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Dr YOUSFI K.

OSTEOINTEGRATION DES IMPLANTS DENTAIRES

I. INTRODUCTION :
Depuis l’aube des temps, l’homme a tenté de remplacer les dents perdues par implanter
d’autres dents d’origine humaine, animale, minérale et même en bois. Le retour à
implanter des dents est d’actualité mais maintenant les matériaux sont plus intégrés au
système manducateur, et la jonction est anatomique assurant une durabilité garantie.
L’interposition d’un tissu fibreux conjonctif était au départ « le concept classique », de la
même façon qu’un desmodonte autour d’une dent naturelle, en revanche les résultats
n’était satisfaisantes à long terme, et ne permet pas un ancrage de longue durée pour les
éléments prothétiques.
Le principe de l’ostéointegration est le fruit de longues années de recherches et
d’expériences menées durant la période contemporaine de l’histoire de l’implantologie
par des scientifiques suédois et à leur tête Branemark et collaborateurs ( depuis les années
1950) , elle étaient portées sur l’intégration tissulaire des implants endo-osseux , les
biomatériaux utilisées (titane et alliage de titane) et les facteurs influençant la cicatrisation
des tissus péri-implantaires (expérimentation sur le péroné du lapin ) ; les premiers
protocoles sont pratiqué chez les chiens puis sur le premier patient en 1965 .
Avec les données cliniques des études de BRÄNEMARK montre que l’interface os-
implant est la plus viable à long terme.

II. DEFINITIONS :

La fibro-integration : L’implant est séparé de l’os par plusieurs couches d’un tissu
fibreux d’origine conjonctif.
Cette interface est basé sur le concept de la fibro-integration censé apporter un
amortissement des contraintes mécaniques, elle est caractérisée par des échecs de stabilité
implantaire à moyen et à long terme.

L’ostéo-intégration :
Grec : osteon = os / Latin : Integrare = intégrer
Actuellement définie comme : « une jonction anatomique et fonctionnelle entre l’os vivant
remanié et la surface de l’implant mis en charge » .
III. CICATRISATION PERI-IMPLANTAIRE :
Regroupent les différents phénomènes qui aboutissent à l’ostéointegration (ankylose de
l’implant) ou en cas d’échec à une fibrointégration (formation d’un tissu cicatriciel fibreux entre
l’implant et la surface osseuse).
A. Au niveau du tissu osseux :
Les réactions initiales :
Phase 1 : formation du caillot sanguin :
Immédiatement après le forage, le sang entre en contact avec la surface implantaire et
formera un caillot qui s’interpose entre l’os et la surface de l’implant, le fibrinogène soluble se
dépose sur le titane et se transforme en fibrine insoluble, d’autres éléments seront ainsi attirés
vers le site : les plaquettes, les facteurs de croissance, et les cellules inflammatoires.
Phase 2 : la coagulation et stabilisation du caillot :
Par la formation d’un réseau tridimensionnel de fibrine, il s’ensuit une néoformation
capillaire et une migration des cellules mésenchymateuses indifférenciées , des cellules , des
protéines, des lipides et des cytokines produites au cours de l’inflammation seront absorbés vers
la surface implantaire.
Phase 3 : la formation osseuse :
La différenciation des cellules mésenchymateuses en cellules ostéogéniques et le
recrutement des cellules osseuses des sites voisins ; elles s’accrochent à la surface implantaire via
les intégrines (protéines) ou restant à distance selon le type de la réaction osseuse :
Ostéogénèse de contact.
C’est la néoformation osseuse qui débute directement autour d’un implant à partir de sa surface
EX: implant en titane ayant une surface rugueuse mordancée.
Ostéogénèse à distance.
C’est la néoformation osseuse qui ne débute pas directement autour de l’implant à partir de sa
surface mais elle commence a partir de l’os adjacent préexistant. ex: implant en titane a surface
lisse .
Ostéo-conduction:
Matériau ou une surface conduisant à une ostéogénèse de contact.
Ostéo-induction:
Un Matériau ou une surface induisant la néoformation du tissu osseux dans un
environnement tissulaire non destiné à former l’os.
Une matrice ostéoide immature est déposée sur les surfaces osseuses et l’implant
(parallèlement aux spires ) , ses fibres de collagène ne sont pas organisés et formant un tissu dite
« tissé » ,la minéralisation se fait par des dépôts des molécules d’hydroxyapatite ; l’os sera
remodelé afin de lui donner une structure lamellaire orientée perpendiculairement à la surface de
l’implant pour une meilleure résistance au forces occlusales puis un autre remodelage le
transforme en un os haversien avec laquelle les propriétés mécanique de l’os augmente.
Remarque : l’os spongieux de type III possède un temps de réparation tissulaire plus cours que
de l’os dense de type I/II.
La structure osseuse est en perpétuelle remodelage suivant la réaction initiale , elle continue à se
former selon :
*Une ostéogénèse de trabéculisation : se fait en présence d’une surface implantaire rugueuse ou
bioactive et se poursuit par formation de mince couche osseuse et des travées.
La réaction osseuse initiale est une ostéogénèse de contact. L’os forme une couche osseuse
mince au tour de l’implant, elle est plus ou moins continue sur laquelle viennent s’encastrer
des trabécules osseuses orientées plus ou moins perpendiculairement à l’axe verticale de
l’implant. Elle persiste au long terme.
*Ou une ostéogénèse de corticalisation qui fait suite à un phénomène d’ostéogénèse à distance en
formant une coque osseuse d’une certaine épaisseur autour des implants à surface usinée (lisse).
Cette réaction est lente mais persiste à long terme. Elle nécessite plus de temps pour arriver
à la phase haversienne.
Remarque : ces structures persistent à long terme.
B. Au niveau des tissus mous :
Ils sont des tissus cicatriciels ;suite à un traumatisme lors de la chirurgie (le forage) le
caillot sanguin qui occupe l’espace péri-implantaire puis se transforme en tissu de granulation
riche en cellule inflammatoire sous forme d’une agglomération dans un réseau dense de fibrine ;
après deux semaines un tissu conjonctif le substitue et adhère à la surface implantaire riche en
cellules et fibres et recouvert d’une prolifération épithéliale (un épithélium de jonction et un
épithélium sulculaire)
La maturation tissulaire est observée après 6 à 12 semaines : une augmentation de la
profondeur du sulcus de 2 à 3 mm et d’une densification des fibres de collagènes disposée
parallèlement à la surface implantaire.
Remarque : l’ostéointegration est obtenue au bout de 12 à 24 semaines après l’implantation.
Elle est plus rapide au niveau de la mandibule (3 à 4 mois) par rapport à la maxillaire (6 à 8
mois)

IV. LES PRINCIPES D’OSTEOINTEGRATION :


Ce sont des conditions strictes établit au départ par Branemark et coll. afin de garantir un succès
supérieur à 90% , elles seront révisées avec le développement des matériaux et les implants :

 Une chirurgie atraumatique


 La non contamination de l’implant (préservation de la couche d’oxyde de titane) préparer
un vrai bloc opératoire avec des règles d’asepsie rigoureuse.
 Absence de micromouvements par stabilité primaire dès la pose de l’implant préconisant
la méthode en deux temps chirurgicaux ; mais l’évolution des techniques permet
maintenant la technique en un temps opératoire ou même la mise en charge immédiate.
 Etat général .

V. LES SIGNES DE REUSSITE D’UNE OSTEOINTEGRATION :


Clinique : ankylose donnant une stabilité.
 Son clair à la percussion
 Stable: absence de mobilité de l’implant
Radiologique : absence d’une zone radio-clair sur les pourtours donnant une stabilité
secondaire.
Histologisue : contact directe entre l’os et la surface de l’implant.

VI. LES FACTEURS INFLUENÇANT L’OSTEOINTEGRATION


1/Des facteurs liés à l’hôte :
a) Facteurs généraux :
 État de santé du patient : physique et mental
 altérations du métabolisme osseux.(ostéoporose)
 période de croissance
 Le risque cardiaque majeur est la survenue d’une endocardite infectieuse
 Le diabète augmente le risque d’altération de la cicatrisation et des infections post-
opératoire.
 Les patients sous anticoagulants devront être traités les précautions habituelles
 Affections psychiatriques
 Radiothérapie et chimiothérapie

b) Facteurs de risque :
 Le tabagisme
 Alcoolisme
c) Facteurs locaux :
 Hygiène bucco-dentaire
 Etat parodontal et dentaire
 Etat osseux ( qualité et quantité de l’os).
 Mauvaise habitude
2/Les Facteurs liés à l’implant :

 Le métal utilisé :Titane ,niobium ,tantale ,zircone sont reconnus biocompatibles


 La forme de l’implant (cylindrique, cylindro-conique, conique…)
 L’état de surface : préparer afin d’avoir un degré de rugosité :il existe 3 niveaux :
o Macrorugosité : supérieur à 10 µm : concernant les spires usinés qui assurent un
ancrage mécanique .
o Microrugosité: de 1µm à 10µm : elle favorise l’attachement des cellules
ostéoblastiques à la surface implantaire et l’apposition du tissu osseux minéralisé,
cela est assuré par des traitements spécifiques de la surfaces de l’implant par :
 La projection plasma d’une poudre de titane.
 Sablage par des particules d’oxyde de titane ou de céramique.
 Mordançage acide ou technique d’anodisation.
o Nanorugosité : de 100 et 1 nm (0,1 et 0,01 µm) : augmente l’adhésion des
cellules et des particules pour obtenir une meilleur ostéo-intégration , elle se fait
par traitement physico-chimique de la surface et des particules permettant la
formation d’un revêtement bioactive (exp. :phosphate de calcium)
3/Les Facteurs chirurgicaux:
 L’asepsie est une condition indispensable
 La relation critique temps/température pour la nécrose du Tissus osseux (au-delà de 47°)
 instruments tranchants gradués de diamètre croissant (forets)
 irrigation abondante
4/ les facteurs prothétiques
 le nombre et la position des dents à remplacer.
 Positionnement des implants (>3) en trépied permet meilleur répartition des forces.
 l’occlusion.

VII. Echec de l’ostéo-intégration


L’échec de l’ostéo-intégration se manifeste par :

 Inflammation de la muqueuse péri-implantaire.


 Saignement au sondage
 Approfondissement la poche supérieur à 3mm
 Perte osseuse
Ces signes sont confirmés sur le plan :
Clinique :
Son mat à la percussion
Mobilité de l’implant
Radiologique :
Radioclarté entre l’os et surface de l’implant.
Histologique : absence de contact entre l’os péri-implantaire et la surface de l’implant.
VIII. CONCLUSION :
La compréhension du concept l’ostéo-intégration est importante. Les principes chirurgicaux et
prothétiques doivent respecter les impératifs de la physiologie osseuse pour obtenir et maintenir
l’ostéo-intégration.
Ceci implique la connaissance des phénomènes de cicatrisation, de réparation et de remaniement
des tissus.

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