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Quand un trader causa la chute

de la plus prestigieuse banque


d’Angleterre

Cas d’Étude - BARINGS BANK

DELINQUANCE FINANCIERE
MBA 2 Trading
L’histoire
Barings Bank est la plus vieille banque d’affaires britannique fondée en 1762 par la famille
Barings et fut dirigée par cette dernière pendant plus de 200 ans. La puissance de Barings
était son nom, elle pouvait lever des capitaux dans les meilleures conditions et aux
meilleurs taux car le monde savait que ses clients étaient la crème de la société anglaise. La
Reine d’Angleterre elle-même, possédait un compte chez Barings. Au-delà de ses clients,
la Barings joua un rôle décisif lors de grands événements de l’Histoire, tel que le rachat de
la Louisiane en 1803 ou encore le refinancement de la place financière parisienne après la
chute de Napoléon.

Discrète et sûre, Barings était considérée comme la banque la plus importante et la plus
stable du monde jusqu’à sa chute en 1995.

Chute causée par le célèbre rogue trader Nick Leeson.

Nick Leeson, commença en tant qu’employé de


bureau au sein de Morgan Stanley. Ambitieux, Nick
Leeson nourrit le souhait d’être trader. Il demanda
ainsi à être promu trader au sein de la banque,
promotion qui fut refuser par ses supérieurs
considérant qu’il n’avait pas les compétences ni
connaissances requises pour être trader.

À la suite de ce refus, Leeson démissionna et fut


engagé par la Barings Bank en tant que comptable. Impliqué, Nick Leeson gravit
rapidement les échelons et devint trader pour la Barings Bank en 1992 où il se verra confier
la Direction de la succursale de Singapour, et s’y installa. La filiale de Singapour a été créé
dans le but de renforcer la position de la banque sur les marchés émergents asiatiques.

Mise en cause
Négociant spécialisé sur les produits dérivés, Nick Leeson devait acheter et vendre des
contrats à terme (futures) sur l’indice Nikkei 225 (indice du marché Japonais). Il opérait
donc sur le marché à terme de Singapour (SIMEX : Singapour International Monetary
Exchange ou SGX) où est côté le contrat Nikkei 225. Il faisait également de l’arbitrage.

Sa stratégie initiale :

• Short de Straddle sur Nikkei 225 (indice du Marché Japonais)


• Arbitrage sur les contrat futures Nikkei 225
Petit rappel sur les straddles et l’arbitrage :

Un short straddle consiste à vendre une option put et une


option call sur le même actif au même prix. En utilisant cette
stratégie, l’investisseur prévoit une faible variation du cours du
sous-jacent. Ainsi, pour dégager du revenu, il faut être dans la
fourchette. Dans cette stratégie, les gains sont limités et le
risque à priori illimité.

L’arbitrage quant à lui consiste à acheter un actif sur un marché où le prix est
relativement bas dans le but de le revendre sur un autre marché plus cher. Leeson prenait
des positions longues dans certains marchés et des positions short sur d’autres marchés.

Or, à l’été 1992, le marché fluctua violement : c’est à cette période que Nick Leeson
commença à commettre d’irréparables erreurs. En effet, sa stratégie initiale lui fit
perdre énormément d’argent.

La réaction de tout trader rationnel aurait dû être de prévenir la Direction de


Londres mais Leeson décida de cacher ses pertes dans ce que l’on appelle le « 5 eight
account » ou « 88888 account ». Dans ce compte d’erreurs étaient enregistrés les
trades perdants. En effet, à l’époque, il y avait énormément de possibilité d’erreurs
(trades annulés, etc.). Il était donc commun d’avoir un compte dit « d’erreur » où étaient
placés les trades perdants ou erronés en attendant d’être rectifier par la suite.

Il est important de noter que parallèlement à son poste de trader, Leeson était également
responsable du back office. En tant que donneur d’ordre et contrôleur à la fois, Leeson ne
rencontra aucune difficulté à cacher ses pertes.

Le problème de Leeson fut le paiement des appels de marges. En effet, les contrats futures
sont des engagement à vendre ou à acheter un actif à une date donnée et à prix futur
convenu et s’accompagnent donc du défaut de l’une des contreparties au moment du
dénouement des contrats (l’une des parties peut ne pas avoir les fonds nécessaires pour
respecter son engagement). En cas de perte sur un future, il convient de payer à sa
contrepartie le montant de la perte engendrée. Or, Nick Leeson prétendait avoir acheter
des contrats futures pour le compte de clients qui auraient dû donc payer à la banque,
lesdits appels de marge. Les clients étant fictifs, Leeson dû demander au siège de Londres
des fonds pour lui permettre d’investir de nouveau et rectifier ses erreurs. Cependant, il
mentit à ses supérieurs sur les raisons de ce besoin de liquidité.

En 1993, le montant des pertes contenu dans le compte 88888 s’élevait à 94 millions de
livres sterling.

En 1994, le compte 88888 contenait plus de 100 millions de livres de pertes.

Dans l’espoir de récupérer ses pertes, Nick Leeson changea de stratégie : il décide de
prendre une position dite longue-longue sur les futures du Nikkei 225 pensant que le
marché se retournerait et serait en sa faveur. Il a donc parié à la hausse.
Malheureusement, en janvier 1995, un énorme tremblement de terre à lieu au Japon, et le
cours du Nikkei s’écrase, entraînant Nick leeson et ses positions dans sa chute.

Résultats
Le total des pertes s’éleva à 850 millions de livres de sterling (environ 6 milliards de francs)
soit le double des fonds propres de la banque.

Nick Leeson fut condamné à 6 ans de prison et 70 000 £ d’amende.

Neuf hauts cadres de la Barings ont été mis en cause pour leur négligence.

Sauvée une première fois en 1890 par la Banque d’Angleterre, La Barings est cette fois-ci
déclarée en faillite en février. Elle sera par la suite rachetée en mars 1995 par le groupe ING
pour 1 £.

Conséquences économiques
Une crise sans précédent provoquée au sein de la City (pôle historique mondial majeur de
l’économie et de la finance) à la suite de la faillite de la Barings. Le retentissement mondial
qu’aura eu la faillite de la plus vieille banque britannique souleva de nombreuses
inquiétudes quant à l’utilisation des produits dérivés qui, sous les mains d’incompétents,
peuvent à eux seuls couler des institutions financières en place depuis des décennies.

Débouchées
Cette affaire, aura permis de mettre en lumière les risques inhérents aux marchés
financiers. Un certain nombre de mesures réglementaires ont été prises afin de mettre un
terme à la prise de risque excessive et spéculative sur les produits dérivés tel que :

- L’obligation de négocier les contrats dérivés standardisés par l’intermédiaires d’une


contrepartie centrale de compensation
- La séparation des organes de direction et de contrôle.

De nouveaux métiers verrons le jour et notamment dans la « Compliance » (ex :


« compliance officers » afin de renforcer le contrôle des risques.

Une vraie séparation fut établie entre le Back Office, le Middle Office et le Front Office.

A noter, que les avancées technologiques post-crises financières dans les domaines du big
data ou encore de l’intelligence artificielle permettent aux entreprises de surveiller leurs
employés et leurs opérations de plus près et ce de manière quasi systématique.

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