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UNIVERSITÉ MARIEN NGOUABI

Faculté des Sciences Techniques

Toxicologie générale

Par
Dr Arnaud Wilfrid ETOU OSSIBI,
Maître de Conférences CAMES
 Objectif général
Etudier la toxicité

 Objectifs spécifiques
Définir la toxicité
Citer les types de toxicité
Evaluer la toxicité d’une substance
Plan du cours

I. Définition de quelques concepts

II. Types de toxicité

III. Evaluation de la toxicité d’une substance


III.1. Toxicité aigue
III.2.Toxicité subaiguë/subchronique/chronique
IV. Cytotoxicité
I. Définition de quelques concepts (1)

 Toxicologie : Etude de l’identification et de


l’évaluation quantitative des conséquences néfastes
liées à l’exposition à des toxiques.

Toxique ou Poison : Substance qui provoque des


lésions, des troubles ou des dysfonctionnements d'un
ou plusieurs organes de l'organisme, pouvant entrainer
jusqu'à la mort.

Toxicité : Propriété qu’à un toxique d’avoir un effet


nocif pouvant entrainer jusqu'à la mort.
I. Définition de quelques concepts (2)
Intérêt de la toxicité : Déterminer la marge de sécurité des
substances

 Xénobiotique : Substance étrangère à l'organisme


susceptible d'exercer des effets délétères (nocifs) sur les
organismes vivants et leur environnement.
Exemples : les médicaments, les produits domestiques, les
produits phytosanitaires, les produits industriels,
les plantes toxiques et les venins d'animaux

 Tenir compte :
 dose (< 5 g/kg, p.o => petits rongeurs) ;
 voie d’administration (p.o, i.v, i.m, i.p, etc.) ;
 du type et du degré des lésions et des temps d’apparition des
lésions.
II. Types de toxicité ou d’intoxication

4 terminologies pratiques mais arbitraires utilisées


pour désigner les diverses formes d’intoxication selon
la fréquence et la durée de l’exposition au toxique

Formes Fréquence
Durée de l'exposition
d'intoxication d'administration
Aiguë Unique < 24 heures
Subaiguë < ou = 1 mois
Subchronique Répétée de 1 à 3 mois
Chronique > 3 mois
III. Evaluation de la toxicité ou
intoxication d’une substance (1)

III.1. Toxicité aiguë


a) Définition
Toxicité aiguë = forme de toxicité résultant de
l'absorption rapide du toxique par dose relativement
élevée unique ou multiple ne dépassant pas 24 h.

Le but de l’étude de la toxicité aiguë est de


déterminer la dose létale 50 (DL50) ou LD50 (Lethal
Dose 50). Le risque potentiel d’une nouvelle substance
est ainsi évalué.
Toxicité aiguë = étude qualitative et quantitative
des phénomènes toxiques.

Elle comprend :
- études épistémologiques qui comparent plusieurs
groupes d’individus ;
- études expérimentales in vivo qui utilisent des
animaux ;
- études expérimentales in vitro (cytotoxicité) ;
- études théoriques par modélisation ;
- études humaines.
b) Evaluation
Administration à un nombre suffisant de lots
d'animaux (souris, rats) des doses croissantes d’une
substance de sorte que le pourcentage de mortalité
varie entre 0 et 100 %.

1 h après :
Observation minutieuse de l’état ou du comportement
général de chaque animal : ptosis, posture, démarche,
mobilité spontanée, fonction d’éveil et réactivité aux stimuli
externes, tremblements, convulsions, larmes, horripilation,
vocalisation, salivation, vomissement, miction ou défécation
excessives, stéréotypie, mouvements rotatoires ,…

Les manifestations de la toxicité aigue sont très rapides


Dans les 48 h :
Notation dans chaque lot de la mortalité => calcul
 taux de mortalité

m = Nombre d’animaux traités morts


n = Nombre d’animaux traités
DL50.
Utilisation des doses croissantes suffisantes pour obtenir un pourcentage
de mortalité s’échelonnant entre 0 et 100 %.
Méthode par calcul

DL100 = Dose létale minimale de la substance testée qui tue tous les animaux du lot
Z = moitié de la somme des souris mortes entre deux doses successives d1 et d2
d = différence entre deux doses successives d2 – d1
n = nombre d’animaux par lot
Méthode graphique

Construction de la courbe taux de mortalité en fonction du log dose


Exemples de DL50 :
DL50 toxine botulique => 1 ng/kg
DL50 H2O => 90 000 mg/kg

Plus faible est la DL50, plus toxique est la substance

Pendant 14 jours après l’absorption à la substance :


observation des signes de toxicité ;

notation tous les deux jours du poids corporel et


des consommations alimentaires/hydriques des
animaux ;

examen des principaux organes externes et


internes pour la mise en évidence des lésions.
Quelques postulats :

La dose fait la toxicité ;

Tout animal ayant survécu à une dose qui lui


aurait été administrée, survivra à toute dose
inférieure à celle-ci ;

Tout animal ayant succombé à une dose qui


lui aurait été administrée, succombera à
toute dose supérieure à celle-ci.
III.2. Toxicité subaiguë/subchronique/chronique
a) Définitions
Toxicité subaiguë : Résulte de l'absorption répétée
pendant 30 jours maximum des doses relativement
élevées du toxique, sans effets en aigue.

Toxicité subchronique : Résulte de l'absorption


répétée, entre 30 et 90 jours, de faibles doses de
toxique.

Toxicité chronique : Résulte de l'absorption répétée,


pendant plus de 90 jours, de faibles doses de toxique.
But :
Mettre en évidence les organes cibles ainsi que les
mécanismes d’action du toxique

Les effets toxiques observés lors des intoxications


subaigue/subchronique/chronique peuvent être la
conséquence de deux sortes de phénomène :
la cumulation des doses : à chaque nouvelle prise, la
quantité de toxique éliminée est inférieure à la quantité
absorbée, donc la concentration du toxique dans
l'organisme augmente progressivement jusqu'à atteindre
une concentration susceptible d'engendrer des effets
toxiques ;

la sommation des effets : les effets de chaque dose


isolée s'ajoutent sans aucune perte et pendant toute la vie
(substances cancérogènes ou radiations ionisantes).
b) Evaluation
Administration quotidienne (28 j ou entre 30 et 90 j ou plus de 90 j)
de 1 ou 2 doses très supérieures ou faible / dose thérapeutique
 Prise hebdomadaire du poids corporel des animaux et notation
des consommations hydrique et alimentaire ;
 Fin du traitement :
 sacrifier les animaux mis à jeun la veille ;
 recueillir le sang artéro-veineux de chaque animal dans 2
types de tubes :
 avec anticoagulant (l’héparine) → faire les analyses
hématologiques : nombre de GR, de GB, l’hématocrite, etc
 sans anticoagulant → analyser les paramètres biochimiques :
activités de l’ASAT, l’ALAT, PAL; taux de Bil., Créat., Urée, Prot. totales, etc
(Jaouad et al., 2004).

 Après dissection de l’animal, prélever le foie, les reins, la rate, le


cœur, les poumons, etc :
→ peser et conserver dans le formol 10 % pour des
analyses histopathologiques (→ lésions, congestion,
désorganisation, nécrose, stéatose, etc) ;

→ Doser les paramètres du stress oxydatif (SOD, Cat, GSH,


MDA, etc).
c) Effets observés (toxicité subaiguë/chronique)

Les effets observés peuvent inclure :


 des altérations légères :

 modification du gain de poids corporel, de la


consommation de nourriture ou d'eau, des paramètres
de la biochimie clinique, de l'hématologie ou du poids
des organes sans preuve de dysfonctionnement
organique ;

 des réactions adaptatives (augmentation du poids du


foie par exemple)
 des lésions graves :

 létalité liée à la substance ;

 modifications fonctionnelles majeures du système nerveux


ou d'un autre organe ;

 modification importante des paramètres de la biochimie


clinique ou de l'hématologie ;

 modifications morphologiques graves, observées au


microscope après autopsie, dans des organes vitaux ayant
une capacité régénératrice (foie, rein...) ou mortalité
cellulaire importante dans des organes vitaux incapables
de se régénérer (cœur, nerf...) ou dans les populations de
cellules souches (moelle osseuse...).
 Effets toxiques sur certains tissus et
systèmes biologiques

Système et organe Effet ou signe clinique


Œil Irritation, corrosion
Peau Irritation, corrosion, dermatose
Système digestif Irritation, corrosion
Système cardiovasculaire Rythme cardiaque anormal
Système nerveux central Dépression (nausée, vomissement,
étourdissement)
Système nerveux périphérique Neuropathie (perte de sensation, trouble de
la coordination)
Système respiratoire Irritation, corrosion, essoufflement
Système sanguin Carboxyhémoglobinémie
Système urinaire Urine très foncée, sang dans les urines
 Des manifestations toxiques par systèmes
biologiques et quelques organes cibles

Hépato toxicité = Atteinte du foie. Foie cible pour de


nombreux toxiques à cause de son important débit sanguin et de
sa situation par rapport à la circulation sanguine.
Les atteintes du foie sont complexes et diverses
Lésions Caractéristiques
hépatiques
Stéatose Elle correspond à l'envahissement du tissu par des graisses. Les
toxiques agissent en bloquant l'élimination des triglycérides
hépatiques dans le sang
Nécrose Elle suppose la destruction des hépatocytes et correspond
généralement aux lésions aiguës.
Cholestase Diminution ou arrêt de l'écoulement de la bile par modification de
l'excrétion biliaire
Cirrhose Présence d'infiltrations de collagène dans la masse hépatique
Hépatite Manifestations cliniques de l'inflammation du foie.
Néphrotoxicité
Toxicité sur le rein. Elle concernent principalement le
glomérule en diminuant la filtration, mais également
les tubules proximaux qui concentrent les toxiques du
fait de leur forte activité d'absorption et de sécrétion.

Neurotoxicité
Toxicité sur le système nerveux.
Manifestation par neurodégénérescence.
Trouble du comportement
c) Cheminement d’un toxique dans l’organisme

Quatre phases suivantes : L’absorption, La distribution, La


biotransformation et l’excrétion

 Absorption
Processus de pénétration d'un produit dans l'organisme. Etape
importante, car, tant qu'il n'a pas pénétré dans la circulation
sanguine, un produit ne peut causer d'action toxique systémique.

L'absorption peut se dérouler sur trois (3) sites principaux :


 le tube digestif (Intestin) ;
 les poumons (Alvéoles pulmonaires) ;
 et la peau (Epiderme et derme).
 Distribution
Les substances absorbées dans l’organisme suivent une
cinétique qui comporte au moins deux compartiments :
le produit pénètre et se distribue dans le premier
compartiment (en général le sang) puis passe dans le
deuxième (foie, reins, ...) d’où il est éliminé.

Transport sanguin : toxiques peuvent être liées aux hématies,


aux composants plasmatiques, ou être à l'état libre.
La concentration dans le premier compartiment
diminue avec le temps, dans les autres elle
augmente, atteint un maximum puis diminue.

Les organes les plus vascularisés (foie, rein, cœur,


cerveau) reçoivent le plus de substance ; les os et
le tissu adipeux, peu vascularisés, servent de
stockage.
 Biotransformation
Ensemble des réactions qui rendent la structure chimique d’un
toxique (qui est plutôt liposoluble au départ) plus polaire (ionisable)
donc plus solubles dans l’eau et ainsi plus facilement excrétables
dans l'urine.
Foie = principal organe impliqué dans la biotransformation des
toxiques.
Les réactions de biotransformation sont classées en réactions de
phase I ou de phase II :
les réactions de la phase I modifient le composé en lui ajoutant une
structure fonctionnelle (oxydation, réduction, hydrolyse,
acétylation…) ;
les réactions de la phase II le conjuguent avec une autre substance
(sulfates, acide glucuronique, glutathion, acides aminés).
Les enzymes de biotransformation sont largement
réparties dans le corps, cependant le foie est
l’organe de transformation le plus important par sa
forte concentration en enzymes ; les reins et les
poumons représentent 10 à 30% de la capacité
hépatique.

 Excrétion
Ce processus consiste à rejeter le produit
inchangé ou ses métabolites à l'extérieur de
l'organisme. L'excrétion peut se faire par voie
rénale (l'urine), gastro-intestinale (les selles),
pulmonaire (l'air expiré), cutanée (la sueur) ou
lactée (le lait).
Schéma de cheminement d’un toxique dans l’organisme
IV. La cytotoxicité
c) Évaluation
S’il y’a des témoins morts , les données sont corrigées:
Test - témoin
% mort = X 100 (Abbott, 1925)
témoin

 Calculer la CL50

Les substances sont toxiques si CL50 sont ≤ 30 µg/ml

→ L’innocuité apparente à confirmer avec des tests


de toxicité in vivo
Un autre exemple: sur les cellules saines
LLCMK2
Après 24 heures d’incubation, différentes
concentrations d'extrait seront ajoutées dans
différents puits des plaques de culture à 96 puits
et à fonds plats pendant 72 heures.
L’activité de ces extraits par rapport au contrôle
(cellules seules) sera déterminée par la réaction
colorimétrique au MTT et mesurée par
spectrophotométrie.
Unité de recherche : Laboratoire de Biochimie et de Pharmacologie, Faculté des Sciences de la
Santé - Université Marien NGOUABI
Dr A. W. ETOU OSSIBI
Exemple: Toxicité de l’extrait aqueux de R. obscura chez la souris
Doses 0 300 1500 2500 5000 6000
(mg/kg)
n 5 5 5 5 5 5
m 0 0 0 3 4 5
n = nombre de souris traitées, m = nombre total de souris traitées mortes

1) Déterminer:
DL50 (mg/kg) Catégorie
a) Les taux de mortalité ≤5 Ultra toxique
5-50 Extrêmement toxique
b) La DL50 50-500 Très toxique
500-5000 Moyennement toxique
5000-15000 Légèrement toxique
2) Déduire la catégorie de >15000 Non toxique
toxicité (Lu, 1992)
Exemple: Toxicité de l’extrait aqueux de R. obscura chez la souris
Doses 0 300 1500 2500 5000 6000
(mg/kg)
n 5 5 5 5 5 5
m 0 0 0 3 4 5
n = nombre de souris traitées, m = nombre total de souris traitées mortes

1) Déterminer:
DL50 (mg/kg) Catégorie
a) Les taux de mortalité ≤5 Ultra toxique
5-50 Extrêmement toxique
b) La DL50 50-500 Très toxique
500-5000 Moyennement toxique
5000-15000 Légèrement toxique
2) Déduire la catégorie de >15000 Non toxique
toxicité (Lu, 1992)
Méthode de l’OCDE, 2001

Schéma d’essai avec une dose initiale de 2000 mg/kg

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