Disponible en ligne sur www.sciencedirect.

com

La Revue de médecine interne 29 (2008) 615–617

Éditorial
Hépatite E : bientôt un vaccin ?
Hepatitis E: Vaccine in a near future?
R. Moucari, T. Asselah ∗
Inserm U773-CRB3, service d’hépatologie, hôpital Beaujon,
100, boulevard du général-Leclerc, 92110 Clichy, France
Disponible sur Internet le 11 septembre 2007

Mots clés : Hépatite virale aiguë ; Hépatite E ; Grossesse ; Vaccin

Keywords: Acute viral hepatitis; Hepatitis E; Pregnancy; Vaccine

La première démonstration de l’existence d’un agent trans-
missible responsable des hépatites non-A à transmission entérale
remonte à 1983. Balayan visualisa en microscopie électronique
des particules d’allure virale dans ses propres selles, après
qu’il eut ingéré des extraits de selles purifiées de sujets atteints
d’hépatite non-A à transmission entérale, recueillies lors d’une
épidémie à Tachkent en Ouzbékistan [1]. L’inoculation secon-
daire de singes Cynomolgus macaques avec les particules de ce
nouveau virus, nommé virus de l’hépatite E (VHE), a permis
d’établir un modèle animal de l’infection. En 1990, le génome
du VHE fut cloné et séquencé [2]. Depuis, la recherche sur le
VHE est restée relativement confidentielle, sans doute parce que
la maladie atteint principalement les pays en voie de dévelop-
pement et qu’elle est bénigne dans la majorité des cas. Pourtant,
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le VHE
est aujourd’hui la cause la plus fréquente d’hépatite aiguë chez
l’adulte dans les pays en voie de développement. Aussi, le VHE
est un virus original, tant sur le plan de ses caractéristiques viro-
logiques que de son épidémiologie ou de son pouvoir pathogène.
Le VHE est un virus à ARN non enveloppé, sphérique, avec
une capside icosaédrique de 27 à 34 nm de diamètre, présentant
à sa surface des spicules et des indentations visibles en micro-
scopie électronique. Il appartient à la famille Hepeviridae, genre
Hepevirus. Sa présence dans le tractus intestinal suggère qu’il
est stable en milieu acide ou légèrement alcalin. Le génome
du VHE est constitué d’une molécule d’ARN monocaténaire
linéaire de polarité positive, mesurant environ 7,5 kb [3]. Il
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : tarik.asselah@bjn.aphp.fr (T. Asselah).
contient trois cadres de lecture ouverts : ORF1, ORF2 et ORF3.
ORF1 code pour une polyprotéine secondairement clivée en
diverses protéines non structurales dont certaines ont une
activité enzymatique (une méthyltransférase, une cystéine
protéase, une hélicase et une ARN polymérase dépendante de
l’ARN). L’analyse phylogénétique basée sur des différences de
nucléotides au sein de l’ORF2 a permis de classifier les isolats
du VHE en quatre principaux génotypes : l’Asie et l’Afrique
du Nord ; le Mexique ; les États-Unis ; la Chine et Taïwan [4].
Le VHE représente la première cause mondiale d’hépatite
virale aiguë non-A à transmission entérale. La transmission
du VHE se fait principalement par voie féco-orale. Dans les
conditions naturelles, la source d’infection est le plus souvent
l’eau de boisson contaminée par des selles infectées [5]. On
distingue schématiquement deux zones d’endémicité du VHE :
les régions de forte endémicité (essentiellement les pays en
voie de développement) et les régions non endémiques (pays
industrialisés). Le VHE est responsable de plus de 50 % des cas
d’hépatite virale aiguë observés chez les jeunes adultes dans les
pays de l’Asie du Sud-Est, le sous-continent indien, le Sud de la
Sibérie, une partie de l’Afrique et le Mexique où les conditions
d’hygiène sont précaires. L’infection par le VHE peut survenir
sous deux formes : des hépatites aiguës sporadiques, qui
peuvent être observées aussi bien dans les régions endémiques
que dans les régions non endémiques, ou de grandes épidémies,
observées exclusivement dans les régions endémiques [6].
Dans les pays développés, les cas sporadiques d’hépatite E
régulièrement rapportés sont habituellement liés à un séjour en
zone endémique [7]. Des études récentes montrent cependant
que l’hépatite E peut s’observer chez des patients qui n’avaient
jamais visité des régions endémiques, identifiant ainsi l’hépatite

0248-8663/$ – see front matter © 2008 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.revmed.2007.08.007