Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La déréglementation fiscale qui sévit dans l’Union européenne constitue une aide
précieuse pour permettre à la multinationale d’échapper au fisc. Car Apple profite de la
complicité de l’Irlande pour payer le moins d’impôts possible. « Avec deux filiales en
Irlande, dont une domiciliée fiscalement aux Caraïbes, ce que l’on appelle le double
irlandais est la méthode phare pour éviter de payer des impôts sur les bénéfices », explique
Lucie Watrinet. La première filiale, Apple Sales International, sert à rassembler le gros du
chiffre d’affaires mondial. Les recettes de chaque iPhone, iPad ou Macbook vendu dans le
monde, à l’exception des États-Unis, y sont centralisées. Ce subterfuge permet à Apple de
déclarer en France un chiffre d’affaires 12 fois inférieur à la réalité. La seconde filiale,
présente en Irlande mais domiciliée dans un paradis fiscal des Caraïbes, permet de faire
sortir un maximum de bénéfices nets d’impôt.
Pour atteindre ce record d’optimisation fiscale, Apple a négocié avec l’Irlande, en échange
de créations d’emplois, un taux d’imposition sur les sociétés d’environ 2 % dans un pays
où il est déjà agressivement bas à 12,5 %. « La Commission européenne a décidé
d’attaquer l’Irlande dans le cas d’Apple. Ce qui gêne le commissaire à la Concurrence,
c’est la possibilité pour une entreprise de négocier directement et secrètement avec un État
ses impôts. La Commission assimile cette pratique à des aides d’État illégales », explique
Lucie Watrinet. Dans une Europe minée par des choix budgétaires dévoués à l’austérité,
l’opinion critique de plus en plus la jungle des dérogations et des régimes d’exception.