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Les Effets du contrat entre les parties

A- Le principe de la force obligatoire du contrat

L’effet obligatoire du contrat est précisé par l’article 230 du DOC : ‘’Les obligations valablement
formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites et ne peuvent être révoquées que dans leur
consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi’’.
=>Les obligations résultant du contrat sont ceux que les parties ont voulues qu’elles soient, et ne
peuvent être modifiées sans leur accord.

Faut-il encore savoir ce que les parties ont réellement voulu, ce qui peut poser un problème
d’interprétation.
La volonté des parties peut être exprimée de façon obscure, confuse, ambigüe, (la rédaction de l’acte
n’est pas claire, ou existence d’une discordance entre la volonté réelle et ce qui a été écrit). Dans
cette hypothèse le juge doit nécessairement interpréter le contrat.
Il peut arriver également que les parties dissimulent leurs véritables intentions dans un acte
apparent, la contre-lettre est le produit de la simulation (exemple : une donation simulée en vente).

On doit préciser que le mot ‘’partie’’ correspond à ceux qui figurent à l’acte, mais il peut arriver que
ces derniers ne soient que les représentants d’autres personnes qui sont les véritables parties. Il
existe également d’autres cas dans lesquels celui qui s’est présenté au contrat n’est pas la véritable
partie. Ceci nous amène à dire que les parties contractantes sont tous ceux qui ont fait en personne
la convention, et ceux qui ont été représentés par un mandataire, conventionnel ou légal.

1- L’interprétation des contrats

Le DOC consacre à l’interprétation 13 articles de l’article 461 à 473.

Pour être appliquée, la loi contractuelle requiert une interprétation préalable. C’est le juge qui, à
défaut d’accord entre les parties, a mission d’interpréter la loi contractuelle comme il a mission
d’interpréter la loi générale, mais pas de la même manière.
Interpréter un contrat c’est déterminer le sens et la portée exacte des clauses du contrat. A la lecture
des articles concernant l’interprétation, elle permet de faire une distinction entre 2 hypothèses :
celle d’un contrat dont les clauses sont claire et précises, et d’autre part, un contrat dont les clauses
sont équivoques.
=>Concernant les clauses claires et précises, l’interprétation est exclue lorsque les termes du contrat
sont formels. D’après l’article 461 du DOC : ‘’Lorsque les termes de l’acte sont formels il n’y a pas lieu
à rechercher quelle a été la volonté de son auteur.’’ Mais il y’a une exception lorsque par exemple,
les termes employés par le contrat ne sont pas conciliables avec le but évident que les parties ont eu
en rédigeant le contrat (elles qualifient l’opération de donation mais l’analyse des éléments de cette
opération laisse apparaitre qu’il s’agit d’une vente), dans ce cas : il y’a interprétation.
D’après l’article 462 du DOC : ‘’ ’il y’a lieu à interprétation :
1-Lorsque les termes employés ne sont pas conciliables avec le but évident qu’on a eu en vue en
rédigeant l’acte
2-Lorsque les termes employés ne sont pas clairs par eux-mêmes ou expriment incomplètement la
volonté de leur auteur
3-Lorsque l’incertitude résulte du rapprochement des différentes clauses de l’acte, qui font naitre des
doutes sur la portée de ces clauses’’.

=>Concernant les clauses équivoques, quand les clauses d’un contrat sont ambigües, le juge doit
interpréter le contrat. Le caractère équivoque des clauses d’un contrat résulte du manque de clarté
des termes employés et de leur insuffisance pour exprimer la volonté des parties, mais aussi de
l’incertitude et du doute des différentes clauses du contrat.

Il convient de signaler que l’interprétation ne se pose qu’en matière d’actes écrits. Il peut arriver que
l’on exige un acte authentique. D’après l’article 443 du DOC : ‘’Les conventions ou autres faits
juridiques ayant pour but de créer, de transférer, de modifier ou d’éteindre des obligations ou des
droits, et excédant la somme ou valeur de 25000 francs, ne peuvent être prouvés par témoins, il doit
être passé acte devant notaire ou sous seing privé’’.
Par ailleurs, l’article 446 du DOC précise que : ‘’La preuve testimoniale sur la demande d’une somme
dont le quantum est inférieur à celui prévu à l’article 443 ne peut être admise, lorsque cette somme
est déclarée faire partie d’une créance plus forte qui n’est point prouvée par écrit.’’
L a preuve testimoniale est cependant admise dans le cadre de l’article 448 et lorsqu’il s’agit d’établir
certains actes ou faits y compris en matière de perte ou de vol de titres ou de choses.

Les articles 463 du DOC et suivant donnent un certain nombre de règles d’interprétation. Si le contrat
comporte des lacunes, le juge ne peut suppléer à une lacune découlant d’un oubli des parties c'est-à-
dire ajouter des clauses à l’acte, il peut seulement se référer aux usages. En effet, d’après l’article
463 : ‘’On doit suppléer les clauses qui sont d’usage dans le lieu ou l’acte a été fait ou qui résulte de
sa nature.’’
Cet article habilite le juge à faire appel aux usages et à la coutume, comme source de droit.
Un autre exemple d’interprétation est donné par l’article 464 : ‘’Les clauses des actes doivent être
interprétées les unes par les autres, en donnant à chacune le sens qui résulte de l’acte entier, lorsque
les clauses sont inconciliables entre elles, on s’en tient à la dernière dans l’ordre de l’écriture.’’
De plus l’article 467 recommande au juge d’interpréter strictement la renonciation à un droit.

En conclusion : Le juge ou toute personne qui se livre à l’interprétation ne doivent pas isoler l’acte de
son contexte qui aurait conduit à sa conclusion, comme il ne faut pas l’isoler des usages et des
coutumes qui sont en vigueur dans le lieu ou l’acte a été conclu.
D’après l’article 473 : ‘’Dans le doute, l’obligation s’interprète dans le sens le plus favorable à
l’obligé’’.

2- La simulation

La simulation est une opération par laquelle est créée une situation juridique différente de la
situation véritable. En d’autres termes, il y’a une discordance entre les éléments qui sont exprimés
au contrat et ceux qui correspondent réellement aux engagements des parties et en fait à la vérité.
En effet, la simulation consiste à donner à un acte que les parties font ouvertement, l’apparence d’un
acte différent de celui qu’elles font en réalité (Fausse apparence). On se retrouve en face de 2 actes :
un acte ostensible qui est faux et un acte secret qui est vrai et qui est représenté par la contre lettre.
Celle-ci peut avoir pour objet de supprimer, modifier ou déplacer les effets de l’acte apparent.

La simulation n’est pas réglementée par le DOC.

-Formes de la simulation :
=>La simulation peut porter sur les personnes figurant à l’acte : L’acte est conclu par 2 parties qui ne
sont pas en apparence des mandataires ni des représentants de quiconque et se présentent comme
de véritables parties. L’une d’elle, rarement les 2 même si ca peut arriver, ne fait qu’agir pour le
compte de quelqu’un d’autre.
C’est un homme de paille qui couvre une autre personne, laquelle est la véritable partie. La
simulation permet de masquer le véritable bénéficiaire de l’acte derrière une personne interposée.
=>La simulation peut changer la nature de l’acte : Pour certaines raisons qui demeurent secrètes, les
parties n’indiquent pas la véritable nature de l’acte. (Exemple : donation déguisée en vente)
=>La simulation peut modifier l’une des conditions de l’acte : Exemple en matière de vente
immobilière, les deux parties peuvent se mettre d’accord pour réduire le prix, afin de payer moins de
droits d’enregistrement. Si la vente est à crédit, le vendeur devra pour se prémunir contre
l’éventuelle mauvaise foi de l’acheteur exiger de ce dernier, une contre-lettre (document secret) qui
comportera le prix réel de la vente.
=>La simulation porte sur l’existence même de l’acte (contrat fictif) : Quand le débiteur pour
soustraire ses biens à une saisie imminente, vend en apparence à un ami qui reconnait secrètement
n’en être pas devenu propriétaire.

Donc on constate que l’acte ne comporte pas des énonciations conformes à la vérité. Pour rétablir la
vérité qui reste secrète les parties ont recours au mécanisme de la contre-lettre. Celle-ci étant l’acte
secret dans lequel sont comprises les véritables données que l’on a décidé de déguiser dans l’acte
apparent.
Les motifs de la simulation sont variables, parfois licites, le plus souvent illicite quand elle est illicite
elle porte préjudice soit aux créanciers de l’un des contractants soit à ses héritiers soit au fisc.

-Régime juridique :
Quelle valeur donner à l’acte apparent et à la contre lettre ?
=>Dans la simulation entrainant le changement de personnes, l’acte apparent ou ostensible aura son
entier effet à l’égard des tiers, mais aussi à l’égard de ceux qui l’ont matériellement conclu. La contre
lettre restée secrète, sera opposable à l’homme de paille de la part de son partenaire.
=>Dans la simulation portant sur la nature de l’acte et en prenant l’exemple précité, il y’aura vente à
l’égard des tiers mais entre les parties, c’est la contre lettre qui s’en prévaudra.
=>S’agissant de la simulation qui porte sur une condition de l’acte comme le prix, la contre lettre ne
concerne que le vendeur et l’acheteur et l’acte apparent sera opposable aux tiers.

-Effets de la simulation :
Du point de vue de la morale la simulation a un aspect frauduleux, mais sous certaines réserves elle
est tolérée légalement.
Selon l’article 22 du DOC, la contre-lettre n’est opposable qu’à ses auteurs, et ne produit pas d’effet
à l’égard des tiers. Ces derniers sont censés l’ignorer, seul l’acte apparent leur est opposable.
Cependant, dans certains cas, l’acte apparent peut être contesté notamment par l’administration
fiscale (vente d’un immeuble à prix réduit)

La preuve de la simulation incombe à celui qui s’en prévaut. Celle-ci peut être établie par tous les
moyens.

B- La portée du principe de la force obligatoire du contrat

1- La force obligatoire des contrats

Du principe de la force obligatoire du contrat résultent 2 conséquences principales :

-Le contrat ne peut être révoqué unilatéralement


-Le juge n’a pas le pouvoir de le modifier

 Le contrat ne peut être résilié unilatéralement

Les parties sont tenues par les obligations nées du contrat comme elles sont tenues par la loi. Cela
signifie d’une part qu’elles doivent exécuter de bonne foi ces obligations (article 231 du DOC), et
d’autre part qu’elles ne peuvent mettre fin unilatéralement au contrat, c'est-à-dire, résilier le contrat
de manière unilatérale.

La est ainsi par exemple en matière de clause pénale. Il s’agit d’une disposition du contrat qui prévoit
le versement d’une somme forfaitaire à la partie victime de l’inexécution du contrat. Le juge peut
réduire le montant de cette clause si celui-ci est élevé et sans rapport avec le préjudice subi et ce, à la
demande du débiteur.
Il peut également augmenter sa valeur si elle est minorée.

Par conséquent, la révocation peut être prévue par les parties :


Les parties peuvent prévoir dans le contrat que l’une d’elle pourra revenir sur son engagement
moyennant une indemnité forfaitaire. Cette somme est appelée dédit. (Exemple en matière de vente
la partie qui a versé des arrhes peut se libérer en le perdant).

La révocation peut également être autorisée par la loi dans certaines hypothèses : il s’agit d’une
dérogation au principe de l’article 230 du DOC. Les contrats à exécution successive conclus pour une
durée indéterminée peuvent être résiliés unilatéralement = contrat de travail.
Certains contrats d’exécution successive conclus intuitu personae peuvent également etre résiliés
unilatéralement à tout moment (le mandat)…

 Le contrat ne peut être modifié par le juge


La force obligatoire du contrat s’impose également au juge. Celui-ci doit appliquer le contrat sans le
modifier, même dans le cas ou il ne lui semble pas équitable. Cette règle est essentielle pour la
sécurité contractuelle.

Néanmoins, la loi peut dans certains cas autoriser le juge a réviser le contrat.

2- Les atteintes au principe (révision)

Le juge qui, tout en respectant le contrat, a le pouvoir de l’interpréter, peut-il en modifier les
conditions à la demande de l’une des parties ?
Certes, il est difficile de trouver une explication juridique qui permette au juge de passer par-dessus
le principe que le contrat fait la loi des parties, et de dépasser son propre pouvoir d’interprétation.
Donc le problème se pose lorsque l’exécution des obligations nées du contrat se trouve modifiée par
des circonstances postérieures à la conclusion du contrat. C’est le cas par exemple des contrats dont
l’exécution se prolonge dans le temps, il arrive que dans ces contrats, entre la date de la conclusion
du contrat et de son exécution des circonstances imprévues rendent l’exécution des obligations de
l’une des parties plus onéreuse.
(Exemple : un entrepreneur s’engage à construire un ouvrage, mais les prix des matériaux et les
salaires augmentent après la conclusion du contrat entrainant ainsi un bouleversement de ses
prévisions)

La solution du DOC : Dans l’état actuel du droit marocain, le contractant pour lequel l’exécution des
obligations est devenue plus onéreuse ne saurait solliciter le secours du juge. Il est réduit à supporter
les conséquences de l’évolution des circonstances économiques.
Cette attitude du droit marocain est critiquable. Certes, le droit musulman recommande d’honorer
les engagements souscrits plusieurs versets du coran proclament la force obligatoire du contrat.

Les limites : La révision du contrat a été autorisée par la loi et dans certains cas. Les parties peuvent
insérer dans le contrat des clauses permettant de faire face aux circonstances déséquilibrant le
contrat. Parmi ces clauses on retrouve :
-Les clauses d’échelle ou d’indexation : prévoient la variation automatique de la prestation en
fonction de un ou de plusieurs indices.
-Les clauses de révision : Elles précisent que la révision du contrat peut être demandée par l’un ou
l’autre des contractants dans des conditions déterminées. (Exemple : tous les 3 ans)

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