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LE MONOPOLE NATUREL
• Définition:
• On dit qu’on est en présence d’un monopole naturel lorsque la structure
des coûts de production et la taille du marché ne permettent que le
maintien d’une seule et unique entreprise sur le marché
• L’idée est que, indépendamment de toute considération de fixation du prix, une
entreprise seule parviendra à satisfaire la même demande à moindre coût
• Il ne s’en suivit toutefois pas une baisse significative des prix, ce qui
laisse à penser aujourd’hui que le monopole de la Standard Oil était un
monopole naturel basé sur des économies d’échelle
"Economie industrielle", Chapitre 2, © Marc Baudry 6
on a C(Q)<C(q1)+…+C(qN)
• Une condition suffisante mais non nécessaire pour qu’il y ait sous additivité
est que le coût moyen de production soit décroissant
• En effet, par définition du coût moyen CM (Q) on peut écrire
C
q cf
cv
q avec cv ' 0 cv 0
coût total coût fixe coût variable
C(q)
• D’où finalement
cf cv q
CM q Est donné par la q
q q pente du rayon
coût moyen
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• Dans le cas particulier d’un coût marginal constant, le coût moyen est
partout décroissant et la sous additivité est vérifiée pour tout niveau de la
demande
• Le coût variable est alors proportionnel à la production et le rapport de
proportionnalité est le coût marginal (on a cv(q)=c×q )
• Cette configuration est considérée comme assez courante dans les
industries de réseaux, c’est-à-dire pour lesquelles on ne peut fournir la
première unité du bien ou du service qu’après avoir mis en place une
infrastructure
• De transport de voyageurs ou marchandises (réseau ferré)
• De transport d’énergie (réseau électrique, réseau de gaz)
• De transport d’eau (réseau d’eau)
• De transport d’information (réseau de télécommunication, réseau postal)
• Le coût fixe est alors le coût de mise en place et d’entretien du réseau, le coût
variable est associé au coûts d’exploitation proportionnel au niveau de production
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production
"Economie industrielle", Chapitre 2, © Marc Baudry 12
• La structure de coût exhibe alors, quelques soient les niveaux de production, des
économies d’envergure car elle s’écrit
C q1 ,, q N cf cn q n
N
cf cn1 qn1 cf cnJ qnJ
n 1 n11 n J J
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• En général, le monopole est réprouvé car il conduit à fixer des prix supérieurs et
des quantités inférieures à ceux correspondant à l’optimum collectif…
• L’analyse effectuée au chapitre 1 est illustrative de cette tendance: chercher à éviter une
concentration du marché pour limiter l’exercice d’un pouvoir de marché
• …mais ici le monopole permet de produire plus efficacement car à moindre coût
• « Casser » un monopole naturel peut s’avérer contreproductif car cela empêche de tirer
parti d’une sous additivité des coûts ou d’économies d’envergure
• En outre, il aura une tendance naturelle à se reformer puisqu’il repose sur une plus
grande efficacité coût
• Faut-il:
Prix, CM et Cmg
Production q
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• On dit d’un impôt (ou tout prélèvement obligatoire) qu’il est distortif si la base d’imposition
agrégée peut s’ajuster en fonction du taux d’imposition
• Exemples:
• Confrontés à la TVA, chaque consommateur réduit sa consommation, Cet ajustement individuel se
traduit au niveau macroéconomique par une baisse de la consommation agrégée
• Confrontés aux charges patronales, les employeurs peuvent réduire leur demande de travail. Cet
ajustement individuel se traduit au niveau macroéconomique par une baisse globale de l’emploi
prix
quantité
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• Le coût social des fonds publics est évalué dans une fourchette de 10% à 30%
• Un Euro de subvention au monopole naturel ferait ainsi peser une charge nette de 10 à
30 centimes d’Euros sur la collectivité
• Il faut bien souligner que ce qui est inclus dans le coût social des fonds publics
est uniquement la perte nette de surplus sur le marché du bien taxé pour
collecter la subvention
• Le coût social des fonds publics n’inclut donc pas le coût « administratif » lié au
coût supplémentaire de fonctionnement de l’administration fiscale
• Salaires des fonctionnaires pour collecter la TVA, pour contrôler les fraudes…
• Il n’inclut pas non plus le coût « administratif » subit par les entreprises pour
remplir les demandes de remboursement de TVA
• Salaires des personnels dédiés…
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W Q CAP Q D 1 Q Q 1 D 1 Q Q cf c Q
• Sachant que
- La dérivée d’une fonction réciproque est l’inverse de la dérivée de la fonction
- La demande inverse donne le prix
La maximisation du surplus total par rapport à la quantité Q donne
• Cas d’un coût social des fonds publics tendant vers l’infini:
• le coefficient de correction tend vers un
• => le régulateur laisse donc le monopoleur pratiquer une tarification libre (égalisant la recette
marginale au coût marginal)
• Mais ATTENTION: comme le montre l’expression B de l’objectif, on applique le coût social des
fonds publics non plus à une perte mais à un profit.
• Ceci correspond au fait qu’on taxe l’intégralité du profit du monopoleur pour le substituer à des
recettes fiscales distortives!
• très proche dans l’idée du double dividende tiré des taxes environnementales
• En pratique, cela peut correspondre à une entreprise dont le seul actionnaire serait l’Etat (qui
percevrait ainsi la totalité du profit) mais qui serait gérée comme une entreprise privée
• Synthèse:
• Plus le coût social des fonds publics est faible, plus la tarification se rapproche
d’une tarification au coût marginal
• Plus le coût social des fonds publics est fort, plus la tarification se rapproche
d’une tarification identique à celle du monopole non règlementé
Prix, CM et Cmg
Production q
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W Q1 ,, Q N CAPn Qn C Q1 ,, Q N C Q1 ,, Q N Dn1 Qn Qn
N N
n 1 n 1
W Q1 ,, Q N CAPn Qn D Qn Qn 1 Dn1 Qn Qn C Q1 ,, Q N
N N
1
n 1
n
n 1
p n C Q1 ,, Q N Qn 1
Règle étendue de
pn 1 Qn p n Ramsey-Boiteux
Taux de marge (par rapport au Facteur lié au Inverse de l’élasticité prix de la demande
coût marginal du bien n) consenti coût social des en bien n adressée au monopoleur
au monopoleur sur le bien n fonds publics
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• Elle(s) doi(ven)t donc pratiquer une tarification qui tient compte de cette menace
Niveau de
production
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• Cas 1:
• La demande est suffisamment forte pour qu’une tarification au coût moyen (profit
nul) induise des rendements d’échelle localement décroissants
• On montre que l’unique configuration réalisable et soutenable correspond à N firmes se
répartissant la demande à part égale, N étant donné par la partie entière du niveau de
production égalisant coût moyen minimal et demande inverse
• Chaque firme opère alors au coût moyen minimal et tarifie à ce coût qui est aussi le
coût marginal => L’équilibre est Pareto efficient même si N est faible (oligopole)
• Cette configuration correspondrait à l’approche SCP avec libre entrée
Coût moyen et
CAPmg
Niveau de
production
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• Cas 2:
• La demande est juste suffisante pour qu’une tarification au coût moyen (profit nul)
induise des rendements d’échelle localement constants
• On montre que l’unique configuration réalisable et soutenable correspond à une unique
firme (monopole)…
• … qui opère alors au coût moyen minimal et tarifie à ce coût qui est aussi le coût
marginal => L’équilibre est Pareto efficient alors même qu’on a un monopole
Coût moyen et
CAPmg
Niveau de
production
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• Cas 3:
• La demande est suffisamment faible pour qu’une tarification au coût moyen (profit
nul) induise des rendements d’échelle localement croissants
• On montre que l’unique configuration réalisable et soutenable correspond à une unique
firme (monopole)…
• qui opère alors au coût moyen et tarifie à ce coût (qui est toutefois supérieur au coût
marginal) => L’équilibre correspond à la tarification de second rang de Ramsey-
Boiteux
Coût moyen et
CAPmg
Niveau de production
"Economie industrielle", Chapitre 2, © Marc Baudry 38
• Le réseau correspond alors à ce qu’on appelle une ressource essentielle, c’est-à-dire une
ressource indispensable pour l’activité mais difficile à répliquer à un coût raisonnable
• Le coût « raisonnable » est un coût qui reste inférieur au gain retiré en termes de hausse du
surplus des consommateurs grâce à la concurrence accrue
• Transport ferroviaire
• En amont, Réseau Ferré de France (RFF) avait été crée en 1997 pour gérer et
entretenir le réseau dont il était propriétaire, la SNCF étant l’opérateur historique
• RFF était juridiquement indépendant de la SNCF jusqu’à être réintégré récemment (en janvier
2015) dans le giron de la SNCF sous le nom de «SNCF Réseau» à coté de «SNCF Mobilités»
• Toutefois, même quand ils étaient séparés, la SNCF restait le prestataire de référence de RFF (le
personnel de maintenance était essentiellement un personnel SNCF – plus exactement «SNCF
Infra» - travaillant pour RFF dans le cadre de cette prestation; il a été intégré à «SNCF Réseau»)
• L’hétérogénéité des cahiers des charges d’un marché local à l’autre fait qu’une firme peut
gagner un marché et perdre en même temps un autre
• => plusieurs firmes peuvent se partager le marché
• Ces firmes sont en outre en concurrence avec le système de la régie (production, fourniture et
gestion du service effectué directement par la collectivité locale) => Constitue une autre limite
au pouvoir de marché,
"Economie industrielle", Chapitre 2, © Marc Baudry 44
• Ce système est parfois pointé du doigt comme ne limitant pas de fait le pouvoir
de marché
• Cette critique est
particulièrement vive
dans le cas de l’eau en
France
• La situation relative des régions n’a guère évolué entre 2008, 2013 et 2016
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Source:
https://www.eaufrance.fr
/le-prix-de-leau
Traitement
Origine de l'eau Traitement Traitement complet Traitements Autres Total
simple A1 complet A2 avec affinage mixtes traitements*
A3
• 2) Les contrats conclus par appel d’offre ont une durée limitée
• Les quelques firmes spécialistes se retrouvent ainsi régulièrement en concurrence pour
les mêmes marchés
• C’est un contexte propice à la collusion tacite entre firmes
• Coopérer implicitement entre elles pour fixer une tarification de monopole émerge comme un
équilibre de Nash dans un jeu répété à horizon infini avec un taux d’actualisation suffisamment
faible