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Corrigés

soient les noms que l’on choisit de leur donner, reposent sur
Halte aux idées reçues
une même réalité : l’attraction mutuelle des particules dont les
charges électriques sont de signes opposés.
1. Le nombre de charge Z d’un objet, quel qu’il soit, représente
Dans le cas des liaisons au sein d’une molécule, la mise en
le nombre de fois où cet objet contient la charge électrique
commun par deux atomes d’un électron externe chacun pour
élémentaire e. Ainsi le nombre de charge d’un proton est-il
assurer une liaison de covalence n’est pas autre chose qu’un
+1, et celui d’un neutron, 0. Mais on peut également définir le
équilibre entre les attractions des noyaux pour les électrons,
nombre de charge d’un électron : −1, ou même d’un objet ne
et les répulsions entre noyaux et entre nuages électroniques.
se résumant pas à une particule élémentaire. C’est ainsi que
La liaison de covalence elle-même ne résulte donc pas d’autre
le nombre de charge d’un atome neutre est par définition nul.
chose qu’une interaction coulombienne.
Le numéro atomique, quant à lui, caractérise l’élément en
ce sens qu’il représente le nombre de protons du noyau d’un Réciproquement, ce que l’on qualifie de liaison ionique n’est
atome de cet élément, donnée qui définit fondamentalement en fait guère autre chose qu’une liaison de covalence polarisée
l’élément chimique. Ainsi le numéro atomique d’un élément à outrance. Vous avez vu que les atomes peuvent être caracté-
correspond bien à un nombre de charge, non pas celui de risés, entre autres choses, par leur électronégativité, grandeur
l’atome dans son entier, mais celui de son seul noyau. quantifiant leur propension à accaparer les électrons de toute
liaison covalente dans laquelle ils se trouvent engagés. Celle-ci
2. Le tableau de classification périodique (TCP) des éléments peut en fait se résumer à la tendance qu’aura cet atome vis-à-
repose sur la reproduction, à intervalles prévisibles, de pro- vis des électrons, pour satisfaire à la règle de l’octet.
priétés chimiques analogues pour des éléments différents. Ces Il n’est que de citer l’exemple du solide ionique sans doute
propriétés chimiques sont liées au cortège électronique des le plus connu au monde : le chlorure de sodium NaCl (sel de
atomes de ces éléments, qui sont eux-mêmes tributaires du cuisine). L’atome neutre de chlore n’a besoin que d’un seul
numéro atomique de ces éléments, soit encore du nombre de électron en plus pour satisfaire à la règle de l’octet : il est de
charge de leur noyau. L’ordonnancement des éléments dans le ce fait très avide d’électrons, ce qui se traduit par une grande
TCP repose donc à la base sur les caractéristiques électriques électronégativité. À l’opposé, l’atome neutre de sodium est
des noyaux atomiques. encombré d’un électron de trop pour satisfaire à cette même
La masse molaire des atomes, quant à elle, repose sur les iso- règle. Il est donc naturellement poussé à s’en débarrasser, ce
topes de ces atomes (les nombres de neutrons et l’abondance que traduit sa très faible électronégativité. Associé à un atome
relative de chacun dans la nature). La masse molaire n’est de chlore, ils vont établir une liaison de covalence, mais le
donc pas une affaire de charge électrique, mais uniquement nuage électronique la constituant sera beaucoup plus concen-
de masse. Il se trouve que globalement, la masse molaire suit tré autour de l’atome de chlore, qu’autour de celui de sodium.
approximativement le même sens de variation que le numéro C’est ce que l’on entend par liaison polarisée.
atomique : les nombres de protons et de neutrons croissent en
Mais s’il est vrai que cette polarisation autorise une modéli-
général dans le même sens, aboutissant à des masses molaires
sation en termes d’attraction coulombienne plus simple que
qui croissent dans le même sens que le numéro atomique.
dans le cas d’une liaison non polarisée, il serait en revanche
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Mais ceci ne doit pas faire perdre de vue que la considération faux de croire que l’interaction fondamentale en jeu diffère.
de base dans l’établissement du TCP tient à la charge élec-
trique. Par ailleurs, plusieurs exceptions mettent en défaut 4. Une molécule est dite polaire lorsqu’elle possède un
l’affirmation proposée. Ainsi, par exemple, la masse molaire moment dipolaire électrique global, c’est-à-dire que les
de l’argon est supérieure à celle du potassium, malgré le fait centres de charge respectifs (analogues du centre de masse,
qu’il précède ce dernier dans le TCP. Idem pour le cobalt et à ceci près que les particules sont pondérées non par leurs
le nickel, le tellure et l’iode, le thorium et le protactinium, masses respectives mais par leurs charges électriques) des
l’uranium et le neptunium... charges positives et négatives ne coïncident pas. Dans les
faits, le moment dipolaire électrique d’une molécule est égal à
3. On a souvent tendance à dire qu’au sein d’un corps molé- la somme vectorielle des moments dipolaires électriques des
culaire, la liaison à l’œuvre entre les atomes est une liaison de différentes liaisons qu’elle comporte.
covalence, tandis qu’au sein d’un corps ionique, c’est l’inter- Ainsi, si l’on considère une molécule diatomique polarisée telle
action coulombienne qui assurerait la cohésion des atomes. Il que le chlorure d’hydrogène HCl, elle est effectivement polaire,
importe de bien comprendre que ces deux liaisons, quels que du fait même que l’unique liaison qu’elle comporte est polarisée.
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Si l’on considère la molécule d’eau H2O, celle-ci comporte Tout au plus peut-on dire, face à un spectre présentant
deux liaisons polarisées, et la molécule présentant une géomé- une particularité caractéristique d’une espèce, qu’il permet
trie coudée, les moments dipolaires respectivement associés à d’identifier cette espèce, et incidemment les groupements
ces deux liaisons ne possèdent pas la même direction : leur fonctionnels qu’elle porte, si l’on connaît déjà sa nature par
somme ne peut donc pas aboutir au vecteur nul (tout comme ailleurs. Mais l’identification, pièce par pièce, de la structure
deux forces non colinéaires ne peuvent pas se compenser d’une molécule, ne peut se faire qu’à travers ses spectres IR et
entre elles), et la molécule d’eau est donc également polaire. RMN, souvent utilisés conjointement d’ailleurs.
Prenons à présent le cas du dioxyde de carbone CO2 : celle-ci
comporte deux doubles liaisons C=O extrêmement polarisées. Du Tac au Tac
Pourtant, la géométrie de cette molécule étant linéaire (le
carbone ne comporte pas de doublet non liant), leurs moments n 35Cl
dipolaires électriques s’opposent l’un à l’autre et, résultant 1. Notons x = la fraction en quantité de matière (on
nCl
chacun de la même liaison, ont même valeur et s’annulent donc
parle de fraction molaire) du chlore 35 dans un échantillon de
entre eux. Ainsi le dioxyde de carbone, bien qu’étant le siège
chlore naturel. Nous pouvons alors affirmer, puisque le chlore
de liaisons très polarisées, se trouve être une molécule apolaire.
ne possède que deux isotopes stables, que si l’on prend une
Il est intéressant de noter que cette capacité à être apolaire quantité de matière nCl de chlore, celle-ci sera constituée de :
en dépit de liaisons polarisées se retrouve notamment dans •• n35Cl = xnCl de chlore 35 ;
toutes les situations où un atome central dépourvu de doublet
non liant est entouré d’atomes identiques entre eux, sans que •• n37Cl = nCl − n35Cl = (1 − x )nCl de chlore 37.
la géométrie soit nécessairement linéaire (trioxyde de soufre La masse molaire atomique d’un élément chimique étant par
SO3, dans laquelle le soufre est trigonal), ni même plane définition le coefficient de proportionnalité entre la masse
(tétrachlorométhane, dans laquelle le carbone est tétragonal) : d’un échantillon d’atomes de cet élément pris à l’état naturel
(c’est-à-dire incluant tous ses isotopes), et la quantité de
matière d’atomes dans cet échantillon, il vient :

mCl m 35Cl + m 37Cl


M Cl = =
nCl nCl
n35Cl M 35Cl + n37Cl M 37Cl
=
nCl
Soit encore :
n35Cl n37Cl
M Cl = M 35Cl + M 37Cl
nCl nCl

Nous reconnaissons les fractions molaires du chlore 35 et du


chlore 37, ce qui nous permet d’écrire :

M Cl = xM 35Cl + (1 − x ) M 37Cl

Ce qui revient au final à :


M 37Cl − M Cl 1,5 g.mol −1
On remarque au passage que le soufre ne satisfait pas ici à x= = = 0, 75
la règle de l’octet. Vous verrez en effet en CPGE que, dès la M 37Cl − M 35Cl 2, 0 g.mol −1
troisième ligne du tableau de classification périodique, les
atomes peuvent procéder à ce que l’on appelle une promotion Nous en concluons que le chlore naturel est constitué de 75 %
de valence, qui leur permet de devenir hypervalents, c’est-à- de chlore 35, et le complémentaire, soit 25 %, de chlore 37.
dire de s’entourer de plus de quatre doublets d’électrons.
2. La structure électronique de l’atome neutre de fer, de
5. Nous avons vu que le spectre UV-visible n’apportait aucune numéro atomique Z = 26, est :
information sur la structure de la molècule : trop grossier par 1s 2 2s 2 2 p6 3s 2 3 p6 4 s 2 3d 6
rapport aux liaisons chimiques, il se contente de donner une
signature de l’espèce absorbante. Mais cette signature, si Pour obtenir celle des ions associés au fer, on commence
elle est éventuellement identifiable (et encore, si l’on ignore par vider les niveaux de n le plus élevé, c’est-à-dire n = 4
tout de l’espèce qui l’a donnée, la bataille n’est que rarement ici. On en déduit les structures électroniques des ions Fe 2+
gagnée), est en revanche illisible. Nous pourrons peut-être et Fe3+ :
reconnaître la molécule si nous la voyons de nouveau, mais •• pour Fe2+ : 1s 2 2s 2 2 p6 3s 2 3 p6 3d 6 ;
nous n’en connaîtrons toujours pas l’anatomie. •• pour Fe3+ : 1s 2 2s 2 2 p6 3s 2 3 p6 3d 5 .

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