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UNIVERSITE DE KINSHASA
O H Na
K Cl P
Ca Zn Co
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Année Académique 2018-2019
- Le chapitre d’introduction : parle des liens entre la biochimie et les sciences biomédicales,
de la composition élémentaire des organismes vivants, des groupes fonctionnels importants en
biochimie :
- Le chapitre de glucides : parle de la source des glucides, rôles qu’ils remplissent dans
l’organisme, besoin de l’organisme en glucides, maladies qui leur sont associées.
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Hétérosides (constituants des protéoglycanes du tissu conjonctif et des sécrétions, des
nucléosides et nucléotides qui sont des constituants essentiels des acides nucléiques ;
dérivés d’acide phosphorique qui sont des composés très importants du métabolisme
des glucides
- Le chapitre de lipides : parle de rôles des lipides dans la formation des membranes
cellulaires, la fourniture d’énergie, la formation des hormones, médiateurs et vitamines
liposolubles.
II. BIBLIOGRAPHIE
- Boulanger P., Polonovski J., Biserte G., Dautrevaux M. Biochimie médicale : les
constituants des organismes vivats. 3ème édition, Masson, Paris, 1997
- Horn F., Lindenmeier G., Grillhosl C., Moc I., Berghold S., Schneider N., Munster B.
Biochimie humaine. Flammarion, Paris, 2005
- Murray R.K., Graner D.K., Rodwell V.W. Biochimie de Harper. 3ème édition, De Boeck,
Bruxelles, 2008
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- Etienne J., Clauser E. Biochimie génétique Biologie moléculaire. 8ème édition, Masson,
Paris, 2004
- Ader J.L., Carré F., Dinh-Xuan A.T., Duclos M., Kubis N., Mercier J., Mion F., Préfaut C.,
Roman S. Physiologie, Masson, 2é édition, 2006.
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Chapitre 1. INTRODUCTION
1.1. ORIGINE DE LA BIOCHIMIE
Cette science est née à la fin du 18ème siècle lorsque les grands esprits (comme Lavoisier)
eurent clarifié les bases de la chimie et montré que les êtres vivants utilisaient l’énergie
chimique. La biochimie est donc apparue comme une branche particulière de la chimie,
caractérisée par les réactions possibles en milieu aqueux, à une température entre 273°K et
373°K, et mettant en jeu des composés organiques. Mais, progressivement, la biochimie a
pénétré dans tous les phénomènes biologiques, étudiant à l’échelle moléculaire les processus
de toutes les fonctions cellulaires et subcellulaires.
1.2. BIOCHIMIE ET SCIENCES MEDICALES
C’est Michel Polonovski (1889-1954), chimiste biologiste médicale (français), qui a introduit
la biochimie en sciences médicales. Selon lui, la biochimie est un chapitre spécialisé de la
physiologie générale. La biochimie est devenue une des disciplines les plus nécessaires à la
formation du jeune médecin. Elle apporte secours à la compréhension des phénomènes, des
problèmes physiologiques et des processus morbides.
Définitions
La biochimie est en fait la science qui étudie la chimie de la vie sur le plan théorique. Elle est,
en effet, l’étude d’une part des constituants chimiques (molécules, ions) qui sont présentes
dans les cellules vivantes et dans les organismes vivants ; et d’autre part l’étude des réactions
chimiques et transformations que ces constituants chimiques subissent au sein de la matière
vivante.
Objectifs
La biochimie a pour but (objectif général) de décrire et d’expliquer, en termes moléculaires,
tous les processus chimiques des cellules vivantes. C’est la compréhension complète au
niveau moléculaire de tous les processus chimiques qui sont associés aux cellules vivantes et
au maintien de la santé ainsi qu’au traitement efficace des maladies.
Pour atteindre ce but, les biochimistes ont séparé, isolé les nombreuses molécules qui sont
présentes dans la cellule par des méthodes efficaces comme la chromatographie,
l’électrophorèse. Ensuite, ils ont déterminé les structures de ces molécules et analysé leurs
fonctions. Si l’on retranche l’eau qui constitue le composé majeur de toute cellule vivante, les
composés les plus abondants sont donc des macromolécules organiques qui sont :
Les protéines qui sont des macromolécules azotées formées par la combinaison
d’acides aminés et leurs dérivés peptides ;
Les lipides, des molécules caractérisées par leur hydrophobie et leur solubilité dans les
solvants hydrophobes et dont certains sont des réserves nutritionnelles ;
Les glucides (ou hydrates de carbone, chez les Anglo-Saxons) qui sont des molécules
de réserve nutritionnelle et aliments abondants et précieux pour les animaux ;
Les acides nucléiques et les nucléotides qui jouent des rôles dans la physiologie et la
génétique cellulaire.
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Les glucides, lipides et protéines forment 3 catégories de substances qui constituent plus de
90% de la matière sèche des organismes et, par conséquent des éléments organiques.
Les principaux facteurs responsables de maladies chez l’animal et chez l’homme sont :
Les interactions entre la biochimie et la médecine ont suscité des progrès mutuels :
La biochimie a un impact considérable sur la compréhension et la préservation de la santé
ainsi que la compréhension et le traitement efficace des maladies, 2 principales
préoccupations des chercheurs en sciences médicales. Les études biochimiques ont éclairé de
nombreux aspects physiologiques et pathologiques et réciproquement, l’étude de différentes
situations saines et pathologiques a ouvert de nouveaux domaines d’étude en biochimie.
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Ainsi, la connaissance des composants biochimiques a aidé à la compréhension de maladies.
Réciproquement, l’étude des maladies a fait progresser de nombreux domaines en biochimie.
2.1.1.1. Apports
Dans l’organisme humain, l’eau est apportée par 2 sources essentielles :
Les boissons et les aliments
L’oxydation des composants hydrogénés (l’oxydation de 100 g de protéines produit 41 g
d’eau, celle de 100 g de glucides 55 g d’eau et celle de 100 g de graisses 107 g d’eau).
Un adulte moyen, dans un environnement confortable, absorbe environ 2,3 litres d’eau par
jour dont près des 2/3 est absorbé sous forme de boisson et le 1/3 restant provenant des
aliments-fruits, légumes et potages. Près de 0,2 litre d’eau dérivent quotidiennement de la
respiration cellulaire. Cette eau, dite « eau métabolique », fait passer le gain total d’eau à 2,5
litres par jour en moyenne.
2.1.1.2. Elimination
Le même volume d’eau est en permanence perdu par l’organisme par 4 voies essentielles :
- Urines
- Matières fécales (fèces)
- Sueur et vapeur d’eau éliminée par la peau (perspiration)
- Vapeur d’eau exhalée par respiration.
La Figure 2.1 montre les entrées et sorties quotidiennes d’eau.
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2.1.2. Répartition
La quantité d’eau contenue dans l’organisme humain est inégalement répartie en
compartiments ou secteurs ou volumes liquidiens :
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Les échanges entre le plasma et le milieu extérieur : par ces 4 organes d’échange cités ci-haut,
l’individu prélève et rejette de façon intermittente de l’eau et des électrolytes dans le milieu
extérieur.
Les échanges entre le plasma et le liquide interstitiel empruntent 2 voies :
- La paroi capillaire (de la grande circulation);
- Le drainage lymphatique : ramène lentement 2 à 4 litres de lymphe canalisée par 24
heures des espaces interstitiels vers la circulation systémique.
2.1.3. Rôles
L’eau remplit plusieurs rôles :
- La résistance thermique au changement de température
- Le transport des métabolites dans le sang
- La dissolution des substances chimiques (solvant).
- L’eau est essentielle pour les activités des enzymes et pour toutes les fonctions
membranaires.
- L’eau est aussi le réactif chimique le plus employé par les organismes pour réaliser les
réactions qui évoluent en leur sein : hydrolyses et réactions couplées d’oxydation et de
réduction.
- L’eau est l’aliment indispensable à l’être vivant (environ 35 g/Kg/Jour pour un homme
adulte. Son besoin se traduit physiologiquement par la sensation de soif, déterminée par
l’augmentation de la pression osmotique.
2.1.4. Propriétés
2.1.4.1. Caractère dipolaire de la molécule d’eau
Les 3 atomes formant la molécule d’eau se place en triangle. Chacun des 2 hydrogènes est
relié à l’oxygène par liaison covalente. La distance entre un atome d’hydrogène et celui
d’oxygène est de 96,5 picomètre (pm) et l’angle formé par les 2 liaisons covalentes est de
10
104,5°. La charge nette de la molécule d’eau est nulle, mais les électrons n’y sont pas repartis
symétriquement. L’atome d’oxygène, dont 8 protons forment le noyau, attire les électrons
bien plus fort que ne le fait un atome d’hydrogène ; c’est à dire qu’il est le plus électronégatif.
Il en résulte que la liaison O-H est polaire. L’oxygène porte une charge négative partielle de
valeur égale à -0,82, et chaque atome d’hydrogène, une, charge positive partielle égale à +
0,41. Pareille séparation de charge résulte en un dipôle permanent, dont le vecteur négatif
pointe vers l’atome d’oxygène, et le vecteur positif dans le sens opposé. Ce comportement
donne à la molécule d’eau un caractère partiellement ionique et se comporte comme un
« dipôle électrique » (Figure 2.3), avec des charges électriques distribuées de façon
asymétrique.
Comme les centres de gravité des charges positives et négatives ne correspondent pas, la
molécule d’eau devient un électro-aimant permanent, ce qui lui confère une constante
diélectrique très élevée. La constante diélectrique (ε) peut être définie comme
l’affaiblissement d’un champ électrique par une matière par rapport au vide. La force
d’interaction (F) (Equation 2.1) entre des particules de charges opposées est inversement
proportionnelle à la constante diélectrique (ε) du milieu environnant. Ainsi, à la température
ambiante, la constante diélectrique de l’eau est de 80, ce qui veut dire que 2 charges
électriques opposées s’attirent dans l’eau avec une force 80 fois plus faible que dans l’air car
l’eau s’oppose à l’attraction électrostatique entre les ions positifs et négatifs et forme autour
de chaque ion un écran dont le champ électrique contrecarre celui des ions. Le Tableau 2.2
présente les constantes diélectriques de quelques milieux.
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ou à l’azote avoisine de 0,27 à 0,30 nm un autre atome d’oxygène ou d’azote qui possède un
doublet électronique libre. Cependant, une liaison C-H ne possède pas une polarité suffisante
pour attirer et maintenir en liaison hydrogène un atome d’oxygène ou d’azote. Malgré son
caractère électronégatif assez proche de celui du carbone, le soufre (S) est plus polarisable que
le carbone, et l’hydrogène lié au soufre peut, lui, former des liaisons hydrogène faibles.
Chaque molécule d’eau peut former jusqu’à 4 liaisons hydrogène (Figure 2.4b). Chaque
molécule d’eau en phase liquide est en liaison hydrogène avec, en moyenne, 3,4 autres
molécules. En cause est l’accroissement du nombre de liaisons hydrogène qui atteint 4 par
molécules dans le cristal de glace ; il en résulte que la glace est un réseau ouvert, de densité
moindre que l’eau liquide.
(b)
(a)
Bien qu’assez faibles, transitoires avec une demi-vie de l’ordre de microseconde, les liaisons
hydrogène favorisent l’auto-association des molécules d’eau, influencent profondément les
propriétés physiques de l’eau et expliquent sa viscosité, sa tension superficielle et son point
d’ébullition élevés.
Les liaisons hydrogènes sont importantes dans les systèmes biologiques : elles sont présentes
au sein même des macromolécules biologiques (liaisons intramoléculaires), ou bien entre
macromolécules biologiques (liaisons intermoléculaires).
- La molécule d’eau se fixe sur tous les ions en formant des hydrates (Figure 2.5a)
- Elle se fixe par liaisons hydrogène sur les macromolécules hydrophiles possédant des
groupes OH, NH2…(Figure 2.5b).
(a) (b)
Figure 2.5. Dissolution du sel de cuisine dans l’eau (a) et fixation de l’eau sur une protéine
(b)
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2.1.4.3. Dissociation de la molécule d’eau
Du fait que l’atome d’oxygène s’accapare de l’électron de l’atome d’hydrogène, ce dernier
aura tendance à quitter la molécule d’eau pour se fixer sur l’oxygène d’une molécule d’eau
voisine. L’eau peut agir à la fois comme acide et comme base :
2H2O H3O+ + OH ‾
En réalité, le proton se trouve en solution sous forme de molécules de type H3O+, H5O2+,
H7O3+ ou H9O4+ (proton hydraté associé à 4 molécules d’eau). Le proton est
conventionnellement représenté par «H+» mais en réalité, il est fortement hydraté. La capacité
d’ionisation de l’eau en ion hydroxyle et en proton (extrêmement faible) est d’une importance
biologique capitale. La dissociation de l’eau s’exprime ainsi :
[ H ][OH ]
K= ( Eq. 2.2)
[ H 2O ]
Dans 1 litre d’eau pure à 25°C et à pression normale (1 atmosphère), on compte 1 seule
molécule d’eau dissociée sur 10000000, soit un nombre de H+ = au nombre de OH‾ = 10-7
mol/L. Les H+ et OH‾ contribuent de façon significative aux propriétés de l’eau. L’eau est un
très faible électrolyte et un très faible conducteur d’électricité. Comme 1litre (L) d’eau pèse
1000 g et que la masse moléculaire de l’eau vaut 18 g/mol, 1 litre d’eau contient 1000 g/18
g/mol = 55,56 moles d’eau. Par conséquent, la concentration de l’eau en phase liquide est
donc 55,56. L’équation 2.2 devient :
La valeur 10-14 est appelé produit ionique de l’eau et est noté Kw ou Ke.
C’est une constante parce qu’il ne dépend pas de la nature ni de la concentration du soluté,
aussi longtemps que la température ne change pas. Ke est une quantité dépendante de la
température (Tableau 2.3) L’addition d’un acide à l’eau augmente [H+] et diminue [OH‾] ;
l’addition d’une base par contre diminue [H+] et augmente [OH‾] mais le produit [H+][OH‾]
est toujours égal à 10-14 à 25°C. Cette valeur est utile dans la mesure du degré d’acidité ou
de basicité des solutions, sert de base à l’échelle de pH.
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2.1.5. pH
Beaucoup de réactions et processus biochimiques mettent en jeu la concentration des ions
hydrogène, même si ces partenaires silencieux n’y apparaissent pas toujours d’une façon
explicite : le transport d’oxygène par le sang, les réactions enzymatiques, la production
d’énergie métabolique par la respiration et la photosynthèse représentent quelques-uns des
processus biochimiques sensibles à la concentration des ions hydrogène. La [H+] peut varier
sur une large échelle, de 10-1 M dans l’estomac, à moins de 10-7 M dans le cytosol.
En 1909, Sorensen (chimiste danois) a introduit la notion de pH pour exprimer les quantités
infimes d’ions H+ et OH‾ contenus dans les liquides biologiques, à cause de la difficulté de
porter en graphique cette marge énorme. Le pH est définit comme la valeur négative du
logarithme de la concentration en ions hydrogène.
La concentration de H+ dans l’eau pure vaut 10-7 mol/L et son pH = - log [10-7] = 7. Une
solution de pH = 7 est dite neutre, celle de pH < 7 est dite acide tandis que celle de pH > 7 est
dite alcaline ou basique. Le Tableau 2.4 donne les valeurs moyennes de pH de quelques
fluides biologiques.
Fluide pH Fluide pH
Plasma sanguin 7,4 Liquide Muscle 6,1
intracellulaire Foie 6,9
Suc gastrique 1,2 Salive 6,5
Liquide interstitiel 7,4 Urines 6,5
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2.1.5.2. Paire conjuguée acide-base
Un acide faible (HA ou R-NH3+) existe en équilibre avec sa base conjuguée (A‾ ou R-NH2).
La force relative des acides et des bases faibles est exprimée quantitativement par leurs
constantes de dissociation ou d’acidité (Ka).
Ci-dessous sont montrées les expressions des constantes de dissociation pour 2 acides faibles
représentatifs des composés biochimiques (R-COOH et R-NH3+). La dissociation a lieu
normalement dans l’eau.
R-COOH + H2O R-COO‾ + H3O+
La constante d'acidité d'un couple acide/base est la constante d'équilibre de l'équation associée
à la réaction qui se produit lorsqu'on ajoute l'acide à de l'eau.
Comme les valeurs numériques de Ka pour des acides faibles sont des nombres exponentiels
négatifs, il est justifié d’exprimer Ka sous forme de pKa. Notons que le pKa est relié au Ka de
la même façon que le pH est relié à [H+] d’où :
Plus l’acide est fort, plus son pKa est faible. Le pKa sert à exprimer la force relative, aussi bien
des acides que des bases. C’est le pH auquel la concentration de l’acide est égale à celle de la
base conjuguée. Par exemple, dans l’équation 2.6, lorsque [R-COOH] = [R-COO‾], Ka = [H+]
c.à.d. pKa = pH.
Chaque acide faible possède une base conjuguée (plus forte que l’eau), de même, chaque base
faible a un acide conjugué. Le pKa d’un groupement acide est le pH pour lequel les formes
protonée et déprotonée sont présentes en concentrations égales.
De nombreux composés biochimiques possèdent des groupements fonctionnels qui sont des
acides faibles ou des bases faibles. Les groupes carboxyles, aminés, ou esters de phosphate
sont présents dans les protéines et les acides nucléiques, ainsi que dans la plupart des
coenzymes et des métabolites intermédiaires. La connaissance du comportement de
dissociation des acides et des bases faibles est essentielle à la compréhension de l’influence
du pH intracellulaire sur la structure et sur l’activité biologique de ces composés.
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Tableau 2.5. Quelques acides d’intérêt biologique et les valeurs de pKa
A A
a
HA
pH = pKa + log A
(Eq. 2.8)
HA
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titrage de CH3COOH sont portées dans un graphique, en fonction de la quantité totale de
NaOH ajoutée (Figure 2.6).
Cette capacité à résister au changement de pH lorsqu’on y ajoute un acide ou une base est
appelée pouvoir tampon. Quantitativement, c’est la quantité d’acide ou de base qu’il faut
ajouter pour changer le pH d’une unité. Le principal critère de choix du tampon est la valeur
du pKa par rapport au pH désiré. L’effet tampon peut être observé en utilisant un pHmètre
lors de la titration d’un acide ou d’une base faible ou en calculant le déplacement de pH
accompagnant l’addition d’acide ou de base dans une solution tamponnée. L’efficacité
tampon d’une solution d’acide faible et de sa base conjuguée est maximale dans une gamme
de pH correspondant à pKa ± 1 unité de pH. Un tampon idéal est une solution contenant des
quantités équivalentes d’un acide faible (HA) et de sa base conjuguée (A‾), soit une solution
dont le pH correspond au pKa de l’acide faible.
L’ajout d’acide fort à la solution apporte des ions hydrogène, immédiatement captés par la
base conjuguée de la solution tampon.
H3O+ + A‾ HA + H2O
dans laquelle [A‾]0 et [HA]0 sont respectivement les concentrations initiales de A‾ et HA, et x,
la concentration d’acide fort ajoutée à la solution. Puisque l’équilibre de la réaction est en
faveur de la formation des produits, [HA] est devenu [HA] + x. Pourvu que x soit petit par
rapport à la concentration originale de A‾ dans la solution tampon, on a :
[ A
]0 x ≈ 1 (Eq. 2.11)
[ HA ]0 x
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Le log de 1 est zéro et ce terme disparaît de l’équation de H.H., indiquant bien que le pH reste
proche du pKa de la solution tampon. Le raisonnement s’applique aussi bien quand on ajoute
une base forte à une solution tamponnée.
Lors d’expériences utilisant des extraits tissulaires ou des enzymes, le pH est maintenu
constant par l’ajout de tampons comme :
Les liquides corporels sont légèrement alcalins, avec un pH allant de 7,35 à 7,45. Le pH de
ces liquides doit être maintenu dans d’étroites limites, sous peine de déséquilibres sévères,
parfois mortels. De nombreuses réactions métaboliques s’accompagnent de la libération ou de
la capture de protons : le catabolisme des graisses fait apparaître des acides et d’autres
dérivés acides ; la respiration cellulaire s’accompagne d’une production d’acide pyruvique
et, en anaérobiose, d’acide lactique ; le CO2 se dissout dans le sang et donne l’acide
carbonique (H2CO3). Inversement, quelques conditions anormales peuvent déplacer le pH
vers des valeurs alcalines. Une variation de pH de 0,3 dans l’un ou dans l’autre sens (valeurs
de 7,0 ou 7,7) est fatale.
*La respiration : l’élimination de CO2 par les poumons rend le sang plus alcalin, en
minimisant la formation d’acide carbonique. Inversement, la rétention du CO2 rend le pH plus
acide. Des modifications de la fréquence respiratoire peuvent à court terme ajuster le pH ;
*La fonction rénale : les reins régulent le pH en éliminant ou en réabsorbant des ions H+
selon les besoins et assure la régulation à long terme du pH.
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Si des variations du pH ne peuvent être contrôlées, il apparaît soit une acidose, soit une
alcalose :
*L’acidose est une affection caractérisée par une baisse du pH des liquides corporels à moins
de 7,35. Cette affection déprime le système nerveux, aboutissant à une confusion mentale et
finalement un coma. Elle peut être due à une obstruction respiratoire ou à toute autre affection
pulmonaire qui entrave l’élimination de CO2, à une insuffisance rénale ou à une diarrhée
prolongée, qui évacue le contenu alcalin de l’intestin. Un exercice excessif prolongé dans des
conditions anaérobies peut entraîner une acidose lactique.
L’acidose peut également être due à une anomalie du métabolisme des glucides, comme au
cours du diabète sucré, des régimes pauvres en hydrates de carbone ou lors d’un jeûne. Dans
ces conditions, l’organisme métabolise trop de graisses et de protéines provenant des aliments
ou du corps lui-même, aboutissant à une production excessive d’acides. Quand l’acidose
résulte d’une accumulation de corps cétoniques, comme dans le diabète, le terme qui convient
le mieux est acidocétose.
L’alcalose se caractérise par une élévation du pH au-dessus de 7,45. Le système nerveux est
alors anormalement stimulé, avec sensations de picotements, secousses musculaires et
finalement paralysie. Des causes possibles d’alcalose sont l’hyperventilation (élimination
d’une quantité excessive de CO2), l’ingestion d’un excès d’antiacides et les vomissements
prolongés, avec perte d’acide gastrique.
Il est utile de séparer les acidoses et les alcaloses selon qu’elles sont d’origine respiratoire ou
métabolique. Le Tableau 2.5 reprend quelques causes des acidoses ou des alcaloses.
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L’analyse élémentaire quantitative d’un organisme tel que celui de l’homme est une opération
très complexe : 11 éléments représentent à eux seuls plus de 99,9% de l’organisme entier : C,
H, O, N, soufre (S), phosphore (P), chlore (Cl), calcium (Ca), magnésium (Mg), potassium
(K), sodium (Na). H et O sont les constituants de l’eau (H2O) et représentent à eux-seuls plus
de 60-70% de la masse cellulaire. C, H, O et N sont des constituants majeurs des composés
organiques. Beaucoup de biomolécules contiennent S et P (macroéléments).
Cependant, d’autres éléments s’y trouvent aussi constamment représentés, bien qu’en très
petites quantités. On considéra au début comme aberrantes et dénuées d’intérêt les traces de
ces substances décelées dans certains tissus vivants. Ce sont surtout les travaux de Gabriel
Bertrand et de ses élèves qui ont montré l’importance biologique de ces éléments, présents
seulement en quantités infimes dans les plantes ou les animaux, et pour lesquels il créa le
terme d’oligoéléments.
Parmi ces éléments présents en petites quantités, on trouve : fluor (F), brome (Br), iode (I),
arsenic (As), silicium (Si), bore (B), fer (Fe), zinc (Zn), cuivre (Cu), nickel (Ni), cobalt (Co),
manganèse (Mn), aluminium (Al), plomb (Pb), titane (Ti), étain (Sn), molybdène (Mo)
On a en outre décelé, chez certains être vivants, et notamment chez l’homme quelques autres
éléments dont on ne peut pas encore affirmer la présence dans tous les organismes : sélénium
(Se), vanadium (Va), rubidium (Rb), césium (Ce), lithium (Li), baryum (Ba) , strontium (Sr),
argent (Ag) et chrome (Cr).
Tous ces éléments sont indispensables à l’homme. Le Tableau 2.6 donne simplement
quelques nombres montrant les teneurs relatives de l’organisme de l’homme en certains
éléments.
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2.2.3. Elimination d’éléments minéraux
L’élimination des sels s’effectuent, en majeure partie, par les urines, les matières fécales.
Pour certains de ces éléments (S, Si, Cu, Zn), elle a aussi lieu par la peau, les cheveux, les
ongles. Les matières minérales éliminées par les fèces sont constituées presque entièrement de
phosphates de Ca et de Mg (2 à 6 g).
Chez un adulte normal, l’élimination minérale est égale à l’apport total minéral alimentaire.
Sodium (Na)
La plus grande partie provient du chlorure de sodium (NaCl) ajouté aux aliments. Le milieu
extracellulaire (milieux plasmatique et interstitiel) est essentiellement composé de Na (NaCl :
20% du poids corporel). La natrémie (concentration plasmatique du Na) est d’environ 3,4 g/L
ou 140 mmol/L.
Beaucoup de systèmes de transport dans l’organisme fonctionnent de concert avec le Na (par
exemple l’antiport Na+/H+) et la concentration en Na est régulée de façon précise à l’intérieur
de limites étroites. Le Na est le déterminant décisif pour le maintien de la pression sanguine
artérielle, le volume sanguin et dans le mouvement de l’eau.
Une carence sodée dans le milieu extracellulaire conduit à une diminution de la pression
osmotique. A l’inverse, un excès de Na dans le milieu extracellulaire entraîne une hypertonie
vasculaire et provoque l’augmentation de l’élimination du K. L’excrétion du Na (natriurèse)
s’effectue au niveau des reins et est régulée par différentes hormones.
Potassium (K)
C’est le cation intracellulaire le plus important. Plus de 90% de la quantité totale de K est
contenu dans les cellules (à une concentration de 150 mmol/L).
Il joue un rôle fondamental dans la régulation de l’équilibre hydrique, la régulation du rythme
cardiaque, la contraction musculaire, le fonctionnement du système nerveux et comme
cofacteur dans l’activité de certains enzymes.
L’excrétion du K s’effectue à 90% environ par le rein. C’est est une substance critique de
l’urine. La carence en K provoque une diminution du K cellulaire, entraînant une acidification
du milieu intracellulaire (et de l’urine) et une alcalinisation des liquides extracellulaires. Son
besoin est de l’ordre de 4 à 5 g/jour.
Calcium (Ca)
C’est le plus abondant des minéraux dans le corps (800-1000 g pour un homme de 75Kg). Le
Ca est combiné à plus de 99% avec le phosphore pour former du phosphate de calcium
[Ca3(PO4)2, apatite]. Il est reparti dans l’organisme surtout dans le milieu extracellulaire (dans
les tissus osseux et dentaire, dans l’espace vasculaire) et dans l’espace subcellulaire. Il est
sous forme ionisé et diffusible ou lié aux protéines et donc non diffusible ou encore
complexés aux citrates.
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Dans la ration alimentaire, le rapport Ca/P doit osciller entre 1 et 1,3 pour que l’absorption
soit optimale et permette l’assimilation calcique chez un sujet dont le régime est pauvre en
vitamines D. Un rapport Ca/P inférieur à 0,5 favorise l’élimination du Ca dans les urines sous
forme de phosphate de Ca tandis si ce rapport est supérieur à 2, une grande partie du
phosphate de Ca sera éliminée au niveau de l’intestin. Cette élimination tendra à diminuer le
phosphore total de l’organisme et de déminéraliser le squelette. Les vitamines D corrigent
l’action défavorable d’un déséquilibre alimentaire phosphocalcique.
La Ca est avant tout utilisé pour la formation du squelette. Il intervient dans la coagulation
sanguine, dans le déclenchement de la contraction musculaire, dans la perméabilité cellulaire,
dans la transmission de l’influx nerveux et dans le métabolisme des phospholipides
membranaires. Il sert de cofacteur dans certaines réactions enzymatiques.
Magnésium (Mg)
Le Mg est placé au second rang des cations cellulaires après le K. Il est plus présent dans
l’espace intracellulaire (49%) que dans l’espace extracellulaire (1%) de l’organisme. Le reste
(50%) est concentré dans le tissu osseux.
Son absorption peut être interférée par la présence du Ca, des protéines, de la vitamine D et de
l’alcool.
Il joue un rôle dans l’activité phosphatasique, dans les transferts de radicaux phosphoriques et
intervient dans la glycolyse, en tant qu’effecteur de systèmes enzymatiques. Il est antagoniste
du Ca dans la contraction musculaire.
Phosphore (P)
Le contenu en phosphore de l’organisme est d’environ 700 g dont la plus grande partie se
trouve sous forme de phosphate ; environ 85% se trouve dans l’os, 1% dans les liquides
extracellulaires et le restant à l’intérieur des cellules. Le P est en grande partie, comme le Ca,
inclus sous forme de Ca3(PO4)2 dans le tissu osseux. C’est un constituant des acides
nucléiques, des phospholipides, des nucléotides triphosphates (adénosine triphosphate, ATP et
guanosine triphosphate, GTP) et du tampon phosphate dans l’organisme.
Chlore (Cl)
Il est sous forme de NaCl et joue le rôle dans la régulation de la pression osmotique et dans
l’équilibre acide-base en participant à l’échange Cl‾ HCO3‾ entre le globule rouge et le
plasma au niveau des poumons. On trouve 70% dans le milieu plasmatique (100 à 106
mmol/L) et 30% dans le milieu interstitiel et intracellulaire. Il participe dans la production de
HCl gastrique, indispensable à la digestion des aliments dans l’estomac. Son métabolisme est
lié à celui de Na. Cependant ce lien n’est pas indestructible, dans les vomissements, on perd
beaucoup de Cl‾ que de Na+.
Fer (Fe)
Il est présent dans les protéines transporteuses de l’oxygène, l’hémoglobine (Hb) et la
myoglobine. Le sang à lui seul (Hb) véhicule plus de 70% de Fe corporel. Il participe dans de
nombreuses réactions enzymatiques, comme celles de transfert d’électrons par les
22
cytochromes. La carence en Fe est un problème général du fait que la perte en Fe par le corps
est assez forte (par exemple en cas de fort flux menstruel), il est difficile d’arriver à un apport
correct pour compenser les pertes.
Iode (I)
L’iode corporel total est estimé à 20-50 mg dont 75% sont liés aux protéines dans le plasma et
dans la thyroïde. Sa fonction essentielle et unique est la formation des hormones
thyroïdiennes (thyroxine, T4 et triiodothyronine, T3).
Fluor (F)
Le fluor est indispensable à l’édification de l’émail dentaire où il prévient la carie dentaire,
mais à des doses très faibles. On le rencontre également dans les os.
Le besoin quotidien est évalué à 1-2 mg. Son excès provoque une pathologie spéciale appelée
« Fluorose », caractérisée par une densité osseuse élevée, des exostoses et des calcifications
aux points d’insertion musculaire.
La Figure 2.7 montre la composition des liquides intra- et extracellulaires en substances
minérales majeures de l’organisme humain.
2.3. VITAMINES
Une vitamine est une substance organique, nécessaire en faible quantité au métabolisme d'un
organisme vivant, qui ne peut être synthétisée en quantité suffisante par cet organisme et doit
être apportée régulièrement et en quantité suffisante par l'alimentation.
Chez l'être humain, trois vitamines sont synthétisées par des bactéries intestinales : les
vitamines B8 , B12 et K.
Les vitamines jouent des rôles très variés dans l’organisme. Elles sont souvent ingérées sous
forme de provitamine (inactive). C’est ensuite dans l’organisme que la forme active appelée
23
coenzyme est produite. Les vitamines C et E font exception car elles sont absorbées sous leur
forme biologiquement active.
La plupart des protéines enzymatiques (ou enzymes) ont besoin des coenzymes pour être
actifs. Ces derniers sont généralement des molécules beaucoup plus stables que les enzymes
qu’ils peuvent souvent être réutilisés, c’est pourquoi nous avons besoin de très faibles
quantités de vitamines.
2.3.1. Classification
Généralement, on sépare les vitamines en deux groupes : les vitamines liposolubles et les
vitamines hydrosolubles, qui jouent surtout le rôle de coenzyme. Les tableaux 2.8 et 2.9
montrent les différentes vitamines, leurs coenzymes ainsi que leurs rôles.
Calcitriol
Tocophérol, Tocotriénol
24
Tableau 2.9. Les vitamines hydrosolubles.
Vitamine Molécule Coenzyme Rôle
Coenzyme de la voie des
pentoses-phosphate et des
B1 décarboxylations oxydatives :
transfert de résidus hydroxy-
Thiamine pyrophosphate (TPP)
Thiamine acyl, aldol, cétol
Coenzyme de transport des
électrons dans la chaîne
B2 respiratoire (FMN) ;
coenzyme de réactions de
Riboflavine
transfert d’hydrogène (FAD)
FMN et FAD
NAD+, NADP+
Biotine
Coenzyme de transfert de
B12 Cobalamine groupements monocarbonés
(méthyl)
Coenzyme d’hydroxylations,
C - antioxydant (piégeur des
radicaux libres : protection
Acide ascorbique
des constituants cellulaires)
25
2.3.2. Absorption digestive
Les vitamines hydrophiles sont absorbées à divers endroits de l’intestin dans des conditions
variées de transport et de régulation. La vitamine B6 et ses coenzymes pénètrent dans les
entérocytes par diffusion passive. L’acide folique est absorbé de façon active dans le jéjunum
tandis que les vitamines B1, B2, C, H sont absorbées de façon secondairement active grâce à
des symports avec le sodium, comme c’est le cas pour des monosaccharides et les acides
aminés. La vitamine B6 se lie à une glycoprotéine (facteur intrinsèque produit par l’estomac)
sur un récepteur de la surface des entérocytes de l’iléon et le complexe est capté par
pinocytose (la cellule absorbe des gouttelettes de liquide extracellulaire, et les dirige sous
forme de minuscules vésicules vers les lysosomes en vue de leur assimilation).
Les vitamines liposolubles ont besoin d’acides biliaires pour leur absorption. L’absorption
digestive nécessite la formation de micelles mixtes qui sont captées par les entérocytes et
incorporées dans les chylomicrons qui sont en suite libérés dans le système lymphatique.
26
Chapitre 3. GLUCIDES
3.1. INTRODUCTION
Les glucides ou sucres (évoquant leur saveur sucrée) sont produits dans les plantes à partir du
CO2 et de l’H2O par la photosynthèse (processus qui permet de transformer l’énergie de la
lumière solaire en énergie chimique et de l’utiliser pour la production des glucides et des
autres métabolites organiques (Figure 3.1).
Energie solaire
Chimiquement, un glucide se définit comme un aldéhyde ou une cétone d’un polyalcool. Dans
la nature, les glucides sont largement répandus chez les végétaux et les animaux où ils
remplissent des rôles structuraux et métaboliques importants. L’homme utilise les glucides
avant tout comme source d’énergie universelle. Des trois groupes d’aliments principaux
(glucides, lipides et protéines), les glucides sont si importants pour l’organisme qu’il ne peut
atteindre leur apport par l’alimentation et qu’il est capable de les synthétiser lui-même. C’est
ainsi qu’il n’existe pas de glucides essentiels pour l’homme, c.à.d. qualitativement
indispensables dans la ration alimentaire, contrairement aux acides aminés et lipides.
Les glucides jouent aussi un rôle dans la reconnaissance cellulaire ; par exemple dans la
fixation de bactéries ou de virus exogènes et de cellules propres à l’organisme, par la
formation des chaînes à la surface de protéines (glycoprotéines) ou de lipides (glycolipides).
C’est sous forme de glucose que la majeure partie des glucides alimentaires sont absorbés
dans la circulation sanguine et les autres sucres sont convertis en glucose dans le foie. Le
glucose est le glucide le plus important, considéré comme le sucre physiologique par
excellence, c’est lui que l’on rencontre notamment dans le sang de l’homme et des vertébrés ;
c’est lui qui, en dernière analyse, constitue l’aliment principal des cellules. Il est le précurseur
pour la synthèse de tous les autres glucides de l’organisme, par exemple : le glycogène
comme réserve de glucose chez les animaux, le ribose et le désoxyribose dans les acides
nucléiques, le galactose dans le lactose du lait.
Une alimentation saine devrait contenir les glucides complexes, tels que l'amidon et la
cellulose, et les sucres simples, tels que le fructose et le saccharose. Cependant, la quantité
de sucres simples, surtout le saccharose, devrait être minimisée parce que de grandes quantités
de saccharose dans l'alimentation encouragent l'obésité et la carie. Les glucides complexes
sont meilleurs pour nous que les sucres simples. L'amidon, trouvé dans le riz, les pommes de
terre, les pains, et les céréales, est une source d'énergie excellente. En plus, les hydrates de
27
carbone complexes, tel que la cellulose, nous fournit une provision importante de fibres
diététiques. Actuellement, il est recommandé qu'approximativement 58% des calories dans
l'alimentation proviennent d'hydrates de carbone et que la prise calorique quotidienne du
saccharose ne dépasse pas 10%. Le Département Américain de l'Agriculture a adopté une
pyramide de la nourriture pour montrer les quantités recommandées de plusieurs nourritures
dans l'alimentation (Figure 3.2). Les nourritures au fond de la pyramide, les grains (les pains,
les céréales, le riz, les pâtes), et au prochain niveau suivant, les fruits et les légumes, devrait
être les plus abondants dans notre alimentation. Ces groupes de nourritures sont nos sources
majeures d'hydrates de carbone diététiques.
Légumes Fruits
Pain, céréale,
riz et pattes
28
3.2.1. Oses ou monosaccharides
Ce sont des sucres qui ne peuvent pas être hydrolysés en sucres simples. Ils sont caractérisés
par la coexistence, dans la même molécule d’une fonction réductrice, aldéhyde ou cétone et
de plusieurs fonctions alcools. Par ailleurs, on les classe d’après le nombre d’atomes de
carbone (de 3 à 7 carbones) en trioses, tétroses, pentoses, hexoses ou heptoses et selon qu’ils
possèdent un groupement aldéhyde ou cétone en aldoses ou cétoses.
Remarque
La série de sucres s’arrête aux hexoses, mais on connaît des cas rares d’heptoses chez certains
microorganismes bactériens, entrant dans la constitution de lipopolysaccharides. Outre les
aldéhydes et les cétones, les alcools polyhydroxylés (sucres alcools ou polyols) dans lesquels
le groupement aldéhyde ou cétone a été réduit en groupement alcool, se trouvent aussi de
façon naturelle dans la nourriture. Ils sont aussi préparés par réduction des monosaccharides.
Les polyols sont utilisés dans la confection d’aliments amaigrissants et pour les diabétiques.
Ils sont mal absorbés et leur rendement énergétique est moitié moindre que les sucres.
Le chef de file des aldoses est le glycéraldéhyde (Figure 3.3). Les isomères L et D du
glycéraldéhyde sont appelés énantiomères (ou énantiomorphes) ; l’un est l’image en miroir
de l’autre. Deux énantiomorphes possèdent des propriétés physico-chimiques identiques mais
peuvent différer fortement dans leurs propriétés biologiques.
La synthèse de Kiliami Fischer permet de passer d’un ose à n carbones à un ose à (n+1)
carbones en utilisant l’acide cyanhydrique. Ainsi, à chaque étape, on ajoute un carbone. En
partant du D-glycéraldéhyde, on obtient 2 tétroses, 4 pentoses, 8 hexoses (Figure 3.4a). Et en
partant du D-dihydroxyacétone, on obtient 1 tétrose, 2 pentoses et 4 hexoses (Figure 3.4b).
Tous les oses de cette série ont en commun la position de l’hydroxyle préterminal, voisin de la
fonction alcoolique primaire terminale. La plupart des oses naturels appartiennent à la série D.
29
Figure 3.4. Aldoses et cétoses les plus fréquemment rencontrés dans la nature. (Chez les
aldoses, le carbone portant la fonction réductrice est marqué d’un petit cercle plein, tandis que
chesz les cétoses, ce carbone correspond au carbone 1 ; le tiret correspond au radical –OH.
Le nombre de stéréoisomères augmente en mode exponentiel : 2n-2 pour les aldoses, 2n-3 pour
les cétoses (n étant le nombre d’atomes de carbone de l’ose) ou 2n (n étant le nombre de
carbone asymétrique de l’ose). Exemple : pour les aldopentoses, on aura 25-2 = 23 = 8
stéréoisomères dont 4 de la série D et 4 de la série L.
Par exemple, le pouvoir rotatoire α d’une solution fraîchement préparée de glucose diminue et
se stabilise après un certain temps à + 52,7°. Le pouvoir rotatoire spécifique D
20 C
du α-D-
glucose est + 112,2°, celui du β-D-glucose + 18,7°. En solution, le glucose est dextrogyre (+)
et ses solutions sont parfois qualifiées de dextrose. La forme naturelle du fructose est
l’isomère D(-).
30
α = D .C.l , avec D
20 C 20 C
, pouvoir rotatoire spécifique en °.ml.g-1.dm-1 à 20°C et à 589 nm
(raie D du sodium) ; α, angle de rotation en° ; C, concentration en g.ml-1 ; l : longueur du
trajet lumineux à travers la solution en dm.
3.2.1.4. Epimérie
Lorsque deux sucres ne diffèrent que par la configuration d’un seul carbone asymétrique,
c.à.d. par la position d’un hydroxyle, on dit que ces deux sucres sont des épimères (c’est donc
une forme d’isomérie). Exemple : le D-glucose et le D-galactose sont épimères en C-4 (Figure
3.5). A ne pas confondre avec les énantiomorphes où tous les groupements hydroxyles sont
placés du côté opposé de la molécule. Dans le cas des épimères, un seul groupement –OH est
placé différemment et le sucre porte un autre nom.
(a) (b)
31
anomères. Comme les stéréoisomères, les formes α et β peuvent être distinguées l’une de
l’autre parce qu’elles dévient différemment le plan de la lumière polarisée.
Le glucose sous forme cristalline est de l’ α-D-glucopyranose. La structure cyclique du
glucose est conservée en solution, mais il y a isomérisation autour de la position 1 occupée
par le carbonyle ou atome de carbone anomérique pour donner un mélange d’α-glucopyranose
(38%) et de β-glucopyranose (62%) (Figure 3.7).
(a)
(b)
Les anomères se transforment l’un dans l’autre en solution aqueuse en passant toujours par la
forme linéaire. Cette interconversion s’appelle mutarotation des oses, les deux anomères
ayant des pouvoirs rotatoires opposés et le passage de l’un à l’autre entraîne une rotation
opposée du plan de polarisation de la lumière.
En réalité, dans les cycles pyranose ou furanose n’existent que des liaisons simples et la
molécule n’est pas strictement plane. Elle peut donc adopter 2 configurations spatiales, dites
chaise et bateau (Figure 3.8). La configuration chaise est thermodynamiquement favorisée
(forme de plus basse énergie). On observe que dans cette configuration, pour des raisons
d’encombrement stérique, la fonction hémiacétal portée par le carbone anomérique est
orientée au dessus du plan de la molécule. Ceci favorise donc l’existence de l’anomère β,
thermodynamiquement plus stable.
32
3.2.1.7. Propriétés générales des oses
►Propriétés physiques
●Les oses sont très solubles dans l’eau ; par concentration, leurs solutions deviennent
sirupeuses. Leur solubilité dans l’alcool est faible, et nulle dans les solvants organiques
apolaires (éther, chloroforme, benzène). On met à profit des légères différences de solubilité
des sucres dans les solvants organiques pour les séparer, les identifier et les doser par
chromatographie ;
●Les solutions d’oses sont douées de pouvoir rotatoire, et cette propriété a une grande
importance analytique ;
●La saveur sucrée est variable selon les oses. Exemple, le pouvoir édulcorant en solution à 10
g/100 ml est 59, 63, 69 et 114 pour le D-mannose, D-galactose, D-glucose et D-fructose,
respectivement.
►Propriétés chimiques
Les monosaccharides peuvent être modifiés en différents points de leurs molécules, mais
seules certaines réactions sont intéressantes du point de vue médical.
Il est à noter que les alditols, contrairement aux oses, sont rarement combinés ; on trouve,
cependant, le glucoside du mannitol chez certaines algues. Le non scientifique est celui de
l’aldohexose avec le suffixe « itol » ; mais pour certains, un nom trivial reste employé, il
désigne, en général, le nom de la plante de la découverte initiale.
Par réduction du C-1 du glucose, on obtient le sorbitol, qui est un constituant important de
nombreux aliments naturels, notamment des fruits comestibles, alors qu’il est rare dans les
tissus des mammifères. Le sorbitol est métabolisé chez l’homme et mieux utilisé que le
glucose par le diabétique, en donnant la même quantité d’énergie (environ 17 kj/g) ; de ce fait,
le sorbitol est employé dans la fabrication d’aliments de régime pour diabétiques et comme
édulcorant. Cependant, le sorbitol est responsable de la cataracte en s’accumulant au niveau
du cristallin et en retenant l’eau. La réduction analogue du mannose, galactose et
glycéraldéhyde donne respectivement le mannitol, galacitol (dulcitol) et glycérol ; tandis que
la réduction du fructose donne le sorbitol et mannitol.
33
membranes cellulaires et intervenant dans les mécanismes de signalisation (second messager)
lors de l’action des hormones (messagers 1aires) sur la surface des cellules cibles. La Figure 3.9
représente quelques polyols.
Myo-inositol
Ces composés sont utilisés dans les traitements diététiques de l’obésité (substance non ou
moins énergétique), du diabète (dérivé non insulinogène, libération retard du glucose) et des
maladies cardiovasculaires.
Dans le réactif de Fehling, les ions Cu2+ sont réduits en solution basique en Cu+, sous forme
de Cu2O (rouge brique). Le groupe aldéhyde de l’aldose est oxydé en acide carboxylique qui
subit une réaction acide-base pour produire un anion carboxylate (Figure 3.10).
Bien que généralement les cétones ne soient pas facilement oxydées, les cétoses font
exception à cette règle. A cause de –OH voisin du groupe carbonyle, les cétoses peuvent être
convertis en aldoses, en milieu basique via une réaction énediol (contient une double liaison et
2 hydroxyles). A cause de cette réaction énediol, les cétoses sont capables de réagir avec le
réactif de Fehling. Parce que les ions métalliques sont réduits, les sucres servent d’agents
réducteurs et sont appelés sucres réducteurs. Tous les monosaccharides et les disaccharides
courants, sauf le saccharose (sucrose), sont des sucres réducteurs.
(a)
(b)
Figure 3.10. Oxydation des aldoses (a) et cétoses (b) par le réactif de Fehling.
34
L’iode en milieu alcalin oxyde les aldoses en acides aldoniques. Par exemple, l’oxydation
du C-1 du glucose produit une gluconolactone, qui peut ensuite donner par réaction
d’hydratation un acide gluconique (Figure 3.11a).
R-CHO + I2 + H2O R-COOH + 2HI
(a) (b)
Il est possible d’observer une oxydation poussée de l’alcool 1aire sur le C-6 à condition que
le C-1 soit bloqué en liaison osidique, un oxydant tel que le brome peut transformer la
fonction alcool 1aire sur le C-6 en fonction acide produisant des acides uroniques. Une telle
oxydation est réalisée dans l’organisme par un processus enzymatique. Le glucose donne
l’acide glucuronique (Figure 3.11b) qui joue un rôle très important dans les voies
d’élimination et de détoxification hépatiques. Des substances apolaires sont couplées à l’acide
glucuronique polaire acquérant ainsi la solubilité dans l’eau et une aptitude à être excrétées,
qu’on appelle glucuronoconjugaison.
HOCH2-(CHOH)n-CHO HOOC-(CHOH)n-COOH
35
●Sucres aminés ou osamines
Une autre réaction fréquente dans l’organisme humain est le remplacement du groupement
hydroxyle sur le C-2 par un groupement aminé. A partir du glucose, on obtient la glucosamine
ou chitosamine (Figure 3.12a). De la même façon, à partir du galactose et du mannose, on
obtient respectivement la galactosamine et la mannosamine. Plusieurs antibiotiques (comme
l’érythromycine) contiennent des sucres aminés importants pour leur activité antibiotique.
Les osamines sont très toxiques, surtout la galactosamine qui lèse les cellules hépatiques. .
Elles se trouvent généralement sous forme acétylée (Figure 3.12b), l’acide acétique étant lié
par une fonction amide au groupe NH2 constituent un matériau de construction des
glycosaminoglucannes, qui sont des constituants majeurs de la matrice cellulaire.
(a) (b)
36
(c)
(a) (b)
3.2.1.10. Dosage du glucose dans les urines (glycosurie) et dans le sang (glycémie)
Le réactif du Fehling était longtemps utilisé dans le test de la glycosurie (la présence de
l'excès du glucose dans l'urine). Les individus qui souffrent du diabète du Type I
insulinodépendant ne produisent pas de l'insuline. Quand le glucose sanguin arrive au-dessus
de 160-180 mg/100 mL, le rein est incapable de réabsorber l'excès, et le glucose est trouvé
dans l'urine. Bien que le niveau de glucose sanguin puisse être contrôlé par l'injection
d'insuline, le taux du glucose de l'urine est contrôlé pour s'assurer que la quantité d'insuline
injectée est correcte. Le réactif de Fehling était un outil utile parce que la quantité de Cu2O
formée, et le degré du changement de la couleur de la réaction (Figure 3.10a), est directement
proportionnel à la quantité de sucre réducteur dans l'urine. Une couleur rouge-brique indique
une très forte concentration de glucose dans l'urine. Des solutions jaunes, vertes, et bleu-
vertes indiquent des quantités décroissantes de glucose dans l'urine, et une solution bleue
indique une concentration insignifiante.
L'usage du réactif de Fehling a été en grande partie remplacé par des tests chimiques qui
fournissent des résultats plus exacts. La technologie la plus commune est basée sur
l'utilisation de la glucose oxydase (GO) et d'autres agents qui donnent un changement de la
coloration mesurable. Le glucose est oxydé en acide gluconique, avec production d’eau
oxygénée (H2O2). Cette dernière va alors décolorer le colorant et cette décoloration est
proportionnelle à la quantité du glucose. On peut doser le glucose par colorimétrie ; ou encore
l’eau oxygénée va oxyder un substrat incolore en produit de couleur verte, pouvant être
mesuré par photométrie. GO
Glucose + O2 + H2O Acide gluconique + H2O2
37
réduit en NADPH/H+ (Figure 3.14a). Les 2 formes du transporteur d’électrons ont un pouvoir
d’absorption différent à la longueur d’onde de 340 nm (Figure 3.14b), ce qui permet de
déterminer leur concentration par spectrophotométrie.
NADP+ NADPH/H+
(a)
Glucose-6-phosphate
déshydrogénase
L’augmentation du glucose dans le sang (glycémie) après l’ingestion d’une certaine dose d’un
glucide, comparée à l’augmentation de la glycémie après l’ingestion d’une dose équivalente
de glucose, est appelée index glycémique. Le glucose, galactose et les diholosides (lactose,
maltose, isomaltose et tréhalose, qui donnent tous ces oses par hydrolyse) ont un index de 1.
Le fructose et les sucres alcools sont absorbés moins rapidement et ont un index glycémique
plus faible, tout comme le saccharose. L’index glycémique de l’amidon varie entre 1 et
quasiment 0 en fonction de sa vitesse d’hydrolyse. L’index glycémique des polyosides non
amylacés est de 0. Les aliments à faible index glycémique sont considérés comme meilleurs
car ils provoquent moins de fluctuation de la sécrétion d’insuline.
Applications
Directement assimilable, le glucose est un aliment énergétique important. Lors de traitements
médicaux, il est injecté sous forme de soluté isotonique (5%) ou hypertonique (10 à 50%).
Les solutions injectables (à 5 et 10%) sont utilisées notamment pour prévenir des
déshydratations. Les solutions injectables hypertoniques (à 15, 20, 30 et 50%) sont destinées
à la nutrition parentérale (apport calorique) et au traitement de l’hypoglycémie.
Les dérivés de trioses, de tétroses, de pentoses et d’un heptose (le sédoheptulose), sont des
métabolites intermédiaires formés au cours de la glycolyse et par la voie de pentoses
phosphates. Les pentoses sont des constituants importants des nucléotides, des acides
nucléiques et de plusieurs coenzymes (Tableau 3.1). Les hexoses les plus importants du point
de vue physiologique sont le glucose, le galactose, le mannose et le fructose (Tableau 3.2).
38
Tableau 3.1. Pentoses importants sur le plan physiologique
Les principales sources d’hexoses alimentaires pour l’homme sont les fruits (fructose), les
plantes légumineuses [digestion de l’amidon en maltose (c.à.d. 2 glucoses liés) et en glucose],
et les tissus animaux (digestion du glycogène, en maltose et en glucose). La digestion du
lactose du lait produit le glucose et le galactose. Le saccharose (sucrose = notre sucre
ordinaire) de la betterave et de la canne est digéré en glucose et fructose.
3.2.2. Osides
Les osides sont des composés qui donnent par hydrolyse un ou plusieurs oses. On les
subdivise en :
3.2.2.1. Holosides
- Diholosides ou disaccharides
Ils résultent de l’union de deux oses par une liaison osidique ou O-glycosidique. Cette union
se fait de 2 façons :
- Par les 2 fonctions réductrices et il n’est plus réducteur. L’holoside est un osidoside.
Le 1er sucre entre toujours dans la liaison au niveau de son C-1, dont l’hydroxyle de la
fonction est particulièrement réactif. Les liaisons les plus importantes se font entre le C-1 et le
C-2, le C-1 et le C-4 et le C-1 et le C-6. Il est important de noter si l’hydroxyle en C-1 est en
configuration α ou β. Ceci entraîne la formation d’une liaison α- ou β-glycosidique.
39
Les 4 diholosides importants sur le plan physiologique sont : le maltose, l’isomaltose, le
lactose et le saccharose. La Figure 3.15 présente les structures des principaux diholosides (le
maltose, le lactose et le saccharose ou sucrose).
Le maltose
Le maltose se rencontre dans quelques végétaux, mais il est surtout connu comme produit
d’hydrolyse de l’amidon par certaines amylases (malt : produit utilisé pour fabriquer la bière,
obtenu à partir de grains d’orge trempés, germés, séchés à chaud puis dégermés) ou par
l’action ménagée des acides. Par hydrolyse, il donne uniquement du glucose ; il est dédoublé
par les α-glucosidases ou par des maltases plus spécifiques ;
Le lactose
Il se trouve dans le lait de tous les mammifères à un taux variant de 10 à 80 g/l : 71 g dans le
lait de Femme, 48 g dans le lait de Vache. Il a une saveur sucrée très faible. Le lactose est
hydrolysé en glucose et galactose par l’émulsine ou la lactase (β-galactosidase). Beaucoup
d’adultes et quelques enfants sont incapables d’hydrolyser le lactose parce qu’ils ne
fabriquent pas l’enzyme lactase. Cette condition, qui affecte 20% de la population des USA,
est connue comme une intolérance au lactose. Le lactose non digéré reste dans l'intestin et
cause la crampe et la diarrhée qui peut finalement mener à la déshydratation. Une partie du
lactose est métabolisé par les bactéries intestinales qui libèrent des acides organiques et du
CO2 dans l'intestin, causant l'incommodité supplémentaire. L'intolérance au lactose est
désagréable, mais ses effets peuvent être évités par une alimentation qui exclut le lait et les
produits laitiers. Ou bien, l'enzyme qui hydrolyse le lactose est disponible sous forme de
comprimé. Quand elle est ingérée avec des produits laitiers, elle hydrolyse le lactose,
empêchant ainsi les symptômes ;
Dans les maladies génétiques humaines, la galactosémie est causée par l’absence d’une ou de
plusieurs enzymes (comme la fructokinase, l’hexose-1-phosphate uridyltransférase)
impliquées dans la conversion de galactose en glucose, du fait de l’accumulation d’un produit
toxique formé à partir du galactose chez les individus qui en souffre. Si la condition n'est pas
traitée, le galactosémie mène à un retard mental sévère, aux cataractes et une mort tôt.
Cependant, les effets de cette maladie peuvent être évités tout à fait en fournissant aux enfants
galactosémiques une alimentation qui ne contient pas de galactose. Une telle alimentation ne
peut pas, bien sûr, contenir du lactose et par conséquent ne doit pas contenir du lait ou des
produits laitiers.
40
Le saccharose
Le saccharose ou sucrose (appelé aussi sucre de table) est le plus répandu de tous les
disaccharides ; extrait de la canne à sucre et de la betterave. Il est soluble dans l’eau, a un goût
très sucré et ne peut pas être synthétisé par les animaux. Le sucrose a un pouvoir rotatoire
dextrogyre faible. Par hydrolyse, il donne un glucose et un fructose et le mélange obtenu
possède un pouvoir rotatoire lévogyre, et est souvent désigné sous le nom de sucre inverti (ou
interverti).
Le saccharose peut être hydrolysé par chauffage en milieu chlorhydrique, ou enzymatique par
une α-glucosidase (comme la saccharase) ou par une β-fructosidase (comme l’invertase de
la levure). Le miel est un sucre inverti naturel.
Applications
Dans le domaine pharmaceutique, le saccharose sert d’excipient dans la fabrication de
nombreuses formes galéniques administrées par voie orale comme les sirops, les tablettes, les
capsules médicamenteuses, etc. Il est aussi utilisé comme édulcorant pour masquer
l’amertume de certains médicaments.
Il a été suggéré que le saccharose dans l'alimentation est indésirable parce qu'il représente une
source de calories libres. Cependant, la seule association négative vérifiée scientifiquement
est le lien entre le saccharose dans l'alimentation et la carie dentaire, ou les cavités.
Le maltose, l’isomaltose et le lactose sont des sucres réducteurs. C’est à cause du fait que la
structure cyclique peut s’ouvrir à cette position pour former un aldéhyde libre pouvant
réduire le réactif de Fehling. Ceux qui ne contiennent pas un groupe hémiacétal en C-1 libre,
comme le saccharose, ne réagissent pas avec le réactif de Bénédicte et sont appelés des sucres
non réducteurs.
41
Les oligosaccharides sont souvent liés à des protéines et des lipides. Par exemple, les
immunglobulines (comme la glycophorine, glycoprotéine membranaire) qui sont présentes
dans les érythrocytes humains et comprennent des chaînes oligosaccharidiques (dont du
galactose, de la N-acétyl glucosamine et des acides sialiques) sur le radical de la sérine ou la
partie N-terminale de la protéine (Figure 3.16a).
Les glycolipides se trouvent également dans les membranes cellulaires et jouent le rôle dans la
reconnaissance cellulaire. La composition d’oligosaccharides de la surface des globules
rouges (Figure 3.16b) détermine le groupe sanguin ABO qui nous est propre. Chaque
personne est porteuse de 2 gènes du système ABO, l’un d’origine maternelle et l’autre
d’origine paternelle. Chacun de ces gènes peut être de type A, de type B ou de type O. Les
génotypes AA ou AO correspondent au phénotype A. Le génotype BB ou BO correspondent
au phénotype B. Le génotype OO correspond au phénotype O. Enfin le génotype AB
correspond au phénotype AB. De ces données se dégagent les règles suivantes :
Dans la population, ce sont les groupes A et O qui sont fréquents (environ 40% pour chacun).
Le groupe B a une fréquence de 16%, le groupe AB a une fréquence de 4%.
(b)
(a)
Figure 3.16. Structures d’oligosaccharides présents dans (a) les glycoprotéines et (b) les
glycolipides des membranes des globules rouges.
Amidon
L’amidon est un homopolymère du glucose, une réserve de glucose chez les végétaux. Il est
contenu dans les céréales, les pommes de terre, les légumes et d’autres végétaux. Il a deux
structures différentes :
42
L’amylose (Figure 3.17a) : constitue 13-20 % de l’amidon et se caractérise par des
liaisons d’un seul type α (1 4) entre les molécules de glucose et l’absence de
ramifications. Le matériau de base est le maltose qui est le produit de digestion de
l’amylose. L’amylose possède une structure hélicoïdale dans laquelle des molécules
d’iode peuvent se loger formant un complexe coloré en bleu permettant sa détection.
L’amylopectine (Figure 3.17b) : constitue les 80-85 % restants de l’amidon et dont les
chaînes ramifiées sont formées, chacune, de 24 à 30 résidus de glucose réunis par des
liaisons α-1,4 et des liaisons α-1,6 aux points de ramification.
(a)
(b)
Glycogène
Le glycogène est aux animaux ce que l’amidon est aux végétaux. C’est un polymère d’unités
glucose réunies par liaison α (1 4) présentant tous les 8 à 12 résidus une ramification par
liaison α (1 6) (voire Figure 3.16b). C’est la principale substance de réserve de glucose
chez les animaux. Cette structure fortement ramifiée permet, selon les besoins et
circonstances, soit une extension du polymère (glycogénogenèse), soit sa dégradation
(glycogénolyse). Les principaux réservoirs du glycogène sont :
Le muscle, qui pèse environ 35 kg pour un homme de 70 kg et contient environ 245 g
de glycogène. Il a besoin d’une réserve de glucose immédiatement disponible sur
place pour ses propres besoins, la contraction musculaire.
Le foie, environ 1,8 kg pour un homme de 70 kg, contient environ 90 g de glycogène.
Il est responsable de la production de glucose pour les autres tissus (entre le repos et
pendant la nuit). Ceci est particulièrement important pour notre cerveau qui est
43
dépendant du glucose comme source d’énergie, tout comme pour les globules rouges
et les cellules du cortex surrénal.
Le glycogène absorbé dans l’alimentation (viande) est dégradé en même temps à plusieurs
endroits par l’α-amylase en disaccharides, maltose et isomaltose [2 glucoses liés en α (1 6)]
et ensuite en glucose par les enzymes spécialisés.
Cellulose
C’est une substance structurale importante de la paroi des végétaux et constitue la moitié de
l’espace carbone de la biosphère. C’est un polymère d’unités glucose réunies par liaison β-
1,4. L’abondance des liaisons hydrogène assure la cohésion entre chaînes, formant les fibres
solides. L’homme en prend une grande quantité dans sa nourriture sans pouvoir la dégrader.
Le problème est que la cellulose est constituée de liaisons β-1,4 et que l’organisme humain ne
possède pas d’enzyme capable de rompre cette liaison. Elle est donc non digestible et
constitue un matériau de transit qui est rejeté tel quel par le tube digestif. Pour les
disaccharides, il existe par contre des enzymes de dégradation spécifiques dans l’intestin : les
disaccharidases (maltase, lactase, tréhalase). Ces enzymes dégradent les liaisons aussi bien
α que β entre deux oses (maltose, lactose, tréhalose), ils sont par conséquent davantage
spécifiques du type du substrat que de liaison. Notre organisme peut synthétiser des
macromolécules composées d’hydrates de carbone liés seulement par des liaisons α comme
dans le glycogène et l’amidon.
La cellulose est insoluble dans l’eau, dans les solvants organiques, et se dissous seulement
dans la solution ammoniacale d’hydroxyde cuivrique (liqueur de Schweitzer). L’hydrolyse par
les acides transforme la cellulose en glucose.
Applications
La cellulose constitue une matière 1ère industrielle d’intérêt primordial : préparation de
nombreux dérivés par fixation des radicaux sur les fonctions alcools libres tels que les éthers-
oxydes [(1) carboxyméthylcellulose (CMC) (Figure 3.18), (2) diéthyl-aminoéthylcellulose
(DEAE-cellulose), (3) acétate de cellulose (AC)]. Ils sont utilisés comme supports en
chromatographie par échange d’ions (1 et 2) ; dans l’industrie alimentaire comme agent de
44
dispersion dans les jus de fruit (1) ; préparé avec l’anhydride acétique pour donner des films,
des bandes magnétiques, des membranes de dialyse (3).
3.2.2.5. Hétérosides
- Glycosaminoglycanes ou mucopolysaccharides
C’est un enchaînement d’oses et de dérivés d’oses contenant des sucres aminés (D-
glucosamine ou D-galactosamine) et des acides uroniques. Ils ont un caractère acide dû à
l’existence soit de groupements carboxyliques, soit de groupements sulfuriques, ou à
l’association des deux. Les glycosaminoglycanes (GAG) interviennent dans la constitution
des protéoglycanes du tissu conjonctif et des sécrétions. En fonction de leurs propriétés
chimiques, on peut diviser les GAG en 4 groupes principaux :
2. Les chondroïtines-sulfate (Figure 3.19b) : les groupements sulfate sont fixés soit sur le C-4
soit sur le C-6 de la N-acétylgalactosamine ; sont, avec les collagènes et l’acide hyaluronique
45
les constituants les plus importants de l’os, du cartilage et de beaucoup d’autres tissus
conjonctifs.
4. L’héparanne-sulfate (Figure 3.19c) : les groupements sulfate sont plus nombreux à être
fixés sur la fonction amine ainsi que sur la fonction alcool primaire de la glucosamine. Ils se
trouvent surtout dans le foie et dans la membrane basale glomérulaire. L’héparine est un
glucosaminoglycanne de sécrétion qui sert d’anticoagulant.
Les structures polyosidiques qui viennent d’être décrites sont en fait associées à une copule
peptidique ou protéique pour former des macromolécules qui sont des peptidoglycannes ou
des protéoglycannes :
(a) (b)
(c)
- Les osides d’acide phosphorique et de dérivés phosphoriques sont des composés très
importants du métabolisme des glucides : le glucose-1-phosphate, le galactose-1-phosphate ;
- Les glucuronosides, qu’on trouve dans les urines, les glycolipides, les glycoprotéines.
46
Chapitre 4. LIPIDES
4.1. INTRODUCTION
Les lipides, appelés communément corps gras, sont des substances naturelles qui contiennent
dans leur molécule des acides gras, c.à.d. des acides aliphatiques à nombre d’atomes de
carbone pair, sous forme d’esters ou d’amides. Ils regroupent plusieurs centaines de
molécules globalement hydrophobes, peu ou pas solubles dans l’eau (les huiles, les graisses,
les cires et certaines molécules qui leur sont apparentées) mais solubles dans les solvants
organiques tels que l’acétone, l’éther, le chloroforme, le benzène.
Néanmoins, les lipides remplissent une large variété de fonctions essentielles aux systèmes
vivants et sont exigés dans notre alimentation. Cependant, les plus récentes Directives
Diététiques des Etats-Unis recommandent que la graisse diététique ne dépasse pas 30% de la
prise calorique journalière, et que les graisses saturées ne dépassent pas 10%.
Suite à des différences dans leurs structures, les lipides exercent beaucoup de fonctions
différentes dans le corps humain. La liste brève suivante donnera une idée de l'importance de
lipides dans les processus biologiques:
►Source d'énergie : comme les hydrates de carbone, les lipides sont une source excellente
d'énergie pour le corps. Une fois oxydée, chaque mole de graisse libère 9 kcals d'énergie, ou
plus que deux fois l'énergie libérée par l'oxydation d'un gramme d'hydrate de carbone. La plus
grande partie de l'énergie est stockée dans le corps sous la forme de triglycérides. Stockées
dans les cellules grasses appelées adipocytes, ces graisses sont particulièrement une riche
source d'énergie pour le corps.
Dans ce paragraphe, nous examinerons la structure, les propriétés et les réactions chimiques
de chacun de ces groupes de lipides.
Lipides
Chez les animaux et les végétaux, les acides gras à chaîne longue et à nombre pair d’atomes
de carbone sont le plus souvent à 16 et 18 atomes de carbone. L’acide palmitique (16 : 0), ou
acide hexadécanoïque selon l’IUPAC, est l’acide gras le plus abondant des triglycérides de
l’huile de palme. C’est aussi l’acide gras le plus court résultant du processus de synthèse chez
les animaux. L’acide stéarique (18 : 0) ou acide octadécanoïque est abondant dans les graisses
animales.
Les lipides bactériens, et plus spécialement les cires de bacilles tuberculeux, contiennent des
acides ramifiés responsables des propriétés très particulières de ces bactéries (résistance
chimique et physiologique) : l’acide tuberculostéarique (méthyl-10-stéarique) ; l’acide
phtiénoïque :
49
CH3-(CH2)17-CH-CH2-CH-CH=C-COOH
CH3 CH3 CH3
On a isolé des vésicules séminales et du plasma séminal des acides gras cycliques et oxygénés
doués d’activité hormonale appelés prostanglandines. Par la suite, elles ont été trouvées dans
tous les tissus. Leur structure de base peut être rattachée à une structure de base, l’acide
prostanoïque, acide gras cyclique à 20 atomes de carbone :
4.3.1.2. Nomenclature
La nomenclature systématique la plus fréquemment utilisée nomme un acide gras d’après le
nom de l’hydrocarbure contenant le même nombre d’atomes de carbone avec le même
arrangement. Le suffixe oïque est substitué à l’e final dans le nom de l’hydrocarbure. Les
acides gras sont saturés ou insaturés selon qu’ils contiennent ou non des doubles liaisons entre
carbones aliphatiques. Ainsi, les acides saturés se terminent par anoïque, tel l’acide
octanoïque (C8 :0) et les acides insaturés à doubles liaisons se terminent par énoïque, tel
l’acide octadécénoïque (acide oléique, C18 :1). Les atomes de carbone sont numérotés à partir
du carbone le plus oxydé, ayant la fonction COOH (carbone carboxylique). Cet atome de
carbone porte le numéro 1. Les atomes de carbone adjacents au carbone carboxylique c.à.d.
les atomes de carbone n° 2, 3 et 4 sont aussi connus comme étant les atomes de carbone α, β
et γ respectivement.
Le carbone méthylique terminal (CH3-) est connu sous le nom de carbone ω ou carbone n.
Une troisième façon de désigner les atomes de carbone d’un acide gras se réfère au dernier
carbone ω. Le numéro qui suit la lettre désigne la distance d’un carbone par rapport au
carbone terminal du groupe méthyle. Cette nomenclature est surtout utilisée pour les acides
gras polyinsaturés ; elle permet d’identifier la position de la double liaison à partir du carbone
ω. Par exemple, l’acide oléique est l’acide ω9 et l’acide linoléique est l’acide ω6,9 ou ω6,9 .
Pour les acides gras insaturés, la position de la double liaison est désignée par la lettre grecque
delta (∆), suivi de l’exposant N qui correspond au premier carbone impliqué dans la double
liaison par rapport à C1, (∆N). Par exemple, la nomenclature systématique de l’acide oléique
est l’acide ∆9-octadécénoïque et celle de l’acide linoléique est l’acide ∆9,12-
octadecadiénoïque (C18 :2Δ9,12, notation des chimistes ou C18 :2ω6,9, notation des
physiologistes).
50
Contrairement aux glucides, il existe dans les lipides 2 acides gras que nous ne pouvons pas
synthétiser car nos cellules ne sont pas en mesure de former une double liaison après le C-9.
Ces 2 acides gras, acide linoléique (linoléate) et acide linolénique (linolénate), sont appelés
essentiels et doivent être apportés par l’alimentation.
Les acides gras de la famille ω-3 (dont l’acide α-linolénique) exercent un rôle primordial dans
la structure et le fonctionnement des systèmes visuels et nerveux. D’autres études ont montré
que les acides gras en n-3 ou ω-3 dont l’acide α-linolénique est le chef de file, sont
indispensables à certaines périodes de la vie et pour certains tissus, par exemple lors de la
formation des cellules nerveuses. Il est désormais bien établi que l’acide α-linolénique est
indispensable pour obtenir un bon fonctionnement de la rétine. Les acides gras insaturés
peuvent présenter de 1 à 6 doubles liaisons. L’intérêt des doubles liaisons est d’augmenter la
fluidité membranaire. Le Tableau 4.2 présente les acides gras insaturés d’importance
physiologique et nutritionnelle.
Certains corps gras animaux, en particulier les huiles de poisson sont susceptibles de fournir
directement des acides gras polyinsaturés à longue chaîne, comme l’acide
éicosapentaénoïque, l’acide docosahexaénoïque (voir Tableau 4.2) qui provoquent
l’abaissement du taux de cholestérol accompagné de celui de triacylglycérols, tous les deux
facteurs de santé. Les acides gras polyinsaturés sont indispensables à la croissance, à
l’intégrité des tissus et à la mobilisation des graisses du foie. L’apport d’acide
docosahexaénoïque (DHA, 22 : 6, n-3) est particulièrement important chez le nourrisson lors
de la phase de développement cérébral.
L’acide arachidonique peut être formé dans le réticulum endoplasmique à partir de ces 2
acides gras essentiels ; il est donc appelé semi-essentiel. C’est un précurseur important de
certains médiateurs comme les éicosanoïdes (les prostaglandines, les thromboxanes, les
51
leucotriènes) (Figure 4.2). Les prostaglandines ont été originairement isolées dans le fluide
séminal produit dans la glande de la prostate, mais plus récemment elles ont aussi été isolées
dans la plupart des tissus animaux. Elles sont synthétisées dans la plupart des tissus et
exercent leurs effets biologiques sur les cellules qui les produisent et sur d'autres cellules dans
le voisinage immédiat.
Les prostaglandines, les leucotriènes et les thromboxanes affectent tant de processus du corps
et causent souvent des effets opposés dans les différents tissus. Il est difficile d'énumérer leurs
grands nombres de fonctions régulatrices. Un bref résumé de quelques processus biologiques
qu'ils sont supposés régler sont présentés ci-dessous:
►Les acides gras à longue chaîne sont insolubles dans l’eau et solubles dans les solvants
organiques. L’hydrophobie de leur chaîne paraffinique l’emporte sur la très faible hydrophilie
de la fonction acide non dissociée.
52
►Le point de fusion des acides gras est d’autant plus élevé que la chaîne aliphatique est
longue pour une série homologue. Ceci explique la consistance solide des graisses animales à
la température du corps.
Exemple : ● acide laurique (C12) : 44,3°C ● acide stéarique (C18) : 69,6°C
● acide myristique (C14) : 53,9°C ● acide arachidique (C20) : 76,5°C
● acide palmitique (C16) : 63,1°C ● acide lignocérique (C24) : 86,0°C
Le point de fusion s’abaisse avec le nombre de doubles liaisons pour une longueur donnée de
la chaîne ; l’abaissement est plus faible pour la forme « trans » rare que pour la forme « cis »
car la rotation autour des carbones dans celle-ci est très limitée, les molécules ne peuvent pas
s’empiler dans un arrangement ordonné et de ce fait, les attractions intermoléculaires sont
faibles. La plupart des acides gras insaturés naturels ont des doubles liaisons cis. Les lipides
des membranes sont toujours à l’état fluide et sont plus insaturés que les lipides de réserve.
Ceci permet les échanges entre l’intérieur et l’extérieur de la cellule.
Exemple : ● acide stéarique (C18 :0) : + 69,6°C ● acide linoléique (C18 :2) cis : - 5,0°C
● acide vaccénique (C18 :1) trans: + 44,0°C ● acide linolénique (C18 :3) : - 11,0°C
● acide oléique (C18 :1) cis : + 13,4°C
► Estérification
Dans l’estérification, les acides gras réagissent avec les alcools pour former les esters et l’eau
selon l’équation générale suivante :
● Les doubles liaisons des acides gras sont facilement oxydables. Si l’oxydation est très
énergique, la chaîne carbonée peut être rompue au niveau de la double liaison avec formation
de 2 fragments acides. Cette réaction permet de connaître la position de la double liaison dans
la molécule.
R-CH=CH-(CH2)n-COOH + KMnO4conc R-COOH + HOOC-(CH2)n-COOH
● Les peroxydes organiques (acide performique : HCOOOH) forment des glycols
-CH=CH- -CH-CH- -CHOH-CHOH-
O
► Addition sur la double liaison
53
Acide linoléique Acide stéarique
L'hydrogénation est utilisée dans l'industrie alimentaire pour convertir les huiles végétales
polyinsaturées en graisses saturées solides. L'hydrogénation partielle est faite pour ajouter des
hydrogènes à quelques, mais pas toutes, doubles liaisons dans les huiles polyinsaturées. Dans
ce chemin, les huiles végétales liquides sont converties en forme solide. La margarine est
aussi produite par hydrogénation partielle des huiles végétales, telle que l'huile du maïs ou
l'huile de graine de soja. L'ampleur de l'hydrogénation est contrôlée avec soin afin que la
graisse solide ait la consistance désirable, comparable à celle du beurre.
● Un acide gras insaturé, l’acide oléique, par exemple, fixe rapidement du brome (ou de
l’iode) dès la température ordinaire, en donnant un dérivé dihalogéné. Cette propriété sert à
différencier en pratique les acides éthéniques des acides saturés, par la décoloration d’une
solution chloroformique de brome.
CH3-(CH2)7-CH=CH-(CH2)7-COOH + Br2 CH3-(CH2)7-CHBr-CHBr-(CH2)7-COOH
Le chauffage des acides gras, au cours du raffinage des huiles, par exemple, est capable
d’isomériser en partie les liaisons cis en liaisons trans ; ceci a pour effet de modifier les
propriétés physiques et physiologiques des acides gras.
Par chauffage à 180°C pendant 1 heure en présence de potasse alcoolique, un acide gras à
double liaison en position « malonique » se transforme en isomère à doubles liaisons
conjuguées. Les acides gras conjugués ont une forte absorption à 230 nm, ce qui permet leur
dosage.
-CH=CH-CH2-CH=CH- -CH=CH-CH=CH-CH2-
La principale fonction des TAG est le stockage d’énergie. Les TAG (8 à 10 kg chez un adulte
normal) représentent une classe de substances qui dégagent par leur combustion le maximum
d’énergie, à savoir 9 kcal/mol. Les glucides et les protéines ne libèrent que 4 kcal/mol. C’est
54
pour cette raison que les graisses représentent la principale réserve d’énergie de l’organisme.
Ils servent aussi de barrière de protection contre le froid dans le tissu adipeux sous-cutané.
Si plus des nutriments riches en énergie sont consommés qu'ils ne sont exigés pour des
processus métaboliques, l'excès est converti en glycérides neutres et stocké sous forme de
triglycérides dans les adipocytes des vertébrés supérieurs où ils constituent une réserve
énergétique importante. Quand de l'énergie est requise, les triglycérides sont métabolisés par
le corps, et l'énergie est libérée. Pour cette raison, l'exercice ainsi que la réduction modérée
dans la prise calorique sont recommandés pour les individus ayant un excès de poids.
L'exerce, un processus exigeant de l'énergie, augmente la vitesse du métabolisme de graisses
et résulte en la perte du poids.
►Nomenclature : Les glycérides sont nommés en plaçant le (s) nom (s) du (des) groupe (s)
acyle (s) gras avant le suffixe glycérol. Le groupe acyle gras est nommé en remplaçant la
terminaison -ique de l'acide gras par -oyl et sont inscrits d'après leur placement le long de
l'ossature du glycérol. Les exemples ci-dessous (Figure 4.3) nomment 2 TAG et montrent
leurs structures : Le tristéaroylglycérol (ou trioctadécanoylglycérol) et le palmitoyl-1-oléoyl-
2-stéaroyl-3-glycérol (ou hexadécanoyl-1-octadécénoyl-2-octadécanoyl-3-glycérol).
D’une façon générale, les acides gras saturés et insaturés sont situés respectivement en
positions externes et en position interne dans les huiles végétales et inversement dans les
graisses animales. Les triglycérides dont les acides gras sont saturés sont solides à la
température ambiante tandis que ceux à acides gras non saturés sont presque tous liquides.
Lorsque ces derniers prédominent dans un mélange, on a affaire à une huile.
►Propriétés physiques
Les triglycérides sont non chargés, très hydrophobes, insolubles dans l’eau et solubles dans
les solvants organiques apolaires (benzène, chloroforme, éther, tétrachlorure de carbone, éther
de pétrole et acétone). Ils diffèrent par leurs points de fusion qui s’échelonnent, en général,
comme les points de fusion des acides gras qui les constituent. Ceux dont les acides gras sont
saturés sont solides à la température ordinaire, tandis que ceux contenant des acides gras non
saturés sont presque tous liquides : lorsqu’ils prédominent dans un mélange, on a affaire à une
huile. Ils sont d’autant plus fusibles que la masse moléculaire des acides gras qui les
constituent est plus basse.
55
►Propriétés chimiques : Réactions des glycérides
● Saponification
C’est l’hydrolyse d’un ester catalysée par une base. Tous les glycérides sont hydrolysés sous
l’influence des alcalis en sels ionisés d’acides gras, appelés savons et en glycérol.
Parce que les savons ont une longue queue hydrocarbonée non chargée et une extrémité
négativement chargée (le groupe carboxylate), ils forment des micelles (Figure 4.4) qui
dissolvent l'huile et des particules de saleté. Donc la saleté est émulsifiée et cassée en petites
particules, et peut être évacuée pendant le rinçage.
Les problèmes peuvent survenir quand l'eau “dure” est utilisée pour nettoyer parce que les
concentrations élevées de Ca2+ et Mg2+ dans une telle eau provoquent la précipitation des sels
d'acides gras. Ceci perturbe non seulement l'action l'émulsifiante du savon, mais laisse aussi
une couche dure sur la surface des éviers et baignoires.
L’indice de saponification est susceptible d’aider à reconnaître certaines fraudes dans les
huiles industrielles lorsqu’elles contiennent des matières insaponifiables (stérols, cires,
alcools gras, caroténoïdes, chlorophylle, vitamines liposolubles). Il est inversement
proportionnel à la masse moléculaire des acides gras composant les triglycérides. On peut à
partir de l’indice de saponification d’une graisse, calculer la masse moléculaire moyenne des
acides gras qui entrent dans sa constitution.
On appelle indice d’iode, la quantité (en g) d’iode fixée, par addition, par 100 g de graisse
en solution chloroformique. Il est mesuré par addition au corps gras, d’un excès de
monochlorure d’iode en solution dans un mélange d’acide acétique et de cyclohexane. Après
un temps donné de réaction, l’iode résiduel est titré par une solution de thiosulfate de sodium.
L’indice d’iode n’est pas un critère de qualité de la matière grasse mais il renseigne sur le
degré d’insaturation du corps gras et est inversement proportionnel au point de fusion des
56
graisses (Tableau 4.3). Remarquons que certaines de ces graisses sont liquides à la
température du corps de l’animal.
Tableau 4.3. Points de fusion et indices d’iode moyens des graisses de tissus adipeux de
quelques animaux.
La modification enzymatique des huiles et des graisses est actuellement un des principaux
domaines d’activité de l’industrie alimentaire à la recherche de nouvelles technologies
économiques et respectueuses de l’environnement. Ce secteur de la lipochimie est dominé par
les lipases qui sont, de loin, les enzymes les plus largement utilisés dans la transformation des
huiles. Les différentes réactions catalysées par des lipases sont résumées ci-dessous :
● Hydrolyse (acide ou enzymatique)
C’est l’inverse de l’estérification, produisant les acides gras à partir des esters.
Les acides phosphatidiques sont des lipides acides qu’on rencontre dans les végétaux (chou,
carotte, blé…) et dans divers microbes mais existent aussi en petite quantité dans toutes les
cellules animales. Ils sont les précurseurs des GPL. Un résidu polaire (les plus fréquents : la
choline, la sérine, l’éthanolamine, l’inositol) (Figure 4.5b) est attaché au phosphate. L’inositol
est sous forme stéréoisomérique, le myoinositol (découvert d’abord dans le muscle). Les GPL
correspondants sont appelés respectivement phosphatidyl-choline (lécithine), phosphatidyl-
sérine, phosphatidyl-éthanolamine (céphaline) et phosphatidyl-inositol.
57
Le phosphatidyl-inositol n’est certes pas particulièrement abondant quantitativement. Le
phosphatidylinositol-4-5-bisphosphate est un constituant important des phospholides des
membranes cellulaires ; stimulé par un agoniste hormonal, il est clivé en diacylglycérol
(DAG) et en inositol-1,4,5- triphosphate (IP3), 2 substances qui agissent comme signaux
intracellulaires ou seconds messagers. IP3 provoque la libération d’ions calcium à partir de
vésicules du réticulum endoplasmique. La plupart des phospholipides ont un radical acyle
saturé en position sn-1 mais un radical insaturé en position sn-2 (avec sn : numérotation
stéréospecifique).
(a)
Myoinositol
(b) Choline
Sérine Ethanolamine
Figure 4.5. Phosphatidate (a) et résidus fréquents qui lui sont attachés (b).
►Les plasmalogènes
Ces composés peuvent représenter 10% des phospholipides du cerveau et des muscles. Ils
ressemblent à la phosphatidyléthanolamine (Figure 4.6 b) mais possèdent une liaison éther
sur le carbone sn-1 au lieu de la liaison ester. Le radical alkyle est en général un alcool
insaturé.
(a)
(b)
58
4.3.3. Les lipides non glycérides
4.3.3.1. Les sphingolipides
Les sphingolipides sont des lipides qui ne sont pas dérivés du glycérol. Ils sont
amphipathiques comme les phospholipides et participent, dans une moindre proportion que
les GPL, à la structure de membranes biologiques. Contrairement aux GPL, c’est la
sphingosine (Figure 4.7), un dialcoolaminé qui va servir d’ancrage pour les acides gras, le
phosphate et les sucres. La combinaison d’une sphingosine et d’un acide gras (formation
d’un amide avec le groupement amine de la sphingosine) forme une structure appelée
céramide (Figure 4.7).
59
●Gangliosides : s’obtiennent en accrochant à la céramide un oligosaccharide (3 à 6 oses). Les
gangliosides sont aussi très importants pour la formation des membranes du tissu nerveux. Ils
renferment une ou plusieurs molécules d’acide sialique (acide neuraminique). Ils sont formés
aussi dans les membranes cellulaires d’autres cellules et servent alors à la reconnaissance
cellulaire, par exemple antigènes des groupes sanguins. La Figure 4.9 schématise leurs
structures respectives.
●Le cholestérol (Figure 4.11b) est le stéroïde le plus important qui est synthétisé à partir
d’acétyl-CoA dans pratiquement tous les tissus contenant des cellules nucléées. Il est répandu
dans toutes les cellules de l’organisme et, en particulier dans celles du tissu nerveux. C’est un
lipide amphiphile, constituant important de la membrane plasmique et des lipoprotéines du
plasma et joue un grand rôle dans la formation des membranes, dans la synthèse des acides
biliaires et des hormones stéroïdes. Son transport dans le sang se fait en grande partie sous
forme d’ester de cholestérol dans les lipoprotéines, où le groupement hydroxyle en position 3
est estérifié par un acide gras à longue chaîne. Il est présent chez les animaux mais ni dans les
végétaux, ni dans les bactéries.
(b)
(a)
60
Il y a une forte corrélation entre la concentration du cholestérol dans le sang et les maladies
cardiovasculaires, en particulier athérosclérose (durcissement des artères). Le cholestérol, en
combinaison avec d'autres substances, contribue à un rétrécissement de la tunique interne de
l'artère. Plus ce rétrécissement augmente, plus la pression est nécessaire pour assurer le flux
sanguin adéquat, et une hypertension (pression sanguine élevée) se développe. L'hypertension
est aussi liée aux maladies cardiovasculaires.
Le jaune d'œuf contient une concentration élevée de cholestérol, tout comme beaucoup de
produits laitiers et les graisses animales (viande, foie, cerveau). En conséquence, il a été
recommandé que les quantités de ces produits dans l'alimentation soient réglées pour modérer
la prise diététique de cholestérol.
●Les acides biliaires : ce sont des dérivés du cholestérol synthétisés dans le foie. Ils sont
nécessaires pour le transport des lipides de l’intestin vers le sang au cours de la digestion et
pour l’élimination du cholestérol en quantité notable. Les principaux acides biliaires sont le
cholate et le chénodésoxycholate (Figure 4.12).
La conjugaison des acides biliaires et des acides aminés (la glycine : H2N-CH2COOH et la
taurine : H2N-CH2CH2SO3H) forme les sels biliaires. Ces derniers émulsifient les graisses
diététiques en petites gouttelettes qui peuvent être plus facilement digérées par des lipases
trouvées au niveau de l'intestin grêle.
Figure 4.12. Structures des principaux acides biliaires chez les humains.
●Les hormones stéroïdes : Ce sont des messagers, des substances qui entraînent certaines
cellules à entreprendre ou interrompre une activité ; induisent des effets spécifiques sur
d’autres cellules de l’organisme. Elles sont formées par une glande spécialisée (glande
endocrine) et libérées dans le sang. Le cholestérol est le précurseur de 6 types différents
d’hormones stéroïdes qui existent chez l’homme (testostérone, progestérone cortisol,
aldostérone, œstradiol et calcitriol). Ces stéroïdes jouent un rôle dans le cycle reproducteur.
61
L'œstradiol et la testostérone sont toutes les deux produites par la modification chimique de
la progestérone et sont impliquées dans le développement des caractéristiques des sexes
masculin et féminin, respectivement. La Figure 4.13 montre les structures de quelques
hormones de l’homme.
►Terpènes : par accrochage de plusieurs isoprènes l’un derrière l’autre, il se forme une
chaîne linéaire ; on obtient des terpènes :
● Vitamines liposolubles (Vitamines A, E et K) (Figure 4.14) : la condensation de 4 unités
isopreniques donne les précurseurs de ces vitamines que nous ne pouvons pas synthétiser :
o Vitamine A (rétinol, rétinaldéhyde, acide rétinoïque) : joue le rôle de pigment visuel de
la rétine, régulation de l’expression de gène et de la différenciation cellulaire ;
o Vitamine E (Tocophérols, tocotriénols) : joue le rôle d’antioxydant en piégeant les
radicaux libres dans les membranes cellulaires et les lipoprotéines plasmatiques en
réagissant avec les radicaux de peroxydes de lipides formés par peroxydation des
acides gras polyinsaturés ; rôle dans la signalisation cellulaire ;
o Vitamine K (Phylloquinones, ménaquinones) : nécessaire à la biosynthèse des facteurs
de la coagulation sanguine ; c’est un coenzyme pour la carboxylation dans la
formation du γ-carboxyglutamate des enzymes de la coagulation du sang. La
prothrombine et plusieurs autres protéines du système de la coagulation sanguine
(facteurs VII, IX et X et protéines C et S), contiennent chacune 4 à 6 résidus
carboxyglutamate. Ce dernier chélate les ions calcium et permet ainsi la fixation des
protéines de coagulation du sang aux membranes. La vitamine K joue également un
rôle important dans la synthèse des protéines osseuses fixatrices de calcium.
Vit. A :
Vit. E :
Figure 4.14. Structures des composés possédant l’activité biologique des vitamines A, E
et K
62
►Ubiquinone (ou Coenzyme Q, Figure 4.15) : c’est une molécule lipophile importante dans
le métabolisme ; c’est la molécule centrale de transfert d’électrons dans la chaîne respiratoire
dans les mitochondries ; elle transporte protons et électrons.
Les cires produites naturellement ont une variété d'usages. La lanoline qui sert de couche
protectrice pour les cheveux et la peau, est utilisée dans les crèmes de la peau et les
pommades. Autrefois, l'huile de la baleine était utilisée dans les pommades, dans les bougies
et comme combustible. Cependant, les cires synthétiques ont remplacé l'huile de la baleine, à
cause d'efforts d'interdire la chasse de baleines.
● Les chylomicrons qui ont une densité de moins de 0,95 g/mL sont synthétisées dans les
entérocytes et transportent les triglycérides diététiques de l'intestin vers les autres tissus.
63
● Les lipoprotéines de très faible densité (VLDL, ou prélipoprotéines β) ont une densité
comprise entre 0,95 - 1,019 g/mL. Elles sont synthétisées dans le foie et se lient aux
triglycérides synthétisés dans le foie et les transportent vers les adipocytes où ils sont stockés
et vers les autres tissus où ils sont oxydés.
● Les lipoprotéines de faible densité (LDL, ou lipoprotéines β) sont caractérisées par une
densité de 1,019 - 1,063 g/mL. Elles transportent le cholestérol vers les tissus périphériques et
aide à régler les niveaux du cholestérol dans ces tissus. Ce sont les plus riches en cholestérol,
transportant fréquemment 40% du cholestérol du plasma.
● Les lipoprotéines de densité élevée (HDL) ont une densité de 1,063 - 1,210 g/mL. Elles
sont liées au cholestérol du plasma; cependant, elles transportent le cholestérol de tissus
périphériques au foie.
Tableau 4.3. Propriétés physiques et compositions lipidiques des classes de lipoprotéines.
Mouvement de lipides d’un organe à l’autre à travers la circulation sanguine (b).
CM VLDL LDL HDL
Densité (g/ml) 0,94 0,94-1,006 1,006-1,063 1,063-1,210
Diamètre (Å) 6000-2000 600 250 70-120
Lipide total (%P/P)* 99 91 80 44
Triglycérides 85 55 10 6
Esters de cholestérol 3 18 50 40
Cholestérol 2 7 11 7
Phospholipides 8 20 29 46
*Les autres composants sont pour la plupart des apoprotéines.
La cellule et ses organites sont délimités ou constitués par de membranes. Les membranes
biologiques sont des bicouches lipidiques dans lesquelles les queues hydrocarbonées
hydrophobes se regroupent au centre des bicouches et les têtes ioniques hydrophiles sont
exposées sur la surface pour interagir avec l'eau. La charpente de base est formée des
phospholipides associés à deux autres types de lipides (sphingomyéline et cholestérol). Des
protéines sont responsables des principales fonctions spécialisées de la membrane. Des
glucides peuvent être fixés sur certains lipides et certaines protéines, jouant un rôle dans la
reconnaissance cellulaire.
A cause de leur propriété amphiphile (une tête polaire et une queue apolaire), les lipides
membranaires se disposent de façon caractéristique dans un milieu aqueux : les parties
lipophiles se regroupent entre elles en profondeur, les têtes hydrophiles se maintiennent vers
l’extérieur, ainsi se forme une double couche (Figure 4.18a). Les deux couches n’ont pas la
même composition en phospholipides. Par exemple, dans les membranes de globules rouges,
64
approximativement 80% de phospholipides dans la couche externe sont des
phosphatidylcholine et des sphingomyélines ; tandis que les phosphatidyléthanolamine et les
phosphatidylsérines constituent approximativement 80% de la couche interne.
(a)
=
(b)
Figure 4.18.
Structures d’une bicouche
lipidique (a) et du modèle
de la mosaïque fluide de la
membrane (b)
Les membranes ne sont pas statiques, elles sont composées des molécules en mouvement. La
fluidité des membranes biologiques est déterminée par les proportions des acides gras saturés
et insaturés des phospholipides. Environ la moitié des acides gras isolés de lipides
membranaires de toutes les sources sont insaturés. Ces dernies contribuent à la fluidité de la
membrane ; à cause des coudes introduits dans les chaînes hydrocarbonées des acides gras
insaturés par les doubles liaisons, celles-là n’interagissent que faiblement. Généralement, les
températures du corps de mammifères sont assez constantes et la composition des acides gras
de leurs lipides membranaires est par conséquent habituellement très uniforme. Le
pourcentage des acides gras insaturés des lipides membranaires est aussi inversement
proportionnel à la température de l’environnement. Par exemple, les membranes des bactéries
qui vivent dans l’océan arctique ont des proportions élevées d’acides gras insaturés pour que
leurs membranes restent fluides à ces températures glaciales.
Bien que la barrière hydrophobe créée par la bicouche lipidique fluide soit un trait important
des membranes, les protéines enfoncées dans la bicouche lipidique sont également
importantes et sont responsables des fonctions cellulaires critiques. Visualisée au microscope
électronique, la membrane apparaît être une mosaïque, parsemée de protéines (Figure 4.18b).
À cause de la fluidité des membranes et de la présence de protéines, le concept de la structure
de la membrane est appelé modèle de la mosaïque fluide.
65
4.5. METHODES D’ETUDE DES LIPIDES
4.5.1. Extraction
L’extraction des lipides est habituellement effectuée au moyen de solvants organiques
apolaires, comme l’hexane ou l’isopropanol. D’autres solvants peuvent être utilisés pour des
lipides particuliers. Ils incluent : l’éther diéthylique et le chloroforme pour des lipides neutres
et les lipides de réserve ; l’éthanol ou le méthanol pour des lipides membranaires (plus
polaires) ; le chloroforme-méthanol ; le chloroforme-méthanol-eau…
L’extraction des lipides des végétaux est souvent rendue difficile à cause des lipases actives
qui hydrolysent rapidement les glycolipides et les phospholipides et augmentent ainsi le taux
d’acides gras libres dans l’extrait. Une macération préalable dans l’isopropanol permet
d’inhiber ces enzymes.
►La chromatographie sur couche mince (CCM) (Figure 4.19) est particulièrement utile
dans les analyses de routine pour séparer, à moindre coût, diverses classes de lipides. Cette
technique utilise une couche mince de phase stationnaire comme la silice ou la cellulose sur
un support plat (plaque), habituellement en verre ou en alluminium. Une grande variété de
combinaisons de phases stationnaires à base de silice et de phases mobiles permettent la
séparation de pratiquement toutes les classes de lipides. Les méthodes de visualisation sont
aussi variées : vapeur d’iode, réactifs spécifiques (tels que le molybdate pour les
glycérophospholipides), la carbonisation avec l’acide sulfurique. La CCM suivie de la
densitomètrie peut être utilisée pour une analyse quantitative. Bien que la CCM ne soit pas
aussi sensible que les autres méthodes de détection, elle est souvent utilisée en premier dans le
cadre d’un screening rapide pour mettre au point des techniques plus sophistiquées et plus
sensibles.
La séparation des lipides neutres peut se faire sur une colonne de gel de silice en phase
normale, éluée par le chloroforme ou l’acétone, selon leur polarité.
►La chromatographie en phase gazeuse (CPG) permet d’analyser généralement les acides
gras (de 8 à 24 atomes de carbone) sous leur forme d’esters méthyliques avec des colonnes
66
capillaires. Le choix de la méthode de préparation des esters dépend de la nature de la matière
grasse à analyser. Son schéma de principe est montré sur la Figure 4.20.
►La spectroscopie par résonance magnétique nucléaire (RMN) apporte également des
informations très précises sur la structure des lipides.
67
Les acides gras de la famille n-6 ou ω-6 (comme l’acide linoléique) exercent des effets
hypocholestérolémiants, antithrombogène, anticancérigène, antiathérogène, antioxydant,
anabolisant qui ont été observés sur différents modèles animaux. Ils ont aussi un rôle de
régulation vis-à-vis des systèmes plaquettaire, reproducteur, épidermique et immunitaire. Les
acides gras de la famille ω-3 (dont l’acide α-linolénique) exercent des effets
hypocholestérolémiants complètent ceux des acides gras de la famille ω-6 pour la protection
contre les maladies cardio-vasculaires. Les signes de carence en cet acide gras étaient
beaucoup plus évidents (baisse de croissance, effets cutanés…). C’est la raison pour laquelle,
il est particulièrement recommandé de privilégier des matières grasses végétales dans
l’alimentation animale et humaine. On obtient ainsi des effets protecteurs parmi lesquels une
baisse du cholestérol sanguin.
Une déficience d’acide linoléique dans l’alimentation a pour conséquence une dermatite
squameuse (perte excessive d’eau par la peau), une diminution de la croissance, de la fertilité
et une cicatrisation plus difficile des plaies. Tandis qu’une déficience en acide α-linolénique
s’accompagne d’une faiblesse générale et de troubles de vision.
L’huile de ricin est connue pour ses propriétés purgatives. C’est aussi une source abondante
d’acides α et γ-linoléniques. Les huiles de germe de maïs, de soja, de tournesol, contenant des
acides gras insaturés, sont conseillées en cas d’hypercholestérolémie et d’hyperlipémie.
68
Chapitre 5. ACIDES AMINES, PEPTIDES ET PROTEINES
5.1. INTRODUCTION
Dans notre organisme, le 3ème groupe important de substances après les glucides, les lipides,
en dehors des acides nucléiques, est constitué par les protéines. Les protéines tiennent une
place particulière du fait que leur structure est inscrite dans notre patrimoine génétique. Elles
représentent l’expression du patrimoine génétique et constituent notre phénotype (ce sont les
protéines qui font qu’un individu est physiquement différent d’un autre). Leur nature
conditionne la structure des différents tissus d’un organisme et celle des différentes cellules
d’un tissu. Elles jouent un rôle dans la structure et le fonctionnement de l’organisme. On les
trouve dans les muscles, les os et le tissu conjonctif. Elles forment également le pigment qui
détermine la couleur des cheveux et des poils, des yeux et de la peau. Toutes les protéines
sont composées de petits matériaux de base, les acides aminés, qui sont associés en une
longue chaîne.
1. Un groupement carboxyle,
2. ;; aminé,
3. Un atome d’hydrogène,
4. Un résidu de composition variée.
Comme tous les AA ont un groupement carboxyle et un groupement aminé, ils ne diffèrent
que par leurs groupes R. Dans les conditions physiologiques (pH , le groupement
carbonyle libère le proton tandis que le groupement aminé capte le proton qui est libéré.
L’ensemble peut être représenté suivant la convention de Fisher ci-dessous :
69
5.2.1. Classification des acides aminés
Une façon de classer les 20 AA est de les grouper en fonction de la structure et de la polarité
(présence des pôles électronégatifs ou électropositifs capables de contracter des liaisons
hydrogène avec les molécules d’eau) de leur chaîne latérale. Dans le classement des AA, c’est
la chaîne latérale qui est prise en compte car c’est la seule variable et la seule à moduler les
propriétés d’une protéine (les groupements carboxyliques et aminés liés au carbone α étant
impliqués dans la liaison peptidique).
Les chaînes latérales de quelques acides aminés sont non polaires et préfèrent le contact de
l'une avec l'autre plutôt que le contact avec l'eau. Elles sont généralement trouvées cachées à
l'intérieur de protéines où elles peuvent s'associer l'une avec l'autre et rester isoler de l'eau.
Ces AA sont dits hydrophobes (“fuyant l'eau”). Le groupe R de la proline est unique; c'est
réellement lié au groupe aminé et forme une amine secondaire. Les chaînes latérales des AA
restants sont polaires. Parce qu'elles sont attirées par des molécules d'eau polaires, les AA sont
dits hydrophiles (“aimant l'eau”). Les chaînes latérales hydrophiles sont souvent trouvées sur
les surfaces de protéines. Il y a différentes façon de classer les AA. Ils sont classés ici selon la
polarité de leurs groupes R (chaînes latérales) en :
►AA aliphatiques ou hydrophobes : Au sein des protéines, les chaînes latérales de ces AA
ont tendance à être orientées « vers l’intérieur » où les interactions hydrophobes sont plus
importantes. Il s’agit de : la glycine, l’alanine, la valine, la leucine et l’isoleucine, la proline
et la méthionine. Dans la glycine, la chaîne latérale est réduite à un hydrogène et est classée
dans ce groupe du fait de son caractère hydrophobe ;
70
►AA polaires non chargés : Il s’agit de : la sérine, la thréonine (ces 2 AA sont hydroxylés
et le groupe hydroxyle peut être le siège de modifications post-traductionnelles au sein des
protéines, telles que la phosphorylation, la glycosylation), l’asparagine (peut être le siège
d’une glycosylation post-traductionnelle) et la glutamine (AA quantitativement le plus
important dans le sang), la cystéine (son groupement thiol, -SH, ou sulfhydryle est
particulièrement réactif et forme par oxydation un pont disulfure, S-S, stabilisant ainsi la
structure tridimensionnelle de certaines protéines ;
►AA polaires chargés : ces AA sont particulièrement hydrophiles. Dans les protéines, leur
chaîne latérale est fréquemment impliquée dans la stabilisation des structures
tridimensionnelles par des liaisons ioniques. Ils sont basiques.
● AA acides : Il s’agit de l’acide aspartique (le plus acide des AA) et l’acide glutamique
(joue un rôle important dans le métabolisme des AA, car il peut être formé à partir de l’α-
cétoglutarate par une réaction de transamination ;
● AA basiques : Il s’agit de l’arginine, la lysine et l’histidine. Cette dernière présente une
particularité d’avoir un pKR légèrement acide (égal à 6) et suffisamment proche de la
neutralité. Ceci explique sa réactivité particulière dans le site actif des enzymes.
71
Cystéine et la Tyrosine sont considérées comme des AA semi essentiels car ils sont
synthétisés à partir de la Méthionine et de la Phénylalanine, respectivement. Le Tableau 5.2
donne les principales sources d’acides aminés essentiels.
Pyrrolysine Sélénocystéine
Figure 5.2. Autres acides aminés trouvés dans la cellule.
5.2.2. Isomérie D et L
Les acides aminés, à l’exception de la glycine, ont une activité optique due à la présence d’un
carbone asymétrique). De ce fait, il existe pour chaque AA deux variantes, la forme D, dans
laquelle le groupement –NH2 est situé à droite et la forme L, dans laquelle ce groupement est
situé à gauche. Les énantiomères D et L des acides aminés ont été définis par comparaison
avec ceux du glycéraldéhyde. Les AA naturels sont préférentiellement de série L, en sachant
que certains micro-organismes comme les bactéries utilisent parfois des AA de la série D. La
Figure 5.3 montre les 2 variantes de du glycéraldéhyde et de l’alanine.
72
Le Tableau 5.1 montre les abréviations à 3 et 1 lettres, les valeurs de constantes d’acidité
(pKs) et pHisolélectrique (pI) des 20 acides aminés protéinogènes.
Tableau 5.1. Abréviations, masse moléculaire, valeurs de pKs et pI des 20 acides aminés
protéinogènes.
►Ils ont des points de fusion élevés variant de 200 à 300°C voire même plus ;
73
►La plupart d’entre eux sont solubles dans l’eau et insolubles dans les solvants organiques
non polaires (éther, chloroforme) ; les AA aliphatiques et aromatiques particulièrement ceux
ayant plusieurs atomes de carbone ont une solubilité limitée dans l’eau mais sont facilement
solubles dans les solvants organiques polaires ;
►Ils sont amphotères : la différence entre les 20 AA tient à la composition de la chaîne
latérale. Chaque groupement ionisable d’un AA a la capacité de capter ou de céder des
protons. Une estimation de cette capacité est donnée par l’acidité ou la basicité, mesurée par
les pKa et les pKb. Chaque AA a au moins 2 valeurs de pK (les AA dicarboxyliques ou
dibasiques en ont même 3). Le pK est un pH particulier pour lequel un groupement
fonctionnel se trouve à 50% sous forme protonée et à 50% déprotonée. C’est là qu’un AA a
son plus grand pouvoir tampon. La figure 5.4 illustre l’effet du pH sur l’état de charge de
l’acide aspartique.
Dans les conditions physiologiques, c.à.d. à un pH aux environs de 7,4 dans nos cellules, le
groupement carboxyle cède son proton et le groupement amine le capte. Les AA possèdent
donc un groupement fonctionnel à propriétés basiques et un groupement à propriétés acides,
ils sont dits amphotères. Les propriétés de la chaîne latérale donnent aux acides aminés leur
degré de polarité, d’hydrophobicité, leur caractère acide, basique ou neutre en solution dans
les conditions de pH physiologiques. Au pH physiologique, les groupements carboxyles
existent pratiquement entièrement sous forme d’ions carboxylates (R-COO‾) et les
groupements amines sont essentiellement sous forme R-NH3+.
Dans notre organisme, nous avons besoin de systèmes tampons puissants car un pH constant
est indispensable pour de nombreux processus (par exemple beaucoup d’enzymes
fonctionnent à un pH déterminé). Le concept de pouvoir tampon apprécie combien d’acides
ou de bases une solution tampon peut tamponner. Comme chaque AA a au moins 2 valeurs de
pK, il possède donc au moins 2 zones de pouvoir tampon optimal. Seule l’histidine dont le pK
de la chaîne latérale est de 6,5 possède alors un pouvoir tampon notable dans le sang à pH =
7,4.
74
acide ou toute base, et l’analyse de ces courbes de titration peut renseigner sur la structure de
l’AA dosé.
Le pI est le pH à mi-chemin entre les valeurs des pKa situées de part et d’autre de l’état
isoélectrique. Pour un AA comme l’alanine, qui n’a que deux groupements dissociables (R-
COOH, pKa = 2,35 et R-NH3+, pKa = 9,69), son pI vaut :
75
anhydrides acides. Le groupement NH2 peut effectuer l’acylation, l’amidation et
l’estérification. Les groupements –OH et –SH effectuent l’oxydation et l’estérification.
5.2.4. Applications
Les acides aminés présentent des applications très variées, en particulier :
►La glutamine et l’histidine sont utilisées en pharmacie dans les traitements des affections
gastriques (ulcères) ; la citrulline et l’ornithine dans les affections hépatiques ;
►La 4-hydroxyisoleucine, acide aminé non conventionnel isolé à partir du fenugrec
(Trigonella foecum-graecum L.), stimule la sécrétion d’insuline uniquement lorsque la
concentration en glucose du milieu augmente : elle est capable de réguler la glycémie chez les
rats. Le mécanisme d’action de cette molécule antidiabétique est différent de celui des
sulfonylurées, seuls agents insulino-stimulants utilisés actuellement dans le traitement de cette
affection.
►La cystéine est employée en cosmétologie comme revitalisant de la peau et des cheveux ;
►La glycine est utilisée dans les aliments pour ses propriétés bactériostatiques, antioxydantes
et émulsifiantes ;
►Le monoglutamate de sodium (présent dans les champignons, blé, lait) est utilisé en
alimentation humaine comme exhausteur de goût pour atténuer les saveurs acides.
5.3. PEPTIDES
Il s’agit de l’association covalente de plusieurs AA. Ces combinaisons sont les plus souvent
linéaires. Les AA isolés ne peuvent former une protéine. C’est grâce à des enzymes
spécialisés que la cellule peut démarrer la biosynthèse des protéines. Ces dernières sont
fabriquées au niveau des ribosomes, suivant un plan inscrit dans l’ADN. Lorsque 2 AA sont
liés entre eux, on parle de dipeptide ; s’ils sont 3, de tripeptide. Une chaîne de 2 à 10 AA est
désignée comme un oligopeptide. Des chaînes moyennement longue de plus de 10 à 100 AA
sont appelées polypeptides.
76
5.3.1. Liaison peptidique
La liaison entre 2 AA à l’intérieur de la chaîne peptidique est appelée liaison peptidique
(Figure 5.8). Elle est formée par la réaction du groupement carboxyle d’un AA avec le
groupement aminé d’un autre AA avec libération d’une molécule d’eau. Comme le –OH du
groupement carboxyle est remplacé par le groupement –NH2, on décrit la liaison peptidique
comme une fonction amide (-CO-NH-)
La liaison peptidique (amide) n’est pas chargée, quel que soit le pH physiologique considéré.
La formation de peptides à partir d’acides aminés s’accompagne donc de la perte nette d’une
charge positive et d’une charge négative par liaison peptidique formée. Comme la situation
réelle est constamment intermédiaire entre les 2 formes limites, la liaison peptidique a les
caractéristiques d’une double liaison partielle. Cette situation a 3 conséquences :
- La distance entre les atomes de C et de N est plus petite que dans une liaison simple, mais
plus grande que dans une vraie double liaison ;
- les atomes qui participent à cette liaison (-CO-NH-) se trouvent dans un même plan avec
une disposition trans ;
- La libre rotation habituelle autour d’une simple liaison est perdue, ce qui a une grande
importance physiologique pour la conformation des protéines parce qu’il rend les structures
des protéines relativement rigides en vue de garder leurs formes pour bien fonctionner. La
mobilité qui existe pour les acides aminés libres entre le carbone α et les groupements –
COOH et –NH3+ est cependant retrouvée. Il y a en effet une rotation possible à 2 niveaux.
L’angle de rotation autour de la liaison Cα-CO (1er AA) est appelé angle psi (ψ), celui autour
de la liaison N-Cα (2ème AA) est appelé angle phi (Ф).
Les polypeptides sont cependant des molécules chargées à pH physiologique du fait de leurs
groupements carboxyles et amines terminaux et, les cas échéant, des groupements acides et
basiques des motifs R des chaînes latérales. Comme pour les AA, la charge nette sur un
peptide dépend du pH de son environnement et de la valeur du pKa des groupements
dissociables.
77
5.3.2. Nomenclature des peptides
Un peptide, de quelque longueur qu’il soit, a toujours à une extrémité un groupement aminé
libre et à l’autre un groupement carboxyle libre ; ces extrémités sont dites N- et C- terminales.
Le nom d’un peptide commence par l’AA en position N-terminale affecté du suffixe « -yl »,
puis le suivant, avec le même suffixe, jusqu’au dernier AA, à l’extrémité C-terminale, qui
garde son nom complet sans suffixe. Pour détailler la séquence d’une chaîne peptidique, on
utilise souvent les abréviations à 3 lettres ou à 1 lettre. Exemple : Alanyl-glycyl-valine = Ala-
Gly-Val = AGV (Figure 5.10). Le nombre et l’ordre d’AA d’un peptide constituent sa
structure primaire. Les AA présents dans un peptide sont appelés résidus aminoacyles.
78
Figure 5.12. Structure de l’insuline.
►Glucagon : c’est une hormone plus courte de 29 AA, synthétisée par les ilôts α de
Langérans du pancréas et a un effet hyperglycémiant, l’effet inverse de l’insuline. L’équilibre
entre les 2 hormones régule le taux de glucose sanguin,
►Glutathion : c’est un tripeptide (Glu-Cys-Gly) présent dans presque toutes les cellules et
lutte contre l’oxydation cellulaire, qui participe au repliement des protéines et au
métabolisme des xénobiotiques (produits chimiques se comportant comme des substances
toxiques ou des allergènes vis-à-vis de l’organisme). Dans la cellule, il lutte contre les
radicaux peroxydants tels que les hydroperoxydes (ROOH), hydroxydes radicalaires (OH°)
qui restent agressifs pour la cellule ; au niveau des globules rouges, il maintient l’ion fer sous
sa forme Fe2+ indispensable pour le bon fonctionnement de l’hémoglobine,
79
►Ocytocine : c’est une hormone de 9 AA produite par le lobe postérieur de l’hypophyse,
ayant pour effet notable la contraction de la paroi utérine et la production du lait par les
glandes mammaires. Elle présente une légère activité vasopressive (vasoconstriction). Son
analogue, la vasopressine (9 AA aussi) possède des activités vasopressive, antidiurétique et
une légère activité ocytocique.
5.4. PROTEINES
Les protéines sont des macromolécules constituées d’enchaînement d’α-L-aminoacides réunis
par des liaisons peptidiques. Ces macromolécules sont complexes du point de vue physique et
fonctionnel. Elles sont constituées de plus de 100 AA, sont les macromolécules les plus
abondantes dans la cellule et remplissent la plupart des travaux dans une cellule.
Elles produisent après hydrolyse, seulement des acides aminés et sont aussi classées sur base
de leur solubilité dans les différents solvants.
● Albumines
Les albumines (69 KDa) sont les principales protéines du plasma humain et représentent
environ 60% de toutes les protéines plasmatiques ; contribuent à la pression osmotique du
sang et servent aussi comme molécules de transport non spécifique des métabolites importants
qui sont moins solubles dans l'eau. Parmi les molécules transportées à travers le sang par les
albumines, on cite la bilirubine (un produit de la dégradation de l'hème de l'hémoglobine), le
Ca2+ et les acides gras (anions organiques). Environ 40% d’albumines se trouvent dans le
plasma et les 60% dans l’espace extracellulaire. Elles sont solubles dans l'eau, les acides
dilués et les bases et coagulent sous l’effet de la chaleur. Elles peuvent être précipité dans une
solution saline de concentration très élevée, processus appelé ’Relargage ou Salting out’. Les
80
albumines sont déficientes en glycine (Gly). L'exemple : Albumine du Sérum et Ovalbumine
(blanc d'œuf).
●Globulines
Les globulines sont insolubles ou solubles dans l'eau en petite quantité, mais leur solubilité
est grandement augmentée par l'addition de sels neutres tels que le chlorure de sodium. Les
α-globulines représentent environ 13% des protéines plasmatiques et incluent les
glycoprotéines, les lipoprotéines (high density lipoproteins : HDL, very low density
lipoproteins : VLDL), la céruloplasmine, la prothrombine. Les β-globulines représentent aussi
13% des protéines plasmatiques et incluent les lipoprotéines (low density lipoproteins : LDL),
la transférrine. Le fibrinogène (impliquée dans la coagulation du sang) comprend 7% des
protéines du plasma. Finalement, les γ-globulines, les immunoglobilines (IgA, IgD, IgE, IgG,
IgM) font les 11% restants des protéines plasmatiques. Ces protéines coagulent sous l'effet de
la chaleur. Elles sont déficientes en méthionine (Met). L'exemple : Globuline du sérum,
Myosine du muscle.
● Prolamines
Les Prolamines sont insolubles dans l'eau mais soluble dans une solution aqueuse d’alcool
(70-80%). Elles produisent beaucoup de prolines après hydrolyse. Elles sont déficientes en
lysine (Lys). L'exemple - Gliadine du blé et Zein du maïs.
● Glutélines
Les Glutélines sont insolubles dans l’eau et l’alcool absolu mais solubles dans les acides et les
bases dilués. Ce sont des protéines de la plante. L’exemple : Gluténine du blé.
● Histones
Histones sont de petites protéines basiques et stables et contiennent de grandes quantités d'
acides aminés basiques, histidine (His). Elles sont solubles dans l'eau, mais insoluble dans
l'hydroxyde d'ammonium. Elles ne sont pas facilement coagulées par la chaleur. Elles se
produisent dans la globine de l'hémoglobine et les nucléoprotéines.
● Protamines
Les Protamines sont les plus simples des protéines. Elles sont solubles dans l'eau et ne sont
pas coagulées par la chaleur. Elles sont de nature basique due à la présence de grandes
quantités d'arginine. Les Protamines sont trouvées en association avec l'acide nucléique dans
les cellules du sperme de certains poissons. La Tyrosine et le tryptophane sont habituellement
absents dans les protamines.
Ce sont des protéines simples combinées avec quelques substances non-protéiques connues
comme groupes prosthétiques. La nature de groupes prosthétiques est à la base de la sous-
classification des protéines conjuguées.
81
● Glycoprotéines
Ce sont des protéines qui possèdent des chaînes oligosaccharidiques (glycannes) liées de
façon covalente au squelette polypeptidique. Leur contenu en glucides représente de 1% à
plus de 85% de leur poids moléculaire contiennent de petites quantités d'hydrate de carbone,
habituellement moins de 4% de sucres aminés (hexosamine). On a estimé que 50% des
protéines des eucaryotes ont des sucres qui leur sont attachés, de sorte que la glycosylation
(attachement enzymatique de sucres) est la modification post-traductionnelle la plus fréquente
des protéines. L’attachement non enzymatique de sucres aux protéines peut aussi avoir lieu,
on l’appelle glycation.
●Lipoprotéines
Ce sont des protéines conjuguées avec les lipides tels que les graisses neutres, les
phospholipides et le cholestérol.
● Nucléoprotéines
Ce sont des protéines basiques simples (protamines ou histones) combinées avec les acides
nucléiques comme groupe prosthétique. Ce sont des composants important du noyau et de la
chromatine.
● Phosphoprotéines
Ce sont des protéines contenant de l’acide phosphorique lié au groupe hydroxyle de certains
acides aminés comme la sérine (Ser). L’exemple de la Caséine du lait.
● Chromoprotéines
Ce sont des protéines contenant des groupes prosthétiques colorés. L’exemple de
l’hémoglobine, la flavoprotéine et le cytochrome.
● Métalloprotéines
Ce sont des protéines liées aux métaux. Une β-globuline appelée la transferrine est capable
de se combiner avec le fer, le cuivre et le zinc. Cette protéine constitue approximativement
3% des protéines du plasma. Un autre exemple est la Céruloplasmine, une protéine qui
transporte le cuivre.
82
les minéraux et les autres composants cellulaires sont organisés autour des protéines
structurelles qui forment la structure moléculaire de matière vivante.
►Protéines du Transport
Quelques protéines sont capables d'attacher et transporter des types spécifiques de molécules
à travers sang. L'hémoglobine est une protéine conjuguée qui a la capacité de se lier avec
l'oxygène et de le transporter à travers sang à plusieurs tissus. La myoglobine, une protéine
apparentée, transporte l'oxygène dans le muscle. Les lipides se lient aux protéines du sérum,
principalement, l'albumine et sont transportés comme lipoprotéines dans le sang.
►Protéines de Stockage
Une classe majeure de protéines qui ont la fonction de l'approvisionnement en éléments
nutritifs et matériaux de construction pour les tissus croissants. Les protéines du stockage sont
une source d'acides aminés essentiels qui ne peuvent pas être synthétisés par les êtres
humains. L'exemple de globulines, prolamines dans les céréales, glutélines dans le riz,
albumine et caséine dans le lait.
►Protéines contractiles
Les protéines comme l’actine et la myosine fonctionnent comme éléments essentiels dans le
système de contraction du muscle squelettique.
84
(b)
(a)
Les α-kératines (qui forment la couverture de cheveux, sabots et fourrure de la plupart des
animaux de la terre), la myosine (une des protéines majeures du muscle) sont des protéines
fibreuses qui contiennent des nombres considérables d' α-hélices. Dans certaines protéines, 2
ou plusieurs hélices s’enroulent l’une sur l’autre pour former une superstructure plus
résistante. Cette propriété s’applique très efficacement dans les protéines fibreuses de la peau
et du muscle pour remplir leurs fonctions de support mécanique et de contraction musculaire.
Le collagène (protéine la plus abondante du corps humain, représente environ un tiers du
contenu protéique total) est fait d’une triple hélice. Il fournit la force mécanique à l'os, tendon,
peau, et vaisseaux sanguins. Chaque 3 AA du collagène est la glycine, importante à la triple
hélice, contient aussi 2 AA inhabituels : 4-hydroxyproline et 5-hydroxylysine qui forment des
liaisons covalentes entre molécules adjacentes et peuvent aussi participer à la formation des
liaisons hydrogène pour fortifier la structure.
85
5.4.2.3. Autres structures secondaires
Une série d’autres structures secondaires ont été décrites, pour certaines assez compliquées et
relativement rares :
► Boucle
Les régions en boucle contiennent un nombre de résidus supérieur à celui strictement
nécessaire à la connexion entre régions successives de la structure secondaire. Leur
conformation est irrégulière et stabilisée par des liaisons hydrogène, des ponts salins et des
interactions hydrophobes avec d’autres parties de la protéine. Les boucles peuvent avoir des
rôles clés du point de vue biologique. Dans beaucoup d’enzymes, les boucles reliant les
domaines assurant la fixation des substrats contiennent souvent des résidus aminoacyles qui
participent à la catalyse.
► Pelote statistique
Il existe des régions de la protéine qui n’adopte aucune conformation particulière ; on parle de
pelote statistique. Les valeurs des angles Ф et ψ ne sont pas répétitives, et on ne trouve pas de
liaisons hydrogène pour les stabiliser.
86
Figure 5.16. Interactions entre les résidus d’acides aminés dans une chaîne polypeptidique.
(1) interactions électrostatiques ; (2) liaisons hydrogène ; (3) interactions hydrophobes ; (4) liaisons disulfures.
● Les liaisons hydrogènes s’établissent entre les atomes de la liaison peptidique et aussi entre
les chaînes latérales,
●Les liaisons ioniques (ponts salins) entre les chaînes latérales de charge opposée des acides
aminés. Il s’agit des liaisons faibles ou liaisons non covalentes,
● Les ponts disulfures (entre 2 groupements –SH de 2 cystéines) intra et interprotéine ;
jouent un rôle particulier. Il s’agit donc d’une liaison covalente,
● Les interactions hydrophobes (regroupement des chaînes latérales d’AA vers l’intérieur de
la molécule de façon à avoir le moins de contact possible avec l’eau environnante)
s’observent, mais seulement dans des protéines plus complexes. Les groupements hydrophiles
se situent au contraire vers l’extérieur au contact avec de l’eau. Une enveloppe hydratée se
forme autour de la protéine et maintient la structure tertiaire.
87
5.4.3. Dénaturation
La dénaturation : C’est un phénomène physico-chimique se traduisant par une modification,
plus ou moins importante, de la structure native tridimensionnelle d’une protéine (ou de tout
autre macromolécule), par rupture de certaines liaisons faibles responsables des structures
secondaires et tertiaire. La protéine est dépliée et perd alors sa fonction biologique, laquelle
est étroitement liée à la structure tertiaire mais sa structure primaire, donc la séquence des AA
demeure généralement intacte.
Une protéine peut être dénaturée par la chaleur, des pH extrêmes, l’urée, l’alcool et d’autres
solvants. Certaines protéines reprennent leur structure native spontanément si l’agent
dénaturant est enlevé. Ceci est désigné alors comme une renaturation. Dans le milieu
gastrique, les protéines ingérées sont dénaturées et dépliées, et les protéases (enzymes coupant
les protéines) peuvent les fixer plus facilement et les dégrader. De nombreux protons de
l’estomac (à cause du pH acide) vont protonés les chaînes latérales des AA des protéines. Les
protéines chargées (positivement) se repoussent, restent en solution, sont entourées d’eau et
ne se repoussent pas. Une protéine dénaturée peut malgré tout demeurer en solution, comme
celles dénaturées dans le suc gastrique. La Figure 5.17 montre des protéines qui se dénaturent
et coagulent sous l’effet de la chaleur.
La 1ère phase d’extraction des protéines à partir d’un matériau peut se faire par différentes
méthodes dont les plus courantes sont reprises ci-dessous. Le but est de détruire les structures
cellulaires qui emprisonnent ces protéines :
►Lyse cellulaire : en mettant les cellules dans une solution hypotonique, permettant à l’eau
d’entrer dans la cellule, la fait gonfler jusqu’à ce que les membranes se rompent et libèrent
leur contenu dans le milieu ;
►Broyage : divers dispositifs sont utilisés pour broyer le matériel biologique (mortier, mixer,
homogénéiseur de Potter manuel ou motorisé) ;
88
►Congélation-décongélation : des cycles de congélation (en présence de l’azote liquide) et
de décongélation répétées brisent les membranes cellulaires ;
►Traitement aux ultrasons : les ondes ultrasoniques causées par un générateur brisent les
cellules et en libèrent le contenu…
Quelle que soit la méthode d’extraction utilisée, la solution protéique doit être maintenue dans
un tampon dont les caractéristiques sont compatibles avec la stabilité des protéines (pH, force
ionique, sels, antioxydants…).
●Pour éliminer les protéines d’un échantillon, on peut utiliser la précipitation acide, par
exemple par l’acide perchlorique (HClO4) ou l’acide trifluoroacétique (TCA, CF3COOH à
10%) ou encore l’acétone à froid, l’insoluble étant éliminé par centrifugation (culot). Si, à
l’inverse, on veut garder les protéines, on utilise une précipitation plus douce et non
dénaturante.
●Précipitation par les sels neutres et autres composés : la plupart des protéines, et en
particulier du plasma et du cytosol, sont solubles en milieu aqueux et pour des concentrations
salines proches du NaCl 0,15 M. Au-delà d’une certaine concentration de sels [par exemple le
(NH4)2SO4 0,5-3M], ou en présence des polymères hydrophiles (polyéthylène glycol ou PEG :
HO-CH2-CH2[O-CH2CH2]nOH) ou encore des solvants organiques miscibles à l’eau
(éthanol), la solubilité diminue et les protéines peuvent précipiter sans se dénaturer. Après
centrifugation et dessalage, les protéines précipitées se dissolvent et retrouvent leurs
fonctions ;
89
5.4.5.2. Filtration et ultrafiltration
Principes : ►La filtration est l’opération qui consiste à séparer les particules solides qui se
trouvent en suspension dans un liquide. Dans ce but, la suspension à filtrer est versée sur un
filtre qui laisse passer le liquide mais retient les matières solides. Le liquide recueilli après
filtration est appelé filtrat, le solide déposé sur le milieu filtrant est appelé gâteau. Le milieu
filtrant est composé de papier ou d’une matière granulaire qui forme des canaux étroits dans
lesquels circule le liquide (par exemple, verre fritté).
Quand un récipient de sang est centrifugé (tourné à grande vitesse), tous les éléments figurés
du sang se déposent au fond du récipient. On les sépare ainsi du plasma qui est moins dense.
Les éléments figurés peuvent ensuite être séparés et utilisés dans des buts spécifiques, comme
90
avec des concentrés de globules rouges ou des plaquettes uniquement. On peut administrer
du plasma seul dans les secours en urgence pour compenser des pertes volémiques et
prévenir une insuffisance circulatoire. Ces solutions sont également administrées en cas de
carence en protéines plasmatiques. Elles augmentent la pression osmotique du sang, donc
attirent du liquide en retour dans la circulation.
5.4.5.4. Dialyse
La dialyse permet de séparer des substances (protéines, ADN, polymères synthétiques,
molécules biologiques de petites tailles) en utilisant leur capacité respective à franchir les
pores d’une membrane semi-perméable appelée membrane de dialyse ou boudin (cylindre
allongé qu’il faut fermer aux 2 extrémités) (Figure 5.18a). Les molécules qui peuvent
traverser la membrane se déplacent d’une zone de forte concentration vers une zone de
concentration moindre.
(a) (b)
Figure 5.18. (a) Schéma général d’une dialyse et (b) système d’hémodialyse.
Quand la fonction rénale est défaillante, on peut atténuer l’accumulation d’urée et d’autres
déchets azotés en faisant passer le sang du patient dans une machine à dialyse (Figure 5.18b).
Lorsqu'on applique une tension continue entre les extrémités d’une plaque d’acétate de
cellulose (électrophorèse horizontale, Figure 5.18a) ou d'un gel d’agarose (polymère de
galactose), de gel d’acrylamide (CH2=CH-CONH2) (électrophorèse verticale, Figure 5.18b)
où a été déposé le mélange complexe de protéines, les protéines migrent le long de la plaque
ou au travers des mailles constituant le gel (les mailles du gel retiendront moins les petites
molécules qui auront alors la migration la plus grande. Les molécules les plus longues seront
d'autant plus retenues entre les mailles du gel et auront une migration relative plus faible).
Ceci permet au bout d’un certain temps de séparer des groupes de protéines. Les bandes de
protéines séparées sont colorées (à l’aide du révélateur rouge ponceau) et l’intensité de leur
coloration enregistrée.
91
L’électrophorèse est employée en protéomique ainsi qu'en médecine.
(b)
(a)
Solution tampon
Figure 5.18. Schéma (a) Electrophorèse horizontale et (b) Séparation des protéines par
électrophorèse verticale et Profil de l’intensité des bandes de protéines séparées.
La séparation des protéines est encore effectuée aujourd’hui en routine dans les laboratoires
de biologie clinique car elle permet d’avoir une idée d’ensemble de l’état des protéines
plasmatiques.
Par exemple
Electrophorèse horizontale : Séparation des hémoglobines A et S. Le révélateur est le
rouge ponceau ;
Electrophorèse verticale : lors d'une cirrhose hépatique, on observe une diminution
d’albumine, de α1et α2-globulines tandis qu’en cas de syndrome néphrotique, on
observe une diminution d’albumine et une augmentation de α1, α2 et β-globulines.
92
5.4.5.3. Filtration sur gel
Le principe de cette méthode est le fractionnement des protéines en fonction de leur taille et
de leur conformation. La phase stationnaire est faite de particules ou de billes d’un matériel
réticulé dont les pores sont de taille moyenne, homogène et déterminée. Les molécules dont la
taille leur permet de diffuser dans les pores sont retardées par leur trajet dans la matrice
réticulée. Les protéines trop volumineuses pour pénétrer dans les polymères en sont exclues et
éluées plus rapidement. Les supports les plus courants pour la chromatographie sur gel sont le
dextrane (polymère de dextroses ou glucoses liés en α1-6 avec des ramification en α1-2, 1-3
et 1-4 (Sephadex), l’agarose et le polyacrylamide, dont les degrés de réticulation sont tels
qu’ils permettent le fractionnement de protéines par intervalles sélectifs de masses
moléculaires. Ces supports ont été spécialement étudiés pour minimiser leurs interactions
avec les macromolécules et en particulier les protéines. La Figure 5.19 montre le principe de
filtration sur gel et un exemple de séparation des protéines sur gel de Sephadex.
Ve/Vo
3
2
(2)
(1)
1
Figure 5.19. Principe de filtration sur gel (1) et Exemple de séparation des protéines
sur gel de Sephadex (2). V0 : volume mort, volume de l’enceinte chromatographique
duquel est soustrait le volume du support solide ; Ve : volume d’élution, volume de la
phase mobile requis pour faire passer le soluté du front de la colonne à la sortie.
93
5.4.6.2. Méthode de LOWRY
Elle est plus sensible que celle de biuret. Elle mesure le nombre de liaisons peptidiques mais
aussi celui des AA aromatiques (Tyr, Trp) à l’aide du réactif de Folin-Ciocalteu, composé
d’acide phospho-molybdo-tungstique. L’absorbance de la coloration bleue intense s’étend de
590 à 800 nm avec un maximum à 750 nm et est proportionnelle à la concentration en
protéines entre 10 et 1000 g/L.
La séparation des chaînes polypeptidiques reliées par des ponts disulfures (S-S) (cas de
l’insuline) peut être faite par oxydation à l’aide de l’acide performique (HCOOOH), on
obtiendra des sulfonates ou par réduction à l’aide du mercaptoéthanol (HSCH2CH2OH) et on
obtiendra des sulfhydryles. Pour éviter toute réduction ultérieure, les résidus cystéinyles sont
alkylés par l’iodoacétate (ICH2COO) et transformés en carboxyméthylcystéine (Figure 5.20).
La mesure indépendante du nombre de résidus cystéinyles permettra, par différence, de
déterminer le nombre de ponts disulfures.
2 H-COOOH
…NH-CH-CO… 2 …NH-CH-CO…
S SO3‾
S 2 ICH2COO‾
…NH-CH-CO..… 2 …NH-CH-CO… 2 …NH-CH-CO…
2 HS-CH2CH2OH SH S-CH2COO‾
Figure 5.20. Clivage et blocage des ponts disulfures.
94
5.4.7.2. Composition en acides aminés
Hydrolyse acide
La méthode la plus quantitative est l’hydrolyse (d’un peptide ou d’une protéine) sous HCl 6N,
dans une enceinte dépourvue d’oxygène (scellée sous vide), à 110°C pendant 10 à 100 h. Ce
dernier délai permet l’hydrolyse complète des AA aliphatiques Val, Leu, Ile. Le Trp est
détruit par ce procédé ; Asn et Gln sont transformés en Asp et Glu.
Hydrolyse basique
L’hydrolyse alcaline (NaOH 2 à 4 N à 100°C, 4 à 8 h) permettra la détermination du contenu
en Trp. Les AA libres des hydrolysats sont séparés et soumis à des chromatographies
automatisées, avec détermination quantitative. L’hydrolyse totale alcaline détruit les acides
aminés Cys, Ser et Thr.
L’hydrolyse totale acide détruisant moins d’acides aminés, elle est en conséquence la méthode
d’hydrolyse la plus utilisée. L’hydrolyse basique permet la détermination du contenu en Trp.
95
Figure 5.22. Réaction de
Sanger.
►La 3ème méthode utilise le réactif d’Edman, le phénylisothiocyanate (PITC) qui est aussi
bien adaptée à l’identification du résidu N-terminal. Le peptide est mis en présence, en milieu
basique, avec le PITC. La réaction forme des composés phénylthiocarbonyles (PTC). Le
dérivé PTC est traité par l’acide trifluoroacétique (TFA : CF3COOH) qui coupe le résidu N-
terminal sous la forme de thiazolinone, en laissant intact le reste de la séquence (Figure 5.23).
La thiazolinone est extraite par un solvant organique et convertie en dérivé
phénylthioidantoïne (PTH) par traitement acide. Le dérivé PTH de l’acide aminé est analysé
par Chromatographie Liquide à Haute performance (HPLC).
Le grand avantage de la méthode d’Edman est que la chaîne peptidique reste intacte et peut
être récupérée et soumise à nouveau au traitement avec le PITC.
Les méthodes enzymatiques recourent aux aminopeptidases, qui sont des exopeptidases
excrétées par les cellules de la muqueuse intestinale et qui libèrent les AA de l’extrémité N-
terminale.
96
5.4.7.5. Hydrolyse sélective de la chaîne peptidique
Les protéines ou peptides dont les ponts S-S ont été coupés est soumis à différents modes
d’hydrolyse chimique, par le bromure de cyanogène (Br-C=N) par exemple qui coupe la
chaîne au niveau des résidus méthionyles ou enzymatique (trypsine, chymotrypsine,
subtilisine…). Grâce à leur spécificité, certaines protéases sectionnent les liaisons peptidiques
en des points très précis :
La trypsine : endopeptidase, attaque le peptide au niveau CO de Arg ou de Lys, sauf si
Pro est à droite ;
La pepsine : endopeptidase, attaque le peptide au niveau NH de Phe, Tyr et Trp, sauf
si Pro est à gauche ;
La chymotrypsine : endopeptidase, libère les résidus aromatiques (Phe, Tyr et Trp),
ainsi que la Leu du côté CO, sauf si Pro est à droite ;
La thermolysine : endopeptidase, attaque le peptide au niveau NH de Leu, Ile et Val,
sauf si Pro est à gauche ;
La subtilisine et la pronase n’ont aucune spécificité et attaque le peptide au hasard.
Trypsine
Ala-Phe-Lys-Asp-Met-Cys-Glu-Arg-Leu-Pro-Met-Ser-Glu
BrCN
La séquence des fragments peptidiques individuels est déterminée en établissant l’ordre dans
lequel ils étaient connectés dans la cha
97