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Deborin

Lukács et sa critique du marxisme


(article paru en russe dans Sous la bannière du marxisme", n° 6-7, Juin-Juillet 1924).

Les citations :

 La dialectique se réduisait à la science des lois générales du mouvement, tant du monde
extérieur que de la pensée humaine -deux séries de lois identiques au fond, mais différentes
dans leur expression en ce sens que le cerveau humain peut les appliquer consciemment,
tandis que, dans la nature, et, jusqu'à présent, également dans la majeure partie de l'histoire
humaine, elles ne se fraient leur chemin que d'une façon inconsciente, sous la forme de la
nécessité extérieure, au milieu d'une série infinie de hasards apparents. Mais, du coup, la
dialectique des idées ne devint que le simple reflet conscient du mouvement dialectique du
monde réel […] 
p. 201-202

De même que dans toute science historique ou sociale en général, il ne faut jamais oublier, à
propos de la marche des catégories économiques, que le sujet, ici la société bourgeoise
moderne, est donné, aussi bien dans la réalité que dans le cerveau, que les catégories
expriment donc des formes d'existence, des conditions d'existence déterminées, souvent de
simples aspects particuliers de cette société déterminée, de ce sujet, […]
(Marx, Contribution à la critique de l’économie politique)
p. 202

L'existence sociale et la conscience sociale ne sont pas plus identiques que ne le sont en
général l'existence et la conscience. De ce que les hommes, lorsqu'ils entrent en rapport lés
uns avec les autres, le font comme des êtres conscients, il ne s'ensuit nullement que la
conscience sociale soit identique à l'existence sociale. Dans toutes les formations sociales plus
ou moins complexes, et surtout dans la formation sociale capitaliste, les hommes, lorsqu'ils
entrent en rapport les uns avec les autres, n'ont pas conscience des relations sociales qui
s'établissent entre eux, des lois présidant au développement de celles -ci, etc. […] La
conscience sociale reflète l'existence sociale, telle est la doctrine de Marx. L'image peut
refléter plus ou moins fidèlement l'objet, mais il est absurde de parler ici d'identité. La
conscience reflète en général l'existence, c'est là une proposition générale du matérialisme
tout entier. Et il est impossible de ne pas voir quel lien direct et indissoluble la rattache à la
proposition du matérialisme historique, d'après laquelle la conscience sociale reflète
l'existence sociale

p. 206

Le Moi est un Moi pour moi-même, en même temps qu’un Toi pour l’autre. Le Moi sujet est
en même temps objet. A quoi il faut ajouter que le Moi n’est pas l’être abstrait sur lequel
opère la philosophie idéaliste. Le Moi est un être réel. Mon corps appartient à mon être. Bien
plus : mon corps, en tant que tout, est mon Moi, mon être véritable. Ce n’est pas un être
abstrait qui pense, mais cet être réel, ce corps. Ainsi, à l’inverse de ce qu’assurent les
idéalistes, l’être réel, matériel, se révèle sujet, et la pensée prédicat. Là réside l’unique
solution possible à la contradiction entre être et pensée, où l’idéalisme s’est débattu en vain.
Par ce moyen, on n’élimine aucun des termes de la contradiction : tous deux sont conservés,
en révélant leur unité véritable.
(Plékhanov, Les questions fondamentales du marxisme)

p. 207

Citation dans le corps du texte :

« La molécule, en tant que plus petite partie de la matière capable d’une existence autonome,
est une catégorie tout à fait rationnelle, un « nœud », comme dit Hegel, dans la série infinie
des divisions, qui n’y marque pas une rupture ou un achèvement [abschliesst] mais une
différence qualitative.

(Karl Marx, lettre à F. Engels, 16 juin 1867).

p. 209

Au sujet de Hofmann, tu as tout à fait raison. Tu verras d’ailleurs dans la fin de mon
chapitre III, où est esquissée la transformation du maître-artisan en capitaliste — à la suite de
changements purement quantitatifs —, que je cite dans le texte la découverte de Hegel sur la
loi de la brusque commutation du changement purement quantitatif en changement qualitatif,
comme étant également vérifiée en histoire et dans les sciences de la nature.

(Karl Marx, lettre à Friedrich Engels, [Londres,] le 22 juin 1867)

p. 210

Citation :

Appréhender et connaître comme il faut le dialectique est de la plus haute importance.


Il est en général le principe de tout mouvement et de toute manifestation active dans
l'effectivité. De même, la dialectique est aussi l'âme de toute connaissance vraiment
scientifique. Dans notre conscience habituelle le fait de ne pas s’en tenir aux abstraites
déterminations d’entendement apparaît comme simple équité, selon l’adage : « vivre et laisser
vivre », de telle sorte que l’un vaut et aussi l’autre. Cependant, ce qui est plus proche [de la
vérité], c’est que le fini n’est pas borné simplement du dehors, mais se supprime de par sa
nature propre et de par lui-même passe en son contraire. Ainsi l’on dit, par exemple que
l’homme est mortel, et l’on considère alors le fait de mourir comme quelque chose qui n’a sa
raison d’être que dans des circonstances extérieures, et, selon cette manière de considérer les
choses, ce sont deux propriétés particulières de l’homme que d’être vivant et aussi mortel.
Mais la manière vraie d’appréhender les choses est celle-ci, à savoir que la vie comme telle
porte en elle le germe de la mort et que d’une façon générale le fini se contredit en lui-même
et par là se supprime. […] Quelle que soit la vigueur avec laquelle l’entendement a coutume
de se dresser contre la dialectique, cette dernière ne peut pourtant aucunement être considérée
comme présente seulement pour la conscience philosophique, mais ce dont il s’agit ici se
trouve bien plutôt aussi déjà dans toute autre conscience et dans l’expérience universelle. Tout
ce qui nous entoure peut être considéré comme un exemple du dialectique. Nous savons que
tout ce qui est fini, au lieu d’être quelque chose de ferme et d’ultime, est bien plutôt variable
et passager, et ce n’est rien là d’autre que la dialectique du fini, par laquelle ce dernier, en tant
qu’il est en soi l’Autre de lui-même, est poussé aussi au-delà de ce qu’il est immédiatement,
et se renverse en son opposé.
Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques : la science de la logique, Add. § 81)

p. 211

Attention !, Déborine ne cite pas toute la citation ci-dessous mais la coupe. Peux-tu faire
la coupure nécessaire ?
:
La dialectique supérieure du concept est non pas de créer et de concevoir la détermination
seulement comme la limite et le contraire, mais de créer et de concevoir à partir d’elle le
résultat et le contenu positifs, comme ce par quoi elle est seule le développement et le progrès
immanent. Cette dialectique est par suite, non pas l’acte extérieur d’une pensée subjective,
mais au contraire l’âme propre du contenu, âme qui fait progresser organiquement ses
rameaux et ses fruits. À ce développement de l’Idée comme d’une activité propre de sa raison,
la pensée ne s’intéresse qu’en tant que pensée subjective, sans ajouter de sa part aucun
complément. Considérer quelque chose rationnellement ne consiste pas à apporter à l’objet de
l’extérieur une raison et à l’élaborer par ce moyen, mais au contraire c’est l’objet qui est pour
lui-même rationnel ; ici, c’est l’esprit dans sa liberté, la plus haute pointe de la raison
consciente d’elle-même, qui se donne la réalité effective et se produit comme monde qui
existe ; c’est ce travail, qu’accomplit la raison de la chose, que la science a seulement pour
tâche de porter à la conscience.
(Hegel, Philosophie du droit, § 31)
p. 212, en note

L’identité de la pensée et de l’être, pour reprendre la terminologie hégélienne, coïncide


partout avec votre exemple du cercle et du polygone. Ou encore, le concept d’une chose et la
réalité de celle-ci sont parallèles, comme deux asymptotes qui se rapprochent sans cesse l’une
de l’autre sans jamais se rejoindre. Cette différence qui les sépare, c’est précisément celle qui
fait que le concept n’est pas d’emblée, immédiatement, la réalité et que la réalité n’est pas
immédiatement son propre concept.

(Friedrich Engels, lettre à Conrad Schmidt, Londres, le 12 mars 1895).

p. 215

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