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LISTERIA MONOCYTOGENES

Faculté de médecine de Blida


Enseignement en microbiologie
médicale Résidents en 1èreannée
Décembre 2016
Cours de Bactériologie Médicale

Pr R. Belouni
I. INTRODUCTION

Bacille à Gram positif :


-environnement (eau, sol, végétaux)
-monde animal (ovins, bovins…)
1.Listériose humaine: transmise par des aliments contaminés,touche
des populations fragilisées : immuno-déprimés, personnes âgées,
femmes enceinte et nouveau-nés.
se manifeste par des méningites,septicémies, avortements et diarrhées
(gastro-entérites).
2.Listériose animale : encéphalites (mouton, chèvre, bovins), de
mammites chroniques parfois asymptomatiques à l'origine de
contamination du lait et des formes génitales avec avortement.
La mortalité estimée à 25-30%.
II. HISTORIQUE- TAXONOMIE

• 1911: Hulphers décrit l'infection à Listeria monocytogenes chez le lapin


• 1912: Dumon et Conori isolent Listeria monocytogenes chez
l'homme(LCR).
• 1949: le nom de Listeria est officiellement admis en l'honneur du
Dr Lister (asepsie)
• 1955: L.ivanovii isolée par Ivanov: hémolytique, sérovar 5,pathogène chez
les ruminants.
• 1966: Listeria grayi isolée d'une selle de Chinchilla par Larsen et Seeliger
• 1971: L.innocua caractérise les souches non hémolytiques du sérovar
6a/6b
• Le genre Listeria comprend 6 espèces:
- 2 espèces pathogènes : L. monocytogenes (homme et animal), L.ivanovii
(ruminants).
- 4 espèces non pathogènes: L.innocua,L.seeligeri, L.welshimeri et L.grayi.
III. EPIDEMIOLOGIE

La listériose humaine évolue en Algérie sous forme sporadique:


- 30 cas environ notifiés depuis 1967, le sérotype 4b est dominant.
- est principalement diagnostiquée dans les pays industrialisés
- évolue sous forme sporadique et épidémique
- la 1ère épidémie de listériose humaine est déclarée en 1981 au Canada (41cas)
après consommation de salade de choux suivie de plusieurs autres épidémies
dans la plupart des pays industrialisés, causées par l'ingestion de produits de
charcuteries, viandes mais surtout laitiers et de leurs dérivés: fromages…
-La capacité de L.m à croitre +4°C explique la contamination alimentaire qui est
augmentée par un long séjour au froid (fromages à patte molle..) avant
consommation.
-De rares infections nosocomiales (croisées) ont été observées dans les
maternités (couveuses, thermomètre).
 
IV. PHYSIOPATHOLOGIE

• Porte d'entrée pour L. monocytogenes: digestive (aliments contaminés).


A partir de l'intestin, les bactéries gagnent les ganglions lymphatiques
régionaux, puis la circulation sanguine. Les monocytes véhiculent et
libèrent les bactéries dans la circulation. Les bactéries se multiplient
dans le foie et la rate qui sont les organes-cibles. La plupart du temps, le
système immunitaire contrôle l'infection chez les sujets immuno-
compétents qui font une infection inapparente
• Cependant, si l'inoculum est important ou chez les sujets fragilisés,
l'infection n'est plus contrôlée dans l'intestin, la rate et le foie aussi les
bactéries sont libérées dans la circulation sanguine, exposant le placenta
et le système nerveux central.
• Chez la femme enceinte, surtout après le 5ème mois, les bactéries
colonisent le placenta.
IV. PHYSIOPATHOLOGIE
V. POUVOIR PATHOGENE CHEZ L'HOMME
1. Voies principales de contamination materno-fœtales

• la voie hématogène transplacentaire : dès l'infection de la mère durant


le mois précédent l'accouchement, L.m gagne le placenta puis le fœtus
par voie sanguine avec pour conséquence: naissance d'un enfant
prématuré.
• La voie ascendante transmembranaire: Le point de départ est cervico-
vaginal:L.m pénètre dans la cavité amniotique avec ou sans rupture de
membranes.
• L'origine endométriale: à partir d'abcès rétro-placentaires quiescents,
soit l'enfant naitra sain mais le liquide gastrique et/ou le méconium
pourront être positif à L.m ,soit à l'inverse évoluer vers une placentite
entrainant une infection grave du fœtus ou du nouveau-né.
• La contamination durant l'accouchement: lors de la traversée de la
filière génitale contaminée.
V.POUVOIR PATHOGENE CHEZ L'HOMME
2. Les formes cliniques

• Listériose de la femme enceinte : au 3ème trimestre de la grossesse aboutit soit à un


accouchement prématuré soit à un avortement spontané.

• Listériose du nouveau-né:
- à début précoce : survient dans les 7 1ers jours suivant l’accouchement à
symptomatologie essentiellement respiratoire ( la méningite est rare).
- à début tardif : entre la 2ème semaine à la 8ème semaine de vie chez les nourrissons
nés à terme de mère à grossesse non compliquée ( plutôt méningée que
septicémie) :contamination post-natale en salle de travail ou en maternité par du
matériel, thermomètres, mains du personnel…

• Listériose de l’adulte survient chez personnes à risque : âgées,


immunodéprimés, cancéreux (méningite, septicémies)
VI. DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE
6.1 Les Prélèvements

6.1.1 Infections materno-fœtales et néo-natales


• Nouveau-né : LCR, hémoculture, liquide gastrique, méconium et
prélèvements périphériques
• Mère : lochies, placenta, LCR et hémoculture
Les urines et les prélèvements vaginaux ne sont pas adaptés au diagnostic
d'une listériose materno-fœtale.

6.1.2 Infections neuro-méningées: LCR

6.1.3 Gastro-entérites: la recherche de L.m dans les selles n'est indiquée


que dans les cas d'une gastro-entérite fébrile associée à un contexte
épidémiologique.
VI. DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE DU GENRE LISTERIA

• 6.2 Examen microscopique: petit bacille à Gram positif intra ou extra


cellulaire, sous forme isolée, en palissade ou en courte chainette
• 6.3 Culture: Prélèvements ensemencés sur gélose au sang (5%) de
mouton / cheval incubés à 35°C / atmosphère aérobie; après 18h à 36h,
apparition de petites colonies de L.m, d'aspect translucide entourées
d'une zone de bêta-hémolyse
• 6.4 principaux caractères biochimiques: Catalase+, esculine+ ( lecture en
2heures), VP+, mobile à 22°C, immobile à 37°C.
VI. DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE: IDENTIFICATION DE
L’ESPECE LISTERIA MONOCYTOGENES

Espèces Hémolyse CAMP Test Production d’acide


S.aureus R.equi Rhamnose Xylose

L. monocytog + + + + -

L. innocua - - - V -

L. ivanovii + - + - +/-

L seeligeri (+) (+) - - +

L welshimeri - - - V +

L seeligeri - - - - -
VI. DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE: IDENTIFICATION DE
L’ ESPECE LISTERIA MONOCYTOGENES

• Fermentation du L-Rhamnose et du méthyle-D-Mannoside avec


acidification sans production de gaz
galerie d'identification api Listeria
IDENTIFICATION DE L’ESPECE LISTERIA MONOCYTOGENES :
CAMP test de Christie-Atkins-Munch-Peterson :
Ensemencement:
- de S.aureus β-hémolytique (Souche 25923 et Rhodococcus equi (Souche ATCC
6939, Souche NCTC 1621) en un seul trait en traçant des lignes parallèles sur une
gélose au sang de mouton
- des souches à tester et des souches témoins perpendiculairement entre les
2 organismes indicateurs, sans qu'elles se touchent (séparées de 1 à 2 mm).
Lecture: après incubation de 24 /48 H /35°C une réaction + est visible de β-
hémolyse à l'intersection entre les souches testées et la souche indicatrice
6.5 Caractérisation des souches

6. 5.1 Sérotypie ( méthode classique de Seeliger 1979)

• Le principe repose sur l’agglutination sur lame de 15 antigènes


somatiques O (I à XV) et 5 antigènes flagellaires ( A à E), ceci permet
de définir 16 sérovars pour le genre Listeria dont 12 pour l’espèce L.
monocytogenes : 1/2a, 1/2b, 1/2c, 3a, 3b, 3c, 4a, 4ab, 4b, 4c, 4d, 4e
• Les sérovars 1/2a, 1/2b, 1/2c et 4b sont responsables de la majorité des
listérioses humaines.

6.5.2 La PCR multiplex : permet de détecter rapidement L. m


parallèlement aux autres bactéries pathogènes neuro-méningées dans
le LCR.
Typage moléculaire parélectrophotrese en champ pulsé
PFGE(Pulse Field Gel Electrophoresis)
• L’électrophorèse en champ pulsé est le résultat de la combinaison d’une
digestion par des enzymes de restriction AscI et ApaI et d’une
électrophorèse adaptée à la grande taille des produits de digestion. Le
résultat est un profil de restriction :méthode de référence pour la
détection de cas groupés ,identification source commune de contamin.
• Réalisation pratique en trois étapes : multiplication des germes à
étudier, extraction de l’ADN. l’ADN est digéré par une ou 2 enzymes de
restriction (couper le génome en fragments) : les fragments d’ADN
obtenus sont de taille comprise entre 10 kb et 800 kb. La séparation
nécessite l’emploi de deux champs électriques activés alternativement
et situés perpendiculairement l’un par rapport à l’autre.
• Sous l’effet de ces champs alternatifs, les molécules d’ADN progressent
dans l’agar et sont séparées selon leur taille: le résultat, après
révélation de l’ADN, est un profil de macro-restriction définissant un
pulsotype
 
6. Sérologie: Mise en évidence
d’anticorps anti listériolysine O (ALLO) par des tests (dot-blot ou ELISA)

• Prélèvements :
• 2 prélèvements effectués à 15 jours d’intervalle pour évaluer la
cinétique des anticorps: titre significatif doit être supérieur à 200
• Anticorps anti-listériolysine 0 (LLO) : 1/100-1/5000 dans infection aiguë
Si négatif : nouveau test à 15 jours d'intervalle
Si séroconversion : en faveur d'une infection grave
 Indication : en cas d’encéphalite /méningoencéphalite à culture négative
N’est pas indiquée :
- dans la listériose de la femme en ceinte (positivité faible et
tardiv, faux positifs en cas d’une réactivation du CMV).
- en cas de septicémie
( positivité faible et tardive chez lID).
 
Aujourd’hui, le sérodiagnostic n’est plus recommandé ( Remic 2015)
VII. ANTIBIOGRAMME ET CMI
Antibiogramme:
• Les tests de sensibilité sont effectués par la méthode de diffusion de
disque en Gélose Mueller Hinton préconisée par le CLSI.
• L.m est habituellement sensible aux antibiotiques à l’exception des
céphalosporines( C3G++) quinolones ( résistance naturelle).
• -Milieu : MH + 5% de sang de mouton -
Inoculum : 0.5 Mc Farland
• -Souches de référence : -
S. pneumoniae ATTCC 49619
• -Listeria monocytogenesATCC15313
• -Ensemencement : par écouvillonnage
• -Incubation :20 à 24 h à 35°C en atmosphère ordinaire.
• -Antibiotiques à tester : pénicilline, ampicilline, gentamicine,
chloramphénicol, tétracycline, triméthoprime/sulfaméhoxazole,
érythromycine, rifampicine.
• Pas de souche résistante à l’ ampicilline et gentamicine= traitement
VII. ANTIBIOGRAMME ET CMI

CMI
• Le CLSI préconise pour la pénicilline, l’ampicilline et le
triméthoprime/sulfaméhoxazole,la détermination des CMI par la
méthode de microdilution en milieu liquide.
• Interprétation des résultats  :
Ampicilline : ≤2µg /ml :souche sensible
Pénicilline : ≤ 2µg/ml :souche sensible
• Triméthoprime/sulfaméhoxazole : ≤ 0.5/9.5 µg
/ml :souche sensible
1/19-2/38 µg
/ml :souche intermédiaire
≥4/76 µg /ml : souche résistante

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