Vous êtes sur la page 1sur 3

Quelle est la différence entre une structure formelle

et informelle ?
Dans les sciences de gestion, l’organisation informelle et l’organisation formelle ont
longtemps été considérées comme deux entités distinctes, des « frères ennemis » étudiés
isolément. Ainsi, deux visions coexistent dans l’histoire du management : celle de l’École
Classique des Organisations (ECO), et celle de l’École des Relations Humaines (ERH).
L’ECO ignore l’effet de l’informel dans la gestion des entreprises, il n’est qu’un élément
marginal et résiduel issu d’un déficit de rationalité et sera par la suite annihilé par de
nouvelles procédures formelles telles que des mécanismes de contrôle, une surveillance
accrue et des sanctions. L’organisation est alors structurée par des finalités et des objectifs
définis strictement et sans ambiguïté. Grâce à l’apport conceptuel de Barnard (1938) et aux
observations menées à la Western Electric par Roethlisberger et Dickson (1939), la
dimension informelle est enfin intégrée à l’organisation formelle et va devenir un axe de
recherche porteur pour l’ERH, L’entreprise est vue comme un système composé d’un
ensemble d’éléments formels et informels en mouvement et interdépendants. Les individus
poursuivent d’autres buts que ceux affichés par l’organisation et ne peuvent être totalement
instrumentalisés par la hiérarchie. Des « zones d’incertitude » et des pratiques informelles
apparaissent alors pour compenser l’inefficacité des règles formelles.

Organisation formelle :
Dans son livre intitulé The Function of Executive, Barnard (1938) déplore que les
organisations formelles aient été si peu étudiées par les sociologues et les économistes car
elles sont, selon lui, omniprésentes dans nos sociétés contemporaines. Il propose une
définition, devenue depuis une référence, de l’organisation formelle qui est : « un système
d’activités ou de forces consciencieusement coordonnées d’au moins deux personnes, en vue
d’atteindre une ou plusieurs finalités ». a l’intérieur de l’entreprise, l’organisation formelle
est un système impersonnel et fonctionnaliste qui a pour finalité la coopération de ses
membres. « Ce type de coopération entre des hommes est consciente, délibérée et voulue »
(p. 4). À la même époque, Roethlisberger et Dickson (1939) considèrent l’organisation
formelle comme un ensemble d’éléments (e.g. la structure hiérarchique, les règles et les
valeurs officielles) qui déterminent le comportement et les relations de ses membres. De
même, Dalton (1959) montre que le formel renvoie à « ce qui est planifié et qui fait l’objet
d’un accord », L’organisation formelle est régie le plus souvent par des mécanismes de
coordination bureaucratiques. Une administration institue des règles destinées à réconcilier
deux forces opposées : les intérêts individuels d’un côté, l’intérêt de l’organisation de l’autre.
Pour résoudre ce conflit, les processus formels sont établis pour limiter le jeu des intérêts
individuels et rétablir un certain ordre organisationnel en maintenant un système de règles à
la fois coercitif et permissif pour les interactions sociales. En effet, le bon sens voudrait
qu’une organisation bien structurée soit plus performante qu’une organisation mal structurée.
Les directions investissent par conséquent considérablement dans des politiques structurantes
et dans l’organisation formelle (Morand, 1995). Ces organisations formelles ont un rôle
structurel. Elles complètent et sécurisent les organisations informelles, insuffisantes car
nonformalisées, pour organiser le fonctionnement de l’entreprise. L’organisation est alors
structurée par des ordres et des objectifs définis strictement et sans ambiguïté. Le problème
est qu’en pratique, l’autorité n’existe que par l’acceptation de l’individu qui a le choix d’obéir
ou de désobéir à un ordre formel, perturbant ainsi la stabilité du système. La désobéissance
est plus souvent la règle que l’exception dans les organisations (Alter, 1990, 2000). Lorsque
l’individu fait preuve de désobéissance, il se tourne alors vers l’organisation informelle,
véritable contre-pouvoir à l’autorité légale.
Organisation informelle : Barnard (1938)
considère que l’organisation informelle précède nécessairement l’organisation formelle et
cela pour deux raisons : d’abord, l’organisation formelle n’est ni plus ni moins qu’une
organisation informelle qui se structure ; ensuite toute organisation nécessite des contacts
informels préliminaires. L’organisation informelle est par conséquent tout aussi importante
que l’organisation formelle, elle est constituée de « l’ensemble des contacts et des
interactions entre personnes et entre groupes » (p. 115). Elle est donc une organisation créée
par l’homme et pour l’homme. Sa structuration est vague et, contrairement à l’organisation
formelle, fortuite ou accidentelle, car créée par des activités de coopération inter-individuelle
n’ayant aucun projet précis et conscient. Quant à Roethlisberger et Dickson, « l’informel
correspond aux modèles d’interaction que l’on retrouve dans la réalité, mais qui ne sont pas
représentés dans la structure formelle ou qui y sont représentés d’une façon inadéquate »
(1939, p. 559). Ainsi, l’organigramme n’est pas une image fidèle de la réalité
organisationnelle contrairement au sociogramme. L’organisation informelle se construit à
côté de l’organisation formelle, en créant ses propres pratiques et normes, elle se construit
grâce aux relations qui s’établissent entre ses membres sur la base de sentiments et de valeurs
collectives. Des groupes sont ainsi constitués pour satisfaire les attentes et les besoins sociaux
individuels non satisfaits par l’organisation formelle. Selon Dalton (1959), l’informel
correspond aux « liens spontanés et flexibles établis entre les membres de l’organisation sur
la base de sentiments et d’intérêts personnels indispensables au fonctionnement de la partie
formelle de l’organisation, mais qui sont trop fluides pour être contenus dans le cadre formel.
» La littérature propose de multiples définitions et au-delà des positions contrastées des
auteurs, un élément se dégage : un rapport d’incompatibilité et d’exclusion mutuelle est érigé
entre le formel et l’informel. Tandis que la dimension formelle, en regroupant les processus,
les structures et les procédures, est la manière « officielle » dont les acteurs devraient
raisonner et se comporter, la dimension informelle traite, quant à elle, de la façon dont les
acteurs appréhendent effectivement la réalité au quotidien. L’organisation informelle a ainsi
gagné en importance au fil des années et est mobilisée à la fois par les chercheurs et les
praticiens. Cela dit, si les premiers connaissent et encouragent l’organisation informelle,
source d’efficacité dans les organisations, ce phénomène est méconnu et sous-estimé par les
seconds. Pourtant, l’organisation informelle a plus de poids que l’organisation formelle, elle «
décide qui est embauché, promu, muté, rétrogradé, ou viré. L’organisation formelle exécute
juste le verdict » (Butler, 1986, p. 39). Les arrangements informels sont omniprésents dans le
milieu professionnel, l’individu garde une marge de manœuvre, de liberté et de négociation
(Crozier et Friedberg, 1981). Même les
processus les plus formels et rationnels, tels les rémunérations, les mutations
professionnelles, le contrôle interne, et les budgets subissent des ajustements dictés par
l’organisation informelle (Baker, Gibbons et Murphy, 2002). Les chercheurs, quant à eux,
comparent l’entreprise à un iceberg où la partie émergée représente l’organisation formelle
tandis que la partie immergée, plus grande et influente, correspond à l’organisation
informelle (Mintzberg, 1982 ; Brunet et Savoie, 2003)
La structure d'un groupe formel est conçue de manière hiérarchique tandis que le
groupe informel manque de structure ou dit qu'il n'a pas de structure. Dans un groupe formel,
la position d'un membre définit son importance dans le groupe, mais dans un groupe
informel, chaque membre est aussi important que tout autre membre

Mohammed lyamani

Vous aimerez peut-être aussi