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DROIT PRIVE DES BIENS

INTRODUCTION
La vie de tous les jours oblige l’homme et tout homme à la satisfaction des
besoins. Les besoins appellent l’utilisation des biens.
La patrimonialisation sans cesse croissante dans notre siècle a mis en
bonne place l’accumulation et l’utilisation des biens qui sont utiles à
l’homme. Il faut se nourrir, il faut s’habiller, il faut se coiffer, il faut se vertir,
il faut voyager.
Théoriquement, nous pouvons dire que nous sommes libres et pourtant la
satisfaction des besoins précédents s’impose.
QUE REPRESENTENT LES BIENS ?

NOTION DE BIEN
La notion de bien a plusieurs conceptions. Elle peut être tantôt
philosophique ou morale ou tantôt juridique. La conception philosophique
ou morale de la notion de bien renvoie à ce qui est conforme à un idéal, à la
morale, à la justice, à la vertu. C’est cette première conception qui fonde la
valeur de toute chose, de toute action. Du point de vue juridique, la notion
de bien est envisagée comme une chose qui sert à l’usage de l’homme. Ne
dit-on pas : « LES CHOSES NE SERAIENT RIEN POUR LE LEGISLATEUR SANS
L’UTILITE QU’EN TIRE LES HOMMES » ?

LES BIENS ET LES HOMMES


La personne est sujet de droit. Le bien est objet de droit. Le droit distingue
deux catégories de personnes : la personne physique et celle morale. La
personne physique c’est l’individu homme, femme, titulaire de droit, sujet
de droit. Elle se distingue de la personne morale qui entreprend en groupe
ou en société.

LES CHOSES COMMUNES ET LES CHOSES SANS MAITRE


 Choses communes : Les choses communes c’est tout ce qui
n’appartient à personne et dont l’usage est commun.
Traditionnellement on classe l’eau de mer, l’air, les eaux courantes
dans la catégorie des choses communes.
 Choses sans maitre : Deux éléments sont indiqués ici. Premièrement
il y a les « res nullius » notamment les gibiers, les poissons de mer,
les produits de mer, les produits de l’eau fluviale. Deuxièmement les
« res derelictae » c’est-à-dire les choses volontairement
abandonnées par leur ancien maitre ou propriétaire et qui peuvent
être à nouveau appropriées. Les res derelictae sont des choses
abandonnées.

LE CAPITAL ET LE REVENU
Le capital c’est les ressources d’une personne, issu de son travail.
Alors que le revenu est le produit de l’exploitation du capital d’une
personne ou du travail.

LE FRUIT ET LE PRODUIT
Le fruit c’est ce qui provient d’une chose, périodiquement, sans
altération ni diminution de sa substance. Le produit par contre, est
tout ce qui provient d’une chose sans périodicité ou avec une
altération de sa substance.

LE PATRIMOINE
Etymologiquement il vient du mot latin « patrimonium » qui désigne
les biens appartenant à une famille. Il est un bien familial. Deux
auteurs ont adhéré à l’idée : Aubry et Rau. Selon eux :
 Le patrimoine est une universalité, c’est un tout avec l’actif et
le passif.
 Le patrimoine est une émanation de la personnalité. Toute
personne a un patrimoine et un seul. Le patrimoine est
indivisible de la personne et tout individu est tenu de payer ses
dettes avec ses biens présents ou à venir.
Cette théorie a été attaquée, car non évolutive, trop classique, et
notamment sur le principe de l’unicité du patrimoine. Les auteurs de
cette attaque ont prôné l’émergence de la théorie du patrimoine
d’affectation, notamment par la création d’un patrimoine
professionnel distinct. Selon eux le patrimoine, c’est l’ensemble des
biens et des obligations appartenant à une personne évaluable en
argent.
Le patrimoine est une enveloppe fictive destinée à contenir les biens
et les dettes d’une même personne au-delà des droits purement
patrimoniaux qui ne sont pas forcément évaluables en argent : le
droit d’aller et venir, le droit de vote, le droit à la dignité, l’image…
L’atteinte à ces droits peut donner lieu à des dommages et intérêts,
ils sont donc évaluables en argent.
Première partie
Les rapports de droit et les rapports de
fait entre le bien et la personne.
CHAPITRE 1 : LES RAPPORTS DE DROIT
La propriété c’est un droit, le droit de jouir et de disposer d’une chose de la
manière la plus absolue pourvu que l’on n’en fasse pas un usage prohibé
par les lois et les règlements.
Aux vues de la définition du droit des propriétés, on peut constater que le
législateur s’emploie à idéaliser la situation du propriétaire. Le rapport
entre les biens et la personne donne au propriétaire le pouvoir ou des
pouvoirs qui représentent les attributs du droit de propriété. Ce sont :
l’USUS, le FRUCTUS et l’ABUSUS.

Section 1 : Les attributs du droit de propriété


Le droit romain a consacré les pleins pouvoirs du propriétaire sur sa chose.
Ces pouvoirs se déduisent des attributs du droit de propriété que sont :
l’USUS, le FRUCTUS et l’ABUSUS.

Paragraphe 1 : Le droit d’usage ou l’usus


Le droit d’usage ou encore l’usus est le droit pour le propriétaire de
se saisir directement de son bien. Il s’agit d’une utilisation du bien
conformément à sa nature. C’est la conception positive du droit
d’usage. Aussi convient-il de noter que l’usus dans une conception
négative implique que le propriétaire ne soit pas obligé d’utiliser son
bien.
Le propriétaire d’une maison peut ne pas habiter cette dernière.
L’usus exige un acte concret qui laisse penser que les biens
incorporels ou immatériels ne puissent en faire l’objet.

Paragraphe 2 : Le droit de jouissance ou le fructus


Jouir d’une chose c’est percevoir les fruits de celles-ci. Sous ce
thème, la notion de fruit englobe tout ce que la chose produit
périodiquement sans modification de sa substance. On distingue
plusieurs catégories de fruit. Les fruits naturels, industriels ou civils.
Les fruits naturels sont ceux qui proviennent directement de la chose
sans intervention de l’homme (exemple : pomme).
Les fruits industriels sont ceux qui sont obtenus par la culture de
l’homme.
Les fruits civils sont ceux que l’on retire d’un bien par l’intermédiaire
d’un contrat.
A l’image de l’usus, le fructus varie selon l’objet sur lequel il porte.
Tous les biens ne sont pas frugifères. C’est le cas de beaucoup de
biens de consommation tels que les voitures, les bijoux. Le droit de
jouissance revêt une acceptation positive et une acceptation
négative.
Du point de vue positif, le fructus signifie que le propriétaire qui en a
le pouvoir peut non seulement percevoir les fruits de sa chose, mais
aussi il a le droit d’en disposer. Le droit d’en disposer permet de
pouvoir tirer profit du bien c’est-à-dire l’utiliser, le consommer,
l’épargner. La perception des fruits peut donner lieu à l’exécution
d’actes matériels : le propriétaire recueille les fruits matériels ou
industriels de la chose. Il peut aussi accomplir des actes juridiques
d’administration, de disposition : celui qui entend percevoir les fruits
civils de son bien devra conclure une convention destinée à les faire
fructifier.
Du point de vue négatif, le fructus laisse entrevoir le droit de ne pas
percevoir les fruits d’un bien dont on est propriétaire, le refus
d’accomplir les actes matériels ou juridiques.
Enfin, jouir d’un bien selon la jurisprudence, c’est s’opposer à sa
reproduction à des fins commerciales. En effet, un arrêt de principe
de la Cour de Cassation française ayant fait tâche d’huile s’est inscrit
dans cette logique. Le 10 mars 1999, le juge français a retenu au
profit du propriétaire du ‘‘Premier Café’’ de Benouille que :
« l’exploitation de son bien sous la forme de photocopie porte
atteinte à son droit de jouissance ».

Paragraphe 3 : Le droit de disposer ou l’abusus


La liberté individuelle donne le pouvoir au propriétaire d’un bien
d’en disposer librement. Il peut l’abandonner, le vendre ou encore le
détruire. Cette prérogative reconnue au propriétaire touche à
l’essence même du droit de propriété. Si elle lui échappe
définitivement, le droit de propriété s’éteint.
L’abusus peut s’entendre positivement ou négativement.
Du point de vue positif, le propriétaire d’un bien au nom de l’abusus
peut accomplir des matériels de destruction ou des actes juridiques
de disposition.
Du point de vue négatif, l’abusus donne le droit au propriétaire d’un
bien de conserver celui-ci dans sa matérialité. Le cas échéant, le
propriétaire a la faculté de ne pas détruire son bien ou de ne pas en
disposer. Le puissant pouvoir reconnu au propriétaire au nom de
l’abusus présente quelques limites liées au droit de l’urbanisme ou
au droit de l’environnement ou face aux exigences de l’intérêt
général.

Section 2 : Les caractères du droit de propriété


L’absolutisme du droit de propriété confère au titulaire de ce droit un
pouvoir éminent, un pouvoir puissant. Le propriétaire d’un bien peut en
user, peut en disposer sans en abuser. C’est dire que le caractère absolu du
droit des propriétés a des limites.
L’absolutisme du droit des propriétés est malaisé par des restrictions liées
aux droits de l’environnement, les droits de l’urbanisme.
Paragraphe 1 : Le caractère perpétuel du droit de propriété
Il a une double signification. Il évoque la perpétuité du droit et celle
de l’action en revendication.

 La perpétuité du droit de propriété


Ce caractère est un complément indispensable du caractère absolu
du droit de propriété. Le droit de propriété a un caractère héréditaire
et se transmet d’héritier en héritier. Ce droit de propriété n’est donc
pas viager en ce sens qu’il ne s’éteint pas à la mort de son titulaire.
Le droit de propriété ne se perd pas par le non usage même
prolongé. Il en découle qu’il est imprescriptible. Tel est le caractère
perpétuel du droit de propriété.
Ce qui précède présente tout de même quelques difficultés pratiques
en ce sens que le propriétaire initial d’un bien peut être confronté à
un possesseur qui possédant la chose depuis très longtemps
bénéficiera de la prescription acquisitive. Il en résulte que la règle de
l’imprescriptibilité du droit de propriété découlant du caractère
perpétuel trouve à s’appliquer seulement dans l’hypothèse où la
personne ou aucun possesseur ne peut justifier d’une possession
prolongée lui permettant d’acquérir par prescription.

 La perpétuité de l’action en revendication


Elle apparait comme un prolongement sinon une conséquence
logique du caractère perpétuel du droit de propriété lui-même. Mais
à y voir de près, la règle de l’imprescriptibilité de l’action en
revendication se trouve confronter par l’exigence de la prescription
qu’elle soit trentenaire ou non.

Paragraphe 2 : Le caractère exclusif du droit de propriété


La loi reconnait au propriétaire la plénitude des pouvoirs sur son
bien. Mieux, celui-ci dispose d’un monopole qui interdit l’usage, la
jouissance et la disposition du bien.
Dans un arrêt du 07 mai 2004, la Cour de Cassation française a remis
en cause la plénitude du monopole dont dispose le propriétaire d’un
bien. Elle a arrêté : « Le propriétaire d’une chose ne dispose pas
d’un droit exclusif sur l’image de celle-ci ; qu’il peut toutefois
s’opposer à l’utilisation de cette image par un tier lorsqu’elle lui
cause un trouble anormal ».
L’Assemblée plénière de la Cour de Cassation française rompt ainsi
avec toute idée d’existence d’un droit sur l’image d’un bien. Elle
condamne le rattachement de l’image d’un bien au droit de
propriété.
Le propriétaire a le droit à un droit absolu sur son bien mais il ne
dispose pas d’un exclusif sur l’image de son bien.
La Cour de Cassation française rend non nécessaire l’autorisation ou
le consentement du propriétaire quant à la photographie de l’image
d’un bien.

Chapitre 2 : Les rapports de fait que l’homme entretient avec le bien


La possession relève de la relation de fait entre la personne et le bien. Elle
occupe une place indiscutable en droit des biens. En matière de possession,
le possesseur se comporte au vu et au su de tout de monde comme s’il
était le propriétaire alors qu’i n’en est rien. Posséder laisse entrevoir une
prérogative de fait entre la personne et le bien. Il peut s’agir d’un état de
fait, d’un pouvoir d’un fait, d’une relation de fait ou d’une maîtrise de fait.
En tant que pouvoir de fait, que représente la possession ?

Section 1 : La possession
La possession est une détention ou une jouissance d’une chose ou
d’un droit que nous tenons ou exerçons par nous-même ou par un
autre qui la tient ou l’exerce en autre nom. De cette définition il
ressort de prime à bord que la possession c’est l’appréhension aussi
bien d’une chose matérielle que d’un droit sur des choses
immatérielles.
La possession en tant que détention laisse entrevoir deux éléments.

Paragraphe 1 : Les éléments constitutifs de la possession


La possession suppose la réunion de deux éléments : le corpus
et l’animus.
Le corpus c’est l’élément objectif, élément matériel de la
possession.
L’animus c’est l’élément subjectif, élément intentionnel de la
possession.
Le vocabulaire juridique apporte à la définition de la
possession l’idée selon laquelle c’est un pouvoir de fait, c’est le
corpus, c’est l’élément matériel exercé sur une chose avec
l’intention de s’en affirmer maitre ou maitresse (animus,
Dominus). Au fond, le détenteur qui a l’intention de s’affirmer
comme propriétaire sait qu’il ne l’est pas.

A- Le corpus
C’est la lettre de l’élément de la possession. Il ne peut y
avoir de possession sans corpus. Au sens strict, le corpus
renvoie à la détention matérielle d’une chose : la res. Au
sens large ou extensif, le corpus peut s’entendre la
jouissance d’une chose ou d’un droit. Deux auteurs
importants ont une discussion sur l’importance ou non de
l’élément matériel dans la possession ou le désir de
posséder. Il s’agit de Savigny et de Ihering. Défendant la
conception objective de la possession, Ihering estime que
les éléments constitutifs de la possession se résument au
seul corpus. Contrairement à ce dernier, Savigny attaché à
la conception subjective, estime que l’élément intentionnel
s’ajoute au corpus pour lui donner toute son essence ou
toute sa signification.
Le corpus permet d’exercer un pouvoir physique sur la
chose, en témoigne un contrat de bail qui autorise le
locataire d’une maison à en avoir la possession.
Enfin, le corpus renvoie aussi à l’exercice d’acte de
jouissance voire d’acte d’exploitation économique d’une
chose ou d’un droit.
La possession peut être originaire ou dérivée selon les cas.

B- L’animus
L’idée qui consiste à croire ou à laisser croire que le corpus
suffit à lui seul pour établir un rapport de fait entre la
personne et le bien ne résiste pas à la critique. Le corpus a
un complément naturel qui lui est consubstantiel : l’animus.
L’animus c’est l’élément psychologique à savoir l’intention
de se comporter à l’égard du bien possédé comme un
véritable propriétaire. Le cas échéant, la réalité ou la vérité
du droit d propriété sur la chose importe peu. C’est
pourquoi l’animus ‘‘possidendi’’ se distingue de la bonne
foi ou de la mauvaise foi du possesseur qui représente une
qualité ou un vice de possession.

Paragraphe 2 : Possesseur et détenteur précaire


La possession se distingue de la détention précaire c’est-à-dire
la possession pour autrui. Posséder pour autrui ne prescrit
jamais le droit. Le détenteur précaire n’est pas un possesseur
au sens strict du thème. Il ne peut prescrire la chose qu’il
détient et ne peut bénéficier des effets de la protection
possessoire.
Une possession efficace présente certaines qualités.
Section 2 : Les qualités de la possession
L’efficacité de la possession exige certaines qualités : utile, continue
et non interrompue, paisible, publique, non équivoque et à titre de
propriété.

Paragraphe 1 : La possession utile


La possession est qualifié d’utile lorsqu’elle est utile et non
équivoque, continue et non interrompue, paisible et à titre de
propriété.

A- Le caractère continu
S’oppose au caractère continu ce qui est d’occasion, ce qui
se fait de façon irrégulière. La continuité de la possession
exige du possesseur ou du propriétaire de se comporter
comme un véritable titulaire de la chose. La conception de
la continuité est peu conciliable avec l’idée d’utilisation des
choses immatérielles, avec l’idée d’absence d’acte matériel
de détention de la chose.

B- La possession paisible
C’est celle qui ne fait l’objet d’aucune violence ni trouble.
D’ailleurs, des actes de violence sur un bien possédé
rendent inopérant la prescription. Le possesseur doit entrer
en possession de son bien sans violence matérielle ni
morale.

C- Le caractère public
Il se manifeste aux yeux de tous par des actes apparents.
Cela ne signifie pas qu’il doit être connu de tous mais que
chacun doit être à même de s’en rendre compte au vu de
l’emprise effective du possesseur du corpus. Le caractère
public vise à éviter le vice de la clandestinité qui exige de la
continuité.

D- Le caractère équivoque
Il laisse entrevoir le comportement clair et sans ambigüité
du possesseur de se comporter comme le propriétaire. Le
caractère non équivoque met en bonne place l’animus. Il a
été jugé que celui qui accepte d’acquérir les automobiles
sans se faire remettre les cartes grises correspondantes ou
sans vérifier que les vendeurs les détenaient, ne peut
évoquer une possession dépourvue d’équivoque.

Paragraphe 2 : La possession de bonne foi et la possession de mauvaise foi

Une possession peut être de bonne foi ou de mauvaise foi. Il


s’agit de qualité qui incombe au possesseur dans l’art de
posséder. La bonne foi du possesseur consiste pour ce dernier
de croire à tord qu’il est devenu propriétaire parce qu’il ignore
les vices du titre lui transférant la propriété. A l’inverse, il est
de mauvaise foi lorsqu’il connait les vices du titre translatif de
propriété.
La bonne foi se présume. La mauvaise foi doit se prouver.
D’ailleurs ne dit-on pas que toute possession est considérée à
priori de bonne foi en vertu de l’article 2228 du Code Civil
version applicable au Bénin ?
C’est donc au propriétaire qu’il appartient de démontrer la
mauvaise foi du possesseur afin de réduire les effets juridiques
de la possession.
Section 3 : Les effets juridiques de la possession
Les effets accordés à la possession trouvent leur fondement dans
l’idée selon laquelle les propriétés entretenues sont préférées aux
propriétés abandonnées. La justification de la protection du
possesseur s’explique par la relation de fait entre la personne et le
bien. En effet, on estime qu’en protégeant le possesseur l’on protège
le propriétaire. Ne dit-on pas qu’en matière de meuble, possession
vaut titre ?
La possession produit quelques effets : effet probatoire, effet
acquisitif, effet protecteur.

Paragraphe 1 : L’effet probatoire de la possession


Il concerne les rapports entre deux personnes qui se
prétendent toutes propriétaires d’un même bien. A la lumière
de l’article 2279 du Code Civil applicable au Bénin, la
possession fait présumer jusqu’à preuve du contraire la
propriété, le titre de propriété. Il revient au demandeur qui
prétend que le possesseur n’est pas le véritable propriétaire de
faire la preuve de sa propriété. Nous sommes là en face d’une
présomption simple. Elle n’est pas irréfragable. Elle tombe
devant la preuve contraire. Cette preuve contraire en matière
de possession peut être traduite par la précarité de la
possession, la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui, le
caractère non équivoque de la possession…

Paragraphe 2 : L’effet acquisitif de la possession


Une relation de fait peut permettre d’accéder à une relation de
droit. C’est ce que traduit l’effet acquisitif de la possession. La
possession utile, non viciée, même de mauvaise foi peut
permettre d’acquérir la propriété après l’écoulement d’un
délai : on parle de prescription. La prescription peut permettre
d’acquérir un droit ou d’en perdre. Dans le premier cas on
parle de prescription acquisitive. Dans le second cas on parle
de prescription extinctive.

Paragraphe 3 : La protection de la possession


La possession fait l’objet d’une protection indépendamment
de la bonne ou mauvaise foi du possesseur. Toute possession
troublée ou susceptible d’être troublée ou encore qui subit un
grave trouble doit faire l’objet de protection. Dans le premier
cas il s’agit de la complainte. Dans le second, il s’agit de la
dénonciation de nouvelle œuvre. Et dans le dernier cas, il
s’agit de la réintégrande.
Deuxième Partie
LA CLASSIFICATION
DES BIEN

Pour appréhender la diversité des biens, le droit


procède par une classification des biens en
catégorie. La subdivision des biens consacre les biens
meubles ou immeubles au regard du Code Civil dans
sa version de 1804.

Chapitre 1 : Les biens immeubles


On recense trois catégories de biens immeubles : les immeubles
par nature, les immeubles par destination et les immeubles par
les biens auxquels ils s’appliquent.

Section 1 : Les immeubles par nature


Ils mettent en valeur le critère physique de l’immobilisation. Est
qualifié d’immeuble par nature le sol et tout ce qui lui est incorporé
ou rattaché. Les végétaux et les constructions sont des immeubles
par excellence autant qu’ils sont rattachés au sol.
On cite dans cette catégorie les récoltes pendantes par les racines,
les fruits des arbres.

Section 2 : Les immeubles par destination


C’est un biens meuble considéré fictivement comme un immeuble.
En effet, le droit attache aux biens immeubles par destination une
valeur liée au lien fonctionnel. L’immeuble par destination est un
bien meuble par nature uni à un immeuble dont il est l’accessoire.
L’immobilisation nécessite deux conditions : un lien fonctionnel et
un lien juridique.
Le lien juridique laisse entrevoir une unité de statut entre les biens
meuble et immeuble de question. Ces biens doivent appartenir au
même propriétaire. C’est une condition sine qua non de
l’immobilisation par destination.
Quant au lien fonctionnel, il est relatif à l’immobilisation par
destination. Il est aussi qualifié de lien de destination. Le lien
fonctionnel met en bonne place la volonté du propriétaire d’accepter
son bien meuble à l’exploitation du bien immeuble.

Section 3 : Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent


Cette catégorie résulte de la loi. On dénombre dans cette catégorie
l’usufruit de chose immobilière, la servitude foncière, les actions
tendant à la revendication d’un immeuble. On peut citer dans cette
catégorie, les droits réels immobiliers, les actions immobilières et
les créances immobilières.

Chapitre 2 : Les biens meubles


Trois catégories de meubles peuvent être retenues : les meubles par
nature, les meubles par anticipation et les meubles par détermination de
la loi.

Les meubles par nature


Ce sont des meubles qui sont caractérisés par la mobilité. Ils peuvent
se transporter d’un lieu à un autre.
Certains biens meubles par nature ont des règles assimilables à celles
des immeubles. Il s’agit des navires, des aéronefs.

Les meubles par anticipation


Ce sont des biens immeubles qui par métamorphose deviennent des
meubles. Il s’agit d’une mobilisation par anticipation. L’anticipation
consiste à donner au bien immeuble par nature ici et maintenant une
destination future. La mobilisation par anticipation est une œuvre de
la jurisprudence reprise par la doctrine.

Les meubles par détermination de la loi


Relève de cette catégorie, les obligations et les actions qui ont pour
objet des sommes exigibles ou des effets mobiliers. On peut citer
dans cette catégorie, les droits et actions portant sur les meubles.
Les meubles par détermination de la loi représentent la symétrie des
immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent. Un droit réel
immobilier comme l’action en revendication d’un immeuble relève
des meubles par détermination de la loi.

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