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Revue des Études Grecques

18. Tomassi (Gianluigi), Luciano di Samosata, «Timone o il


Misantropo » , introduzione, traduzione e commento
Alain Billault

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Billault Alain. 18. Tomassi (Gianluigi), Luciano di Samosata, «Timone o il Misantropo » , introduzione, traduzione e
commento. In: Revue des Études Grecques, tome 125, fascicule 1, Janvier-juin 2012. pp. 320-321;

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peut-être un certain esprit de notre temps, mais qui pose aussi la question du
rapport entre la littérature et l’histoire et celle de la possibilité d’une histoire
de la littérature. S. Tilg postule une anhistoricité et une insularité absolue de la
création littéraire, mais est-il bien sûr qu’elles correspondent à la réalité ? Il
paraît, d’autre part, habité par le souci d’éviter tout ce qui pourrait ressembler
au commencement d’une histoire du genre romanesque. En se concentrant sur
l’invention de Chariton, il donne une micro-lecture de son œuvre sans chercher
à la situer dans le paysage romanesque de l’Antiquité. Cette interprétation est
riche en analyse savantes et brillantes. Elle présente des orientations du plus
grand intérêt, en particulier la recherche d’une source latine pour un roman
grec et celle d’une influence d’Aristote (mais vient-elle de la Poétique, dont on
ne connaît pas de trace à l’époque impériale, ou du dialogue Sur les poètes ?)
sur la poétique romanesque. Elle comporte aussi des hypothèses plus qu’incer-
taines, comme celle qui attribue à Chariton la métamorphose romanesque, dans
une perspective hétérosexuelle, de l’histoire d’Harmodios et d’Aristogiton
racontée par Thucydide. On aura compris que l’inventivité herméneutique ne
manque pas à S.Tilg. Elle fait tout l’intérêt de son livre dont on n’a pas fini de
débattre.
Alain BILLAULT

18. TOMASSI (Gianluigi), Luciano di Samosata, « Timone o il Misantropo »,


introduzione, traduzione e commento, Berlin & New York, de Gruyter,
2011, in-8°, 598 p.
Cette nouvelle édition de Timon ou le Misanthrope a de nombreux mérites, et
en particulier celui de restituer le très riche contexte de cette œuvre par une
analyse détaillée de tous les éléments qui le composent.
Dans l’introduction, G. Tomassi situe le dialogue dans la perspective du
choix de Lucien qui, comme il l’explique dans La double accusation (26-34), a
un jour renoncé au métier de sophiste, auquel il devait revenir dans sa vieillesse,
pour se tourner vers la pratique d’un nouveau genre littéraire, un genre mixte
héritier des dialogues de Platon, mais aussi très différent d’eux par l’adoption du
registre sériocomique. L’éditeur fait le point sur les diverses hypothèses émises
au sujet de la genèse du Timon, qui fut sans doute composé entre 160 et 165,
puis il analyse le personnage de Timon. C’est un personnage satirique, instruit
par son expérience personnelle de la bassesse et de l’ingratitude des hommes et
dont la situation en marge de la société lui permet d’observer et de critiquer ses
travers. Pour un sophiste comme Lucien, il présentait un grand potentiel drama-
tique à exploiter. Lucien l’exploite en effet, mais dans le cadre non-sophistique
d’un dialogue.
Ce dialogue vient s’inscrire dans une longue tradition qui constitue la légende
de Timon. G. Tomassi en analyse toutes les étapes d’Aristophane à Pausanias,
en passant par Ménandre, les épigrammatistes et les philosophes hellénistiques,
Néanthe de Cyzique, Strabon et Plutarque. Lucien n’a pas utilisé au même degré
toutes ces sources, mais l’influence de la comédie a été déterminante pour la
construction du personnage principal placée sous le double signe de la continuité
et du changement. G. Tomassi met, en particulier, en relief de nombreux paral-
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lèles avec le Dyscolos de Ménandre. Il montre aussi de manière convaincante
que Lucien s’est également inspiré de son époque et que son Timon doit beau-
coup au personnage d’Hérode Atticus, le grand sophiste milliardaire qui a peut-
être aussi servi de modèle pour le personnage d’Adimante dans Le navire ou les
souhaits. Hérode Atticus était généreux avec ses compatriotes qui, en retour, ne
l’aimaient guère. Timon connaît une expérience analogue. Il a pour père Eche-
cratidès, un nom signifiant qui évoque l’exercice d’un pouvoir. Hérode Atticus
en exerçait un. Timon est originaire du dème de Collytos où le père d’Hérode
Atticus avait, dit-on, découvert le trésor qui avait fait la fortune de la famille. Et
Timon découvre, lui aussi, un trésor. Voilà bien des coïncidences qui montrent
que Lucien pouvait parfois trouver son inspiration ailleurs que dans les livres.
Quant à la destinée du Timon après Lucien, l’éditeur en donne un excellent
panorama.
Il étudie ensuite le style et la langue de l’œuvre, en analysant la technique
dramatique de Lucien dans la construction des scènes avant d’énumérer les
influences qu’on y retrouve, la comédie, la satire ménippée, la diatribe cynico-
stoïcienne. Ces analyses littéraires se trouvent curieusement situées dans une
rubrique dont le titre semblait annoncer une approche grammaticale et philolo-
gique du texte. Celle-ci intervient ensuite, après une étude des exempla et des
proverbes auxquels Lucien a aussi recours. La présentation de cette dernière
phase de l’introduction ne va donc pas sans quelque confusion. Le texte et la
traduction sont suivis d’un commentaire très développé (p. 185-540), d’une
bibliographie copieuse et de trois indices (noms et choses notables, mots grecs,
passages cités). L’ensemble du livre se recommande par sa grande qualité scien-
tifique. L’auteur y montre une érudition, une inventivité heuristique et une ambi-
tion intellectuelle qui sont dignes d’éloge. Son édition est un instrument de tra-
vail précieux qui se trouve désormais à la disposition des spécialistes et des
amateurs de Lucien
Alain BILLAULT

19. MOGGI (Mauro) et OSANNA (Massimo), Pausania, Guida della Grecia, libro
IX, La Beozia, Fondazione Lorenzo Valla, Turin, 2010, in-8°, 475 p.
Cette édition du livre IX de Pausanias se distingue par son sérieux et son
érudition remarquable, dans la droite ligne des volumes déjà réalisés par les
deux mêmes auteurs, le livre VII consacré à l’Achaïe (2000), et le livre VIII
traitant l’Arcadie (2003). L’établissement du texte (avec quelques traits de
conservatisme : cf. D. KNOEPFLER, REG 2011, p. 373) et la traduction sont dus à
M. Moggi, la longue introduction et les notes sont partagées entre ce dernier, qui
s’est plutôt dédié aux aspects philologiques et historiques, et M. Osanna, qui a
traité plus particulièrement les données archéologiques. L’information est parfai-
tement à jour, très riche sans être pesante, ce qui fait de cet ouvrage une contribu-
tion indispensable aux études béotiennes, qui disposent désormais d’un excellent
outil de travail. Vingt-cinq cartes, une bibliographie pertinente et un index précis,
dû à E. De Luna et C. Zisa, agrémentent la consultation de l’ensemble.
François LEFÈVRE

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