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LES STREPTOCOCCACEAE

La famille des Streptococcaceae comporte les genres : Streptococcus, Enterococcus et Lactococcus


1- Genre Streptococcus : Découvert par Pasteur en 1879. Les Streptocoques sont des cocci à Gram
positif disposés souvent en chainette, aéro-anaérobies facultatifs à métabolisme fermentatif,
catalase négative. Ce sont des germes très fragiles ; nécessitent des milieux de culture enrichis.
Le genre Streptococcus comprend plusieurs espèces:
- Des espèces classées en groupes différents (A, B, C, D,… etc.).
- Une espèce distincte appelée Streptococcus pneumoniae (anciennement appelé diplococcus).
Classification :
 Selon l’aspect de l’hémolyse entourant les colonies sur gélose au sang frais, on distingue :
- Les Streptocoques beta-hémolytiques (lyse complète autour des colonies)
- Les Streptocoques alpha- hémolytiques (lyse incomplète avec reflet verdâtre autour des
colonies. Ces Streptocoques sont dits « viridans »
- Les Streptocoques non hémolytiques.
 Selon la classification de LANCEFIELD basée sur la présence dans la paroi des Streptocoques du
polysaccharide C (polyosideC) dont la composition et les propriétés antigéniques variables
permettent de définir :
- 18 groupes sérologiques désignés de A à H et de K à T.
- Les Streptocoques ne possédant pas de polyoside C sont non groupables.
A-Streptocoque pyogenes (Streptocoques du groupe A beta- hémolytique)
1-Habitat et pouvoir pathogène : germe strict ou commensal du pharynx et amygdales de l’homme
(surtout chez l’enfant), anus, flore vaginale. Les maladies les plus fréquemment rencontrées sont
- l’angine érythémateuse (érythémato-pultacée) streptococcique.
- Les Streptococcies cutanées (impétigo, pyodermite, érysipèle, surinfection de brulures, otites)
- Les Streptococcies rares et graves (Scarlatine, fièvre puerpérale, bactériémie, etc.)
- Les complications post- streptococciques (RAA. GNA, etc.) plus rares de nos jours.
2-Etude bactériologique :
a- Morphologie : les Streptocoques du groupe A se présentent comme des cocci Gram positif
sphériques ou ovoïdes de 0,6 à 1 µ de diamètre, acapsulés, asporulés, immobiles, isolés en
diplocoques et souvent en courte chainette flexueuse, parfois longue chainette
b- Caractères culturaux : aéro-anaérobies facultatifs, fragiles et exigeants certaines conditions pour
leur culture (gélose au sang, PH optimal de 7,2 a 7,4 et température de 35 o C à 37oC).
- Sur bouillon nutritif: Partie supérieure du bouillon claire avec dépôt granuleux en « mie de
pain »
- Sur BGT (Bouillon glucosé tamponné) : culture abondante caractérisée par un trouble avec
dépôt granuleux
- Sur gélose nutritive : petites colonies transparentes, à bord régulier dites en « goutte de rosée »
-  Sur gélose au sang frais : colonies entourées d’une auréole claire d’hémolyse complète bien
limitée appelée hémolyse Beta
3-Caractères biochimiques
- Catalase négative (caractère différentiel avec les Staphylocoques qui sont catalase positive).
- Résistants à l’optochine (ethyl hydoxycupreine), caractère différentiel avec Streptocoque
pneumoniae.
- Sensibles à la bacitracine.
- Fermentation des sucres sans gaz (Mannitol, esculine, sorbitol, etc.)
- Non lysés par la bile ou sels biliaires « épreuve de NEUFELD »
Actuellement la galerie Api-Strept permet un meilleur diagnostic différentiel des Streptocoques en 24 h.
4-Structure antigénique : la constitution de la paroi des Streptocoques est tres complexe, on distingue
principalement :
- Le polyoside C : antigène de la paroi spécifique de chaque groupe selon la classification de Miss
LANCEFIELD, 18 groupes sont décrits (de A à H et de K à T). Les Streptocoques dépourvus du
polyoside C sont dits non groupables. Cet antigène ne provoque pas la formation d’anticorps
(non immunogène).
- La protéine M : antigène spécifique de type au sein du groupe Ex : groupe A comporte 60
sérotypes d’A1, A2, ………..A60). Cet antigène est responsable de la virulence des Streptocoques,
suscite la formation des anticorps (immunogène).
- La protéine T : permet le typage épidémiologique des Streptocoques de groupe A ; actuellement
complété par les techniques de biologie moléculaire
5-Substances élaborées par les Streptocoques de groupe A beta- hémolytiques : Les Streptocoques
produisent de nombreuses substances toxiques à pouvoir antigénique ± marqué, on distingue:
Les toxines :
- La streptolysine « O » : très active sur les globules rouges, très toxique et antigénique{ entrainant
la formation des anticorps antistreptolysine « O » (ASLO)} recherchés en cas du rhumatisme
articulaire aigu (RAA).
- La streptolysine « S » : très active et toxique, non antigénique(ne provoque pas l’apparition
d’anticorps).
- La toxine érythrogene : synthétisée par certaines souches de Streptocoques de groupe A,
responsable de l’éruption cutanée de la scarlatine, entrainant la formation d’une antitoxine
assurant une bonne immunité.
Les enzymes :
- La streptokinase (fibrinolysine) : responsable de la lyse de la fibrine en activant le plasminogene
en plasmine, antigénique ; entrainant la formation d’antistreptokinase(ASK) dont le titrage est
utilisé pour le diagnostic du RAA.
- La streptodornase(Dnase) : enzyme dépolymérisant l’ADN, il existe 04 types (A, B, C, D), seuls les
anticorps anti streptodornase B qui sont élevés au cours du RAA.
- La hyaluronidase : enzyme dépolymérisant le tissu conjonctif, induit la formation d’anticorps anti
hyaluronidase (ASH).
6-Diagnostic bactériologique :
1- Diagnostic direct : c’est la mise en évidence par l’examen direct (microscopique) et la culture sur
gélose au sang frais des Streptocoques du groupe A.
Les prélèvements varient en fonction de la localisation de l’infection (Pvt de gorge, pus, sérosités,
épanchement, hémoculture).
Le prélèvement de gorge est le cas le plus couramment effectué au laboratoire.
Prélèvement : doit être fait très largement sur toute la surface des loges amygdaliennes à l’aide de
deux écouvillons (un sert pour l’examen direct et l’autre pour la culture).
Examen direct (microscopique) : en cas d’angine streptococcique on observe de nombreuses cocci
Gram positif en diplocoque ou en chainette ± longue.
Culture :
- ensemencement direct à partir de l’écouvillon ou après essorage préalable de l’écouvillon dans
un bouillon glucosé tamponné (BGT) ou bouillon de TODD HEWITT.
- ensemencer 01 à 02 gouttes de la suspension en BGT ou du bouillon TODD HEWITT sur :
- gélose au sang frais (5% de sang défibrine de cheval ou mouton) ou
- sur milieu sélectif (gélose ANC : acide nalidixique+colimycine)
- Mettre un disque de la bacitracine sur la partie riche en streptocoques et un disque d’optochine
à coté, respecté la distance entre les deux disques environ 4 cm.
- Pour l’hémoculture, en cas d’endocardite streptococcique : Procéder de la même façon que
celle du prélèvement de gorge, mais en plus :
- ensemencer une gélose molle de REILLY qui permet la culture en anaérobiose et incuber à 37 o C
pendant 24 h et faire des repiquages sur gélose au sang tous les 04 jours.
- L’identification est faite de la même façon que celle du prélèvement de gorge.
Identification
- Recherche de la Catalase qui est négative pour les streptocoques.
- Recherche de la sensibilité à la bacitracine(les Streptocoques de groupe A sont sensibles à cet
antibiotique) c’est à dire pas de culture autour des colonies.
- Recherche de la résistance à l’optochine (les Streptocoques de groupe A sont résistants à
l’optochine ; c'est-à-dire ils poussent même prés du disque d’optochine).
- Recherche de la lyse par la bile ou sels biliaires (les Streptocoques de groupe A ne sont pas lysés)
caractère différentiel avec Streptocoque pneumoniae qui est lysé par la bile.
2- Diagnostic indirect :
- Recherche et titrage de l’antistreptolysine « O » dans le sérum du malade (VN<200UI/ml) permet
le diagnostic d’infection post-streptococcique.
- Au cas où il n’y a pas d’élévation des ASLO :
- Recherche et titrage des streptodornase B (ASD B)
- Recherche et titrage des streptokinase (ASK)
- Recherche et serotypage par la méthode de Miss LANCEFIELD permet de connaitre le sérotype
dans le groupe A qui comporte 60 sérotypes.
B- Streptocoque agalactiae (Streptocoque de groupe B)  : Cultivé sur gélose au sang, donne des colonies
beta- hémolytiques. Sur la base du polysaccharide C de la paroi, on distingue les sérotypes du groupe B
(Ia, Ib, II, VI).
Considéré comme agent pathogène des animaux, mais trouvé aussi dans la flore vaginale de la femme.
Commensal du tube digestif et voies aériennes de l’homme. Provoque une infection néonatale chez le
nouveau-né. Chez l’adulte, les infections sont variées (infections post-partum, infections urinaires,
arthrites, péritonites, etc.). La pénicilline G reste l’antibiotique le plus actif sur les streptocoques de
groupe B.
C- streptocoques viridans (non groupables) :Espèces dépourvues d’antigène spécifique de groupe
(polyoside C) , donnent parfois des colonies sur gélose au sang avec une hémolyse type alpha (verdatre).
Ce sont des commensaux de la cavité buccale et l’intestin de l’homme. Responsables d’infections bucco-
dentaires, menant parfois jusqu'à l’endocardite surtout chez les sujets jeunes ayant une cardiopathie
préexistante. En cas d’endocardite, le traitement par la pénicilline et un aminoside donne de bon
résultat.
D-Streptocoques de groupe C, G : Ont les mêmes propriétés que les Streptocoques de groupe A,
causent des infections rares, mais sévères surtout les complications post-streptococciques
(glomérulonéphrite aigue) qui sont actuellement rares.
E- Streptocoques de groupe D(Entérocoques)  : Sont des cocci Gram positif, disposés en diplocoques,
commensaux du tube digestif et rencontrés dans le milieu extérieur. Ils peuvent survivre longtemps
dans celui-ci ; ainsi la découverte d'entérocoques dans les eaux ou les aliments signe une contamination
fécale d'origine humaine ou animale. Responsables d’infections urinaires et d’endocardites, poussent
facilement sur milieux ordinaires (non exigeants), sont moins sensibles aux antibiotiques que les autres
Streptocoques.

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