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SUJET : LES EXCEPTIONS À LA RÈGLE DE LA SÉPARATION

DES ORDONNATEURS ET DES COMPTABLES


La comptabilité publique fixe les règles fondamentales régissant l’exécution des budgets
publics, le contrôle des opérations financières ainsi que la gestion des deniers, valeurs et biens
appartenant ou confiés à l’État. Elle est gouvernée par la règle de la séparation des ordonnateurs et
des comptables. Toutefois, cette règle connaît plusieurs exceptions. C'est tout le sens de notre sujet,
les exceptions à la règle de la séparation des ordonnateurs et des comptables.

Les opérations relatives à l’exécution du budget de l’État et des budgets des autres
organismes publics et à la gestion de leurs biens font intervenir deux catégories d’agents : les
ordonnateurs et les comptables publics ( article 14 décret 2020-978 portant règlement sur la
comptabilité publique ). Est ordonnateur, toute personne ayant qualité de prescrire, au nom de
l’État et des autres organismes publics, l’exécution des recettes et ou des dépenses inscrites au
budget ( article 17 décret 2020-978 ). Quant aux comptables publics, ils sont des agents publics ayant
la charge exclusive de manier les fonds et de tenir les comptes de l’État ou d'un organisme public (
article 24 décret 2020-978 ).

La règle de la séparation des ordonnateurs et des comptables interdit le cumul de fonctions.


Alors elle méritait d’être passée en revue notamment ses fondements et ses implications. Toutefois
nous allons dans notre analyse attaquer les exceptions à la règle, objet de notre sujet.

Dès lors la question qui mérite d’être posée est de savoir quelles sont les exceptions
attachées à la règle de la séparation des ordonnateurs et des comptables ?

L'étude de ce sujet renferme un intérêt pratique très important dans la mesure où on se


demande si cette veille règle cardinale du droit public n'est pas vouée à la disparition du fait des
exceptions qui atténuent sa rigueur.

La séparation des ordonnateurs et des comptables renferment plusieurs exceptions sous


forme de procédures abrégées d’exécution des dépenses et des recettes. Ces exceptions sont
conçues pour des raisons techniques. Dans certaines hypothèses, respecter la règle de
l'incompatibilité est quasi impossible. À ce titre le cumul de fonctions est admis au profit de
l'ordonnateur ( I ) et au profit du comptable ( II ).

I : LE CUMUL DE FONCTIONS AU PROFIT DE


L'ORDONNATEUR
Ce cumul existe aussi bien en matière de recettes ( A ) qu’en matière de dépenses ( B ).

A : EN MATIÈRE DE RECETTES
En matière de recettes, il s’agit essentiellement des impôts indirects qui obéissent à la règle
des droits au comptant. C'est la même administration qui procède au travail, qui recouvre après
liquidation les impôts. On peut citer les impôts recouvrés par la Direction Générale des Impôts et des
Domaines ( DGID ) et par la Direction Générale des Douanes ( DGD ).
Par ailleurs depuis 2009, l'administration fiscale a désormais compétence pour recouvrer
tous les impôts ( directs et indirects ) à l’exception des impôts recouvrés pour le compte des
collectivités territoriales et des droits de publicité foncière.

Ce cumul existe également en matière de dépenses.

B : EN MATIÈRE DE DÉPENSES
En matière de dépenses, on peut citer les régies d'avance et les fonds spéciaux.

Les régies d’avance sont prévues par l'article 30 du décret 2020-978. Les régisseurs d’avance
sont autorisés à payer des dépenses pour le compte et sous le contrôle des comptables publics. Dans
le cadre d'une régie d'avance, l’ordonnateur empiète sur la fonction du comptable dans la mesure où
un administrateur cumule la fonction d'ordonnateur et celle de comptable. La régie est utilisé pour
des menus dépenses et pour accélérer leur paiement. Exemple : rémunération des personnels payés
sur une base horaire, frais de transport.

Les fonds spéciaux peuvent être définis comme des crédits dont la disposition appartient de
façon discrétionnaire à certains ordonnateurs. Leur nature de fonds destinés à financer des
opérations réputées discrètes fait qu’ils sont placés sous le contrôle de l'ordonnateur et gérés
discrétionnairement.

D'autres exceptions à la règle sont instituées au profit du comptable.

II : LE CUMUL DE FONCTIONS AU PROFIT DU COMPTABLE


Ce cumul est visible en matière de recettes ( A ) et en matière de dépenses ( B ).

A : EN MATIÈRE DE RECETTES
Les régies de recette constituent un bon exemple de cumul de fonctions au profit du
comptable en matière de recettes. Elles sont instituées ( par le décret 2003-657 relatif aux régies de
recettes et aux régies d'avance de l’État ) pour faciliter le recouvrement des recettes. Il s’agit, en
l’occurrence, de recettes perçues au comptant, dont le montant est minime et dont le recouvrement
est urgent. Toutefois, ne peuvent être encaissés par l'intermédiaire d’une régie, les produits des
impôts, taxes et redevances prévus, notamment, par le code général des impôts et le code des
douanes.

En général, les recettes qui sont perçues en régies proviennent de droits d’entrée ( par
exemple dans les musées ), de taxes perçues à l'occasion de la délivrance des documents officiels etc.

Qu'en est-il du cumul en matière de dépenses ?

B : EN MATIÈRE DE DÉPENSES
En principe, l'on ne peut procéder au paiement de la dépense sans liquidation et
ordonnancement. Toutefois, en vertu de l’article 89 du décret 2020-978, il existe des dépenses sans
liquidation. Il s’agit d’une part d'une avance qui constitue une dérogation à la règle du service fait.

D'autre part, nous avons les dépenses payables sans ordonnancement préalable.
L'expression « dépenses payable0s sans ordonnancement préalable » vise des catégories de
dépenses payées par les comptables publics selon cette procédure. Il s’agit de dépenses urgentes qui
peuvent être payées sans ordonnancement préalable, sous réserve d'un ordonnancement ultérieur.
Les dépenses concernées sont entre autres les dépenses immédiates résultant de situations
accidentelles, les dépenses urgentes dues à des catastrophes etc.

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