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1.

Destins de femmes : entre travail et vie de famille


Thierry Blöss, Alain Frickey
Dans La femme dans la société française (2001), pages 92 à 118
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Article
Dans la vision commune du monde, la famille apparaît comme le pôle principal d’activité des
femmes, pour ne pas dire leur lieu d’affectation obligé ou naturel. Cette vision a sa part de vérité,
puisque les femmes ont effectivement joué un rôle prépondérant dans la « naissance de la famille
moderne » à travers la valorisation croissante de leurs fonctions affectives et éducatives (chap. I).
Elle masque cependant une composante essentielle de leur identité sociale, à savoir leur activité
professionnelle : en 1999, au recensement de population, près des trois quarts des femmes (âgées
de 20 à 59 ans) sont actives.
Il s’agit ici de souligner les rapports des femmes au travail, leur position au sein de la famille, et
l’articulation entre ces deux sphères. On peut en effet considérer que « le travail et la famille
sont les deux pôles inséparables de l’existence individuelle et sociale » , tant il est vrai que vivre
sans travail ou sans famille ne constitue qu’un mode de vie statistiquement minoritaire, et ce
malgré l’action concomitante des tendances économiques et socioculturelles qui, chaque jour
davantage, accroissent le nombre des personnes sans travail et sans conjoint.
Les préjugés ont la vie dure. C’est particulièrement le cas de l’opinion selon laquelle les
femmes n’auraient réellement pris part au travail professionnel que depuis une période récente,
leur irruption sur le marché de l’emploi provoquant une série de désordres en tous genres. En
réalité, la participation des femmes au travail est une donnée bien ancrée dans l’histoire (chap…

2. La société française se féminise. Cette formule n’a rien d’un jugement moral. Elle se veut,
en conclusion de notre propos, un constat objectif. La féminisation de la société est tout d ’abord
d’ordre quantitatif : il y a plus de femmes que d’hommes dans la population, cet écart
s’accentuant avec l’âge. En vieillissant, la France fait apparaître chaque jour davantage la
supériorité numérique des femmes. Leur plus grande longévité est sans doute une caractéristique
majeure de la société française, qui reflète les différences de modes de vie entre les sexes
(conditions de travail, consommation, santé, etc.). La féminisation de la société est également
d’ordre qualitatif : les femmes sont de plus en plus présentes dans les différents domaines de la
vie sociale. Cette situation constitue dorénavant une norme. Par un investissement massif dans
l’école, elles obtiennent plus fréquemment des diplômes que les hommes. Par un engagement
accru dans la vie professionnelle, elles deviennent des acteurs économiques à part entière.
Toutefois ce processus de féminisation n’est pas univoque, ni tout rose ni tout noir. L’évolution
du statut social des femmes est contradictoire. Citoyennes récentes de la société française, elles
ont certainement forcé les portes de l’émancipation. Les avantages qu’elles retirent des
transformations intervenues dans l’école, l’emploi et la famille, au cours de cette deuxième
moitié du xxe siècle, ont valeur d’exemple. Mais les nouveaux droits qu’elles ont conquis ne
peuvent masquer les difficultés, résistances et obstacles qui jalonnent toujours les différentes
étapes de leur existence…

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