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PHILOSOPHIE – FR – 2 PERIODES

B – Test – S6 Entraînement (Note A)

Octobre 2023

Question obligatoire

Suis-je tel qu’autrui me voit ?

Texte obligatoire

La honte dans sa structure première est honte devant quelqu’un. Je


viens de faire un geste maladroit ou vulgaire : ce geste colle à moi, je ne le
juge ni ne le blâme, je le vis simplement, je le réalise sur le mode du pour-soi.
Mais voici tout à coup que je lève la tête : quelqu’un était là et m’a vu. Je
réalise tout à coup la vulgarité de mon geste et j’ai honte. Il est certain que ma
honte n’est pas réflexive, car la présence d’autrui à ma conscience, fût-ce à la
manière d’un catalyseur, est incompatible avec l’attitude réflexive : dans le
champ de ma réflexion, je ne puis jamais rencontrer que la conscience qui est
mienne. Or autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même : j’ai
honte de moi tel que j’apparais à autrui. Et, par l’apparition même d’autrui, je
suis mis en mesure de porter un jugement sur moi-même comme sur un objet,
car c’est comme objet que j’apparais à autrui. Mais pourtant cet objet apparu à
autrui, ce n’est pas une vaine image dans l’esprit d’un autre. Cette image en
effet serait entièrement imputable à autrui et ne saurait me « toucher ». Je
pourrais ressentir de l’agacement, de la colère en face d’elle, comme devant
un mauvais portrait de moi, qui me prête une laideur ou une bassesse
d’expression que je n’ai pas ; mais je ne saurais être atteint jusqu’aux
moelles : la honte est, par nature, reconnaissance. Je reconnais que je suis
comme autrui me voit.

1
SARTRE, L’Etre et le néant (1943)

Questions guides :

. Pourquoi la honte serait-elle un sentiment particulier, qui interroge la conscience de soi ?

. Ai-je besoin d’autrui pour me connaître ?

. Suis-je dépendant de ce que les autres pensent de moi ?

. Etre soi-même, est-ce se défier des autres ?

Documents additionnels :

2
La reproduction interdite, René Magritte, 1937

Nous sommes tous les jours jugés par autrui, mais cela veut -il dire que leur vision définis
ce que nous sommes, que chaque humain est tel au vu par l’autre, ami ou ennemi. Il Faut
se demander si, afin de pouvoir y répondre, quel est la particularité de la honte et pourquoi
il est si important de savoir ce que les autres pensent de moi.

La honte. Un sentiment bien connu de l’humain et d’autre dirait pièce fondamentale du bon
fonctionnement de la vie en communauté. En effet, l’humain est fait pour vivre en
communauté, une vérité qu’il connaît depuis bien avant les premiers mots pour la définir.
Cette envie profonde de rester en communauté nous soumet à mon sens au jugement
d’autrui et nous ouvre à la honte. Comme dit dans L’Etre et le néant déjà Sartre : « La
honte dans sa structure première est honte devant quelqu’un ».

Cette honte vient donc de notre besoin de vie en communauté, et est l’expression de notre
subconscient que nos actions viennent d’aller à l’encontre de cette vie en communauté.
Une sorte de mécanisme de survie enclenchée par le regard d’un autre et non pas d’une
quelconque vil origine, « la honte est, par nature, reconnaissance ».

Maintenant que nous savons d’où viens la honte, nous devons nous demander comment
elle en vient à nous façonner, à jouer un rôle dans notre développement personnel. Et cela
peut encore une fois se rapporter au rôle que joue autrui dans notre vie. Nous sommes
conditionnés à satisfaire autrui dès notre naissance, ce fut d’abord nos parents, puis nos
amis et ce sera peut-être notre femme ou notre employeur, et nous faisons tout cela sans
jamais pouvoir être certains de ce que les autres voient en nous, « par l’apparition même
d’autrui, je me suis mis en mesure de porter un jugement sur moi-même « . Cela est
parfaitement illustré dans le tableau de Magritte, l’homme se voyant dans le miroir tel que le
contemplateur du tableau le voie. Seulement de dos

Cependant je souhaite faire la différence entre la notion de qui nous sommes et ce que
nous pensons être, ce que nous pensons être est purement intérieur et ce nous sommes
est défini par le jugement des autres. La honte est un voyageur venant du second pour
tenter de détruire le premier. Un humain se développant naturellement aurait donc besoin
de non pas choisir un cas mais agir comme un médiateur essayant de se façonner grâce à
autrui mais sans bousculer ce qu’il pense être au plus profond.

Somme nous donc tel qu’autrui nous voit ? Et bien je ne crois pas, car si tout le monde était
tel qu’autrui le voit l’humanité n’aurait pas autant de différends. Ce qui ne veut pas dire
qu’autrui ne joue aucun rôle mais que il sert seulement et irrévocablement à nous rattacher
au monde et à nous empêcher de nous perdre dans les tréfonds de notre propre ego.

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