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Filière Génie Civil

GC2 2020-2021

Géotechnique II

Chapitre 2:
Le problème de Boussinesq

Khamlichi Abdellatif

1
Plan
• Enoncé du problème
• Equation de Navier
• Simplification de l’équation de Navier
• Forme générale de la solution
• Expression générale des déplacements
• Expression générale des déformations
• Expression générale des contraintes
• Conditions aux limites
• Solution du problème de Boussinesq

2
1 Enoncé du problème


F
O

y x

r


M
z 
er

Le problème de Boussinesq consiste à étudier un milieu continu semi-


infini élastique linéaire et isotrope soumis à une charge ponctuelle
normale au plan qui le limite.

3
2 Equation de Navier

L’équation de Navier s’écrit en l'absence de forces volumiques sous la


forme:
2(1 − ν)     
1 − 2ν

( )
grad ( div(u) ) − rot rot(u) = 0 (1)

La symétrie du problème suggère l'usage de coordonnées sphériques ayant


pour origine le point d'application de la charge.
Toujours pour des raisons de symétrie, le déplacement u ϕ doit être nul, de
même que toute espèce de dérivées par rapport à la longitude ϕ .
Nous utiliserons alors les expressions des opérateurs divergence et rotationnel
en coordonnées sphériques.
 
OM = rer
   
u = u r e r + u θ eθ + u ϕ eϕ
∂ (.)
=0
∂ϕ 4
3 Simplification de l’équation de Navier

Expression du rotationnel du déplacement en coordonnées sphériques:

  1  ∂ ( ru θ ) ∂u  
rot(u) =  − r  eϕ
r  ∂r ∂θ 
   1 ∂   ∂ ( ru θ ) ∂u r   1 ∂   ∂ ( ru θ ) ∂u r  
( )
rot rot(u) = 2
∂θ
r sin θ 
sin θ 


∂θ
 r e −
θ ∂
 sin θ 


∂θ
  eθ
 r   r sin r   r  

Expression de la divergence du déplacement en coordonnées sphériques:

1 ∂ 2 ∂ 

div(u) = (
r 2 sin θ  ∂r
r sin θ u r )
+
∂θ
( r sin θ u θ )


Expression du gradient en coordonnées sphériques:

 ∂f  1 ∂f  1 ∂f 
grad(f ) = er + eθ + eϕ
∂r r ∂θ r sin θ ∂ϕ
5
3 Simplification de l’équation de Navier

Posons:


Θ = div(u)
1  ∂ ( ru θ ) ∂u r 
Ψ=  − 
2r  ∂r ∂θ 

alors:


div(u) = Θ
   2 ∂ 2 ∂ (2)
( )
rot rot(u) = 2
r sin θ ∂θ
( Ψ r sin θ

) r
e −
r sin θ ∂r
( Ψ r sin θ

) θ
e

6
3 Simplification de l’équation de Navier

En substituant (2) dans (1) et en projetant sur les axes du repère local des
coordonnées sphériques, il vient:

  1 − ν ∂Θ 1 ∂
e
Projection sur r 1 − 2ν ∂r r 2 sin θ ∂θ ( Ψr sin θ ) = 0

 (3)

Projection sur eθ  1 − ν ∂Θ + 1 ∂ ( Ψr sin θ ) = 0
1 − 2ν ∂θ sin θ ∂r

On peut simplifier quelque peu ce système en remarquant que l'équation


(1) implique, par passage à la divergence, la suivante :


∆ ( div(u) ) = ∆(Θ) = 0 (4)

7
4 Forme générale de la solution

On applique la séparation des variables en écrivant:

A(θ) B(θ)
ur = , uθ = (5)
r r

Cette forme est suggérée par le fait que la force appliquéeF doit être équilibrée
2
par des contraintes agissant sur l'hémisphère de rayon r, dont la surface vaut 2πr .
Les contraintes seront donc de la forme:

h(θ)
r2

Les déplacements sont des combinaisons de primitives des contraintes, ils seront
donc de la forme (5).

8
4 Forme générale de la solution

De (2) et (5), on déduit que:

1 ∂ ∂  C(θ)
Θ= 2  ( r sin θA ) + ( sin θB ) = 2 (6)
r sin θ  ∂r ∂θ  r
C = A + B′ + Bcotan θ

et
 
1  ∂B A′  D(θ)
Ψ=  − =− 2 (7)
∂r
2r   r  r sin θ
 =0 
A′
D = sin θ
2

9
4 Forme générale de la solution

Détermination de C:

 ∂  C  1 ∂  C  2C  C′ 
grad(Θ) =  2  er +  2  eθ = − 3 er + 3 eθ
∂r  r  r ∂θ  r  r r

 1 ∂  C ∂  C′  
(
∆(Θ) = div grad(Θ) = ) 2
r sin θ  
2
 ∂r  −2r sin θ 3  + ∂θ  r sin θ 3  
r   r 
1  C C′′ C′ 
= 2 2
 2 sin θ + 2
sin θ + 2
cos θ 
r sin θ  r r r 

(4) ⇒ C′′ + C′ cotan θ + 2C = 0 (8)

10
4 Forme générale de la solution

L’équation différentielle (8) est linéaire à coefficients variables. Elle admet


visiblement la solution particulière suivante:

C1 = cos θ

Sans aller jusqu’à résoudre complètement (8), on pourra résoudre le présent


problème en se limitant à la solution suivante:

C = a cos θ (9)

où a est une constante réelle à déterminer.

11
4 Forme générale de la solution

Détermination de D:

On utilise à présent la deuxième équation du système (3), laquelle par (6) et (7)
devient:
1− ν 1 1 ∂ D
C′−  =0
1 − 2ν r 3 r sin θ ∂r  r 
D’où
1− ν
D=− C′ sin θ
1 − 2ν

En utilisant (9), il vient alors:

1− ν
D= a sin 2 θ (10)
1 − 2ν

12
4 Forme générale de la solution

Détermination de A:

On déduit A à partir de l’équation (7).

2D 2(1 − ν)
A′ = = a sin θ
sin θ 1 − 2ν
D’où

2(1 − ν) (11)
A=− a cos θ + b
1 − 2ν

b étant une constante réelle à déterminer.

13
4 Forme générale de la solution

Détermination de B:

En vertu de l’équation (6), la fonction B vérifie l’équation:

2(1 − ν) 3 − 4ν
B′ + Bcotanθ = C − A = a cos θ + a cos θ − b = a cos θ − b
1 − 2ν 1 − 2ν
soit

3 − 4ν (12)
B′ + Bcotanθ = a cos θ − b
1 − 2ν

Il s’agit d’une équation différentielle linéaire de premier ordre à coefficients


variables.

14
4 Forme générale de la solution

Détermination de B:

La solution générale B0 de l'équation homogène associée à (12) s'écrit:

c
B0 =
sin θ

où c est une constante réelle à déterminer

Par la méthode de la variation de la constante, il vient la solution particulière:

3 − 4ν
B1 = a sin θ + b cotanθ
2(1 − 2ν)

D’où
c 3 − 4ν
B= + a sin θ + b cotanθ (13)
sin θ 2(1 − 2ν)
15
4 Forme générale de la solution

Détermination de B:

Mais l’expression (13) ne peut être admise telle quelle, car elle donnerait
un déplacement orthoradiale infini sur l’axe des z, du fait du sin aux dénominateurs
des deux termes extrêmes. Pour obtenir un déplacement fini, on doit avoir lorsque θ
est petit:

(c + b) − bθ2 / 2
B
θ
qui doit rester fini. On voit qu’il faut que: c = −b

D’où
3 − 4ν sin θ
B= a sin θ − b (14)
2(1 − 2ν) 1 + cos θ
16
5 Expression générale des déplacements

Les relations (5), (11) et (14) permettent d'écrire:

 2(1 − ν) cos θ b
u r = − 1 − 2ν a r + r
 (15)
u θ = 3 − 4ν a sin θ − b sin θ
 2(1 − 2ν) r r 1 + cos θ

17
6 Expression générale des déformations

Les déformations s’écrivent:

∂u r 2(1 − ν) a cos θ b
ε rr = = 2
− 2
∂r 1 − 2ν r r
1 ∂u θ u r 1 a cos θ b cos θ
εθθ = + =− 2
+ 2
r ∂θ r 2(1 − 2ν) r r 1 + cos θ
ur uθ 1 a cos θ b 1
εϕϕ = + cotanθ = − +
r r 2(1 − 2ν) r 2 r 2 1 + cos θ
1  1 ∂u r ∂  uθ  a sin θ b sin θ (16)
ε rθ =  + r    = − 2
+ 2
2  r ∂θ ∂r  r   2r r 1 + cos θ
1  ∂u ϕ 1 ∂u θ 
εθϕ =  − u ϕcotanθ + =0
2r  ∂θ sin θ ∂ϕ 
1  1 ∂u r ∂u ϕ u ϕ 
ε rϕ =  + − =0
2  r sin θ ∂ϕ ∂r r 
18
7 Expression générale des contraintes

Partant de la relation de la loi d’élasticité linéaire isotrope, on a:

2Gν
σij = 2Gεij + εkk δij
1 − 2ν

Mais d’après (6)

C a cos θ
ε kk = Θ = =
r2 r2
d’où

 a cos θ 2 − ν b   a sin θ b sin θ 


σrr = 2G  2 − 2 σrθ = 2G  − 2
+ 2 
 r 1 − 2ν r   2r r 1 + cos θ 
 a cos θ b cos θ 
σθθ = 2G  − 2
+ 2  σθϕ = 0 (17)
 2r r 1 + cos θ 
 a cos θ b 1 
σϕϕ = 2G  − 2
+ 2 1 + cos θ 
σrϕ = 0
 2r r 
19
8 Conditions aux limites

Pour r > 0, les conditions sur la surface libre sont:

σθθ θ=± π = 0
2
σ rθ θ=± π = 0
2


F σθθ
σrθ

σrθ

σrr

20
8 Conditions aux limites

La condition portant sur la contrainte orthoradiale est automatiquement vérifiée.


Quant à la nullité de la contrainte de cisaillement, elle nécessite:

−a + 2b = 0

Il faut à présent exprimer a en termes de la charge F. Pour ce faire, on


notera que la résultante des contraintes sur n'importe quel hémisphère centré
sur le point d'application de la charge doit équilibrer F. Cette condition s'écrit:

∫Σ rθ
2
( σ sin θ − σ rr cos θ ) r sin θdθdϕ = F

soit par intégration par rapport à la longitude:

π/ 2
2π ∫ ( σrθ sin θ − σrr cos θ ) r 2 sin θdθ = F
0

21
8 Conditions aux limites

Un long calcul (Mais très simple à faire) montre alors que:

2πGa
F=−
1 − 2ν

Soit:

(1 − 2ν )F (1 − 2ν )F (18)
a=− ; b=−
2πG 4πG

22
9 Solution du problème de Boussinesq

Connaissant les valeurs de a et b données par (18), on peut enfin obtenir la solution
générale du problème de Boussinesq.

Déplacements:

 F
u r = 4πGr [ 4(1 − ν) cos θ − (1 − 2ν) ]

 Fsin θ  1 − 2ν 
u θ = 1 + cos θ − (3 − 4 ν ) 
 4 πGr
u ϕ = 0

23
9 Solution du problème de Boussinesq

Contraintes:

(1 − 2ν)F  4 − 2ν  (1 − 2ν)F sin θ cos θ


σ rr = 2 
1− cos θ  σrθ =
2πr  1 − 2ν  2πr 2 1 + cos θ
(1 − 2ν)F cos 2 θ
σθθ = σθϕ = 0
2πr 2 1 + cos θ
(1 − 2ν)F cos θ − sin 2 θ
σϕϕ = σrϕ = 0
2πr 2 1 + cos θ

24
9 Solution du problème de Boussinesq

On constatera que la solution de Boussinesq est purement théorique, car elle


entraîne un déplacement et des contraintes infinis à l’origine O.

Dans la pratique, il n’existe aucun moyen pour appliquer une force parfaitement
ponctuelle. De même, aucun matériau n’admet une contrainte limite d’élasticité
qui est infinie.

Il faut donc reprendre le problème avec les hypothèses de chargement réparti et


de matériau élastoplastique.

Cependant, lorsqu’on se place suffisamment loin de O, le principe de Saint-


Venant nous permet d’exploiter la solution du problème de Boussinesq pour prédire
l’état de déformation et de contrainte dans le milieu semi-infini.

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