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Dans sa lettre à Ménécée, Épicure traite de son approche du bonheur selon le principe de

l’ataraxie* (du grec « ataraxia », qui représente l’absence de trouble). De quelle manière Épicure
affirme-t-il que la plaisir modéré est pour lui synonyme d’eudémonisme* ?
Épicure déconstruit au début de son texte par avance les arguments qui pourraient contrer sa
thèse pour mieux en faire la définition. Il explique qu’il ne parle pas de « plaisirs de gens dissolus »
ni de « plaisirs qui se trouvent dans la jouissance », car selon lui, les plaisirs comme les fêtes et les
banquets sont des plaisirs vains, c’est-à-dire qui ne mènent à rien. Ces plaisirs (que l’ont pourrait
appeler « du corps ») sont la résultante de l’ignorance selon le philosophe, car si nous réfléchissons
à la valeur de ces plaisirs, nous nous rendons compre qu’elle est souvent faible. La bonne nourriture
par exemple ne nourrit pas mieux que de la mauvaise nourriture. Quand je parle de valeur du plaisir,
je veux dire de leur capacité à nous rendre heureux. De cette manière, si nous faisons attention à la
véritable valeur des plaisirs qu’il existent nous nous rendons compte qu’il existe des plaisirs vains
(qui ne servent à rien) et des plaisirs utiles (qui servent le bonheur). Par exemple, le travail
intellectuel (pour faire une mise en abîme) à première vue ne constitue pas un plaisir (même une
souffrance parfois), mais sa résultante est l’appréhension plus réfléchie du monde, qui nous permet
ici d’atteindre une certaine forme de sagesse, de plénitude.
Ainsi, dans le texte d’Épicure il est question de sélection des plaisirs par la raison. Le refus «
des opinions par lesquels le plus grand tumulte se saisit des âmes » par le discernement, la
sensibilité et la réflexion permetttrait, selon le philisophe, d’atteindre une certaine phase de plaisir
dans l’usage que l’on fait de lui. C’est-à-dire que ce « tri » permet à l’âme de ne pas connaître le
trouble et au corps de ne pas connaître la douleur, qui, je le rappelle, est un des quatre préceptes du
Tetrapharmakos* qui vise à supprimer la douleur. Pour conclure, Épicure veut montrer qu’un usage
réfléchi des plaisirs, permet à tout un chacun de connaître l’ataraxie, un état de profonde quiétude
découlant de tout trouble ou douleur, qui, dans l’épicurisme est synonyme de bonheur.

*Ataraxie : tranquillité de l'âme, notamment chez les épicuriens et les stoïciens.


*Eudémonisme : doctrine philosophique posant comme principe que le bonheur est le but de la vie
humaine.
*Tetrapharmakos (ou quadruple remède) : Originalement remède composé de quatre médicaments
(cire, suif, poix, résine). Ici notion philosophique, elle est la recette qui mène à la vie la plus
heureuse possible selon Épicure.

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