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INDICATEURS ET DÉTERMINANTS
DOSSIER
Jean-Louis MUCHIELLI
(1)
La compétitivité est souvent un terme utilisé vis à vis de l'étranger. Nos produits sont com-
pétitifs à l'exportation, notre territoire est attractif et donc compétitif vis-à-vis des investis-
sements directs étrangers, etc. L'inconvénient est que les exportations ne représentent que
10 ou 15% de la production intérieure brute et que les investissements étrangers ne repré-
sentent vers la fn des années quatre vingt dix environ que 15% de l'investissement inté-
rieur d'un pays comme la France. Même si l'ouverture des économies européennes est plus
grandes que cela, entre 20 et 30% lorsque l'on rapporte la somme des exportations et
importations à la production nationale, il n'en reste pas moins que la compétitivité est
initialement un concept à considérer dans le cadre d'une économie nationale. Par ailleurs,
le terme de compétitivité est initialement un concept d'entreprise qui a ensuite été
transposé au plan macro-économique. Il est bon de regarder comment ce concept se défnit
et s'appréhende au niveau de l'entreprise (I) pour voir ensuite son utilisation au niveau
d'un pays ou d'un territoire (II). Ce glissement entre ces deux niveaux peut d'ailleurs être
contestable, car il revient trop à considérer que l'économie d'un pays s'appréhende comme
la stratégie d'une grande frme, ce qui prête à de fortes controverses (III).
RR
ses en difficulté Très bonne Faible Ensemble P 11
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Rentabilité économique 18% 8% 11,5%
OOSS
Par la suite, avec des indicateurs
SS
de compétitivité plus élaborés, Taux de marge 49% 9% 20%
DD
Paranque, dans sa typologie Productivité du travail 510 206 266
retient six classes d'entreprises. La Source : Paranque, 1995
classe des entreprises dites " ren-
tables " appuient leur compétiti-
vité sur l'enchaînement d'un cercle Au delà des indicateurs mention- tions de l'entreprise à
" vertueux " : forte productivité de nés, le concept de compétitivité "étalonner", identifier les entre-
la main d'uvre et efficacité doit être mis en perspectives avec prises sur-performantes dans cette
moyenne du capital allant de pair celui de " capacités de l'entre- fonction (comme la logistique par
avec un taux de marge important. prise", les ressources disponibles exemple), analyser les écarts entre
Cet enchaînement s'appuie sur un ou potentielle, d'ordre matériel, sa propre entreprise et l'étalon de
taux de dépenses immatériels très humain, financier et technolo- référence et ensuite mettre au
fort et soutenu. gique (6). L'examen de l'état de point les stratégies de rapproche-
compétitivité reposera alors sur ment de ses propres résultats vers
Les entreprises dites "en difficulté" l'évaluation de chacune de ces les résultats de l'entreprise étalon.
ont une charge de la dette qui est capacités ainsi que sur les rela-
dans un rapport de 5 à 1 par rap- tions entre ces capacités. II - LACOMPÉTITIVITÉD' UNE
port au reste de l'échantillon. N ATION
Chute de l'activité et recul de L'étude des facteurs clés de succès
l'emploi se conjuguent avec des reposera alors sur l'analyse des Le groupe consultatif de la Com-
rentabilités négatives, une effica- avantages concurrentiels ou com- mission européenne sur la compé-
cité du capital et une productivité pétitifs (avantages de coûts, de dif- titivité définit la compétitivité d'une
du travail insuffisantes. férenciation ou de technologie) et région ou d'un pays " comme l'en-
sur les fameuses cinq forces à la semble des facteurs essentiels à
3 - Les déterminants de la Porter , 1/ la concurrence à l'in- une réussite économique à long
compétitivité de l'entreprise térieur du secteur, 2/ les entrants terme "(7). Comme pour la compéti-
potentiels, 3/ les produits substi- tivité de l'entreprise, on peut reve-
Au delà des ratios ex post, pour- tuables, 4/ les fournisseurs et 5/ nir sur les définitions et les indica-
quoi des entreprises arrivent-elles les clients, qui replacent la compé- teurs.
à dépasser les performances titivité de l'entreprise dans une
moyennes d'un ensemble d'entre- stratégie globale au sein du sec- 1 - Les défnitions
prises de référence, et à maintenir teur vis-à-vis des concurrents et de
ces " sur-performances " ?. ses relations amont et aval. a) La compétitivité globale d'un
pays
La recherche des déterminants de b) Les stratégies de benchmarking
la compétitivité devient alors multi- Une nation est en effet compétitive
dimensionnelle. Elle reprendra les L'examen des forces et des faibles- que si elle parvient à accroître
problèmes de prix, de qualité, ses de l'entreprise va alors être durablement le bien-être de ses
mais aussi de design, de marke- considéré comme un domaine habitants. Pour y parvenir, il n'y a
ting, de management. Covin (5) convenant naturellement à la pra- pas d'autres choix que de cher-
applique ainsi une analyse avec tique de l'étalonnage des perfor- cher à accroître la productivité des
12 facteurs essentiels pour mesu- mances, ce que l'on peut appeler facteurs de production(8)".
rer la compétitivité globale d'une le benchmarkingqui permet d'a-
entreprise incluant la structure de nalyser les comportements des (5) Covin J.G., Covin T.J., "Competitive Aggressi-
l'entreprise, sa culture, ses res- entreprises qui sont les meilleures veness, Environment Context and Small Firm Per-
formance ", Entrepreneurship Thoery Practice,
sources humaines, son développe- dans son secteur ou dans d'autres 1990.
(6) Cf. Marchesnay M., R. Perez, R. Reix, Com-
ment produit/service etc. secteurs et de copier leurs meilleu- pétitivité, système de gestion et politique indus-
res pratiques. Le benchmarkingest trielle", in R. Percerou, Entreprise, gestion et com-
pétitivité, Economica, 1984.
a) Les éléments constitutifs de l'a- alors un processus au cours (7) In Economie Europeéenne, supplément A,
vantage compétitif duquel on va identifier les fonc- juillet 1998, p. 4.
En fait la compétitivité d'un pays peut également s'examiner au tra- 1985 nous montre que peu de
devrait être l'expression de son vers de sa croissance. Celle-ci pays rattrapent le niveau des Etats-
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bien-être et de l'évolution de celui- sera la fruit de deux tendances, la Unis. Ce fut le cas pour Singapour
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ci. Se pose alors la question de première étant l'entrée et la sortie avec la crise asiatique ou du
l'existence d'un indicateur capa- de firmes et la seconde étant la Japon avant 1992 ou de la Corée
ble de résumer cette compétitivité croissance ou décroissance de la du Sud et de l'Irlande. Par contre,
ou cet indice de " bonheur brut ". taille des entreprises dans le sec- la France, l'Italie ou la Grande-
L'art est difficile bien qu'il ait déjà teur. La croissance étant relative, Bretagne ne convergent pas vers le
été tenté dans les années soixante elle se comparera avec les évolu- niveau américain et restent aux
dix lorsque les tenants de la tions des autres secteurs de l'éco- alentours de 70 % du PNB/hab
croissance zéro mettaient en nomie ou avec les mêmes secteurs américain après l'interruption du
contradiction les indicateurs de d'autres économies. processus de rattrapage de 1992.
croissance économique avec ceux
de la préservation de notre pla- " A court terme, la compétitivité Les raisons de ce non rattrapage
nète. d'une industrie nationale donnée seront alors à rechercher dans les
se mesure par l'accroissement de facteurs de la croissance écono-
" Toute analyse de la compétitivité ses parts de marché dans le mique : productivité du travail,
nationale doit par conséquent monde , qui résulte à la fois de la investissement, technologie, etc.
tenir compte des divers facteurs conjoncture dans les pays parte- Par exemple, depuis 1985, la pro-
qui déterminent le niveau de vie naires les plus proches et de sa ductivité apparente du travail
de la population, à savoir la crois- compétitivité prix (10) ". Dans ce (Valeur ajoutée brute en prix cons-
sance, l'emploi et la répartition du cadre alors, les notions de parts tants par travailleur), dans l'indus-
revenu ". La compétitivité constitue de marché réapparaissent afin de trie manufacturière des Etats-Unis a
par conséquent une notion essen- comparer un secteur par rapport à augmenté à un taux moyen de
tiellement interne. Ses détermi- un autre. 3,9% alors que pour l'Europe le
nants sont des facteurs endogènes taux de croissance est de 3,1% et
de l'économie nationale étudiée
2 - Les indicateurs de la celui du Japon de 2,3% (11). Mais
Mais considérée dans la durée, la compétitivité d'autres indicateurs pourraient être
croissance est le résultat de l'inte- pris en compte comme par exem-
raction entre des phénomènes a) Les indicateurs de la compétiti- ple la capacité d'une économie à
endogènes et des rapports écono- vité globale d'un pays créer de l'emploi. Ainsi, entre
miques internationaux(9)" 1992 et 1998 l'emploi a aug-
Si un indice composite socio-éco- menté de 11% aux Etats-Unis
b) La compétitivité et l'attractivité nomique peut être difficile à éta- contre 0,7% dans l'Union euro-
d'un territoire blir, l'économiste peut tout de péenne(12).
même mettre en avant une série
La compétitivité d'un territoire est d'indicateurs qui pourra rappeler Les parts de marchés à l'étran-
liée à son attractivité et donc à sa le fameux carré magique de la ger
faculté à attirer sur son sol des croissance économique : faible
activités mais aussi sa capacité à inflation, faible chômage, équili- Certains verront dans les parts de
contribuer à l'amélioration du bre extérieur et croissance du PIB. marché à l'étranger, l'indicateur
bien être de sa population. La En fait, ce carré magique peut lui révélateur de la compétitivité d'un
grande différence avec un pays même être décliné en de nom- pays. Cet indicateur est particuliè-
en fait est lié aux contraintes géo- breux indicateurs qui constitueront rement utilisé pour comparer les
graphique. Le territoire est déter- la recherche des déterminants des performances à l'exportation. Il
miné par son espace, sa localisa- ces grands équilibres. permet de calculer la part des pro-
tion, sa densité, etc. Au sein d'un duits exportés d'un pays dans l'en-
pays, un territoire pourra être La recherche d'un indicateur semble de la demande mondiale.
compétitif ou pas selon les carac- unique La part de marché, dans ce cadre,
téristiques de sa géographie éco-
(8) La compétitivité des Nations, CEPII, 1999,
nomique et humaine. Le PNB/habitant et son évolution p.3
peut être cet indicateur unique. (9) Economie Européenne, art. cit. p. 3
(10) CEPII, op. cit. p. 3
c) La compétitivité sectorielle Par exemple, la simple analyse (11) Cf. Economie européenne, " la compétitivité
des PNB par habitant rapportés à européenne dans la triade : aspects macroécono-
miques et structurels ", juillet 1998, p.11.
La compétitivité d'une industrie la base 100 pour les Etats-Unis en (12) idem p. 5
Graphique 1 - PIB par habitant pour les principaux
est le rapport des exportations à pays industrialisés
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la demande mondiale. Mais pour
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des raisons de statistiques, il est PIB par habitant, en %
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impossible de calculer une somme
SS
Etats-Unis
mondiale des demandes intérieu- 100 100
DD
Singapour
res. On calcule alors en général Japon
80 France 80
une part de marché relative repré- Italie
Royaume - Uni
sentant la part des exportations 60 60
Israël
d'un pays dans les exportations 40 40
Irlande
des huit ou neuf grands pays de Corée du sud
l'OCDE représentant 75% du 20 20
commerce mondial. Il s'exprime 0 0
comme suit : 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98
Là aussi, les raisons de ces évolu- des exportations de la Triade ont sites
tions seront à rechercher dans la relativement peu changé sur le
compétitivité-prix, hors-prix, mais moyen terme. Ainsi, en 1998, la L'appréciation quantitative
aussi l'adéquation de l'offre natio- part de marché de l'Union euro-
nale à la demande mondiale, au péenne dans les exportations de Dans la recherche de classement
fluctuations de change etc. Par la Triade était de 43%, celle des international et de comparaison
rapport à ses partenaires euro- Etats-Unis de 39% et celle du de performances, certains pays
péens, la France a connu entre Japon de 18%. En 1981 ces font des classements à l'aide d'in-
1990 et 2001 une évolution posi- mêmes parts étaient respective- dicateurs quantitatifs recueillis
tive de la compétitivité-prix ment de 43%, 36% et 21%. dans les statistiques internationa-
Pays WEF CCI WEF GCI Pays WEF CCI WEF GCI
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Etats-Unis 2 1 Canada 11 7
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Singapour 9 2 Danemark 6 14
Finlande 1 6 Australie 10 12
Pays-Bas 4 4 Hong Kong 16 8
Suisse 5 10 Grande-Bretagne 8 9
Luxembourg nd 3 Norvège 20 16
Irlande 22 5 Japon 14 21
Allemagne 3 15 Autriche 13 18
Suède 7 13 France 15 22
Islande 17 24
Source : WEF 2000, et IMD 2000, Lall, 2002.
les qui font ensuite l'objet de pon- Graphique 3 - Score indicateur de compétitivité :
dération puis de notation globale performance générale 2000 (notation de 1 à 10)
sur dix.
8 8
7 7
Ainsi la commission de la compé-
6 6
titivité irlandaise dans son rapport
5 5
annuel de 2001 prend-t-elle 11
4 4
critères globaux de compétitivité ,
3 3
1/ les performances générales, 2 2
2/ l'internationalisation de l'éco- 1 1
k
nomie, 3/ le capital, 4/ l'éduca- d e d e Ba s d a ma r U n i s d e g n e g n e q u e c e c h e g e g a l g n e èc e o n a e
0 an n an a
n e a s Su è e
a pa g an v è u ma G
i r A u ri N o r o r t e r ap li 0
ys - C a
l a n - B r t Es B e l F t J It
tion, 5/ la productivité du travail, rl
I Fi P Da E t
t e
d -
P A
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G an
6/ les coûts hors-travail, 7/ la fis- r
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Forumexploite deux types d'indi- région, et les phénomènes d'ag-
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cateurs synthétiques : l'un appelé La compétitivité territoriale glomération (de clusters) qui
SS
l'indice CCI (Current competitive- jouent un rôle important dans l'at-
DD
ness index) et l'autre appelé le Cette compétitivité se résume trop tractivité territoriale du fait des
GCI (Growth competitiveness souvent à l'attractivité de ce terri- externalités positives qu'ils déga-
index). L'indice CCI est alors la toire vis à vis d'activités aussi bien gent. Des travaux récents ont mon-
résultante de 64 variables(15). nationales qu'internationales. Une tré la part primordiale de ces
hausse des investissements sortant effets d'agglomération dans la
Dans son Global competitiveness alliée à une baisse des investisse- localisation territoriale des entre-
report, le World economic forum ments entrants indiquerait une prises multinationales(19).
considère 8 indicateurs composi- baisse de l'attractivité nationale
tes de compétitivité : 1/ L'ouver- dans la mesure où les entreprises d) Les indicateurs de la compétiti-
ture, 2/ Le gouvernement, 3/ la françaises s'expatrieraient soit vité internationale sectorielle
finance, 4/ les infrastructures, vers des pays à bas salaires, soit
5/la technologie, 6/ le manage- vers des pays à faible fiscalité ou Compétitivité inter-sectorielle
ment, 7/ le travail, 8/ les institu- à fort potentiel technologique et
tions. On aboutit à 173 variables les entreprises étrangères par La compétitivité, si on veut la rap-
dont 38 quantitatives et 135 qua- ailleurs ne chercheraient pas ou procher de la spécialisation inter-
litatives, chaque groupe ayant une peu à s'implanter sur le territoire. nationale, doit se faire au niveau
pondération entre 16,7% et L'Allemagne a connu ce phéno- des secteurs et montrer des élé-
5,5% dans le total. mène avec inquiétude et a créé ments d'avantages comparatifs
une mission spéciale de Standort (un pays ne pouvant pas être com-
Les variables qualitatives provien- (localisation, site) . (17)
pétitif internationalement dans tous
nent de résultats de questionnaire les secteurs ou tous les produits à
auprès de 4000 entreprises. Ces Ici, il pourra y avoir des opposi- la fois). Ses avantages compara-
variables qualitatives sont basées tions de territoire comme celles tifs seront soit fonctions des grands
sur une échelle de valeur allant du entre deux grands centres urbains fondamentaux inter-sectoriels
fortement en accord à fortement dans l'attractivité de sièges comme la disponibilité de travail
en désaccord sociaux (Londres ou Bruxelles) non qualifié ou qualifié, de capi-
tal, et de technologie. Un pays
Certains résultats apparaissent Les territoires seront comparés abondant en technologie aura par
comme contestables dans la entre eux et pourront être en exemple des avantages compara-
mesure où l'échantillon n'est pas concurrence pour des types com- tifs dans les produits intensifs en
forcement représentatif et aussi du parables d'activité, par exemple technologie etc. Les fondamentaux
fait de forts biais que peuvent Toyota et PSA après avoir com- des spécialisation intra-industriel-
revêtir la formulation et la compré- paré les avantages et inconvé- les seront également les mêmes
hension même des questions. nients de la Pologne, la Répu- avec de plus des éléments d'éco-
Ainsi. par exemple, pour la varia- blique Tchèque et la Hongrie, nomie d'échelle, de différenciation
ble technologie on trouvera des examinent in finetrois sites en et de structure imparfaite des mar-
questions comme suit : Pologne et république Tchèque chés à prendre en compte, diffé-
pour leur usine commune (18)
. Si par renciation, agglomération, etc.
1/ Votre pays est un leader mon- exemple Paris ne se trouvera pas
(16) cf. Lall S., " Competitiveness Indices and
dial dans la technologie ? oui en concurrence avec le Pays de Developing Countries, an Economic Evaluation of
non 2/ Les organismes de recher- Galles, il se retrouvera tout de the Global Competitiveness Report ", World Deve-
lopment, n° 9, 2001.
che scientifique dans votre pays même en concurrence avec (17) Commissariat général du Plan, Compétitivité
sont de réputation mondiale ? 3/ Londres, et le Pays de Galles peut globale, une perspective franco-allemande, Rap-
port du groupe franco-allemand sur la compétiti-
Les entreprises dans votre pays être avec la Bretagne. vité, Paris, 2000.
dépensent beaucoup en R&D etc.. (18) La Tribune, 12/10/2001, " PSA et Toyota
examinent trois sites en Pologne pour leur usine
L'attractivité relative du territoire commune ".
De fortes évolutions sont à consta- aura alors à la fois des fondamen- (19) cf. Mayer T., J.L. Mucchielli, " Hierarchical
Location Choice and the Multinational Strategy, a
ter dans les classements d'une taux nationaux tels l'imposition sur Nested Logic Applied on Investment in Europe", in
année sur l'autre pour un certain les sociétés, le coût du travail et la Dunning J. & J.L. Mucchielli eds, Multinational
Firms, the Global-Local Dilemma, Routledge,
nombre de pays (16)
demande locale, mais aussi des 2002.
Les indicateurs de spécialisation exploiter le goût pour la variété serait alors celui de l'évolution de
remplaceront quelque peu ceux des consommateurs. la productivité des facteurs à long
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de compétitivité, ces derniers terme comme on l'a déjà indiqué.
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dumping social ou monétaire des performances relatives des l'Etat. La démocratie et l'absence
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déloyaux et leurs coûts seraient tel- marchés ou de la planification de corruption deviendraient ainsi
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lement bas que les pays dévelop- comme mode d'allocations des les éléments clés de la compétiti-
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pés ne pourraient jamais être com- ressources rares en vue d'attein- vité d'un pays. On s'aperçoit alors
DD
pétitifs par rapport à eux. dre le plus grand bien être de sa que les pays qui assurent le moins
population. Certaines leçons peu- de croissance et d'augmentation
Les deux positions reviennent- vent déjà être tirées de l'histoire à de bien être à l'ensemble de leur
draient au même : ne pas com- ce sujet. population sont aussi ceux qui sont
mercer avec des pays où on serait le plus souvent en guerre, où lon
sûr d'être perdant sauf à la seule Enfin le troisième oubli concerne constate une absence de démo-
différence que selon les commen- les conséquences de l'échange cratie, et où la corruption est très
tateurs, ce seraient tantôt les pays international. Dans la mesure où développée.
développés qui perdraient, tantôt le commerce permet aux pays
des pays en développement. (aux groupes, etc.) d'échanger c) Avantages comparatifs et com-
compétences, connaissances etc., pétitifs : le pays comparé à une
b) Avantages comparatifs et les il est préférable au "non- grande entreprise
trois oublis échange". Cependant dans le pro-
cessus d'échange, ceux qui fabri- Pour l'ancien président Clinton,
Ces positions vis à vis de la com- quent les biens substituts des chaque nation " est comme une
pétitivité internationale oublient importations sont menacés par la grande firme en concurrence sur le
deux choses importantes. concurrence internationale (la marché mondial ". Les Etats-Unis,
compétitivité de l'autre pays) et l'Europe et le Japon seraient par
D'abord, il faut prendre en ceux qui fabriquent les biens exemple des concurrents au même
compte les théories du commerce exportés font au contraire un gain. sens que Coca-Cola et Pepsi-Cola.
international dans ce domaine. En clair, l'industrie du textile, ses
Or, la théorie de l'avantage com- régions, ses ouvriers, seront mis à Or comme le rappelle Krugman, il
paratifs découverte par Ricardo et mal par les importations chinoises est clair que cela n'a rien à voir
Torrens en 1815, montre, entre et ces secteurs vont diminuer d'im- pour plusieurs raisons :
autres, que l'échange internatio- portance entraînant de difficiles
nal au niveau des Nations est un problèmes de reconversion d'hom- Une entreprise par définition vend
jeu gagnant-gagnant. mes et de régions. Par contre, l'in- tout ou quasiment à l'extérieur de
dustrie automobile embauchera et son organisation : ses salariés
La seconde confusion est encore fera prospérer les régions d'im- consomment pour leur part relati-
plus commune puisqu'on pense à plantations et le pays. vement peu du produit fabriqué
tord que cette théorie est une par l'entreprise. La situation est
" doctrine " qui plus est, libérale, L'analyse économique montre très différente pour un pays où
qui serait une justification du tout alors que, pour que le gain soit entre 60 et 90% de ce qui est pro-
marché et du " laissez-faire, lais- partagé par l'ensemble de la duit par le pays est consommé par
sez passer ". Les ouvrages de l'en- nation, il faut assurer une fonction les consommateurs de ce même
seignement secondaire en France de répartition des gagnants vers pays. Ainsi au milieu des années
enseignent en général cette vision. les perdants. Si cette fonction de 1990, l'intensité d'exportation
redistribution ne fonctionne pas, (part des exportations dans le PIB)
En fait, le principe de l'avantage comme elle est en général l'apa- atteignait 11,5% dans l'Union
comparatif peut être appliquée nage de l'Etat, il faut alors se européenne, 11,6% aux Etats-
par une économie planifiée poser la question de l'efficacité de Unis et 10% au Japon (24)
. De
comme par une économie de mar- cet Etat et de ses agents plutôt que même, les ventes de boissons de
ché, puisqu'il s'agit de dire qu'il remettre en cause l'échange lui- Coca-cola se font très peu vers les
faut mieux se spécialiser dans ce même. ouvriers de Pepsi-Cola mais plutôt
que l'on sait le mieux faire et non vers l'ensemble des consomma-
l'inverse et d'échanger ensuite ses La compétitivité est ainsi repous- teurs, idem pour les ventes de
compétences contre celles d'un sée vers le haut vers les rouages Pepsi-Cola , à la différence des
partenaire. Le fait de savoir s'il de l'Etat lui même et donc de sa
(24) Cf. Economie européenne, " la compétitivité
vaut mieux du tout marché, ou du gouvernance globale. Une nation européenne dans la triade : aspects macroécono-
tout planification ou un mélange compétitive serait alors une nation miques et structurels ", juillet 1998, p.5.
pays qui échangent entre eux, le de la balances des biens et servi- du commerce extérieur va se félici-
principal client de la France est ces d'une part (BC) et de la ter de l'excédent commercial,
P 18
l'Allemagne qui est en même balance des capitaux d'autre part l'Agence française pour les inves-
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temps son principal fournisseur. Il (BK), on a l'équation d'équilibre tissements internationaux pourrait
est donc hasardeux de pousser la suivante : s'alarmer de la perte de compétiti-
comparaison entreprise-Nation vité de notre territoire. Enfin, mal-
trop loin. BP = BC + BK avec BP = 0 => BC = - BK gré un déficit important de sa
balance commerciale, les Etats-
2 - Les méprises entre La balance des capitaux va être Unis obtiennent de meilleurs résul-
attractivité et compétitivité l'inverse de la balance des biens tats en termes d'emploi et de crois-
et services. Alors à un excédent sance que l'Europe.
Les contradictions apparaissent commercial va correspondre un
même entre plusieurs concepts de déficit des capitaux et vice versa. En conclusion, le concept de com-
compétitivité internationale Les Etats-Unis ont depuis plusieurs pétitivité est difficile et multiple.
comme celles concernant le com- années une balance commerciale L'essentiel est de se pencher sur les
merce extérieur et les investisse- extrêmement déficitaire mais à ressorts même de la croissance,
ments étrangers. l'inverse une balance des capitaux croissance et survie de l'entreprise,
(et des IDE) fortement excéden- croissance et bien-être d'un pays.
A priori, rien n'est plus simple, un taire. Pour la France, l'inverse est L'économie internationale joue
pays peut être compétitif du fait vrai depuis 1992, en tendance indéniablement un rôle dans cette
de ses fortes parts de marché à nous avons eu une balance com- compétitivité mais il ne peut appa-
l'étranger et de son excédent com- merciale excédentaire et une raître comme primordial et il est
mercial, et en même temps, avoir balance des capitaux déficitaire. sans doute moins important que les
un territoire attractif, c'est à dire Les produits français seraient alors comportements des Etats eux
compétitif dans la mesure où il va compétitifs mais le territoire fran- mêmes qui, au travers de leur
attirer des investissements étran- çais ne le serait pas. De même poids dans les économies (plus de
gers. Si son territoire est plus pour les Etats-Unis, ses produits ne 40% de la richesse nationale),
attractif que celui des autres pays, seraient pas compétitifs à l'expor- marquent d'une empreinte durable
il devrait avoir plus d'investisse- tation mais son territoire serait les fondamentaux même de la
ments entrants que d'investisse- extrêmement attractif pour la pro- croissance. L'international peut
ments sortants et la balance des duction de produits. On voit là la être un révélateur de nos défaillan-
capitaux directs devrait être excé- limite de l'approche en termes de ces en servant de critère de réfé-
dentaire. Or, sur le plan macro- compétitivité globale et de son rence, de benchmarking, mais les
économique les deux situations aspect international, dans la facteurs de la compétitivité sont à
sont simultanément difficilement mesure où elle conduit au grand rechercher en interne au niveau de
concevables. Si l'on part du prin- écart dans l'interprétation, il la capacité des acteurs privés et
cipe comptable que la balance paraît en effet inconcevable de publics à assurer une croissance la
des paiements en tant que docu- fabriquer des produits compétitifs plus harmonieuse possible.
ment comptable doit être équili- sur un territoire qui ne l'est pas !
brée et que celle-ci est composée Au même moment où le ministère
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