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Didactique du lexique
Le lexique est sans aucun doute l'irrégularité fondamentale, face aux régularités de la syntaxe et de la
phonologie (A. Rey)
Le lexique procure le vertige de l'infini : des milliers de mots, à peu près tous polysémiques – ce qui
multiplie les sens à maîtriser -, traversés par des relations synonymiques ou antonymiques non
systématiques – variant selon les emplois -, que nulle énumération ne peut épuiser et, a fortiori, que nulle
règle ou régularité ne peut organiser. (D. Leeman, FA 131 p. 42).
• Années 80/90 : renouveau dans les recherches sur le lexique (morphologie, sémantique...).
cf. travaux de Danielle Corbin (université de Lille)
Conviction que le désordre des apparences cache un ordre profond qu'il appartient aux chercheurs de
restituer et modéliser ;
Modèle théorique qui s'appuie sur
l'associativité (forme et sens) : le sens d'un mot construit est construit en même temps que sa structure
morphologique, compositionnellement par rapport à celui-ci
Le lexique est relativement négligé dans les apprentissages en langue, et au mieux réduit à un
enseignement fossilisé dans des routines pédagogiques ou annexé à d’autres apprentissages
considérés comme plus fondamentaux.
• Par la suite, la rubrique n’a pas cessé de s’étoffer ; le nombre des notions augmente nettement, dans un
mouvement
qui conserve les objectifs initiaux dominants (améliorer la compréhension)
tout en s’ouvrant à la structuration du lexique (relations lexicales, familles de mots).
A. Bentolila, 2007 : « L’acquisition d’un vocabulaire riche et précis, dont nous avons montré l’importance
pour maîtriser la langue orale et écrite, exige un enseignement fondé sur une progression rigoureuse, des
séquences spécifiques, des activités systématiques et régulières ».
les « leçons de mots » en maternelle font débat
Monsieur Bentolila semble ignorer des données assez élémentaires sur l’apprentissage. Depuis pas mal de
temps, il est démontré qu’apprendre ne se fait nullement par empilement, mais par mise en relation. Lorsque
l’on apprend un mot nouveau — et cela ne peut se produire que dans une situation langagière, signifiante,
orale ou écrite, le plus souvent en lecture, jamais dans une leçon —, ce mot ne s’ajoute jamais à ceux que je
connais déjà : il réorganise le champ sémantique de ce mot et déplace nécessairement ceux que l’on possédait
auparavant. Pour le vocabulaire, comme pour tout autre apprentissage, apprendre, c’est transformer les
savoirs-déjà-là, et non ajouter un élément à une liste. (Charmeux, 2007)
• Cycle 1, 2008 :
◦ échanges avec l’enseignant et avec ses camarades,
◦ dans l’ensemble des activités et, plus tard, dans des séances d’apprentissage spécifiques,
◦ il acquiert quotidiennement de nouveaux mots dont le sens est précisé ;
◦ séquences spécifiques : classification, mémorisation, réutilisation, interprétation
◦ mots nouveaux chaque semaine (noms, verbes, adjectifs, adverbes, prépositions)
◦ pour comprendre, échanger, exprimer leur pensée au plus juste
• Cycle 2, 2008 : :
◦ activités spécifiques en classe, mais aussi dans tous les enseignements,
◦ l’élève acquiert quotidiennement des mots nouveaux.
◦ capacité à se repérer dans le monde qui l’entoure, à mettre des mots sur ses expériences, ses opinions et
ses sentiments, à comprendre ce qu’il écoute et ce qu’il lit, et à s’exprimer de façon précise à l’oral
comme à l’écrit.
◦ compréhension, mémorisation et emploi des mots
◦ classement (termes génériques), synonymes / antonymes, familles de mots, dictionnaire.
• Cycle 3, 2008 :
◦ relations de sens,
◦ relations de sens et de forme,
◦ identification des catégories grammaticales
◦ utilisation du dictionnaire.
Donc nécessité de repenser les activités, les outils et développer la curiosité devant les faits lexicaux.
A l’expérience, s’agissant du vocabulaire de la langue maternelle, tenons aussi pour fermement acquis
qu’un ensemble de mots appartenant à un champ lexical identique, ou à un même champ
morphologique, s’acquiert plus facilement qu’une unité isolée. (Pruvost 1999)
Cf. Paveau 2000 : procédures mises en place pour atteindre la richesse lexicale
– valeurs qui définissent richesse / pauvreté varient selon les auteurs
– pédagogie économico-statistique : listes, QCM, mots hors contexte
– acculturation (par héritage) : restauration de « savoirs perdus »
– recherche du mot juste (rare), condamnation du mot « passe-partout » (fréquent = pauvre)
Le point de départ d'un enseignement systématique du vocabulaire me paraît résider dans l'étude des mots très
peu spécifiques, très peu connotés, à la fois hyperonymiques et très polysémiques, qui apparaissent en tête de
différentes fréquences. C'est là que se trouvent les primitifs sémantiques à partir desquels les hyponymes sont
construits et c'est dans la structure de leurs polysèmies qu'apparaissent les mécanismes conceptuels de base
propres à la langue française comme à toute autre langue maternelle (Picoche 1992).
La spécificité d'une langue repose en grande partie sur la structure de ses polysèmes, qui sont en même temps
des manières spécifiques de voir le monde (Picoche 1993).
En conclusion