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Chapitre 3 Epuration des gaz par le procédé de filtration

1. INTRODUCTION

Le but d’une opération de filtration est la d’une phase continue (liquide ou gazeuse) et d’une
phase dispersée (solide ou liquide), initialement mélangées. Un tel mélange, ou suspension,
est aussi appelé préfilt. Au-delà du filtre, on récupère un fluide plus ou moins bien purifié,
baptisé filtrat.

Suivant les cas, on cherche à récupérer :

 soit la phase continue débarrassée au maximum de la phase dispersée (filtration de


l’air ou de l’eau, d’une huile moteur, d’un liquide alimentaire, etc.) ;
 soit la phase dispersée (récupération d’un précipité cristallin, de poussières de métal
précieux dans des fumées, etc.) ;
 soit l’une et l’autre phases si leur intérêt économique le justifie.

La surface filtrante (ou média filtrant) peut être constituée de nombreux matériaux parmi
lesquels le papier, la toile, le verre fritté, le sable, du treillis inox, etc... Le solide déposé sur
le filtre (gateau) joue également le rôle de média filtrant.
Lors de la filtration, il y a une une résistance au passage du liquide liée entre autres à la
porosité du milieu et à la viscosité. Cette résistance se traduit par une perte de charge (P)
d'autant plus élevée que l'épaisseur du gateau est importante ou que la vitesse du liquide est
importante. Ainsi, les éléments qui déterminent le débit de filtration sont
 la surface du média filtrant
 sa résistance (liée à son épaisseur, sa porosité, la viscosité, etc...)
 la P appliquée de part et d'autre du milieu filtrant.

2. TECHNIQUES DE FILTRATION

Pour séparer au mieux les deux constituants du préfilt, deux techniques sont applicables : la
filtration sur support et la filtration en profondeur.

 Filtration sur support : une toile filtrante (ou membrane poreuse) possédant des
orifices de taille inférieure aux particules solides à filtrer assure la retenue du solide, qui
forme ainsi un gâteau d’épaisseur croissante. Le filtrat sera plus ou moins pur suivant les
dimensions des particules, la texture du support et le temps. La filtration sur support est
également appelée filtration en surface, sur membrane, ou à gâteau (cake filtration). On
l’utilise en général pour la filtration de suspensions assez fortement chargées en matières
solides.

 Filtration sur précouche : le média filtrant a dans ce cas des orifices de taille
supérieure aux particules à filtrer. Néanmoins certaines particules (tailles et formes diverses)
sont retenues et après une courte période, une couche de solide se forme assurant la filtration à
la taille requise. On parle alors de filtration sur précouche. La solution ayant servi à former la
précouche, non complètement clarifiée, peut-être recyclée.

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 Filtration sur masse poreuse, ou filtration en profondeur : On fait s’écouler la


suspension à travers une masse poreuse (couche de sable ou de graviers, particules
agglomérées sous forme de disques, cylindres, bougies, etc.). Il existe, entre les grains, des
pores tortueux, dont les dimensions sont en général très supérieures à celles des particules de
la suspension. L’expérience prouve cependant que des particules de la suspension vont se
loger dans les pores de la masse poreuse en se coinçant entre des grains ou en se déposant
dans des anfractuosités, ou en se collant contre les surfaces des grains. Il s’ensuit un
colmatage progressif de la masse poreuse. Il y a alors accumulation de solide en profondeur,
sans formation de gateau. Le filtrat sortira plus ou moins pur suivant la texture de cette masse,
la forme des particules à retenir et leur répartition granulométrique, les propriétés physico-
chimiques des particules et du filtrat, l’épaisseur de la couche filtrante, le temps, le débit de
suspension, etc. Lorsque le lit est saturé, soit il y a perçage (des particules solides finissent par
traverser le lit, soit il y a colmatage. Dans le cas d’un filtre à sable, un contre-lavage avec
mise en fluidisation du lit permet de recommencer un cycle de filtration. Cette filtration, dite
dans la masse, sur lit de sable ou en profondeur (deep filtration), est en général utilisée
pour les suspensions relativement peu chargées en matières solides, celles-ci étant presque
toujours des impuretés.

3. PRESSION DE FILTRATION

Dans le cas de la filtration sur support comme dans celui de la filtration en profondeur, il est
nécessaire de fournir une certaine énergie à la suspension pour arriver à lui faire traverser le
filtre : lorsqu’un filtre dans la masse se colmate, sa résistance à l’écoulement croît et il en est
de même quand l’épaisseur du gâteau augmente lors d’une filtration sur support.
Une pression n’étant pas autre chose que l’énergie du fluide par unité de volume, il faut
donc qu’il existe une différence de pression entre l’amont et l’aval de l’élément filtrant. La
P, force motrice de la filtration, peut être obtenue par:

 mise en pression de la suspension à filtrer (jusqu'à quelques bars),


 mise sous vide en aval du filtre, la suspension étant alors en général à pression
atmosphérique.
 gravité (hauteur de suspension au dessus du media filtrant), uniquement dans le cas de
filtration de fluides liquides.

Par ailleurs, la résistance à l’écoulement croissant avec le temps, on conçoit que, si le filtre est
alimenté sous pression constante, le débit diminue dans le temps, tandis que, si l’on désire un
débit constant, il est nécessaire d’accroître régulièrement la pression de filtration.
Schématiquement donc, on peut envisager des filtres fonctionnant sous pression constante, à
débit constant, ou à débit et pression variables. Les filtres sous vide travaillent généralement
sous pression constante, cette pression étant l’écart entre la pression atmosphérique et le vide
sensiblement constant fourni par une pompe à vide par exemple.

4. CARACTERISTIQUES DES FILTRES ET MECANISMES DE FILTRATION

Un filtre est caractérisé par trois critères principaux :

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 la perte de charge ;
 l’efficacité de récupération ;
 la durée de vie reliée à son endurance et à sa capacité d’accumulation.

Les mécanismes de capture et de rétention des particules solides (particules, poussières), sont
très complexes et inter-dépendants. On admet que les principaux mécanismes de capture lors
de la filtration sont l’effet de tamis, l’effet d’inertie, l’effet d’impact et l’effet de diffusion.

a) L’interception directe

C’est un mécanisme idéal qui correspond à l’interception de particules portées par des lignes
de courant et non déviées par des phénomènes inertiels ou autres. Les particules de diamètre
dp contenues dans le courant gazeux, seront interceptées par la cible de diamètre Dc.
L’efficacité de capture par interception est alors directement proportionnelle au rapport )2.

b) L’interception inertielle (impaction

Il s’agit de la collection liée aux effets d’accélération de l’écoulement (liés aux changements
de directions). Compte tenu de l’inertie des particules plus importante que celle des gaz
(ρpρg), la particule ne peut s’adapter aux changements de direction du gaz et vient se
collecter sur la cible.

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c) Interception diffusionnelle

Les mécanismes d’interception inertielle ou directe ne jouent plus pour les particules
submicroniques Le mécanisme primordial devient alors l’interception diffusionnelle liée au
movement brownien. Dans un gaz, les particules sont considérées comme des molécules
particulières possédant leur propre coefficient de diffusion.

d) Interception gravitaire

Il s’agit d’un mécanisme mineur pour les petites particules qui fait intervenir le nombre de
gravite Ng qui compare la vitesse terminale de chute des particules et la vitesse de filtration.

Ng =

e) Effet tamis

Il est mineur et intervient surtout dans les systèmes à colmatage sévère, phénomène que l’on
cherche généralement à éviter. L’empilement des cibles est représenté, selon le modèle de
Kozeny, par des canaux en parallèle de diamètre hydraulique DH présentant la même surface
interne que les cibles et représentant la même porosité pour le milieu poreux.

DH = =

Pour les fibres de diamètre Df : =

Pour des sphères de diamètres Ds : =

f) Efficacité d’un filtre

Pour un débit de gaz G, une concentration en poussières Cs et des indices 1 et 2,


respectivement en amont et en aval du filtre, l’efficacité totale s’exprime par :

On utilise également la perméance : Pe = 1-

Ou le coefficient d’épuration : Ce = =

Le nombre d’unités de transfert est alors égale à

NUT = Ln Pe

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5. THEORIE DE LA FILTRATION

En filtration sur support, la suspension à filtrer est introduite sous pression dans une
capacité fermée par une toile (support) sur laquelle les particules vont se déposer, tandis que
le filtrat sera récupéré au-delà.

Les lois de la filtration sur support sont obtenues à partir de l’équation de Kozeny-Carman
que l’on applique à une couche élémentaire de gâteau d’épaisseur dz.

= hk µ.um

D’autre part,

Alors :


=Ω

où dV est le volume de filtrat écoulé pendant le temps dt à travers une aire de section Ω et
est le débit de filtrat.

Le débit de filtrat, à travers le média filtrant est directement proportionnel à :


- la perméabilité du milieu ;
- l’aire de la surface de filtration Ω
- la perte de charge P
et inversément proportionnel à l’épaisseur Z du média de filtration.

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 
Ω = (*)

La résistance hydraulique globale se compose de deux résistances en série :


- la résistance du support de filtration Rs (ou perméabilité Bs) et d’épaisseur Zs
- la résistance du gâteau Rg (ou perméabilité Bg) et d’épaisseur Zg, qui augmente en cours de
la filtration, puisque l'épaisseur du gâteau croît au fur et à mesure que les particules solides
s'accumulent.

Si : Ps est la perte de charge traversant le support de filtration, Pg est la perte de charge à
travers le gâteau, alors
P = Ps + Pg est la perte de charge globale.

Pour intégrer une équation différentielle comme (*), il est nécessaire de connaître les termes
que l’on peut considérer comme constants (en toute rigueur ou en première approximation, et
ceux qui sont susceptibles de varier de façon sensible tq V, t, Z et P, ag et . Cela conduit à
examiner :

 d’une part le cas idéal des gâteaux incompressibles (qui pourra être, au mieux,
considéré comme une approche acceptable de certaines filtrations) ;
 et d’autre part le cas général des gâteaux compressibles.

Dans le cas d’une filtration idéale (gâteau incompressible), on suppose que les
particules du gâteau sont parfaitement rigides et ne peuvent pas être tassées, quels que soient
les efforts appliqués au gâteau. Dans ce cas, εz et ag sont constantes dans toute l’épaisseur du
gâteau, quelle que soit la pression de filtration appliquée.

On peut relier le volume de filtrat avec l’épaisseur du gâteau. Aussi l’épaisseur du gâteau
pourrait être proportionnelle au volume de l’alimentation.

De plus, l’obtention de la masse Mg de gâteau, au temps t, correspond à la disparition d’un


certain volume de suspension, donc à l’écoulement d’un certain volume de filtrat V. On peut
ainsi poser :

Mg = W (V + ΩZ)

W = rapport des poids solides dans la suspension au volume du liquide dans la suspension

La masse de gâteau déposée au temps t (Mg) est par ailleurs égale à :

Mg = s (1- ) Ω Z

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En négligeant ΩZ devant V ( ΩZ  V )

En remplaçant dans l’expression de la vitesse um


=

Alors


= avec

L’équation ainsi obtenue est l’équation de base de la filtration en terme de perte de charge à
travers le gâteau formé seul. Si est considéré comme constant, cela signifie que le gâteau se
dépose régulièrement et que sa texture reste la même pendant toute la durée de la filtration.
Ceci signifie que le gâteau est homogène et incompressible ; ce qui en réalité n’est pas
toujours le cas.

Dans le cas ou la résistance du support n’est pas négligeable, on introduit dans l’équation
précédente une résistance supplémentaire Rs, qui correspondrait à la résistance du média
filtrant lui-même (feutre, tissu, grille, etc…) et de l’appareil lui-même. L’équation de la
filtration s’exprime alors par :


=

Par convenance, en analysant les résultats expérimentaux, il pourrait être plus intéressant
d’exprimer les résistances par rapport au volume de filtrat équivalent.


=

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Vs, correspondrait alors à la formation d’un gâteau fictif, d’épaiseur Zs, dont la résistance est
égale à la résistance du support.

5.1 Intégration de l’équation de la filtration

Il est intéressant de connaître le volume filtré pendant un temps. P constitue en fait la


différence de pression entre l'amont et l'aval du filtre soit la perte de charge subie par le
liquide à la traversée du filtre et du gâteau. On admettra que le gâteau est incompressible ce
qui n'est pas vrai du tout si les particules présentent une certaine plasticité ou si ce sont des
agglomérats pouvant se briser sous l'action de la pression. De toute manière, tous les gâteaux
sont plus ou moins tassables.
Le raisonnement doit prendre en compte que dans les premiers instants de la filtration la perte
de charge est provoquée par la résistance de la membrane de filtration et par la résistance des
premières couches de gâteau qui ont une structure particulière et obstruent en partie les pores
de la membrane. On définit donc ZG l'épaisseur du gâteau et ZS l'épaisseur de gâteau qui
offrirait une résistance équivalente à celle du support et des premières couches.

On peut concevoir deux types de filtration:

 filtration à pression constante: on régule la différence de pression amont-aval à une


valeur constante. L’épaisseur du gâteau augmentant au cours du temps, la vitesse de
filtration va donc diminuer sous l’effet de l’augmentation de la perte de charge. C’est
la filtration la plus utilisée dans l’industrie.

 filtration à débit constant : on augmente au cours du temps la différence de pression


amont-aval pour garder un débit constant malgré l’augmentation de perte de charge.

5.1.1 Filtration à pression constante

L’intégration de l’équation de la filtration à P constant,




t=

t est le temps nécessaire pour obtenir le volume de filtrat V. La solution nécessite la


connaissance des 2 paramètres et Vs qui sont des caractéristiques spécifiques du gâteau
formé et de l’appareil de filtration.

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peut être évaluée à partir de et ag s’ils sont connus.


Vs doit être déterminé expérimentalement pour les conditions opératoires requises.
Pour cette raison, en pratique, on évalue et Vs au moyen d’expériences et en formulant
l’équation de filtration par :



En posant

 
a= et b = , l’équation s’écrit alors :
 

= f(V) est une droite qui permet de déterminer et Vs.

5.1.2 Filtration à débit constant

 
On posant a = et b= l’intégration de l’équation de la

filtration à constant conduit à :

P = a V + b

5.1.3 Gâteau compressible

On conçoit aisément que la pression appliquée à la suspension influe, de façon plus ou


moins importante, sur la structure du gâteau. Même si les particules élémentaires présentent
une certaine rigidité, que l’on peut raisonnablement considérer comme infinie pour certains
matériaux, le gâteau qu’elles forment est toujours plus ou moins tassable ; c’est-à-dire que sa
structure, donc sa résistance à l’écoulement et donc sa résistance spécifique, dépendent des
conditions de pression utilisées. La compressibilité est encore plus sensible si l’on a affaire
soit à des particules présentant une certaine élasticité ou plasticité, soit à des agglomérats de
particules (flocons), que des pressions, même assez faibles, peuvent déformer ou briser. Donc
la résistance du gâteau n’est plus constante. Cependant on pourra utiliser toutes les relations
établies pour la filtration idéale, sous réserve d’y remplacer α par .

Cette résistance spécifique moyenne ( ) apparaît donc comme une fonction de la pression de
filtration Δp. Dans de nombreux cas, le report des valeurs de ( en fonction de Δp en

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coordonnées logarithmiques se traduit, au moins dans certains intervalles de pressions, par


une représentation linéaire à laquelle correspond une relation de la forme :

= 

Le deuxième terme étant souvent négligeable devant le second, ce qui permet d’écrire :

= 

n étant parfois appelé coefficient de compressibilité du matériau. Il est de l’ordre de 0,1


pour des matériaux peu compressibles, mais peut atteindre des valeurs de l’ordre de 1 ou
supérieures à 1 pour des produits très compressibles.

Exemple

Considérons la filtration sous pression constante d’une suspension donnant naissance à un


gâteau compressible et, pour simplifier le calcul, supposons que le support a une résistance à
l’écoulement (Rs) négligeable.

D’après l’équation de la filtration à pression constante, on peut écrire :

Si l’on reporte la valeur de il vient :

On voit donc que :

 pour n < 1, Δp1 − n est une fonction croissante de Δp et toute augmentation de la


pression de filtration se traduit par une augmentation du volume de filtrat recueilli ;

 en revanche, pour n > 1, un accroissement de pression se traduit par une diminution de


ce volume.

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6. LES FILTRES A MANCHES

Les filtres à manches constituent une sous-famille de la classe des séparateurs à


couche filtrante, parmi lesquels on trouve aussi les filtres à gravier, les filtres céramiques et
les filtres en métal fritté.
On désigne sous le nom de filtres à manche des dépoussiéreurs à couche filtrante sur
supportdans lesquels l’air chargé de poussières va traverser une couche filtrante sur laquelle
les particules vont se déposer. Contrairement à ce qui se passe dans les séparateurs de type
cyclonique, dans lesquels les particules sont éliminées en continu, ici il y a accumulation et,
périodiquement, les poussières doivent être séparées par un procédé de nettoyage (contre-
pression, vibration …).
Les filtres peuvent être à haute efficacité, et utilisés dans le nucléaire et dans les salles
blanches, ou bien d'efficacité normale. Dans le premier cas, les poussières accumulées sont
souvent éliminées avec le média filtrant lui-même, car on change des cassettes entières, alors
que, dans le second cas, les supports filtrants durent plusieurs années. De plus, dans le cas
d'un filtre à haute efficacité, on est presque toujours amené à protéger le filtre par un préfiltre,
de façon à limiter la fréquence de changement des médias.

6.1 Classification des filtres sur support

On considère généralement 3 classes de filtres :

 Les filtres Moyenne Efficacité (ME), efficaces au delà de 3 µm et qui constituent les
filtres industriels classiques à grands débits. Ils peuvent être utilisés en premier étage d’une
unité de séparation. Constitués de grosses fibres de diamètre ( de l’ordre de 30 à 50 µm), ils
sont totalement inefficaces sur les aérosols atmosphériques naturels (constitués à plus de 99 %
de particules submicroniques). Ils sont couramment utilisés en dépoussiérage primaire ou
décendrage dans l’industrie.

 Les filtres Haute Efficacité (HE), efficaces sur les particules microniques,
éventuellement utilisés en second étage derrière les filtres ME ou en premier étage devant un
filtre THE. Ils sont constitués de fibres de 1 à10 µm de diamètre.

 Les filtres Très Haute Efficacité (THE), efficaces sur les particules submicroniques et
constitués de fibres de diamètre inférieur ou égal à 1 µm.

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6.2 Principe de fonctionnement

Le média filtrant est en général agencé en manches constituées de grandes chaussettes


de tissu ou de feutre, d'une longueur variant entre 3 et 6 m et d'un diamètre de 150 mm
environ. Ces manches sont en général suspendues par le haut. Il existe d'autres types de
manches et d'autres arrangements, mais le principe reste le même. Dans le schéma de la
figure 24, les gaz sont alimentés par le bas et à l'intérieur des manches, traversent les manches
et sont évacués par la partie haute. Les poussières sont donc collectées à l'intérieur des
manches. Rien n'oblige à avoir un tel arrangement et il est parfaitement possible d'avoir des
filtres dans lesquels les poussières sont collectées à l'extérieur, ou bien dans lesquels les gaz
circulent de haut en bas.

Dans le schéma de la figure suivante, l’air est alimenté par le bas et à l'intérieur des
manches, il traverse les manches et est évacué par la partie haute. Les poussières sont donc
collectées à l'intérieur des manches. Rien n'oblige à avoir un tel arrangement et il est
parfaitement possible d'avoir des filtres dans lesquels les poussières sont collectées à
l'extérieur, ou bien dans lesquels l’air circule de haut en bas.

 La surface filtrante est constituée par la somme des surfaces de chaque manche. La
surface effective, elle, ne prend en compte que la surface active à un moment donné. En effet,
pour les grosses unités, il est commun de subdiviser le filtre en compartiments et on peut très
bien avoir un compartiment inactif à un moment donné.
 La vitesse de filtration est un élément essentiel et est très liée au média filtrant utilisé
et à l'application. La vitesse de filtration s'obtient en divisant le débit effectif par la surface
active. Cette vitesse est en général assez faible et comprise usuellement entre 0,01 et 0,1 m/s.
L'absence de théorie suffisamment avancée oblige à sélectionner cette vitesse à partir
d'expériences ou de ce qui se fait déjà. Toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de
la température doit conduire à abaisser la vitesse retenue car la viscosité du gaz augmente. De
même, des particules plus fines que celles de référence doivent conduire à abaisser les
vitesses.

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 Un dispositif de nettoyage par contre-soufflage de gaz, par secouage mécanique ou par


une impulsion d'air sous pression à contre-courant est toujours présent.
 Les solides collectés tombent dans une trémie et sont évacués par des vis, des écluses
ou des sas rotatifs.

La tendance aujourd'hui est à l'utilisation de manches verticales plutôt


longues (> 5 m), avec un décolmatage par air pulsé, une captation des poussières
côté externe et de l’air qui circule de bas en haut.

6.3 Médias filtrants utilisés

Plusieurs types de fibres sont disponibles sur le marché. Les critères de sélection
seront donc de deux natures : technique et économique.
Il n'y a plus guère d'applications pour les fibres naturelles, comme la laine, le lin et le coton.
Du point de vue chimique, on retiendra qu'il faut prendre en compte la résistance aux agents
oxydants (oxygène de l'air et oxydes d'azote), aux acides et aux bases. La résistance à la
température est capitale. Il faudra distinguer entre la température en marche normale et la
température qui peut être atteinte lors de pointes.

Le tissu classique, employé presque exclusivement jusque dans le début des années
1970, a tendance à perdre du terrain face à l'aiguilleté. Plusieurs types de tissage, symétriques
ou asymétriques sont proposés. L'incidence sur les propriétés dépasse le cadre de cet article,
mais il y a des effets marqués sur la résistance à la déchirure.

Les feutres aiguilletés sont obtenus par l'insertion, dans une grille de fibres, d'une
masse de fibres élémentaires comprimées mécaniquement, sans recours à un produit liant. Les
feutres aiguilletés peuvent être fabriqués à partir de n'importe quelle qualité de fibres. Les
feutres classiques ne sont plus guère utilisés à cause de leur manque de souplesse.

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On a tendance à préférer les tissés quand le nettoyage se fait par secouage ou par flux d'air
inversé. Pour le nettoyage par air pulsé, on utilise presque exclusivement les aiguilletés.

Toutefois, chaque application étant assez spécifique, il n'est pas rare de voir des exceptions.
Le tissu support de filtration a en général une épaisseur de 1,5 à 2 mm et une masse spécifique
de l'ordre de 500 g/m2.

Les médias membranés, obtenus par placage d'une membrane poreuse aux gaz,
connaissent un essor marqué malgré leur prix très élevé. Ils permettent en général des vitesses
de filtration plus importantes et ne peuvent absolument pas s'encrasser à cœur. On ne peut pas
dire que les médias chers comme le Téflon ont supplanté les matériaux meilleur marché. Tout
d'abord, même si la limitation en température reste sérieuse, on a souvent la possibilité de
bipasser temporairement le filtre en cas de pic de température. La part importante du coût des
manches dans un filtre par rapport au total pousse toujours à rechercher le média le moins
cher.

La fibre de verre, pour cette raison, avec ses excellentes propriétés de tenue aux
acides et aux bases, même si, sauf si elle est utilisée sous forme de membrane, elle a des
caractéristiques de filtration moins bonnes que certaines fibres synthétiques, reste très utilisée.
La figure 23 donne un exemple de deux types de médias.

Les différents types de matériau utilisés pour constituer les médias filtrants sont donnés dans
le tableau suivant.

Température Température
maximale en maximale en Résistance
Résistance Résistance
Fibre continu pointe aux
aux acides aux bases
oxydants
(C) (C)
Coton 90 120 Bonne Mauvaise Bonne
Laine 100 130 Bonne Bonne Mauvaise
Polyimide Assez
180 240 Bonne Bonne
(P84) bonne
Assez
Polyamides 100 110 Moyenne Bonne
bonne
Polyester 150 180 Bonne Bonne Moyenne
Bonne (sauf
Verre 250 310 Bonne Moyenne
HF)
Polyaramides 200 250 Médiocre Moyenne Bonne
Fluorocarbones 260 280 Bonne Bonne Bonne
Polypropylène 100 120 Bonne Bonne Bonne
Polysulfure
170 190 Médiocre Bonne Bonne
(Ryton)

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6.4 Nettoyage et décolmatage des filtres

Une classification des filtres est également effectuée en fonction de leur mode de
régénération. Hormis les techniques de dépoussiérage ultrasoniques pratiquement
abandonnées, trois grands types de nettoyage des manches sont disponibles :

 le secouage mécanique;
 le nettoyage à contre courant (inversion de flux) ;
 le nettoyage pneumatique (onde de pression).

6.4.1 Le nettoyage par secouage (shaking, en anglais)

Ce. procédé est historiquement le plus ancien mode de


nettoyage des manches d'un filtre.. La partie
supérieure des manches est accrochée à un dispositif
mécanique qui va imprimer un mouvement vertical,
horizontal, ou une combinaison des deux. Ce
mouvement va induire une onde de déformation sur
la toile qui fissure le gâteau de poussière déposé et
provoquer sa chute. La durée pendant laquelle ce
secouage est appliqué est de l'ordre de 15 à 30 s. Le
nettoyage par secouage présente les avantages d'une
fatigue relativement limitée des manches, mais
l'inconvénient associé à toute la mécanique du
secouage, en particulier du point de vue de la
maintenance.

6.4.2 Le nettoyage à contre courant

Les filtres à nettoyage par contre-flux


de gaz (reverse air en anglais)
doivent être compartimentés. Pendant
le nettoyage, le flux de gaz dans un
compartiment est stoppé et un gaz
propre, qui peut être de l'air ou tout
simplement le gaz que l'on vient de
filtrer, est forcé dans la direction
opposée à celle de la filtration, à
travers les manches. Le schéma de la
figure suivante visualise l'opération
pour deux compartiments, l'un en
filtration, l'autre en nettoyage.

Un tel dispositif est très doux pour les manches qui, dans les cas favorables, peuvent être
conservées 5 à 6 ans. Le dispositif est particulièrement économique, simple et ne requiert pas
de système mécaniques complexes.

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6.4.3 Le nettoyage pneumatique

Dans ce cas la poussière est généralement déposée à l’extérieur des manches plus ou moins
« tendues » sur une armature métallique. Le nettoyage s’effectue par injection sous pression
d’air (4 à 7 bars) à l’intérieur de la manche, généralement par le biais d'un orifice situé près de
son extrémité ouverte. Une vanne à ouverture rapide va laisser passer une impulsion d'air,
représentant une dizaine de litres pendant une période de 100 à 500 ms. Le jet d'air sous
pression, qui s'étend et se propage à l'intérieur de la manche, génère une onde de pression et
une onde de déformation qui provoque l’expansion de la manche et permettre au gâteau de
poussières collecté de se décrocher.

Ce type de décolmatage est particulièrement bien adapté aux filtres modernes utilisant des
médias aiguilletés et permet le décolmatage en ligne. Dans ce mode, il n'est pas nécessaire
d'isoler tout un caisson et, durant le décolmatage, les manches voisines peuvent continuer à
opérer. En outre, la consommation énergétique est importante et peut représenter jusqu'à 40 %
de l'énergie consommée par le ventilateur de tirage principal. À titre de comparaison, un filtre
décolmaté par air inverse peut consommer jusqu'à 7 fois moins d'énergie pour le décolmatage
qu'un filtre à air pulsé. En revanche, les manches sont plus sollicitées et leur usure peut être
plus rapide qu'en air inverse.

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