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Bienvenue dans ce MOOC.

Je suis Germano Cecere, responsable du laboratoire Mécanismes de l'hérédité


épigénétique de l'Institut Pasteur.

Cette vidéo va expliquer pourquoi l'épigénétique représente une nouvelle


frontière pour la biologie.

Je voudrais commencer par cette photo d'un zygote humain prise juste après
fertilisation.
On y voit deux noyaux venus des deux côtés, paternel et maternel.
Ceux-ci vont fusionner pour former un nouveau génome.

Traditionnellement, les biologistes pensaient que le génome contenait toutes


les informations qui définissent un individu.
Toutefois, au cours de la division cellulaire, toutes nos cellules vont se diviser et
hériter du même génome, bien qu'elles soient toutes très différentes.
Le génome ne suffit donc pas à expliquer en lui-même pourquoi ces cellules
génétiquement identiques sont si différentes ni comment elles conservent leur
identité cellulaire.

Il faut aussi noter que notre génome reste le même tout au long de notre vie.
Ce phénomène sous-entend donc que lors de la reproduction, nous
transmettons un génome qui est quasiment identique à celui qui s'est formé au
début de notre vie.
Cela signifie que nous ne pouvons transmettre nos expériences à la génération
suivante à travers notre génome.

L'épigénétique tente de répondre à ces questions, et cherche notamment à


démontrer que le génome n'est pas la seule molécule qui permette une
transmission intergénérationnelle.
Elle cherche aussi à savoir quelles molécules et quels mécanismes donnent lieu
à cette nouvelle forme d'hérédité, l'hérédité épigénétique.

Elle étudie aussi la possibilité que l'hérédité épigénétique permette de


transmettre certains traits acquis au cours de notre vie à travers nos
expériences.
Le concept d'hérédité épigénétique est apparu il y a longtemps, avec l'idée que
le génome ne soit pas linéaire dans le noyau des cellules, mais plutôt très
organisé sous la forme de chromatines composées de protéines, d'ADN et
d'ARN.
Parmi les protéines composant la chromatine, on trouve les histones.
De nombreuses recherches, ces dernières années, ont permis de découvrir que
ces histones pouvaient subir de profondes modifications chimiques appelées
des modifications épigénétiques.
Ces modifications peuvent jouer soit un rôle d'inhibition sur l'ADN qui les
entoure, soit une fonction active.
Elles permettent donc une régulation du génome.

On a aujourd'hui découvert un certain nombre de modifications.


Vous imaginez donc bien que, même si on part d'un seul génome, au cours de
notre vie, on peut produire de nombreux épigénomes, comme on les appelle.
L'existence d'épigénomes explique donc comment des cellules différentes
possédant un génome identique peuvent se différencier en cellules uniques et
conserver leur identité.

En outre, on peut produire plusieurs épigénomes au cours de notre vie.


On peut donc transmettre à la génération suivante différents épigénomes
capables de transmettre des informations acquises au cours de notre vie.
Les histones ne sont pas les seules à subir des modifications épigénétiques qui
pourront transmettre des informations épigénétiques, mais d'autres
modifications, comme la méthylation de l'ADN, ou d'autres molécules, comme
l'ARN ou certaines protéines, peuvent aussi jouer ce rôle.

Il ne faut pas oublier que l'information épigénétique et sa transmission


diffèrent de celle de l'information génétique.
D'ailleurs, pour une information génétique classique, la mutation de l'ADN peut
être transmise de manière irréversible aux futures générations une fois qu'elle
a eu lieu.
En revanche, en épigénétique, une modification épigénétique peut être causée
ou éliminée par certaines enzymes de la chromatine.
C'est pourquoi la durée de l'hérédité épigénétique peut varier et le processus
est réversible.

Il ne faut pas oublier non plus, étant donné la présence de plusieurs allèles
pour un seul gène, et une mutation pouvant causer différentes fonctions
biologiques sur certains gènes, qu'on peut avoir des épiallèles et que le même
gène, avec la même séquence d'ADN, se trouvera inséré dans un contexte
chromatinien dynamique.
Une modification épigénétique pouvant se produire sur ce gène peut en
modifier l'activité et conduire à des fonctions biologiques qui seront
réversibles.
C'est ce phénomène qui explique, par exemple, que des faux jumeaux puissent
être différents, comme dans l'exemple bien connu de ces deux souris.
Elles ont le même ADN mais des épiallèles différents, ce qui peut expliquer leur
différence.

C'est ce qu'on expliquera dans la prochaine vidéo du MOOC.


Un autre exemple intéressant est l'acquisition de différents épigénomes ayant
été influencés par l'environnement.
L'environnement peut influencer la forme de notre épigénome, un phénomène
parfaitement illustré par le développement des abeilles.
En fonction de ce qu'elles mangent, les mêmes larves au génome identique
peuvent devenir des ouvrières ou des reines, lesquelles sont très différentes.
En résumé, je vous ai présenté en quoi les différents épigénomes peuvent
expliquer comment des cellules génétiquement identiques se différencient.
On peut aussi imaginer que l'épigénome soit capable d'intégrer des
informations acquises à partir de l'environnement, comme l'alimentation, et de
les transmettre à la génération suivante.
Par ailleurs, ces modifications épigénétiques peuvent être porteuses
d'informations épigénétiques.
Merci de votre attention.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histone

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