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SESSION 2021

UE 112 – DROIT DES SOCIÉTÉS ET


DES GROUPEMENTS d’AFFAIRES

Durée de l’épreuve : 3 heures

Le sujet comporte : 4 pages

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Ce sujet se présente sous la forme suivante :

Première partie – Cas pratique 16 points


Seconde partie – Analyse d’une décision de justice 4 points

SUJET

Première partie – Cas pratique (16 points)

Depuis qu’il est tout petit, Renaud Mars est passionné d’images 3D. C’est tout naturellement qu’il s’est
dirigé dans cette voie et qu’il a obtenu il y a trois dans un Master 2 en design 3D et animation interactive.
Après quelques expériences professionnelles variées mais de courte durée, il décide de lancer sa propre
activité et d’utiliser la réalité virtuelle dans un but thérapeutique.
Son idée est de proposer, pour des casques de réalité virtuelle, des environnements 3D destinés à réduire
la douleur et l’anxiété des patients. De plus en plus d’établissements hospitaliers et de praticiens
s’intéressent aux thérapeutiques alternatives et à la réalité virtuelle pour accompagner leurs soins, réduire
les souffrances et les prescriptions de médicaments, raccourcir les délais d’hospitalisation.
Bruno, le cousin de Renaud, qui est informaticien, est très intéressé par ce projet, de même que Lila sa
compagne qui vient de terminer sa formation dans une grande école de commerce.
La SA Mind your Healing (MyH) voit le jour en janvier 2020, avec un capital de 70.000 euros, apporté
par les trois fondateurs, huit membres de leurs familles respectives et deux investisseurs qui ont décidé de
les soutenir. Le conseil d’administration est statutairement composé de cinq membres : les trois
fondateurs et deux représentants des investisseurs. C’est tout naturellement que Renaud Mars est désigné
président du conseil d’administration ; tandis que le mandat de DG est confié à Robert Fesh,
administrateur. Ce dernier propose alors au conseil d’administration de nommer Malo Fontaine, avec qui
il a déjà travaillé par le passé, au poste de DGD. Il est néanmoins précisé dans les statuts que le DGD ne
pourra engager la société au-delà de 15.000 euros qu’avec l’accord du DG. Toutes les nominations sont
régulièrement publiées.
Robert Fesh, qui vient de démissionner de son emploi pour se consacrer pleinement au développement de
la SA MyH envisage de conclure un contrat de travail en qualité de directeur du développement
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commercial avec la société. Malo Fontaine a par ailleurs passé seul un contrat d’un montant de 18.000
euros avec une agence de communication et conclu un contrat d’approvisionnement exclusif d’une durée
de trois ans et à prix fixé pour des casques de réalité virtuelle avec la SARL Importechno dont l’associé
majoritaire est son frère ainé Audran.
Quelques semaines plus tard, Renaud et Bruno s’interrogent sur l’opportunité de ces opérations, en
particulier le prix fixe dans le contrat d’approvisionnement pour un matériel dont l’évolution
technologique est très rapide et le prix particulièrement instable.

Questions
1/ Robert Fesh peut-il conclure un contrat de travail avec la SA MyH ?
2/ Que pensez-vous des contrats conclus par Malo Fontaine ?

À l’origine du projet, Renaud Mars, ambitionnait avant tout d’apporter aide et confort aux personnes
souffrant de diverses pathologies. Il se demande si cet objectif, cette recherche d’utilité sociale, ne
pourrait pas s’incarner dans la SA MyH. Il a entendu parler de l’économie sociale et solidaire et de
l’agrément ESUS.

Questions
3/ À quelles conditions la SA MyH pourrait-elle intégrer l’Economie Sociale et Solidaire ?
4/ Quels sont les avantages de l’agrément ESUS ?

Les comptes du premier exercice ont été arrêtés en vue de l’assemblée générale ordinaire annuelle qui se
tiendra le 15 avril 2021. Soucieux de valoriser son travail et surtout d’obtenir un financement très
important auprès de la Banque de l’Ouest, Malo Fontaine a quelque peu « arrangé » les chiffres de façon
à présenter une situation plus favorable que la réalité. Ces comptes ont été présentés aux actionnaires lors
de l’assemblée générale et le financement a bien été accordé par la banque. Très vite il apparait que la
charge de l’emprunt va être trop lourde pour la jeune société et Robert Fesh découvre le rôle qu’a joué
Malo Fontaine. Très déçu, il est bien décidé à ne pas en rester là.

Questions
5/ Sur le fondement de quelles incriminations, la responsabilité pénale de Malo Fontaine pourrait-
elle être engagée ?
6/ La responsabilité civile de Malo Fontaine peut-elle être engagée ?
7/ Dans quelles conditions Malo Fontaine peut-il être révoqué ?

La société MyH est dans une situation financière délicate. Pour autant les actionnaires croient en leur
projet et en son potentiel de développement surtout en cette période de crise sanitaire. Robert Fesh
envisage de demander l’aide du tribunal de commerce pour passer ce cap difficile. Renaud est inquiet des
répercussions que pourrait avoir une telle procédure sur leur réputation et souhaiterait trouver une autre
solution.
Robert Fesh envisage également de proposer aux actionnaires de transformer la société en forme dualiste,
avec un conseil de surveillance et un directoire.
Questions
8/ Que pouvez-vous proposer à la société MyH pour faire face à ses difficultés ?
9/ La transformation de la SA en forme dualiste vous parait-elle pertinente ? À quelles conditions
pourra-t-elle intervenir ?

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Deuxième partie – Analyse d’une décision de justice (4 points)

Cour de cassation
Chambre commerciale
Audience publique du 10 juin 2020

Faits et procédure

1. Selon l'arrêt attaqué (Amiens, 21 décembre 2017), la société HQML Consult (la société HQML) et sa
filiale, la Société de menuiserie et postformage (la société SMP), toutes deux dirigées par M. M..., ont
assigné la société Roder France structures (la société Roder) notamment en paiement d'une certaine somme
au titre de commissions correspondant à l'intervention de M. M... dans la conclusion de marchés en faveur
de cette société.

2. Les sociétés HQML et SMP ont été mises respectivement en sauvegarde et en redressement judiciaire.
La Selarl [...], prise en la personne de M. I..., est intervenue à l'instance en qualité de mandataire judiciaire
de la société HQML. Mme X... et M. L... sont intervenus en leur qualité respective de mandataire et
d'administrateur judiciaires de la société SMP.

Examen des moyens

Sur le premier moyen

Enoncé du moyen

3. La société HQML et son mandataire judiciaire font grief à l'arrêt de rejeter les demandes formées par les
sociétés SMP et HQML au titre des frais de commission et de résiliation du contrat y afférent alors :
« 1°/ qu'une société régulièrement immatriculée peut reprendre les engagements souscrits par les personnes
qui ont agi en son nom, au cours de sa formation avant l'immatriculation ; qu'après avoir constaté que la
société HQML a été immatriculée le 30 juillet 2012 et que, par des échanges de courriels datant du mois de
juin 2012, M. H... M..., directeur de ladite société en formation, avait négocié sa rémunération en qualité
d'apporteur d'affaire auprès du dirigeant de la SARL Roder, ce dont il résultait que ledit contrat d'apporteur
d'affaire conclu à cette date en son nom pouvait faire l'objet d'une reprise après son immatriculation, la cour
d'appel a violé les articles 1843 du code civil et L. 210-6 du code de commerce ;
2°/ que les engagements souscrits par les fondateurs de la société en formation sont réputés avoir été
souscrits dès l'origine ; qu'en décidant le contraire pour exiger que l'acte mentionne expressément qu'il a été
conclu au nom et pour le compte de la société en formation, quand le contrat litigieux n'était soumis à
aucun formalisme légal, la cour d'appel a ajouté à la loi une condition qu'elle ne prévoit pas et partant, a
violé les articles 1843 du code civil et L. 210-6 du code de commerce ;
3°/ que l'associé d'une société non immatriculée peut contracter au nom de celle-ci en formation ; qu'en ne
recherchant pas si, indépendamment de toute mention expresse de l'acte litigieux en ce sens, les
circonstances entourant sa conclusion n'étaient pas de nature à révéler que l'acte avait été passé au nom et
pour le compte de la société HQML, alors en formation, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa
décision au regard des articles 1843 du code civil et L. 210-6 du code de commerce. »

Réponse de la Cour

4. Après avoir énoncé que l'article L. 210-6 du code de commerce dispose que les sociétés commerciales
jouissent de la personnalité morale à dater de leur immatriculation au registre du commerce et des sociétés
et que les personnes qui ont agi au nom d'une société en formation avant qu'elle ait acquis la jouissance de
la personnalité morale sont tenues solidairement et indéfiniment responsables des actes ainsi accomplis, à
moins que la société, régulièrement constituée et immatriculée, ne reprenne les engagements souscrits puis
relevé que l'accord relatif à la rémunération concernant les deux marchés conclus grâce à l'entremise de M.
M... avait été conclu avant que la société HQML ne soit immatriculée au registre du commerce et des
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sociétés, l'arrêt retient souverainement qu'aucun élément versé aux débats n'établit que cette société avait
repris expressément à son compte le contrat d'apporteur d'affaires.

4. De ces seules énonciations, constatations et appréciations, rendant inopérante la recherche invoquée par
la troisième branche, la cour d'appel a pu déduire que la demande de condamnation de la société Roder à
verser une certaine somme à titre de commissions à la société SMP, cessionnaire de la créance invoquée
par la société HQML, devait être rejetée.

5. Le moyen n'est donc pas fondé.

[…]

PAR CES MOTIFS, la Cour :

REJETTE le pourvoi ;

Questions

1/ Quels sont les faits à l’origine de cette affaire ?

2/ Quel est le problème de droit soulevé ?

3/ Quelle est la solution retenue par la Cour de cassation ?

4/ Rappelez les conditions et modalités de reprise des actes conclus pour le compte d’une société en
formation.

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