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Mémoire de fin d’études pour l’obtention

Du
Diplôme de Master

Droit des Affaires et Fiscalité

Sur le thème :

L’abus dans les contrats d’affaires

Soutenu publiquement le…………………….par Mme Hiba Kjiri

Stage effectué du 01/02/2022 au 30/05/2022

Nom de l’entreprise : Société Civile Professionnelle des Avocats Adnane et Fassi


Fihri

Membres du jury

Président : Monsieur Mzouri Amine

Encadrant : Madame Regragui Meriem

Suffragant :

Année Universitaire : 2021/2022


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Sommaire

Remerciements

Introduction

Partie 1 : Le champs de survenance des abus

Chapitre I : L’état des lieux de la législation

Section 1 : Le contrat de distribution

Section 2 : La législation protectrice des contrats d’affaires

Chapitre II : La manifestation des abus

Section 1 : L’abus dans le marché entre professionnels

Section 2 : Les clauses abusives entre professionnels

Partie 2 : La résolution des abus

Chapitre I : Le contrôle des comportements abusifs

Section 1 : Le contrôle institutionnel

Section 2 : Le contrôle judiciaire

Chapitre II : Différentes législations face aux abus entre professionnels

Section 1 : La législation française

Section 2 : La législation britannique

Conclusion

Table des matières

Bibliographie
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Remerciements

Avant toute chose, je souhaiterais vivement remercier Madame Regragui Meriem d’avoir
dirigé mon travail de recherches pour cette thèse, pour son précieux soutien, son dévouement,
sa patience et son exigence bienveillante. Puissent ces quelques lignes lui exprimer ma
reconnaissance profonde pour les efforts généreux qu’elle a fournis et grâce auxquels ce
travail a pu trouver son aboutissement.

Mes remerciements vont également à mon entourage pour leur soutien et leur aide, et ce
depuis le début de mon parcours académique.

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INTRODUCTION

« Le droit cesse où l’abus commence »1

Depuis la préhistoire, le commerce permet aux hommes de pouvoir se réunir, échanger mais
également de découvrir le monde à travers leurs échanges. Le commerce se qualifie comme
une activité économique qui désigne l’achat et la revente de biens et de services dans le but de
générer des bénéfices. Il désigne donc une relation entre professionnel et consommateur,
mais également entre deux professionnels.

Le terme « professionnel » se définit comme « toute personne physique ou morale, publique


ou privé, qui agit à des fins entrant dans le cadre de son activité commerciale, industrielle,
artisanale, libérale ou agricole, y compris lorsqu’elle agit au nom ou pour le compte d’un
autre professionnel »2. En effet, le professionnel doit intervenir pour son propre compte ou le
compte de son entreprise afin de développer l’activité économique de l’entreprise.

Les relations entre professionnels sont désignées aujourd’hui par l’expression business to
business (B2B) qui définit l’activité commerciale interentreprises. Ces relations sont bien
évidemment régies par des contrats d’affaires. Dans un premier temps, le contrat est un outil
qui facilite la créativité entrepreneuriale, de ce fait, il est considéré comme un avantage
indiscutable au droit des affaires. En effet, en obligeant les parties à suivre leurs propres
règles définies, les contrats permettent aux entreprises de développer leurs propres modèles de
production parfaitement adaptés à leurs besoins.

Dans un second temps, la notion de contrat d’affaires peine à trouver une définition claire et
précise. De ce fait, celle-ci est plutôt perçue comme un regroupement de différents droits qui
dépend des besoins des professionnels, à savoir, le droit de la concurrence, le droit de la
consommation ou encore le droit des procédures collectives, etc. Les contrats d’affaires ont un
rôle d’intermédiaire dans les relations entre professionnels en gérant la distribution des biens
1
Traité élémentaire de droit civil, Marcel Ferdinand Planiol. 1899
2
La notion de professionnel en droit de la consommation, Fabienne Darbin-Lange & Emily
Sauvalle.
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et des services. En effet, « la fonction de distribution assure ainsi une logique d’anticipation,
d’écoulement des stocks, de financement, de sélection des marchandises, de marchandisation
directe avec la clientèle, etc. »3. De ce fait, ces contrats d’affaires gèrent les relations business
to business à travers des contrats de distribution qui se définissent comme « l’accord par
lequel un distributeur commercialise les produits ou services d’un producteur ou d’un
fournisseur. Il pose le cadre légal de la relation commerciale entre fournisseur et
distributeur»4.

Par ailleurs, les contrats de distribution laissent un large champs d’action aux contractants.
L’intérêt de ce contrat est de pouvoir présenter plusieurs avantages aux fournisseurs ainsi
qu’aux distributeurs concernant la commercialisation des produits ou des services. En effet, le
fournisseur ou producteur se voit détaché de toutes les charges logistiques et administratives
tels que le dédouanement ou encore les expéditions ainsi que le stockage. Le distributeur
quant à lui profite de la notoriété des produits qui lui permettent de commercialiser
efficacement leurs produits.

De ce fait, le fournisseur ou le producteur et le distributeur doivent pouvoir trouver leurs


intérêts dans leur relation commerciale et ainsi créer le contrat de distribution qui se portera
garant pour chacune des parties. Pour cela, le contrat de distribution doit être établie sur une
base équitable qui va permettre aux cocontractants de sortir gagnant de ce partenariat et donc
de ne pas voir leurs intérêts lésés.

Malgré l’obligation de transparence et de loyauté qui incombe aux professionnels lors de la


rédaction de leurs contrats, il reste toujours des abus de la part de certains acteurs
économiques de mauvaise foi. L’abus désigne « l'usage excessif d'un droit ayant eu pour
conséquence l'atteinte aux droits d'autrui. Dans les textes juridiques relatifs aux relations du
droit privé et du droit public, on trouve cette acception dans des expressions telles que "abus
de droit", "abus de pouvoir", "abus de position dominante", "abus de biens sociaux" et "clause
abusive" ».5 Dans les relations entre professionnels, les abus sont considérés comme des
pratiques commerciales déloyales qui faussent ou empêchent le bon déroulement des affaires
3
Les contrats de distribution, Daniel Mainguy. 2016
4
Ce qu’il faut savoir sur le contrat de distribution, Maxime Wagner. 2022
5
Dictionnaire juridique, Serge Braudo.
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car elles empêchent la bonne concurrence sur le marché et créent donc des inégalités. De ce
fait, la législation marocaine a agrandi son arsenal juridique en faisant évoluer la loi 06-99 par
la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence en 2014, qui a permis d’étendre
les pouvoirs des autorités de la concurrence afin de bien pouvoir réguler le marché de la
concurrence.

Malheureusement, contrairement à la législation européenne, le législateur marocain n’a


toujours pas mis de dispositif visant à protéger les intérêts des professionnels comme il a pu le
faire avec les consommateurs à travers la loi 31-08 qui garantissent leurs droits. En effet, la
législation marocaine s’est contenté de sévir face aux abus des acteurs économiques en
renforçant les pouvoirs des autorités de contrôle de la concurrence.

Actuellement, il est constaté que le Maroc place la protection des professionnels en second
plan du fait qu’ils sont considérés comme des personnes physiques ou morales qui sont censés
avoir les connaissances requises leur permettant d’accéder au monde des affaires. Il serait
donc intéressant de voir quel est l’impact de la liberté contractuelle dans un contrat
d’affaires ?

Afin de répondre à cette question, nous allons analyser le champ de survenance des abus
présent dans les relations entre professionnels, pour par la suite voir comment ces abus sont
résolus par les autorités compétentes marocaines. Et enfin, nous procéderons à une analyse et
une comparaison de la législation marocaine face à ces abus avec la législation française et
britannique.

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Partie 1 : Le champs de survenance des abus

Pour définir un contrat d’affaires, il est essentiel de comprendre qu’un contrat d’affaires
s’établit entre deux ou plusieurs professionnels c’est-à-dire entre un fournisseur ou producteur
et un distributeur. De ce fait, les contrats les plus utilisés entre les professionnels sont les
contrats de distribution.

Chapitre 1 : L’état des lieux de la législation

Au Maroc, le contrat de distribution définit le cadre juridique qui lie les fournisseurs et les
distributeurs. En effet, l’intérêt de ce contrat est de créer un partenariat par lequel un
distributeur commercialise les produits ou services d’un producteur ou d’un fournisseur. Ce
contrat laisse une libre négociation aux parties car il peut prendre plusieurs formes juridiques
grâce a son champs d’action large. De ce fait, la législation marocaine met en place des
autorités compétentes afin d’assurer une bonne concurrence sur le marché entre
professionnels.

Section 1 : Le contrat de distribution

En matière de distribution, il existe différents réseaux dont les modalités sont tellement
fréquentes que de nos jours les pratiques ont été classifiées et nommées selon une certaine
typologie. En effet, les distributeurs et les fournisseurs ont accès a trois principaux
contrats très encadrés sur le plan juridique, à savoir, le contrat de concession exclusive, le
contrat de franchise et le contrat de distribution sélective.

Dans un premier temps, le contrat de concession exclusive ou aussi nommé contrat de


distribution exclusive, se définit par un engagement du fournisseur envers le distributeur à ne
commercialiser ses produits qu’auprès de celui-ci, dans un territoire ou un périmètre
déterminé. De ce fait, le fournisseur se voit le droit d’imposer ses conditions de revente au
distributeur.

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Dans un second temps, le contrat de franchise quant-à-lui s’explique d’un point de vue
juridique comme un contrat entre un franchiseur qui octroie au franchisé le droit de
commercialiser sa marque, son enseigne et son savoir-faire en contrepartie d’une
rémunération.

Dans un troisième temps, on utilise le contrat de distribution sélective dans le cas ou le


fournisseur affirme au distributeur le droit de vendre des produits ou services. Il s’agit alors
d’empêcher les autres distributeurs non agrées par le fournisseur de faire de même.

Ces trois principaux contrats ont pour objectif de garantir la sécurité juridique tant des
fournisseurs, des marques, des grandes enseignes que des distributeurs, en assurant les droits
de chaque partie et en fixant certaines limites. En effet, il est donc primordial que le contrat
représente clairement la volonté de chaque partie sans qu’aucune d’entre elles ne soit
désavantagée.

Le contrat de distribution se définit donc comme un garant pour chacune des parties afin de
préserver la relation commerciale entre fournisseur et distributeur grâce à son contenu et ses
clauses. De ce fait, il se voit réglementé par de nombreuses juridictions commerciales,
nationales et internationales, malgré la liberté contractuelle attribuée aux parties. En effet,
parmi les normes à respecter par les parties, nous avons la concurrence, la mise sur le marché,
le statut du distributeur, les délais de paiement ou encore les responsabilités qui incombent à
chacun des cocontractants vis-à-vis du produit… L’absence à une de ces dispositions expose
les professionnels à un risque de sanction.

Ainsi, les réseaux de distribution doivent se soumettre à un certain nombre de normes issues
de sources juridiques afin d’éviter des déséquilibres dû à l’interdépendance entre les parties.
De plus, le législateur marocain n’a pas mis en place une réglementation spéciale pour ce type
de contrat. En effet, la législation marocaine souffre d’un manque de lois visant à protéger les
intérêts des professionnels.

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Le Dahir des Obligations et des Contrats s’engage à protéger les intérêts du circuit de
distribution en se concentrant sur la liberté des prix et de la concurrence et sur la protection du
consommateur en oubliant les intérêts personnels des professionnels.
Dans un premier temps, le DOC « a pour objet de définir les dispositions régissant la liberté
des prix et d’organiser la libre concurrence. Elle définit les règles de protection de la
concurrence afin de stimuler l’efficience économique et d’améliorer le bien-être des
consommateurs. Elle vise également à assurer la transparence et la loyauté dans les relations
commerciales »6. En effet, la liberté des prix et de la concurrence se préoccupe plus de la
protection du consommateur ainsi qu’au bon déroulement du marché économique. De plus, la
loi n°06-99 relative à la liberté des prix et de la concurrence s’est vue évoluer en 2014 lorsque
la loi 104-12 a été voté. En effet, celle-ci a pour objectif de préserver les acquis de la loi n°06-
99 et compléter les lacunes auxquelles elle a pu faire face. De ce fait, cette loi a ajouté
plusieurs prérogatives et donne au conseil de la concurrence un pouvoir décisionnel en
matière de concentrations et de pratiques anticoncurrentielles, en sachant que le conseil de
concurrence n’avait qu’un pouvoir consultatif avant la promulgation de cette loi.

De ce fait, la loi n°104-12 est un réel progrès pour le Maroc car elle donne un appui
incontestable au bon déroulement du monde des affaires et encourage le développement des
investissements directs à l’étranger. Mais cette loi souffre encore de lacunes du fait qu’il n’y
ait pas de loi visant directement les intérêts personnels des professionnels.

Par ailleurs, le législateur marocain s’est montré protecteur envers les consommateurs en
édictant la loi n°31-08 qui vise à compléter le dispositif juridique existant de protection du
consommateur afin de leur garantir une meilleure information, les protéger contre les clauses
abusives ainsi que certaines pratiques commerciales déloyales. En effet, la loi n°31-08
« constitue un cadre complémentaire du système juridique en matière de protection du
consommateur, à travers laquelle sont renforcés ses droits fondamentaux, notamment : le droit
à l’information, le droit à la protection de ses droits économiques, le droit à la représentation,
le droit à la rétractation, le droit au choix et le droit à l’écoute »7. Le législateur a également

6
Préambule Loi n°06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence 2000
7
Préambule loi n°31-08 édictant des mesures de protection du consommateur 2011
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attribué aux associations de consommateurs le droit d’initier un procès en représentant les
intérêts collectifs des consommateurs.

Ainsi, il a donc été établir que le législateur marocain accorde de l’importance au bon
déroulement du marché économique mais également à la protection des consommateurs. Il
cherche à attirer l’attention des sociétés sur les bonnes pratiques à adopter mais également à
informer les consommateurs de leur droit. Mais celui-ci n’octroie pas le même intérêt pour les
professionnels. En effet, les dispositions du code de la consommation relative à la protection
des consommateurs contre les clauses abusives ne s’appliquent pas aux contrats conclus entre
professionnels. De plus, le droit de la concurrence quant à lui cherche à développer les
relations économiques du pays sans intégrer clairement les intérêts des professionnels. Il a
donc été observé que le Maroc souffre d’une insuffisance de la loi vis-à-vis de la protection
des professionnels.

Malgré l’absence de lois constatée visant directement la protection des professionnels, le


législateur marocain a mis en place des pratiques anticoncurrentielles ainsi que des pratiques
restrictives afin d’assurer le bon déroulement du marché marocain. Pour pouvoir réguler ces
pratiques, la loi 104-12 accrut les pouvoirs du Conseil de la Concurrence en lui accordant un
pouvoir décisionnel, un pouvoir d’enquête et un pouvoir de sanction.

Section 2 : La législation protectrice des contrats d’affaires

En général, le droit de la distribution exige une connaissance préalable du droit des contrats.
Les réseaux de distribution sont réglementés par un ensemble de règles issues de différentes
sources juridiques. Ces dernières donnent lieu à plusieurs réglementations pour pouvoir
assurer le bon déroulement des affaires. En effet, le droit de la distribution se base sur deux
types de réglementation du droit de la concurrence, à savoir, les pratiques restrictives de la
concurrence ainsi que les pratiques anticoncurrentielles.

Dans un premier temps, les pratiques restrictives de la concurrence ont pour objectif
d’imposer une réglementation obligatoire pour les rapports entre commerciaux mais

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également de protéger la partie contractante faible à travers le principe de la transparence
commerciale ainsi que le stockage clandestin.

La transparence commerciale est un outil indispensable à la bonne négociation d’un contrat.


Elle permet d’éviter les fraudes mais aussi de protéger les intérêts de l’état surtout en ce qui
concerne les impôts. En effet, elle consiste en l’établissement des factures entre commerçants,
l’obligation pour le professionnel de communiquer le barème des prix à n’importe quelle
personne qui le demande, ainsi que d’éviter certaines pratiques illégales telles que la vente
liée, le refus de vente ou encore les prix discriminatoires. (Art 58-59-60-61 Loi n°104-12)

La notion de stockage clandestin est connu économiquement parlant en tant que spéculation
commerciale. Elle se définit comme toute personne physique ou morale qui stocke une
quantité importante de produits afin d’attendre que l’offre diminue, pour ainsi voir le prix du
produit augmenter, et donc de pouvoir la revendre et en tirer une plus value. Cet acte devient
illicite du moment où la marchandise devient dissimulée aux autorités et aux commerçants.
Cela constitue donc une preuve de mauvaise foi ainsi que le caractère illégitime de la
spéculation. (Art 62 Loi n°104-12)

Ces pratiques restrictives de la concurrence sont appliquées afin d’apporter un équilibre entre
les cocontractants en interdisant la rupture brutale d’une relation commerciale établie,
l’obtention d’un avantage sans contrepartie ou disproportionné, l’imposition d’un prix de
revente au cocontractant ou encore l’imposition d’un déséquilibre significatif à son partenaire.

Dans un second temps, les pratiques anticoncurrentielles ont pour objectif de promouvoir une
concurrence saine sur le marché en définissant les abus auxquels les acteurs économiques
peuvent être confrontés. Ces pratiques sont interdites car elles sont contre-productives du
moment où elles empêchent la concurrence d’être effective et sont donc contraires au
développement de l’activité économique.

Le législateur va soit interdire soit contrôler certaines pratiques anticoncurrentielles pour


éviter les abus. Il y a donc différentes modalités de pratiques anticoncurrentielles à savoir, les

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ententes illicites, l’abus de position dominante, l’abus de dépendance économique mais
également la concentration économique abusive.

L’ordre de ces pratiques anticoncurrentielles sur le marché doit être effectué par l’autorité de
la concurrence. Au Maroc, cette autorité correspond au Conseil de la Concurrence. C’est une
institution constitutionnelle qui dispose de pouvoirs très étendus pour enquêter, poursuivre et
sanctionner les pratiques anticoncurrentiels. En effet, le Conseil de la Concurrence dispose
d’un corps de rapporteurs et d’enquêteurs habilités à procéder à toutes les investigations
nécessaires afin d’instruire les affaires. Par ailleurs, le président du Conseil de la Concurrence
peut demander à l’administration de procéder à toute enquête qu’il juge util.

Le Conseil de la Concurrence applique les textes de loi de la loi 104-12 pour garantir la
concurrence loyale sur le marché. Ces textes de lois s’appliquent « à toutes les personnes
physiques ou morales qu’elles aient ou non leur siège ou des établissements au Maroc, dès
lors que leurs opérations ou comportements ont pour objet ou peuvent avoir un effet sur la
concurrence sur le marché marocain ou une partie substantielle de celui (…) »8. En effet, le
Conseil de la Concurrence applique les principes de la loi 104-12 pour garantir la concurrence
loyale sur le marché.

En effet, d’après l’article 2 de la loi n°20-13 « Le conseil a un pouvoir décisionnel en matière


de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles et de contrôle des opérations de concentration
économique, telles que définies dans la loi relative à la liberté des prix et de la concurrence ».
En effet, le Conseil de la Concurrence est désormais en mesure de s’autosaisir de toutes les
questions affectant la concurrence au Maroc. Le Conseil de la Concurrence a donc un pouvoir
décisionnel en matière de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles qui lui permet
d’assurer des sanctions administratives aux organismes qui transgressent la concurrence
loyale.

De ce fait, il a la faculté, grâce aux standards internationaux, de pouvoir mener des enquêtes
sur les entreprises mais également d’engager des poursuites et d’instaurer des sanctions si
nécessaire. En effet, il peut imposer des mesures conservatoires qui permettent de réparer les

8
Article 1 de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence
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dommages engendrés par les pratiques à l’économie du pays (Art 35 de la loi 104-12) mais
aussi obliger le contrevenant à une injonction de cessation de pratiques anticoncurrentielles. Il
l’impose également une amende administrative pouvant atteindre jusqu’à 10% du chiffre
d’affaire d’une entreprise ou quatre millions de dirhams si le contrevenant n’est pas une
entreprise. S’il y a récidive dans les cinq ans suivant l’infraction, l’amende pourra être doublé
(Art 39 de la loi 104-12).

De même, le Conseil de la Concurrence contraint les entreprises qui refusent d’exécuter ses
décisions à une astreinte maximale de 5% du chiffre d’affaire journalier moyen hors taxes par
jour de retard (Art 40 loi 104-12). De plus, en cas de non de contestation des griefs,
l’entreprise bénéficie d’une réduction d’amende c’est-à-dire que la sanction pécuniaire sera
réduite à la moitié (Art 37 loi 104-12). Le Conseil de la Concurrence a également mis en
place une procédure de clémence qui permet aux entreprises manifestant leur participation à
une entente illicite d’apporter des éléments de preuve qui dénonceront la réalité de la pratique
illégale réalisée ainsi que les auteurs de cette entente. Et pour finir, le Conseil de la
Concurrence a le droit de publier la décision prise par celui-ci afin de pouvoir toucher
personnellement le contrevenant au niveau de sa réputation et donc de sa clientèle.

Il est donc fortement constatable que le Conseil de la Concurrence, grâce à ses pouvoirs,
exerce un vrai rôle de contrôleur auprès des entreprises. Par ailleurs, celui-ci s’allie à
différents organismes afin de pouvoir réguler la concurrence mais aussi informer les
personnes physiques ou morales des bonnes pratiques à adopter en droit de la concurrence.

En effet, le 25 janvier 2022, le Conseil de la Concurrence présenta auprès de la Confédération


Général des Entreprises du Maroc un guide relatif à la mise en place de programmes de
conformité au droit de la concurrence au sein des entreprises et des organisations
professionnelles. Ce guide a pour objectif d’orienter les entreprises pour les doter d’un
programme de conformité au droit de la concurrence, que ce soit une base autonome ou en
l’intégrant à une politique plus globale de conformité aux règles et normes en vigueur.
Le guide du Conseil de la Concurrence fournit donc aux entreprises et aux organisations
professionnelles le cadre général et les outils nécessaires pour construire un programme

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optimal de conformité au droit de la concurrence et offre des recommandations pour
développer une vraie culture de conformité qui tient compte des bonnes pratiques.

Par ailleurs, le Conseil de Concurrence a également collaboré avec l’Autorité Marocaine du


Marché des Capitaux (AMMC) pour une meilleure régulation dans le marché des capitaux. En
effet, les deux autorités ont signé le 9 novembre 2021 une convention de coopération visant à
instaurer un cadre de concertation autour des aspects liés à la régulation concurrentielle dans
le marché des capitaux. Cette coopération a pour objectif d’assurer l’efficacité ainsi que la
continuité de leurs actions communes afin de garantir une bonne gouvernance. Cette alliance
consistera à sensibiliser les acteurs des marchés de capitaux à travers des conférences et des
séminaires.

Le Conseil de la Concurrence est un organe primordial au bon déroulement du droit de la


concurrence dans le marché marocain. Malgré les efforts de la législation marocaine à codifier
et limiter le droit de la concurrence, le marché marocain se retrouve toujours face à des abus
de la part de certains acteurs économiques.

Chapitre 2 : La manifestation des abus

Les relations entre professionnels, autrement appelées, les relation B2B sont régulées par le
droit de la concurrence afin d’assurer la loyauté de chaque acteur économique. De ce fait, le
législateur marocain a mis en place des pratiques restrictives et anticoncurrentielles pour
garantir la concurrence sur le marché. Malheureusement, ces mesures ne suffisent pas. En
effet, le marché marocain se retrouve toujours face à des abus sur le marché mais aussi des
clauses abusives dans les contrats qui bousculent les principes de la concurrence loyal.

Section 1 : Les abus sur le marché entre professionnels

Les pratiques anticoncurrentielles sont des comportements qui entravent la concurrence entre
professionnels. Ces pratiques sont perçues comme des abus une fois qu’elles sont exécutées
sur le marché de la concurrence malgré la persistance du Conseil de la Concurrence à
sanctionner ces pratiques illégales. Les principaux abus présents entre les professionnels sont
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l’abus de position dominante, l’entente illicite, l’abus de dépendance économiques et les
opérations de concentration économique abusif. Ces abus sont régis par la loi 104-12 relative
à la liberté des prix et de la concurrence.

Dans un premier, la position dominante se définit comme une position de puissance économique qui a
donc le pouvoir d’impacter le marché de la concurrence. Cette puissance s’explique par la part de
marché importante de l’entreprise, par la détention d’une technologie avancée qui lui procure peut-
être la position de monopole, ou encore par le fait qu’une entreprise soit notoire c’est-à-dire qu’elle
est connu et reconnu par un grand nombre de personnes.

L’abus de position dominante se traduit par la mauvaise utilisation de la force d’une entreprise afin
d’influencer la concurrence. Cette mauvaise utilisation se qualifie par le fait pour une entreprise de
profiter de son statut de leader pour fausser la concurrence et porter atteinte aux intérêts des autres
professionnels. De ce fait, il existe deux catégories d’abus de position dominante, à savoir les abus
d’exploitation qui se qualifient par l’exploitation d’un partenaire économique grâce à la puissance de
l’auteur de cet abus sur le marché et les abus d’exclusion qui désignent lorsqu’un acteur économique
exclut ou empêche un partenaire d’accéder au marché.

Par ailleurs, un abus de position dominante peut donc avoir divers objets d’après le législateur. En
effet, il peut s’agir d’un refus de vente c’est-à-dire le refus de vente d’un bien ou d’un service à un
fournisseur ou un distributeur. Il peut également s’agir d’une vente liée qui s’explique par le fait de
lier la vente d’un bien ou d’un service à l’achat d’un autre bien et d’un autre service sans qu’il n’y ait
d’obligation pour utiliser le bien ou le service en question. Et enfin, il existe également des pratiques
considérées discriminatoires comme le fait de refuser de contracter avec une société sans aucune
raison valable.
L’abus de position dominante est qualifié de pratique interdite par l’article 7 de la loi 104-12 du
moment où elle restreint, empêche ou fausse le bon déroulement de la libre concurrence sur le
marché.

Deuxièmement, l’entente illicite désigne un accord entre plusieurs opérateurs sur le marché qui
détermineront une stratégie collective qui permettra de fausser la concurrence. En effet, l’entente
illicite est désignée par l’article 6 de la loi 104-12 comme « prohibées, lorsqu’elles ont pour objet ou
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peuvent avoir effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché,
les actions concertées, conventions, ententes ou coalitions expresses ou tacites, sous quelque forme et
pour quelque cause que ce soit (…) ».

Il existe deux catégories d’entente illicite à savoir, l’entente horizontale et l’entente verticale. Une
entente horizontale désigne lorsque deux entreprises agissent sur le même marché, fabriquent le même
produit et peuvent donc s’entendre pour les prix appliqués. Ils font donc obstacle au libre jeu du
marché en imposant des prix en hausse ou en baisse selon leurs intérêts ce qui peut créer une limite à
l’accès du marché pour d’autres entreprises. L’entente verticale s’applique aux entreprises qui
n’agissent pas au même moment sur la chaîne de production, par exemple, une entente entre un
producteur et un distributeur qui se répartiront les marchés ainsi que les sources d’approvisionnement.
Une entente illicite peut porter donc sur différents éléments comme les prix, le partage d’un marché
ou encore l’accès au marché. Le cas le plus fréquent est l’entente sur les prix.

Troisièmement, la dépendance économique se définit comme « l’impossibilité pour une


entreprise de disposer d’une solution techniquement et économiquement équivalente aux
relations contractuelles qu’elle a nouées avec une autre entreprise »9. La dépendance
économique se qualifie par la position de dépendance d’une société envers une ou plusieurs
autres sociétés, ou encore par un manque d’alternative pour une société de trouver une
équivalence et une disponibilité à des conditions et des coûts raisonnables.

Cette dépendance économique devient considérée comme un abus du moment où les


entreprises exploitent de manière abusive la position de dépendance économique dans laquelle
se trouve une autre entreprise à leur égard et qui est donc susceptible d’impacter le marché
concerné. Il est important de préciser que la législation ne cherche ni à interdir les sociétés
faibles d’acquérir une dépendance économique ni à pénaliser les entreprises acquéreuses
d’une position dominante, mais vise clairement à éviter les abus qu’il pourrait y avoir à
travers cette dépendance économique.

9
Gérard Haas et Eve Renaud-Chouraqui, Dépendance économique : guide pratique à l’égard
des entreprises. 2020
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Cet abus est clairement cité dans l’article 7 de la loi 104-12 qui déclare « prohibée, lorsqu’elle
a pour objet ou peut avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la
concurrence, l’exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d’entreprises (..) d’une
situation de dépendance économique dans laquelle se trouve un client ou un fournisseur ne
disposant d’aucune autre alternative équivalente ».

L’abus de dépendance économique peut-être caractérisé soit par un refus de vente, soit par
l’imposition directe ou indirecte de prix d’achat ou de vente non équitables, soit lorsque des
conditions inégales s’appliquent à des services égaux d’acteurs économiques les plaçant ainsi
dans une situation de désavantage concurrentiel ou soit par le fait que les contrats sont conclus
à la condition que le partenaire économique accepte des services supplémentaires qui ne sont
pas liés par leur nature ou selon un usage commercial à l’objet de ces contrats.

Quatrièmement, une opération de concentration économique désigne lorsque des entreprises peuvent
initier des politiques de croissance externe afin de conquérir de nouvelles parts de marché à travers
des fusions-acquisitions, ce qui leur permet d’être ainsi plus performantes. Une fusion-acquisition est
une opération juridique qui consiste en la transmission du patrimoine d’une société à une autre c’est-
à-dire que les deux entités juridiques subsistent, sauf que la société acheteuse prend le contrôle de la
société venderesse. Ces concentrations deviennent considérées comme des abus du moment où elles
sont susceptibles de créer ou de renforcer une position dominante.

Pour éviter ce genre d’abus, le nouveau régime de la loi 104-12 a mis en place un contrôle des
concentrations effectué par le Conseil de la Concurrence pour toute opération de concentration
remplissant un seuil adéquat à la définition des opérations notifiables prévues par l’article 12. En
effet, l’article 12 de la loi 104-12 oblige les entreprises et les parties concernées de notifier leurs
opérations de concentration lorsqu’elles remplissent certaines conditions. La loi se base donc sur le
critère du chiffre d’affaire afin de dissocier les concentrations économiques concurrentielles de celles
anticoncurrentielles.

De ce fait, lorsque l’opération de concentration concerne des entreprises marocaines, le chiffre


d’affaire totale hors taxe de l’ensemble des sociétés concernées doit être supérieur ou égal à 250
millions de dirhams. Par contre, si une de ces entreprises est étrangère, le chiffre d’affaire totale
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mondial hors taxe de l’ensemble des entreprises doit être supérieur ou égal à 750 millions de dirhams.
Si un de ces critères est rempli par une opération de concentration, on parle alors d’une concentration
économique abusive.

Par ailleurs, une fois qu’une opération de concentration voit son chiffre d’affaire total hors taxe
atteindre les seuils notifiés dans l’article 12 de la loi 104-12, ils ont l’obligation de le notifier au
Conseil de la Concurrence. À partir de la notification, le Conseil de la Concurrence a un délai de 60
jours afin d’étudier le dossier et donc d’analyser si la concentration économique bloque ou non la
concurrence. Si cette opération de concentration économique se retrouve à empêcher une concurrence
loyale, celle-ci sera interdite, si au contraire, la concentration n’entrave pas la concurrence, elle sera
autorisée.

Au Maroc, le marché se retrouve face à des acteurs économiques qui peuvent procéder à des pratiques
anticoncurrentielles. En effet, Inwi anciennement connu sous le nom de Wana, est une entreprise de
télécommunication marocaine qui s’est retrouvée en position de faiblesse face au géant de la
télécommunication marocaine nommé Maroc Telecom.

Wana a donc saisi le tribunal de commerce afin de réclamer une indemnisation au géant de la
télécommunication marocaine pour compenser ses actes qui visaient à entraver la concurrence mais
aussi pour son exploitation abusive de sa position dominante sur le marché. Par la suite, Wana
abandonne sa plainte dû a la plainte de l’Agence Nationale de Réglementation des
Télécommunications qui imposa à Maroc Telecom une amende de 3,3 milliards de dirhams pour
comportements constitutifs d’abus de position dominante.

L’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications a pour objectif de corriger les


comportements observés et de permettre à la concurrence de se développer dans le secteur du haut
débit fixe (voix et internet), bénéficiant ainsi d’avantages tels que le mobile pour les consommateurs
et les entreprises. Elle procède en imposant des mesures d’injonctions avec astreinte journalière en cas
de non-respect du géant de la télécommunication.

Le marché marocain souffre d’abus de la part de certains acteurs économiques mais pas seulement. En
effet, les rapports entre professionnels souffrent également de clauses abusives c’est-à-dire une clause
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emportant un déséquilibre contractuel significatif.

Section 2 : Les clauses abusives entre professionnels

Comme les consommateurs, les professionnels doivent se prémunir contre les clauses abusives. On
pensait initialement que les consommateurs étaient les seuls à devoir se protéger face aux contrats dû
sûrement à leur connaissance réduite en matière de droit qui ne leur permettait pas de négocier
équitablement leur contrat face à un professionnel. Cependant, ce constat vaut également pour les
professionnels qui peuvent se trouver dans une situation de dépendance économique vis-à-vis de leurs
cocontractants.

En règle général, une clause devient considérée abusive lorsque les dispositions contractuelles
manifestent clairement un déséquilibre significatif entre les droits et les obligations des parties. Pour
les clauses dites essentielles, cette règle n’est pas applicable sauf si elles ne sont pas rédigées de
manière claire et précise.

Le déséquilibre juridique dans le contrat se voit donc créateur de l’interdiction. À moins qu’il ne
s’agisse de clauses interdites, tous les accords seront évalués afin de déterminer si certains accords
constituent des clauses abusives. En effet, les conséquences particulières pour les parties d’une ou
plusieurs clauses sont envisagées à cet égard.

La formulation des clauses doit être faite de manière claire et compréhensible. Il s’agit donc d’une
obligation de transparence imposée aux cocontractants. Les clauses ambiguës sont souvent
interprétées contre la partie qui les a rédigé. De ce fait, l’obligation d’information dans la phase
précontractuelle à une place incontestable car elle permettra la mise en place de systèmes prouvant la
manière par laquelle les parties ont rempli leur obligation d’information.

L’interdiction générale se traduit entre autres par une liste de deux catégories précises de clauses que
le législateur français considère comme abusives, à savoir, la liste noire des clauses abusives et
interdites et la liste grise des clauses qui sont présumées abusives jusqu’à preuve du contraire.

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La liste noire énumère les clauses interdites en toutes circonstances. Il s’agit, dans un premier temps,
des clauses qui engagent irrémédiablement une partie, alors que l’exécution des obligations de l’autre
partie est soumise à des conditions dont l’exécution dépend de sa seule volonté. Ensuite, il y a les
clauses qui attribuent à une des parties un droit unilatéral d’interpréter les termes du contrat. Puis, les
clauses par lesquelles une partie s’engage à renoncer à son droit de recours à l’encontre d’une autre
partie. Et dans un dernier temps, les clauses établissant de manière irréfutable pour une des parties, la
connaissance et le respect d’une clause dont elle n’a pas eu l’occasion d’en prendre connaissance
avant la conclusion du contrat. Il est donc impossible de pouvoir défendre le caractère non abusif des
clauses. De plus, ces clauses sont toujours considérées nulles.

La liste grise, quant-à-elle, énumèrent les clauses qui sont présumées abusives jusqu'à preuve du
contraire. En premier lieu, il s’agit des clauses qui permettent à une partie de pouvoir modifier
secrètement et unilatéralement les prix, les caractéristiques ainsi que les conditions du contrat. Puis,
les clauses de prolongation ou de renouvellement par défaut pour les contrats à durée déterminée qui
ne précisent pas de délai de résiliation raisonnable. Ensuite, les clauses qui restreignent indûment les
droits d’une partie si l’autre partie ne remplit pas ses obligations contractuelles. Il y a également les
clauses qui lient les parties mais ne leur donnent pas droit à un délai de résiliation raisonnable ainsi
que les clauses qui ne prennent pas en compte les risques économiques. Et en dernier lieu, les clauses
qui limitent ou excluent strictement la responsabilité d’une partie ainsi que les clauses limitant les
moyens de preuves et les clauses qui imposent des montants de dommages et intérêts excessifs.
Si le contrat contient une ou plusieurs clauses grises, il est souhaitable de prévoir la validité de chaque
clause dans le contrat lui-même (probablement dans l’avenant du contrat). Le contrat doit alors
expliquer pourquoi la clause grise ne représente pas un déséquilibre juridique clair dans tous les
accords et/ou circonstances particulières (types de biens ou de services, industrie, usage commercial,
etc.) entre les parties. Par conséquent, les clauses types ne sont pas souhaitables.

Tant que la clause n’est pas sur la liste noire, les parties sont libres de prouver leur opposition et le
caractère non abusif de la clause dite déséquilibrée. Pour ce faire, certains aspects peuvent être pris en
compte à savoir, la clarté et l’intelligibilité des clauses, l’économie générale des contrat (les
considérations économiques), les pratiques commerciales, les autres clauses des contrats connexes du
moment où elles sont pertinentes et enfin le contexte, la nature du produit et le marché correspondant.
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Par conséquent, une disposition apparemment déséquilibrée ne peut faire l’objet d’abus que si elle est
économiquement non souhaitable.

La création de cette liste noire et grise a été introduite par le législateur français le 4 avril 2019. En
effet, le législateur s’est vu dans l’obligation de modifier le code de droit économique dans le but
d’introduire des garanties spécifiques dans les relations entre professionnels. Les modifications
apportées à cette loi visent à protéger les parties faibles contre les abus des parties fortes dans les
transactions et les contrats interentreprises. Dès lors, les principes du droit la consommation s’invite
dans l’espace business to business.

Au Maroc, il n’existe toujours pas de loi visant la protection des professionnels. En effet, la seule loi
existante est la loi 31-08 visant à protéger les consommateurs. « Les dispositions de la loi 31-08,
affichent une volonté déclarée du législateur pour la protection d’une partie présumée faible au
contrat. Mais cette volonté risque d’être inefficace, du fait de la confusion régnant sur la définition des
bénéficiaires, qui engendre en pratique une application restreinte des dispositions de la loi. La
présente analyse nous rappelle une chose essentielle : qu’à un moment ou un autre, nous devenons
tous des consommateurs. Car lorsque nous consommons, peu importe pour nous la destination
professionnelle ou non du bien ou service que nous sollicitons. Seules nous importent sa qualité, et la
protection légale de nos droits dans l’hypothèse où nous ferions l’objet d’un abus de la part de notre
cocontractant. Pourtant, le législateur, en conditionnant l’accès à cette qualité, réduit de façon
conséquente l’étendue du champ d’application de la loi 31-08, qui par ailleurs contient des
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dispositions susceptibles d’améliorer le paysage contractuel marocain ». En effet, l’interprétation de
la loi 31-08 pour les relations entre professionnels est ambiguë vue la précision qu’apporte le
législateur dans les articles de loi sur les consommateurs.

De ce fait, le législateur marocain se retrouve dans l’incapacité de régler certaines relations business
to business, et se voit dans l’obligation d’utiliser la loi 31-08 pour défendre ces relations en question.
Les deux seuls articles que le législateur peut utiliser afin de défendre les relations entre
professionnels sont l’article 16 et 17. Premièrement, selon l’article 16 « sans préjudice des règles
d’interprétation prévues aux articles 461 à 473 du dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913) formant

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2016
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code des obligations et des contrats, le caractère abusif d’une clause s’apprécie en se référant, au
moment de la conclusion du contrat, à toutes les circonstances qui entourent sa conclusion, de même
qu’à toutes les autres clauses du contrat. Il s’apprécie également au regard de celles contenues dans un
autre contrat lorsque la conclusion ou l’exécution de ces deux contrats dépendent juridiquement l’un
de l’autre ». L’article de loi donne une définition au caractère abusif d’une clause qui peut être donc
utilisé pour défendre les intérêts d’une relation entre professionnels.

Deuxièmement, l’article 17 quant-à-lui, présume que « l’appréciation du caractère abusif d’une


clause, au sens de l’article 16 ci-dessus, ne porte ni sur la définition de l’objet du contrat ni sur
l’adéquation du prix ou de la rémunération au bien vendu ou au service offert pour autant que les
clauses soient rédigées de façon claire et compréhensible ». En effet, l’article 17 précise que le
caractère abusif d’une clause peut être interprété selon la manière dont celle-ci est rédigée et non pas
selon l’objet ou les conditions du contrat, c’est-à-dire que la clause doit être claire et compréhensible
afin d’éviter tout abus.

Il est donc constaté que la loi marocaine n’a aucune protection prévue afin de protéger les relations
entre professionnels. « Aussi, il serait opportun, si ce n’est de revoir la définition du consommateur
(qui selon nous, serait plus fastidieuse qu’efficace), d’envisager l’élargissement des dispositions
protectrices à l’ensemble des contractants, indépendamment de leur qualité et de la nature de leur
contrat. La meilleure façon de le faire, serait d’introduire ces dispositions au sein du Dahir des
Obligations et des Contrats, car ces règles protectrices devraient pouvoir s’appliquer à toutes les
conventions, et profiter à tous les contractants. ».11

De ce fait, les dispositions du législateur marocain créent une certaine confusion sur le champs
d’application de la loi 31-08 mais aussi une disparité de loi concernant les relations entre
professionnels. La législation marocaine devrait prendre exemple sur la législation française qui a
remis à jour le code de droit économique afin de lutter contre le manque de lois visant les relations
business to business et ainsi pouvoir protéger les professionnels au même titre que les
consommateurs.

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Partie 2 : Résolution des abus

Les abus ainsi que les pratiques commerciales déloyales créent une réelle instabilité entre les
professionnels sur le marché économique. De ce fait, la législation marocaine a mis en place
des organes de contrôle afin de réguler le marché, d’assurer la concurrence mais également de
sanctionner les comportements abusifs.

Chapitre 1 : Le contrôle des comportements abusifs


Les victimes de pratiques anticoncurrentielles peuvent choisir de situer leurs réclamations
dans un contentieux objectif en s’adressant aux autorités de la concurrence ou dans un
contentieux subjectif en s’adressant aux juges. Le rôle du juge est d’assurer la protection des
intérêts privés des cocontractants, et le rôle de l’autorité de la concurrence est d’assurer
l’ordre public ainsi que les bonnes mœurs dans la concurrence. De ce fait, le contrôle des
comportements anticoncurrentiels s’exerce à deux niveaux : au niveau institutionnel à travers
le conseil de la concurrence, et au niveau judiciaire à travers le juge.

Section 1 : Le contrô le institutionnel

Le contrôle institutionnel se caractérise par la lutte des autorités de la concurrence contre les
pratiques anticoncurrentielles. Au Maroc, le Conseil de la Concurrence régi par la loi n°20-13
de 2014, est l’organe chargé d’assurer le contrôle des pratiques anticoncurrentielles. Avant la
promulgation de la loi, l’autorité chargée de surveiller l’application des règles de concurrence
était la Direction de la Concurrence et des Prix (DCP). Durant le début des années 2000, le
Conseil de la Concurrence, se retrouve face à des difficultés pour remplir sa mission dû a son
pouvoir purement consultatif. Lors de l’adoption de la loi 104-12 en 2014, le Conseil de la
Concurrence s’est enfin vu exercer une vraie autorité sur le marché de la concurrence grâce au
pouvoir décisionnel qu’il lui a été attribué.

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Au Maroc, le Conseil de la Concurrence se conforme donc à la loi 104-12 relative à la liberté
des prix et de la concurrence. Il se compose d’un président, de quatre vice-présidents dont
deux doivent être des juges, et de huit conseillers. Le président du conseil est nommé par
dahir pour cinq ans renouvelables une seule fois. Le chef du gouvernement nomme les autres
membres du conseil par décret et peuvent bénéficier d’une prolongation de mandat. Un
membre du conseil peut être révoqué s’il viole ses obligations en vertu de la loi 104-12, s’il
souffre d’une incapacité physique ou mentale qui le rend incapable d’exercer ses fonctions de
façon permanente, s’il s’absente plus de trois fois consécutives aux réunions du conseil sans
raison valable, et enfin s’il accepte d’exercer des fonctions incompatibles avec les rôles et
obligations du conseil.

Par ailleurs, le Conseil de la Concurrence se compose de 30 membres dont 23 sont


permanents. Les membres du conseil sont recrutés pour leurs compétences dans le domaine de
l’économie ou de la concurrence mais également pour leur expérience dans le domaine de la
protection des consommateurs. Pour cela, le Conseil permet au président de superviser le
processus de recrutement et ainsi sélectionner sa propre équipe. De plus, le Conseil de la
Concurrence est entièrement financé par l’état dont le budget actuel annuel est de 14,5
millions de dirhams. Selon la loi 20-1330, le Conseil de la Concurrence est totalement
indépendant dans son pouvoir d’exécution et ses obligations d’enquête. En effet, il peut
enquêter sur ce qu’il considère d’office comme interdit. Il n’a pas besoin de l’approbation
d’autres agences ou autorités pour ouvrir une enquête, mais certaines initiatives nécessitent
l’approbation préalable d’un juge pour protéger les droits des personnes physiques et morales
impliquées. De ce fait, toutes les décisions du conseil de la concurrence peuvent faire l’objet
d’un recours devant les tribunaux. De plus, le gouvernement peut nommer un représentant au
Conseil de la Concurrence, cependant ce représentant en question n’a pas le droit d’intervenir
dans les décisions et les activités de celui-ci, mais il peut représenter le conseil sur les
questions pour lesquelles le gouvernement a demandé une intervention.

Par ailleurs, le système marocain est honoré par la discrétion des enquêtes du conseil de la
concurrence. De plus, l’imposition d’initiatives spécifiques au contrôle d’un procureur permet
d’assurer la protection des droits des individus et des entreprises conformément à la pratique
internationale. Par ailleurs, le contrôle exercé par les autorités de la concurrence s’exerce de
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diverses manières. Les autorités peuvent intervenir pour mettre fin à la menace sur le marché
en faisant appel à des sanctions mais aussi, elles peuvent également recourir à des solutions
alternatives aux sanctions.

Le Conseil de la Concurrence, non seulement, conseille sur les questions de droit et de


politique de la concurrence, mais agit également en tant que gendarme du marché qui
surveille l’application de la loi et contrôle le comportement des agents économiques. Dès lors,
le Conseil de la Concurrence peut intervenir pour contraindre les agents économiques
(fournisseurs/distributeurs) à faire ou à ne pas faire quelque chose. En effet, elle intervient dès
qu’un exploitant commet un abus, soit par une injonction c’est-à-dire l’interdiction de tels
abus, soit par une sanction pécuniaire.

Il y a plusieurs formes d’injonctions. Premièrement, l’injonction peut être pratiquée sous


forme de mesures conservatoires en cas d’urgence justifiée par la possibilité d’atteintes graves
et irréparables à la concurrence. Toutefois, ces mesures ne sont pas définitives mais la
situation actuelle doit être corrigée. Deuxièmement, l’injonction peut être caractérisée par un
arrêt définitif des pratiques utilisées c’est-à-dire une interdiction stricte de poursuivre les
activités créant les abus. Troisièmement, l’injonction peut être sous forme de mesures
correctives comportementales qui laissent l’opportunité à l’acteur économique de corriger ses
abus.

Les sanctions pécuniaires sont un moyen efficace d’intervention constituée par les autorités de
la concurrence. Tout comportement anticoncurrentiel peut justifier des sanctions économiques
de la part de son auteur en raison de ses effets néfastes. Ainsi, les autorités de la concurrence
ont affiché des conditions sévères en matière de sanctions économiques et renforcent la
dissuasion de leurs actions en utilisant des moyens plus stricts. De ce fait, les amendes
sanctionnant les actions passées des acteurs économiques ont pour objectif de les décourager
de prendre des mesures illégales à l’avenir.

Les sanctions ne sont pas toujours le moyen le plus approprié pour rétablir la concurrence sur
le marché. En effet, pour assurer l’efficacité des règles de concurrence, les autorités de la
concurrence mettent en place un dialogue ainsi que des négociations avec les acteurs

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économiques du marché. Il s’agit donc d’alternatives aux sanctions qui peuvent parfois être
lourdes et donc difficiles pour les professionnels.

En effet, le cadre juridique marocain de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles et les
ententes illicites n’est pas encore totalement mis en œuvre. Toutefois, pour rationaliser
l’application des lois dans ce domaine, les pratiques internationales prouvent que l’expérience
et le soutien du Conseil de la Concurrence sont indispensables. En particulier, l’utilisation
optimale des mécanismes procéduraux tels que les programmes de clémence, les possibilités
de rapprochement et les décisions d’engagement nécessitent généralement une réglementation
détaillée et des conseils de la part des autorités de la concurrence.

La clémence, la non-contestation des griefs ainsi que la procédure d’engagement sont des
procédures alternatives aux sanctions. Leur but est de réduire la durée de la procédure afin de
faciliter la collecte de preuves dans un contexte de congestion des entreprises. Ces procédures
reposent sur un système qui allège les sanctions et oblige les auteurs des infractions à lutter à
l’avenir contre ces abus constatés.

Pour la procédure de clémence, le seul engagement demandé à l’acteur économique est de


cesser l’infraction. En effet, elle consiste pour les entreprises d’éviter partiellement ou
totalement des sanctions en dénonçant les pratiques collectives déloyales auxquelles elle a pu
participer. Cette procédure se base donc sur la protection du marché mais constitue également
un avantage considérable pour le maintien de la concurrence sur le marché. Par conséquent,
les entreprises impliquées dans des ententes doivent porter ces violations à l’attention des
autorités de la concurrence et fournir toutes les preuves nécessaires pour poursuivre et
condamner les autres auteurs. De ce fait, l’entreprise bénéficiera d’une exonération partielle
ou totale des amendes, en fonction de la nouveauté ainsi que de la qualité des informations et
preuves transmises aux autorités et de leur utilité contre les condamnations des autres parties
impliquées.

La procédure d’engagement, contrairement à la procédure de clémence, consiste pour une


entreprise de soumettre des engagements au Conseil de la Concurrence, de nature à dissiper
les préoccupations concurrentielles soulevées par la pratique. En effet, plutôt que de procéder
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à la condamnation des violations alléguée d’une entreprise, les autorités de la concurrence ont
préféré mettre en place la procédure d’engagement qui consiste pour le Conseil de la
Concurrence à contraindre les entreprises à des engagements signés qui les empêchent de
poursuivre l’infraction anticoncurrentielle. Cette procédure permet donc aux entreprises de
pouvoir échapper à toute sanction éventuelle à moins qu’elles ne respectent pas les
engagements pris devant le Conseil de la Concurrence. De ce fait, lorsque le Conseil de
Concurrence accepte les engagements d’une entreprise, la procédure protège donc l’entreprise
du risque de devoir indemniser les victimes des pratiques anticoncurrentielles qu’elle a pu
utiliser.

La procédure de non-contestation est une mesure particulière. En effet, si une entreprise ne


conteste pas les griefs notifiés et s’engage à prendre des mesures pour l’avenir, elle
bénéficiera d’une réduction de la sanction qu’elle encourt normalement.

« Au Maroc, le Conseil de la concurrence peut donner son avis sur toute question concernant
la concurrence, qui est ensuite rendu accessible au public. En outre, le Conseil peut donner
son avis sur toute question relative à la concurrence à la demande du gouvernement, du
Parlement, des autorités locales, des chambres professionnelles, des syndicats, des organismes
de régulation sectorielle et des associations de consommateurs. Le gouvernement doit
consulter le Conseil de la concurrence concernant tout projet de loi ou de réglementation
exerçant un effet sur la concurrence, en particulier concernant des mesures qui : tendent à
soumettre l'exercice d'une profession ou l’accès à un marché à des restrictions quantitatives ;
tendent à établir des monopoles ou d'autres droits exclusifs ou spéciaux sur le territoire du
Maroc ou dans une partie importante de celui-ci ; tendent à imposer des pratiques uniformes
en terme de prix ou de conditions de vente ; ou tendent à accorder une aide gouvernementale
étatique ou locale, conformément à la législation pertinente. En outre, le Parlement peut
consulter le Conseil de la concurrence sur la législation proposée, tandis que les tribunaux
peuvent consulter le Conseil sur des pratiques anticoncurrentielles découlant d’affaires qui
leur sont soumises. Le Conseil de la concurrence jouit également du pouvoir discrétionnaire
de procéder d'office à des enquêtes sectorielles ou à des études de marché. »12

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Diagnostic d’intégrité au Maroc : mettre en œuvre des politiques d’intégrité pour renforcer
la confiance, OCDE. 2018
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Par conséquent, en matière de droit et de politique de la concurrence, le Maroc s’est renforcé.
En effet, le Conseil de la Concurrence n’exerçait qu’un rôle consultatif avant l’adoption des
réformes du droit de la concurrence de 2014, qui lui a permis malgré tout de mener un certain
nombre d’enquêtes et de recherches sur l’industrie mais également d’ordonner des recherches
à des consultants externes indépendants qui ont été par la suite exposé au grand public à
travers les réseaux sociaux. Ces recherches couvraient des secteurs tels les entreprises
pharmaceutiques ou pétrolières, les banques mais également les sociétés de crédit. De ce fait,
le Conseil de la Concurrence évalue le soutien de l’État et la concurrence ainsi que la
compensation et la compétitivité sur les marchés publics. Cependant, il était compliqué de
pouvoir analyser l’impact réel de ces études de marché menées par le Conseil de la
Concurrence.

De ce fait, il est donc constaté que malgré les efforts visant à renforcer l’impact des réformes,
des lacunes demeurent dans les réformes de règlementation d’un marché concurrentiel. Il
serait donc intéressant pour le Maroc de doter le Conseil de la Concurrence de mesures visant
à renforcer ses expertises dans des domaines techniques telles que la prévention des
soumissions concertées c’est-à-dire les accords entre fournisseurs qui éliminent la
concurrence dans le processus d'approvisionnement et entraînent des prix plus élevés, une
qualité de produit inférieure et/ou des restrictions d'approvisionnement qui constituent un
facteur de risque important pour l'entreprise. L’allocation de nouvelles ressources permettra
donc au Conseil de la Concurrence d’analyser de nouvelles activités économiques.

Pour que le droit de la concurrence soit plus performant, il serait intéressant pour la législation
marocaine de renforcer le régime de concurrence avec des outils d’enquête et d’application de
la loi, de renforcer l’indépendance du Conseil de la Concurrence ainsi que les efforts de
sensibilisation et d’amélioration des capacités. Le droit de la concurrence devrait aussi se
pencher sur l’amélioration des capacités judicaires à traiter les cas de concurrence.

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Section 2 : Le contrô le judiciaire

La concurrence déloyale est un terme qui n'est pas défini légalement, mais qui peut être défini
comme une manifestation de promesses contractuelles fausses, illégales et contraires à
l'éthique faite en concurrence. Autrement dit, le terme englobe assez largement tous les
comportements qui ne s'inscrivent pas dans une saine concurrence.

Dans la lutte contre ces pratiques anticoncurrentielles, l’intervention du droit de la


concurrence ne suffit pas à garantir les intérêts des parties lésées sur le marché ainsi que la
libre concurrence et le développement économique. De ce fait, le législateur marocain inclut
le droit pénal et le droit civil au droit de la concurrence pour que les acteurs économiques
soient confrontés à un droit répressif afin de les dissuader de pratiquer toutes sortes d’abus.
Dès lors, le tribunal de première instance ou le tribunal de commerce pourront instruire
directement la réclamation dans le cadre des pratiques interdites de la loi 104-12 relative à
liberté des prix et de la concurrence.

La réglementation marocaine en matière de concurrence déloyale, se base donc sur le droit de


la concurrence régie par la loi 104-12, mais également sur le Code des Obligations et des
Contrats ainsi que sur la loi 17-97 relative à la protection de la propriété industrielle.
En effet, l’article 84 du Code des Obligations et des Contrats énumère certaines actions
considérées déloyales et prévoit donc que « Peuvent donner lieu à des dommages-intérêts les
faits constituant une concurrence déloyale et, par exemple :
1- Le fait d’user d’un nom ou d’une marque à peu près similaire à ceux appartenant
légalement à une maison ou fabrique déjà connue, ou à une localité ayant une réputation
collective, de manière à induire le public en erreur sur l’individualité du fabricant et la
provenance du produit ;
2-Le fait d’user d’une enseigne, tableau, inscription, écriteau, ou autre emblème quelconque,
identique ou semblable à ceux déjà adaptés légalement par un négociant, ou fabricant, ou
établissement du même lieu, faisant le commerce de produits semblables, de manière à
détourner la clientèle de l’un au profit de l’autre ;

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3- Le fait d’ajouter au nom d’un produit les mots : façon de…, d’après la recette de…, ou
autres expressions analogues, tendant à induire le public en erreur sur la nature ou l’origine du
produit ;
4- Le fait de faire croire, par des publications ou autres moyens, que l’on est le cessionnaire
ou le représentant d’une autre maison ou établissement déjà connu ».

Par ailleurs, l’article 184 et 185 de la loi 17-97 relative à la protection de la propriété
industrielle définit également comment un acte de concurrence peut être considéré déloyale en
interdisant certains actes comme « 1° Tous faits quelconques de nature à créer une confusion
par n’importe quel moyen avec l’établissement, les produits ou l’activité́ industrielle ou
commerciale d’un concurrent ; 2° Les allégations fausses dans l’exercice du commerce de
nature à discréditer l’établissement, les produits ou l’activité́ industrielle ou commerciale d’un
concurrent ; 3° Les indications ou allégations dont l’usage dans l’exercice du commerce est
susceptible d’induire le public en erreur sur la nature, le mode de fabrication, les
caractéristiques, l’aptitude à l’emploi ou la quantité́ des marchandises. »

La loi marocaine donne la possibilité à toute personne physique ou moral subissant des
actions de concurrence illégale de recourir à la justice. De ce fait, une action en concurrence
déloyale portée devant un tribunal de commerce doit engager une responsabilité civile
caractérisée par une faute, un dommage et par un lien de causalité entre les deux. Dans un
premier temps, la faute consiste à établir l’existence d’une négligence c’est-à-dire un acte
considéré contraire aux usages commerciaux provoquant donc un abus de liberté
commerciale. En effet, l’intention de nuire n’est pas obligatoire, une simple présence de
négligence suffit à prouver la faute. Dans un deuxième temps, le préjudice doit être prouvable
c’est-à-dire que la faute commise par un auteur économique à un autre a un réel impact
négatif sur la victime. Comme par exemple, des similitudes entre deux produits tant au niveau
de la prononciation que de l’orthographe sont propices à tromper le grand public sur le
fabricant qui peut l’amener donc un énorme préjudice. Et, dans un dernier temps, le lien de
causalité entre la faute et le préjudice s’explique par le fait que les plaignants doivent prouver
que le préjudice réclamé a été causé par une activité illégale réellement commise.

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La concurrence déloyale est alors sanctionnée par l’indemnisation des plaignants et peut
éventuellement s’accompagner de mesures complémentaires. A cet effet, le juge appréciera la
situation au cas par cas et déterminera le montant des dommages et intérêts en fonction de la
durée ainsi que de la fréquence des pratiques déloyales. Dans les cas les plus graves, le juge
peut sanctionner la partie à des sanctions pénales allant jusqu'à l’emprisonnement. De plus, la
loi actuelle permet l’objet à un recours contre les décisions du Conseil de la Concurrence
devant la Cour d’appel de Rabat ou encore devant la Cour de Cassation de Rabat.

Les deux voies de recours sont précisées dans les dispositions de la loi 104-12 à travers une
procédure spéciale. Dans un premier temps, la Cour d’Appel de Rabat est la seule institution
compétente à l’échelle nationale qui a le pouvoir d’exercer un contrôle contre les décisions
prises en matière de pratiques anticoncurrentielles par le Conseil de la Concurrence. Selon
l’article 49 « La requête est transmise, dans les dix (10) jours à compter de la date de dépôt du
recours, ainsi que les pièces qui y sont jointes et le dossier de l’affaire qui comporte les
procès-verbaux et rapports d'enquête, les griefs, les observations, le rapport et les documents,
sans frais, au greffe de la cour d’appel. Dans les dix (10) jours qui suivent la réception du
dossier par la cour d’appel, celle-ci adresse une copie de la requête aux parties et au
commissaire du gouvernement ».

Ce recours doit être stipulé dans un délai de 30 jours à la cour après la décision du Conseil de
la Concurrence, soit par les parties concernées soit par le commissaire du gouvernement. En
effet, selon l’article 51 « si le recours porte sur les mesures conservatoires, la cour d’appel
dispose de trente (30) jours pour statuer ». Cependant, si les mesures conservatoires ainsi que
les décisions prises par le Conseil de la Concurrence risquent fortement de provoquer des
conséquences irréparables pour les acteurs économiques concernés, la Cour d’appel peut
ordonner le sursis à exécution.

Toutefois, la décision de la Cour d’Appel de Rabat peut faire l’objet d’un pourvoi en
cassation. En effet, la Cour de Cassation, est tenue d'examiner si les normes juridiques sont
correctement respectées lors de la prise de décision de la Cour d'appel de Rabat sur les
questions de concurrence. Si l'arrêt résulte de la bonne application de la loi, le pourvoi en

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cassation sera rejeté. A défaut, le jugement sera totalement ou partiellement rétracté, invalidé
et déféré à la Cour d'Appel compétente.

L’outil majeur au bon déroulement des affaires reconnu dans la majorité des juridictions du
monde est la sécurité juridique. Elle est considérée comme un besoin fondamental à un état de
droit pour les acteurs économiques présents sur le marché. De ce fait, afin que le système soit
considéré légitime et efficace, il est important pour l’état de droit de garantir la sécurité
juridique de la relation entre les instances judiciaires et les autorités de la concurrence en
créant une cohérence dans leurs prises de décisions. A cet égard, un défi important auquel le
régime de concurrence récemment établi doit faire face doit être relevé, à savoir, la nécessité
pour les tribunaux d’avoir une compréhension plus complète du droit de la concurrence et de
ses politiques juridictionnelles afin d’être en mesure de fournir des preuves économiques
complexes et ainsi à faciliter l’évaluation de ses preuves par des personnes qui ne sont pas
forcément des experts en économie.

« On trouvera ci-après une liste des modalités que les juges devraient suivre pour faire
respecter les règles de concurrence, et garantir la sécurité juridique de la relation entre les
organismes chargés de la concurrence et les instances judiciaires : Examiner en toute
indépendance les éléments probants utilisés pour étayer les accusations et les apprécier à la
lumière des éléments soumis par la défense. Le juge doit avoir la faculté de vérifier
l’exactitude et la fiabilité des preuves dans toute la mesure prévue par les règles nationales de
procédure, par exemple en soumettant des témoins à des interrogatoires et contre-
interrogatoires, avant de tirer ses propres conclusions ; évaluer les faits dans le contexte des
éléments juridiques et économiques qui constituent l’infraction, dont l’examen complet des
preuves et de l’analyse économiques ; vérifier que la charge de la preuve est respectée ;
vérifier que les garanties d’une procédure régulière et le principe de transparence ont été
respectés ; vérifier que toute sanction est appropriée (juste et proportionnée à la gravité de
l’infraction et à la participation personnelle du défendeur à toute violation), par rapport aux
sanctions imposées pour des infractions économiques comparables, et justifiée par les torts
réels causés aux consommateurs ou par la nécessité avérée d’assurer un effet dissuasif. »13

13
Le renforcement de la sécurité juridique dans la relation entre les autorités de la
concurrence et les instances judiciaires, Conférence des Nations Unies sur le commerce et lé
développement. 2016
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Toutefois, dans l’application des règles de concurrence, le rôle des juges varie
considérablement en fonction de l’étendue du contrôle juridictionnel de la concurrence mais
également du cadre institutionnel de chaque juridiction. Dans ce domaine, il n’existe pas de
solution unique à laquelle on peut se référer, cependant, les attentes que les praticiens du droit
peuvent raisonnablement susciter contribuent à renforcer le principe de sécurité juridique ainsi
qu’à identifier les moyens d'encourager une division du travail efficace, efficiente et
productive, qui assure une relation positive entre les instances judiciaires et les autorités de
concurrence.

Le pouvoir judiciaire possède un rôle déterminant dans l’évolution du droit de la concurrence,


de ce fait, il va permettre de faciliter l’analyse ainsi que les prises de décisions des
organismes, mais également d’améliorer l'interaction entre les autorités judiciaires et de
concurrence en suivant toutes les procédures légales et pour les autorités de suivre un
raisonnement pour les prises de décisions fondées sur une analyse juridique et économique
claire et raisonnable.

Chapitre 2 : Les différentes législations face aux abus entre professionnels

L'un des principaux problèmes en raison des différences au sein des législations européennes
sur les pratiques commerciales déloyales est la création d'obstacles au fonctionnement du
marché intérieur. Les divergences peuvent créer une insécurité juridique, des problèmes
transfrontaliers et les obstacles qui ont une conséquence négative sur la protection des
professionnels.

Section 1 : La législation française

Contrairement à la législation marocaine, la législation française s’est dotée d’un arsenal


juridique afin de développer le contentieux de la réparation des pratiques anticoncurrentielles.
En effet, depuis plusieurs années, les juridictions civiles françaises ont développé de
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nouvelles législations qui constituent un réel essor du fait qu’elles donnent la possibilité aux
victimes des pratiques anticoncurrentielles d’exiger des dommages et intérêts a leurs auteurs.

Dans un premier temps, la loi Hamon promulguée le 17 mars 2014 ayant pour objectif de base
gérer les relations entre professionnel et consommateur, suscita des modifications majeures
dans la relation fournisseurs et distributeurs dans le but d’encadrer leurs relations et de limiter
au mieux les déséquilibres qu’il pourrait y avoir. De ce fait, cette loi relative aux paiements et
aux relations contractuelles, est venue compléter le mouvement initié par les lois Dutreil qui
« est un dispositif instauré par la loi n° 2003-721 du 1er août 2003 (dite « loi Dutreil ») afin
d'alléger le coût fiscal de la transmission des entreprises dans un cadre familial, suite à un
décès ou à une donation »14 ; par la loi Chatel « la loi Chatel assurance oblige votre assureur à
vous informer de la durée de préavis pour résilier à l’échéance certains contrats (généralement
2 mois avant la date d’échéance) »15 ; mais également par la loi LME qui correspond à « la
Loi sur la Modernisation de l'Économie (LME) ratifiée en 2008 et ayant pour objectif de
favoriser la croissance économique en favorisant notamment la croissance des petites et
moyennes entreprises (PME) »16.

De plus, grâce au nouveau dispositif de la loi Hamon, la Direction Générale de la


Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCR) ainsi que
l’autorité de la concurrence ont renforcé leurs pouvoirs de contrôle mais également de
sanction. De ce fait, afin d’échapper à de lourdes sanctions administratives, dans le cadre des
relations entre professionnels, il est important pour le professionnel d’identifier ses nouvelles
obligations et les risques auxquels il pourrait se confronter afin d’être conforme aux
règlements.

De plus, l’article L 441-6 du Code de commerce a prévus des délais maximums de paiement
« tout professionnel en situation de retard de paiement est de plein droit débiteur, à l'égard du
créancier, d'une indemnité forfaitaire pour frais de recouvrement, dont le montant est fixé par
décret ». Ces délais de paiement fixés par la loi LME n’ont pas été modifié, cependant, la loi

14
Dictionnaire juridique, Serge Braudo.
15
Loi Chatel Assurance, Maaf.
16
Impacts de la Loi de Modernisation de l’Économie (LME) sur les délais de paiement,
Emma Perrin. 2022
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Hamon est venue ajouter d’autres mesures. En effet, celle-ci imposa une amende
administrative en cas de violation des plafonds susvisés, d’un montant maximum de 75 000
euros pour physiques et de 375 000 euros pour les personnes morales. S’il y a réitération du
manquement dans les deux ans suivant la première décision, les sanctions se verront être
multiplier par deux.

La loi Hamon permet également de clarifier les abus dans le calcul des délais. En pratique, le
contrat stipule généralement que le délai ne sera exécuté qu'après vérification ou acceptation
du produit et service commandé. Les amendes mentionnées ci-dessus s'appliquent également
si les termes du contrat et la procédure d'examen ou d'acceptation menée retardent de manière
déraisonnable le début de la procédure.

De plus, depuis la loi LME de 2008, les sociétés disposant de commissaires aux comptes sont
tenues de publier les conditions de paiement de leurs fournisseurs ou clients dans leurs
rapports de gestion. Pour consolider cette obligation, la loi Hamon a établi que les
commissaires aux comptes devront rédiger une attestation concernant les échéances de
paiement entre fournisseurs et clients, transférée par la suite en cas de contrôle au ministère en
charge de l’économie. De plus, si cette attestation concerne les grandes entreprises et que le
commissaire en compte observe de multiples retards au niveau des délais de paiement, il se
doit de la transmettre automatiquement au ministère chargé du contrôle.

Ces nouvelles conditions concernant les échéances de paiement sont immédiates, les
professionnels doivent donc s’y conformer rapidement. De ce fait, le professionnel se doit de
respecter les délais de paiement qui lui sont imposés dans le contrat, sinon celui-ci risquera de
lourdes sanctions. D’autant plus, en tenant compte de l’évolution de la législation, les
contrôles se verront être multiplié sous la tutelle de la Direction Général de la Concurrence,
de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF).

La loi Hamon en modifiant l’article 441-7 du Code de commerce imposa aux parties
l’obligation de formaliser les négociations annuelles à travers une convention écrite appelée
convention unique qui devra être signé chaque année avant le premier mars. Ce nouveau
dispositif a pour objectif l’interruption des clauses ainsi que des conditions imposées par les
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contrats d’adhésion en remettant annuellement les conditions générales du fournisseur au
cœur des négociations. « La loi Hamon enrichit également le contenu de la convention unique
et impose qu’y apparaissent désormais le barème de prix, les réductions de prix, objet, date,
modalités d’exécution ainsi que la rémunération de la coopération commerciale. »17

Les pouvoirs de l’administration ont clairement été renforcé par la loi Hamon qui leur accorde
un pouvoir d’injonction sur les comportements illicites qui leur permet donc d’infliger des
amendes administratives aux professionnels. De ce fait, les sanctions pénales se feront plus
rare que les sanctions administratives vu qu’elles peuvent être répressives et donc plus
longues à prononcer. En effet, selon l’article L465 du Code de commerce, les agents habilités
au contrôle des professionnels, disposent d’un pouvoir d’injonction afin de les obliger de se
conformer à leurs obligations ainsi de cesser tout agissement ou clause illégale. L’obligation
d’injonction par les agents ne peut se faire qu’après une procédure contradictoire afin de
laisser au professionnel la possibilité de faire valoir sa position. Le professionnel encourt une
amende administrative d’un montant maximum de 3 000 euros pour les personnes physiques
et de 15 000 euros pour les personnes morales s’il ne se conforme pas à l’injonction dans le
délai imparti.

De plus, grâce à l’accentuation des pouvoirs de l’administration, les agents de la Direction


Général de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF)
ainsi que l’autorité de la concurrence disposent de nouveaux pouvoirs d’enquête. En effet, ils
ont désormais accès dans le cadre d’un contrôle aux logiciels et données informatiques du
professionnel. Le pouvoir de ces autorités peut constituer un réel risque pour celui-ci car ils
n’ont pas besoin d’autorisation judiciaire pour procéder à la saisie d’information. Par ailleurs,
la loi Hamon permet désormais aux agents de la Direction Général de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des Fraudes de tester la conformité des professionnels aux
réglementations de la loi informatique et libertés en ayant la liberté de disposer d’une
personne qualifiée en informatique pour s’aider. La loi dispose également aux autorités de
contrôle l’accès aux locaux à usage professionnel et résidentiel. Cependant, en cas de
contestation du propriétaire, ils devront demander l’autorisation du juge des libertés et de la
détention.

17
Ce que la loi Hamon change au droit de la négociation commerciale, Vogel & Vogel. 2014
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Les nouveaux pouvoirs et moyens d'action de l’Autorité de la concurrence et de la Direction
Général de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes constituent
un risque majeur pour les entreprises, qui sont confrontées à une multiplication potentielle des
contrôles au cours de plusieurs mois après la mise en place du système et des amendes
sensiblement augmentées. Tout professionnel, confronté à de nouvelles obligations face aux
nouveaux pouvoirs des autorités de contrôle, doit être très conscient des risques encourus.

Dans les relations business to business, les professionnels doivent s’interroger sur la
pertinence de leurs documents contractuelles mais également anticiper les futures
négociations dans les règles de la concurrence. Pour cette raison, seul un véritable audit
juridique, des obligations contractuelles, des bonnes pratiques et des moyens de mise en
conformité rapide, permettent aux professionnels de se prémunir contre les nouveaux risques
de contrôles ainsi que les sanctions émanant des autorités administratives.

De plus, les professionnels bénéficient de droit et de garanties notamment le droit de se


défendre contre les autorités c’est-à-dire le droit d’être assisté par un avocat mais également le
droit d’accès aux dossiers. En effet, le professionnel a le droit de contester l’infraction
constaté par les autorités administratives devant un le Tribunal Administratif sans pour autant
que l’amende soit suspendue.

Section 2 : La législation britannique

D'un point de vue épistémologique, le B2B est un sujet démodé qui peut être facilement traité à l'aide
de deux concepts formulés dans la première partie du vingtième siècle. Selon Coase (1937), les
frontières de la firme sont définies par la différence entre les coûts de transaction et les coûts de
production, alors que selon Schumpeter (1942), toute innovation technologique majeure doit être
comprise comme un processus de destruction créatrice qui refaçonne périodiquement les schémas de
concurrence système économique. Le B2B est essentiellement une procédure qui économise les coûts
de transaction, donc stimuler l'externalisation et l'expansion du marché, mais cela implique également
un ensemble de règles de concurrence qui comprend un nouveau profil de barrières à l'entrée et un
impact ambigu sur la transparence du marché.

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La plupart des lois britanniques sur la vente visent à protéger les droits des consommateurs. Toutefois,
lorsque des contrats sont conclus dans le cadre d'une activité commerciale, des règles différentes
s'appliquent. Les règles régissant les ventes d'une entreprise à une autre sont assez limitées. En effet,
les parties contractantes étant réputées plus sophistiquées et dans une position de négociation plus
forte, sont donc considérées capables de décider dans des conditions équitables. Par conséquent,
contrairement aux contrats de consommation qui comportent diverses conditions implicites par la loi,
les ventes B2B sont principalement régies par les conditions contractuelles expresses que les parties
conviennent entre elles. Il existe cependant quelques domaines limités dans lesquels les droits et les
obligations restent implicites par la loi.

La loi de 1979 sur la vente de marchandises implique quatre conditions dans tout contrat de vente, que
ces ventes soient B2B ou d'entreprise à consommateur (B2C). Ceux-ci sont les suivants :
- Le cédant a un bon titre et a le droit de céder l'objet vendu
- Les marchandises correspondent à la description donnée
- Les marchandises seront d'une qualité satisfaisante et adaptées à leur destination
- Si un échantillon est fourni, la marchandise correspondra à cet échantillon

Normalement, les acheteurs professionnels n'auront pas droit à un remboursement complet aux termes
de leur contrat si le produit n'est que très légèrement défectueux, mais cela ne limite pas le droit d'une
entreprise à une indemnisation pour toute perte causée. Chaque fois que des biens sont achetés ou
vendus, ils doivent être d'une qualité satisfaisante et correspondre à la description donnée. Si un
acheteur pense que quelque chose ne va pas, il peut demander au vendeur de corriger les choses, ce
qui peut se faire par remboursement, réparation ou remplacement.

Les contrats conclus entre entreprises sont soumis à la loi de 1977 sur les clauses contractuelles
abusives. Cette loi est particulièrement importante lorsque des clauses d'exclusion et de restriction
sont incluses dans les contrats. Les acheteurs et les vendeurs doivent négocier avec soin les termes du
contrat. Les contrats de vente B2B peuvent légalement exclure la responsabilité de bon nombre (mais
pas de la totalité) des conditions implicites en vertu de la loi de 1979 sur la vente de marchandises. La
responsabilité ne peut jamais être exclue ou limitée dans les réclamations pour décès ou blessures
corporelles et ne peut pas non plus être exclue ou limitée lorsqu'il serait déraisonnable de le faire. En
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outre, la responsabilité ne peut être exclue ou limitée pour les questions de propriété du titre. Ainsi,
par exemple, une clause du contrat qui stipule que le vendeur ne sera pas responsable s'il n'a pas de
titre sur les biens vendus, ne sera pas exécutoire.

Les acheteurs doivent vérifier que toute clause d'exclusion est raisonnable et contester toute clause
jugée déraisonnable. Les clauses d'exclusion peuvent être déraisonnables si le contrat faisait partie
d'un formulaire standard qui n'était pas négocié individuellement entre les parties, ou si l'acheteur
n'avait pas le pouvoir de négocier de meilleures conditions. Lorsqu'un particulier négocie en tant
qu'entrepreneur individuel, ses contrats seront régis par les règles applicables aux acheteurs
professionnels, et non par celles en faveur des consommateurs, cependant, dans certaines
circonstances, un entrepreneur individuel peut être en mesure de compter sur la protection du crédit
(normalement aux consommateurs). Si, en tant qu'entrepreneur individuel, les marchandises ont été
payées à crédit, il peut y avoir une réclamation contre le fournisseur de crédit concerné en vertu de la
loi de 1974 sur le crédit à la consommation en cas de problème. Une entreprise standard ne
bénéficiera pas de cette protection, sauf accord contractuel contraire.

Les ventes B2B au Royaume-Uni sont soumises aux lois de la concurrence. Lors de la mise en place
d'accords B2B, les entreprises doivent veiller à ne pas abuser d'une position dominante sur le marché
ou autrement restreindre, empêcher ou fausser la concurrence. Certaines activités anticoncurrentielles
figurent sur la liste noire (telles que la fixation des prix) et les entreprises doivent savoir comment
elles interagissent avec leurs partenaires commerciaux. Si des entreprises sont perçues comme
agissant de manière anticoncurrentielle, par exemple en concluant des accords d'exclusivité ou en
partageant des informations, des amendes pouvant aller jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires mondial
peuvent être imposées.

De plus, le Brexit a eu un réel effet sur les pratiques commerciales déloyales qui a été largement
ignoré, mais il pourrait être très important, en particulier dans l'agriculture. En effet, avec le retrait
imminent du Royaume-Uni de l'Union Européenne, la devise de celle-ci "Unis dans la diversité" a
clairement pris un coup. Si la devise est généralement utilisée pour faire référence à la diversité
culturelle européenne, elle pourrait également s'appliquer à certains domaines juridiques. Un domaine
juridique dans lequel les États membres de l'Union Européenne se sont montrés unis dans la diversité
est celui des lois dites sur les pratiques commerciales déloyales entre entreprises, qui font référence à
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une grande variété de pratiques interentreprises qui s'écartent des bons comportements commerciaux
et sont contraires à la bonne foi et à la loyauté.

Dans le débat sur les règles de l'Union Européenne en matière de pratiques anticoncurrentielles, le
gouvernement britannique a toujours été un farouche opposant à toute intervention européenne.
Certaines de ses raisons contre l'harmonisation étaient de nature plus générale et incluaient son
scepticisme à l'égard de l'incorporation de concepts tels que « bonne foi » et « utilisation équitable »
dans le système de common law britannique (et l'incertitude juridique qu'ils pourraient, par
conséquent, créer au sein du système), l'inadéquation du droit des contrats face aux abus de
dépendance économique et les risques associés à l'ingérence dans la liberté contractuelle
interentreprises, en particulier la probabilité accrue de surprotection. Sur la base de ces arguments, le
gouvernement britannique a exprimé son soutien à une approche sectorielle par le biais d'initiatives
nationales. Ainsi, certaines défaillances du marché pourraient être ciblées de manière spécifique,
permettant aux interventions d'être bénéfiques ou du moins neutres dans leur impact, tant à court qu'à
long terme.

De ce fait, le régime britannique de lutte contre les pratiques commerciales déloyales entre entreprises
(où il n'y a pas d'abus de position dominante au regard du droit de la concurrence) se compose en gros
de deux éléments principaux :
- Le droit commun des contrats et la loi sur les clauses contractuelles abusives au Royaume-Uni
garantissent qu'il existe un cadre d'équité dans lequel les entreprises doivent fonctionner. Les
entreprises induites en erreur par des accords peuvent ne pas être liées par ceux-ci, les
exclusions de responsabilité ne sont généralement pas valables et les modifications unilatérales
ne peuvent pas être accordées par des effets juridique, par exemple. Mais le droit des contrats
ne peut à lui seul résoudre le problème de dépendance économique lorsqu'une entreprise est
contrainte d'accepter des clauses abusives parce qu'elle ne peut pas se permettre de défier son
unique/principal client ou fournisseur.
- Les pratiques anticoncurrentielles qui entraînent un dysfonctionnement des marchés peuvent
être examinées par les autorités de la concurrence ou par des régulateurs sectoriels (utilisant
leurs pouvoirs de « marchés » plutôt que les pouvoirs de concurrence) et les remèdes introduits
pour faire mieux fonctionner les marchés, comme par exemple, un rapport de la Commission
de la concurrence prônant la création du Adjudicateur du code de l'épicerie. Il n'est pas
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nécessaire qu'il y ait une potentiel violation du droit de la concurrence européenne ou
d'inspiration européenne pour que de telles enquêtes soient lancées ou que des mesures
correctives soient imposées.

Il n'y a pas de principe général d'utilisation équitable ou de bonne foi applicable aux transactions B2B
au Royaume-Uni. Cependant, il existe plusieurs principes de common law et dispositions législatives
qui permettent une certaine protection contre les clauses contractuelles ou les transactions abusives.
Ces dispositions sont limitées et généralement la liberté contractuelle prévaut dans les transactions
commerciales. La pertinence des principes de common law et les dispositions législatives relèvent de
quatre rubriques :
- Les règles du droit des contrats
- D'autres règles de common law telles que : une erreur, une fausse déclaration, une influence
indue, des affaires inadmissibles ainsi qu’une contrainte économique
- La loi de 1977 sur les clauses contractuelles abusives
- Le règlement de 2008 sur la protection des entreprises contre le marketing trompeur, qui
concerne la publicité mensongère et la publicité comparative

Le Royaume-Uni compte trois juridictions de common law, à savoir, l’Irlande du Nord, l’Écosse,
l’Angleterre et le Pays de Galles. Au lieu d'exposer la position de chaque juridiction, il est préférable
de se référer principalement au droit commun des contrats anglais. Il existe des différences de
terminologie et il peut y avoir des différences dans le droit substantiel dans les trois juridictions.
Protéger les entreprises faibles contre les plus fortes peut sembler juste et même améliorer la diversité
des entreprises à court terme, mais cela peut nuire à la dynamique du marché, dissuader de nouveaux
l'entrée sur le marché et, à long terme, rendre le marché moins efficace en augmentant les prix des
consommateurs. L'intervention risque de figer les structures de marché existantes, inhibant
potentiellement de précieuses concentrations sur des marchés diffus qui tendraient à remédier à tout
déséquilibre. L'intervention doit donc cibler les défaillances du marché et soigneusement être pondéré
afin qu'il ait un impact bénéfique ou au moins neutre, à court et à long terme.

Le Royaume-Uni convient que les types de pratiques identifiées dans le livre vert de la Commission
peuvent être considérées comme injustes dans certaines circonstances, mais elles ne le seront pas
toujours dans tous les secteurs et types de relations d'affaires et ne devraient certainement pas toujours
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être interdites. Certaines pratiques commerciales peuvent être observées dans certaines circonstances
comme injustes par certains observateurs et acteurs du marché, mais peut simplement refléter
l'exercice du pouvoir d'achat, qui peut en fait produire des résultats positifs pour les consommateurs
dans un marché autrement concurrentiel. La définition du livre vert est utile à des fins d'illustration et
pour fixer les termes d'une discussion dans toute l'Europe sur les cas où les pratiques commerciales
déloyales d'entreprise à entreprise sont problématiques et quand l'action doit être prise contre eux.
Mais au-delà de l'établissement d'un cadre général de droit de contrats équitable pour régir les
relations entre entreprises, le Royaume-Uni préfère s'attaquer aux pratiques commerciales déloyales
secteur par secteur, dans les cas où ils empiètent sur des marchés concurrentiels offrant de meilleurs
résultats pour les consommateurs. Alors la question de ce qui est injuste variera d'un cas à l'autre. Une
définition juridique globale et intersectorielle est inutile.

De ce fait, le concept des pratiques commerciales déloyales interentreprises n'est généralement pas
reconnu comme tel au Royaume-Uni. Cependant, le droit britannique des contrats accorde certains
recours aux entreprises victimes de pratiques déloyales et des mesures ont été prises dans un certain
nombre de secteurs pour contraindre les entreprises à bien se comporter, en particulier dans les
secteurs où les pratiques déloyales se traduisent par des marchés offrant de mauvais résultats aux
consommateurs.

Par ailleurs, le Royaume-Uni convient que les pratiques commerciales déloyales sont plus
susceptibles de poser problème dans les cas où les entreprises sont dépendantes d'autres entreprises et
ne peuvent, en pratique, passer facilement à un autre fournisseur ou à un autre client. Dans ces cas, les
entreprises dépendantes auront peur de s'aliéner aux entreprises dont elles dépendent. Mais cela ne
signifie pas que de telles situations doivent être interdites ou toujours donner lieu à des droits
particuliers pour les entreprises dépendantes. Des négociations difficiles par des entreprises fortes
peuvent stimuler l'efficacité, ce qui peut inciter une entreprise plus faible et dépendante à innover et
peut-être à se diversifier en rendant la chaîne d’approvisionnement plus résiliente et génératrice de
croissance. L'intervention du gouvernement pour empêcher de telle négociations difficiles aurait, dans
un tel cas, tendance à figer les structures du marché, à restreindre l'entrée de nouveaux marchés, et
réduire la concurrence, l'innovation et éventuellement la croissance.

Il peut y avoir des cas où les pratiques commerciales déloyales ont des effets globaux négatifs et
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doivent donc être réglementées, mais cela dépend de la nature du marché concerné et du mode de
fonctionnement de la concurrence sur ce marché. Toute intervention doit être prudente et fondée sur
des preuves, conçue pour que le marché puisse mieux fonctionner, plutôt que de simplement protéger
les entreprises les plus faibles contre les plus fortes. De ce fait, le Royaume-Uni n’est pas favorable à
l'établissement d'une liste de pratiques commerciales interdites sur une base intersectorielle. Ce qui
demeure injuste dépend du secteur, de l'environnement des affaires et du contexte. Des mesures
doivent être prises, secteur par secteur après une enquête approfondie et une analyse du marché. Sinon
l'intervention risque d'être extrêmement préjudiciable au dynamisme des marchés européens et peut
interférer avec le rôle des autorités de concurrence des États membres.

Il est donc constaté que le Royaume-Uni ne pense pas que le droit des contrats harmonisé apporte une
quelconque solution aux pratiques commerciales déloyales. De telles pratiques sont plus susceptibles
de prospérer là où les entreprises dépendantes ne sont pas en mesure de faire valoir les droits
contractuels existants dont elles disposent, sans parler des nouveaux droits. Lorsque les pratiques
commerciales déloyales posent problème, une meilleure solution consiste à convenir d'un code de
pratique spécifique pour tous les acteurs du marché adapté aux besoins du secteur concerné. Le code
de pratique peut alors exiger des applications, si ces pratiques déloyales sont suffisamment
importantes pour justifier l'engagement de tels coûts.

Par ailleurs, le livre vert semble tenir parfois pour acquis le principe selon lequel certains
comportements des entreprises sont universellement déplorables et devraient être interdits en raison
de leurs effets sur d'autres entreprises. Le Royaume-Uni ne considère pas la protection de certaines
entreprises contre d'autres comme un objectif en soi. De ce fait, il considère que le rôle du
gouvernement est d'abord d'établir un cadre juridique global dans lequel les entreprises effectuent des
transactions entre elles, et ensuite n'interviennent dans ces transactions que lorsque les marchés ne
sont pas pleinement concurrentiels ou ne fonctionnent pas correctement, n'assurent pas le bien-être
des consommateurs et favorisant ainsi l'efficacité et la croissance. Ce sont donc les effets des
prétendues pratiques commerciales déloyales qui sont au premier plan, et non l'existence de telles
pratiques en premier lieu.

Conclusion
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Depuis un certain temps, il est interdit aux entreprises d'inclure dans leurs contrats avec les
consommateurs des clauses contractuelles créant un déséquilibre important entre les droits et les
obligations des parties qui leur portent préjudice. Des restrictions similaires à la liberté contractuelle
entre entreprises ont été introduites dans les contrats entre professionnels. Désormais, même les
contrats business to business (B2B), seuls ou en combinaison avec une ou plusieurs autres
dispositions, seront abusifs et interdits s'il existe un déséquilibre manifeste entre les droits et
obligations des parties. L'entreprise concernée peut supprimer ces clauses injustifiées (quelle que soit
leur taille).

Par ailleurs, ce déséquilibre significatif se manifeste de différentes manières et peut être même
considéré comme un abus. En effet, la législation marocaine à travers la loi 104-12 a classifié et
attribué des sanctions aux abus ainsi qu’aux pratiques commerciales déloyales qu’il pourrait y avoir
sur le marché économique. De ce fait, les abus et les pratiques déloyales présentes sont les abus de
position dominante, les abus de dépendance économique, les ententes illicites ainsi que les opérations
de concentrations abusives.

La législation marocaine a clairement identifié les pratiques déloyales qui pourraient empêcher le
marché économique d’évoluer sereinement et a également attribué des sanctions afin de dissuader les
acteurs économiques et de les pousser à faire preuve de bonne foi. Malheureusement, le législateur
marocain n’a toujours pas mis en place une loi visant à protéger les intérêts des professionnels dans
les relations interentreprises. En effet, malgré la mise en place de pouvoir décisionnel aux autorités de
la concurrence ainsi que la possibilité pour tout contractant de faire l’objet d’un recours face au
Tribunal de commerce, le professionnel reste lésé vis-à-vis de l’insuffisance de loi. Le législateur
marocain s’est uniquement concentré sur les intérêts du consommateur en promulguant la loi 31-08 en
2011 édictant des mesures de protection du consommateur.

Afin de mieux comprendre la législation marocaine il est intéressant de faire une comparaison avec la
législation française ainsi que la législation britannique qui ont mis en place un système de protection
des professionnels. De ce fait, le système de protection française s’est renforcé lors de la création de
la loi Hamon car elle a permis de favoriser la transparence mais également d’apporter un équilibre des
relations commerciales. De plus, elle renforce considérablement l’autorité administrative en lui
accordant d’émettre des injonctions pour des activités illégales mais également le droit d’imposer des
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amendes administratives. Le législateur français a également mis en place deux listes catégorisant les
différentes interdictions auxquelles le professionnel devra se soumettre, à savoir, la liste noire figurant
les clauses strictement interdites, et la liste grise qui jusqu’à preuve du contraire, les clauses y figurant
seront présumées abusives ou complètement interdites.

La législation britannique, quant-à-elle a mis en place le livre vert qui protège les consommateurs des
pratiques anticoncurrentiels. Toutefois, elle ne met pas au premier plan la protection des
professionnels comme la législation française. En effet, elle considère que les professionnels sont
conscients des pratiques qui faussent le marché de la concurrence sans pour autant leur assurer une
protection spécifique au cas ou ils subissent des pratiques illicites ou voir même illégales.

De ce fait, il est clairement constaté que le Maroc se doit de faire évoluer sa législation afin de
pouvoir protéger les professionnels au même titre que la protection des consommateurs. Il serait
intéressant pour le Maroc de prendre exemple sur nos voisins européens qui ont promulgué des lois
visant à renforcer et protéger les relations entre professionnels afin d’éviter les abus de tout genre.

Après la pandémie du covid-19, les professionnels se sont orientés vers le marketing digital afin
d’atténuer les conséquences du confinement. Pour cela, le Maroc se doit d’établir des nouvelles lois
afin de suivre la modernisation du monde des affaires et ainsi pouvoir protéger les intérêts des
professionnels au niveau de toutes les plateformes possibles.

Table des matières

SOMMAIRE..................................................................................................................................... 2

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REMERCIEMENTS............................................................................................................................ 3

INTRODUCTION............................................................................................................................... 4

PARTIE 1 : LE CHAMPS DE SURVENANCE DES ABUS..........................................................................7

CHAPITRE 1 : L’ÉTAT DES LIEUX DE LA LÉGISLATION....................................................7

SECTION 1 : LE CONTRAT DE DISTRIBUTION................................................................................................7


SECTION 2 : LA LÉGISLATION PROTECTRICE DES CONTRATS D’AFFAIRES............................................................10

CHAPITRE 2 : LA MANIFESTATION DES ABUS..................................................................................14

SECTION 1 : LES ABUS SUR LE MARCHÉ ENTRE PROFESSIONNELS....................................................................14


SECTION 2 : LES CLAUSES ABUSIVES ENTRE PROFESSIONNELS........................................................................19

PARTIE 2 : RÉSOLUTION DES ABUS.................................................................................................23

CHAPITRE 1 : LE CONTRÔLE DES COMPORTEMENTS ABUSIFS...................................23

SECTION 1 : LE CONTRÔLE INSTITUTIONNEL..............................................................................................23


SECTION 2 : LE CONTRÔLE JUDICIAIRE.....................................................................................................29

CHAPITRE 2 : LES DIFFÉRENTES LÉGISLATIONS FACE AUX ABUS ENTRE PROFESSIONNELS ...............33

SECTION 1 : LA LÉGISLATION FRANÇAISE..................................................................................................34


SECTION 2 : LA LÉGISLATION BRITANNIQUE..............................................................................................37

CONCLUSION.................................................................................................................................44

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