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Cours de Génétique moléculaire & Génétique humaine

Pr. HADDIOUI Abdelmajid

Génétique Moléculaire :
Chapitre 1 : L’ADN support de l’information génétique
Chapitre 2 : Bases moléculaires des mutations génétiques

Génétique Humaine :
Chapitre 3 : Les maladies génétiques humaines
Chapitre 4 : Cytogénétique : Caryotype et aberration chromosomique
Chapitre 1 : L’ADN support de l’information génétique

1- Introduction
La variété des organismes vivants est très importante (plus
de 10 millions d'espèces). Chaque espèce est différente
des autres. Cette différence est due au contenu en
information génétique de chaque espèce. Les généticiens
ont envisagé que des molécules spécifiques étaient
porteuses de cette information génétique.
2- Acide désoxyribonucléique (ADN) comme matériel
génétique

La découverte de l’ADN :
►Expérience de Frederick Griffith (1928) :
basée sur l’injections de bactéries de pneumocoques à des
souris :
- Injection de bactéries de souches S virulentes
- Injection de bactéries de souche R non virulentes
- Injection de bactéries S tuées par la chaleur
- Injection du mélange de souches virulentes S tuées par
la chaleur et de bactéries R vivantes (non virulentes) à
des souris,
Conclusion :

Transmission des bactéries de souche R en bactéries de


souche S
Le caractère virulence a été transféré d’une souche à une
autre. Griffith en a déduit l'existence d'un "principe
transformant" appelé transformation.

Preuves expérimentales en faveur de l’ADN


► Expérience d’Avery, McLeod et McCarty (1944) :
Ces chercheurs ont repris les expériences effectués en 1928 par
Griffith.

Hypothèse : le matériel génétique serait probablement l'un de


plusieurs types de macromolécules biologique présent dans les
bactéries : protéine, polysaccharides, des acides nucléiques (ADN et
ARN ), lipides).
Avery et ses collègues ont pu séparer l'extrait cellulaire dans les
différents composants macromoléculaires mentionnés. Ensuite, ils ont
essayé de comprendre qui de ces substances étaient effectivement
capables de transformer les bactéries non virulentes R en S virulent.
Les cobayes ont survécu lorsqu'ils sont traités avec l'ensemble des biomolécules à l'exception
des acides nucléiques: le matériel génétique doit donc être de l'ADN et / ou ARN.
- Seul dans la cas de l’ADN : il y a transformation en des bactéries
virulentes.
- Aucune des autres fractions cellulaires, protéines, lipides ou
glucides, n’a pu aboutir à cette transformation.

Conclusion : Donc l’agent transformant est donc l’ADN.


Ils en déduiront grâce à cette expérience que l'ADN est le porteur de
l'information génétique.
Donc l’ADN représente l’information génétique qui englobe les
gènes. Une molécule d’ADN porte des milliers de gènes.
Un gène est un segment d’ADN qui contient l’information nécessaire
pour la synthèse d’un produit biologique fonctionnel : une protéine .

ADN a une double fonction :


* Assure sa propre réplication → base de l’hérédité.
* Synthèse les différentes protéines cellulaires → caractères de
l’individu.
3- Composition chimique de l’ADN
La molécule d’ADN est formée de plusieurs unités
appelées les nucléotides.
Chaque nucléotide est composé de trois composantes
moléculaires :
* un pentose : désoxyribose
* un groupement phosphate
* une base azotée purique (Adénine et Guanine) ou
pyrimidique (Cytosine et Thymine).
Pentose + Base azotée —► Nucléoside
Pentose + Base azotée + Phosphate —► Nucléotide

ADN est enchaînements de nucléosides 5'-phosphates


dont l'assemblage est réalisé par une liaison
phosphodiester
Purines :

Adénine Guanine

Pyrimidines :

Cytosine Thymine
Nucléoside

Nucléotide
4- Structure de l'ADN
La structure de l’ADN a été mise en évidence en 1953 par
James Watson et Francis Crick : très grande molécule
composées de deux chaines polynucléotidiques enroulées
l'une autour de l'autre pour former une double hélice.

Un tour d’hélice = 34 A°
Diamètre = 20 A°
Distance entre deux bases = 3,4 A°
Un pas d’hélice = 10 nucléotides

1 A° (Angström) = 10−10 m
Les bases s'apparient grâce à des liaisons H (hydrogène).
 3 liaisons H entre C et G
 2 liaisons H entre A et T
Remarque :
* Les 2 brins sont dits anti-parallèle, car leur
polarité est inversée.:
Dans une double hélice d'ADN, un brin est dans le sens
5'—►3' alors que le brin complémentaire est en sens
3'—►5'.

* La quantité totale des pyrimidines (T+C) est toujours


égale à la quantité totale des purines (A+G).
5- Propriétés physico-chimiques de l'ADN
Les liaisons hydrogène et les interactions hydrophobes qui
maintiennent la structure en double hélice sont des forces faibles.
Des quantités relativement petites d'énergie peuvent séparer les deux
brins : Dénaturation de l’ADN.

5-1- Température de fusion


L’ADN peut subir une fusion après chauffage à 98°C ; la chaleur
rompt les liaisons hydrogènes entre les bases ► Séparation
des deux brins. On parle de fusion de l'ADN caractérisée par la
température de fusion (Tm : melting temperature).
Tm est la température pour parvenir à 50% de séparation des
deux brins.

Si l’ADN est riche en GC, Tm augmente. Si par contre il est riche


en AT, Tm diminue.
5-2- Absorption de la lumière ultraviolette

La propriété d'absorption des purines et pyrimidines dans


l'UV à des longueurs d’onde de 260nm et les protéines à
280nm permet de doser les acides nucléiques (C:
concentration), et aussi bien d'estimer la contamination
par les protéines lors de la purification des acides
nucléiques.
C = A260 * DF * 100 (unité: µg/µl)
A: Absorbance, DF: facteur de dilution)

P (pureté) = A260 /A280 (Une solution d'ADN est considérée


pure si 1.7 ≤ P ≤ 2)
6- Mécanisme général de la biosynthèse de l’ADN :
la réplication.
Watson et Crick ont proposé un modèle de réplication de
l’ADN semi-conservative :
Une des chaînes filles de l’ADN est nouvellement synthétisée
à partir d’une des deux chaînes parentales.

Dans la cellule, l'ADN se sépare en deux brins sur une


certaine longueur par l'hélicase.
L'ADN polymérase assemble alors, au fur et à mesure que la molécule se sépare, le
brin complémentaire 5' - 3' (qui s'apparie au brin d'origine 3' - 5').
Lorsqu'une certaine longueur d'ADN est séparée en deux brins, une autre ADN
polymérase commence à assembler, dans le sens contraire, le brin complémentaire
de l'autre partie.

Schéma général de la fourche de réplication de l'ADN


Réplication de l’ADN semi-conservative :
Lorsque l'information est transmise, d'une cellule à deux
cellules filles, les 2 copies sont représentées dans les deux
cellules.
ADN polymérase :
- La synthèse de la nouvelle copie se fait grâce à une enzyme qu’on
appelle ADN polymérase
- La synthèse se fait dans la direction 5' → 3'.

L’ADN polymérase a besoin de 3 ingrédients :


* Les 4 dNTPs qui sont les précurseurs activés des nucléotides.
* Un fragment d’ADN qui représente une amorce ayant une
extrémité 3’OH libre.
* Une matrice de l’ADN simple brin

Remarques :
Les instructions qui dirigent toutes les activités de la cellule sont encodées dans
l’ADN. Cependant, l’ADN ne participe pas directement aux opérations de la cellule;
seules les protéines exécutent les programmes dictés par l’ADN,
Exemple : C’est la protéine Hémoglobine et non l’ADN qui transporte l’O2 dans le
sang; l’ADN, lui, spécifie la structure de cette protéine.
7- Synthèse de l’ARNm : la Transcription
L’ARN (Acide ribonucléique) sert d’intermédiaire dans la circulation
de l’information génétique de l’ADN aux protéines.
Bien que chaque gène d’une molécule d’ADN emmagasine les
instructions pour la synthèse d’une protéine spécifique, il ne
fabrique pas réellement la protéine. Le gène dirige plutôt la
synthèse d’un ARN.
Cet ARN qui servira d'intermédiaire pour la synthèse des protéines
n'est qu'un messager, d'où son nom d'ARN messager (ARNm).
La synthèse de l’ARNm à partir de l’ADN : transcription, qui se fait
grâce à une enzyme appelée ARN polymérase.

Un seul brin d'ADN ( 3' → 5' ) à un endroit donné est transcrit. Par
contre, l’autre brin (5' → 3‘) possède le code, on parle de brin codant
▬▬► Le résultat est une molécule d'ARN dont l'orientation est
5‘ → 3‘ correspondant à l’orientation NH2-COOH de la protéine.
La lecture du code se fait dans le même sens que la transcription.
Remarques :
Chaque gène possède des bornes. Celle qui permet le départ de la
transcription est appelée promoteur (séquence qui est reconnue par
l'ARN polymérase).
Cette zone contient une séquence de nucléotides, succession de
Thymine et Adénine, appelée TATA box (ou boite TATA).

Quand l'ARN polymérase arrive sur la "borne de fin" du gène (le site
de terminaison : AATAAA ), elle cesse son activité et libère l'ARNm.

En terme structural, l’ARN présente quatre différences par rapport à


l'ADN:
► le sucre désoxyribose est remplacé par un ribose;
► la base thymine est remplacée par un uracile;
► l'ARN est généralement simple brin, sauf chez quelques
organismes tels que les rétrovirus, tandis que l'ADN est double brin
avec une structure en double hélice;
► l'ARN est court (50 à 5000 nucléotides et non pas des millions
comme dans l'ADN).
8- La Synthèse des protéines.
L’ARNm traverse la membrane nucléaire et transporte dans le
cytoplasme l’information qu’il porte. La molécule d’ARNm interagit
avec la machinerie de la synthèse protéique pour diriger la production
d’un polypeptide. Donc la synthèse des protéines se fait dans le
cytoplasme aux contact des ribosomes accolés au réticulum
endoplasmique.
C'est la séquence nucléotidique de l'ARNm qui va déterminer la
séquence en a.a. de la protéine. Ce passage d'un "langage" à un autre
est donc bien une traduction qui obéit à un code : le code génétique.
ARN de transfert :
ARNt a pour rôle d'amener les a.a. jusqu'au brin d'ARNm. Un ARNt est
un brin court qui a un anti-codon sur sa boucle, et un a.a. attaché à
l'autre extrémité et qui sera transféré à la protéine en formation.
Les 3 bases de l'ARNt se nomment "Anticodon" et sont
complémentaires aux codons de l'ARNm.
9- Le code génétique
Il définit la correspondance entre la séquence nucléotidique de l'ARNm et la
séquence en acides aminés de la protéine.
Une protéine est formée par un enchaînement précis d’acides aminés (20
a.a.).

La séquence des acides nucléiques est une combinaison de 4 lettres (A, C,


G, T dans l'ADN ; A, C, G, U dans l'ARN), la combinaison de ces 4 bases va
permettre de "coder" pour les 20 acides aminés.
Chaque acide aminé est codé par un groupe de 3 bases appelé "codon".

Comme il y a 4 bases, il y a (43= 64 combinaisons différentes)


▬► 64 codons

La traduction de l'ARN messager se fait dans le sens 5’ vers 3’ et démarre à


un point fixe (codon d’initiation : AUG), par la suite, chaque codon
rencontré est " décodé " en acide aminé.
Propriétés du code génétique :
1- Chaque codon signifie un seul acide aminé. Il n’y a pas de
chevauchement, cela veut dire qu’une base n’appartient qu’à un seul
codon et par conséquent n’est lue qu’une seule fois.
2- Sur les 64 codons existants, 3 sont non significatifs (signaux de fin de
traduction) : ce sont les codons stop : UAA, UAG, UGA.

Il reste donc 61 codons pour 20 acides aminés, cela implique que


plusieurs codons codent pour le même acide aminé. On parle de code
dégénéré ou redondance du code génétique.
3- Le code génétique est ponctué : tous les codons sont contigus. Il
n’y a pas de base entre deux codons qui n’entrerait pas dans l’un
des deux.
4- Le code génétique est commun à tous les êtres vivants (il est
universel) : Lorsque 1 gène, issu d’un organisme codant pour une
protéine X, est inséré dans un deuxième organisme, ce dernier sera
capable d’exprimer la même protéine X.

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