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Organisation industrielle et

stratégie d'entreprise
Chapitre 1 : La méthodologie de l’économie
industrielle : pourquoi la théorie des jeux ?

I. Décrire les marchés de concurrence imparfaite


A. La structure de marché
Comment caractériser la structure de marché ?
- Le nombre de firme
o Limite : ne prend pas en compte l’asymétrie entre les firmes
- Le ratio de concentration (concentration ratio), le ratio concentration C K est la part de
marché cumulée des K plus grandes firmes du secteur. Il est donc compris entre 0 et 100 % .
o Limite : sensible au choix de K et ne reflète pas le partage du marché entre les K
plus grandes firmes.
- L’indice d’Hirschman-Herfindhal (Hirschman-Herfindhal Index : IHH). Le IHH est la somme
des carrés des parts de marché (en %) de toutes les firmes du secteur, soit :
K
HHI =S21 + S22 + S23 +…+ S 2K =∑ S2i . Il est donc compris entre 0 et 10 000 .
i=1
Propriétés de l’indice d’Hirschman-Herfindhal :
o Valeur du HHI dans le cas symétrique : lorsque les firmes sont identiques (mêmes
10000
parts de marché), HHI = , où n est le nombre de firmes. Ainsi pour
n
n=3 → HHI =3333 , pour n=4 → HHI =2500 , pour n=10 → HHI =1000 . Ceci
permet de mieux interpréter le sens d’une valeur donnée de l’indice Hirschman-
Herfindhal
o Le HHI augmente quand les parts de marché des firmes deviennent inégales
o Le HHI est plus sensible aux grosses parts de marché qu’aux petites

Les trois marchés ont le même C 4, mais la répartition des parts de marché est différente entre les 4
plus grandes (marché B) ou entre les 4 plus petites (marché C).
Table : HHI et parts de marché

Table : La concentration de quelques secteurs industriels américains en 2012

2
Exemple de marché concentré :
Table : Flavoring syrup and concentrate manufacturing

Exemple de marché peu concentré :


Table : apparel manufacturing

Table : Machine shops

Le marché pertinent
Avant de mesurer la concentration, il faut définir le marché.
Dans l’espace produit, sont sur le même marché :
- Les produits perçus par les acheteurs comme substituable (concurrence effective)
- Les produits élaborés par des procédés similaires (concurrence potentielle)
Dans l’espace géographique, le marché est un territoire au sein duquel les consommateurs sont
effectivement susceptibles de se déplacer pour acheter le produit (zone de chalendise)

Les instituts statistiques utilisent des nomenclatures de produits et publient des statistiques pour les
catégories de ces nomenclatures. Les chiffres donnés précédemment pour les USA reposent sur la
nomenclature NAICS (North American Industry Classification System) 2012 pour le marché de
produits et sur une définition nationale (USA) du marché pour le marché géographique
Table : La nomenclature NAIX 2012 – Exemple
31 -33 Manufacturing
311 Food manufacturing
3112 Grain and ouiseed miling
31121 Flour miling and malt manufacturing

3
311211 Flour miling

Les limites des données de la statistique publique


La NAICS considère comme concurrents les produits issus de procédés de production similaires. La
substituabilité du côté de la demande n'est pas prise en compte.
Exemple : cane sugar refining (311312) et beet sugar refining (311313) sont définis comme deux
secteurs différents.
Exemple : pharmaceutical preparations (325412) est défini comme un seul secteur.
Les volumes sont les volumes de production locale. Les importations ne sont pas prises en compte.
Les exportations sont prises en compte.
Le degré de concentration sur les marchés locaux peut être très différent du degré de concentration
calculé au niveau national.

L’évolution de la structure de marché : les entrées / sorties


- Effets de l’entrée :
o Renforcement de la concurrence
o Disciplines des firmes en place (entrée potentielle)
o Allocation efficace des ressources entre les marchés
o Efficacité productive
- Effets de la sortie :
o Réduction de la concurrence
o Allocation efficace des ressources entre les marchés
o Impact sur l’incitation à entrer (possibilité de sortir)

Quelques éléments statistiques sur les entrées/sorties


Dunne, Roberts, Samuelson (1988) : données USA 1963, 1972, 1977 et 1982 :
- 39% des firmes présentes sur un marché pour une de ces années sont entrées depuis la
précédente enquête.
- Entre 30 et 40% des firmes sortent du marché entre deux enquêtes.
- Les entrants sont plus petits que les firmes en place (17% de la production pour 39% des
firmes)
- 60% des entrants sortent dans les 5 années suivant l'enquête où ils sont apparus pour la
première fois, 80% dans les 10 ans
- Hétérogénéité des secteurs. Les secteurs qui ont un fort taux d'entrée ont aussi un fort taux
d'entrée

Les facteurs influençant l’entrée


- Les barrières à l’entrée : tout élément de nature à rendre l’entrée plus difficile / moins
profitable peut être considéré comme une barrière à l’entrée. On distingue 2 types de
barrières à l’entrée (du moins les plus importantes) :
o Les barrières à l’entrée structurelles sont des caractéristiques du marché
indépendantes du comportement des firmes en place. Cela peut être dû à plusieurs
facteurs :
 Les économies d’échelle : il existe des économies d’échelle lorsque le coût
moyen de production de long terme est une fonction décroissante du niveau
de production.

4
 Avantage absolu en coûts : les firmes en place ont un avantage absolu en
coût quand, pour tout niveau de production, leur coût moyen inférieur à
celui des entrants ;
 Le coût du capital ;
 La différenciation des produits : prolifération des marques, on parle de brand
prolifération ;
 Le verrouillage des réseaux de distribution ;
 Les barrières règlementaires ;
o Les barrières à l’entrée stratégique sont des caractéristiques du marché résultant du
comportement des firmes en place.

Les incitations à entrer


Les profits !

Les facteurs influençant la sortie


- Les barrières à la sortie : est un coût que doivent supporter les firmes lorsqu’elles quittent le
marché (exemple : existence de coûts perdus)
- Les incitations à la sortie :
o Les pertes ;
o Sortie volontaire vs. Faillite ;

L’évolution de la structure de marché : les fusions-acquisitions


- Impactent plus ou moins fortement selon les périodes (vagues) la structure des différents
secteurs de l’économie
- Typologie : opérations horizontales, verticales et conglomérales
o Fusion horizontale : les entreprises sont des concurrents directs (mêmes marchés)
o Fusion verticale : les entreprises se situent à différents niveaux d’une même chaîne
de valeur
o Fusion conglomérale : les entreprises opèrent sur des marchés différents (dimension
produit et / ou dimension géographique)
Impact différent sur la structure de ces différents types de fusion

Les motivations des fusions-acquisitions


Principe général : l’ensemble résultant de la fusion sera plus profitable que les firmes séparées.
- Renforcement du pouvoir de marché
- Gains d’efficience

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- Élimination de l’inefficience X
- Réduction des risques

Les difficultés rencontrées lors des fusions-acquisitions


- La fusion doit être autorisée par les autorités de concurrence
- Les gains d’efficience doivent se concrétiser, faute de quoi la fusion sera un échec
- Nombreux travaux empiriques sur la profitabilité des fusions

B. Le pouvoir de marché
Pouvoir de marché : lorsqu’une entreprise peut fixer un prix supérieur au niveau de prix
concurrentiel, on dit qu’elle a un pouvoir de marché.
P−MC
Mesure : la mesure usuelle du pouvoir de marché est l’indice de Lerner. Il est défini par , où
P
P est le prix et MC est le coût marginal.
Mesures alternatives du pouvoir de marché :
- La marge d’exploitation (return on sales) :
TR−TC
o La marge d’exploitation est définie par , où TR est le total des ventes et TC
TR
est le coût total
- La rentabilité des capitaux propres (return on equity) :
π −T
o La rentabilité des capitaux propres est définie par , où π est le profit, T sont
E
les taxes et E sont les capitaux propres.
- Le q de Tobin :
o Le q de Tobin est défini comme le rapport entre la valeur de marché de la firme et le
coût de remplacement de ses actifs. À l'équilibre de long terme d'un marché de
concurrence pure et parfaite, il est égal à 1. Un q de Tobin supérieur à un signale un
pouvoir de marché.

II. Comprendre le fonctionnement des marchés de


concurrence imparfaite
A. La corrélation entre structures de marché et pouvoir de marché : un
constat partagé
William G. Shepherd, 1972, The elements of market structure, The review of economic and statistics,
vol 54(1), pp.25-37.
Modèle estimé : RR=a+bM +cG+ dS+eA + fE+ ϵ , où :
- RR (rate of return on capital) est la rentabilité des capitaux propres,
- M est la part de marché de la firme
- G est la part de marché des autres principales firmes (G=C 4−M )
- S est la taille des entreprises définie comme le logarithme de l’actif total net
- A est le ratio des dépenses publicitaires sur les ventes ;
- E est la croissance (en %) des ventes de l’entreprise sur la période ;
Échantillon : 231 grandes entreprises manufacturières américaines sur la période 1960-1969.
Table : Estimations (Shepherd (1972))

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B. La causalité entre structure de marché et pouvoir de marché
Comment interpréter les résultats de Shepherd (1972) ?
L’interprétation retenue par Shepherd illustre bien la position de l’école de Harvard, dans le cadre du
paradigme Structure – Comportement – Performance (SCP) :
“L'analyse statique part du principe que la position d'une entreprise sur le marché (définie par sa
part, la concentration et les obstacles du secteur, et éventuellement d'autres éléments) affecte le
degré de rentabilité qu'elle peut atteindre. L'adaptation d'un modèle dans lequel ces éléments sont
considérés comme des déterminants de la rentabilité peut alors clarifier le rôle de chaque élément. »

Pour les tenants du paradigme SCP, la corrélation entre structure de marché et profitabilité des
firmes est une relation de cause à effet.
Cette vision est critiquée par l’école de Chicago. Pour les tenants de l’école de Chicago, la causalité
entre structure de marché et profitabilité des firmes n’est pas établie. Des différences d’efficacité
peuvent expliquer à la fois la structure de marché et la profitabilité des firmes
Richard B. Mancke, 1974, Cause of interfirm probability differences: A new interpretation of the
evidence, The Quartely Journal of Economics, LXXXVIII (2), pp. 181-193.
- Modèle stochastique ;
- Firmes initialement identiques ;
- Investissement risqué répété sur 15 périodes ;
- Résultat : les firmes qui ont de la chance sont à la fois plus grandes (taille et part de marché)
et plus profitable ;
« En résumé, dans ce modèle simple, les mesures des taux de profit de l'entreprise, de sa taille, de sa
part de marché et de sa croissance seront toutes positivement corrélées avec l'ampleur nette des
succès effectivement réalisés par l'entreprise sur ses investissements passés. Par conséquent, il
devrait y avoir une corrélation positive entre les mesures des taux de profit de l'entreprise et les
mesures de ces autres variables - de telles corrélations seraient observées même si aucune relation
causale positive ne lie le niveau des taux de profit de l'entreprise à l'une de ces variables. Ainsi, dans
le monde décrit par ce modèle simple, les constatations empiriques de telles corrélations positives
n'offriraient aucune preuve permettant de confirmer ou d'infirmer les hypothèses selon lesquelles les
différences de ces variables provoquent des différences de rentabilité interentreprises. »
Table : Estimations (Shepherd (1974))

Définition des variables :


- S=¿ taille de la firme ;
- M =¿ part de marché de la firme ;
- G 1=¿ taux de croissance des profit réinvestis entre les années 6 et 10 ;
- G 2=¿ taux de croissance des profits réinvestis entre les années 10 et 15 ;
Table : Estimations (Shepherd (1972))

Table : Estimations (Mancke (1974))

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C. L’apport de la théorie des jeux
Les travaux de Nash sur les jeux non-coopératifs
« Nash a formellement défini un équilibre d'un jeu non coopératif comme étant un profil de
stratégies, un pour chaque joueur du jeu, tel que la stratégie de chaque joueur maximise son gain
d'utilité espérée contre les stratégies données des autres joueurs. Si nous pouvons prédire le
comportement de tous les joueurs dans un tel jeu, alors notre prédiction doit être un équilibre de
Nash, sinon elle violerait cette hypothèse de comportement individuel rationnel intelligent. »
(Myerson, 1999)
Les principaux raffinements de l’équilibre de Nash :
- L’équilibre parfait en sous-jeux (Selten)
- L’équilibre bayésien (Hersanyi)
L’équilibre de Nash permet immédiatement une relecture de l’équilibre de Cournot (Cournot, 1938)
… « as soon as Nash produced the non-cooperative equilibrium, I [Shubik] took one look at it and just
said to John : this is Cournot » (Leonard, 1994) … et l’émergence d’une nouvelle approche théorique
et empirique (économétrie structurelle) qui est aujourd’hui dominante en économie industrielle : la
Nouvelle Économie Industrielle (Tirole (1988)).
La paradigme SCP s’est quant à lui adapté pour survivre mais a ce faisant perdu ce qui faisait sa force
(et sa faiblesse). C’est aujourd’hui une référence historique.

III. Conclusion
Le concept d’équilibre de Nash a permis le développement d’une littérature académique très
importante sur le fonctionnement des marchés en situation de concurrence imparfaite. Dans la suite
de ce cours, nous présenterons les principaux modèles d’oligopole.
Ces modèles décrivent le comportement normal des firmes sur un marché de concurrence imparfaite
et servent de référence pour analyser des comportements possiblement anticoncurrentiels.

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Chapitre 2 : La concurrence en quantité

I. Introduction
A. Rappel : Monopole et CPP : l’équilibre
On considère un marché caractérisé par :
- La fonction inverse de demande P=100−Q
- Un coût marginal constant c=10
- Une unique firme, en situation de monopole ;
Le monopole maximise ses profits, donnés par :
M
Π ( Q ) =P ( Q ) Q−cQ=( 90−Q ) Q
La condition du premier ordre est :
M
∂ Π (Q)
=0
∂Q
Soit ici Q M =45 . Cette condition peut aussi s’écrire :
∂ ( P(Q )Q)
=c
∂Q
Cette quantité correspond au prix P M =55.
La maximisation des profits du monopole :

La maximisation des profits du monopole :

L’équilibre concurrentiel :

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B. Rappel : analyse de surplus
a. L’équilibre de monopole

b. L’équilibre concurrentiel

II. Le modèle de Cournot – présentation


A. Le modèle de Cournot (1838)
On considère un marché caractérisé par :
- La fonction inverse de demande P=100−Q
- Un coût marginal constant c=10
- Deux firmes (Airbus et Boeing)
Dans son analyse, Cournot suppose que chaque firme pense que son concurrent va maintenir
inchangé son niveau de production. Si Boeing produit par exemple q B =45 , alors Airbus fait face à
une demande résiduelle donnée par :
P=100−45−q A=55−q A
Airbus maximise ses profits en choisissant q A=22, 5. Le prix est alors de P=32 , 5.

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La maximisation des profits d’Airbus pour q B =45 .

Cette situation n’est pas un équilibre. En effet, Boeing perçoit une demande résiduelle :
P=100−22 ,5−q B =77 ,5−q B
Boeing maximise ses profits en choisissant q B =33 ,75 . Le prix est alors de P=43 , 75.
L’hypothèse d’Airbus (maintien de l’output de Boeing à q B =45 ¿était donc fausse. Cournot suppose
pourtant qu’Airbus est maintenant persuadé que Boeing maintiendra sa production à q B =33 ,75 et
que sa demande résiduelle est donc P=66 ,25−q A.
Cournot décrit donc un processus concurrentiel dynamique dans lequel chaque firme régit à son tour
au choix de son concurrent.
La fonction de réaction de B R B de Boeing décrit, pour toute valeur de q A la valeur de q B qui
maximise les profits de Boeing. Ici :
B 1
B R ( q A ) =45− q A
2
C’est en effet la valeur de q Bqui maximise les profits de Boeing, donnés par :
B
Π ( q A )=( 100−q A −q B ) q B −c qB
De la même façon, on trouve la meilleure réponse d’Airbus :
1
BRÂ ( q B )=45− qB
2
L’équilibre de Cournot correspond à l’intersection des 2 fonctions de meilleures réponses, soit
q CA=BRÂ ( qCB ) et q CB =B R B ( q CA ).
C C
Airbus joue q A quand Boeing joue q B en pensant que Boeing ne modifiera pas sa production et, de
C
fait, Boeing n’a pas intérêt à modifier sa production qu’Airbus a joué q A.
Idem pour Boeing.
C C
Ici, l’équilibre de Cournot est q A=q B=30. Graphiquement, on a :

B. L’équilibre de Cournot-Nash
Le modèle de Cournot (1838) est un modèle dynamique dans lequel les firmes jouent
séquentiellement et convergent cers l’équilibre.

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La version moderne du modèle de Cournot est statique. Les firmes jouent simultanément et une
seule fois. L’équilibre de Nash du jeu de Cournot est une paire ( q A , q B) telle que ni Airbus ni Boeing
n’a intérêt à modifier unilatéralement sa production.
La notion d’équilibre de Nash laisse totalement de côté la question de savoir comment on parvient à
l’équilibre. Il s’agit plutôt de définir une situation dans laquelle les firmes ont intérêt à rester.
Cela dit, l’équilibre de Cournot-Nash correspond exactement aux mêmes valeurs de q A et q B que
l’équilibre de Cournot, le croisement des meilleures réponses étant de fait la condition qui
caractérise l’équilibre de Nash.
Propriété : à l’équilibre de Cournot-Nash, les firmes ne maximisent pas leurs profits.
Ici la maximisation des profits est obtenue pour q A +q B =45 . Or, q A +q B =60 . Les firmes produisent
C C

trop pour maximiser leurs profits.


L’équilibre de Cournot

Modèle symétrique à N firmes


Propriété : lorsque le nombre de firme augmente, l’équilibre de Cournot-Nash se rapproche de
l’équilibre concurrentiel.
Avec N firmes identiques, pour la demande et les coûts considérés, l’output total d’équilibre est :
N
Q= 90
N +1
L’équilibre de Cournot

Démonstration : on cherche un équilibre symétrique dans lequel chaque firme produit la même
quantité q C .
- Demande résiduelle de la firme i:
C
P=100−( N−1 ) q −q i
- Revenu de la firme i :
P qi =[ 100−( N −1 ) qC −qi ] q i
- Revenu marginal de la firme i:
C
M R i=100− ( N −1 ) q −2 qi
- Condition du premier ordre :
C
100−( N −1 ) q −2 qi=10
- Équivalent à :

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N −1 C
q i=45− q
2
C
- Par symétrie, q i=q et donc :
C 90
q =
N +1
- L’output total est Q C =N q C
III. Le modèle de Cournot – analyse des mécanismes
A. Le modèle de Cournot sans maths
Voir feuille Excel Cournot – Cas symétrique sur l’espace Moodle du cours.
La demande est ici P=40−1 , 1 ×Q et le coût marginal constant est égal à 10. Les firmes produisent
un nombre entier d’unités, compris entre 0 et 18.

a. Le revenu incrémental
Le revenu incrémental est la variation de revenus d'une firme qui, à stratégie donnée de ses
concurrents, modifie sa propre stratégie.
Ici, le revenu incrémental est donc la variation de revenus lorsque la firme augmente sa production
d'une unité.
Exemple : initialement q 1=2 et q 2=3. Q=5 et P=34 ,5 . Le revenu de la firme 1 est de 69. La firme
1 augmente sa production d’une unité → q 1=3, Q=6 et P=33 , 4. Le revenu de la firme 1 vaut
100 , 2.
Le revenu incrémental de la firme 1 est donc égal à 31 , 2.
- Impact sur le revenu d’une baisse de la production d’une unité : le passage de (q 1=3, q 2=3)
à (q 1=2, q 2=3) induit une baisse du revenu de la firme 1 de 31 , 2.
- Impact sur le revenu d’une hausse/baisse de la production de plusieurs unités : le passage de (
q 1=2, q 2=3) à (q 1=4 , q 2=3) induit une hausse du revenu de 1 à 60 , 2.
Remarque : les variations de revenu peuvent s’ajouter.

b. La décomposition de la variation du revenu


Lorsque la firme augmente sa production, l'effet quantité est le revenu supplémentaire induit par la
vente d'une ou plusieurs unités supplémentaires, soit le produit de la quantité supplémentaire par le
prix final (prix qui s'établit sur le marché après la hausse du niveau de production).
- Exemple : Lorsque la firme 2 produit 3 unités et la firme 1 augmente sa production de 2 à 3
unités, la 3e unité est vendue au prix de 33 , 4 . L'effet quantité vaut 33 , 4 .
- Exemple : lorsque la firme 2 produit 3 unités et la firme 1 augmente sa production de 2 à 4
unités, la 3ème et la 4ème unité sont vendues au prix de 32 , 3. L’effet quantité vaut 64 ,6 .
Lorsque la firme diminue sa production, l'effet quantité est la perte de revenus induites par le fait
de ne plus vendre une ou plusieurs unités, soit le produit de la baisse de production par le prix de
vente initiale (prix sur le marché avant la baisse de production).
- Exemple : lorsque la firme 2 produit 3 unités et la firme 1 passe de 3 à 2 unités, elle cessé de
vendre la 3ème unité, qu’elle vendait au prix de 33 , 4 . L’effet de quantité vaut −33 , 4 , soit
l'opposé de l'effet quantité pour une hausse de production de 1 à 2 unités.
Remarque : l'effet quantité lorsque la firme un augmente sa production de 2 à 4 unités n'est pas
égale à la somme de l'effet quantité lorsque la firme augmente sa production de 2 à 3 unités, puis de
3 à 4 unités. Les effets quantités ne s'ajoutent pas !
Lorsque la firme augmente sa production, l'effet prix est la baisse de revenus induites par le fait que
les unités initialement vendues sont désormais vendues à un prix inférieur (le prix final, inférieur au
prix initial puisque la production totale a augmenté).
- Exemple : lorsque la firme 2 produit 3 unités et la firme 1 augmente sa production de 2 à 3
unités, les 2 unités qu'elle produisait initialement sont désormais vendues au prix de 33 , 4 ,

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au lieu de 34 , 5 initialement, soit sur chaque unité une perte de marge de 1 ,1 . L’effet prix
vaut donc −2 , 2.
- Exemple : Lorsque la firme 2 produit 3 unités et la firme 1 augmente sa production de 2 à 4
unités, les 2 unités qu'elle produisait initialement sont désormais vendues au prix de 32 , 3,
au lieu de 34 , 5 initialement, soit sur chaque unité une perte marginale de 2 , 2. L’effet prix
vaut donc −4 , 4 .
Lorsque la firme diminue sa production, l'effet prix est la hausse de revenus induite par le fait que
les unités qu'elles continuent à vendre sont désormais vendues à un prix supérieur (le prix final,
supérieur au prix initial puisque la production totale a diminué).
- Exemple : lorsque l'infirme 2 produit 3 unités et la firme 1 passe de 3 à 2 unités, les 2 unités
qu'elle continue à produire sont désormais vendues au prix de 34 , 5 au lieu de 33 , 4
initialement, soit sur chaque unité une hausse de marge de 1 ,1 . L’effet prix vaut donc +2 , 2
Remarque : Les effets prix ne s'ajoutent pas.
Remarque : le revenu marginal est la somme de l'effet quantité et de l'effet prix. On peut donc bien
parler d'une décomposition du revenu marginal en effet prix et effets quantité.

c. Du revenu marginal au profit marginal


Pour passer du revenu marginal au profit marginal, il faut prendre en compte un effet
supplémentaire, l'effet coût. En effet, le profit est égal à la différence entre le revenu et les coûts.
Quand la firme augmente sa production, ses coûts augmentent et l'augmentation des coûts est un
effet coût positif, qui vient donc réduire le profit.
- Exemple : lorsque la firme 2 produit 3 unités et la firme un augmente sa production de 2 à 3
unités, l'effet quantité vaut 33 , 4 et l'effet prix −2 , 2 (cf. exemples précédents). Le revenu
marginal est donc de 31 , 2. il y a cependant un effet coup de 10 ( on peut aussi dire qu'il y a
un coût incrémental de 10) et le revenu marginal est donc de 31 , 2−10=21, 2.
Quand la firme diminue sa production, l'effet coût (i.e. le coût incrémental) est négatif et cela
contribue à augmenter le profit.
- Exemple : lorsque la firme 2 produit 3 unités et la firme un diminue sa production de 3 à 2
unités, l'effet quantité vaut −33 , 4 et l'effet prix +2 , 2. Le revenu marginal vaut donc
−33 , 4 +2 ,2=−31 ,2 . L’effet coût vaut −10 et le profit marginal vaut donc
−31 , 2+ 10=−21 , 2.

B. Le modèle de Cournot avec plus de maths


On considère un duopole de Cournot. On note P la fonction inverse de demande et C i la fonction de
coût de firme i . Le profit de la firme i s’écrit :
i
Π =( qi , q j )=q i P ( q i +q j )−C i ( qi )
La condition du premier ordre du programme de maximisation du profit de i s’écrit :
∂ Π (Q)
=P ( Q )−C 'i (Q )+ Q P' ( Q )=0
∂Q
On reconnait dans le terme de droite l’effet prix, l’effet quantité et l’effet coût.

a. Comparaison monopole / duopole de Cournot


CN1 du programme de maximisation du profit d’une firme en duopole.
i
∂ Π (Q)
=P ( q i+ q j ) +q i P' ( qi +q j ) −C'i ( q i )=0
∂ qi
' '
Avec C i ( qi ) le coût marginal et P ( q i+ q j )+ qi P ( qi +q j ) le revenu marginal qui se décompose en 2
parties : l’effet prix : q i P ( qi + q j ) et l’effet quantité : P ( q i+ q j ).
'

La firme en duopole ne prend pas en compte l’effet prix subit.

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b. Pourvoir de marché et structure de marché dans le modèle de Cournot – Indice
de Lerner
A partie de la CN1 précédente, on montre que :
'
P−C i α i
Li = =
P ϵ
'
−P
Où α i=q i /Q est la part de marché de la firme i et ϵ = Q.
P

c. Pouvoir de marché et structure de marché dans le modèle de Cournot - HHI


Supposons que les coûts marginaux sont constants, soit ∀ i, C i ( qi )=ci q i. Le profit de l’industrie
s’écrit :

(∑ )
n n n n
p α i q i pQ
Π=∑ Π =∑ ( p−c i ) qi=∑
i
= α 2i
i=1 i=1 i=1 ϵ ϵ i=1
Supposons de plus que ϵ=1 et donc Q=k / p. On a alors :

( )
n
Π=k ∑ α2i =k × HHI
i=1
Les profits de l’industrie sont proportionnels à l’indice HHI.

d. Pouvoir de marché et structure de marché dans le modèle de Cournot


Tirole (1988) : Les indices de concentration sont utiles dans la mesure où ils donnent une indication
facilement calculable et interprétable du degré de compétitivité de l'industrie.
Cependant, ils n'ont pas de relation systématique avec les variables économiques d'intérêt pour
évaluer les changements de coût, de demande ou de politique. En outre, ils sont endogènes et ne
permettent donc pas d'interpréter de manière causale de simples observations de corrélation.

IV. Le modèle de Cournot - applications


A. Commerce international en concurrence imparfaite
Quid des arguments en faveur du libre-échange lorsque la concurrence est imparfaite ?
Voyons ici le cas d’une subvention dans le contexte d’un duopole de Cournot
Marché US des avions commerciaux : Boeing firme locale, Airbus firme étrangère
Demande : P=100−q A−q B
Coût marginal constant c=10
Coût fixe CF=500
Coût total CT =500+10 q
On rappelle que, en l’absence de subvention, les fonctions de meilleure réponse sont :
A 1
B R ( q B ) =45− q B
2
B 1
B R ( q A ) =45− q A
2
D’où l’équilibre :
q A=q B=30
P=100−60=40
Et les profits :
Π A =Π B =Pq−CF−cq=( 40× 30 )−500−10 ×30=400
L’équilibre sans subvention

15
En l’absence de subvention, le surplus US est de 2200, dont 1800 de surplus des consommateurs et
400 de surplus de Boeing.
Le gouvernement américain accorde à Boeing une subvention de s=3 par unité. Quel est l’impact
sur l’équilibre et le surplus US ?
Le coût total de Boeing vaut désormais :
CT =CF+cq−sq=500+ ( 10−3 ) q=500+7 q
La condition de premier ordre de Boeing devient donc :
M R B=100−q A −2q B =7=c
D’où la fonction de réaction de Boeing :
B 1
B R ( q A ) =46 , 5− q A
2
L’équilibre de Cournot Statique comparative (Zoom)

Dans le nouvel équilibre de Cournot, q B est solution de :


1 1
q B =46 , 5− q A =46 , 5− 45− q B
2 2
1
2 ( )
1
q B =46 , 5−22 , 5+ q B
4
q B =32
On en déduit q A=29, Q=61 et P=39 .
Pour les profits :
Π B =P q B−CF−c q B +s q B=524
Π A =P q A −CF−c q A =341
L’équilibre avec subvention

16
Impact de la subvention sur le surplus US
La baisse du prix entraîne une hausse du surplus des consommateurs, à 1860,5. Le surplus total passe
donc de 2200 à 2384,5. On en déduit le coût de la subvention (96) et le gain pour l’économie US est
de 88,5.
Quelle est la robustesse de ce résultat ?
Voyons ici le cas d’une subvention dans un contexte un peu différent. Marché japonais des
téléviseurs : Sony et Hitachi firmes locales, RCA et Zénith firmes étrangères (US).
Demande : P=100−Q ;
Coût marginal constant : c=20 ;
Coût fixe : CF=256;
Coût total : CT =256+20 q
Entrée libre sur le marché !
L’équilibre de Cournot symétrique à 4 firmes est :
1 CPP 1
q s=qh=qr =q z= Q = × 80=16
N +1 5
On a donc Q=64 et P=36 .
Pour les profits :
Π S =Π H =Π Z =Pq−CF−cq
¿ 36 ×16−256−20 ×16=0
Les profits sont nuls. Aucune firme ne veut entrer sur le marché.
L’équilibre sans subvention

17
Le gouvernement japonais met en place une subvention de 16 par unité.
- Les firmes US sortent du marché japonais ;
- Profits positifs pour Sony et Hitachi ;
- Entrée de 3 nouveaux concurrents japonais ;
- Profits nuls ;
L’équilibre de Cournot symétrique à 5 firmes est :
1 CPP 1
q S =q H =q T =q M =q Sh= q = ×96=16
N +1 6
On a donc Q=80 et P=20.
Le prix diminue du montant exact de la subvention !
Pour les profits :
Π S =Π H =Π T =Π Sh=Pq=CF−cq + sq
¿ 20 ×16−256−20 ×16+16 × 16=0
Les profits sont nuls. Aucune firme ne veut entrer sur le marché.

L’équilibre avec subvention

Impact de la subvention sur le surplus


1 2
En l’absence de subvention, le surplus des consommateurs est égal à ×61 =1860 ,5. Avec une
2
1 2
subvention, le surplus vaut ×80 =3200. Le coût de la subvention est de 80 ×16=1280. Le bilan
2
pour l’économie japonaise est donc négatif, avec une perte égale à 128.
L’équilibre avec subvention

18
B. Le paradoxe de fusion
Le tableau ci-dessous présente les caractéristiques de l’équilibre de Cournot pour une demande
P=100−Q et un coût marginal constant égal à 10.

La fusion de 2 firmes (ou même de 3 firmes) parmi 4 n’est pas profitable. Seule la fusion des 4 firmes
est profitable. A moins que…
Supposons que 3 firmes sur 4 fusionnent et qu’après fusion le coût marginal de la nouvelle firme est
de 1. On a alors un duopole asymétrique dans lequel la firme issue de la fusion (notée 2) a un coût
marginal de 1 et son concurrent (noté 1) un coût marginal de 10.
C C
A l’équilibre, q 1 =27 , q 2 =36 , Q C =63 et PC =37 .
D’où les profits :
C
Π 1 =729
C
Π 2 =1296 >3 ×324
La fusion, qui génère des gains d’efficience, est maintenant profitable.
Remarque : la firme qui ne fusionne pas voit ses profits augmenter plus que chacune des firmes qui
fusionnent …
V. Conclusion
Malgré une hypothèse peu intuitive (jeu en quantité), le modèle de Cournot est un modèle très
utilisé en raison de sa souplesse et du caractère intuitif des résultats qu’il produit (convergence vers
l’équilibre concurrentiel, par exemple).
Reposant – dans sa version moderne- sur le concept d’équilibre de Nash, il ne dit rien des transitions
d’un équilibre à l’autre suite à un choc. C’est donc un modèle de long terme, peu adapté pour étudier
les effets à court terme d’une fusion, par exemple.

19
Chapitre 3 : La concurrence en prix

I. Le paradoxe de Bertrand et ses conséquences


A. Le paradoxe de Bertrand
Pour parler du paradoxe de Bertrand 1 nous allons prendre un exemple. Supposons que sur un
marché, par exemple le marché de l’aviation, nous avons 2 firmes : Airbus et Boeing. Sur ce marché la
demande est représentée par la fonction suivante : P=1000−Q . A noter que dans cet exemple le
Coût Marginal (Cm) est de 70 et est constant, c’est-à-dire qu’il est indépendant de la quantité.
Si on étudie la demande adressée à A, on a :
- 0 si P A > P B;
1
- 500− P A si P A =PB ;
2
- 1000−P A si P A < P B;
Si on représente graphiquement :

Revenu :
300 × 400=120 000
Coût :
300 ×70=21 000
Profit :

Dans le 1er graphique il faut noter que la demande est discontinue. Pour ce qui est du 2 ème graphique,
on peut dire que tant qu’on est moins cher, on ne va pas sur le profit de monopole (ici il n’y a pas de
profit). Dans le 2ème graphique, pour p A =399, le revenu est de 601 ×399=239799 (on suppose ici
que si le prix diminue d’une unité, la quantité augmente d’une unité, à l’inverse si le prix augmente
d’une unité, alors la quantité diminue d’une unité), le coût est de 601 ×70=42 070, et donc le profit
est de 239 799−42 070=197 729 . Dans l’exemple que nous venons de donner pour le graphique 2,
on peut calculer l’effet prix et quantité :
- Effet prix : ( 399−400 ) ×300=−300
- Effet quantité : ( 601−300 ) × 399=120 099
Maintenant si on a pour le 2 ème graphique, p A =398, alors q A passe de 601 à 602. Ainsi l’effet prix et
quantité vont changer :
- Effet prix : ( 398−399 ) × 601=−601
- Effet quantité : ( 602−601 ) × 398=398
La meilleure réponse de A est le minimum du prix de monopole et du prix de son concurrent,
graphiquement, on a :
Si P<Cm, alors quitte le marché.
Cependant si le concurrent joue
pB =Cm, alors la meilleure

1
https://warin.ca/ecoindusr/structures-de-marché-oligopolistique.html

20
pM

p A = pB =Cm avec
Ce qui est paradoxale dans le modèle à la
Bertrand est qu’il n’y a que 2 firmes et que les
profits sont nul, c’est exactement comme si
nous étions en concurrence pure et parfaite
p
B. Les conséquences du modèle de Bertrand
M

Pour montrer les conséquences du modèle, on va faire l’hypothèse suivante :


- Hypothèse : Le Cm est contant (c ), CF
o c ( q )=0 si q=0 (ou CF si on paie quand même le CF) ;
o c ( q )=CF+ ( Cm × q ) si q >0;
2 firmes décident simultanément de payer ou pas le CF et si elles entrent sur le marché, elles
choisissent leurs prix, donc pas d’équilibre. La conséquence à cela est qu’il n’y a pas d’équilibre. Le
paradoxe de Bertrand nous mène à :
P A =PB =c et Π A =Π B =CF
Si une firme décide de rentrer, et de fixer son prix de monopole, cela ne va pas mener à un équilibre,
donc le concurrent dévie de sa stratégie et entre sur le marché au prix de monopole −ε .
Si 1 firme entre et fixe un prix tel que son Π=0, ^p tel que ^p × D ( ^p )−Cm × D ( ^p ) −CF=0, alors le
si le concurrent rentre il doit payer CF , si p> ^p. Donc Π=Π 2−CF
Si moins cher, perte également, donc le concurrent n’a intérêt à rentrer sur le marché

Alternative : il est possible de faire un jeu séquentiel, c’est-à-dire que le jeu va se passer en plusieurs
étapes :
- Étape 1 : les firmes décident simultanément d’entrer ou non (CF ) ;
- Étape 2 : les firmes qui sont entrées fixes leur prix ;
Si les 2 firmes entrent à l’étape 1, le P=Cm , donc Π A =Π B =−CF<0
L’équilibre est qu’une seule firme rentre en étape 1 et monopolise le marché.

3ème modèle : les firmes fixent leur prix simultanément ou n’entrent pas. Le CF n’est payé que si la
firme vend une quantité supérieure à 0. Si p A = pB , une des 2 firmes capte toute la demande.
Équilibre : les firmes fixent ^p tel que ( ^p−c ) × D ( ^p ) −CF=0
1 firme sert le marché au prix ^p avec Π=0, l’autre firme ne vend rien Π=0

PourP=Cm , Π=0
F
CM ( q )= +Cm
q
Exemple : pour p=1 000−Q ,

Pour p< ^p alors ~


q > q^ , le Cm est inférieur à p, donc Π=0

Maintenant on considère un modèle asymétrique à N firmes des Cm différents pour chaque firme :
C m1 ≤Cm 2 ≤ C m3 ≤ … ≤ C mN
Si C m1=C m 2, alors p=C m1=Cm2

21
Si C m1 <C m2, la firme 1 fixe p comme le minimum du prix de monopole de 1 et de C m2−ε , donc
Π >0 de +1 pour la firme 1.

a. La fonction de production
La fonction de production est donnée par :
βk βI βm βe
y ¿ =z ¿ k ¿ I ¿ m¿ e ¿
Où :
- y ¿ est la production de l’entreprise i à la date t ;
- k ¿ est le stock de capital de l’entreprise i à la date t ;
- I ¿ est le nombre d’heures travaillées de l’entreprise i à la date t ;
- m¿ est la valeur des consommations intermédiaires de l’entreprise i la date t ;
- e ¿ est l’énergie consommée par l’entreprise i à la date t ;

b. La fonction de coût
En résolvant le programme de minimisation des coûts de la firme, on montre que le coût de
1
production C ( q ) est proportionnel à β k + βI + βm +β e . En notant Σ β la somme des coefficients et en
q
notant α le coefficient de proportionnalité, on a :

Lorsque les rendements sont décroissants, i.e. Σ β<1, le coût marginal et le coût moyen sont
croissants.

22
23
Fonctions de coûts par grands secteurs

Le coût de production par secteurs fins

Le coût moyen de production par grands secteurs

Le coût moyen de production par secteurs fins

24
Le coût marginal de production par grands secteurs

Le coût marginal de production par secteurs fins

C. Modèle de Bertrand avec coût marginaux constants


C ( . ) est la fonction de coût, elle est strictement croissante, continue et convexe. La représentation
graphique est la suivante :

Avec C ( 0 )=0

D ( . ) est la fonction de demande, elle est strictement décroissante pour p< ṕ. Avec D ( p )=0 si p ≥ ṕ
.
π est la fonction de profit de la firme, elle est convexe. La représentation graphique est la suivante :

25
Avec p1 qui représente le prix par
lequel le profit du monopole est
nul.
π le profit de monopole
pmonopole le prix de monopole

π n ( p) est le profit d’une firme lorsqu’elle partage le marché avec ( n−1) concurrent et que toutes les
firmes fixent le même prix, p. Ainsi on a l’équation du profit pour chaque firme :

( ) ( )
π n ( p )= p
D(p)
n
−C
D(p)
n

Avec p ( ) D(p)
n
qui représente le revenu et C ( )
D ( p)
n
le coût.

Maintenant supposons que nous avons des coûts marginaux constants :

π n ( p )= p ( ) ( )
D(p)
n
−C
D(p)
n
1
¿ × [ pD ( p )−CD ( p ) ]
n
1
¿ πn ( p )
n
Ceci n’est plus vrai.

Pour des coûts élevés il est préférable de partager le marché pour partager les coûts que de rester en
monopole.

26
Définition p est tel que π n ( p n )=π 1 ( pn )

Propriété : pn et pn sont uniques et décroissants avec n .


Avec :
- S l’offre de marché ;
- D la demande de marché ;
D
- la demande adressé à
n
chaque firmes (n firmes)
'
- C ( . ) Le cout marginal

27
ECPP est l’équilibre concurrentiel, avec w n le prix qui s’établit à l’équilibre lorsqu’il y a n firmes. Donc
toutes les firmes fixent ce prix w n.
Point de croisement de la courbe CM et de la demande. Pour cette quantité qui serait vendu par une
firme Pour cette quantité Si il n’y a
C’est prix qui annule le profit pour CM=D. SI plus bas que p1_ alors le CM est supérieur au prix, donc
il a des pertes. Donc une entreprise qui est seule sur le marché doit vendre au-dessus du CM pour
faire des profits positifs.
Pour CM=D/n même cas que pour CM=D, mais pour chaque firme. Le profit est nul.
La situation où toutes les firmes fixent le prix w n est un équilibre. C’est-à-dire que l’équilibre de CPP
est un équilibre. Pour le montrer on va voir s’il existe des deviations profitables.
Si une firme augmente son prix, elle perd tous ses clients, donc profit nul mais si elle est en situation
CPP on sait que D_n/Cm = profit positif car le CM est inférieur au prix, donc positif, donc mieux vaut
rester en CPP.
Maintenant si elle baisse son prix elle capterai toute la demande, donc il est plus sur la courbe D/N,
mais sur la courbe S, et dans ce cas-là, la CM est supérieur au prix, donc elle fait des pertes.

w n est un prix d’équilibre et l’intervalle w n et p_n inf est un intervalle d’équilibre, c’est-à-dire que
l’entreprise peuvent fixer ce prix car le prix est inférieur au CM.
Et l’intervalle entre p_1_inf et w n est un intervalle d’équilibre car le CM est inférieur au prix.
Mais à la bertrand ce n’est pas possible.

D. Modèle de Bertrand Edgeworth


28
Chaque firme fixe son prix et choisit la quantité qu’elle est prête à vendre à ce prix. Dans ce modèle
on émet l’idée que tout le monde ne peut pas être servi. Les entreprises ne pourront pas faire face à
toute la demande. Les consommateurs devront donc aller chez le concurrent afin d’obtenir le
produit. On parle de phénomène de report, puisque le consommateur sera reporté à la concurrence
pour obtenir le bien.
Si la quantité proposée par les firmes est inférieur à la demande, il va y avoir un rationnement.

Les zones bleues sont des zones


de rationnement. Ces firmes et
consommateur sont rationnées.

Il faut donc mettre en place un rationnement hors prix (exemple : rationnement par quantité,
rationnement par file d’attente, …).

a. Règle de rationnement parallèle


Avec :
- p1 < p2
- q 1 : quantité max vendu par une firme
- q 1< D ( p 1)
Remarque : q 1=S 1 ( p 1 )

Cm ( q 1 )= p1
q 1=S 1 ( p 1 )
S()=offre concurrentielde 1

La demande résiduelle adressée à la firme 2 est la suivante :


~
{
D2 ( p 2 )= D ( p 2 )−q 1 , si D ( p2 ) > q1
0 sinon

On parle de rationnement efficace, car il maximise le surplus des consommateurs.

b. Règle de rationnement proportionnel

29
On va tirer au sort les gens qui sont servi par la firme. Cette probabilité d’être servi par la firme 1 est
q1 D ( p 1) −q 1
, il y a donc une partie des consommateurs qui n’est pas servie, c’est-à-dire .
D ( p 1) D ( p1 )

Pour la firme 2, la demande est :


~
D2 ( p 2 )=D ( p2 ) ×
[D ( p 1 )−q 1
D ( p1 ) ]
On a des consommateurs qui ne valorisent pas forcément ce produit mais qui l’obtiennent quand
même. Le surplus des consommateurs n’est donc pas maximal, la règle est donc inefficace.

c. Comparaison des règles avec un cas discret


Pour les 2 règles on a comme information que :

Ainsi pour le rationnement parallèle on a :


- Surplus consommateur :
o Consommateur 1 : 20−10=10
o Consommateur 2 : 18−10=8
o Consommateur 3 : 15−12=3
o Consommateur 4 : 12−12=0
o Consommateur 5 : n’achète pas ¿ 0
Le surplus du consommateur est donc de 21 (10+8+ 3)
Pour le rationnement proportionnel on a :
- Surplus consommateur :
2 3 6
o Consommateur 1 : ( 20−10 ) × + ( 20−12 ) × =8 , 8=10−
5 5 5
2 3 6
o Consommateur 2 : ( 18−10 ) × + ( 18−12 ) × =6 ,8=8−
5 5 5

30
2 3 4
o Consommateur 3 : ( 15−10 ) × ( 15−12 ) × =3+
5 5 5
2 3 4
o Consommateur 4 : ( 12−10 ) × + ( 12−12 ) × =0+
5 5 5
2
o Consommateur 5 : ( 10−10 ) × =0
5
4
Le surplus du consommateur est donc de 21− . De ce que l’on peut voir avec ces résultats,
5
6 4
c’est que 2 perdent (ce sont ceux qui valorisent le plus le produit), 2 gagnent , et 1 ne
5 5
gagne rien.
Si on passe du rationnement efficace à celui de proportionnel on détruit du profit. Ici le problème est
que l’on a servi le consommateur, si on avait servi plus le consommateur 1 (ou un autre) au lieu du
consommateur 5 par exemple, on aurait trouvé le même profit sur les 2 raisonnements.

Exercice : Pour une fonction de demande inverse p=50−q , un prix p1=20 , un prix p2=30 et
sachant que la firme 1 est prête à vendre au plus la quantité q 1=10, quel est le surplus total des
consommateurs pour (1) la règle de rationnement parallèle et (2) la règle de rationnement
proportionnel ?
La firme 1 n’est pas prête à vendre plus de 10 (q=10) au prix de 20 ( p1=20 ). Pour l’entreprise 2, elle
vend au prix de 30 ( p2=30 ). A partir de ces informations on peut faire :
- Le rationnement parallèle :
~
D2 ( p 2 )=D ( p2 )−q1
{
si D ( p2 ) > q1
sinon D2 ( p2 )=0
D ( p2 )=50−30=20>q 1=10
~ ~
Ici p2=30 , donc D2 ( p 2 )=D ( p2 )−q1=10 , ainsi D2 (30 )=10. Graphiquement on a :

La zone en violet représente le


surplus des consommateurs
servis par la firme 1
La zone en bleu représente le
surplus des consommateurs
servis par la firme 2.
Pour l’intervalle de quantité
[ 20 ; 30 ] les consommateurs
ne sont pas servis.

En vert nous avons la demande adressée à la firme 2. Ainsi le surplus des consommateurs servies par
la firme 2 est de :
( 40−30 ) ×10
S PCf 2= =50
2
Pour la firme 1 la demande adressée est inférieure à une quantité de 10. Ainsi le surplus des
consommateurs servies par la firme 2 est de :
(50−40 ) × 10
S Pcf 1=( 40−20 ) × 10+ =250
2

31
Ainsi le surplus total est de :
∑ SP=250+50=300
- Le rationnement proportionnel :
D ( p1 )=30
q 1=10

Graphiquement on a :
~
D2 ( p 2 )=D ( p2 ) ×
[D ( p 1 )−q 1
D ( p2 ) ]
La zone en orange représente
le surplus des consommateurs
servis par la firme 1.
La zone en bleu représente le
surplus des consommateurs
servis par la firme 2.
Pour l’intervalle de quantité
[ 20 ; 30 ] les consommateurs
ne sont pas servis.
En bleu nous avons la demande adressée à la firme 2. Ainsi le surplus des consommateurs servies par
la firme 2 est de :
( 50−30 ) ×13 , 33
S PCf 2= =133 ,3
2
Pour la firme 1 la demande adressée est inférieure à une quantité de 10. Ainsi le surplus des
consommateurs servies par la firme 2 est de :
( 50−20 ) × 10
S Pcf 1= =150
2
Ainsi le surplus total est de :
∑ SP=150+133 ,3=283 , 3

Si on revient à la théorie, en général l’équilibre de CPP n’est pas un équilibre de Nash du jeu de
Bertrand Edgeworth. En effet, on sait que :
p1=Cm ( q1 )=Cm ( q2 )
En d’autres termes l’offre de marché est égale à la demande de marché :
S2 ( p )=D ( p )

Duopole symétrique :
La courbe en violet représente
la demande résiduelle de la
firme 1 et la courbe turquoise
représente le Revenu marginal
résiduel de la firme 1.
La zone en bleu représente le
32 profit de monopole.
La zone en orange représente
le profit de la firme 1.
¿
Si p1= p2= p , est-ce que la firme 1 a intérêt à dévier ? La réponse est oui s’il y a un rationnement
¿
efficace. Oui la firme 1 peut augmenter ses profits avec p1 > p

d. Bertrand avec contrainte de capacité


Prenons un exemple pour expliquer ce modèle. On suppose que l’on a 2 stations de ski : les Adrets et
les Ubacs. Ils sont vus comme parfaitement substituable. Nous avons les informations suivantes pour
chaque station :
- Pour les Adrets il y a une capacité de 1 000 skieurs par jour ;
- Pour les Ubacs il y a une capacité de 1 400 skieurs par jours ;
La demande est matérialisée par la fonction suivante :
Q=6 000−60 p
Et le coût marginal est de 10€ par skieur jusqu’à la capacité maximum (c’est-à-dire 1 000 pour les
Adrets et 1 400 pour les Ubacs).

p A = pU =10 ⟺ Q=5400> 2400


Ceci n’est pas un équilibre, par si p A =11 il y a des profits positifs pour les Adrets.
Avec un rationnement efficace le prix d’équilibre est 60 :
¿
p = p A =p U =60
Lorsque le prix vaut 60 la demande est la suivante :
Q=6 000−60 × 60
¿ 2 400=1400+1000
¿ qU+ qA
Étant donné que p A =60, les Ubacs ont-ils intérêt à faire pU ≠60 ?
Monopole sur marché résiduel :

Les Ubacs n’ont pas intérêt à augmenter leur prix car augmenter le prix c’est réduire la quantité or
tous les skieurs génèrent un Rm supérieur au CM

Présentation générale :
D ( p )=1− p ⟺ p=P ( q1 +q 2) =1−q1−q 2
Contrainte de capacité :
q i ≤ q i pour i=1 , 2

Coût d’installation de la capacité : C 0 ∈ [ ]


3
4
;1
La firme i a payé C 0 × qi pour installer sa capacité.
1
Hypothèse : q i<
3

33
Justification : considérons un monopole :
1
profit max :max p ( 1− p )=
p 4
2
p− p
Dérivée :
1−2 p=0
1
p=
2
Donc on ne peut pas gagner plus de ¼
1
Profit net de monopole ¿ −C0 ×q
4
3 1
C 0> donc si q >  profit net du monopole est négatif
4 3
Donc l’entreprise choisit une capacité inférieure à 1/3
1
A fortiori, dans un duopole, chaque firme choisit q i<
3
¿ ¿ ¿
Maintenons que p1= p2= p =1−q1 −q2
Est-ce que la firme peut baisser son prix ?
Si la firme 1 baisse son prix, elle attirera plein de clients qu’elle ne pourra pas servir. Sachant qu’elle
fait déjà des profits, baisser son prix reviendrai à baisser ses profits .
Si la firme i augmente son prix que se passe-t-il ?
¿
Supposons que la firme i fixe p> p
Profit de la firme i :
π= p × ( 1− p−q j ) =( 1−q−q j ) × q
( 1− p−q j ) est le rationnement parallèle
Ou q est la quantité vendue par i au prix p q=1− p−q j
¿
Remarque : q <qi puisque p> p
( 1−q−q j ) × q  profit de cournot de i offrant q quand j offre q j.
Fonction concave :
1 1
Dérivée en q=q i est 1−2 q i−q j >0 car q j < et q i<
3 3

E. Bertrand avec contrainte de rationnement

- Un choix de capacité (

34
Bertrand avec contrainte de rationnement
p¿1= p¿2= p ¿=1−( q 1+ q2 ) ⟺ D ( p¿ )=q 1 +q2
C’est un jeu en 2 étapes :
- Les firmes doivent d’abord choisir leurs capacités (q 1 ; q 2) ;
- Les firmes doivent d’abord choisir leurs capacités ( p1 ; p 2) ;

Pour l’étape 2 on a :
¿
p =1−( q1 +q 2)
Ainsi avec cette information nous pouvons calculer les profits des firmes à partir de la fonction
générale :
¿
π i= p × qi−C ×q i
Ainsi les profits de la firme 1 et 2 sont les suivants :
π 1 ( q1 +q 2 )=( 1−q1 +q 2 ) × q 1−C0 × q1
¿ ( 1−q1 +q 2−C 0 ) × q1
π 2 ( q1 +q 2 )=( 1−q1 +q 2 ) × q 2−C0 × q2
¿ ( 1−q1 +q 2−C 0 ) × q2
Ces profits sont les mêmes que ceux à la Cournot.
Kreps et Scheinkman (1983) ont montré que dans un modèle à la Bertrand avec contrainte de
capacité, on tombait dans un modèle à la Cournot.
Dans ce modèle on a q i< qi avec une demande qui est concave ( P' ' < 0).

Montrer qu’il existe un équilibre de prix en stratégie pure quand les capacités sont petites.
Pour ces petites quantités, à l’équilibre en prix la demande est égale à la capacité totale.
En équilibre en stratégie mixte, pour de grandes capacités la firme qui a la plus grande capacité fait
les profits d’un follower dans un jeu à la Stackelberg, où le leader met sa capacité sur le marché. On a
donc :

{
q 1> q2 2leader
1 follower
Pour des capacités égales aux quantités d’équilibres de Cournot, l’équilibre en prix est en stratégie
pure. Si une firme choisit une capacité égale à la quantité d’équilibre de Cournot, la Meilleure
Réponse (MR) de son concurrent est une capacité égale à sa quantité d’équilibre de Cournot.

Lemme 1 : dans un équilibre en stratégie pure, on a forcément : p1= p2=P ( q1 +q 2) . On vend à


pleine capacité. On peut le démontrer en éliminant les autres situations :
- Situation 1 : p1 < p2
o D ( p1 ) >q 1 : la demande est supérieure à la quantité limitée proposée par la firme 1,
il y a donc une saturation, la firme a donc intérêt à augmenter son prix, la firme
gagnera plus (ε , une augmentation minime) en vendant la même quantité ;
o D ( p1 ) <q 1 : la demande est inférieure à la quantité limitée proposée par la firme 1, il
n’y a donc pas de saturation, la firme 2 a donc intérêt à baisser son prix à p1−ε , car
sinon la firme 1 va servir toute la demande ;
- Situation 2 : p1= p2= p> P ( q1 +q 2 ) ⟺ D ( p ) <q 1+ q2
o Au moins une firme n’est pas contrainte et peut augmenter son profit en baissant
son prix. Prenons un exemple pour mieux comprendre, nous avons les informations
suivantes : p1= p2=10 ; D ( 10 )=140 ; q 1=q 2=80

35
Supposons que chaque firme vend 70 unités, les profits sont donc les suivants :
π 1=70 ×10=700
π 2=70 ×10=700
Si une des firmes offre le produit à un prix de 9,9 au lieu de 10, il capte toute la
demande, D ( q 1+ q2 )=140 >q1 et son profit est de 9 , 9 ×80=792.
- Situation 3 : p1= p2= p< P ( q1 +q 2 )
o La firme 1 vend pour une quantité q 1 et la firme 2 vend pour une quantité q 2.
Prenons un exemple pour mieux comprendre, nous avons les informations
suivantes : p1= p2= p=8 ; D ( 8 )=180 ; q 1=q 2=80
Les profits de chaque firme sont les suivants :
π 1=80 × 8=640
π 2=80 × 8=640
Mais il peut y avoir une déviation, c’est-à-dire que la firme peut vendre à un prix
p1=8 , 1, la demande résiduelle est de 100, puisque la firme 1 a vendu 80 unités. Les
profits de la firme 1 sont passés à :
π 1=80 × 8 ,1=648
L’augmentation est tellement insignifiante que le nombre de demandeur pour le
produit ne va pas changer, ainsi les firmes peuvent se permettre de monter un petite
peu leurs prix.
- Situation 4 : p1= p2= p=P ( q1 + q2 )
o Prenons un exemple pour mieux comprendre, nous avons les informations
suivantes : p1= p2= p=9 ; D ( 9 )=160=q 1+ q2 ; q 1=q 2=80
Dans cette situation les firmes font un profit de :
π 1=80 × 9=720
π 2=80 × 9=720
Si la firme 1 augmente son prix, la demande va diminuer, donc elle ne sera plus
saturée, à l’inverse si le prix diminue la demande restera constante, elle vendra donc
la même quantité qu’avant mais moins cher.

De manière plus général : soit Ri ( q j ) la meilleure réponse de i à q j dans le jeu de Cournot, on a :


Ri ( q j )=arg max qi × P ( q i+ q j )
qi
Lemme 2 : dans un équilibre en stratégie pure, la firme 1 ne fixe jamais un prix inférieur à
P ( q j + Ri ( q j ) ) à l’étape de concurrence en prix. Si la concurrence vend en pleine capacité P ( q j ), alors
la Meilleure Réponse (MR) serait Ri ( q j ).
Supposons que p1= p2 < P ( q j + R i ( q j ) ) , plusieurs cas sont alors possibles :
- Cas 1 : i est contraint en capacité, on a donc intérêt à augmenter les prix car la capacité et on
la vend plus chère ;
- Cas 2 : i n’est pas contraint en capacité, alors il faut que j le soit (sinon j a intérêt à lui
piquer ses demandeurs soit p j= pi−ε ). Ainsi les profits de la firme i sont les suivants
π i= pi ( D ( pi )−q j )
¿ q i × P ( qi +q j )
¿ Ri ( q j ) × P ( Ri ( q j ) +q j )
La firme i préfère vendre Ri ( q j ) plutôt que q i> Ri ( q j )

Il suffit d’augmenter pi jusqu’à qu’il


soit supérieur à P ( q j + Ri ( q j ) ) sans
36 dépasser q i.
--- à partir de cette limite on ne peut
pas être en situation d’équilibre car
la firme veut retrouver sa quantité q i
Il existe une déviation profitable : pi > P ( q j + Ri ( q j ) ).
Condition d’existence d’un équilibre en stratégie pure : q i ≤ Ri ( q j )
Démonstration : si q i> Ri ( q j ) alors (lemme 1) : p1=P ( q 1+ q2 ) < P ( q2 + R1 ( q2 ) )
Supposons q i< Ri ( q j ) avec i=1 , 2 et j=1 ,2, alors l’équilibre en stratégie pure est :
p1= p2=P ( q1 +q 2) .
Démonstration :
- Baisse des prix, dans cette situation on vend moins cher la même quantité, q 1, il n’y a donc
pas d’intérêt à baisser les prix ;
- Hausse des prix, dans cette situation on va gagner ce p × la demande résiduelle, ainsi on a :
p ( D ( p )−q j ) =qP ( q +q j )
Donc :
π i=q × P ( q+ q j )
Avec q <q j.
On s’écarte encore plus de la
maximisation du profit, donc il n’y a
pas d’intérêt
En stratégie pure la demande est
égale à la capacité totale

Que se passe-t-il si q 1> R i ( q2 ) où q 2> R 2 ( q1 ).


Stratégie mixte : fonction de répartition sur un ensemble de prix.
Lemme 3 : la firme dont la capacité est la plus grande (supposons ici i ) fait le profit suivant :
π i=Ri ( q j ) × P ( q j+ R i ( q j ) )
Ce profit est égal au profit d’un follower dans jeu à la Stackelberg. Ses profits sont comme s’il jouait
sa Meilleure Réponse (MR). Ainsi si une firme a plus de capacité que son concurrent, alors le profit
sera plus faible.

Choix de capacité
Cout de capacité C 0
¿∗¿ ¿
¿∗¿ ;q =q ¿
Équilibre (q i=q j
) où :
¿
q =arg max q ¿ ¿ ¿
Soit la quantité d’équilibre d’un jeu de Cournot avec un coût unitaire C 0.

On avait dit que Ri ( q j )=arg max q × P ( q +q j ). Quand on choisit sa quantité on fait attention aux
coûts lorsque l’on maximise la période 2, cependant on ne fait pas attention aux coûts car ils sont
payés une fois en période 1.
Remarque : Ri ¿ est la quantité qui maximise le profit en période 2. Si en étape 1 la firme 1 choisit
q i ≤ R ¿, la firme 1 va gagner q i × ¿ car par définition, sa Meilleure Réponse (MR) à q ¿∗¿ ¿ est q ¿∗¿ ¿.
¿∗¿ ¿
Donc si i choisit q i ≤ Ri ¿, son meilleur choix est q . Si en étape 1, la firme 1 choisit q i> Ri ¿ alors :
π i=Ri ¿
Remarque : Ri ¿

37
¿∗¿ ¿ ¿∗¿ ¿
Donc la Meilleure Réponse à q est q .

Si
q1
q2{alors la firme 1 et 2 n’ont pas intérêt à dévier dans un équilibre de Cournot.
¿∗¿¿ ¿∗¿ ¿
En étape 1, la Meilleure Réponse (MR) de i à q j=q c’est q i=q donc q à l’équilibre ¿. Si on
additionne les quantités et les profits, on trouve les mêmes résultats à la Cournot avec coût de
production C 0.
On se retrouve à la Bertrand dans lequel on prit en compte des contraintes, on arrive donc à un
modèle à la Cournot.

38
Chapitre 4 : Différenciation horizontale

Modèle Hotelling (1929) : modèle d’adresse

Chamberlin et Robinson (1933)

I. Système d’équation de la demande


On suppose qu’il y a n variétés, 1 variété correspond à 1 firme. La demande pour la variété i c’est :
q i=Di ( ⃗p )
Propriété souhaitable de cette fonction de demande :
∂ Di
<0
∂ pi
Fonction inverse de demande :
pi=Pi ( ⃗q )
∂ Di
<0
∂ pi
On a U ( . ) l’utilité de l’agent représentatif.
max U ( q⃗ )−⃗
q × ⃗p
q⃗
Rappel :
q⃗ × ⃗p = p1 q1 + p2 q2 +… pn q n
Condition nécessaire du 1er ordre :
∂U ∂U
−p i=0 ⟺ Pi ( ⃗q ) =p i=
∂ qi ∂q i
Propriété :
∂ Pi 2
∂ U ∂ Pj
= =
∂ q j ∂ q i ∂ q j ∂ qi
C’est la symétrie des effet croisés. Si les biens sont des substituts (c’est-a-dire que quand une
entreprise i vend une quantité, alors le prix du bien j diminue) mathématiquement on a :
∂ Pi 2
∂ U
≤0 ⟺ ≤0
∂qj ∂ qi ∂ q j
Biens complémentaires :
∂ Pi 2
∂ U
≥0⟺ ≥0
∂qj ∂ qi∂ q j

∂ Pi 2
∂U
<0 ⟺ 2
<0
∂ qi ∂ qi
U est concave.

A. Demande linéaire
On a 2 firmes :

39
1
U ( ⃗q )=α 1 q 1+ α 2 q 2−
2
( β 1 q1 +2 γ q 1 q 2 + β 2 q 2)
2 2

Avec β 1> 0, β 2> 0, α 1> 0, α 2> 0. Pour γ s’il est :


- γ >0 : substitut
- γ <0 : complémentaire ;
- γ =0 : indépendance

Hypothèse :
2
β 1 β 2−γ >0
α i β j−α j γ > 0
Avec i≠ j.

Pour α 1=α 2 ( ¿ α )
β 1+ β2 =γ
1
U =α ( q 1 +q2 ) − ( γ q1 +2 γ q1 q2 +γ q2 )
2 2
2
1
¿ α ( q1 +q 2 )− γ ( q 1+ 2q 1 q2 +q 2)
2 2
2
1 2
¿ α ( q1 +q 2 )− γ ( q1 +q 2 )
2
Donc les biens sont des substituts parfaits, ils sont homogènes.

2
γ
Pour α 1=α 2, mesure le degré de différenciation.
β1 β 2
2
γ
γ =0⇒ =0 ⇒ indépendance
β1 β2
2
γ
γ =β 1=β 2 ⇒ =1 ⇒ substituts parfaits
β 1 β2

Fonction inverse de demande :


p1=α 1−β 1 q1−γ q 2
q 2=α 2−β 2 q 2−γ q1
Cela est valable uniquement sur les valeurs sont supérieures à 0.

Fonction de demande :
q 1=a1 −b1 p 1+ c p2
q 2=a 2−b2 p 1+ c p1
Avec :
( α 1 β 2−α 2 γ )
a 1=

2
∆=β 1 β 2−γ
β2 γ
b 1= c=
∆ ∆
Idem pour a 2 et b 2. Ceci est valable uniquement si q 1 et q 2 sont supérieurs à 0.

p1 → p1 +ε
∂ q 1=−b1 ε

40
∂ q 2=+cε
Rapport partiel de 1 vers 2.

Exemple : Walman et Jensen


On a 2 marques B et D
Les fonctions sont les suivantes :
q B =96−2 p B + pH
q H =96−2 p H + p B
Le coût marginal est de 12. Quel est le prix des glaces à l’équilibre ?
π B ( p B , p H )=qB × ( p B−12 )
¿ ( 96−2 pB + p H ) ( p B −12 )
∂πB
=−2 ( pB −12 ) +96−2 p B + p H
∂ pB
¿ 96+ 24−4 p B + pH =0
1
pB =30+ p H
4

Limite asymptotique (n → ∞ )
α
1
U ( ⃗q )=α ∑ q1− ¿ ¿
i =1 2
Pour un coût constant m . lim n ( pm−m ) =( β−γ ) (
α −m
γ )
où pm est le prix d’équilibre

1
pm ≈ ( β +γ )
n
α−m
γ( +m )
lim pm=m

41
B. Facteurs CES (Constant Elasticity Substitution)
n
U ( ⃗q )=∑ ❑
i=1

Limite asymptotique
n
Si n est grand, ∑ q j est indépendant de q i (influence négligeable).
θ

j=1
On a alors :
1
q θ−1
i = 1
× pi
( ∑ q θj ) θ
−1

j
1 1
q i= p i
p−1
× ∑
( )q θj θ
j

1
p−1
q i=k p i
Élasticité de la demande adressée à i:
− pi ∂ qi
ε i=
q i ∂ pi
1
p 1 −1
¿− i × k × × piθ−1
qi θ−1
1 1
1 1− −1−
¿− × p i θ−1 θ−1
θ−1
1
¿−
θ−1
1
ε i= >0
1−p
L’élasticité est constante quel que soit le nombre de firme

42
43
pA

p A = pB
1000−p A
400

300 600
qA

ΠA Π de

120 000−( 300× 70 )=90000

400
70
pA

44
pB

Meilleure réponse
de A/B

70

70
pA

pA

^p Cm

q q

ΠA

C m2 pm p1

45
Profit
π

πn

p1 pmonopole p

46
47
p

'
C ( .) CM S

p
w1n ECPP ECPP D
pn
D
n
q

48

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