils vivent dans les
plaines, chassent leur nourriture et leurs vête-
ments sont leur fourrure dorée et brillante. Il
n’y a qu’une seule des compétences de l’homme
qu’ils pratiquent, bien qu’heureusement elle ait
des facettes infinies : l’art. Chaque Urmahlullu
s’adonne à une forme d’art, que ce soit la pein-
ture, l’écriture ou la musique, se consacrant à la
discipline choisie de tout son corps et de toute
son âme. Ils passent également beaucoup de
temps à perfectionner leurs compétences, car
ils disposent de l’immortalité. Les œuvres d’art
de manufacture Urmahlullu sont prisées dans
tout l’Empire.
Et, en tant qu’artisans, ils maitrisent également
la fabrication d’armes et d’armures. Sans oublier,
comme il ne pourrait en être autrement, l’art
de la guerre. Les Urmahlullu ne s’habillent que
pour une occasion  : le combat. Ils déchainent
généralement cette fureur guerrière sur les
Mukil-Resh-Lemuti, leurs ennemis jurés. Ils les
combattront jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’Ur-
mahlullu capables de se battre. Littéralement,
parce que les lions centaures sont liés par le
destin à leurs terribles ennemis. Leur nombre
sera toujours le même que celui des Mukil-
Resh-Lemuti et, pour chaque monstre qu’ils
tuent, un Urmahlullu tombe foudroyé par la
main implacable des Parques. C’est la nature
de la terrible guerre qu’ils doivent mener et la
vraie raison pour laquelle de moins en moins de
membres de la noble race sont aperçus.
Urnim est leur souverain, celui qui fut le pre-
mier des Urmahlullu et, selon son destin, celui
qui sera le dernier.

Urmahlullu
END. DEX. FOR.

18 5 5
VA VD VM ING. PER.

7 6 5 4 4
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

8 2 5 5 6
L’art de la guerre  : Les Urmahlullu réduisent
toute pénalité pour l’action Aggraver la position
à 0.
Rugissement  : Un Urmahlullu peut, comme
une action pendant une confrontation, émettre
un puissant rugissement. Dans cette action, le
TA de l’Urmahlullu est normalement comparé au
TD de l’objectif, mais c’est le TM de l’Urmahlullu
qui est comparé à celui de tous les adversaires
qui peuvent l’entendre. Tous ceux qui ont un TM
inférieur seront considérés comme Terrifié lors
de leur prochaine action.
326 LES MAUX DE L ' HOMME

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• L’une des tâches du MJ est de créer les PNJ qui peupleront le monde.
• Pour les créer, commencez à partir d’un profil basique et étoffez-le vers l’extérieur.
• Il est important de donner une caractéristique distinctive aux PNJ. De plus, il est bon qu’ils
soient dans une certaine mesure stéréotypés.
• Les PNJ n’ont normalement pas de Points de Caractère, de Passion ou de Détermination, à
l’exception seulement des plus importants.
• La plupart des PNJ seront simplement des figurants qui n’auront pas de nom. Même dans ce
cas, vous devez être prêt, si nécessaire, à les développer.
• Profitez des idées de vos joueurs pour créer des PNJ à la volée. Ils peuvent vous faire écono-
miser beaucoup de travail.
• Les méchants sont très importants pour une campagne, alors accordez-leur l’attention qu’ils
méritent.
• La plupart des PNJ, les extras, seront pratiquement indéfinis.
• Tout au long de leurs aventures, les PJ affronteront de nombreux adversaires, que ce soient des
bêtes ou des ennemis rusés.
• L’EC des adversaires est calculée à l’aide d’une formule, à partir des autres valeurs.
• Si l’EC d’un adversaire s’avère supérieure ou égale à 10, l’adversaire ne devrait jamais participer
à une escarmouche. Seulement à des confrontations.
• Certains de ces adversaires seront de terribles monstres issus des cauchemars les plus hor-
ribles. En tant que MJ, vous devrez modérer leurs apparitions pour les rendre spéciaux.
 ESCLAVES DE
LEURS DÉSIRS

- Rihat, es-tu déjà allé à Kish ?

- Il en a bien été ainsi, jeune Shelmaneser. À deux occasions.
- Alors, dis-moi, à quoi ressemble la cité ?
- C’est à la fois l’endroit le plus merveilleux et le plus horrible de Kishar.
- Merveilleux et horrible en même temps ? Tu mens, Rihat ! Je t’ordonne de t’expliquer !
- Cela est difficile à concevoir, jeune maitre. Une fois, j’y suis allé avec votre père et j’ai trouvé que
c’était un endroit obscur et rempli de mal. Mais c’est aussi là que j’ai rencontré la plus belle et la
plus intelligente Mushkenu qui ait jamais marché sur Kishar. Pour elle, Kish était un paradis et la voir
si heureuse m’emplissait de joie. Je suis vraiment désolé, mon seigneur, mais peu importe combien
vous insisterez, je ne vous raconterai pas cette histoire.

Ce chapitre contient un exemple de cadre
d’aventure, ou module, intitulé Esclaves de
leurs désirs. Sa raison d’être est de vous ai-
der à démarrer votre première campagne et
à vous servir de sources d’inspiration pour
les aventures que vous allez concevoir, en
tant que MJ.
On l’appelle un «  module  », car Esclaves de
leurs Désirs n’est pas, en réalité, une aventure
complète, qui peut être jouée telle quelle dès
qu’elle est lue par le MJ. Bien que dans d’autres
jeux de rôle, il existe des aventures de ce type,
dans La Porte d’Ishtar, il serait impossible de
les créer sans fournir en même temps les PJ
qui y participeront. Dans La Porte d’Ishtar,
les PJ sont le moteur de ce qui arrive et leurs
objectifs dictent les différentes voies que l’his-
toire peut suivre.
Pour cette raison, vous ne trouverez pas ici une
aventure terminée, mais un squelette d’aven-
ture qui a été construit en utilisant la structure
indiquée dans le chapitre Un Grand Pouvoir
avec toutes ses étapes sauf une (celle où in-
corporer les intérêts et les objectifs des PJ).
Cela signifie que vous devrez travailler un peu
de votre côté pour que Esclaves de leurs Désirs
soit comme une aventure de votre propre
campagne, en incorporant les motivations et
les caractéristiques spécifiques des PJ avec
lesquels vous y jouerez.
328 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
Mais ne vous inquiétez pas, la plupart du travail
est déjà fait. De plus, dans ce chapitre, vous
trouverez des conseils et des suggestions sur la
façon d’adapter ce module à votre campagne.
Pour finir, vous pourrez toujours recourir à
l’improvisation ou profiter des idées qui vous
seront données par les joueurs eux-mêmes.
SITUATION INITIALE
La plupart des évènements de ce module se-
ront situés à Kish. Vous trouverez ci-dessous
une description de la cité elle-même, ainsi
que celle de toutes les entités politiques im-
portantes pour l’intrigue. Seront également
énumérées ici les circonstances concernant
les acteurs principaux juste avant le début de
l’aventure et tous les évènements pertinents. Il
s’agit, en fait, d’un cadre présentant toutes les
informations nécessaires pour comprendre ce
qui s’est passé, pourquoi cela s’est produit et
ce qui est sur le point de se produire.
Pour tous les éléments où des caractéris-
tiques précises ne sont pas spécifiées à pro-
pos de Kish, vous pouvez supposer qu’ils sont
identiques aux autres cités de l’Empire ou, si
vous préférez, inventer vous-même en quoi
ils consistent. Vous pouvez toujours changer,
naturellement, tout ce que vous n’aimez pas
ou qui ne s’adapte pas à votre campagne. Kish
est d’abord et avant tout votre cité, il n’y a
pas de canon à suivre et personne ne va vous
dénoncer à la police pour avoir changé un as-
pect du jeu, tant que vous êtes cohérent avec
vous-même.
Gardez juste une chose à l’esprit  : avant de
changer quelque chose, étudiez comment cela
pourrait affecter le déroulement de l’aventure.
Dans la plupart des cas, cela ne modifiera rien
du tout (en fait, il y a des détails du scénario
qui n’auraient pas à apparaitre pendant le jeu),
mais juste au cas où, considérez jusqu’où la
portée de tout ce que vous changez s’étend.
LA CITÉ DE KISH
Kish est une cité qui ne laisse personne indiffé-
rent, d’une manière ou d’une autre. Cependant,
l’impression que l’on en a dépend entièrement
du sexe de l’observateur. Cette métropole
a deux visages  : celui qu’elle montre aux
hommes, ses ennemis détestés, et celui qu’elle
réserve aux femmes, qu’elle aime follement.
Tout membre du sexe féminin percevra la cité
comme un verger, un paradis sur terre riche
en cadeaux, dans lequel la vie est facile et
pleine de confort. Contrairement à presque
toute autre partie de l’Empire d’Akkad, la vie
se trouve partout à Kish, sous la forme d’une
végétation luxuriante. Elle est loin de l’Idigna
et du Buranum, mais elle ne semble pas avoir
besoin de leurs bienfaits, car dans diverses
parties de la cité, il y a des puits naturels, à
partir desquels on obtient une eau plus propre
et plus claire que celle de n’importe quel fleuve.
Le sol de la cité est recouvert d’une herbe douce
et fraiche, entre les brins de laquelle émergent
de fortes racines serpentantes et de belles
fleurs de couleurs vives, qui fournissent un
arôme unique à la cité, rafraichissant et doux.
Le contact avec le sol est si agréable qu’aucune
femme de Kish ne porte de chaussures.
Ces belles fleurs sont fertilisées par les abeilles,
qui voyagent activement de l’une à l’autre et
construisent des nids à partir desquels vous
pouvez obtenir le miel le plus savoureux
qu’un palais puisse gouter. Les seuls aliments
plus désirables que ce miel sont les fruits des
arbres qui poussent dans les rues de la cité.
Leur gout est plus que délicieux, indescriptible,
et ils servent de nourriture aux habitants de
Kish. Les arbres eux-mêmes, feuillus et luxu-
riants, semblent incliner légèrement leurs
branches lorsqu’une femme passe à côté d’eux,
lui offrant de manière insistante les fruits qui
y pendent. De plus, ses feuilles donnent de
l’ombre et protègent de la chaleur oppressante
de l’été.
La vie est inarrêtable à Kish et s’étend jusqu’à
ses propres murailles, couvertes de vignes. En
s’approchant de la cité, la voyageuse voit un
spectacle merveilleux, le brun des briques se
mélangeant au vert vif des feuilles qui l’ornent.
La densité de la végétation à Kish augmente
à mesure que vous vous rapprochez de son
centre, la Ziggurat. À l’intérieur de ce bâtiment
habite Shuk-Nippurash, Celle Qui N’A Pas
Besoin D’Un Époux, et d’elle nait toute la vie
 SITUAtion initiale
de la cité. De la Ziggurat s’étendent les pro-
digieuses racines qui traversent les rues et au
point culminant du monument sont célébrés
les actes religieux officiés par les Gudapshu,
noms donnés aux Kadishtu de la cité.
Mais les membres de sexe masculin, quelle que
soit leur race, perçoivent les choses de manières
très différentes. Ils voient un panorama horrible
et sombre qui produit chez eux une profonde
répulsion. Ils ne perçoivent pas le sol recouvert
d’une végétation agréable, mais y voient des
mauvaises herbes, des sentiers sauvages et des
racines tordues recouvertes d’épines qui s’en-
foncent dans leur chair en causant de graves
blessures à leurs pieds. Au lieu d’abeilles inof-
fensives, ils voient des essaims de moustiques
répugnants qui piquent leur peau et pénètrent
dans leur bouche et leurs oreilles, leur infligeant
des souffrances et leur causant des maladies.
Des insectes frénétiques courent sur le sol,
ressemblant à des cafards, avec des abdo-
mens gonflés chargés de fluides désagréables.
D’autres vermines telles que des vers blafards et
des araignées velues les accompagnent.
329
Les arbres qui envahissent les rues ont un
aspect vieux et tordu, avec des branches al-
longées et pointues, couvertes de feuilles
mortes et pourries. De celles-ci pendent des
fruits grossiers qui, loin d’être appétissants,
transmettent quelque chose d’obscène et sont
surement toxiques. Et ce n’est pas comme si
un homme pouvait s’en approcher, puisque
les arbres eux-mêmes frappent avec force les
hommes qui s’en approchent, leur causant
d’horribles lacérations qui mettent du temps à
guérir.
Les odeurs de l’ichor et de sève que sécrète
cette vie végétale, musquées et répugnantes,
se mêlent à l’arôme sucré de décomposition qui
provient du sol lui-même. Le résultat est une
combinaison insupportable, qui semble coller
au corps comme de la sueur et accompagne
ceux qui se promènent dans la cité où qu’ils
aillent, leur donnant la nausée. Même l’eau
dans les puits est différente, avec une couleur
maladive et une texture épaisse et grumeleuse,
qui étanche la soif, mais laisse un mauvais gout
dans la bouche pendant des heures. Seuls les
330 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
plus humbles esclaves Mushkenu, qui n’ont
pas d’autre choix, ont recours à cette eau pour
boire. Aucun d’entre eux ne fait de vieux os,
mais on ne sait pas avec certitude si c’est dû à
l’eau ou aux autres dangers de cette cité hos-
tile qui menacent les hommes.
La seule chose sur laquelle les hommes et les
femmes sont d’accord, c’est que Kish déborde
de vie. Pour le meilleur ou pour le pire.
LE RÔLE DE LA FEMME
Comme vous pouvez l’imaginer en contemplant
ce tableau, les femmes de Kish bénéficient d’un
confort, surtout par rapport aux hommes, qui
n’a son équivalent dans aucune autre cité. Cette
position privilégiée s’étend également aux pou-
voirs politiques et sociaux, ainsi la vie à Kish est
gouvernée par des membres du sexe féminin.
Bien que les Awilu restent des Awilu et les
Mushkenu restent des Mushkenu, les femmes
possèdent un certain nombre de prérogatives et
de droits spéciaux, qu’elles soient nobles ou es-
claves. Le plus frappant de ces privilèges, mais
pas le seul, est la sorcellerie. Seules les femmes
sont autorisées à la pratiquer et tout homme qui
s’y engage sera immédiatement exécuté.
Concernant les maisons nobles, bien que des
familles en tant que telles existent à Kish, elles
ne sont pas gouvernées par un patriarche, mais
par une matriarche, qui décide du destin de ses
descendants. De même, dans chaque mariage,
la femme détient le pouvoir. Elle prend les dé-
cisions et a la possibilité de divorcer à tout mo-
ment en cas d’affront ou de faute de son mari.
Inutile de dire qu’à Kish, les harems et la poly-
gamie ne sont pas autorisés et aucun homme ne
peut avoir plus d’une femme. D’autre part, bien
que la polyandrie soit envisagée par la loi, dans
la pratique, presque aucune femme ne prend
plus d’un mari. Elles ne montrent généralement
pas d’intérêt à profiter de la compagnie de plus
d’un époux que, dans la plupart des cas, elles
ne possèdent que pour des raisons de repro-
duction et non pour un sentiment d’affection
envers celui qui partage leur maison. Certaines
femmes gardent même leur affection pour
d’autres membres de leur sexe.
Il est évident qu’à Kish, les femmes regardent
les hommes avec supériorité et les traitent
avec condescendance et cela s’étend même
aux Mushkenu masculins et aux animaux
domestiques mâles. Les esclaves féminines
reçoivent un traitement préférentiel, faisant
moins de travail ou se voient donner plus de
responsabilités, tandis que les esclaves mascu-
lins sont relégués à l’exécution de tâches phy-
siquement épuisantes. Les femmes Mushkenu
agissent comme des gardes ou s’occupent de la
maison, et leurs compagnons moins chanceux
travaillent dans les champs ou la construction
de bâtiments. De plus, toute vie féminine est
sacrée dans la cité et si un Awilu mâle devait
prendre la vie d’une esclave Mushkenu, il de-
vrait faire face à une dure punition, peut-être
même à la mort.
À Kish, certaines femmes tiennent leurs es-
claves féminines en plus haute estime que
leurs époux.
Compte tenu de cet environnement hostile en-
vers le genre masculin, il n’est pas surprenant
que très peu d’hommes habitent Kish. Les es-
claves masculins n’ont pas beaucoup de choix
quant à l’endroit où ils passent leur vie misé-
rable, donc dans leur cas, la différence n’est
pas très prononcée, mais c’est différent pour
les nobles, car à Kish, il y a au moins quatre
femmes Awilu pour un homme.
LES PRÊTRESSES ET LA GARDE
Kish a un système de gouvernement très par-
ticulier, puisque les deux pouvoirs qui exercent
traditionnellement leur domination dans les
cités de l’Empire, le palais et le temple, sont
concentrés ici en une seule personne.
Le culte de Shuk-Nippurash, la divinité tuté-
laire de Kish, est le plus répandu dans la cité.
Il est présidé par ses prêtresses, les Gudapshu
(appelées Kadishtu dans d’autres cités), qui do-
minent d’une main de fer l’aspect religieux de
la vie de leurs citadins. À tel point que d’autres
dieux n’ont qu’un rôle de simples témoins à
Kish, s’ils en ont un. Cette cité est ce qui se
rapproche le plus du culte d’un dieu unique,
comparé à ce que l’on peut trouver dans le
reste d’Akkad.
 SITUAtion initiale 331

Il est très facile de reconnaitre une Gudapshu au
milieu de la foule, car à la suite de la cérémonie
d’initiation à laquelle elles sont soumises, leur
apparence subit certains changements très
caractéristiques. Leur peau devient noire et
leurs cheveux prennent une couleur blanche,
provoquant un contraste frappant avec le reste
de leur corps. Cette particularité n’existe chez
aucune autre Awilu. Elles sont ainsi marquées
du seau de leur déesse Shuk-Nippurash et
protégées par elle. De plus, elles ne cachent
rien de leur corps, montrant joyeusement leur
beauté en sachant qu’aucun homme n’osera
leur faire de mal.
À la tête des Gudapshu se trouve la grande
prêtresse, qui occupe en même temps la
fonction d’Ensi, ou Reine-Sorcière, de Kish.
Actuellement, ce poste est occupé par Kheba,
une Awilu qui, bien qu’elle ait plus de 150 ans,
semble aussi jeune que lorsqu’elle a officié sa
première cérémonie à Celle Qui N’A Pas Besoin
D’Un Époux. Elle est connue pour être l’une
des plus belles femmes de tout l’Empire (sinon
la plus belle), ainsi que pour sa dureté, sa froi-
deur et son ambition. Son titre officiel est La
Mère de Kish.
Mais Kheba n’exerce pas sa domination sans
aucune opposition. Ses ambitions et son
manque de scrupules lui ont valu une ennemie
qui, bien qu’elle ne détienne pas l’influence de
la grande prêtresse, s’avère être une rivale plus
que digne : Mushezibti.
Mushezibti est la première capitaine de la
garde de Kish, une Awilu exceptionnellement
forte dont la taille n’est surpassée que par son
sens de la justice. Bien qu’elle vénère Shuk-
Nippurash, comme le reste des citadins de
Kish, elle prend sa position avec une responsa-
bilité absolue. En aucun cas, elle ne permettra
à quiconque de se tenir au-dessus de la loi.
Peu importe que le délinquant soit un pauvre

LE RITUEL DU NOUVEL AN

Comme dans les autres cités en Akkad, la fête la plus importante à Kish est, le jour du
Nouvel An. À cette occasion, l’arrivée du printemps et le début de la fertilité de la terre
après son déclin précédent sont célébrés par un rituel qui dure toute la journée.

À Kish, encore plus que dans les autres cités, cette fête a une signification particulière,
puisque la déesse tutélaire de la cité est Shuk-Nippurash, la donneuse de vie et la déesse
de la fertilité. Mais de tous les aspects de la divinité, celui qui est le plus vénéré pendant
cette célébration est précisément celui pour lequel elle est connue à Kish : Celle Qui N’A
Pas Besoin D’Un Époux.

Cet aspect a une signification très particulière dans le rituel du Nouvel An, grâce à l’un
des miracles qui se produisent au cours de ce dernier. La fête commence en même temps
que le premier jour de l’année, c’est-à-dire au crépuscule, et dure jusqu’au crépuscule
du lendemain, moment où elle atteint son apogée. À ce moment-là, la Mère de Kish,
la grande prêtresse, se tient au-dessus de toute la cité en haut de la Ziggurat, dont elle
vient de sortir des chambres les plus secrètes après avoir rencontré la déesse elle-même.

Dans le même temps, les plus fidèles parmi les Gudapshu, celles choisies par Shuk-
Nippurash cette année-là, qui viennent de vivre l’union sacrée avec leur divinité,
quittent également ces chambres. Mais elles ne sortent pas telles qu’elles y sont entrées,
puisqu’elles sont maintenant enceintes, logeant dans leur ventre la semence de la déesse,
copiant ainsi dans leur chair l’aspect de la déesse qui pour elles est fondamental.

Neuf mois plus tard, les élues donneront naissance à leur progéniture : toutes des filles,
bénies par la volonté de Shuk-Nippurash et destinées à de grands exploits.
332 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
mendiant ou Kheba elle-même. Mushezibti les
poursuivra avec le même acharnement.
Cette philosophie provoque de nombreuses
tensions entre la garde et les Gudapshu,
comme une extension de la rivalité de leurs
dirigeantes.
LA NIGGINA
Cette situation est très désagréable pour la
grande prêtresse, aussi a-t-elle commencé
à chercher un moyen de récupérer les petits
fragments de pouvoir qui lui échappent. Pour
ce faire, elle a pris en exemple la Nippur voi-
sine et a décidé d’importer, avec de légères
modifications, ce qu’elle pense être une idée
magnifique : la Niggina.
Niggina, qui signifie « vérité », est une organi-
sation dédiée à la protection du culte des Igigu,
les Dieux des Étoiles. Son origine est à Nippur,
la cité des Mille Divinités, et est composée de
gens de tous les horizons, du pauvre esclave au
noble puissant. La Niggina est dédiée au main-
tien de la foi authentique de l’Empire, avec tout
ce que cela implique, depuis la propagation du
culte parmi les esclaves à la persécution de
ceux qui revendiquent une hérésie ou adorent
les Dieux Anciens.
Dans sa cité d’origine, la Niggina sert tous
les Dieux des Étoiles de manière égale, sans
montrer de favoritisme pour aucun d’entre
eux, puisqu’à Nippur aucune divinité ne se
hisse comme déesse au-dessus des autres.
Mais dans la réplique de cette organisation
que Kheba est en train de créer à Kish, ses
membres ne dédient leurs efforts qu’à une
seule Igigu : Shuk-Nippurash.
La Niggina a une hiérarchie complexe et byzan-
tine, mais qui peut essentiellement être résumée
en trois castes principales : les Prédicateurs, les
Chercheurs et les Interrogateurs.
Les Prédicateurs forment la plus humble des
trois castes et leur travail est le plus simple,
mais pas le moins important. Leur tâche est de
répandre la foi authentique parmi les citadins,
soit en mettant en lumière tous ces miracles
qui sont dus aux dons de Shuk-Nippurash,
soit en officiant des rituels et des psalmodies
en l’honneur de Celle Qui N’A Pas Besoin
D’Un Époux, entre autres méthodes. Awilu et
Mushkenu peuvent appartenir à cette caste,
car chacun diffuse le message dans son milieu.
Ils sont la voix de la Niggina.
Les Chercheurs constituent la caste suivante,
avec un pouvoir d’action et de prise de décision
légèrement plus grand. Comme leur nom l’in-
dique, leur devoir est de rechercher la vérité,
ainsi que ceux qui la menacent. Ils agissent
presque toujours en petits groupes de deux ou
trois individus et infiltrent une communauté,
la surveillant de l’intérieur et étant toujours à
l’affut d’éventuels crimes contre les Dieux des
Étoiles (ou Shuk-Nippurash et Kheba, dans le
cas de Kish). Les Chercheurs ont toute liber-
té d’opérer comme ils le souhaitent dans les
zones qui leur sont assignées, en fournissant
des rapports périodiques sur l’avancement de
leurs enquêtes. Ce sont les yeux et les oreilles
de la Niggina.
Enfin, les Interrogateurs sont au sommet de
l’échelle. Seuls les Awilu peuvent faire partie
de cette caste et leur tâche est d’extraire la
vérité de celui qui la cache, qu’il s’agisse d’un
dissident capturé par les Chercheurs ou d’un
érudit qui dissimule des connaissances utiles
pour la cause. Leur autorité est absolue et
ils ont le pouvoir, s’ils le jugent nécessaire,
de torturer ou de prendre la vie, même à un
noble. Par ailleurs, ils dirigent également le
reste des membres de l’organisation. Ils sont le
cœur de la Niggina. À Kish, seules les femmes
peuvent être des Interrogatrices, Kheba oc-
cupant le poste d’Interrogatrice Suprême, la
Sharuru-Ullu.
En plus de ces trois castes, la Niggina emploie
une multitude d’esclaves qui lui permettent
de fonctionner correctement et qui effec-
tuent les tâches nécessaires au maintien de
l’organisation.
Bien que la branche des Niggina opérant à Kish
ne soit pas officiellement reconnue par la secte
d’origine à Nippur, il est courant que plus d’un
Chercheur de Nippur, en raison de leur liberté
de mouvement, travaille côte à côte avec des
membres de la Niggina de Kish, et vice versa.
 SITUAtion initiale 333

ÉQUIPES DE CHERCHEURS

Les Chercheurs peuvent être aussi bien Awilu que Mushkenu (et à Nippur, au moins un
Chercheur est connu pour être Wardu), et ils agissent généralement en équipes de deux
ou trois individus. À la tête de chaque équipe se trouve toujours un Awilu et dans le cas
de Kish, une Awilu, qui est celui ou celle qui connait les secrets de l’écriture et prépare les
rapports qui doivent être livrés après chaque mission.

Sous sa supervision, on peut trouver à la fois d’autres Awilu et des esclaves, bien que le
plus courant soit que dans chaque équipe, il y a au moins un Mushkenu de confiance, car un
esclave peut accéder à des endroits où un noble serait interdit et écouter des conversations
ou des rumeurs qui n’atteindraient jamais les oreilles d’un seigneur.

Bien que ces Mushkenu soient toujours de fidèles disciples des préceptes de la Niggina, il
n’y a pas lieu d’équivoque : ils sont toujours des esclaves et la véritable autorité est entre les
mains de l’Awilu qui les dirige.

Les prêtres de Nippur perçoivent, non sans
raison, que la nouvelle organisation créée par
Kheba à Kish est une tentative d’ouvrir la voie à
une future prise du pouvoir de la cité des Mille
Divinités par les fidèles de Shuk-Nippurash.
LA ROSE DES VENTS
Et ils ne pourraient pas être plus juste dans
leurs soupçons, parce que c’est exactement ce
que Kheba prévoit : convertir Shuk-Nippurash
en divinité principale de Nippur, comme elle
l’est déjà de Kish. Mais pour cela, elle a besoin
de quelque chose de plus. En conversant avec
sa déesse, Kheba a découvert qu’elle avait be-
soin de mettre la main sur quelque chose, mais
sans savoir quoi exactement (il pourrait s’agir
d’un objet, d’un être ou d’une entité). La seule
chose qu’elle sait avec certitude est son nom :
la Graine. Malheureusement, elle ne sait ni où
ni comment elle pourrait la trouver.
Afin de mettre la main sur la Graine, Kheba a
conclu un accord avec un artisan de la lointaine
Phénicie  : en échange de trois cents femmes
esclaves, puisque les Phéniciens n’acceptent
rien d’autre que des Mushkenu en paiement de
leurs services, il lui fabriquera un magnifique
objet de pouvoir : la Rose des Vents (dont vous
trouverez les détails à la fin de ce chapitre).
C’est un prix élevé à payer, surtout compte
tenu de la vénération qui est professée à Kish
à la femme, mais la récompense en vaut la
peine. La Rose des Vents est capable de faire
des merveilles, car elle indique à celui qui la
possède la direction générale vers laquelle se
trouve ce qu’il désire le plus. Armée de cela,
Kheba devrait être en mesure de trouver la
Graine et ainsi prendre le contrôle religieux de
Nippur.
Les esclaves ont été remis il y a des mois et,
si tout se passe comme prévu, Belshazaar, le
Phénicien responsable de la création du talis-
man, devrait être sur le point d’atteindre Kish.
Et ce sont les personnages joueurs qui es-
cortent ce Phénicien jusqu’à Kish.
LA TRISTE HISTOIRE D’ESHANNA
Cependant, il y a quelqu’un d’autre qui connait
l’arrivée de la Rose des Vents à Kish et qui veut
s’en emparer  : la repentante Eshanna. Mais
pour connaitre ses motivations, il est néces-
saire de connaitre son passé.
Eshanna était une Awilu d’Assur, une mar-
chande qui voyageait avec son mari, nommé
Ashur-Neru, le long des routes commerciales
entre le nord et le sud d’Akkad. Au cours de
l’une de ces traversées, ils se sont tous deux
arrêtés à Kish pour vendre une partie de
leurs marchandises et faire un arrêt en cours
de route. Au cours de cet arrêt, Eshanna est
334 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
tombée amoureuse de la beauté de la cité et a
supplié son mari d’établir un poste commercial
dans le Karum, afin de rester à Kish pour y
vivre de manière permanente.
Ashur-Neru, qui l’aimait follement, n’a pas pu
lui refuser et, malgré ses tentatives pour faire
comprendre à Eshanna à quel point il était dé-
gouté par cet endroit, ils ont fini par s’installer
à Kish.
Au fil du temps, l’intensité avec laquelle Eshanna
adorait Celle Qui N’A Pas Besoin D’Un Époux
grandissait, jusqu’au jour où elle décida de se
donner à son étreinte en devenant prêtresse.
Bien qu’une Gudapshu ne soit pas obligée de
se séparer de son mari si elle en possède déjà
un, pour Ashur-Neru, ce fut la goutte d’eau qui
fit déborder le vase. Il prit ses affaires et partit,
abandonnant Kish et avec elle Eshanna.
En apprenant son départ, Eshanna se rendit
compte qu’elle avait perdu, avec son égoïsme,
qui était vraiment la personne la plus impor-
tante de sa vie. Mais il était trop tard, car
Ashur-Neru était parti dans un lieu inconnu.
Consumée par le chagrin, elle mit progressi-
vement de côté ses responsabilités vis-à-vis de
la prêtrise auprès de Shuk-Nippurash et finit
par être reléguée aux rangs inférieurs du culte.
Cela étant, un jour, alors qu’elle marchait dans
les allées de la salle du trône, elle entendit
Kheba, en méditation sacrée avec la déesse,
parler de la Rose des Vents et de l’arrivée
attendue du Phénicien. Si elle parvenait à
s’emparer de cet objet, Eshanna pourrait enfin
retrouver son mari !
Sachant comment l’objet précieux atteindrait
Kish, Eshanna décida d’envoyer son serviteur,
le voleur Uri qu’elle avait ramassé dans les
rues cruelles de Kish, à la recherche de ceux
qui apportaient la Rose des Vents. Ses ordres
étaient de mettre la main sur le précieux objet
pour elle.
L’ARCHIVISTE QUI SAVAIT LIRE
Mais Eshanna n’est pas la seule dont les sen-
timents peuvent finir par affecter profondé-
ment les fils du destin. Pour que la Niggina
fonctionne correctement, la présence de
centaines d’esclaves est essentielle, car ils ac-
complissent les tâches les plus méthodiques
et les plus ingrates, sans lesquelles les autres
membres de l’organisation ne pourraient pas
remplir leur devoir.
L’un de ces esclaves, un Mushkenu nommé
Uktannu, sert d’archiviste. Sa tâche n’est pas
compliquée, elle consiste simplement à rece-
voir des tablettes contenant les rapports des
Chercheurs et à les stocker dans la biblio-
thèque pour une consultation ultérieure. Et
c’est précisément ce travail, répétitif, mais
pas épuisant, qui laisse à son esprit le temps
d’errer, se consumant dans un mélange de ven-
geance et de désir.
De la vengeance contre les Gudapshu, qui as-
servissent non seulement les Mushkenu, mais
aussi les hommes. Et du désir pour Kheba, la
Mère de Kish, la grande prêtresse. Il ne peut
s’empêcher de la détester de toutes ses forces,
car il ne désire rien de plus dans ce monde que
de la posséder, si possible de la manière la plus
humiliante et la plus violente.
Normalement, il ne représenterait pas un
problème et Uktannu n’est pas le premier et
ne sera pas le dernier esclave à maudire son
destin et à rêver de sa liberté, mais l’archiviste
est beaucoup plus intelligent que la plupart
des gens ne le croient. En utilisant les rares
connaissances sur l’écriture qu’il a pu ap-
prendre (les nombres, nécessaires pour classer
les tablettes) et après des années d’études en
secret à la lueur des bougies, il a réussi à dé-
chiffrer les symboles qui composent l’akkadien
et maintenant, il peut le lire.
LA TRAHISON DE NARIA
Doté de ces connaissances, Uktannu fut
en mesure de comprendre les tablettes qui
passaient entre ses mains et qui auparavant
étaient dénuées de sens. L’une d’elles attira
particulièrement son attention. C’était un rap-
port livré par deux Chercheuses  : une Awilu
nommée Annashi et une Mushkenu nommée
Naria, toutes deux connues pour leurs nom-
breuses missions réussies et leurs criminels
traduits en justice.
 SITUAtion initiale
Ce rapport, qu’Uktannu dévora avidement,
parlait du dernier sorcier masculin que la
paire avait réussi à démasquer et à éliminer.
La chose extraordinaire à propos de l’affaire
était qu’elles avaient réussi à récupérer, avec
le sorcier, les tablettes contenant le sort que le
thaumaturge utilisait.
Ce sort, décrit en détail à la fin de ce chapitre,
permettait au sorcier de créer, à partir de n’im-
porte qui, un double parfaitement identique à
l’original qui obéirait à tous ses ordres.
Avec ce sortilège entre ses mains et qu’il n’au-
rait pas dû comprendre, Uktannu vit là l’occa-
sion parfaite de réaliser ce qu’il avait toujours
voulu.
Il commença par utiliser ce sort sur de pauvres
vagabonds, élargissant ensuite sa cohorte
d’esclaves à quelques gardes et même à
un puissant Wardu. Sa victime suivante fut
Annashi, à qui il ordonna de rédiger un rap-
port expliquant comment Naria, sa compagne,
l’avait trahie. Puis il détruisit le double et fit
disparaitre ses restes obscènes, afin que tout le
monde croie que c’était Naria qui était derrière
la disparition de sa compagne, dorénavant
présumée morte.
Cela s’est passé il y a un mois, et pendant ce
temps, Naria a fui ses anciens compagnons,
sans très bien comprendre comment elle a pu
se retrouver dans une telle situation et sur-
vivre, cachée de tout et de tout le monde. La
seule chose qui lui permet d’aller de l’avant,
c’est la conviction qu’elle est innocente. Cela,
et l’espoir de pouvoir trouver la personne res-
ponsable de ce qui s’est passé, lavant ainsi son
nom.
En ce qui concerne Uktannu, le nombre de
doubles qu’il contrôle augmente chaque jour.
Son but ultime est d’avoir sous son joug le
nombre suffisant de doubles de prêtresses et
de personnel du temple pour mener un coup
d’État, afin d’emprisonner Kheba. Une fois
qu’elle sera entre ses mains, il la fera sienne,
en s’assurant qu’elle sache ce qui attendra son
précieux culte de Shuk-Nippurash, puis il la
remplacera par un double, qui sera entière-
ment sous son contrôle.
335
De cette façon, Uktannu prévoit de devenir le
véritable maitre et seigneur de Kish.
Dans sa folie de grandeur, il entend mener
cette attaque à une date symbolique, lors du
prochain rituel du Nouvel An, qui débutera
dans deux jours.
LES PLANS MYSTÉRIEUX D’ASHUR
Et au milieu de ce mélange explosif sur le point
d’éclater se cache également une autre volon-
té. Le dieu Ashur, le dernier des Anunnaki à
être toujours vénéré en Akkad, a ses propres
plans qu’il souhaite réaliser.
Les projets d’Ashur étant toujours des projets
pensés à long terme, il est donc difficile de
savoir avec exactitude quel est le motif ultime
de ses actions, mais en ce qui concerne notre
histoire, ses intentions immédiates ne pour-
raient pas être plus claires  : réunir les PJ et
Ashur-Neru, le mari d’Eshanna qui a fui Kish il
y a longtemps.
L’objectif de cette rencontre est de permettre
au fugitif de leur donner une tablette conte-
nant un message secret.
Pour que cette rencontre se produise, le dieu
a tiré quelques fils pour s’assurer que la Rose
des Vents tombe entre les mains d’Eshanna,
qui l’utilisera évidemment pour retrouver son
mari, amenant ainsi directement les PJ jusqu’à
Ashur-Neru.
C’était déjà Ashur qui avait guidé Eshanna et
son mari à Kish. C’est aussi lui qui a accueilli
et gardé Ashur-Neru en vie jusqu’à mainte-
nant. Ashur est celui qui a facilité le fait que
Eshanna se retrouve au bon endroit et au bon
moment pour apprendre l’existence de l’objet
de pouvoir et lui a permis de connaitre le dé-
sir de Kheba de le posséder. Et ce sera aussi
Ashur qui fournira à Uri, un voleur au service
d’Eshanna, l’aide nécessaire pour voler la Rose
des Vents avant qu’elle n’arrive à la cité de
Kish. L’aide viendra sous la forme de quelques
chacals qui attaqueront le groupe formé par
le Phénicien et les PJ, distrayant ainsi les gar-
diens et permettant au voleur de s’emparer de
l’objet tant convoité.
336 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS

RUMEURS
Vous trouverez ci-dessous un tableau des rumeurs pertinentes pour le module. Avant de com-
mencer, tirez aux dés une rumeur pour chaque personnage joueur (ou deux pour chaque PJ s’il
y a trois personnages ou moins) et confiez-la au joueur qui contrôle le personnage en question.
C’est ce dont le personnage a entendu parler et cela peut être la vérité, un mensonge ou quelque
chose entre les deux. Telle est la nature des rumeurs.

Si vous tirez la même rumeur deux fois, relancez les dés. Il est plus amusant que chaque person-
nage sache (ou pense savoir) quelque chose de différent.

3 D RUMEURS
3-4 Kheba est gravement malade et décèdera sous peu si un remède à ses souffrances n’est pas trouvé.
5-6 Kheba prévoit d’une manière ou d’une autre de prendre le contrôle religieux de la cité voisine de Nippur.
7 L’Ancienne de Kish est une très vieille femme capable de lire le futur de quelqu’un juste en le regardant
Rumeurs en lien avec le module

dans les yeux.

8 Les fruits des arbres de Kish donnent la vie éternelle à tout mâle qui les consomment.
9 Les femmes de Kish sont les plus sensuelles de l'Empire et elles ne peuvent rejeter aucun homme qui leur
fait des avances.
10 Kish est le lieu le plus beau du monde et ses femmes sont les plus belles d’Akkad.
11 Kish est le lieu le plus horrible du monde et ses femmes sont en réalité des démons déguisés.
12 À Kish, les femmes peuvent tuer n’importe quel homme si elles le désirent, sans avoir à donner de
justification à leur acte.
13 La vénération d’un dieu qui ne soit pas Shuk-Nippurash est punit de mort.
14 La première Capitaine de la garde de Kish, Mushezibti, est en réalité un homme qui se fait passer pour une
femme.
15-16 Les Phéniciens peuvent lire les pensées de ceux qui les entourent.
17-18 Les Phéniciens peuvent contrôler l’esprit de ceux qui les entourent.
 plan 337

PLAN
Ci-dessous, vous pouvez voir un plan de Kish. Il indique les points d’intérêt les plus pertinents
pour le module et les grandes zones qui divisent la cité. N’hésitez pas à ajouter tout autre endroit
qui pourrait être intéressant pour le déroulement de vos parties.

LÉGENDE
1. Porte de la Femme 10. Marché
2. Porte de la Vache 11. Jardins de la Déesse
3. Porte de la Fleur 12. Ziggurat
4. Porte de la Fertilité 13. Tours de garde
5. Porte de l’Autosuffisance 14. Quartier général de la Garde
6. Porte de la Passion 15. Maison de l’Ancienne
7. Banlieues 16. Refuge d’Uri
8. Quartiers nobles 17. Maison d’Eshanna
9. Karum 18. Cachette d’Uktannu
338 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
Les cercles indiquent des puits et la cité compte
trois murailles : une extérieure, une intérieure
autour des quartiers nobles et une dernière
d’un tiers plus petite qui protège le marché et
le Karum. Kish a trois avenues principales, qui
partent des murailles extérieures pour atteindre
la Ziggurat. Les portes indiquées sur le plan
sont grandes et solides, maintenues fermées
la nuit, et isolent les quartiers nobles des ban-
lieues, ainsi que la cité elle-même de l’extérieur.
ACTEURS
Cette section présente les PNJ les plus impor-
tants du module. Avec les informations fournies
ici, vous serez en mesure de résoudre toute si-
tuation de jeu qui les implique, ainsi que de dé-
terminer comment ils doivent agir à un moment
donné en fonction de leurs objectifs, traits de
caractère et devises. Les PNJ les moins impor-
tants (les extras) ne sont pas répertoriés. Si les
PJ interagissent avec ces derniers, recourez au
profil qui vous semble le plus approprié parmi
ceux que l’on trouve dans le chapitre Les Maux
de l’Homme.
L’ ANCIENNE
Au nord de Kish, au milieu d’un jardin qui pousse
au centre d’une des banlieues tel un bijou enve-
loppé dans un chiffon sale se trouve le refuge de
l’Ancienne. Une petite maison formée à partir
des plantes elles-mêmes, qui abrite et nourrit
une Awilu vieille et ridée. De petite taille, elle
marche en s’aidant d’une canne et le ton pâle
de sa peau contraste avec la teinte sombre des
Gudapshu.
Aucun Mushkenu vivant à proximité ne se sou-
vient depuis quand l’Ancienne réside ici, étant
donné leur courte vie, et personne parmi les
Awilu ne peut remonter à une époque antérieure
à l’apparition de cette femme. Il semble qu’elle a
toujours été là. Les habitants de Kish viennent
à elle avec des cadeaux et des offrandes, lui
demandant en retour de lire leur destin dans la
paume de leur main ou dans les traits de leur
visage. Ils viennent la voir pour sa capacité
presque surhumaine à expulser les maladies
et autres démons qui habitent dans le corps et
l’âme et se prosternent humblement devant elle.
Elle traite les hommes et les femmes sur un
pied d’égalité, car l’Ancienne refuse de ne pas
s’occuper de quelqu’un, quel que soit son sexe.
Comme les hommes qui souhaitent accéder à
ses services doivent traverser une zone de vé-
gétation particulièrement épaisse (et hostile),
ils sont cependant peu à oser la consulter. Mais
il y a un secret particulièrement important que
l’Ancienne cache. En elle se trouve la Graine
que Kheba poursuit si assidument. Si la Mère de
Kish était au courant de ce fait, elle n’hésiterait
pas un instant à mettre fin à la vie de la vieille
femme et à extraire elle-même de ses entrailles
la récompense tant désirée.
L’ Ancienne
Awilu END. DEX. FOR.
Protectrice de
la Graine 9 1 1
VA VD VM ING. PER.
1 1 1 5 6
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
1 0 3 3 5
Objectif : Préserver la beauté de Kish.
Caractère : Énigmatique, calme, gentille.
Devise : Nous sommes tous, même les
hommes, des enfants de la nature.
Profession : Diseuse de bonne aventure (3),
Exorciste (3).
Caractéristique distinctive : Parle posé-
ment, en chuchotant.
 acteurs
ASHUR-NERU
Ashur-Neru attirait autrefois tous les regards.
Beau, déterminé et intelligent, il était l’un des
marchands émergents d’Assur, concluant tou-
jours des accords chaque fois plus lucratifs et
réalisant des marchés qui rendraient le dieu
des marchands lui-même fier.
Mais tout a pris fin quand Eshanna, sa femme
bien-aimée, l’a profondément déçu en l’aban-
donnant pour une divinité lubrique qui lui
promettait luxe et plaisir. À ce moment-là,
Ashur-Neru a perdu la foi dans le monde et
l’humanité, s’enfuyant au-delà des murailles
de Kish. Déterminé à vivre seul jusqu’à la fin
de ses jours.
Maintenant, ce n’est plus qu’un vieil homme,
sinon en âge, du moins en esprit. Un ermite
aveugle et bizarre qui vit isolé au milieu du
désert. Il occupe une humble cabane entre
deux collines, loin des routes commerciales et
à l’abri des regards indiscrets. Il néglige com-
plètement son apparence et son hygiène et
ne survit que grâce à la volonté d’Ashur, qui
ordonne aux animaux de se présenter devant
lui pour lui servir de nourriture et remplit sa
citerne tous les soirs avec beaucoup d’eau
fraiche.
Le dieu protège Ashur-Neru, non pas parce
qu’il l’apprécie ou par respect pour les tran-
sactions conclues par le passé, mais parce
qu’il a une mission pour lui. En échange de
339
son maintien en vie, le vieux marchand doit
garder une tablette contenant un message,
écrit par le dieu Ashur lui-même, pour des
voyageurs qui se présenteront devant lui à un
moment donné. Ashur-Neru n’en sait pas plus
ou ne veut pas en savoir plus. Il se contente du
fait que son dieu le gardera en vie, au moins
jusqu’à ce qu’il accomplisse sa mission. Mais
cette mission pourrait bientôt prendre fin, car
ce sont les personnages joueurs à qui il doit
transmettre le message, si Ashur parvient à les
amener devant lui.
Ashur-Neru
END. DEX. FOR.
Awilu
Ermite 9 2 1
VA VD VM ING. PER.
1 2 2 4 4
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
1 0 11 3 5
Objectif : Vivre en paix.
Caractère : Patient, aigri, solitaire.
Devise : La gentillesse n’apporte rien de bon.
Profession : Marchand (2), Tanneur (2).
Caractéristique distinctive : Aveugle.
BELSHAZAAR
Le passé et les véritables motivations de
Belshazaar, l’orfèvre, sont un mystère pour
tous, de Kheba, avec qui il a conclu l’affaire, au
marchand d’Assur qui a servi d’intermédiaire.
Personne ne sait pourquoi le Phénicien insiste
pour livrer personnellement la Rose des Vents,
se risquant à voyager au cœur de l’Empire.
Ni pourquoi il est venu depuis sa nation sans
aucun des gardes qui accompagnent habituel-
lement ceux de son peuple.
La vraie raison qui conduit Belshazaar à
agir comme il le fait est simple  : la curiosité.
Maintenant qu’il a créé la Rose des Vents, il veut
voir quels effets elle a sur ceux qui l’ont chargé
de la forger. Il veut comprendre les Awilu et
340 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
leurs étranges esclaves, les Mushkenu. Il veut
savoir ce qui les motive et quelle est leur vraie
nature. Et il a l’outil parfait entre ses mains.
Belshazaar ne fera de mal à personne (les
Phéniciens ne le font jamais), mais il mani-
pulera tous ceux qu’il rencontrera, comme
des marionnettes en les emmenant dans des
situations limites, pour voir comment ils réa-
gissent. Lorsqu’on lui présentera la possibilité
d’influencer qui sera finalement propriétaire de
son œuvre, la Rose des Vents, il optera pour
celle qui, selon lui, offrira le résultat le plus
intéressant. Il révèlera ou cachera la nature et
les pouvoirs de l’objet comme il lui convient,
jouant avec ceux qui l’entourent comme le fe-
rait un alchimiste avec les êtres vivants qu’il
utilise dans ses expériences.
Froids comme la glace, muets et aux mouve-
ments lents et inhumains, les Phéniciens sont
complètement différents des autres races.
Leurs yeux sans paupières surveillent de près
ceux qui les entourent, inlassablement, car
ils n’ont pas besoin de dormir. Belshazaar lira
dans les pensées de toute personne à proximi-
té et utilisera cette connaissance pour l’aider
ou lui nuire, selon ce qui lui semblera le mieux
à ce moment-là.
Ce que Belshazaar ne fera jamais, à moins que
sa propre vie ne soit en jeu (et peut-être même
pas dans ce cas), sera d’imposer à d’autres
êtres des pensées qui ne sont pas les leurs.
Belshazaar
END. DEX. FOR.
Phénicien
11 3 3
VA VD VM ING. PER.
0 5 5 5 5
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
- 0 5 7 5
Phénicien : Un Phénicien n’entrera jamais dans
un combat s’il peut l’éviter et, s’il le fait, il n’atta-
quera ni ne blessera jamais un adversaire.
Lire l’esprit : Un Phénicien peut lire les pensées
superficielles de ceux qui l’entourent. S’il entre
également en contact physique, il peut accéder
à des souvenirs ou des pensées plus secrètes ou
mieux cachées.
Maitrise de la Volonté : Un Phénicien qui entre
en contact physique avec quelqu’un peut essayer
de maitriser sa volonté. Un conflit de Volonté
entre les deux doit être résolu. Si le Phénicien
gagne, il peut donner n’importe quel ordre au
vaincu, qui doit lui obéir dans la mesure de ses
possibilités. Cet état prendra fin après un jour
ou lorsque le Phénicien le souhaitera, selon la
première éventualité. Un Phénicien utilisera
rarement ce pouvoir et ne donnera jamais aux
dominés un ordre qui implique de causer des
dommages physiques, que ce soit à lui-même ou
aux autres.
Objectif : Observer et apprendre.
Caractère : Froid, méthodique, curieux.
Devise : L’esprit est le joyau le plus complexe et
le plus parfait.
Profession : Orfèvre (3), Marchand (3).
Caractéristique distinctive : C’est un Phénicien !
ESHANNA
Pauvre Eshanna qui a été victime de son
propre égoïsme. Elle ne pensait qu’à elle et se
réjouissait de la certitude qu’elle avait tout  :
une vie parfaite dans une cité parfaite.
Du moins jusqu’à ce qu’elle perde Ashur-Neru,
son mari, celui qui remplissait vraiment son
existence. À ce moment-là, elle décida de ne
plus jamais reproduire la même erreur et elle
a, depuis, fait tout ce qui était en son pouvoir
pour retrouver Ashur-Neru, sans succès. Mais
 acteurs 341

Eshanna
Awilu END. DEX. FOR.
Gudapshu
repentie 9 3 2
VA VD VM ING. PER.

3 4 3 4 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

3 0 13 5 4
Objectif  : Récupérer la Rose des Vents pour
retrouver son mari.
Caractère : Généreuse, triste, douce.
Devise  : Ne penser qu’à soi-même ne mène
qu’au désastre.
Profession : Gudapshu (2), Herboriste (1).
Caractéristique distinctive  : Regard triste,
il se peut que la Rose des Vents change tout mais déterminé.
cela.

Depuis des années, Eshanna appartient à cette KHEBA

classe de femmes dont la beauté n’a pas dimi-
nué avec le temps, bien au contraire. Elle ne
jouit pas des bénédictions que Shuk-Nippurash
accorde à Kheba ou aux Gudapshu plus im-
portantes, mais son visage, bien que sillonné
par les premières rides de l’âge, possède des
traits nobles. Ses manières sont élégantes sans
perdre sa douceur, dignes mais pas hautaines.
Kheba cumule plusieurs fonctions  : Ensi de
Kish, grande prêtresse de Shuk-Nippurash et
Sharuru-Ullu ou Interrogatrice Suprême de la
Niggina de sa cité. Kheba réunit à elle seule
un pouvoir qui, du moins en ce qui concerne
le nombre de titres, n’est surpassé que par
Sargon lui-même.

Le temps a fait d’Eshanna une femme gé-
néreuse et gentille, une meilleure personne
qu’elle ne l’a jamais été. Mais cela a aussi fait
d’elle un être triste, dont la mélancolie se lit au
fond de ses yeux.
Depuis le départ d’Ashur-Neru, elle a essayé de
faire le bien chaque fois qu’il le pouvait et Uri,
le Mushkenu qu’elle a sauvé de la rue et à qui
elle a donné un toit, en est la preuve vivante.
Elle s’efforce de ne plus jamais retomber dans
ce qui l’a condamnée, mais la promesse de
retrouver son mari que la Rose des Vents lui
offre l’a changée.
Sa volonté de tout sacrifier au nom de ce nou-
vel espoir est compréhensible, mais il est pos-
sible que la recherche obsessionnelle de son
mari perdu au détriment de tout le reste soit
un nouveau geste d’égoïsme.
D’une grande beauté, le simple fait d’être de-
vant elle produit chez tout mâle une attraction
irrésistible. Sa longue chevelure blanche qui
lui arrive aux pieds, sa peau inhumainement
douce et la grâce de ses mouvements rendent
presque impossible de détacher ses yeux de sa
silhouette. Mais en aucun cas, un homme aussi
puissant soit-il, ne percevrait Kheba comme
quelqu’un à protéger, ou comme une source
d’affection et de compréhension. Kheba est
sure d’elle, impitoyable et fière. Même si beau-
coup la désirent, pratiquement aucun ne la voit
comme un être inférieur.
Kheba sait tout cela et traite les autres en tirant
le meilleur parti de ses facultés. Sa déesse lui
a conféré la beauté, la jeunesse et le don de la
sorcellerie, des outils qu’elle utilise avec effica-
cité pour parvenir à ses fins. Le dernier d’entre
eux est le contrôle religieux de Nippur. Mais
pour cela, elle a besoin, selon les paroles de
342 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS

Kheba plus, pourrait-il oser essayer d’attaquer le culte

de Celle Qui N’A Pas Besoin D’Un Époux ?
Awilu END. DEX. FOR.
Grande Bien sûr, si elle est convaincue que la conspi-
prêtresse 11 3 3 ration d’Uktannu est réelle et présente un vrai
VA VD VM ING. PER. danger, rien ne pourra arrêter la colère de la
grande prêtresse.
3 3 5 6 5
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. MUSHEZIBTI
4 0 5 6 5 Mushezibti est une femme grande et forte.
Respectée dans tout Kish, elle est la guerrière
Objectif  : Obtenir la Rose des Vents pour la plus compétente de la cité, peut-être même
conquérir Nippur.
de tout l’Empire. Mais elle n’a pas toujours
Caractère : Fière, séductrice, manipulatrice.
Devise  : Shuk-Nippurash donne la vie, Shuk- obtenu le respect qu’elle méritait. Mushezibti
Nippurash est tout. n’est pas originaire de Kish, mais d’Akkad, la
Profession  : Prêtresse (3), Sorcière (3), capitale, où elle s’est enrôlée dans l’armée,
Courtisane (2). souhaitant imiter les exploits des grands héros
Caractéristique distinctive  : Une incroyable de l’histoire des Awilu.
beauté.
Cependant, bien qu’elle se soit démarquée en
tant qu’excellente guerrière et fine stratège,
elle n’a jamais reçu dans l’armée l’appréciation
et le respect qu’elle méritait. Les femmes qui,
comme elle, avaient rejoint les rangs étaient
traitées avec mépris et condescendance,
quand on n’essayait pas de leur faire pire. La
seule chose qui éloignait ses coéquipiers de
Mushezibti était le fait que personne ne pou-
vait la battre au combat. Elle se consolait en
pensant qu’aucun homme ne pourrait jamais la
vaincre.

Un jour, au cours d’une bataille dans la-

Shuk-Nippurash, de quelque chose appelée la
Graine. Elle sent qu’elle est proche, mais pour
la trouver, elle n’a pas eu d’autre choix que de
recourir à la compétence d’un Phénicien, peu
importe combien sa race sans femmes la dé-
goute ou qu’elle déteste donner des femmes
en paiement.
La fierté de Kheba est sa plus grande faiblesse.
Si elle entend parler de la conspiration d’Uk-
tannu, elle rejettera d’emblée de telles idées
à moins qu’on ne lui fournisse des preuves.
Comment un simple Mushkenu, un homme en
quelle Sargon dirigeait les armées d’Akkad,
Mushezibti a sauvé la vie de l’Empereur lui-
même, déviant une attaque qui était dirigée
contre lui. Et c’est précisément ce jour-là que
sa confiance en elle a été brisée pour toujours,
car au cours de cette bataille, elle a été vaincue
dans un combat singulier par un ennemi. Pire,
un ennemi masculin.
Après cette rencontre, Sargon réalisa que cet
humble officier qui n’était jamais monté en
grade méritait beaucoup plus et l’affecta à
Kish, où il lui donna la responsabilité de main-
tenir la justice. Là, dit-il, vous serez appréciée.
Mais Mushezibti n’est pas aveugle et se rend
compte qu’à Kish, la situation est exactement
la même que celle qu’elle avait toujours vécue :
certains étaient toujours méprisés à cause de
 acteurs 343

leur sexe. La différence maintenant, c’était que
les femmes étaient du côté des détenteurs du
pouvoir.
Mushezibti a pris une décision  : elle fera de
Kish une cité aussi juste que possible, comme
Sargon lui a demandé de le faire. Et elle ne va
pas laisser les autres endurer ce qu’elle a dû
traverser. Si son obsession toujours vivace de
trouver l’homme qui l’a vaincue et de régler ses
comptes avec lui laisse une place à autre chose
dans son esprit, bien sûr.

NARIA

Ses collègues Chercheuses surnomment Naria

« la rate ». Ses caractéristiques physiques rap-
pellent beaucoup celles de cet animal, car, en
plus d’être petite et nerveuse, elle a presque
toujours le visage renfrogné, comme s’il s’agis-
sait d’un rongeur qui renifle à la recherche de
quelque chose. De plus, son talent pour trouver
ce qu’elle cherche et sa capacité à faire attention
à tout ce qui l’entoure ont contribué à la diffu-
sion de ce surnom.

Naria faisait équipe avec Annashi, une Awilu

Mushezibti qui était sa superviseure, et ensemble, elles
se sont avérées être parmi les Chercheuses les
Awilu END. DEX. FOR.
plus performantes. Il était d’usage parmi les
Capitaine
de la Garde 14 4 6 Interrogatrices de leur affecter des suspects
particulièrement dangereux ou insaisissables,
VA VD VM ING. PER.
avec la pleine confiance que les deux femmes
6 5 5 3 5 rempliraient leur mission avec succès. Dans ce
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL. contexte, Naria était satisfaite de sa vie. C’était
une Mushkenu, certes, mais elle croyait ferme-
- 2 6 2 5 ment en ce qu’elle faisait et qu’elle avait une
place à occuper, place non moins nécessaire
Autorité  : Les gardes combattant aux côtés de même si elle était plus humble que celle d’une
Mushezibti pourront utiliser le Moral de cette Awilu. Elle était également sure que Kish ne
dernière. pouvait être que le meilleur endroit au monde.
Voix de commandement  : Mushezibti peut,
comme une action pendant une confrontation, Mais il y a un mois, quand elle s’est présentée
donner des ordres à ses gardes. Cette action est
à la Ziggurat, elle a compris que quelque chose
traitée comme une action Améliorer la position,
sauf que tous les gardes qui peuvent l’entendre n’allait pas. La garde essaya de l’appréhender,
(y compris Mushezibti elle-même) recevront ses sans expliquer ce qu’elle avait fait. S’appuyant
effets et le bonus ne durera qu’un seul assaut. sur ses instincts aiguisés, Naria s’est enfuie et,
Force incroyable : Toutes les attaques réussies après avoir recueilli une série de faveurs et s’être
de Mushezibti entraineront la perte d’un point tournée vers ses informateurs, elle élucida le
d’Endurance supplémentaire pour l’objectif. mystère de ce qui se passait. Elle était accusée
Objectif : Personne n’enfreindra la loi à Kish.
de la disparition de sa compagne et d’avoir volé
Caractère : Têtue, juste, peu sure d’elle
Devise : Aucun homme n’est plus fort que moi. certains documents interdits.
Profession : Garde (3), Soldate (3).
Caractéristique distinctive  : Extrêmement Cela n’avait aucun sens, car elle n’aurait jamais
grande (pour une Awilu). fait de mal à Annashi et elle n’aurait pas su quoi
faire des documents, car elle ne connaissait pas le
344 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS

UKTANNU

Uktannu est un être horrible, intérieurement

et extérieurement. Tordu, vouté et vacillant,
son cœur n’abrite que des sentiments négatifs :
haine, désir et vengeance. Comme Uri et tant
d’autres Mushkenu masculins, sa vie s’est pas-
sée dans la misère et est marquée par la vio-
lence. La différence entre Uktannu et les autres
esclaves est que, bien qu’ils optent générale-
ment pour la soumission, lui a décidé de nourrir
jour après jour un sentiment de vengeance.

Rien de tout cela n’aurait été un problème pour

qui que ce soit sans le fait que les maitres d’Uk-
tannu n’ont pas vu qu’il était doté d’une intelli-
gence remarquable. Ils ne pouvaient penser qu’il
secret de l’écriture. Ils pensaient peut-être qu’elle était possible pour un Mushkenu d’apprendre à
essaierait de les vendre à quelqu’un sachant en lire et à écrire par lui-même.
apprécier le contenu. Naria pense que les docu-
ments devaient être des tablettes contenant une Mais c’est précisément ce qu’Uktannu a fait. Et
incantation appartenant à un sorcier arrêté. Il est c’est par hasard qu’un puissant sort, Serviteur
clair que quelqu’un lui a tendu un piège. Obéissant d’Au-delà du Voile, lui est tombé
entre les mains. Ayant maitrisé ce terrible ri-
Naria connait la cité comme sa poche et a de tuel, l’archiviste rancunier a utilisé ses pouvoirs
nombreuses cachettes. Si elle l’avait voulu, elle nouvellement acquis pour mener à bien sa ven-
aurait pu s’enfuir il y a longtemps, mais elle a un geance contre les femmes, qui culminera dans
objectif clair : prouver son innocence et, plus im- la possession et le remplacement de Kheba par
portant encore, retrouver le meurtrier d’Annashi un double obéissant.
(puisque Naria a peu d’espoir que sa partenaire
soit encore en vie) et le traduire en justice. Le Pour le moment, ses plans progressent bien. Il
seul problème est qu’elle manque de temps. compte déjà parmi ses esclaves une multitude
de Mushkenu et plusieurs Gudapshu, ainsi que
quelques gardes. Et, plus important encore,
Naria
Mushkenu END. DEX. FOR.
Chercheuse
renégate 9 3 2
VA VD VM ING. PER.

4 3 4 4 5
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

4 0 8 3 4
Objectif : Laver son nom et découvrir ce qui est
arrivé à Annashi.
Caractère : Méfiante, inquisitrice, implacable.
Devise : Rien n’est plus important que la vérité.
Profession : Chercheuse (2).
Caractéristique distinctive  : Gestes perpé-
tuellement saccadés.
 acteurs 345

deux puissants Wardu. Il atteindra bientôt le
nombre critique de serviteurs dont il a besoin
pour porter le coup final, dans deux jours, pen-
dant le rituel du Nouvel An.
De plus, il s’est déjà occupé d’Annashi la
Chercheuse, la seule qui pouvait représenter un
problème pour ses plans. Personne ne pourra
se mettre en travers de son chemin, du moins
c’est ce qu’il croit. Intelligent et déterminé, il se
sent supérieur à ses maitres et est sûr que ses
machinations porteront leurs fruits.
Uktannu
meurtri son âme. Mais un jour, il a rencontré
Eshanna, alors qu’il tentait de voler chez elle.
Heureusement pour lui, ce jour-là était celui où
Eshanna a perdu son mari et un changement
très profond venait de se produire en elle.
Dans un élan de tendresse soudaine, non seule-
ment elle n’a pas réussi à punir Uri, mais elle l’a
accueilli sous sa protection. Discrètement, bien
sûr. Elle lui a offert un toit pour s’abriter et une
assiette pour manger. En retour, elle n’a rien de-
mandé, mais Uri lui a quand même montré que
ses compétences pouvaient lui être très utiles.
Comme voler la Rose des Vents pour elle.

Mushkenu END. DEX. FOR.

Archiviste
ambitieux 10 1 2
VA VD VM ING. PER.

1 1 1 6 3
EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.

1 0 18 1 5
Lâche : Uktannu ne se battra pas s’il peut l’éviter.
Objectif : Posséder Kheba, la grande prêtresse
de Shuk-Nippurash.
Caractère : Égoïste, lubrique, ambitieux.
Devise : Je mérite plus.
Profession  : Archiviste (1), Scribe (1), Sorcier
(2).
Caractéristique distinctive : Tambourine ner-
veusement avec les doigts.

URI Uri
Mushkenu END. DEX. FOR.
S’il est difficile d’être un Mushkenu en Akkad, il
Voleur
est encore plus difficile de vivre à Kish quand, amoureux 9 5 3
en plus d’être un esclave, vous êtes un homme. VA VD VM ING. PER.
Uri a toujours été dans cette situation depuis
aussi longtemps qu’il s’en souvient. Aux abus, 4 2 6 3 6
insultes et humiliations habituels pour les EC ABSORPTION MORAL CHA. VOL.
Mushkenu s’ajoute l’assaut constant que la na-
ture elle-même exerce dans la cité sur ceux qui 4 0 11 2 3
n’appartiennent pas au sexe féminin.
Objectif : Servir Eshanna.
Vivant chichement et sans maitre pour s’occu- Caractère : Prudent, observateur, servile.
per de lui (car né dans la rue), Uri a dû survivre Devise  : Seule Eshanna est capable d’être
du mieux qu’il pouvait en volant. Il a réussi à bienveillante.
s’en sortir, mais cela lui a laissé de nombreuses Profession : Voleur (3).
Caractéristique distinctive  : Brulures sur
cicatrices, des plus visibles, telles que les les bras.
brulures qui ornent ses bras, à celles qui ont
346 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
Uri est follement amoureux d’Eshanna, qu’il
considère comme la seule personne au monde
capable d’être bienveillante, gentille et vrai-
ment aimante. Court sur pattes, laid et malfor-
mé (mais extrêmement agile et attentionné),
Uri sait que cet amour est éminemment pla-
tonique et il n’essaiera jamais de faire aucune
avance envers sa dame, puisqu’il ne se croit
pas digne d’elle.
Cependant, il obéira à tous ses désirs et n’hé-
sitera pas un instant à donner sa vie pour elle,
même si elle ne souhaiterait pas qu’Uri aille à
de tels extrêmes pour lui plaire.
DÉROULEMENT
Tout ce qui se passe dans ce module tourne au-
tour de deux intrigues principales et les actions
des personnages détermineront comment cha-
cune d’entre elles est résolue. Les voici :
• La dispute pour la possession de la Rose des
Vents et tout ce que cela implique.
• La conspiration d’Uktannu pour s’emparer
du pouvoir et, par conséquent, la détermina-
tion du sort de Kish.
Vous trouverez ci-dessous une série d’évène-
ments, ou scènes, qui se produiront pendant
le déroulement du jeu. Dans chacun d’eux, il
est indiqué s’il est obligatoire ou non que cela
se produise (bien que vous, en tant que MJ,
ayez toujours le dernier mot), ainsi que le mo-
ment où cela aura lieu. Il est également décrit
comment les PNJ réagiront dans ces situa-
tions et aux actions possibles des PJ. Comme
il est impossible de prédire toutes les actions
auxquelles les joueurs pourraient penser (et
ce n’est pas le but), dans le cas où les PJ font
quelque chose qui n’est pas envisagé ici, vous
devrez décider comment les PNJ agiront en
fonction de ce que vous savez d’eux (leurs
caractéristiques et leur description, comme
décrite dans la section Acteurs) et selon vos
propres critères.
Vous devrez également agir de la même ma-
nière s’il y a des situations différentes de celles
indiquées ici, ce qui finira surement par se
produire. C’est pourquoi il est très important
que vous compreniez les PNJ de base et leurs
motivations. Ne les voyez pas, ni ce module,
comme un script prédéterminé et immuable,
mais plutôt comme un être vivant, respirant et
pensant par lui-même.
De plus, si vous avez l’impression que la session
le nécessite, créez vos propres scènes. Étant
donné que les PJ ne vont pas rester immobiles
à mesure que les évènements se précipitent,
les PNJ devraient en faire au moins autant.
Rappelez-vous que l’un des moments les plus
amusants lorsque l’on est MJ est de voir com-
ment les joueurs contribuent à la construction
de la partie et comment cette dernière change
ainsi radicalement. Vous êtes aussi un joueur,
pas une machine qui se limite simplement à
exécuter aussi fidèlement que possible une
aventure déjà construite dans les moindres
détails.
VOYAGE JUSQU’À KISH
La chose la plus normale sera que le module
commence immédiatement avant le départ des
PJ et des Phéniciens pour Kish. Si nécessaire,
vous pouvez avoir une scène précédente dans
laquelle ils négocient avec un marchand les
conditions du voyage, mais si vous le souhai-
tez, vous pouvez commencer in medias res,
c’est-à-dire pendant le voyage.
Si vous avez besoin de données concrètes sur le
marchand qui les embauche, vous pouvez utili-
ser le nom d’Adad-Nashir et le décrire comme
un Awilu audacieux d’âge moyen qui aime les
contrats risqués et les couleurs vives. Sa carac-
téristique physique la plus frappante est qu’il se
gratte toujours le menton. Cependant, comme
ce personnage n’est pas particulièrement perti-
nent pour l’intrigue, il serait préférable que vous
utilisiez d’autres marchands avec lesquels les PJ
ont déjà été en contact. L’endroit d’où part la
caravane d’escorte des personnages joueurs n’a
pas d’importance, bien que si vous êtes libre de
choisir l’origine, il est préférable qu’elle parte de
Nippur, pour faire le lien avec les plans de Kheba
et avec les membres de la Niggina qui y opèrent
(les PJ pourraient connaitre feu Annashi ou la
pourchassée Naria). N’oubliez pas de prendre
en compte l’origine lors du calcul de la durée
du voyage.
 déroulement
Au cours de celui-ci, vous pouvez introduire le
nombre de rencontres, de malheurs ou d’acci-
dents que vous le souhaitez, en tenant toujours
compte du rythme que vous souhaitez donner
à la session. Cependant, vous devrez toujours
générer au moins une rencontre.
La dernière nuit avant d’atteindre Kish, alors
que les PJ sont endormis (à l’exception de ceux
qui montent la garde et du Phénicien, qui ne
dort jamais), les chacals attaqueront le camp.
Demandez aux joueurs comment ils réagissent
à l’attaque et résolvez-la comme une escar-
mouche avec autant de chacals qu’il y a de PJ
dans le groupe. Le profil complet des chacals se
trouve dans le chapitre Les Maux de l’Homme,
mais la seule chose que vous devez savoir pour
résoudre un combat de ce type est que l’Effica-
cité au Combat (EC) de chaque chacal est de 2,
et que leur Endurance est de 6. Appliquez un
bonus de +2 au jet des personnages pour ré-
soudre l’escarmouche, car les chacals tenteront
d’atteindre un objectif supplémentaire, comme
vous le verrez un peu plus loin. Profitez de ce
combat pour familiariser les joueurs avec les
règles des escarmouches. À la fin, les chacals
ne fuient pas, mais se transforment en sable
et disparaissent. Les personnages ne sauront
pas ce que sont ces créatures ou qui les a en-
voyé, mais ils auront certainement beaucoup
de théories intéressantes. La réalité est que
ce sont des créations du dieu Ashur, qui les a
envoyées pour distraire les voyageurs et créer
ainsi une opportunité pour Uri de voler la Rose
des Vents et c’est effectivement ce qu’il par-
vient à faire (c’était l’objectif supplémentaire
de l’escarmouche).
C’est du moins ce qu’Uri croit, car en réalité
il n’a volé que la moitié de l’objet, qui était
conservée dans une boite. L’autre moitié est
toujours en possession du Phénicien, sous la
forme d’une chaine grossière autour de son
cou. Seul Belshazaar connait la vérité, mais
pour le moment il s’agit de faire croire aux
joueurs qu’ils ont perdu l’objet.
Rappelez-vous qu’un voyage comme celui-ci
peut aussi aider les PJ à mieux se connaitre
et à mieux connaitre les PNJ qui les ac-
compagnent, en particulier Belshazaar le
Phénicien. Il peut être très intéressant de voir
347
comment les personnages interagissent avec
un tel être. Affecter plus ou moins de détails
au voyage dépendra finalement du temps dont
vous disposerez et du désir d’approfondir que
les joueurs sembleront avoir. Enfin, dès leur
arrivée dans la cité de Kish, les évènements se
précipiteront.
Ce que les PJ savent de la mission de Belshazaar
est à la discrétion du MJ. Ils peuvent être bien
informés ou complètement ignorants de ce
dans quoi ils s’engagent.
Cette scène est, bien sûr, obligatoire. Sans
cela, il n’y aurait pas de module.
PRÉSENTATION DEVANT KHEBA
Après un difficile voyage, les PJ arriveront
dans la cité, se présentant probablement à ses
portes en demandant une audience auprès de
Kheba, qui aura hâte de les recevoir. Ils attire-
ront beaucoup l’attention en faisant cela, non
pas parce que les raisons de leur visite à Kish
seront publiques, mais parce qu’ils entreront
en compagnie d’un Phénicien. Le marchand
sourd-muet attirera tous les regards et de
fait, il sera donc impossible pour les person-
nages de passer inaperçus en compagnie de ce
dernier.
Si un personnage veut (ou a besoin) de se
faufiler dans la cité, il devra trouver un moyen
de le faire, soit camouflé avec d’autres mar-
chandises, soit en profitant de la distraction
momentanée que le Phénicien créera chez les
gardes à la porte.
Après une brève période à la porte, ils seront
accompagnés jusqu’à Kheba, qui est dans sa
salle du trône dans l’une des pièces supérieures
de la Ziggurat. Profitez de cette petite prome-
nade pour décrire la cité de Kish aux joueurs,
ce qui devrait créer une forte impression sur
eux, qu’ils soient hommes ou femmes. S’il
s’agit également de la première session de jeu
de ce groupe dans le monde de La Porte d’Ish-
tar, profitez-en pour décrire les autres zones et
les concepts qui, bien qu’ils soient communs à
la plupart des cités d’Akkad, seront nouveaux
pour les joueurs. Par exemple, le contraste
entre les quartiers nobles et les banlieues
348 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
pauvres, le mode de vie des habitants ou la
majesté de la Ziggurat.
Toujours accompagnés de gardes, les PJ
arriveront en présence de Kheba, la grande
prêtresse. La Mère de Kish. Celle-ci, toujours
fière, soutiendra qu’elle a depuis longtemps
remis les esclaves qu’elle avait promises à
Belshazaar et exigera qu’il remplisse sa part
du marché. Si les personnages ne savaient pas
encore qu’on leur avait volé la Rose des Vents,
ils le sauront maintenant.
Inutile de dire que Kheba ne sera pas du tout
satisfaite du résultat et, quoi qu’en diront les
personnages, elle ordonnera, poussée par la
rage et avec un feu terrible illuminant ses yeux,
de les enfermer dans les geôles de la Ziggurat
jusqu’à ce qu’elle décide de leur sort.
Obéissant à ses ordres, un contingent presque
disproportionné de gardes (car elles craignent
le Phénicien) les escortera jusqu’aux cachots
sombres réservés aux prisonniers, dans le
sous-sol de la Ziggurat, pour les y abandonner.
Belshazaar se laissera docilement faire et ne
fera rien pour s’y opposer.
Heureusement pour les PJ, à mi-chemin de
leur destination, ils rencontreront Mushezibti,
qui était venue à la Ziggurat pour discuter de
certaines questions avec Kheba. Après avoir
interrogé l’escorte sur le motif d’un cortège
aussi étrange, la première Capitaine de la
Garde décidera de révoquer les ordres de
Kheba et de surveiller elle-même les crimi-
nels. Elle ne semblera pas très heureuse que
la grande prêtresse croie qu’elle peut décider
quoi faire avec les prisonniers et les voleurs,
ignorant l’autorité de Mushezibti elle-même, la
vraie personne responsable du maintien de la
sécurité à Kish.
Ainsi, à moins qu’ils ne réussissent une tenta-
tive d’évasion, les personnages se retrouve-
ront, accompagnés de Mushezibti, au quartier
général de la Garde, indiqué par le numéro 14
sur le plan de Kish.
Contrairement à la précédente, cette scène est
facultative. Les personnages auront peut-être
pris conscience du vol et auront décidé de se
faufiler dans la cité d’une autre manière, pour
éviter la colère de Kheba.
EMPRISONNÉS
À ce stade, les PJ commenceront à avoir une
réelle liberté pour déterminer comment l’aven-
ture se déroulera. Mushezibti les interrogera
sur ce qui s’est passé, puis prendra une déci-
sion sur leur sort. Vous pourrez déterminer
comment cette conversation se terminera en
recourant à des conflits ou simplement par
l’interprétation, comme vous préférez. Dans
tous les cas, le résultat sera toujours l’un des
suivants :
• Les PJ restent emprisonnés au quartier gé-
néral de la Garde.
• Les PJ sont libérés tandis que le Phénicien
est retenu en otage.
• Les PJ et le Phénicien sont libérés.
Il semble peu probable que Mushezibti laissera
les PJ errer dans la cité sans une bonne raison,
donc pour que la première Capitaine permette
à la deuxième situation ou à la troisième de
se produire, les PJ devront parvenir à une
sorte d’accord avec elle. Rappelez-vous que
Mushezibti est, avant tout, juste, et ne libèrera
pas les personnages uniquement pour contra-
rier Kheba.
Tout au long de cette conversation, Belshazaar
ne fera rien d’autre que de suivre les PJ et de
regarder attentivement tout ce qui se passe.
Il n’interviendra pas et n’utilisera pas ses
pouvoirs.
Dans le cas où les personnages sont autorisés
à quitter la caserne, il sera de leur responsabi-
lité de respecter les conditions qui auront été
convenues avec Mushezibti et en retour, ils ne
seront en aucun cas dérangés par les forces de
la loi.
Cependant, si, à la suite de l’interrogatoire,
ils se retrouvent en prison, vous devrez leur
fournir au moins un moyen de s’échapper,
bien qu’ils trouveront probablement une op-
tion ingénieuse. À ce stade, permettez-leur de
s’échapper et recourez à votre prérogative de
déterminer qu’un conflit finissant par un échec
 déroulement
n’implique pas que les personnages échouent
dans leur tentative d’évasion, mais qu’un autre
type de complication peut survenir. Dans cette
tâche, certains des talents de Belshazaar pour-
ront entrer en jeu, qui ne voit pas d’intérêt à ce
que les PJ soient enfermés. Cependant, même
s’il les aide, le Phénicien ne s’échappera pas,
préférant rester en prison.
Si vous le souhaitez, ce sera peut-être le bon
moment pour Belshazaar de révéler que la
Rose des Vents est composée de deux moitiés
et qu’il en possède encore une. Cependant,
vous pourrez préférer que les personnages
continuent d’ignorer ce fait. Peut-être que
ce sera plus amusant si Uri leur apprend
qu’il manque quelque chose et qu’ils doivent
retourner en prison pour le Phénicien, sans
doute le dernier endroit où ils voudraient se
rendre. Mais, comme toujours, vous avez le
dernier mot à ce sujet.
Enfin, une remarque importante. Même si vous
pensez que le fait de les laisser s’échapper de
prison n’a pas de sens avec le reste de la scène
(pourquoi se disputer avec Mushezibti si à la
fin ils finissent par sortir de prison ?), ce n’est
pas le cas. Ce n’est pas la même chose si les
personnages errent librement à travers la cité
avec l’approbation et la possible bonne volonté
de Mushezibti, que d’être poursuivis en devant
fuir constamment les forces de l’ordre.
L’impression que les PJ feront sur Mushezibti
déterminera en grande partie comment le mo-
dule se terminera.
Que ce soit pour le personnel qui se trouve
dans les installations de la Garde que pour
les futures patrouilles que les personnages
pourraient rencontrer dans la cité, utilisez
les profils trouvés dans le chapitre Les Maux
de l’Homme. Vous pouvez employer ceux de
Garde Mushkenu, Garde Awilu et Sergent de
la Garde. Ou, dans un cas extrême, celui de
Capitaine de la Garde comme l’une des lieute-
nantes de confiance de Mushezibti.
Une patrouille de la Garde est généralement
composée de 4 gardes et d’une commandante.
Si la patrouille se rend dans les banlieues, les
gardes seront des Gardes Mushkenu et leur
349
commandante une Garde Awilu. Ailleurs dans
la cité, les gardes seront des Gardes Awilu et
leur commandante une Sergente de la Garde.
Les portes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur,
seront généralement gardées par un cer-
tain nombre de femmes équivalentes à une
patrouille. Ce nombre se réduit de moitié au
milieu de la nuit. En retour, pendant la nuit, il y
aura plus de chances de rencontrer des gardes
isolées aux postes de garde se situant le long
des murailles.
Cette scène est certes facultative, mais si
la scène précédente s’est déroulée avant
(Présentation devant Kheba), il est fort pro-
bable que celle-ci se produise également, bien
qu’il y ait toujours la possibilité que les PJ aient
réussi à s’échapper d’une manière ou d’une
autre avant de se retrouver au quartier général
de la Garde.
Que les scènes exposées jusqu’à présent aient
eu lieu ou non, les personnages seront main-
tenant libres, bien que peut-être poursuivis.
Maintenant, ils auront la possibilité d’aller à
différents endroits de la cité.
OBSERVÉS PAR URI
Après qu’Uri sera revenu auprès d’Eshan-
na avec la moitié de la Rose des Vents, ils
se rendront tous deux compte que l’objet ne
possède pas les facultés attendues. En raison
de sa fabrication unique, elle exclura qu’Uri se
soit trompé en le volant, mais en déduira qu’il
manque quelque chose pour pouvoir invoquer
son pouvoir.
Ils n’auront donc pas d’autre choix que de trou-
ver ce qui leur manque, qu’il s’agisse d’un ob-
jet, d’un mot de pouvoir ou de quoi que ce soit
d’autre. Pour ce faire, Uri attendra que les PJ
entrent dans la cité et commencera à les suivre
furtivement.
Plus Uri traquera les PJ, plus ils auront d’oc-
casions de se rendre compte que le Mushkenu
les espionne, de sorte qu’ils auront droit à
au moins un conflit de Perception contre le
Mushkenu. C’est un conflit très difficile à sur-
monter, car Uri a Perception de 6 et la profes-
sion Voleur au niveau maitre (c’est-à-dire 3),
350 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
de sorte que les PJ devront obtenir au moins
un 19 pour pouvoir le détecter.
Uri continuera à les surveiller jusqu’à ce qu’il
ait l’occasion d’agir  : lorsque les PJ seront
distraits, qu’ils s’arrêteront pour enquêter sur
quelque chose ou que l’un d’eux se séparera du
groupe. Il en profitera pour tenter d’enlever le
personnage le plus vulnérable ou qui semble
en savoir le plus sur la Rose des Vents. Pour
ce faire, il lui mettra sur la bouche un chiffon
imprégné d’un liquide qu’Eshanna a préparé,
ce qui rendra la victime inconsciente pendant
qu’Uri l’emmènera en silence. Résolvez un
conflit entre la Dextérité d’Uri et la caracté-
ristique que vous considèrerez comme la plus
appropriée du personnage attaqué, probable-
ment la Perception. N’oubliez pas d’ajouter la
profession de Voleur d’Uri au total que le PJ
devra obtenir. En aucun cas Uri ne choisira le
Phénicien comme victime, parce qu’il le craint.
De plus, vous devrez donner aux personnages
plus d’occasions de détecter Uri en fonction
du temps qu’il mettra pour trouver la bonne
occasion d’agir. Si, au fil du temps, Uri n’a pas
eu l’opportunité appropriée ou n’a pas été dé-
couvert, le Mushkenu finira par se montrer ou-
vertement aux PJ, leur exposant sincèrement
les motivations d’Eshanna, persuadé qu’ils
choisiront sa cause plutôt que celle de Kheba.
Que ce soit à cause d’un PJ fait prisonnier ou
qu’ils aient pu détecter Uri et lui avoir tendu
un piège, les personnages finiront par rencon-
trer Eshanna et le voleur. Aucun d’eux ne veut
vraiment faire de mal aux personnages et ils ne
le pourront pas réellement. Ils veulent obtenir
la Rose des Vents ou, plutôt, la partie qui leur
manque. Malgré tout, Uri sera beaucoup plus
audacieux qu’Eshanna. En fait, elle n’approu-
vera pas l’enlèvement de l’un des personnages
et réprimandera Uri s’il réussit à réaliser son
forfait.
Si tel est le cas, une fois que le personnage
capturé fera face à Eshanna (à l’endroit mar-
qué comme 17 sur le plan, une maison plutôt
humble pour une Gudapshu), il sera traité avec
soin et un certain respect par l’Awilu. Il peut
même finir par être libéré après une brève
conversation, ressemblant plus à un échange
amical qu’à un interrogatoire, malgré le fait
que le PJ soit attaché fermement au début de
celle-ci.
Il est probable qu’après la rencontre (qu’Uri ait
réussi ses plans ou non), les personnages sou-
haiteront avoir une entrevue avec Eshanna. Uri
ne leur permettra pas de parler à sa maitresse
sans le lui demander d’abord, puis il se retirera
et, quand il sera sûr que les PJ ne le suivent
pas, il ira chez sa maitresse. Eshanna, selon la
façon dont Uri lui a décrit le groupe, leur per-
mettra ou non de lui parler directement, bien
que dans la plupart des cas, elle répondra po-
sitivement à la proposition, car elle est moins
méfiante que le voleur.
D’autre part, il est également possible que les
personnages puissent suivre Uri sans qu’il s’en
aperçoive. Auquel cas, Eshanna leur parlera,
qu’Uri le veuille ou non.
Cette situation pourra être réglée de plusieurs
façons, en fonction de la droiture morale des
PJ et de la façon dont ils rencontreront Uri. Ils
pourraient finir par être des ennemis ou des
alliés d’Eshanna et de son compagnon. Cette
dernière option sera, bien sûr, la plus souhai-
table, même s’ils souhaitent réellement la tra-
hir. N’oubliez pas qu’une Gudapshu a accès à
des endroits où les PJ seraient exclus.
Cette scène est obligatoire dans le sens où Uri
va espionner les personnages. Tout ce qui se
passe ensuite par rapport à cela dépendra de
la façon dont la partie évoluera.
À l’exception du rituel du Nouvel An, qui de-
vrait être la dernière scène, les autres scènes
présentées dans cette section (y compris
Observés par Uri) pourront avoir lieu dans
n’importe quel ordre et au moment que vous
jugerez approprié. Utilisez-les quand cela vous
semblera approprié, notamment pour garder
le rythme de la session si elle perd en intensité.
RENCONTRE AVEC NARIA
À un moment donné au cours de ce module,
les PJ rencontreront Naria. La meilleure
façon de le faire est que la Mushkenu elle-
même approche les PJ si elle en connait déjà
 déroulement
un (voir Comment adapter ce module à votre
campagne), mais si aucun des personnages
n’a été en lien avec elle, vous devrez recourir à
d’autres options.
La plus simple est la suivante : lors de l’un de
ses déplacements à l’intérieur de la cité, l’un
des personnages entre en collision, juste avant
de tourner à un coin de rue, avec une femme
Mushkenu pressée qui, après s’être remise de
l’impact, se réfugie dans l’une des maisons
voisines, fermant la porte derrière elle. Peu
de temps après, une patrouille de gardes ap-
parait, demandant aux PJ s’ils ont vu où est
allée une Mushkenu s’enfuyant dans la rue où
ils se trouvent. Cette femme est bien sûr Naria,
qui observe les personnages à travers l’une des
fenêtres de sa cachette, les suppliant des yeux
de ne pas révéler sa position aux gardes.
Cependant, cette situation pourrait se produire
à l’envers si ce sont les PJ qui fuient la justice.
En les voyant, Naria pourrait éprouver de la
sympathie pour eux (ou penser qu’ils peuvent
l’aider) et les sauver de la capture en les ca-
chant dans l’un des nombreux abris qu’elle
possède dans toute la cité.
Une autre possibilité pourrait être que les
personnages se cachent dans ce qu’ils croient
être une maison abandonnée et trouvent Naria
à l’intérieur. Comme dernière option, vous
pouvez faire en sorte que les personnages
rencontrent Naria lors de la prochaine scène
(Le rituel d’Uktannu), et que Naria et les PJ ob-
servent le terrible rituel en même temps.
Dans les deux cas, Naria se montrera très ner-
veuse et insistante avec les personnages, les
suppliant même de l’aider. Cela fait un mois
qu’elle fuit tout et tout le monde, passant son
temps à se cacher. Seule sa connaissance de la
cité lui a permis de survivre jusqu’à présent,
mais elle commence à être désespérée. Son
seul espoir est de trouver quelqu’un en dehors
de Kish, qui ne la cherche pas et les PJ sont un
choix évident. Présentez-la comme une per-
sonne tenace, mais en même temps dépassée.
Elle sait qu’elle manque de temps et elle sera
d’accord pour collaborer autant que possible
avec les PJ tant qu’ils promettront de l’aider
en retour.
351
Naria aura beaucoup de ressources à offrir et
elle ne demandera pas grand-chose en retour.
Cependant, elle ne compromettra jamais ses
croyances, car elle est une Chercheuse fidèle.
En aucun cas, elle ne soutiendra le coup d’État
d’Uktannu, mais elle pourra permettre à la
Rose des Vents de se retrouver entre les mains
d’Eshanna au lieu de Kheba. Tout dépendra de
la façon dont les personnages se seront com-
portés avec elle et de leur opinion sur le sujet.
Vous devrez garder à l’esprit que même si
Naria (ou Eshanna et Uri) décide d’aider les
personnages et de travailler avec eux, cela ne
signifiera pas qu’elle devra être constamment
avec eux. Aucun PNJ ne va devenir un petit
agneau qui suit aveuglément les ordres de son
berger.
Cette scène est obligatoire, mais le moment
où elle se produira dépendra de vous.
LE RITUEL D’UKTANNU
Tôt ou tard, les personnages joueurs seront
confrontés à la grande conspiration dont ils ne
faisaient pas partie jusque-là, la tentative d’Uk-
tannu de prendre le pouvoir. Et de la manière
la plus horrible possible, puisqu’ils découvri-
ront le sorcier en train d’effectuer le rituel avec
lequel il crée ses doubles obéissants.
En se promenant dans la cité, de préférence la
nuit, les personnages assisteront à une scène
très étrange  : quatre costauds Mushkenu
portant le corps inconscient d’une Gudapshu,
accompagnés de deux puissants Wardu qui
surveilleront leurs arrières. Tous des hommes.
Comme si cela ne sera pas déjà suspect, ils
quitteront les quartiers nobles pour aller en
banlieue de la cité par l’une des portes et les
gardes qui s’y trouveront ne les empêcheront
pas de passer, mais resteront même complète-
ment indifférentes à leur présence.
Si les PJ regardent attentivement, ils verront
que les esclaves portant la prêtresse et les
gardes de la porte portent un petit objet à
leur poignet gauche, une minuscule tablette
vraisemblablement. Ne divulguez cette in-
formation aux joueurs que s’ils demandent
spécifiquement s’ils observent quelque chose
352 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
d’inhabituel. En fait, les esclaves et les gardes
sont des doubles sous les ordres d’Uktannu.
Il est possible que les personnages voudront
affronter les esclaves, mais ce ne sera pas une
bonne idée. Un Wardu seul est déjà un rival
terrible et ici, il y en a deux qui marchent
aux côtés de quatre Mushkenu. S’ils décident
quand même de se battre, utilisez les profils du
Soldat Mushkenu et du Garde du corps Wardu
du chapitre Les Maux de l’Homme pour repré-
senter ces adversaires et résolvez cela comme
une confrontation (ils sont trop dangereux
pour une escarmouche). Dans le cas plus
que probable où les PJ décideraient de fuir le
combat la queue entre les jambes, aucun des
doubles ne les poursuivra. Ils n’ont pas ordre
de le faire, alors ils se battront simplement
pour se défendre. Les doubles, tout en conser-
vant des souvenirs de leur moi original ne sont
pas très imaginatifs dans l’interprétation de
leurs ordres.
Si les personnages suivent le cortège, ils les
verront s’arrêter devant le repaire d’Uktannu,
indiqué avec le numéro  18 sur le plan. Une
fois arrivés à destination, ils entreront dans
la maison, à l’intérieur de laquelle se trouve
Uktannu lui-même avec un autre Wardu et
quatre femmes Awilu membres de la garde,
dont une officier. Tous des doubles sous son
contrôle.
Les PJ pourront, s’ils le souhaitent, observer
ce qui se passera ensuite par l’une des fe-
nêtres. À l’intérieur du bâtiment se trouvera
Uktannu, qui exécutera des danses complexes
et étranges. Il semblera se retrouver complè-
tement absorbé par ce qu’il fera et ignorera
complètement les esclaves et la prêtresse in-
consciente qui viendront d’entrer. Jusqu’à ce
que, soudain, il sorte un couteau de ses vête-
ments, avec lequel il semble faire une coupe
dans le tissu même de la réalité, qui se déchire.
Immédiatement après, il se retournera et me-
nacera avec ce même couteau l’Awilu, terrifiée,
qui sera alors réveillée et contemplera avec
terreur ce qui se passera. Malheureusement,
elle ne pourra pas crier à l’aide, car elle est
bâillonnée. Tout ce qu’elle pourra faire sera de
contempler Uktannu avec terreur, tandis qu’il
lui dira ces mots :
« J’ai hâte de voir un regard
comme celui-ci dans les yeux de Kheba.
Impuissante, au sommet de sa Ziggurat,
lors de la célébration
de la plus sacrée de vos fêtes. »
Après avoir prononcé cela, il enfoncera
avec force le couteau dans la poitrine de la
Gudapshu.
Uktannu lancera alors le sort Serviteur
Obéissant d’Au-delà du Voile, dont la phase
finale vient de commencer. Vous avez une
description de ce sort dans la section Autres
ressources de ce chapitre. Consultez-le et ra-
contez la partie restante du lancement du sort
et comment un double est formé à partir des
restes de la pauvre prêtresse.
Transmettez l’horreur du sort au moment de
le décrire, en accordant une attention particu-
lière au bruit terrible qui se produit lorsque la
réalité est déchirée et à l’étrange manière dont
la masse qui en sort se meut.
Dès que les personnages auront fini de contem-
pler cette scène macabre (s’ils n’ont pas essayé
de l’interrompre ou de fuir sous l’effet de la
terreur, bien sûr), résolvez un conflit entre la
Perception d’Uktannu et la Dextérité du per-
sonnage qui appartient au joueur qui semble
le plus choqué. Si le personnage échoue,
Uktannu l’aura vu et enverra immédiatement
ses serviteurs attraper les PJ.
C’est un conflit très important, car il détermi-
nera si Uktannu est conscient que quelqu’un
est au courant de ses plans et pourrait essayer
de l’arrêter ou de le dénoncer.
La rencontre entre les personnages et les
doubles qui portent la prêtresse est obliga-
toire. Cependant, qu’ils les suivent ou non
dépendra des PJ. Ils pourraient parfaitement,
bien que cela soit peu probable, ne pas assister
au rituel.
Si cela arrive, essayez de ne pas laisser de côté
la scène suivante, L’enlèvement d’Eshanna. Ou
peut-être que cette scène se produira après la
suivante et que ce sera Eshanna la Gudapshu
victime du rituel. Mais attention si vous faites
 déroulement
cela, car il sera très difficile pour les PJ de sau-
ver la prêtresse dans cette scène.
L’ENLÈVEMENT D’ESHANNA
Uktannu continuera à kidnapper des Gudapshu
inlassablement, accomplissant le rituel à
chaque fois, sans s’arrêter pour se reposer
ou se nourrir. Il est obsédé et veut créer des
doubles d’autant de femmes que possible
ayant accès au temple maintenant que le jour
du Nouvel An tant attendu approche.
Et l’une de ces Gudapshu sera Eshanna.
Profitez d’un moment de repos relatif, dans le-
quel les personnages sont calmes, pour recou-
rir à cette scène. Il est impératif qu’Eshanna
et Uri soient présents. Un Wardu et autant de
soldats Mushkenu que de PJ (tous des doubles
créés par Uktannu) feront irruption là où se
trouvent les personnages et essayant de les
tuer. Eshanna ne luttera pas, mais tentera de
fuir et Uri se battra pour couvrir sa retraite.
Résolvez ce combat comme une confrontation.
Puisque le véritable but des assaillants
sera d’enlever Eshanna, lors du combat, les
Mushkenu essaieront de distraire les PJ et Uri,
tandis que le Wardu tentera de s’échapper avec
la prêtresse.
Si les doubles parviennent à l’enlever, les PJ
devront se dépêcher de retrouver Eshanna ou
il sera peut-être trop tard au moment où ils la
trouveront.
Cette scène est facultative. De plus, elle ne
peut se produire sans que la scène Observés
par Uri ne soit jouée avant.
AUTRES SCÈNES POSSIBLES
En plus des scènes que vous avez vues jusqu’à
présent, d’innombrables autres peuvent se
produire. La plupart auront leur origine dans
les actions des PJ eux-mêmes, mais il pourrait
également y avoir de nouvelles situations cau-
sées par des personnages non-joueurs.
Vous pouvez utiliser ces scènes pour mieux
contrôler le rythme (mais jamais l’intrigue)
du jeu. Si vous voyez que les choses sont trop
353
calmes, vous pouvez faire apparaitre une pa-
trouille de gardes si les personnages fuient
la loi. Ou que quelques doubles les agressent
s’ils connaissent les plans d’Uktannu et qu’il le
sait. Aucun endroit, pas même l’intérieur de la
Ziggurat, ne sera sûr, car l’archiviste aura des
doubles même parmi les gardes et parmi les
plus influentes des Gudapshu.
De plus, même dans le cas où personne ne les
pourchasse, accéder à certains endroits de la
cité à certaines heures peut être difficile, voire
dangereux. Il est évident de penser que l’en-
trée de la Ziggurat, ou du moins de ses salles
les plus importantes, est réservée aux seules
travailleuses du temple. Mais même quelque
chose d’apparemment aussi simple que d’en-
trer dans les quartiers nobles peut être un
problème s’ils veulent le faire de nuit.
D’autre part, Kish est une cité très particulière.
Entre les rumeurs que vous avez données aux
joueurs au début du module et toute autre
préoccupation qu’ils pourraient avoir, des si-
tuations intéressantes seront susceptibles de
se produire et il y aura des opportunités pour
d’autres évènements.
Et sans oublier qu’Ashur trouvera peut-être un
autre moyen pour que la Rose des Vents finisse
entre les mains d’Eshanna. Cependant, ne for-
cez pas des situations impossibles qui feront
que les personnages n’auront aucune liberté
de choix. Ashur est un dieu, certes, mais cela
ne veut pas dire qu’il est omnipotent.
Utilisez votre imagination, sans abuser des
pouvoirs de la divinité, sinon le module sera
résolu par un deus ex machina.
Il est impossible de prédire tout ce qui pourrait
arriver dans ce module, et c’est pourquoi seules
des suggestions sont données. Réfléchissez
à la façon dont chaque PNJ réagira à ce qui
se passera et, sur cette base, articulez les si-
tuations précédentes ou inventez-en d’autres.
Cela peut sembler difficile, mais vous y arrivez.
Bien sûr, soyez prudent lorsque vous ajoutez
de nombreuses scènes. Rappelez-vous que les
personnages n’ont que deux jours avant le ri-
tuel du Nouvel An.
354 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
LE RITUEL DU NOUVEL AN
Cette scène est la plus importante du module
et elle devrait être un point culminant particu-
lièrement fascinant par rapport à tout ce que
les PJ ont fait jusque-là.
Au crépuscule (c’est-à-dire le début du rituel)
du deuxième jour après l’arrivée des person-
nages à Kish, la cité se mettra en fête. Le rituel
du Nouvel An commencera et tout le temple
sera occupé par les festivités, tandis que les
habitants se livreront aux célébrations.
Uktannu profitera de ce moment pour attaquer.
Comme la grande majorité des prêtresses se
trouveront dans la Ziggurat, l’archiviste ordon-
nera à ses doubles de commencer à massacrer
autant d’ennemis qu’ils verront et de se diri-
ger vers le sommet du monument, où Kheba
officiera les cérémonies. À ce moment-là, les
personnages pourront agir, que ce soit pour
ou contre Uktannu. La première chose qu’ils
pourront faire sera, s’ils le souhaitent, d’en in-
former Mushezibti.
Pendant le rituel, seule une Gudapshu (ou un
travailleur du temple) sera autorisée à entrer
dans le bâtiment, de sorte que Mushezibti ne
sera au courant de l’attaque que trop tard. À
moins, bien sûr, que les PJ ne portent la situa-
tion à son attention.
Il est naturel qu’au milieu de tout ce chaos, les
personnages en profiteront pour entrer dans
la Ziggurat, soit pour empêcher le meurtre de
Kheba, soit pour le déclencher. Il faudra que
ce soit difficile pour eux d’atteindre le som-
met, qu’ils rencontrent des doubles et doivent
se battre pour progresser. Mais, résolvez ces
combats en utilisant des escarmouches, afin de
ne pas ralentir le jeu. Et rappelez-vous que s’ils
ont averti la Garde, ils pourront compter sur
son aide pour remporter ces combats.
Une fois au sommet de la Ziggurat, les PJ assis-
teront à une scène terrible. Là, ils verront deux
Wardu maintenant avec leurs bras puissants
une Kheba nue et ensanglantée, tandis qu’Uk-
tannu rira aux éclats et dansera tel un fou.
Ils contempleront également l’horrible réalité
de Kish, l’origine de sa verdure  : d’énormes
racines, qui ressemblent plus à des tentacules
qu’à de la matière végétale, s’élèveront de l’in-
térieur de la Ziggurat jusqu’à un énorme trou à
son sommet, en s’agitant doucement.
Ces racines s’étendent sur toute la cité, don-
nant naissance à sa végétation et à ses fruits
et ne sont rien de plus que les extensions de
Shuk-Nippurash elle-même.
Face à cette situation, les personnages devront
décider quoi faire, s’il faut ou non permettre à
Uktannu, qui a déjà le couteau dans les mains,
de compléter son sort une fois de plus. S’ils
veulent l’interrompre, deux gardes du corps
Wardu et une sergente de la Garde tenteront
de protéger le sorcier. Ce sera un combat dif-
ficile, mais si Mushezibti est avec eux, il sera
beaucoup plus facile d’obtenir la victoire.
Selon la façon dont tout se terminera, l’un ou
l’autre des résultats suivants surviendra :
• Le sort s’achèvera avec succès : Kheba est
remplacée par un double et en apparence
tout continue comme avant dans la cité. Au
début, rien ne changera, mais en réalité, ce
sera Uktannu qui contrôlera maintenant Kish.
• Le sort sera interrompu et Kheba sur-
vivra  : Kheba reprendra le contrôle de la
cité et Uktannu sera exécuté. Selon ce qui
s’est passé, il est possible que maintenant la
Capitaine de la Garde sera dans une meil-
leure position à Kish ou tout le contraire.
• Le sort sera interrompu et Kheba mour-
ra  : la mort de la Mère en plein rituel du
Nouvel An aura des conséquences désas-
treuses pour Kish. Tout le rituel est centré
sur sa capacité à canaliser le pouvoir de
Shuk-Nippurash et sans sa volonté pour
effectuer les étapes nécessaires, la déesse
perdra son pouvoir et ne pourra plus s’ac-
crocher au monde. En partant de la Ziggurat
et en s’étendant jusqu’aux murailles, absolu-
ment toute la vie végétale de Kish se fanera
et mourra. De plus, les puits s’assècheront.
Kish aura perdu la bénédiction de Celle Qui
N’A Pas Besoin D’Un Époux.
Cette scène est, en toute logique, obliga-
toire. Même si les personnages n’y sont pas
présents, cela devra se produire dans les
 déroulement
deux jours suivant leur arrivée dans la cité.
Ce que feront les PJ déterminera en grande
partie ce que Kish deviendra dans l’avenir.
Opter pour l’inaction entrainera également
des conséquences. À cet égard, il faut sup-
poser que si les personnages n’ont rien fait
pour faire pencher la balance d’un côté ou
de l’autre, le coup d’État d’Uktannu réussira
complètement, avec les résultats décrits plus
haut. Cependant, il semble peu probable que
les personnages restent complètement immo-
biles et n’interviennent pas en faveur de l’un
ou de l’autre camp. Ou contre les deux.
355
TERMINER LE MODULE
Ce module pourra se terminer de tellement
de façons différentes qu’il est impossible de
toutes les énumérer. Non seulement vous de-
vrez prendre en compte l’évolution de la scène
Le rituel du Nouvel An, mais il sera également
important de savoir ce qui sera arrivé à la
Rose des Vents. Elle aura peut-être fini entre
les mains de Kheba ou d’Eshanna. Ou même
dans celles des personnages eux-mêmes.
Dans le cas où Eshanna est chanceuse, vous
pourrez continuer ce module avec le voyage
356 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS

jusqu’au lieu où se trouve Ashur-Neru, qui
aura sans aucun doute un message pour les
PJ. Pour ajouter plus de piment, vous pourrez
terminer la dernière session de ce module
juste après avoir lu ce message.
Concernant Uktannu, la réussite ou l’échec de
sa tentative de prise de pouvoir ne sera qu’une
des conséquences que ses actions auront pu
avoir. Les personnages peu scrupuleux (ou
très curieux) pourraient vouloir apprendre le
sort que l’archiviste exécutait, qui sait avec
quelles intentions avides.
Et il ne faudra pas oublier Naria et son désir de
blanchir son nom.
complices de Kheba, les libérateurs d’un sexe
et d’un peuple opprimés, les destructeurs d’un
paradis au milieu d’une terre aride ou simple-
ment des aventuriers qui seront passés par là
et auront causé quelques problèmes à la cité
juste au pire moment.
Quel résultat sera le meilleur pour la cité et ses
habitants  ? Un paradis construit grâce à des
pouvoirs sinistres et à l’esclavage ou un désert
stérile dans lequel tout le monde sera libre ?
Pour savoir comment tout cela se terminera, il
ne vous reste plus qu’à jouer.
TABLEAU RÉCAPITULATIF DES SCÈNES

Ce qui est clair, c’est qu’une fois que tout sera
fini, Kish ne sera plus la même. Il y aura des
gagnants et des perdants et les PJ pourraient
être parfaitement de l’un ou de l’autre camp.
Ils pourront être les nouveaux conseillers et
Ci-dessous, vous pouvez voir un tableau
qui résume toutes les scènes présentées en
amount, indiquant si elles sont obligatoires ou
facultatives, quels PNJ y participent et si elles
dépendent d’autres scènes.

NOM OBLIGATOIRE ? PNJS PARTICIPANTS CONDITIONS PRÉALABLES

Voyage jusqu'à Kish Oui Belshazaar, Uri
Présentation devant Kheba Non Belshazaar, Kheba, Mushezibti Voyage jusqu'à Kish
Emprisonnés Non Belshazaar, Mushezibti Présentation devant Kheba
Observés par Uri Oui Uri
Rencontre avec Naria Oui Naria
Le rituel d’Uktannu Oui Uktannu
L’enlèvement d’Eshanna Non Eshanna, Uri Observés par Uri
Le rituel du Nouvel An Oui Kheba, Uktannu Scène finale

Récapitulatif des scènes du module Esclaves de leurs désirs

TABLEAU RÉCAPITULATIF DES ÉLÉMENTS

Sur la page suivante, vous trouvez un tableau qui résume les principaux éléments du module et les
liens qui les relient. Il est construit selon les indications du chapitre Un Grand Pouvoir. Si vous doutez
à tout moment d’un aspect du module, il est fort probable que les informations contenues dans ce
tableau vous permettront de trouver la réponse que vous recherchez.

En le gardant à portée de main pendant la partie, vous pourrez faire face à la plupart des évène-
ments imprévus qui pourraient survenir, afin de pouvoir répondre à tout comportement imprévi-
sible de la part des joueurs.
 Récapitulatif des éléments du module Esclaves de leurs désirs

KHEBA MUSHEZIBTI BELSHAZAAR ESHANNA URI UKTANNU NARIA

Elle la veut pour trouver
La Rose des Vents la Graine qui est dans
le corps de l’Ancienne
Elle la veut pour Il possède l’une des
Il l’a fabriquée et possède
- retrouver Ashur-Neru moitiés et veut obtenir - -
l’une des deux moitiés
qui a fui dans le désert l’autre pour Eshanna

Il l’utilise pour créer des Elle l’a arraché à un

Serviteur Obéissant Elle peut finir par être Elle peut finir par être
- - - doubles qui obéissent sorcier qu’elle avait
d’Au-delà du Voile victime de ce sort victime de ce sort
à des ordres écrits capturé avec Annashi

Elle en est la cheffe, Elle désapprouve la Il est un esclave

Ancienne Chercheuse,
La Niggina la Sharuru-Ullu façon dont elle tente de - - - de rang inférieur qui
accusée injustement
de la Niggina rendre la justice à Kish sert dans l’organisation

Elle pense qu’elle Il a conclu un accord Elle découvre l’existence Il tentera de la posséder
Kheba - cumule trop de pouvoir pour lui vendre de la Rose des Vents - et de la remplacer -
et risque d’en abuser la Rose des Vents en l’espionnant par un double

Elle veut remplacer Elle la fuit, car elle

Mushezibti la Garde par - - - - - représente la loi
les Chercheuses qui la pourchasse

Elle a conclu un accord Il lui a volé

Belshazaar avec lui pour acheter - - - l’une des moitiés - -
la Rose des Vents de la Rose des Vents

Elle l’a fait chuter dans Ses motivations à Il en est amoureux Si l’occasion se présente,
Eshanna la hiérarchie pour - utiliser la Rose des Vents - et ferait n’importe il tentera de la remplacer -
manque de dévouement le fascinent quoi pour elle par un double

Elle l’a sauvé de la rue et

Uri - - - - - -
lui a donné un toit

Si elle découvre Elle cherche à laver

Uktannu ce qu’il projette, - - - - - son nom et
elle l’exécutera à venger Annashi

Elle a posé un avis

Il a tué Annashi
Naria - de recherche - - - -
et l’a fait accuser
sur elle
358 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
COMMENT ADAPTER CE MODULE
À VOTRE CAMPAGNE
Pour que ce module s’intègre correctement
dans votre campagne, vous devez adapter cer-
tains aspects de celle-ci.
Tout d’abord, vous devez trouver une rai-
son pour laquelle les PJ se rendent à Kish
en tant qu’escortes du Phénicien. Elle peut
être aussi simple qu’un ami marchand de l’un
des personnages les ayant embauchés pour
effectuer le travail sans attirer l’attention, au
lieu d’employer des mercenaires plus connus.
Cela pourrait aussi être le cas inverse et que
les personnages aient payé le marchand en
échange d’une place dans cette caravane qui
allait quitter leur cité d’origine. Ils devraient
peut-être fuir le plus rapidement possible de
leur emplacement actuel. Si votre campagne
est basée sur le déplacement continu des per-
sonnages pour échapper à quelque chose ou
à quelqu’un, vous avez déjà l’excuse parfaite
pour visiter Kish.
Si tel est le cas et qu’il s’avère que les PJ sont
poursuivis par la justice, n’hésitez pas à faire
apparaitre à Kish des soldats ou des chasseurs
de primes de l’autre cité qui les recherchent.
Cela peut conduire à des situations très inté-
ressantes, en particulier avec Mushezibti qui
ne prendra pas très bien d’avoir des personnes
armées (en particulier des hommes) non origi-
naires de Kish errant librement dans ses rues.
En parlant de Mushezibti, elle peut être une
bonne accroche pour les personnages, surtout
si l’un d’entre eux connait le mystérieux homme
qui l’a vaincue au combat il y a quelques an-
nées. C’est peut-être même le personnage lui-
même qui l’a fait. Si les PJ ont des problèmes
avec la loi, que ce soit à Kish ou dans une autre
cité, assurez-vous d’inclure Mushezibti dans
l’équation. Rappelez-vous simplement qu’elle
est avant tout une personne juste et que cela
pourrait amener à aider ou à desservir les PJ,
selon le déroulement de l’aventure et ce qu’ils
auront fait.
Un autre lien possible (en fait plus que recom-
mandé) est Naria. Il a déjà été laissé entendre
que les Chercheurs de Kish ont parfois des re-
lations avec des membres du de la Niggina de
Nippur, donc si les PJ (ou au moins l’un d’entre
eux) viennent de cette cité, ce serait un gâchis
que Naria ne les connaissent pas. En fait, si
Naria était déjà une amie ou une connaissance
de l’un des personnages, vous pourriez chan-
ger la scène dans laquelle ils découvrent que
la Chercheuse est poursuivie par une demande
d’aide directe de sa part qu’ils ne pourraient
refuser.
En continuant avec la possibilité que les person-
nages viennent de Nippur, ils pourraient être
envoyés par les prêtres de cette cité pour es-
pionner Kheba et son culte de Shuk-Nippurash.
Ils partiraient avec le soupçon (correct, en re-
vanche) que La Mère de Kish souhaite étendre
son pouvoir religieux à Nippur. Dans ce cas,
l’aventure deviendrait une mission de sabotage
et il serait probablement plus intéressant que
Kheba obtienne la Rose des Vents. Cela met-
trait les PJ dans une situation compliquée s’ils
souhaitent défendre les intérêts de Nippur.
En regardant la liste des acteurs, une autre
possibilité est offerte en la personne de l’An-
cienne, une prophétesse et une diseuse de
bonne aventure. Les personnages peuvent être
à la recherche de ce type de personne pour de
nombreuses raisons, comme connaitre le des-
tin qu’ils auront à affronter. Chaque fois que
vous jouerez cette femme, elle aura recours
à des phrases énigmatiques et lapidaires. Si
possible, écrivez sur papier une prophétie
unique pour chaque personnage, suffisam-
ment ambigüe pour qu’elle puisse être accom-
plie ou mal interprétée, mais en même temps
suffisamment personnelle pour que le joueur
sache qu’elle est destinée spécialement à son
PJ. De plus, si vous pouvez faire référence
de manière voilée à ce que les personnages
craignent ou s’attendent à entendre, il n’y a
pas mieux.
Il est aussi probable qu’au moins un person-
nage soit fasciné par le Phénicien, ce qui fait
alors de Belshazaar l’un des axes de l’aventure,
s’il ne l’était pas déjà. C’est un être mystérieux,
avec des plans énigmatiques qui s’avèreront
incompressibles pour les PJ. Profitez-en pour
jouer avec eux, en faisant lire leurs pensées
 autres ressourceS
par le Phénicien, pour les aider ou pour se re-
tourner contre eux selon ce qui semble le plus
approprié pour votre campagne. Belshazaar
n’est en principe ni bon ni mauvais, vous pou-
vez donc vous pencher vers l’une ou l’autre
option (ou aucune d’entre elles), selon ce qui
vous convient le mieux. Peut-être que la com-
préhension des Phéniciens deviendra l’un des
objectifs d’un PJ.
D’autre part, en fonction de leur profession, il
est plus que probable qu’un personnage aura
d’autres raisons de se rendre à Kish. Un érudit
des arcanes pourrait être intéressé par les sorts
présents dans la bibliothèque des Gudapshu
ou dans les entrepôts de la Niggina, récupé-
rés auprès de sorciers renégats. De même,
un alchimiste se sentira naturellement attiré
par les fruits suspendus aux arbres de la cité,
ainsi que par les légendes qui les entourent.
Même les pratiquants de professions plus mar-
tiales, comme un mercenaire, pourraient être
intéressés à vérifier si la force de la première
femme Gapitaine de la Garde de Kish est aussi
grande qu’on le dit.
Et un personnage plutôt lubrique pourrait
simplement être intéressé à connaitre de pre-
mière main la beauté et la fougue célèbres des
femmes de Kish.
Enfin, il y a la volonté d’Ashur, qui ne doit
en aucun cas être négligée. C’est un fait que
l’Anunnaki a ses propres plans pour les per-
sonnages, mais nulle part dans ce module il
n’est spécifié ce qu’ils sont ou ce que contient
le message qu’il veut que les PJ lisent. C’est
quelque chose que vous ne pouvez décider
qu’en fonction de l’endroit où vous voulez que
la campagne aille.
En fait, lors de vos sessions, les plans d’Ashur
pourraient se manifester plus tôt. Ou peut-être
le contraire, comme la première manifestation
d’un pouvoir qui apparaitra de plus en plus
dans la vie des PJ. Profitez de l’opportunité qui
vous est offerte et, si vous le pouvez, connec-
tez-les aux objectifs à long terme d’un maxi-
mum de personnages.
Et si Ashur ne vous plait pas, il est très facile
de le changer pour toute autre divinité qui
359
conviendra le mieux aux besoins de votre
groupe et à votre situation particulière.
Enfin, n’oubliez pas que Kish est située relati-
vement à l’est par rapport à la plupart des cités
d’Akkad et à une latitude similaire à celle de
la Porte d’Ishtar. Si les personnages joueurs
visent à atteindre l’entrée de Babylone, Kish
semble être un arrêt obligatoire.
AUTRES RESSOURCES
Dans cette section, vous trouverez d’autres
matériaux dont vous pourriez avoir besoin
pour le déroulement du module. Ici, il s’agit
d’un nouveau sort et d’un objet de pouvoir.
Les deux suivent le format qui a déjà été pré-
senté dans le chapitre Dieux et Sorciers.
SORT
Il est important de garder à l’esprit lors de la
compréhension du sort suivant que, comme
dans ceux déjà présentés dans le chapitre
Dieux et Sorciers, le temps indiqué dans la
réalisation est en heures telles qu’elles sont
comprises en Akkad, c’est-à-dire en danna.
Chacun de ces danna équivaut à environ
deux de nos heures.
Serviteur Obéissant d’Au-delà du Voile
Niveau : Sorcellerie 2.
Effet : Ce sort crée un double identique de
la victime, formé à partir de la masse sombre
qui émerge de la déchirure de la réalité  :
un Serviteur Obéissant. La victime meurt,
dévorée par l’être étrange qui enveloppe
son corps et copie sa forme. On ne sait pas
où vont les âmes de ceux qui sont morts
de cette façon, mais elles ne s’élèvent pas
comme les Etemmu. On croit qu’ils subissent
le même destin que ceux dont les corps sont
incinérés, c’est-à-dire qu’ils se rendent là où
se trouvent les Dieux des Étoiles.
Le double conserve tous les souvenirs de la
victime, mais il n’aura pas de volonté propre.
Le sorcier, après avoir exécuté le sort, doit
360 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS
attacher avec une corde une minuscule ta-
blette à l’un des poignets de la copie. Cette
tablette, qui est assez petite pour tenir dans
le poing serré d’un homme, contient une
série d’ordres écrits de la manière la plus
concise et concrète possible.
Le nouvel être suit strictement les ordres
écrits sur la tablette, faisant tout ce qui est
en son pouvoir pour les respecter. Par ail-
leurs, il se montre calme et réservé et répond
de manière cohérente lorsqu’on lui parle. Si
quelqu’un connait la victime, il la trouvera
étrangement silencieuse et taciturne, mais il
ne soupçonnera pas qu’il a en face de lui une
autre créature que l’originale.
Les ordres peuvent être effacés, réécrits
ou remplacés par d’autres lorsque vous le
souhaitez, même par quelqu’un d’autre que
le sorcier qui a créé le Serviteur Obéissant.
C’est pour cette raison que les sorciers qui
ont recours à ce sort cachent généralement
la tablette de poignet du double en l’accom-
pagnant de différents ornements, de sorte
qu’un observateur occasionnel pense qu’il
s’agit d’un bracelet ou d’un autre élément
décoratif.
Un Serviteur Obéissant a exactement les
mêmes attributs de jeu que la victime avait
dans la vie. Si l’un des doubles est tué, son
cadavre se transforme rapidement en une
masse noirâtre.
Lancement  : Pour exécuter ce sort, le sor-
cier doit effectuer une longue danse, d’une
heure, composée de mouvements violents et
épuisants, au cours de laquelle il doit chanter
les chants d’invocation à Ceux Qui Habitent
Au-delà Du Voile, afin qu’ils ouvrent une
porte entre leur demeure et Kishar, déchirant
ainsi le tissu de la réalité entre les deux lieux.
À la fin de ce rituel, le sorcier prend un cou-
teau en bronze qui a bu le sang d’au moins
trois innocents et fait une coupe verticale
dans les airs avec lui. En le faisant, il semble
couper un tissu, ouvrant un trou dans la
réalité, à travers lequel il peut contempler
un vide profond dans lequel une multitude
d’étoiles brillent d’une lumière maladive. Le
sorcier doit éviter de regarder trop long-
temps à travers cette brèche, car quiconque
le fait court le risque de devenir fou.
Enfin, avec le même couteau qu’il a utilisé
pour ouvrir le portail, il doit faire une cou-
pure profonde dans la victime, qui doit être
vivante et consciente. Avec le couteau, le
sorcier crée une coulée continue de sang qui
va de la victime jusqu’à la brèche entre les
réalités.
À ce moment-là, une masse sombre et in-
forme émerge de l’espace lui-même et se
met à ramper en suivant la trainée de sang
jusqu’à la victime. Une fois qu’elle l’a atteinte,
elle l’enveloppe complètement, provoquant
une profonde agonie et la dévorant de l’exté-
rieur vers l’intérieur. Quand elle a fini de se
nourrir, la masse se stabilise, adoptant une
forme en tous points identique à celle qu’elle
a dévorée.
Apprentissage : Le seul à connaitre la véri-
table origine de ce sort était le sorcier qu’An-
nashi et Naria ont arrêté, mais malheureu-
sement la lance qui l’a transpercé a entrainé
sa mort et cette connaissance a été perdue.
Cependant, le sort lui-même est contenu
dans les tablettes que les deux Chercheuses
lui ont volées et elles sont maintenant en
possession d’Uktannu.
Si un personnage s’emparait de ces tablettes
et voulait apprendre le sort, il lui suffirait
de les étudier. Il pourrait maitriser le sort
après une semaine d’étude intense, ce qui
impliquerait avant tout la mémorisation des
pas compliqués de la danse et des chants
étranges lors de l’exécution de la danse qu’il
devra prononcer.
OBJET DE POUVOIR
En ce qui concerne l’objet du pouvoir, vous
devez prendre en compte un détail très
important  : à l’exception de Belshazaar
le Phénicien qui l’a sculpté, personne ne
connait tous les tenants et aboutissants de
son fonctionnement. En particulier, Kheba et
Eshanna ignorent deux aspects importants
de la Rose des Vents. Aucune d’elles ne sait
 autres ressourceS
qu’elle est divisée en deux parties ou ce qui
se passe lorsqu’elle est utilisée avec succès.
Que le Phénicien divulgue ou non ces infor-
mations aux PJ est à la discrétion du MJ.
Il est également important, au cas où la Rose
des Vents se retrouverait entre les mains
d’un PJ, que la puissance de l’objet lui per-
mette de trouver ce que le personnage veut
le plus et non ce qu’il pense vouloir le plus.
La Rose des Vents
La Rose des Vents est un collier composé de
deux parties qui s’emboitent parfaitement.
La partie la plus remarquable est une belle
rose dont les pétales sont sculptés dans des
rubis et dont les feuilles sont faites de fines
feuilles d’or. Elle est fabriquée à l’image de
l’une des belles roses des jardins de Nimrud
et quiconque la voit l’identifie comme un
travail d’orfèvrerie incroyablement précieux.
361
L’autre partie de cet objet est une chaine
en bronze humble et rouillée de fabrication
grossière qui contraste fortement avec la
beauté de la rose.
Ce n’est que si les deux parties sont réunies
que la Rose des Vents accorde au porteur
son pouvoir. Tenant la rose dans ses mains
et avec la chaine autour de son cou, le pos-
sesseur de l’objet doit fermer les yeux et se
concentrer en laissant son esprit se vider de
toute pensée. En les rouvrant, il sait avec
certitude dans quelle direction se trouve ce
qu’il désire le plus dans ce monde.
Le propriétaire de la Rose des Vents peut
utiliser cette puissance autant de fois qu’il le
souhaite. Cependant, une fois qu’il a réussi à
trouver ce qu’il désire le plus, dans des uti-
lisations ultérieures (par le même porteur),
l’objet ne guidera plus le personnage vers la
prochaine chose qu’il veut le plus, mais vers
sa destruction.
362 ESCLAVES DE LEURS DÉSIRS

RÉSUMÉ DU CHAPITRE
• Esclaves de leurs Désirs est un exemple de module. Il ne doit être lu que par le MJ.
• Il ne s’agit pas d’une aventure complète, car vous devrez l’adapter à votre groupe de PJ.
• Dans ce module, les personnages visiteront la cité de Kish et seront impliqués dans des intri-
gues dangereuses.
• Ces intrigues tournent autour de la Rose des Vents, un objet de pouvoir convoité et de l’ambi-
tion d’un scribe Mushkenu nommé Uktannu.
• Les PNJ les plus importants du module sont détaillés et un portrait d’eux est inclus.
• Une série de scènes indique comment vous pouvez jouer le module.
• Les scènes peuvent être obligatoires ou facultatives. Vous pouvez également créer des scènes
supplémentaires.
• Un tableau récapitulatif relie tous les éléments du module.
 LA FIN
DU CHEMIN

- Rihat, c’est encore long pour atteindre notre destination ?

- Il reste encore deux jours. Ne vous impatientez pas, jeune Shelmaneser.
- Désolé. Mais je ne comprends pas pourquoi nous n’avons pas pris la route la plus courte.
- Parce qu’il était important que vous passiez du temps à voyager.
- Mais pourquoi ? Si nous devons atteindre une cité, il sera toujours préférable d’arriver rapide-
ment. Nous aurons ainsi plus de temps pour faire des affaires et nous pourrons rentrer chez nous
plus tôt.
- Jeune maitre, c’est souvent la route elle-même qui se révèle vraiment importante dans un
voyage...

Ce dernier chapitre est une sorte de fourre-
tout où vous trouverez de tout, depuis les
influences qui ont inspiré La Porte d’Ishtar à
diverses aides de jeu, en passant par un glos-
saire. J’espère que ces annexes permettront de
satisfaire votre curiosité sur certains aspects
du jeu. C’est, en quelque sorte, un « disque de
suppléments » qui accompagne le livre.
FANTAISIE ET RÉALITÉ
La Porte d’Ishtar est un jeu se déroulant dans
un monde fantastique, qui ne prétend à aucun
moment passer pour réel. Cependant, toute
ressemblance avec la réalité n’est pas une pure
coïncidence, comme on dit, mais délibérée. Le
monde de Kishar et les nations, les habitants et
les lieux qui s’y trouvent sont inspirés, comme
il ne pouvait en être autrement, de l’histoire de
notre monde. Plus précisément, de la région
du Proche-Orient à l’Âge du Bronze. La terre
entre les fleuves, comme vous l’avez peut-être
déjà deviné, est une version fantastique de la
Mésopotamie et ses voisins ont des parallèles
clairs avec des peuples réels, même s’il existe
certains anachronismes. Cela s’étend égale-
ment aux langues des différents peuples de
Kishar, qui correspondent toutes à des langues
réelles. La relation est la suivante :
• Akkadien : ancien akkadien babylonien.
• Sumérien : sumérien.
• Cimmérien : géorgien contemporain.
• Uridimmu : arabe contemporain.
364 LA FIN DU CHEMIN
APPRENDRE EN JOUANT
Je ne peux nier que La Porte d’Ishtar a une cer-
taine vocation d’enseignement. La meilleure
façon d’apprendre est de jouer et j’espère que
quiconque jouera à La Porte d’Ishtar apprendra
aussi des choses. Par conséquent, un nombre
important de lieux, de divinités, de créatures
et d’individus (mais pas tous) de ce jeu sont
pris directement de leurs homologues réels.
Sargon Ier fut le premier Empereur de l’his-
toire, Ishtar la déesse Akkadienne de la fertilité
et Pazuzu un terrible démon de la mythologie
mésopotamienne, par exemple.
Dans la plupart des cas, les noms utilisés
sont dans la langue qui leur correspond. Par
exemple, l’Idigna et le Buranum (en akkadien)
au lieu du Tigre et de l’Euphrate (en français).
La raison derrière ce choix est de donner de la
couleur et de la cohérence à ce monde, mais
cela n’est pas toujours le cas. Il y a des excep-
tions honorables, comme pour les Phéniciens
ou Ninive, pour lesquels j’ai préféré utiliser une
forme plus moderne de leurs noms. Et encore
une fois, ce n’est pas le résultat du hasard.
La raison en est double  : d’une part, faciliter
l’apprentissage et, d’autre part, se référer à des
concepts que la grande majorité des gens ont
déjà assimilés. En suivant l’exemple ci-dessus,
presque tout le monde sait que les Phéniciens
sont des marchands. Et cette association ne
pourrait pas être réalisée s’ils avaient été ap-
pelés Kena’ani, comme les vrais Phéniciens se
référaient à eux-mêmes à l’époque.
LA LANGUE AKKADIENNE
Tout au long de ce livre, la langue la plus cou-
ramment utilisée est l’akkadien, qui est cité de
nombreuses fois dans le texte. C’est la langue de
l’Empire d’Akkad et ce qui se rapprocherait le plus
d’une langue commune dans La Porte d’Ishtar.
Des mots comme « Mushkenu », « Ereshkigal »
ou « Dur-Sharrukin » viennent de cette langue.
Cependant, par souci de clarté, je n’ai pas
conjugué, décliné ou appliqué de règle gram-
maticale aux mots en akkadien. Ainsi, je n’ai
fait aucune distinction entre le singulier et le
pluriel, mais ce n’est pas le seul exemple. Pour
la plupart des gens, cela est suffisant et il n’est
pas nécessaire de se compliquer davantage la
vie. Cependant, si vous souhaitez en savoir un
peu plus sur cette langue, voici quelques notes.
Il convient de dire que, si vous n’êtes pas du
tout intéressé par ce sujet, vous pouvez passer
à la section suivante sans aucun problème.
L’akkadien est une langue où tous les mots
sont construits autour d’une racine, presque
toujours composée de trois consonnes, bien
que dans certains cas, il y en a deux ou quatre.
Cette racine représente le concept, l’idée ori-
ginale à partir de laquelle le mot est construit,
à laquelle les voyelles manquantes sont incor-
porées en fonction du résultat final que vous
souhaitez atteindre, qu’il s’agisse d’un verbe,
d’un nom ou de quoi que ce soit d’autre.
En plus de cela, l’akkadien fait un usage abon-
dant des affixes, qui sont des éléments qui
sont ajoutés au mot pour modifier son sens,
indiquant où dans la phrase il se trouve, quelle
fonction il remplit en son sein ou d’autres as-
pects. Il existe trois types d’affixes  : les pré-
fixes, qui vont devant ; les suffixes, derrière, et
les infixes, au milieu de la racine.
Noms et vocabulaire
Une façon de bien comprendre ce système d’af-
fixe, qui est également particulièrement utile
pour ceux qui ne veulent ajouter que quelques
mots à leurs parties, est au moyen des noms.
Comme cela est fait en espagnol (Ndt : et en
français), l’akkadien dispose d’un suffixe pour
indiquer le nombre d’un nom, mais il a aussi
d’affixes pour déterminer d’autres caractéris-
tiques, telles que le genre, le cas et l’état.
Le cas, grammaticalement parlant, est la rela-
tion que le nom a avec les éléments de la phrase,
en particulier avec le verbe. Concrètement,
le cas indique la fonction que le nom remplit
dans la phrase qui, dans le cas de l’akkadien,
est au nombre de trois : le cas nominatif pour
le sujet (celui qui effectue l’action), le cas accu-
satif pour l’objet (celui qui reçoit l’action) et le
cas génitif pour la possession (celui qui a une
relation avec un autre nom).
Le cas, qui est indiqué en espagnol (Ndt : et
en français) par la position dans la phrase ou
 FANTAISIE ET RÉALITÉ 365

par des prépositions, en akkadien, il est indi-
qué par un suffixe qui comprend également
les informations concernant le nombre. Quant
au nombre, il est également différent de l’es-
pagnol (Ndt : et du français), car il n’y a pas
seulement le singulier et le pluriel, mais il y a
aussi le « duel », qui sert à faire référence à des
choses qui apparaissent toujours par paires
(comme les yeux d’une personne).
D’autre part, il y a le genre. Si le nom est mascu-
lin, il n’y a rien à ajouter, mais s’il est féminin, il
a besoin d’un suffixe supplémentaire, « -t » ou
« -at », selon que le noyau du mot se termine
par une voyelle ou une consonne. Ce suffixe
modifiera également légèrement les suffixes
qui indiquent le cas et le nombre.
Tout cela peut vous sembler assez déroutant,
mais avec un exemple, vous verrez que cela ne
l’est pas tant. Dans le tableau ci-dessous, voici
l’un des mots en akkadien le plus souvent vu
dans ce livre, «  Awilu  », sous ses différentes
formes :

FORME COMPLÈTE CAS NOMBRE ENCUENTRO GENRE SUFFIXES

Awilum Nominatif Singulier Masculin -um
Awilim Génitif Singulier Masculin -im
Noms en akkadien

Awilam Accusatif Singulier Masculin -am

Awilū Nominatif Pluriel Masculin -ū
Awilī Génitif/Accusatif Pluriel Masculin -ī
Awilatum Nominatif Singulier Féminin -at-um
Awilatim Génitif Singulier Féminin -at-im
Awilatam Accusatif Singulier Féminin -at-am
Awilātum Nominatif Pluriel Féminin -āt-um
Awilātim Génitif/Accusatif Pluriel Féminin -āt-im

La ligne (ou macron) au-dessus des voyelles
(ū) n’indique pas un son différent, mais simple-
ment une voyelle longue. Comme vous pouvez
le déduire du tableau, chaque fois qu’au cours
du livre il a été fait référence à un nom, il était
en fait sous sa forme nominative plurielle mas-
culine. Dans le cas du nom Awilu, il pourrait
être traduit par « les citadins ». La raison de ce
choix est que je considère cette forme comme
la plus générale et la plus simple, mais si vous
voulez être plus juste, vous pouvez toujours
recourir à la forme la plus appropriée.
On pourrait en dire plus sur les noms, tel que
les suffixes utilisés pour définir l’état qui sont
utilisés pour créer des mots composés. Mais
comme le but de ce chapitre n’est pas de vous
apprendre à parler une langue morte, je vais
jeter un voile épais sur ces questions. À des
fins pratiques, vous pouvez considérer les ad-
jectifs de la même manière que les noms (il y a
peu de différences entre les deux).
J’espère qu’avec cette brève explication et le
vocabulaire présenté à la page suivante, vous
aurez plus qu’il n’en faut pour ajouter cette
touche de couleur dont vous aurez besoin dans
vos parties. Si vous vous sentez mal à l’aise à
l’idée de mener une étude plus approfondie,
surtout si vous voulez traiter de sujets compli-
qués (tels que les verbes), je vous recommande
de vous armer de patience et de rechercher un
texte sérieux sur le sujet. Après tout, ce n’est
qu’un jeu de rôle. Bien sûr, si vous décidez
d’aller plus loin, gardez à l’esprit que c’est une
langue sémitique, donc si vous connaissez
l’arabe ou l’hébreu, vous aurez déjà fait une
partie du travail.

LA PRONONCIATION

Pour éviter les problèmes et les confusions, tous les termes en akkadien (ou toute autre
langue parlée à Kishar) sont écrits comme un lecteur français les prononcerait. Bien sûr,
certaines concessions ont dû être faites, comme pour le son š ou les voyelles longues, mais
les différences sont si peu nombreuses que ce n’est pas particulièrement pertinent.
366 LA FIN DU CHEMIN

Abomination Anzillu Guerre Garu

Âme Etemmu Guerrier Muqtablu
Ami Ibru Hache Hassinu
Ancêtre/Père Abu Herbe Disu
Année Shattu Heure Danna
Arbre Akalutu Houe Epinnu
Argile Isikku Inframonde Irkalla
Armée Ummanu Inscription Mashtaru
Armure Halluptu Jour Umu
Astronome/Sorcier Mashmasshu Joyau Dumaqu
Autel Parakku Lance Azmaru
Belle femme Shugitu Malédiction Lumnu
Bière Shikaru Marchand Tamkaru
Bouclier Aritu Méchant Mushkenu
Bronze Siparru Mois Warhu
Cheval Kilidar Mort Mutu
Vocabulaire akkadien

Chèvre Atudu Mot Abutu

Chien enragé Uridimmu Mouton Aslu
Cité Alu Nord Ishtanu
Citoyen Awilu Nuit Mushu
Colère Kimiltu Ombre Sululu
Conseiller Maliku Orge Inninnu
Corps Shalamtu Ouest Amurru
Défaite Abiktu Poussière Akamu
Démon Utukku Prisonnier Ashiru
Désert Harbu Rival Mahiru
Destin Shimtu Sang Damu
Devin Bapu Sceau-cylindre Kunukku
Eau Mame Scribe Antasu
Ennemi Ayyabu Secret Puzru
Épée Namsaru Serviteur Wardu
Esprit Sharu Seul Edanu
Est Madenhu Squelette Eshemtu
Exorciste Ashipu Statuette fondatrice Suru-apsasu
Feu Isatu Substance aromatique Riqu
Fils Aplu Sud Shutaiu
Flèche Elamku Tablette Nibzu
Fleuve Marditu Taureau Lu

BIBLIOGRAPHIE format des références est le suivant  : titre ;

L’histoire est la meilleure source d’inspiration
qui soit et on dit que la réalité dépasse toujours
la fiction. Par conséquent, pour écrire ce jeu de
rôle, j’ai dû lire de nombreux ouvrages sur l’his-
toire et la vie quotidienne de la Mésopotamie
et du Proche-Orient des temps anciens. Il est
donc de rigueur de lister les œuvres qui ont
servi de référence avant et pendant le déve-
loppement de La Porte d’Ishtar. Vous trouverez
ci-dessous la liste des livres que j’ai utilisés. Ils
sont triés par ordre alphabétique par titre, en
ignorant le déterminant s’il était présent. Le
auteur(s) ; collection ; édition ; ISBN (le cas
échéant) ; langue. (Ndt : les références ont été
indiquées en français lorsque les ouvrages ont
été publiés en français. Sinon, elles ont été lais-
sées dans la langue citée par l’auteur.)
• Ancient Armies of the Middle East ; Terence
Wise et Angus McBride ; Met-at-Arms Series ;
Osprey Publishing; 978-0850453843.
Anglais.
• The Ancient Assyrians ; Mark Healy et Angus
McBride ; Elite Series ; Osprey Publishing ;
978-1855321632. Anglais.
 SUR LES ÉPAULES DES GÉANTS
• Babylon : Myth and Reality ; I.L.  Finkel et
M. J. Seymour ; The British Museum Press;
978-0714111704. Anglais.
• Bronze Age War Chariots  ; Nic Fields et
Brian Delf ; New Vanguard Series ; Osprey
Publishing ; 978-1841769448. Anglais.
• La Mésopotamie ; Enrico Ascalone ; Édition
Fernand Hazan. Français.
• Gods, Demons and Symbols of Ancient
Mesopotamia  : An Illustrated Dictionary ;
Jeremy Black and Anthony Green ; The
British Museum Press ; 978-0714117058.
Anglais.
• Handbook to Life in Ancient Mesopotamia ;
Stephen Bertman ; Oxford Classics ; Oxford
University Press ; 978-0195183641. Anglais.
• Historia antigua del Próximo Oriente  :
Mesopotamia y Egipto ; Joaquín Sanmartín
et José Miguel Serrano ; Akal Textos, Akal
Ediciones ; 978-8446010326. Espagnol.
• L’histoire commence à Sumer ; Samuel
Noah Kramer ; Éditions Flammarion ; 978-
2080812988. Français.
• La historia empieza en Sumer : 39 testimonios
de la historia escrita ; Samuel Noah Kramer ;
Alianza Editorial ; 978-8420679693.
Espagnol.
• Hittite Warrior ; Trevor Bryce et Adam Hook ;
Warrior Series ; Osprey Publishing ; 978-
1846030819. Anglais.
• La Mesopotamia arcaica : sociedad y eco-
nomía en el amanecer de la historia ; J. N.
Postgate ; Akal Textos ; Akal Ediciones ;
978-8446010364. Espagnol.
• Living in Ancient Mesopotamia ; Norman
Bancroft-Hunt ; Living in the Ancient World
; Facts On File ; 978-0816063376. Anglais.
• The Middle East : The Cradle of Civilization
Revealed ; Stephen Bourke et Maree
Browne ; Ancient Civilizations ; Thames &
Hudson ; 978-0500251478. Anglais.
• Myths from Mesopotamia : Creation, The
Flood, Gilgamesh, and Others ; Stephanie
Dalley ; Oxford World’s Classics ; Oxford
University Press ; 978-0199538362. Anglais.
• La Puerta de Ishtar en Babilonia : La vía proce-
sional y la fiesta babilónica del Año Nuevo ;
Joachim Marzahn ; Staatliche Museen zu
Berlin. Espagnol.
• The Near East : 10,000 Years of History  ;
Isaac Asimov  ; Houghton Mifflin ; 978-
0395065624. Anglais.
367
• The Story of Writing : Alphabets, Hieroglyphs
and Pictograms ; Andrew Robinson ; Thames
& Hudson ; 978-0500286609. Anglais.
• Sumerian Mythology : A Study of Spiritual
and Literary Achievement in the Third
Millenium B.C. Revised Edition ; Samuel
Noah Kramer ; Ancient History ; University
of Pennsylvania Press Philadelphia. 978-
0812210477. Anglais.
• Uruk  : la primera ciudad  ; Mario Liverani ;
Bellaterra Arqueología ; Edicions Bellaterra ;
978-8472903340. Espagnol.
• Warfare in the Ancient Near East to 1600
BC : Holy Warriors at the Dawn of History ;
William J. Hamblin ; Warfare and History ;
Routledge ; 978-0415255899. Anglais.
Pour une introduction à l’histoire du Proche-
Orient, le livre le plus recommandé est The
Near East d’Isaac Asimov (Ndt : jamais publié en
français). The Story Begins in Sumer de Samuel
Noah Kramer est aussi un livre très agréable à
lire, qui explique le mode de vie des Sumériens
d’une manière très abordable. Pour celui qui
débute, ces deux titres sont très utiles. Si, après
les avoir lus, vous voulez en savoir un peu plus,
choisissez l’un des livres de la liste en fonction
du sujet qui vous intéresse le plus.
SUR LES ÉPAULES DES GÉANTS
La Porte d’Ishtar doit également beaucoup
à une multitude d’autres œuvres. Comme le
disait le philosophe Bernard de Chartres  :
«  Nous sommes comme des nains assis sur
des épaules de géants. Si nous voyons plus de
choses et plus lointaines qu’eux, ce n’est pas
à cause de la perspicacité de notre vue, ni de
notre grandeur, c’est parce que nous sommes
élevés par eux. »
JEUX DE RÔLE
Depuis que j’ai commencé à jouer au rôle il y a
de nombreuses années, j’ai lu et testé d’innom-
brables jeux de rôle sur table. Pratiquement
tous, d’une manière ou d’une autre (et dans
certains cas d’une manière que je n’ai proba-
blement même pas conscience) ont influencé
La Porte d’Ishtar. Cependant, il y a quatre jeux
en particulier qui se démarquent des autres à
cet égard :
368 LA FIN DU CHEMIN
• Barbarians of Lemuria, de Simon Washbourne.
• Dragon Age, de Chris Pramas.
• FATE, de Fred Hicks et Rob Donoghue.
• Les Légendes de la Garde, de Luke Crane.
Bien sûr, ils descendent tous de Donjons &
Dragons, de Gary Gygax et Dave Arneson, à qui
nous devons l’existence même des jeux de rôle.
LITTÉRATURE
Si nous devions classer La Porte d’Ishtar dans
un genre littéraire, ce serait celui de « Épée et
Sorcellerie  ». Des histoires mettant en scène
des héros passionnés et humains, qui vivent
dans le danger constant et qui vont d’aventure
en aventure sans se reposer.
Qu’ils soient confrontés à de terribles adver-
saires ou qu’ils conspirent pour faire obstacle
aux plans d’un roi, les personnages typiques
de ces romans ne se battent généralement pas
pour sauver le monde, mais pour atteindre
leurs propres objectifs. Même si cela ne veut
pas dire qu’ils n’auront pas un destin spécial,
qu’il soit glorieux ou funeste. Sans aller bien
loin, il était écrit dès le début que Conan de-
viendrait roi.
Mais ce n’est pas l’endroit approprié pour faire
un essai sur ce type de littérature, alors je me
limiterais plutôt à nommer les auteurs et les
œuvres qui ont le plus influencé le ton et le
cadre de ce jeu.
Il est impératif de commencer, comme il ne
pouvait en être autrement, par les trois grands
du Pulp : Robert E. Howard, H.P. Lovecraft et
Clark Ashton Smith. On se souviendra toujours
du premier pour la plus célèbre de ses créations,
Conan, bien qu’elle ne soit pas la seule de ses
œuvres. Cependant, le barbare a quelque chose
de spécial qui le distingue des autres. Tout fan
de cette histoire qui joue à La Porte d’Ishtar
pourra voir qu’il y a plus d’un clin d’œil à ses
aventures tout au long de ce livre. À ceux qui ne
le connaissent pas encore dans son incarnation
littéraire, à ceux qui n’associent ce personnage
qu’à Arnold Schwarzenegger, je recommande
de donner une chance à l’œuvre originale. Peut-
être y trouveront-ils quelque chose de très dif-
férent de ce à quoi ils s’attendaient.
Les histoires de Lovecraft sont assez éloignées
du genre « Épée et Sorcellerie », mais ses ter-
reurs insondables, ses dieux au-delà de notre
compréhension et sa mythologie particulière
ont également leur place dans La Porte d’Ish-
tar. Ne vous y trompez pas, ses histoires de
pauvres hommes condamnés ne sont pas celles
qui se dérouleront normalement en jouant à ce
jeu, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas
été moins influent dans la conception de ce jeu.
Clark Ashton Smith, le moins connu des trois, a
été largement oublié par rapport à ses contem-
porains, oubli qu’il ne mérite sans doute pas.
Son écriture est non seulement techniquement
excellente, mais aussi incroyablement évoca-
trice. Poète et auteur de nouvelles, je recom-
mande avant tout dans son œuvre les récits
se déroulant dans le monde de Zothique, une
terre mourante emplie d’horreur et d’exotisme.
Pour moi, ce fut une découverte tardive, mais il
est devenu l’un de mes auteurs préférés.
Mais mes influences ne viennent pas toutes
de ces trois maitres. Fritz Leiber et sa ville de
Lankhmar sont le modèle à partir duquel les ci-
tés d’Akkad ont été construites, où pourraient
parfaitement vivre Fafhrd et le Souricier Gris.
La société melnibonéenne qui apparait dans
le Cycle d’Elric du grand Michael Moorcock
est tout ce que les Awilu ont toujours voulu
être, et leur sorcellerie est ce qu’ils espèrent
atteindre grâce aux enseignements des Dieux
des Étoiles.
Et il y en a eu beaucoup d’autres qui m’ont
inspiré. C.L. Moore est une autrice (elle a écrit
sous un pseudonyme) dont les histoires mé-
ritent plus d’attention qu’elles n’en ont reçue et
Karl Edward Wagner est un auteur d’œuvres
qui, malheureusement, ont fini en dehors des
cercles de distribution habituels. Jack Vance,
Edgar Rice Burroughs et, plus récemment,
Gene Wolfe ou Andrzej Sapkowski sont aussi
de grands maitres qui méritent d’y jeter plus
qu’un coup d’œil.
En sortant du genre « Épée et Sorcellerie » et
en se plongeant dans le genre du roman histo-
rique, il convient de mentionner un auteur en
particulier, Robert Silverberg, pour son œuvre
Gilgamesh, roi d’Ourouk qui est une excellente
 SUR LES ÉPAULES DES GÉANTS
novélisation du premier récit écrit de l’humani-
té : l’épopée de Gilgamesh.
En fait, quitte à lire, pourquoi ne pas commen-
cer par l’épopée elle-même ? L’histoire du roi
qui craignait la mort est aussi pertinente au-
jourd’hui qu’elle l’était il y a 4 500 ans et c’est
une façon d’établir un lien avec nos ancêtres,
qui décidèrent que cette histoire méritait d’être
préservée pour la postérité.
COMICS
Dans le monde du neuvième art, la plupart des
œuvres qui ont quelque chose à voir avec La
Porte d’Ishtar sont en fait des adaptations des
créations littéraires de la section précédente.
Conan règne comme maitre suprême de ce
médium, ayant été interprété bien plus souvent
que tous les autres personnages réunis.
Pour commencer avec ce personnage, je vous
recommande de jeter un coup d’œil à l’une de
ses plus récentes interprétations, celle écrite
par Kurt Busiek et dessinée par Cary Nord,
ou bien la version la plus classique du per-
sonnage, écrite par Roy Thomas et avec John
Buscema ou Barry Windsor-Smith au crayon.
Tant sa version jeune (Conan le Barbare) que
sa version plus mature (The Savage Sword of
Conan) ont cette même équipe créative et ce
sont d’excellentes œuvres.
Au-delà de Conan, je tiens en particulier à sou-
ligner Le Cycle des épées, la version de Fafhrd
et du Souricier Gris que Howard Chaykin et
Mike Mignola ont réalisée, pour avoir parti-
culièrement bien su capturer le style original
des histoires dont ils se sont inspirés. Et c’est
beaucoup dire étant donné que leur Lankhmar
a l’air complètement différente de ce que je
m’étais imaginé.
CINÉMA
Les années  80 sont assurément l’âge d’or du
cinéma fantastique. À cette époque, des films
tournés avec souvent un manque de moyens
évident ont un charme particulier. La référence
la plus évidente est (encore), Conan le Barbare,
bien qu’elle ne soit pas la seule. Le Seigneur des
Bêtes, bien qu’ayant des défauts évidents, a été
369
une grande inspiration pour La Porte d’Ishtar,
car il montre même un combat à mort entre
un sorcier et le héros en haut d’une Ziggurat.
Évoluant dans le même genre de décors, bien
qu’il s’agisse d’un dessin animé, le film Tigra, la
glace et le feu montre une multitude d’hommes
forts, de femmes voluptueuses et de monstres
effrayants. En plus d’être un film d’animation,
ce qui le distingue des autres films du genre est
le fait que Frank Frazetta (l’un des meilleurs
artistes du XXe siècle) y ait participé.
De cette époque, il y a également les remar-
quables Ladyhawke, la femme de la nuit, La Chair
et le Sang et Princess Bride. Dans ce dernier film,
vous pouvez trouver un excellent exemple de la
façon de gérer un petit groupe de personnages
très bien définis, avec leurs motivations et leurs
objectifs. Vous trouverez surement beaucoup
d’autres films en cherchant, mais essayez d’évi-
ter les pires, comme par exemple la suite du
premier volet de Conan.
Récemment, une résurgence de ce type de film
est apparue, avec des films tels que le remake
de Conan le Barbare, Solomon Kane, 300, Le
Roi Scorpion, Prince of Persia  : Les Sables du
Temps ou John Carter. Bénéficiant de meilleurs
effets spéciaux et de budgets plus importants,
leur qualité par rapport à leurs prédécesseurs
dépend en fait de chaque film et à qui vous
demandez.
Et, bien que de manière marginale, sont égale-
ment liés à La Porte d’Ishtar les films du genre
Péplum, se déroulant pendant l’Antiquité et très
populaires dans les années 60. Certains d’entre
eux (Sémiramis, déesse de l’Orient et Sémiramis,
esclave et reine) ont même pour protago-
niste Sémiramis, la légendaire bâtisseuse de
Babylone. Et dans le premier film apparaissent
même les membres d’une tribu Cimmérienne
rendues esclaves par les Assyriens.
MUSIQUE
Comme vu dans le chapitre Un Grand Pouvoir, le
choix d’une musique adéquate peut être crucial
dans un jeu de rôle. Pour vous aider, je vous
propose une liste de titres que vous pourrez uti-
liser. La plus appropriée serait sans aucun doute
370 LA FIN DU CHEMIN
la musique provenant de l’époque et de la région
dont le jeu s’inspire ou, à défaut, les chansons
traditionnelles iraniennes (qui peuvent être
trouvées) ou irakiennes (impossibles à trou-
ver). Cependant, ce type de musique n’est gé-
néralement pas le plus adapté à un jeu de rôle,
que ce soit en raison de leur rythme ou de leur
rareté. Il est préférable d’opter pour un type de
musique spécialement conçu pour fonctionner
comme fond sonore ou donner une ambiance.
D’autre part, même si les rythmes de la région ne
sont pas toujours adéquats, vous pouvez créer
une ambiance particulière avec de la musique
qui suggère le Moyen-Orient. Pour nos oreilles
d’Occidentaux, les sons de certaines musiques
de style arabe, persan ou égyptien nous évo-
queront le désert, l’Orient et le mystère.
Ci-dessous, vous pouvez voir deux listes de
musiques indicatives. La séparation en deux
groupes est destinée à vous faciliter la vie en
vous aidant à trouver facilement une musique
pour la situation que vous gèrerez. La pre-
mière liste comprend de la musique que vous
pouvez utiliser pour des moments épiques, des
combats et des voyages ou pour des scènes de
la « vie quotidienne » :
• Audiomachine – Presque toutes les chan-
sons de ce studio. Très épique.
• La Chute du faucon noir – BO du film.
Extrêmement approprié.
• Conan le Barbare – BO du film. Basil
Poleuduris n’a pas encore été dépassé.
• God of War – BO du jeu vidéo. Pour les mo-
ments les plus violents.
• Irfan – Ils n’ont que deux albums, mais les
deux sont très appropriés pour l’ambiance.
• La Passion du Christ – BO du film. Plus calme
que les autres.
• Prince of Persia, Les Sables du Temps – BO
du film. Très aventureux.
• Prince of Persia – BO des jeux vidéos. Varié
et très bien pour la mettre simplement en
fond sonore.
• Sarband – La plupart des albums de ce
groupe sont parfaits. Méfiez-vous des non
instrumentaux.
• The Flood – Musique sumérienne et ba-
bylonienne authentique, interprétée avec
des répliques des instruments qui étaient
réellement utilisés dans l’Antiquité. De Lyre
Ensemble.
• Two Steps From Hell – Presque n’im-
porte quelle chanson. Aussi épique
qu’Audiomachine.
• Zevlagh – Surtout le disque Seikilos. Le pro-
blème est qu’il est très difficile à trouver.
La deuxième liste est destinée à des situations
plus terrifiantes, mystiques et mystérieuses,
telles que celles qui peuvent se produire dans les
temples ou face à des sorcières et des démons.
• Dead Can Dance – Presque tous leurs albums
sont bons, bien que vous devrez choisir le
thème avec soin.
• Herbst9 – Surtout l’album Buried Under
Time and Sand.
• Karl Sanders – Certaines chansons sont
parmi les plus terrifiantes que vous pourriez
entendre. Sérieusement.
• Kundun – BO du film. Il vient d’Inde, mais la
musique en impose.
• Vas – The Feast of Silence est un bon album
pour commencer.
En plus de cette sélection, les bandes sonores
de jeux vidéos se déroulant dans des mondes
fantastiques bien sombres (tels que Diablo
ou Dragon Age) sont également appropriées.
Dans la plupart des cas, la différence entre un
monde plus médiéval et un monde de l’Anti-
quité n’est pas très perceptible quant à la par-
tie musicale de ces jeux.
Enfin, certaines musiques utilisées pour prati-
quer la danse orientale peuvent être employées
pour des scènes se déroulant dans des tavernes
ou des palais, en particulier des mélodies ba-
sées sur des percussions du genre dit « tribal ».
WEB
Ce jeu de rôle a un site web (NdT : en espa-
gnol) que vous pouvez trouver à l’adresse www.
other-selves.com. Vous y trouverez un forum,
des aides, des idées d’aventures, du matériel
supplémentaire, de la musique, des ressources
et d’autres curiosités. Allez y jeter un œil !
Pour toute question ou tout commentaire,
n’hésitez pas à m’écrire directement à l’adresse
 REMERCIEMENTS
mail contacto@other-selves.com. Je serai heu-
reux de lire les expériences de votre groupe de
jeu quant à La Porte d’Ishtar et de répondre
(tôt ou tard) à tous les courriels.
En ce qui concerne les autres ressources en
ligne, leur volatilité fait que ce livre n’est pas
le meilleur endroit pour les répertorier, mais
vous pouvez trouver des liens sur le site web
du jeu.
Dans tous les cas, vous trouverez des informa-
tions intéressantes en tapant dans n’importe
quel moteur de recherche Internet les termes
suivants  : Sumer, Akkad, Assyrie, Babylone,
Mésopotamie, Tigre, Euphrate, Croissant fer-
tile ou Irak.
REMERCIEMENTS
Ce livre aurait été tout à fait impossible sans
l’aide et le soutien de tant de personnes que
même moi j’ai du mal à le croire. Grâce à vous
tous, j’ai pu faire avancer La Porte d’Ishtar, et
c’est pourquoi je vous dédie ce petit espace.
Tout d’abord, je veux nommer ma famille  :
mes parents, ma sœur et mes grands-mères
qui, sans même savoir que j’écrivais ce jeu,
ont patiemment enduré mes explosions de
mauvaise humeur et de frustrations. Merci.
Une autre personne qui a également dû endurer
stoïquement mes mauvaises manières et mes
humeurs a été ma moitié. Sans tes calendriers,
tes encouragements et ta compréhension, le
travail n’aurait jamais pris fin. Merci.
À vous tous qui m’avez fait confiance depuis
le début, beaucoup plus surs que moi que je
réussirais à terminer. Surtout à mes amis,
à ceux que je vois le week-end, à ceux avec
qui j’ai parfois travaillé, à ceux de CD-Crom,
ceux de Tolède, à un certain individu basé à
Barcelone, à mon imprimerie Taravilla bien-
aimée et à mes collègues d’Other Selves. Merci.
Merci aussi à tous les geeks que j’ai rencontrés
sur Internet  : les maitres de la SGRI, les
membres des forums SPQRol et Adeptvs,
les collaborateurs d’Arcano  XIII et autres
371
éminents blogueurs. J’ai beaucoup appris de
chacun d’entre vous, et beaucoup (vous savez
qui vous êtes) m’ont aidé directement, allant
bien au-delà de l’appel du devoir. Merci.
Les collaborateurs de La Porte d’Ishtar méritent
une mention spéciale. Vous pouvez trouver
leurs noms dans les crédits. Vous êtes tous
géniaux. Votre travail acharné a rendu ce jeu
incroyable. Merci.
Ce livre ne serait pas arrivé à bon port s’il n’y
avait pas eu tous ceux d’entre vous qui m’ont
suivi tout au long de ce voyage, que ce soit
depuis le début, à mi-chemin ou à la fin. On
a toujours besoin d’un coup de main, peu
importe à quel moment il arrive. Les adeptes
du blog, les joueurs de jeu de rôle qui ont
parlé du jeu à leurs amis, les blogueurs, les
podcasteurs, les youtubeurs et les webmasters
qui ont fait une petite place sur leurs sites ou
espaces virtuels pour faire connaitre le jeu et,
bien sûr, les mécènes. Merci.
Je ne veux pas non plus oublier les participants
aux tests de jeu, qui ont consacré leur précieux
temps libre à contribuer à faire de La Porte
d’Ishtar un meilleur jeu. Je ne veux pas non
plus ignorer tous ceux qui ont créé leur propre
matériel pour le jeu, ni ceux qui m’ont soutenu
avec la première édition du jeu. Merci.
Je n’ai pas mis de noms, parce que si je
l’avais fait, vous n’auriez pas tenu dans un
si petit espace, mais vous pouvez surement
vous reconnaitre dans ces lignes. Et, sinon,
pardonnez ma maladresse, mais ne croyez pas
que je ne vous ai pas à l’esprit.
Et enfin, merci à vous qui lisez ces lignes. Un
jeu sans joueurs n’est rien. J’espère que vos
voyages à Kishar seront remplis d’aventure et
de divertissement. Si vous voulez me raconter
vos exploits, écrivez-moi à l’adresse contacto@
other-selves.com. Je me ferai un plaisir de
vous lire.
Encore une fois, merci beaucoup à tous !
Rodrigo García Carmona
10 septembre 2012,
avec quelques ajouts datant du 8 juillet 2016.
372 LA FIN DU CHEMIN

GLOSSAIRE Ashurbanipal : 18, 125, 131, 133 Deux armes : 62

Ashur-Neru : 333, 339 Devise : 24, 74, 76, 78, 245
Assaut : 50 Dextérité : 19
A Assur : 18, 118, 123, 131, 133, 163, Didallu-Lemnu : 228
Abira-Ramush : 130 182 Dieux Anciens : 85, 162
Ab-Sin : 156 Atrahasis : 86, 138, 146 Dieux des Étoiles : 86, 166
Absorption : 66 Attaquant : 51 Difaya : 222
Abum : 156 Attaque implacable : 54 Difficulté : 32
Aburrish-Nablu : 227 Awilu : 13, 85 Digir : 205
Abzu : 207 Ayarum : 156 Dih : 99
Actions : 51 Azashti : 186 Distance : 24, 46, 51
Adad-Nashir : 346 Djinn : 223
Adapa : 146, 302 B Dubkak-Uqupu : 237, 306
Addarum : 156 Babylone : 85, 202 Dum butlab dum : 222
Aggraver la position : 55 Badawi : 219 Dumuzi : 156, 165, 205
Aide : 35, 50 Bahahutep : 217 Dur-Sharrukin : 125
Akkad : 7, 87 Bapu : 131, 197
Akkadien (langue) : 99, 364 Barsippa : 142 E
Aladlammu : 300 Beit : 221 Eahardinnu : 235
Allu : 301 Beit sha’ar : 220 Efficacité au Combat (CE) : 46, 283
Al-Lul : 156 Belshazaar : 333, 339 Ekal Masharti : 113
Alrwh Alharsh : 187, 223 Beru : 120 Élam : 84, 146, 215, 289
Alshra’ da’eya : 219 Bisha’a : 222 Eme-gir : 100
Amar-Sin : 141 Bitu : 120 Empoisonné : 36
Améliorer la position : 55 Blessé : 36 Endurance initiale : 36
Ammatu : 120 Bonus : 12, 33 Endurance : 36
Amorrite : 17, 219 Buranum : 82, 104, 173, 185 Enfants de la Forêt : 323
An : 152, 163, 164 Burbalag : 126 Enheduanna : 148
Andagal : 205 Buru : 120 Enki : 85, 152, 163
An-enlilda : 302 Enlil : 14, 15, 86, 90, 152, 164, 311
Ankkadu : 324 C En-me-buluga : 302
Annuma Shattu : 146 Campagne : 9, 247, 258 En-me-duga : 302
Anunitum : 156 Capacités de combat : 23, 50, 77 Enmeduranki : 138, 148
Anunnaki : 85, 162 Caractéristique : 19, 77 En-me-galanna : 302
Apkallu : 125, 167, 302 Changer d’arme : 57 Enmerkar : 86, 146
Apsu : 146, 163 Charisme : 19 Enshakushanna : 141, 148, 237
Aqrabuamelu : 148, 303 Cimmérie : 16, 208, 289 Ensi : 87, 93, 96
Arahsamna : 156, 190 Combat à mort : 60 Épées : 63
Aras : 233 Combat : 23, 45 Epinnu : 105
Aratta : 100, 142, 193 Conditions négatives : 36 Épuisé : 36
Arme à deux mains : 62 Conflit de Moral : 61 Ereshkigal : 140, 164, 194
Arme à distance : 62 Conflit entre personnages : 33 Éria : 84, 178, 218
Arme à une main : 62 Conflit : 31 Eriamalaku : 218, 307
Arme et bouclier : 62 Confrontation : 50, 253 Eridu : 125, 146, 163, 167, 302
Armes à projectiles : 65 Corps à corps : 23, 46, 51 Escarmouche : 46, 253
Armes d’hast : 64 Culture d’origine : 12 Eshanna : 333, 340
Armes de jet : 64 Eshemtu : 366
Armure légère : 66 D Eshnunna : 126, 179, 187, 199, 324
Armure lourde : 66 Daguna : 105, 167 Etemmu : 138, 158, 164, 169, 187,
Armure : 66 Danna : 154, 172, 267 194, 308
Asag : 305 Débutant : 21 Eteshna-Kizash : 184
Asakku : 305 Défense de fer : 54 Expérimenté : 21
Ashagumud : 177 Défense : 24, 46, 51 Extras : 279
Ashipu : 157 Défenseur : 51
Ashtar-Hadon : 170, 281 Dés (D) : 9 F
Ashughi : 211 Désarmer : 56 Force : 19
Ashur : 18, 118, 123, 131, 133, 163, 335 Détermination : 41, 50, 59, 74
 GLOSsaire 373

G J Me : 162, 205

Galla : 132, 164, 310 Jammal : 221 Mède : 84, 183, 231, 292
Geshbar-Mashkanu : 180 Jet : 9, 19, 32 Melunhha : 122, 193, 202
Geshnukummu : 136, 184 Jeu de rôle : 6, 368 Meneur de jeu (MJ) : 7, 240
Gidim : 205 Metnezh : 98
Gilgamesh : 86, 146, 159 K Middu : 84, 183, 231, 292
Girtab : 156 Kadishtu : 161, 330 Module : 327
Gissu : 131 Kamaru-leu : 134 Monte Negro : 191
Gmirri : 147, 208, 323 Kanu : 120 Moral : 61
Goum : 221 Karum : 18, 96, 118, 124, 134, 163, 216 Mort : 38, 42, 60
Guanna : 156 Kheba : 148, 331, 341 Mubesha : 222
Gudabak  : 16, 83, 177, 196, 208, Kingu : 85, 146, 171 Mukil-resh-lemuti : 147, 315, 325
227, 297 Kiririsha : 216 Mul-Mul : 156
Gudapshu : 330 Kish : 86, 127, 147, 170, 328, 337 Musarkisu : 118
Gudea : 129, 146 Kishar : 7, 81 Musaru : 120
Gula : 156 Kishir Sharruti : 113 Mushezibti : 331, 342
Gurushalmu : 179, 323 Kislimum : 156 Mushkenu : 14, 90
Kispum : 158 Mushmahhu : 146, 316
H Kitimtu-shetu : 123 Mushrushu : 318
Haches : 63 Kogu-Shogtosshu : 129, 168, 189 Mutu : 158, 366
Halil : 122 Kulullu : 303
Hamasa : 222 Kunmesh : 156 N
Hammurapi : 204 Kunukku : 110 Nabu : 100, 206
Hamushtum : 154 Kurnugi : 152 Nagar : 130, 145
Hasharu : 139, 292 Kurunnu : 107 Nanna : 152, 224
Hatti : 227, 291 Kusarikku : 147, 312 Napirisha : 217
Hattusa : 84, 227, 291 Kutha : 144, 164 Napratep : 217
Hors de combat : 60 Kuthalu : 125, 163, 169, 174, 193, Naqia-Zakutu : 135
Hospitalité : 17, 222 302 Naram-Sin : 27, 114, 136
Huit Piliers de l’Agonie : 178 Naria : 334, 343
Hutra : 217 L Nasharu-nimru : 139
L’Ancienne : 338 Nehtu : 178
I Lagamar : 216 Nergal : 140, 164
Idigna : 82, 104, 121, 144, 185, 305 Lagash : 129, 146, 323 Nid des Vautours : 231
Igigu : 86, 166 Lamashtu : 157, 314, 319 Niggina : 135 147, 332
Iku : 120 Larak : 144, 146 Nimrud : 131, 148, 182, 316, 361
Imdugud : 179, 311 Les dieux morts : 223 Ninhursag : 152
Imeru : 120 Luhishan : 216 Ninive : 133, 146
Immobiliser : 56 Luhung-Ga : 156 Ninkasi : 108
Implacables Dévoreurs Noctunes : Lummu-Kuzaku  : 124, 136, 169, Ninurt : 147, 305
174, 187, 189, 320 183, 194 Nippur : 135, 147, 164, 310, 332
Inanna : 152, 165, 204 Lumnu : 366 Nisanum : 156
Ingéniosité : 19 Lu : 158 Nishir-Karrak : 229,
Inimdug : 135 Nur-Akhum : 127
Initiative : 50 M
Insusinak : 217 Magan : 122, 202 O
Iram Dat Al’imad : 224 Maitre : 21 Objectif (en combat) : 51, 59
Irka-Aru : 139 Malade : 36 Objectif à court terme : 25
Irkalla  : 140, 146, 158, 164, 169, Manœuvre : 24, 46, 51 Objectif à long terme : 25
178, 194 Manu : 120
Ishim-Shagshuga  : 143, 167, 180, Mari : 130, 146, 167, 181, 187, 197,
182 220, 226, 301 P
Ishkur : 199 Mashmasshu : 153, 366 Pabilsag : 138, 156
Ishtar : 152, 165, 204 Mashtabba-Galgal : 156 Partie unique : 9
Isnikarab : 216 Mashu : 166, 304 Paruli K’reba : 211
Isshiak Ashur : 18, 125, 133, 239 Masses : 63 Passion : 40, 50, 59, 74
Massiktu : 120 Pazuzu : 157, 319
374 LA FIN DU CHEMIN

Pénalité (armure) : 66 Shikaru : 107, 366 Ugallu : 315

Perception : 19 Shiklu : 120 Uktannu : 334, 344
Personnage joueur (PJ) : 7 Shimarru-Utu : 148 Ululum : 156
Personnage non-joueur (PNJ) : 7 Shimtu : 152, 366 Ulusino : 107
Phénicie : 84, 225, 290 Shir : 127 Umamu : 307, 323
Pillards Gris : 84, 227, 291 Shitem : 64, 98, 148 Ummia : 207
Points d’Expérience (PE) : 75, 77 Shugi : 156 Umu : 153, 366
Points de Caractère (PC) : 39, 251 Shugid : 127 Ur : 113, 139, 146
Profession : 21, 32, 77 Shuk-Nippurash : 86, 90, 127, 147, Urgula : 156
Profil (d’un PNJ) : 282 161, 170, 190, 328 Uri : 334, 345
Purkullu : 110 Shulak : 174, 187, 189, 320 Uridimmu  : 17, 147, 187, 195, 219,
Shur-Uballit : 135 292, 307
Q Sila : 120 Urmahlullu : 306, 315, 324
Qurru : 120 Simanum : 156 Urmia : 125, 181, 214
Qurupti Sha Shepe : 114 Simmah : 156 Ur-Nammu : 87, 140, 147
Simmushannu : 144 Urnim : 306, 325
R Sin : 153, 166 Ur-Ningirsu : 140
Races Créées : 14, 15, 90, 147 Sin-ash-Usur : 114, 146 Uruk : 100, 141, 146, 176, 237, 307
Rejal Alhejr : 223 Sipazianna : 156 Urun-Zig Ab : 83, 148, 193, 201
Reprendre son souffle : 55, 56, 58 Sippar : 16, 138, 146 Ush : 154, 267
Rihat : 6, 11, 31, 45, 73, 81, 151, 201, Sippar-Amnanum : 138, 148, 188 Utu : 152
239, 277, 327, 363 Sommets des Tempêtes : 142, 214, Utu-abzu : 302
Roi-Sorcier : 87, 93, 96 215, 231 Utukku  : 105, 124, 126, 157, 196,
Sorcier : 23, 171 197, 301, 310, 314, 319 321, 366
S Styles de combat : 61
S’interposer : 56 Succès absolu : 35 V
Sab Sharri : 114 Suhurmashku : 156 Valeur d’Attaque (VA) : 51
Sacrifice Héroïque : 43, 49, 60, 74 Sumer  : 85, 145, 162, 199, 202, Valeur de Défense (DV) : 51
Saggiga : 85, 204 300, 302, 305, 316, 324 Valeur de Manœuvre (VM) : 51
Samarra  : 63, 136, 146, 180, 184, Sumérien : 100, 134, 205 Volonté : 19
306 Supériorité numérique : 59
Sammu-Ramat : 131, 148, 311 Surmonter : 55, 56, 57 W
Sargon  : 7, 86, 90, 113, 125, 128, Suru-apsasu : 103, 198 Wardu : 15, 91, 116, 147, 159, 193,
130, 144, 145, 149, 160, 202 203, 285, 312
Sasharu : 166 T Warhu : 153, 366
Sceau-cylindre : 110 Ta’lab : 224 Warka : 129, 146
Seirnoba : 98 Tamkaru : 119, 366
Session : 9, 11, 75 Tashlultum : 318 Z
Shabatum : 156 Tashritum : 156 Zamanu : 110
Shabiba : 308 Tebetum : 156 Zammertu : 126, 148
Shalamtu : 158, 366 Terrifié : 36 Zar-Arramash : 135
Shalash-Igi : 231 Tetrirvili : 210, 322 Zibanitum : 156
Shalmat Qakkadi : 85 Thawb : 17, 221 Zubi : 156
Shamash : 136, 153, 165, 189, 304, 321 Tiamat : 146, 171, 196, 304
Shams : 222 Total d’Attaque (TA) : 51
Shanna : 282 Total de Défense (TD) : 51
Shar Pushi : 157 Total de Manœuvre (TM) : 51
Sharaf : 222 Tournant : 24, 246
Sharamak : 136 Trait de caractère : 22, 38, 49, 59,
Shar-Hatana : 149 74, 78, 251
Sharu : 152, 366 Turtam : 114, 146
Shattu : 146, 153, 366
Shayh: 222 U
She : 120 U-an-dugga : 302
Shedded-Uk : 126, 148 Ubanu : 120
Shelmaneser : 6, 11, 31, 45, 73, 81, Ubaru : 224
151, 201, 239, 277, 327, 363 Udshua : 315
GLOSsaire 375
 ALAIN OURSEL FRANCK TARENDEAU LOÏC LÉVÊQUE PIERRE ROUSSEL
ALBAN QUADRAT FRÉDÉRIC BRUT LUDOVIC CHABANT QUENTIN BERNICHON
ALLAN GAUTRON FRÉDÉRIC FOUGÈRE MALIK ALLAOUA RAFAEL VAILLANT
AMAURY FOURTET FRÉDÉRIC FRANCOIS MALIK AMOURA RENAUD POULIQUEN
ANTOINE CONFORTI FREDERIC VELASCO MATHÉO BOURNOVILLE ROBIN ROBIN MOURET
ARNAUD LECOINTRE GAEL ALIX MATTHIEU RABASSE SÉBASTIEN DUPUIS
AXEL GOTTELAND GAËL HENRY MAXIME FAUTRÉ SEBASTIEN TORRES
BAPTISTE EYCHART GAËTAN HUGET MELVIN SALIGNAT SÉBASTIEN VENUAT
BENJAMIN DACHARY GAËTAN MASSIN MICHAEL BATON SIMON
BERTRAND ARLABOSSE GAËTAN ROUXEL MICKAEL AYRAULT VANSTEENWINCKEL
BERTRAND ROUILLON GONZAGUE MYRIAM JAYLE STÉPHANE DE CONINCK
BORIS COURDESSES DUTHEIL DE LA NANCY LABORDERIE STÉPHANE LOREK
CHRIS TONIOLO ROCHÈRE NICOLAS HENRY STEPHANE PUIS
CHRISTINE HOERTH GREGORY PLASSAIS NICOLAS LACHICHE STÉPHANE
CHRISTOPHE KENNY GUILLAUME GERVAIS NICOLAS SANCHEZ TIREL-GOMARD
CLÉMENT CARPENTIER GUILLAUME DELVA NICOLAS SAUVAGE STÉPHANE VANDEVUER
CLÉMENT CATRY GUILLAUME ESCRIVANT NICOLAS SCHONT SYLVAIN FABRE
CLÉMENT POIRIER GUILLAUME HATT NICOLAS SIMOND SYLVESTRE PICARD
CORINNE VAQUIER HERVÉ GUILLOU-HELY OLIVIER CHARDON TANGUY LE CORRE
DAVID COLOM-ARNOUX ISOLINO DA PALMA OLIVIER CRESPIN THIERRY FAURE
DAVID PEYRON IVAN BIZOUARN IVAN OLIVIER FERRANDEZ THOMAS MICHELIN
DENIS POUCHAIN JACQUES PESSEREAU OLIVIER MONSEUR THOMAS CHIARI
EDOUARD CONTESSE JC BOUSSON OLIVIER VERNERET TROLLUNE
EMMANUEL CHAGNOT JEAN-CHRISTOPHE PASCAL OLIET VICTORY JACQUES
EMMANUEL MOREAU MORAND PATRICE BENECH VIGHNESH POTIN
EMMANUEL PICARDAT JEAN-MICHEL PATRICK REY VINCENT ZIMMERMANN
ERIC DUBOURG LABETOULE PAUL CHAUVIN VINCENT BUCHALSKI
ETIENNE LEVEQUE JEAN-PIERRE DUVIGNEAU PHAT-LONG LE HUYNH VINCENT CARLEN
FABRICE JÉRÔME JOCAL PHILIPPE LELIAS VINCENT DUCROCQ
MERLE-REMOND JOËL CAZAUX PHILIPPE CANITROT VINCENT LLOBELL
FLORENT CHEVALIER JOEL ROPARS PHILIPPE ROUILLIER VINCENT MELOCCO
FLORINE BLANC JOHANN LABASQUE PHILIPPE SALLERIN VINCENT
FRANCIS ADEL JOSEPH SOMMOVIGO PIERRE ETIENNE VANDEMEULEBROUCK
FRANCIS HELIE JULIEN ARNAUD PIERRE HARDY VINCENT ZIMMERMANN
FRANCISLAUNAY KEVIN REISS-COINT PIERRE COPPET WILLIAM JACOT
FRANCK ANDRIEU LADISLAS-HENRY PIERRE CUVELIER YANN BRUYERE
FRANCKBRAUNE ROSTAN PIERRE YANNICK GAILLARD
FRANCK CARTEL LAURENT FERREBOEUF GAVARD-COLENNY YANNICK GUILLAUME
FRANCK MERCIER LAURENT LEPLAIDEUR PIERRE GILLARD YOANN STORDEUR

TEMPLE DES HÉROÏNES

ET DES HÉROS
Mise en ligne du PDF : décembre 2022
ISBN : 978-2-37564-068-5